État civil :
Né le 31 octobre 1853
Décédé le 8 mars 1932
Profession :
Médecin
Département :
Nord
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 19 mars 1911
Elu le 11 janvier 1920
Elu le 6 janvier 1924
Fin de mandat le 8 mars 1932 ( Décédé )

1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

1889-1940

DEBIERRE (MARIE, Charles), né à Etelfay (Somme), le 31 octobre 1853, mort à Lille (Nord) le 8 mars 1932.

Sénateur du Nord de 1911 à 1932.

Fils de petits cultivateurs de la Somme, Charles Debierre après de solides études classiques, commença ses études de médecine, d'abord à l'Ecole d'Amiens, où il conquit le titre d'interne des hôpitaux, puis à la Faculté de Paris. Entré à l'Ecole d'application de médecine militaire du Val-de-Grâce, il en sortit dans les premiers rangs en 1878 et fut nommé successivement médecin aide-major à l'hôpital militaire de Vincennes, au 15e Régiment d'artillerie de Douai et au 16e bataillon de chasseurs à pied à Lille. Promu médecin-major en 1883 à Lyon, il fut brillamment reçu au concours de l'agrégation de médecine la même année. Professeur agrégé à trente ans, il devint chef de travaux à la Faculté de médecine de Lyon et y enseigna pendant cinq années l'anatomie et la physiologie. Ayant démissionné de ses fonctions de médecin militaire en 1888 pour se consacrer à l'enseignement, il obtint la chaire d'anatomie 'à la Faculté de médecine de Lille et c'est dans cette ville qu'il commença sa carrière politique, tout en poursuivant ses travaux de recherche médicale et en publiant de nombreux ouvrages scientifiques, notamment, en 1896, l'Atlas d'Ostéologie, qui devint classique et fut traduit en plusieurs langues.

Charles Debierre débuta dans la vie publique en 1896 comme conseiller municipal et premier adjoint au maire socialiste de Lille, Gustave Delory. Inscrit au parti radical-socialiste, il fit preuve, dans l'exercice de ses fonctions, d'une grande compétence et d'une inlassable activité.

C'est sur son initiative que fut créée, à Lille, une école pratique d'industrie et que fut organisée l'exposition internationale de 1902. Fondateur de l'Université populaire de Lille (1902) où il fit lui-même des conférences (Conférence sur le Concordat du 5 avril 1903), médecin en chef de l'Ecole nationale d'Arts et métiers de Lille, administrateur des hospices de la ville, président du Cercle républicain démocratique (1903) conférencier de la Ligue républicaine radicale-socialiste (conférence sur l'Oeuvre sociale de la République fondée à Gravelines le 12 juillet 1903), il jouissait à Lille d'une incontestable popularité et devint le chef du parti radical-socialiste du Nord. Il échoua cependant aux élections municipales de Lille en 1908, à la tête de la liste du parti-radical, malgré une alliance au second tour avec la liste socialiste conduite par Delory.

Il fonda à Lille le journal Le petit Nord qui parut pendant treize mois, puis La démocratie du Nord (1907). Candidat malheureux aux élections générales législatives de 1902 dans la troisième circonscription de Lille, aux élections sénatoriales partielles du 4 janvier 1903 et du 10 janvier 1904, aux élections sénatoriales du 7 janvier 1906, il fut enfin élu sénateur du Nord, le 19 mars 1911, en remplacement de Girard, décédé, au troisième tour de scrutin (premier tour : 602 voix contre 774 au candidat progressiste Ghestem ; deuxième tour : 933 voix contre 839 à Ghestem ; troisième tour : 1.215 voix contre 1.161 à Ghestem, sur 2.484 votants).

Il fut réélu aux élections du 11 janvier 1920, au premier tour de scrutin, par 1.464 voix sur 2.508 votants, et aux élections du 6 janvier 1924 au troisième tour de scrutin (au premier tour 949 voix sur 2.510 votants ; au deuxième tour 1.033 voix sur 2.505 votants, au troisième tour, 1.118 sur 2.503 votants : le docteur Debierre fut élu avec plusieurs autres candidats comme ayant réuni la pluralité des voix, un seul candidat Pasqual, fut élu à la majorité absolue).

Inscrit au groupe de la gauche démocratique, il participa dès la première année de son mandat sénatorial à la discussion du budget de l'Instruction publique et se fit champion de l'école laïque. En 1922, il interpellait le Gouvernement sur sa politique scolaire, demandant la révision des lois scolaires de 1882 et 1885, l'abrogation de la loi Falloux, la prolongation de l'obligation scolaire et la création d'un enseignement complémentaire à la fois technique et général, au cours d'un débat mouvementé où il fut violemment pris à parti par la droite. La même année, il déposa une proposition de loi relative à l'enseignement primaire et secondaire et, en 1913, une proposition de résolution relative au contrôle exercé sur les grandes administrations. Pendant la guerre de 1914, il prit part à de nombreux débats ayant pour objet la défense nationale, la taxation des denrées, le fonctionnement des tribunaux en temps de guerre, les pensions, les dommages de guerre, la libération et la reprise économique des régions du Nord. Commissaire parlementaire aux armées, il parcourut maintes fois le front français et le front britannique et ne ménagea ni les conseils ni les critiques aux Gouvernements successifs, les interpellant sur l'organisation du ravitaillement civil et la crise des transports (1916), sur l'échec de l'opération militaire du 16 avril 1917, sur le fonctionnement du Service de santé (1917). En 1917, il déposait une proposition de résolution invitant le Gouvernement à prendre des sanctions contre tous les fonctionnaires coupables de gaspillage. En 1919 il prit part au débat sur la ratification du traité de paix avec l'Allemagne et déposa une proposition de résolution relative au désarmement de l'Allemagne.

Libre penseur et franc-maçon militant, Charles Debierre fut élu le 27 octobre 1917, président du Comité exécutif du Parti radical et radical-socialiste, et, le 16 septembre 1918, président du Convent du Grand Orient de France. Il fut l'un des dirigeants de la Ligue de la République, fondée en 1921 pour lutter contre le Bloc national.

Au Sénat, membre de la Commission des finances de 1920 à 1925, il fut à plusieurs reprises rapporteur du budget du Ministère de l'Hygiène et déposa, au nom de cette Commission, de nombreux rapports et avis. Il siégea aussi à la Commission des affaires étrangères, à la Commission des questions minières, dont il fut souvent le rapporteur à partir de 1923, à la Commission des régions libérées. Ses interventions à la tribune, fréquentes et variées, portèrent principalement sur les questions d'hygiène, d'assistance, de protection de la famille, sur l'organisation hospitalière, sur la durée du travail dans les mines, sur les régimes de retraite des mineurs. En 1930 il fut élu vice-président de la Commission des mines ; en 1931 président de cette Commission et vice-président de celle des départements libérés. La même année il interpellait le Gouvernement sur les équivalences universitaires et, le 8 décembre, participait encore à la discussion d'une proposition de loi sur l'exercice de la médecine.

Il mourut le 8 mars 1932, à l'âge de 79 ans ; son éloge funèbre fut prononcé le 10 mars 1932 par le Président Albert Lebrun : « Doué d'une haute conscience, d'un ferme et franc caractère, d'une rare franchise, il n'a jamais dissimulé ni ses buts auxquels il allait tout droit, avec hardiesse et décision, ni ses intentions toujours nettement et clairement exprimées- Intelligence ouverte à toutes les conceptions, esprit prêt à toutes les tolérances, mais inébranlable dans ses convictions, il fut un républicain sans défaillance, un démocrate accessible à toutes les pitiés, un patriote prêt à tous les sacrifices : sa sincérité et sa loyauté forçaient le respect de ses adversaires. Le Sénat ressentira vivement la perte qu'il vient de faire et le vide que cette disparition va nous causer- Nous nous inclinons avec respect et émotion devant la mémoire de Charles Debierre. »

Membre de la société de biologie, de la société d'anthropologie, lauréat de l'Institut, lauréat et membre correspondant de l'Académie de médecine, Charles Debierre a publié les ouvrages suivants : Manuel d'embryologie humaine et comparée (1886), Les maladies infectieuses (1888), L'homme avant l'histoire (1888), Traité élémentaire d'anatomie de l'homme (1890), L'hermaphrodisme (1891), Les vices de conformation des organes génitaux et urinaires de la femme (1892), Album des centres nerveux, en collaboration avec E. Doumer (1892), La moelle épinière et l'encéphale (1893), Le crâne des criminels (1895), Atlas d'ostéologie (1896), L'hérédité normale et pathologique (1897), Le capital et le travail devant l'évolution économique (1904), Le cerveau et la moelle épinière (1907).

D'autre part, il a collaboré à plusieurs journaux ou publications politiques, notamment au Progrès et au Réveil du Nord, au Journal, à l'Action, au Radical, au Bonnet Rouge, au Pays, à la Vérité, à la Marseillaise, au Radical, au Rappel, aux Annales Coloniales.

Charles Debierre était Chevalier de la Légion d'honneur.

Une rue de Lille porte son nom, dans le quartier universitaire près de la gare. Un monument funéraire, dû au sculpteur Charles Caby, a été inauguré au cimetière de l'Est, à Lille, le 13 mai 1934.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Charles DEBIERRE

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