Artisanat, commerce et très petites entreprises (Procédure accélérée)

M. le président.  - L'ordre du jour appelle l'examen du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée, relatif à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises. Je vous félicite, monsieur le ministre, pour votre nomination.

Discussion générale

M. Arnaud Montebourg, ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique .  - Le ministère de l'économie, c'est d'abord le ministère de la croissance. Nous sommes des militants de la croissance. C'est pourquoi, je le dis avec fierté, ce ministère est d'abord celui des artisans, des commerçants, des entreprises, TPE, PME, ETI avant d'être celui des entreprises du CAC40.

Ce texte a été voté dans un élan de large consensus, grâce au travail remarquable de Sylvia Pinel et qui sera poursuivi par Valérie Fourneyron, qui maîtrise parfaitement ces sujets pour les avoir pris à bras-le-corps dans ses fonctions locales à Rouen ; je sais pouvoir compter sur une secrétaire d'État passionnée, travailleuse chevronnée.

Ce sont les entrepreneurs, les artisans, les commerçants qui construisent notre économie, façonnent nos territoires, portent nos traditions et les modernisent. Ils sont l'âme de l'économie. Ils consolident les rapports de confiance dans les villages, les centres-villes, transmettent les savoir-faire, cultivent l'amour du travail bien fait... Dans la France de cet entreprenariat, le seul capital, c'est le travail. Parlons davantage de cette vie marquée par le travail, la peur des jours difficiles, les bonheurs et les joies de la réussite, la satisfaction des clients. Aux grandes banques, aux grands groupes de s'inspirer de la fable Le lion et le rat de La Fontaine : « On a souvent besoin d'un plus petit que soi »...

On oublie souvent qu'à l'origine d'une grande entreprise, il y a un entrepreneur. Mais André Citroën réussirait-il aujourd'hui ? Comment le regarderait le marché financier ? Et Louis Blériot, Marcel Bloch, créateurs de l'entreprise qui allait devenir Sud Aviation puis Airbus ? Retrouvons le chemin de la croissance et de l'emploi, avec ces milliers, ces millions d'entrepreneurs.

Cette loi est une pierre sur ce chemin pour faire pousser partout l'envie d'entreprendre. La France doit devenir plus qu'elle ne l'est un pays d'entrepreneurs.

Cette loi est divisée en trois parties. Nous réformons tout d'abord les baux commerciaux. Ceux-ci ne protègent pas toujours, au cours du temps, artisans, commerçants et petites entreprises de la poussée concurrentielle autour des meilleurs emplacements. Il était utile de rééquilibrer les relations entre propriétaires et bailleurs. La durée de trois ans du bail dérogatoire donnera plus de sécurité juridique aux preneurs en démarrage ; Mme Bonnefoy a encore amélioré cette disposition. L'indice national des loyers commerciaux (ILC) devient la référence du coût des loyers ; contrairement à l'indice des prix à la consommation (IPC), il reflète le contexte économique et sera un facteur de justice et d'équité. La hausse des baux en fin de période sera limitée à 10 % par an lorsque le plafonnement ne joue pas. Songeons aux libraires qui peinent à supporter des hausses démesurées au regard de leurs moyens, alors que nous avons besoin d'eux dans nos villes. Les commerces ont besoin de stabilité. Il n'est pas acceptable que le loyer pèse plus que la masse salariale. Nous devons préserver un tissu commercial diversifié. Je suis heureux que toutes ces dispositions fassent consensus.

La relation propriétaire-locataire peut être fortement asymétrique dans les baux commerciaux. L'état de lieux devient obligatoire, comme l'annexion au bail de l'inventaire des charges locatives et leur répartition. Un droit de préférence est désormais reconnu au preneur en cas de vente du bien, évidence pour les particuliers qui n'existait pas pour les commerçants. Pour limiter le recours coûteux et difficile au juge, la compétence des commissions de conciliation est étendue aux litiges portant sur les charges, les plus fréquents.

Le projet de loi concerne ensuite toutes les petites entreprises, pour faciliter leur création et l'exercice de leur activité. Il pose les bases pour tendre vers un régime unique de la micro-entreprise.

Ce texte s'adresse d'abord aux artisans. Il supprime la notion ambiguë « d'artisan qualifié » : un artisan est un chef d'entreprise que qualifie son diplôme ou son expérience. Nous renforçons la vérification de la qualification professionnelle de tous les artisans par les chambres de métiers lorsqu'elle est obligatoire, entrepreneurs ou salariés. La limite de dix salariés au-delà de laquelle les entreprises artisanales ne peuvent plus être immatriculées au registre des métiers est supprimée. Cette mesure a fait consensus à l'Assemblée nationale. De même, les entreprises artisanales de plus de dix salariés qui font l'objet d'une cession ou d'une transmission pourront rester immatriculées. Il s'agit de garantir la qualité mais aussi la confiance des consommateurs.

Le texte réforme le régime de la micro-entreprise. Comme l'a dit le Premier ministre, le régime des auto-entrepreneurs, qui a permis à de nombreuses personnes de créer leur activité, est préservé. Mais ce dispositif a montré ses limites, au regard de la concurrence exercée à l'encontre des entreprises soumises aux obligations de droit commun. Le Gouvernement s'est appuyé sur les travaux du député M. Grandguillaume et ceux de M. Kaltenbach et de Mme Dini, qui ont proposé des solutions de simplification du régime. Le Gouvernement est attaché à cette simplification, tout en poursuivant la convergence avec les entreprises de droit commun. Pour tous les entrepreneurs relevant du RSI, les régimes micro-social et micro-fiscal sont fusionnés en un régime unique ; il n'y aura plus qu'un seul seuil. Les bénéficiaires pourront compléter leurs cotisations sociales jusqu'au minimal de droit commun ; les cotisations du conjoint collaborateur pourront être calculées et payées dans les mêmes conditions.

En contrepartie de ces avancées, tous les bénéficiaires devront s'acquitter des taxes pour frais de chambres consulaires, pour financer l'accompagnement des TPE par ce réseau. Les représentants des micro-entrepreneurs en sont d'accord. La réforme de la CFE se trouve ainsi complétée. De même, dans une logique d'alignement sur le droit commun, les micro-entrepreneurs ne seront plus dispensés du stage de préparation à l'installation.

Cette réforme globale et lisible donne les moyens à ces entrepreneurs de se développer et facilitera le passage au régime du réel. Elle entrera en vigueur au premier juillet 2015, le temps d'adapter les systèmes d'information et d'informer les entrepreneurs. Les auto-entreprises actives devront s'immatriculer au répertoire des métiers ; les corps de contrôle vérifieront le respect des obligations d'assurance. La commission des affaires économiques a souligné le cas des entreprises de la construction. Les entreprises ne pourront bénéficier de la formation continue que si elles contribuent au fonds de formation pour l'année écoulée.

Le projet de loi rend aussi plus simple et plus attractif le régime de l'entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), en simplifiant les démarches comptables et en limitant l'exposition patrimoniale.

Le troisième volet de ce projet de loi comporte une série d'outils à l'usage des élus, relatifs à l'urbanisme commercial. Il autorise les communes à déléguer leur droit de préemption commerciale à des établissements publics, des SEM, des intercommunalités, afin que les élus locaux puissent maintenir la diversité artisanale et commerciale dans les centres-villes. Le développement équilibré de toutes les formes de commerce justifie l'intervention régulatrice de la puissance publique locale, dans le respect, bien sûr, de la liberté d'entreprendre

L'urbanisme commercial est réformé par plus de lisibilité et de transparence. La régulation des drive a été introduite dans la loi Alur. Je salue le rôle déterminant de M. Bérit-Débat dans la réforme de l'urbanisme commercial.

Le texte comporte la fusion des procédures de permis de construire et d'autorisation d'exploitation commerciale - les commissions départementales rendront un avis conforme sur les projets ; la modification de la composition des commissions, pour une plus grande professionnalisation de leurs membres et davantage de transparence ; le maintien et la précision des trois critères d'autorisation existants, sur le fondement de la jurisprudence du conseil d'État. Afin d'améliorer l'efficacité de la Commission nationale d'aménagement commercial (Cnac), pénalisée par les recours dilatoires, le dépôt à plusieurs reprises, sur un même terrain, d'un projet qui n'aurait pas connu de modifications importantes sera interdit. La Cnac pourra s'autosaisir pour les projets de grande dimension.

Enfin, le projet de loi réforme le Fisac au travers d'une logique de projet plutôt que de guichet. Ses modes d'intervention sont clarifiés. Nous avons abondé le fonds de 35 millions d'euros en 2013, il le sera de nouveau en 2014.

Je suis heureux de la dynamique positive observée en commission avec tous les groupes. Le Gouvernement présentera dix amendements tenant compte d'une actualité récente.

Le redressement économique, l'avenir de notre économie passent par nos grands groupes, mais il serait illusoire d'oublier les petites entreprises : 94 % des entreprises françaises ont moins de dix salariés. À nous de leur faciliter la vie. Le Gouvernement entend supprimer les cotisations patronales à l'Urssaf au 1er janvier 2015 pour les salariés payés au smic et reverra le barème jusqu'à 1,6 smic. Les entreprises individuelles bénéficieront d'une baisse de trois points de leurs cotisations familiales dès 2015, pour un total d'un milliard.

Sur un tel texte, sachons avancer ensemble et concrètement. Vive le redressement productif. Le commerce, la petite entreprise. Vive le redressement productif ! Vivent l'artisanat, le commerce et les petites entreprises ! Vive la République et vive la France ! (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur de la commission des affaires économiques .  - Je remercie Sylvia Pinel et ses collaborateurs, vous-même, monsieur le ministre pour avoir repris à bras-le-corps ce projet de loi. Je souhaite un prompt rétablissement à Valérie Fourneyron.

Outre des dispositions ponctuelles sur le réseau consulaire et le statut de l'entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), ce texte aborde quatre sujets sensibles.

Une même volonté le traverse : faciliter la création et le développement des petites entreprises, de l'artisanat et du commerce, dont le poids économique est considérable. L'artisanat représente presque un tiers des entreprises du secteur marchand et emploie 2 millions de salariés - le commerce, 3 millions. Dans le secteur artisanal, les TPE représentent 95 % des entreprises. Le petit commerce de proximité compte encore près de 300 000 TPE.

Le texte conforte, modernise et simplifie le régime protecteur des baux commerciaux, comme vous l'avez exposé, monsieur le ministre. La principale difficulté de cette partie du texte est qu'elle s'applique à des activités très différentes dont, ne l'oublions pas, des formes de commerce qui sont en position de force face aux bailleurs, ou à des activités comme des bureaux.

L'équilibre trouvé à l'Assemblée nationale est bon. La commission des affaires économiques a sécurisé le dispositif, en encadrant l'exercice du droit de préférence dans les centres commerciaux ; il faut veiller à ne pas y créer d'effet d'aubaine au profit des grands commerces, au détriment des plus petits. La commission a également clarifié la répartition des charges.

Sur la réforme du régime des micro-entreprises, nous sommes arrivés à un texte d'équilibre et d'apaisement. Artisans et auto- entrepreneurs sont assez satisfaits du texte de l'Assemblée nationale. Sur la base de préconisations du rapport Kaltenbach-Dini et du rapport Grandguillaume, le Gouvernement a fusionné le régime micro-social et le régime micro-fiscal. L'article 12 ter préserve le principe « pas de chiffre d'affaires, pas de cotisations ». En contrepartie, tous les bénéficiaires du régime simplifié devront remplir certaines obligations dont l'immatriculation ou le paiement de la taxe consulaire.

Sur le statut de l'artisanat, le projet de loi apporte des clarifications bénéfiques aux artisans eux-mêmes, mais aussi aux consommateurs. La commission des affaires économiques a adopté un amendement, prenant en compte la vérification de la qualification de coiffeur, qui avait été oubliée. Un autre amendement étend cette vérification dans deux cas, celui où l'entreprise modifie son domaine d'activité et celui où la qualification est détenue par un salarié. Un troisième amendement permet de mieux cibler l'obligation d'assurance, en matière de garantie décennale constructeur en particulier.

Sur l'urbanisme commercial, il a manqué un rapport préparatoire. Le texte soumis au Parlement était incomplet. La disposition clé, qui figurait dans la loi Alur avait été retiré à la demande du rapporteur, M. Claude Bérit-Débat. Le texte proposé simplifie sans bouleverser. L'urbanisme commercial n'est pas intégré dans l'urbanisme de droit commun.

La réforme est avant tout procédurale. Le permis de construire tiendra lieu d'autorisation d'exploitation. Seul le permis de construire est désormais attaquable devant le juge administratif, ce qui fera gagner plusieurs mois par rapport au dispositif actuel.

Le texte réforme la composition et les critères de décision de la commission départementale d'aménagement commercial (Cdac). La Cnac devient une autorité administrative indépendante. La composition de la Cdac et de la Cnac a été modifiée, afin d'assurer la représentation de l'échelon intercommunal. Nous examinerons des amendements articulant Scot et travail de la Cdac ; renvoyant les litiges sur les permis de construire à la cour administrative d'appel ; fixant le seuil de saisine de la Cdac en surface de plancher plutôt qu'en surface de vente.

Je remercie l'équipe de la commission, les rapporteurs pour avis de la commission de la culture et de l'éducation, Didier Marie, et Nicole Bonnefoy pour la commission des lois.

Ce projet de loi a privilégié une approche pragmatique pour lever certains freins au développement de l'artisanat et du petit commerce. Je vous propose de l'adopter tel que modifié par nos amendements. (Applaudissements des bancs CRC aux bancs UDI-UC)

M. Didier Marie, rapporteur pour avis de la commission de la culture .  - La commission s'est saisie de l'article 24 bis relatif au régime d'autorisation de l'implantation des établissements cinématographiques, ainsi que de l'article 9 relatif aux métiers d'art, qui modifie plusieurs dispositions de la loi du 5 juillet 1996. L'Assemblée nationale a adopté un amendement soutenu par le Gouvernement afin d'identifier clairement les artisans relevant des métiers d'art et qualifiés d'artisans d'art. La frontière actuelle entre artisans d'art et artisans traditionnels est floue. Une étude du ministère de l'économie révèle que l'approche par les métiers est insuffisante pour identifier sans équivoque les artisans pouvant bénéficier du crédit d'impôt en faveur des métiers d'art.

Des auditions, je retire trois constats : la définition dans la loi de sous-ensembles répond aux attentes du secteur ; les règles en vigueur sont parfois méconnues ; le dispositif proposé ne concerne que l'artisanat et non pas tous les pans de la création relevant des métiers d'art - des inquiétudes légitimes ont été exprimées. D'où notre réécriture partielle de l'alinéa 29 de l'article 9, pour les lever. Les professionnels de la culture seraient plus sereins, monsieur le ministre, si vous confirmiez que ces dispositions relatives aux artisans d'art n'interfèreront en rien sur le code du patrimoine. Les métiers d'art sont une spécificité française qui remonte au XIIIe siècle. Je serais heureux que nous mettions nos pas dans ceux d'Henri IV, de Louis XIV et de Bonaparte qui ont su en faire l'une des gloires de notre pays. C'est un secteur qui regroupe 38 000 entreprises, emploie 50 000 personnes et dégage un chiffre d'affaires annuel de 3,5 milliards d'euros.

Sur l'article 24 bis, nous sommes sur tous les bancs très attentifs aux métiers du cinéma, constitutifs de l'exception culturelle française. Cet article se résume à la transposition dans le code du cinéma de dispositions du régime d'autorisation de l'implantation des établissements cinématographiques, actuellement dispersées dans plusieurs codes. Mais il faut voir au-delà. La législation de 1996 a été établie par analogie à la loi Royer. Pour les grandes surfaces, le dispositif a été progressivement renforcé jusqu'à la loi de modernisation de l'économie du 4 août 2008. Cette réforme a soumis à autorisation la création d'établissement de plus de 300 places ; elle a aussi, en application de la directive de 2006 sur le marché intérieur, substitué aux seuls critères économiques des critères relatifs à l'offre culturelle. Il s'agit en effet d'aménagement culturel du territoire. L'article 24 bis n'a pas vocation à modifier le dispositif existant ni à refondre les critères de sélection des projets. Je me félicite que les commissions ad hoc soient consacrées en tant que telles. Certains peuvent regretter le manque d'ambition de cet article. La diversité culturelle, l'équilibre concurrentiel posent la question du modèle économique secteur. Ces sujets, chers à notre commission, ont fait l'objet des rapports Bonnell de juin 2014 et Lagauche il y a moins d'un mois. Mais faute de temps pour évaluer leurs propositions, le présent texte ne les met pas en oeuvre.

Toutefois, Serge Lagauche a proposé des mesures pour éviter la fermeture des petits cinémas sur lesquelles nous avons pu avancer, pour maintenir la diversité cinématographique du territoire. Je remercie le Gouvernement pour sa diligence. Je souhaite que ces mesures puissent être intégrées dans le présent texte.

Notre commission vous propose par amendement de lier plus efficacement l'aménagement cinématographique du territoire aux engagements de programmation pris par l'exploitant, y compris en cas d'extension de l'établissement ; ils seront contrôlés par le Centre national du cinéma (CNC).

Enfin, un amendement a été déposé par le Gouvernement pour l'habiliter à prendre par ordonnances les mesures nécessaires à la création d'un nouveau statut d'établissement d'enseignement supérieur consulaire. Les écoles de commerce ont d'abord été constituées comme simples services des chambres de commerce sans statut juridique propre. Lors du débat sur la loi relative à l'enseignement supérieur, le Gouvernement a indiqué poursuivre sa réflexion. La commission de la culture, bien que n'ayant pas été saisie de cet amendement, se félicite de l'avancée qu'il représente. Elle a donné un avis favorable à l'adoption de ce projet de loi. (Applaudissements sur les bancs CRC, socialiste et RDSE)

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis de la commission des lois .  - La commission des lois a examiné une vingtaine d'amendements relatifs aux baux commerciaux et au statut juridique des entreprises.

À l'article premier, les modifications que nous avons proposées ont été heureusement reprises, afin de renforcer la sécurité juridique du dispositif et d'éviter de nouveaux contentieux. Le régime des baux commerciaux tend à régler des situations très diverses et des intérêts très variés, entre des acteurs de tailles très différentes. La commission des lois a souhaité clarifier les modalités d'application des règles relatives à l'indice des loyers commerciaux pour s'assurer que tous les types de locaux étaient bien couverts ; préciser aussi les conditions d'établissement de l'état des lieux et les obligations faites au bailleur d'informer sur les charges.

Je salue la réforme du régime fiscal et social de la micro-entreprise - bien qu'elle ne concerne pas notre commission des lois. Quant au régime EIRL, le moins que l'on puisse dire est qu'il n'a pas rencontré le succès escompté : quelque 18 000 entreprises sur 1,8 million d'entrepreneurs individuels. Notre collègue, Antoine Lefèvre, a relevé que la complexité du dispositif était indissociable de la protection juridique qu'elle offre à son bénéficiaire. Il avait ajouté que l'on ne pouvait guère améliorer et simplifier le régime de l'EIRL tout en préservant les droits des créanciers.

Les personnes publiques peuvent intervenir pour soutenir des activités commerciales. Notre commission a approuvé l'extension aux EPCI du droit de préemption des locaux commerciaux. En revanche, elle propose de supprimer la disposition selon laquelle l'attribution d'une subvention à une société commerciale pouvait avoir pour contrepartie une restriction de la distribution des dividendes. Nous la jugeons contraire à la jurisprudence constitutionnelle en matière de droit de propriété et de liberté d'entreprendre. .

La commission des lois s'est montrée circonspecte sur la transmission automatique aux héritiers du droit d'occupation du domaine public pour poursuivre l'exploitation du fonds. Je vous proposerai de conserver l'esprit de la disposition en la rendant plus conforme à la protection constitutionnelle dont bénéficient les propriétés publiques.

Sous réserve de l'adoption de ses amendements, la commission des lois a donné un avis favorable aux dispositions qu'elle a examinées. (Applaudissements à gauche et sur quelques bancs à droite)

Mme Muguette Dini .  - Le 27 juin 2013, Philippe Kaltenbach et moi-même avons rendu public notre rapport d'information, formulant quinze préconisations dont beaucoup figurent dans ce projet de loi, ce dont je me réjouis.

Mes amendements n°s59 et60, identiques aux amendements n°s90 et 91 de notre rapporteur, transposent deux de nos principales recommandations qui complèteraient utilement ce texte.

La LME a instauré le statut d'auto-entrepreneur pour que toute personne puisse créer son entreprise sans complication inutile. Sa montée en puissance fut très rapide, dès la première année. Six ans plus tard, on peut regretter que la priorité ait été accordée à la simplification au détriment de la cohérence.

Les artisans mettent en avant la distorsion de concurrence - qui ne concerne que 1 % du chiffre d'affaires du bâtiment, mais se fait durement ressentir en période de crise. On peut aussi craindre des fraudes sur le chiffre d'affaires, encore que le volume des redressements soit limité, voire insignifiant. D'autres acteurs vantent la simplicité d'un régime qui permet à nombre de nos concitoyens de se constituer un revenu d'appoint en toute légalité.

Nous proposons de mentionner explicitement le statut d'auto-entrepreneur dans les textes d'application de la LME

Il convient aussi de sécuriser l'entrée dans le régime. Nous y reviendrons à propos des articles 9 et 13 de ce projet de loi. Sur l'exercice de certaines professions, j'ai déposé un amendement destiné à revenir à la rédaction des députés. Il conviendrait de mettre en place un suivi des auto-entrepreneurs susceptibles d'accéder au statut de droit commun financé par les fonds de formation. Ce texte marque un progrès indiscutable. (Applaudissements)

Mme Mireille Schurch .  - Ce projet de loi est très important, alors que l'ensemble de la classe politique appelle au redressement de notre pays : 38 % des emplois du secteur concurrentiel sont en jeu ! Nous contestons la déclaration d'urgence. Nous regrettons de n'avoir pu auditionner la ministre en charge, à laquelle nous souhaitons un prompt rétablissement.

Alors que le Gouvernement a lancé le pacte de responsabilité, nous manquons d'éléments sur la fiscalité. Quid de la suppression, annoncée par M. Valls lui-même, de la contribution sociale de solidarité des sociétés, qui finance le régime des indépendants ? Quid du crédit bancaire de trésorerie, alors que la BPI ne joue pas son rôle auprès des TPE ? Ces questions auraient dû être prises à bras-le-corps. Elles sont ignorées par ce texte.

Nous proposons de mieux encadrer encore les baux commerciaux. Nous croyons que les collectivités locales ne peuvent pas user de leurs prérogatives en matière d'urbanisme commercial.

Nous avons été surpris de l'évolution du texte sur les TPE à l'Assemblée nationale. L'inspection du travail ne peut lutter efficacement contre le travail dissimulé, avec 2 000 fonctionnaires pour 18 millions de salariés !

Nous proposons que le secteur du bâtiment soit sorti des activités pouvant être lancées sous le régime d'auto-entrepreneur. Les artisans ont surtout besoin de carnets de commandes remplis. À nos yeux, notre économie souffre plus d'une crise de la demande que d'une crise de l'offre.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Les deux, malheureusement !

Mme Mireille Schurch.  - Nous approuvons la volonté de réguler la définition des baux commerciaux au regard des abus pratiqués dans les centres commerciaux. Il s'agit d'une question importante puisque le poids du loyer et des charges a sensiblement augmenté ces dernières années et atteint 15 % du chiffre d'affaires.

Nous avions entamé le débat sur l'urbanisme commercial dans le cadre de la loi Alur. Nous avons toujours voulu mettre en cohérence l'urbanisme commercial et l'urbanisme de droit commun. Nous approuvons les articles de ce texte allant dans ce sens. Les autorisations commerciales doivent devenir l'exception plus que la règle, pour lutter contre les désordres écologiques causés par l'artificialisation des sols.

Nous déplorons la baisse dramatique des crédits du fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (Fisac), noyé dans le budget de l'État par sa regrettable déliaison de la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom).

Le déclassement de certains territoires périphériques doit nous interroger sur le rôle primordial des communes.

Nous abordons ce débat dans une attitude bienveillante, mais vigilante. (Applaudissements sur les bancs CRC et socialistes)

M. Jean-Claude Requier .  - Les artisans et commerçants constituent le poumon de la vie économique et commerciale de notre territoire. Je salue l'oeuvre de Sylvia Pinel. Transmettez, monsieur le ministre, mes voeux de prompt rétablissement à Mme Fourneyron.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Transmis.

M. Jean-Claude Requier.  - Il s'agit d'agir face à la désertification rurale et à la disparition des commerces de centres-villes, les commerces de bouche devenant des agences bancaires, des fast-food, des magasins de vêtements. Triste évolution !

Mme Nathalie Goulet.  - Bravo.

M. Jacques Mézard.  - Excellent !

M. Jean-Claude Requier.  - Nulle part dans le monde on ne retrouve le choix et la variété, les savoir-faire de nos petits commerces : boulangerie, charcuterie, boucherie... Préservons cette spécificité, cette diversité, qui est une part de notre culture.

Ce projet de loi s'attaque au problème des baux commerciaux, en encadrant et en limitant la hausse des loyers, en rééquilibrant les relations entre bailleurs et locataires.

Ce texte renforce les droits des consommateurs, en particulier outre-mer : ils ne seront plus pris en otage par le blocage des stations-services. Soucieux de faciliter la création d'entreprises, nous sommes toujours inquiets des distorsions de concurrence, flagrantes dans le secteur du bâtiment. Ce projet de loi s'y attaque. L'article 12 a été entièrement récrit à l'Assemblée nationale pour fusionner le régime micro-social et le régime micro-fiscal. Le nouveau régime unifié sera toujours aussi simple, mais plus juste.

Le projet de loi met fin à juste titre à des dispenses incompréhensibles dont bénéficiaient les auto-entrepreneurs. Le SPI devient enfin obligatoire pour tous. Des cotisations sociales minimales doivent être payées par tous, au risque de mettre en danger certaines entreprises. Nous proposerons des amendements à ce sujet.

Nous regrettons la destruction des crédits du Fisac entre 2007 et 2012. (Protestations à droite) Je salue la réponse courageuse prévue dans ce projet de loi.

M. Jean-Claude Lenoir.  - On diminue ses missions.

M. Jean-Claude Requier.  - Ce projet de loi comporte de nombreuses avancées. Le groupe RDSE proposera de renforcer encore la protection des artisans et commerçants lors de la reconduction de leur bail. (Applaudissements à gauche)

M. Joël Labbé .  - Tous mes voeux de prompt rétablissement à Mme Fourneyron.

Ce projet de loi doit préserver une économie locale de proximité, je m'en réjouis. Les petites entreprises sont un facteur de lien social ; elles sont créatrices d'emplois non délocalisables et constituent une économie à taille humaine. La désertification de certains quartiers a pour corollaire l'extension des zones commerciales qui défigurent les entrées des villes. Il est temps d'agir. Les défis du réchauffement climatique, du pic pétrolier, du vieillissement imposent le maintien du commerce de proximité.

Car les temples de la consommation en périphérie sont faits pour la voiture. Des friches nouvelles risquent d'apparaître, gaspillage de la terre nourricière, de 35 000 hectares de terres agricoles par an. Les grandes surfaces, elles, s'approvisionnent aux quatre coins du monde.

La réforme des baux commerciaux est bienvenue, ainsi que la simplification de l'auto-entreprenariat et la valorisation des qualifications artisanales. Il est bon que la Cnac puisse s'autosaisir des grands projets commerciaux : cette saisine devrait même être automatique.

Enfin, nous saluons l'extension du droit de préemption : les élus ont besoin d'outils.

Nous regrettons cependant certaines insuffisances. Les contraintes européennes empêchent d'abaisser les seuils d'examen, alors qu'il est ici justifié de limiter la liberté d'entreprendre.

Nous voulons aussi limiter l'emprise au sol des grandes surfaces. Je poursuivrai ici mon action pour la préservation des terres agricoles.

Nous proposerons enfin de réserver les aides du Fisac aux territoires en difficulté. (M. Jean-Claude Lenoir approuve)

Je voterai ce texte, qui n'est qu'une étape. (Applaudissements à gauche)

Mme Élisabeth Lamure .  - Je suis déçue. Ce projet de loi identifie les leviers et les enjeux - bail commercial, urbanisme, régime juridique des très petites entreprises. Mais outre les problèmes de procédure, ce projet de loi n'est qu'une compilation de mesures trop frileuses.

On compte aujourd'hui 900 000 commerces, mais les défaillances se multiplient. Un tiers des entreprises artisanales embauchent dès la première année. C'est dire que les gisements d'emplois sont là.

La chronologie est surprenante : le rapport sur l'entreprise individuelle aurait dû être élaboré en amont plutôt qu'être prévu par ce projet de loi.

Nous sommes rassurés sur l'aménagement du statut de la micro-entreprise, mais inquiets de l'excès de régulation. Certes, le statut d'auto-entrepreneur a provoqué des dérives : salariés déguisés, concurrence déloyale... Mais vous allez trop loin en inondant les auto-entrepreneurs de nouvelles obligations. Ce statut rend attractif le monde de l'entreprise, familiarise les Français avec un monde souvent lointain.

Nous approuvons l'obligation de souscrire une assurance professionnelle. Mais le stage de préparation à l'installation et les nouvelles obligations déclaratives vont à l'encontre du choc de simplification.

Si l'on détruit le principe selon lequel à recettes nulles, on ne paie ni impôts ni cotisations, on détruit le statut d'auto-entrepreneur. On est encore loin d'un statut unique de la micro-entreprise. L'augmentation de la fiscalité sur la TPE révèle un grand écart entre postures gouvernementales et réalités législatives.

Nous ne sommes pas hostiles à l'allongement des baux commerciaux, mais l'article 2 les renchérira. Sur le Fisac, vous parlez de simplification mais il s'agit surtout de réduire l'enveloppe.... Que le Gouvernement nous éclaire sur les dossiers en souffrance.

M. Daniel Raoul, président de la commission des affaires économiques  - Qui a constitué le stock ?

Mme Élisabeth Lamure.  - Plusieurs articles sur l'urbanisme commercial nous conviennent mais vous prenez d'une main ce que vous donnez de l'autre. Vous ne redéfinissez pas les critères de décision des Cdac, cela ne renforcera pas l'autonomie des élus. Il faut mettre fin à la sanctuarisation du centre-ville, qu'au nom de l'écologie encourage l'étalement urbain.

Même si nous souscrivons à une partie substantielle de ce texte, ce n'est qu'une réforme minima, examinée trop vite, et qui oublie par exemple le commerce électronique. L'UMP s'abstiendra. (Applaudissements sur les bancs UMP)

M. Claude Bérit-Débat .  - J'adresse à mon tour mes voeux de rétablissement à Mme Fourneyron et salue le travail de Mme Pinel.

La compétitivité de notre économie ne repose pas seulement sur les grands groupes mais aussi les artisans, commerçants et très petites entreprises qui occupent dans notre économie une place très importante. Il faut leur fournir les outils pour s'adapter au nouvel environnement économique. Les métiers contribuent aussi au lien social. Quand les petits commerces ferment en centre-ville, le lien social se délite.

Le pacte pour l'artisanat et le plan d'action pour le commerce annoncés l'an dernier témoignent de l'engagement du Gouvernement. Le projet de loi va dans le même sens. Nous devons l'enrichir de notre expérience. La flambée des loyers touche aussi les petits commerçants et artisans, et menace jusque leur activité. (M. Roland Courteau le confirme) L'allongement des baux commerciaux, la limitation des hausses de loyers, la révision de leur mode de calcul sont bienvenus.

La commune est le plus souvent seule compétente pour préempter mais manque souvent de moyens. La délégation de droit de préemption aux EPCI permettra d'agir plus efficacement.

Les contrats de revitalisation devraient être étendus à l'artisanat. Sur la micro-entreprise, le texte qui s'inspire du rapport Grandguillaume, apaisera les tensions.

Quant à la prise en compte de l'urbanisme commercial dans les Scot, nous étions convenus de supprimer les articles concernés de la loi Alur pour y revenir ici.

Nous proposerons de rétablir le document d'aménagement commercial (DAC) au sein du Scot, pour délimiter les secteurs d'implantation périphérique et les centralités urbains. Le Scot tout entier s'en trouvera sécurisé car une annulation du DAC n'emportera pas celle du Scot (M. Jean-Claude Lenoir approuve)

L'intercommunalité pourra agir avec plus de souplesse et d'efficacité. Comptez sur notre soutien, monsieur le ministre. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. Philippe Kaltenbach .  - Ce texte vise à promouvoir nos commerces, nos artisans, nos TPE : c'est là que se crée l'emploi. Mon propos portera uniquement sur l'évolution du régime des auto-entrepreneurs, que j'ai évalué récemment avec Mme Dini pour la commission sénatoriale pour le contrôle de l'application des lois.

Depuis 2008, le nombre de chômeurs a crû de plus de 50 %. Pourtant, la volonté d'entreprendre est partagée par une majorité de nos concitoyens. Près d'un million d'auto-entrepreneurs sont enregistrés, dont 500 000 sont actifs. Nous devons les aider et les accompagner. Ce régime a été modifié par le Parlement à dix reprises. Mais il restait un point de fixation avec les artisans, sur la concurrence déloyale. D'où les préconisations que nous avons formulées.

Les députés, notamment Laurent Grandguillaume, que je salue, nous ont entendus. Nos propositions ont rassuré les auto-entrepreneurs et les artisans. Il est vrai que certains points évoqués lors du dépôt du projet de loi avaient suscité des inquiétudes. Le Gouvernement a su se montrer à l'écoute des acteurs économiques et de la Représentation nationale. L'immatriculation obligatoire auprès des chambres des métiers et de l'artisanat correspond à l'équilibre souhaitable.

Je soumettrai à votre examen deux amendements identiques à ceux de Mme Dini, afin de donner un statut unique à la dénomination d'auto-entrepreneur et de les accompagner vers le régime de droit commun.

C'est un bon régime, que la gauche avait combattu en 2008.

M. Jean-Claude Lenoir.  - C'est bien de le reconnaître.

M. Philippe Kaltenbach.  - Que la droite reconnaisse que restait ce blocage sur la concurrence déloyale ! Il fallait trouver des solutions. Je me félicite du point d'équilibre que nous avons trouvé. Montrons aux Français que nous savons nous rassembler pour défendre l'emploi. C'est avec conviction que les socialistes défendront ce texte. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. Antoine Lefèvre .  - Ce texte concerne l'écrasante majorité des petites entreprises de notre pays : « Nous avons besoin de toutes nos entreprises (...), des artisans, des commerçants qui travaillent dur et aiment leur métier » a déclaré le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale. Ce ton nouveau est un réconfort pour nos artisans.

Il est temps de mettre en oeuvre le « choc de simplification » tant attendu. J'ai présenté à l'occasion de la discussion de la précédente loi de finances, un bilan de l'EIRL, statut qui n'a pas rencontré le succès escompté : seules 18 000 EIRL étaient recensées au 31 août 2013. Le statut d'EIRL est complexe sur le plan comptable et juridique, ce qui le rend peu attractif. La loi prévoit dans certains cas, à titre de sanction, la confusion des patrimoines. Reste la question de l'accès aux crédits : les banques sont hésitantes, face à l'EIRL, même si elles peuvent demander des garanties au-delà du patrimoine professionnel.

L'EIRL apparaît comme un bon système aux entrepreneurs, au fait des obligations juridiques et comptables, rigoureux dans la séparation de leur patrimoine personnel et professionnel.

Cela fait presqu'un an que le rapport Dini-Kaltenbach a été déposé. Il apparaît déjà nécessaire d'harmoniser ce statut avec celui des micro-entreprises. Mais il a fallu attendre cette loi. Un article dispose que celle-ci n'entrera en vigueur que six mois après son adoption et recule encore l'échéance de la simplification tant attendue.

Je me réjouis que certaines de nos propositions aient été reprises dans le présent texte. L'usine à gaz du compte personnel de prévention de la pénibilité, qui donne des points pour la retraite, alourdit au-delà du supportable les tâches administratives des entreprises. Je suis très inquiet du devenir des TPE quel que soit leur secteur d'activité, mais toute amélioration est bonne à prendre (Applaudissements sur les bancs UMP)

M. Roland Courteau.  - L'artisanat, le commerce, les TPE sont la première entreprise de France. Elles sont le maillage de nos territoires, l'innovation, le dynamisme, le poumon économique de notre pays.

Ce projet de loi adresse un signal fort à tous les professionnels qui l'attendaient, mais aussi aux élus, qui ont à coeur de préserver le commerce de proximité et les activités qui tendent de plus en plus à disparaître de nos centres-villes, de nos bourgs et de nos villages. Le Gouvernement ne pouvait laisser faire plus longtemps. Nous devions prendre les mesures qui s'imposaient. Je le félicite d'avoir pris ces mesures justes, tant attendues. L'une d'elles concerne les baux commerciaux. La hausse des loyers n'était plus supportable, de nombreux commerces et ateliers n'ont d'autre choix que de fermer. La richesse est le fruit de la diversité des activités. D'où les mesures proposées pour indexer les loyers sur un indicateur plus proche de l'activité, lisser l'augmentation des loyers, instaurer un droit de préférence pour le locataire en cas de cession.

Vous vous êtes saisi du droit de préemption par les communes, étendu aux EPCI pour les fonds de commerce ce qui nous aidera à préserver nos centres-villes, mesure de bons sens. La qualité d'artisan ne pourra plus être portée que par les personnes qualifiées et qui exercent leur métier. Assez d'usurpations !

Monsieur le ministre, je suis satisfait que le Gouvernement ait apporté au commerce, à l'artisanat et aux TPE des outils de nature à leur rendre leurs lettres de noblesse. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. Gérard Cornu .  - Je tiens à mon tour à adresser mes voeux de prompt rétablissement à Mme Fourneyron. Je salue le travail des services du ministère pour assurer la continuité de l'État pour ce projet de loi certes consensuel, sans aspérité notable.

Sur l'urbanisme commercial, quelques amendements adoptés en commission vont dans le bon sens. Je regrette toutefois qu'il demeure un urbanisme d'exception, contrairement à ce que nous observons chez nos voisins européens. Je suis favorable au rétablissement des DAC dans le Scot. Je ne crois pas du tout que l'accroissement du nombre de membres de la Cdac et de la Cnac simplifie ni n'accélère quoi que ce soit.

Le commerce en ligne affecte profondément le commerce traditionnel. Il n'est pas pris en compte ici. Deux sujets me sont chers : le Fisac et le droit de préemption.

Le bilan du Fisac montre combien il est précieux. Tous les sénateurs, sur tous les bancs, le savent. Il permet à nos communes de sauvegarder les commerces de bouche dans nos centres-villes. Je regrette la perspective de réduction budgétaire inscrite dans ce texte, qui supprime la disposition selon laquelle les ressources de ce fonds représentent au minimum 15 % de la Tascom. Il fallait garder ce lien. Je ne partage pas l'optimisme de M. Requier. Le Fisac a toujours été défendu sur tous ces bancs. Il a souvent été amputé, sous tous les gouvernements, Bercy oblige...

Le droit de préemption confié aux maires sur les cessions de fonds de commerce a été introduit par la loi du 2 août 2005, dont j'étais le rapporteur au Sénat, par un amendement parlementaire.

L'article 7 du projet de loi vise à le rendre plus efficace, en permettant à la commune de déléguer tout ou partie de ses compétences à l'EPCI dont elle est membre. Le défenseur du commerce de proximité et de la vitalité de nos villages que je suis ne peut que s'en réjouir. Artisans, commerçants et TPE font vivre notre pays. Ils ne demandent qu'à travailler en paix, et éventuellement, à ce que leurs démarches administratives soient allégées...

M. le président.  - Il faut conclure !

M. Gérard Cornu.  - Pour l'ensemble du texte, je m'abstiendrai. (Applaudissements à droite)

M. Arnaud Montebourg, ministre .  - Merci de la tonalité de cette discussion sur ce texte qui a déjà rassemblé largement à l'Assemblée nationale, et qui vous est soumis pour être amélioré. Vous êtes attentifs au contenu et aux implications de ce texte, que les parlementaires connaissent parfois mieux que les administrations qui font réciter un catéchisme à leur ministre. (Marques d'approbation sur plusieurs bancs)

Pour les baux commerciaux, nous marquons un progrès indéniable et consensuel. Je salue le travail de M. Vaugrenard, qui a employé une expression forte et juste : oui, c'est un texte d'apaisement. J'en remercie Mme Sylvia Pinel et les parlementaires qui, à l'Assemblée nationale et au Sénat, ont aidé les antagonismes à disparaître. Les Chambres de commerce et d'industrie (CCI), les associations d'auto-entrepreneurs, l'Union professionnelle artisanale (UPA) ont salué l'équilibre ainsi atteint. Appuyons-nous sur cela pour travailler dans le détail, sans nous y perdre, car il est souvent l'affaire du règlement plus que de la loi.

Sur la conjoncture, à laquelle je ne suis pas indifférent comme ministre de l'économie, il ne nous a pas échappé qu'au premier trimestre 2014, nous observons, sur fond de reprise des activités industrielles, une chute spectaculaire des faillites, de 28 %, pour les PME. Ce n'est pas le cas chez les TPE.

Le Premier ministre a annoncé ce matin une amélioration de l'offre, qui n'exclut pas les TPE, le commerce et l'artisanat, qui en bénéficieront pour un milliard. Ces secteurs sont touchés par le durcissement du crédit ; nous avons un problème de financement de l'économie réelle. La BPI apporte une concurrence justifiée à l'activité bancaire privée. Les organisations professionnelles et les syndicats des PME soulignent ce problème d'accès au crédit pour les entreprises de taille modeste.

Le Premier ministre a évoqué aussi ce matin le soutien au pouvoir d'achat aux ménages. L'inflation est très faible dans la zone euro et en France. Rechercher la croissance, c'est améliorer l'offre productive, dont les TPE ne sont pas exclues, c'est aussi stimuler la croissance. Par une amélioration modérée du pouvoir d'achat.

Sur la question passionnée, presque passionnelle du Fisac, je rappelle que Mme Pinel a trouvé à son arrivée 13 millions d'euros dans les caisses pour 1 600 projets en souffrance. Il eût fallu au moins 35 millions d'euros. (Exclamations socialistes) Et nous devions honorer tous les engagements pris, fût-ce de façon inconsidérée. Il est curieux de se voir accusés de turpitude par ceux que vous avez soutenus, voire de moeurs politiques condamnables...

M. Gérard Cornu.  - Vous êtes au Sénat !

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - C'est dit !

M. Jean-Claude Lenoir.  - Retirez-le !

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - C'est un adage de juriste : nemo auditur propriam turpitudinem allegans...

Nous offrons aux élus une boîte à outils. Merci pour votre soutien sur le droit de préemption, madame la rapporteure de la commission des lois, sur l'installation des cinémas, monsieur le rapporteur de la commission de la culture. Nous sommes attentifs à cette régulation. Nous pouvons nous entendre. Pas sur tout : on se dira les choses dans le respect de l'esprit de chacun.

La transparence sera au rendez-vous. Pour éviter le saupoudrage, il sera fait référence aux progrès déterminants d'aménagement. Les décisions seront prises sur la base d'une appréciation administrative objective. L'artisanat, le commerce et les TPE ont besoin du soutien de la nation et surtout de sa reconnaissance. Votre travail y participe. Je vous en remercie. (Applaudissements)

M. le président.  - Nous suspendrons à 18 h 25, la Conférence des présidents se réunissant à 18 h 30 en présence du Premier ministre, et nous reprendrons nos travaux à 21 heures.

La discussion générale est close.

Discussion des articles

ARTICLE ADDITIONNEL AVANT L'ARTICLE PREMIER AA

M. le président.  - Amendement n°193, présenté par M. Vaugrenard, au nom de la commission des affaires économiques.

Avant l'article 1er AA

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 145-2 du code de commerce est complété par un paragraphe ainsi rédigé :

« III.  -  En cas d'exercice du droit de préemption sur un fonds artisanal ou un fonds de commerce en application du premier alinéa de l'article L. 214-2 du code de l'urbanisme, le bail du local ou de l'immeuble reste soumis aux dispositions du présent chapitre.

« Si la préemption ne porte que sur un bail commercial, le défaut d'exploitation ne peut être invoqué par le bailleur pour y mettre fin dans le délai prévu par l'article L. 214-2 du même code pour sa rétrocession à un nouvel exploitant. »

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur. - Cet amendement sécurise l'exercice du droit de préemption commercial par les communes.

L'absence d'articulation claire entre les dispositions du code de l'urbanisme sur le droit de préemption commercial et les dispositions du code de commerce sur les baux commerciaux ont pour conséquence que les communes qui préemptent un fonds artisanal ou de commerce ne sont pas couvertes par les règles très protectrices du régime des baux commerciaux. Cet amendement résout cette difficulté.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Favorable.

M. Gérard Cornu.  - Il s'agit bien de permettre aux communes lorsque le magasin est vide, d'éviter que le propriétaire récupère le bail ?

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Oui.

M. Gérard Cornu.  - Je le voterai.

L'amendement n°193 est adopté et devient un article additionnel.

ARTICLE PREMIER AA

M. le président.  - Amendement n°119 rectifié ter, présenté par M. Houel, Mmes Lamure et Mélot et MM. Cambon, Dulait, G  Bailly, Grignon, Ferrand, Chauveau, Billard, Magras, Fouché, Doligé, Lefèvre, Laménie, Milon et Beaumont.

Compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent chapitre ne sont pas applicables non plus aux contrats de mise à disposition d'emplacement pouvant être modifié à tout moment, situé dans l'enceinte d'un lieu de vente entendu comme unité économique organisée, ayant une clientèle principalement touristique et dont l'opérateur fournit à ses contractants, pouvant être déplacés à tout moment, des services visant à optimiser leur chiffre d'affaires, dès lors que les parties ont expressément exclu ces contrats du champ d'application du statut des baux commerciaux. »

Mme Colette Mélot.  - Le commerce contribue à la mission touristique de la France. Le président de la République, en août 2013, a dit aux ambassadeurs que le tourisme devait être érigé en grande cause nationale.

M. le président.  - Amendement n°120 rectifié ter, présenté par M. Houel, Mmes Lamure et Mélot et MM. Cambon, Dulait, G. Bailly, Grignon, Ferrand, Chauveau, Billard, Magras, Fouché, Doligé, Lefèvre, Laménie, Milon et Beaumont.

Compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent chapitre ne sont pas applicables aux contrats de mise à disposition d'emplacement pouvant être modifié à tout moment, situé dans l'enceinte d'un lieu de vente entendu comme une unité économique organisée, où le contractant, pouvant être déplacé à tout moment, profite de la chalandise ou bénéficie de services visant à optimiser son chiffre d'affaires, dès lors que l'emplacement n'a pas d'accès direct sur l'extérieur du lieu de vente, que son exploitation est soumise au respect des horaires d'ouverture et de fermeture du lieu de vente et que les parties ont expressément exclu ces contrats du champ d'application du statut des baux commerciaux. »

Mme Colette Mélot.  - Cet amendement clarifie l'article premier AA adopté par la commission des affaires économiques lors de sa réunion du 9 avril.

Il précise que les dispositions relatives aux baux commerciaux ne sont pas applicables dès lors que le contrat de mise à disposition d'emplacement situé dans un lieu de vente réunit les trois conditions additionnelles suivantes : l'emplacement mis à disposition peut être modifié à tout moment ; le contractant bénéficie de services proposés par l'opérateur ; l'emplacement n'a pas d'accès direct sur l'extérieur du lieu de vente.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Ces précisions ne nous paraissent pas indispensables. Mieux vaut clarifier la rédaction, comme l'a fait notre commission déjà sur proposition de Mme Lamure. Avis défavorable.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Même avis. Ne compliquons pas par des dérogations une jurisprudence bien établie. Retrait ou rejet.

Mme Colette Mélot.  - Je suis tout à fait favorable à une simplification comme nous tous. Ces amendements semblant satisfaits, je les retire.

Les amendements nos119 rectifié ter et 120 rectifié ter sont retirés.

L'article premier AA est adopté. 

ARTICLE ADDITIONNEL

M. le président.  - Amendement n°35, présenté par Mme Lamure et les membres du groupe UMP.

Après l'article 1er AA

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le 5° de l'article L. 145-33 du code de commerce est ainsi rédigé :

« 5° Les prix couramment pratiqués dans la zone de chalandise telle que définie à l'article R. 752-8 du présent code. »

Mme Élisabeth Lamure.  - Nous proposons de remplacer la notion de « prix couramment pratiqués dans le voisinage » par la notion de « zone de chalandise » plus pertinente économiquement. Cette modification redonnera une liberté d'appréciation aux commissions de conciliation et aux magistrats.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - La fédération des commerçants de centres commerciaux présente cette demande, dans l'espoir d'obtenir des loyers plus bas par alignement sur les loyers des petits commerçants indépendants, situés hors des centres commerciaux. Mais ces derniers pourraient voir au contraire leur bail augmenter. Avis défavorable.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Ne déstabilisons pas une fois de plus une jurisprudence solidement établie. Ne remettons pas en question un système qui fonctionne bien. Avis défavorable.

M. Gérard Cornu.  - Je suis sensible à vos arguments, monsieur le ministre. Mais autant la zone de chalandise est bien définie, autant je m'interroge : qu'est-ce donc que le voisinage, terme très vague ? La jurisprudence est claire, dites-vous, mais la loi gagnerait à mieux définir cette notion.

M. Daniel Raoul, président de la commission des affaires économiques.  - J'ai siégé dans les Cdac. Les zones de chalandise pourraient atteindre 50 à 100 kilomètres, voire davantage. Cette référence instaurerait une concurrence déloyale et augmenterait le prix des baux dans les centres bourgs éloignés.

M. Claude Bérit-Débat.  - Je confirme : la zone de chalandise du magasin de bricolage d'un grand centre commercial périphérique peut atteindre 130 kilomètres. Est-il possible de mieux définir le voisinage ? Ce terme ne fait pas débat aujourd'hui sauf pour ceux qui voudraient faire baisser les prix des loyers de leurs centres commerciaux.

L'amendement n°35 n'est pas adopté.

ARTICLE PREMIER A

M. le président.  - Amendement n°159, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

Alinéa 5

Rédiger ainsi cet alinéa :

« Les baux conclus pour une durée supérieure à neuf ans, les baux des locaux construits en vue d'une seule utilisation et les baux des locaux à usage exclusif de bureaux peuvent comporter des dispositions contraires. » ;

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - La jurisprudence a déterminé cette notion.

M. le président.  - Amendement n°22 rectifié, présenté par MM. Mézard, Bertrand, Collin, Collombat, Esnol, Fortassin et Hue, Mme Laborde et MM. Mazars, Plancade, Requier, Tropeano, Vall et Vendasi.

Alinéa 5

Supprimer les mots :

Les baux d'une durée supérieure à neuf ans,

M. Jacques Mézard.  - Cet amendement vise à inclure les baux longs (d'une durée supérieure à neuf ans) exclus par l'Assemblée nationale des baux commerciaux pour lesquels il est impossible de contourner par une clause contractuelle la possibilité de résiliation triennale, qui est un droit ayant le caractère d'ordre public. Revenons ainsi au projet initial.

M. le président.  - Amendement identique n°36, présenté par Mme Lamure et les membres du groupe UMP.

Mme Élisabeth Lamure.  - N'incitons pas, en effet, les bailleurs à ne proposer que des baux de neuf ans.

M. le président.  - Amendement identique n°93, présenté par Mme Schurch et les membres du groupe CRC.

Mme Mireille Schurch.  - C'est le même. Il n'y a pas lieu de dispenser les baux longs de cette mesure d'ordre public, au risque d'inciter les bailleurs à y recourir.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Avis favorable à l'amendement n°159. Pour le reste, un équilibre a été trouvé à l'Assemblée nationale. Interdire la clause de renonciation à la résiliation triennale a du sens pour les petits commerces de centre-ville, qui sont en situation de faiblesse par rapport aux bailleurs, mais non dans les centres commerciaux. Un engagement sur six ans peut être la contrepartie de certains avantages. En limitant la liberté contractuelle, on risque d'empêcher des installations. Sans visibilité sur six ans, certains projets ne peuvent être financés. Et les propriétaires pourraient exiger des droits d'entrée, au détriment des petits commerçants dans les galeries commerciales. Avis défavorable aux amendements n°s22 rectifié, 36 et 93.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Mêmes avis.

L'amendement n°159 est adopté.

Les amendements identiques n°s22 rectifié, 36 et 93 n'ont plus d'objet.

L'article premier A, modifié, est adopté.

ARTICLE PREMIER

M. le président.  - Amendement n°160, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

Après l'alinéa 2

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

...° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :

« À l'issue de cette période, les parties ne peuvent plus conclure un nouveau bail dérogeant aux dispositions du présent chapitre pour exploiter le même fonds dans les mêmes locaux. » ;

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - Si son affaire ne fonctionne pas, le locataire peut vouloir changer d'activité dans le même local, ou la poursuivre dans un autre appartenant au même bailleur.

L'amendement n°160, accepté par la commission et le Gouvernement, est adopté.

M. le président.  - Amendement n°19 rectifié, présenté par MM. Mézard, Bertrand, Collin, Collombat, Esnol, Fortassin et Hue, Mme Laborde et MM. Mazars, Plancade, Requier, Tropeano, Vall et Vendasi.

Compléter cet article par deux alinéas ainsi rédigés :

...° Il est ajouté un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque le bail est conclu conformément aux dispositions du présent article, un état des lieux est établi lors de la prise de possession des locaux par un locataire et lors de leur restitution, contradictoirement et amiablement par les parties ou par un tiers mandaté par elles et joint au contrat de location. » 

M. Jacques Mézard.  - L'état des lieux doit aussi être obligatoire pour les baux dérogatoires, dont la durée est portée à trois ans.

M. le président.  - Amendement n°76 rectifié, présenté par MM. Vial, Bizet et Revet et Mme Lamure.

Compléter cet article par trois alinéas ainsi rédigés :

...° Il est complété par deux alinéas ainsi rédigés :

« Lorsque le bail est conclu conformément aux dispositions du premier alinéa, un état des lieux est établi lors de la prise de possession des locaux par un locataire et lors de leur restitution, contradictoirement et amiablement par les parties ou par un tiers mandaté par elles et joint au contrat de location.

« Si l'état des lieux ne peut être établi dans les conditions prévues au premier alinéa, il est établi par un huissier de justice, sur l'initiative de la partie la plus diligente, à frais partagés par moitié entre le bailleur et le locataire. »

Mme Élisabeth Lamure.  - Afin d'améliorer la transparence et la sécurité des relations entre les bailleurs et les locataires, l'amendement rend obligatoire l'établissement d'un état des lieux établi de manière contradictoire par les deux parties au moment de la prise de possession des locaux et lors de leur restitution. Nous sommes toujours dans le cas des baux dérogatoires.

M. le président.  - Amendement identique n°108 rectifié ter, présenté par M. Tandonnet et les membres du groupe UDI-UC.

Mme Muguette Dini.  - J'ajoute qu'en cas de refus d'une des parties, l'état des lieux serait établi par un huissier de justice.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - L'amendement n°19 rectifié, moins précis, pourrait être retiré au profit des deux autres. Avis favorable aux amendements n°s76 rectifié et 108 rectifié ter, identiques.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Même avis.

M. Jacques Mézard.  - Ce n'est pas un oubli. Nous ne sommes pas là pour remplir les caisses des huissiers.

L'amendement n°19 rectifié n'est pas adopté.

Les amendements identiques n°s76 rectifié et 108 rectifié ter sont adoptés.

L'article premier, modifié, est adopté.

ARTICLE PREMIER BIS

M. le président.  - Amendement n°161, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

Alinéa 2

Après les mots :

indépendantes de la

insérer le mot :

seule

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - Amendement de sécurité juridique. La notion de convention d'occupation précaire en matière de locaux commerciaux étant destinée à codifier une notion jurisprudentielle établie, autant reprendre exactement les termes de la jurisprudence.

L'amendement n°161, accepté par la commission et le Gouvernement, est adopté.

L'article premier bis, modifié, est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS

M. le président.  - Amendement n°155, présenté par Mme Lamure et les membres du groupe UMP.

Après l'article 1er bis

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au premier alinéa de l'article L. 145-12 du code de commerce, après les mots : « sauf accord des parties », sont insérés les mots : « lors de la conclusion du bail d'origine ou lors du renouvellement ».

Mme Élisabeth Lamure.  - Une clarification sur la capacité des parties à déterminer ensemble la durée des baux renouvelés s'impose.

M. le président.  - Amendement n°162, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

Après l'article 1er bis

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le premier alinéa de l'article L. 145-12 du code de commerce est complété par une phrase ainsi rédigée :

« Les parties à un bail conclu pour une durée supérieure à neuf ans peuvent convenir de son renouvellement pour la même durée. »

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - La Cour de cassation a considéré que le renouvellement d'un bail d'une durée supérieure à neuf ans ne peut s'opérer que par un bail classique « 3-6-9 ». Cet arrêt crée une insécurité juridique. L'amendement clarifie l'état du droit.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - L'amendement n°155 est intéressant, mais celui de la commission des lois est plus précis. Retrait, à son profit.

L'amendement n°155 est retiré.

L'amendement n°162 est adopté et devient un article additionnel.

L'article premier ter est adopté.

ARTICLE PREMIER QUATER

M. le président.  - Amendement n°37, présenté par Mme Lamure et les membres du groupe UMP.

Après l'alinéa 1

Insérér un paragraphe ainsi rédigé :

... - L'article L. 145-15 du même code est complété par une phrase ainsi rédigée :

« Il en est de même des clauses qui interdisent au locataire d'exploiter un fonds de commerce similaire en dehors des lieux loués. »

Mme Élisabeth Lamure.  - Un bailleur ne saurait interdire à son locataire d'ouvrir un autre fonds de commerce ailleurs. Pareilles clauses sont contraires à la liberté d'établissement et doivent être déclarées non écrites.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Faut-il interdire purement et simplement les clauses de non-concurrence ? L'Autorité de la concurrence ne l'estime ni possible juridiquement, ni souhaitable économiquement. Les dispositions sur les clauses abusives devraient suffire. Retrait.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Le propos de la liberté contractuelle est d'adapter la loi des parties aux circonstances. Ne créons pas de la rigidité, commerçants et artisans n'en ont pas besoin. Retrait.

Mme Élisabeth Lamure.  - En commission, nous étions d'accord sur le fond et vous aviez prévu de demander l'avis du Gouvernement. Il s'agit d'empêcher des abus et de défendre les intérêts des locataires.

M. Gérard Cornu.  - L'amendement part d'un bon sentiment, mais on peut vouloir s'installer à côté du local où on travaille. La portée de l'amendement est générale ; en combattant des abus dans les centres commerciaux, on pourrait provoquer des problèmes en centre-bourg.

M. Claude Bérit-Débat.  - Je m'interroge aussi sur les effets pervers de l'amendement.

Mme Élisabeth Lamure.  - Je le retire.

L'amendement n°37 est retiré.

M. le président.  - Amendement n°163 rectifié, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

Alinéas 4 et 5

Remplacer ces alinéas par trois alinéas ainsi rédigés :

2° Le deuxième alinéa est ainsi rédigé :

« En cas de fusion ou de scission de sociétés, en cas de transmission universelle de patrimoine d'une société réalisée dans les conditions prévues à l'article 1844-5 du code civil ou en cas d'apport d'une partie de l'actif d'une société réalisé dans les conditions prévues aux articles L. 236-6-1, L. 236-22 et L. 236-24 du présent code, la société issue de la fusion, la société désignée par le contrat de scission ou, à défaut, les sociétés issues de la scission, la société bénéficiaire de la transmission universelle de patrimoine ou la société bénéficiaire de l'apport sont, nonobstant toute stipulation contraire, substituées à celle au profit de laquelle le bail était consenti dans tous les droits et obligations découlant de ce bail. » ;

3° Au dernier alinéa, les mots : « , de fusion ou d'apport » sont remplacés par les mots : « ou dans les cas prévus au deuxième alinéa ».

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - En cas de scission, quelle société conserverait le bail ? Dans tous les cas, il faut préciser les choses en renvoyant au contrat de scission. Cet amendement vise aussi la transmission universelle de patrimoine quand une société en absorbe une autre.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Avis favorable.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Sagesse.

L'amendement n°163 rectifié est adopté.

L'article premier quater, modifié, est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS

M. le président.  - Amendement n°9 rectifié, présenté par MM. Mézard, Barbier, Baylet, Bertrand, Collin, Esnol, Fortassin et Hue, Mme Laborde et MM. Mazars, Plancade, Requier, Tropeano, Vall et Vendasi.

Après l'article 1er quater

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 145-16 du code de commerce, il est inséré un article L. 145-16-... ainsi rédigé :

« Art. L. 145-16-...  - En cas de cession, si la cession du bail est accompagnée d'une clause de garantie entre cédant et cessionnaire, le bailleur est dans l'obligation d'informer le cédant dès le premier mois d'impayé de loyer par le cessionnaire. »

M. Jacques Mézard.  - Cet amendement et le suivant constitueraient une avancée importante et attendue par les commerçants dont beaucoup subissent des désagréments après la cession de leur commerce. De nombreuses cessions sont assorties d'une clause de garantie ou de solidarité. Lorsque le cessionnaire ne paye pas son loyer, le cédant n'est souvent informé que des années après par le propriétaire qui lui réclame alors des arriérés. Cela peut même les conduire à devoir reprendre le commerce... Afin de protéger le commerçant qui cède son commerce, cet amendement prévoit que le bailleur informe le cédant dès le premier mois de loyer de retard du cessionnaire.

M. le président.  - Amendement n°10 rectifié, présenté par MM. Mézard, Barbier, Baylet, Bertrand, Collin, Collombat, Esnol, Fortassin et Hue, Mme Laborde et MM. Mazars, Plancade, Requier, Tropeano, Vall et Vendasi.

Après l'article 1er quater

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 145-16 du code de commerce, il est inséré un article L. 145-16-... ainsi rédigé :

« Art. L. 145-16-...  -  Si la cession du bail commercial peut s'accompagner d'une clause de garantie entre cédant et cessionnaire, celle-ci ne peut être invoquée que pendant la durée de trois ans à compter de la cession dudit bail. »

M. Jacques Mézard.  - Cet amendement limite à trois ans la durée des clauses de solidarité. Des clauses de neuf ans ou plus sont un frein à la vente.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - L'amendement n°9 rectifié paraît logique. Avis favorable.

En revanche, l'amendement n°10 rectifié limite sans vraie justification la liberté contractuelle. Au cédant de déterminer la portée de ses engagements. Avis défavorable.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Il y a des abus que le législateur doit empêcher. Avis favorable à ces amendements.

M. Gérard Cornu.  - Ils vont dans le bon sens. Souvent, les cédants réclament un nouveau bail pour ne plus être engagés. Les clauses de solidarité provoquent parfois des situations dramatiques.

Le rapporteur semble opposé au délai de trois ans, mais ce pourrait être un an...

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - La commission est attachée à la liberté contractuelle.

M. Jacques Mézard.  - Parler de liberté contractuelle en matière de baux commerciaux, cela me laisse perplexe... Le cédant ne saurait être ainsi tenu pendant des années.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Sur le fond, nous sommes d'accord... Avis favorable aux deux amendements.

L'amendement n°9 rectifié est adopté et devient article additionnel.

L'amendement n°10 rectifié est adopté et devient article additionnel.

ARTICLE 2

M. le président.  - Amendement n°46, présenté par Mme Lamure et les membres du groupe UMP.

Rédiger ainsi cet article :

I.  - Le premier alinéa de l'article L. 145-34 du code de commerce est ainsi modifié :

1° A la première phrase, les mots : « de l'indice national trimestriel mesurant le coût de la construction ou, s'ils sont applicables, de l'indice trimestriel des loyers commerciaux ou de l'indice trimestriel des loyers des activités tertiaires mentionnés » sont remplacés par les mots : « de l'indice référent mentionné » ;

2° A la seconde phrase, les mots : « de l'indice national trimestriel mesurant le coût de la construction ou, s'ils sont applicables, de l'indice trimestriel des loyers commerciaux ou de l'indice trimestriel des loyers des activités tertiaires » sont remplacés par les mots : « de l'indice référent ».

II.  -  Au troisième alinéa de l'article L. 145-38 du même code, les mots : « de l'indice trimestriel du coût de la construction ou, s'ils sont applicables, de l'indice trimestriel des loyers commerciaux ou de l'indice trimestriel des loyers des activités tertiaires mentionnés » sont remplacés par les mots : « de l'indice référent mentionné ».

Mme Élisabeth Lamure.  - Cet amendement rétablit la liberté contractuelle entre les locataires et les bailleurs dans le choix de l'indice de référence des loyers commerciaux. Au cours de ces cinq derniers trimestres, l'indice du coût de la construction (ICC) est apparu plus favorable à une évolution modérée des loyers que l'indice des loyers commerciaux (ILC).

M. le président.  - Amendement n°164, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

Alinéas 1 et 2

Compléter ces alinéas par les mots :

, après les mots : « loyers commerciaux », sont insérés les mots : « , pour les activités commerciales et artisanales, » et, après les mots : « activités tertiaires », sont insérés les mots : « , pour les autres activités, »

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - La substitution de deux nouveaux indices à l'ICC fait consensus chez les professionnels. Mais ils ne couvrent pas tous les types de locaux, notamment industriels. L'ILC concernerait les locaux loués pour des activités commerciales ou artisanales, l'indice des loyers des activités tertiaires (Ilat), tous les autres locaux.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - La très grande majorité des commerçants approuvent ce nouvel indice, plus favorable sur le long terme ; l'ICC augmente plus vite en dehors des périodes d'atonie économique comme celle que nous connaissons. Avis défavorable à l'amendement n°46, favorable à l'amendement de clarification n°164.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Avis défavorable à l'amendement n°46 : nous avons fait le choix d'un indice plus réaliste au regard de l'activité économique. Avis favorable à l'amendement n°164, qui clarifie utilement les choses.

Mme Élisabeth Lamure.  - Notre objectif est le même, mais nous voulons laisser le choix aux parties.

M. Gérard Cornu.  - Beaucoup de baux commerciaux font référence à l'ICC. Pourquoi l'exclure ? Les notaires y sont habitués.

M. Claude Bérit-Débat.  - Je pense le contraire. Tous les petits commerçants se plaignent de la référence à l'ICC. Ne prêtons pas une attention excessive aux variations conjoncturelles. Mme Pinel a mené une large concertation à ce sujet.

L'amendement n°46 est adopté.

(Marques de satisfaction sur les bancs UMP)

L'amendement n°164 devient sans objet.

L'article 2, modifié, est adopté.

ARTICLE 3

M. le président.  - Amendement n°165, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

... - Au deuxième alinéa du même article L. 145-35, les mots : « le juge est saisi » sont remplacés par les mots : « la juridiction est saisie » et le mot : « il » est remplacé par le mot : « elle ».

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - Amendement de coordination.

Le Conseil de simplification a proposé lundi de supprimer les commissions de conciliation des baux commerciaux, il paraît au contraire nécessaire de les relancer.

L'amendement n°165, accepté par la commission et le Gouvernement, est adopté.

L'article 3, modifié, est adopté.

ARTICLE 4

M. le président.  - Amendement n°38, présenté par Mme Lamure et les membres du groupe UMP.

Alinéa 3

Rédiger ainsi cet alinéa :

« En cas de fixation du loyer du bail renouvelé à la valeur locative, la variation de loyer qui en découle ne peut conduire à des augmentations supérieures, pour une année, à 10 % du loyer acquitté au cours de l'année précédente. » ;

Mme Élisabeth Lamure.  - Nous voulons maintenir une augmentation maximale de 10 % du loyer l'année qui précède le renouvellement du bail.

M. le président.  - Amendement identique n°94, présenté par Mme Schurch et les membres du groupe CRC.

Mme Mireille Schurch.  - L'article 4 propose une excellente disposition. Mais la limitation doit s'appliquer dans tous les cas, à défaut de quoi les bailleurs privilégieront les baux de plus de neuf ans.

M. le président.  - Amendement n°166, présenté par Mme Bonnefoy, au nom de la commission des lois.

I. - Alinéa 3

Remplacer les mots :

au premier alinéa

par les mots :

aux 1° à 4° de l'article L. 145-33

II. - Alinéas 3, 5 et 7

Remplacer les mots :

acquitté au cours

par les mots :

dû au titre

Mme Nicole Bonnefoy, rapporteure pour avis.  - Clarification rédactionnelle.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Les commerçants de centres commerciaux réclament l'extension proposée par Mmes Lamure et Schurch ; ils concluent presque toujours des baux de plus de neuf ans. J'y suis défavorable car ces baux comprennent presque systématiquement des clauses de chiffre d'affaires et ne sont concernés ni par le plafonnement, ni par le lissage. Certains types de commerce ont besoin d'un cadre plus souple. Les atteintes au droit de propriété doivent, pour se conformer à la Constitution, être nécessaires et proportionnées à un objectif d'intérêt général.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Même avis. Nous avons recherché un équilibre garantissant les avantages sans les inconvénients. Ces amendements nous exposeraient d'ailleurs à une censure constitutionnelle.

Les amendements identiques n°s38 et 94 sont adoptés.

L'amendement n°166 devient sans objet.

M. le président.  - Amendement n°113 bis, présenté par Mme Cayeux, MM. Cardoux et Cambon, Mme Boog, MM. Milon, Grignon et Chauveau, Mmes Sittler et Hummel, M. Pinton, Mmes Masson-Maret et Bruguière et M. Laménie.

Après l'alinéa 3

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

...° Le premier alinéa de l'article L. 145-38 est complété par une phrase ainsi rédigée :

« Toutefois, la demande en révision peut être formée à compter d'un an après la date d'entrée en jouissance du locataire ou après le point de départ du bail renouvelé si un élément extérieur à la gestion du bail commercial vient modifier son fonctionnement. » ;

Mme Marie-Thérèse Bruguière.  - Il s'agit de réduire à un an au lieu de trois la possibilité de révision du bail au cas où un élément extérieur à la gestion du bail vient modifier son fonctionnement.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - La vie d'un commerce est sans cesse soumise à des éléments extérieurs. Rien ne sert de conclure des contrats s'ils deviennent caducs au moindre évènement. Avis défavorable.

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Même avis : ce serait un nid à contentieux.

L'amendement n°113 rectifié bis est retiré.

M. le président.  - Amendement n°39, présenté par Mme Lamure et les membres du groupe UMP.

Après l'alinéa 3

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

...° Au troisième alinéa de l'article L. 145-38, les mots : « Par dérogation aux dispositions de l'article L. 145-33, et » sont supprimés ;

Mme Élisabeth Lamure.  - Dans le cadre d'une révision triennale, il ne faut pas que le loyer puisse excéder la valeur locative. Nous revenons aux règles antérieures à la loi de décembre 2001.

M. le président.  - Amendement identique n°95, présenté par Mme Schurch et les membres du groupe CRC.

Mme Mireille Schurch.  - Il est anormal que les loyers puissent augmenter si les critères de commercialité évoluent dans un sens et ne puissent diminuer s'ils évoluent dans un sens moins favorable. La révision à la baisse était possible avant 2001.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - L'amendement adopté sur le lissage des loyers et ceux-ci risquent de déséquilibrer les investisseurs. Il s'agit ici de grandes marques présentes dans tous les centres commerciaux et qui ont souvent une surface financière aussi importante que celle du bailleur, non des petits commerces de centre-ville !

Un équilibre a été trouvé avec tous les partenaires. Lors d'une révision des loyers, le prix révisé ne peut être inférieur au précédent. Faut-il remettre en cause ce plancher ? Encore faudrait-il que la baisse soit, comme la hausse, encadrée. Un revirement de jurisprudence de la Cour de cassation a créé une forte insécurité juridique. La valeur locative est une notion très délicate à manier ; ces amendements mettent le sort du contrat entre les mains des experts et des juges dès la quatrième année, alors qu'il n'existe pas de méthode scientifique pour définir la valeur locative, qui fluctue selon les juridictions. Les bailleurs risquent d'exiger un droit d'entrée avant la conclusion du bail, ce qui n'est pas de l'intérêt des locataires, y compris dans les galeries marchandes. Retrait.

Mme Élisabeth Lamure.  - Je suis sensible à ces explications.

L'amendement n°39 est retiré, de même que l'amendement n°95.

L'article 4, modifié, est adopté.

ARTICLE ADDITIONNEL

M. le président.  - Amendement n°185, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le premier alinéa de l'article L. 145-38 du code de commerce est complété par une phrase ainsi rédigée :

« La révision du loyer prend effet à compter de la date de la demande en révision. »

M. Arnaud Montebourg, ministre.  - Il s'agit de protéger le locataire, par une disposition d'ordre public, des effets rétroactifs d'une révision de loyer que le bail pourrait prévoir.

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur.  - Cet amendement mettra fin à des pratiques qui peuvent mettre les locataires en grande difficulté financière ; les clauses de rétroactivité seront désormais considérées comme nulles. Avis favorable.

L'amendement n°185 est adopté, et devient un article additionnel.