SEANCE DU 6 FEVRIER 2002


M. le président. L'amendement n° 193, présenté par M. Dériot, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :
« Au début de la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 57 pour l'article L. 6321-1 du code de la santé publique, supprimer les mots : ", notamment les réseaux de soins,". »
La parole est à M. Dériot, rapporteur.
M. Gérard Dériot, rapporteur de la commission des affaires sociales. Il est fait mention dans le texte du projet de loi des réseaux de soins et des réseaux de santé. Il nous semble aujourd'hui nécessaire de parler exclusivement de « réseaux de santé ».
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé. Je suis favorable à la proposition de M. le rapporteur.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 193, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 360, présenté par Mme Beaudeau, M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Dans le deuxième alinéa du texte proposé par le I de l'article 57 pour l'article L. 6321-1 du code de la santé publique, après les mots : "les professionnels de santé libéraux," insérer les mots : "les médecins du travail,". »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Nous sommes d'accord avec l'objectif fixé à l'article 57 de « favoriser l'accès aux soins, la coordination, la continuité ou l'interdisciplinarité des prises en charge sanitaires ».
Ces réseaux seront l'outil d'une politique nationale de santé coordonnée, efficace, décloisonnée, adaptée à la complexité et à la multiplicité des pathologies et des risques sanitaires.
Les institutions et les professionnels chargés d'animer ces réseaux jouent tous un rôle essentiel dans le domaine de la prévention, de l'information, de la prise en charge de la santé. Pour autant, les médecins du travail ne devraient pas, une fois de plus, être laissés de côté, car ce sont des professionnels de santé qui, eux aussi, côtoient chaque jour des individus confrontés à des enjeux de santé publique.
A l'occasion de la deuxième lecture au Sénat du projet de loi de modernisation sociale, vous aviez adopté, chers collègues de la majorité, un article 64 sexies ayant pour objet l'instauration de la pluridisciplinarité dans les services de santé au travail. Nous avions jugé a priori tout à fait louable le fait de légiférer sur la possibilité, pour ces services de santé au travail, de faire appel à d'autres techniciens pour multiplier les approches de la santé des salariés dans une démarche complémentaire.
Il nous semble évident que l'élargissement aux médecins du travail de la liste des personnels constitutifs des réseaux de santé visés à l'article 57 permet à la notion d'interdisciplinarité de prendre tout son sens.
De nouvelles pathologies apparaissent, conséquences de l'exposition à divers produits dangereux ou de leur manipulation, et les toxicologues ainsi que les médecins du travail sont les personnels les plus au fait de ces risques nouveaux : ils sont les praticiens de terrain qui repèrent et alertent, recherchent, font de la prévention, informent les salariés des risques qu'ils encourent. Ils doivent donc, j'en suis convaincue, constituer des interlocuteurs privilégiés pour les autres médecins, qu'ils soient libéraux ou hospitaliers.
Un échange au sein des réseaux de santé, tels qu'ils sont définis à l'article 57, entre les médecins du travail et les autres professionnels permettrait une meilleure prévention et une meilleure prise en charge des risques liés au travail, mais aussi des diagnostics plus rapides, plus précis et moins incertains concernant certaines affections.
J'avais souligné, à l'occasion des débats sur le projet de loi de modernisation sociale, que les moyens de faire fonctionner l'interdisciplinarité des services de santé au travail demeuraient vagues et devaient être précisés, tout comme devaient être assurés aux membres de ces services une indépendance et des moyens d'actions renforcés.
Je ne peux donc que réitérer cette nécessité dans le cadre de l'article 57.
Mes chers collègues, une majorité d'entre nous avait fait preuve, à l'occasion de la discussion du projet de loi de modernisation sociale, de la volonté de sortir le médecin du travail de l'isolement dans lequel il est encore trop souvent contraint de travailler et de mener ses missions ; cette volonté doit maintenant être concrétisée. Tel est le sens de l'amendement n° 360, qui prévoit d'inclure les médecins du travail dans les réseaux de santé.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Cet amendement du groupe communiste républicain et citoyen propose d'intégrer les médecins du travail aux réseaux de santé. J'avoue, mes chers collègues, que la commission a eu du mal à saisir l'intérêt de cette disposition...
M. Guy Fischer. Oh !
M. Alain Gournac. Oui, c'est très bien !
M. Gérard Dériot, rapporteur. ... et vous propose de demander l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Je suis content que l'on demande de temps en temps l'avis du Gouvernement ! (Sourires.)
Je suis d'accord avec Mme Beaudeau...
M. Guy Fischer. Ah !
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. ... et je suis sûr que la commission, dans sa sagesse, le sera également. Madame Beaudeau, prévoir dans un réseau de santé la présence des médecins du travail, comment pourrais-je ne pas être d'accord ?
Cependant, je crains, tout en approuvant cet amendement, que les choses ne soient en réalité plus complexes : tout sépare, hélas ! les médecins du travail et les médecins généralistes. Ils se parlent à peine, non pas qu'ils ne le veuillent pas, mais ils n'appartiennent pas au même système, ils ne sont pas rétribués de la même façon. Malheureusement, le dialogue à propos d'une personne malade ou dont la santé est menacée sur son lieu de travail - et je partage votre sentiment et votre inquiétude - est insuffisant.
M. le président. Quel est à présent l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Etant en partie convaincu par les propos du Gouvernement, je m'en remets à une sagesse positive du Sénat.
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Parfait !
M. Guy Fischer. Positive !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 360, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement est adopté à l'unanimité.
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 6321-1 du code de la santé publique.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 6321-2 DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE