État civil :
Né le 5 novembre 1851
Décédé le 23 juillet 1923
Profession :
Professeur
Département :
Haute-Loire
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 24 juin 1900
Elu le 7 janvier 1906
Elu le 11 janvier 1920
Fin de mandat le 23 juillet 1923 ( Décédé )

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)
1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

avant 1889

DUPUY (CHARLES-ALEXANDRE), député de 1885 à 1889, né au Puy (Haute-Loire) le 5 novembre 1851, fils d'un huissier de la préfecture du Puy, passa par l'Ecole normale supérieure, en sortit agrégé de philosophie (1874) et fut professeur à Nantua, à Aurillac et aux lycées d'Auch, du Puy (1876) et de Saint-Etienne (1880). Inspecteur d'Académie dans la Lozère, puis dans le Calvados, il devint, en 1884, vice-recteur de l'académie d'Ajaccio. Ses relations avec le parti républicain opportuniste le firent admettre, en octobre 1885, sur la liste de ce parti dans la Haute-Loire; il fut élu, le 1er sur 5, par 36,038 voix (70,769 votants, 86,398 inscrits), prit place à l'Union des gauches, et suivit les inspirations de M. Jules Ferry. Il prit part à diverses discussions, notamment sur l'instruction publique, la loi militaire et la retraite des fonctionnaires. En juin 1887, il fit à la tribune l'apologie du service de trois ans. Après avoir prêté son concours aux ministères Rouvier et Tirard, il s'est prononcé, dans la dernière session de la législature : pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement, pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

1889-1940

DUPUY (CHARLES, ALEXANDRE), dit CHARLES-DUPUY né au Puy (Haute-Loire) le 5 novembre 1851, mort à l'Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales) le 23 juillet 1923.

Député de la Haute-Loire de 1885 à 1900.

Sénateur de la Haute-Loire de 1900 à 1923.

Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes du 6 décembre 1892 au 4 avril 1893.

Président du Conseil et Ministre de l'Intérieur du 4 avril au 3 décembre 1893.

Président du Conseil et Ministre de l'Intérieur et des Cultes du 30 mai 1894 au 26 janvier 1895 et du 1er novembre 1898 au 22 juin 1899. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 515).

Réélu député le 6 octobre 1889, au deuxième tour de scrutin, dans la première circonscription du Puy, avec 10.201 voix sur 17.738 votants contre 7.451 à M. de la Batie, député sortant, candidat monarchiste, il appartint au groupe de l'Union républicaine de cette Chambre de la cinquième législature composée de 366 républicains se répartissant en 40 centre gauche, 216 modérés, 100 radicaux-socialistes et de 210 conservateurs réunissant 166 royalistes ou bonapartistes et 44 boulangistes.

Membre de diverses Commissions spéciales et notamment de celle du budget, il rapporta le budget de l'Instruction publique en 1891, 1892, 1893.

Charles Dupuy, Ministre de l'Instruction publique dans le premier Cabinet Ribot, du 6 décembre 1892 au 11 janvier 1893 et dans le deuxième Cabinet Ribot, du 11 janvier au 4 avril 1893, accorda aux enfants et petits-enfants d'universitaires la remise des frais d'étude dans les lycées et collèges.

L'autorité morale du premier Cabinet Ribot fut fortement ébranlée par la démission de M. Rouvier, Ministre des Finances, le 12 décembre 1892, à cause de ses relations avec l'escroc Cornélius Herz, compromis dans l'affaire de Panama.

Le 10 janvier 1893, jour de la rentrée des Chambres et de l'ouverture devant la première Chambre de la Cour d'appel de Paris des débats du procès de Panama, Ribot remit sa démission au Président de la République et fut chargé de constituer un nouveau Ministère dans lequel Charles Dupuy reprit le poste de Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes.

Le procès de Panama continuait à peser sur la vie politique française et M. Bourgeois, Ministre de la Justice, fut amené à donner sa démission à la suite d'une déposition à la Cour d'assisses au cours de laquelle son nom fut cité.

C'est le refus de la disjonction des articles relatifs à la réforme de l'impôt sur les boissons demandée par le président du Conseil qui entraîna la chute du Ministère Ribot le 30 mars 1893.

Après une tentative de M. Méline pour former un Ministère modéré et le refus de M. Develle, M. Charles Dupuy constitua son premier Gouvernement qui était à tendance radicale. Dans sa déclaration ministérielle très vague, il tirait du scandale de Panama cette leçon de morale : « l'aisance et la fortune ne s'acquièrent que par le travail. » L'investiture lui fut accordée le 4 avril 1893.

Le 10 avril, le Président de la République signa la grâce de l'inventeur Turpin et le Gouvernement du répondre à des interpellations à la Chambre et au Sénat.

Le budget de 1893 fut définitivement voté le 28 avril. Il imposait les opérations de bourse, augmentait la patente des grands magasins, fixait à 10 francs l'impôt sur les vélocipèdes.

Au mois de mai, le Gouvernement déposa le projet de budget de l'exercice 1894. De nombreuses grèves se déroulèrent en avril, mai et juin. Le 4 mai, le Président de la République recevait les lettres de créance du premier ambassadeur des Etats-Unis en France.

En juin, éclata l'affaire Norton, qui valut au Gouvernement de vives interpellations.

Une plainte du sénateur Bérenger, président de la Ligue contre la licence des rues, pour dénoncer l'impudeur d'un cortège d'étudiants au bal des Quat-z'arts, provoqua, le 1er juillet, des manifestations d'étudiants qui furent énergiquement réprimées par la police. Le lendemain, des manifestants non étudiants démolirent des kiosques au Quartier latin et renversèrent des omnibus. Le même jour expirait le délai d'un mois accordé par le préfet aux syndicats adhérents à la Bourse du travail pour se mettre en règle avec l'article de la loi du 21 mars 1884 qui prescrivait la déclaration des noms des membres du bureau. Le refus des syndicats entraîna l'occupation de la Bourse du travail par la troupe.

Charles Dupuy, interpellé à la Chambre, répondit que le Gouvernement avait « délivré les ouvriers d'une tyrannie anonyme » et « éteint un foyer d'agitation révolutionnaire ». Il obtint un vote de confiance par 343 voix contre 134. Le préfet de police, M. Lozé, dut abandonner ses fonctions et fut nommé ambassadeur à Vienne, Aux élections générales du 20 août 1893, Charles Dupuy favorisa les candidatures des monarchistes « ralliés », ce que les républicains ne lui pardonnèrent pas facilement.

Il fut réélu député de la première circonscription du Puy, au premier tour de scrutin, sans concurrent, par 14.513 voix sur 15.121 votants (22.295 inscrits).

La Chambre de cette sixième législature était composée de 311 républicains du Gouvernement, 122 radicaux, 58 droites, 49 socialistes et 35 ralliés.

En octobre 1893, Charles Dupuy reçut à Toulon et à Paris les marins russes conduits par l'amiral Avellan dont la visite accompagna l'échange de dépêches entre le Président Carnot et l'Empereur Alexandre III, qui rendit publics les liens formés entre la France et la Russie.

A la Chambre, il ne résistait pas cependant à une interpellation de Millerand et de Jaurès sur la préparation d'un ministère de remplacement, ce qui, sans vote de défiance, entraînait la démission des ministres radicaux et celle du Gouvernement tout entier le 25 novembre 1893. Le Président' du Sénat déclarait n'avoir jamais vu pareille crise ministérielle.

Casimir Périer fut 'désigné par le Président de la République Sadi Carnot pour former le nouveau ministère et Charles Dupuy fut élu à sa place à la présidence de la Chambre, le 5 décembre 1893.

Le 9 décembre, l'anarchiste Vaillant jeta une bombe dans la salle des séances de la Chambre des députés provoquant quelque émotion. C'est alors que Charles Dupuy prononça la phrase devenue célèbre : « Messieurs, la séance continue. »

Casimir Périer fut renversé le 23 mai 1894. La crise provoquée par le refus des compagnies de chemins de fer de respecter la loi sur les syndicats professionnels eut pour seul résultat un échange de présidence entre Casimir Périer et Charles Dupuy et ce dernier forma son deuxième Ministère avec des hommes nouveaux (Poincaré, Leygues, Barthou, Hanotaux, Delcassé). La déclaration ministérielle faisait allusion aux conflits syndicaux, aux doléances des viticulteurs et aux réformes fiscales. L'ordre du jour pour une politique de réformes démocratiques et de défense des droits de la société laïque accorda la confiance par 311 voix contre 169.

Le 24 juin 1894, Sadi Carnot fut assassiné à Lyon et, au Congrès de Versailles du 27 juin qui élit Casimir Périer Président de la République, avec 451 suffrages sur 851 'votants, Charles Dupuy en troisième position, obtient 96 voix. Il donna la démission de son Cabinet et accepta d'en former un nouveau, après une certaine hésitation parce qu'il avait été candidat à la présidence de la République. Le troisième Cabinet Dupuy avait la même composition que le précédent. Il entra en fonctions le 30 mai 1894.

Contrairement 'à la tradition établie avec Grévy. et maintenue avec Carnot, le Conseil des Ministres, présidé par Charles Dupuy, tint le nouveau Président de la République à l'écart de ses décisions.

Le Gouvernement fit voter par les Chambres l'expédition de Madagascar préparée par le général Mercier, Ministre de la Guerre et présenta une loi d'exception contre les anarchistes qui se heurta à une résistance acharnée des socialistes et ne fut votée qu'après des séances tumultueuses (17-27 juillet), avec des amendements arrachés à la majorité par la gauche.

Le 12 janvier 1895, le Conseil d'Etat rendait un avis favorable aux compagnies de chemins de fer dans 'un conflit avec le Gouvernement sur la durée de la garantie d'intérêts. Louis Barthou, Ministre des Travaux publics, démissionne.

Le 14 janvier, le Gouvernement fut mis en minorité par 263 voix contre 242. A la stupéfaction générale, sa démission entraîna celle de Casimir Périer, qui voulut voir dans le vote de la Chambre la preuve de la désagrégation de la majorité modérée qui l'avait élu à la présidence de la République.

Le Congrès de Versailles porta le 17 janvier Félix Faure à la Magistrature suprême par 430 voix sur 801 votants.

Charles Dupuy lui remit la démission de son Gouvernement et reprit son siège à la Chambre, où il ne joua aucun rôle actif jusqu'à la fin de cette législature.

Le 8 mai 1898, il fut réélu député de la première circonscription du Puy par 12.249 voix, au premier tour de scrutin, sans concurrent, sur 15.203 votants. Il appartint au groupe des Républicains progressistes et fit partie du Comité directeur avec Ribot, Poincaré, Georges Leygues.

Après la chute du Cabinet Brisson qui intervint à la suite d'un grave incident provoqué par le refus du général Chanoine, Ministre de la Guerre, d'accepter la révision du procès Dreyfus, Charles Dupuy constitua son quatrième Cabinet avec des éléments de conciliation républicaine, prit lui-même le portefeuille de l'intérieur et fut investi le 1er novembre 1898 par 429 voix contre 64.

Dans sa déclaration ministérielle, il affirma la suprématie du pouvoir civil, principe fondamental de l'Etat républicain, et sa confiance dans l'armée, fidèle observatrice des lois de la République. Il proposa l'impôt sur le revenu en remplacement des contributions personnelles et mobilières et des portes et fenêtres.

Pour éviter un conflit avec l'Angleterre, il signa l'ordre donné le 3 novembre 1898 d'évacuer la région du Nil à la petite troupe de Français, commandée par le capitaine Marchand, qui avait pu s'installer à Fachoda.

Le 23 décembre 1898, Charles Dupuy répondit à une interpellation sur la situation en Algérie et la Chambre vota l'affichage de son discours dans ces trois départements.

En janvier 1899, Charles Dupuy fit voter - non sans une vive opposition de Millerand et de Pelletan qui agitèrent les grands principes, les lois d'exception, les procédés révolutionnaires, les menaces de coup d'Etat - une loi tendant à faire juger la demande en révision du procès Dreyfus par toutes les chambres réunies de la Cour de cassation.

Charles Dupuy portait-il malheur aux Présidents de la République ? Il se trouvait au pouvoir au moment de l'assassinat de Sadi Carnot à Lyon, le 24 juin 1894. La chute d'un de ses Ministères avait entraîné la démission de Casimir Périer en janvier 1895. Le jeudi 16 février 1899, c'est Félix Faure qui meurt après quelques heures de maladie.

Le 18 février, Emile Loubet, président du Sénat, fut élu Président de la République au premier tour de scrutin, par 483 voix provenant exclusivement des gauches des deux Chambres. Déroulède et ses ligueurs marquèrent de manifestations hostiles son passage. Charles Dupuy ne put faire accepter le cérémonial inhabituel des funérailles nationales prévu par le chef du protocole et la Chambre rétablit le départ du cortège officiel de l'Elysée.

Par décret du 18 février, le Ministère Dupuy fut maintenu en fonctions.

La présence de Delcassé aux Affaires étrangères et l'envoi de Paul Cambon à l'ambassade de Londres amenèrent la signature, le 21 mars 1899, d'un accord colonial qui reconnaissait à l'Angleterre la souveraineté sur la totalité du bassin du Nil. C'est à cette époque que la France commença à sortir de son isolement politique.

Le 6 mai 1899 Krantz, député, Ministre des Travaux publics, fut nommé Ministre de la Guerre en remplacement de Freycinet, démissionnaire, toujours à cause de l'affaire Dreyfus. Krantz ne devait pas tarder à se retirer pour le même motif. C'était le septième Ministre de la Guerre usé par l'affaire et il y en aura un huitième, le général de Galliffet, le 29 mai 1900.

Le dimanche 4 juin 1899, le Président de la République qui s'était rendu au grand steeple chasse à Auteuil avec le président du Conseil fut accueilli aux cris de : « Démission ! Vive Déroulède ! Vive le Roi ! » Ce public spécial protestait ainsi contre la révision du procès Dreyfus. Un manifestant donna même un coup de canne sur le chapeau d'Emile Loubet.

Le 11 juin, de nouveaux incidents eurent lieu à Longchamp. Ils motivèrent une interpellation de Vaillant le 12 juin à la Chambre des députés « sur les violences de la police contre les républicains », à la suite de laquelle le cinquième et dernier Cabinet Dupuy fut mis en minorité par 296 voix contre 159.

Pendant les six années sur lesquelles s'échelonnent les cinq Ministères Charles Dupuy, la Troisième République, dont les institutions encore fragiles furent souvent menacées, dut surmonter de graves crises intérieures (Dreyfus, Panama) et extérieures (Fachoda).

Charles Dupuy fut élu sénateur de la Haute-Loire le 24 juin 1900, en remplacement de Clément Allemand, décédé, au premier tour de scrutin, par 569 voix sur 690 votants. Il fut réélu le 7 janvier 1906, au premier tour de scrutin, par 480 voix sur 695 votants, et le 11 janvier 1920, toujours au premier tour, par 374 voix sur 683 votants.

Après son élection au Sénat, toute ambition paraît l'abandonner. Il ne rechercha plus le pouvoir, mais seulement les occasions de travailler dans les grandes Commissions de la Haute Assemblée. Il organisa et présida une enquête des plus intéressantes, mais malheureusement non terminée, sur l'enseignement supérieur. Il rapporta le budget des Affaires étrangères, des conventions de politique extérieure, des projets relatifs aux chemins de fer et à des grands travaux coloniaux.

Il devait mourir en cours de mandat, à l'Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales), le 23 juillet 1923, à l'âge de 72 ans.

A la séance de rentrée du 13 novembre, M. Gaston Doumergue, président du Sénat, portait sur lui le jugement suivant dans l'éloge funèbre qu'il prononçait : « Son goût de la méthode, de l'ordre et de la discipline, paraissait lui être venu de son passage dans l'université, dont il avait été un professeur et un haut fonctionnaire fort distingué.

« Il était resté l'homme simple à qui suffisent, avec les satisfactions du devoir civique accompli dans un entier désintéressement de lui-même, les joies familiales d'un intérieur modeste et celles que peut procurer une haute culture générale comme était la sienne. » Charles Dupuy a publié : Conférences pour les adultes (1899-1900), Le Concordat et la séparation des Eglises et de l'Etat (1903), Fresque de Notre-Dame-du-Puy, les Arts libéraux (1879), la Réforme du certificat d'études (1892-1901).

Il était Officier de l'Instruction publique, Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Alexandre Newsky et de l'Osmanie, Grand-Croix de Charles III d'Espagne et il était décoré de divers autres ordres étrangers.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Charles DUPUY

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