État civil :
Né le 3 septembre 1874
Décédé le 26 mai 1962
Profession :
Avocat
Département :
Morbihan
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 28 août 1927
Fin de mandat le 9 janvier 1933 ( Non réélu )

1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

1889-1940

GRAND (ROGER, CHARLES, MARIE), né le 3 septembre 1874 à Châtellerault (Vienne). Décédé le 26 mai 1962

Sénateur du Morbihan de 1927 à 1933.

Franc-comtois par son père, fonctionnaire des finances et breton par sa mère, Roger Grand naquit en Poitou, au hasard de la carrière paternelle ; sa famille s'étant fixée à Nantes, il y fit ses études au collège Saint-Stanislas. Il commença ensuite aux facultés catholiques d'Angers sa licence en droit, puis ayant été reçu à l'école des Chartes en 1894, l'acheva à Paris, ce qui lui permit d'être avocat stagiaire de 1895 à 1898 ; il sortit la même année de l'école des Chartes après y avoir soutenu une thèse sur Le contrat de complant, mode médiéval de tenure de la terre encore légalement reconnu à la fin du siècle dernier. Entré tout de suite dans le cadre des archives départementales, il prit en charge, après un bref stage en Seine-et-Oise, les archives du Cantal ; il resta cinq ans à Aurillac, puis fut nommé archiviste-adjoint de la Loire-Inférieure à Nantes. Mais au bout d'une année, en 1904, menacé d'un décollement de la rétine et obligé de ménager sévèrement sa vue, il dut démissionner du cadre des archives, pouvant ainsi paradoxalement, par accident, réaliser sa vocation foncière : devenir agriculteur.

Mobilisé pendant la grande guerre dans le service auxiliaire à cause de ses yeux, il est chargé dans la IIe Région de la mission des « jardins potagers et cultures militaires », ce qui lui vaudra le Mérite agricole.

Il avait su cependant aménager son temps pour poursuivre à la fois la mise en valeur de son domaine breton au bord du Morbihan et ses travaux historiques et archéologiques. Aussi, lorsque, en 1919, la chaire d'histoire du droit civil et du droit canonique de l'école des Chartes devint vacante, y fut-il nommé. Il devait y dispenser son enseignement pendant près d'un quart de siècle, ce qui ne l'empêcha pas, d'ailleurs, de déployer une extrême activité dans le mutualisme agricole comme président de la fédération agricole de la Bretagne méridionale et de l'union nationale des syndicats agricoles, ou encore à la société des agriculteurs de France et à l'Académie d'agriculture ; on ne compte pas non plus les sociétés savantes, les commissions ou organismes officiels auxquels il appartint.

Terrien dans l'âme, adepte des théories de l'économiste Frédéric Le Play, il est passionnément intéressé par les problèmes professionnels de la paysannerie bretonne; aussi, sera-t-il tout naturellement porté par celle-ci à en défendre les intérêts au Parlement. Ernest Lamy, sénateur du Morbihan depuis 1924 étant décédé le 12 juin 1927, Roger Grand se présenta à l'élection partielle du 28 août suivant. Arrivé en troisième position au premier tour avec 380 voix sur 1.029 votants, il était élu au second par 538 voix sur 1.032 votants.

Au Sénat, où il siégea dans les rangs de l'union républicaine, son activité ne connut que deux pôles, ceux-là mêmes pour lesquels il s'était toujours passionné. Le chartiste, par une intervention d'une haute technicité, à la fois persuasive et mesurée, fit voter enfin la loi du 24 février 1928 concernant le versement aux Archives nationales et départementales des minutes notariales (pendante depuis 1901 devant le Parlement et ballottée du Sénat à la Chambre au gré des navettes depuis 1924), ainsi que la loi de 1930 sur la protection des monuments naturels et des sites et celle qui établissait le régime des bibliothèques publiques des villes ; l'archéologue, lui, a été à l'origine de l'achat par l'Etat, en 1933, du Krak des chevaliers, ce témoin en Syrie de l'architecture militaire française du temps des Croisades ; quant à l'agriculteur, il ne cessa de tenter d'améliorer le sort des assurés sociaux des campagnes par le dépôt de nombreux amendements, toujours défendus avec conviction et avec l'aisance diserte que lui donnait sa naturelle facilité de parole.

Le 16 octobre 1932 eurent lieu les élections sénatoriales en vue du renouvellement triennal du 10 janvier 1933. Roger Grand manqua sa réélection d'une trentaine de voix : sur 1.034 votants, il obtint 480 suffrages au premier tour et 489 au second.

Il se consola philosophiquement de cet échec en continuant à dispenser avec la même bonhomie souriante son enseignement à l'école des Chartes.

L'oeuvre de l'érudit est innombrable : monographies et études d'archéologie bretonne données au Bulletin monumental ou rassemblées en Mélanges d'archéologie bretonne ; études philologiques comme Les plus anciens textes romans de la Haute-Auvergne (1901) ; notes d'histoire plus moderne comme Les Cent jours dans l'Ouest : la Chouannerie de 1815. Secrétaire de la Revue historique du droit français et étranger, organe de la Société d'histoire du droit, il fait partie, dès 1924, du Comité de direction dont il deviendra plus tard le président et donne à cette publication de nombreux articles sur l'ancien droit français, pénal, municipal ou privé. Il obtint plusieurs récompenses à l'Institut de France (Académie des inscriptions et belles lettres) et à la Société française d'archéologie.

Roger Grand était officier de l'Instruction publique et depuis 1933 chevalier de la Légion d'honneur.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Roger GRAND

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