SEANCE DU 27 NOVEMBRE 2002


M. le président. « Art. 25. - I. - Dans le code général des impôts, au titre II de la première partie du livre 1er, il est créé un chapitre VII quater intitulé : "Taxe sur la publicité diffusée par voie de radiodiffusion sonore et de télévision" et comprenant un article 302 bis KD ainsi rédigé :
« Art. 302 bis KD . - 1. Il est institué, à compter du 1er janvier 2003, une taxe sur la publicité diffusée par voie de radiodiffusion sonore et de télévision.
« 2. La taxe est assise sur les sommes, hors commission d'agence et hors taxe sur la valeur ajoutée, payées par les annonceurs aux régies pour la diffusion de leurs messages publicitaires à destination du territoire français.
« Elle est due par les personnes qui assurent la régie de ces messages publicitaires.
« Elle est déclarée et liquidée sur la déclaration mentionnée au 1 de l'article 287. Cette déclaration est déposée avant le 25 du mois suivant la fin de chaque trimestre civil.
« Elle est acquittée lors du dépôt de cette déclaration.
« 3. Le tarif d'imposition par palier de recettes trimestrielles perçues par les régies assujetties est fixé comme suit :
« 1° Pour la publicité radiodiffusée :



« RECETTES TRIMESTRIELLES

(en euros)

MONTANT DE LA TAXE

(en euros)

De 46 000 à 229 000 526
De 229 001 à 457 000 1 314
De 457 001 à 915 000 2 761
De 915 001 à 1 372 000 4 734
De 1 372 001 à 2 287 000 7 889
De 2 287 001 à 3 201 000 12 492
De 3 201 001 à 4 573 000 17 882
De 4 573 001 à 6 860 000 26 297
De 6 860 001 à 9 147 000 38 131
De 9 147 001 à 13 720 000 54 435
De 13 720 001 à 18 294 000 76 263
De 18 294 001 à 22 867 000 102 560
De 22 867 001 à 27 441 000 126 228
De 27 441 001 à 32 014 000 149 895
De 32 014 001 à 36 588 000 173 563
De 36 588 001 à 41 161 000 197 231
De 41 161 001 à 45 735 000 220 899
De 45 735 001 à 50 308 000 244 566
De 50 308 001 à 54 882 000 268 234
De 54 882 001 à 59 455 000 291 902
De 59 455 0001 à 64 029 000 315 569
Au-dessus de 64 029 000 344 497


« 2° Pour la publicité télévisée :



« ASSIETTE DE LA TAXE

(en euros)

MONTANT PLAFONNÉ DE LA TAXE

(en euros)

De 0 à 457 000 991
De 457 001 à 915 000 2 942
De 915 001 à 2 287 000 6 953
De 2 287 001 à 4 573 000 17 660
De 4 573 001 à 9 147 000 40 617
De 9 147 001 à 18 294 000 92 492
De 18 294 001 à 27 441 000 182 573
De 27 441 001 à 36 588 000 284 764
De 36 588 001 à 45 735 000 367 544
De 45 735 001 à 54 882 000 454 740
De 54 882 001 à 64 029 000 545 246
De 64 029 001 à 73 176 000 629 133
De 73 176 001 à 82 322 000 717 431
De 82 322 001 à 91 469 000 805 731
De 91 469 001 à 100 616 000 894 030
De 100 616 001 à 109 763 000 982 324
De 109 763 001 à 118 910 000 1 070 628
De 118 910 001 à 128 057 000 1 158 928
De 128 057 001 à 137 204 000 1 330 000
Au-dessus de 137 204 000 1 420 000


« 4. La taxe est recouvrée et contrôlée selon les procédures et sous les mêmes sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée. Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les règles applicables à cette même taxe. »
« II. - L'article 62 de la loi de finances pour 1998 (n° 97-1269 du 30 décembre 1997) est ainsi modifié :
« 1° Après le mot : "intitulé :", la fin du premier alinéa est ainsi rédigée : "Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale, et de soutien à l'expression radiophonique locale" ;
« 2° Le deuxième alinéa est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Ce compte, dont le ministre chargé de la communication est l'ordonnateur principal, comporte deux sections :
« I. - La première section, dénommée : "Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale, et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale", retrace : »
« 3° Il est complété par neuf alinéas ainsi rédigés :
« II. - La seconde section, dénommée : "Fonds de soutien à l'expression radiophonique locale", retrace :
« 1° En recettes :
« - le produit de la taxe instituée par l'article 302 bis KD du code général des impôts, après imputation d'un prélèvement de 2,5 % pour frais d'assiette et de recouvrement ;
« - les recettes diverses ;
« 2° En dépenses :
« - les aides financières à l'installation, à l'équipement et au fonctionnement attribuées aux services de radiodiffusion mentionnés à l'article 80 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication ;
« - les dépenses afférentes à la gestion des aides et les frais de fonctionnement de la commission d'attribution des aides ;
« - la restitution de sommes indûment perçues.
« Les conditions d'application de la présente section sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« III. - Les sommes restant à recouvrer au titre de la taxe parafiscale sur la publicité radiodiffusée et télévisée, dont la perception a été autorisée par l'article 68 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1275 du 28 décembre 2001), peuvent être recouvrées en 2003. Elles sont affectées à la seconde section du compte d'affectation spéciale n° 902-32. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-56, présenté par M. Belot, est ainsi libellé :
« I. - Rédiger comme suit le texte proposé par le 1° du II de cet article pour la fin du premier alinéa de l'article 62 de la loi de finances pour 1998 :
« Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne d'information politique et générale et assimilée et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale et assimilée, et de soutien à l'expression radiophonique locale. »
« II. - Rédiger comme suit le second alinéa du texte proposé par le 2° du II de cet article pour remplacer le deuxième alinéa de l'article 62 de la loi de finances pour 1998 :
« I. - La première section, dénommée "Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne d'information politique et générale et assimilée et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale et assimilée" retrace : »
« III. - Après le 2° du II de cet article, insérer quatre alinéas ainsi rédigés :
« ...° Au huitième alinéa, après les mots : "d'information politique et générale" sont insérés les mots : "et assimilée".
« ...° Au neuvième alinéa, après les mots : "d'information politique et générale" sont insérés les mots : "et assimilée".
« ...° Avant le dernier alinéa, est inséré l'alinéa suivant :
« Pour l'application des dispositions du présent article, sont assimilées à la presse quotidienne et d'information politique et générale les publications mentionnées au dernier alinéa du 2 de l'article 39 bis A du code général des impôts, ainsi que les quotidiens nationaux d'information économique ou sportive. »
L'amendement n° I-83, présenté par Mme Pourtaud et M. Lagauche, est ainsi libellé :
« I. - Dans le 1° du II de cet article, supprimer deux fois les mots : "politique et".
« II. - Dans le second alinéa du texte proposé par le 2° du II de cet article, supprimer deux fois les mots : "politique et".
« III. - Après le 2° de cet article, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ...° Au huitième alinéa (2° a), et au neuvième alinéa (2°), les mots : "politique et" sont supprimés. »
L'amendement n° I-56 n'est pas soutenu.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je le reprends, monsieur le président.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° I-56 rectifié.
Vous avez la parole, monsieur le rapporteur général, pour le défendre.
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'ai repris cet amendement afin d'obtenir de votre part des explications exhaustives, monsieur le ministre.
A la vérité, l'amendement de M. Claude Belot, qui sera le rapporteur spécial pour les crédits de la communication, vise à élargir les catégories de journaux quotidiens susceptibles de bénéficier des concours du fonds d'aide à la modernisation de la presse, qui est financé par la taxe sur la publicité hors médias.
A l'origine, ce fonds concernait la presse stricto sensu, définie comme d'information politique et générale. Son champ d'intervention a été étendu à la distribution de cette même presse, afin d'apporter un secours aux NMPP, les Nouvelles Messageries de la presse parisienne.
Par le biais de son amendement, notre collègue Claude Belot a voulu souligner qu'il ne comprenait pas bien pourquoi des quotidiens très largement diffusés ne peuvent accéder à ce fonds.
En outre, monsieur le ministre, je me permets d'attirer votre attention sur l'importance des reports de crédits pour ce fonds. Cette situation est assez curieuse. Selon les informations dont je dispose, le fonds ne dépenserait pas ses dotations annuelles, qui atteignent 30 millions d'euros. Des reports du même montant sont, semble-t-il, opérés d'une année sur l'autre.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas étendre la répartition ? Pourquoi ne pas réfléchir au caractère quelque peu discriminatoire, peut-être, des textes actuels en matière d'accès aux dotations du fonds ?
Notre collègue Claude Belot souhaiterait également, monsieur le ministre, que vous fassiez un point sur les reports de crédits et que vous nous donniez votre opinion sur ce délicat mais important sujet.
M. le président. La parole est à Mme Danièle Pourtaud, pour défendre l'amendement n° I-83.
Mme Danièle Pourtaud. L'amendement n° I-83 vise en fait à soulever les mêmes questions que l'amendement précédent.
Il tend, en effet, à réparer une discrimination dont souffre un grand quotidien qui, par la place qu'il occupe actuellement, contribue, au même titre que nombre d'autres, à la vie de la cité. Si, mes chers collègues, je vous indique en outre que ce quotidien est certainement lu surtout par les hommes, vous comprendrez qu'il s'agit de L'Equipe !
M. Jean Chérioux. Pas de publicité ! (Sourires.)
Mme Danièle Pourtaud. Ce journal est le seul quotidien d'information générale à ne pouvoir prétendre à aucune des aides directes spécifiques qui sont octroyées ès qualité aux quotidiens d'information politique et générale, c'est-à-dire les aides à la modernisation et à la distribution de la presse. Le champ d'information qu'il couvre n'en fait effectivement pas un quotidien d'information politique.
Je propose donc, par cet amendement, d'étendre à ce quotidien le bénéfice des concours du fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale et du fonds d'aide à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale et assimilée, ces deux fonds venant d'être regroupés pour l'exercice 2003.
A cette fin, l'amendement prévoit de modifier la dénomination du fonds ainsi créé, pour retenir la seule notion d'information générale, en supprimant la référence à l'information politique. Cela permettra de modifier le périmètre actuel du fonds et d'inclure dans la liste des bénéficiaires de ses dotations le quotidien L'Equipe , tout en maintenant l'aide apportée aux autres journaux puisque, à l'évidence, les quotidiens d'information politique sont inclus dans la catégorie des quotidiens d'information générale.
J'attire votre attention, mes chers collègues, sur le fait que l'extension du périmètre du fonds n'affectera en aucun cas le concours actuellement apporté aux autres titres, et ce pour deux raisons.
D'une part, les ressources du fonds sont en croissance constante depuis sa création. Cette tendance devrait se confirmer à l'avenir, puisque, pour l'heure, les recettes sont inférieures à ce qui avait été prévu : un meilleur rendement de la collecte est donc attendu.
D'autre part, comme l'indiquait à l'instant M. le rapporteur général, les crédits de ce fonds, depuis l'origine, ne sont jamais consommés en totalité. Les reports sont même extrêmement importants, et l'élargissement de la catégorie des bénéficiaires que je préconise permettrait que ces sommes soient utilisées, conformément à leur destination, pour améliorer la situation de la presse quotidienne d'information générale dans notre pays. Cela est très nécessaire, comme on peut le constater au travers des différentes crises à répétition que connaissent actuellement, hélas ! plusieurs titres.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Le fonds de modernisation de la presse quotidienne, dont il vient d'être question, bénéficie, selon les termes mêmes de la loi, à « la presse d'information politique et générale » et exclut la presse plus spécialisée. La logique du soutien public à la presse est la préservation de la démocratie, des libertés, en un mot de la pluralité de l'information, dans le respect, bien sûr, des convictions de chacun. Il s'agit de conforter le débat et l'information de la cité.
Il faut d'abord rappeler que le Conseil constitutionnel, dans une décision rendue en 2001 et portant sur la création de l'aide à la distribution, dans le cadre du fonds de modernisation, a légitimé les différences de traitement entre, d'une part, les quotidiens nationaux d'information politique et générale et, d'autre part, les titres de presse appartenant à d'autres catégories. Au fond, l'extension, prévue par ces deux amendements, aux quotidiens d'information économique et sportive, en les assimilant à la presse d'information politique et générale, ne semble pas s'inscrire dans la logique politique et économique de cette aide.
Cela étant dit, la question que vous posez est, à l'évidence, intéressante et elle mérite un examen attentif et approfondi, notamment en ce qui concerne ses conséquences financières sur les titres déjà aidés, compte tenu des ressources limitées du fonds. Mais le Gouvernement considère qu'elle relève de la concertation avec les différentes familles de presse, notamment au sein de la commission paritaire des publications et agences de presse, qui comprend des représentants de la presse et des représentants de l'administration. Je suis prêt, si vous le souhaitez, à saisir cette commission paritaire pour lui soumettre votre question, afin d'examiner la manière d'y répondre dans la loi.
Pour l'ensemble de ces raisons, je vous demande, madame Pourtaud, monsieur le rapporteur général, de bien vouloir retirer vos amendements. A défaut, je serais obligé d'émettre un avis défavorable.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement n° I-56 rectifié est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Avec cet amendement, notre collègue Claude Belot souhaitait, dans un premier temps, interroger le Gouvernement. La réponse apportée par M. le ministre est importante. Elle dresse l'état du droit existant, elle nous indique le diagnostic que M. le ministre établit sur les procédures en vigueur. Si je ne me trompe, il a évoqué in fine une ouverture, c'est-à-dire la possibilité de présenter, le moment venu, un schéma d'évolution à l'instance compétente. (M. le ministre délégué opine.)
Si Claude Belot était présent, cette ouverture lui paraîtrait significative. C'est pourquoi, en espérant ne pas trahir sa démarche ni sa pensée, je m'autorise à retirer cet amendement.
M. Adrien Gouteyron. Très bien !
M. le président. L'amendement n° I-56 rectifié est retiré.
Madame Pourtaud, l'amendement n° I-83 est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud. J'ai bien entendu l'ouverture faite par M. le ministre en nous proposant de mettre cette question à l'étude. Cependant, j'attire son attention sur le fait qu'il n'a pas répondu sur un point que j'avais soulevé, après M. le rapporteur général, à savoir les montants considérables non consommés qui sont reportés d'année en année, s'agissant en tout cas du fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale. En ce qui concerne l'inquiétude que vous évoquiez, monsieur le ministre, quant aux conséquences de l'élargissement des bénéficiaires sur les aides apportées à chaque titre, nous avons une réponse du fait de la non-consommation récurrente des crédits.
Néanmoins, je me range à votre proposition, étant entendu que nous aurons bien sûr l'occasion d'en reparler si la concertation que vous nous proposez n'était pas ouverte. Aussi, je retire cet amendement.
M. Serge Vinçon. Très bien !
M. le président. L'amendement n° I-83 est retiré.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je regrette de ne pas avoir répondu à cette question.
J'indique que cela donnera toute sa valeur à la discussion de la deuxième partie du présent projet de loi de finances, qui commencera à compter de demain, puisque, à l'occasion de l'examen des aides à la presse, vous pourrez poser la question de la non-consommation de ces crédits.
M. Louis de Broissia. Absolument ! Samedi matin !
M. le président. Je mets aux voix l'article 25.

(L'article 25 est adopté.)

Article additionnel après l'article 25