SEANCE DU 6 FEVRIER 2002


M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 319 est présenté par Mme Campion, MM. Cazeau, Domeizel et Godefroy, Mme Printz et les membres du groupe socialiste et apparentés.
L'amendement n° 363 est déposé par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Les amendements sont ainsi libellés :
« I. - Dans le premier alinéa du texte proposé par l'article 58 pour l'article L. 1141-2 du code de la santé publique, supprimer les mots : "ou de leur handicap".
« II. - En conséquence, dans le deuxième alinéa du même texte, supprimer les mots : "ou de son handicap". »
La parole est à M. Cazeau, pour présenter l'amendement n° 319.
M. Bernard Cazeau. Cet amendement a pour objet de lever l'ambiguïté de la formulation actuelle, qui pourrait laisser supposer que le dispositif conventionnel s'applique à toute personne handicapée, quel que soit son état.
M. le président. La parole est à M. Fischer, pour défendre l'amendement n° 363.
M. Guy Fischer. Avant d'entrer dans le détail de la partie de l'article 58 qui valide sur le plan législatif la convention visant à améliorer l'accès à l'assurance et à l'emprunt des personnes présentant un risque de santé aggravé, je tiens à relayer les observations faites par l'Association des paralysés de France, l'APF, et par la Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés, la FNATH, qui ont refusé de signer cette convention, considérant notamment qu'elle conduisait à faire un amalgame entre la maladie et le handicap.
Pouvons-nous valider une rédaction qui sous-entend que le handicap constitue intrinsèquement un risque aggravé de santé ?
Le handicap n'ayant pas automatiquement une incidence sur l'état de santé et le risque de mortalité, nous proposons de supprimer la référence au handicap.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Louis Lorrain, rapporteur. Les associations de personnes handicapées ne souhaitent pas que la loi assimile le handicap à un risque aggravé au regard de l'accès à l'assurance. Par conséquent, la commission émet un avis favorable sur ces deux amendements identiques.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s 319 et 363, acceptés par la commission et par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 293 est présenté par MM. Franchis et Lesbros, Mmes Bocandé et Létard.
L'amendement n° 380 rectifié est déposé par M. Jean-Léonce Dupont.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« Après les mots : "des pratiques habituelles de l'assurance", rédiger ainsi la fin du premier alinéa du texte proposé par l'article 58 pour l'article L. 1141-2 du code de la santé publique : "de garantie de l'ensemble des prêts à la consommation tels que définis aux articles L. 311-2 et suivants du code de la consommation, immobiliers ou à caractère professionnel". »
La parole est à M. Franchis, pour présenter l'amendement n° 293.
M. Serge Franchis. Cet article vise à pérenniser une convention, récemment négociée, visant à facilier l'accès à l'assurance contre les risques d'invalidité ou de décès des crédits immobiliers ou professionnels et des crédits à la consommation des personnes présentant des risques aggravés du fait de leur état de santé.
Les prêts à la consommation concernés sont les crédits affectés définis au titre des articles L. 311-20 et suivants du code de la consommation et s'élèvent à environ 17 milliards d'euros.
S'y ajoutent les autres prêts à la consommation, dont le solde est de 33,4 milliards d'euros, et les crédits à la consommation distribués par les réseaux bancaires.
Il nous apparaît nécessaire que le législateur étende le champ d'application de la convention à l'ensemble des opérations de financement de la consommation et qu'à cette fin l'article 58 soit modifié.
M. le président. L'amendement n° 380 rectifié n'est pas soutenu.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 293 ?
M. Jean-Louis Lorrain, rapporteur. Nous demandons à notre collègue de bien vouloir retirer son amendement, car son adoption aurait pour effet de rendre illégale la convention signée en septembre dernier entre les assureurs et les associations de malades pour permettre l'accès à l'assurance contre les risques d'invalidité ou de décès de personnes présentant des risques de santé aggravés. Il convient de rester dans le cadre de cette convention, qui ne couvre effectivement qu'une partie des prêts à la consommation.
L'esprit de ce projet de loi est de fixer un cadre législatif général et de laisser les parties signataires décider du champ de la convention. Cette solution nous semble raisonnable car l'Etat n'a pas vocation à se substituer aux parties qui contribuent à la convention.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Monsieur Franchis, bien sûr, la négociation est difficile, puisqu'elle a duré deux ans et elle n'a pas encore couvert tous les types de financement que vous souhaitez, mais elle a fait des progrès considérables. Les prêts affectés existent. Il faut faire confiance à la négociation, le reste viendra. L'état d'esprit est excellent. Aussi, je partage entièrement l'avis de M. Lorrain.
M. le président. Monsieur Franchis, maintenez-vous votre amendement ?
M. Serge Franchis. Faisant confiance à la négociation, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 293 est retiré.
L'amendement n° 364, présenté par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le dernier alinéa du texte proposé par l'article 58 pour l'article L. 1141-2 du code de la santé publique :
« A défaut d'accord ou, en cas de dénonciation compromettant la mise en oeuvre ou la pérennité du dispositif conventionnel, les modalités particulières d'accès à l'assurance contre les risques décès, d'invalidité ou d'incapacité, des personnes exposées à un risque aggravé, sont définies par décret en Conseil d'Etat. Ce décret définit également les conditions de collecte et d'utilisation ainsi que les garanties de confidentialité des données à caractère personnel de nature médicale, après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Gardant à l'esprit le précédent de la convention signée en 1991 sur l'initiative des associations de lutte contre le sida afin d'améliorer l'accès des personnes séropositives à l'assurance qui, malheureusement, n'a pas pu être appliquée concrètement, les assureurs refusant de jouer le jeu, les parties à la récente convention attendaient du législateur qu'il la reprenne, afin d'en garantir l'effectivité.
L'article 58 répond à cette exigence, mais en partie seulement car, à aucun moment, le texte ne prévoit un mécanisme alternatif de nature à garantir l'assurance des personnes présentant un risque de santé aggravé, en cas de carence des signataires.
Nous proposons donc de renvoyer à un décret en Conseil d'Etat le soin de définir, dans ce cas précis, les modalités particulières d'accès à l'assurance contre les risques d'invalidité ou de décès, mais aussi d'incapacité.
Je reviendrai ultérieurement sur le champ actuel de la convention, qui mériterait d'être élargi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Louis Lorrain, rapporteur. Il faut laisser à la convention le soin de gérer cette question. L'amendement donnerait à l'Etat le pouvoir de se substituer aux signataires de la convention, ce qui ne me paraît pas souhaitable. Par conséquent, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Je partage l'avis de M. le rapporteur. Je comprends les arguments de M. Fischer, mais cet amendement remettrait en cause l'existence même de la convention. Je serai d'accord avec lui pour réexaminer cette question en cas d'échec de la négociation, mais je suis persuadé que le comité de suivi présidé par M. Belorgey et que j'ai installé la semaine dernière va aboutir.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 364, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 1141-2 du code de la santé publique.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 1141-3 DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE