Plusieurs sujets d’actualité ont été abordés au cours de ce déjeuner, auquel dix sénateurs ont participé :  MM. François Zocchetto (UDI-Mayenne), Président du groupe d’amitié, Jean-Marc Todeschini (SOC-Moselle), Nicolas Alfonsi (RDSE-Corse-du-Sud), Vice-Présidents, Jean-Pierre Vial (UMP-Savoie), Secrétaire, Michel Savin (UMP-Isère), Bernard Piras (SOC-Drôme), Martial Bourquin (SOC-Doubs), Gérard Bailly (UMP-Jura), Philippe Nachbar (UMP-Meurthe-et-Moselle) et Mme Danielle Michel (SOC-Landes), membres.

M. Giandomenico Magliano, Ambassadeur d’Italie en France, a tout d’abord insisté sur la nécessité pour les deux pays d’avancer ensemble sur des projets concrets, au-delà des alternances politiques et  des spécificités liées à leurs territoires respectifs. Le TGV Lyon-Turin, les relations plus étroites entre Air France et Alitalia ou les projets culturels, en sont des exemples.

S’agissant de la situation politique, l’Ambassadeur a indiqué que le gouvernement de « large entente » a pour objectif l’assainissement financier du pays, la relance de la croissance et la réforme de la loi électorale.

M. François Zocchetto, Président du groupe d’amitié, a souligné l’impact de la conjoncture politique sur la situation économique des deux pays, 2èmes partenaires respectifs.

Après avoir rappelé les principales règles électorales italiennes prévues par la loi de 2006, et leurs inconvénients, l’Ambassadeur a souligné la nécessité d’une entente politique très large pour conduire des réformes difficiles. À l’heure actuelle, le scrutin est à un seul tour, les circonscriptions sont larges, les listes bloquées, les primes à la majorité très importantes.

La première lecture d’un projet de loi réformant ces règles pourrait être envisagée d’ici 2014, et l’aboutissement de la réforme d’ici 2015, suivi des élections et d’un referendum en cas d’absence de majorité des 2/3. On ne peut pas exclure qu’une « loi intérimaire » permette des élections sur de nouvelles bases.

En décembre 2013, la Cour constitutionnelle devrait déclarer l’inconstitutionnalité de la loi actuelle, obligeant le Parlement à la modifier, notamment sur la question de la prime de majorité.

Sur le plan économique, l’Ambassadeur a précisé que le programme d’assainissement budgétaire est engagé mais que la croissance fléchit en raison de l’application brutale des critères de Maastricht (-2,40 % en 2012, -1,7 % prévu en 2013).

Le Gouvernement souhaite réduire les charges pesant sur les entreprises mais ses marges de manœuvre sont étroites.

Il s’agit de ne pas être dogmatiques, au risque sinon de peser sur la croissance, de créer un fort malaise social, des crispations anti européennes…

Répondant à M. Nicolas Alfonsi, qui évoquait le fort taux de chômage des jeunes, M. Giandomenico Magliano a précisé qu’il était de 40 % en moyenne pour les jeunes de 15 à 25 ans, variant de 10 à 80 % selon les régions.

Le transfert de compétences aux régions pose la question de la répartition des dépenses et de la fiscalité. Des réflexions sont en cours pour un éventuel recentrage vers l’État et un renforcement des communes et métropoles.

L’Ambassadeur a évoqué ensuite les risques du nouveau système d’étiquetage des produits alimentaires mis en place depuis septembre dernier par le Royaume-Uni. On assiste au paradoxe de la coexistence entre d’un côté une surrèglementation européenne et, de l’autre, un laisser-faire au motif que le système britannique serait volontaire.

La question est traitée à Bruxelles par le Groupe des Experts sur le Règlement 1169/2011 information du consommateur pour les produits alimentaires.

M. François Zocchetto a exprimé le souhait que la question puisse être relayée par la commission des affaires européennes du Sénat.

Pour l’Ambassadeur, la réunion du conseil des ministres franco-italien du 20 novembre 2013 et la présidence italienne de l’Union au second semestre 2014 devraient permettre d’évoquer les problèmes liés :

    à l’architecture financière, notamment au manque d’accès des PME au crédit bancaire ;
    la politique industrielle, en vue de renforcer la compétitivité européenne. À cet égard, la différence de 30 % des prix de l’énergie entre les deux pays pose question ;
    la politique migratoire.

Il a souhaité davantage d’Union politique et moins d’Europe bureaucratique.

Répondant à une question de M. François Zocchetto sur Lampedusa, qui dépend de la Sicile, M. Giandomenico Magliano a relevé qu’il s’agissait à la fois de questions de valeurs, de politique et de stabilité. L’Europe doit avoir une politique globale, en prenant en compte les besoins du marché du travail mais aussi la lutte contre certains trafics et la coopération avec les pays bordant la Méditerranée.

Faisant suite à une intervention de M. Jean-Marc Todeschini sur les aides allouées aux migrants, l’Ambassadeur a jugé nécessaire une intervention de l’Europe pour prendre en charge certaines missions dans ce domaine. Pour lui, la diversité des législations pose également problème ; la Grande-Bretagne, par exemple, octroie facilement le droit de travailler sur son territoire.

Répondant à une question de M. Philippe Nachbar sur le financement du patrimoine culturel, M. Giandomenico Magliano a précisé que la responsabilité de sa valorisation revenait à l’État mais que ce dernier n’en avait plus les moyens. M. Enrico Letta, Président du Conseil italien, a annoncé qu’il démissionnerait si les crédits de la culture et de la recherche devaient diminuer. M. Nicolas Alfonsi a suggéré que l’Union européenne participe au financement de l’entretien des monuments les plus emblématiques.

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