Audition de S.E. M. Sudhir BHATTARAI, Ambassadeur du Népal en France

Réuni le mercredi 27 mars 2024, sous la présidence de M. Daniel SALMON (Écologiste – Solidarité et territoires – Ille-et-Vilaine), président, le groupe d’amitié France-Népal s’est entretenu avec S.E. M. Sudhir BHATTARAI, Ambassadeur du Népal en France.

Ont également participé à la réunion : M. Guillaume GONTARD (Écologiste – Solidarité et territoires – Isère), vice-président, et Mme Annick JACQUEMET (Union centriste – Doubs).

M. Daniel SALMON, président, a rappelé le déplacement au Népal d’une délégation du groupe d’amitié qu’il préside, en septembre 2022, et l’excellent accueil qu’elle y avait reçu, à la hauteur de la qualité des relations qu’entretiennent les deux pays depuis bientôt 75 ans.

S.E. M. Sudhir BHATTARAI a remercié son hôte pour ses propos chaleureux. À l’époque de ce déplacement, il était en fonction au Cabinet de la Présidente de la République et avait donc contribué à son organisation. Le Népal s’est doté d’un nouveau gouvernement il y a un mois et demi, sans changement de Premier ministre, mais avec de nouveaux partenaires ayant formé la coalition. La société civile népalaise est extrêmement dynamique, et le pays s’est doté d’une législation réservant aux femmes 33 % des postes à responsabilité dans le secteur public et certaines entreprises privées. Les deux chambres du Parlement népalais ont reconstitué leur groupe d’amitié avec la France. La coopération entre la France et le Népal existe dans plusieurs domaines ; elle se déroule dans d’excellentes conditions, mais pourrait encore être approfondie. Le sommet des investisseurs, organisé par le gouvernement, à Katmandou, les 28 et 29 avril prochains, pourrait être l’occasion d’attirer aussi des investisseurs français.

À M. Daniel SAMON, président, qui l’interrogeait sur le projet de téléphérique urbain à Katmandou, porté par l’entreprise française POMA, et à M. Guillaume GONTARD, vice-président, qui faisait état d’un projet d’étudiants grenoblois visant à recycler les déchets laissés sur place par des touristes pratiquant l’alpinisme, l’Ambassadeur a indiqué qu’il s’était lui-même rendu à Chamonix en janvier dernier, où il avait visité la maison de Maurice HERZOG, et qu’il avait pu constater d’importantes similitudes entre les deux pays relatives aux problèmes causés par le surtourisme en haute montage.

En réponse à une question de M. Daniel SALMON, président, portant sur la possible implantation d’EDF au Népal pour y développer un projet en matière d’hydroélectricité, compte tenu de l’énorme potentiel du pays, l’Ambassadeur a rappelé qu’EDF disposait dans le passé d’un bureau au Népal, mais que les autorités de son pays avaient conclu un accord d’exportation d’électricité vers l’Inde et le Bangladesh. Il est vrai que le dynamisme économique de ses deux grands voisins, l’Inde et la Chine, profite au développement népalais. Pour autant, le Népal cherche à diversifier ses relations économiques ; à ce titre, le déplacement d’une délégation d’EDF au Népal serait bienvenu.

M. Guillaume GONTARD, vice-président, a estimé qu’une délégation parlementaire népalaise pourrait se rendre à Grenoble pour évoquer le projet de téléphérique urbain et le développement de la coopération avec des entreprises françaises dans le secteur de l’électricité.

À M. Daniel SALMON, président, S.E. M. Sudhir BHATTARAI a indiqué que de nombreux alpinistes français se rendaient chaque année au Népal, soit 30 000 en 2019 et 23 000 l’année dernière, le rattrapage post-Covid-19 n’étant pas encore achevé. La fonte des glaciers népalais provoque la formation de milliers de petits lacs glaciers qui contribuent à détériorer l’environnement. Le Népal est très faiblement émetteur de gaz à effet de serre, mais souffre beaucoup du dérèglement climatique. Certes, le Népal attire de très nombreux alpinistes du monde entier, mais il cherche à diversifier son offre touristique, avec des zones de conservation écologique et des parcs naturels – où l’on peut admirer des tigres et une espèce de rhinocéros unicornes unique au monde –, des sites culturels et du tourisme spirituel orienté vers la méditation. De nombreux maires népalais sont intéressés par des solutions techniques leur permettant de collecter et traiter les déchets, le tri en étant à ses balbutiements dans le pays.

En réponse à une question de M. Daniel SALMON, président, l’Ambassadeur a confirmé que de nombreux jeunes Népalais allaient travailler dans des pays du Golfe persique – il y en aurait 500 000 au Qatar et 400 000 en Arabie saoudite –, ainsi qu’en Malaisie et au Japon. Le Népal a en effet conclu avec ces pays des accords y facilitant l’emploi de ressortissants népalais. Des incidents peuvent sans doute se produire, mais, au regard des effectifs concernés, ils demeurent rares. La main-d’œuvre népalaise à l’étranger est à l’origine de transferts de fonds particulièrement importants pour l’économie du pays. En revanche, l’enrôlement de Népalais dans l’armée russe pour aller se battre en Ukraine est illégal, le Népal n’ayant conclu aucun accord militaire avec la Russie – seulement avec le Royaume-Uni et l’Inde. Les autorités ont d’ailleurs lancé une campagne d’information visant à alerter les jeunes des dangers encourus à participer à ce conflit.

Le Président Daniel SALMON a conclu en se disant prêt à accueillir en France une délégation de sénateurs népalais lorsque cela sera possible.

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