Sénatoriales: les listes dissidentes pourraient handicaper leur camp

Par Jean-Louis PREVOST

Paris : Le nombre record de candidatures aux élections sénatoriales du 28 septembre, 1.732 candidats pour 178 sièges, rend l'issue du scrutin d'autant plus incertaine que des listes dissidentes, à droite comme à gauche, pourraient handicaper chaque camp.

"Pris bout à bout, on s'aperçoit que contrairement à ce que beaucoup disent, rien n'est joué et que le Sénat peut rester à gauche", estime le patron des sénateurs socialistes Didier Guillaume, alors que la victoire de la droite est largement pronostiquée.

"D'autant que si on regarde bien, il y a plus de listes dissidentes à droite qu'à gauche", ajoute M. Guillaume, candidat à la présidence du Sénat.

Mais pour le sénateur UMP Roger Karoutchi, les effets de ces listes dissidentes vont se neutraliser. "Ce qui les motive, analyse-t-il, c'est soit un excès de confiance à droite, quand les gens pensent que l'on va gagner au-delà de ce que l'on peut réaliser. Et à gauche c'est l'inverse, c'est le sauve-qui-peut et chacun essaie de sauver son siège sans tenir compte des directives des partis."

Et de donner l'exemple de l'Hérault et ses quatre sièges de sénateurs. Sur le papier, trois listes de droite ont des chances, deux avec les sénateurs sortants Marie-Thérèse Bruguière (apparentée UMP) et Raymond Couderc (UMP) et une conduite par l'ancien député UMP Jean-Pierre Grand.

Tandis qu'à gauche, la liste PS conduite par Henri Cabanel risque de souffrir d'une liste divers gauche menée par Christian Bilhac, le président de l'Association des maires du département, et d'une autre du sénateur sortant Robert Navarro, exclu du PS et mis en examen pour abus de confiance.

"Dans tous les cas de figure, ces listes vont se neutraliser", souligne M. Karoutchi.

Dans les Alpes-Maritimes, le sénateur des Hauts-de-Seine déplore la dissidence de la sortante Hélène Masson-Maret, alors qu'il y a deux autres listes UMP, l'une de Jean-Pierre Leleux et l'autre de Dominique Estrosi-Sassone, l'ex-épouse du maire de Nice Christian Estrosi. "Nous avions là l'occasion de remporter le siège de Marc Daunis" (PS), regrette-t-il.

- Guérini le dissident -

De son côté, Didier Guillaume souligne que dans l'Eure les trois sénateurs de droite sortants, Hervé Maurey (centriste), Ladislas Poniatowski (UMP) et Joël Bourdin (divers droite), mènent chacun leur propre liste. Avec l'arrière-pensée de contourner la loi sur la parité qui les oblige à alterner sur une liste un homme et une femme. "Ca peut nous être favorable", estime-t-il.

Dans l'Eure-et-Loir, il dénombre également quatre listes de droite, hors Front national, dont deux UMP. Là aussi, estime le sénateur de la Drôme, les dissidents jouent avec le feu.

"Dans ces conditions, je ne peux que déplorer les listes dissidentes dans mon propre camp, notamment dans les départements à la proportionnelle. On n'est pas là pour se diviser", souligne le responsable socialiste.

C'est dans les Bouches-du-Rhône que la gauche affronte sa dissidence la plus spectaculaire. Sénateur sortant, président du conseil général, Jean-Noël Guérini qui a été exclu du PS, présente sa propre liste.

En raison de son poids politique, il pourrait recueillir plusieurs élus. Cela aux dépens de la liste officielle du PS menée par les sortants Samia Ghali et Roland Povinelli, et de celle du Front de gauche de la sénatrice PCF Isabelle Pasquet.

Face à cette division, Jean-Claude Gaudin, le maire UMP de Marseille, rêve d'un grand chelem pour la droite, remporter les 8 sièges du département, même s'il sait que le Front national avec Stéphane Ravier a une chance.

Dans le Tarn-et-Garonne, la brouille entre Yvon Collin et Jean-Michel Baylet, le président du PRG, peut faire perdre un siège à gauche. Les deux hommes avaient été élus ensemble sur les deux postes de sénateur du département en 2008.

Mais depuis Yvon Collin n'est plus PRG et a décidé de se présenter sous l'étiquette divers gauche. Le PRG de son côté présente Jean-Michel Baylet et, pour la première fois, Francis Labruyère. Tout cela sous le regard de l'UMP François Bonhomme en embuscade.

jlp/mat/ep
2014/09/19 12:30:44 GMT+02:00
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