État civil :
Né le 27 juillet 1823
Décédé le 18 avril 1906
Profession :
Instituteur
Département :
Seine
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 12 avril 1896
Fin de mandat le 27 janvier 1900 ( Ne se représente pas )

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)
1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

avant 1889

BARODET (DÉSIRÉ), représentant à l'Assemblée nationale de 1873 à 1875, et député depuis 1876, né à Sermesse (Saône-et-Loire), le 27 juillet 1823, après des études faites au petit séminaire d'Autun, puis à l'Ecole normale de Mâcon, fut d'abord instituteur communal comme son père. Destitué en 1849 par M. de Falloux pour ses opinions avancées, il ouvrit une école libre à Louhans, vint à Lyon en 1836 comme précepteur, puis comme teneur de livres, dirigea, deux ans après, une fabrique de produite chimiques à 16 Kilomètres de Lyon, à Vernaison, et fut agent d'assurances. Son attitude nettement républicaine lui avait donné une certaine influence dans la démocratie lyonnaise; il soutint aux élections de 1869 la candidature de M. Hénon, qui ne fut pas élu, mais qui, devenu maire de Lyon au 4 septembre 1870, le prit comme adjoint ; c'est à ce titre que, pendant la Commune, il fit partie de la députation lyonnaise qui essaya de s'interposer entre Paris et le gouvernement de Versailles. Le 8 février 1871, il fut porté sur la liste républicaine radicale du Rhône aux élections à l'Assemblée nationale, et il échoua avec 36,176 voix. Nommé maire de Lyon le 23 avril 1872, à la mort de M. Hénon, il resta en fonction jusqu'à la suppression de la mairie centrale (loi du 4 avril 1873); M. Edouard Portalis, directeur du Corsaire et de l'Avenir National, eut alors l'idée de lancer la candidature radicale de M. Barodet aux élections qui devaient se faire à Paris, le 27 du même mois, pour remplacer M. Sauvage, décédé; Gambetta approuva et soutint cette candidature. La lutte devint exceptionnellement vive; à l'instigation du gouvernement, quelques maires de Paris avaient d'avance offert la candidature à M. de Rémusat, ami personnel de M. Thiers; les conservateurs présentaient, d'autre part, l'ex-lieutenant-colonel Stoffel. Les électeurs parisiens, un pou pour protester contre la dernière loi municipale, beaucoup pour ne pas laisser échapper l'occasion de faire au chef de l'Etat une opposition personnelle, élurent M. Barodet par 180,015 voix sur 345,759 votants et 457,049 inscrits, contre 135,028 voix données à M. de Rémusat et 26,644 a M. Stoffel. M. Barodet, dont pondant la lutte, on avait exagéré à dessein le radicalisme, prit place à l'extrême gauche, vota avec ce groupe et en devint président. Aux élections générales du 20 février 1876, il fut élu dans le IVe arrondissement de Paris, par 8,930 voix sur 15,461 votants et 19,199 inscrits, contre MM. Vautrain (4,385 voix), Loiseau (1,485), et Haussmann (266). Il fut du nombre des 363, et, après la dissolution de la Chambre, fut réélu dans le même arrondissement, le 14 octobre 1877, par 12,170 voix sur 15,512 votants et 19,075 inscrits, contre M. Touchard (247 voix); puis, le 21 août 1881, par 11,851 voix, sur 15,309 votants et 20,320 inscrit, contre M. Brenot (2,677 voix). Dans la discussion du projet de loi Ferry sur l'enseignement primaire (mai 1880), il avait déclaré, avec Louis Blanc, que la laïcité était un corollaire nécessaire de l'obligation, avait pris une part active à la campagne de révision de 1881, et déposé, le 15 mars, une proposition demandant la modification de la loi des élections sénatoriales, la permanence des Assemblées, l'élection d'une Constituante, etc. En septembre 1881, il riposta adroitement au discours assez opportuniste de Gambetta à Neubourg, en demandant la rédaction d'un cahier des professions de foi des nouveaux élus, qui déterminerait « la nature et la portée des réformes réclamées par le pays »; cette proposition, après des fortunes assez diverses, fut adoptée le 7 février 1882. Le 15 novembre, à l'avènement du ministère Gambetta, il renouvela sa proposition de révision de la Constitution, dont l'urgence, malgré l'appui de M. Clémenceau, fut repoussée par 345 voix sur 120. Candidat aux élections sénatoriales, le 8 janvier 1882, il échoua avec 66 voix sur 202 votants. Le 20 septembre 1883, au lendemain de l'incident de Bac-Ninh, il signa hors session avec quatre autres députés de l'extrême gauche, une déclaration réclamant la convocation immédiate de la Chambre, sous peine de violation de la Constitution. En mars 1884, il demanda la nomination des instituteurs communaux par les conseils municipaux (rejeté par 342 voix contre 122), déposa le 27, au nom de 110 de ses collègues, une nouvelle proposition de révision de la Constitution, pour laquelle l'urgence fut repoussée par 292 voix contre 203, la défendit à la tribune en juin suivant, et, le 1er septembre, dans une lettre adressée à Mont-sous-Vaudrey, au Président de la République, et rendue publique, réclama expressément au nom de l'extrême gauche, la convocation des Chambres au sujet de l'état de guerre avec la Chine. M. Grévy répondit simplement « qu'il avait transmis la lettre au président du Conseil, ne pouvant y répondre personnellement sans sortir de la réserve constitutionnelle qui lui est imposée. » Réélu le 4 octobre 1885, député de la Seine, au second tour de scrutin, par 289,336 voix sur 416,886 votants et 564,338 inscrits, il combattit en juin 1886, au nom de la liberté, les mesures d'expulsion proposées contre les princes. Après une interpellation adressée au ministère Rouvier (mai 1887) sur sa politique, il déposa un ordre du jour de défiance qui fut rejeté par 285 voix contre 139; en novembre 1888, après la proposition inattendue de M. Laisant, député boulangiste, de transférer au Panthéon les cendres de Baudin, il demanda aussitôt, au nom de l'extrême gauche, qui tenait à ne pas se laisser devancer, le transfert au Panthéon des cendres de Carnot, de Hoche et de Marceau; l'urgence, refusée à M. Laisant, fut accordée à M. Barodet.

M. Barodet a pris part à toutes les discussions importantes de la Chambre, et est resté un des membres les plus actifs et les plus influents de l'extrême gauche; dans la dernière session, il a voté : le 11 février 1889, pour le rétablissement du scrutin uninominal; le 14 février, contre l'ajournement indéfini de la révision des lois constitutionnelles; le 14 mars, pour la demande en autorisation de poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes; le 2 avril, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse; le 4 avril, pour les poursuites contre le général Boulanger.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

1889-1940

BARODET (DÉSIRÉ), né à Sermesse (Saône-et-Loire) le 27 juillet 1823, mort à Vincelles (Jura) le 18 avril 1906.

Représentant à l'Assemblée Nationale de 1873 à 1876.

Député de la Seine de 1876 à 1896. Sénateur de la Seine de 1896 à 1900. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 173-174.)

Candidat du Comité républicain radical-socialiste des quartiers Saint-Gervais et de l'Arsenal, Barodet fut réélu député de Paris (1re circonscription du IVe arrondissement) le 22 septembre 1889, au second tour de scrutin, par 5.635 voix sur 10.115 votants, et le 20 août 1893, au premier tour, avec 4.405 voix sur 9.036 votants : il distançait son concurrent le plus favorisé, le boulangiste de Ménorval, de plus de 2.000 voix en 1889 et de près de 2.000 en 1893.

Sous ces deux législatures, il continua de défendre les idées pour lesquelles il avait combattu durant les précédentes. Il obtint de la Chambre qu'elle persévérât dans la publication du recueil des programmes et engagements électoraux, auquel il a laissé son nom. Il déposa à nouveau, à deux reprises, la proposition tendant à réaliser progressivement la diffusion et la transformation de la propriété, l'amortissement de la dette publique, la diminution des impôts et l'extinction du paupérisme par la suppression de l'hérédité en ligne collatérale, qu'il avait formulée en 1887. Dans une proposition de résolution, avec demande de discussion d'urgence, il invita le gouvernement « à faire application des lois aux congrégations religieuses ». Il s'intéressa également à la réforme du règlement de la Chambre des députés, à l'exploitation des mines, à la situation du Crédit foncier, au sort des instituteurs et particulièrement des directeurs d'écoles normales. En 1895, il obtint de ses collègues le vote, à l'unanimité, d'une proposition de résolution invitant le gouvernement à négocier au plus tôt la conclusion d'un traité d'arbitrage permanent entre la France et les Etats-Unis. Il continuait de militer dans diverses organisations comme la Ligue internationale de la paix et de la liberté, qui le compta parmi les membres de son comité central.

Avec une ténacité sans défaut, il réclamait la révision de la Constitution de 1875 par une assemblée constituante. Tel est le sens qu'il donna, en mars 1896, en plein conflit entre le Sénat et la Chambre, à sa candidature au siège de sénateur laissé vacant par le décès de Charles Floquet, en même temps qu'il dénonçait la politique réactionnaire de la haute Assemblée. Elu le 12 avril, au deuxième tour de scrutin, par 307 voix contre 231 à Georges Martin, ancien sénateur, sur 685 votants, il démissionna de son mandat de député le 28 du même mois. Inscrit au groupe de la gauche démocratique, membre de plusieurs commissions, il dut, la vieillesse venant, ralentir son activité. A la séance du 9 janvier 1900, cependant, il déposait encore une proposition de loi relative à l'abolition de la peine de mort en exhortant ses collègues à « inaugurer le vingtième siècle par un grand acte d'humanité et de civilisation ».

Au renouvellement sénatorial de cette même année, âgé de 77 ans, il ne se représenta pas et prit dans la petite commune de Vincelles-du-Jura une retraite bien gagnée.

Il avait publié en 1898 des Eclaircissements historiques sur le coup d'Etat du 4 septembre 1870 à Lyon et, en 1899, un recueil, Les Revenantes, qui rassemble « les notes, épigrammes, invectives et couplets de combat que le mépris [lui] avait dictés » lorsqu'à Cuisery, de 1840 à 1856, il eut à « subir toutes les avanies réactionnaires de cette époque néfaste ». En 1900, ce fut la plaquette Sauvons la République ! Le Droit prime la force, charge à fond contre « le jésuitisme, la congrégation, le cléricalisme, ... noires créations du noir Moyen-Age, ... nids de guêpes et de frelons improductifs qui dévorent le miel des abeilles » républicaines. Autre écrit, autobiographique, en 1903 : L'élection parisienne du 27 avril 1873, Vilenies officielles de l'ordre moral. On trouvera, enfin, quelques lettres de Barodet au tome II (1905-1906) de La Révolution de 1848.

Il avait demandé à être enseveli au cimetière de la Croix-Rousse, à Lyon, où reposaient plusieurs de ses premiers et meilleurs amis. Ainsi fut fait. Et, le 27 novembre 1910, quatre ans après sa mort, en présence des autorités officielles et de nombreuses personnalités, les « Anciens Groléens » inauguraient sur sa tombe un monument élevé par souscription publique. Edouard Herriot, maire de Lyon, fut de ceux qui, à cette occasion, rendirent hommage au lutteur resté, jusqu'à la fin de sa vie, fidèle au cri qui terminait ses Revenantes : Vive la liberté !

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Désiré BARODET

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