Le mercredi 16 octobre 2013, le groupe interparlementaire France-Vanuatu-Iles du Pacifique a reçu au Sénat M. Moana Carcassès Kalosil, Premier ministre du Vanuatu, élu Premier ministre (par 34 voix contre 52 au Parlement) en mars 2013 après le vote d’une motion de censure contre son prédécesseur M. Sato Kilman.

Ont participé à cet entretien MM. Jean-Pierre Demerliat, (SOC - Haute-Vienne), Président du groupe, Christian Cointat,  (UMP - Français établis hors de France), Jean-Marie Bockel, (UDI-UC - Haut-Rhin), André Dulait, (UMP - Deux-Sèvres), Jean-Marc Pastor, (SOC - Tarn), Jean-Claude Requier, (RDSE - Lot) ainsi que M. Olivier Barrat, chef de la mission d’Océanie et M. Guillaume Josso, rédacteur au Ministère des Affaires étrangères.

M. Carcassès Kalosil a rappelé que son pays était le seul État indépendant francophone du Pacifique, situé à moins d’une heure par avion de la Nouvelle-Calédonie, collectivité avec laquelle le Vanuatu entretient des liens étroits comme le montre sa présence à l’inauguration de l’Exposition « Kanak » au Musée du Quai Branly. Au cours de son séjour à Paris, il a eu plusieurs entretiens avec des responsables politiques français, notamment avec le Premier ministre, M. Jean-Marc Ayrault, et  le ministre délégué chargé du développement, M. Pascal Canfin. Il a indiqué que les deux priorités de son programme étaient la réforme constitutionnelle pour renforcer la stabilité gouvernementale et le développement économique, en particulier dans les secteurs du tourisme (150.000 touristes en 2013 dont 80 % d’Australiens) et de l’élevage.

Pour remettre dans son contexte le soutien apporté par le Vanuatu à la résolution adoptée le 17 mai 2013 inscrivant la Polynésie française sur la liste des territoires non-autonomes, le Premier ministre vanuatais, a évoqué ses liens familiaux avec le leader indépendantiste, M. Oscar Temaru, et les limites d’une indépendance politique sans réelle indépendance économique.

S’agissant du contentieux territorial avec la France portant sur les deux îlots Matthew et Hunter pour lequel M. Christian Cointat a suggéré de s’inspirer de la solution retenue pour l’île de Tromelin, M. Carcassès Kalosil a mentionné la présence de gisements de gaz naturel et la nécessité de favoriser le développement de son pays.

Sur la politique d’insertion de la Nouvelle-Calédonie dans son environnement régional, il s’est dit favorable à la demande du Président du gouvernement de cette collectivité, M. Harold Martin, de soutenir l’obtention du statut de membre plein au sein du Forum des îles du Pacifique (FIP).

Concernant les domaines pour lesquels la France pourrait apporter son expertise, le Premier ministre vanuatais a pointé les infrastructures d’équipements (aéroports, routes) et l’hôtellerie. Il a évoqué également le contentieux des îlots Matthew et Hunter, M. Christian Cointat suggérant une cogestion sur le modèle de Tromelin.

Sur la question de la pêche illicite, le Premier ministre a rappelé les accords Franz permettant de protéger la zone et a appelé à une présence accrue de bateaux de surveillance des côtes.

Interrogé sur les négociations climatiques, il a souligné que son pays n’était pas épargné et il a évoqué les enjeux de relogement et de prise en charge financière des réfugiés. Il a indiqué qu’il souhaitait faire de cette question un axe prioritaire de discussion au sein des organisations régionales.

Enfin, s’agissant de l’éducation, il a rappelé que 45 % des habitants de son pays étaient francophones et que, suite à la réforme engagée il y a cinq ans, tous les enfants recevaient désormais une éducation bilingue (95 % des enfants sont scolarisés gratuitement dans le primaire). À cet égard, il a regretté la décision du Service européen d’action extérieure (SEAE) de fermer la délégation de Port-Vila. Il a souligné, par ailleurs, l’importance des opérations d’assistance menées avec l’armée française (opérations « Castor ») qui permettent une réelle proximité avec les populations et a demandé qu’elles soient développées.

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