État civil :
Né le 8 novembre 1862
Décédé le 6 septembre 1925
Profession :
Avocat
Département :
Creuse
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 15 octobre 1922
Fin de mandat le 6 septembre 1925 ( Décédé )

1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

1889-1940

VIVIANI (JEAN, RAPHAËL, ADRIEN, René), né le 8 novembre 1862 à Sidi-Bel-Abbès (Algérie), mort le 6 septembre 1925 au Plessis-Robinson (Seine).

Député de la Seine de 1893 à 1902 et de 1906 à 1910.

Député de la Creuse de 1910 à 1922.

Sénateur de la Creuse de 1922 à 1925.

Ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 25 octobre 1906 au 3 novembre 1910.

Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts du 9 décembre 1913 au 9 juin 1914.

Président du Conseil du 13 juin au 26 août 1914 et Ministre des Affaires étrangères du 13 juin au 3 août 1914. Président du Conseil du 26 août 1914 au 29 octobre 1915 et Ministre des Affaires étrangères du 13 au 29 octobre 1915.

Ministre de la Justice du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916. Ministre de la Justice et de l'Instruction publique du 12 décembre 1916 au 17 mars 1917. Ministre de la Justice du 20 mars au 7 septembre 1917.

Avocat, publiciste, homme politique, fils d'un conseiller général d'Oran, René Viviani fait ses études dans cette ville et étudie le droit à la faculté de Paris. Après avoir obtenu la licence, il s'inscrit d'abord au barreau d'Alger puis il revient à Paris où il est secrétaire de la conférence des avocats, puis secrétaire de Millerand.

Rédacteur en chef à la Petite République quand cet organe devient socialiste, il se signale dès lors par ses plaidoiries pour les grévistes poursuivis devant les tribunaux de province. Il proteste contre les agissements de la police à Paris lors des troubles du Quartier latin et ce d'une façon si vive que le ministre de la Justice demande contre lui des mesures disciplinaires au Conseil de l'ordre (1893). Durant cette période, il est l'avocat-conseil du syndicat général des ouvriers et employés de chemin de fer et l'un des arbitres des ouvriers dans la grande grève de Carmaux.

Candidat socialiste aux élections législatives du 20 août 1893 dans la 1re circonscription du Ve arrondissement de Paris, René Viviani est élu au second tour de scrutin, le 3 septembre, par 3.874 voix contre 3.685 à Sauton, radical, sur 7.774 votants. Il est réélu le 8 mai 1898, au premier tour, par 6.050 voix contre 2.844 à Gardain, libéral, sur 9.643 votants.

A la Chambre des députés, Viviani soutient à plusieurs reprises à la tribune les revendications socialistes, comme il le fait au dehors. Il va dans les départements haranguer les grévistes ou plaider divers procès politiques.

En 1894, la façon dont il qualifie devant le tribunal correctionnel d'Albi les poursuites du maire de cette ville contre son client, le fait condamner à la peine disciplinaire d'un mois de suspension, peine que confirme la Chambre des appels correctionnels de Toulouse malgré la défense présentée par Maître Cartier, doyen du barreau de Paris, en faveur de son collègue.

Au cours de ses deux premiers mandats, René Viviani dépose sur le bureau de la Chambre divers textes, notamment une proposition de loi tendant à abaisser de dix à cinq ans la durée de l'engagement contracté par certains jeunes gens, une proposition de loi d'amnistie, un rapport au nom de la commission d'enquête sur le Panama touchant les responsabilités qui incombent à la magistrature dans la recherche et la poursuite des délits et des crimes commis par les administrateurs du Panama.

C'est lors de la discussion des conclusions de ce rapport que Viviani fit l'un de ses plus beaux discours. A peine avait-il terminé que l'affichage était voté par 311 voix contre 174 et Viviani était loin, à l'époque, d'appartenir à la majorité de la Chambre.

L'ordre du jour flétrissant les défaillances de certains magistrats, proposé par Viviani, fut voté par 515 voix contre zéro.

Aux élections législatives du 27 avril 1902, René Viviani, après une campagne électorale très passionnée, n'obtient au second tour de scrutin que 5.075 voix contre 5.567 à Auffray, nationaliste, qui est élu. Mais il se voit confier un nouveau mandat de député, le 20 mai 1906, au deuxième tour de scrutin, par 5.762 voix contre 4.964 à Auffray, député sortant.

Premier titulaire du ministère du Travail et de la Prévoyance sociale, en octobre 1906, dans le cabinet Clemenceau, il fait voter les lois sur le repos hebdomadaire, les assurances du travail, le bien de famille insaisissable, le salaire de la femme mariée. C'est volontairement qu'il abandonne ce poste, en novembre 1910.

Il fait à nouveau acte de candidature aux élections législatives du 24 avril 1910, mais dans la Creuse cette fois, et il est élu député de l'arrondissement de Bourganeuf par 4.808 voix contre 2.300 à Aucante sur 8.522 votants. Il est réélu le 26 avril 1914 par 4.835 voix sur 7.543 votants, et le 16 novembre 1919 par 33.139 voix sur 52.467 votants.

C'est au cours de ces mandats successifs que la vie politique de René Viviani sera la plus intense. Après avoir décliné les offres de Monis en 1911, de Poincaré en 1912 et de Barthou en 1913, il accepte le portefeuille de l'Instruction publique et des Beaux-arts dans le cabinet Doumergue, du 9 décembre 1913 au 9 juin 1914.

Il est alors fait appel à Viviani pour constituer un nouveau cabinet. Mais diverses circonstances font échouer ses démarches. On à recours à Ribot dont le ministère, constitué le 10 juin 1914, sombre le 13, le jour même de sa prise de contact avec la Chambre. Rappelé le soir même à l'Elysée, Viviani, brusquant les choses, aboutit dans la nuit.

Comme la plupart des hommes d'Etat, il ne se doutait guère alors de ce que méditait l'Allemagne. Favorable à une organisation pacifique du monde, confiant dans l'esprit international et dans la vertu des arbitrages, il a sans doute été de ceux que la brusque apparition de la force et la brutale négation du droit ont surpris.

C'est durant le voyage qu'il accomplit en Russie aux côtés du Président de la République qu'est lancé l'ultimatum à la Serbie, premier acte où s'affirme la volonté de guerre de l'Allemagne et de l'Autriche. Secondant les efforts de Poincaré, Viviani fait tout pour conjurer le péril, multiplie les tentatives de médiation, réitère les assurances de notre désir de paix et donne le fameux ordre de recul de nos troupes à dix kilomètres de la frontière.

Le 1er août, il décide la mobilisation générale. Le 3 août, après que l'ambassadeur d'Allemagne lui eût remis une lettre dans laquelle il lui faisait connaître que « l'empire allemand se considère en état de guerre avec la France du fait de cette dernière puissance », Viviani procède à un léger remaniement - que le Président de la République aurait souhaité plus large - et dont le résultat le plus important est que le président du Conseil se trouve dorénavant sans portefeuille, fait assez rare dans notre histoire constitutionnelle.

Le 4 août 1914, lorsqu'il annonce la guerre qui s'engage et demande l'ajournement de la Chambre, il fait le discours le plus pathétique de sa vie. Il est, à cette heure inoubliable, l'interprète de sa patrie.

Après avoir été président du Conseil, Viviani fait partie, d'octobre 1915 à septembre 1917, de divers ministères où il est titulaire du portefeuille de la Justice. A partir de 1917, il ne joue plus de rôle dans la politique active qu'en quelques circonstances : en 1916, où il est chargé de mission en Russie avec Albert Thomas ; en avril-mai 1917, où il accompagne le maréchal Joffre dans sa mission de propagande aux Etats-Unis et où son action est déterminante pour l'entrée de ce pays dans la guerre ; en 1921, où il retourne en Amérique avec Briand pour assister à la conférence navale de Washington. En 1920 et 1921, il représente la France au Conseil de la société des nations. Au cours de ces différentes missions, il exposa, comme il savait le faire, les vues de la France. Le 15 octobre 1922, René Viviani est élu sénateur de la Creuse par 466 voix sur 633 votants.

Viviani a brillé au barreau comme au parlement. Il a connu de ces succès qui, en se renouvelant, attestent un talent véritable et créent une sorte de prestige. Ardent et sensible, prompt à être ému et habile à provoquer l'émotion, aussi capable de brusques emportements que de causeries aisées, il donnait l'impression d'une nature accessible à toutes les images et à tous les sentiments, les rassemblant en soi et les exprimant ensuite immédiatement.

Peu d'orateurs ont eu une facilité plus vraie, un don plus authentique.

Après avoir été rédacteur en chef de la Petite République, René Viviani fut rédacteur en chef de l'Humanité et de la Lanterne. Il fut l'un des promoteurs du Congrès du parti socialiste français réuni à Rouen, en mars 1905, et il prit part à la formation du parti socialiste unifié.

Il publia divers ouvrages, notamment : L'action du parti socialiste au Parlement et dans le pays, en 1902, en collaboration avec Jaurès, Briand et Millerand ; Histoire de la Restauration, en 1906 ; République, Travail, Discours, en 1907 ; Les retraites ouvrières et paysannes, en 1911.

Très affecté par le décès de son beau-fils, mort au champ d'honneur, et celui de sa femme survenu en février 1923, René Viviani ne s'était jamais bien remis de ce double deuil.

Le 8 juin 1923, à la première Chambre de la Cour, devant une assemblée d'avocats illustres, Viviani, dressé soudain à la barre, demeura sans parole. Retiré dans une maison de convalescence et de repos aménagée dans un ancien château, au Plessis-Robinson, c'est là qu'il s'éteignit le 6 septembre 1925.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de René VIVIANI

Avertissement : les extraits de tables nominatives et biographies sont issus d'une reconnaissance automatisée des caractères ; merci de nous signaler toute erreur ou coquille.

Page mise à jour le

Pour toute remarque relative à cette page, veuillez contacter : anciens-senateurs@senat.fr