SEANCE DU 27 NOVEMBRE 2002


SOMMAIRE

PRÉSIDENCE DE M. ADRIEN GOUTEYRON

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Loi de finances pour 2003. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 1 ).

PARTICIPATION DE LA FRANCE
AU BUDGET DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES (p. 2 )

Article 33 (p. 3 )

MM. Denis Badré, rapporteur spécial de la commission des finances ; Lucien Lanier, vice-président de la délégation pour l'Union européenne, en remplacement de M. Hubert Haenel, président ; Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Robert Del Picchia, Aymeri de Montesquiou, Bernard Angels.
Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes.
Adoption de l'article.

RECETTES DES COLLECTIVITÉS LOCALES (suite) (p. 4 )

Article 29 (p. 5 )

Amendements identiques n°s I-91 de M. Gérard Miquel et I-189 de M. Thierry Foucaud ; amendements n°s I-190 de M. Thierry Foucaud et I-92 de M. Gérard Miquel. - MM. Gérard Miquel, Thierry Foucaud, Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Alain Lambert, ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire. - Rejet des quatre amendements.
Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 29 (p. 6 )

Amendements n°s I-94 et I-95 de M. Michel Moreigne. - MM. Michel Moreigne, le rapporteur général, le ministre délégué, Gérard Miquel, Paul Blanc, Gérard Delfau, Jacques Legendre, Bernard Angels, Yves Fréville, Jean-Claude Peyronnet, Thierry Foucaud. - Rejet des deux amendements.
Amendement n° I-191 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet.
Amendement n° I-192 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le ministre délégué, Paul Loridant, Yves Fréville. - Rejet.
Amendement n° I-193 de M. Thierry Foucaud. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet.

Article 30 (supprimé)

Article additionnel après l'article 30 (p. 7 )

Amendement n° I-79 rectifié de M. Gérard Delfau. - MM. Gérard Delfau, le rapporteur général, le ministre délégué. - Retrait.

Suspension et reprise de la séance (p. 8 )

PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS

Article 31 (p. 9 )

Amendement n° I-194 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet.
Adoption de l'article.

Article 31 bis. - Adoption (p. 10 )

Article 32 (p. 11 )

Amendements n°s I-96, I-97 de M. Gérard Miquel, I-195 rectifié, I-196 de M. Thierry Foucaud, I-129 rectifié de M. Eric Doligé et I-17 (priorité) de la commission. - MM. Gérard Miquel, Thierry Foucaud, Pierre André, le rapporteur général, le ministre délégué. - Adoption, après une demande de priorité, de l'amendement n° I-17, les amendements n°s I-96, I-195 rectifié, I-97 et I-196 devenant sans objet ; retrait de l'amendement n° I-129 rectifié.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 32 (p. 12 )

Amendements n°s I-18 rectifié de la commission et I-98 de M. Gérard Miquel. - MM. le rapporteur général, Gérard Miquel, le ministre délégué, Michel Charasse. - Retrait de l'amendement n° I-98 ; adoption de l'amendement n° I-18 rectifié insérant un article additionnel.
Amendement n° I-197 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet.
Amendement n° I-199 de M. Didier Boulaud. - MM. Didier Boulaud, le rapporteur général, le ministre délégué, Michel Charasse, Gérard Delfau, Jean-Philippe Lachenaud. - Retrait.
Amendement n° I-198 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet.

ARTICLES DE LA PREMIÈRE PARTIE (suite) (p. 13 )

Article additionnel après l'article 23 bis (p. 14 )

Amendement n° I-202 rectifié de M. Pierre Hérisson. - MM. Pierre Hérisson, le rapporteur général, le ministre délégué. - Retrait.

Article 24. - Adoption (p. 15 )

Article 25 (p. 16 )

Amendements n°s I-56 rectifié de M. Claude Belot, repris par la commission, et I-83 de Mme Danièle Pourtaud. - M. le rapporteur général, Mme Danièle Pourtaud, M. le ministre délégué. - Retrait des deux amendements.
Adoption de l'article.

Article additionnel après l'article 25 (p. 17 )

Amendement n° I-20 rectifié ter de M. Serge Vinçon. - MM. Serge Vinçon, le rapporteur général, le ministre délégué, Jacques Oudin. - Retrait.

Article 26 (p. 18 )

Amendement n° I-188 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le ministre délégué, Paul Loridant. - Rejet.
Adoption de l'article.

Article 27 (p. 19 )

M. Claude Biwer.
Adoption de l'article.

Article 28. - Adoption (p. 20 )

Article additionnel après l'article 28 (p. 21 )

Amendement n° I-123 de M. Jacques Oudin. - MM. Jacques Oudin, le rapporteur général, le ministre délégué. - Retrait.

Article additionnel après l'article 4 bis
(précédemment réservé) (p. 22 )

Amendement n° I-11 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur général, le ministre délégué, Jean Chérioux, Jean Arthuis, président de la commission des finances. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
MM. le président, le président de la commission.

Suspension et reprise de la séance (p. 23 )

Article 34 et état A annexé (p. 24 )

Mme Marie-Claude Beaudeau.
Amendements n°s I-225 du Gouvernement et I-99 de M. Michel Charasse. - MM. le ministre délégué, Michel Charasse, le rapporteur général. - Adoption de l'amendement n° I-225, l'amendement n° I-99 devenant sans objet.
Amendement n° I-25 du Gouvernement. - MM. le ministre délégué, le rapporteur général, Paul Loridant. - Adoption.
Adoption de l'article et de l'état annexé modifiés.

Vote sur l'ensemble de la première partie (p. 25 )

MM. le rapporteur général, le président de la commission, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Jacques Oudin, Aymeri de Montesquiou, Jean-Philippe Lachenaud, Jean-Pierre Demerliat, Denis Badré.
M. le ministre délégué.
Adoption, par scrutin public, de la première partie du projet de loi de finances.

3. Dépôt d'un rapport d'information (p. 26 ).

4. Ordre du jour (p. 27 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. ADRIEN GOUTEYRON
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente-cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

LOI DE FINANCES POUR 2003

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2003 (n° 67, 2002-2003), adopté par l'Assemblée nationale. [Rapport n° 68 (2002-2003).]

Participation de la France
au budget des Communautés européennes

M. le président. Nous allons examiner l'article 33, relatif à l'évaluation du prélèvement opéré sur les recettes de l'Etat au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes.

Article 33



M. le président.
« Art. 33. - Le montant du prélèvement effectué sur les recettes de l'Etat au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes est évalué pour l'exercice 2003 à 15,8 milliards d'euros. »
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Denis Badré, rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Une fois n'est pas coutume, et n'y voyez aucune flagornerie, madame le ministre, je voudrais d'abord vous remercier.
En effet, traditionnellement, le ministre chargé du budget considère que le vote de l'article 33 n'est pas une affaire budgétaire : le montant inscrit ne donne pas lieu à discussion ; l'exercice n'a donc pas un grand intérêt pour lui. Aussi est-ce le ministre chargé des affaires européennes qui vient en séance. Non moins traditionnellement aussi, le ministre chargé des affaires européennes considère que c'est une matière un peu subalterne : le budget, pour les affaires européennes, cela n'existe pas ou très peu ou trop peu. Donc, il ne se préoccupe pas beaucoup, finalement, de donner un caractère budgétaire à notre débat : on parle de l'Europe, on parle de vrais sujets aussi, mais assez peu du budget européen. Or vous, madame le ministre, vous avez pris la peine de préparer ce débat comme un véritable débat sur le budget européen. Vous vous êtes investie personnellement, comme j'en ai eu la confirmation pour avoir préparé avec vous cette séance. C'est une première, à ma connaissance, et je voulais la saluer.
Entrons maintenant dans le vif du sujet.
L'article 33 du projet de loi de finances évalue - je dis bien « évalue », et non pas « fixe » - le montant du prélèvement sur ressources opéré pour nourrir le budget européen à 15,8 milliards d'euros.
Le prélèvement de 2002 était en augmentation de 1,6 milliard d'euros : excusez du peu, cela fait tout de même 10 milliards de francs de plus par rapport à 2000 ! Là, il est en diminution d'un milliard d'euros par rapport à celui de 2002, ce qui n'est pas négligeable !
Donc, à en juger à ces chiffres, on pourrait croire que la rigueur prend le dessus et que tout va bien, d'autant que ce budget s'élèvera, en 2003, à 99 milliards d'euros en crédits d'engagement, soit une progression de 0,9 %.
C'est tout à fait raisonnable ! C'est moins que toutes les inflations et c'est moins a fortiori que tous les PIB de tous les Etats de l'Union. C'est la première fois ! En crédits de paiement, avec 97 milliards d'euros, l'augmentation est de 1,4 %, ce qui est un peu moins bien, mais très bien tout de même.
Donc, la rigueur règne pour ce qui concerne le prélèvement, et la sagesse l'emporte pour ce qui concerne le budget. Tout va bien, et nous pourrions lever la séance en considérant que nous sommes heureux.
Pas du tout !
Ces conclusions sont hâtives et ne sont que la manifestation de la précipitation avec laquelle nous souhaiterions voler au-devant de nos désirs. Malheureusement, nous ne le pouvons pas, et je vais essayer de vous montrer en quoi.
Je commencerai par le prélèvement. En fait, à l'analyse, on s'aperçoit que, de budget voté à budget voté, ce prélèvement est en baisse de 6 %, mais que, de budget voté à budget exécuté, il est en hausse de 8 %. Vous le voyez immédiatement, tout cela n'a pas de sens, sinon de relativiser l'importance de notre débat. On peut, en effet, démontrer n'importe quoi en adoptant telle ou telle présentation. Il faut donc creuser plus avant.
Je ne reviens pas longuement sur les raisons qui expliquent cette situation. L'accord de Berlin n'a été ratifié qu'après le 1er janvier ; ses conclusions ont donné lieu à des décisions hâtives, sur lesquelles il a fallu revenir pour, finalement, qu'il soit adopté en cours d'année, avec d'inévitables effets rétroactifs, de sorte que le lecteur non initié ne peut plus rien comprendre.
L'illisibilité, c'est bien ce qui caractérise notre prélèvement, comme, d'ailleurs, l'ensemble du budget européen, malheureusement.
Je vais tenter de dégager cependant quelques lignes de force.
Le prélèvement permet de compléter les recettes pour couvrir les dépenses du budget européen. Car il s'agit bien de compléter. En effet, les recettes étaient normalement constituées de ce que nous appelions des recettes propres, qui sont maintenant devenues des recettes propres traditionnelles, puisque toutes les recettes du budget européen sont désormais considérées comme recettes propres. Les seules vraies recettes propres qui nourrissent directement l'Europe - droits de douane, cotisation sucre et autres - s'appellent maintenant « recettes traditionnelles ». Cela fait penser à certaines évolutions, de type canal historique... (Sourires.)
Nous avons donc des recettes propres traditionnelles et des recettes propres : la cotisation des Etats, ce sont des recettes propres, qui n'ont donc rien de propre.
Cette cotisation augmente beaucoup pour la France, du fait du jeu combiné de toute une série d'opérations. D'abord, les recettes propres traditionnelles diminuent, puisque - c'est l'une des conséquences de l'accord de Berlin - un prélèvement sur les droits de douane est opéré au bénéfice des Etats par lesquels les produits entrent dans l'Union européenne. Sont compensés l'effet « Rotterdam » et les conséquences de l'arrivée de produits du Commonwealth via la Grande-Bretagne. Les Hollandais et les Britanniques obtiennent satisfaction de cette manière.
Bref, les recettes propres traditionnelles diminuant, les cotisations des Etats membres, qui comptent désormais pour 80 % du budget européen, augmentent forcément. De surcroît, il a fallu rééquilibrer les cotisations des différents Etats membres, car certains d'entre eux trouvaient que l'Europe était trop chère. C'est le cas des Britanniques, des Hollandais, de nouveau, ainsi que des Allemands. On a donc « retripatouillé » notamment le chèque britannique, et, tout cela, c'est encore la France qui le paie !
Donc, à l'intérieur de recettes propres non traditionnelles, donc de cotisations qui augmentent globalement - même à budget constant, elles augmenteraient -, nous avons une redistribution qui s'opère au détriment de la France, et tout cela, en plus, pour nourrir un budget qui augmente !
Au total, mes chers collègues, cette accumulation d'effets en cascade explique que la cotisation de la France augmente dans les conditions que je rappelais. Pas de rigueur sur les prélèvements, donc, pas du tout, même ! En fait, en trois ans, nous sommes passés de 15 milliards d'euros à 16 milliards d'euros, toujours à budget constant, soit, en base, une progression de l'ordre de 10 %.
J'en viens au budget, maintenant.
Le budget connaît une progression apparemment raisonnable, et pour la première fois. On pourrait s'en réjouir, si ce n'était faux ! Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer ce qui est comparable et de constater que seuls des effets d'aubaine et des circonstances particulières font que, cette année, le budget peut être présenté de manière sympathique. Nous sommes à la fin d'une période pendant laquelle on a apporté de grosses masses de crédits à l'agriculture pour traiter les épizooties que nous savons. C'était conjoncturel : il s'agissait de traiter un phénomène particulier. On pouvait penser que, une fois que le traitement aurait porté ses fruits, cet apport cesserait. Pas du tout ! Les budgets européens ont intégré ces sommes en base de sorte que, en reprenant le rythme antérieur, on peut afficher une réduction des crédits. Or on n'a pas réduit les crédits ; on les avait augmentés l'année dernière, on ne les réduit pas cette année.
Il est, au moins, un deuxième type d'effet qui explique que ce budget soit, globalement, plus faible. Nous sommes à la première année d'un nouveau programme cadre de recherche et développement, ou PCRD. La première année, le PCRD met toujours du temps à démarrer ; nous avons donc un effet de lente montée en puissance avec, par rapport à la dernière année du PCRD précédent, une chute de tension, puis on repart dans une nouvelle série.
Tout cela doit nous faire réfléchir.
Permettez-moi quelques mots sur le contenu du budget, même si, comme je le rappelle inlassablement du haut de cette tribune, nous n'avons pas grand-chose à dire sur les dépenses. Nous sommes là, en effet, pour voter les recettes d'un budget européen dont les dépenses sont votées par le Parlement européen, dans le cadre de la codécision, d'ailleurs. Comment pouvons-nous mettre en oeuvre le principe du consentement à l'impôt si le budget européen voit ses recettes votées par les Parlements nationaux et ses dépenses votées par le Parlement européen ? C'est absurde. Cela aussi, il faut le changer.
Une fois de plus, il n'y en a que pour la politique agricole commune, nous dira-t-on. Bien sûr, il n'y en a que pour la PAC : c'est la seule politique qui existe au plan communautaire, du moins la seule qui exige des crédits, la politique de la concurrence ou la politique monétaire étant moins consommatrices de crédits que la PAC. Donc, il est normal que la PAC utilise 40 % des dépenses du budget européen. Le contraire serait étonnant. Là, je défends la PAC.
Cependant, il n'est pas normal que la PAC ait été dévoyée et que, aujourd'hui, ceux qui parlent de l'élargissement entendent également élargissement des aides directes. C'est une absurdité, je l'ai démontré en d'autres lieux, mais nous pourrons y revenir. Je considère que l'élargissement nous offre une opportunité historique de revenir aux principes d'origine de la PAC. Si, en effet, la PAC n'existait pas pour régler les problèmes d'alimentation et d'agriculture des pays candidats à l'élargissement, il faudrait l'inventer, et on l'inventerait sur les principes sur lesquels elle a été créée il y a cinquante ans !
Aujourd'hui, avant d'aller plus loin sur les crédits à affecter à la PAC, il faut revenir au principe d'origine et réformer la PAC sur le fond, et non pas simplement en « tripotant » à la marge les aides directes. (M. Robert Del Picchia applaudit.)
Les politiques structurelles sont les deuxièmes grandes consommatrices de crédits. L'élargissement nous donne l'opportunité de les clarifier.
Il faut faire la clarté sur leur contenu. Progressivement, nous avons dérivé. Certains prétendent d'ailleurs que ce qui concerne le développement rural pourrait être financé par les crédits de la PAC, ce qui est une absurdité.
Lisibilité et clarté doivent s'appliquer aux frontières entre les politiques structurelles et les politiques de cohésion que nous sommes en train de confondre allègrement. Or, quand on ne sait plus ce qu'on fait en matière budgétaire, c'est la porte ouverte au laxisme.
Par ailleurs, en matière d'exécution des politiques structurelles, je le répète depuis des années, il n'est pas normal que nous ayons un an et demi de retard dans l'engagement des crédits.
Quel budget de quel Etat membre de l'Union européenne accepterait une situation pareille ? Des crédits très importants dorment, ce qui n'est pas acceptable, du fait de Bruxelles, mais aussi du fait des Etats puisque, vous le savez, un crédit ne peut être engagé que s'il est accompagné de crédits nationaux et les Etats ne peuvent pas suivre.
Il faut arrêter cette machine folle, repartir à zéro et nous demander comment nous allons faire à vingt-cinq alors que nous ne savons plus faire à quinze.
Je pourrais citer de la même manière, s'agissant des politiques intérieures, la politique de la recherche. Je considère que les crédits de recherche affectés au budget européen sont aussi « à côté de la plaque ». Il ne saurait être question de donner une deuxième chance aux demandes qui sont adressées à la fois à un Etat membre et à Bruxelles, dans l'espoir que l'un, l'autre ou les deux acceptent ! Ce n'est pas ainsi que nous construirons une politique de recherche européenne qui permettra à l'Union européenne de peser dans la mondialisation, de concurrencer valablement la recherche américaine et d'attirer les chercheurs du monde entier pour qu'ils viennent chez nous plutôt qu'à Boston. Cela n'est pas sérieux !
Il faut redéfinir une vraie politique de la recherche pour l'Europe qui conduise le budget européen à favoriser la synergie des laboratoires des Etats membres et non pas leur mise en concurrence, comme c'est le cas actuellement.
S'agissant des politiques extérieures, nous faisons beaucoup, notamment au Moyen-Orient, comme nous avons fait dans les Balkans, mais sans pour autant en retirer le bénéfice, sans que l'Europe gagne en rayonnement.
J'ajoute, madame la ministre, que j'appelle de mes voeux une relance vigoureuse des relations avec les ACP, les Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Les accords de Lomé et de Yaoundé procédaient d'une intuition formidable. L'Europe doit jouer son rôle dans le dialogue Nord-Sud qui tombe peu à peu en déshérence. Il faut que l'Europe reprenne l'initiative et relance une grande politique de dialogue Nord-Sud avec ses partenaires privilégiés que sont les pays ACP.
Je n'évoquerai pas les dépenses administratives, qui vont exploser avec l'élargissement de l'Europe, ce qui est normal, compte tenu notamment du problème des langues. Toutes ces questions seront traitées en temps et en heure.
Je conclus, monsieur le président, par quelques réflexions générales. Il faut revenir sur les questions de programmation et sur les dysfonctionnements chroniques de gestion. Il faut accélérer la modernisation des procédures de gestion qui est engagée en la mettant en oeuvre.
L'Europe mérite un vrai budget -, je le disais en préambule, j'y reviens en conclusion, c'est-à-dire un budget démocratique, lisible et contrôlable, en ce qui concerne tant les recettes que les dépenses.
A ce sujet, nous progresserons lorsque nous aurons évacué le débat sur les soldes nets, les retours nets, qui est anticommunautaire, antieuropéen. Tant que les Etats sont incités à regarder s'ils en ont pour leur argent dans l'affaire européenne, cela ne marche pas. Telle sera pourtant leur démarche tant qu'ils cotiseront pour avoir un retour. Lorsque le budget européen disposera de vraies ressources propres - et non pas de ressources composées des cotisations de ses membres -, le lien entre l'apport et le retour pour les Etats sera brisé et les Etats pourront entrer dans une véritable démarche communautaire. C'est vital.
Le débat sur l'impôt européen est donc lancé. Il ne pourra l'être qu'à la condition de supprimer des impôts dans les budgets des Etats. Il n'est pas question, en effet, que les Européens voient dans l'Europe un niveau supplémentaire générateur d'impôts. Ils doivent y voir une manière de faire mieux pour moins cher, ou en tout cas au même coût. C'est important.
Nous n'avons pas le droit de construire l'Europe à l'insu des Européens, sauf à bâtir une union sans âme que les peuples combattraient avant de la détruire. Rendre l'Europe aux Européens - on le dit sans cesse - afin qu'elle joue son rôle au bénéfice des Européens et dans le monde est, selon nous, une priorité absolue. Il faut rendre l'Europe aux Européens pour qu'elle joue son rôle de manière lisible, subsidiaire et dans la transparence, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Victor Hugo, que nous ne saurions oublier de citer en cette Haute Assemblée, appelait de ses voeux « des Etats-Unis d'Europe qui couronneront le vieux monde comme les Etats-Unis d'Amérique couronnent le nouveau ».
Je rappelle que, voilà deux siècles, les conventionnels de Philadelphie invitaient les Etats-Unis d'Amérique à prendre leur indépendance vis-à-vis des Etats-Unis d'Europe. Je pense qu'ils seraient d'accord aujourd'hui pour que les conventionnels donnent à l'Europe les moyens de reprendre leur indépendance vis-à-vis, cette fois, des Etats-Unis d'Amérique. Nous devons maintenant nous y atteler.
C'est pourquoi vous comprendrez qu'en dénonçant les défauts de la procédure budgétaire je n'ai qu'un but, moi qui suis très européen ; c'est que cela marche. Je traque jusque dans le détail les défauts de notre procédure budgétaire pour dire qu'elle n'en est pas une. Nous n'avons pas de budget et l'Europe a besoin d'un budget. C'est aussi important que de lui donner de bonnes institutions. Il faut le faire, la Convention doit s'y attacher.
Je vous prie, madame la ministre, de relayer notre souci, qui est essentiel : si l'Europe ne se dote pas d'un vrai budget, elle ne sera jamais l'Europe des citoyens, une Europe pour les Européens.
Si je tiens ce discours un peu sévère, c'est parce que je crois en l'Europe. Je veux que l'élargissement réussisse et que l'Europe trouve sa place aux yeux des Européens et dans le monde.
C'est pourquoi je vous demande, dans l'attente de procédures meilleures, de voter néanmoins l'article 33 du projet de loi de finances pour 2003. Ne pas le faire ouvrirait une crise que nous ne pouvons vraiment pas nous permettre en ce moment. Il est préférable de traiter les problèmes qui se posent sur le fond. L'opportunité est devant nous, il faut la saisir ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le vice-président de la délégation pour l'Union européenne.
M. Lucien Lanier, vice-président de la délégation pour l'Union européenne, en remplacement de M. Hubert Haenel, président. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ainsi que l'a indiqué M. le rapporteur spécial, M. Hubert Haenel a dû se rendre aujourd'hui à Bruxelles pour participer à la réunion conclusive du groupe de travail de la Convention sur les questions de justice et d'affaires intérieures. Il m'a fait l'amitié de me demander d'intervenir à sa place et c'est bien volontiers que je m'y emploie, sans distraire la pensée même de la délégation.
La contribution de la France au budget communautaire pour 2003 est en hausse de 8,2 % par rapport à 2002, mais elle se trouve en retrait de 6,5 % par rapport au montant initialement voté pour 2002. En effet, le solde de l'exercice budgétaire de 2001 a été excédentaire de 15 milliards d'euros, ce qui a permis l'année suivante de diminuer à due concurrence la contribution de chaque Etat membre. Comme quoi, l'Europe sait toujours nous réserver des surprises, voire quelquefois de bonnes surprises !
Nous aurons encore besoin d'une telle aubaine, car le contexte général du budget communautaire pour 2003 est préoccupant. Les Etats membres doivent faire face à un ralentissement marqué de la croissance économique, alors que la Banque centrale européenne semble être allée aussi loin qu'elle le pouvait dans l'abaissement de ses taux directeurs pour contrer les risques de récession. L'euro fiduciaire n'a pas encore un an que le pacte de stabilité budgétaire et monétaire conclu lors du traité de Maastricht se trouve déjà mis à l'épreuve.
Or, face à ces dangers, l'Union européenne tarde à se doter des véritables moyens d'une gouvernance économique. Les travaux au sein de la Convention ont fait apparaître une absence de consensus sur ce sujet. Il s'agit, selon moi, d'une lacune préoccupante, madame la ministre, et je souhaiterais savoir si vous pensez pouvoir progresser dans cette direction avec vos homologues européens.
Le paradoxe est que l'environnement économique défavorable que j'ai évoqué n'a pas de réelle conséquence sur le budget communautaire. C'est une contrainte pour chacun des Etats membres, qui sont amenés à laisser filer leur déficit, mais ce n'est pas un problème pour le budget communautaire pour lequel, par construction, les ressources égalent les dépenses. Cette facilité devrait inciter les deux branches de l'autorité budgétaire communautaire à se montrer particulièrement modérées sur les dépenses. Tel n'est pas toujours le cas.
Cette année, l'augmentation du budget communautaire est encore plus rapide que celle du budget national, même si elle est moins marquée que les années précédentes. Le projet de budget arrêté par le Conseil en première lecture prévoit des montants de 99,5 milliards d'euros en crédits d'engagement et de 96,9 milliards d'euros en crédits de paiement, soit une hausse de 1,4 % en crédits de paiement par rapport à 2002.
Le prochain élargissement entraîne déjà certaines dépenses. Pour cette raison, l'un des points les plus discutés a été l'accroissement des dépenses administratives et de personnel. Initialement, la Commission demandait la création de 500 postes et des investissements immobiliers liés à l'élargissement, ce qui se traduisait par une augmentation de 5,8 % des dépenses administratives et par un dépassement du plafond des perspectives financières. Or ni le Conseil ni le Parlement européen n'ont accepté ce dépassement. Finalement, l'excès des dépenses administratives liées à l'élargissement devrait être financé par le redéploiement des crédits inemployés en 2002.
Ce budget est le dernier avant le prochain élargissement qui, si tout se passe comme prévu, devrait intervenir le 1er mai 2004. L'impact budgétaire de cet événement est de mieux en mieux cerné.
La Commission a adopté un cadre budgétaire pour l'élargissement qui montre que celui-ci serait compatible avec le respect des perspectives financières jusqu'à leur terme, en 2006. Toutefois, cette projection suppose qu'une fraction seulement des aides directes agricoles sera versée aux agriculteurs des futurs Etats membres, ce que ceux-ci contestent vigoureusement. Mais l'accord auquel sont parvenus le Président Jacques Chirac et le Chancelier Gerhard Schröder au sommet de Bruxelles afin de plafonner les dépenses agricoles peut rendre plausible une véritable réforme de la politique agricole commune.
Toujours dans la perspective de l'élargissement, la Commission a calculé quelles seront les positions nettes des futurs Etats membres. Paradoxalement, ceux-ci perdront au change par rapport à la situation actuelle, au moins pendant les deux ou trois premières années. En effet, les pays candidats bénéficient aujourd'hui des aides de préadhésion, sans rien verser au budget communautaire. A leur entrée dans l'Union européenne, ils contribueront aussitôt au financement du budget dans la mesure de leurs moyens, mais ils ne bénéficieront des retours des politiques communautaires qu'avec un décalage dans le temps. Trois des pays candidats - la Slovénie, Chypre et Malte - devraient même demeurer structurellement des contributeurs nets.
Pour éviter cette détérioration du solde budgétaire des pays candidats lors de leur adhésion, la Commission a proposé de mettre en place un mécanisme transitoire de compensation financé par les Etats membres actuels. Ceux-ci en ont accepté le principe, mais doivent encore décider selon quelles modalités ils s'en répartiront le financement. L'une des questions, notamment, est de savoir s'il faut tenir compte, ou non, de la ristourne britannique qui, comme l'a rappelé récemment le Président Jacques Chirac, n'a pas vocation à durer éternellement.
Je crois qu'on ne doit pas hésiter à discuter franchement des implications budgétaires de l'élargissement. Les équilibres actuels, qui sont déjà contestés, vont se trouver modifiés dans une Union européenne aux écarts de richesse accrus. Il faut tenir un langage de vérité : l'élargissement de l'Union européenne représentera un coût net pour les Etats membres actuels, et cela pendant de nombreuses années. Les bénéfices attendus sont extrabudgétaires, en termes de prospérité économique partagée et de stabilité politique. Il s'agit d'arguments que peuvent comprendre les citoyens européens. Mais rien ne serait plus dangereux que de leur faire croire que l'élargissement se fera sans coûts supplémentaires.
Enfin, je voudrais évoquer le contexte institutionnel dans lequel s'inscrit ce projet de budget. Pour l'instant, la Convention pour l'avenir de l'Europe n'a pas déçu les espoirs placés en elle. Si elle parvient à garder son cap, cette enceinte de discussion présidée par Valéry Giscard d'Estaing devrait pouvoir présenter à la Conférence intergouvernementale des orientations claires, voire un projet de Constitution clefs en main.
Pourquoi ne pas profiter de cette occasion, madame la ministre, pour apporter certaines modifications à la procédure budgétaire européenne ? Je pense tout particulièrement à des moyens d'associer les parlements nationaux. Ceux-ci votent les recettes, tandis que le Parlement européen vote les dépenses, comme a coutume de le rappeler notre excellent rapporteur spécial, Denis Badré.
M. Denis Badré, rapporteur spécial. En effet, ils sont déjà associés : sans eux, il n'y a pas de budget européen !
M. Lucien Lanier, vice-président de la délégation pour l'Union européenne. Cette situation n'est pas très satisfaisante.
Aujourd'hui, une majorité semble se dégager au sein de la convention pour renforcer le rôle des parlements nationaux. Ceux-ci pourraient être représentés au sein d'une COSAC - qui serait, bien sûr, rénovée -, ou au sein d'un congrès spécialement créé à cet effet. Dans tous les cas, il me semble que les membres de cette instance devraient se voir confier des compétences budgétaires. J'envisage trois stades de la procédure où ils pourraient intervenir.
Premièrement, les représentants des parlements nationaux pourraient se prononcer lors du débat d'orientation budgétaire pour indiquer leurs propres priorités, comme le font le Conseil et le Parlement européens. La Commission pourrait alors tenir compte de leur avis en établissant l'avant-projet de budget.
Deuxièmement, les représentants des parlements nationaux pourraient exercer un contrôle de subsidiarité. Lorsqu'ils estimeraient que des crédits sont proposés pour une action que l'Union européenne ne devrait pas engager, ils pourraient recourir à un mécanisme d'alerte. Il serait même concevable qu'ils puissent exercer un recours devant la Cour de justice des Communautés européennes.
Troisièmement, les représentants des parlements nationaux pourraient intervenir lors de la détermination pluriannuelle des grandes enveloppes du budget européen. Certes, les parlements nationaux sont déjà juridiquement compétents pour approuver les perspectives financières, puisqu'il s'agit d'un accord intergouvernemental, mais ils ne peuvent qu'accepter ou refuser un accord négocié en dehors d'eux. On pourrait imaginer de les associer, en amont, à la discussion des plafonds des rubriques des perspectives financières.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Très bien !
M. Lucien Lanier, vice-président de la délégation pour l'Union européenne. Je sais bien que les auteurs de toute proposition tendant à accroître le rôle des parlements nationaux au sein des institutions communautaires se voient aussitôt reprocher de compliquer inutilement les choses, mais ce souci de simplicité me paraît suspect.
Pour ma part, je considère que renforcer le rôle des parlements nationaux, qui sont encore les principaux détenteurs de la légitimité démocratique en Europe, c'est non pas compliquer mais simplifier la construction européenne, en la rendant plus proche et, surtout, plus compréhensible. Or tel est bien l'un des objectifs que doit s'assigner l'Europe élargie de demain. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :
Groupe du Rassemblement pour la République, 22 minutes ;
Groupe socialiste, 19 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 5 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 5 minutes.
La parole est à Mme Danielle Bidard-Reydet.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'examen du projet de budget de l'Union européenne pour 2003 revêt un caractère essentiel, puisque c'est une année charnière pour la future Europe que nous voulons construire. Dix nouveaux pays vont nous rejoindre dès 2004 ; c'est un véritable défi que nous devons relever et réussir.
Préparer l'accueil des nouveaux candidats à l'élargissement, consolider notre stabilité économique et politique et développer la cohésion économique et sociale de l'Europe, tels sont, je le rappelle, les trois axes prioritaires que s'est fixé la Commission européenne lors de la présentation de son avant-projet de budget. Mais, pour mener à bien ces trois missions, il faut s'en donner les moyens.
Ce sont justement les moyens attribués à la construction européenne qui appellent notre désapprobation.
Pour 2003, les crédits d'engagement augmentent de 0,9 % et les crédits de paiement de 1,4 %. La faiblesse de ces augmentations ne peut répondre d'une manière satisfaisante à la préparation de l'élargissement à dix nouveaux pays.
Quant à notre contribution, contrairement aux années précédentes, où la tacite reconduction de l'augmentation soulignait l'engagement politique de la France, elle s'élève en 2003 à 15,8 milliards d'euros contre 16,8 milliards d'euros en 2002, soit une diminution de un milliard d'euros et une baisse de 6,3 % par rapport à la loi de finances initiale. Nous pensons, là encore, ne pas être à la hauteur des nécessités et des ambitions que l'Europe s'est fixées.
Enfin, la baisse de 1,5 % des aides accordées aux pays candidats au titre de la préadhésion nous paraît injuste. Compte tenu des difficultés que ces pays rencontrent pour tenir leurs engagements économiques fixés par la commission, et malgré les immenses efforts que certains d'entre eux déploient, cette diminution ne les place pas dans les meilleures conditions pour nous rejoindre et risque de remettre en cause le principe de l'égalité des droits économiques et sociaux pour tous les citoyens européens.
Revenant d'une mission en Slovaquie, pays que, en tant que membre de la délégation du Sénat pour l'Union européenne, je suis chargée de suivre, j'ai pu constater les efforts considérables, et couronnés de succès, entrepris par ce pays.
Je citerai trois exemples qui soulignent les incohérences de l'Union européenne et, partant, les difficultés que nos futurs partenaires doivent surmonter.
Le premier exemple concerne l'agriculture. On impose une période transitoire de dix ans avant de bénéficier de la totalité des aides. Cet impératif, particulièrement sévère, loin de favoriser l'esprit d'initiative, bloque, au contraire, d'éventuels projets, car, de l'avis de tous, il est impossible de prévoir les évolutions à partir de 2006.
Nos interlocuteurs auraient souhaité des rendez-vous intermédiaires, tous les deux ou trois ans, par exemple, permettant à chaque étape de faire le point et de prendre en compte les évolutions pour actualiser la situation. Cette proposition peut-elle être soutenue par notre pays ?
Le deuxième exemple concerne les fonds européens déjà versés, qui risquent, malgré les besoins immenses, de ne pas être utilisés en totalité à cause de la faiblesse des capacités administratives des pays concernés. Il faudrait embaucher et former des fonctionnaires supplémentaires, mais nous ne nous investissons ni assez ni de manière suffisamment concrète pour les aider à surmonter ce handicap.
Le troisième exemple porte sur les disparités régionales, qui sont importantes en Slovaquie. En effet, la région de Bratislava a une économie qui la situe à 90 % du produit intérieur brut moyen européen, alors que celle de la province orientale de Prechov correspond à peine à 35 %. Enfin, alors que le taux de chômage national est de l'ordre de 20 %, il atteint plus de 50 % dans les régions orientales.
Ne faudrait-il pas satisfaire le besoin essentiel d'aides concrètes plutôt que de chercher à appliquer des mesures de sanction ?
Nous avons eu l'occasion de débattre ici même, il y a deux semaines, des propositions de la convention sur l'élargissement qui doit porter un nouvel élan pour une Europe sociale, démocratique et solidaire, et faire l'objet d'un traité réellement nouveau, intégrant toutes les revendications des citoyens.
Alors que la croissance européenne est au plus bas, que les moteurs de la consommation et de l'exportation sont enrayés, il s'agit de financer autrement l'arrivée de nos futurs partenaires en tablant sur les investissements d'avenir que sont l'emploi, la formation et la recherche.
Pour y parvenir, et nous l'avons déjà dit, il faudrait reconsidérer le rôle et le fonctionnement de la Banque centrale européenne en la soumettant à un véritable contrôle démocratique et en réorientant sa politique monétaire, notamment ses taux d'intérêt.
Cela devrait entraîner également une révision en profondeur du pacte de stabilité, qui est de plus en plus contesté. Les critères retenus sont un véritable carcan : ils freinent considérablement les dépenses publiques, pourtant indispensables à des services de qualité, et accentuent un vaste mouvement de déréglementation et de privatisation dans ce domaine.
Tout cela suppose des moyens budgétaires accrus, une politique sélective du crédit en Europe qui pénaliserait les crédits réservés à des opérations financières en privilégiant ceux qui sont destinés à la création d'emplois, à la formation, à la recherche et au développement.
L'Assemblée nationale, l'an dernier, avait, par amendement, instauré le principe d'une taxation sur les marchés de devises. Le Gouvernement avait proposé alors une étude de faisabilité et la taxation des flux spéculatifs en Europe qui devait être réalisée par la commission européenne. Il serait intéressant d'avoir les résultats de cette étude. Qu'en est-il, madame la ministre ?
La reconstruction devrait se traduire également par l'ouverture de grands chantiers en matière d'infrastructures, tels que les transports et les réseaux transeuropéens, en matière de santé et d'environnement. La nouvelle catastrophe écologique qui touche les côtes espagnoles, après celle qui avait touché les côtes françaises, démontre éloquemment la faiblesse des contrôles existants et la nécessité de dégager - enfin ! - des moyens pour la sécurité du transport maritime.
Une réflexion afin de définir de nouveaux principes directeurs pour la PAC est également nécessaire, si l'on veut que la production agricole européenne s'inscrive dans le développement durable et le respect de l'environnement, avec des prix rémunérateurs pour les agriculteurs.
S'agissant de la défense européenne, nous pensons qu'elle doit être autonome et ne pas se calquer sur le modèle et la stratégie des Etats-Unis. L'Union européenne doit privilégier, en s'appuyant sur les Nations unies, une solution politique à l'intervention militaire. Elle doit être respectueuse du droit international et du droit des peuples. Alors que les inspecteurs de l'ONU sont désormais en Irak et que les Etats-Unis ne cachent pas qu'ils veulent une intervention militaire, l'Union européenne doit garder son unité pour empêcher la guerre. Elle doit également montrer plus de dynamisme pour soutenir la solution juste dans le conflit israélo-palestinien.
L'Europe, par ses valeurs, doit encourager une mondialisation solidaire. Au lieu de les diminuer, elle devrait accroître, par ses actions extérieures, les crédits réservés au développement. Elle devrait oeuvrer pour un développement qui corrige le déséquilibre nord-sud et réduise les drames que sont la faim, l'ignorance et la maladie.
Compte tenu d'une nouvelle dégradation par rapport au budget de l'an dernier, que nous n'avions pas voté, le groupe CRC ne pourra approuver la contribution de la France au budget européen de 2003.
M. le président. La parole est à M. Robert Del Picchia.
M. Robert Del Picchia. Madame la ministre, je ne vais pas revenir sur tous les chiffres cités par notre rapporteur spécial et par M. le vice-président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne ; je me limiterai à quelques réflexion politiques et à quelques questions.
Je suis moins pessimiste que notre éminente collègue, Mme Danielle Bidard-Reydet, qui m'a précédé à cette tribune. Je considère pour ma part que la construction européenne a avancé à grands pas au cours des derniers mois, et je crois qu'il faut s'en réjouir.
Je citerai quelques exemples. Au mois d'octobre, M. Valéry Giscard d'Estaing, président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, a présenté l'avant-projet de Constitution européenne, les Irlandais ont répondu massivement « oui » au référendum sur le traité de Nice et dix pays candidats ont été jugés prêts à conclure les négociations d'adhésion lors du sommet européen de Copenhague de décembre prochain.
Bien sûr, cette perspective d'élargissement est une chance pour les Quinze, sur le plan tant politique qu'économique et culturel.
L'intégration européenne a assuré un demi-siècle de stabilité, de paix et de prospérité économique. Elle a contribué à la hausse du niveau de vie et à la construction d'un marché intérieur. Elle a donné naissance à l'euro, rappelons-le, et renforcé la présence de l'Union européenne sur la scène internationale.
Toutefois, l'élargissement qui portera l'Union à vingt-cinq Etats membres le 1er mai 2004 ne se fera pas sans conséquences budgétaires et une redéfinition de la participation des Etats membres au budget européen sera nécessaire.
Force est de constater que, depuis plusieurs années, la contribution française ne cesse de croître et que cette tendance n'est pas près de s'inverser.
Sur les 14 milliards d'euros annuels prévus entre 2004 et 2006 pour financer le coût de l'élargissement, la France devrait verser, me dit-on, 2,4 milliards d'euros dès l'an prochain.
Il faut rappeler que, en moyenne, le PIB par habitant, dans les dix pays qui devraient rentrer dans l'Union européenne en 2004, représente plus de 50 % de la moyenne des Quinze.
Dans combien d'années prévoyez-vous, madame la ministre - s'il est toutefois possible de le prévoir - que les nouveaux Etats membres auront rejoint la moyenne de l'Union européenne et que les vingt-cinq pays auront un PIB par habitant plus ou moins comparable ?
Faudra-t-il que pendant ce laps de temps la contribution des Quinze au budget de l'Union européenne croisse de façon substantielle ?
Quelle projection peut-on faire, en particulier sur la participation de la France pour les prochaines années ? C'est, me semble-t-il, le sujet qui nous intéresse tous.
Le moment semble opportun pour procéder à un juste rééquilibrage de la participation des pays membres au budget de l'Union européenne. Faut-il rappeler le récent différend qui a opposé la France au Royaume-Uni à propos du fameux « chèque britannique » ?
Le Royaume-Uni bénéficie depuis 1984 d'un mécanisme dérogatoire de correction qui lui permet de se faire rembourser par les autres Etats membres les deux tiers du déficit entre sa contribution au budget de l'Union européenne et les versements communautaires reçus !
La France doit financer à elle seule 30,4 % du mécanisme selon le projet de budget présenté pour 2003. Est-il prévu de mettre fin un jour à cette exception britannique dont on ne comprend plus très bien les justifications objectives ?
On constate, depuis 1989, le manque de fiabilité des prévisions communautaires, qui conduit à des prélèvements lourds pour les Etats membres avec, en parallèle, une sous-exécution des crédits de paiement, des fonds structurels en particulier.
Peut-on espérer que les nouveaux mécanismes de gestion de ces fonds structurels mis en place en juillet dernier par le gouvernement français seront en mesure d'avoir une action efficace sur la consommation des crédits ? Peut-on espérer aussi, comme l'a dit Mme Bidard-Reydet, une utilisation réelle et pleine du FED, le fonds européen de développement, dont le budget n'est utilisé qu'en partie, faute de projets concrets ?
Pour en revenir à l'élargissement, madame la ministre, je ne peux manquer d'évoquer le problème de la Turquie en ma qualité de chargé du suivi du processus d'adhésion au sein de la délégation pour l'Union européenne du Sénat. M. Tayyip Erdogan, aujourd'hui à Paris, doit aussi s'entretenir avec le Président de la République. La question est donc d'actualité.
Lors du Conseil européen de Bruxelles, fin octobre, la Turquie a été fortement encouragée à poursuivre son processus de réformes. Les remarquables progrès accomplis montrent la volonté et la capacité d'évolution du système politique turc. Il est bien sûr trop tôt pour affirmer que le nouveau gouvernement persévérera dans cette voie, mais tel semble être l'engagement qui a été pris.
Lors du sommet de l'OTAN qui s'est tenu la semaine dernière, le Président de la République, M. Jacques Chirac, a affirmé que la Turquie avait « toute sa place en Europe », même si elle avait encore des progrès à faire pour remplir les critères européens en matière de droits de l'homme en particulier.
Le commissaire européen à l'élargissement, M. Günter Verheugen, a cependant déclaré, après les récentes élections qui ont porté les islamistes au pouvoir, que la question de l'adhésion de la Turquie ne deviendrait vraiment pertinente qu'à partir du moment où l'Union européenne aurait affaire à « une tout autre Turquie ».
Certes, aujourd'hui, le pays ne remplit pas pleinement les critères de Copenhague, mais, sur le principe, peut-on imaginer que le contexte culturel et religieux de la Turquie puisse être pris en compte lors de l'examen de l'étape suivante de sa candidature au sommet européen des 12 et 13 décembre prochain ?
La question des limites géographiques de l'Europe est certes soulevée, mais peut-être y a-t-il aussi des questions d'ordre budgétaire, liées au coût de l'élargissement. Nous ne pourrons, en tout cas, faire l'économie d'une réflexion.
La Convention sur l'avenir de l'Europe a par ailleurs examiné au mois d'octobre les conclusions du groupe de travail sur la subsidiarité.
Nous avons pu noter avec satisfaction la place donnée aux parlements nationaux dans le contrôle du principe de subsidiarité grâce au mécanisme d'« alerte précoce » qui peut être déclenché par chaque Parlement national ou par chaque chambre quand le Parlement est bicaméral.
Dans ce cadre, comment envisagez-vous les compétences respectives du Sénat et de l'Assemblée ? Les deux chambres devront-elles être saisies ? Un débat serait-il instauré successivement dans chaque chambre ? Une chambre primera-t-elle sur l'autre en cas de divergence d'appréciation ? Beaucoup de questions restent posées.
Par ailleurs, madame la ministre, on peut s'interroger sur la place du citoyen au sein de cette nouvelle Europe élargie.
En effet, l'avant-projet du traité constitutionnel, dans son article 5, institue et définit la citoyenneté de l'Union en ces termes : « Tout national d'un Etat membre est citoyen de l'Union. Il dispose d'une double citoyenneté, la citoyenneté nationale et la citoyenneté européenne, et utilise librement l'une ou l'autre, à sa convenance, avec les droits et les devoirs attachés à chacune d'elle. »
Le citoyen français devra-t-il se sentir plus citoyen européen que citoyen français ? Il faut rappeler que, sur les quelque deux millions de Français établis hors de France, près de la moitié résident dans l'Union européenne, ce qui me concerne directement en qualité de sénateur des Français établis hors de France.
Dans ce contexte, comment évoluera le statut des Français résidant dans l'Union européenne, qui sont dans une situation particulière puisque à la fois citoyens français et citoyens européen, mais aussi « Français établis hors de France » ? Continueront-ils à être considérés comme des « Français de l'étranger » ?
Enfin, à l'heure où l'élargissement est la première priorité, il ne faudrait malgré tout pas oublier la défense européenne. Après l'avancée franco-britannique de Saint-Malo, l'Europe de la défense a fait un nouveau grand pas voilà quelques jours à peine puisque, on le sait, la France et l'Allemagne ont présenté pour la première fois à Prague un projet commun à la Convention, en marge du sommet de l'OTAN.
Paris et Berlin ont d'abord proposé de créer une « Union européenne de sécurité et de défense » impliquant une solidarité face aux menaces comme le terrorisme. Ils ont ensuite évoqué la possibilité de mettre sur pied des « coopérations renforcées » dans le domaine militaire avec les Etats qui le souhaiteraient.
Comme cela a assez bien réussi pour l'euro, la France et l'Allemagne envisagent enfin de créer une « agence européenne de l'armement ».
D'une manière plus globale, les deux partenaires estiment qu'il est nécessaire de combler le retard de l'Union face aux Etats-Unis afin que la défense européenne ait toute sa place sur la scène internationale. Cela impliquera, bien sûr, une dépense budgétaire.
C'est dans ce nouvel état d'esprit, qui tend à faire avancer l'Europe dans le cadre des vues du Président de la République et du Premier ministre, que s'inscrit aujourd'hui la Convention.
Si les différentes questions évoquées aujourd'hui appellent quelques précisions, il n'en reste pas moins que la participation de la France au budget européen que vous nous proposez anticipe les grands objectifs de la future Europe élargie. C'est pourquoi, madame la ministre, certains de l'attention que vous porterez à la bonne exécution des crédits, nous voterons avec confiance la contribution de la France. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Aymeri de Montesquiou.
M. Aymeri de Montesquiou. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'Europe est, hélas ! perçue, parfois à juste titre, comme étant dirigée par une technocratie éloignée des préoccupations de nos concitoyens. Elle est jugée non démocratique, voire menaçante, par certains. L'Europe s'immisce trop souvent dans des domaines où elle n'a rien à faire, au mépris du principe de subsidiarité, et elle est absente là où on l'attend le plus. La belle machine dont on avait rêvé s'est grippée, l'élan a disparu, l'indifférence ou l'agacement l'ont supplanté.
Il est donc urgent de réconcilier les Français avec l'Europe, de retrouver l'espoir, l'enthousiasme et la volonté des pères fondateurs. Notre objectif d'une fédération d'Etats-nations doit permettre de « faire l'Europe sans défaire la France ».
Aujourd'hui, il importe de s'atteler à trois chantiers décisifs : il s'agit de réformer la gestion du budget européen, de redéfinir les priorités européennes et, enfin, de réconcilier les Français avec l'Europe.
L'accord, inattendu pour beaucoup, qui est intervenu entre le président Chirac et le chancelier Schröder sur la politique agricole commune, la PAC, est de première importance et mérite d'être salué pour au moins deux raisons.
Il démontre tout d'abord que le couple franco-allemand, malgré des désamours passagers, fonctionne et demeure décisif pour la réussite de la construction européenne. La conclusion de cet accord était la condition sine qua non à remplir pour lever les blocages relatifs au financement de l'élargissement.
Par ailleurs, le Président Jacques Chirac considère avec raison que notre culture, notre histoire, nos traditions sont profondément liées à un monde agricole qui constitue, de plus, un élément essentiel de notre économie. C'est pourquoi les deux délais qui nous sont accordés, le premier jusqu'à 2006 pour le maintien des aides agricoles, le second jusqu'à 2013 pour la stabilisation des dépenses agricoles réelles, nous permettront d'imaginer et de construire sereinement l'agriculture française de demain.
Parallèlement, notre premier chantier doit être la réforme de la gestion du budget européen. Nous devons absolument mettre fin aux distorsions de plus en plus graves qui apparaissent entre les prévisions et l'exécution du budget européen. Comme le souligne la Cour des comptes européenne, une non-consommation budgétaire très élevée, à hauteur de 15,4 milliards d'euros, a été relevée pour l'exercice 2001.
Madame la ministre, cette situation n'est pas acceptable, parce qu'elle est absurde. Les Etats, en effet, sont soumis dans le même temps à un ralentissement de l'activité économique et aux contraintes, même assouplies, du pacte de stabilité.
Cette situation est imputable, en partie, à une mauvaise gestion de la Commission, qui n'utilise pas, en particulier, tous les crédits de paiement des fonds structurels et des actions extérieures.
Elle est également imputable aux Etats membres, et ce pour deux raisons.
D'une part, s'agissant de la « gestion partagée », les systèmes de gestion des fonds communautaires structurels et agricoles sont défaillants et les contrôles exercés par certains pays sont insuffisants.
D'autre part, l'inertie juridique en matière de transposition des directives constitue un problème. A cet égard, je m'autorise à penser que ma proposition de loi constitutionnelle tendant à supprimer les retards dans les transpositions des directives communautaires a incité le Gouvernement à prendre, sous votre impulsion, madame la ministre, des mesures en ce sens. Je vous en remercie.
L'avant-projet de traité constitutionnel de la Convention sur l'avenir de l'Europe prévoit quant à lui, à juste titre, de créer, à l'article 38, des « ressources propres » pour l'Europe et réaffirme, à l'article 39, le « principe de l'équilibre budgétaire ». Nous approuvons également les réformes présentées dans le Livre blanc, à savoir la budgétisation par activité, la responsabilisation accrue des ordonnateurs et la rationalisation de la gestion. Nous observerons avec beaucoup d'intérêt leur mise en oeuvre.
Le deuxième chantier doit être la redéfinition des priorités de l'Europe. Je pense, en particulier, au budget consacré à la justice, qui ne représente que 2 % de la rubrique des dépenses liées aux politiques internes, ce qui me semble très faible au vu de l'importance qu'attachent nos concitoyens à ce domaine.
Cette redéfinition des priorités européennes doit aller de pair avec une volonté de « lisibilité » accrue de l'Europe, car les Français ont besoin de symboles fédérateurs pour régénérer leur patriotisme européen. Je pense, en l'occurrence, à la proposition de notre collègue Hubert Haenel d'instituer un haut représentant européen pour la justice et les affaires intérieures, ou à celle de notre collègue Denis Badré d'inciter la Commission européenne à cofinancer de façon majoritaire des projets emblématiques pour l'Europe.
J'en viens au troisième chantier : il convient de changer la perception de l'Europe par nos concitoyens. Il faut leur rappeler que la France est le premier bénéficiaire des politiques européennes, avec 12 milliards d'euros reçus en 2000. Néanmoins, il ne faut pas se limiter à cette vision comptable trop restrictive, qui risque d'exacerber les égoïsmes nationaux et de masquer les bénéfices communs, indirects et parfois non mesurables de l'intégration européenne. Ce sentiment d'appartenance, ce patriotisme européen ne pourront revivre que si l'on comble le « déficit démocratique » dont souffre l'Europe. Nous pourrons alors rendre vivante la « commuanuté de destins » européenne.
Européens convaincus, les membres du groupe du Rassemblement démocratique social et européen voteront la contribution française au budget communautaire. (Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur celles des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. le président. La parole est à M. Bernard Angels.
M. Bernard Angels. Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, j'ai eu à plusieurs reprises le plaisir d'intervenir dans ce débat, désormais rituel, qui nous permet d'apprécier le montant de la contribution française au budget communautaire, au regard des principales orientations budgétaires de l'Union européenne pour 2003.
On connaît les limites de cet exercice difficile. Les dernières conciliations avec le Parlement européen ne sont intervenues, en effet, que lundi soir, ce qui, on en conviendra, ne nous laisse que peu de temps pour nous prononcer sur un projet de budget communautaire définitif.
Aussi serait-il utile de nous interroger sur la possibilité de nous exprimer à l'avenir en séance publique dès les premières propositions de la Commission connues, et de discuter en amont des positions que le Gouvernement défendra devant le Conseil de l'Union européenne. Nous pourrions ainsi - c'est notre rôle de parlementaires -, nous faire les relais de cette position dans nos départements et susciter le dialogue avec les citoyens français et européens. C'est là une proposition qui m'est chère, madame la ministre, et dont la mise en oeuvre me semblerait de nature à donner plus de sens à notre appartenance européenne.
Je ne discuterai pas le montant même de la contribution française au budget communautaire, d'une part, parce que les précédents orateurs ont largement commenté les chiffres et donné les explications techniques qui s'imposaient, d'autre part, parce que j'estime que les politiques communes européennes valent bien que nous leur consacrions 1 % de notre budget. N'oublions pas, d'ailleurs, que la France restera, en 2003, le deuxième bénéficiaire net des fonds communautaires, malgré la mise en oeuvre de la décision « ressources propres », qui ne lui est pas favorable.
Chaque jour, des fonds européens permettent d'améliorer concrètement la vie des Français. Je profite ainsi de l'occasion qui m'est donnée pour vous demander, madame la ministre, des précisions sur les fonds d'urgence qui ont pu être mobilisés afin d'aider les sinistrés des dernières inondations du sud-est de la France. Pouvez-vous nous indiquer, madame la ministre, quelles sommes pourront être débloquées au profit des habitants du Gard, mais aussi de ceux du Vaucluse et de l'Hérault, eux aussi très durement touchés ? Voilà bien, en effet, une illustration de ce que l'Europe peut apporter dans la vie quotidienne de nos concitoyens.
Pour autant, je reste réaliste et j'ai, tout comme vous sans doute, mes chers collègues, le souci de remédier au fait que la France ne consomme pas assez ou consomme mal les crédits européens qui sont gérés localement. En effet, il ne faudrait pas que cette « sous-consommation » soit le prétexte à des économies aveubles. Ce risque n'est pas à écarter.
Je ne doute pas que nous trouvions, comme nous avions déjà commencé à le faire sous le gouvernement de M. Jospin, des solutions tendant à plus d'efficacité, de lisibilité et de démocratie.
Vous comprendrez donc que je souhaite que cette analyse ne soit pas limitée aux seuls fonds structurels. Un inventaire très précis des conditions d'utilisation des crédits de la PAC, qui constitue l'essentiel de notre bénéfice européen, devra ainsi être établi, et ce sans tabou aucun. Nous ne pouvons, mes chers collègues, faire l'économie de ces réflexions si nous souhaitons aborder efficacement les prochaines négociations sur les perspectives financières.
J'en viens maintenant à mon second point : si je n'ai pas d'états d'âme s'agissant de notre « 1 % européen », je suis beaucoup plus réservé à l'égard du budget communautaire pour 2003.
On nous présente, à juste titre - M. le rapporteur spécial l'a fait avant moi -, ce budget comme « le » budget de transition, précédant l'élargissement de l'Union européenne à vingt-cinq membres. Pourtant, ce budget est avant tout placé sous le signe de la maîtrise à tout prix de la dépense communautaire, de la chasse aux marges de manoeuvre budgétaires, et ce dans un seul dessein affirmé : faire face au financement à très court terme de l'élargissement de l'Union européenne.
Certes, les résultats sont là : les dépenses communautaires se situent bien en deçà du plafond de 1,27 % défini à Berlin, et nous sommes désormais assurés de pouvoir financer l'intégration de futurs membres de l'Union, du moins dans un premier temps.
Est-ce là, pour autant, une vraie source de satisfaction ? Ce « sacrifice » budgétaire doit-il tenir lieu de projet européen ? Est-ce là la seule perspective que nous sommes en mesure de proposer aux peuples de l'Europe, qu'il s'agisse de ceux des pays membres ou de ceux des pays candidats ? Je ne le crois pas et, pour ma part, je ne le souhaite pas !
L'élargissement de l'Union européenne est une aventure enthousiasmante, que je soutiens sans réserve. L'Europe unie est, à mes yeux, à la fois une belle revanche sur l'histoire, un facteur de paix et de stabilité et un pari sur l'avenir.
Pour autant, l'Europe unie n'est pas une fin en soi. L'élargissement est non pas le terme de la construction européenne, mais un moyen d'action au service d'ambitions communes.
En ce qui me concerne, je refuse de limiter l'« Europe unie » à une simple considération géographique. L'Europe unie est un projet vivant, que nous devons confronter aux réalités, faire évoluer et alimenter sans cesse : c'est là tout le sens de la construction européenne que j'appelle de mes voeux.
Nous ne manquons pas d'objectifs politiques susceptibles d'unir et de mobiliser les Européens.
J'en veux pour exemple les actions en faveur de la croissance et de l'emploi. Tandis que l'Europe, toute l'Europe, se trouve confrontée à un ralentissement de sa croissance, nous aurions souhaité trouver, dans ce projet de budget, des mesures d'envergure permettant de recréer les conditions de la croissance et de la confiance, de relancer les investissements, d'encourager l'action des PME, d'assurer l'égalité des chances, de soutenir plus encore la formation continue.
Une autre ambition commune tient à la place de l'Europe dans le monde. On ne peut, d'un côté, vouloir faire de l'Europe des Vingt-Cinq une concrétisation de l'« Europe puissance », et, de l'autre, consacrer 4 % des dépenses communautaires à des actions extérieures diffuses et sans grande visibilité. Il y a là une contradiction majeure, qu'il est urgent de résoudre.
C'est là tout le sens des réserves que j'ai formulées sur ce projet de budget. Nous savons que l'élargissement a un coût, qui sera sans doute - et je rejoins sur ce point l'intervenant précédent - supérieur à 0,08 % du budget communautaire, chiffre initialement annoncé par la Commission européenne. Sommes-nous prêts à en accepter toutes les conséquences ?
Il y a tout juste cinquante ans, Jean Monnet faisait le pari que la Communauté économique du charbon et de l'acier constituerait le fondement de la construction politique européenne. Tirant les enseignements de notre histoire commune, nous devons garder à l'esprit que, sans une union économique volontariste et décemment financée, l'aventure européenne risque de s'éteindre. Avons-nous aujourd'hui le droit de décevoir, en nous satisfaisant de modestes aménagements financiers, celles et ceux qui veulent nous rejoindre ?
L'Europe a besoin, aujourd'hui plus que jamais, d'une coordination efficace des politiques économiques européennes, l'Europe a besoin d'un gouvernement économique européen, l'Europe a besoin d'un véritable budget européen.
M. Denis Badré, rapporteur spécial. Très bien !
M. Bernard Angels. Etes-vous prête, madame la ministre, à défendre ces priorités ? Bien entendu, comme vous vous en doutiez, le groupe socialiste votera l'article 33 du projet de loi de finances. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur certaines travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. Denis Badré, rapporteur spécial. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, que je suis heureux d'accueillir à cette tribune, dans cette maison qu'elle connaît bien !
Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, monsieur le vice-président de la délégation parlementaire pour l'Union européenne, mesdames, messieurs les sénateurs, je suis particulièrement heureuse, pour les raisons que vous venez d'évoquer, d'être parmi vous aujourd'hui pour vous proposer d'approuver le prélèvement sur recettes au profit du budget communautaire.
Au-delà du débat sur ce prélèvement, qui représente 6,3 % de nos recettes fiscales nettes, ce rendez-vous annuel avec la Haute Assemblée nous est particulièrement utile pour définir l'orientation de la politique européenne de la France.
Plusieurs orateurs l'ont souligné : ce débat est tout particulièrement important aujourd'hui, à la veille de deux échéances décisives, pour ne pas dire vitales, qui sont d'ailleurs liées : l'élargissement de l'Union européenne, d'une part, l'élaboration d'une nouvelle Constitution dans le cadre des propositions de la Convention sur l'avenir de l'Europe, d'autre part.
Je voudrais, tout d'abord, remercier très chaleureusement M. Badré, rapporteur spécial qui est, en France, l'un des meilleurs connaisseurs non seulement des politiques européennes, mais également des grands enjeux de l'avenir de l'Europe.
M. Aymeri de Montesquiou. C'est vrai !
Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée. Je constate, monsieur le rapporteur spécial, que vous vous livrez aujourd'hui pour la huitième fois à cet exercice de présentation de la contribution française au budget des Communautés européennes.
M. Denis Badré, rapporteur spécial. Je ne m'en lasse pas ! (Sourires.)
Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée. Croyez bien, monsieur le rapporteur spécial, que tant vos suggestions que vos observations seront prises en compte par le Gouvernement.
Je voudrais également remercier M. Lanier, vice-président de la délégation parlementaire pour l'Union européenne, délégation avec laquelle j'ai le privilège d'avoir des contacts très étroits et très réguliers. Ces échanges me permettent d'étudier plus en profondeur les questions que soulève la politique européenne de la France.
Je tiens enfin remercier l'ensemble des orateurs de leurs interventions de très grande qualité et de leurs questions très pertinentes.
Je vais maintenant vous faire part, mesdames, messieurs les sénateurs, de nos préoccupations s'agissant de l'avenir de l'Europe et essayer de répondre à vos interrogations. Réussir l'élargissement, construire une Europe plus forte, plus démocratique et plus lisible pour les citoyens, donner à l'Europe les moyens de ses ambitions politiques grâce à un budget communautaire plus en rapport avec celles-ci : tels sont les thèmes sur lesquels je voudrais revenir.
En ce qui concerne plus précisément le budget, que l'on me permette tout d'abord de dresser un bref panorama des enjeux. Comme cela a déjà été souligné, sa progression est apparemment modérée, la contribution française pour 2003 étant de 15,8 milliards d'euros. Cette dernière paraît même être en régression par rapport à la loi de finances initiale de 2002, en raison de prévisions de solde divergentes.
Le moindre dynamisme du budget communautaire correspond, comme l'a fort justement souligné M. Badré, à des facteurs plus conjoncturels que structurels, mais il est bienvenu dans la période actuelle. Le montant total des ressources propres inscrit dans le projet de budget des Communautés européennes pour 2003 est légèrement inférieur à 100 milliards d'euros, soit 1 % du PNB communautaire : je crois qu'il faut souligner, à l'adresse de nos concitoyens, que la charge reste modeste.
Ce projet de budget s'articule autour de sept rubriques, dont les deux premières, relatives à la politique agricole commune, d'une part, et aux fonds structurels, d'autre part, revêtent pour nous une très grande importance et représentent 80 % des dotations.
L'enjeu du financement de la politique agricole commune est simple : il s'agit de maintenir les ressources de la principale politique commune de l'Union, une politique qui constitue un grand succès, y compris au regard des engagements financiers qu'elle a exigés, une politique qui profite particulièrement à notre pays, cela est vrai, mais aussi à l'Europe tout entière, et il convient d'insister sur ce point. L'objectif du maintien de la PAC est rempli pour ce qui est du budget 2003 qui vous est présenté, avec une progression de 1,3 % des dépenses agricoles. Pour le moyen terme, vous le savez, le Conseil européen de Bruxelles, après l'accord franco-allemand, permet de sauvegarder la politique agricole commune pour les années à venir. J'y reviendrai tout à l'heure.
Les fonds structurels, deuxième poste du budget de l'Union, représentent 34 % des dépenses. C'est aussi une politique extrêmement importante, qui participe d'ailleurs à une meilleure visibilité de l'Europe. Il y a une sous-exécution des fonds structurels, qui n'est pas acceptable. Elle est imputable à un échéancier bien trop optimiste, mais, surtout, à des lourdeurs administratives, à Bruxelles, c'est vrai, mais à Paris principalement. C'est une source d'insatisfaction : d'une part, pour l'autorité budgétaire qui vote de ce fait des budgets qui ne sont ensuite réalisés qu'en faible partie ; d'autre part, pour les élus locaux, surtout - et là est l'essentiel -, qui souffrent de délais trop longs dans la mise en oeuvre de leurs projets.
A cet égard, je partage pleinement les critiques qui ont été formulées par plusieurs orateurs, notamment par M. de Montesquiou.
Le budget qui vous est présenté constitue, vous l'admettrez, un effort de réalisme, puisque nous avons limité l'augmentation du budget. En outre, le Gouvernement français s'est engagé dans une réforme, que nous voulons mettre en oeuvre le plus tôt possible et que nous souhaitons la plus efficace possible, visant à une meilleure gestion déconcentrée des fonds structurels, notamment avec une expérimentation de décentralisation qui est menée en Alsace. Nous espérons très vite pouvoir tirer des enseignements bénéfiques des mesures qui ont été prises. Nous éviterons ainsi que les crédits non dépensés ne soient retirés. Nous éviterons aussi que des sanctions découlant de la règle dite du dégagement d'office ne nous soient infligées. Ce risque a été anticipé et ne concerne que les régions dites d'objectif 1, c'est-à-dire la Corse et les départements d'outre-mer, pour l'échéance du 1er janvier 2003.
Venons-en aux politiques dites internes, qui constituent la troisième rubrique du budget communautaire. Avec quelque 6,7 milliards d'euros, elles représentent 6 % du budget total.
Il s'agit effectivement d'un ensemble composite. Au sein de celui-ci, nous devons affirmer très fortement deux priorités.
La première, c'est la recherche. Chacun est conscient que, sans recherche, sans innovation, une civilisation, une société décline. C'est la raison pour laquelle nous accueillons très favorablement l'adoption récente du sixième programme-cadre européen de recherche et de développement, qui représente désormais, nous nous en félicitons, deux tiers de la dotation des politiques internes. Il marque un souci bienvenu de développer ce qu'il appelle des « réseaux d'excellence » à l'échelon européen. Cependant, l'adoption de ce budget s'est faite au prix d'un moratoire, car la recherche, dans les sciences de la vie tout particulièrement, porte sur des domaines extrêmement sensibles. Ce moratoire porte sur le financement européen des recherches sur les cellules souches embryonnaires, dans l'attente d'une analyse éthique plus approfondie de ces recherches. En 2003, auront lieu plusieurs grands débats éthiques : en France, avec la révision de la loi sur la bioéthique - enfin ! -, et en Allemagne, mais également en Espagne - nous l'avons appris hier au sommet de Malaga -, et dans le cadre de la conduite des recherches au niveau communautaire. Nous devons nous en féliciter. Le Sénat s'est toujours montré très sensibilisé à ces débats éthiques.
La seconde priorité, ce sont les réseaux transeuropéens. Je sais, monsieur Badré, que vous êtes très sensible à ce domaine, qui est évidemment un des domaines les plus structurants au niveau de la construction européenne, de l'aménagement du territoire à l'échelle de l'Europe et des liaisons entre les Etats, entre les bassins d'emploi et entre les bassins économiques de l'Europe. Ces réseaux concernent les transports et l'énergie. Ils concernent également les télécommunications. Vous avez eu raison, monsieur Badré, de souligner la faiblesse des crédits alloués à ce secteur - à peine 0,7 % du budget communautaire -, même s'ils augmentent légèrement.
En tant que grand pays de transit, la France a, et nous en sommes conscients, un rôle majeur à jouer pour dynamiser ces réseaux transeuropéens, qui ont un rôle dans le fonctionnement du marché intérieur et qui sont d'un intérêt vital pour la croissance économique.
La circulation par notre territoire du fret routier, du fret ferroviaire ou de l'électricité, pour ne citer que ces cas, a effectivement un intérêt vital.
Nous souhaitons que, à terme, les réseaux transeuropéens puissent bénéficier de crédits plus importants qu'aujourd'hui, notamment pour des grands projets d'infrastructures d'intérêt européen. Je citerai, par exemple, l'axe Perpignan-Figueras et le TGV Est, qui sont actuellement handicapés par la faiblesse des ressources nationales. Ces infrastructures, qui ont, si je puis dire, une rentabilité qualitative, ne sont pas profitables à court terme sur le plan quantitatif. Ce sont des projets d'intérêt général communautaire, comme nous nous efforçons de le faire comprendre à nos partenaires. Nous nous heurtons à certaines résistances et rencontrons des réticences, mais nous entendons poursuivre hic et nunc notre entreprise de persuasion pour que les réseaux transeuropéens deviennent une véritable priorité communautaire, selon votre souhait, monsieur le rapporteur spécial.
Les actions extérieures de l'Union européenne, regroupées dans la quatrième rubrique, s'établissent, en crédits d'engagement, à 4,9 milliards d'euros. Cette rubrique n'est pas négligeable. Elle permettra notamment de financer des actions de l'Union dans les Balkans, comme la mission de police en Bosnie qui débutera en janvier. S'agissant de la politique étrangère et de sécurité commune, il faut se réjouir du dialogue entre les deux branches de l'autorité budgétaire - le Parlement européen et le Conseil -, qui a permis de parvenir, le 25 novembre dernier, à un accord au terme d'un débat dans lequel le Parlement européen a d'ailleurs revendiqué plus de compétence, une compétence politique sur la PESC. Monsieur Lanier, cette compétence n'appartient pas au Parlement.
Néanmoins est posé le problème d'une extension, d'un renforcement de la PESC, dont le budget, qui s'élève à 35 millions d'euros, est actuellement minime.
La cinquième rubrique concerne les dépenses administratives, qui représentent 5,4 % du budget communautaire. L'approche de l'élargissement avait conduit les institutions communautaires à solliciter une hausse très importante du budget administratif mais, dans le cadre d'une approche maîtrisée des dépenses, le Conseil a retenu une hausse plus modeste, que le Sénat, à travers la résolution déposée au mois de juillet par M. Badré, avait lui-même proposée. Ainsi, la hausse des dépenses administratives est limitée à 3,6 %, tandis que les institutions ont été incitées à préparer l'élargissement, pour l'essentiel, par un redéploiement des moyens. De même que nous pensons à une réforme de l'Etat, une réforme des moyens des institutions communautaires est engagée à l'occasion de l'élargissement, ce qui est positif.
La dernière rubrique regroupe les aides de préadhésion. Dotées en crédits d'engagement d'un peu plus de 3 milliards d'euros, ces aides sont destinées à favoriser le rattrapage économique des pays candidats. C'est un investissement essentiel, à long terme, qui commence à produire ses fruits, pour la prospérité de ces pays qui connaissent, comme vous le savez, un taux de croissance important, évalué à plus de 4 % pour 2003. C'est également un investissement essentiel pour la prospérité de l'ensemble des pays de l'Union. J'y reviendrai, monsieur Angels.
Je terminerai ce tour d'horizon budgétaire par un événement qui modifie l'exécution budgétaire pour 2002 et qui la modifiera peut-être en 2003 : les catastrophes naturelles, qui ont été évoquées par plusieurs d'entre vous, notamment par M. Angels.
Il faut se féliciter de la réaction rapide de l'Union face aux événements tragiques qu'ont connus, dans un premier temps, plusieurs pays de l'Europe centrale, puis notre pays. Les fonds structurels et les crédits de préadhésion ont en effet pu, de manière souple et rapide, être réorientés afin de reconstruire les zones sinistrées, ce qui vaudra pour les trois départements que vous avez cités, monsieur Angels. L'ampleur des inondations a en outre suscité la mise en place d'un instrument nouveau, un fonds européen spécifique, doté d'un milliard d'euros. Celui-ci joue à plein dans deux cas : d'une part, lorsque les Etats membres sont confrontés, comme cela a été le cas en Allemagne ou en Autriche, à des tragédies d'ampleur exceptionnelle dépassant un certain seuil ; d'autre part, lorsqu'il est nécessaire de compléter la réorientation des fonds par des interventions plus mesurées, au cas par cas. Au titre de ce fonds, les sinistrés du Gard vont pouvoir bénéficier de 22 millions d'euros. Ce mécanisme, qui s'ajoute à la solidarité nationale et aux dispositifs d'assurance qui existent dans nos pays, constitue, à l'évidence, un exemple concret de solidarité européenne. Il a joué pour les Etats membres comme pour les Etats candidats, ce qui montre bien que l'Europe élargie est déjà en grande partie une réalité.
J'en viens à l'élargissement.
Dans moins d'un mois, les négociations d'adhésion des six nouveaux membres de l'Europe pour le 1er mai 2004 devraient s'achever. Le traité unique d'adhésion devrait être signé à Athènes, le 16 avril 2003. Ainsi, les citoyens des futurs partenaires de l'Europe pourront, en principe, participer aux élections européennes de juin 2004.
Ce cinquième élargissement, le plus important, à la fois quantitativement et politiquement, quinze ans après la chute du mur de Berlin, tourne la page de la division du continent ; c'est donc une date historique. Nous devons - et c'est l'esprit dans lequel le Gouvernement conduit ces négociations en vue de l'élargissement - l'envisager avec tout l'enthousiasme que justifie le retour de nos nouveaux partenaires dans la famille de l'Union, dans la famille des démocraties de l'Union européenne.
Après le résultat positif du second référendum irlandais sur la ratification du traité de Nice, le Conseil européen a, dans la dynamique ainsi créée, levé les derniers obstacles véritables à la conclusion des négociations. L'accord préalable entre le Président de la République française et le Chancelier allemand a permis de dégager une position à laquelle les treize autres partenaires de l'Union se sont ralliés sans hésitation. Il s'agit d'une position commune sur le « paquet » financier de l'élargissement. C'est la base de la négociation qui sera conclue les 12 et 13 décembre prochain à Copenhague, et qui porte sur trois points.
Le premier, c'est l'octroi des aides directes aux agriculteurs des futurs Etats membres, qui était essentiel pour eux compte tenu de l'importance de cette population dans la plupart de ces pays.
Le deuxième point, c'est l'offre de l'Union aux candidats pour des actions structurelles. L'exemple de l'Espagne montre, à l'évidence, l'importance que revêt, pour l'intégration à l'Union, les actions menées sur le terrain du développement régional.
Le troisième point, c'est la compensation budgétaire qui sera accordée aux nouveaux membres dont le solde net viendrait à se dégrader au moment de l'adhésion par rapport au montant des aides de préadhésion perçues en 2003. Lors de mes contacts très fréquents avec mes homologues des pays candidats, j'ai pu observer qu'ils craignaient d'être des contributeurs nets. En effet, la difficulté est aussi, pour eux, de « vendre », si je puis dire, à leurs opinions publiques tout l'intérêt de l'élargissement. Or une contribution nette ne leur permettrait pas de promouvoir, comme ils le souhaitent, leur future adhésion à l'Europe.
Par ailleurs, et cela a été acté à Bruxelles, un principe de globalité a été posé de manière générale par une référence à la discipline budgétaire que chaque pays doit consentir. Soutenue par la France et par l'Allemagne, cette approche pèsera sur la négociation des prochaines perspectives financières 2007-2013, prévue en 2006 et, pour la première fois, je le redis ici, la question de la compensation britannique est clairement sur la table.
S'agissant de l'agriculture - je serai brève puisque cela a déjà été dit - le Conseil européen a pris plusieurs décisions. Il a décidé l'accroissement progressif des aides directes agricoles aux nouveaux Etats membres d'ici à 2013. Il a également décidé une stabilisation du budget du premier pilier de la politique agricole commune - dépenses de marché et aides directes - en euros constants, avec, néanmoins, la prise en compte d'un taux d'inflation évalué à 1 %, ce que demandaient notamment les Pays-Bas, puisque, à l'origine, était envisagé 1,5 %. Enfin, le Conseil a décidé la sauvegarde de la conception actuelle de la PAC. La France ne souhaite pas une révision anticipée de cette politique commune, qui fragiliserait inutilement notre agriculture dans le contexte actuel. Nous souhaitons donc - et cela a été acté - maintenir l'échéancier des accords qui ont été passés à Berlin sur le « paquet » financier de la PAC jusqu'à la fin de 2006.
Cet accord a ainsi permis de réaffirmer ce calendrier, de recadrer l'exercice technique de la revue à mi-parcours, qui devra intervenir prochainement, et, surtout, de faire échec à la volonté de certains de nos partenaires de provoquer, à la hâte et de manière anticipée, une réforme radicale de la PAC en tirant prétexte de l'élargissement et, surtout - mais la tâche est devant nous -, en s'appuyant sur les débats qui auront lieu dans le cadre des négociations de l'Organisation mondiale du commerce, le cycle de Doha, s'agissant des rapports entre les pays en développement et l'Europe. Le sujet est posé et je retiens les suggestions faites par certains d'accentuer l'oeuvre de l'Union européenne d'aide à ces pays dans le cadre des accords ACP, Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Il s'agit, certes, d'une logique légèrement différente, mais elle s'inscrit aussi dans les préoccupations qui sont les nôtres s'agissant des liens de coopération avec les pays en développement.
En ce qui concerne les actions structurelles et la compensation budgétaire, le Conseil européen a décidé que l'offre de l'Union aux candidats pour les fonds structurels s'élèverait à 23 milliards d'euros pour la période 2004-2006, soit 2,5 milliards d'euros de moins que la proposition de la Commission, et que les candidats auraient droit à une compensation par la dépense s'ils devaient se trouver contributeurs nets. Ces paiements seront dégressifs et temporaires. Sur cette période, je le dis notamment à l'attention de Mme Bidard-Reydet, les nouveaux entrants de l'Union, y compris la Slovaquie, seront donc gagnants en termes budgétaires.
Qu'en est-il du coût de l'élargissement ? On peut dire qu'il est modéré. Il est théoriquement - c'est la somme qui a été arrêtée - de 25 milliards d'euros pour les engagements de la période 2004-2006, dont 5 milliards d'euros à la charge de la France. Vous le constatez, cette participation est modérée eu égard à notre contribution annuelle au budget de la Communauté. La dépense devrait même être inférieure, puique près de 2 milliards d'euros seulement seront effectivement déboursés par le budget national d'ici à 2006, soit moins de 1 milliard d'euros par an. Au-delà, le coût dépendra, bien sûr, de l'issue des prochaines négociations financières, qui porteront sur la période 2007-2013. Comme MM. Lanier et Del Picchia l'ont fort bien dit, si l'élargissement a un coût budgétaire, celui-ci doit être assumé, car il est pleinement compensé par les bénéfices de la réunification du continent en termes de paix et de prospérité, et donc d'obtention de nouveaux débouchés pour nos entreprises. Celles-ci ont déjà très largement investi dans ces pays. Nous sommes, par exemple, le premier investisseur en Pologne. L'expérience de l'Espagne montre que le rattrapage des pays se fait à une vitesse accélérée. C'est l'affaire de plus d'une dizaine d'années. Peut-être le rattrapage complet ne sera-t-il effectif que dans quinze ou vingt ans. Je rappelle que, depuis 1970, pour prendre l'exemple de l'Espagne qui avait ce rattrapage à effectuer, les parts de marché de la France dans ce pays sont passées de 2,5 % à plus de 9 %.
Les conclusions du Conseil européen de Bruxelles laissent, vous le constatez, une marge très réduite de négociation. Les pays candidats, c'est, à mes yeux, un signe très encourageant, font preuve de compréhension et de réalisme. Ils sont parfaitement conscients des limites de l'engagement financier possible des pays qui les accueillent.
Les discussions se concentrent essentiellement sur le volet budgétaire et sur l'agriculture.
Sur ce dernier point, les pays candidats savent parfaitement que seuls sont envisageables des ajustements limités, portant notamment sur les quotas laitiers et sur la possibilité pour les futurs membres, pendant la période de montée en puissance des aides directes agricoles, d'abonder à l'échelon national les aides perçues par leurs agriculteurs. Nous leur permettons donc d'octroyer 100 % des aides, au lieu de les limiter à 25 % la première année et de les augmenter ensuite de 5 % par an jusqu'à la fin de 2006.
Le Conseil européen devrait par ailleurs adresser un signal politique fort à la Bulgarie et à la Roumanie, qui ont fait des efforts tout à fait considérables depuis quelques années pour intégrer l'acquis communautaire. Les Français seront particulièrement attentifs à ce que ce signal comporte comme objectif l'année d'adhésion 2007. Nous souhaitons que le message soit véritablement encourageant pour ces pays, qui sont un peu « laissés au bord de la route » et qui, vous le savez, sont de grands amis de la France. En Roumanie par exemple, qui compte 22 millions d'habitants, plus du quart de la population parle le français.
Nous veillerons néanmoins, pour ces pays comme pour les autres, à ce que la mise en oeuvre de l'acquis communautaire se fasse de manière très stricte, en insistant tout particulièrement sur le volet justice-affaires intérieures. Ainsi, la mise à niveau des capacités juridictionnelles, notamment en termes de formation des magistrats, nous paraît essentielle au bon fonctionnement du marché intérieur et, pour la Bulgarie et la Roumanie, à la bonne conduite des démarches en vue de l'adhésion. Le suivi de ce volet devrait d'ailleurs être assorti d'une augmentation des aides de pré-adhésion pour ces deux pays.
Au-delà de la conclusion des négociations avec les dix pays candidats, au-delà même du message qui devra être adressé à la Bulgarie et la Roumanie, la préparation du Conseil européen de Copenhague, vous le savez, porte sur deux autres questions beaucoup plus sensibles, celle du règlement de la crise chypriote, d'une part, et celle de la détermination de la prochaine étape de la candidature de la Turquie, d'autre part.
S'agissant de Chypre, le plan de règlement global qui a été présenté le 11 novembre dernier par le secrétaire général des Nations unies laisse entrevoir, pour la première fois depuis longtemps, une possibilité réelle de mettre enfin un terme à une division de l'île qui est un non-sens par rapport à l'idée de réconciliation qui est à la base même de la construction européenne. Vous le savez, l'Union européenne a toujours marqué sa préférence pour l'adhésion de Chypre réunifiée, sans toutefois faire de cette réunification un préalable absolu. Il faut maintenant espérer que les parties parviendront à un accord avant le sommet, avant le 12 décembre. Le délai imparti peut paraître court au regard de la durée du conflit, qui a commencé il y a plus de vingt-huit ans, mais tous les paramètres et toutes les solutions envisageables et acceptables sont connus : c'est maintenant la volonté politique qui doit être au rendez-vous, et la France en appelle très solennellement aux différentes parties pour la manifester.
Si, comme nous le souhaitons, les parties chypriotes parviennent à un accord, l'Union européenne devra le prendre en compte dans le traité d'adhésion et, en conséquence, débloquer une aide substantielle afin d'en accompagner la mise en oeuvre ; elle a déjà provisionné 206 millions d'euros à cet effet.
La question relative à la Turquie, M. Del Picchia l'a relevé, est particulièrement délicate, non seulement pour la France, mais aussi pour nos quatorze partenaires européens.
Quelles seront les prochaines étapes de la candidature de la Turquie, qui, rappelons-le, a été acceptée par le Conseil européen en 1999 ?
Nous sommes parfaitement conscients du souhait d'Ankara d'obtenir à Copenhague une date précise pour l'ouverture des négociations d'adhésion. Les dirigeants du nouveau parti au pouvoir, l'AKP, ont réaffirmé cet objectif avec force le jour même de leur victoire électorale, le 3 novembre dernier, et M. Erdogan, qui est reçu aujourd'hui par M. le Président de la République à l'Elysée, s'en entretiendra très certainement avec lui.
La condition qui est posée à la Turquie pour l'ouverture de ces négociations, comme aux autres pays - et comme d'ailleurs, avant elle, à tous les autres pays dont la candidature à l'adhésion à l'Union a été retenue -, est le respect des critères politiques définis à Copenhague en 1993.
La Turquie - le Conseil européen de Bruxelles l'a reconnu, et le Président de la République l'avait indiqué dans sa conférence de presse à Bruxelles le 25 octobre dernier - a fait des progrès extrêmement importants et tout à fait encourageants, bien qu'encore insuffisants. Nous prenons acte des deux facettes de l'évolution de ce pays.
Le nouveau gouvernement turc, c'est notre sentiment, devra donc être jugé sur son programme et sur ses actes. Nous prendrons également en compte sa volonté d'oeuvrer concrètement en faveur d'un règlement à Chypre et de lever, d'ici au sommet de Copenhague, les obstacles qu'il met encore aux arrangements permanents entre l'Union européenne et l'OTAN. Ces arrangements permanents sont en effet absolument indispensables à la conduite de l'opération que l'Union européenne souhaite conduire en Macédoine pour prendre la relève, le 15 décembre prochain, de l'opération Amber Fox, menée par les Etats-Unis encore aujourd'hui.
Il faut être clair : l'intérêt de l'Union est évidemment de renforcer l'ancrage européen de la Turquie ; mais elle n'a jamais transigé, et c'est un aspect tout aussi essentiel, sur le respect effectif des critères politiques de l'Etat de droit comme préalable à l'ouverture des négociations d'adhésion.
J'en arrive au troisième point : la Convention sur l'avenir de l'Europe. Comme l'a indiqué tout à l'heure M. le rapporteur spécial, il ne s'agit pas ici de conduire un débat sur cette Convention, et mon propos sera bref.
La Convention a ouvert une nouvelle phase extrêmement importante de ses travaux puisque, depuis quelques semaines, voire depuis quelques jours, se multiplient les contributions des Etats : la Belgique et les Pays-Bas sont intervenus ; le 15 décembre, les pays du Benelux feront connaître leur position par une contribution commune ; le 5 décembre, la Commission européenne fera elle-même part de ses propositions. La France, vous le savez, a déposé sur la défense des contributions élaborées avec son partenaire allemand, et des contributions franco-allemandes portant sur le volet justice-affaires intérieures sont également à l'étude et seront vraisemblablement présentées dans huit jours. Par ailleurs, M. de Villepin et M. Fischer préparent une déclaration conjointe sur l'avenir de l'Europe et l'architecture institutionnelle de la nouvelle Europe qui devrait être rendue publique à la fin du mois de janvier, à l'occasion de la célébration du quarantième anniversaire du traité de l'Elysée.
Toutes ces questions font l'objet de débats et, comme M. de Villepin le rappelait hier encore, lors du sommet franco-espagnol de Malaga, à son homologue Mme Ana de Palacio, elles restent ouvertes.
Les principales interrogations portent sur l'exécutif européen, sur le président du Conseil, sur le président de la Commission : faut-il un président unique pour ces deux instances ? Nous avons pris une option pour un président du Conseil, désigné par celui-ci à la majorité qualifiée, qui pourrait incarner sur la scène internationale l'idée d'une Union qui ait un poids dans le monde, mais cette proposition est très discutée et n'a pas reçu l'approbation de la majorité des Etats.
La question du futur ministre des affaires étrangères de l'Europe recueille un beaucoup plus large assentiment de la part de nos partenaires et des pays candidats, mais des incertitudes subsistent. Quel sera son statut ? Quels seront ses pouvoirs ? De quels moyens budgétaires diposera-t-il ?
La proposition de créer un Congrès, qui émanait du président de la Convention et que nous avons reprise parce qu'elle nous appararaissait comme une très bonne façon d'associer davantage les parlements nationaux à la démarche communautaire, n'a pas la faveur de nos partenaires. Nous insistons néanmoins sur le fait qu'il s'agissait non pas d'une nouvelle institution, mais de la réunion des parlements nationaux et des parlementaires européens pour débattre, notamment, de l'état de l'Union européenne. Mais cette question aussi reste ouverte.
M. Del Picchia a soulevé le problème de la défense : c'est pour nous une idée majeure, et nous progressons grâce à la formulation de propositions en matière de coopération renforcée et d'accroissement des capacités et des équipements militaires utiles à l'Europe. Ce point a été d'ailleurs abordé avec nos partenaires espagnols, hier encore, au sommet de Malaga.
Justice et affaires intérieures, coopération policière, parquet européen : toutes ces questions font également l'objet de larges conversations. Nos partenaires font preuve à cet égard d'une grande ouverture d'esprit, car qui dit espace de liberté dit aussi, malheureusement, espace de criminalité. Gouvernements ou parlements nationaux, nous avons tous le sentiment que l'Europe ne peut se construire que si nous renforçons très sensiblement la sécurité tant sur notre territoire qu'à nos frontières. Il est envisagé de déposer des propositions communes en la matière et de mener un travail avec, notamment, nos amis espagnols et nos amis hollandais.
En ce qui concerne la gouvernance économique, M. Lanier a souligné que les travaux de la Convention restaient tout à fait insuffisants. On ne peut pas créer une monnaie unique et s'arrêter au milieu du chemin, sans pouvoir assurer toute la stabilité nécessaire ni tirer tous les bienfaits de cette monnaie unique. Il faut une meilleure coopération, une meilleure coordination des politiques économiques et budgétaires. Là aussi, nos propositions vont assez loin, et nous cherchons à recueillir l'accord de nos partenaires, que ce soit pour mieux coordonner les grandes orientations économiques et les lignes directrices de l'emploi - la politique économique ne peut pas être aveugle -, pour conforter l'institutionnalisation de l'Eurogroupe, qui doit prendre des décisions, en obtenant qu'il soit au moins mentionné dans le traité, ou encore pour améliorer les mécanismes de surveillance de la discipline économique et budgétaire des Etats.
Nous menons actuellement des discussions approfondies sur tous ces sujets, et je dois dire que nous sommes souvent plus ambitieux que nos partenaires.
M. Denis Badré, rapporteur spécial. Très bien !
Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée. Nous souhaitons aussi élargir le champ des discussions pour inclure l'Europe sociale, l'Europe de la culture, l'Europe de la santé : tout ce qui permettra à l'Europe de devenir un élément de la vie quotidienne. La sécurité maritime en est un exemple.
Nous ne pouvons justifier l'oeuvre que nous accomplissons en construisant cette Union des Etats, cette Union des peuples de l'Europe, que si ces derniers en ressentent l'effet bénéfique sur leur vie quotidienne. C'est la raison pour laquelle nous avons déposé une contribution sur l'Europe sociale et obtenu de la Convention la création d'un groupe sur l'Europe sociale : il ne s'agit pas de transformer l'Europe en un simple marché de libre-échange susceptible d'entraîner, au contraire, une déstabilisation de la société et un approfondissement des inégalités.
M. Jean Chérioux. Très bien !
Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée. S'agissant d'une autre gouvernance économique, celle de la mondialisation, Mme Bidard-Reydet m'a interrogée sur le rapport de la Commission relatif à la taxe Tobin. Ce rapport, plutôt critique, a été rendu public en février dernier, et le Conseil Ecofin a adopté en mars des conclusions qui mettent l'accent sur l'importance de la lutte contre les abus de la mondialisation, sans toutefois, vous le savez, retenir sur la taxe Tobin.
Nous sommes très sensibles à tout ce qui a trait au développement durable, car la croissance, en effet, ne doit pas entraîner des ruptures et des dommages qui rendraient inacceptables les conditions mêmes de son accélération. Nous insistons donc tout particulièrement, y compris auprès de nos partenaires européens, sur les enjeux du développement durable.
Les travaux de la Convention nous donnent l'occasion de proposer une rénovation des procédures budgétaires, dont MM. Badré et Lanier ont à juste titre souligné à quel point elles empêchaient le consentement éclairé à l'octroi des ressources nécessaires au budget et, plus encore, au suivi de leur emploi, alors que l'un et l'autre figurent au coeur même de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Les résolutions que votre assemblée a déposées sur l'avant-projet de budget constituent une première réponse, et je suis heureuse que M. Angels ait souhaité que la Haute Assemblée puisse alimenter le débat, très haut en amont.
Nous sommes favorables à une telle rénovation, car il est effectivement nécessaire de revoir la procédure budgétaire européenne : elle est beaucoup trop ésotérique, qu'il s'agisse des dépenses obligatoires ou non obligatoires, d'ailleurs. Il est temps de les simplifier et de les rendre plus lisibles pour éviter une dilution des responsabilités qui irait à l'encontre tant de nos intérêts nationaux que de l'intérêt communautaire.
Nous souhaitons d'ailleurs, en soutenant la création d'un Congrès qui débattrait annuellement de l'état de l'Union, que figure à l'ordre du jour des travaux de cette instance une discussion sur les grandes orientations budgétaires de l'Union à laquelle pourraient participer les parlementaires nationaux des différents pays membres.
Vous avez eu raison de souligner, monsieur le rapporteur spécial, que l'impôt européen ne pourrait se concevoir, en l'absence de compétences nouvelles, qu'en remplacement d'une autre taxation nationale, et non comme une charge additionnelle. La majorité des pays ne souhaitent pas instaurer un tel impôt, mais une réflexion globale est engagée à laquelle nous participerons, bien sûr, très activement.
L'Europe doit rénover ses institutions, y compris en matière budgétaire. Le débat budgétaire est en effet la marque de l'adhésion à une communauté politique, et c'est la seule. Il s'agit là de l'un des grands enjeux de l'avenir de l'Europe.
L'autre grand enjeu qui a été souligné ici est celui de la citoyenneté et, surtout, du sentiment d'appartenance à l'Europe que nos concitoyens doivent éprouver. Nous ne pouvons pas conduire cette démarche européenne, qui est exigeante en termes de solidarité, sans que cette solidarité soit assumée par chaque citoyen et par chaque citoyenne. C'est la raison pour laquelle le Premier ministre lancera prochainement une campagne d'information et que, parallèlement, je me rendrai sur le terrain pour expliquer l'Europe, pour parler de l'Europe. J'ai également donné le départ, il y a quelques jours, à un convoi de jeunes qui vont se rendre dans toutes les régions et dans tous les territoires de France pour expliquer l'Europe qu'ils connaissent.
Mais il faut aller plus loin, tant il est vrai que l'on ne peut se contenter de campagnes d'information et de communication, et mener une réflexion plus approfondie sur la notion de citoyenneté européenne, comme l'évoquait M. Del Picchia. Cette notion figure déjà dans le traité de Maastricht de 1992, mais elle mérite d'être mieux éclairée, du fait de la circulation des ressortissants nationaux, notamment français, dans les différents pays de l'Union : les investisseurs, les travailleurs, les étudiants. Il faudra préciser la citoyenneté européenne, car elle rend son bénéficiaire titulaire de droits et d'obligations qui devront faire l'objet de débats et, pourquoi pas, être beaucoup plus clairement mentionnés dans le futur traité constitutionnel.
De même, nous souhaitons que la France soit exemplaire tant dans sa gestion des fonds structurels - j'ai évoqué ce point tout à l'heure - que par sa façon de respecter ses engagements à transposer les directives. En effet, il n'est plus possible que nous adhérions à des directives si nous ne sommes pas d'accord pour les transposer ensuite. Mieux vaut s'opposer à l'adoption d'une directive, en amont, plutôt que de résister à sa transposition quand il est trop tard et que cela nous expose à des procédures d'infraction. Vous le savez, nous sommes les champions européens du nombre de procédures d'infraction diligentées contre nous pour non-transposition des directives dans les délais !
A cet égard, je partage les suggestions que M. de Montesquiou avait formulées dans une proposition de loi, et le Gouvernement s'en est fortement inspiré, comme il s'est inspiré des débats du Sénat en prenant l'engagement que soit organisé régulièrement au Parlement, si possible chaque mois, un débat sur la transposition législative des directives européennes.
Il faut absolument que nous prenions nos responsabilités, car nous serons ainsi beaucoup plus forts pour discuter, voire pour nous opposer aux directives que nous ne souhaitons pas ensuite voir transposer.
En conclusion, je dirai que le débat d'aujourd'hui est essentiellement un débat budgétaire. Mais ce débat doit nous faire prendre conscience, à nous Français, en tant que pionniers de l'Europe depuis son origine - puisque cette construction tout à fait hors du commun qui est devenue l'Union européenne est un peu sortie, après la guerre, de l'imagination de nos concitoyens visionnaires, qu'il s'agisse de chefs d'Etat, de diplomates ou de ministres -, que la politique européenne requiert un véritable travail de pédagogie.
Ce travail a déjà commencé ici, au Parlement, par cette discussion sur les moyens de l'Europe et ses ambitions politiques. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 33.

(L'article 33 est adopté.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen de l'article 33 relatif à la participation de la France au budget des Communautés européennes.

Recettes des collectivités locales (suite)



M. le président.
Dans la discussion des articles de la première partie relatifs aux recettes des collectivités locales, nous en sommes parvenus à l'article 29.

Article 29



M. le président.
« Art. 29. - I. - L'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) est ainsi modifié :
« 1° Au I, les mots : "Pour chacune des années 1999, 2000, 2001 et 2002" sont remplacés par les mots : "Pour chacune des années 1999, 2000, 2001, 2002 et 2003" et les mots : "et 33 % en 2001 et 2002" sont remplacés par les mots : "et 33 % en 2001, 2002 et 2003" ;
« 2° Au II, les mots : "projets de loi de finances pour 2000, 2001 et 2002" sont remplacés par les mots : "projets de loi de finances pour 2000, 2001, 2002 et 2003".
« II. - Le IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986) est ainsi modifié :
« 1° Au onzième alinéa, les mots : "Pour chacune des années 1999, 2000, 2001 et 2002" sont remplacés par les mots : "Pour chacune des années 1999, 2000, 2001, 2002 et 2003" ;
« 2° Au douzième alinéa, les mots : "Pour les mêmes années" sont remplacés par les mots : "Pour les années 1999, 2000, 2001 et 2002".
« III. - Dans la première phrase de l'article 129 de la loi de finances pour 1999 précitée, l'année : "2002" est remplacée par l'année : "2003". »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-91, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et rattachée, est ainsi libellé :
« A. - A la fin du 1° du I de cet article, remplacer les mots : "et 33 % en 2001, 2002 et 2003" par les mots : "et 33 % en 2001 et 2002 et 50 % en 2003".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« - Les pertes de recettes résultant de l'indexation pour 2003 de la progression de l'enveloppe normée du contrat de croissance et de solidarité sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle au droit de consommation sur les tabacs visé à l'article 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-189, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« I. - A la fin du 1° du I de cet article, remplacer les mots : "et 33 % en 2001, 2002 et 2003" par les mots : "33 % en 2001 et 2002 et 50 % en 2003".
« II. - Supprimer le II de cet article.
« III. - Pour compenser la perte de recettes pour l'Etat du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« Les pertes de recettes pour l'Etat résultant de la fixation à 50 % de la croissance du produit intérieur brut du contrat de croissance et de solidarité sont compensées par la création d'une taxe additionnelle aux droit visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Gérard Miquel, pour présenter l'amendement n° I-91.
M. Gérard Miquel. L'amendement n° I-91 vise à porter à 50 % la part de la croissance éconmique retenue pour le calcul de l'évolution de l'enveloppe normée du contrat de croissance et de solidarité.
Un grand chemin a été parcouru sous la précédente législature, depuis le pacte de stabilité mis en place par Alain Juppé en 1996, pacte qui était caractérisé par une indexation sur l'inflation seule. Ainsi, en 2002, l'enveloppe normée est indexée sur 33 % du taux de croissance.
En 2001, comme les années précédentes, la majorité sénatoriale, avec votre appui, monsieur le rapporteur général, avait proposé de retenir 50 % du taux de la croissance. Il est pour le moins surprenant qu'elle ne renouvelle pas aujourd'hui cette demande alors que celle-ci serait particulièrement justifiée à la veille de nouveaux mouvements de décentralisation qui, comme les précédents, déstabiliseront les finances locales.
Le Gouvernement, pour sa part, affiche un discours volontariste sur la décentralisation, mais ce beau discours n'est pas suivi d'actes concrets en faveur des collectivités locales. Il se contente de reconduire le contrat de croissance et de solidarité sans accroître sa participation, alors qu'il prépare, par ailleurs, un transfert de charges sur les collectivités.
La gauche, lorsqu'elle était au pouvoir, avait réalisé 66 % du chemin vers l'indexation de l'enveloppe normée sur 50 % de la croissance. Pour le moment, la droite stagne, comme en 1996. Dès lors, au regard du bilan de la gauche, je n'ai aucun scrupule à défendre l'amendement n° I-91. J'espère que le Sénat saura remédier à la faiblesse du budget des collectivités locales pour 2003 en adoptant cet amendement comme il a adopté, en 2002, lors de l'examen du projet de loi de finances, l'amendement n° I-115 visant le même objectif. Cela lui permettrait de ne pas se déjuger en un an d'intervalle et de conforter, au-delà des clivages politiques, son rôle de représentant des collectivités locales, qui fait sa légitimité.
M. le président. La parole est à M. Thierry Foucaud, pour défendre l'amendement n° I-189.
M. Thierry Foucaud. Je reviendrai tout d'abord sur les amendements que nous avons discutés l'année dernière visant à prolonger le contrat de croissance et de solidarité d'un an ainsi que son indexation sur 50 % du taux de croissance du PIB.
Deux amendements émanant de la majorité sénatoriale avaient alors été déposés. M. Marini ait souligné que, pour la quatrième année consécutive, le Sénat demandait une prise en compte de 50 % et qu'il était logique de prendre en compte une part toujours plus grande du taux de croissance. Il relevait aussi qu'en 2002 le taux de croissance ne serait pas du même ordre de grandeur que celui des années précédentes et que la prise en compte du taux de 50 % ne représentait donc pas un immense sacrifice.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. C'était bien vrai !
M. Thierry Foucaud. Quant à M. Oudin, il était intervenu pour dire que les dotations n'étaient pas à la hauteur eu égard au rôle que les collectivités jouent dans l'économie nationale.
Tels sont les propos que vous avez tenus l'année dernière, mes chers collègues, et que nous approuvions, parce qu'ils répondaient aux attentes des élus locaux. Aujourd'hui, vous remettez en cause ce choix, tandis que nous, nous continuons à défendre notre position.
Nous nous sommes opposés - vous le savez - au pacte de stabilité, nous avons refusé la logique du contrat de croissance, tout en en appréciant, bien sûr, le caractère plus généreux que celui du pacte de stabilité, et, chaque année, nous avons demandé une indexation sur 50 % de la croissance, ainsi que la fin des ponctions sur la dotation de compensation de la taxe professionnelle, la DCTP.
C'est ce que nous proposons encore aujourd'hui, par le biais de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit de la prise en compte de la croissance dans l'évolution des dotations de l'Etat.
Il y a, dans ce débat, quelque chose de paradoxal. Lorsque la croissance était bonne, nous souhaitions y faire participer les collectivités locales. Le gouvernement de l'époque ne faisait pas droit à nos demandes et la majorité qui le soutenait - dont vous étiez, mes chers collègues - suivait le Gouvernement : c'est factuel.
Aujourd'hui, alors que la croissance est, hélas ! plus faible et plus aléatoire, vous reprenez le flambeau de la défense des finances locales. On peut tout à fait l'admettre, mais, lorsque M. Gérard Miquel m'affirme qu'il n'y a là aucun jeu politicien, j'ai un peu de peine à le croire (M. Miquel sourit) , compte tenu de l'antériorité des positions des uns et des autres !
Mme Danièle Pourtaud. C'est un procès d'intention que vous faites !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Non, ma chère collègue ! Je ne fais que rappeler les faits. Il suffit de relire les débats des années précédentes pour le constater. M. Thierry Foucaud, avec malice, a fait allusion à ces débats. Il est sans doute habilité à le faire, puisque sa formation politique, qui, d'une certaine manière, a été associée à la majorité, n'en a pas tiré un grand bénéfice, il faut bien en convenir. Qu'il s'interroge rétrospectivement sur la rationalité des positions de la majorité plurielle est, somme toute, logique, et on ne peut pas lui en faire grief.
Monsieur le ministre, que pouvez-vous nous dire sur ce sujet ?
Nous comprenons bien que les marges de manoeuvre dont vous allez disposer pour 2003 ne semblent pas très favorables et vous contraignent à une grande prudence.
Sans rien changer à ses appréciations sur le fond, la commission ne peut que s'en remettre à cette prudence. Aggraver le déficit public aurait des conséquences dramatiques que nous ne saurions assumer.
Mes chers collègues, il faut avoir parfois le souci de l'intérêt général, le souci de l'Etat et s'efforcer de raisonner de manière responsable même lorsque, comme c'est le cas de la plupart d'entre nous, nous sommes des gestionnaires de budgets locaux et rencontrons bien des problèmes pour équilibrer ces budgets.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire. M. Miquel ne m'en voudra pas de lui dire que j'ai préféré sa conclusion à son introduction, au cours de laquelle il a évoqué le bilan de la droite et de la gauche. En conclusion, il nous a en effet appelés à aller au-delà des clivages politiques classiques. Je sais qu'il en est capable, pour avoir eu la joie de travailler avec lui pendant neuf ans, au sein de la commission des finances.
M. Foucaud, quant à lui, est resté dans un registre d'opposition plus systématique, mais telle fut la position constante de son groupe s'agissant des relations financières entre l'Etat et les collectivités territoriales.
Monsieur Miquel, je tiens à vous faire remarquer que la reconduction en 2003 du contrat de croissance et de solidarité alors que le déficit du budget de l'Etat dérape de 50 % traduit le sens élevé de la responsabilité qui anime le Gouvernement dans ses relations avec les collectivitésd territoriales. Avec un tel dérapage des déficits au moment où l'on arrive aux responsabilités, décider une telle reconduction moins d'un mois après sa prise de fonctions et après le rapport de MM. Nasse et Bonnet, c'est assurer les collectivités locales de sa volonté d'entretenir un lien de confiance très fort.
Au-delà de toute polémique, comme vous nous y invitez, je dirai qu'il y a deux dimensions dans les relations financières entre les collectivités locales et l'Etat.
La première est la dimension « ressources ». Ces ressources sont reconduites dans de bonnes conditions. A l'occasion du débat relatif aux collectivités locales, j'ai ouvert hier de nouvelles pistes.
J'ai choisi de vous dire ce que je savais des travaux que nous menons actuellement en matière de transfert d'un impôt nouveau qui pourrait profiter aux collectivités locales.
La deuxième dimension est la dimension « charge ». Vous parliez du bilan du précédent gouvernement, monsieur Miquel. Mais, vous qui êtes un homme honnête et soucieux de la vérité, ne pensez-vous pas qu'il y ait eu quelque imprudence de la part du gouvernement précédent en matière de charges rampantes, imprudence dont les collectivités territoriales sont aujourd'hui les victimes et dont on peut voir les effets à travers les conséquences de l'instauration de l'APA ? Que ces conséquences aient été bien ou mal estimées, chacun a son point de vue sur ce sujet. Mais ce transfert a des conséquences incontestables.
Il faut en fait avoir une vision globale. S'agissant des ressources, le présent gouvernement fait tout ce qui est en ses moyens et, s'agissant des charges, il prend l'engagement de faire mieux que ses prédécesseurs, c'est-à-dire de ne plus procéder à des transferts de charges rampantes, comme cela s'est produit pendant cinq ans.
Telles sont les raisons qui me conduisent, mesdames, messieurs les sénateurs, à vous demander de rejeter les deux amendements qui vous sont proposés.
M. le président. La parole est à M. Gérard Miquel, pour explication de vote.
M. Gérard Miquel. J'ai bien entendu les explications de M. le rapporteur général et de M. le ministre. Mais je crois que tout est une question de choix.
En effet, nous avons proposé un amendement visant à supprimer la diminution d'impôt de 1 % qui n'aura pas de grande répercussion sur la croissance car ceux qui en bénéficient préfèrent épargner. Or l'adoption de cette disposition vous aurait permis d'accueillir favorablement le présent amendement, car vous auriez disposé de recettes susceptibles d'être affectées aux collectivités locales, qui en ont bien besoin.
S'agissant de l'APA, vous avez raison, mais mon collègue Jean-Claude Peyronnet vous a rappelé hier que, dans les deux assemblées, un grand nombre d'entre vous avait voté ce dispositif en considérant qu'il s'agissait d'une grande réforme sociale.
Aujourd'hui, c'est vrai, dans certains départements, nous sommes dépassés par le succès que connaît celle-ci ; nous ne pensions pas avoir à faire face à une montée en puissance aussi forte. Admettons toutefois que c'est une bonne mesure.
On voit le résultat d'une loi à son application.
Les lois de décentralisation ont été contestées au moment où elles ont été votées, et voyez le résultat aujourd'hui ? Tous ceux qui les ont contestées en redemandent !
Quant à l'APA, qui a été votée à une très large majorité, elle répond à un véritable besoin dans notre société actuelle.
Aussi, monsieur le ministre, on ne peut pas se contenter de la réponse que vous nous faites, selon laquelle vous préserveriez les intérêts des collectivités locales. Nous aurions souhaité aller plus loin. Puisque vous voulez leur donner, dans le cadre de la nouvelle étape de décentralisation, de nouvelles responsabilités, il faut les aider à assumer celles-ci. Nous avons déjà subi la perte de la dotation de régularisation ; aujourd'hui, nous aurions souhaité que vous fassiez un signe en direction des collectivités en réservant une suite favorable à notre amendement. C'est la raison pour laquelle je le maintiens.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-91.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. La parole est à M. Thierry Foucaud, pour explication de vote sur l'amendement n° I-189.
M. Thierry Foucaud. J'ai entendu parler de clivage politique, mais qui le crée ? Qui l'approfondit ? C'est bien la majorité sénatoriale !
Les années précédentes, vous présentiez, monsieur le rapporteur général, des amendements identiques au nôtre en ce qui concerne l'indexation à 50 %. Cette année tout est différent. Vous revenez en arrière et vous nous parlez de clivage politique. Or le clivage politique, c'est vous qui l'instituez...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous ne faites pas de politique, peut-être !
M. Thierry Foucaud. ... en revenant sur la position que vous teniez auparavant. Vous avez dit notamment, monsieur le rapporteur général, que la prise en compte de 50 % ne représenterait pas en 2002 un immense sacrifice puisque la croissance prévue ne serait pas du même ordre que les années précédentes. Tout votre discours aujourd'hui est contraire à ce qu'il était auparavant. En voilà une nouvelle illustration !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-189.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-190, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Supprimer le 2° du II de cet article. »
L'amendement n° I-92, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et rattachée, est ainsi libellé :
« A. - A la fin du 2° du II de cet article, remplacer les mots : "Pour les années 1999, 2000, 2001 et 2002" par les mots : "Pour les années 1999, 2000, 2001, 2002 et 2003".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe additionnel rédigé ainsi :
« ... - Les éventuelles pertes de recettes résultant du maintien en 2003 du mécanisme réduisant la baisse de la dotation de compensation de la taxe professionnelle sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle au droit de consommation sur les tabacs visé à l'article 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Thierry Foucaud, pour défendre l'amendement n° I-190.
M. Thierry Foucaud. Il s'agit d'un amendement de repli.
M. le président. La parole est à M. Gérard Miquel, pour défendre l'amendement n° I-92.
M. Gérard Miquel. Même situation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-190.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-92.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 29.

(L'article 29 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 29



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Tous deux sont présentés par MM. Moreigne, Miquel, Massion, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban, Courteau et les membres du groupe socialiste et rattachée.
L'amendement n° I-94 est ainsi libellé :
« Après l'article 29, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le code général des collectivités territoriales il est inséré, après l'article L. 3334-7, un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... I. - A compter du 1er janvier 2003, il est créé au sein de la dotation de fonctionnement minimale prévue à l'article L. 3334-7 du présent code une dotation de solidarité pour les départements qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour assurer le financement de l'allocation personnalisée d'autonomie.
« II. - Sont éligibles à la dotation de solidarité les départements dont, d'une part, le nombre de personnes âgées de plus de soixante-quinze ans, rapporté à la population départementale est supérieur à 1,2 fois la moyenne des taux départementaux et dont, d'autre part, le potentiel fiscal par habitant du département est inférieur à 0,85 fois le potentiel fiscal par habitant moyen des départements.
« III. - Pour la répartition du montant de la dotation de solidarité entre les départements bénéficiaires, chaque département est doté d'un coefficient égal à la différence entre, d'une part, le quotient de son taux de personnes âgées de plus de soixante-quinze ans sur la moyenne des taux départementaux et, d'autre part, le quotient de son potentiel fiscal par habitant sur le potentiel fiscal par habitant moyen des départements. Ce coefficient est pondéré en fonction du nombre de personnes âgées de plus de soixante-quinze ans dans le département rapporté à la population totale de personnes âgées de plus de soixante-quinze ans dans l'ensemble des départements.
« IV. - La dotation de solidarité attribuée à chaque département est égale au produit du montant de la dotation de solidarité à répartir par le quotient du coefficient pondéré dudit département sur la somme des coefficients pondérés de tous les départements.
« V. - Les ressources de la dotation de solidarité sont constituées par :
« - le doublement des taux de la contribution financière prévue à l'article L. 3334-8 ;
« - la majoration du prélèvement sur les recettes de l'Etat à hauteur de 25 millions d'euros. A partir de 2004 et les années suivantes ce montant évolue comme la dotation globale de fonctionnement. »
« II. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle au droit de consommation sur les tabacs visé à l'article 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-95 est ainsi libellé :
« Après l'article 29, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le code général des collectivités territoriales, il est inséré, après l'article L. 3334-7, un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - I. - A compter du 1er janvier 2003, il est créé, au sein de la dotation de fonctionnement minimale prévue à l'article L. 3334-7 du code général des collectivités territoriales, une dotation de solidarité pour les départements qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour assurer le financement de l'allocation personnalisée d'autonomie.
« II. - Seuls les départements éligibles à la dotation de fonctionnement minimale prévue à l'article L. 3334-7 du code général des collectivités territoriales peuvent bénéficier de la dotation de solidarité.
« III. - Le montant de la dotation de solidarité est réparti entre les départements dans les conditions déterminées au II de l'article L. 232-21 du code de l'action sociale et des familles.
« IV. - Les ressources de la dotation de solidarité sont constituées par :
« - le doublement des taux de la contribution financière prévue à l'article L. 3334-8 ;
« - la majoration du prélèvement sur les recettes de l'Etat à hauteur de 25 millions d'euros. A partir de 2004 et les années suivantes ce montant évolue comme la dotation globale de fonctionnement. »
« II. - Les pertes de recettes résultant du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle au droit de consommation sur les tabacs visé à l'article 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Michel Moreigne.
M. Michel Moreigne. L'amendement n° I-94 vise à créer une dotation de solidarité au sein de la dotation de fonctionnement minimale de manière à permettre aux départements défavorisés d'assurer le financement de l'allocation personnalisée d'autonomie, dont nous ne rouvrirons pas le procès en cet instant, bien que M. le ministre se soit, tout à l'heure, départi de son amabilité habituelle pour s'en faire le procureur.
Seraient éligibles à cette dotation les départements où la proportion de personnes âgées de plus de soixante-quinze ans est particulièrement élevée et dont, en revanche, le potentiel fiscal est faible. Une vingtaine de départements rempliraient les critères retenus.
Cette dotation serait répartie entre les départements en fonction des deux critères d'éligibilité très simples pondérés par le nombre de personnes âgées de plus de soixante-quinze ans dans chaque département.
Les ressources de la dotation seraient constituées, d'une part, par le doublement du prélèvement sur la dotation globale de fonctionnement des départements contributeurs à la dotation de fonctionnement minimale et, d'autre part, par un prélèvement de 25 millions d'euros sur les recettes de l'Etat. Ces ressources atteindraient de la sorte environ 50 millions d'euros en 2003.
L'amendement n° I-95 est un amendement de repli.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'amendement n° I-94 tend à créer une dotation réservée aux départements qui ne disposent pas de ressources suffisantes pour financer l'allocation personnalisée d'autonomie.
Peut-être aurait-il été plus utile que le groupe socialiste dépose des amendements de ce type en 2001, lorsque l'APA a été créée, et aussi qu'il soutienne les amendements qui avaient été défendus à cette époque par notre collègue Michel Mercier.
Aujourd'hui, l'APA existe. D'ailleurs, chers collègues socialistes, vous vous en réjouissez sur d'autres terrains, expliquant à l'envi que c'est une avancée utile, liée au passage de vos amis au Gouvernement.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas question de nier cette réalité : le Gouvernement doit donc trouver - et il s'y efforce - les moyens d'atténuer le coût de l'APA et surtout de contenir l'évolution de ce coût pour les conseils généraux, sans pour autant revenir sur les nouveaux droits auxquels les personnes dépendantes peuvent prétendre.
Cet exercice particulièrement délicat fait l'objet, vous le savez, d'une concertation. Un groupe de travail a été constitué avec des représentants de l'Etat et des conseils généraux, qui doit formuler des propositions avant le 15 décembre. Il serait, à mon sens, tout à fait inapproprié d'anticiper sur les résultats de cette concertation. C'est un principe : on évalue les situations, on consulte et, ensuite, on prend des mesures, M. le ministre délégué au budget s'est déjà exprimé clairement sur ce sujet.
Il vous faut donc, chers collègues, attendre un peu, en étant confiants dans le bon déroulement de la concertation.
C'est pourquoi, monsieur Moreigne, je vous demande, dans l'attente de ses résultats, de retirer vos amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je m'exprimerai avec beaucoup de modération puisque Michel Moreigne a considéré que je m'étais, tout à l'heure, montré excessif ! Peut-être avais-je une excuse : Gérard Miquel, en pleine forme en ce début de matinée, avait proposé de dresser le bilan de l'action du précédent gouvernement, mais aussi une sorte de prébilan de celle du présent gouvernement. J'ai tenté d'être à la hauteur de son invitation, mais je n'ai pas su garder, monsieur Moreigne, la tonalité que vous m'avez enseignée à la commission des finances.
La commission des finances, précisément, produisant des rapports de très grande qualité, je vous recommande vivement la lecture de celui qui porte le numéro 316 et qui, sous la plume de Michel Mercier, traite de la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et de l'allocation personnalisée d'autonomie.
Si le gouvernement précédent que je ne veux pas accabler, mais auquel je souhaite au contraire faire honneur en lui attribuant toutes les responsabilités des décisions qu'il a prises, avait écouté le Sénat à l'époque, et en particulier Michel Mercier, vous auriez moins de soucis aujourd'hui, monsieur Moreigne.
J'ai essayé, en tant que ministre délégué du budget, d'assumer pleinement la charge qui m'a été confiée, y compris en disant des choses qui n'étaient pas agréables à entendre. J'ai même précisé à la tribune que, si je ne les disais pas moi-même, personne ne les dirait à ma place !
Je le répète, si nous ne prenions pas garde à cette question, nous serions confrontés à une augmentation continuelle des impôts, soit des impôts qui relèvent des départements, soit, si ceux-ci se refusaient à prendre cette responsabilité, des impôts qui relèvent de l'Etat.
Il convient donc que, en tout état de cause, la représentation nationale se saisisse avec courage de cette question et maîtrise les dépenses, faute de quoi on ne parviendra pas à maîtriser l'évolution des prélèvements.
Pour maîtriser les dépenses, on ne peut se priver d'aucun levier, qu'il s'agisse du seuil de ressources, du niveau de participation - par exemple, avec l'instauration d'un nouveau barème, qui pourrait davantage prendre en compte la capacité contributive -, du contrôle de l'efficacité des critères d'éligibilité ou même, je n'hésite pas à le dire, du recours sur succession.
La solution retenue dans ces amendements consiste à faire payer l'Etat. Si l'on vous suit, ce que vous constatez dans les départements, vous aurez à le constater pour le compte de l'Etat. Et l'Etat lui-même sera obligé de lever les impôts que vous proposez de ne pas faire lever par les départements.
Dès lors, la sagesse est bien de reconfigurer l'APA. Si elle avait été initialement configurée selon les recommandations de la commission des affaires sociales du Sénat et, subsidiairement, de sa commission des finances, nous n'en serions pas là.
Le Gouvernement émet, par conséquent, un avis défavorable sur ces deux amendements.
M. le président. La parole est à M. Michel Moreigne, pour explication de vote.
M. Michel Moreigne. Il faut aider les départements : c'est une promesse du Président Jacques Chirac, ainsi que notre ami Jean-Claude Peyronnet l'a rappelé hier. Dans un courrier adressé le 25 avril 2002 à la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées, il écrivait en effet : « L'Etat ne saurait reporter sur d'autres que lui le financement de sa politique sociale. L'urgence sera donc d'adosser l'aide aux personnes âgées à des financements stables. »
Monsieur le ministre, vous nous proposez de freiner. Mais le train est parti, et il a une force d'inertie considérable.
Dans le département que je représente, 4 000 dossiers sont soumis à un contrat, et ce contrat est intangible pendant quatre ans. Voilà le problème que je propose de régler.
Pour le reste, nous verrons bien si l'action de freinage aura des effets. En tout cas, votre « thérapeutique » n'est pas applicable immédiatement aux départements où le nombre de personnes âgées est important et dont le potentiel fiscal est faible.
Je suis sûr que vous êtes sensible à mes propos, monsieur le ministre, parce que je vous sais homme de bonne foi. Mais mon collègue Gérard Miquel va certainement compléter mes explications, car je sens biens qu'elles sont insuffisantes pour emporter votre conviction. (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. Gérard Miquel, pour explication de vote.
M. Gérard Miquel. Monsieur le ministre, vous êtes trop respectueux du rôle du Parlement pour ne pas comprendre que nous déposions un amendement permettant d'améliorer la situation de certains départements particulièrement touchés par le problème que nous évoquons.
Cet amendement n'induit pas de dépenses supplémentaires pour le budget de l'Etat.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ah bon ?
M. Gérard Miquel. Nous proposons simplement de créer, en complément de la DGF, une dotation de solidarité,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et à qui prenez-vous l'argent ?
M. Gérard Miquel. ... à laquelle seraient éligibles les départements dont le potentiel fiscal par habitant est inférieur à 0,95 fois la moyenne nationale et où le taux de personnes âgées de plus de soixante-quinze ans est supérieur à 1,2 fois la moyenne nationale. Une vingtaine de départements seulement sont concernés.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et cela ne coûte rien ?
M. Gérard Miquel. La dotation de solidarité ainsi constituée serait alimentée par le doublement de la cotisation des départements contributeurs à la dotation de fonctionnement minimale ainsi que, c'est vrai, par un prélèvement de 25 millions d'euros.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ah !
M. Gérard Miquel. La dotation représenterait ainsi, en 2003, 50 millions d'euros, fournis, à parité par la solidarité nationale et par la solidarité interdéparmentale. C'est ce montage qui nous a paru le mieux répondre aux problèmes que rencontrent cette vingtaine de départements dont vous avez d'ailleurs la liste, monsieur le ministre.
Le succès de l'APA a été extrêmement rapide : il nous a permis, au moment où nous connaissons une montée du chômage, de créer un très grand nombre d'emplois à l'échelon national ; cela n'est pas à négliger et mérite, au contraire, d'être mis en avant.
Dans mon département, qui compte 160 000 habitants - petit département s'il en est -, plus de 700 emplois à temps plein ont ainsi été créés grâce à l'APA. Or ces emplois répondent à un vrai besoin et ils permettent, dans la plupart des cas, le maintien à domicile des personnels âgées dépendantes.
L'institution de l'APA a donc correspondu à une réelle nécessité et c'est une mesure qui a été particulièrement appréciée. Je rappelle d'ailleurs qu'elle a été votée par l'ensemble des membres des deux assemblées.
Il nous faut aujourd'hui trouver une solution susceptible de répondre au problème que rencontrent les départements aux faibles ressources mais aux charges proportionnellement importantes au regard de l'APA.
M. le président. La parole est à M. Paul Blanc, pour explication de vote.
M. Paul Blanc. Je comprends parfaitement ce qui a été dit des avantages de l'APA, mais je veux tout de même poser la question suivante : la dépendance des personnes âgées doit-elle relever de la solidarité ou de l'assurance ?
Comme je l'avais indiqué ici même lorsque l'APA a été créée, compte tenu des progrès de la médecine et de l'allongement de la durée de la vie, aujourd'hui, tout individu atteignant l'âge de soixante ans a vocation à devenir une personne dépendante. C'est ainsi ! Lorsqu'on achète un véhicule, on a aussi « vocation » à avoir un accident : c'est la raison pour laquelle on est obligé de souscrire une assurance, de façon à couvrir les risques qu'on ne manque pas de courir sur la route. De la même façon, lorsque nous vieillissons, nous courons le risque de devenir un jour dépendants.
Comme l'a fort justement dit M. le ministre, que l'argent vienne de l'Etat ou du département, c'est toujours celui du contribuable ! Un grand débat devra donc être engagé un jour sur ce sujet. On l'a retardé jusqu'à présent, pour des raisons, disons-le, un peu démagogiques.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Un tout petit peu seulement ?
M. Paul Blanc. L'allocation personnalisée d'autonomie a été votée, ne l'oublions pas, en période pré-électorale. D'ailleurs, certains en ont fait un argument de campagne, qu'ils ont même copieusement utilisé. Or on s'aperçoit aujourd'hui que cette allocation a un coût qui n'est plus supportable, ni pour les départements ni pour l'Etat. Il faudra donc trouver d'autres solutions. C'est la raison pour laquelle je voterai contre cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il est des propos qui sont responsables et d'autres qui le sont moins. Les propos que vient de tenir M. Paul Blanc sont parfaitement responsables. Il y a bien une situation qu'il faut affronter, pour laquelle il faut chercher des solutions, sans exclure aucune voie.
En revanche, prétendre que la création d'une dotation ne coûte rien à personne n'est pas vraiment responsable. Hélas ! la poudre de perlimpinpin et la pierre philosophale n'ont pas encore été inventées dans le domaine des finances publiques. (Sourires.)
M. Henri de Raincourt. C'est dommage !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Si les uns bénéficient de plus d'argent, c'est probablement parce qu'on le prend aux autres, lesquels ne manqueront pas de se plaindre et demanderont des crédits supplémentaires. Je ne connais pas d'autre mode de fonctionnement du système budgétaire !
Il existe dans le vieux droit un principe qui a longtemps servi de guide : nemo auditur propriam suam turpitudinem allegans, ce qui signifie que l'on ne doit pas se targuer de sa propre turpitude.
Cet adage me paraît mériter d'être rappelé à ceux qui, à l'aveuglette et dans l'imprévision la plus totale, ont fait des promesses agréables, les ont répandues sur tous les tréteaux électoraux,...
M. Gérard Delfau et plusieurs sénateurs socialistes. C'est Chirac !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... et qui, aujourd'hui, se permettent, en quelque sorte, de crier au loup ! (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Gérard Miquel. Et pourquoi avez-vous voté l'APA ? Par démagogie, vous aussi ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Alors, faire les bons apôtres aujourd'hui en feignant de ne pas se souvenir du flou le plus complet dans lequel cette belle discussion unanime avait été menée,...
M. Gérard Miquel. Unanime, justement !
MM. Henri de Raincourt et Roland du Luart. Elle n'a jamais été unanime !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... pardonnez-moi de vous le dire, ce n'est pas un comportement responsable.
Même le fait de représenter des départements faibles démographiquement et économiquement ne justifie pas de telles propositions, qui, lorsqu'on traite d'une loi de finances, ne sont tout simplement pas recevables.
Il y a, bien entendu, des voies à rechercher : celle qu'a évoquée M. Paul Blanc ; peut-être aussi - je m'exprime là à titre personnel - celle d'un retour raisonnable, avec une franchise raisonnable, au recours sur succession. On peut également envisager un ticket modérateur, pour faire en sorte que cette prestation, tout en demeurant ce qu'elle doit être, c'est-à-dire un facteur de sécurité pour les vieux jours de nos concitoyens, soit encadrée de manière à être conforme à nos moyens.
Cette discussion, mes chers collègues, ne pourra pas être éludée. Les solutions que je viens de mentionner ne pourront pas être balayées d'un revers de la main. On ne pourra pas continuer à expliquer à nos concitoyens que, dans nos assemblées, on est capable de « raser gratis ». (Rires et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.
M. Gérard Delfau. Monsieur le ministre, mes chers collègues, je voterai cet amendement, même si je conçois qu'il faille posément, tranquillement, examiner la situation concernant l'APA et trouver les solutions les plus adaptées. En agissant de la sorte, nous ne ferons que notre travail de parlementaires et le Gouvernement ne fera que remplir son rôle d'exécutif puisque cette allocation a été, dans son principe, très largement approuvée dans les deux assemblées.
Certains l'ont peut-être fait par pure démagogie - puisque c'est ce qui ressortait des propos de notre collègue Paul Blanc -, le résultat est là. Le texte a été voté et il est inutile maintenant de sonder les reins et les coeurs de ceux qui l'ont voté.
Si j'interviens, c'est surtout parce que, au détour de ce débat, surgissent deux questions fondamentales sur lesquelles l'on voit les désaccords réapparaître.
Première question : sommes-nous toujours dans la grande tradition républicaine qui veut que le risque maladie, le risque chômage, le risque vieillesse, le « risque » naissance soient assumés par la solidarité nationale ou par un système assurantiel ?
Nous avons choisi depuis un siècle et demi le premier système, alors que les Anglo-Saxons ont opté pour le second. Il y a, sinon dans cette assemblée, tout au moins, mes chers collègues, dans le pays, une majorité de Français qui veulent à tout prix sauver ce qui caractérise la République, à savoir le système de solidarité nationale.
La seconde question met en évidence un autre clivage. Je m'évertue en vain depuis hier à introduire dans ce débat sur les recettes des collectivités locales le mot « péréquation » ou, plus exactement, l'expression : « mécanismes péréquateurs ». A chaque fois que j'interviens sur ce sujet, ou bien l'on nous explique que ce n'est pas l'objet du débat, que ce n'est pas le bon budget ni le bon ministre pour en parler, ou bien, au détour d'un amendement comme celui dont nous discutons, on nous explique que la péréquation c'est bien, à condition que cela reste un principe abstrait et que l'on ne vienne pas prendre aux plus riches de quoi faciliter la vie des autres.
Je vous rappelle, monsieur le rapporteur général, qu'un rapport d'experts vient de montrer qu'au sein de l'Union européenne la France est la lanterne rouge ou presque quant à l'écart de ressources entre les collectivités territoriales.
C'est chez nous que les inégalités sont les plus fortes et les plus choquantes, et c'est en Allemagne fédérale - la majorité sénatoriale qui s'en souvenait en 1995 semble l'avoir oublié aujourd'hui - que l'effort de péréquation qui est inscrit dans la Constitution est le plus fort.
Quand la République fédérale d'Allemagne s'est trouvée devant le problème de la réunification, le Chancelier Helmut Kohl, qui n'est pas un homme de gauche, a décidé de faire jouer à plein la solidarité et, depuis, les transferts de richesses sont massifs et continus.
C'est un autre débat qu'il faudra bien avoir et je souhaite que le Sénat s'en tienne à la position qui avait été adoptée lors de l'examen de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire plutôt qu'à une conception libérale où le plus fort a toujours raison et où les plus faibles n'ont qu'à s'en remettre à leur triste destinée. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Horresco referens !
M. le président. La parole est à M. Jacques Legendre, pour explication de vote.
M. Jacques Legendre. Je voterai contre cet amendement, parce que je crois en effet qu'on ne peut pas se contenter de renvoyer à la péréquation le traitement des problèmes qui ont été évoqués.
Je comprends tout à fait la position exprimée, avec beaucoup de sagesse, par M. le rapporteur général. Le département que je représente n'a pas une démographie trop faible puisque le taux de natalité y est élevé. Le président du conseil général, qui est actuellement un socialiste, se plaint de la charge très lourde que fait peser l'APA sur son département. Après ce que je viens d'entendre sur les caractéristiques de cette péréquation, j'ai le sentiment que le vaste département du Nord, qui a la chance d'avoir encore un taux de natalité important, risquerait ainsi d'être amené à contribuer. Comment le ferait-il puisqu'il est déjà contraint de demander à l'Etat de bien vouloir l'aider à assumer ce fardeau ?
Fort heureusement, je ne vois aucun sénateur socialiste du Nord sur ces travées ce matin, car, s'il s'en trouvait, ils auraient, mes chers collègues, quelques difficultés à vous suivre. Pour éviter que les absents ne soient trop lourdement pénalisés, je propose au Sénat de repousser l'amendement. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Bernard Angels, pour explication de vote.
M. Bernard Angels. Je ne vais pas rouvrir ce matin le débat sur l'APA que nous avons eu la semaine dernière et à l'occasion duquel j'ai particulièrement apprécié l'intervention de M. de Raincourt, lequel, connaissant bien le sujet, a parfaitement planté le décor.
Néanmoins, je rejoins ce qu'a dit mon collègue M. Michel Moreigne et, pour cette raison, je souhaiterais, monsieur le rapporteur général, que vous retiriez vos propos sur les responsables et les moins responsables.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les plus responsables !
M. Bernard Angels. Il n'y a pas de responsables et de moins responsables ! Tous les parlementaires travaillent et sont dignes de considération.
Le problème de l'APA est complexe, et nous le réexaminerons ensemble. Nous sommes tous d'accord sur la finalité de l'APA, nous l'avons tous votée. Le problème, c'est de trouver le meilleur moyen de pérenniser cette dépense indispensable pour permettre aux personnes âgées dépendantes de finir leur vie sereinement. Nous ne devons pas nous diviser sur ce point. En effet, et je suis d'accord avec vous à cet égard, monsieur le rapporteur général, si ce ne sont pas les départements qui paient, ce sera l'Etat et vice versa.
Cessons donc cet échange de propos déplaisants ; vous envenimez le débat, monsieur le rapporteur général, et vous ne jouez pas votre rôle.
En outre, se pose un autre problème, celui des budgets départementaux.
En dépit des efforts que la majorité sénatoriale a consentis, je regrette que le débat ait été repoussé au 15 décembre. Le vote des budgets départementaux interviendra le 15 mars. Or la loi dispose qu'un débat d'orientation budgétaire doit avoir lieu au cours des deux mois précédant le 15 mars. Il ne faut donc pas perdre de temps. Comment les départements pourront-ils délibérer s'ils ne savent pas quelle sera l'incidence de l'APA sur leurs budgets ?
Je ne pose pas cette question pour polémiquer, monsieur le ministre ; je comprends les préoccupations de mes collègues responsables départementaux et les difficultés qu'ils rencontrent pour prévoir ce qu'ils feront l'an prochain. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Yves Fréville, pour explication de vote.
M. Yves Fréville. Je ne reprendrai pas le débat qui consiste à déterminer quelle part de l'APA doit être financée par la solidarité, donc par l'impôt, et quelle autre relève de la couverture du risque. Toutefois, je suis absolument certain que l'impôt ne doit pas servir à financer la totalité de cette charge, lorsque les bénéficiaires disposent de revenus corrects. Ce sera au Gouvernement de résoudre ce problème, peut-être même d'ailleurs en réexaminant - je le dis à titre personnel - les cotisations d'assurance maladie des personnes âgées, le fait d'être âgé constituant un risque supplémentaire, et de tendre vers l'égalisation des cotisations entre actifs et retraités.
Un autre problème est soulevé par cet amendement : celui de la solidarité entre départements. Si j'interviens, c'est uniquement parce que, voilà peu de temps, nous avons voté une réforme constitutionnelle instituant le mécanisme de la péréquation et qu'il ne faut pas, à mon avis, galvauder ce principe dès le début.
Je suis tout à fait favorable à la péréquation des besoins, je le dis clairement. Si je comprends fort bien que des départements aient des besoins accrus du fait du nombre important de personnes âgées qui y résident, aborder le problème de la péréquation uniquement à travers le prisme de l'APA me semble très dangereux : cela ouvrirait la voie aux revendications, tout aussi justifiées, d'autres départements, en particulier les grands départements urbains, qui pourront évoquer, par exemple, les difficultés que leur causent les SDIS, les services départementaux d'incendie et de secours.
D'autres critères pourraient être invoqués, qu'à l'évidence vous n'ignorez pas, ce qui me dispense de les énumérer. Le Gouvernement aura intérêt, lorsque seront examinés, à l'occasion de la réforme de la DGF des départements, les critères de péréquation, à ne pas se limiter au critère, certes valable - je le reconnais - du nombre de personnes âgées, et à prendre en compte la diversité de nos départements urbains et ruraux.
C'est pourquoi j'estime qu'il est tout à fait prématuré d'adopter aujourd'hui un tel amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Absolument !
M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Peyronnet, pour explication de vote.
M. Jean-Claude Peyronnet. M. Fréville a raison : on ne peut pas galvauder ce principe de péréquation, je l'admets volontiers.
Cela dit, il y a urgence à régler ces difficultés, qui ne peuvent être comparées à celles qu'entraîne le financement des SDIS. Les SDIS, c'est un, deux ou trois points de fiscalité, et non pas cinquante, comme cela va se produire dans la Creuse en ce qui concerne l'APA. Il est donc extrêmement urgent de régler le problème qui se pose dans la Creuse et sûrement dans d'autres départements.
Les mesures envisagées par le Gouvernement ne résoudront malheureusement pas le problème pour 2003.
Ce problème présente deux aspects : la péréquation à masses égales et - excusez-moi ! - celui de la masse globale, qui n'est pas réglé. Il manque 600 millions d'euros, qu'il faudra trouver, sous peine de mettre la Creuse et beaucoup d'autres départements dits pauvres en grande difficulté.
Je vois ici un certain nombre de responsables départementaux : tous les départements sont concernés. Il s'agit d'un véritable transfert de charges, d'impôt... et d'impopularité.
M. le président. La parole est à M. Thierry Foucaud, pour explication de vote.
M. Thierry Foucaud. Une fois de plus, mesdames, messieurs de la majorité sénatoriale, vous vous limitez à la question de la réduction de la dépense publique.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Augmentons-la !
M. Thierry Foucaud. Forcément, il y a clivage. Vous voulez réduire les déficits,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Augmentons-les !
M. Thierry Foucaud. ... mais, nous l'avons vu ces dernières années, la baisse des déficits n'induit pas de réduction des inégalités sociales. A vouloir encore réduire la dépense publique et, de ce fait, ne pas satisfaire les besoins publics, forcément, nous allons dans le mur !
Tout à l'heure, M. Miquel nous a expliqué que la mise en oeuvre de l'APA dans son département avait permis la création de sept cents emplois. Non seulement cette mesure génère de l'emploi, mais elle permet aussi de développer la croissance.
L'APA pose un problème qu'il est urgent de résoudre. A cette fin, nous avons présenté à deux reprises des propositions. Permettez-moi de les rappeler brièvement.
Lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, nous avons proposé la création d'un cinquième risque, position que nous défendons depuis de nombreuses années. Il faut que la dépendance soit totalement prise en charge au sein de notre système de protection solidaire.
Ne voyant rien venir, nous avons trouvé une ressource nouvelle en faveur du fonds de financement de l'APA, à savoir les droits de mutation à titre gratuit entre vifs. Nous pensons que leur affectation au FAPA permetrait de poursuivre l'effort de solidarité auquel contribue cette prestation, tout en allégeant les budgets des départements.
Vous n'avez pas accepté ces propositions, ce qui revient, selon nous, à refuser de prendre en considération l'importance de ces échelons qui développent pourtant des politiques indispensables de soutien à l'investissement réalisé par les communes. Dans les zones rurales, par exemple, ces aides sont forcément incontournables et je rejoins tout à fait sur ce point les propos de M. Moreigne.
En conclusion, nous voterons pour les amendements n°s I-94 et I-95.
M. Michel Moreigne. Monsieur le président, je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. Sur la base de quel article ?
M. Michel Moreigne. L'article 38, monsieur le président.
M. Roland du Luart. C'est du bluff !
M. le président. La parole est à M. Michel Moreigne, pour un rappel au règlement.
M. Michel Moreigne. Je serai bref. Je dirai simplement à M. le rapporteur général : Non est turpitudo mea, sed omnium turpitudo. (Sourires.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-94.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-95.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° I-191, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 29, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le B du I de l'article 19 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1275 du 28 décembre 2001), est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« A partir de 2003, la dotation est en outre majorée d'un montant global de 143 millions d'euros, versés à hauteur de 40 % en 2003, et de 20 % en 2004 et 2005. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575, 575 A et 575 B du code général des impôts. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Par cet amendement, nous vous proposons d'augmenter le remboursement forfaitaire accordé par l'Etat l'année dernière au titre de la non-prise en compte de la réduction pour embauche et investissement et de l'abattement de 16 % dans les rôles supplémentaires.
Nous avons repris le montant que proposait la commission des finances l'année dernière et, bien sûr, le même gage. Je vous rappelle d'ailleurs que les associations d'élus, la commission des finances du Sénat et, le groupe communiste républicain et citoyen, demandaient plus, l'Etat proposant une compensation très nettement inférieure aux pertes réellement subies par les collectivités. Voilà pourquoi nous vous invitons à voter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Compensation supplémentaire de 143 millions d'euros : je ne sais si M. le ministre délégué au budget les a, mais j'en doute. Nous allons ce soir voter la première partie du projet de loi de finances pour 2003, et nous mesurerons peut-être alors, un peu mieux, les contraintes.
M. Thierry Foucaud. C'est un problème de choix !
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est donc dans le souci, là encore, d'adopter une position responsable que je me vois contraint d'opposer un avis défavorable à votre amendement, ce que je regrette vivement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-191.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° I-192, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 29, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Au IV de l'article 19 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1275 du 28 décembre 2001), les mots : "passées en force de chose jugée" sont remplacés par les mots : "rendues avant la promulgation de la présente loi".
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575, 575 A et 575 B du code général des impôts. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement tend à conformer à la convention européenne des droits de l'homme le dispositif adopté l'année dernière, à la suite de la célèbre jurisprudence « Pantin ».
En effet, en procédant à la validation législative de la compensation forfaitaire prévue au titre de la non-prise en compte dans les rôles supplémentaires de la réduction pour embauche et investissement et de l'abattement de 16 %, l'article 19 de la loi de finances pour 2002 est contraire à l'article 6-1 de la convention.
En témoigne d'ailleurs la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, singulièrement l'arrêt Zielinski du 28 octobre 1999.
Dans cet arrêt, l'Etat français a été condamné pour avoir adopté une disposition législative orientant en sa faveur des décisions de justice à venir. Or nous sommes dans le même cas de figure, avec cet article 19 de la loi de finances pour 2002. Des procédures étaient en cours, lorsque ce texte, a été voté.
Des décisions ont été rendues, notamment des référés pour provisions accordant aux collectivités des remboursements au réel de leurs pertes de DCTP, la dotation de compensation de la taxe professionnelle. Ces référés pour provisions ne font aucun doute : si la procédure s'était poursuivie, sans intervention du législateur, les collectivités auraient bel et bien obtenu ces remboursements. Les écarts entre la compensation au réel et la compensation forfaitaire sont importants.
A titre d'exemple, une commune bénéficiait d'une provision de 3 500 000 francs après un référé. Le montant de la compensation forfaitaire qu'elle a finalement obtenu est plus de trois fois inférieur, soit quelque 1 037 000 francs.
Les communes concernées ont légitimement cru pouvoir compter sur cette recette supplémentaire que leur accordaient les tribunaux. Elles ont mobilisé des moyens, bien entendu, pour faire valoir leur droit. Leur accorder l'exécution des décisions rendues par les tribunaux est donc une mesure de justice. Tel est le sens du droit communautaire.
C'est pourquoi nous vous proposons d'adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Si vous ne m'aviez pas sollicité, monsieur le président, vous auriez peut-être éloigné de moi un calice ! (Sourires.)
En effet, dans cette affaire, les intérêts du sénateur qui s'exprime au nom de la commission des finances du Sénat ne peuvent bien entendu que primer sur les intérêts du maire qui défend sa collectivité. Mais je suis personnellement un peu déchiré par cette question, car la ville dont j'ai l'honneur d'être le maire est visée par l'amendement n° I-192. Je crois d'ailleurs que nous sommes plusieurs dans ce cas et je vois ici certains maires qui opinent, notamment M. Pierre André, maire de Saint-Quentin, et M. Paul Loridant, maire des Ulis.
Pourtant, nous devons faire abstraction des arguments que nous sommes amenés à échanger avec l'Etat devant les juridictions, au moment d'exprimer la volonté générale ou de participer à son expression dans une enceinte législative, même s'il s'agit, on en conviendra, d'une épreuve douloureuse.
L'adoption de l'amendement n° I-192 rendrait applicables les décisions rendues au profit des collectivités locales avant le règlement, par voie législative, de « l'arrêt Pantin », puisqu'elle annulerait la portée de la validation législative opérée par l'article 19 de la loi de finances pour 2002.
Il importe cependant de rappeler que cet article constituait un progrès par rapport au statu quo, il faut en convenir.
M. Paul Loridant. Un progrès limité !
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'était un progrès, certes trop limité pour le budget des communes qui ont été indûment pénalisées pendant de longues années. Cela représente des sommes considérables.
Il est concevable, pour ne pas dire certain, que la Cour européenne des droits de l'homme aura à se prononcer sur la légalité des dispositions prises dans la loi de finances pour 2002 et à décider si elles étaient vraiment justifiées par un motif suffisant d'intérêt général.
Sur cet aspect de la question, l'Etat d'un côté, les collectivités concernées de l'autre, vont procéder à un échange de mémoires qui durera un certain temps, voire plusieurs années. Après avoir épuisé les voies de recours internes, les deux parties se retrouveront à Strasbourg, par juristes interposés.
Dans l'attente de la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat estime qu'il n'est pas souhaitable de faire peser une hypothèque supplémentaire sur les finances, déjà si difficiles, de l'Etat. Je ne peux en dire plus à ce stade, et c'est avec un très grand regret que, conformément à la charge qui m'a été confiée par la commission, monsieur le président,...
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Tout à fait !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... je suis amené à demander le retrait de l'amendement n° I-192. A défaut, la commission émettra un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Il me faut bien rapidement protéger M. le rapporteur général de la tentation (Sourires) et je vais m'efforcer de donner les informations à M. Thierry Foucaud, aux membres de son groupe et à tous ceux qui les attendent en raison d'autres fonctions qu'ils exercent.
La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, fondée sur l'article 6-1 de la convention européenne, interdit par principe l'intervention du pouvoir législatif tendant à instituer ou modifier de façon rétroactive un certain Etat du droit en vue d'influencer la solution judiciaire d'un litige (arrêt raffineries grecques Stran et Stratis Andreadis contre la Grèce du 9 décembre 1994).
La Cour réserve toutefois par exception le cas où une telle intervention serait justifiée par des motifs d'intérêt général ; cela a été le cas pour un arrêt du 23 octobre 1997.
Elle admet ainsi des limitations au « droit au prétoire » consacré par l'article 6-1 dès lors que celles-ci tendent à un but légitime et qu'il existe un rapport raisonnable de proportionnalité entre les moyens employés et le but visé.
Concernant l'alinéa de l'article 19 de la loi de finances pour 2002 auquel vous faites référence dans votre amendement, il précise qu'il n'y a pas lieu, pour le passé, et « sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée », de prendre en compte les rôles supplémentaires de taxe professionnelle pour calculer les compensations dues au titre de l'abattement de 16 % et de la réduction pour embauche ou investissement.
Il entendait ainsi éviter le développement massif de contentieux dont le traitement n'aurait pu garantir l'égalité entre les collectivités locales en raison de l'impossibilité de reconstituer exactement les sommes dues à certaines d'entre elles. En ceci, l'amendement semble compatible avec les limitations à l'article 6-1 issues de la jurisprudence de la Convention européenne des droits de l'homme.
En outre, je souhaite souligner que la cour administrative d'appel de Lyon, dans un arrêt récent - il s'agissait de la commune d'Annecy -, a rejeté la requête de la commune d'Annecy, qui soutenait que les dispositions de l'article 19 de la loi de finances pour 2002 n'étaient pas compatibles avec les stipulations de l'article 6-1 de la Convention européenne des droits de l'homme, au motif que les communes sont des parties contractantes de la Convention et qu'elles ne peuvent donc pas invoquer les dispositions de cette convention à l'occasion d'un recours dirigé contre une autre partie contractante comme l'Etat.
Pour l'ensemble de ces raisons, je vous prie, monsieur le sénateur, de bien vouloir retirer votre amendement, faute de quoi j'en demanderai le rejet.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement n° I-192 est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Oui, monsieur le président.
M. le président. La parole est à M. Paul Loridant, pour explication de vote.
M. Paul Loridant. Chacun mesure bien, notamment au Sénat, l'importance de ce dossier. La vérité historique, c'est que les services fiscaux de l'Etat ont sciemment diminué les crédits qui, de plein droit, devraient revenir aux communes. L'Etat a alors été condamné pour ne pas avoir, en quelque sorte, restitué aux communes des sommes qui leur étaient dues.
Les conséquences de l'arrêt Pantin sont évidemment très lourdes pour les finances de l'Etat qui, au grand regret des élus locaux concernés, a fait voter, en contraignant sa majorité du moment, il faut bien le reconnaître, une indemnisation forfaitaire venant, en quelque sorte, remettre en cause des textes législatifs antérieurs. Nous avons donc donné à une loi de finances un effet rétroactif. M. le ministre vient de rappeler à juste titre qu'il s'agit d'une faute lourde qui devrait entraîner une condamnation.
Nous avons bien compris les propos de M. le rapporteur général, mais aussi les raisons pour lesquelles M. le ministre délégué au budget prend le temps d'expliquer devant la Haute Assemblée les considérants ainsi que la jurisprudence : il parle pour le procès-verbal et pour nourrir le débat entre juristes qui interviendra dans les mois et les années à venir. Chacun se réfère aux déclarations des uns et des autres dans les assemblées parlementaires. Vous permettez à d'autres parlementaires d'intervenir pour contester l'interprétation du ministre de telle sorte qu'on puisse faire référence à nos propos.
Monsieur le ministre, j'entends bien votre argumentation. Il n'en demeur pas moins que nous pouvons émettre quelques doutes sur les services de l'Etat quant à leurs obligations à l'égard des collectivités locales. Comme celles-ci ne peuvent pas elles-mêmes lever l'impôt, on fait appel aux services fiscaux de l'Etat. A partir du moment où une collectivité ne peut pas avoir confiance dans le service de l'Etat qui est chargé de recouvrer l'impôt et de le redistribuer, il est légitime de s'interroger. Je soutiens donc l'amendement n° I-192, dont l'intérêt, souligné par l'argumentation développée par M. Foucaud, n'aura pas échappé à l'ensemble des sénateurs qui sont des élus locaux.
J'ajoute qu'il relève du rôle naturel du Sénat, représentant, en vertu de la Constitution, des collectivités territoriales, de se saisir de ce problème. Dans l'intérêt des collectivités locales, mais aussi pour défendre son rôle, le Sénat, devrait, à l'évidence, adopter cet amendement à l'unanimité. C'est pourquoi j'invite tous mes collègues à voter cet amendement si important.
M. le président. La parole est à M. Yves Fréville, pour explication de vote.
M. Yves Fréville. En premier lieu, je répondrai très brièvement à M. Loridant que la Déclaration des droits de l'homme n'a aucun lien avec les relations financières entre l'Etat et les collectivités locales.
En second lieu, il appartient à la loi de « fixer l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toute nature ». Le Parlement n'ayant pas défini avec précision en 1986 la compensation de la réduction de 16 % des bases, l'administration n'avait tenu compte que des rôles généraux. La justice a estimé qu'il fallait prendre en compte les rôles supplémentaires. Nous avons donc éclairci notre situation en votant la loi l'année dernière. Nous étions dans notre rôle de parlementaires, tel que l'a défini l'article 34 de la Constitution auquel je faisais référence.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-192.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° I-193, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 29, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - En 2003, le montant de la dotation tel qu'il résulte de l'application de l'article L. 2334-7 du code général des collectivités locales est majoré de 2,2 milliards d'euros.
« II. - Cette majoration n'est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998).
« III. - Le taux prévu à l'article 219 du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Nous vous proposons une majoration exceptionnelle de la dotation globale de fonctionnement, la DGF, de 2,2 milliards d'euros, indispensable pour que les collectivités puissent assumer les dépenses auxquelles elles sont confrontées.
Je vous donnerai comme seul exemple le relèvement de la cotisation employeur de la Caisse nationale des agents des collectivités locales de 1,2 %, qui inquiète fortement les élus locaux puisqu'il correspond à une augmentation d'un point d'impôts locaux !
Cette charge nouvelle pour les collectivités locales doit donner lieu à l'attribution de ressources supplémentaires.
C'est le sens de cet amendement, qui, en procédant à une majoration de la DGF, va dans un sens inverse à celui qui est emprunté depuis plus de dix ans.
En effet, l'évolution de cette dotation ne suit pas celle des charges : elle est, au contraire, en grande partie figée depuis vos réformes du début des années quatre-vingt-dix. De nombreuses collectivités y ont beaucoup perdu.
A titre d'illustration, je vous citerai l'exemple de la commune de Ploufragan, dans les Côtes-d'Armor, qui a étudié en détail cette question, alertant les parlementaires et la presse très récemment : la perte cumulée de DGF depuis 1994 représente dans cette commune 3 200 000 euros, soit 21 millions de francs. En moins de dix ans, c'est énorme ! Cette commune est pourtant éligible à la DSU, ce qui signifie que ses charges sont lourdes. Or ses habitants ne bénéficient pas d'une dotation globale de fonctionnement d'un niveau identique à celui des communes de la même strate démographique. Cela n'est pas admissible, et c'est loin d'être un cas isolé !
C'est pourquoi, outre une remise à niveau de la DGF par le biais d'abondements exceptionnels, nous attendons beaucoup de la réforme des finances locales. Elle doit viser à fournir des moyens nouveaux aux collectivités. Cela fait en effet longtemps à présent - critères de stabilité obligent - que le même gâteau est partagé de mille façons différentes sans pour autant répondre aux vrais problèmes.
Si l'architecture des dotations est revue, le groupe communiste républicain et citoyen vous présentera des amendements visant à garantir une évolution plus juste des dotations, afin de répondre avec justice aux besoins de nos collectivités et de leurs administrés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission, perplexe, se demande si l'amendement ne comporte pas une erreur formelle et si le groupe communiste ne réclame pas 22 milliards d'euros, ce qui serait conforme à son argumentation. Il n'y a pas de limites !
La commission émet bien entendu un avis tout à fait défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-193.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 30

M. le président. L'article 30 a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article additionnel après l'article 30



M. le président.
L'amendement n° I-79 rectifié, présenté par MM. Delfau et Collin, est ainsi libellé :
« Après l'article 30, insérer un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - Dans la première phrase du second alinéa du II de l'article L. 5211-29 du code général des collectivités territoriales, les mots : "26,68 EUR au 1er janvier 2000" sont remplacés par les mots : "38,11 EUR au 1er janvier 2003".
« II. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Gérard Delfau.
M. Gérard Delfau. En présentant cet amendement, je suis un récidiviste, en quelque sorte, puisque je présente des arguments allant dans le même sens depuis quelques années déjà. Je l'ai fait notamment à l'occasion du débat sur la loi Chevènement, qui a créé les communautés d'agglomération et renforcé les communautés de communes en supprimant les districts.
De quoi s'agit-il ?
J'avais été choqué, comme un certain nombre de nos collègues d'ailleurs, de l'écart financier considérable qui était proposé pour la dotation par habitant entre la communauté d'agglomération et la communauté de communes. Le ministre de l'époque avait justifié cet écart en disant que le fait que la communauté d'agglomération était dotée de la taxe professionnelle unique mettait fin à l'« égoïsme communal » en matière de ressources provenant de la taxe professionnelle et qu'il fallait donc, d'une certaine façon, reconnaître cet effort de solidarité en le confortant par une dotation par habitant plus importante.
A ce sujet, j'observe que nombre de communautés de communes ont adopté, au cours des deux dernières années, la taxe professionnelle unique et que, ce faisant, elles ont consenti le même effort de solidarité, dans des conditions sans doute encore plus difficiles, que les communautés d'agglomération.
Ce passage à la taxe professionnelle unique pour les communautés de communes n'est pas sans conséquence. En effet, les communes qui avaient fait antérieurement un effort important sur le plan économique pour développer leur zone d'activité, par exemple, et obtenu des résultats en matière d'emplois et, par voie de conséquence, augmenté les ressources en provenance de la taxe professionnelle, se sont privées, en adoptant la taxe professionnelle unique, non seulement de cette marge de progression, même s'il peut y avoir compensation, mais aussi de l'un des leviers de la fiscalité locale, et pas le moindre !
Enfin, comme je l'ai dit hier à l'occasion du débat sur les recettes des collectivités locales, les modes de vie se sont en quelque sorte homogénéisés, et les habitants des zones périurbaines ou rurales expriment désormais les mêmes besoins que ceux dont bénéficient les habitants des grandes villes, et les municipalités ont des difficultés pour satisfaire cette demande qui paraît naturelle à la population.
Pour toutes ces raisons, monsieur le ministre, je souhaite que soit adoptée l'augmentation chiffrée dans mon amendement afin que soit mieux reconnu l'effort de solidarité des communautés de communes qui ont adopté la TPU et que, par voie de conséquence, soit conforté le développement économique commencé et poursuivi, cette fois de façon collective, par les communes, afin que ce travail n'ait pas été fait de façon purement redistributive.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission n'est pas favorable à cet amendement, dont l'adoption aurait pour effet de réduire à due concurrence les sommes disponibles pour la DSU et la DSR.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Défavorable également.
M. le président. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.
M. Gérard Delfau. Monsieur le ministre, je vais retirer mon amendement, car l'argument avancé par M. le rapporteur général et par vous-même me touche d'autant plus que je proposerai ultérieurement une augmentation de la DSR.
Toutefois, monsieur le ministre, permettez-moi de vous dire que le problème sur lequel j'attire l'attention avec cet amendement est un vrai problème. Je comprends bien que nous n'ayez pas eu le loisir de m'apporter une réponse argumentée à l'occasion de l'intéressant débat que nous avons sur les recettes fiscales en raison de la longue série d'amendements, mais je souhaite néanmoins que vous preniez l'engagement d'apporter une solution à cette inégalité choquante à deux niveaux : entre, d'une part, la dotation communautés d'agglomération avec TPU et communautés de communes avec TPU et, d'autre part, la dotation aux communes qui, au sein de ces communautés de communes, ont fait et continuent à faire un effort important, avec des résultats incontestables, de développement économique.
Cela dit, je retire mon amendement, monsieur le président.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je ne voudrais pas que M. Delfau se méprenne.
Si je n'ai pas développé plus avant mon argumentation, c'est uniquement parce que M. le rapporteur général avait déjà donné une explication et que nous avons, tout au long de la soirée d'hier, parlé assez longuement de ces questions. Mais faites-moi le crédit de penser que ces sujets me sont familiers et que je les connais donc bien !
En outre, nous allons remettre à plat toutes ces questions à l'occasion d'une réforme à laquelle nous allons nous atteler, dès le début de l'année prochaine, avec le ministre délégué aux libertés locales et nos services.
Par conséquent, ne modifions pas des dispositifs qui sont déjà extraordinairement compliqués. Attendons plutôt, pour le faire, la réforme envisagée.
M. le président. L'amendement n° I-79 rectifié est retiré.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.


(La séance, suspendue à douze heures quarante-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Bernard Angels.)

PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi de finances pour 2003, adopté par l'Assemblée nationale.
Dans la discussion des articles de la première partie, nous en sommes parvenus à l'article 31.

Article 31



M. le président.
« Art. 31. - Au premier alinéa du 1, du 2 et du 3 du 2° bis du II de l'article 1648 B du code général des impôts, les mots : "2001 et en 2002" sont remplacés par les mots : "2001, en 2002 et en 2003". »
L'amendement n° I-194, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A. - Compléter cet article par deux paragraphes ainsi rédigés :
« ... - En conséquence, la dotation prévue au 2° du II de l'article 1648 A bis du code général des impôts est majorée de 188 millions d'euros en 2003. Cette majoration n'est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 3 décembre 1998).
« ... - Pour compenser la perte de recettes résultant de la majoration de la dotation prévue au 2 du II de l'article 1648 A bis du code général des impôts, le taux de l'impôt sur les sociétés est relevé à due concurrence. »
« B. - En conséquence, faire précéder le premier alinéa de cet article de la mention : "I. -" »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Avec cet amendement, nous vous proposons d'abonder la dotation de l'Etat au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle. Il s'agit d'un amendement de repli.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission avait proposé, il est vrai, à l'occasion de la discussion du projet de loi de finances initiale pour 2002, la compensation intégrale par le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, le FNPTP, de la baisse des recettes de la dotation de compensation de la taxe professionnelle. Afin de ne pas pénaliser le FNP, une majoration du même montant des ressources du FNPTP, était également proposée.
Ces mesures nous semblent toujours nécessaires dans leur principe. Malheureusement, monsieur le ministre, la situation budgétaire actuelle nous a dissuadés de formuler à nouveau la même proposition.
C'est la seule raison pour laquelle, à ce stade, la commission a émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je voudrais tout d'abord rappeler à M. Thierry Foucaud que le Gouvernement a déjà décidé de reconduire, en 2003, pour un montant total de 188 millions d'euros, le dispositif de compensation des baisses de la dotation de compensation de la taxe professionnelle, la DCTP, pour les pertes enregistrées en 1999, 2000 et 2001.
Ce montant de 188 millions d'euros correspond donc à la prise en charge, en 2003, de la compensation, au titre des trois années d'application, du mécanisme de l'enveloppe normée. Il est vrai que la baisse de la DCTP prévue en 2003 étant, comme en 2002, d'une ampleur limitée, une nouvelle tranche de compensation n'a pas été prévue. Mais, comme le rapporteur général l'a dit, en raison de la situation budgétaire, il était difficile de faire beaucoup mieux.
Nous avons vraiment le sentiment d'avoir eu un « paquet » collectivités locales, comme on le dit communément, qui était loin d'être négligeable.
Je demanderai donc à M. Thierry Foucaud de bien vouloir retirer son amendement. A défaut, j'émettrai, à mon grand regret, un avis de rejet.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Je le maintiens, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-194.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 31.

(L'article 31 est adopté.)

Article 31 bis



M. le président.
« Art. 31 bis. - Après le premier alinéa de l'article L. 2334-18-3 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« En outre, lorsque, à compter de 2000, une commune, dont l'établissement public de coopération intercommunale dont elle est membre a opté deux ans auparavant pour l'application du régime fiscal prévu à l'article 1609 nonies C du code général des impôts, cesse d'être éligible à la dotation du fait de l'application du douzième alinéa de l'article L. 2334-4, elle perçoit, pendant cinq ans, une attribution calculée en multipliant le montant de dotation perçu la dernière année où la commune était éligible par un coefficient égal à 90 % la première année et diminuant ensuite d'un dixième chaque année. » - (Adopté.)

Article 32



M. le président.
« Art. 32. - I. - Par dérogation aux articles L. 1613-2 et L. 2334-1 du code général des collectivités territoriales, la part revenant aux communes et aux groupements au titre de la régularisation de la dotation globale de fonctionnement pour 2001 vient majorer, en 2003, les montants de la dotation de solidarité urbaine et de la première fraction de la dotation de solidarité rurale calculés conformément aux dispositions des articles L. 2334-13 et L. 2334-21 du code précité. Cette part est répartie entre ces deux dotations en proportion de leurs montants respectifs lors de la précédente répartition.
« II. - La dotation de solidarité urbaine et la première fraction de la dotation de solidarité rurale sont en outre majorées respectivement, au titre de 2003, de 35 millions d'euros et 4 millions d'euros.
« III. - Les majorations prévues aux I et II ne sont pas prises en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour 2003 pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998). »
Je suis saisi de sept amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-96, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et rattachée, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi cet article :
« I. - Au titre de 2003, le montant de la dotation de solidarité urbaine, calculé conformément aux dispositions de l'article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, est majoré de 151 millions d'euros.
« II. - Au titre de 2003, le montant de la première fraction de la dotation de solidarité rurale, calculé conformément aux dispositions de l'article L. 2334-21 du code général des collectivités territoriales, est majoré de 28 millions d'euros.
« III. - Ces majorations ne sont pas prises en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999.
« IV. - Les pertes de recettes résultant du I, du II et du III ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle au droit de consommation sur les tabacs visé à l'article 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-195 rectifié, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« I. - Supprimer le I de cet article.
« II. - A la fin du II de cet article, remplacer les sommes : "de 35 millions d'euros et de 4 millions d'euros", par les sommes : "de 230 millions d'euros et de 35 millions d'euros".
« III. - Pour compenser la perte de recettes résultant du II ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Pour compenser la perte de recettes résultant du relèvement de la dotation de solidarité rurale et de la dotation de solidarité urbaine, le taux de l'impôt sur les sociétés est relevé à due concurrence. »
L'amendement n° I-97, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et rattachée, est ainsi libellé :
« A. - Supprimer le I de cet article.
« B. - Dans le II de cet article, remplacer respectivement les sommes : "35" et "4" par les sommes : "118" et "21".
« C. - Pour compenser la perte de recettes résultant des A et B ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe rédigé ainsi :
« ... - Les pertes de recettes résultant du maintien de la régularisation de la dotation globale de fonctionnement pour 2001 et de la majoration des prélèvements sur recettes au profit de la dotation de solidarité urbaine et de la dotation de solidarité rurale sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle au droit de consommation sur les tabacs visé à l'article 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-129 rectifié, présenté par MM. Doligé et P. André, Mme Olin et M. J.-C. Gaudin, est ainsi libellé :
« Après le I de cet article, insérer un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La part de la majoration prévue au I destinée à abonder en 2003 la dotation de solidarité urbaine est répartie entre les communes dont le territoire comprend tout ou partie d'une zone urbaine sensible mentionnées à l'article 42 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire. »
L'amendement n° I-81 rectifié, présenté par MM. Delfau et Collin, est ainsi libellé :
« A. - A la fin du II de cet article, remplacer les mots : "de 35 millions d'euros et de 4 millions d'euros" par les mots : "de 65 millions d'euros et de 15 millions d'euros".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de la majoration de la dotation de solidarité urbaine et de la dotation de solidarité rurale des "bourgs-centres" sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-17, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« A. - A la fin du II de cet article, remplacer les mots : "de 35 millions d'euros et de 4 millions d'euros" par les mots : "de 58 millions d'euros et de 10,5 millions d'euros".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« IV. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la majoration de la DSU et de la DSR « bourgs-centres » est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-196, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« I. - Compléter le II de cet article, par un alinéa ainsi rédigé :
« La dotation de solidarité urbaine est par ailleurs majorée de 130 millions d'euros, attribués aux 500 premières communes classées selon l'indice synthétique défini à l'article L. 2334-17 du code général des collectivités territoriales. »
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Pour compenser la perte de recettes résultant du relèvement de la dotation de solidarité urbaine, le taux de l'impôt sur les sociétés est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Gérard Miquel, pour présenter l'amendement n° I-96.
M. Gérard Miquel. Cet amendement tend à supprimer les dispositions de l'article 32 qui conduisent à affecter le montant de la régularisation de la DGF de 2001 des communes - 100 millions d'euros - aux dotations de solidarité communales : la DSU et la DSR.
En conséquence, les 100 millions d'euros de la régularisation de la DGF de 2001 seraient répartis entre les collectivités bénéficiaires, dans les conditions habituelles prévues par le code général des collectivités territoriales.
L'amendement tend également à porter, d'une part, de 35 millions d'euros à 151 millions d'euros les abondements de l'Etat à la DSU et, d'autre part, de 4 millions d'euros à 28 millions d'euros les abondements de l'Etat à la DSR.
Les ressources directement consacrées à la DSU et à la DSR par le projet de loi de finances pour 2003 sont insuffisantes pour permettre une progression de ces deux dotations de 5 %, comme les années précédentes. En effet, l'explosion de la dotation d'intercommunalité - plus 20 % en 2001 - pèsera à nouveau lourdement en 2003 sur les ressources de la dotation d'aménagement, dont le solde alimente la DSU et la DSR.
Selon M. le rapporteur général, les ressources de la DSU et de la DSR devraient croître de 2 % seulement en 2002 compte tenu, d'une part, des moyens financiers que le projet de loi de finances pour 2003 leur affecte et, d'autre part, de l'estimation de la progression de la dotation d'intercommunalité. En 2002, ces dotations avaient bénéficié d'une hausse de 5 %.
Cette politique volontariste du précédent gouvernement a d'ailleurs été soulignée par l'Observatoire des finances locales, qui indique, très objectivement, que l'année 2002 a été marquée par la poursuite de l'important effort de péréquation engagé les années précédentes.
L'adoption du présent amendement permettrait donc aux ressources de la DSU et de la DSR d'augmenter de nouveau de 5 % en 2003 et aux communes de bénéficier de la régularisation de la DGF de 2001. Bref, le budget pour 2003 deviendrait ainsi presque aussi généreux pour les communes que le budget de 2002.
M. le président. La parole est à M. Thierry Foucaud, pour défendre l'amendement n° I-195 rectifié.
M. Thierry Foucaud. Par cet amendement, nous proposons de répondre à deux attentes des élus locaux.
Tout d'abord, il s'agit de répartir le produit de la régularisation positive de la dotation globale de fonctionnement de 2001. C'est d'ailleurs ce que souhaitait le comité des finances locales lorsqu'il a annoncé le montant de cette régularisation en juillet dernier. Les élus, vous le savez, monsieur le ministre, s'étaient alors mobilisés pour formuler la même demande, à savoir que les 136,5 millions d'euros supplémentaires soient attribués à ces bénéficiaires dans le cadre du collectif de 2002, soit une augmentation de 0,7 % de la DGF de 2002. Loin d'apaiser leurs inquiétudes, vous n'aviez alors donné aucune piste ni aucune garantie quant à l'utilisation de cette régularisation positive.
Aujourd'hui, avec l'article 32, vous voulez faire ce que craignaient les élus locaux, c'est-à-dire prendre de l'argent à l'ensemble des collectivités pour combler, ici ou là, le manque de crédits.
S'agissant du détournement de cette régularisation positive, disposition que l'Association des maires de France condamne dans son communiqué relatif à cette loi de finances, nous vous proposons de la supprimer.
Par ailleurs, comme les abondements en matière de dotation de solidarité sont nettement en deçà des besoins, nous vous proposons de les augmenter : plus de 200 millions d'euros sont nécessaires pour la DSU. Ce chiffre fait d'ailleurs l'objet d'un consensus : c'est celui qu'a avancé l'Association des maires de grandes villes de France, association pluraliste.
Les 230 millions d'euros que nous demandons représentent une goutte d'eau eu égard aux baisses d'impôt que comporte le présent projet de loi de finances. Ces 230 millions d'euros sont encore insuffisants pour les villes les plus pauvres, qui attendent beaucoup de la réforme des finances locales.
Il faut bien avoir à l'esprit que des communes ont à faire face à des charges importantes compte tenu de leurs caractéristiques sociologiques. Certaines, vous le savez, se trouvent dans des situations réellement catastrophiques.
S'agissant des communes rurales, nous proposons un abondement de 35 millions d'euros, lequel ne peut suffire, d'ailleurs, à résoudre tous les problèmes financiers qu'affrontent les élus de ces collectivités ; nous en avons parlé ce matin. Leur résolution est subordonnée à la mise en oeuvre d'une politique spécifique en direction de la ruralité ayant pour objet de soutenir les investissements des collectivités concernées, d'y maintenir mais aussi d'y développer les services et d'absorber l'augmentation des dépenses de fonctionnement qu'elles connaissent au même titre que les autres collectivités.
M. le président. La parole est à M. Gérard Miquel, pour présenter l'amendement n° I-97.
M. Gérard Miquel. Il s'agit d'un amendement de repli ; le montant prélevé sur le budget serait moins important pour la DSU et la DSR.
Monsieur le ministre, permettez-moi de vous rappeler que vous vous étiez engagé, devant le Sénat, à l'occasion de l'examen du collectif budgétaire de juillet dernier, à ce que la régularisation de la DGF de 2001 soit bien versée aux collectivités locales qui en étaient bénéficiaires en 2002. Or tel ne sera pas le cas puisque vous avez alimenté la DSU et la DSR avec le montant qui devait être affecté aux diverses communes qui ont perdu le bénéfice de la DGF à la suite de votre proposition.
M. le président. La parole est à M. Pierre André, pour présenter l'amendement n° I-129 rectifié.
M. Pierre André. Cet amendement a pour objet de renforcer l'effet péréquateur de la DSU au profit des communes qui supportent le plus de charges liées, notamment, à la présence de quartiers en difficulté et comportant au moins une zone urbaine sensible.
Cet amendement vous est présenté par les trois rapporteurs de la politique de la ville - les rapporteurs de la commission des finances, des affaires sociales et des affaires économiques - ainsi que par Jean-Claude Gaudin, ancien ministre chargé de la ville et maire de la deuxième ville de France.
Nous mesurons chaque jour combien la situation se dégrade dans les quartiers les plus sensibles. Le temps d'en faire le constat est dépassé. Il faut agir et telle est, je crois, la volonté du Gouvernement.
M. de Robien, ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer disait, voilà quelques jours, à cette tribune : « Pour soutenir la politique de la ville et celle de la rénovation urbaine que lance le Gouvernement, il est indispensable de renforcer l'effet de solidarité des dotations de l'Etat. La DSU, aujourd'hui, ne répond plus à la nécessité de provoquer une discrimination suffisamment positive pour aider les villes qui en ont vraiment besoin. »
Ces derniers jours, tout au long de nos débats, notre collègue Michel Mercier, rapporteur spécial et nous-mêmes avons tous insisté sur la nécessité de renforcer la péréquation. Dans son rapport, notre collègue évoque « une amélioration de la qualité de la dépense en faveur de la péréquation en réservant l'éligibilité aux dispositifs péréquateurs aux collectivités les plus en difficulté ».
Actuellement, la DSU est répartie entre 75 % des communes de plus de 10 000 habitants. Elle ne peut donc avoir un effet suffisant pour l'ensemble des communes en difficulté. C'est la raison pour laquelle l'amendement que nous vous proposons tend à concentrer la répartition sur les communes qui ont à supporter les charges sociales et urbaines les plus lourdes au regard de l'existence, sur leur territoire, d'une zone urbaine sensible, c'est-à-dire d'un quartier en difficulté. Dans ce cas, un peu plus de 50 % des communes de plus de 10 000 habitants verraient leur DSU augmenter de l'ordre de 17 % à 20 %. Cela ne coûtera rien à l'Etat.
Mes chers collègues, nous vous demandons d'adopter cet amendement qui apportera une bouffée d'oxygène à nos quartiers en difficulté, qui en ont bien besoin.
M. le président. L'amendement n° I-81 rectifié n'est pas soutenu.
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n° I-17.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les dispositions de ce projet de loi de finances permettent d'envisager, pour 2003, une progression de la DSU de 3 % et une progression de la DSR « bourgs-centres » de 1,5 %. Au regard de l'objectif de péréquation, bientôt de portée constitutionnelle, il est apparu à la commission que ces taux étaient insuffisants.
Notre amendement a donc pour objet d'assurer aux deux dotations une progression de 5 % de 2002 à 2003. L'arithmétique montre que pour atteindre les 5 % il faut majorer de 23 millions d'euros la DSU et de 6,5 millions d'euros la DSR « bourgs-centres ».
Sans anticiper sur les choix futurs du comité des finances locales, et dans le cadre de ce principe d'une évolution de 5 %, il convient, par rapport au montant résultant des mécanismes de répartition de la DGF prévus par le code général des collectivités territoriales, de prévoir 58 millions d'euros de plus pour la DSU et 10,5 millions d'euros de plus pour la DSR « bourgs-centres ».
Mes chers collègues, la commission s'est efforcée, au cours des dernières semaines, de défendre l'amendement n° I-17 auprès du Gouvernement, avec tous ses arguments et toute sa conviction. Cet amendement nous paraît être la limite raisonnable d'un effort susceptible d'être réalisé malgré les contraintes lourdes des finances publiques pour 2003.
Considérant que les sommes que je viens de citer représenteraient un effort important, mais raisonnable, la commission souhaiterait, monsieur le président, que l'amendement n° I-17 soit mis aux voix par priorité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Dans la mesure où il ne s'agit que d'une priorité de vote, et sachant que les auteurs des différents amendements auront pu s'exprimer tout à loisir, je suis favorable à cette demande formulée par la commission.
M. le président. La priorité est ordonnée.
Vous connaissant, monsieur le ministre, je savais que vous auriez le souci de laisser le débat aller à son terme. (Sourires.)
La parole est à M. Thierry Foucaud, pour présenter l'amendement n° I-196.
M. Thierry Foucaud. Il s'agit d'un amendement de repli, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande à nos collègues du groupe socialiste, pour les amendements n°s I-96 et I-97, et à nos collègues du groupe CRC, pour l'amendement n° I-195 rectifié, de bien vouloir se rallier à l'amendement n° I-17 de la commission que j'ai eu l'honneur d'exposer et sur lequel le Sénat va se prononcer en priorité.
S'agissant de l'amendement n° I-129 rectifié, je me tourne vers notre collègue Pierre André, qui s'est beaucoup investi, au nom de la commission des affaires économiques, en matière de politique de la ville.
Qu'il me soit permis, monsieur le ministre, de souligner en particulier le rapport très récent de notre collègue sur les zones franches urbaines, ces zones franches qui ont été tant critiquées au cours de la précédente législature, mais dont les effets économiques, notamment en termes de créations d'emplois, sont incontestables, comme l'a montré Pierre André.
Les zones franches urbaines sont, de par la volonté du législateur de 1996, l'instrument utile de la discrimination positive. Si l'on considère que certains points particuliers du territoire souffrent de handicaps lourds, il est important de rééquilibrer, en quelque sorte, la situation par une politique ciblée de réductions de charges, de déductions fiscales et d'incitations à la vie économique. Cette discrimination positive a montré ses effets bénéfiques dans de nombreuses communes, dont la liste a été dressée avec beaucoup d'objectivité par la commission des affaires économiques, sous la signature de notre collègue Pierre André.
Un peu dans la même logique, on nous invite ici à cibler la majoration de la DSU en 2003 en fonction de l'existence des zones où un maximum de problèmes se posent, c'est-à-dire les zones urbaines sensibles, selon la terminologie du ministère de la ville.
L'amendement cosigné par MM. Eric Doligé et Pierre André et Mme Nelly Olin tend à réserver aux communes sur le territoire desquelles se trouve une zone urbaine sensible le bénéfice de la part de la régularisation positive de la dotation globale de fonctionnement de 2001, qui doit être versée en 2003 aux communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine.
Par dérogation aux règles qui régissent le versement des régularisations positives, l'article 32 prévoit, dans sa rédaction actuelle, que la régularisation de 2001 abonde la DSU et la DSR en 2003. La DSU devrait ainsi être majorée de 83 millions d'euros et la DSR de 17 millions d'euros.
L'amendement n° I-129 rectifié vise non pas à majorer la DSU de 83 millions d'euros, mais à créer une nouvelle enveloppe, une seconde répartition, une seconde part, en quelque sorte, qui serait réservée aux communes non seulement éligibles à la DSU, mais aussi sur le territoire desquelles se trouve une zone urbaine sensible.
Donc, on se réfère ici au zonage de la politique de la ville, donc à des critères que l'on estime objectifs et précis, et l'on détermine en fonction la répartition de la seconde part de DSU.
Les simulations qui nous ont été montrées par le ministre délégué à la ville illustrent les effets d'un tel système. Car tout ciblage amélioré joue, bien entendu, au détriment d'un certain nombre de communes, en l'occurrence une centaine, qui sont aujourd'hui éligibles à la DSU mais qui, pour une raison ou pour une autre, n'ayant pas sur leur territoire de zone urbaine sensible, ne pourraient bénéficier de la nouvelle enveloppe. Elles ne seraient pas privées pour autant de ce que j'appelle la « première part de DSU », qui leur resterait acquise en tout état de cause. Reste que les simulations qui m'ont été communiquées montrent que la somme totale que percevraient cette centaine de communes en 2003 au titre de la DSU serait inférieure de 13 %, en euros courants, à la somme totale perçue en 2002.
Voici les termes du débat, mes chers collègues : améliorer le ciblage au profit des communes dont on peut estimer, en raison de leur classement en zone urbaine sensible, qu'elles sont les plus en difficulté, mais porter préjudice à une centaine de communes de taille plus réduite - une dizaine de milliers d'habitants - qui peuvent connaître des problèmes sociaux, mais sans que ces problèmes aient donné lieu à zonage, pour des raisons qui sont certainement très contingentes ; il faudrait les examiner au cas par cas.
Le ciblage est donc assurément un bon objectif. Dans le cadre de la réforme de la dotation globale de fonctionnement que nous examinerons l'an prochain, sans nul doute, l'une des priorités sera d'améliorer le ciblage des dotations de solidarité, soit par une réduction des bénéficiaires, soit par un renforcement de la progressivité des attributions versées. Donc, vous sentez bien que le rapporteur général que je suis, et qui s'efforce d'être pleinement objectif dans cet exposé, est tiraillé entre différentes considérations. ( Sourires. )
L'amendement anticipe la réforme de l'année prochaine, pour des raisons tout à fait louables. Cependant, par définition, cet amendement arrive en cours de procédure parlementaire, par une voie éminemment respectable, mais il aurait peut-être pu être préparé un peu plus en amont. Loin de moi l'idée de critiquer mes collègues. Je pense plutôt au ministère délégué à la ville qui, à mon avis, aurait pu anticiper cette difficulté plusieurs semaines à l'avance, nous permettant ainsi de mieux saisir les avantages et les inconvénients de cette réforme, en clair, de savoir qui en bénéficie et qui en pâtit, et ce pour que nous tentions de trouver les correctifs adéquats. La concertation n'a pas réellement fonctionné. Si nous adoptons cet amendement, une centaine de communes en difficulté et qui n'ont pas été averties vont se trouver pénalisées à hauteur de 13 % du montant de la DSU qu'elles auront perçu en 2002.
Dans mon département, et pour la ville dont je vous parle un peu trop souvent (Sourires), l'adoption de l'amendement procurerait un gain de quelques centimes d'euros par habitant, et ce n'est pas significatif. Mon approche est donc tout à fait neutre. S'agissant des autres villes importantes du département ayant des zones urbaines, elles sont sensiblement bénéficiaires. Nous constatons, en revanche, des disparités de traitement sans raison objective pour les communes de taille plus moyenne, d'une quinzaine de milliers d'habitants, selon qu'elles disposent ou non d'une zone urbaine sensible sur leur territoire. Quand on regarde la liste, sur un département que l'on connaît, avec des communes que l'on connaît, les choses apparaissent évidemment de façon plus concrète, mes chers collègues !
Bref, je ne sens pas très bien la réforme ici préconisée tout en partageant l'ambition de nos collègues. A mon avis, il faut les remercier de donner un coup de pied dans la fourmilière, tant il est vrai que la répartition de ces dotations de solidarité mérite d'être réexaminée. Il y a, d'ailleurs, beaucoup d'arbitraire dans les modalités qui ont été retenues depuis que le système existe. Le bon moment se présentera lors du débat sur les concours financiers aux collectivités locales. Si nous suivons la voie qui nous est proposée, nous allons créer une seconde part de la DSU obéissant à des critères différents de la première, ce qui reviendra à ajouter un étage supplémentaire à un édifice déjà branlant. Le résultat, je vous le laisse prévoir, mes chers collègues...
J'ajoute, pour conclure, que, dans le contexte actuel, la DSU, même si elle est critiquable par certains aspects, est très progressive s'agissant du montant de ses attributions et qu'une part vraiment prédominante de cette dotation se trouve aujourd'hui concentrée sur une centaine de communes considérées comme les plus défavorisées.
Tels sont les éléments d'appréciation que je peux vous donner : réexaminer ce dossier s'avère, encore une fois, très opportun. L'initiative de nos collègues est un intéressant appel à la réflexion et à la remise en cause de ces systèmes administratifs. La commission s'en remet, monsieur le ministre, à l'avis que vous formulerez au nom du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je m'adresserai tout d'abord à M. Miquel.
Monsieur le sénateur, vous ne trouverez dans aucun compte rendu de nos travaux un engagement de ma part sur une éventuelle régularisation au bénéfice de toutes les communes. Vous y lirez même le contraire, parce que je me souviens que le malicieux Michel Charasse avait déposé un amendement qui prévoyait explicitement cette répartition et sur lequel j'avais par précaution émis un avis défavorable : je réfléchissais, en effet, à la façon dont nous pouvions renforcer la péréquation, ce que nous faisons en la circonstance.
Plutôt que de répartir la DGF en pluie fine sur l'ensemble des communes, peut-être faut-il, en effet, et à titre exceptionnel, la concentrer sur les communes qui sont à l'épreuve et qui bénéficient de la DSU et de la DSR. Vous voyez, monsieur le sénateur, que le Gouvernement est animé, tout comme vous, d'un esprit de péréquation. Nous ne sommes peut-être pas d'accord sur les modalités, mais l'objectif nous est commun. Nous avons déjà, de ce point de vue-là, fait un premier pas !
A ce propos, le prélèvement de 100 millions d'euros sur la régularisation permet d'accroître notablement l'effet péréquateur des concours de l'Etat. Une répartition dans les conditions de droit commun, telle que vous proposez de la réinstaurer, conduirait à un saupoudrage des crédits assez peu efficace. Les calculs qui ont été faits montre que cela entraînerait une augmentation de 0,76 % de la DGF initiale et qu'une commune percevant 100 000 euros de DGF bénéficierait de 760 euros supplémentaires, ce qui ne serait sans doute pas significatif pour elle, mais le serait pour les communes éligibles à la DSU.
J'ajoute que la péréquation est un objectif que le Gouvernement non seulement partage avec vous mais qu'il encourage. Ainsi, il a souhaité garantir la progression des dotations de péréquation. Des abondements exceptionnels de la DSU et de la DSR ont été prévus à cet effet, pour un montant total de 162 millions d'euros, ce qui représente un effort substantiel. Je suis sûr que vous serez sensibles à ces explications, mesdames, messieurs les sénateurs, et que vous consentirez à retirer vos amendements.
Quant aux abondements exceptionnels de l'Etat en faveur de la DSU et de la DSR « bourgs-centres », je souhaite faire trois observations principales.
Tout d'abord, les collectivités territoriales ont fait l'objet, en 2003 - je sais que tel n'est pas votre avis, même s'il me semble objectivement difficile de contester les faits - d'un traitement très avantageux compte tenu du contexte budgétaire actuel. Rappelons ainsi que les concours de l'Etat progresseront, en 2003, de 3,3 % par rapport à 2002 : beaucoup de nos compatriotes voudraient avoir l'assurance de voir leurs ressources évoluer dans la même proportion...
La DGF augmentera, à elle seule, de 422 millions d'euros, soit une augmentation de 2,3 %, ce qui est tout de même considérable.
Ensuite, je me suis engagé à compenser les effets des nouvelles modalités d'indexation des dotations qui sont allouées aux établissements publics de coopération intercommunale décidées par l'Assemblée nationale sur la DSU et la DSR.
Enfin, je partage l'objectif de progression de la DSU et de la DSR bourg-centre que souhaite la commission des finances.
C'est ce qui me permet, monsieur le président, d'émettre un avis favorable sur l'amendement n° I-17, qui est présenté par M. le rapporteur général et dont je lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° I-17 rectifié.
Veuillez poursuivre, monsieur le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. J'en viens à l'amendement n° I-129 rectifié. M. le rapporteur général a salué les travaux que M. Pierre André mène au titre de la politique de la ville ainsi que l'expérience qui est la sienne, en tant que maire d'une ville comportant une zone urbaine sensible. Je comprends sa préoccupation. En effet, je connais très bien une ville de Basse-Normandie qui se trouve exactement dans la même situation et qui serait certainement favorisée par cet amendement. Je crois néanmoins qu'il faut, comme en toute chose - et c'est votre cas à tous -, être aussi objectif que possible !
L'amendement que vous proposez comporte des effets secondaires qui sont extraordinairement pénalisants pour des communes auxquelles le Sénat doit porter un intérêt tout aussi attentif et scrupuleux.
Après M. le rapporteur général, je veux vous dire que la DSU est issue d'un mécanisme extraordinairement compliqué. En aparté, nous sommes convenus qu'il faudrait le revoir, le nombre de bénéficiaires faisant perdre une partie de l'efficacité à la dotation. Tout le monde en est convaincu et l'instrument mérite d'être remis à plat. Pour autant, le modifier, sans doute à la marge, mais au dernier moment, ferait sortir du système des communes dont la situation est également préoccupante.
Par conséquent, je ne conteste pas l'utilité, pour les communes ayant une zone urbaine sensible, d'une mesure comme celle que vous proposez, mais elle s'appliquerait aux dépens d'autres communes dont la situation peut être aussi préoccupante et qui n'ont absolument pas, à quelques semaines de la préparation de leur budget, anticipé une perte de recettes de cette nature, susceptible de les mettre dans une situation intenable.
C'est la raison pour laquelle, quel que soit le bien-fondé de votre proposition, de l'esprit qui l'anime ainsi que de votre souhait de contribuer à l'amélioration du mode de calcul de la dotation, je suis au regret de vous demander, monsieur André, de bien vouloir retirer votre amendement, faute de quoi je serais obligé d'émettre un avis défavorable.
Au-delà de votre personne dont je connais l'expérience - car la pratique de la politique de la ville est plus importante que la théorie -, je voudrais adresser un message subliminal à ceux qui pratiquent la politique de la ville en théorie seulement et qui peuvent parfois inspirer de telles idées.
Qu'ils se méfient des mécanismes technocratiques aboutissant à des dotations devenues incalculables, qui entraînent les pires injustices. Ce n'est pas au dernier moment que nous pourrons réellement faire du bon travail, alors même que nous sommes incapables d'opérer les simulations qui nous éclaireraient sans contestation possible sur leurs véritables effets.
C'est pourquoi je suis contraint, je le répète, car j'ai de la sympathie à la fois pour son auteur, pour la ville dont il est le premier magistrat et pour les villes qui sont dans la même situation, d'indiquer au Sénat qu'il serait tout à fait déraisonnable d'adopter l'amendement n° I-129 rectifié.
Quant aux autres amendements en discussion commune, monsieur le président, le Gouvernement y est également défavorable.
M. le président. Je mets aux voix par priorité l'amendement n° I-17 rectifié.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s I-96, I-195 rectifié et I-97 deviennent sans objet.
L'amendement n° I-129 rectifié est-il maintenu, monsieur André ?
M. Pierre André. Je tiens au préalable à remercier M. le ministre et M. le rapporteur général des propos sympathiques qu'ils ont tenus à l'égard de la commission des affaires économiques et des travaux que nous menons.
Je souscris à l'analyse qu'ils ont développée. Vous l'avez bien compris, par cet amendement, nous souhaitions attirer fortement l'attention du Gouvernement sur la nécessité de revoir la DSU, afin que son effet péréquateur soit sensible dans nos villes.
Dans ces conditions, ne voulant pas être l'auteur d'un amendement qui pénaliserait une centaine de communes qui sont en train de préparer leur budget, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° I-129 rectifié est retiré.
Monsieur Foucaud, l'amendement n° I-196 n'a plus d'objet ?
M. Thierry Foucaud. Il n'a plus d'objet, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° I-196 est retiré.
Je mets aux voix l'article 32, modifié.

(L'article 32 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 32



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-18, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Après l'article 32, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - En 2003, le produit disponible mentionné au 1° de l'article 1648 B bis du code général des impôts est majoré de 18 millions d'euros. Cette majoration n'est pas prise en compte pour l'application des dispositions du I de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998).
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-98, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et rattachée, est ainsi libellé :
« Après l'article 32, insérer un article additionnel rédigé ainsi :
« I. - En 2003, le produit disponible mentionné au 1° du I de l'article 1648 B bis du code général des impôts est majoré de 20 millions d'euros.
« II. - La majoration prévue au I n'est pas prise en compte pour l'application des dispositions du I de l'article 57 de la loi de finances pour 1999.
« III. - Les pertes de recettes résultant du I et du II sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle au droit de consommation sur les tabacs visé à l'article 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-18.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet article additionnel vise à majorer de 18 millions d'euros les ressources de la part principale du fonds national de péréquation, le FNP.
Nous avons beaucoup parlé de péréquation au cours de ce débat. Nous pouvons nous référer, en particulier, à son caractère d'objectif de valeur constitutionnelle. A ce titre, il a semblé à la commission que les dispositions de la loi de finances ne permettaient pas une évolution assez favorable du Fonds national de péréquation, puisqu'il était stabilisé.
L'augmentation de la part principale du fonds que nous préconisons nous a semblé représenter un effort raisonnable, en tout cas réaliste.
Je rappelle que cette part bénéficie aux communes qui répondent à certains critères de potentiel fiscal et d'effort fiscal, mais aussi à certains fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle.
Je m'exprimerai avec précaution sur ces sujets extrêmements techniques devant le grand expert des fonds départementaux qu'est Yves Fréville, comme il nous l'a encore prouvé hier.
En 2002, 18 508 communes ont bénéficié de la part principale du fonds national de péréquation. Notre amendement permettra aux ressources de cette part principale d'augmenter de 4 % par rapport à 2002.
Les communes éligibles, vous le savez, doivent présenter un potentiel fiscal des « quatre taxes » par habitant inférieur de 5 % ou plus à la moyenne de la strate démographique correspondante et présenter un effort fiscal supérieur à la moyenne de cette même strate.
Sont également éligibles les communes de plus de 10 000 habitants qui répondent aux deux conditions suivantes : avoir un potentiel fiscal par habitant inférieur ou égal à deux tiers du potentiel fiscal par habitant de la strate et avoir un effort fiscal supérieur à 80 % de la moyenne de la même strate.
Enfin, sont éligibles les communes qui répondent à l'une des conditions suivantes : avoir un potentiel fiscal par habitant inférieur de 5 % ou plus à celui de la strate et un taux de taxe professionnelle au taux plafond ; avoir un potentiel fiscal par habitant inférieur de 5 % ou plus à la moyenne de la strate démographique et un effort fiscal compris entre l'effort fiscal moyen des communes du même groupe démographique et 90 % de cet effort fiscal moyen.
Ce sont des dispositions d'une grande simplicité, comme toujours, mais elles offrent un instrument utile de péréquation.
Compte tenu de l'ensemble des informations recueillies, en particulier par le comité des finances locales, mais aussi des souhaits manifestés par les collectivités et par les principales associations d'élus, monsieur le ministre, nous avons l'honneur de soutenir l'amendement n° I-18.
M. le président. La parole est à M. Gérard Miquel, pour présenter l'amendement n° I-98.
M. Gérard Miquel. Le groupe socialiste vous propose un amendement qui tend à majorer de 20 millions d'euros le prélèvement sur recettes affecté à la part du fonds national de péréquation.
Je ne reprendrai pas l'argumentaire qui vient d'être développé par M. le rapporteur général. A l'occasion du récent congrès de l'Association des maires de France, ces derniers ont toutefois exprimé clairement leur souhait que « l'impératif d'égalité territoriale imprègne plus nettement et plus fortement les politiques publiques ».
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. Gérard Miquel. Je regrette que, au cours de ce débat, nous nous en éloignions encore un peu plus. C'est la raison pour laquelle je vous demande, monsieur le ministre, de faire un geste en direction de l'opposition en augmentant la majoration de 18 à 20 millions d'euros.
M. Roland du Luart. Allons-y pour 19 millions d'euros !
M. Gérard Miquel. Je sais que vous avez souvent eu des discussions avec votre prédécesseur qui ont permis certaines avancées... Alors, accordez-nous les 20 millions d'euros que nous demandons !
Le fonds national de péréquation serait ainsi abondé de 2 millions d'euros supplémentaires. Ce n'est pas grand-chose, mais nous apprécierions votre geste, monsieur le ministre.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Selon mes calculs, j'arrive à 18 millions d'euros. Je ne peux rien dire de plus ! Et 18 millions, c'est proche de 20 millions ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Lorsque je suis arrivé dans l'hémicycle, j'étais à zéro ! (Sourires.) En écoutant le plaidoyer de M. Gérard Miquel, et contre l'avis de tous mes collaborateurs, j'ai fait un effort considérable pour arriver à 18 millions d'euros. Cher Gérard Miquel, vous avez donc 18 % de mon affection, dix-huit sur vingt ! (Sourires.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cela fait 90 % ! (Sourires.)
M. Alain Lambert, ministre délégué. En effet ! Vous voyez à quel point votre voeu est exaucé.
Je veux indiquer que la majoration des ressources de la part principale du fonds national de péréquation répond également au souhait du Gouvernement ; il le satisfait en fonction des contraintes budgétaires que vous connaissez, mais il a déjà consenti deux efforts significatifs.
Tout d'abord, il s'est engagé à compenser l'intervention de la réforme de la fiscalité locale de France Télécom sur les ressources du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle. Or, le solde disponible dudit fonds se reportant en balance d'entrée du fonds national de péréquation, vous pouvez mesurer les conséquences favorables de cet engagement sur l'équilibre global du Fonds national.
En outre, le Gouvernement a été favorable au vote par les députés de la reconduction de l'abondement exceptionnel de 28,87 millions d'euros sur la majoration du FNP instituée par la loi de finances pour 1999.
Nous avons bien compris vos souhaits ainsi que ceux de la commission des finances. Il nous semble que 18 millions d'euros représentent un nouvel effort très substantiel.
Ayant souhaité vous être agréable, nous avons presque satisfait votre amendement. Il y a plusieurs manières d'appréhender la réalité : les bouteilles peuvent être à moitié pleines ou à moitié vides. Là, elle est, comme M. le rapporteur général l'indique, pleine à 90 %.
Enfin, je lève le gage de l'amendement n° I-18.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° I-18 rectifié.
Monsieur Miquel, l'amendement n° I-98 est-il maintenu ?
M. Gérard Miquel. Certes, la différence entre les deux montants n'est pas grande. J'aurais préféré que les amendements précédents aient été examinés avec plus de bienveillance. Cependant, je retire l'amendement n° I-98.
M. le président. L'amendement n° I-98 est retiré.
La parole est à M. Michel Charasse, pour explication de vote sur l'amendement n° I-18 rectifié.
M. Michel Charasse. Bien sûr, je me rallie, avec mon groupe, à la position que vient d'exprimer mon ami Gérard Miquel.
Il faut dire que, compte tenu de l'attente très forte sur cette affaire de la péréquation nationale, le groupe socialiste avait choisi 20 millions d'euros, non seulement parce que c'est une somme significative, mais aussi parce que c'est un chiffre qui est plus parlant que 18 millions d'euros, même s'il n'y a que deux millions de différence. C'était donc aussi un problème d'affichage.
Je voudrais simplement apporter à ce débat une information, valable pour M. le ministre, qui doit le savoir, comme pour M. le rapporteur général, qui l'a peut-être oublié, bien que nous en ayons parlé l'autre jour.
Lorsque le comité des finances locales s'est réuni voilà trois semaines ou un mois pour fixer le montant de la dotation spéciale instituteur et de l'indemnité de logement par instituteur cette année, l'administration nous avait proposé de vider la caisse, c'est-à-dire d'éponger l'intégralité des disponibilités du Centre national de la fonction publique territoriale qui reçoit la ressource.
Avec le comité des finances locales et le président Jean-Pierre Fourcade, nous avons considéré que c'était une augmentation qui aboutissait à une augmentation individuelle très forte, très au-dessus de l'inflation et de l'évolution des salaires de la fonction publique, aussi avons-nous limité l'augmentation à un taux beaucoup plus raisonnable.
Tant et si bien - je le signale pour les débats futurs - que nous vous laissons, monsieur le ministre, un reliquat de 5,5 millions d'euros. Si l'on ne fait rien, il sera ajouté automatiquement l'année prochaine à la DSR et à la DSU, c'est-à-dire à la DGF, pour être affecté aux dotations de péréquation.
Je verse au débat le fait que si l'on avait voulu trouver deux millions d'euros de plus, on aurait pu les trouver. Monsieur le rapporteur général, cela n'empêche pas que l'on fasse preuve d'imagination, si c'est nécessaire, d'ici à la fin des discussions et du collectif en pensant qu'on a cette petite cagnotte en réserve, quelque part, pour faire des arrondis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-18 rectifié.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 32.
L'amendement n° I-197, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 32, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Au I de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998), les mots : "les dotations de l'Etat au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle et au fonds national de péréquation" sont supprimés.
« II. - Après les mots : "cette dotation évolue chaque année," la fin du 2° du II de l'article 1648 A bis du code général des impôts est ainsi rédigée : "comme l'indice de la formation brute de capital fixe, telle que prévue dans le rapport économique, social et financier de la loi de finances initiale".
« III. - L'augmentation du prélèvement sur recettes résultant de l'indexation de l'évolution de sa dotation au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle sur la formation brute de capital fixe des entreprises est compensée par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Vous connaissez notre position et nos propositions qui visent à exclure le FNPTP et le FNP de l'enveloppe normée et à suggérer une indexation des dotations de l'Etat allouées à ces fonds sur la formation en brut de capital fixe.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'amendement n° I-197 met l'accent sur le caractère hétéroclite des dotations composant l'enveloppe normée. Il souligne également que le mode d'indexation des dotations de l'Etat au FNPTP sur les recettes fiscales nettes de l'Etat mériterait d'être modifié, point que nous avons déjà abordé au cours de nos travaux.
Pour autant, il nous faut tirer les conséquences de la révision constitutionnelle et entrer dans les délibérations préalables à la réforme annoncée de la DGF et des différentes dotations.
Pour procéder avec ordre et méthode, je vous suggère, monsieur Foucaud, de retirer dans l'immédiat votre amendement, dont j'ai pris bonne note, et de participer aux délibérations préalables à la réforme, car on ne va pas traiter d'un aspect particulier avant d'avoir traité du tout.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. J'ajoute que l'on ne peut exclure des dotations de l'enveloppe normée à la veille d'une nouvelle réforme.
J'invite donc à mon tour M. Foucaud à retirer son amendement. A défaut, j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement n° I-197 est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Il s'agit d'un amendement d'appel, et je le maintiens.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-197.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° I-199, présenté par M. Boulaud, est ainsi libellé :
« Après l'article 32, insérer un article additionnel rédigé ainsi :
« I. - L'article L. 2334-24 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation aux dispositions du premier alinéa, le produit des contraventions relevées par les agents de la police municipale, dans le cadre du deuxième alinéa de l'article L. 2212-5, est reversé directement aux communes. Il est porté en recette de leur budget de fonctionnement. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Didier Boulaud.
M. Didier Boulaud. Cet amendement prévoit d'affecter directement aux communes disposant d'une police municipale le produit des contraventions relevées par leurs agents.
Actuellement, ce produit est un prélèvement sur les recettes de l'Etat dont la répartition est opérée forfaitairement par le comité des finances locales. Or, les préfets demandent à de nombreuses communes - c'est le cas de celle que j'administre - d'ouvrir des régies de recettes à compter du 1er janvier 2003, ce qui revient à transférer sur les collectivités locales la recette. Pour la commune, cela nécessite l'ouverture d'un emploi supplémentaire.
C'est la raison pour laquelle j'ai déposé cet amendement, qui, je crois, répond aux attentes de nombreux élus de collectivités et de villes moyennes.
MM. Thierry Foucaud et Michel Charasse. Très bien !
M. Gérard Miquel. Mesure très intelligente !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'amendement n° I-199 est favorable aux libertés locales, puisqu'il prévoit qu'une partie du produit des amendes de police perçues par les collectivités locales pourra être utilisée librement par celles-ci, au lieu de l'être obligatoirement selon des modalités fixées par l'Etat.
J'insiste sur le fait qu'il s'agit du produit des contraventions relevées par les agents de police municipale, l'auteur de l'amendement souhaite que ce produit soit intégralement recouvré par les communes concernées, au lieu d'être intégré au « pot commun » et réparti en fin d'année par le comité des finances locales.
Notre collègue Didier Boulaud prévoit enfin que ce produit alimentera le budget de fonctionnement des communes au lieu d'être obligatoirement affecté à l'amélioration des transports en commun et à la circulation. Chacun le sait, ce n'est qu'un jeu d'écritures (M. Didier Boulaud opine) : on déplace les curseurs pour répondre aux conditions de l'administration, mais, dans la réalité, c'est bien une ressource supplémentaire qui vient participer à l'équilibre général du budget et qui contribue à financer l'ensemble des dépenses de la commune.
Après examen, la commission des finances s'est, je n'hésite pas à le dire, déclarée tout à fait favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Il y a beaucoup d'élus locaux parmi vous et vous savez donc que le dispositif applicable au produit des contraventions relevées par la police municipale diffère suivant que les communes ont plus ou moins de 10 000 habitants.
Monsieur Boulaud, comme la commission des finances - sans doute d'ailleurs parce que j'y ai siégé longtemps - je trouve votre idée intéressante, et vous allez d'ailleurs voir qu'elle est déjà à l'examen.
Cependant, le mécanisme que vous proposez dans votre amendement paraît, en l'état actuel des choses, impossible à mettre en oeuvre sur le plan pratique, aucun dispositif technique n'ayant permis à ce jour de relier les amendes qui sont émises et le produit recouvré autrement qu'au niveau des masses nationales.
Cela étant dit - et je crois savoir que Michel Charasse est très au fait de ces sujets -, des réflexions visant à modifier le cadre juridique actuel des sanctions aux infractions aux règles de circulation routière, afin, précisément, de mieux assurer le retour financier direct de ces sanctions pour les communes, ce qui est votre préoccupation, sont menées avec la Chancellerie, dont c'est la compétence. Des difficultés d'ordre pratique restent à lever, mais elles devraient l'être dans les prochains mois.
Je peux agir auprès du ministre de la justice pour faire en sorte que ces travaux soient accélérés, mais, dans l'intervalle, pour ne pas déstabiliser la répartition des dotations aux collectivités locales, je vous propose, monsieur Boulaud, de retirer votre amendement.
A défaut, je serais obligé d'émettre un avis défavorable.
Il faut en effet savoir, et je l'indique en particulier à M. le rapporteur général, que le dispositif, s'il était adopté, ne serait pas applicable en l'état. Ne voyez pas là une intention dilatoire, monsieur Boulaud. Simplement, selon les éléments en ma possession, il apparaît que nous ne disposons pas encore des moyens pour atteindre l'objectif que vous fixez, objectif qui est partagé par tous ici. Nous pourrions donc convenir ensemble de résoudre le problème au cours de l'année prochaine.
Aujourd'hui, je le redis, je souhaite le retrait de l'amendement et j'émettrai à défaut un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Boulaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Didier Boulaud. Il l'est, monsieur le président.
M. le président. La parole est à M. Michel Charasse, pour explication de vote.
M. Michel Charasse. Dans cette affaire, nous avons, d'un côté, une excellente idée de M. Boulaud, qui pose un principe, et, de l'autre, les arguments, qui ne sont pas sans valeur, que lui oppose le Gouvernement. Mais, en réalité, je crois que nous avons surtout un problème de rédaction.
En effet, si j'ai bien compris, M. Boulaud - et, avec lui, tous les maires des communes comparables à la sienne - souhaite que les contraventions dressées par la police municipale soient encaissées directement par la commune sans transiter par l'Etat. Dans ce cas, ce n'est pas la formule : « est reversé directement aux communes » qu'il faut employer mais bien plutôt la formule : « est perçu directement par les communes ». C'est un premier point.
Deuxième point, dès lors que l'on ne distingue pas - M. le ministre l'a dit - entre les différentes catégories de contraventions selon qu'elles sont infligées par la police nationale et la gendarmerie nationale, d'une part, ou par la police municipale, d'autre part, cela suppose un système de timbre différent, c'est-à-dire qu'il faut inventer un timbre fiscal au profit de la commune qui n'aura peut-être pas la même couleur que l'autre.
Je ne vois donc pas comment nous pourrions adopter l'amendement de M. Boulaud, auquel je suis très favorable parce qu'il est très simplificateur, sans prévoir que des conditions d'application soient fixées par décret, décret qui, de surcroît, aurait l'avantage d'être soumis pour avis au comité des finances locales, et donc aux représentants des élus locaux au comité des finances locales.
Monsieur le président, je pense donc que la solution consiste, compte tenu de la sympathie manifestée par la commission des finances pour la suggestion de M. Boulaud, et si M. Boulaud l'accepte, à renvoyer au collectif le moment de trouver une rédaction plus précise, laquelle renverrait à un décret et il reviendrait à l'administration de finaliser l'affaire.
En tout cas, je le redis à M. Boulaud, que la contravention dressée par une agent de police municipale soit encaissée directement par la commune est la bonne solution, mais on ne peut pas écrire « reversé », car cela signifierait que l'Etat l'encaisse lui-même et continue donc à se livrer aux mêmes opérations qu'aujourd'hui. Il n'y aurait donc ni avantage ni simplification pour la commune.
Si M. Boulaud acceptait de retirer provisoirement son amendement et que nous étions d'accord pour en améliorer la rédaction dans le cadre du collectif, le Gouvernement aurait le temps dans l'intervalle d'affiner sa réflexion et de finaliser un véritable système simplifié, d'autant, monsieur le ministre, et je vous le dis de la façon la plus claire, que le renvoi à un décret d'application vous donnera en plus le temps de la réflexion nécessaire pour mettre au point les mesures pratiques dont vous parliez dans votre exposé et qui sont en effet nécessaires pour mettre en oeuvre la mesure « Boulaud ».
Si vous en êtes d'accord les uns et les autres, je suggère donc le renvoi au collectif, ce qui nous donne le temps de trouver une rédaction - pourquoi pas avec la commission des finances, monsieur Boulaud ? -, rédaction qui renverrait elle-même à un décret.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général, qui trouvera sûrement une solution pour arranger tout le monde ! (Sourires.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le président, ayant entendu M. le ministre, comprenant les difficultés administratives, partageant les intentions du maire de Nevers, étant sensible aux suggestions de M. Charasse, peut-être puis-je me hasarder à suggérer à mon tour quelques rectifications.
Ne pourrait-on pas prévoir que la mesure ne sera applicable qu'à compter du 1er juin 2003 pour se laisser le temps, notamment, de convaincre le ministère de la justice ? L'alinéa complétant l'article L. 2334-24 du code général des collectivités territoriales serait alors ainsi rédigé : « A compter du 1er juin 2003, et dans les conditions déterminées par un décret, le produit des contraventions relevées par les agents de la police municipale, dans le cadre du deuxième alinéa de l'article L. 2212-5, est perçu directement par les communes. Il est porté en recette de leur budget de fonctionnement. »
M. Michel Charasse. Très bien !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cette rectification serait peut-être de nature à satisfaire tout le monde.
Je pense très sincèrement que c'est une simplification, car il n'y a aucune espèce de raison pour que l'argent prélevé par l'agent de la police municipale de Nevers, ou de Compiègne, remonte tout le système administratif, passe dans quelque compte à Paris pour redescendre tout le circuit à nouveau. Cela n'a franchement pas de sens, dès lors que cet argent n'appartient pas à l'Etat.
M. Michel Charasse. Exactement !
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une simplification que, grâce à M. Boulaud, nous apportons sur l'autel de la réforme de l'Etat.
M. Didier Boulaud. Je vous remercie !
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je veux en appeler à la sagesse du Sénat, car il me semblerait plus raisonnable que celui-ci, s'il tient vraiment à cet amendement, suive plutôt la proposition de Michel Charasse, c'est-à-dire qu'il introduise l'amendement dans le collectif.
Je viens de consulter de nouveau les personnes qui sont chargées de m'apporter leur secours pendant nos travaux et je me tourne vers M. le rapporteur général, qui me comprendra très bien. Il est vraisemblable, monsieur le rapporteur général, qu'il y aura un recours devant le Conseil constitutionnel sur la sincérité de notre loi de finances.
Si, en pleine discussion budgétaire, nous considérons que l'amendement de M. Boulaud n'a strictement aucun effet sur les prélèvements sur recettes, sur nos évaluations de recettes fiscales,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Aïe !
M. Alain Lambert, ministre délégué. ... nous nous mettons dans une situation qui n'est pas favorable.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous « galopons » vers la solution, monsieur le ministre !
M. Alain Lambert, ministre délégué. C'est pourquoi je crois franchement qu'il serait bon, puisque nous sommes tous d'accord, de remettre l'ouvrage immédiatement sur le métier. Nous ferons le point dans le collectif et nous verrons alors si la rédaction suggérée par Michel Charasse permet de répondre à votre préoccupation.
Encore une fois, il n' y a pas de désaccord entre nous, nous sommes tous de bonne volonté, nous voulons tous avancer dans le bon sens. Je supplie donc le Sénat de ne pas intégrer cet amendement à la loi de finances parce qu'il n'est pas en état de l'être !
M. le président. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.
M. Gérard Delfau. Je crois en effet sage - et j'espère que M. Boulaud m'en excusera - de se donner un peu de temps de réflexion. Ainsi, cet amendement concerne les communes de plus de 10 000 habitants, mais, étant maire d'une commune de 5 000 habitants, je songeais en écoutant le débat que, même dans les communes de moins de 10 000 habitants, la police de proximité impose de plus en plus de dépenses à la mairie, de plus en plus de tâches étant, dans la pratique ou à la demande expresse des services de l'Etat, assurées par la police municipale.
Je citerai un exemple mineur, mais il est significatif : il y a un an, j'ai appris que la mairie devait payer les carnets de contraventions !
On assiste donc à un glissement progressif des charges.
Dans le même sens, les responsables des forces de sécurité, la gendarmerie en l'occurrence, me disent à la fin de chaque réunion : « Ah ! monsieur le maire, s'il n'y a pas au moins un gardien de police municipale pour mille habitants, vous ne pouvez rien faire et nous non plus ! » Mais je suis bien obligé de leur répondre que les recettes de la commune ne permettent pas cette nouvelle dépense de personnels.
Je voudrais donc que l'on élargisse le débat à toutes les communes qui ont fait l'effort de se doter de gardiens de police municipaux, gardiens qui sont complémentaires des forces de sécurité nationales.
M. le président. La parole est à M. Jean-Philippe Lachenaud, pour explication de vote.
M. Jean-Philippe Lachenaud. A titre d'explication de vote et en tant qu'ancien maire d'une ville de 30 000 habitants, je dois dire que je ne comprends pas très bien pourquoi l'amendement ne pourrait pas être applicable à partir du 1er janvier 2003.
Observons ce qui se passe aujourd'hui. Dans certaines villes, vous êtes déjà invités à payer les contraventions - principalement des contraventions pour dépassement d'horaire, stationnement irrégulier, etc. - à la régie municipale. La semaine dernière, à la télévision, on a pu voir que la ville de Cannes avait mis en place un mécanisme de paiement automatique des contraventions par carte bancaire, et de plus en plus de villes développent des systèmes de paiement informatique ou bancaire.
Alors que se généralisent le paiement local des contraventions et le versement direct à la commune du produit de ces contraventions, je ne vois pas pour quelle raison nous rejetterions cet amendement tel que propose de le modifier notre collègue Michel Charasse. En effet, le dispositif me paraît applicable. Dans un premier temps, il ne le sera que pour les communes de plus de 10 000 habitants, du fait de la distinction qui a été faite entre les catégories de communes. L'année 2003 permettra ensuite de généraliser le dispositif à l'ensemble des communes, quelle que soit leur importance démographique, les petites communes, notamment dans les zones périurbaines, pouvant rencontrer des problèmes de stationnement et de police identiques à ceux que connaissent les villes.
Personnellement, je suis donc favorable à l'amendement n° I-199. Je ne vois pas quelle objection l'Etat pourrait opposer à une telle disposition.
M. le président. La parole est à M. Michel Charasse.
M. Michel Charasse. Tout d'abord, la proposition de M. le rapporteur général me semble tout à fait satisfaisante, sauf en ce qui concerne la fixation de la date de début d'application de la mesure, à savoir le 1er juin 2003.
En effet, comme l'a dit tout à l'heure M. le ministre, cette affaire nécessite quand même une discussion avec le ministre de la justice, puisqu'il s'agit d'amendes. Or, si jamais le ministère de la justice fait preuve de mauvaise volonté - M. le ministre sait bien que, en ce qui concerne le recouvrement des amendes, sujet ancien dont nous avons eu souvent l'occasion de parler, le ministère de la justice n'est pas très coopératif - on risque de se retrouver, après le 1er juin 2003, sans aucune possibilité de plus rien percevoir, parce que le décret n'aura pas paru.
C'est la raison pour laquelle, monsieur le rapporteur général, je préférerais que l'on évite de mentionner une date, puisque, au fond, la date de début d'application du dispositif sera la date du décret. C'est le premier point.
Second point - je m'adresse ici à notre collègue et ami Jean-Philippe Lachenaud -, le problème est que, pour le moment, pour des raisons matérielles dont M. le ministre parlait tout à l'heure, il n'y a qu'un seul timbre, qui est un timbre fiscal d'Etat. Or, mon cher collègue, vous ne pouvez pas, au stade du recouvrement des amendes par le trésorier - c'est un problème de comptabilité publique que l'ancien magistrat de la Cour des comptes que vous êtes connaît bien -, distinguer entre le timbre fiscal qui sert à payer une amende infligée par un agent de l'Etat et le timbre fiscal qui sert à payer une amende infligée par un agent des collectivités locales. Il faut donc prévoir un autre timbre fiscal !
A cet égard, je trouve que la position de M. le ministre est plutôt sympathique, puisqu'il nous dit que l'on pourra élaborer la bonne rédaction - à mon avis, il en aura touché deux mots, entre-temps, à son collègue le ministre de la justice - à l'occasion de l'examen du collectif budgétaire. J'ai tendance à faire confiance à cette méthode ! Je trouve que cela est plus prudent que de se précipiter pour adopter une disposition qui risque de poser des problèmes par la suite, alors que nous sommes tous d'accord sur le fond et que le Gouvernement a bien compris qu'il faut régler la question le plus vite possible.
Je suis très content que M. Boulaud ait formulé la suggestion qui fait l'objet de l'amendement n° I-199. Il est vrai, monsieur le ministre, qu'elle ne concerne pas les recettes de l'Etat, puisque, à partir du moment où le produit des contraventions n'est plus perçu par l'Etat, il s'agit de recettes des collectivités locales. Mais elle aurait quand même, si elle était adoptée, un effet sur la trésorerie de l'Etat, dans la mesure où il n'y aurait plus de frais de recouvrement. Par conséquent, du point de vue constitutionnel, ce n'est pas sans lien avec les recettes de l'Etat.
Je persiste donc à penser qu'il serait plus raisonnable de régler le problème à l'occasion de l'examen du collectif, dès lors que le Gouvernement a donné un accord que, pour ma part, je considère comme un engagement d'honneur.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je souhaiterais proposer une synthèse, afin que nous puissions avancer dans nos travaux, car l'heure tourne et nous avons encore de l'ouvrage devant nous.
M. le ministre, si je l'ai bien compris, nous a donné son accord de principe : vous êtes bien d'accord, monsieur le ministre, avec la simplification proposée, n'est-ce pas ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Dès lors que cela ne figure pas dans la loi de finances pour 2003, je suis d'accord.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous nous confirmez donc bien votre accord ? (M. le ministre délégué approuve.)
Il est important de constater que nous sommes tous du même avis : les amendes recouvrées par les polices municipales ont vocation à être perçues directement par les communes.
M. Michel Charasse. Voilà !
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est aussi simple que cela !
Cela étant dit, l'amendement n° I-199 peut difficilement trouver sa place, je le comprends mieux maintenant, dans la discussion du projet de loi de finances. En effet, on va jouer, même si c'est à la marge, sur le montant du prélèvement sur les recettes fiscales de l'Etat,...
M. Michel Charasse. Exactement !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... mais nous ne disposons pas de l'estimation correspondante. Le problème tenait donc non pas au caractère de cavalier budgétaire allégué tout à l'heure, mais au calcul précis du prélèvement opéré sur les recettes fiscales de l'Etat : c'est là le point d'achoppement de nature constitutionnelle.
Dans la mesure où nous sommes d'accord sur le principe et où, dans l'immédiat, on fragiliserait cette initiative en inscrivant le dispositif dans la loi de finances, je pense, monsieur Boulaud, qu'il convient de retenir l'engagement du Gouvernement de présenter une rédaction adéquate à l'occasion de l'examen du collectif budgétaire, ainsi qu'une estimation du prélèvement effectué sur les recettes de l'Etat. (M. le ministre fait un signe d'assentiment.)
Je vois M. le ministre opiner : nous pouvons donc nous considérer comme satisfaits, et je crois que M. Boulaud pourra retirer son utile amendement.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Boulaud ?
M. Didier Boulaud. Non, monsieur le président, je le retire.
M. le président. L'amendement n° I-199 est retiré.
L'amendement n° I-198, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 32, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 2334-33 du code général des collectivités locales est ainsi rédigé :
« Art. L. 2334-33. - La dotation globale d'équipement est répartie, après constitution d'une quote-part au profit des collectivités territoriales et groupements mentionnés à l'article L. 2334-37, entre les établissements publics de coopération communale et les communes. »
« II. - Les articles L. 2334-35 et L. 2334-35-1 du même code sont abrogés.
« III. - L'article L. 2334-34 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 2334-34. - A compter de la publication de la présente loi, le taux de concours de l'Etat au titre de la dotation globale d'équipement sera porté progressivement au dixième du montant des dépenses réelles d'équipement. »
« IV. - Le taux prévu à l'article 219 du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Comme nous l'avons déjà souligné, à l'occasion notamment de la présentation de notre amendement portant sur le fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée, l'effort considérable que les collectivités locales consentent en faveur de l'investissement public mérite que l'Etat s'engage davantage pour les soutenir.
La dotation globale d'équipement a d'ailleurs été instaurée à cet effet : à l'origine, elle était destinée à couvrir les dépenses d'équipement des communes à hauteur de 10 % de leur montant.
Or, on a constaté par la suite, au lieu d'une montée en puissance progressive du dispositif, une réduction du montant de la dotation, qui ne couvre plus aujourd'hui que quelque 3 % des dépenses en question, ainsi, bien sûr, qu'une limitation du nombre des bénéficiaires.
C'est la raison pour laquelle nous proposons, par cet amendement, que cette dotation soit attribuée à toutes les collectivités, son montant devant progressivement atteindre 10 % du total des dépenses d'équipement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La mise en oeuvre d'une telle mesure coûterait cher et ne serait pas compatible avec la situation budgétaire actuelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-198.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des articles du projet de loi de finances relatifs aux collectivités locales.

Articles de la première partie (suite)



M. le président.
Nous reprenons la discussion des articles de la première partie du projet de loi de finances pour 2003, adopté par l'Assemblée nationale.
Nous en sommes parvenus à l'amendement n° I-202 rectifié, tendant à insérer un article additionnel après l'article 23 bis.

Article additionnel après l'article 23 bis



M. le président.
L'amendement n° I-202 rectifié, présenté par MM. Hérisson, Larcher, Adnot, P. André, Bécot, Carle, Del Picchia, Fouché, C. Gaudin, Girod, Lassourd, Sido et Vial, est ainsi libellé :
« Après l'article 23 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le I de l'article L. 33-1 du code des postes et télécommunications est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les services de communication électronique utilisant des antennes paraboliques bi-directionnelles d'une puissance de transmission inférieure à deux watts, les redevances de mise à disposition et de gestion des fréquences radioélectriques dues par les exploitants de réseaux de télécommunications par satellite ouverts au public sont établies sur une base forfaitaire prise par arrêté du ministre chargé des télécommunications après avis de l'Autorité de régulation des télécommunications. »
La parole est à M. Pierre Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Il s'agit d'un amendement important, qui vise à réduire les inégalités de couverture internet à haut débit du territoire, dans la mesure où, aujourd'hui, l'opérateur historique, France Télécom, qui gère l'essentiel du réseau filaire, n'envisage pas, pour les communes de moins de 5 000 habitants et de moins de 5 000 lignes, de proposer une telle couverture par le système ADSL, Asymmetric Digital Subscriber Line.
Or il y a urgence, en termes d'égalité entre les territoires, à ce que tous les habitants et toutes les entreprises de ce pays puissent être raccordés à l'Internet à haut débit. Il existe une autre possibilité technique qui, par satellite, permet d'assurer ce raccordement, mais, malheureusement, cette technologie est actuellement soumise à des redevances de mise à disponibilité et de gestion des fréquences radioélectriques qui obèrent sa viabilité économique. Cela prive les zones non desservies du territoire d'une solution de rechange au réseau filaire.
Il convient donc de forfaitiser ces redevances lorsque les fréquences radioélectriques concernées sont destinées à véhiculer les communications par l'Internet à haut débit par satellite, de manière à rendre concurrentielle cette autre solution technologique. Cela permettrait d'assurer la couverture d'un espace représentant près de 80 % du territoire national, où vit 20 % de la population de notre pays et où sont implantées bon nombre d'entreprises, qui se verraient dans l'obligation de se délocaliser si aucune solution d'un coût abordable ne leur était proposée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit d'un amendement tout à fait intéressant, qui porte sur un vrai sujet. J'ai cru comprendre que le Gouvernement travaillait sur ce thème. Pour notre part, nous sommes bien évidemment très attentifs à la réduction de cette fameuse fracture numérique ou internet, et nous attendons avec un vif intérêt de connaître l'avis du Gouvernement sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. M. Pierre Hérisson sait que je partage totalement son analyse sur les avantages de l'accès à l'Internet à haut débit par satellite.
Lors de la discussion du projet de loi de finances à l'Assemblée nationale, j'ai déjà pu exprimer mon attachement au développement de ces nouvelles technologies. Cependant, j'ai demandé à vos collègues députés de bien vouloir attendre la discussion du projet de loi de finances rectificative, qui aura lieu dans quelques semaines, pour que soit prise en compte une préoccupation qui, je le vois, est commune aux membres des deux assemblées.
Je vous adresse aujourd'hui la même demande, mesdames, messieurs les sénateurs. Dans cette attente, et pour ne pas gêner l'émergence sur le marché de nouveaux opérateurs, nous examinerons favorablement, en étroite collaboration avec l'ART, l'Autorité de régulation des télécommunications, les demandes de dérogation qui viendraient à être formulées.
C'est la raison pour laquelle, monsieur Hérisson, je vous prie de bien vouloir retirer votre amendement. Nous pourrons débattre de cette question à l'occasion de l'examen du collectif budgétaire, afin de donner une réponse législative à votre préoccupation.
M. le président. Monsieur Hérisson, maintenez-vous l'amendement n° I-202 rectifié ? M. Pierre Hérisson. Non, je le retire, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie des précisions que vous venez d'apporter. J'ai pu constater l'intérêt que vous portez à ce problème. Si nous ne le réglons pas grâce au recours à la voie satellitaire, les collectivités territoriales devront, dans les zones non couvertes, intervenir financièrement aux côtés des opérateurs, après appel à la concurrence, pour que puisse être assuré un raccordement au réseau Internet à haut débit sur près de 80 % du territoire national.
Nous vivons - je le rappelle - dans un pays où 80 % des communes, soit 32 000 communes sur 36 000, comptent moins de 2 000 habitants, ce qui correspond à la partie du territoire que je viens d'évoquer.
Nous prenons bonne note, monsieur le ministre, de votre engagement d'inscrire dans la loi la disposition présentée à l'occasion de l'examen du collectif budgétaire. Ce ne serait que rendre justice à une grande partie de notre territoire et cela permettrait d'assurer à celui-ci, dans des conditions aussi satisfaisantes que par le biais du réseau filaire, mais grâce à une technologie différente, un accès à l'Internet à haut débit. L'égalité de traitement par rapport aux zones urbaines ou à plus forte densité de population sera alors respectée.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. Adrien Gouteyron. C'est très important !
M. le président. L'amendement n° I-202 rectifié est retiré.

Article 24



M. le président.
« Art. 24. - Le quatrième alinéa du 2° du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1996 (n° 95-1346 du 30 décembre 1995) est ainsi rédigé :
« - le produit des sanctions pécuniaires prononcées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel à l'encontre des éditeurs de services de télévision relevant des titres II et III de la loi n° 86 1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication ; ». - (Adopté.)

Article 25



M. le président.
« Art. 25. - I. - Dans le code général des impôts, au titre II de la première partie du livre 1er, il est créé un chapitre VII quater intitulé : "Taxe sur la publicité diffusée par voie de radiodiffusion sonore et de télévision" et comprenant un article 302 bis KD ainsi rédigé :
« Art. 302 bis KD . - 1. Il est institué, à compter du 1er janvier 2003, une taxe sur la publicité diffusée par voie de radiodiffusion sonore et de télévision.
« 2. La taxe est assise sur les sommes, hors commission d'agence et hors taxe sur la valeur ajoutée, payées par les annonceurs aux régies pour la diffusion de leurs messages publicitaires à destination du territoire français.
« Elle est due par les personnes qui assurent la régie de ces messages publicitaires.
« Elle est déclarée et liquidée sur la déclaration mentionnée au 1 de l'article 287. Cette déclaration est déposée avant le 25 du mois suivant la fin de chaque trimestre civil.
« Elle est acquittée lors du dépôt de cette déclaration.
« 3. Le tarif d'imposition par palier de recettes trimestrielles perçues par les régies assujetties est fixé comme suit :
« 1° Pour la publicité radiodiffusée :



« RECETTES TRIMESTRIELLES

(en euros)

MONTANT DE LA TAXE

(en euros)

De 46 000 à 229 000 526
De 229 001 à 457 000 1 314
De 457 001 à 915 000 2 761
De 915 001 à 1 372 000 4 734
De 1 372 001 à 2 287 000 7 889
De 2 287 001 à 3 201 000 12 492
De 3 201 001 à 4 573 000 17 882
De 4 573 001 à 6 860 000 26 297
De 6 860 001 à 9 147 000 38 131
De 9 147 001 à 13 720 000 54 435
De 13 720 001 à 18 294 000 76 263
De 18 294 001 à 22 867 000 102 560
De 22 867 001 à 27 441 000 126 228
De 27 441 001 à 32 014 000 149 895
De 32 014 001 à 36 588 000 173 563
De 36 588 001 à 41 161 000 197 231
De 41 161 001 à 45 735 000 220 899
De 45 735 001 à 50 308 000 244 566
De 50 308 001 à 54 882 000 268 234
De 54 882 001 à 59 455 000 291 902
De 59 455 0001 à 64 029 000 315 569
Au-dessus de 64 029 000 344 497


« 2° Pour la publicité télévisée :



« ASSIETTE DE LA TAXE

(en euros)

MONTANT PLAFONNÉ DE LA TAXE

(en euros)

De 0 à 457 000 991
De 457 001 à 915 000 2 942
De 915 001 à 2 287 000 6 953
De 2 287 001 à 4 573 000 17 660
De 4 573 001 à 9 147 000 40 617
De 9 147 001 à 18 294 000 92 492
De 18 294 001 à 27 441 000 182 573
De 27 441 001 à 36 588 000 284 764
De 36 588 001 à 45 735 000 367 544
De 45 735 001 à 54 882 000 454 740
De 54 882 001 à 64 029 000 545 246
De 64 029 001 à 73 176 000 629 133
De 73 176 001 à 82 322 000 717 431
De 82 322 001 à 91 469 000 805 731
De 91 469 001 à 100 616 000 894 030
De 100 616 001 à 109 763 000 982 324
De 109 763 001 à 118 910 000 1 070 628
De 118 910 001 à 128 057 000 1 158 928
De 128 057 001 à 137 204 000 1 330 000
Au-dessus de 137 204 000 1 420 000


« 4. La taxe est recouvrée et contrôlée selon les procédures et sous les mêmes sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée. Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les règles applicables à cette même taxe. »
« II. - L'article 62 de la loi de finances pour 1998 (n° 97-1269 du 30 décembre 1997) est ainsi modifié :
« 1° Après le mot : "intitulé :", la fin du premier alinéa est ainsi rédigée : "Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale, et de soutien à l'expression radiophonique locale" ;
« 2° Le deuxième alinéa est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Ce compte, dont le ministre chargé de la communication est l'ordonnateur principal, comporte deux sections :
« I. - La première section, dénommée : "Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale, et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale", retrace : »
« 3° Il est complété par neuf alinéas ainsi rédigés :
« II. - La seconde section, dénommée : "Fonds de soutien à l'expression radiophonique locale", retrace :
« 1° En recettes :
« - le produit de la taxe instituée par l'article 302 bis KD du code général des impôts, après imputation d'un prélèvement de 2,5 % pour frais d'assiette et de recouvrement ;
« - les recettes diverses ;
« 2° En dépenses :
« - les aides financières à l'installation, à l'équipement et au fonctionnement attribuées aux services de radiodiffusion mentionnés à l'article 80 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication ;
« - les dépenses afférentes à la gestion des aides et les frais de fonctionnement de la commission d'attribution des aides ;
« - la restitution de sommes indûment perçues.
« Les conditions d'application de la présente section sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« III. - Les sommes restant à recouvrer au titre de la taxe parafiscale sur la publicité radiodiffusée et télévisée, dont la perception a été autorisée par l'article 68 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1275 du 28 décembre 2001), peuvent être recouvrées en 2003. Elles sont affectées à la seconde section du compte d'affectation spéciale n° 902-32. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-56, présenté par M. Belot, est ainsi libellé :
« I. - Rédiger comme suit le texte proposé par le 1° du II de cet article pour la fin du premier alinéa de l'article 62 de la loi de finances pour 1998 :
« Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne d'information politique et générale et assimilée et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale et assimilée, et de soutien à l'expression radiophonique locale. »
« II. - Rédiger comme suit le second alinéa du texte proposé par le 2° du II de cet article pour remplacer le deuxième alinéa de l'article 62 de la loi de finances pour 1998 :
« I. - La première section, dénommée "Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne d'information politique et générale et assimilée et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale et assimilée" retrace : »
« III. - Après le 2° du II de cet article, insérer quatre alinéas ainsi rédigés :
« ...° Au huitième alinéa, après les mots : "d'information politique et générale" sont insérés les mots : "et assimilée".
« ...° Au neuvième alinéa, après les mots : "d'information politique et générale" sont insérés les mots : "et assimilée".
« ...° Avant le dernier alinéa, est inséré l'alinéa suivant :
« Pour l'application des dispositions du présent article, sont assimilées à la presse quotidienne et d'information politique et générale les publications mentionnées au dernier alinéa du 2 de l'article 39 bis A du code général des impôts, ainsi que les quotidiens nationaux d'information économique ou sportive. »
L'amendement n° I-83, présenté par Mme Pourtaud et M. Lagauche, est ainsi libellé :
« I. - Dans le 1° du II de cet article, supprimer deux fois les mots : "politique et".
« II. - Dans le second alinéa du texte proposé par le 2° du II de cet article, supprimer deux fois les mots : "politique et".
« III. - Après le 2° de cet article, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ...° Au huitième alinéa (2° a), et au neuvième alinéa (2°), les mots : "politique et" sont supprimés. »
L'amendement n° I-56 n'est pas soutenu.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je le reprends, monsieur le président.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° I-56 rectifié.
Vous avez la parole, monsieur le rapporteur général, pour le défendre.
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'ai repris cet amendement afin d'obtenir de votre part des explications exhaustives, monsieur le ministre.
A la vérité, l'amendement de M. Claude Belot, qui sera le rapporteur spécial pour les crédits de la communication, vise à élargir les catégories de journaux quotidiens susceptibles de bénéficier des concours du fonds d'aide à la modernisation de la presse, qui est financé par la taxe sur la publicité hors médias.
A l'origine, ce fonds concernait la presse stricto sensu, définie comme d'information politique et générale. Son champ d'intervention a été étendu à la distribution de cette même presse, afin d'apporter un secours aux NMPP, les Nouvelles Messageries de la presse parisienne.
Par le biais de son amendement, notre collègue Claude Belot a voulu souligner qu'il ne comprenait pas bien pourquoi des quotidiens très largement diffusés ne peuvent accéder à ce fonds.
En outre, monsieur le ministre, je me permets d'attirer votre attention sur l'importance des reports de crédits pour ce fonds. Cette situation est assez curieuse. Selon les informations dont je dispose, le fonds ne dépenserait pas ses dotations annuelles, qui atteignent 30 millions d'euros. Des reports du même montant sont, semble-t-il, opérés d'une année sur l'autre.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas étendre la répartition ? Pourquoi ne pas réfléchir au caractère quelque peu discriminatoire, peut-être, des textes actuels en matière d'accès aux dotations du fonds ?
Notre collègue Claude Belot souhaiterait également, monsieur le ministre, que vous fassiez un point sur les reports de crédits et que vous nous donniez votre opinion sur ce délicat mais important sujet.
M. le président. La parole est à Mme Danièle Pourtaud, pour défendre l'amendement n° I-83.
Mme Danièle Pourtaud. L'amendement n° I-83 vise en fait à soulever les mêmes questions que l'amendement précédent.
Il tend, en effet, à réparer une discrimination dont souffre un grand quotidien qui, par la place qu'il occupe actuellement, contribue, au même titre que nombre d'autres, à la vie de la cité. Si, mes chers collègues, je vous indique en outre que ce quotidien est certainement lu surtout par les hommes, vous comprendrez qu'il s'agit de L'Equipe !
M. Jean Chérioux. Pas de publicité ! (Sourires.)
Mme Danièle Pourtaud. Ce journal est le seul quotidien d'information générale à ne pouvoir prétendre à aucune des aides directes spécifiques qui sont octroyées ès qualité aux quotidiens d'information politique et générale, c'est-à-dire les aides à la modernisation et à la distribution de la presse. Le champ d'information qu'il couvre n'en fait effectivement pas un quotidien d'information politique.
Je propose donc, par cet amendement, d'étendre à ce quotidien le bénéfice des concours du fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale et du fonds d'aide à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale et assimilée, ces deux fonds venant d'être regroupés pour l'exercice 2003.
A cette fin, l'amendement prévoit de modifier la dénomination du fonds ainsi créé, pour retenir la seule notion d'information générale, en supprimant la référence à l'information politique. Cela permettra de modifier le périmètre actuel du fonds et d'inclure dans la liste des bénéficiaires de ses dotations le quotidien L'Equipe , tout en maintenant l'aide apportée aux autres journaux puisque, à l'évidence, les quotidiens d'information politique sont inclus dans la catégorie des quotidiens d'information générale.
J'attire votre attention, mes chers collègues, sur le fait que l'extension du périmètre du fonds n'affectera en aucun cas le concours actuellement apporté aux autres titres, et ce pour deux raisons.
D'une part, les ressources du fonds sont en croissance constante depuis sa création. Cette tendance devrait se confirmer à l'avenir, puisque, pour l'heure, les recettes sont inférieures à ce qui avait été prévu : un meilleur rendement de la collecte est donc attendu.
D'autre part, comme l'indiquait à l'instant M. le rapporteur général, les crédits de ce fonds, depuis l'origine, ne sont jamais consommés en totalité. Les reports sont même extrêmement importants, et l'élargissement de la catégorie des bénéficiaires que je préconise permettrait que ces sommes soient utilisées, conformément à leur destination, pour améliorer la situation de la presse quotidienne d'information générale dans notre pays. Cela est très nécessaire, comme on peut le constater au travers des différentes crises à répétition que connaissent actuellement, hélas ! plusieurs titres.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Le fonds de modernisation de la presse quotidienne, dont il vient d'être question, bénéficie, selon les termes mêmes de la loi, à « la presse d'information politique et générale » et exclut la presse plus spécialisée. La logique du soutien public à la presse est la préservation de la démocratie, des libertés, en un mot de la pluralité de l'information, dans le respect, bien sûr, des convictions de chacun. Il s'agit de conforter le débat et l'information de la cité.
Il faut d'abord rappeler que le Conseil constitutionnel, dans une décision rendue en 2001 et portant sur la création de l'aide à la distribution, dans le cadre du fonds de modernisation, a légitimé les différences de traitement entre, d'une part, les quotidiens nationaux d'information politique et générale et, d'autre part, les titres de presse appartenant à d'autres catégories. Au fond, l'extension, prévue par ces deux amendements, aux quotidiens d'information économique et sportive, en les assimilant à la presse d'information politique et générale, ne semble pas s'inscrire dans la logique politique et économique de cette aide.
Cela étant dit, la question que vous posez est, à l'évidence, intéressante et elle mérite un examen attentif et approfondi, notamment en ce qui concerne ses conséquences financières sur les titres déjà aidés, compte tenu des ressources limitées du fonds. Mais le Gouvernement considère qu'elle relève de la concertation avec les différentes familles de presse, notamment au sein de la commission paritaire des publications et agences de presse, qui comprend des représentants de la presse et des représentants de l'administration. Je suis prêt, si vous le souhaitez, à saisir cette commission paritaire pour lui soumettre votre question, afin d'examiner la manière d'y répondre dans la loi.
Pour l'ensemble de ces raisons, je vous demande, madame Pourtaud, monsieur le rapporteur général, de bien vouloir retirer vos amendements. A défaut, je serais obligé d'émettre un avis défavorable.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement n° I-56 rectifié est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Avec cet amendement, notre collègue Claude Belot souhaitait, dans un premier temps, interroger le Gouvernement. La réponse apportée par M. le ministre est importante. Elle dresse l'état du droit existant, elle nous indique le diagnostic que M. le ministre établit sur les procédures en vigueur. Si je ne me trompe, il a évoqué in fine une ouverture, c'est-à-dire la possibilité de présenter, le moment venu, un schéma d'évolution à l'instance compétente. (M. le ministre délégué opine.)
Si Claude Belot était présent, cette ouverture lui paraîtrait significative. C'est pourquoi, en espérant ne pas trahir sa démarche ni sa pensée, je m'autorise à retirer cet amendement.
M. Adrien Gouteyron. Très bien !
M. le président. L'amendement n° I-56 rectifié est retiré.
Madame Pourtaud, l'amendement n° I-83 est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud. J'ai bien entendu l'ouverture faite par M. le ministre en nous proposant de mettre cette question à l'étude. Cependant, j'attire son attention sur le fait qu'il n'a pas répondu sur un point que j'avais soulevé, après M. le rapporteur général, à savoir les montants considérables non consommés qui sont reportés d'année en année, s'agissant en tout cas du fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale. En ce qui concerne l'inquiétude que vous évoquiez, monsieur le ministre, quant aux conséquences de l'élargissement des bénéficiaires sur les aides apportées à chaque titre, nous avons une réponse du fait de la non-consommation récurrente des crédits.
Néanmoins, je me range à votre proposition, étant entendu que nous aurons bien sûr l'occasion d'en reparler si la concertation que vous nous proposez n'était pas ouverte. Aussi, je retire cet amendement.
M. Serge Vinçon. Très bien !
M. le président. L'amendement n° I-83 est retiré.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je regrette de ne pas avoir répondu à cette question.
J'indique que cela donnera toute sa valeur à la discussion de la deuxième partie du présent projet de loi de finances, qui commencera à compter de demain, puisque, à l'occasion de l'examen des aides à la presse, vous pourrez poser la question de la non-consommation de ces crédits.
M. Louis de Broissia. Absolument ! Samedi matin !
M. le président. Je mets aux voix l'article 25.

(L'article 25 est adopté.)

Article additionnel après l'article 25



M. le président.
L'amendement n° I-20 rectifié ter, présenté par MM. Vinçon, Bailly, Doublet, Gérard, Ginésy, Karoutchi, Natali, Oudin et Rispat, est ainsi libellé :
« Après l'article 25, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le chapitre XVII du titre II de la première partie du livre premier du code général des impôts, il est inséré quatre chapitres additionnels ainsi rédigés :
« Chapitre XVIII
« Taxe sur les produits de l'ameublement
« Art. 302 bis ZF. - 1° Il est institué, à compter du 1er janvier 2003, une taxe sur les produits de l'ameublement.
« 2° - 1. La taxe est assise sur le chiffre d'affaires hors TVA au taux de 0,14 % sur les opérations suivantes :
« a ) les ventes, y compris à l'exportation, réalisées par les fabricants des produits mentionnés au 3° ci-après ;
« b ) les importations de ces produits qui ne sont pas originaires des Etats membres de l'Union européenne et des Etats membres de l'association de libre-échange pour lesquels l'accord sur l'espace économique européen est entré en vigueur ou qui ne sont pas admis en libre pratique dans ces Etats.
« 2. Toutefois, la taxe n'est pas perçue sur les opérations suivantes :
« - les ventes et les prestations de services effectuées par les entreprises bénéficiant de la franchise de TVA telle qu'elle est prévue à l'article 293 B ;
« - les exportations à destination des pays autres que les Etats membres de l'Union européenne et les Etats membres de l'Association européenne de libre-échange pour lesquels l'accord sur l'Espace économique européen est entré en vigueur.
« 3° 1. La taxe est due par :
« a ) les fabricants des autres ouvrages en bois pour les cercueils, les cadres en bois, les enceintes acoustiques en bois et les cages d'horlogerie relevant de la sous-catégorie 20-51-14 de la nomenclature d'activités et de produits approuvée par le décret n° 92-1129 du 2 octobre 1992 ;
« b ) les fabricants de sièges relevant des sous-catégories suivantes de cette nomenclature :
« - des sièges fonctionnels, à l'exception des sièges pour l'automobile, les aéronefs, les véhicules ferroviaires, des sièges fonctionnels rembourrés non réglables et non pivotants avec bâti métalliques à usage professionnel et des sièges fonctionnels non rembourrés non réglables et non pivotants avec bâti métallique à usage professionnel relevant de la sous-catégorie 36-11-11 ;
« - des sièges d'ameublements intérieur relevant de la sous-catégorie 36-11-12 ;
« - des autres sièges, y compris les sièges de spectacles, à l'exception des autres sièges pliants à ossature métallique et des sièges en matière plastique relevant de la sous-catégorie 36-11-13 ;
« - des parties de sièges, à l'exception des parties de sièges pliants à ossature métallique, relevant de la sous-catégorie 36-11-14 ;
« c) les fabricants de meubles de bureau et de magasin, à l'exception des meubles métalliques de magasin relevant de la catégorie 36-12 de la nomenclature ;
« d) les fabricants de meubles de cuisine, comprenant les meubles de cuisine et de salle de bains relevant de la catégorie 36-13 de la nomenclature ;
« e) les fabricants d'autres meubles pour les postes relavant des sous-catégories suivantes de cette nomenclature :
« - de meubles meublants en bois relevant de la sous-catégorie 36-14-12 ;
« - de meubles divers en bois relevant de la sous-catégorie 36-14-13 ;
« - de meubles en matière plastique pour les seuls meubles en bambou, rotin et similaires relevant de la sous-catégorie 36-14-14 ;
« - de parties de meubles pour les parties de meubles en bois relevant de la sous-catégorie 36-14-15 ;
« - des prestations connexes de l'ameublement ;
« f) les fabricants de tables de billards et d'autres meubles pour jeux relevant de la sous-catégorie 36-50-43 de la nomenclature.
« 2. Sont considérés comme fabricants des produits susvisés les entreprises qui, à titre principal ou secondaire, dans les industries de l'ameublement et dans les activités connexes :
« - soit vendent après les avoir fabriqués ou assemblés, en atelier ou sur site, entièrement ou partiellement, les produits susvisés, quels que soient le client et l'utilisation concernés ;
« - soit travaillent à façon ou fournissent de sproduits ou prestations dans les domaines ci-dessus ;
« - soit font fabriquer les produits susvisés dès lorts qu'elles les conçoivent ou fournissent au fabricant tout ou partie des matières premières, ou lui imposent des techniques résultant de brevets, procédés, formules ou plans dont elles possèdent la jouissance ou se réservent l'exclusivité de la vente.
« 4° Pour les opérations visées au a du 1 du 2° ci-dessus, la taxe sur les produits mentionnés au 1 du 3° ci-dessus est recouvrée par le comité de développement des industries françaises de l'ameublement ;
« La taxe est constatée, recouvrée et contrôlée selon les mêmes procédures et sous les mêmes sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée. Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les mêmes règles applicables à cette même taxe.
« Les entreprises sont tenues d'adresser, selon la même périodicité que leur déclaration de TVA, à l'organisme mentionné ci-dessus dont relève la taxe qui leur est applicable, avant le 25 des mois concernés, la déclaration du chiffre d'affaires hors TVA mentionnée au 1 du 2° ci-dessus qu'elles ont réalisé au cours du mois ou du trimestre précédent ainsi que le montant conforme au décompte établi sous leur responsabilité, de la taxe dont elles sont redevables.
« 5° L'administration des douanes assure le recouvrement de la taxe, selon les règles, garanties et sanctions applicables en matière de droits de douane pour le compte du comité de développement des industries françaises de l'ameublement en ce qui concerne les importations mentionnées au b du 1 du 2° ci-dessus.
« La taxe est exigible au moment de la déclaration de mise à la consommation. Elle est assise sur la valeur en douane appréciée au lieu d'introduction dans le territoire national. Le redevable en est l'importateur. Son produit est tranféré mensuellement par l'administration des douanes au comité de développement des industries françaises de l'ameublement. »
« Chapitre XIX
« Taxe sur les produits du cuir, de la maroquinerie, de la ganterie et de la chaussure.
« Art. 302 bis ZG. - 1° Il est institué, à compter du 1er janvier 2003, une taxe sur les prouits du cuir, de la maroquinerie, de la ganterie et de la chaussure.
« 2° 1. La taxe est assise sur le chiffre d'affaires hors TVA au taux de 0,18 % sur les opérations suivantes :
« a) les ventes hors taxes, exportations comprises, ou les livraisons à soi-même, par les fabricants et les négociants des produits relevant des classes mentonnées au 3° ci-après ;
« b) les imporations de ceux de ces produits qui ne sont pas originaires des Etats membres de l'Union européenne ou mis en libre pratique dans l'un de ces Etats ou des Etats membres de l'Association européenne de libre-échange pour lesquels l'accord sur l'Espace économique européen est entré en vigueur.
« 2. Toutefois la taxe n'est pas perçue sur les opérations suivantes :
« - Les ventes en l'état, lorsque les produits qui font l'objet de ces ventes y ont déjà été assujettis ;
« - les ventes, les opérations à façon et les livraisons à soi-même effectuées par les entreprises bénéficiant de la franchise de TVA telle qu'elle est prévue à l'article 293 B.
« 3°. 1. La taxe est due par :
« a) les fabricants de cuirs et de peaux bruts relevant des sous-catégories suivantes de la nomenclature d'activités et de produits approuvée par le décret n° 92-1129 du 2 octobre 1992 :
« - d'autres peaux d'animaux divers relevant de la sous-catégorie 01-25-33 ;
« - de cuirs et de peaux bruts de bovins relevant de la sous-catégorie 15-11-22 ;
« - de cuirs et de peaux brus d'autres animaux, à l'exclusion de peaux d'ovins, relevant de la sous-catégorie 15-11-23 ;
« b) les fabricants de cuirs et de peaux semi-finis et finis pour les produits relevant des sous-catégories suivantes de la nomenclature :
« - de cuirs et de peaux de bovins et d'équidés relevant de la sous-catégorie 19-10-10 ;
« - de cuirs et de peaux de bovins et d'équidés relavant de la sous-catégorie 19-10-20 ;
« - de cuirs et de peaux d'ovins relevant de la sous-catégorie 19-10-31 ;
« - de cuirs et de peaux de caprins relevant de la sous-catégorie 19-10-32 ;
« - de cuirs et de peaux de porcins relevant de la sous-catégorie 19-10-33 ;
« - de cuirs et de peaux d'autres animaux relevant de la sous-catégorie 19-10-41 ;
« - de cuirs reconstitués relevant de la sous-catégorie 19-10-42 ;
« c) les fabricants d'articles de maroquinerie, de voyages et de chasse, d'articles divers en cuir, y compris les gants en cuir et les ceintures en cuir, les chaussures relevant des sous-catégories suivantes de la nomenclature :
« - de vêtements en cuir et gants de travail en cuir relevant de la sous-catégorie 18-10-10 ;
« - d'accessoires de l'habillement en cuir relevant de la sous-catégorie 18-24-31 ;
« - d'articles de sellerie et de bourrellerie relevant de la sous-catégorie 19-20-11 ;
« - de bagages, d'articles de voyage et de maroquinerie relevant de la sous-catégorie 19-20-12 ;
« - de bracelets de montres non métalliques relevant de la sous-catégorie 19-20-13 ;
« - d'article techniques en cuir relevant de la sous-catégorie 19-20-14 ;
« - de chaussures et de bottes relevant de la sous-catégorie 19-30-1 ;
« - de chaussures de sport relevant de la sous-catégorie 19-30-2 ;
« - d'articles chaussants divers relevant de la sous-catégorie 19-30-3 ;
« - d'accessoires et parties de chaussures relevant de la sous-catégorie 19-30-4 ;
« - de parties d'appareils d'éclairage en cuir relevant de la sous-catégorie 31-50-42 ;
« - de chaussures de patinage à roulettes relevant de la sous-catégorie 36-40-11 ;
« - d'articles divers pour le sport en cuir relevant de la sous-catégorie 36-40-14 ;
« - d'articles de bijouterie fantaisie en cuir relevant de la sous-catégorie 36-61-10 ;
« - de boutons en cuir relevant de la sous-catégorie 36-63-33 ;
« 2. Sont considérées comme fabricants des produits susvisés les entreprises qui, à titre principal ou secondaire :
« - soit fabriquent ou assemblent, entièrement ou partiellement, les produits visés ci-dessus quels que soient le client ou l'utilisation concernés ;
« - soit font fabriquer, quel que soit le lieu géographique, ces produits dès lors qu'elles conçoivent ou fournissent à l'entreprise qui produit, tout ou partir des matières premières, lui imposent des techniques résultant de brevets, procédés, dessins ou modèles, lui apposent des griffes ou marques dont elles possèdent la jouissance ou se réservent l'exclusivité de la vente.
« 4° Pour les opérations visées au a du 1 du 2° ci-dessus, la taxe sur les produits mentionnés au 1 du 3° ci-dessus est recouvrée par le comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure ;
« La taxe est constatée, recouvrée et contrôlée selon les mêmes procédures et sous les mêmes sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée. Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les mêmes règles applicables à cette même taxe.
« Les entreprises sont tenues d'adresser, selon la même périodicité que leur déclaration de TVA, à l'organisme mentionné ci-dessus dont relève la taxe qui leur est applicable, avant le 25 des mois concernés, la déclaration du chiffre d'affaires hors TVA mentionnée au 1 du 2° ci-dessus qu'elles ont réalisé au cours du mois ou du trimestre précédent ainsi que le montant conforme au décompte établi sous leur responsabilité, de la taxe dont elles sont redevables.
« 5° L'administration des douanes assure le recouvrement de la taxe, selon les règles, garanties et sanctions applicables en matière de droits de douane pour le compte du comité interprofessionnelle de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure françaises en ce qui concerne les importations mentionnées au b du 1 du 2° ci-dessus.
« La taxe est exigible au moment de la déclaration de mise à la consommation. Elle est assise sur la valeur en douane appréciée au lieu d'introduction dans le territoire national. Le redevable en est l'importateur. Son produit est transféré mensuellement par l'administration des douanes au Comité de développement des industries françaises de l'ameublement.
« 6° Le comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure fixe par délibération de son conseil d'administration la part du produit de la taxe qui est affectée chaque année au centre technique du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure. »
« Chapitre XX
« Taxe sur les produits de l'habillement.
« Art. 302 bis ZH. 1° Il est institué, à compter du 1er janvier 2003, une taxe sur les produits de l'habillement.
« 2°. 1. La taxe est assise sur le chiffre d'affaires hors TVA au taux de 0,07 % sur les opérations suivantes :
« a) les ventes, y compris les exportations et les livraisons à soi-même, réalisées par les fabricants, portant sur les articles relevant des classes mentionnées au 3° ci-après ;
« b) les importations pour la consommation d'articles relevant des chapitres ex 39, ex 40, ex 42, ex 43, ex 62, ex 63, ex 65, ex 66 et ex 96 du système harmonisé de désignation et de codification des marchandises et qui ne sont pas originaires des Etats membres de l'Union européenne ou mis en libre pratique dans l'un de ces Etats ou des Etats membres de l'Association européenne de libre-échange pour lesquels l'accord sur l'Espace économique européen est entré en vigueur.
« 2. Toutefois, la taxe n'est pas perçue sur les opérations suivantes :
« - les exportations à destination des pays autre que les Etats membres de l'Union européenne et les Etats membres de l'Association européenne de libre-échange pour lesquels l'accord sur l'Espace économique européen est entré en vigueur ;
« - les ventes en l'état, lorsque les produits qui font l'objet de ces ventes y ont été déjà assujettis.
« 3. Les ventes, les opérations à façon et les livraisons à soi-même, lorsque l'assiette de la taxe est constituée par le chiffre d'affaires hors TVA réalisé au titre de ces opérations.
« Les ventes soumises à la taxe et réalisées directement au détail par les fabricants et les transformateurs de produits visés au 2° sont imposables à hauteur de 60 % de leur montant hors TVA.
« Les ventes, les opérations à façon et les livraisons à soi-même effectuées par les entreprises bénéficiant de la franchise de TVA telle qu'elle est prévue à l'article 293 B sont exonérées de la taxe instituée par le 1°.
« 3°. 1. La taxe est due par :
« a) les fabricants de vêtements en cuir naturel ou en synderme, cuir reconstitué, à l'exception des gants de travail en cuir, relevant de la catégorie 18-1 de la nomenclature d'activités et de produits approuvée par le décret n° 92-1129 du 2 octobre 1992.
« b) les fabricants de vêtements en textile suivants relevant de la catégorie 18-2 de la nomenclature, à l'exception de ceux en maille relevant des sous-catégories 18-22-1, 18-23-1, 18-23-3 et 18-24-1 :
« - de vêtements de travail et de protection relevant des sous-catégories 18-21-11, 18-21-12, 18-21-21, 18-21-22 et 18-21-30 ;
« - de vêtements de dessus relevant des sous-catégories 18-22-21, 18-22-22, 18-22-23, 18-22-24, 18-22-31, 18-22-32, 18-22-33, 18-22-34, 18-22-35 et 18-22-40 ;
« - de vêtements de dessous relevant des sous-catégories 18-23-21, 18-23-22, 18-23-23, 18-23-24 et 18-23-25 ;
« - de vêtements divers et d'accessoires du vêtement, à l'exception des gants, ceintures et ceintures en cuir naturel, relevant des sous-catégories18-24-21, 18-24-22, 18-24-23, 18-27-31 et 18-24-32 ;
« - d'articles de chapellerie relevant des sous-catégories 18-24-41, 18-24-42 et 18-24-43 ;
« c) les fabricants de pelleterie et de fourrures relevant des sous-catégories 18-30-11, 18-30-12 et 18-30-13 ;
« d) les fabricants de vêtements en matière plastique relevant de la sous-catégorie 25-24-10 ;
« - les fabricants d'articles manufacturés divers relevant des sous-catégories 36-63-31, 36-63-32,36-63-33 et 36-63-34.
« 2. Sont considérées comme fabricants des produits susvisés les entreprises qui, à titre principal ou secondaire :
« - soit vendent après les avoir fabriqués ou assemblés, entièrement ou partiellement, les produits susvisés, quels que soient le client ou l'utilisation concernée ;
« - soit travaillent à façon ou fournissent des produits ou prestations dans les domaines susvisés ;
« - soit font fabriquer, quel que soit le lieu géographique, ces produits dès lors qu'elles les conçoivent ou fournissent à l'entreprise qui produit tout ou partie des matières premières ou lui imposent des techniques résultant de brevets, procédés, dessins ou modèles dont elles possèdent la jouissance ou se réservent l'exclusivité de la vente.
« 4° Pour les opérations visées au a du 1 du 2° ci-dessus, la taxe sur les produits mentionnés au 1 du 3° ci-dessus est recouvrée par le comité de développement et de promotion de l'habillement ;
« La taxe est constatée, recouvrée et contrôlée selon les mêmes procédures et sous les mêmes sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée. Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les mêmes règles applicables à cette même taxe.
« Les entreprises sont tenues d'adresser, selon la même périodicité que leur déclaration de TVA, à l'organisme mentionnée ci-dessus dont relève la taxe qui leur est applicable, avant le 25 des mois concernés, la déclaration du chiffre d'affaires hors TVA mentionnée au 1 du 2° ci-dessus qu'elles ont réalisé au cours du mois ou du trimestre précédent ainsi que le montant conforme au décompte établi sous leur responsabilité, de la taxe dont elles sont redevables.
« 5° L'administration des douanes assure le recouvrement de la taxe, selon les règles, garanties et sanctions applicables en matière de droits de douane pour le compte du comité de développement et de promotion de l'habillement en ce qui concerne les importations mentionnées au b du 1 du 2° ci-dessus.
« La taxe est exigible au moment de la déclaration de mise à la consommation. Elle est assise sur la valeur en douane appréciée au lieu d'introduction dans le territoire national. Le redevable en est l'importateur. Son produit est transféré mensuellement par l'administration des douanes de développement et de promotion de l'habillement. »
« Chapitre XXI
« Taxe sur les produits de l'horlogerie, la bijouterie, la joaillerie et l'orfèvrerie.
« Art. 302 bis ZI. - 1° Il est institué, à compter du 1er janvier 2003, une taxe sur les produits de l'horlogerie, la bijouterie, la joaillerie et l'orfèvrerie.
« 2°. 1. La taxe est assise sur le chiffre d'affaires hors TVA au taux de 0,20 % sur les opérations suivantes :
« a) les ventes dont le lieu de livraisons est situé en France au sens du a du I de l'article 258, y compris les ventes exonérées de la TVA en vertu du I de l'article 262 ter ainsi que les ventes dans un autre Etat membre de l'Union européenne ou dans un Etat membre de l'Association européenne de libre-échange pour lesquel l'accord sur l'Espace économique européen est entré en vigueur, des produits mentionnés au 3° ci-après ;
« b) les importations de ces mêmes produits qui ne sont pas originaires des Etats membres de l'Union européenne et des Etats membres de l'Association européenne de libre-échange pour lesquels l'accord sur l'Espace économique européen est entré en vigueur ou qui ne sont pas mis en libre-pratique dans ces Etats.
« 2. Toutefois, la taxe n'est pas perçue sur les opérations suivantes :
« - les ventes réalisées par les entreprises bénéficiant de la franchise de TVA, telle qu'elle est prévue à l'article 293 B ;
« - les exportations à destination des Etats qui ne sont ni membres de l'Union européenne ni au nombre des Etats membres de l'Association européenne de libre-échange pour lesquels l'accord sur l'Espace économique européen est entré en vigueur ;
« - les marchandises revendues en l'état par les fabricants, lorsque les produits qui font l'objet de ces ventes y ont déjà été assujettis.
« 3° La taxe est due par :
« a) les fabricants de montres et autres compteurs de temps relevant de la catégorie 33-50-1 de la nomenclature d'activités et de produits approuvée par le décret n° 92-1129 du 2 octobre 1992, à l'exception :
« - des pendulettes pour tableau de bord relevant de la sous-catégorie 33-50-13 de la nomenclature ;
« - des appareils de contrôle et compteurs de temps à mouvement singulier d'horlogerie ou à moteur synchrone tels qu'enregistreurs de présence, horodateurs, contrôleurs de ronde, minutiers, compteurs de secondes relevant de la sous catégorie 33-50-15 de la nomenclature ;
« - des appareils munis d'un moteur synchrone permettant de déclencher un mécanisme à temps donné, tels qu'interrupteurs horaires, horloges de communication relevant de la sous-catégorie susmentionnée 33-50-15 ;
« b) les fabricants de couverts pour la table et articles similaires, argentés, dorés ou platinés relevant de la sous-catégorie 28-61-14 de la nomenclature ;
« c) les fabricants d'articles de bijouterie, joaillerie, orfèvrerie relevant de la classe 36-22 de la nomenclature ;
« d) les entreprises qui assurent la commercialisation au détail des produits de la catégorie 33-50-1, de la sous-catégorie 28-61-14 et de la classe 36-22 de la nomenclature.
« 4° Pour les opérations visées au a du 1 du 2° ci-dessus, la taxe sur les prduits mentionnés au 3° ci-dessus est recouvrée par le comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie.
« La taxe est constatée, recouvrée et contrôlée selon les mêmes procédures et sous les mêmes sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée. Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les mêmes règles applicables à cette même taxe.
« Les entreprises sont tenues d'adresser, selon la même périodicité que leur déclaration de TVA, au comité professionnelde développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie avant les 25 des mois concernés, la déclaration du chiffre d'affaires hors TVA mentionnée au 1. du 2° ci-dessus qu'elles ont réalisé au cours du mois ou du trimestre précédent ainsi que le montant conforme au décompte établi sous leur responsabilité, de la taxe dont elles sont redevables.
« 5° L'administration des douanes assure le recouvrement de la taxe, selon les règles, garanties et sanctions applicables en matière de droits de douane pour le compte du comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie en ce qui concerne les importations mentionnées au b du 1 du 2° ci-dessus.
« La taxe est exigible au moment de la déclaration de mise à la consommation. Elle est assise sur la valeur en douane appréciée au lieu d'introduction dans le territoire national. Le redevable en est l'importateur. Son produit est transféré mensuellement par l'administration des douanes au Comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie.
« 6° Le comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie fixe, par délibération de son conseil d'administration, la part du produit de la taxe qui est affectée chaque année au centre technique de l'industrie horlogère. »
« II. - Les sommes restant à recouvrer au titre de la taxe parafiscale sur les produits de l'ameublement dont la perception a été autorisée par l'article 68 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1276 du 28 décembre 2001), peuvent être recouvrées en 2003. Elles sont affectées au Comité de développement des industries françaises de l'ameublement.
« III. - Les sommes restant à recouvrer au titre de la taxe parafiscale sur les produits du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure, dont la perception a été autorisée par l'article 68 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1276 du 28 décembre 2001), peuvent être recouvrées en 2003. Elles sont affectées au Comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure.
« IV. - Les sommes restant à recouvrer au titre de la taxe parafiscale sur les produits de l'habillement, dont la perception a été autorisée par l'article 68 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1276 du 28 décembre 2001), peuvent être recouvrées en 2003. Elles sont affectées au comité de développement et de promotion de l'habillement.
« V. - Les sommes restant à recouvrer au titre de la taxe parafiscale sur les produits de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie dont la perception a été autorisée par l'article 68 de la loi de finances pour 2002 (n° 2001-1276 du 28 décembre 2001), peuvent être recouvrées en 2003. Elles sont affectées au Comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie. »
La parole est à M. Serge Vinçon.
M. Serge Vinçon. Monsieur le ministre, l'amendement n° 20 rectifié ter porte sur un sujet que nous avions évoqué lors de l'examen de la loi organique du 1er août 2001, relative aux lois de finances.
Chacun s'en souvient, cette loi organique a prévu de supprimer les taxes parafiscales que perçoivent les entreprises d'un certain nombre de secteurs d'activité, tels l'ameublement, le cuir, la maroquinerie, la ganterie, la chaussure, l'habillement, mais aussi l'horlogerie, la bijouterie, la joaillerie ou l'orfèvrerie. Or ces taxes parafiscales contribuent à financer des centres d'études et de recherche qui sont destinés à améliorer la performance et la compétitivité de ces métiers.
La loi organique ayant prévu de supprimer ces taxes parafiscales à compter du 31 décembre 2003, nous avions considéré qu'il convenait de mettre à profit les années 2002 et 2003 pour élaborer des solutions de rechange pour ces métiers qui ont besoin de ces centres techniques.
Le présent amendement, qui a été cosigné par plusieurs collègues, prévoit une solution en sortant ces contributions du domaine parafiscal et en les faisant entrer dans le budget.
Tel est l'objet de cet amendement. Je suis bien sûr très intéressé d'entendre M. le ministre délégué au budget, qui avait bien voulu me répondre ici même l'an dernier, alors qu'il exerçait d'autres fonctions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Notre éminent collègue Serge Vinçon est un homme prévoyant, car il sait que la loi organique du 1er août 2001 fait disparaître les taxes parafiscales au 31 décembre 2003, du moins peut les faire disparaître à cette date, sauf s'il est décidé de leur accorder une année de vie supplémentaire.
M. Serge Vinçon comme les dirigeants d'un certain nombre de comités de développement professionnels qui ont été cités ont besoin de disposer d'une visibilité supérieure à une année. Aussi, les dirigeants des organismes très respectables que sont le comité de développement des industries françaises de l'ameublement, le comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure, le comité de développement et de promotion du textile et de l'habillement, le comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie s'interrogent très légitimement, monsieur le ministre, sur le mode de financement qui sera substitué à leurs taxes parafiscales. Actuellement, il existe une taxe sur les produits d'ameublement, une taxe sur les produits du cuir, de la maroquinerie, de la ganterie et de la chaussure, une taxe sur les produits de l'habillement et une taxe sur les produits de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie.
Notre collègue Serge Vinçon suggère que, dès maintenant, la décision de principe soit prise de transformer ces taxes en impositions de toute nature affectées aux comités professionnels correspondants. C'est une succession par anticipation, une transmission anticipée, monsieur le ministre, et nous savons que vous êtes globalement favorable aux transmissions anticipées, nous l'avons constaté en d'autres domaines. (M. le ministre sourit.) L'objectif paraît donc louable dans son principe. Nous savons aussi que vous êtes soucieux d'apporter une solution globale à ce problème des taxes parafiscales.
Toutefois, nous devons appeler votre attention sur l'inquiétude qui existe au sein de certains organismes. Pour ma part, j'ai été saisi par la fédération des industries mécaniques, et le centre d'études important qu'est le CETIM, le centre d'études techniques des industries mécaniques, à Senlis, a manifesté son inquiétude quant à la poursuite de ses missions. Nous préférerions, les uns et les autres, que des réponses claires puissent être apportées à ces professions.
A la vérité, j'ai personnellement la conviction qu'on ne leur retirera rien et que chacun pourra poursuivre très normalement son métier avec une ressource d'aussi bonne qualité. Mais l'incertitude n'est jamais politiquement favorable et nous sommes un certain nombre à partager la préoccupation exprimée par M. Serge Vinçon. Nous serions donc heureux de vous entendre sur ce sujet, monsieur le ministre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je suis heureux que M. Serge Vinçon se préoccupe dès maintenant - et il a raison de ne pas tarder - des conséquences de la mise en oeuvre de la LOLF, la loi organique relative aux lois de finances, qui est notre oeuvre commune. Il propose de transformer des taxes parafiscales en taxes fiscales.
M. Gérard Braun. En taxes fiscales affectées !
M. Alain Lambert, ministre délégué. En effet ! Monsieur Vinçon, si votre amendement est un peu prématuré, il permet en revanche de prendre date. Nous devons tout au long de l'année 2003 travailler pour organiser le financement de ces organismes qui, comme M. le rapporteur général l'a dit voilà un instant, ont besoin d'une visibilité sur leurs ressources pour continuer à exercer les missions qui leur incombent.
Il ne vient à l'idée de personne d'imaginer que nous aurons des taxes fiscales aussi nombreuses que les taxes parafiscales. Donc, cela suppose que nous réfléchissions au mode le plus approprié pour que le financement des missions de service public desdits organismes puisse être assuré dans des conditions qui soient conformes à la nouvelle loi.
Aussi, le membre du Gouvernement qui a été le rapporteur du Sénat sur cette importante réforme se réjouit que vous soyez à nos côtés pour y travailler. Comme je l'ai indiqué lors de la discussion générale, je souhaite ardemment que le Parlement s'investisse au côté du Gouvernement pour la mise en oeuvre de cette loi organique.
Puisque vous connaissez bien ces secteurs d'activité, nous vous invitons, cher Serge Vinçon, à travailler à nos côtés afin de déterminer quelle forme d'organisation doit être retenue pour passer de la taxe parafiscale actuelle au financement modernisé de ces organismes. Voilà, à ce stade, ce que je vous propose.
Si nous n'avons pas une approche globale, nous verrons arriver des amendements visant à transformer purement et simplement des taxes parafiscales en taxes fiscales affectées, et nous n'aurons pas d'évolution. Nous avons donc l'obligation d'y travailler d'une manière approfondie.
Le rendez-vous, par votre amendement, est pris. Il m'engage puisque je vous demande, en contrepartie, de bien vouloir faire confiance au Gouvernement en retirant votre amendement. Je prends l'engagement non seulement d'y travailler mais de vous inviter à travailler à nos côtés afin que - pourquoi pas ? - ces secteurs puissent nous aider à trouver les voies permettant de traiter la question du financement de ces organismes.
M. Gérard Braun. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Jacques Oudin, pour explication de vote.
M. Jacques Oudin. L'amendement de M. Vinçon se comprend parfaitement parce que ces organismes ont le souci de poursuivre leur activité au profit de certains secteurs.
La réponse de M. le ministre me satisfait pleinement. Il faut effectivement que nous réfléchissions. Si nous devons le faire, c'est parce que si l'on regarde les textes qui ont créé ces taxes parafiscales et ces comités de développement, on constate que l'un date de 1948 et l'autre de 1978. Entre-temps, l'industrie a beaucoup évolué, qu'il s'agisse des localisations ou des développements. Je suis sénateur d'un département industriel, qui a vu son industrie se développer. Le centre technique des industries mécaniques, qui a été évoqué par M. le rapporteur général, est effectivement un organisme dont on connaît les performances et le travail. Je voudrais être sûr que tous les centres techniques ont un bilan aussi positif.
L'opportunité que nous offre la loi organique doit nous amener sinon à une refonte importante de certains centres techniques, du moins à un examen de leur efficacité.
En analysant l'évolution économique des entreprises de mon département, je constate que ce n'est ni dans l'ameublement ni dans le textile que l'on crée des emplois. L'industrie du cuir s'est largement délocalisée. Il est difficile de trouver une tannerie française. L'industrie de la chaussure est partie à l'étranger. S'agissant de l'habillement, si le luxe continue à être fabriqué en France, les autres produits sont fabriqués dans d'autres pays.
Compte tenu de la mondialisation, on ne va bien sûr pas reprocher à ces comités de développement ou à ces centres techniques de ne pas avoir fait leur travail.
Je prendrai l'exemple des lainages. Il n'y a pas longtemps, je suis parti en mission en Nouvelle-Zélande et en Australie. J'ai demandé aux professionnels que j'y ai rencontrés dans quels pays ils exportaient. La meilleure qualité de la laine, le mérinos, est entièrement exporté en Italie. Pas un gramme n'arrive en France ! Le centre technique du textile italien a bien travaillé.
A la suite de ces propos, je vais recevoir, je le sais, des lettres dans lesquelles on me reprochera de mettre en accusation tel centre technique ou tel comité de développement. Honnêtement, monsieur le ministre, vous avez raison : une remise à plat est nécessaire, il faut regarder, dans chaque secteur, la manière dont a été utilisé cet argent et les résultats qui ont été obtenus. Il faut redéfinir le dispositif des aides en faveur du développement de certaines industries. Si cela en vaut la peine, nous continuerons, sinon nous ferons un examen de conscience courageux.
J'ai cosigné cet amendement car je considère qu'il faut remettre rapidement le dispositif en oeuvre. Il n'en demeure pas moins que nous devons largement repenser le dispositif, non pas pour le restreindre, mais pour le dynamiser. Voilà ce que je voulais vous dire, monsieur le ministre.
Je suivrai, bien entendu, la décision que prendra l'auteur principal de l'amendement, M. Serge Vinçon.
M. le président. Monsieur Vinçon, l'amendement n° I-20 rectifié ter est-il maintenu ?
M. Serge Vinçon. M. le ministre a bien compris que je voulais prendre date par rapport à l'échéance prévue. Je suis très heureux des propos qui ont été tenus par M. le rapporteur général et, à l'instant, par mon collègue M. Oudin. Comme il l'a fait remarquer, la plupart de ces secteurs industriels ou économiques sont aujourd'hui en difficulté : ils reposent en général sur des savoir-faire historiques et appartiennent au patrimoine économique de notre pays. Il faut donc, me semble-t-il, accorder une importance toute particulière pour leur redynamisation. Il faut stimuler et appuyer tous les centres de recherche et d'études - on a cité, pour l'industrie mécanique, le CETIM ; pour l'industrie horlogère, il s'agit du CETEHOR - pour aider ces secteurs économiques à se développer et à faire face à la mondialisation et à la compétitivité internationale. Raison de plus, évidemment, pour ne pas les priver de ressources. Raison de plus également pour nous permettre de leur apporter une contribution financière à l'échéance du 31 décembre 2003, afin de nous mettre en conformité avec l'« orthodoxie » - monsieur le ministre, j'emploie votre vocabulaire - de la loi organique du 1er août 2001.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'avoir pris l'engagement de nous associer à votre travail sur ce sujet. Nous sommes, bien sûr, disponibles et disposés à vous aider, et nombreux sont, dans cette enceinte, ceux qui connaissent ces activités industrielles.
Par conséquent, je retire mon amendement, fort de l'engagement que vous venez de prendre.
M. le président. L'amendement n° I-20 rectifié ter est retiré.

Article 26



M. le président.
« Art. 26. - Le troisième alinéa de l'article 71 de la loi de finances pour 1993 (n° 92-1376 du 30 décembre 1992) est ainsi rédigé :
« - en recettes, le produit des ventes par l'Etat de titres, de parts ou de droits de sociétés, le reversement, sous toutes ses formes, par les sociétés Thomson SA, Sofivision et Sogepa, du produit résultant de la cession ou du transfert de titres des sociétés Thomson Multimédia, Thalès et EADS NV, les reversements résultant des investissements réalisés directement ou indirectement par l'Etat dans des fonds de capital investissement, le reversement, sous toutes ses formes, par l'établissement public Autoroutes de France, du produit résultant de la cession de titres qu'il détient dans toute société concessionnaire d'autoroutes, le reversement d'avances d'actionnaires ou de dotations en capital et des produits de réduction du capital ou de liquidation ainsi que les versements du budget général ou d'un budget annexe. »
L'amendement n° I-188, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Supprimer cet article. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. L'article 26 nous donne l'occasion de poser une fois de plus la question de la fiabilité et de la qualité des opérations patrimoniales réalisées par l'Etat. Il s'agit donc d'un amendement de cohérence, car vous connaissez les positions que nous défendons sur la gestion du patrimoine de la nation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement est intéressant ! Il tend à supprimer, si j'ai bien compris, les recettes du compte d'affectation spéciale sur les privatisations ! Où mettre, alors, l'argent tiré des enchères du week-end dernier, si le compte disparaît ? (Protestations sur les travées du groupe CRC.)
Ce n'est qu'une question parmi d'autres !
Je ne peux naturellement pas émettre un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Défavorable, monsieur le président.
M. le président. La parole est à M. Paul Loridant, pour explication de vote.
M. Paul Loridant. M. le rapporteur général a fort bien compris le sens de cet amendement, qui visait en fait à amener le Gouvernement à s'expliquer sur le sens des opérations de privatisation et, surtout, sur les conditions dans lesquelles s'est réalisée l'opération du week-end dernier, puisque le Parlement - et pour cause ! - n'en avait pas été informé.
Il s'agit donc d'un amendement avec des « coups sur les côtés ».
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-188.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 26.
(L'article 26 est adopté.)

Article 27



M. le président.
« Art. 27. - Le II de l'article 51 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) est ainsi rédigé :
« II. - A compter du 1er janvier 2003, les quotités du produit de la taxe d'aviation civile affectées respectivement au budget annexe de l'aviation civile et au compte d'affectation spéciale intitulé : "Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien" sont de 76,04 % et de 23,96 %. »
La parole est à M. Claude Biwer, sur l'article.
M. Claude Biwer. Je reviens brièvement sur l'amendement qu'a présenté tout à l'heure M. Hérisson et qui démontre que nous raisonnons bien souvent en termes de population et rarement en termes d'espace. Or, l'espace, ce sont aussi des possibilités économiques. Peut-être M. le ministre pourra-t-il en tenir compte à l'avenir, lorsqu'il nous fera de nouvelles propositions, comme il s'y est engagé.
J'en viens à l'article 27, qui vise à équilibrer les ressources du budget annexe de l'aviation civile et du fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien. J'espère que le considérable effort financier ainsi consenti pour assurer une meilleure sûreté aéroportuaire dans le domaine du contrôle tant des personnes que des bagages portera ses fruits et nous mettra à l'abri d'incidents graves.
Je partage par ailleurs les préoccupations qu'a exprimées M. le rapporteur général sur la croissance constante des dépenses de personnel de la direction générale de l'aviation civile, la DGAC, notamment en ce qui concerne le contrôle aérien. Ce service essentiel doit être de qualité, chacun en convient, mais sa gestion pourrait sans doute être plus rigoureuse.
Les différents corps de la DGAC ont également bénéficié, semble-t-il, des mesures catégorielles accordées aux agents du contrôle aérien, et j'ose espérer que cette modification financière contribuera au déblocage rapide du dossier que je défends, parmi d'autres, et qui concerne, d'une part, le transfert de propriété de l'ancien aéroport de l'OTAN situé à Marville, qui appartient à l'Etat, à la communauté de communes de Montmédy, que je préside, et, d'autre part, les demandes d'ouverture de cet ensemble à l'aviation civile que nous avons déposées.
Au bénéfice de ces observations, je voterai bien sûr l'article 27.
M. le président. Je mets aux voix l'article 27.

(L'article 27 est adopté.)

Article 28



M. le président.
« Art. 28. - Le produit de la taxe prévue à l'article 991 du code général des impôts, perçu à partir du 1er janvier 2003, est réparti dans les conditions suivantes :
« - une fraction égale à 55,93 % est affectée au budget de l'Etat ;
« - une fraction égale à 44,07 % est affectée au fonds visé à l'article L. 131-8 du code de la sécurité sociale. » - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 28



M. le président.
L'amendement n° I-123, présenté par MM. Oudin, Del Picchia, Doublet, Natali et Poniatowski, est ainsi libellé :
« Après l'article 28, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 15° de l'article 995 du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, pour les contrats souscrits avant le 1er octobre 2002, l'exonération s'applique à la seule condition d'absence de fixation de la cotisation ou de la prime en fonction de l'état de santé de l'assuré. »
« II. - La perte de recettes pour l'Etat et pour le FOREC résultant du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Jacques Oudin.
M. Jacques Oudin. Depuis le 1er octobre dernier, les contrats d'assurance complémentaire santé sont taxés différemment selon qu'ils sont « solidaires » ou non. Un contrat solidaire est un contrat pour lequel aucun questionnaire de santé n'est demandé à l'assuré et pour lequel la prime ou la cotisation n'est pas fixée en fonction de son état de santé.
Or se pose la question des contrats souscrits avant la mise en oeuvre de ces nouvelles dispositions. En effet, le portefeuille très important de contrats individuels comprenant un questionnaire sans que la prime soit fixée en fonction de l'état de santé de l'assuré est lourdement pénalisé par le changement de législation, et le coût de la transformation de ces contrats en contrats solidaires serait très élevé.
Il conviendrait donc de prévoir que les contrats souscrits avant le 1er octobre bénéficient de l'exonération de la taxe sur les conventions d'assurance dès lors que la prime n'est pas fixée en fonction de l'état de santé de l'assuré.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement tend à exonérer de taxe sur les contrats d'assurance complémentaire santé ceux de ces contrats qui, tout en ayant prévu un questionnaire de santé, ne fixent pas les cotisations en fonction de l'état de santé de l'assuré : en d'autres termes, ceux qui n'opèrent pas de sélection en fonction du résultat des examens médicaux.
La mesure que préconisent nos collègues est intéressante à titre transitoire. Elle donnerait en effet aux assureurs le temps de transformer une partie de leur portefeuille de contrats d'assurance complémentaire santé en contrats dits « solidaires », selon la réglementation en vigueur, et serait tout à fait conforme au principe selon lequel ceux qui ont le même métier, qui exercent les mêmes activités, doivent être assujettis au même régime fiscal. C'est là, naturellement, un des principes importants auxquels la commission se réfère.
M. Jean Arthuis, président de la commission. Le ministre aussi ! Il l'a réaffirmé plusieurs fois !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il partage, je l'espère, ce principe.
Cependant, pour être exhaustif, mon cher collègue, je dois rappeler que, selon les estimations qui nous ont été communiquées, l'amendement que vous proposez coûterait l'année prochaine 200 millions d'euros au budget de l'Etat et au FOREC.
Certes, ce n'est pas une raison pour ne pas poser la question : le problème de fond existe, et nous serions heureux, monsieur le ministre, de connaître votre appréciation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Monsieur Biwer, j'ai pris acte de vos propos, et je me tiens à votre disposition, si vous le souhaitez.
Pour ce qui est de l'amendement n° I-123, le rapporteur général et le président de la commission des finances soulignaient que mes opinions étaient bien connues en la matière : c'est l'avantage qu'il y a à ne pas changer souvent d'opinion !
Cependant, monsieur le rapporteur général, vous m'avez posé une question sur la proposition de M. Jacques Oudin, qui conduirait à instaurer pour les contrats d'assurance maladie un régime fiscal différent - taxation ou exonération - maladie selon la date de leur conclusion, puisque ceux qui auraient été souscrits avant le 1er octobre 2002 pourraient être exonérés alors même qu'un questionnaire de santé aurait été rempli.
Cette situation n'est pas très satisfaisante. J'ajoute que cette réforme a été réalisée en totale concertation avec les acteurs qui interviennent sur ce marché, et la question du traitement fiscal avait alors été étudiée et avait fait l'objet d'un accord.
Je ne sous-estime pas le bien-fondé des explications que vous avez données, mais, monsieur le sénateur, tout en reconnaissant que le chiffrage est très difficile, je confirme l'estimation que M. le rapporteur général a avancée : l'adoption de l'amendement aurait un coût immédiat d'environ 200 millions d'euros pour l'Etat et le FOREC réunis.
C'est ce qui me conduit, dans les circonstances que vous connaissez, cher Jacques Oudin, à vous inviter à retirer votre amendement, faute de quoi je serai obligé d'émettre un avis défavorable.
M. le président. Votre amendement est-il maintenu, monsieur Oudin ?
M. Jacques Oudin. Je n'ai pas très bien saisi : M. le rapporteur général disait que ma proposition allait plutôt dans le sens d'une harmonisation, et M. le ministre plutôt dans le sens d'une différenciation. J'aimerais bien savoir dans quel sens va mon amendement ! Est-il de nature à créer une différence considérable ou à harmoniser le régime fiscal de ces contrats ?
Ce que j'ai parfaitement bien saisi, en revanche, c'est que son adoption coûterait 200 millions d'euros. Et, comme le disait l'un de nos collègues, que voulez-vous faire face à 200 millions d'euros, sinon vous mettre au garde-à-vous et retirer l'amendement ?
Cela étant, et dans la mesure où la question subsiste, je souhaiterais que l'on puisse m'apporter des réponses. M. le ministre me dit que la profession était tout à fait d'accord et que la situation actuelle est le résultat de négociations. J'ai reçu les professionnels, il ne m'a pas semblé que cela corresponde à la réalité !
Quoi qu'il en soit, je ne veux pas prolonger le débat, à cette heure de la journée, d'autant que nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet. Je retire donc mon amendement, mais en gardant un certain sentiment d'insatisfaction qui, je l'espère, sera dissipé prochainement.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Il est vrai que ma première observation était en forme d'aparté, ce qui explique peut-être qu'elle ait été difficile à comprendre.
Si j'ai parlé de discrimination, il s'agissait d'une discrimination à raison de la date de souscription. En revanche, la commission suggérait de soumettre les contrats au même régime quel que soit l'organisme qui les propose aux souscripteurs.
Toute discrimination en fonction de l'organisme devra être supprimée à terme, j'en suis bien convaincu ; mais, en l'occurrence, il était question de la date de souscription.
M. Jean Chérioux. Voilà !
M. le président. L'amendement n° I-123 est retiré.

Articles 29 à 33

M. le président. Les articles 29 à 32 ont été examinés hier, mardi 26 novembre 2002, à l'issue du débat sur les recettes des collectivités locales.
L'article 33 a été examiné ce matin, à l'issue du débat sur le budget des Communautés européennes.

Article additionnel après l'article 4 bis
(précédemment réservé)



M. le président.
Nous en revenons à l'amendement n° I-11 rectifié, qui avait été précédemment réservé.
L'amendement n° I-11, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Après l'article 4 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - Il est inséré un article 208 C ainsi rédigé :
« Art. 208 C. - I. - Les sociétés d'investissements immobiliers cotées s'entendent des sociétés par actions cotées sur un marché réglementé français, dont le capital social n'est pas inférieur à 15 millions d'euros, qui ont pour objet principal l'acquisition ou la construction d'immeubles en vue de la location, ou la détention directe ou indirecte de participations dans des personnes visées à l'article 8 et aux 1, 2 et 3 de l'article 206 dont l'objet social est identique.
« II. - Les sociétés d'investissements immobiliers cotées visées au I et leurs filiales détenues à 95 % au moins, directement ou indirectement, de manière continue au cours de l'exercice, soumises à l'impôt sur les sociétés et ayant un objet identique, peuvent opter pour l'exonération d'impôt sur les sociétés pour la fraction de leur bénéfice provenant de la location des immeubles non liées au sens du 12 de l'article 39 d'immeubles, de participations dans des personnes visées à l'article 8 ou dans des filiales soumises au présent régime.
« Les bénéfices exonérés provenant des opérations de location des immeubles sont obligatoirement distribués à hauteur de 85 % avant la fin de l'exercice qui suit celui de leur réalisation.
« Les bénéfices exonérés provenant de la cession des immeubles, des participations dans des personnes visées à l'article 8 ou dans des filiales soumises au présent régime sont obligatoirement distribués à hauteur de 50 % avant la fin du deuxième exercice qui suit celui de leur réalisation.
« Sont exonérés les produits versés en application des trois alinéas précédents s'ils sont distribués au cours de l'exercice suivant celui de leur perception par une société ayant opté pour le présent régime.
« Pour l'application des présentes dispositions, les opérations visées au premier alinéa et réalisées par des organismes mentionnés à l'article 8 sont réputées être faites par les associés, lorsque ceux-ci sont admis au bénéfice du présent régime, à hauteur de leur participation.
« III. - L'option doit être notifiée au plus tard avant la fin du quatrième mois de l'ouverture de l'exercice au titre duquel l'entreprise souhaite être soumise au présent régime, à l'exception de l'exercice clos en 2003 pour lequel l'option doit être notifiée avant le 30 septembre 2003.
« Cette option est irrévocable.
« IV. - En cas de sortie du présent régime de la société d'investissements immobiliers cotée dans les dix années suivant l'option, les plus-values imposées au taux visé au IV de l'article 219 font l'objet d'une imposition au taux prévu au I de l'article 219 au titre de l'exercice de sortie sous déduction de l'impôt payé au titre du IV de l'article 219.
« V. - Un décret fixe les conditions de l'option et les obligations déclaratives des sociétés soumises au présent régime. »
« B. - L'article 219 est complété par un IV ainsi rédigé :
« IV. - Le taux de l'impôt est fixé à 16,5 % en ce qui concerne les plus-values imposables en application du 2 de l'article 221 et du deuxième alinéa de l'article 223 F, relatives aux immeubles et parts des organismes mentionnés au dernier alinéa du II de l'article 208 C inscrits à l'actif des sociétés d'investissements immobiliers cotées et de leurs filiales qui ont opté pour le régime prévu à cet article. »
« C. - A l'article 221 bis , il est inséré un deuxième alinéa ainsi rédigé :
« La première condition n'est pas exigée des entreprises lors de leur option pour le régime prévu à l'article 208 C pour leurs immobilisations autres que celles visées au IV de l'article 219, si elles prennent l'engagement de calculer les plus-values réalisées ultérieurement à l'occasion de leur cession d'après la valeur qu'elles avaient, du point de vue fiscal, à la clôture de l'exercice précédant l'entrée dans le régime. Les entreprises bénéficiant de cette disposition devront joindre à leur déclaration de résultat un état faisant apparaître les renseignements nécessaires au calcul du résultat imposable de la cession ultérieure des immobilisations considérées. Cet état est établi et contrôlé comme celui prévu à l'article 54 septies et sous les mêmes garanties et sanctions. »
« D. - Aux articles 235 ter AZ et 235 ter ZC, il est inséré un III bis ainsi rédigé :
« III bis . - Les sociétés d'investissements immobiliers cotées visées au I de l'article 208 C et leurs filiales détenues à 95 % au moins, directement ou indirectement, de manière continue au cours de l'exercice, ne sont pas assujetties à la présente contribution sur les plus-values imposées en application du IV de l'article 219. »
« E. - Le quatrième alinéa du 2 de l'article 1663 est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Par exception, le montant dû par les sociétés d'investissements immobiliers cotées et leurs filiales au titre de l'imposition des plus-values visées au IV de l'article 219 est exigible le 15 décembre de l'année d'option pour le quart de son montant, le solde étant versé par fraction égale au plus tard le 15 décembre des trois années suivant le premier paiement. »
« F. - L'article 111 bis est complété par un troisième alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions de cet article ne sont pas applicables aux sociétés admises au bénéfice du régime prévu à l'article 208 C. »
« G. - Le 6 de l'article 145 est complété par un h ainsi rédigé :
« h Aux bénéfices distribués aux actionnairres des sociétés d'investissements immobiliers cotées et de leurs filiales visées à l'article 208 C et prélevés sur les bénéfices exonérés en application du premier alinéa du II de cet article. »
« H. - L'article 158 quater est complété par un 9° ainsi rédigé :
« 9° Par les sociétés d'investissements immobiliers cotées et leurs filiales visées à l'article 208 C et prélevés sur les bénéfices exonérés en application du premier alinéa du II de cet article. »
« I. - Le 5 de l'article 206 est complété par un e ainsi rédigé :
« e Des dividendes des sociétés d'investissements immobiliers cotées visées à l'article 208 C et prélevés sur les bénéfices exonérés en application du premier alinéa du II de cet article. »
« L. - Le c du I de l'article 219 bis est ainsi rédigé :
« c Les dividendes mentionnés au d et c du 5 de l'article 206. »
« K. - Le 3 de l'article 223 sexies est complété par un 9° ainsi rédigé :
« 9° Par les sociétés d'investissements immobiliers cotées et leurs filiales visées à l'article 208 C et prélevés sur les bénéfices exonérés en application du premier alinéa du II de cet article. »
« II. - Au 2 du I de l'article 2 de la loi n° 92-666 du 16 juillet 1992, les mots : "1° ter et 3° septies de l'article 208" sont remplacés par les mots : 1° ter, septies de l'article 208 et au 208 C". »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il est des amendements par lesquels on préconise des dépenses. Ils sont légion. Il est d'autres amendements qui visent à permettre au budget de l'Etat de disposer de ressources supplémentaires. Ils sont moins fréquents.
Celui que je vais avoir l'honneur de défendre devant vous, mes chers collègues, est un amendement qui, de manière un peu paradoxale, va conduire l'Etat, je l'espère, à disposer d'une ressource supplémentaire tout en apportant une réelle satisfaction à ceux qui la paieront. Vous conviendrez avec moi, mes chers collègues, qu'une telle conjonction ne se trouve pas souvent !
Vous savez que la commission des finances est animée du souci de dynamiser autant qu'il est possible la vie économique et, en particulier, nos marchés.
Nous considérons que la phase de dépression que connaissent encore actuellement les marchés financiers, particulièrement le marché des actions de Paris, est un handicap important pour l'investissement et pour l'emploi. Nous avons donc recherché au cours des derniers mois, vous le savez, monsieur le ministre, les méthodes, les idées, les modalités, qui nous permettraient d'apporter notre pierre à l'édifice de la nouvelle politique économique, qui tend à plus d'initiative, plus de responsabilité, plus de confiance aussi, de la part des différents acteurs de l'économie.
L'amendement n° I-11 rectifié concerne les sociétés françaises d'investissements immobiliers cotées, ces sociétés que l'on appelait traditionnellement les « foncières ». Les foncières cotées ont pour activité la détention à long terme et la négociation d'actifs immobiliers destinés à la location. Les clients de cette activité sont des entreprises ou des particuliers, et il peut s'agir d'immobilier d'entreprise ou d'immobilier d'habitation. Elles ont toujours existé sur le marché boursier, dont elles représentent l'un des compartiments les plus traditionnels.
L'évolution de ces dernières décennies a conduit ce compartiment à s'atrophier progressivement. Il ne représente plus aujourd'hui que 1 % de la capitalisation boursière de Paris, ce qui représente environ 12,5 milliards d'euros de valeur de capitalisation. Il est d'ores et déjà utile d'indiquer que, comparée à cette valeur de capitalisation, la valeur comptable des actifs gérés est beaucoup plus importante : pour 12,5 milliards d'euros de capitalisation, elle s'établit au moins à 22,5 milliards d'euros.
L'effet de décote est donc particulièrement important et très pénalisant pour le secteur, et il explique dans une large mesure l'atrophie progressive que j'évoquais. En effet, une société cotée en Bourse qui se trouve dans une telle situation est très pénalisée pour recourir au marché, drainer de l'argent supplémentaire, financer des augmentations de capital, concevoir une restructuration par échange ou apport de titres, etc.
Or, simultanément, des fonds d'investissements et immobiliers allemands, néerlandais ou belges sont actifs sur le marché immobilier de Paris, car ils sont protégés par des régimes fiscaux beaucoup plus propices à leurs activités et qui permettent à ces professionnels tout à fait respectables d'occuper des parts de marché croissantes.
Si nous examinons, d'une part, l'intérêt des sociétés foncières cotées traditionnelles de la Bourse de Paris et, d'autre part, l'intérêt du marché boursier lui-même, nous pouvons à bon droit rechercher les conditions nécessaires pour mettre fin à la situation que j'ai décrite, et donc à la distorsion de concurrence dont les acteurs traditionnels de la place de Paris sont victimes du fait de l'inadaptation de leur régime fiscal. Car c'est bien entendu à ce résultat que je souhaite aboutir !
Les sociétés foncières cotées sont assujetties, dans les conditions de droit commun, à l'impôt sur les sociétés. De ce fait, leurs résultats, par nature, ne remontent pas suffisamment entre les mains de leurs actionnaires, alors que les fonds d'investissements étrangers bénéficient, dans leur pays d'origine, d'un régime dit de transparence fiscale, si bien que la fiscalité afférente aux opérations réalisées est assumée par les actionnaires eux-mêmes, et non par la société dans laquelle ils se trouvent.
La réforme qui vous est ici soumise obéit à des conditions très précises : les sociétés doivent être cotées en bourse avec un capital social minimum et avoir pour objet exclusif l'activité immobilière ; ces sociétés peuvent bénéficier de la transparence fiscale à condition de mettre en distribution au minimum 85 % du bénéfice net de chaque exercice.
L'amendement qui vous est soumis définit de façon claire les conditions, à vrai dire nombreuses, de ce nouveau régime fiscal.
Bien entendu, il faut concevoir les modalités de passage du système actuel au nouveau système de transparence fiscale. Il faut traiter la question des valeurs d'actif de ces compagnies, qui disposent d'un patrimoine immobilier d'origine ancienne en général, et le problème de la fiscalité des plus-values latentes afférentes à ces portefeuilles.
C'est là que l'intérêt fiscal de l'Etat intervient, puisque la demande des professionnels de passer à la transparence fiscale avait comme contrepartie l'acceptation par ces mêmes professionnels d'une charge sous forme d'une taxe forfaitaire, d'une taxe de sortie du système antérieur, dite, par conséquent, « exit-tax » permettant à l'état de récupérer les sommes correspondant à la taxation des plus-values latentes.
Cette taxation serait fixée au taux de 16,5 %, payable sur quatre années. Le stock existant des plus-values latentes serait taxé dans les conditions que je viens d'indiquer. Chaque année, pendant quatre ans et à compter de 2003, le gain fiscal pour l'Etat serait proche de 400 millions d'euros. Le rendement total du dispositif serait de l'ordre de 1,5 milliard d'euros.
Nous sommes en mesure de donner des chiffres précis car les sociétés concernées sont peu nombreuses : elles ne sont qu'une quinzaine. Leurs patrimoines sont bien connus. Les sociétés étant cotées sont auditées. Elles délivrent une information financière transparente. Elles ont des commissaires aux comptes. Les évaluations qui servent de support à notre mesure offrent donc, nous semble-t-il, toutes les garanties nécessaires.
Monsieur le ministre, telle est la contribution de la commission des finances du Sénat au difficile exercice qui est le vôtre pour équilibrer le projet de loi de finances pour 2003 et trouver les moyens d'améliorer le climat qui règne sur les marchés financiers.
Mes chers collègues, nous avons entamé la discussion de la première partie du projet de loi de finances par l'examen d'un certain nombre de mesures relatives à la fiscalité de l'épargne. Nous la terminons sur le même sujet. Il est de l'intérêt de tous que, sur le marché boursier de Paris, le compartiment immobilier puisse à nouveau se développer. En effet, dans certaines conjonctures économiques, comme la nôtre actuellement, il est moins volatile que d'autres. C'est donc un élément de stabilisation du marché que nous pouvons apporter en rendant plus attractif ces véhicules cotés et en leur permettant de développer à nouveau leur rôle.
Au demeurant, du point de vue de l'économie générale, cette réforme n'est pas négligeable car, si ces sociétés se renforcent, elles pourront investir, travailler, vendre des biens immobiliers, en acquérir d'autres, rénover des immeubles, en d'autres termes alimenter des branches d'activités qui sont loin d'être indifférentes en termes d'investissement et d'emploi.
Mes chers collègues, voilà, brièvement résumée la mesure qui vous est proposée, qui, je le rappelle, rapporterait au budget de l'Etat, l'année prochaine, 400 millions d'euros.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Le Gouvernement a entendu la proposition de M. le rapporteur général avec grand intérêt. La mesure proposée vise à faire bénéficier des sociétés d'investissement immobilier cotées de la transparence fiscale, à l'instar de ce qui existe dans certains pays voisins comme la Belgique et les Pays-Bas.
Outre le fait qu'elle permettra de rétablir la compétitivité de ces sociétés face à leurs homologues étrangères et, par là même, contribuera à la dynamisation de la place de Paris comme place financière européenne, cette proposition est de nature à relancer l'intérêt des investisseurs, notamment des petits actionnaires désireux de trouver des placements à long terme, sûrs et source de revenus réguliers.
Je note en outre avec satisfaction, et je vous en sais gré, monsieur le rapporteur général, que votre proposition contribue à améliorer le solde budgétaire. Cette mesure aura un impact immédiat en matière de rentrées fiscales, puisqu'elle se traduira, pour les sociétés qui opteront pour ce système, par le paiement sur quatre ans d'un impôt de 16,5 % sur les plus-values fiscales latentes existant sur les immeubles à la date d'option.
Comme vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, cette réforme est très intéressante. Elle est justifiée d'un point de vue économique, puisqu'elle permettra à la fois de rendre plus dynamique un secteur et de mobiliser une épargne désireuse d'échapper aux fluctuations boursières récentes.
Toutes ces raisons me conduisent à remercier la commission des finances de cette proposition et à émettre, au nom du Gouvernement, un avis favorable. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président. La parole est à M. Jean Chérioux, pour explication de vote.
M. Jean Chérioux. Je n'interviendrai pas sur le fond : tout a été dit. Mais, me souvenant de certains débats qui ont eu lieu dans cette enceinte, je voudrais souligner, grâce à ce bel exemple de transparence fiscale, ce qu'est la réalité de l'avoir fiscal, qui, pour certains, notamment au sein du groupe communiste, est un « cadeau ».
Voyez-vous, ce n'est justement pas un cadeau, puisque ce n'est pas un moyen suffisant pour assurer la transparence. La commission propose, elle, un système de transparence bien plus intéressant.
Vous avez laissé entendre, monsieur le ministre, que vous aviez l'intention de revoir un jour la question de l'avoir fiscal. Ce qui vient d'être proposé constitue peut-être une piste de réflexion.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Jean Arthuis, président de la commission. Je voudrais remercier M. le ministre pour l'accueil favorable qu'il a réservé à l'amendement que lui propose la commission des finances.
Cet amendement contribue en effet à l'équilibre de la loi de finances pour 2003. A son propos, je réitérerai le souhait que j'ai formulé lors de la discussion générale : j'espère que, compte de la plus-value fiscale qu'il entraîne, l'équilibre budgétaire qui sera voté par le Sénat à la fin de nos travaux dans deux semaines marquera un allégement du déficit prévisionnel. Nous ne voudrions pas que le Sénat ayant apporté cette contribution, l'effort sur la dépense s'en trouve amoindri.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-11 rectifié.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 4 bis .
Mes chers collègues, nous en sommes parvenus à l'article 34, relatif à l'équilibre général des ressources et des charges.
Le Gouvernement vient de déposer un amendement n° I-225, qui vise à tenir compte des votes précédemment émis par le Sénat.
Cet amendement va être mis en distribution et communiqué à la commission des finances, qui pourra ainsi l'examiner.
Monsieur le président de la commission des finances, combien de temps faut-il à la commission pour examiner cet amendement d'équilibre ?
M. Jean Arthuis, président de la commission. La commission a besoin d'une demi-heure environ, monsieur le président.
M. le président. Le Sénat va donc interrompre ses travaux.
La séance est suspendue.


(La séance, suspendue à dix-sept heures trente, est reprise à dix-huit heures.)
M. le président. La séance est reprise.
Nous en sommes parvenus à l'article d'équilibre.

TITRE II

DISPOSITIONS RELATIVES À L'ÉQUILIBRE
DES RESSOURCES ET DES CHARGES

Article 34 et état A annexé



M. le président.
« Art. 34. - I. Pour 2003, les ressources affectées au budget évaluées dans l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui en résulte, sont fixés aux montants suivants :

(en millions d'euros)



RESSOURCES

DÉPENSES
ordinaires

civiles

DÉPENSES
civiles

en capital

DÉPENSES

militaires

DÉPENSES
totales
ou plafonds

des charges


SOLDES

A. Opérations à caractère définitif

Budget général
Recettes fiscales et non fiscales brutes 345 760 » . . . .
A déduire : prélèvements sur recettes au profit des collectivités locales et des Communautés européennes 52 150 » . . . .
Recettes nettes des prélèvements et dépenses ordinaires brutes 293 610 286 506 . . . .

A déduire : - remboursements et dégrèvements d'impôts

62 563 62 563 . . . .
- recettes en atténuation des charges de la dette 2 989 2 989 . . . .
- Montants nets du budget général 228 058 220 954 12 804 39 964 273 722 .
Comptes d'affectation spéciale 11 698 3 631 8 065 » 11 696 .
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale 239 756 224 585 20 869 39 964 285 418 .

Budgets annexes

Aviation civile 1 503 1 217 286 . 1 503 .
Journaux officiels 196 162 34 . 196 .
Légion d'honneur 19 17 2 . 19 .
Ordre de la Libération 1 1 » . 1 .
Monnaies et médailles 96 91 5 . 96 .
Prestations sociales agricoles 15 917 15 917 » . 15 917 .
Totaux des budgets annexes 17 732 17 405 327 . 17 732 .
Solde des opérations définitives ( A ) . . . . . - 45 662

B. Opérations à caractère temporaire

Comptes spéciaux du Trésor
Comptes d'affectation spéciale » . . . 2 .
Comptes de prêts 1 770 . . . 1 515 .
Comptes d'avances 58 125 . . . 57 510 .
Comptes de commerce (solde) . . . . - 251 .
Comptes d'opérations monétaires (solde) . . . . 50 .
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) . . . . » .
Solde des opérations temporaires ( B ) . . . . . 1 069
Solde général ( A + B ) . . . . . - 44 593



« II. - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est autorisé à procéder, en 2003, dans des conditions fixées par décret :
« 1. A des emprunts à long, moyen et court termes libellés en euros pour couvrir l'ensemble des charges de trésorerie ou pour renforcer les réserves de change ;
« 2. A l'attribution directe de titres de dette publique négociable à la Caisse de la dette publique ;
« 3. A des conversions facultatives, à des opérations de pension sur titre d'Etat, à des opérations de dépôts de liquidités sur le marché interbancaire de la zone euro et auprès des Etats de la même zone, des rachats, des échanges d'emprunts, à des échanges de devises ou de taux d'intérêt, à l'achat ou à la vente d'options ou de contrats à terme sur titre d'Etat.
« III. - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est autorisé à donner, en 2003, la garantie de refinancement en devises pour les emprunts communautaires.
« IV. - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est, jusqu'au 31 décembre 2003, habilité à conclure, avec des établissements de crédit spécialisés dans le financement à moyen et long terme des investissements, des conventions établissant pour chaque opération les modalités selon lesquelles peuvent être stabilisées les charges du service d'emprunts qu'ils contractent en devises étrangères. »

Je donne lecture de l'état A annexé :

É T A T A



Tableau des voies et moyens applicables au budget de 2003



I. - BUDGET GÉNÉRAL


(En milliers d'euros)


NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES RECETTES

ÉVALUATIONS

pour 2003

A. - Recettes fiscales 1. Impôt sur le revenu

0001 Impôt sur le revenu
53 028 000


2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles
0002 Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles
8 212 000

3. Impôt sur les sociétés
0003 Impôt sur les sociétés
46 459 000

4. Autres impôts directs et taxes assimilées
0004 Retenues à la source sur certains bénéfices non commerciaux et de l'impôt sur le revenu 460 000
0005 Retenues à la source et prélèvements sur les revenus de capitaux mobiliers et le prélèvement sur les bons anonymes 2 330 000
0006 Prélèvements sur les bénéfices tirés de la construction immobilière (loi n° 63-254 du 15 mars 1963, art. 28-IV) »
0007 Précompte dû par les sociétés au titre de certains bénéfices distribués (loi n° 65-566 du 12 juillet 1965, art. 3) 1 860 000
0008 Impôt de solidarité sur la fortune 2 460 000
0009 Taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et de stockage 129 500
0010 Prélèvements sur les entreprises d'assurance 67 000
0011 Taxe sur les salaires 8 597 500
0012 Cotisation minimale de taxe professionnelle 960 000
0013 Taxe d'apprentissage 28 000
0014 Taxe de participation des employeurs au financement de la formation professionnelle continue 23 000
0015 Taxe forfaitaire sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art, de collection et d'antiquité 39 000
0016 Contribution sur logements sociaux »
0017 Contribution des institutions financières 440 000
0018 Prélèvement sur les entreprises de production pétrolière »
0019 Recettes diverses 3 000
0020 Contribution de France Télécom au financement du service public de l'enseignement supérieur des télécommunications
»

. Totaux pour le 4
17 397 000

5. Taxe intérieure sur les produits pétroliers
0021 Taxe intérieure sur les produits pétroliers
25 797 000

6. Taxe sur la valeur ajoutée
0022 Taxe sur la valeur ajoutée
145 020 000

7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes
0023 Mutations à titre onéreux de créances, rentes, prix d'offices 309 000
0024 Mutations à titre onéreux de fonds de commerce 199 000
0025 Mutations à titre onéreux de meubles corporels »
0026 Mutations à titre onéreux d'immeubles et droits immobiliers 3 000
0027 Mutations à titre gratuit entre vifs (donations) 886 000
0028 Mutations à titre gratuit par décès 6 237 000
0031 Autres conventions et actes civils 290 000
0032 Actes judiciaires et extrajudiciaires »
0033 Taxe de publicité foncière 80 000
0034 Taxe spéciale sur les conventions d'assurance 2 730 000
0036 Taxe additionnelle au droit de bail »
0039 Recettes diverses et pénalités 109 000
0041 Timbre unique 325 000
0045 Actes et écrits assujettis au timbre de dimension 481 000
0046 Contrats de transport »
0047 Permis de chasser 14 000
0051 Impôt sur les opérations traitées dans les bourses de valeurs 230 000
0059 Recettes diverses et pénalités 390 000
0061 Droits d'importation 1 350 000
0062 Prélèvements et taxes compensatoires institués sur divers produits »
0064 Autres taxes intérieures 168 000
0065 Autres droits et recettes accessoires 34 000
0066 Amendes et confiscations 56 000
0082 Taxe sur les ouvrages hydroélectriques 115 000
0083 Taxe sur les concessionnaires d'autoroutes 455 000
0084 Taxe sur achats de viande 550 000
0089 Taxe sur les installations nucléaires de base 199 000
0091 Garantie des matières d'or et d'argent 30 000
0092 Amendes, confiscations et droits sur acquits non rentrés »
0093 Autres droits et recettes à différents titres 10 000
0094 Taxe spéciale sur la publicité télévisée 17 000
0096 Taxe spéciale sur certains véhicules routiers 220 000
0097 Cotisation à la production sur les sucres 145 000
0098 Taxes sur les stations et liaisons radioélectriques privées 29 000
0099 Autres taxes
51 000

. Totaux pour le 7
15 712 000


B. - Recettes non fiscales
1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier
0107 Produits de l'exploitation du service des constructions aéronautiques au titre de ses activités à l'exportation »
0108 Produits de l'exploitation du service des constructions et armes navales au titre de ses activités à l'exportation »
0109 Produits de l'exploitation du service des fabrications d'armements au titre de ses activités à l'exportation »
0110 Produits des participations de l'Etat dans des entreprises financières 409 200
0111 Contribution de la Caisse des dépôts et consignations représentative de l'impôt sur les sociétés 327 000
0114 Produits des jeux exploités par La Française des jeux 1 270 000
0115 Produits de la vente des publications du Gouvernement »
0116 Produits des participations de l'Etat dans des entreprises non financières et bénéfices des établissements publics non financiers 1 081 000
0129 Versements des budgets annexes 13 400
0199 Produits divers
»

. Totaux pour le 1
3 100 600

2. Produits et revenus du domaine de l'Etat
0201 Versement de l'Office national des forêts au budget général »
0202 Recettes des transports aériens par moyens militaires 1 400
0203 Recettes des établissements pénitentiaires 8 000
0207 Produits et revenus du domaine encaissés par les comptables des impôts 467 000
0208 Produit de la cession de biens appartenant à l'Etat réalisée dans le cadre des opérations de délocalisation 200
0210 Produit de la cession du capital d'entreprises appartenant à l'Etat »
0299 Produits et revenus divers
13 000

. Totaux pour le 2
489 600

3. Taxes, redevances et recettes assimilées
0301 Redevances, taxes ou recettes assimilées de protection sanitaire et d'organisation des marchés de viandes 61 000
0302 Cotisation de solidarité sur les céréales et graines oléagineuses »
0309 Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes 3 000 000
0310 Recouvrement des frais de justice, des frais de poursuite et d'instance 8 100
0311 Produits ordinaires des recettes des finances 100
0312 Produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation 368 000
0313 Produit des autres amendes et condamnations pécuniaires 490 000
0314 Prélèvements sur le produit des jeux dans les casinos régis par la loi du 15 juin 1907 955 000
0315 Prélèvements sur le pari mutuel 393 000
0318 Produit des taxes, redevances et contributions pour frais de contrôle perçues par l'Etat 95 220
0323 Droits d'inscription pour les examens organisés par les différents ministères, droits de diplômes et de scolarité perçus dans les différentes écoles du Gouvernement 400
0324 Contributions des associés collecteurs de l'Union d'économie sociale du logement 250 000
0325 Recettes perçues au titre de la participation des employeurs à l'effort de construction 20 000
0326 Reversement au budget général de diverses ressources affectées 810 000
0327 Rémunération des prestations assurées par les services du Trésor public au titre de la collecte de l'épargne 125 700
0328 Recettes diverses du cadastre 13 200
0329 Recettes diverses des comptables des impôts 69 000
0330 Recettes diverses des receveurs des douanes 32 000
0331 Rémunération des prestations rendues par divers services ministériels 218 800
0332 Pénalité pour défaut d'emploi obligatoire des travailleurs handicapés et des mutilés de guerre 1 600
0333 Frais de gestion du service chargé de la perception de la redevance audiovisuelle 73 540
0335 Versement au Trésor des produits visés par l'article 5, dernier alinéa, de l'ordonnance n° 45-14 du 6 janvier 1945 17 000
0337 Redevances versées par les entreprises dont les emprunts bénéficient de la garantie de l'Etat »
0339 Redevances d'usage des fréquences radioélectriques 118 900
0340 Reversement à l'Etat de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat 223 000
0399 Taxes et redevances diverses
8 000

. Totaux pour le 3
7 351 560

4. Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital
0401 Récupération et mobilisation des créances de l'Etat 53 600
0402 Annuités diverses 300
0403 Contribution des offices et établissements publics de l'Etat dotés de l'autonomie financière et des compagnies de navigation subventionnées, sociétés d'économie mixte, entreprises de toute nature ayant fait appel au concours financier de l'Etat 800
0404 Intérêts des prêts du Fonds de développement économique et social 3 900
0406 Intérêts des prêts consentis aux organismes d'habitation à loyer modéré et de crédit immobilier »
0407 Intérêts des dotations en capital et des avances d'actionnaire accordées par l'Etat 4 000
0408 Intérêts sur obligations cautionnées 1 400
0409 Intérêts des prêts du Trésor 935 000
0410 Intérêts des avances du Trésor 200
0411 Intérêts versés par divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics au titre des avances »
0499 Intérêts divers
35 500

. Totaux pour le 4
1 034 700

5. Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat
0501 Retenues pour pensions civiles et militaires (part agent) 4 476 000
0502 Contributions aux charges de pensions de France Télécom 1 310 000
0503 Retenues de logement effectuées sur les émoluments de fonctionnaires et officiers logés dans des immeubles appartenant à l'Etat ou loués par l'Etat 1 200
0504 Ressources à provenir de l'application des règles relatives aux cumuls des rémunérations d'activité 43 000
0505 Prélèvement effectué sur les salaires des conservateurs des hypothèques 320 000
0506 Recettes diverses des services extérieurs du Trésor 5 000
0507 Contribution de diverses administrations au Fonds spécial de retraite des ouvriers des établissements industriels de l'Etat 13 300
0508 Contributions aux charges de pensions de La Poste 2 615 000
0509 Contributions aux charges de pensions de divers organismes publics ou semi-publics 823 140
0599 Retenues diverses
»

. Totaux pour le 5
9 606 640

6. Recettes provenant de l'extérieur
0601 Produits des chancelleries diplomatiques et consulaires 64 000
0604 Remboursement par les Communautés européennes des frais d'assiette et de perception des impôts et taxes perçus au profit de son budget 373 750
0606 Versement du Fonds européen de développement économique régional »
0607 Autres versements des Communautés européennes 33 150
0699 Recettes diverses provenant de l'extérieur
1 500

. Totaux pour le 6
472 400

7. Opérations entre administrations et services publics
0702 Redevances et remboursements divers dus par les compagnies de chemins de fer d'intérêt local et entreprises similaires »
0708 Reversements de fonds sur les dépenses des ministères ne donnant pas lieu à rétablissement de crédits 61 000
0709 Réintégration au budget général des recettes des établissements dont l'autonomie a été supprimée par le décret du 20 mars 1939 »
0712 Remboursement de divers frais de gestion et de contrôle 2 800
0799 Opérations diverses
15 900

. Totaux pour le 7
79 700

8. Divers
0801 Recettes en contrepartie des dépenses de reconstruction 1 200
0802 Recouvrements poursuivis à l'initiative de l'Agence judiciaire du Trésor. - Recettes sur débets non compris dans l'actif de l'administration des finances 14 300
0803 Remboursements de frais de scolarité, de pension et de trousseau par les anciens élèves des écoles du Gouvernement qui quittent prématurément le service de l'Etat 1 900
0804 Pensions et trousseaux des élèves des écoles du Gouvernement 2 200
0805 Recettes accidentelles à différents titres 480 000
0806 Recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie 2 989 000
0807 Reversements de la Banque française du commerce extérieur 150 000
0808 Remboursements par les organismes d'habitation à loyer modéré des prêts accordés par l'Etat »
0809 Recettes accessoires sur les dépenses obligatoires d'aide sociale et de santé »
0810 Ecrêtement des recettes transférées aux collectivités locales (loi du 7 janvier 1983 modifiée) »
0811 Récupération d'indus 156 400
0812 Reversements de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur 690 000
0813 Rémunération de la garantie accordée par l'Etat aux caisses d'épargne »
0814 Prélèvements sur les autres fonds d'épargne gérés par la Caisse des dépôts et consignations 2 350 000
0815 Rémunération de la garantie accordée par l'Etat à la Caisse nationale d'épargne »
0816 Versements de la Caisse d'amortissement de la dette sociale au budget de l'Etat 3 000 000
0817 Recettes en atténuation de trésorerie du Fonds de stabilisation des changes »
0818 Versements de l'établissement public prévu à l'article 46 de la loi de finances pour 1997 (n° 96-1181 du 30 décembre 1996) 270 070
0899 Recettes diverses
1 977 690

. Totaux pour le 8
12 082 760


C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales
0001 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation globale de fonctionnement 18 874 162
0002 Prélèvement sur les recettes de l'Etat du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation
368 000
0003 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs 252 965
0004 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle 547 214
0005 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation de compensation de la taxe professionnelle 1 586 980
0006 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds de compensation pour la TVA 3 644 000
0007 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale 1 971 000
0008 Dotation élu local 46 270
0009 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse 28 000
0010 Compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle
9 033 035

. Totaux pour le 1
36 351 626


2. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes
0001 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du budget des Communautés européennes
15 800 000


D. - Fonds de concours et recettes assimilées 1. Fonds de concours et recettes assimilées
1100 Fonds de concours ordinaires et spéciaux »
1500 Fonds de concours. - Coopération internationale
»

. Totaux pour le 1
»


RÉCAPITULATION GÉNÉRALE A. - Recettes fiscales
1 Impôt sur le revenu 53 028 000
2 Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles 8 212 000
3 Impôt sur les sociétés 46 459 000
4 Autres impôts directs et taxes assimilées 17 397 000
5 Taxe intérieure sur les produits pétroliers 25 797 000
6 Taxe sur la valeur ajoutée 145 020 000
7 Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes
15 712 000

. Totaux pour la partie A
311 625 000

B. - Recettes non fiscales
1 Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier 3 100 600
2 Produits et revenus du domaine de l'Etat 489 600
3 Taxes, redevances et recettes assimilées 7 351 560
4 Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital 1 034 700
5 Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat 9 606 640
6 Recettes provenant de l'extérieur 472 400
7 Opérations entre administrations et services publics 79 700
8 Divers
12 082 760

. Totaux pour la partie B
34 217 960

C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat
1 Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales - 36 351 626
2 Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes
- 15 800 000

. Totaux pour la partie C
- 52 151 626

D. - Fonds de concours et recettes assimilées
1 Fonds de concours et recettes assimilées
»

. Total général 293 691 334


II. - BUDGETS ANNEXES


(En euros)


NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES RECETTES

ÉVALUATIONS

pour 2003

Aviation civile 1re SECTION. - EXPLOITATION

7001 Redevances de route 911 460 000
7002 Redevances pour services terminaux de la circulation aérienne pour la métropole 198 230 000
7003 Redevances pour services terminaux de la circulation aérienne pour l'outre-mer 19 200 000
7004 Autres prestations de service 7 907 230
7006 Ventes de produits et marchandises 1 312 601
7007 Recettes sur cessions 86 245
7008 Autres recettes d'exploitation 6 367 677
7009 Taxe de l'aviation civile 223 983 801
7100 Variation des stocks »
7200 Productions immobilisées »
7400 Subvention du budget général »
7600 Produits financiers 1 067 143
7700 Produits exceptionnels »
7800 Reprises sur provisions
6 726 050

. Total des recettes brutes en fonctionnement
1 376 340 747

. Total des recettes nettes de fonctionnement
1 376 340 747

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Autofinancement (virement de la section Exploitation) 159 828 698
9201 Recettes sur cessions (capital) »
9202 Subventions d'investissement reçues »
9700 Produit brut des emprunts 126 171 302
9900 Autres recettes en capital
»

. Total des recettes brutes en capital
286 000 000

.
A déduire :
. Autofinancement (virement de la section Exploitation)
- 159 828 698

. Total des recettes nettes en capital
126 171 302

. Total des recettes nettes
1 502 512 049


Journaux officiels 1re SECTION. - EXPLOITATION
7000 Vente de produits fabriqués, prestations de services, marchandises 193 360 000
7100 Variation des stocks (production stockée) »
7200 Production immobilisée »
7400 Subventions d'exploitation »
7500 Autres produits de gestion courante »
7600 Produits financiers »
7700 Produits exceptionnels 915 000
7800 Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
194 275 000

.
A déduire :
. Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes nettes de fonctionnement
194 275 000

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement 1 587 926
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation 26 928 583
9300 Diminution des stocks constatée en fin de gestion »
9800 Amortissements et provisions 5 259 491
9900 Autres recettes en capital
»

. Total des recettes brutes en capital
33 776 000

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation - 26 928 583
. Amortissements et provisions
- 5 259 491

. Total des recettes nettes en capital
1 587 926

. Total des recettes nettes
195 862 926


Légion d'honneur 1re SECTION. - EXPLOITATION
7001 Droits de chancellerie 223 490
7002 Pensions et trousseaux des élèves des maisons d'éducation 1 088 739
7003 Produits accessoires 99 438
7400 Subventions 17 251 986
7800 Reprises sur amortissements et provisions »
7900 Autres recettes
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
18 663 653

. Total des recettes nettes de fonctionnement
18 663 653

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9800 Amortissements et provisions 1 800 000
9900 Autres recettes en capital
»

. Total des recettes brutes en capital
1 800 000

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions
- 1 800 000

. Total des recettes nettes en capital
»

. Total des recettes nettes
18 663 653


Ordre de la Libération 1re SECTION. - EXPLOITATION
7400 Subventions 637 636
7900 Autres recettes
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
637 636

. Total des recettes nettes de fonctionnement
637 636

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9800 Amortissements et provisions
»

. Total des recettes brutes en capital
»

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions
»

. Total des recettes nettes en capital
»

. Total des recettes nettes
637 636


Monnaies et médailles 1re SECTION. - EXPLOITATION
7000 Vente de produits fabriqués, prestations de services, marchandises 64 898 619
7100 Variations des stocks (production stockée) »
7200 Production immobilisée »
7400 Subvention 30 000 000
7500 Autres produits de gestion courante 1 341 247
7600 Produits financiers »
7700 Produits exceptionnels »
7800 Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
96 239 866

.
A déduire :
. Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes nettes de fonctionnement
96 239 866

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9300 Diminution de stocks constatée en fin de gestion »
9800 Amortissements et provisions 5 220 104
9900 Autres recettes en capital
161 169

. Total des recettes brutes en capital
5 381 273

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions
- 5 220 104

. Total des recettes nettes en capital
161 169

. Total des recettes nettes
96 401 035


Prestations sociales agricoles 1re SECTION. - EXPLOITATION
7031 Cotisations prestations familiales (art. L. 731-25 à L. 731-29 du code rural) 275 000 000
7032 Cotisations AVA (art. L. 731-42, 1° du code rural) 226 700 000
7033 Cotisations AVA (art. L. 731-42, 2° et 3° du code rural) 572 500 000
7034 Cotisations AMEXA (art. L. 731-30 à L. 731-41 du code rural) 546 600 000
7035 Cotisations d'assurance veuvage (art. L. 731-43 et L. 731-44 du code rural) 7 000 000
7036 Cotisations d'assurance volontaire et personnelle 200 000
7037 Cotisations de solidarité (art. 15 de la loi n° 80-502 du 4 juillet 1980 d'orientation agricole) 82 000 000
7038 Cotisations acquittées dans les départements d'outre-mer (art. L. 762-9, L. 762-21 et L. 762-33 du code rural) 2 000 000
7039 Imposition additionnelle à l'impôt foncier non bâti »
7040 Taxe sur les céréales »
7041 Taxe sur les graines oléagineuses »
7042 Taxe sur les betteraves »
7043 Taxe sur les farines 62 960 000
7044 Taxe sur les tabacs 82 320 000
7045 Taxe sur les produits forestiers »
7046 Taxe sur les corps gras alimentaires 103 820 000
7047 Prélèvement sur le droit de consommation sur les alcools 18 900 000
7048 Cotisations assises sur les polices d'assurance automobile »
7049 Cotisation incluse dans la taxe sur la valeur ajoutée 5 755 100 000
7051 Remboursement de l'allocation aux adultes handicapés 51 800 000
7052 Versements à intervenir au titre de la compensation des charges entre les régimes de base de sécurité sociale obligatoires 5 677 100 000
7053 Contribution de la Caisse nationale des allocations familiales au financement des prestations familiales servies aux non-salariés agricoles 254 000 000
7054 Subvention du budget général : contribution au financement des prestations familiales servies aux non-salariés agricoles »
7055 Subvention du budget général : solde 522 700 000
7056 Prélèvement sur le produit de la contribution sociale de solidarité des sociétés 650 000 000
7057 Versements à intervenir au titre de l'article L. 139-2 du code de la sécurité sociale 853 000 000
7059 Versements du Fonds de solidarité vieillesse 117 400 000
7060 Versements du Fonds spécial d'invalidité 13 100 000
7061 Recettes diverses 43 200 000
7062 Prélèvement sur le fonds de roulement
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
15 917 400 000

. Total des recettes nettes de fonctionnement
15 917 400 000

. Total des recettes nettes 15 917 400 000


III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE


(En euros)


ÉVALUATION DES RECETTES POUR 2003





NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES COMPTES

Opérations à

caractère définitif

Opérations à

caractère temporaire


Total Fonds national de l'eau
01 Produit de la redevance sur les consommations d'eau 77 000 000 » 77 000 000
02 Annuités de remboursement des prêts » » »
03 Prélèvement sur le produit du Pari mutuel » » »
04 Recettes diverses ou accidentelles du Fonds national pour le développement des adductions d'eau » » »
05 Prélèvement de solidarité pour l'eau 40 000 000 » 40 000 000
06 Recettes diverses ou accidentelles du Fonds national de solidarité pour l'eau 1 366 000 »

1 366 000

. Totaux 118 366 000 »
118 366 000


Soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie audiovisuelle
01 Produit de la taxe additionnelle au prix des places dans les salles de spectacles cinématographiques 106 610 000 » 106 610 000
04 Prélèvement spécial sur les bénéfices résultant de la production, de la distribution ou de la représentation de films pornographiques ou d'incitation à la violence 200 000 » 200 000
05 Taxe spéciale sur les films pornographiques ou d'incitation à la violence produits par des entreprises établies hors de France » » »
06 Contributions des sociétés de programme » » »
07 Taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision au titre de la redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements 116 110 000 » 116 110 000
08 Taxe sur les encaissements réalisés au titre de la commercialisation des vidéogrammes 15 300 000 » 15 300 000
09 Recettes diverses ou accidentelles 1 940 000 » 1 940 000
10 Contribution du budget de l'Etat » » »
11 Taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision au titre de la redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements 206 430 000 » 206 430 000
12 Taxe sur les encaissements réalisés au titre de la commercialisation des vidéogrammes 2 700 000 » 2 700 000
13 Produit des sanctions pécuniaires prononcées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (nouvelle) » » »
14 Recettes diverses ou accidentelles » » »
99 Contribution du budget de l'Etat » »
»

. Totaux 449 290 000 »
449 290 000



Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée
au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision
01 Produit de la redevance 2 144 170 000 » 2 144 170 000
02 Recettes diverses ou accidentelles » » »
03 Versement du budget général 449 230 000 »
449 230 000

. Totaux 2 593 400 000 »
2 593 400 000

Fonds national pour le développement du sport
03 Partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes et hors les hippodromes 500 000 » 500 000
05 Remboursement des avances consenties aux associations sportives » » »
06 Recettes diverses ou accidentelles » » »
07 Produit de la contribution sur la cession à un service de télévision des droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives 22 870 000 » 22 870 000
08 Produit du prélèvement sur les sommes misées sur les jeux exploités en France métropolitaine par La Française des jeux 195 000 000 »
195 000 000

. Totaux 218 370 000 »
218 370 000

Fonds national des courses et de l'élevage
01 Produit du prélèvement élevage sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes 2 650 000 » 2 650 000
02 Produit du prélèvement élevage sur les sommes engagées au Pari mutuel urbain 79 750 000 » 79 750 000
03 Produit des services rendus par Les Haras nationaux » » »
04 Produit des ventes d'animaux, sous-produits et matériels » » »
05 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 82 400 000 »
82 400 000


Fonds national pour le développement de la vie associative
01 Partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes et hors les hippodromes 8 200 000 » 8 200 000
02 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 8 200 000 »
8 200 000


Compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de sociétés
01 Produit des ventes par l'Etat de titres, de parts ou de droits de sociétés, le reversement, sous toutes ses formes, par les sociétés Thomson SA, Sofivision et Sogepa du produit résultant de la cession ou du transfert de titres des sociétés Thomson Multimédia, Thalès et EADS NV, les reversements résultant des investissements réalisés directement ou indirectement par l'Etat dans des fonds de capital-investissement, le reversement, sous toutes ses formes, par l'établissement public Autoroutes de France, du produit résultant de la cession de titres qu'il détient dans toute société concessionnaires d'autoroutes, le reversement d'avances d'actionnaires ou de dotations en capital et des produits de réduction du capital ou de liquidation ainsi que les reversements du budget général ou d'un budget annexe 8 000 000 000 » 8 000 000 000
02 Reversement d'avances d'actionnaires ou de dotations en capital et produits de réduction du capital ou de liquidation » » »
03 Versements du budget général ou d'un budget annexe » » »
04 Reversements résultant des investissements réalisés directement ou indirectement par l'Etat dans des fonds de capital-investissement » »
»

. Totaux 8 000 000 000 »
8 000 000 000


Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien
01 Encaissements réalisés au titre de l'ex-taxe de péréquation des transports aériens » » »
02 Part de la taxe de l'aviation civile affectée au Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien 70 580 000 » 70 580 000
03 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 70 580 000 »
70 580 000


Indemnisation au titre des créances françaises sur la Russie
01 Versements de la Russie » » »
02 Versements du budget général » »
»

. Totaux » »
»


Fonds d'aide à la modernisation de la presse
quotidienne et assimilée d'information politique
et générale et à la distribution de la presse quotidienne
nationale d'information politique et générale, et de soutien à l'expression radiophonique locale (modifié)
01 Produit de la taxe sur certaines dépenses publicitaires 28 993 000 » 28 993 000
02 Remboursement par les bénéficiaires des avances consenties par le fonds » » »
03 Recettes diverses ou accidentelles » » »
04 Produit de la taxe sur la publicité diffusée par voie de radiodiffusuion sonore et de télévision 22 100 000 » 22 100 000
05 Recettes diverses du Fonds de soutien à l'expression radiophonique locale » »
»

. Totaux 51 093 000 »
51 093 000

Fonds de provisionnement des charges de retraite
01 Redevances d'utilisation des fréquences allouées en vertu des autorisations d'établissement et d'exploitation des réseaux mobiles de troisième génération » »
»

. Total pour les comptes d'affectation spéciale 11 591 699 000 » 11 591 699 000


IV. - COMPTES DE PRÊTS


(En euros)


NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES COMPTES

ÉVALUATION
des recettes

pour 2003

Prêts du Fonds de développement économique et social
01 Recettes 27 300 000

Prêts du Trésor à des Etats étrangers et à l'Agence française de développement en vue de favoriser le développement économique et social

01 Remboursement de prêts du Trésor 759 480 000
02 Remboursement de prêts à l'Agence française de développement
56 000 000

. Totaux
815 480 000




Avances du Trésor consolidées par transformation en prêts du Trésor
01 Recettes 150 000

Prêts du Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de dettes envers la France
01 Recettes
926 860 000

. Total pour les comptes de prêts 1 769 790 000


V. - COMPTES D'AVANCES DU TRÉSOR


(En euros)


NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES COMPTES

ÉVALUATION
des recettes

pour 2003

Avances aux départements sur le produit de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur

01 Recettes 170 000 000

Avances aux collectivités et établissements publics, territoires, établissements et Etats d'outre-mer
01 Avances de l'article 70 de la loi du 31 mars 1932 et de l'article L. 2336-1 du code général des collectivités territoriales 3 000 000
02 Avances de l'article 14 de la loi du 23 décembre 1946 et de l'article L. 2336-2 du code général des collectivités territoriales »
03 Avances de l'article 34 de la loi du 31 décembre 1953 (avances spéciales sur recettes budgétaires) »
04 Avances à la Nouvelle-Calédonie (fiscalité nickel)
»

. Totaux
3 000 000





Avances sur le montant des impositions revenant aux départements, communes, établissements et divers organismes
01 Recettes 57 945 000 000

Avances à divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics
01 Avances aux budgets annexes »
02 Avances à l'Agence centrale des organismes d'intervention dans le secteur agricole au titre des besoins temporaires de préfinancement des dépenses communautaires »
03 Avances aux autres établissements publics nationaux et services autonomes de l'Etat »
04 Avances à des services concédés ou nationalisés ou à des sociétés d'économie mixte »
05 Avances à divers organismes de caractère social
»

. Totaux
»




Avances à des particuliers et associations
01 Avances aux fonctionnaires de l'Etat pour l'acquisition de moyens de transport 3 500 000
02 Avances aux agents de l'Etat pour l'amélioration de l'habitat 1 800 000
03 Avances aux associations participant à des tâches d'intérêt général »
04 Avances aux agents de l'Etat à l'étranger pour la prise en location d'un logement
2 000 000

. Totaux
7 300 000

. Total pour les comptes d'avances du Trésor 58 125 300 000


La parole est à Mme Marie-Claude Beaudeau, sur l'article.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Nous voterons, bien entendu, contre l'article d'équilibre qui résume un budget que nous désapprouvons totalement et que le Sénat a encore aggravé à la marge. Nous y reviendrons tout à l'heure.
Si j'interviens sur cet article, c'est surtout pour souligner et dénoncer la présence, parmi les recettes non fiscales qui sont inscrites dans le tableau d'équilibre, de 8 milliards d'euros provenant d'opérations de privatisation d'entreprises publiques.
A plusieurs reprises, monsieur le ministre, lors de vos auditions devant la commission des finances, je vous ai demandé, ainsi qu'à M. le ministre de l'économie, de m'indiquer à quelles privatisations partielles ou totales de quelles entreprises correspondaient ces 8 milliards d'euros. Vous n'avez jamais répondu. Vous avez seulement fini par annoncer à des collègues députés - je l'ai lu dans la presse - qu'il ne s'agissait que d'un objectif de recettes.
Nous savons maintenant, après ce que vous venez de faire en fin de semaine dernière, que vos intentions étaient pourtant bien arrêtées.
La vente aux enchères, en quarante-huit heures, des 10,9 % de participation de l'Etat dans le Crédit lyonnais, révèle une méthode : celle du fait accompli sans aucun dialogue avec la représentation nationale ; je dirai même : avec un certain mépris envers elle.
Allons-nous apprendre lundi prochain, au réveil, que vous avez vendu la participation de l'Etat dans le groupe Thalès, spécialisé dans l'électronique de défense, ou - qui sait ? - le GIAT à un quelconque marchand de canons ?
Allons-nous découvrir un matin dans la presse que vous avez cédé tout ou partie de la plus importante institution financière publique, la Caisse des dépôts et consignations, comme une rumeur persistante le donne à penser pour CDC-Ixis et Eulia ?
Monsieur le ministre, certaines méthodes sont inadmissibles. Le secteur public n'est pas votre propriété, mais celle de la nation, dont le Parlement constitue la représentation. Vous n'avez pas mandat pour en jouer comme à la bourse.
Les objectifs de service public et d'intérêt national qui doivent présider à la gestion des entreprises publiques se situent à l'opposé de ce que vous appelez l'« Etat actionnaire », en vertu d'une conception tournée vers le profit financier et qui prépare en fait le démantèlement du secteur public et les privatisations. Le désengagement de l'Etat du Crédit lyonnais est ainsi une décision extrêmement grave. Elle consacre l'abandon total de l'activité bancaire commerciale, levier essentiel de l'économie, à l'emprise des marchés financiers et du secteur privé.
Aujourd'hui, vous prétendez vous désintéresser de l'avenir du Crédit lyonnais, M. Mer a en effet déclaré : « Nous ne sommes plus concernés par l'évolution à venir du capital du Lyonnais. » Or vous venez, monsieur le ministre, d'ouvrir la voie à la bataille pour la prise de contrôle du Crédit lyonnais, sans autre forme de procès, en accordant à BNP-Paribas un avantage remarquable.
Avec cette opération, vous relancez la course à la restructuration ravageuse de l'ensemble du secteur bancaire du pays. Pas moins de 400 000 emplois sont en jeu. Vous savez que des réseaux entiers risquent de disparaître. Celui du Crédit lyonnais, avec ses 1 850 agences, est désormais en première ligne. Ses 40 000 salariés, leurs organisations syndicales, ses 6 millions de clients, sauront vous le rappeler, je n'en doute pas !
Comment pouvez-vous vous flatter d'avoir obtenu 2,2 milliards d'euros de cette vente ? C'est bien le contribuable, pour des sommes bien supérieures - près de 10 milliards d'euros ! -, qui aura, au total, habillé la mariée au bénéfice du privé.
Je n'ai pas besoin, monsieur le ministre, d'attirer votre attention sur les manifestations d'hier. Elles ont rassemblé plus de cent mille salariés dans le pays pour la défense du service public.
Dans l'immédiat, je vous demande solennellement de communiquer à la deuxième chambre du Parlement à quelles privatisations de quelles entreprises correspondent les 8 milliards d'euros de recettes non fiscales inscrites à ce titre dans votre budget pour 2003 et quelles procédures vous comptez mettre en oeuvre.
Les salariés, les citoyens apprécieront votre souci ou votre absence de souci de transparence.
M. le président. L'amendement n° I-225, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« I. - Dans l'état A, modifier les évaluations de recettes comme suit :

« I. - Budget général

« A. - Recettes fiscales
« 1. Impôt sur le revenu
« Ligne 0001 : "Impôt sur le revenu", minorer de 440 000 000 euros.
« 3. Impôt sur les sociétés
« Ligne 0003 : "Impôt sur les sociétés", majorer de 395 000 000 euros.
« 6. Taxe sur la valeur ajoutée
« Ligne 0022 : "Taxe sur la valeur ajoutée", minorer de 300 000 000 euros.
« B. - Recettes non fiscales
« 6. Recettes provenant de l'extérieur
« Ligne 0699 : "Recettes diverses provenant de l'extérieur", majorer de 21 634 000 euros.
« 8. Divers
« Ligne 0805 : "Recettes accidentelles à différents titres", majorer de 266 600 000 euros.
« Ligne 0807 : "Reversements de la Banque française du commerce extérieur", majorer de 50 000 000 euros.
« Ligne 0899 : "Recettes diverses", majorer de 54 300 000 euros.
« C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat
« 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales
« Ligne 0001 : "Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation globale de fonctionnement", majorer de 29 500 000 euros.
« Ligne 0004 : "Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle", majorer de 17 485 000 euros.
« Ligne 0005 : "Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation de compensation de la taxe professionnelle", majorer de 726 000 euros.

« II. - Budgets annexes

« Prestations sociales agricoles
« Première section - Exploitation
« Ligne 7053 : "Contribution de la Caisse nationale des allocations familiales au financement des prestations familiales servies aux non-salariés agricoles", majorer de 2 000 000 euros.

« III. - Comptes d'affectation spéciale

« Fonds national de l'eau
« Ligne 05 : "Prélèvement de solidarité pour l'eau", majorer de 20 000 000 euros.
« II. - Le I de l'article 34 est remplacé par les dispositions suivantes :
« I. - Pour 2003, les ressources affectées au budget, évaluées dans l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui en résultent sont fixés aux montants suivants.

(En millions d'euros)










RESSOURCES

DÉPENSES
ordinaires

civiles

DÉPENSES
civiles

en capital

DÉPENSES

militaires

DÉPENSES
totales
ou plafonds

des charges
SOLDES




A. - Opérations à caractère définitif
Budget général

Recettes fiscales et non fiscales brutes 345 890 A déduire : prélèvements sur recettes au profit des collectivités locales et des Communautés européennes 52 199

Recettes nettes des prélèvements et dépenses ordinaires civiles brutes 293 691 286 455

A déduire :
- remboursements et dégrèvements d'impôts 62 563 62 563 - recettes en atténuation des charges de la dette 2 989 2 989

Montants nets du budget général 228 139 220 903 12 908 39 964 273 775 Comptes d'affectation spéciale 11 611 3 619 7 990 " 11 609 Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale 239 750 224 522 20 898 39 964 285 384

Budgets annexes

Aviation civile 1 503 1 217 286 1 503 Journaux officiels 196 162 34 196

Légion d'honneur 19 17 2 19

Ordre de la Libération 1 1 " 1

Monnaies et médailles 96 91 5 96 Prestations sociales agricoles 15 919 15 919 " 15 919 Totaux pour les budgets annexes 17 734 17 407 327 17 734 Solde des opérations définitives ( A ) - 45 634

B. - Opérations à caractère temporaire
Comptes spéciaux du Trésor

Comptes d'affectation spéciale " 2 Comptes de prêts 1 770 1 515

Comptes d'avances 58 125 57 510

Comptes de commerce (solde) - 251

Comptes d'opérations monétaires (solde) 50 Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) " Solde des opérations temporaires ( B ) 1 069 Solde général ( A + B ) - 44 565





L'amendement n° I-99, présenté par MM. Charasse, Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Lise, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et rattaché, est ainsi libellé :
« Compléter in fine le I de cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« Un abattement forfaitaire de 600 millions d'euros sera appliqué par le Gouvernement dans les conditions prévues par l'article 13 de l'ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances sur l'ensemble des dépenses civiles autorisées en vertu des titres III et IV de la présente loi de finances, afin de procéder à l'ajustement de la participation financière de l'Etat au titre de l'allocation personnalisée d'autonomie. »
La parole est à M. le ministre délégué, pour présenter l'amendement n° I-225.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Cet amendement traditionnel a pour objet de traduire dans l'article d'équilibre et dans l'état A l'incidence des modifications intervenues au cours de la discussion de la première partie.
En premier lieu, je préciserai que le Gouvernement a dû constater, dans le projet de loi de finances rectificative approuvé en conseil des ministres le 20 novembre dernier, que les recettes pour 2002 seraient moins importantes que prévu. L'exigence de sincérité qui, je le rappelle, figure dans la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances, nous oblige à traduire l'incidence de cette évolution sur les prévisions pour 2003, et nous le faisons au premier moment où nous sommes en mesure de le faire puisque l'Assemblée nationale a débattu des recettes il y a plus d'un mois, bien avant l'élaboration du collectif.
Les derniers éléments en notre possession conduisent ainsi à deux recalages techniques : d'une part, les recettes de TVA pour 2003 sont revues en baisse de 300 millions d'euros ; d'autre part, le produit de l'impôt sur le revenu est réduit de 400 millions d'euros.
Je me suis longuement expliqué, lors de la discussion générale, sur ces recalages.
Au-delà de ces opérations de coordination avec le collectif d'automne, plusieurs modifications des recettes fiscales résultent des votes du Sénat au cours de l'examen de cette première partie du projet de loi de finances.
Le produit de l'impôt sur le revenu est ainsi réduit de 40 millions d'euros, sous l'effet du rétablissement en deux ans - c'est ce que vous avez décidé - de l'abattement sur l'imposition des dividendes des personnes privées.
Le produit prévu de l'impôt sur les sociétés est majoré de 395 millions d'euros, du fait de la mesure de modification du régime d'imposition des plus-values des sociétés d'investissement immobilier cotées qu'a proposée votre rapporteur général et que vous avez adoptée, ainsi que en sens inverse, du rétablissement de l'avoir fiscal des fondations.
Toujours en matière fiscale, vous avez voté plusieurs mesures, dont je citerai les principales : l'allongement de la durée de déduction des moins-values des personnes physiques, le rélèvement du seuil d'exonération de ces mêmes plus-values, l'accroissement du plafond des versements exceptionnels sur plan d'épargne en action et l'assouplissement du régime microfoncier.
Les recettes non fiscales sont globalement majorées de 393 millions d'euros. Cette évolution résulte de plusieurs mesures.
Près de 137 millions d'euros proviennent du remboursement à l'Etat par un établissement financier de la partie jugée indue par les Communautés européennes des commissions qui lui ont été versées par l'Etat.
Par ailleurs, 130 millions d'euros résultent d'un versement par l'Agence française de développement, l'AFD, conséquence de la garantie que l'Etat lui accorde aux termes de l'article 68 bis du présent projet de loi au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés.
En outre, 50 millions d'euros seront versés par Natexis, compte tenu des gains sur la stabilisation des crédits à l'exportation résultant du niveau bas des taux de marché à court terme.
Quant à la ligne 899 des recettes non fiscales diverses de l'Etat, elle est majorée de 54,3 millions d'euros, notamment au titre du reversement par la société française pour l'assurance du capital-risque, la Sofaris, de crédits inemployés.
Enfin, 21,6 millions d'euros sont constatés au titre de la part du prélèvement sur les agences de l'eau dont vous avez décidé qu'elle ne reviendrait pas, cette année, au Fonds national de l'eau.
Les prélèvements sur les recettes de l'Etat sont, d'autre part, réévalués de 47,5 millions d'euros par deux mesures que vous avez adoptées.
Il s'agit, d'une part, de la majoration de 18 millions d'euros du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, le FNPTP, d'autre part, des majorations complémentaires des dotations de solidarité urbaine et rurale.
Les modifications que je viens de récapituler conduisent à corriger automatiquement, sans impact sur le solde, les montants de la dotation de compensation de la taxe professionnelle, du Fonds national de péréquation de cette taxe et des dépenses du Fonds national de péréquation.
Par ailleurs, sur les comptes spéciaux du Trésor, il vous est proposé de majorer de 20 millions d'euros les recettes et les dépenses du Fonds national de l'eau, en cohérence avec le rétablissement du prélèvement sur les agences de l'eau que vous avez adopté.
Le Gouvernement vous propose également de reconduire à leur niveau de l'an dernier les évaluations de recettes et de dépenses du compte de commerce des constructions navales de la marine militaire. Cette mesure permet de prendre acte du fait que des dépenses continueront à être réalisées en 2003 sur ce compte, sans que cela préjuge aucunement la date, que nous espérons rapprochée, à laquelle interviendra effectivement le changement de statut de DCN.
Il vous est enfin proposé, par coordination avec le texte du projet de loi de financement de la sécurité sociale, et sans effet sur le solde, de majorer de 2 millions d'euros les recettes et les dépenses du budget annexe des prestations sociales agricoles.
Au total, le déficit, à l'issue de l'examen de la première partie de projet de loi de finances, s'établit à 44,56 milliards d'euros.
M. le président. La parole est à M. Michel Charasse, pour présenter l'amendement n° I-99.
M. Michel Charasse. Je ne sais pas si cet amendement est destiné à lancer un appel au Gouvernement. Ce dont je suis sûr, c'est que la première lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale est achevée et que l'examen des articles de la première partie est près de l'être sans que nous ayons pu régler le problème du financement complémentaire de la part de l'Etat en ce qui concerne l'APA.
Je sais bien que la question n'est pas facile. Je sais bien que le Gouvernement se trouve face à un problème qu'il n'a pas créé, qui est né du fait de l'application d'une loi antérieure aux élections et dont on n'a pas forcément évalué de façon très judicieuse la portée réelle.
M. Henri de Raincourt. C'est un euphémisme !
M. Michel Charasse. En tout cas, on n'a pas pris les précautions nécessaires pour éviter un dérapage. Je vois M. de Raincourt qui sourit : il se rappelle sans doute nos vains efforts, ici même, pour essayer de limiter les choses quand il en était encore temps !
Or, monsieur le ministre, les départements sont actuellement dans une situation très difficile, et je ne parle même pas de ceux d'entre eux qui sont particulièrement pauvres, comme celui de la Creuse, dont notre collègue M. Moreigne nous a parlé utilement tant en commission des finances qu'en séance publique, et qui sont confrontés à un véritable étranglement financier.
Mon amendement est sans doute un peu coquin. (Sourires.) On le trouvera peut-être naïf !
M. Henri de Raincourt. Sûrement pas !
M. Jean Chérioux. Ce serait étonnant ! (Nouveaux sourires.)
M. Michel Charasse. Mais, lorsque la société française décide, à travers son Parlement, d'engager dans un domaine donné d'énormes dépenses supplémentaires, elle doit être suffisamment majeure pour en assumer les conséquences, ou alors elle n'est pas digne qu'on la serve.
M. Henri de Raincourt. En tout cas, elle devrait l'être !
M. Michel Charasse. Lorsqu'un ménage doit assumer plusieurs dépenses à la fois et que survient un « pépin » inattendu, il fait des économies sur le reste pour faire face à ce « pépin » !
Par conséquent, l'amendement que je présente dit clairement que le Gouvernement serait autorisé à appliquer un abattemement forfaitaire de 600 millions d'euros sur l'ensemble des crédits des titres III et IV des dépenses civiles pour permettre l'ajustement de la participation financière de l'Etat au titre de l'APA, ce qui correspond en gros à la moitié de la facture à régler.
Le Gouvernement a-t-il besoin d'y être autorisé pour procéder de la sorte ? Oui et non. Dans le cadre de la régulation budgétaire, il fait ce qu'il veut et, comme nous l'avons dit et répété les uns et les autres au cours de cette discussion, l'autorisation de dépenser n'est pas une obligation de dépenser.
Cependant, mes chers collègues, et c'est l'un des motifs pour lesquels nous avons voté la nouvelle loi organique du 1er août 2001, la pratique des annulations de crédits donne lieu de plus en plus souvent, depuis quelque temps, à des contestations puisque l'article 13 de l'ordonnance organique actuelle du 2 janvier 1959 vise les « dépenses devenues sans objet ». Il y a désormais une discussion infernale et sans solution sur ce qu'est une dépense devenue sans objet : est-elle sans objet parce que son objet a disparu ou bien parce que le Gouvernement a décidé de ne plus financer les actions correspondantes ?
Pour mettre à l'aise le Gouvernement, je propose donc, avec mes amis du groupe socialiste, de l'autoriser à pratiquer un abattement forfaitaire sur certaines dépenses. L'amendement vise les titres III et IV. Pourquoi ? Parce qu'il serait fâcheux pour l'avenir d'imposer ce type d'économies sur les titres V et VI, qui sont des titres d'investissement. Car l'investissement, c'est quand même l'avenir.
Par ailleurs, il est bien évident que, sur le titre III, cela ne peut pas concerner les traitements et salaires qui, eux, sont incompressibles et découlent automatiquement des emplois autorisés par la loi de finances. Ne sont donc visées que les autres dépenses de fonctionnement ou d'interventions qui sont regroupées sous les titres III et IV.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'amendement n° I-225 traduit de façon extrêmement précise les différents votes de notre assemblée et aboutit au nouveau chiffre du déficit budgétaire, nouveau chiffre qui, en fait, est strictement égal à l'ancien.
En effet, il n'y a pas de modification du montant du déficit budgétaire à l'issue de l'examen de la première partie de la loi de finances par le Sénat.
Bien sûr, pour obtenir ce montant constant, il faut procéder à un grand nombre d'opérations en moins et en plus.
Nous sommes parvenus, d'un commun accord, je crois pouvoir le dire, ou en tout cas d'une façon très concertée entre la commission des finances, l'ensemble du Sénat et le Gouvernement, à ne pas dégrader le solde malgré l'occurrence d'une diminution de 700 millions d'euros des recettes fiscales.
Monsieur le ministre, vous avez entamé la discussion de cette loi de finances en nous disant que, compte tenu du montant prévisible des recettes fiscales en 2002, l'effet base nous conduisait à réviser en baisse de 700 millions d'euros les recettes fiscales.
Nous sommes donc partis, mes chers collègues, avec, en quelque sorte, 700 millions d'euros de « pénalité ».
Comment est-on parvenu à un solde constant ? Sans entrer dans le détail, je rappellerai simplement que des mesures ont été apportées par le Gouvernement, sous forme de recettes ponctuelles supplémentaires, et par le Sénat, qui a contribué de manière positive à l'équilibre des finances publiques avec 400 millions d'euros grâce à la taxation pour la première année des plus-values latentes des sociétés foncières cotées et environ 20 millions d'euros sur les agences de l'eau, soit 420 millions d'euros environ apportés par les votes du Sénat à l'équilibre des finances publiques. En contrepartie, monsieur le ministre, vous avez bien voulu accepter un certain nombre des mesures que nous préconisions pour un coût total de 92,5 millions d'euros.
Les votes du Sénat ont donc contribué à ce jour à améliorer la situation des finances publiques de 330 millions d'euros, toutes choses égales par ailleurs, parce que, bien entendu, il faudra financer la contrepartie de la perte des 700 millions d'euros de recettes fiscales sur 2003.
La commission des finances a bien sûr émis un avis favorable sur l'amendement qui vient d'être présenté par M. le ministre délégué au budget.
S'agissant de l'amendement n° I-99, défendu par M. Michel Charasse, vous me pardonnerez de ne pas reprendre à cette heure l'exposé des idées ou des convictions qui peuvent être celles de la commission sur les dérives des dépenses de l'allocation personnalisée d'autonomie. Nous avons déjà longuement évoqué ce sujet et exprimé nos préoccupations.
Je constate avec plaisir que notre collègue MichelCharasse considère que l'on doit amputer les dépenses du titre III et du titre IV de 600 millions d'euros.
M. Michel Charasse. Il faut bien payer !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Peut-être pourriez-vous nous préciser sur quels postes, budgets, lignes ou chapitres de vous envisagez de faire porter cette économie 600 millions d'euros ?
M. Michel Charasse. Je peux le faire ! (Sourires.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est avec une certaine curiosité mais en toute cordialité que je vous pose cette question.
M. Michel Charasse. Sur l'informatique, par exemple !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Par conséquent, sans doute vous associerez-vous, si cela doit survenir dans la discussion des articles de la deuxième partie, aux suggestions de diminution de crédits qui pourraient être présentées, sur l'initiative, par exemple, de nos collègues rapporteurs spéciaux. (Sourires.) Cet amendement est donc, de ce point de vue, de bon augure.
Cela étant dit, compte tenu de l'incertitude quant au gage que vous prévoyez, la commission ne peut que vous demander de bien vouloir le retirer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. En ce qui concerne l'amendement de M. Michel Charasse, nous avons, tout au long de l'examen des articles de la première partie, très longuement évoqué les problèmes liés à l'APA. Je vous renvoie à la position que j'ai prise dans le débat et que je résumerai ainsi : seule la voie de la maîtrise de la dépense est raisonnable.
A l'issue de cette méditation, peut-être, trouverez-vous des solutions. Celles-ci demanderont, sans doute, du courage mais les Français sont généralement reconnaissants à leurs élus d'être courageux et vous êtes de ceux-là, monsieur Charasse. Mais je ne crois pas que l'amendement que vous proposez puisse résoudre le problème.
Cela étant, vous dites clairement que, puisque l'on a ouvert un droit nouveau aux Français que l'on n'a pas envie de financer par des impôts supplémentaires, il faut réduire les dépenses. C'est un geste politique dont je prends acte et qui mérite, en effet, que nous l'examinions mais je ne crois pas que nous puissions le faire à ce stade. C'est ce qui me conduit à vous demander de retirer votre amendement. A défaut, je serai obligé d'émettre un avis de rejet.
Cela ne préjuge nullement des opinions du Gouvernement ni, en tout cas, des miennes s'agissant de la manière de financer l'APA.
Comme je vous l'ait dit, il faut réfléchir aux moyens de réduire les dépenses, et non pas s'habituer à l'idée que l'on peut toujours laisser progresser les prélèvements. La solution pratique que vous choisissez, monsieur Charasse, ne me convient pas, mais l'idée de réduire les dépenses me convient bien.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-225.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° I-99 n'a plus d'objet.
L'amendement n° I-25 rectifié, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Dans le 1° du II de cet article, après les mots : "en euros", insérer les mots : "ou en autres devises". »
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Cette mesure, pour la résumer, autorise le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie à émettre des titres dans d'autres devises que l'euro. Tous les grands émetteurs souverains ont la possibilité juridique d'émettre des titres en devises étrangères. A long terme, la couverture du risque de change porté par le bilan de l'Etat plaide pour que soit donnée à l'Etat cette possibilité. La situation justifie des émissions en devises non couvertes en change. Cet objectif s'inscrit dans le droit-fil des travaux qui ont d'ores et déjà été engagés pour améliorer la gestion du bilan de l'Etat : émission d'obligations indexées pour couvrir le risque d'inflation, gestion active de la dette.
Par ailleurs, et à plus court terme, les émissions en devises permettent de profiter de taux favorables sur les marchés internationaux. Cela justifie des émissions en devises couvertes en change, c'est-à-dire sans que l'Etat porte le risque de change, ce qui se fait techniquement au moyen de swaps de change. Cet objectif s'inscrit dans la politique de diversification des moyens d'émission de l'Etat et de respiration utile, dans un contexte de besoins de financement durablement chargé.
En application de l'article 26 de la loi organique relative aux lois de finances, une autorisation de principe du Parlement est requise pour permettre au Gouvernement et aux banques partenaires de l'Agence France-Trésor d'engager les ressources nécessaires à l'étude de cette question. Je signale que, dans le cas des swaps, dix ans se sont écoulés entre l'autorisation de principe qui avait été donnée à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 1991 et la décision opérationnelle qui a été prise en octobre 2001.
Il est donc demandé au Sénat, en cet instant, d'autoriser le Gouvernement, lorsqu'il le jugera opportun, à émettre des titres dans d'autres devises que l'euro.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Comme tout émetteur de titres de dettes, l'Etat peut avoir intérêt, en fonction de la situation des marchés, à émettre des emprunts en devises étrangères. Comme tout agent économique, pour réduire les frais financiers et améliorer la gestion de ses liquidités, il doit, à l'évidence, diversifier ses émissions et répartir au mieux les lignes d'emprunts.
Dans le passé, d'ailleurs, la France a eu l'occasion d'émettre des emprunts, non seulement en francs, mais aussi, à l'époque, en écus. L'écu était un panier de devises. Par conséquent, il s'agissait bien d'emprunts en devises.
Cette diversification est, de notre point de vue, naturelle et, bien entendu, doit être gérée avec un grand soin, car les risques existent toujours en la matière. Ce sont des risques qui peuvent être évalués et, en quelque sorte, lissés, ou minimisés.
Il est vrai que, dans la rédaction de la loi organique du 1er août 2001, n'était pas prévue la possibilité d'emprunts en devises. Sans doute était-ce l'une des très rares lacunes de cette excellente loi et peut-être est-il souhaitable, monsieur le ministre, de permettre à la République de recourir, dans certaines conditions précisément définies, à des emprunts en devises.
Le Gouvernement n'est pas nécessairement en mesure d'évaluer toujours avec précision l'exposition de l'Etat aux risques de change. Il serait utile, dans l'hypothèse - souhaitable, de notre point de vue - de l'adoption de cet amendement, que les services compétents puissent préciser aux commissions des finances de chaque assemblée la méthode qui est la leur pour évaluer les risques de change encourus par l'Etat.
En d'autres termes, lorsqu'une première émission d'un emprunt en devises étrangères interviendra, il nous semblerait bon qu'elle puisse donner lieu à une information méthodologique à l'égard des commissions des finances du Parlement et qu'à cette occasion nous puissions comprendre comment est évalué le risque de change de l'Etat.
Monsieur le ministre, sous le bénéfice de ces quelques remarques, la commission est bien entendu favorable à une mesure qui constitue un progrès dans la gestion dynamique des actifs financiers et de la dette de l'Etat.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je confirme au rapporteur général, au président de la commission des finances et au Sénat tout entier que nos services et plus précisément l'Agence France-Trésor sont à la disposition de la commission, qui sera informée - j'en prends en cet instant l'engagement - lorsque de telles opérations seront mises en oeuvre. J'ajoute que, pour l'exécutif, cette information du Parlement est sécurisante.
M. le président. La parole est à M. Paul Loridant, pour explication de vote.
M. Paul Loridant. L'amendement du Gouvernement n'est pas anodin puisqu'il est l'aboutissement d'évolutions que nous avions perçues depuis plusieurs années dans la gestion de la dette publique. Nous avons noté avec satisfaction la création de l'Agence France-Trésor. Nous savons que ce service s'est doté de compétences et qu'il agit régulièrement sur le marché.
Aujourd'hui, par cet amendement n° I-25 rectifié, le Gouvernement demande au Parlement l'autorisation de pouvoir réaliser des opérations en devises. Comme l'a indiqué M. le rapporteur général, l'un des risques qui ressort de l'évolution demandée est que le Trésor devra assumer un risque de change.
Actuellement, sur certains marchés financiers étrangers, les taux d'intérêt sont très élevés. Je ne sais si la souscription d'emprunts au Japon, où, à ce jour, les taux sont très faibles, entrera dans la stratégie de l'Agence France-Trésor, mais, en tout cas, on peut y voir un avantage. Cet intérêt faible est bien sûr compensé par un risque de change qu'il faut pouvoir évaluer à tout instant.
Dans les grands établissements bancaires et financiers, la problématique, pour les salles des marchés, est de pouvoir contrôler à tout moment les risques encourus. C'est un problème permanent pour le dirigeant d'entreprise de connaître le risque encouru, ces salles des marchés faisant en outre appel à des techniques qui ne permettent pas au commun des mortels de comprendre, sur l'instant, les enjeux. Le responsable de l'entreprise doit néanmoins pouvoir justifier à tout moment, devant son conseil d'administration et surtout vis-à-vis de ses actionnaires, les risques encourus.
L'Agence France-Trésor n'a ni conseil d'administration ni assemblée générale d'actionnaires. C'est le ministre qui, au final, est responsable, et le Parlement joue, en quelque sorte, le rôle de l'assemblée générale des actionnaires.
Je souscris donc aux propos de M. le rapporteur général, à savoir que l'Agence France-Trésor doit être capable et doit même avoir l'obligation, à tout moment, de répondre aux questions, non seulement du rapporteur général et du président de la commission des finances, mais aussi de n'importe quel membre de la commission des finances de chaque assemblées et, dirais-je même, de n'importe quel parlementaire, sur telle ou telle opération. En tout cas, je souhaite vivement qu'une sorte de tableau de bord trimestriel, mensuel, ou établi selon une périodicité plus courte, soit remis aux commissions des finances afin qu'elles puissent à tout moment évaluer le risque encouru.
Enfin, vous savez que tout parlementaire a la possibilité, que nous n'utilisons pas assez d'ailleurs, à toute heure du jour ou de la nuit, de se rendre dans une prison française pour en vérifier le fonctionnement. Monsieur le ministre, je pense - même si le parallèle peut paraître audacieux - que tout parlementaire devrait pouvoir, à tout moment, se rendre à l'Agence France-Trésor pour discuter des opérations qui s'y montent.
En tout cas, à titre personnel, je suis favorable à cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-25 rectifié.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix, modifié, l'ensemble de l'article 34 et de l'état A annexé.

(L'article 34 et l'état A sont adoptés.)
M. le président. Nous avons terminé l'examen des articles constituant la première partie du projet de loi de finances pour 2003.

Vote sur l'ensemble de la première partie



M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances pour 2003, je donne la parole à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je voudrais, bien entendu, à ce stade de nos travaux, formuler des remerciements.
Tout d'abord, nous avons eu le plaisir de voir se succéder au fauteuil de la présidence M. le président du Sénat ainsi que plusieurs vice-présidents. Chacun d'entre eux a veillé, comme il se doit, à la bonne marche et à la parfaite correction de nos échanges, dans le climat de convivialité qui caractérise notre Haute Assemblée.
Je souhaite remercier également le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, M. Francis Mer, ainsi que le ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire, M. Alain Lambert.
Monsieur le ministre délégué, nous étions habitués à une forme de partenariat lorsque nous siégions ensemble au banc de la commission. Si, à présent, une travée nous sépare, chacun a pu observer que vos convictions demeurent et que vous êtes particulièrement attaché à faire progresser notre pays selon les exigences d'une saine et rigoureuse gestion, qui ne s'opposent pas, bien au contraire, à l'imagination et au dynamisme dans la recherche du progrès.
Je veux, bien entendu, remercier M. le président de la commission des finances. Nous nous sommes, en quelque sorte, retrouvés à l'occasion de cette discussion budgétaire, après les travaux menés autrefois. Comme chacun a pu le constater, la commission des finances suit sa voie en fonction des analyses de fond qu'elle réalise. Elle exprime, je n'oserais dire une doctrine, mais du moins une vision de l'économie et des finances publiques qui ne change pas au gré des gouvernements et des circonstances politiques. Monsieur le président de la commission, je tiens à vous exprimer ma grande reconnaissance pour maintenir ainsi ce qui fait vraiment le prix de nos travaux.
Je souhaite remercier naturellement l'ensemble des collègues, tant de la majorité que de l'opposition, qui ont participé pendant quatre jours et deux longues soirées, avec l'esprit constructif du dialogue républicain qui nous réunit tous, à cette discussion de près de deux cent cinquante amendements.
Si, de ce point de vue, nous sommes dans l'ordre de grandeur habituel des lois de finances, peut-être avons-nous eu l'opportunité de mieux développer certaines discussions que cela n'avait été le cas au cours de débats précédents. Nous nous sommes efforcés chaque fois que c'était possible, souvent à partir de cas ou de problèmes particuliers, d'élever le débat en essayant de dégager des principes généraux et de bien comprendre quels pouvaient être les facteurs d'opposition, de clivage, voire d'unité au sein de notre assemblée.
Le bilan de l'examen qui s'achève des articles de la première partie du projet de loi de finances pour 2003 est loin d'être négligeable, monsieur le ministre. Si le chiffre du déficit dont nous sommes partis demeure le même, comme en a témoigné l'amendement que vous avez défendu tout à l'heure, le cheminement a été complexe.
En premier lieu, le Sénat a apporté son soutien constructif à la nouvelle stratégie des finances publiques défendue par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, que vous représentez ici, monsieur le ministre délégué au budget. La commission des finances et le Sénat, dans sa majorité, ont entériné les grandes options fiscales du Gouvernement : la baisse de l'impôt sur le revenu, l'achèvement de la réforme de la part salariale de la taxe professionnelle, l'élargissement de la prime pour l'emploi, la « déliaison » contrôlée des taux des impôts locaux, dont nous avons longuement débattu hier soir. Le Gouvernement peut donc se sentir conforté par l'appui actif du Sénat dans la conception et la mise en oeuvre de sa politique fiscale.
M. Jacques Legendre. Très bien !
M. Philippe Marini, rapporteur général. En deuxième lieu, le Sénat a souhaité ajouter au dispositif fiscal que vous proposiez certaines mesures concernant l'épargne et les marchés financiers : la réforme opportune des sociétés foncières, le dispositif auquel vous avez bien voulu souscrire, monsieur le ministre, pour apporter un signal constructif et positif aux épargnants en actions. Nous sommes heureux que vous nous ayez suivis sur ce terrain, car nous pensons très sincèrement que ce dispositif a opportunément complété la loi de finances et la politique gouvernementale dans un domaine actuellement très sensible.
En troisième lieu, le Sénat a entamé avec vous - et vous avez bien voulu vous y prêter avec patience, mesure, conviction - un véritable débat sur la fiscalité du patrimoine. Nous savons que ce débat se poursuivra en 2003 avec la discussion du projet de loi Dutreil. Puis, en vue de la préparation du projet de loi de finances pour 2004, la commission des finances, pour sa part, s'efforcera de poursuivre son travail de pédagogie pour bien faire comprendre les enjeux de la modernisation de la fiscalité du patrimoine dans ce pays. C'est dans cet esprit en particulier que, d'ici peu de jours, elle insistera sur les enseignements des travaux qu'elle a conduits sur les droits de succession et de mutation à titre gratuit.
Enfin, monsieur le ministre, le Sénat a pensé, avec vous et grâce à vous, à certaines améliorations en faveur du secteur du logement. Il s'agit de l'aménagement du régime fiscal microfoncier et de l'apparition d'un régime que j'appellerai, si vous me le permettez, le régime « Lambert-Besson ». (Sourires.) Ce régime élargit le champ d'application des dispositions relatives à l'immobilier locatif en prévoyant une extension au secteur des logements anciens dans des conditions bien précises et un élargissement, qui avait été réalisé par nos collègues de l'Assemblée nationale et par vous-même, aux ascendants et aux descendants, là encore dans des conditions bien précises.
Ce dispositif répond, pensons-nous, aux attentes de la société et, en même temps, à l'intérêt de développer le marché immobilier dans nos villes et dans nos régions.
Par ailleurs, monsieur le ministre, nous avons constaté que les préoccupations du Sénat, quelles que soient les travées sur lesquelles les idées sont apparues, ont été très largement prises en compte par vous-même et par le Gouvernement au cours de cette discussion. Il faut vraiment saluer la qualité d'écoute et la volonté que vous avez manifestées. Vous n'avez jamais laissé au hasard une réponse, vous montrant toujours précis et constructif, quels que soient les auteurs des amendements.
En outre, vous avez contribué à l'oeuvre législative par des travaux préparatoires extrêmement détaillés sur lesquels tous ceux qui en ont besoin pourront s'appuyer.
Sur le fond des choses, je rappelle brièvement que nous avons abordé, entre autres, la vie associative, sur l'initiative de M. Jean Chérioux, l'avoir fiscal des fondations, et que rendez-vous a été fixé lors de l'examen du prochain collectif budgétaire pour étudier les difficultés liées à la rémunération de certaines catégories de dirigeants d'associations.
Vous avez bien voulu suivre notre collègue M. Paul Girod en faveur du logement social, en particulier pour faciliter certaines mutations patrimoniales.
Vous avez été intéressé, monsieur le ministre, par le débat sur la Fondation du patrimoine. J'espère que vous ne vous opposerez pas à l'avancée obtenue par M. Yann Gaillard afin que la pérennisation des moyens de financement de la Fondation du patrimoine demeure un acquis à la suite des votes du Sénat.
Vous avez bien voulu nous informer très précisément du calendrier et de la méthodologie au regard des prochaines mesures de baisse ciblée de TVA. Le souci du Sénat en ce domaine, s'agissant en particulier de la restauration, étant d'aider le Gouvernement dans cette difficile négociation à l'échelon européen, nombre de nos collègues ont bridé leur initiative. Devant leur souhait de graver dans la loi un certain amendement, vous les avez convaincus, tout comme la commission des finances les a convaincus, que ce n'était pas la meilleure façon d'aider le Gouvernement dans la négociation européenne.
Par ailleurs, le président Arthuis a bien voulu, à la suite du débat rituel sur la taxe Tobin, évoquer la relance des travaux de la commission des finances sur la régulation financière internationale et la lutte contre les paradis fiscaux. Nous pourrons considérer qu'il s'agit, là encore, d'un acquis de ce débat budgétaire qui est le fruit d'un amendement du groupe communiste républicain et citoyen. Chacun a contribué au débat et aura sa part de paternité dans les suites.
Nous avons fixé enfin quelques rendez-vous en matière de fiscalité agricole, puisque nous retrouverons différentes idées dans le projet de loi Dutreil. De la même façon, en ce qui concerne l'artisanat, les idées que contenaient les amendements qui ont été défendus en particulier par MM. Joseph Ostermann, Gérard Cornu ou Jacques Oudin seront à nouveau présentes dans la discussion du projet de loi sur l'initiative économique de M. Dutreil.
J'en viens au dernier aspect, celui qui nous retient toujours pendant un certain temps, à savoir le débat sur les recettes des collectivités locales. Il était bien normal que nos échanges aient une portée toute particulière cette année, veille d'une avancée institutionnelle tout à fait considérable pour les collectivités territoriales.
Monsieur le ministre, vous avez affiché des dispositions d'esprit très conformes aux orientations que préconise le Sénat quant à la nécessité de transférer des ressources fiscales nouvelles aux collectivités locales. Dans votre réponse lors du débat sur les recettes des collectivités locales, hier soir, vous n'avez pas hésité à approfondir votre analyse, par exemple en ce qui concerne la taxe intérieure sur les produits pétroliers ou la taxe générale sur les activités polluantes, ouvrant des pistes pour instaurer un nouvel équilibre des finances locales. Vous avez démontré votre détermination à mettre fin, autant qu'il est possible, aux transferts de charges non compensés, conformément au principe que vous nous avez rappelé, inspiré de la sagesse populaire normande : « Qui commande paie ; qui paie commande. » (Sourires.) C'est un principe dont nous pouvons nous souvenir ici.
Nous incombe à présent la charge de passer, après le vote de l'article d'équilibre, à la seconde partie de la loi de finances consacrée aux dépenses des différents départements ministériels.
Mes chers collègues, à cette occasion, et de manière un peu solennelle, je souhaite vous appeler à beaucoup de vigilance lors de cet examen.
Il est important que les différents ministres sachent que siègent au Parlement des hommes et des femmes qui, bien sûr, pour nombre d'entre eux, sont à leurs côtés, mais qui leur demandent de la clarté et de la transparence dans l'exposé de leurs projets et de la rigueur dans leurs comptes rendus.
Tel est le rôle du Parlement. C'est un rôle essentiel que de participer à l'élaboration des budgets et d'accompagner de façon vigilante leur exécution.
Les rapporteurs spéciaux joueront donc un rôle tout particulier lors des discussions de la prochaine semaine. Ils s'efforceront, chaque fois que cela sera possible, d'apporter leurs idées pour réduire de façon ciblée la dépense. Nous voudrions en effet - nous verrons si nous y parviendrons - que, au terme de l'examen du projet de loi de finances, le Sénat ne se soit pas borné à maintenir le déficit constant. Nous aimerions que, à l'issue de l'examen du projet de loi de finances par le Sénat, le déficit soit un peu diminué non pas de un milliard d'euros, mais au moins de cent millions d'euros - de telle sorte que l'opinion publique sache que le Sénat, même s'il a été souvent critiqué, réunit des parlementaires mettant un point d'honneur à s'assurer de la bonne gestion de l'Etat et des deniers publics.
Mes chers collègues, je suis sûr que ce défi sera relevé, que nous trouverons toutes les modalités nécessaires pour réaliser de telles économies, à la veille d'une année particulièrement difficile pour la conjoncture générale et l'économie, afin que chacun comprenne que, si les recettes baissent, les dépenses ne peuvent pas être complètement immunisées.
C'est le rôle du Sénat, à présent, lorsque l'article d'équilibre aura été voté, que de se livrer à l'examen des différents fascicules ministériels dans l'esprit le plus constructif, mais avec la volonté de faire la démonstration que l'on peut économiser, gérer correctement, tout en affirmant de nouvelles priorités et en menant une politique nouvelle, celle que les Françaises et les Français attendent du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean Arthuis, président de la commission. Nous voici parvenus au terme de l'examen des articles de la première partie du projet de loi de finances pour 2003. Dans quelques instants, monsieur le président, vous allez inviter le Sénat à se prononcer sur l'article d'équilibre.
A mon tour, je veux exprimer ma satisfaction. M. le rapporteur général vient de faire état d'un bilan qui est, j'en suis convaincu comme lui, tout à fait positif et je tiens à exprimer mes remerciements à vous-même monsieur le président - il n'est pas de bon débat sans une autorité souriante qui distribue les temps de parole et permet à chacun de s'exprimer sans précipitation pour que les questions soient posées et que les réponses puissent être formulées sans ambiguïté - et à vos collègues vice-présidents. Je remercie tout particulièrement M. le président du Sénat qui, à plusieurs reprises, a présidé lui-même nos travaux. Au-delà de la présidence, je voudrais également remercier l'ensemble des collaborateurs du service de la séance.
Permettez-moi aussi de vous remercier, monsieur le rapporteur général. Croyez-bien que je me suis réjoui de mon retour à la commission des finances, que j'affectionne tout particulièrement, et de vous y retrouver après une longue absence. Je tiens, en effet, à vous dire combien j'apprécie votre talent, votre expertise, votre compétence, votre virtuosité. Pendant ces cinq journées, si l'on tient compte de la discussion générale, vous avez manifesté la même force de conviction, le même souci d'apporter tous les éléments d'appréciation à la discussion. Inlassablement, vous avez fait vivre ce débat. Soyez-en très sincèrement félicité et remercié. Je veux vous dire toute ma confiance et celle de l'ensemble des membres de la commission des finances.
J'adresse aussi mes remerciements aux ministres, et d'abord à M. Francis Mer, qui est venu présenter le projet de loi de finances pour 2003 et les appréciations actualisées sur les perspectives économiques. Il reviendra dans quelques jours pour nous exposer l'état de la gestion des entreprises publiques et la rigueur qu'il entend apporter à la politique menée par l'Etat actionnaire. Peut-être nous permettra-t-il également de mieux comprendre le dispositif qui se met en place pour assurer la réussite pérenne de France Télécom.
Je veux remercier M. Alain Lambert, ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire. C'est un bonheur de vous avoir retrouvé, monsieur le ministre. Vous n'avez pas oublié vos engagements parlementaires et le respect que vous portez au Parlement nous touche profondément.
Le cap est tenu, les convictions sont intactes, c'est dire si nous nous réjouissons de vous voir à l'oeuvre au budget et à la réforme budgétaire ! J'ai bon espoir que, grâce à vous, nous pourrons, sans attendre, faire bon usage de cet instrument extraordinaire que constitue la loi organique relative aux lois de finances, cette nouvelle constitution financière de la République à laquelle vous avez tant apporté.
Cet instrument de clarification, de visibilité, de lisibilité doit permettre à la représentation nationale de participer, aux côtés de l'exécutif, à la réforme de l'Etat. Enfin, nos discours seront en harmonie avec nos actes. Je ne doute pas que, demain, nous accorderons plus d'importance à l'exécution budgétaire qu'aux lois de finances, quel que soit le soin que l'on apportera à la préparation du vote final.
Monsieur le ministre, je tiens à vous exprimer toute ma reconnaissance et à vous dire combien nous avons été sensibles au fait que vous ayez jugé nécessaire, les prévisions économiques n'étant pas tout à fait conformes à ce que le Gouvernement avait perçu au mois de septembre, d'apporter des modifications à la loi de finances. C'est, je crois, un fait sans précédent. C'est aussi le témoignage et le gage d'un attachement à la sincérité, à la transparence et au respect de la représentation nationale.
Nous allons voter l'article d'équilibre et, dès demain matin, commenceront les discussions sur les différents fascicules budgétaires.
Le rapporteur général a appelé les rapporteurs spéciaux à la pugnacité. Qu'il soit bien clair que nous devons, les uns et les autres, apporter notre pierre à l'édifice et rompre avec certaines pratiques qui consistent à préconiser l'abaissement des impôts et la réduction des déficits publics sans pour autant exercer une vigilance scrupuleuse sur l'évolution des dépenses publiques.
Suivant vos bons principes, monsieur le ministre et que le Gouvernement a dû réviser à la baisse ses prévisions de recettes et que le déficit est maintenu en l'état dans cet article d'équilibre - c'est grâce à la commission des finances, qui a proposé un amendement concernant les plus-values fiscales sur les transformations du régime des sociétés foncières cotées, et au Gouvernement, qui a su judicieusement trouver quelques recettes de poche -, il va nous falloir peser sur les dépenses et en réduire le montant.
Je sais bien que ce ne sera pas une tâche facile et qu'il ne saurait être question d'opposer les rapporteurs spéciaux et les rapporteurs pour avis. Je souhaite toutefois qu'au cours des deux semaines qui viennent nous puissions mettre les ministres face à leurs responsabilités et leur demander de réviser à la baisse les crédits mis à leur disposition à l'occasion des premiers arbitrages.
Nous aurons des échanges vifs, selon la formule que vous avez vous-même expérimentée et qui est fondée sur le principe d'une réponse immédiate du Gouvernement permettant un dialogue interactif entre le Sénat et les différents ministres, à l'occasion de l'examen de dix fascicules, dont la jeunesse et l'enseignement scolaire, le travail, la sécurité et la justice, la conférence des présidents ayant décidé d'étendre le champ de ces nouvelles modalités de discussion.
Voilà les travaux qui nous attendent. J'espère que le Sénat se montrera solidaire de sa commission des finances pour tenter d'obtenir, au cours de ces deux semaines, au moins 100 millions d'euros d'économie, afin que le budget que nous voterons à l'issue de l'examen de la loi de finances soit allégé d'autant.
Je veux enfin rendre hommage aux travaux de nos collègues députés, qui ont mené le débat pendant cinq semaines. Il nous appartient d'être à la hauteur des enjeux qu'ils ont définis. Je ne doute pas que nous saurons trouver, lors de la réunion de la commission mixte paritaire, les accords nécessaires pour soumettre au Sénat, comme à l'Assemblée nationale, un projet de loi de finances qui soit un véritable pacte de confiance pour les Français et pour ceux qui, comme nous, ont pour mission de contrôler l'action du Gouvernement et celle des services publics.
Monsieur le ministre, le Sénat, je l'espère, votera cet article d'équilibre. Ce vote répond à une exigence de confiance que vous avez largement contribué à promouvoir pendant ces cinq journées. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Marie-Claude Beaudeau, pour explication de vote.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, l'examen par notre assemblée de la partie recettes de ce projet de loi de finances en aura totalement confirmé les caractéristiques principales : insincérité, injustice fiscale et sape des ressources légitimes de l'Etat.
Cette première partie du projet de loi de finances pour 2003 correspond bien au renforcement de l'austérité des dépenses publiques et sociales. Elle tourne résolument le dos à toute politique de relance en sanctionnant les leviers de la croissance que sont la consommation populaire et l'investissement public.
Les modifications que vous venez d'apporter à l'article d'équilibre témoignent d'ailleurs du peu de confiance que vous portez vous-mêmes à votre prévision de croissance, prévision que vous avez pourtant retenue pour élaborer ce budget rendu ainsi quasiment virtuel !
Dans le contexte actuel, 2,5 % de prévision de croissance, ce n'est pas du volontarisme. Vous dissimulez votre intention d'aller encore plus loin dans la rigueur budgétaire. En effet, en cas de moindre croissance, c'est avant tout le niveau des dépenses qui servira de variable d'ajustement. Vous ne comptez évidemment pas revenir sur les cadeaux fiscaux, pardon..., vos mesures de baisses d'impôts.
Ce qui s'annonce donc pour 2003, dans la suite de votre collectif budgétaire de fin d'année 2002, c'est la multiplication des reports, gels et annulations de crédits.
Parmi les nombreuses zones d'ombre de ce budget figurent aussi, je l'ai déjà mentionné, les 8 milliards de recettes de privatisations, auxquels s'ajoutent maintenant la question du règlement de la dette de France Télécom, dont, je le rappelle, 15 milliards arrivent à échéance l'année prochaine. La presse annonce ce matin que l'Etat en avancerait 9 milliards.
Le Parlement, vous le savez, monsieur le ministre, a ses pratiques. Il est même très sourcilleux en ce qui concerne le vote de la dépense et la levée de la recette. Il m'avait semblé comprendre que vous étiez, voilà encore quelques mois, très attaché à ces pratiques.
Quand nous rencontrons nos mandants, ils exigent de nous des réponses. D'où vient cet argent ? Depuis dimanche, certains vont même jusqu'à parler de « coups fourrés ». Il est normal, monsieur le ministre, que nous voulions savoir. Le journal du matin n'est pas l'organe d'information du sénateur, pas plus que la télévision du dimanche soir !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Bonne question !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Vous le savez, monsieur le ministre, le Parlement est exigeant sur les règles démocratiques et sur la transparence en matière financière, et il y reste fidèle. Il n'est pas trop tard pour que vous répondiez sur ce point avant la fin de cette discussion.
Le plan d'austérité que vous mettez en place, l'immense majorité du monde du travail va le payer deux fois : elle sera la première victime de la baisse des dépenses publiques et sociales, et subira également de plein fouet le renforcement de l'injustice fiscale.
On a parfois cru rêver en vous entendant, chers collègues, notamment lorsque vous avez tenté, pendant des heures, de nous apitoyer sur le sort de certaines familles ayant des enfants à charge, hébergeant des handicapés ou se sacrifiant pour de bonnes oeuvres. Mais desquelles parlez-vous ? De celles qui sont redevables de l'impôt de solidarité sur la fortune, pardi ! Celles auxquelles vous voulez accorder encore moult autres exonérations !
La perte de pouvoir d'achat prévisible due au fait que les allocations familiales ou les retraites n'ont été revalorisées respectivement que de 1,7 % et 1,5 % semble vous avoir moins émus, tout comme l'absence de financement de l'APA, dont vous baissez les prestations.
Monsieur le ministre, vous avez annoncé une réforme globale de l'ISF en 2003 allant dans le sens des attentes de la majorité sénatoriale, ce qui laisse présager le pire.
Avec raison cependant, vous avez souligné comment les redevables de l'ISF allaient, dès à présent, profiter pleinement de la plus injuste de vos nouvelles mesures fiscales : la baisse de l'impôt sur le revenu, dont l'économiste Thomas Picketty - mais il n'est pas le seul ! - a excellemment montré, comme vous le savez, la corrélation directe avec la constitution de grandes fortunes.
Mes collègues du groupe CRC ont déjà longuement, et à juste titre, démontré le caractère profondément inégalitaire de la baisse de 6 % des taux de l'impôt sur le revenu.
Je ne rappellerai que deux chiffres : moins de 2 % des contribuables, les plus aisés, concernés par le taux marginal que vous vous flattez d'abaisser sous la barre des 50 % vont y gagner 550 millions d'euros. A l'autre extrémité, 50 % des foyers fiscaux, les moins aisés, ne toucheront rien.
Ce sont les mêmes catégories qui vont bénéficier des autres mesures de baisses d'impôts en faveur des ménages, qu'il s'agisse du relèvement du plafond de la déduction d'impôt pour l'emploi de personnels à domicile et des allégements des frais de donations. Seule exception apparente : l'augmentation de la prime pour l'emploi pour un coût de 280 millions d'euros. J'ai déjà eu l'occasion de dénoncer ce système d'impôt négatif d'inspiration libérale qui fait payer par la collectivité, à la place du patronat, une partie de la rémunération du travail des salariés les plus modestes. Ce genre de dispositif tire, vous le savez bien, monsieur le ministre, les salaires par le bas.
Or ce projet de loi de finances, vous l'étendez encore, monsieur le ministre, pour encourager le travail partiel sous-payé, dont on sait qu'il est le principal facteur de l'augmentation du nombre de travailleurs pauvres, c'est-à-dire ayant un emploi, mais vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Cette mesure ne va donc pas non plus dans le sens de l'intérêt du monde du travail.
Monsieur le ministre, vous prétendez vouloir encourager les revenus du travail. C'est inexact : ceux qui vont le plus profiter de vos baisses d'impôts, les plus hauts revenus, sont ceux pour qui les revenus du travail comptent pour la moindre part dans les revenus totaux.
En clôture de la discussion générale, M. Mer a déclaré : « Certes, il faut être généreux, mais lucide aussi. C'est pour cela qu'il faut concentrer la générosité sur ceux qui en ont réellement besoin et qui ne peuvent, pour des raisons personnelles, assumer leur vie. »
C'est sans doute pour cela que vous avez laissé la majorité sénatoriale adopter quatre mesures fiscales visant à alléger la fiscalité des plus-values boursières, soi-disant pour compenser les effets de la chute de la bourse.
Bien sûr, vous avez soigneusement écarté nos propositions de diminution de l'avoir fiscal ou d'augmentation de la fiscalité des stock-options.
Contrairement à vos affirmations, l'ensemble de vos mesures nouvelles dirigées vers les ménages ne soutiennent pas la consommation et sont inefficaces économiquement. Ceux que vous avez avantagés sont ceux dont la propension à consommer est la moindre, ceux qui épargnent, voire spéculent le plus.
Dans le même temps, la hausse des taxes sur le tabac pour compenser vos nouveaux cadeaux aux entreprises sous formes d'allégements de cotisation, pour 700 millions d'euros, sans effets dissuasifs sur le tabagisme, comme l'abandon de la TIPP flottante, renforcent la pression fiscale indirecte qui pénalise les plus bas revenus, ceux qui, au contraire, ont la propension la plus grande à consommer.
Vous avez aussi balayé d'un revers de la main nos amendements, pourtant moins coûteux que votre baisse de l'impôt sur le revenu, qui visaient à soutenir la consommation populaire, moteur d'une croissance saine et créatrice d'emplois stables en baissant le taux normal de la TVA ou en appliquant le taux réduit à des produits de première nécessité, comme l'électricité, le gaz, le chocolat. Vous voyez bien qu'il y a là un choix de classe !
Au total, le coût des baisses d'impôts va atteindre 8 milliards d'euros, dont la moitié pour les entreprises avec, notamment, la fin de la suppression de la part salariale de la taxe professionnelle.
Les entreprises bénéficient également de nouvelles déductions de cotisations sociales patronales pour plus de 1 milliard d'euros au titre des lois Fillon, que vous compensez par l'augmentation de la taxe sur les tabacs, mais aussi par le détournement d'une plus grande fraction de la taxe sur les conventions d'assurance.
Pourtant - faut-il encore le rappeler ? - on n'a pas pu prouver l'effet de ces allégements de cotisations sur l'emploi, alors qu'ils tirent indéniablement les salaires vers le bas.
Comment ne pas remarquer qu'en plus de leur caractère inéquitable vos mesures de baisses d'impôts entrent en contradiction flagrante avec votre discours permanent sur les déficits publics ?
Comment pouvez-vous les fustiger sans arrêt et, dans le même temps, vous appliquer à les creuser, qui plus est, cette année, dans un contexte de récession ?
J'ajouterai un mot encore avant de conclure, monsieur le ministre, mes chers collègues de la majorité, sur vos démonstrations incessantes à propos de l'attractivité de la France. Elles sont consternantes.
Votre discours est d'abord indicateur, permettez-moi de le dire, du faible niveau de moralité et de patriotisme que vous prêtez à la « France d'en haut » : hauts revenus et « entrepreneurs » ne songeraient qu'à quitter le pays pour bénéficier d'avantages fiscaux.
Sans doute est-ce aussi cette éthique du capitalisme à laquelle nous nous sommes heurtés en proposant un contrôle plus sérieux de l'évasion fiscale vers les paradis fiscaux ou la taxation de la spéculation ?
Ensuite, la plupart des comparaisons internationales que vous établissez sont frelatées. Le niveau réel de l'impôt sur le revenu et même celui de l'impôt sur les sociétés sont notoirement plus bas dans notre pays que chez nos principaux partenaires.
Enfin, vous ne nous convaincrez pas que c'est en donnant moins de moyens à l'éducation, à la recherche, aux services publics en général, et en incitant à la pratique de bas salaires que vous allez renforcer la compétitivité de notre pays. Au contraire, la qualité de nos services publics et le niveau de qualification des salariés sont le premier facteur d'attractivité de notre pays ; cela figure aussi dans ce fameux rapport Charzat, que vous avez toujours à la bouche.
Notre modèle ne sera jamais les Etats-Unis, qui arrivent, certes, en tête du classement du World Economic Center , mais où 60 millions de personnes n'ont pas accès aux soins et vivent sous le seuil de pauvreté, et où 1,5 % de la population active masculine croupit en prison !
Monsieur le ministre, mes chers collègues de la majorité, vous avez rejeté tous nos amendements. C'est logique parce qu'ils traduisent une rupture totale tant avec votre projet de budget d'austérité qu'avec les précédents budgets adoptés depuis vingt ans, y compris les derniers que vous aggravez, certes, et qui, malheureusement, nous devons le reconnaître, ont ouvert des brèches dans lesquelles vous vous engouffrez : baisse de l'impôt sur le revenu, de la taxe professionnelle, des charges sociales.
Vous ne vous étonnerez évidemment pas de notre vote négatif sur l'article d'équilibre que vous venez de nous présenter. Et ne comptez pas sur nous pour réduire les crédits ministériels dont l'examen commencera demain matin ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRC.)
M. le président. La parole est à M. Jacques Oudin, pour explication de vote.
M. Jacques Oudin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes arrivés au terme de l'examen de la première partie du projet de loi de finances pour 2003. Nous pouvons dresser un premier bilan de nos travaux. Vous le comprendrez aisément, les propos que je tiendrai au nom du groupe du RPR seront plus optimistes et élogieux que ceux que nous venons d'entendre !
Monsieur le ministre, je tiens tout d'abord à saluer l'extrême attention que vous avez portée à l'ensemble de nos amendements. En tant qu'ancien président de la commission des finances, vous avez vous-même trop souffert par le passé des refus systématiques et laconiques de certains anciens ministres du budget à nos amendements pour ne pas tomber dans le piège de réponses péremptoires, suffisantes ou biaisées.
Monsieur le ministre, à chaque fois, vous avez cherché à motiver vos réponses sans contourner nos questions. Vous vous êtes engagé, pour l'avenir, à développer la réflexion, à débroussailler des pistes de réformes que nous appelons de nos voeux. Nous avons été, sachez-le, extrêmement sensibles à cette attitude.
Votre dialogue avec notre rapporteur général et avec notre assemblée a été toujours constructif et positif. Ce travail de bonne intelligence, nous avons pu le mener car nous partageons, monsieur le ministre, la même vision d'avenir pour nos finances publiques.
Tout a été dit sur le bilan dont vous avez hérité. Le rapport de MM. Bonnet et Nasse se suffit à lui-même. Voilà quelque temps, nous avons d'ailleurs tout simplement cité des phrases de ce rapport pour montrer que vos prédécesseurs, en refusant de prendre les mesures qui s'imposaient au moment où nous aurions pu les prendre sans difficulté, ont largement contribué à rendre notre situation actuelle aussi délicate.
Regardons la situation économique de notre pays. Certes, notre taux de croissance ne sera que de 1,2 % en 2002 ; il progressera entre 2 % et 2,5 % en 2003, peut-être davantage en 2004, contre 4,5 % en 2000 ! C'est dans ce contexte détérioré que je salue, encore une fois, le difficile équilibre élaboré par notre Gouvernement.
Le projet de loi de finances pour 2003, que nous avons commencé à examiner, est, nous le savons, un texte de transition. Mais c'est un texte qui prépare un avenir. Des signaux non négligeables ont été lancés. L'impératif fort que s'est fixé le Gouvernement, c'est de stabiliser le déficit : c'est de bon augure pour l'avenir. Nous cessons enfin de céder aux sirènes du laisser-aller budgétaire, qui avaient tant primé ces dernières années.
Tout à l'heure, M. le président de la commission des finances a indiqué les voies que nous suivrons pour l'examen de la deuxième partie du projet de loi de finances. Je sais que cela irrite certains de nos collègues - nous venons d'ailleurs d'entendre des propos un peu durs à cet égard -, mais je crois que nous devons jeter de telles bases pour l'avenir, car elles contribueront à une meilleure maîtrise des dépenses publiques et limiteront le poids de dépenses telles que celles de la fonction publique, dont nous examinerons le budget dans quelques jours. La France détient en effet le record des pays développés en termes de dépenses liées à la fonction publique, cela au détriment, bien entendu, des investissements qui sont essentiels pour assurer les missions régaliennes de l'Etat.
Nous souhaitons que l'Etat soit recentré sur ses missions, afin d'être plus efficace et moins coûteux pour nos concitoyens.
Si nous sommes satisfaits de ce budget, c'est que nous avons confiance non seulement dans l'avenir, mais également dans votre action, monsieur le ministre.
Dans le contexte tendu que j'ai rappelé, vous avez engagé des réformes importantes, sans jamais remettre en cause les grandes orientations fixées par le Président de la République. Il est ainsi prévu une baisse de l'impôt sur le revenu de 6 % pour l'ensemble des taux du barème, en pérennisant et en amplifiant la baisse de 5 % déjà accordée au titre des revenus 2001.
Nous avons conscience que beaucoup de nos propositions n'ont pu être adoptées cette année, mais nous l'acceptons parce que nous comprenons les contraintes auxquelles vous êtes confronté, monsieur le ministre. D'ailleurs, nous reconnaissons qu'un effort important a pu être accompli dans beaucoup de domaines.
J'en viens à l'active participation du Sénat à l'amélioration du projet de loi de finances. Je souhaite souligner à nouveau notre satisfaction de voir qu'en dépit de marges budgétaires très étroites le travail de notre assemblée a été, à tous les niveaux, positif. Le Sénat a apporté sa pierre à cet édifice et a soutenu les efforts que vous avez engagés.
Je voudrais, à ce moment de mon propos, remercier et féliciter, au-delà du président de la commission des finances, notre excellent collègue et ami Philippe Marini, rapporteur général, de la qualité de ses travaux, de sa force de conviction, mais également de ses talents pédagogiques assez exceptionnels : même ce qui est complexe, nous arrivons à le comprendre après qu'il a parlé, sauf peut-être lorsqu'il s'agit de certains aspects des finances locales ; c'est tellement compliqué que, là, nous avons parfois du mal à suivre.
Notre assemblée a adopté, sur l'initiative de la commission, des mesures importantes. J'en citerai quelques unes.
La durée pendant laquelle il sera possible d'imputer les moins-values sur les plus-values de cessions de valeurs mobilières sera rallongée de cinq à dix ans, afin de protéger le sort des actionnaires individuels qui peuvent subir des pertes importantes dans le contexte actuel ; nous en avons longuement parlé.
De la même manière, le relèvement du seuil d'imposition de ces cessions à 15 000 euros représente un signal fort pour ces actionnaires individuels et pour l'avenir.
Parallèlement, monsieur le ministre, vous avez également su entendre les propositions de notre groupe. Je salue notamment votre attitude à l'égard des amendements de nos collègues Jean Chérioux et Gérard Bailly.
Dans le but de protéger les fondations reconnues d'utilité publique, la réduction du taux de l'avoir fiscal ne les concernera pas, puisque les fondations sont par nature vouées à fonctionner grâce aux revenus dégagés année après année par le placement de leur dotation initiale.
Une disposition utile a par ailleurs été adoptée pour prévenir l'appauvrissement social et convivial de nos régions rurales, notamment en ce qui concerne le transfert des débits de boissons.
Pour le reste, nous avons pris bonne note que, dans les années à venir, lorsque les marges seront plus franches, vous reconsidérerez certaines de nos propositions. Monsieur le ministre, de très nombreux rendez-vous ont été pris à l'occasion de l'examen d'amendements, déposés, puis retirés. Ces rendez-vous jalonneront notre dialogue futur.
Ce débat a eu le mérite de souligner l'importance de nombreuses réformes qui s'avèreront indispensables. Jean Arthuis, président de la commission des finances, en a évoqué certaines. Je citerai quatre exemples.
Le premier est celui de la réforme des finances locales, qui deviennent d'une complexité effarante. De nombreux élus ne les comprennent plus. Le débat sur la réforme constitutionnelle relative à l'organisation décentralisée de la République a eu un mérite : nous inciter non seulement à simplifier le dispositif et à veiller à ce que les recettes fiscales soient prépondérantes dans les budgets locaux, mais également - nous en avons conscience - à réaliser un effort de péréquation clair et fort en faveur de certaines communes qui ont des quartiers difficiles et du monde rural qui doit continuer à faire vivre notre territoire.
Le deuxième exemple est celui du nécessaire effort à accomplir pour évaluer l'efficacité de certains dispositifs. Un amendement défendu tout à l'heure par Serge Vinçon a été l'occasion d'évoquer le problème des taxes parafiscales. Elles vont disparaître ! Si l'on réattribue des ressources budgétaires à des organismes, encore faut-il en évaluer l'utilité, l'efficacité et la pertinence. Dans le domaine de cette évaluation, nous avons longuement débattu de la fiscalité du patrimoine. C'est tout à l'honneur de M. le rapporteur général d'avoir engagé ce débat.
Le troisième exemple est celui de l'importance de maintenir l'effort d'investissement dans un contexte difficile. Cela a été fait dans le projet de budget ; ce n'est qu'un début. Sans doute l'investissement peut-il entraîner des charges immédiates, mais nous savons que c'est un catalyseur de développement, de création d'emplois, donc de ressources fiscales supplémentaires.
Cela nous conduit au quatrième exemple : l'application, dans son esprit, de la loi organique relative aux lois de finances. Nous devons mettre en cohérence les objectifs que nous nous sommes fixés et les moyens dont nous disposons. Cette loi organique nous impose plus de transparence, plus d'analyse et plus d'efficacité. A cet égard, nous avons eu un débat intéressant sur l'eau. Qu'il s'agisse du Fonds national de solidarité pour l'eau, le FNSE, ou du Fonds national pour le développement des adductions d'eau, le FNDAE, les discussions ont été longues, mais à la hauteur des enjeux. Nous en avons retenu au moins deux enseignements.
Le premier, c'est la nécessité d'optimiser l'utilisation des fonds publics. Il est légitime de dénoncer l'ampleur des crédits non consommés au cours des exercices antérieurs, tant pour le FNSE que pour le FNDAE. Mais ces retards d'engagement doivent plutôt être imputés à la lenteur des procédures administratives, que nous devons réformer, qu'à un déficit des besoins dans le domaine de l'eau.
Le second enseignement, c'est l'obligation de se doter de moyens adaptés pour respecter nos engagements communautaires.
Au cours des années et des conseils communautaires, nous avons pris des engagements considérables et, malheureusement, nous ne pouvons pas les respecter actuellement. En 2001, mes chers collègues, la France a essuyé de nombreuses condamnations de la part de la Cour de justice des Communautés européennes dans le domaine de l'eau : condamnations des 8 et 15 mars 2001, trois avis motivés - deuxième lettre d'avertissement - du 24 juillet 2001, mise en demeure du 2 juillet 2002. De ce fait, notre pays risque prochainement de se voir condamné au paiement d'astreintes financières.
Monsieur le ministre, faut-il dépenser plus pour réaliser des objectifs ou faut-il payer des amendes parce que nous ne les réalisons pas ?
Sur le FNSE, nous avons adopté une position modérée, me semble-t-il, qui fera avancer le débat.
Pour toutes ces raisons, la première partie du budget pour 2003 répond à cette quadruple exigence : contrôler le déficit, jeter les bases pour l'avenir d'une réduction de ce même déficit, concentrer les efforts budgétaires sur les missions régaliennes de l'Etat et desserrer la pression fiscale qui pèse sur nos concitoyens.
Monsieur le ministre, notre groupe votera avec détermination la première partie du projet de loi de finances pour 2003. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Aymeri de Montesquiou, pour explications de vote.
M. Aymeri de Montesquiou. Monsieur le ministre, votre détermination à baisser les dépenses publiques et à diminuer notre déficit résume l'orientation de votre politique. Je tiens à saluer deux décisions majeures qui tranchent avec les cinq années précédentes : la limitation de la hausse de la dépense publique à 0,2 % et la baisse relative des dépenses de l'Etat dans le PIB. Elles ont pour corollaire la baisse de l'impôt. J'y vois l'expression d'une volonté politique et plus profondément, d'une philosophie politique, à savoir donner moins de place à l'Etat et plus d'autonomie de décision au citoyen.
Je me réjouis de ce budget, mais je voudrais vous faire part de sujets qui me préoccupent : le manque d'attractivité de notre pays dans le contexte international et l'état de la dette.
Tout d'abord, monsieur le ministre, je veux me montrer critique, non pas envers l'orientation budgétaire que vous nous présentez, mais dans la communication que vous en faites. En effet, si le Premier ministre a réclamé, à sa prise de fonction, un audit sur la situation des finances publiques, dont le résultat n'a été contesté par personne, cet audit est resté confidentiel, réservé en quelque sorte aux parlementaires, aux journalistes, aux initiés.
Certains pensent que le fait d'insister sur l'état actuel de la France incite au découragement. Bien au contraire, je suis convaincu que dire la vérité aux Français et au monde extérieur pour justifier le changement de politique est déterminant pour croire à l'avenir de la France. Soyons sincères, les Français nous croiront ; faisons preuve de courage, les Français nous suivront. Les Français ne veulent plus redevenir les acteurs désabusés d'une nouvelle grande illusion.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. Aymeri de Montesquiou. Pour légitimer notre politique, rappelons que la gestion précédente a financé près d'un cinquième du budget en empruntant à court terme. Comment, à long terme, la situation ne deviendrait-elle pas insoutenable ? En cinq ans, la dette a progressé de 34 % ! Pensez-vous que nos concitoyens aient vraiment réalisé dans quelle situation vous preniez le pays ? Que nous soyons tombés au douzième rang, européen pour le PIB par habitant, que notre productivité se soit effondrée au trentième rang mondial, alors que celle de nos entreprises privées se situe au premier rang constituent les meilleurs arguments pour mener une politique radicalement différente.
Lorsque l'opposition affirme que la consommation ne va pas être beaucoup stimulée par la baisse d'impôts, elle n'a pas totalement tort. Mais vous devez lui rétorquer : baisse d'attractivité, fuite des cerveaux, délocalisation et, au final, chômage. On pourrait croire que la politique précédente constituait une invitation à partir aux plus créatifs, aux plus travailleurs, aux plus industrieux. Ce n'est guère forcer le trait que d'affirmer que l'on incitait les assujettis à l'ISF à partir et les futurs RMIstes à venir.
Le rapport Charzat, comme s'il trahissait un dogme, a encouru l'anathème et fut brûlé en autodafé par les idéologues, Savonarole de la gauche plurielle. Comment a-t-on pu imaginer que les 35 heures n'auraient pas d'effet dissuasif sur tout investisseur étranger, stupéfait qu'un gouvernement légifère pour travailler moins, et que cela n'aurait pas de conséquences négatives sur l'emploi ?
Nous nous sommes succédé à cette tribune ces dernières années pour mettre en garde le gouvernement précédent. C'était non pas par idéologie, mais par simple bon sens. Le résultat des 35 heures a été désastreux et mécanique : aujourd'hui, la moitié des entreprises américaines installées dans notre pays veulent partir.
Les conditions négatives doivent être extrêmement fortes pour que, malgré tous les atouts, toutes les qualités de notre pays, de sa main-d'oeuvre, de ses ingénieurs, de ses chercheurs, malgré sa situation privilégiée en Europe, le lien entre les pays méditerranéens et ceux de l'Europe du Nord, les forces productives partent.
Valorisons le travail, valorisons l'effort : conservons nos forces vives sur notre territoire et n'oublions pas que c'est la récompense du mérite qui nourrit la démocratie.
L'attractivité et la compétitivité de notre pays nous sont chères à tous : aujourd'hui, quel pays impliqué dans les échanges internationaux, quel pays soucieux d'une politique étrangère active peut-il proposer une politique économique et fiscale ignorant le contexte international ? Aucun ! Et pourtant ce fut l'attitude de la France. Comme si nous avions oublié que la mondialisation, la fluidité des capitaux, la mobilité des entreprises, des cadres et des salariés n'étaient pas des paramètres essentiels. Aujourd'hui, dans ce monde sans rivages, les contribuables les plus importants, c'est-à-dire le plus souvent les plus créatifs, peuvent choisir le pays où ils devront payer l'impôt.
Notre politique étrangère joue un rôle majeur et donne à notre pays une place beaucoup plus importante que notre poids économique. Mais comment ne pas imaginer que notre influence serait encore plus effective si nous savions être exemplaires dans la gestion de nos propres affaires. Il est évident que notre image de mauvais gestionnaire est pénalisante, en particulier dans le cadre de l'Union européenne où notre position de mauvais copropriétaire nous empêche de jouer pleinement notre rôle de pays chef de file.
Pour que nos concitoyens aient une idée plus précise de notre mauvaise situation budgétaire et que l'évidence d'une diminution des dépenses leur apparaisse vitale, il faut leur donner des chiffres parlants : 2,6 % de déficit par rapport au PIB ne traduisent pas notre situation budgétaire. De plus, dans l'absolu, ce chiffre est modeste. Il faut leur faire part du montant réel du déficit budgétaire, c'est-à-dire 16,87 % ! Quel ménage, quelle entreprise ne réduirait pas instantanément son train de vie ou le montant de ses dépenses face à un tel déséquilibre entre les recettes et les dépenses ? Nous gérons la maison France. Un seul ménage peut-il accepter, en fin d'année, un déficit de 17 % ? Nous gérons la société France. Les salariés d'une entreprise peuvent-ils accepter que le conseil d'administration présente un déficit de 17 % ? Toute entreprise, tout ménage, lorsque ses ressources baissent, diminue ses dépenses en proportion.
Pour souligner la gravité de cette situation, j'ajouterai que nous empruntons pour faire face à la charge de la dette et non pour investir. Il s'agit là d'une caractéristique des pays dits « en voie de développement ». Tel n'est pas notre cas, mais cela nous donne l'obligation de changer radicalement notre politique budgétaire.
Monsieur le ministre, vous nous aviez annoncé une perte de recettes de 700 millions d'euros. Cela représente un quart de point des dépenses. Tous les ministres des finances ou du budget qui se sont succédé à cette tribune nous ont parlé de contrôle des dépenses publiques. Nous avions l'opportunité de concrétiser cette volonté déclarée ; vous l'avez saisie avec l'amendement n° I-225. Sinon, ces discours n'auraient été qu'incantations et le pouvoir politique aurait perdu un peu plus de sa crédibilité. Comment imaginer que nous soyons capables d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2007 si nous ne pouvons stabiliser le déficit aujourd'hui ?
Peut-on réclamer de la rigueur aux collectivités, prêcher l'effort à nos concitoyens et assujettir les dépenses de la sécurité sociale, si l'Etat est incapable de stabiliser un déficit d'un montant aussi modeste ? Nous devons être solidaires, le Gouvernement et le Sénat, et y travailler ensemble. Nous y sommes parvenus, mais l'objectif reste, bien évidemment, la baisse du déficit. Commençons par 100 millions d'euros !
Démontrons par des gestes forts que notre politique inaugure un véritable changement. Redonnons aux Français l'envie de travailler, mettons en mouvement un pays rendu frileux et recroquevillé, donnons à nos concitoyens l'envie de rester en France et aux étudiants, aux entreprises, aux investisseurs étrangers l'envie de venir dans notre pays. En un mot redonnons à la France son rayonnement.
Votre budget, monsieur le ministre, est résolument orienté dans cette direction, et je m'en réjouis. La majorité du groupe du RDSE vous soutiendra.
M. le président. La parole est à M. Jean-Philippe Lachenaud, pour explication de vote.
M. Jean-Philippe Lachenaud. A ce stade du débat, tout a été dit. Ce projet de loi de finances pour 2003 nous est présenté dans un contexte économique et financier particulièrement difficile, monsieur le ministre.
Face à de très fortes incertitudes - le contexte économique international, le taux de croissance, les aléas sur les recettes - vous avez choisi un chemin courageux, celui de la vérité, et nous approuvons cette démarche.
Nous approuvons aussi l'idée volontariste d'affirmer comme un objectif pour l'ensemble des acteurs économiques un taux de croissance de 2,5 % d'ici à l'année prochaine.
Si la conjoncture n'évolue pas comme nous le souhaitons, l'impératif de vérité sera également de mise pour mieux mobiliser l'ensemble des acteurs économiques français.
Je rends hommage à la qualité des travaux de la commission des finances, notamment de son président et du rapporteur général ; ils ont bien qualifié l'ensemble de ce budget : budget de transition, principe de précaution. Le débat a été mené avec la courtoisie, la compréhension, et la fermeté nécessaires.
Monsieur le ministre, nous vous comprenons et nous vous apportons notre soutien : je le confirmerai en votant, avec mon groupe, la première partie de la loi de finances. Cependant, permettez au vieux parlementaire que je suis, tantôt dans la majorité, tantôt dans l'opposition, de regretter que certains de nos amendements n'aient pas connu un sort meilleur à l'issue du dialogue très positif que vous avez su ménager ici. Nous regrettons ainsi, avec M. de Raincourt, président du groupe, qu'aucune solution, à ce stade du débat budgétaire, n'ait été trouvée concernant le règlement du dossier de l'APA, notamment en termes de calendrier.
Nous approuvons la méthode de concertation avec les présidents de conseils généraux. Il faudra effectivement freiner les dépenses publiques qui sont imposées aujourd'hui à l'Etat et aux collectivités locales. Mais je tiens, à ce stade du débat, à appeler à nouveau votre attention sur l'urgence qu'il y a à trouver une solution.
Je ne suis plus président de conseil général, mais une analyse très objective me conduit à penser que la situation de très nombreux départements est extrêmement critique. A elles seules des mesures de freinage des dépenses ne pourront avoir un effet financier suffisant dès 2003 pour que les conseils généraux puissent délibérer sur leur budget et le voter avec de nouvelles orientations.
Encore une fois, il est regrettable que nous ne soyons pas parvenus à une solution. Certes, la tâche est extraordinairement difficile, compte tenu de l'urgence et de la gravité du problème. Au reste, toute solution en la matière devra combiner plusieurs types d'approche.
Nous espérions beaucoup, mais vous nous avez donné rendez-vous au projet de loi sur l'initiative économique. Nous souscrivons à cette démarche, tout en rappelant que l'économie française est complètement paralysée. Il faudra donc absolument mettre à profit ce prochain projet de loi pour desserrer le carcan fiscal, administratif et social qui brime les initiatives des entreprises, des chercheurs, des scientifiques, de tous ceux qui assurent le développement et le rayonnement de la France.
M. Aymeri de Montesquiou. Bien sûr !
M. Jean-Philippe Lachenaud. Convaincus, nous vous apportons notre soutien pour quatre raisons.
Tout d'abord, monsieur le ministre, j'ai apprécié votre souci de maintenir l'autonomie de la politique budgétaire. Cela étant, je serai plus nuancé que certains de mes collègues.
La politique budgétaire française est aujourd'hui le seul instrument dont disposent le gouvernement et l'Etat pour donner des orientations aux acteurs économiques, pour créer un cadre financier favorable et pour jouer sur une donnée extrêmement importante, à savoir l'ensemble des prélèvements et l'équilibre budgétaire.
Vous avez mené les discussions au niveau européen, pour marquer à la fois que le pacte de croissance et de stabilité devait être strict, qu'il devait être respecté, mais que, dans le même temps, il fallait qu'il soit plus intelligent ; qu'il s'inscrive dans une perspective réellement pluriannuelle ; qu'il prenne en compte les spécificités de chaque pays ; qu'il prenne en compte le volume des dépenses d'investissement et le volume des dépenses militaires ; que les décisions soient prises, les critiques formulées et que les avertissements et les sanctions éventuels soient décidés au terme d'une appréciation réelle du cycle économique dans lequel s'inscrit la politique budgétaire.
Tout en vous situant dans un cadre européen, dans le respect des principes de l'Union européenne, vous marquez votre volonté, que j'approuve, d'une politique budgétaire autonome pour la France. Pour moi, c'était un élément positif du débat.
Ensuite, nous vous soutenons pour la sincérité, la vérité et le pragmatisme de votre démarche. Pour la première fois dans l'histoire budgétaire, je crois, vous avez ajusté les recettes à la réalité, au cours du débat budgétaire : vérité sur les prévisions de recettes, vérité sur la prise en compte des dérives budgétaires des années 2000-2001, tout cela est extrêmement positif.
Dans une perspective à moyen terme, nous constatons aussi, et ce sont les deux raisons supplémentaires de notre approbation, les signes, les prémices d'une politique budgétaire se fixant des objectifs généraux nouveaux en application de la loi organique sur les lois de finances du 1er août 2001.
Sur le budget, ses éléments positifs et structurels, nous apprécions la stabilisation du déficit, la priorité donnée aux dépenses régaliennes, l'effort de redressement de l'investissement et l'effort de défense, ainsi qu'un certain nombre de mesures qui réduisent réellement les prélèvements obligatoires. Toutes ces mesures de fond, toutes ces orientations pluriannuelles de la politique budgétaire, nous les approuvons, et c'est l'une des raisons de notre soutien à votre budget, monsieur le ministre.
Sur la constitution financière, vous avez annoncé, c'est un début, que les ministres seraient conduits à élaborer progressivement leur programme. Ce sera, en quelque sorte, le moment de vérité, car c'est seulement grâce à cette procédure-là qu'on arrivera véritablement à la maîtrise des dépenses.
Donc, plus de sincérité, un débat sur les prélèvements obligatoires, un débat renouvelé, demain, sur les orientations budgétaires, une préparation plus rapide et des dates pour la discussion de la loi de finances de l'année prochaine anticipées, autant d'élements positifs dans lesquels nous voyons le signe de votre volonté de mettre en oeuvre, dès maitenant, la loi organique.
Ce ne sera plus une surprise, mais j'annonce d'emblée que le groupe de Républicains et Indépendants votera la première partie du budget, ainsi que la deuxième, d'ailleurs.
Dès demain, nous allons nous attaquer aux dépenses, et nous y attaquer dans tous les sens du terme, puisque nous allons, dans la ligne de ce qu'ont dit tout à l'heure M. le président de la commission et M. le rapporteur général, inciter les ministres, chacun dans leur domaine de compétence, à réaliser, contribuer, pour une fraction modeste, mais significative, tout de même, à la rationalisation des dépenses et aux économies. En tant que rapporteur spécial des crédits de l'enseignement supérieur, je serai l'un des premiers à me livrer à cet exercice.
Nous avons vraiment la conviction que, dès 2003, mais, évidemment, avec une incitation encore plus forte pour les exercices suivants, il y aura dans tout ministère des possibilités de rationaliser la gestion et de faire des économies.
C'est ce que nous proposerons, et moi le premier, à titre d'exemple. Ce sera la marque que nous vous apportons notre soutien ; ce sera la marque, aussi, que, dans cette vision pluriannuelle de la politique budgétaire, seule la maîtrise des dépenses publiques sera la clé de l'équilibre et du désendettement, maîtrise qui exige une réforme de l'Etat et une rationalisation de la gestion publique. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Demerliat, pour explication de vote.
M. Jean-Pierre Demerliat. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au terme de la discussion de la première partie du projet de loi de finances pour 2003 par notre assemblée, quel est l'état des lieux ?
Un gouvernement « droit dans ses choix » ; une majorité sénatoriale, sinon muette, du moins disciplinée - je n'ai pas dit « muselée » ; des sénateurs qui, après leurs collègues députés, retirent un à un les amendements qu'ils ont proposés !
A gauche, une opposition qui - c'est normal - expose sa politique, « une autre politique », une opposition qui propose ses choix, du moins les choix qui seraient les siens si elle était aux affaires ; une opposition qui fait preuve de bonne volonté, qui avance des propositions constructives, susceptibles de faire progresser la France dans le sens de la croissance, de l'emploi et de la justice sociale ; mais une opposition qui n'est pas écoutée, dont les propositions sont systématiquement caricaturées, rejetées, même et peut-être surtout quand ces propositions ressemblent à celles qui avaient été faites, portées et proclamées avec force, fougue et véhémence par l'ancienne opposition nationale devenue aujourd'hui majorité !
Si nous étions cyniques, nous pourrions nous consoler en constatant que les propositions des sénateurs de la majorité n'ont guère été mieux prises en considération dans cette enceinte !
Alors, mes chers collègues, que penser d'un tel spectacle ? Les affaires de la France ne méritent-elles pas, par les temps qui courent, plus de sérieux, un esprit de responsabilité plus grand et plus d'écoute ?
Si vous teniez absolument, monsieur le ministre, mes chers collègues de la majorité, à alléger la fiscalité, non pas parce que cette préoccupation est dans l'air du temps ou pour des motifs rigidement idéologiques, mais pour des raisons d'efficacité économique, vous auriez pu, en choisissant une approche raisonnablement pragmatique, procéder à des allégements fiscaux ciblés, afin de créer de réelles marges de manoeuvre.
Or, dans un premier temps, à l'occasion de l'examen du collectif, vous avez commencé par décider une réduction de l'impôt sur le revenu, réduction socialement injuste et économiquement inefficace, en créant, en parallèle, des dépenses nouvelles : c'est un mélange détonant !
Aujourd'hui, vous nous présentez, monsieur le ministre, un projet de budget virtuel, fondé sur une hypothèse de croissance de 2,5 %, à laquelle personne ne croit, personne et surtout pas M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie !
Annoncer que cette loi de finances va devoir être adaptée au prochain collectif n'a fait qu'ajouter à l'impression de précipitation, de confusion, de cacophonie, et surtout, à l'insincérité de ce projet, qui est d'autant plus virtuel que le Sénat va devoir finalement se prononcer sur un texte que le Gouvernement présente dans des termes différents de ceux qui ont été adoptés par l'Assemblée nationale.
Ce projet de budget est injuste et facteur d'inégalités : il s'affiche sans vergogne comme étant favorable aux familles. En réalité, il ne concerne que quelques dizaines de milliers de familles.
La réduction supplémentaire d'impôt pour les emplois à domicile, après la réduction de 6 % de l'impôt sur le revenu, ne concernera, en effet, que quelques dizaines de milliers de familles sur les 25 millions que compte notre pays. En revanche, pour les autres, pour toutes les autres, vous décidez l'augmentation des tarifs publics ; l'augmentation de l'essence et du fioul domestique découlera, elle, de la suppression du dispositif de la TIPP flottante. Votre choix est de choyer les Français qui en ont le moins besoin et de négliger les Français qui sont, eux, dans le besoin.
Pire, ce budget injuste sera aussi inefficace : la consommation, moteur de la croissance, n'y trouve pas de soutien, du fait que les baisses d'impôts sont mal ciblées. Et l'emploi n'y est pas plus une priorité que les dépenses préparant l'avenir : recherche, éducation nationale, environnement, équipement, et j'en passe.
Vous invoquez souvent l'héritage, mais ayez donc l'honnêteté et le courage de reconnaître que, grâce au gouvernement de gauche qui a géré la France pendant cinq ans, la France s'est mieux trouvée qu'un grand nombre de ses voisins.
Reconnaissez que le gouvernement précédent avait fait de notre pays la locomotive de l'Europe ! Entre 1997 et 2002, la croissance, en France, était supérieure à la croissance dans la zone euro : 3 % par an chez nous, contre 2,4 % chez nos partenaires.
Enfin, lorsque vous criez urbi et orbi que la gauche aurait nui à la compétitivité et à l'attractivité de notre pays, je ne résiste pas au plaisir de citer le dernier rapport de l'OCDE, qui démontre que la France était, voilà quelques mois encore, des plus attractives. Alors que les investissements étrangers, dans les pays développés, ont diminué de 50 % en 2001 par rapport à 2000, en France, ils ont progressé de 23 %, et cette progression était encore de 16 % pour les neuf premiers mois de cette année.
Pendant cinq ans, nous avons favorisé l'investissement, favorisé la croissance, créé 2 millions d'emplois, fait reculer le chômage dans des proportions considérables.
Je voudrais espérer, monsieur le ministre, mes chers collègues, pour la France et pour les Français, que vous soyez capables d'en faire autant, mais vous ne le pourrez pas, parce que ce budget insincère, ce budget virtuel, ne vous le permettra pas. C'est pourquoi le groupe socialiste ne votera pas cette première partie du projet de loi de finances. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. Denis Badré.
M. Denis Badré. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, premier à intervenir ce matin dans cet hémicycle, je suis le dernier inscrit ce soir. Entre temps, notamment depuis une heure, dans un beau débat de synthèse, tout a été dit ou presque : je puis donc être concis et alléger beaucoup mon propos.
M. Claude Biwer. C'est une bonne idée !
M. Denis Badré. Tout au long de ce débat, nos collègues du groupe de l'Union centriste et moi-même avons essayé de pousser aussi loin que possible la réflexion sur de nombreux aspects de la fiscalité.
Si certains de nos amendements - assez rares, au demeurant : ils ne se comptent même pas sur les doigts d'une main - ont été adoptés, notamment ceux qui concernaient les contrats de prévoyance ou la « déliaison contrôlée » des taux des taxes locales, pour reprendre l'expression de M. le rapporteur général, nous avons accepté d'en retirer beaucoup, conscients que nous sommes de l'exiguïté de nos marges de manoeuvre.
Cependant, monsieur le ministre, les différentes réformes que nous vous avons suggérées, avec la majorité sénatoriale, doivent être menées.
Sur la plupart des sujets que nous avons évoqués, vous vous êtes dit prêt à poursuivre la réflexion. Nous vous faisons confiance et demeurons à votre disposition pour continuer de manière utile le dialogue engagé, qui ne peut qu'être fécond. Je pense, en particulier, aux mesures à prendre pour soutenir la compétitivité de la France. M. de Montesquiou en a parlé avec le talent que nous lui connaissons, je n'insisterai donc que très peu. Ces mesures sont indispensables dans le contexte actuel de la mondialisation.
Au-delà de ces dispositions qui, bien sûr, ne peuvent être toutes prises tout de suite, il faut, je l'ai dit et je le répète, afficher une ferme volonté de réforme allant dans ce sens. Faites-le, monsieur le ministre. Si vous ne pouvez pas vous engager sur nombre de sujets immédiatement, faites connaître largement votre volonté d'avancer. Nous savons que cette volonté existe ; vous nous l'avez dit. Elle peut avoir un effet extraordinairement entraînant dans le contexte très passionnel de la mondialisation où les arguments psychologiques jouent beaucoup. Cela redonnera confiance à ceux qui doutent de la France, ou de son état, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières. Cela redonnera confiance à ceux qui, investisseurs ou particuliers, envisagent sérieusement, mais généralement la mort dans l'âme, de quitter notre pays. Cela motivera les étrangers, qui pourront venir y exercer leur talent, ou les Français établis hors de France, qui pourraient songer à revenir au pays.
Dans la perspective de nos futurs débats budgétaires, je veux à nouveau insister sur le fait que, si une mesure fiscale représente un manque à gagner immédiat, elle a généralement un intérêt économique, donc indirectement fiscal, souvent considérable à travers les créations d'activités ou les consommations qu'elle va induire.
Il faut donc toujours procéder à une analyse globale : si le fiscal sert l'économie, l'économie le lui rend bien.
Permettez-moi d'évoquer encore l'article 33 ; un article dont on parle peu, mais qui est cependant partie intégrante de la première partie du projet de loi de finances, même s'il joue dans le sens inverse des autres.
Avec la même constance, ce matin, nous avons déploré une situation qui heurte le principe du consentement à l'impôt : nous sommes appelés à voter les recettes d'un budget européen dont les dépenses sont arrêtées et votées ailleurs. Nous avons néanmoins adopté l'article 33, mais toujours avec beaucoup d'états d'âme. Nous avons répété avec force, lors de l'examen de cet article, combien nous souhaitions voir l'Europe disposer d'un vrai budget démocratiquement adopté et contrôlé, lisible par tous les Européens.
Sous réserve de ces observations, le groupe de l'Union centriste, qui a soutenu le Gouvernement sans la moindre faiblesse tout au long de ce débat, votera dans le même esprit et sans état d'âme la première partie de ce projet de loi de finances pour 2003, telle qu'elle a été amendée, avec le souci de préparer le meilleur avenir possible pour notre pays.
Au moment de conclure, je veux remercier le Gouvernement. Nous avons apprécié, monsieur le ministre, la courtoisie dont vous ne vous départissez jamais. Je tiens également à féliciter le président de la commission, M. Arthuis, et le rapporteur général, M. Marini, pour l'esprit de responsabilité avec lequel ils ont invité notre commission des finances et notre assemblée à vivre ce débat. Je tiens encore à saluer la détermination avec laquelle ils nous entraînent à améliorer sans cesse l'équilibre du projet de loi de finances. C'est le meilleur service que nous pouvons actuellement rendre au pays. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je sais que vous êtes impatients de retrouver vos départements, mesdames, messieurs les sénateurs, mes chers amis. Je serai donc bref. Comme je l'ai dit en commençant la discussion générale, depuis jeudi dernier, je retrouve l'esprit de démocratie qui souffle au Sénat, une assemblée qu'il est douloureux de quitter et agréable de retrouver, une assemblée qui ne pratique aucune complaisance dans sa façon de respecter et de mettre à l'épreuve des convictions ceux qui ont à représenter le Gouvernement, fussent-ils amis.
Les travaux que nous avons menés, les échanges que nous avons eus, sont à l'honneur de la Haute Assemblée. Votre conscience de la mission que vous avez reçue du peuple français est toujours aussi vive, je l'ai constaté, et je veux m'en réjouir devant vous.
Autoriser l'impôt est un acte souverain et vous en mesurez la portée. C'est d'ailleurs ce qui motive nos longs débats sur le poids de l'impôt, sur sa répartition, sur son évolution.
A compter de demain, vous examinerez l'emploi qu'il est proposé de faire des quelque 249 milliards d'euros dont vous avez autorisé le prélèvement.
Alors, j'ai entendu et je comprends votre volonté, votre détermination à marquer toute votre vigilance afin que chaque euro alloué, issu du travail des Français, soit utilisé au mieux de leurs attentes, de leurs besoins, de leur intérêt et de celui de leurs enfants.
C'est la seconde mission que vous avez reçue de nos compatriotes et personne mieux que vous ne saura exercer cette mission, pas même un ministre délégué au budget.
Je ne reviens pas sur la contribution du Sénat à cette première partie du projet de loi de finances, que le rapporteur général a parfaitement exposée tout à l'heure. Je veux simplement rappeler, s'agissant des questions relatives à France Télécom ou au Crédit lyonnais, qu'elles seront traitées lors de la discussion relative aux charges communes et aux comptes spéciaux du Trésor. Donc, je vous donne rendez-vous et je sais par avance que je serai soumis à la question.
Je veux vous dire ma détermination à associer au plus près le Parlement, donc le Sénat, à l'oeuvre du bon gouvernement de la France.
Monsieur le rapporteur général, monsieur le président de la commission des finances, une travée, en effet, nous a séparés lors de ce débat. Cependant, non seulement je ne change rien aux convictions que j'ai acquises en siégeant à la commission des finances, mais j'entends bien les porter au coeur de l'action du Gouvernement. Elles continueront d'inspirer ma propre action.
Je ne terminerai pas mon propos sans vous remercier tous très chaleureusement, mesdames, messieurs les sénateurs, pour votre participation à ces travaux et vous, tout particulièrement, monsieur le rapporteur général. M. le président de la commission des finances a trouvé les mots justes pour décrire la qualité de votre travail, l'aisance avec laquelle vous exprimez votre pensée ainsi que votre force de conviction.
Monsieur le président de la commission des finances, je suis heureux et fier que vous soyez à cette place. Avec la vigilance toute particulière qui vous caractérise, je mesure l'importance de votre concours, à la veille de l'examen de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 2003.
Je voudrais également remercier les sénateurs de la majorité qui ont apporté un soutien très précieux au Gouvernement et à l'un de leurs anciens collègues. La compréhension dont vous avez fait preuve lorsque je vous ai parfois demandé de retirer vos amendements n'aura pas été vaine, et j'essaierai de vous le prouver.
Je voudrais saluer avec chaleur et sincérité les sénateurs de l'opposition qui ont fait vivre le débat démocratique dans un respect mutuel exemplaire.
Je veux vous saluer, monsieur le président, et à travers vous tous vos collègues, cette « présidence souriante », comme disait M. Arthuis.
Je remercie également les services de la séance et ceux de la commission des finances - j'y retrouve tant de visages auxquels je reste attaché -, ainsi, bien sûr, que mes services qui travaillent beaucoup.
Pour conclure, mesdames, messieurs les sénateurs, vous aurez, dans cette si belle maison, oeuvré afin de doter l'Etat des moyens qui lui sont nécessaires pour exercer ses missions. Je crois avoir aujourd'hui le devoir, au nom de l'Etat, de vous promettre que ces missions s'accompliront avec une exigence de qualité, d'efficacité, de performance et de réforme. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances pour 2003.
Je rappelle que, en application des articles 47 bis et 59 de notre règlement, il est procédé de droit à un scrutin public ordinaire lors du vote sur l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances de l'année.
Il va y être procédé dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 56:

Nombre de votants 320
Nombre de suffrages exprimés 318
Majorité absolue des suffrages 160
Pour l'adoption 208
Contre 110

Le Sénat a adopté. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et sur certaines travées du RDSE.)

3

DÉPÔT D'UN RAPPORT D'INFORMATION

M. le président. J'ai reçu de MM. Gérard Larcher et Henri Revol un rapport d'information fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan et du groupe d'étude de l'énergie sur « EDF-GDF : quelle politique pour la nouvelle législature ? », actes du colloque organisé au Sénat le 26 juin 2002.
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 79 et distribué.

4

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au jeudi 28 novembre 2002 :
A neuf heures trente :
1. Suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2003, adopté par l'Assemblée nationale (n°s 67 et 68, 2002-2003) (M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation).
Deuxième partie. - Moyens des services et dispositions spéciales :
Jeunesse, éducation nationale et recherche :
I. - Jeunesse et enseignement scolaire (*) :
M. Roger Karoutchi, rapporteur spécial (rapport n° 68, annexe n° 24) ; M. Pierre Martin, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles (jeunesse, avis n° 69, tome VII) ; M. Philippe Richert, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles (enseignement scolaire, avis n° 69, tome IV) ;
Mme Annie David, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles (enseignement technologique et professionnel, avis n° 69, tome VI) (*) Procédure de questions et de réponses avec un droit de réplique des sénateurs.

.
II. - Enseignement supérieur :
M. Jean-Philippe Lachenaud, rapporteur spécial (rapport n° 68, annexe n° 25) ; M. Jean-Léonce Dupont, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles (avis n° 69, tome V).
III. - Recherche et nouvelles technologies :
M. René Trégouët, rapporteur spécial (rapport n° 68, annexe n° 26) ; M. Pierre Laffitte, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles (avis n° 69, tome IX) ; M. Henri Revol, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan (avis n° 70, tome VII).
A vingt et une heures trente :
2. Discussion des conclusions du rapport (n° 78, 2002-2003) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2003.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire.

Délai limite pour les inscriptions de parole
dans les discussions précédant l'examen
des crédits de chaque ministère

Le délai limite pour les inscriptions de parole dans les discussions précédant l'examen des crédits de chaque ministère est fixé à la veille du jour prévu pour la discussion, à dix-sept heures.

Délai limite pour le dépôt
des amendements aux crédits budgétaires
pour le projet de loi de finances pour 2003

Le délai limite pour le dépôt des amendements aux divers crédits budgétaires et articles rattachés du projet de loi de finances pour 2003 est fixé à la veille du jour prévu pour la discussion, à dix-sept heures.

Délai limite pour le dépôt des amendements
aux articles de la deuxième partie,
non joints à l'examen des crédits
du projet de loi de finances pour 2003

Le délai limite pour le dépôt des amendements aux articles de la deuxième partie, non joints à l'examen des crédits du projet de loi de finances pour 2003, est fixé au vendredi 6 décembre 2003, à seize heures.
Personne ne demande la parole ?...

(La séance est levée à vingt heures dix.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
MONIQUE MUYARD





QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Organisation des élections pour les commissions
consultatives paritaires de la fonction publique

109. - 27 novembre 2002. - Mme Nicole Borvo attire l'attention de M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du territoire sur une décision du Conseil d'Etat en date du 10 juillet 2002 qui annule les décisions implicites par lesquelles le Premier ministre a refusé d'abroger ou de notifier l'article 8 du décret du 30 mai 1985, en tant qu'il exclut du corps électoral les agents non titulaires n'occupant pas un emploi permanent et les agents de droit privé. Le Conseil d'Etat précisait ainsi : « Lorsque la consultation des travailleurs sur les questions d'hygiène et de sécurité est assurée exclusivement par l'intermédiaire d'un organisme élu, le droit pour tout travailleur d'être consulté et de participer aux questions touchant à la sécurité et à la santé au travail, prévu par la directive européenne du 12 juin 1989, implique nécessairement que les représentants du personnel dans cet organisme soient élus par toutes les catégories d'agents », qu'il s'agisse des agents non titulaires occupant un emploi permanent ou non et d'agents relevant du droit privé. La mairie de Paris vient de mettre en place pour ses agents municipaux et départementaux une commission consultative paritaire compétente pour les non-titulaires. Elle souhaite que les emplois - jeunes et autres emplois aidés financés par la mairie et le département de Paris puissent participer aux élections permettant de mettre en place cette commission consultative paritaire. Le Conseil de Paris du 18 novembre 2002 a adopté un voeu en direction du Gouvernement afin que celui-ci modifie l'article 8 du décret du 30 mai 1985 et permette ainsi aux collectivités parisiennes de donner toute leur place à ces jeunes qui participent pleinement au service public parisien et au service rendu aux Parisiennes et aux Parisiens. Le Gouvernement prendrait un risque très important d'annulation de toutes les élections des comités techniques paritaires par le juge administratif s'il ne mettait pas rapidement sa réglementation en conformité avec la jurisprudence française et la directive européenne n° 89-391 du 12 juin 1989. Elle lui demande quelles sont les intentions du Gouvernement à ce sujet.

Prise en charge des frais de rentrée scolaire
au titre de l'aide sociale à l'enfance

110. - 27 novembre 2002. - M. Bruno Sido attire l'attention de M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité sur la prise en charge des frais de rentrée scolaire des enfants confiés aux conseils généraux au titre de l'aide sociale à l'enfance. A l'heure actuelle, de nombreux parents dont les enfants sont placés perçoivent l'allocation de rentrée scolaire. Parallèlement, certains conseils généraux, dont celui de la Haute-Marne, versent aux assistantes maternelles à titre permanent, qu'ils emploient, une indemnité d'un montant équivalent à celui versé par la caisse d'allocations familiales. La collectivité publique peut ainsi être amenée à verser deux fois une allocation pour un mineur, alors même que ses parents ne participent pas aux frais de scolarité. Seul, le juge des enfants dispose du pouvoir d'attribuer au département l'allocation de rentrée scolaire en faveur de l'enfant qu'il confie au conseil général. Aussi, il lui demande de bien vouloir lui indiquer sa position sur la question et les mesures qu'il compte prendre afin de rendre systématiquement le versement de l'allocation de rentrée scolaire à la collectivité responsable et gardienne de l'enfant.

Calcul de l'impôt sur le revenu

111. - 27 novembre 2002. - M. Claude Biwer demande à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie de bien vouloir préciser la suite que le Gouvernement envisage de réserver à l'une des recommandations formulées par le Conseil des impôts dans son rapport pour l'année 2002 remis au Président de la République visant, dans l'attente d'un passage à terme à la retenue à la source pour la perception de l'impôt sur le revenu, à « supprimer à court terme le décalage d'un an entre la perception des revenus et leur imposition », ce qui permettrait l'établissement de l'impôt sur le revenu sur les revenus de l'année en cours et non, comme c'est le cas à l'heure actuelle, sur ceux de l'année précédente.



ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mercredi 27 novembre 2002


SCRUTIN (n° 56)



sur l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances pour 2003, adopté par l'Assemblée nationale.


Nombre de votants : 320
Nombre de suffrages exprimés : 318
Pour : 207
Contre : 111

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
Contre : 23.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (21) :

Pour : 13.
Contre : 6. _ MM. Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin, Gérard Delfau, François Fortassin et Dominique Larifla.

Abstentions : 2. _ MM. Nicolas Alfonsi et Rodolphe Désiré.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 93.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (82) :

Contre : 82, dont M. Bernard Angels, qui présidait la séance.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (54) :

Pour : 54.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :

Pour : 41.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :

Pour : 6.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Jean-Paul Alduy
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
Gérard Bailly
José Balarello
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Christian Bergelin
Daniel Bernardet
Roger Besse
Laurent Béteille
Joël Billard
Claude Biwer
Jean Bizet
Jacques Blanc
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Joël Bourdin
Brigitte Bout
Jean Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Christian Cointat
Gérard Cornu
Jean-Patrick Courtois
Philippe Darniche
Robert Del Picchia
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Sylvie Desmarescaux
Yves Detraigne
Eric Doligé
Jacques Dominati
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Jean-Claude Etienne
Pierre Fauchon
Jean Faure
Françoise Férat
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Alain Fouché
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Christian Gaudin
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
André Geoffroy
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Charles Guené
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Françoise Henneron
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Daniel Hoeffel
Jean-François Humbert
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Jean-Marc Juilhard
Roger Karoutchi
Joseph Kergueris
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
André Lardeux
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
Serge Lepeltier
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Gérard Longuet
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Brigitte Luypaert
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean-Louis Masson
Serge Mathieu
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Dominique Mortemousque
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Monique Papon
Anne-Marie Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Roger Romani
Janine Rozier
Bernard Saugey
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Bruno Sido
Daniel Soulage
Louis Souvet
Michel Thiollière
Henri Torre
René Trégouët
André Trillard
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Jean-Marie Vanlerenberghe
Alain Vasselle
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Jean-Paul Virapoullé
François Zocchetto

Ont voté contre


Michèle André
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Jean-Yves Autexier
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marie-Christine Blandin
Nicole Borvo
Didier Boulaud
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Yvon Collin
Gérard Collomb
Yves Coquelle
Raymond Courrière
Roland Courteau
Yves Dauge
Annie David
Marcel Debarge
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Evelyne Didier
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Guy Fischer
François Fortassin
Thierry Foucaud
Jean-Claude Frécon
Bernard Frimat
Charles Gautier
Jean-Pierre Godefroy
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Odette Herviaux
Alain Journet
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
André Lejeune
Louis Le Pensec
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Josiane Mathon
Pierre Mauroy
Louis Mermaz
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Roland Muzeau
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Michèle San Vicente
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Jean-Marc Todeschini
Pierre-Yvon Tremel
André Vantomme
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
Bernard Angels, qui présidait la séance.

Abstentions


Nicolas Alfonsi et Rodolphe Désiré.

N'a pas pris part au vote


Christian Poncelet, président du Sénat.



Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 320
Nombre des suffrages exprimés : 318
Majorité absolue des suffrages exprimés : 160
Pour : 208
Contre : 110

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.