État civil :
Né le 19 juillet 1848
Décédé le 13 janvier 1934
Profession :
Préfet
Département :
Tarn-et-Garonne
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 3 janvier 1909
Elu le 11 janvier 1920
Fin de mandat le 8 janvier 1927 ( Non réélu )


Ancien Président du Sénat

1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

1889-1940

SELVES (CASIMIR, GERMAIN, Justin de), né le 19 juillet 1848 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 13 janvier 1934 à Paris.

Sénateur du Tarn-et-Garonne de 1909 à 1927.

Ministre des Affaires étrangères du 27 juin 1911 au 9 janvier 1912.

Ministre de l'Intérieur du 29 mars au 1er juin et du 9 au 13 juin 1924.

Justin de Selves fit ses études au collège de Montauban et au lycée d'Alger. Pendant la guerre de 1870, il servit comme lieutenant au 1er bataillon de mobiles du Lot-et-Garonne et fut nommé capitaine après les combats de Chartres. Peu après, il fut appelé à la direction des services administratifs du ministère de la Guerre à Tours où son oncle, Charles de Freycinet était délégué par le gouvernement de la Défense nationale. Il suivit le gouvernement à Bordeaux puis fut chargé de la direction de la sous-intendance de Toulouse, Montauban et Aurillac.

Devenu docteur en droit, il s'inscrivit au barreau de Montauban où il réussit fort bien et fut choisi comme bâtonnier par ses confrères. Il reçut alors son premier mandat électif, celui de conseiller municipal de Montauban. Mais il entreprit alors une brillante carrière administrative. Préfet du Tarn-et-Garonne en 1880, de l'Oise en 1882, de la Meurthe-et-Moselle en 1884, de la Gironde en 1885, il fut nommé en 1890 directeur général des Postes et télégraphes. En cette qualité, il présida la conférence internationale de Paris et représenta la France, en 1891, au congrès postal universel de Vienne. Le 23 avril 1896, il était nommé préfet de la Seine par le cabinet Méline, en remplacement de Poubelle. Demeuré quinze ans à ce poste, il s'y montra, sous de nombreux gouvernements et en collaboration avec des conseils municipaux aux majorités changeantes, un administrateur particulièrement habile et avisé et réalisa une oeuvre importante, notamment dans le domaine des transports (métropolitain, tramways), des concessions d'eau et d'électricité, ainsi qu'en matière artistique (création de la commission du Vieux Paris, développement et installation des collections du Petit Palais).

Le 3 janvier 1909, il était élu au premier tour sénateur du Tarn-et-Garonne, par 324 voix sur 433 votants, en même temps que Rolland, 277 voix. Il fut réélu le 11 janvier 1920, également au premier tour, avec 332 voix sur 418 votants. Il siégeait sur les bancs de l'union républicaine.

En 1911, il démissionna de ses fonctions de préfet de la Seine pour accepter le portefeuille des Affaires étrangères dans le ministère Caillaux constitué le 27 juin. Aussitôt après, ce fut l'affaire d'Agadir. Le 1er juillet, l'ambassadeur d'Allemagne venait annoncer à de Selves que son gouvernement envoyait un navire de guerre devant Agadir pour surveiller les côtes du Maroc. Obligé d'accompagner en Hollande le président Fallières, de Selves ne put s'expliquer devant la Chambre que le 11 juillet ; ce fut pour demander l'ajournement des interpellations qui avaient été déposées et qu'il obtint par 476 voix contre 73.

Après des consultations avec l'Angleterre et la Russie, une convention franco-allemande, par laquelle la reconnaissance des droits de la France au Maroc était échangée contre celle des droits de l'Allemagne au Congo, fut signée à Berlin le 4 novembre. Seule, la partie de cet accord qui modifiait les territoires coloniaux de la France fut soumise au parlement et donna lieu à un long débat à la Chambre, au début duquel Albert de Mun déposa une motion préjudicielle. De Selves se borna d'abord à une très courte intervention, mais, devant les protestations des députés, remonta à la tribune pour des explications plus détaillées qui furent accueillies sans chaleur. Cependant la motion fut repoussée par 448 voix contre 98, et après une intervention du président du Conseil, la convention fut finalement approuvée le 20 décembre par 393 voix contre 36.

Le Sénat, saisi à son tour, nomme pour examiner le texte, une commission spéciale composée en grande partie d'anciens ministres et présidents du Conseil, présidée par Léon Bourgeois et ayant Poincaré comme rapporteur. Au cours de la séance du 9 janvier 1912, Caillaux, à la suite d'une question posée par Pichon au sujet de l'affaire de la N'Goko-Sangha et du chemin de fer Cameroun-Congo, donna sa parole qu'il ne s'était jamais mêlé de transactions politiques ou financières d'aucune sorte et qu'il n'y avait jamais eu de négociations en dehors des négociations diplomatiques officielles. Clemenceau demanda alors à de Selves : « M. le ministre des Affaires étrangères peut-il nous confirmer cette déclaration ? Peut-il nous dire s'il n'existe pas des pièces établissant que notre représentant à Berlin s'est plaint de l'intrusion de certaines personnes dans les relations franco-allemandes ? » Le ministre des Affaires étrangères répondit : « J'ai toujours eu un double souci : la vérité, d'une part et, de l'autre, le devoir que m'impose ma fonction. Je demande à ne pas répondre à la question que vient de m'adresser M. Clemenceau ». Ce dernier déclara que cette réponse ne pouvait le satisfaire car il avait « reçu des confidences qu'il n'avait pas sollicitées ». Cet échange de répliques ayant causé quelque émoi, la séance fut levée et une conversation eut lieu entre Caillaux, de Selves et Clemenceau. Puis celui-ci partit laissant en tête à tête le président du Conseil et son ministre. On apprit ensuite par Caillaux que de Selves était démissionnaire, ce qu'il confirma en quittant le Sénat. Dans la soirée, il remettait sa démission au Président de la République, déclarant : « je ne saurais assumer plus longtemps la responsabilité d'une politique extérieure à laquelle font défaut l'unité de vues et l'unité d'action solidaire ». Caillaux essaya de remplacer de Selves par Delcassé mais celui-ci, après avoir accepté, revient sur sa décision et Caillaux démissionna le 11 janvier.

L'affaire n'eut pas de suites immédiates mais on apprit plus tard que Caillaux avait effectivement engagé des conversations à l'insu de Selves qui s'en était aperçu grâce au déchiffrement de dépêches allemandes faisant allusion à ces négociations. Il s'en était plaint au Président de la République et à Clemenceau, d'où intervention de ce dernier.

Redevenu simple sénateur, de Selves rapporta notamment au nom de la commission des affaires étrangères, en 1913, le projet de loi approuvant la convention conclue à Madrid entre la France et l'Espagne « en vue de préciser la situation respective des deux pays à l'égard de l'empire chérifien ».

Le 11 octobre 1919, en tant que président de cette même commission, il invita le Sénat, dans une intervention très applaudie, à ratifier le traité de Versailles qui « constituait, disait-il, l'affirmation d'une morale internationale nouvelle et permettait toutes les espérances pour l'avenir, à condition de faire preuve de vigilance ».

De Selves fut ensuite ministre de l'Intérieur dans le 2e cabinet Poincaré (29 mars au 1er juin 1924) et conserva le poste dans le cabinet François-Marsal, à la vie brève (9 au 13 juin 1924). Elu président du Sénat le 19 juin 1924, de Selves conserva cette fonction en 1925 et 1926. Il eut ainsi à présider, le 10 août 1926, la réunion mouvementée de l'Assemblée nationale, au cours de laquelle il fut faire face aux vifs incidents provoqués par les parlementaires communistes, et notamment par Jacques Doriot. L'autorité et l'habileté dont il fit preuve en cette circonstance lui valurent, à la fin de la séance, les « acclamations prolongées » de la gauche, du centre et de la droite.

Il ne retrouva pas ce succès aux élections sénatoriales du 9 janvier 1927. Arrivé en deuxième position au premier tour, avec 188 voix sur 419 votants, il fut battu au second tour par Delthil, n'obtenant que 177 voix sur 420 votants contre 242 à son adversaire.

Justin de Selves avait été élu en 1910 membre de l'Académie des beaux- arts en reconnaissance de l'action qu'il avait menée, comme préfet de la Seine, dans le domaine artistique. Il était officier de l'Instruction publique et grand officier de la Légion d'honneur.

Il mourut à Paris le 13 janvier 1934, à l'âge de 85 ans.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Justin de SELVES

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