SEANCE DU 10 JANVIER 2002


SOMMAIRE

PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Démocratie de proximité. - Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 1 ).

Article 2 (p. 2 )

Amendements n°s 5 de la commission, 371 du Gouvernement et 362 de M. Jean-Claude Peyronnet. - MM. Daniel Hoeffel, rapporteur de la commission des lois ; Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur ; Jean-Claude Peyronnet. - Adoption de l'amendement n° 5 supprimant l'article, les amendements n°s 371 et 362 devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 2 (p. 3 )

Amendement n° 6 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 333 rectifié bis de M. Alain Gournac. - MM. Dominique Braye, le rapporteur. - Retrait.

Article 3 (p. 4 )

Amendements n°s 7 de la commission, 423 de Mme Josiane Mathon et 363 de M. Jean-Claude Peyronnet. - MM. le rapporteur, le ministre, Mme Josiane Mathon, MM. Jean-Paul Delevoye, Jean Chérioux. - Retrait des amendements n°s 423 et 363 ; adoption de l'amendement n° 7 supprimant l'article.

Article 4 (p. 5 )

Amendements n°s 8 de la commission, 425 de Mme Josiane Mathon, 364 de M. Jean-Claude Peyronnet et 346 rectifié de M. Jean-René Lecerf. - MM. le rapporteur, Jean-René Lecerf, le ministre, Jean Chérioux, Jean-Yves Mano, Jean-Pierre Schosteck, Mme Nicole Borvo. - Retrait des amendements n°s 425, 364 et 346 rectifié ; adoption de l'amendement n° 8 supprimant l'article.

Article 5 (p. 6 )

Amendements n°s 9 de la commission, 365 de M. Jean-Claude Peyronnet et 670 de M. Michel Charasse. - MM. le rapporteur, Jean-Claude Peyronnet, Michel Charasse, le ministre, Jean-Paul Delevoye, Jean Chérioux, Dominique Braye, Michel Dreyfus-Schmidt. - Retrait de l'amendement n° 670 ; adoption de l'amendement n° 9 supprimant l'article, l'amendement n° 365 devenant sans objet.

Article 6 (p. 7 )

Amendement n° 10 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Michel Charasse, Jean Chérioux, Patrick Lassourd, André Lardeux. - Adoption.
Amendement n° 273 rectifié bis de M. André Lardeux. - Retrait.
Amendement n° 11 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 673 rectifié de M. Michel Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur, le ministre, Jean Chérioux. - Adoption.
Amendements n°s 275 rectifié de M. André Lardeux et 467 de Mme Josiane Mathon. - M. André Lardeux, Mme Josiane Mathon, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait des deux amendements.
Amendement n° 12 rectifié de la commission et sous-amendement n° 278 rectifié ter de M. André Lardeux. - MM. le rapporteur, André Lardeux, le ministre. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Adoption de l'article modifié.

Article 6 bis (p. 8 )

Amendement n° 13 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 6 ter (p. 9 )

Amendement n° 14 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 7. - Adoption (p. 10 )

Article 7 bis (p. 11 )

Amendement n° 15 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Jean-Pierre Schosteck, Jean Chérioux, Jean-Yves Mano. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Suspension et reprise de la séance (p. 12 )

Article 7 ter (p. 13 )

MM. Joseph Ostermann, Claude Biwer, Dominique Braye, Robert Bret, Jean-Louis Masson, Michel Charasse, Jean-René Lecerf, Alain Vasselle, André Lardeux, Jean-Paul Delevoye, Jean-Pierre Sueur, Pierre Mauroy, Patrick Lassourd, Jean-Claude Peyronnet, Gérard Delfau, Alain Lambert.
Amendements identiques n°s 205 rectifié de M. Claude Biwer et 279 rectifié bis de M. André Lardeux ; amendements n°s 16 rectifié bis de la commission, 369 rectifié de M. Jacques Oudin, 358 de M. Joseph Ostermann, 543 de M. Jean-Louis Masson, 366 de M. Jean-Claude Peyronnet et 418 de M. Jean Arthuis. - MM. Claude Biwer, André Lardeux, le rapporteur, le ministre, Jean-Louis Masson, Dominique Braye, Paul Girod, . - Retrait des amendements n°s 205 rectifié, 279 rectifié bis, 369 rectifié, 358, 543, 366 et 418 ; adoption de l'amendement n° 16 rectifié rédigeant l'article.

Suspension et reprise de la séance (p. 14 )

PRÉSIDENCE DE M. SERGE VINÇON

Articles additionnels après l'article 7 ter (p. 15 )

Amendement n° 518 de M. Jean-Jacques Hyest. - MM. Jean-Jacques Hyest, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 208 rectifié de M. Christian Cointat. - MM. Christian Cointat, le rapporteur, le ministre, Mme Monique Cerisier-ben Guiga. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Division additionnelle après l'article 7 ter (p. 16 )

Amendement n° 468 de Mme Marie-France Beaufils. - Mme Marie-France Beaufils, MM. le rapporteur, le ministre, Jean-Claude Peyronnet, Dominique Braye, Louis Moinard, André Lardeux. - Rejet par scrutin public.

Articles additionnels après l'article 7 ter (p. 17 )

Amendement n° 469 de Mme Marie-France Beaufils. - Devenant sans objet.
Amendement n° 470 de Mme Marie-France Beaufils. - Devenant sans objet.

Articles additionnels avant l'article 8 (p. 18 )

Amendements n°s 426 rectifié de Mme Josiane Mathon et 558 rectifié de M. Jacques Oudin. - Mme Josiane Mathon, MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 558 rectifié ; rejet de l'amendement n° 426 rectifié.
Amendement n° 434 de Mme Josiane Mathon. - Mme Josiane Mathon, MM. le rapporteur, le ministre, Dominique Braye. - Rejet.
Amendements n°s 435 de Mme Josiane Mathon et 560 rectifié de M. Jacques Oudin. - Retrait de l'amendement n° 560 rectifié ; rejet de l'amendement n° 435.

Article 8 (p. 19 )

MM. André Lardeux, Dominique Braye.
Amendements identiques n°s 17 de la commission et 405 de M. Jean Arthuis ; amendements n°s 436 à 438 de Mme Josiane Mathon, 674 rectifié, 675 et 676 de M. Michel Charasse et 294 rectifié de M. Jean-Paul Delevoye. - MM. le rapporteur, Jean-Jacques Hyest, Mme Josiane Mathon, MM. Michel Charasse, Alain Vasselle, le ministre. - Adoption des amendements n°s 17 et 405 supprimant l'article, les autres amendements devenant sans objet.

Article 9 (p. 20 )

Amendements identiques n°s 18 de la commission et 403 de M. Jean Arthuis ; amendements n°s 473 à 476 de Mme Josiane Mathon. - MM. le rapporteur, Jean-Paul Amoudry, Mme Josiane Mathon, M. le ministre. - Adoption des amendements n°s 18 et 403 supprimant l'article, les autres amendements devenant sans objet.

Article 10 (p. 21 )

Amendement n° 19 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 10 (p. 22 )

Amendements n°s 258 rectifié et 259 rectifié bis de M. Jacques Oudin. - MM. Bruno Sido, le rapporteur. - Retrait des deux amendements.

Article 11 (p. 23 )

Amendement n° 20 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle, Jean-Pierre Schosteck, Jean Chérioux, Jean-Claude Peyronnet, Dominique Braye, Jean-Yves Mano, Mme Nicole Borvo. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 11 (p. 24 )

Amendement n° 477 de Mme Josiane Mathon. - Mme Josiane Mathon, MM. le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 11 bis (p. 25 )

Amendement n° 21 de la commission et sous-amendements n°s 280 rectifié bis de M. André Lardeux et 372 rectifié du Gouvernement. - MM. le rapporteur, André Lardeux, le ministre. - Retrait du sous-amendement n° 280 rectifié bis ; adoption du sous-amendement n° 372 rectifié et de l'amendement n° 21 modifié rédigeant l'article.

Article additionnel après l'article 11 bis (p. 26 )

Amendement n° 22 de la commission et sous-amendement n° 286 rectifié bis de M. André Lardeux. - MM. le rapporteur, André Lardeux, le ministre. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 11 ter (p. 27 )

Amendements n°s 23 et 24 de la commission, 292 rectifié bis de M. André Lardeux. - MM. le rapporteur, André Lardeux, le ministre, Charles Revet, Alain Vasselle, Bruno Sido, Jean-Claude Peyronnet, Paul Girod. - Retrait de l'amendement n° 292 rectifié bis ; adoption des amendements n°s 23 et 24.
Adoption de l'article modifié.

Article 11 quater (p. 28 )

Amendement n° 25 de la commission et sous-amendement n° 293 rectifié bis de M. André Lardeux. - MM. le rapporteur, André Lardeux, le ministre. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Division aditionnelle après l'article 11 quater (p. 29 )

Amendement n° 247 rectifié de M. Roger Karoutchi. - MM. Roger Karoutchi, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant une division additionnelle

Articles additionnels après l'article 11 quater
ou après l'article 15 septvicies (p. 30 )

Amendements n°s 629 de M. Jean-Claude Peyronnet, 383 (priorité) de M. Roger Karoutchi et sous-amendement n° 704 de M. Jean Chérioux ; amendements n°s 250 rectifié de M. Jacques Oudin, 385, 387 de M. Roger Karoutchi et 565 rectifié de M. Jacques Oudin. - MM. Jean-Claude Peyronnet, Jean Chérioux, Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre, Roger Karoutchi, Jean-Pierre Schosteck, Paul Girod. - Demande de priorité de l'amendement n° 383 ; rejet du sous-amendement n° 704 et de l'amendement n° 565 rectifié ; adoption des amendements n°s 383 et 250 rectifié insérant deux articles additionnels après l'article 11 quater, les amendements n°s 629, 385 et 387 devenant sans objet.

Division additionnelle après l'article 11 quater (p. 31 )

Amendement n° 244 rectifié bis de M. Alain Joyandet. - MM. Jean-Pierre Schosteck, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant une division additionnelle.

Article additionnel après l'article 11 quater (p. 32 )

Amendement n° 245 rectifié ter de M. Alain Joyandet. - MM. Jean-Pierre Schosteck, le rapporteur, le ministre, Bruno Sido, Alain Vasselle, Jacques Blanc, Paul Girod, Pierre Laffitte, Claude Domeizel, Mme Marie-France Beaufils. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 12 (p. 33 )

Amendement n° 26 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 12 bis (p. 34 )

Amendement n° 439 rectifié bis de M. Jacques Blanc. - MM. Jacques Blanc, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 12 ter (p. 35 )

Amendements n°s 27 de la commission et 164 de M. Patrick Lassourd, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur, Patrick Lassourd, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques ; le ministre. - Adoption de l'amendement n° 27 rédigeant l'article, l'amendement n° 164 devenant sans objet.

Division additionnelle après l'article 12 ter (p. 36 )

Amendement n° 407 rectifié bis de M. Denis Badré. - MM. Philippe Nogrix, le rapporteur, Patrick Lassourd, rapporteur pour avis ; le ministre. - Rejet.

Articles additionnels après l'article 12 ter (p. 37 )

Amendement n° 408 rectifié bis de M. Denis Badré. - Rejet.
Amendement n° 409 rectifié bis de M. Denis Badré. - Rejet.

Article 13 (p. 38 )

Amendements n°s 28 de la commission, 661 de M. Jean-Yves Mano, 490 de Mme Josiane Mathon, 478 et 479 de M. Robert Bret. - MM. le rapporteur, Jean-Yves Mano, Robert Bret, le ministre, Michel Caldaguès. - Retrait des amendements n°s 490, 478 et 479 ; adoption de l'amendement n° 28 rédigeant l'article, l'amendement n° 661 devenant sans objet.

Article additionnel après l'article 13 (p. 39 )

Amendement n° 491 rectifié de Mme Nicole Borvo. - Mme Nicole Borvo, MM. le rapporteur, le ministre, Michel Caldaguès. - Retrait.

Article 14 (p. 40 )

Amendement n° 29 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 14 bis (p. 41 )

Amendement n° 30 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 15 (p. 42 )

Amendement n° 703 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 31 de la commission. - M. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 32 de la commission. - M. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 15 (p. 43 )

Amendements n°s 632 et 480 de Mme Josiane Mathon. - MM. Robert Bret, le rapporteur, le ministre, Michel Caldaguès, André Lardeux. - Retrait de l'amendement n° 480 ; rejet de l'amendement n° 632.
Renvoi de la suite de la discussion.

3. Dépôt d'une proposition de loi (p. 44 ).

4. Transmission d'une proposition de loi (p. 45 ).

5. Dépôt d'une proposition de résolution (p. 46 ).

6. Texte soumis au Sénat en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 47 ).

7. Ordre du jour (p. 48 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

DÉMOCRATIE DE PROXIMITÉ

Suite de la discussion d'un projet de loi
déclaré d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 415, 2000-2001), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la démocratie de proximité. [Rapport n° 156 (2001-2002) et avis n°s 161, 153 et 155 (2001-2002).]
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 2.

Article 2



M. le président.
« Art. 2. - I. - L'article L. 2143-2 du code général des collectivités territoriales devient l'article L. 2143-3.
« II. - L'article L. 2143-2 du même code est ainsi rétabli :
« Art. L. 2143-2 . - Dans les communes de 50 000 habitants et plus, un débat a lieu chaque année, à l'occasion de l'examen du compte administratif, sur la participation des habitants à la vie locale ; sont examinées les actions menées dans chacun des quartiers au cours de l'exercice écoulé. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 5, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer cet article. »
L'amendement n° 371, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le texte proposé par l'article 2 pour l'article L. 2143-2 du code général des collectivités territoriales :
« Art. L. 2143-2. - Dans les communes de 20 000 habitants et plus, un débat à lieu chaque année sur la participation des habitants à la vie locale ; sont examinées les actions menées dans chacun des quartiers au cours de l'exercice écoulé. »
L'amendement n° 362, présenté par MM. Peyronnet et Bel, Mme Blandin, MM. Debarge, Domeizel et Dreyfus-Schmidt, Mme Durrieu, M. Frécon, Mme Herviaux, MM. Lagauche, Le Pensec, Marc, Masseret, Mauroy, Picheral, Raoul, Sueur, Teston et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par le II de l'article 2 pour l'article L. 2143-2 du code général des collectivités territoriales, substituer au nombre : "50 000" le nombre "20 000". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 5.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Mes chers collègues, la commission vous propose de supprimer l'article 2 parce que, dans le souci de ménager un maximum de souplesse, elle estime inutile et inopportun d'encadrer à l'excès le fonctionnement des conseils municipaux.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 371.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, le débat qui a lieu à l'occasion de l'examen du compte administratif présente l'intérêt d'évaluer les actions menées dans les quartiers et la qualité de la participation des habitants. Le Gouvernement propose ici qu'un débat annuel, au sein du conseil municipal, permette de faire le point sur les actions menées dans les quartiers. C'est, en effet, un moyen de créer un véritable dialogue entre les conseils de quartier et le conseil municipal, en laissant à chacun ses responsabilités.
Il s'agit d'instaurer un véritable carrefour où démocratie représentative et démocratie participative puissent se rencontrer.
Vous comprendrez que, ayant présenté l'amendement n° 371, le Gouvernement soit, je l'indique d'emblée, défavorable à l'amendement n° 5 tendant à la suppression de l'article 2.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet, pour défendre l'amendement n° 362. M. Jean-Claude Peyronnet. Monsieur le président, je serai très bref, car l'amendement tombera si celui de la commission est retenu ou il sera satisfait si l'amendement du Gouvernement, qui ramène déjà le seuil à 20 000 habitants, est adopté.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 371 et 362 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Défavorable, comme cela découle logiquement de l'amendement n° 5 !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 5, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 2 est supprimé, et les amendements n°s 371 et 362 n'ont plus d'objet.

Articles additionnels après l'article 2



M. le président.
L'amendement n° 6, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa de l'article L. 2143-2 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Sur proposition du maire, il en fixe la composition pour une durée qui ne peut excéder celle du mandat municipal en cours. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit de permettre au conseil municipal de fixer la composition des comités consultatifs pour la durée de son choix, toujours avec la volonté de conforter la prééminence de l'instance élue, en l'occurrence le conseil municipal.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'article L. 2143-2 du code général des collectivités territoriales impose au conseil municipal de fixer, chaque année, sur proposition du maire, la composition des comités consultatifs. Le renouvellement annuel est inutilement contraignant et ne permet pas la durée nécessaire pour appréhender les questions locales. Une plus grande souplesse est nécessaire. J'émets donc un avis favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 6, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 2.
L'amendement n° 333 rectifié bis , présenté par MM. Gournac, Braye, Doligé, Eckenspieller, Esneu, Goulet, Gouteyron, Joyandet, de Richemont, Schosteck, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 2143-2 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Les communes peuvent proroger les conseils de quartier, comités consultatifs ou autres instances à caractère consultatif créées aux fins de la participation de la population à la vie locale institués antérieurement à l'entrée en vigueur de la loi n° du relative à la démocratie de proximité. »
La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. De nombreuses communes françaises n'ont pas attendu ce projet de loi pour s'engager, et certaines depuis fort longtemps, dans des formules d'organisation de la participation de leurs habitants à des structures locales de concertation tout à fait adaptées au contexte local.
Il est souhaitable que, sous réserve de respecter l'esprit du présent titre du projet de loi, ces expériences existantes soient pérennisées, afin de ne pas bouleverser des pratiques auxquelles les communes concernées sont très attachées de par leur histoire, leur culture ou leurs acquis propres en la matière.
On ne peut que souhaiter la diversité des expériences de démocratie de proximité ou participative conduites en France. Laissons donc les meilleures d'entre elles se dégager et faire école plutôt que d'aligner les pratiques communales sur une formule unique et universelle, ce que le gouvernement actuel a trop tendance à vouloir faire, lui qui cherche à appliquer à des situations locales multiples et ô combien différentes le même remède ; cela explique, d'ailleurs, les échecs également multiples constatés actuellement dans la pratique de la vie locale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Les préoccupations que vient d'exprimer notre collègue Dominique Braye rejoignent totalement celles de la commission. Elles sont doublement satisfaites à travers l'amendement n° 4 de la commission qui, d'une part, rend les conseils de quartier facultatifs - c'est un principe auquel nous étions profondément attachés - et qui, d'autre part, laisse les conseils municipaux libres de déterminer la dénomination et les modalités de fonctionnement de ces conseils.
Ainsi, vos soucis sont pris en compte, monsieur Braye, et je suis persuadé qu'après avoir pu défendre un point de vue qui rejoint celui de la commission des lois vous accepterez de retirer votre amendement au profit du texte de la commission, qui a déjà été adopté par le Sénat.
M. le président. L'amendement n° 333 rectifié bis est-il maintenu, monsieur Braye ?
M. Dominique Braye. Ceux qui, comme nous, ont mis en place des conseils de quartier, désiraient voir émerger des propositions de la population. Or, nous le savons bien, quand ils participent à ces structures, les élus, par leur présence et leur avis, pèsent par trop, au risque de stériliser ces conseils de quartier, ce que nous voulions éviter. Cela étant, compte tenu de ce que vient de rappeler M. le rapporteur, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 333 rectifié bis est retiré.

Article 3



M. le président.
« Art. 3. - A l'article L. 2312-1 du code général des collectivités territoriales, le troisième alinéa est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Dans les communes de 50 000 habitants et plus, lors de ce débat, le conseil municipal examine les propositions faites par les conseils de quartier. A cette occasion, le conseil municipal délibère sur le montant des crédits de fonctionnement, dont l'utilisation a fait l'objet des propositions mentionnées à l'article L. 2143-1, et qu'il est envisagé d'affecter à chaque quartier et d'inscrire au budget de la commune.
« Les dispositions des deux premiers alinéas s'appliquent aux établissements publics administratifs des communes de 3 500 habitants et plus. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 7, présenté par M. Hoeffel au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 3. »
L'amendement n° 423, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 3 pour remplacer par deux alinéas le troisième alinéa de l'article L. 2312-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer le nombre : "50 000" par le nombre : "3 500". »
L'amendement n° 363, présenté par MM. Peyronnet et Bel, Mme Blandin, MM. Debarge, Domeizel et Dreyfus-Schmidt, Mme Durrieu, M. Frécon, Mme Herviaux, MM. Lagauche, Le Pensec, Marc, Masseret, Mauroy, Picheral, Raoul, Sueur, Teston et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par le II de l'article 3 pour remplacer le troisième alinéa de l'article L. 2312-1 du code général des collectivités territoriales, substituer au nombre : "50 000" le nombre : "20 000". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 7.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Les conseils de quartier doivent rester, nous l'avons rappelé hier, des instances consultatives. S'il est nécessaire que les conseils municipaux soient informés des souhaits et des propositions des habitants, il revient cependant aux seuls élus locaux, investis par le suffrage universel, donc soumis, à intervalles réguliers, à son contrôle, de prendre des décisions engageant la commune. Il y a un temps pour la consultation, il y a un temps pour la décision.
M. Dominique Braye. Tout à fait !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Au comité de quartier d'être consulté, de donner un avis ; au conseil municipal et au maire de décider !
M. Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Puisque les conseils municipaux devront allouer les crédits de fonctionnement aux conseils de quartier qu'ils auront décidé de créer, il n'apparaît pas souhaitable d'encadrer à l'excès leurs délibérations. Voilà pourquoi nous proposons de supprimer l'article 3.
M. Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Mathon, pour défendre l'amendement n° 423.
Mme Josiane Mathon. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 423 est retiré.
La parole est à M. Peyronnet, pour défendre l'amendement n° 363. M. Jean-Claude Peyronnet. Je le retire également, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 363 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 7 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. De nombreuses communes, grandes ou petites, ont associé avec succès les comités de quartier existants à la détermination d'enveloppes budgétaires pouvant être utilement affectées aux quartiers.
Le conseil municipal reste libre de décider de l'engagement des dépenses, mais l'utilité des échanges sur les priorités ressenties par les habitants n'est pas contestable. Je ne peux donc pas émettre un avis favorable sur l'amendement présenté par la commission.
Certes, et je comprends l'argumentation de M. le rapporteur, le conseil municipal décide, je viens d'ailleurs de le rappeler. Mais prenez l'exemple de villes comme Paris, Marseille ou Lyon : l'existence d'un conseil municipal délibérant n'empêche pas qu'un certain nombre de moyens soient affectés aux arrondissements.
M. Michel Charasse. Oui, mais les conseillers sont, dans ce cas, élus au suffrage universel direct, ce qui n'est pas tout à fait la même chose...
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Certes, c'est tout à fait exact, mais il y a d'autres instances qui bénéficient de crédits et qui peuvent les utiliser.
M. Dominique Braye. Lesquelles ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. J'émets donc un avis défavorable sur cet amendement, qui reviendrait à brider l'action des conseils de quartier.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 7.
Mme Josiane Mathon. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Mathon.
Mme Josiane Mathon. En ce qui concerne la démocratie, il me semble que l'idée même d'un budget participatif est très importante. C'est pourquoi le groupe communiste républicain et citoyen est défavorable à cet amendement.
M. Jean-Paul Delevoye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delevoye.
M. Jean-Paul Delevoye. Je partage la position de M. le rapporteur. Je crois, monsieur le ministre, que nous sommes en train de faire une confusion. Vous prenez l'exemple de Paris, Lyon et Marseille où siègent des élus. J'attire votre attention sur le fait qu'aujourd'hui, en vertu d'un certain nombre de règles de la comptabilité publique, toute association à laquelle une subvention est accordée doit présenter un bilan et ne peut se voir accorder des crédits de fonctionnement qu'en respectant ces mêmes règles.
Il reste, comme le disait M. le rapporteur, à déterminer ce qu'est la politique participative d'une commune pour pouvoir éventuellement, au travers d'une association dont la représentativité ne serait pas contestée par le conseil municipal, lui accorder un certain nombre de crédits de participation. A l'évidence, la position du rapporteur me paraît tout à fait conforme à la pratique, en tout cas à celle de nombreux élus locaux souhaitant à favoriser la démocratie participative dans leur secteur.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je partage tout à fait la position du rapporteur et, si je prends la parole, c'est parce que j'ai entendu M. le ministre de l'intérieur, avec qui j'ai eu l'honneur de siéger sur les bancs du conseil de Paris, évoquer les conseils d'arrondissement.
Il y a, c'est vrai, une différence fondamentale entre les conseillers d'arrondissement et les conseillers de Paris dans la mesure où les premiers sont élus au suffrage universel. Mais il y a tout de même une autre différence : les conseillers d'arrondissement n'ont pas de responsabilité budgétaire. Il n'y a pas seulement le fait d'être élu, même si la légitimité que donne l'élection est essentielle ; il y a aussi les responsabilités que l'on est amené à assumer lorsque l'on gère effectivement une commune. Or la gestion d'une commune passe par des décisions budgétaires et par le vote d'un budget. C'est d'ailleurs sur le vote du budget que repose tout le système représentatif.
Il est déjà légitime d'émettre certaines réserves quant à l'extension des pouvoirs financiers des conseils d'arrondissement - lesquels n'ont pas, je me permets de le souligner, même si vous le savez aussi bien que moi, monsieur le ministre, de responsabilités budgétaires - mais que dire, en ce qui concerne les conseils de quartier ?
Enfin et surtout, pour savoir comment les choses se passent dans les arrondissements de Paris, j'insiste sur la nécessité d'éviter la confusion. Je ne suis plus conseiller municipal de Paris depuis quelques mois, mais l'ayant été je connais la question : nos pauvres électeurs sont déjà en pleine confusion lorsqu'il s'agit des pouvoirs du conseil d'arrondissement et du conseil de Paris. Si, en plus, et en particulier, dans les villes où s'applique la loi PML, on ajoute des conseils de quartier auxquels on aura donné des crédits budgétaires et des pouvoirs, les malheureux Parisiens...
Mme Nicole Borvo. Laissez les Parisiens juger !
M. Jean Chérioux. ... Marseillais et Lyonnais ne sauront plus à qui s'adresser. Or, le seul interlocuteur valable de la population, c'est le conseiller élu, qui a la responsabilité budgétaire,...
Mme Nicole Borvo. Ne parlez pas au nom des Parisiens, monsieur Chérioux ! La mairie de Paris a changé de majorité récemment !
M. Jean Chérioux. ... c'est-à-dire celui qui représente effectivement la population et qui a l'honneur de mener cette action tout au long de son mandat ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 7, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 3 est supprimé.

Article 4



M. le président.
« Art. 4. - I. - Après l'article L. 2122-2 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2122-2-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2122-2-1 . - Dans les communes de 50 000 habitants et plus, la limite fixée à l'article L. 2122-2 peut donner lieu à dépassement en vue de la création de postes d'adjoints chargés principalement d'un ou plusieurs quartiers, sans toutefois que le nombre de ceux-ci puisse excéder 10 % de l'effectif légal du conseil municipal. »
« II. - Après l'article L. 2122-18 du même code, il est inséré un article L. 2122-18-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2122-18-1 . - L'adjoint chargé de quartier connaît de toute question intéressant à titre principal le ou les quartiers dont il a la charge. Il veille à l'information des habitants et favorise leur participation à la vie du quartier. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 8, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 4. »
L'amendement n° 425, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par le I de l'article 4 pour l'article L. 2122-2-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "50 000 habitants" par les mots : "3 500 habitants". »
L'amendement n° 364, présenté par MM. Peyronnet et Bel, Mme Blandin, MM. Debarge, Domeizel et Dreyfus-Schmidt, Mme Durrieu, M. Frécon, Mme Herviaux, MM. Lagauche, Le Pensec, Marc, Masseret, Mauroy, Picheral, Raoul, Sueur, Teston et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par le I de l'article 4 pour l'article L. 2122-2-1 du code général des collectivités territoriales, substituer au nombre : "50 000" le nombre : "20 000". »
L'amendement n° 346 rectifié, présenté par MM. Lecerf et Karoutchi, est ainsi libellé :
« I. - Dans le texte proposé par le I de l'article 4 pour l'article L. 2122-2-1 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "50 000 habitants et plus", insérer les mots : "ainsi que dans les communes de plus de 20 000 habitants ayant mis en place des conseils de quartier".
« II. - Afin de compenser les pertes de ressources résultant du I ci-dessus, compléter l'article 4 par deux paragraphes ainsi rédigés :
« ... - L'accroissement de charges résultant pour les communes de la suppression du seuil de 50 000 habitants mentionné à l'article L. 2122-2-1 du code général des collectivités territoriales est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du II sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 8.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Pourquoi la commission propose-t-elle cet amendement n° 8 ?
M. Michel Dreyfus-Schmidt. La commission de la hache !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Monsieur Dreyfus-Schmidt, l'expression « commission de la hache » a une connotation qui ne correspond pas du tout à l'esprit constructif qui ne cesse d'animer, vous le savez, le travail de la commission des lois.
L'article 4 prévoit la création de postes d'adjoints au maire chargés des quartiers. Dans la rédaction initiale du projet de loi, ces adjoints, exclusivement chargés des quartiers, assuraient de droit la présidence de leur conseil. Cette disposition avait pour inconvénient majeur de favoriser une émancipation des conseils de quartier et de leurs présidents par rapport au conseil municipal.
L'Assemblée nationale, consciente de ce risque, a déjà essayé de le réduire en votant une disposition qui vise à retirer aux élus locaux la présidence de droit des conseils de quartier et à supprimer l'obligation faite aux adjoints supplémentaires d'être exclusivement chargés des quartiers.
Dès lors, le texte adopté par l'Assemblée nationale a pour effet de porter le nombre maximum des adjoints à 40 % des effectifs du conseil municipal. Avec ce taux, on peut se demander si l'autorité des adjoints au maire y gagne quelque chose. Je crains que non. Cette augmentation semble excessive.
En effet, le nombre des vice-présidents d'un conseil régional ne peut excéder 30 % des effectifs du conseil. On observera en outre que l'article 11 bis introduit par l'Assemblée nationale ouvre au maire des possibilités supplémentaires de déléguer une partie de ses fonctions à des conseillers municipaux.
Je crois donc qu'un maire a diverses possibilités de déléguer soit à des adjoints, soit à des conseillers municipaux. A chaque maire d'apprécier l'opportunité de le faire en fonction de la situation propre à sa commune. Il importe de lui laisser, là encore, un maximum de souplesse.
Tel est l'objet de l'amendement n° 8.
M. le président. La parole est à Mme Mathon pour défendre l'amendement n° 425.
Mme Josiane Mathon. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 425 est retiré.
La parole est à M. Peyronnet, pour défendre l'amendement n° 364.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je le retire également, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 364 est retiré.
La parole est à M. Lecerf, pour présenter l'amendement n° 346 rectifié.
M. Jean-René Lecerf. Cet amendement qui, j'en suis bien conscient, n'est pas conforme à l'esprit de l'amendement que vient d'évoquer M. le rapporteur, avait pour objet de donner une souplesse supplémentaire aux communes de plus de 20 000 habitants qui avaient décidé d'implanter des comités de quartier ou qui les avaient déjà implantés depuis très longtemps.
Pour ma part, j'ai été maire d'une ville de près de 40 000 habitants qui compte onze comités de quartier et où les choses se passent très bien. Cet amendement vise à ouvrir la possibilité au conseil municipal d'une commune de plus de 20 000 habitants de désigner, s'il le souhaite, des adjoints supplémentaires dans la limite des 10 % prévus dans le projet de loi. Cette proposition permettrait - je connais des élus pilotes de quartiers qui consacrent un temps considérable à l'exercice de cette responsabilité - de rémunérer ces adjoints supplémentaires sans puiser dans l'enveloppe globale du maire et des adjoints.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 346 rectifié ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je pense que l'auteur de cet amendement, partageant la philosophie et les préoccupations de la commission, acceptera de retirer son amendement au profit de celui de la commission.
M. le président. Monsieur Lecerf, votre amendement est-il maintenu ?
M. Jean-René Lecerf. Je le retire.
M. le président. L'amendement n° 346 rectifié est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 8 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Au préalable, je voudrais répondre à mon ancien collègue Jean Chérioux au conseil de Paris : sans vouloir entretenir de polémique ici, je sais très bien que les membres des conseils d'arrondissement sont élus au suffrage universel, ce qui les distingue de ceux des conseils de quartier.
M. Philippe de Gaulle. C'est une nuance !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Permettez-moi de vous dire que l'expérience passée montre à quel point on a interprété de manière restrictive cette différence du côté de l'Hôtel de Ville.
M. Jean Chérioux. Pas suffisamment !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. De toutes petites sommes ont été affectées aux conseils d'arrondissement alors qu'en revanche des associations à caractère paramunicipal étaient beaucoup mieux dotées.
Mme Nicole Borvo. De beaucoup d'argent !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je ne vois pas, par ailleurs, de quelle légitimité pouvaient se prévaloir ceux qui les dirigaient. Je ferme la parenthèse, mais je pourrais vous donner des exemples très précis.
J'en viens à l'amendement n° 8 de la commission.
Supprimer la mesure prévue à l'article 4 irait à l'encontre de la démocratie de proximité que le Gouvernement entend promouvoir. De surcroît, l'article 4 n'impose aucune obligation : il ouvre une faculté pour certains quartiers dont la situation le nécessite.
Cet article répond également au souhait de certains maires de voir augmenter le nombre de membres du conseil municipal bénéficiant d'une reconnaissance particulière, notamment de la qualité d'adjoint. Actuellement, la limite légale du nombre des adjoints permet de couvrir les grands thèmes de l'action municipale, mais non de prendre en compte la diversité territoriale, en particulier dans les grandes communes. Le Gouvernement est attaché au maintien de cette possibilité, qui accroît la souplesse que, théoriquement, tous revendiquent.
M. Michel Charasse. Quand tous les conseillers municipaux seront adjoints,...
M. Michel Mercier. ... on les nommera pompiers !
M. Michel Charasse. ... ils voudront tous devenir maires !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. J'émets donc un avis défavorable sur l'amendement n° 8 de la commission.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 8.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je suis toujours étonné d'entendre un ministre de la République opposer la démocratie de proximité à la démocratie tout court : la démocratie, c'est la démocratie ! monsieur le ministre, notre système - nous ne sommes pas en Suisse - repose sur la représentativité, c'est-à-dire sur le pouvoir conféré à l'élu de se décider en toute conscience - et je vous renvoie à cet égard à certaines paroles de Condorcet - bien sûr après s'être concerté avec un certain nombre de personnalités représentatives.
Mme Nicole Borvo. Et la transparence !
M. Jean Chérioux. C'est le cas de la concertation que vous voulez mener, mais ne parlez pas d'ajout à la démocratie, car ce n'en est pas un ! Pour la démocratie, l'essentiel, c'est la légitimité de l'élection.
M. Michel Charasse. M. Chérioux croit encore à la République !
M. Jean Chérioux. J'ai été étonné de ce que vous avez dit tout à l'heure, Monsieur le ministre, à propos des conseils d'arrondissement. Déjà, ils sont en eux-mêmes un problème. Mais oser comparer un conseiller d'arrondissement, qui, lui, a été élu, avec tel ou tel représentant de telle ou telle association, c'est inacceptable !
Il faut que les choses soient claires. Dans les grandes villes comme Paris, les problèmes sont sans doute décuplés, mais ce qui se passe à Paris est très révélateur : à l'évidence, les gens n'y comprennent plus rien !
Mme Nicole Borvo. Les Parisiens ont compris qu'il n'y avait pas de transparence à Paris !
M. Jean Chérioux. Je sais suffisamment ce qui s'est passé à Paris pour pouvoir en parler. Quand vous aurez siégé aussi longtemps que moi à l'Hôtel de Ville, vous aurez le droit de me contredire ! (Protestations et brouhaha sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Mes chers collègues, monsieur Chérioux, faites preuve de calme !
Mme Nicole Borvo. Les Parisiens ont tranché : l'absence de transparence, ce n'est pas la démocratie !
M. Jean Chérioux. Mais qu'on me laisse parler !
M. le président. Madame Borvo, si vous voulez vous expliquez, vous le ferez ensuite.
M. Michel Charasse. M. Chérioux tient des propos républicains qui sont insupportables ! (Sourires sur les travées socialistes.)
M. le président. Je donnerai la parole à qui souhaite la prendre mais à condition qu'il me la demande.
Veuillez poursuivre, monsieur Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je parle d'expérience : Paris est une ville énorme. Certes, le relais des arrondissements est nécessaire, mais il ne faut pas entretenir la confusion ; il faut que l'on sache qui est réellement responsable et qui ne l'est pas.
Il existe des difficultés en ce qui concerne les maires et les conseils d'arrondissement. En effet, certaines personnes croient qu'en s'adressant au maire elles obtiendront toutes les subventions qu'elles désirent, alors que le maire n'a pas la faculté de les leur octroyer.
Si, de surcroît, vous affectez une enveloppe à des conseils de quartier, où irons-nous ? La démocratie, c'est la clarté, c'est la légitimité par l'élection. Si l'on déroge à ce principe, on ne rend pas service à la République et à la démocratie.
M. Michel Charasse. C'est cela qui est insupportable !
M. Jean-Yves Mano. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mano.
M. Jean-Yves Mano. J'ai écouté avec intérêt M. Chérioux. Je suis, comme lui, un élu parisien : en ce qui me concerne, je n'ai pas peur de la démocratie directe et du dialogue direct avec les associations,...
M. Jean Chérioux. Ce n'est pas la démocratie directe !
M. Jean-Yves Mano. ... et il n'y a pas de confusion des genres, car les conseillers d'arrondissement sont élus.
Vous avez dit très justement, monsieur Chérioux, que Paris est une ville énorme. De ce fait, établir un dialogue direct avec les habitants correspond à un véritable besoin. Vous-même et vos amis vous en êtes d'ailleurs aperçus dernièrement, et nous décentralisons au maximum le dialogue avec les citoyens. Nous leur donnons la possibilité, par l'intermédiaire des comités de quartier, de s'exprimer et même de disposer de quelques moyens financiers pour prendre des initiatives. Cela ne remet en cause le pouvoir de quiconque : on décentralise. Vous êtes bien favorable à une décentralisation maximale, monsieur Chérioux ? Nous allons au-delà de ce que vous souhaitez, sans aucun doute,...
M. Jean Chérioux. Pas pour tout !
M. Jean-Yves Mano. ... mais nous sommes pour la démocratie directe, au plus près des habitants. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Quel curieux débat que le nôtre ! Dans cette discussion, la liberté, la démocratie, la souplesse sont à géométrie variable. On évoque la démocratie tantôt pour, prétendument, en faire davantage, tantôt pour en faire moins. Il faut revenir à des idées simples : quelle curieuse manie que de vouloir toujours tout régenter dans le détail !
Les uns et les autres se jettent leurs expériences respectives à la figure : cela montre bien que des initiatives sont prises sur le terrain et qu'il n'est pas forcément nécessaire que la loi encadre tout. Si des communes veulent créer des comités de quartier, elles le font ; si elles veulent leur donner des moyens, elles le font. Le très judicieux amendement n° 4 de la commission ouvre toutes ces possibilités.
Le général de Gaulle disait : « Vers l'Orient compliqué, je m'envolais avec des idées simples. » Dans ces débats compliqués, partons d'idées simples. Ces idées simples, nous ne les inventons pas : elles sont inscrites dans la Constitution et inspirent notamment l'article L. 1111-1 du code général des collectivités territoriales, selon lequel les communes s'administrent librement par des conseils élus. Qu'y a-t-il de plus simple, de plus démocratique, de plus évident ?
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Quand on voit les réticences, pour ne pas dire plus, de l'opposition parisienne devant la démocratie participative, on comprend que l'intervention de la loi soit nécessaire.
Je dirai à M. Chérioux que ce qui est élémentaire, en matière de démocratie, c'est la transparence.
M. Jean Chérioux. Quelle transparence ? La vôtre ?
Mme Nicole Borvo. Absolument ! Nous sommes bien placés pour savoir que la transparence n'existait pas à Paris. Par conséquent, assurer cette transparence pour les citoyens à l'échelon des arrondissements et aussi des quartiers, si limités que soient les budgets concernés, représente un grand pas en avant en matière de démocratie.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 8, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 4 est supprimé.

Article 5



M. le président.
« Art. 5. - Après l'article L. 2144-1 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2144-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 2144-2 . - Dans les communes de 100 000 habitants et plus, sont créées dans les quartiers des annexes de la mairie qui peuvent être communes à plusieurs quartiers. Dans ces annexes, des services municipaux de proximité sont mis à la disposition des habitants. Les dispositions de l'article L. 2144-1 sont applicables à ces annexes.
« Un local de la mairie annexe est mis à la disposition des membres du conseil municipal n'appartenant pas à la majorité, qui en font la demande, afin de recevoir le public. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 9, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 5. »
L'amendement n° 365, présenté par MM. Peyronnet et Bel, Mme Blandin, MM. Debarge, Domeizel et Dreyfus-Schmidt, Mme Durrieu, M. Frécon, Mme Herviaux, MM. Lagauche, Le Pensec, Marc, Masseret, Mauroy, Picheral, Raoul, Sueur, Teston et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le second alinéa du texte proposé par l'article 5 pour l'article L. 2144-2 du code général des collectivités territoriales :
« Un local de la mairie annexe est mis à disposition des groupes d'élus qui en font la demande, afin de recevoir du public. »
L'amendement n° 670, présenté par M. Charasse, est ainsi libellé :
« Dans le second alinéa du texte proposé par l'article 5 pour l'article L. 2144-2 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "n'appartenant pas à la majorité". »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 9.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement vise à supprimer l'article 5, qui prévoit d'imposer la création d'annexes de la mairie.
Cela étant, nous n'excluons nullement la possibilité d'en créer. D'ailleurs, dans la plupart des villes de plus de 100 000 habitants, il existe déjà, sous une forme ou sous une autre, des mairies de quartier ou des relais de la mairie dans les différents quartiers. Ce que nous souhaitons, c'est que l'on n'impose pas aux communes une contrainte supplémentaire dans ce domaine qui, de surcroît, est parfois source d'insécurité juridique.
Par conséquent, nous demandons là aussi que la souplesse puisse prévaloir : c'est souvent le meilleur moyen de stimuler des initiatives ajustées au tempérament et aux traditions de chaque ville. Que l'on ne dise pas que notre amendement tend à empêcher les mairies d'avoir des relais dans les quartiers, il vise simplement à leur permettre d'adapter leur réponse en fonction des différents quartiers.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet, pour présenter l'amendement n° 365.
M. Jean-Claude Peyronnet. Il s'agit simplement de permettre à tous les groupes politiques d'utiliser les locaux des mairies annexes, y compris lorsqu'ils font partie de la majorité municipale, afin que les droits des différents groupes soient préservés.
M. le président. La parole est à M. Charasse, pour présenter l'amendement n° 670.
M. Michel Charasse. Cet amendement est tout à fait analogue à celui de M. Peyronnet, même s'il n'est pas rédigé de la même manière.
Il faut dire que je suis un peu vieux jeu : j'ai toujours considéré que celui qui commande, c'est celui qui est élu - en tout cas depuis la Révolution française et depuis que l'on est en République - et que l'électeur peut « virer ».
Quant aux biens publics, ils sont la propriété de tout le monde, notamment de ceux qui les paient : ils ne peuvent pas être attribués ou réservés à une faction ou à une fraction.
Cela étant, comme M. Peyronnet présente, dans une rédaction différente, une disposition analogue, je retire l'amendement n° 670.
M. le président. L'amendement n° 670 est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 365 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 9 et 365 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. S'agissant de l'amendement n° 9, l'article 5 du projet de loi a pour objet, je le répète, de favoriser le rapprochement entre habitants et usagers, d'une part, et élus et services municipaux, d'autre part.
Il est vrai, monsieur le rapporteur, que de nombreuses communes se sont déjà engagées avec succès dans cette voie. La consécration de la mairie de quartier par la loi me paraît cependant indispensable et de nature à renforcer la proximité entre services et usagers. Peut-on refuser cela aux citoyens ?
J'observe d'ailleurs que les mairies de quartier n'existent pas aujourd'hui dans toutes les villes. Certains citoyens peuvent donc en quelque sorte se sentir floués. Par conséquent, je crois utile, par souci d'égalité, d'inscrire dans la loi les annexes de la mairie, afin que, notamment dans les grandes communes, cette forme de service soit partout assurée, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
En ce qui concerne l'amendement n° 365, les annexes de la mairie permettent de rapprocher certains services municipaux des habitants. L'Assemblée nationale a adopté un amendement prévoyant la mise à la disposition des élus minoritaires, dans ces annexes, d'un local où ils puissent accueillir du public, ainsi que l'extension de cette faculté à tous les groupes d'élus. Cet amendement accroît les obligations pesant sur les communes, mais aussi, indirectement, sur les groupes. En conséquence, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur ce point.
M. Jean-Pierre Schosteck. Toujours plus de dépenses, toujours plus d'impôts !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 9.
M. Jean-Paul Delevoye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delevoye.
M. Jean-Paul Delevoye. Je fais mienne, bien entendu, la position de la commission. Cela étant, je voudrais m'adresser à M. le ministre pour lui demander s'il mesure bien la portée des propos qu'il tient. En effet, au nom de la décentralisation, vous voulez, monsieur le ministre, inscrire dans la loi ce qu'une commune doit faire pour se rapprocher le plus possible du citoyen-usager. Je suis effrayé de constater que vous estimez nécessaire que le législateur anticipe sur l'incapacité du citoyen à sanctionner une mauvaise politique locale.
M. Louis Moinard. Exactement !
M. Jean-Paul Delevoye. Par ailleurs je connais votre cohérence et votre honnêteté intellectuelles, monsieur le ministre. Par conséquent, je sais que lorsque, au nom d'un principe, vous demandez aux collectivités locales de faire quelque chose, vous entendez appliquer ce même principe à l'échelon de l'Etat.
A cet égard, j'ai cru comprendre que vous souhaitiez assurer, dans les communes, l'égalité de traitement par les services publics locaux pour les citoyens-usagers. Je suis donc convaincu que vous allez tout mettre en oeuvre pour faire en sorte que les services de l'Etat puissent garantir, par leur proximité, cette même égalité de traitement à tous les citoyens de notre pays. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Louis Moinard. Absolument !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Heureusement que l'Etat est là pour le faire ! Ce n'est pas avec le libéralisme qu'on y parviendra.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Monsieur le ministre, je m'étonne de votre méfiance vis-à-vis des élus. Tous les textes que nous examinons en ce moment traduisent cette méfiance. Ainsi, il semble que seul le recours à la loi puisse permettre de résoudre les problèmes, l'élu, par hypothèse, ayant des arrière-pensées et ne voulant pas faire le nécessaire pour le bien de ses concitoyens.
Comme l'a dit à très juste titre M. Delevoye, qui est mieux placé que quiconque pour s'exprimer sur ce point puisqu'il est président de l'Association des maires de France, les maires sont assez grands pour connaître les besoins de leurs concitoyens en matière de services administratifs de proximité. Si l'on veut, monsieur le ministre, faciliter l'établissement d'un dialogue, permettre au maire et à son conseil municipal de connaître les vrais problèmes de la population, ou simplement les critiques émises par celle-ci sur la politique menée ou sur le fonctionnement des services administratifs, ce qui est particulièrement important dans les grandes villes, il faut donner aux élus les moyens de travailler.
A cet égard, ce qui se passe actuellement à Paris m'étonne. Les moyens mis à la disposition des groupes politiques du Conseil de Paris sont faibles. Je sais que certains s'en satisfont, que la loi est appliquée, mais votre premier devoir, monsieur le ministre, d'autant plus que vous êtes un élu de Paris et que vous vous êtes préoccupé de ce problème, est de permettre aux conseillers de l'opposition d'exercer leur mandat dans de bonnes conditions. La majorité a des moyens, je suis bien placé pour le savoir, mais l'opposition n'est pas bien traitée à l'heure actuelle, alors qu'il n'en allait pas de même sous la municipalité précédente. (Exclamations sur les travées socialistes.)
Absolument ! Je vais vous donner des chiffres qui illustreront mon affirmation, mes chers collègues !
Ainsi, le groupe du Rassemblement pour Paris, le RPP, qui doit compter trente-quatre élus, dispose de douze collaborateurs. Quelques-uns d'entre eux étant affectés au fonctionnement du groupe, le personnel mis au service des trente-quatre conseillers est très restreint, alors que le volume de leur courrier est souvent égal à celui de parlementaires et qu'ils sont obligés d'assurer leurs permanences.
Sous l'ancienne municipalité, en revanche, le groupe socialiste, qui comptait quarante-trois élus, disposait de trente-neuf collaborateurs, et le Mouvement des citoyens de quinze, soit plus que le groupe du RPP actuellement.
Par conséquent, monsieur le ministre, s'agissant des moyens donnés aux élus pour faire leur métier, c'est-à-dire être des intermédiaires privilégiés entre la population et l'administration énorme de la ville de Paris,...
Mme Nicole Borvo. On s'éloigne du sujet, monsieur Chérioux !
M. Jean Chérioux. ... votre premier devoir, notamment en tant qu'élu de Paris, était de prévoir, dans votre texte, des mesures particulières pour les grandes villes visées par la loi dite « PML », afin que leurs élus puissent faire leur devoir, et rien que leur devoir, de représentants de la population.
M. Robert Bret. Sur quel amendement parlez-vous, monsieur Chérioux ?
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Je serai très bref. Je constate que, sous prétexte de démocratie, nous sommes en train de parler de la légitimité de maires et d'élus locaux.
Je sais ce que chacun d'entre nous peut penser des sondages, mais il est un domaine où les sondages ne se sont jamais trompés et où leurs résultats se sont toujours perpétués, c'est la confiance des citoyens dans leurs élus locaux et dans leur maire. Aussi, mes chers collègues, que les élus qui sont les moins considérés par leurs concitoyens ne viennent pas exiger certaines choses des élus qui, chaque fois que leurs concitoyens sont consultés, sont plébiscités. En effet, monsieur le ministre, mes chers collègues, la démocratie, c'est tout de même écouter nos concitoyens, comme ils le disent chaque jour. C'est cela la démocratie participative ! Chaque fois que nos concitoyens sont consultés, ils réitèrent leur confiance dans les élus locaux.
M. Michel Charasse. Vive la proportionnelle !
Mme Nicole Borvo. Voilà ! Nous, nous sommes pour la proportionnelle !
M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. L'amendement de la commission visant à supprimer l'article 5 sera certainement adopté. Monsieur le ministre, à mon avis, dans la suite du débat, l'Assemblée nationale reviendra sans doute peu ou prou à son texte. Je crois qu'il faut bien veiller à ce qu'elle n'entre pas dans un système qui, pour défendre les droits des minorités, si respectables soient-ils, oublie les droits de la majorité, sinon l'inconstitutionnalité nous guette sur cet article. Il vaut mieux écrire, d'une manière ou d'une autre, que tous les groupes ont les mêmes droits, comme c'est le cas dans nos assemblées parlementaires, mes chers collègues, plutôt que de laisser un vide dans la loi.
Quant à l'exercice de ces droits, il dépendra toujours des moyens que la commune sera en mesure de mettre ou de ne pas mettre à la disposition des groupes. S'il y a difficulté ou pénurie, ça sera pour tout le monde.
M. Jean-Paul Delevoye. Effectivement !
M. Michel Charasse. Mais je ne pense pas qu'en rédigeant ainsi l'article 5 l'Assemblée nationale ait pu envisager un seul instant qu'il pourrait y avoir une salle réservée à chaque groupe de l'opposition avec tout un équipement qui serait bloqué en permanence, etc. Sinon, tout cela se retrouvera un jour ou l'autre sur la feuille d'impôt du contribuable. Si, pour permettre à deux ou trois personnes qui appartiennent à un groupe minoritaire de disposer d'un local, on doit augmenter les impôts, je ne suis pas sûr que la démocratie y gagnera ; la « démocrassouille », peut-être, mais la démocratie, ce n'est pas sûr.
Par conséquent, je souhaite, monsieur le ministre, qu'après le vote du Sénat qui me paraît ne faire aucun doute sur l'amendement de M. le rapporteur, on veille bien, dans la rédaction, à ne pas donner le sentiment, là encore, que le législateur cherche à favoriser les uns plutôt que les autres car, dans ce cas, du point de vue constitutionnel, cela ne passerait pas la barre. S'il n'y a pas dans la loi un certain nombre de garanties qui soient les mêmes pour les uns et pour les autres, le vide risquerait de créer bien des difficultés, notamment aux minorités que l'Assemblée nationale souhaite protéger. Par conséquent, faisons attention dans la suite des opérations.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Il y a beaucoup d'amendements et les discussions vont être longues. Il faut veiller à ne pas répéter sans cesse les mêmes choses. Nous avons des conceptions différentes. Sous prétexte d'autonomie des communes et de décentralisation dont vous êtes devenus les hérauts principaux, vous dites que la loi ne doit pas intervenir. On n'en est pas là. De nombreuses lois interviennent pour que, par exemple, les comptes rendus des conseils municipaux soient affichés. C'est pour qu'il y ait une démocratie de proximité et la transparence. Nous ne devons pas renoncer à légiférer. A cet égard, votre argumentation n'est pas recevable. Vous pouvez la garder. Nous garderons la nôtre. Point n'est besoin, sur chaque amendement, de recommencer cette discussion.
M. Jean Chérioux. Nous avons le droit de parler, monsieur Dreyfus-Schmidt !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Vous avez le droit de parler de Paris tant que vous voulez ! Je préférerais que vous tiriez les leçons de l'expérience récente...
M. Dominique Braye. Parlez-nous de Belfort !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. ... pour montrer que les Parisiens n'étaient pas forcément d'accord avec les méthodes que vous regrettez. (Exclamations sur plusieurs travées du RPR.)
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. C'est tout de même mieux qu'avant !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Dans les villes de 100 000 habitants, que nos concitoyens puissent aller retirer une fiche d'état civil ailleurs qu'à la mairie centrale,...
Plusieurs sénateurs du RPR. Il n'y a plus de fiche d'état civil !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Certes ! Mon exemple n'est pas bon, mais on pourrait en prendre cent autres !
M. Dominique Braye. Vous connaissez bien la vie des communes, mon cher collègue ! (Sourires sur les travées du RPR.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Pour demander n'importe quel renseignement à la mairie, il convient de ne pas être obligé d'aller au centre.
M. Dominique Braye. Quelle méconnaissance des collectivités locales, mon cher collègue !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Alors que vous parlez toujours des citoyens, vous feigniez d'oublier que les villes, notamment de plus de 100 000 habitants, comptent non seulement des citoyens mais aussi des personnes qui paient des impôts mais qui ne sont pas des électeurs, qui ne votent pas.
M. Patrick Lassourd. Nous le dirons tout à l'heure !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ceux-là, vous les oubliez. Or, ils ont aussi le droit d'être protégés. Or vous les oubliez. Nous demandons également, vous le savez bien, qu'ils participent, notamment sur le plan local, au collège électoral. Tant que ce n'est pas le cas, vous n'avez pas le droit de les oublier et de considérer que les services et le contrôle doivent être réservés à ceux qui votent. Le choix de ceux qui votent doit être éclairé, mais nous en parlerons tout à l'heure. Nous évoquerons les droits des minorités. Dans vos bulletins municipaux, si vous retracez vos propres réalisations et s'il n'y a pas de tribune libre de l'opposition ou si elle est réduite à rien, vous faussez, à l'évidence, le jeu de la démocratie de proximité. Aussi, il est bon d'intervenir par la loi pour que cette démocratie de proximité existe. C'est le cas de l'article 5, dont M. le rapporteur demande la suppression.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 5 est supprimé et l'amendement n° 365 n'a plus d'objet.

Article 6



M. le président.
« Art. 6. - I. - Le titre Ier du livre IV de la première partie du code général des collectivités territoriales est complété par un chapitre III intitulé : "Participation des habitants et des usagers à la vie des services publics", comprenant un article L. 1413-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 1413-1 . - Les régions, les départements, les communes de plus de 3 500 habitants, ainsi que les établissements publics de coopération intercommunale et les syndicats mixtes comprenant au moins une commune de 3 500 habitants et plus, créent une commission consultative des services publics locaux pour l'ensemble des services publics qu'ils confient à un tiers par convention de délégation de service public ou qu'ils exploitent en régie dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière.
« Cette commission, présidée par l'exécutif ou son représentant, comprend des membres de l'assemblée ou de l'organe délibérant, désignés dans le respect du principe de la représentation proportionnelle, et des représentants d'associations locales. En fonction de l'ordre du jour, la commission peut, sur proposition du président, inviter à participer à ses travaux avec voix consultative toute personne dont l'audition lui paraît utile.
« La majorité des membres de la commission peut demander l'inscription à l'ordre du jour de toute proposition relative à l'amélioration des services publics locaux.
« La commission examine chaque année sur le rapport de son président :
« 1° Le rapport, mentionné à l'article L. 1411-3, établi par le délégataire de service public ;
« 2° Les rapports sur le prix et la qualité du service public d'eau potable, sur les services d'assainissement et sur les services de collecte, d'évacuation ou de traitement des ordures ménagères visés à l'article L. 2224-5 ;
« 3° Un bilan d'activité des services exploités en régie dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière.
« Elle est consultée pour avis par l'organe délibérant sur :
« 1° Tout projet de délégation de service public, avant la procédure de publicité instituée par l'article L. 1411-1 ;
« 2° Tout projet de création d'une régie dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière, avant la décision portant création de la régie. »
« II. - A l'article L. 1411-4 du même code, après les mots : "se prononcent sur le principe de toute délégation de service public", sont insérés les mots : "après avoir recueilli l'avis de la commission des services publics locaux prévue à l'article L. 1413-1".
« III. - A l'article L. 1412-1 du même code, après les mots : "constituent une régie soumise aux dispositions du chapitre Ier du titre II du livre II", sont insérés les mots : "le cas échéant, après avoir recueilli l'avis de la commission des services publics locaux prévue à l'article L. 1413-1".
« IV. - A l'article L. 1412-2 du même code, après les mots : "par la création d'une régie soumise aux dispositions du chapitre 1er du titre II du livre II de la deuxième partie", sont insérés les mots : "le cas échéant, après avoir recueilli l'avis de la commission des services publics locaux prévue à l'article L. 1413-1".
« V. - L'article L. 2143-4 et le dernier alinéa de l'article L. 5211-49-1 du même code sont abrogés. »
L'amendement n° 10, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer deux fois le nombre : "3 500" par le nombre "10 000". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit, en l'occurrence, des commissions consultatives des services publics locaux.
La proposition de l'Assemblée nationale de fixer à 3 500 habitants le seuil démographique au-dessus duquel la création de telles commissions serait obligatoire méconnait, à notre avis, la situation des petites collectivités et les difficultés rencontrées par les élus locaux, en l'absence d'associations d'usagers, pour constituer de telles commissions.
Afin d'éviter un contentieux abondant et pour tenir compte, là encore, des réalités locales, cet amendement vise à prévoir que la création de la commission ne serait obligatoire que dans les communes de plus de 10 000 habitants et dans les EPCI - établissements publics de coopération intercommunale - et les syndicats mixtes comprenant au moins une commune de plus de 10 000 habitants, toujours dans le sens d'un certain pragmatisme.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'élévation du seuil de 3 500 à 10 000 habitants pose la question de l'effet de cette disposition sur les communes de taille modeste. Dans de nombreux cas, les services publics visés par la loi, comme la distribution de l'eau, l'assainissement ou la collecte des déchets, relèvent actuellement de structures intercommunales qui comprennent de toute façon une ville de plus de 10 000 habitants. Relever le seuil n'est donc pas une difficulté et peut éviter d'alourdir les charges des petites communes. La fixation d'un seuil élevé risque cependant d'écarter des groupements de communes importants au motif qu'aucune de leurs communes n'a au moins 10 000 habitants. Je rappelle que cette commission, dont le Gouvernement souhaite le renforcement, est déjà légalement obligatoire dès 3 500 habitants. Sur ce point, je m'en remets donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 10.
M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Je voudrais simplement dire, à titre personnel, que ces discussions sur ce type de commissions me paraissent sans intérêt. S'agissant des services publics, on l'a vu avec La Poste dans les zones rurales, la loi a créé des commissions consultatives. L'expérience prouve, et je parle de mon département sous le contrôle de mon collègue Juilhard qui connaît l'expérience de la commission postale, laquelle fonctionne d'ailleurs très bien. Finalement, en matière de service public, c'est celui qui paie qui commande et qui décide. Celui qui râle, c'est celui qui veut payer le moins possible et qui demande toujours plus. En définitive, tout cela, c'est du blablabla. Cela crée des espoirs, sème des promesses ici ou là et cela n'aboutit à rien. Par conséquent, ce genre de choses m'indiffère. Je voulais tout de même le dire au passage. Il faut arrêter d'amuser le tapis avec des « guignolades » de genre ! (Sourires.)
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je voterai l'amendement de la commission.
Je voudrais surtout faire une mise au point. Je déplore d'ailleurs que M. Dreyfus-Schmidt ait quitté l'hémicycle car c'est notamment à lui que je voulais m'adresser.
M. le président. Monsieur Chérioux, vous vous exprimez bien entendu sur l'amendement n° 10...
M. Jean Chérioux. J'ai le droit de parler comme il me convient...
M. le président. Sur l'amendement !
M. Jean Chérioux. ... pendant le temps qui m'est imparti, monsieur le président ! J'ai été vice-président et je connais le règlement de notre assemblée !
Je suis choqué que l'un d'entre nous puisse s'ériger en censeur et dire ce que nous avons le droit de dire et ce que nous n'avons pas le droit de dire. Si nous avons envie de répéter pendant tout le débat que ces dispositions relatives à la démocratie de proximité sont un moyen de créer la confusion et qu'elles vont à l'encontre de la démocratie représentative, nous le ferons. En effet, nous n'avons pas de leçons à recevoir, même d'un aussi grand légiste que notre ami M. Dreyfus-Schmidt.
On parle toujours de démocratie et, finalement, on ne l'applique pas. Si nous ne sommes déjà pas capables de l'appliquer ici, dans cet hémicycle, où va-t-on et quelles arrière-pensées se cachent derrière cette loi ?
M. Patrick Lassourd. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Je suis pleinement d'accord avec la proposition de M. le rapporteur concernant le seuil à partir duquel peuvent être créés des comités consultatifs. Il ne faut pas légiférer et rigidifier. Les choses se passent naturellement dans les communes. S'agissant de sujets comme la distribution de l'eau ou la collecte des ordures ménagères, notamment, le maire prend en général le pouls de ses concitoyens et réunit autour de la table les acteurs concernés.
Monsieur le président, l'amendement n° 273 rectifié bis qui traite de ce sujet pourrait-il être transformé en sous-amendement à l'amendement n° 10 ? je rappelle que l'amendement n° 273 rectifié bis vise à remplacer le mot « créent » par les mots « peuvent créer ». Il s'agit d'une simple possibilité, et non d'une obligation. Je souhaiterais donc que cet amendement soit transformé en sous-amendement.
M. le président. Ce n'est pas possible.
M. Patrick Lassourd. Pourquoi ?
M. le président. Parce que ces deux amendements ne font pas l'objet d'une discussion commune. Je mettrai donc d'abord aux voix l'amendement n° 10, puis nous examinerons l'amendement n° 273 réctifié bis .
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il nous faut trouver un point d'équilibre et je voudrais faire une proposition qui, je l'espère, recevra l'assentiment de notre assemblée.
Je comprends que M. Lardeux, relayé par M. Lassourd, veuille transformer l'obligation en une possibilité. Toutefois, la commission ayant déjà fait un effort important pour porter le seuil de 3 500 habitants à 10 000 habitants, je lui propose - et cela prend en compte son souhait - de nous en tenir à son amendement n° 278 rectifié ter, qui vise, lui, à permettre le maximum de souplesse dans le fonctionnement des commissions consultatives, amendement sur lequel la commission émettra un avis favorable.
Je voudrais dire de même à notre collègue Patrick Lassourd, dont je comprends le souci légitime de favoriser au maximum la souplesse - la commission a d'ailleurs longuement débattu de cette question - qu'il y a parfois dans les textes des points d'équilibre ; ici, ce point se situe entre le niveau du plafond et la souplesse de fonctionnement.
Par conséquent, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je donnerai d'emblée, dans cet esprit, un avis favorable à l'amendement n° 278 rectifié ter si, en contrepartie, vous acceptez que nous nous en tenions pour le reste à l'amendement de la commission. Je le dis parce que le rapporteur pour avis qu'est M. Lassourd sait certainement qu'il est parfois nécessaire, pour parvenir à une position d'équilibre, que chacun fasse un pas afin de permettre aux uns et aux autres de se rejoindre.
Voilà donc une proposition que je crois honnête et équilibrée ; que M. Lardeux sache que, à travers la prise en compte de son amendement n° 278 rectifié ter, qui sera examiné plus tard, nous allons au devant du souhait légitime qu'il exprime à travers l'amendement n° 273 rectifié bis .
M. Patrick Lassourd. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Je tiens à dire que je ne peux qu'être favorable à la proposition si brillamment défendue par M. le rapporteur.
M. André Lardeux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux. Je vais bien sûr me rallier à la suggestion de M. le rapporteur compte tenu de l'explication pleine de sagesse qu'il a exprimée.
Mon objectif, en déposant cet amendement, était d'obtenir la plus grande souplesse possible. En effet, je vois quand même dans ces commissions l'illustration d'une méfiance vis-à-vis des élus, et, en voulant introduire plus de sécurité juridique dans le déroulement des opérations confiées aux collectivités locales, on va encore créer des sujets de contentieux.
En outre, si je puis me permettre de faire un peu de mauvais esprit, peut-être serait-il bon que l'Etat s'applique à lui-même les règles qu'il veut imposer en matière de contrôle de la gestion des collectivités locales ! M. Charasse a rappelé le problème de La Poste. Pour ma part, j'aimerais bien qu'il y ait aussi des commissions locales de sécurité vérifiant que l'Etat applique bien sa politique dans les quartiers où l'on brûle des voitures. (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
J'aimerais aussi que des commissions contrôlent que la violence scolaire est bien jugulée (Mme Borvo s'exclame) et contrôlée par les services de l'Etat.
Mme Nicole Borvo. Avez-vous un contrat local de sécurité ?
M. André Lardeux. Et je pourrais multiplier les exemples !
C'est donc en ce sens que ce genre d'article m'irrite un peu : s'il paraît toujours nécessaire de contrôler les élus, l'Etat, lui, n'a en revanche de comptes à rendre ni à la population ni aux élus qui sont en charge de cette dernière.
Tel était l'esprit dans lequel j'avais déposé l'amendement n° 273 rectifié bis ; mais j'annonce d'ores et déjà, même s'il n'a pas encore été appelé en discussion, que je le retire volontiers afin de me rallier à la proposition de M. le rapporteur.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 10, sur lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 273 rectifié bis, présenté par MM. Lardeux, Doligé, Eckenspieller, Lassourd, Leclerc, Ostermann, Schosteck, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer le mot : "créent" par les mots : "peuvent créer". »
Cet amendement est retiré.
L'amendement n° 11, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« I. - Dans le premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "de la personnalité morale et".
« II. - En conséquence, dans le septième et dans le dernier alinéa du texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "de la personnalité morale et". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement vise à étendre la compétence de la commission consultative des services publics locaux aux régies dotées de l'autonomie financière, mais non de la personnalité morale. Il semble en effet souhaitable d'associer les usagers à leur gestion pour prévenir conflits et contentieux. Il convient par ailleurs d'éviter que l'intervention ou non de la commission consultative devienne un critère dans le choix du mode de gestion.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 11, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 673 rectifié, présenté par MM. Charasse, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première phrase du deuxième alinéa du texte proposé par l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "l'exécutif ou son représentant" par les mots : "le président de l'organe délibérant ou le maire ou leur représentant".
« II. - Dans la seconde phrase du même alinéa, remplacer les mots : "sur proposition du président" par les mots : "sur proposition de son président". »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Cet amendement est surtout rédactionnel. J'avoue ne pas savoir ce que veut dire le mot : « exécutif ». Si le « pouvoir exécutif » et le « pouvoir législatif » ont, en France, une signification juridique, il n'en est pas de même du terme « exécutif » employé en ce qui concerne les collectivités locales, même si cette expression est devenue courante dans la bouche de beaucoup, y compris sans doute quelquefois dans la nôtre. L'exécutif de la commune, c'est le maire ; l'exécutif du conseil général, c'est le président du conseil général.
Or, aujourd'hui, quand on parle de l'« exécutif », on vise à la fois le maire et ses adjoints. C'est la confusion générale ! En réalité, les adjoints n'existent que par le maire et n'exercent que la partie des fonctions que celui-ci veut bien leur déléguer sous sa responsabilité. Par eux-mêmes, les adjoints ne sont rien - excusez-moi de le dire - tout comme le vice-président du conseil général ou le vice-président du conseil régional.
Par conséquent, je propose que l'on supprime ce mot « exécutif », qui ne veut rien dire et ne peut qu'entraîner la confusion dans la mesure où il peut renvoyer à une notion collégiale ; or, dans le commandement, il n'y a pas de collégialité, en tout cas en ce qui concerne la loi communale et la loi départementale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission voudrait connaître l'avis du Gouvernement avant de se prononcer.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Il s'en remet à la sagesse du Sénat. (Sourires.)
M. le président. Quel est, en définitive, l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission émet un avis favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 673 rectifié.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. N'en déplaise à notre collègue M. Dreyfus-Schmidt, qui n'est d'ailleurs pas là, je voudrais intervenir pour conforter et compléter le propos tenu à l'instant par notre excellent collègue Michel Charasse à propos de l'exécutif.
Je suis tout à fait d'accord avec lui : à l'évidence, aux termes de la loi, le patron, c'est le maire. Certes, il y a des adjoints qui sont élus ; mais ce qui compte dans leur qualité d'adjoint, c'est non pas qu'ils soient élus, mais qu'ils aient reçu une délégation. Un certain nombre de villes de France nous ont récemment fourni des exemples qui corroborent le fait : indiscutablement, l'adjoint n'existe que par le maire. Par conséquent, le seul pouvoir exécutif réel dans la commune, c'est le maire.
M. Michel Charasse. Exact !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 673 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.) M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 275 rectifié, présenté par MM. Lardeux, César, Doligé, Dufaut, Eckenspieller, Esneu, Goulet, Gouteyron, Lassourd, Leroy et Ostermann, Mme Rozier et M. Schosteck, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du deuxième alinéa du texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "représentants d'associations locales." par le mot : "habitants.". »
L'amendement n° 467, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du deuxième alinéa du texte proposé par l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "des représentants d'associations locales." par les mots : "des représentants d'associations locales ainsi que des représentants des agents des collectivités locales concernées et des représentants des salariés des entreprises délégataires.". »
La parole est à M. Lardeux, pour défendre l'amendement n° 275 rectifié.
M. André Lardeux. Compte tenu de ce qui a été dit précédemment, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 275 rectifié est retiré.
La parole est à Mme Mathon pour présenter l'amendement n° 467.
Mme Josiane Mathon. Les commissions consultatives des services publics locaux sont l'un des éléments qui permettent de répondre aux besoins de transparence et de démocratisation de la gestion locale, du fait qu'elles sont composées de membres de l'assemblée délibérante et de représentants d'associations locales ; mais les agents des collectivités locales concernées, comme les salariés des entreprises délégataires, sont également des acteurs essentiels de service public, puisqu'ils en assurent l'exécution, et il est donc tout aussi nécessaire qu'ils aient des représentants dans les commissions consultatives.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Vouloir fractionner les interlocuteurs selon la catégorie dont ils relèvent reviendrait à compartimenter les interlocuteurs de la municipalité. A elle de choisir - en l'occurrence, elle a une longue expérience - les interlocuteurs qui lui paraissent les plus aptes à siéger au sein des commissions consultatives.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. La composition des commissions consultatives telle qu'elle procède du projet de loi présente un équilibre entre les élus locaux et le milieu associatif. Je crois à la cohérence et à l'utilité de cet équilibre.
Les représentants des agents des collectivités locales et les représentants des salariés des entreprises délégataires pourront naturellement participer aux débats et aux travaux de la commission. Pour ce faire, la loi permet à toute personne, sur proposition du président de la commission, d'être entendue et de participer aux travaux de cette dernière avec voix consultative. C'est un élément qui devrait conduire au retrait de l'amendement ; dans le cas contraire, le Gouvernement émettrait un avis défavorable.
M. le président. Madame Mathon, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Josiane Mathon. Non, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 467 est retiré.
M. le président. L'amendement n° 12, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Remplacer les huitième et neuvième alinéas du texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales par deux alinéas ainsi rédigés :
« Elle est consultée pour avis par l'assemblée délibérante ou par l'organe délibérant sur :
« 1° Tout projet de délégation de service public, avant que l'assemblée délibérante ou l'organe délibérant se prononce dans les conditions prévues par l'article L. 1411-1 ; ».
Le sous-amendement n° 278 rectifié ter, présenté par M. Lardeux et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Dans le deuxième alinéa de l'amendement n° 12, remplacer le mot : "est" par les mots : "peut être". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 12.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est un simple amendement de précision.
M. le président. La parole est à M. Lardeux, pour présenter le sous-amendement n° 278 rectifié ter.
M. André Lardeux. Ce sous-amendement va dans le sens de la souplesse que les uns et les autres, dans cette enceinte, nous voulons instaurer. Il est plus que jamais nécessaire de rétablir la confiance entre élus et habitants, et donc de ne pas créer de mécanismes pouvant engendrer une méfiance à l'égard des élus ou une contestation de leur légitimité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 278 rectifié ter ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur . La commission émet un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 12 et sur le sous-amendement n° 278 rectifié ter ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. En ce qui concerne le sous-amendement n° 278 rectifié ter, les commissions consultatives doivent constituer des lieux de discussion dans lesquels pourront s'exprimer des usagers des services publics locaux, des associations et les élus. Ces commissions étaient juridiquement obligatoires, même si le Gouvernement en renforce la portée.
Afin de répondre à cet objectif de transparence, il est nécessaire que la consultation des commissions reste obligatoire. Je ne peux donc émettre qu'un avis défavorable sur le sous-amendement n° 278 rectifié ter .
Quant à l'amendement n° 12, il est de nature essentiellement rédactionnelle, comme l'a noté M. le rapporteur. Il rapproche deux rédactions différentes de l'article 6 : l'une qui précise que la commission est saisie avant lancement de la procédure de publicité, l'autre qui dispose qu'elle est saisie avant que l'organe délibérant décide du recours à une délégation de service public.
Le Gouvernement serait favorable à cet amendement si ce dernier précisait encore plus clairement les choses. Il conviendrait d'indiquer que l'avis de la commission est requis avant que la collectivité locale prenne la décision de principe prévue à l'article L. 1411-4 du code général des collectivités territoriales de recourir à une délégation de service public.
Je suggère donc à la commission de rectifier son amendement pour remplacer la référence à l'article L. 1411-1 par la référence à l'article L. 1411-4 du code précité. Sous cette réserve, je suis favorable à cet amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur, souscrivez-vous à la suggestion de M. le ministre ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Oui, monsieur le président. Bien entendu, la commission confirme l'avis favorable qu'elle a émis sur le sous-amendement de M. Lardeux.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 12 rectifié, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, et ainsi libellé :
« Remplacer les huitième et neuvième alinéas du texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales par deux alinéas ainsi rédigés :
« Elle est consultée pour avis par l'assemblée délibérante ou par l'organe délibérant sur :
« 1° Tout projet de délégation de service public, avant que l'assemblée délibérante ou l'organe délibértant se prononce dans les conditions prévues par l'article L. 1411-4 ; ».
Je mets aux voix le sous-amendement n° 278 rectifié ter, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 12 rectifié, modifié.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 6, modifié.
L'article 6 est adopté.)

Article 6 bis



M. le président.
« Art. 6 bis. - La dernière phrase de l'article L. 2141-1 du code général des collectivités territoriales est complétée par les mots : "non plus qu'à la faculté qu'ont les autorités communales de consulter, dans le cadre de leurs compétences, les personnes concernées par des décisions municipales". »
L'amendement n° 13, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 6 bis. »
La parole est à M. le rapporteur.

M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'article 6 bis a été introduit par l'Assemblée nationale. Dans une rédaction approximative, il énonce une évidence, à savoir la possibilité qu'ont les autorités municipales de s'entourer d'avis. Or, cette possibilité, les autorités municipales n'ont pas attendu un texte pour la mettre en pratique. Elle fait partie de la vie quotidienne de toute municipalité. C'est la raison pour laquelle la commission propose la suppression de cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 13, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 bis est supprimé.

Article 6 ter



M. le président.
« Art. 6 ter . - I. - L'article L. 2142-1 du code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
« 1° Le mot : "électeurs" est remplacé par deux fois par le mot : "habitants" ;
« 2° Il est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Les personnes de plus de dix-huit ans non inscrites sur les listes électorales de la commune participent à la consultation si elles y ont leur domicile réel ou si leur résidence dans la commune a un caractère continu. »
« II. - L'article L. 5211-49 du même code est ainsi modifié :
« 1° Dans le premier alinéa, le mot : "électeurs" est remplacé par le mot : "habitants" ;
« 2° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Les personnes de plus de dix-huit ans non inscrites sur les listes électorales dans les communes membres de l'établissement public de coopération intercommunale participent à la consultation si elles ont leur domicile réel dans l'une de ces communes ou si leur résidence y a un caractère continu. »
L'amendement n° 14, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 6 ter . »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Nous abordons de nouveau un débat que nous avons déjà eu avant l'article 1er : celui qui consiste à savoir si ce sont les électeurs ou les habitants qui participent aux consultations locales.
Les dispositions figurant à l'article 6 ter soulèvent des difficultés réelles.
Tout d'abord, la tenue des listes d'habitants semble difficile, celles-ci devant être mises à jour en permanence, une consultation étant susceptible d'intervenir à tout moment et le présent article ne précise pas à qui cette mise à jour est confiée.
Par ailleurs, les conditions requises pour participer à une consultation locale sont particulièrement souples. En l'absence de précision, la perte de la capacité politique ne semblerait plus devoir entraîner une privatisation du droit de vote.
M. Jean-Paul Delevoye. Absolument !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Enfin, il n'est pas opportun de dissocier le corps électoral, seul investi du pouvoir de décision pour le choix des autorités municipales, du corps des personnes consultées.
La question de l'association des habitants dans des consultations locales et celle de leur participation aux élections municipales paraissent ainsi indissociables. Or reconnaître aux personnes n'ayant pas la nationalité française le droit de vote suppose, nous l'avons rappelé hier, une révision préalable de la Constitution.
Voilà pourquoi la commission a estimé devoir présenter cet amendement de suppression.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'article 6 ter étant techniquement imparfait, je me rallie à la proposition de la commission.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 14, accepté par le Gouvernement.
Mme Nicole Borvo. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 ter est supprimé.

Article 7



M. le président.
« Art. 7. - I. - Au premier alinéa de l'article L. 2131-1 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "leur publication", sont insérés les mots : "ou affichage".
« II. - A l'article L. 2131-3 du même code, après les mots : "leur publication", sont insérés les mots : "ou affichage".
« III. - Au premier alinéa de l'article L. 3131-1 du même code, après les mots : "leur publication", sont insérés les mots : "ou affichage".
« IV. - A l'article L. 3131-4 du même code, après les mots : "leur publication", sont insérés les mots : "ou affichage".
« V. - Au premier alinéa de l'article L. 4141-1 du même code, après les mots : "leur publication", sont insérés les mots : "ou affichage".
« VI. - A l'article L. 4141-4 du même code, après les mots : "leur publication", sont insérés les mots : "ou affichage".
« VII. - La publication ou l'affichage de ces actes peut également être organisée, à titre complémentaire mais non exclusif, sur support numérique. » - (Adopté.)

Article 7 bis



M. le président.
« Art. 7 bis . - Chaque commune de plus de 50 000 habitants se dote, après délibération du conseil municipal, d'un bureau des temps. Celui-ci favorise l'harmonisation des horaires des services publics avec les besoins des usagers en tenant compte des contraintes résultant de leur vie familiale et professionnelle. A cette fin, il mène sous l'autorité du maire les concertations nécessaires et peut consulter, le cas échéant, les conseils de quartier.
« Les établissements publics de coopération intercommunale regroupant une population de plus de 50 000 habitants peuvent également se doter d'un bureau des temps après délibération de leur organe délibérant. »
L'amendement n° 15, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 7 bis . »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit de l'institution de bureaux des temps, innovation incontestable - je rends hommage au Gouvernement de ne pas l'avoir prévue dans le projet de loi initial - qui a été introduite, après mûre réflexion, par l'Assemblée nationale.
Pourquoi la commission des lois propose-t-elle sa suppression tout en encourageant le développement de telles expériences ?
Le bureau des temps, nous a-t-on dit, s'inspire de ce qui existe en Italie. Or, au cours des auditions de spécialistes du droit des collectivités locales à l'échelon européen auxquelles la commission a procédé, elle n'a pas reçu, comme elle l'espérait, de réponses précises sur les modalités de fonctionnement des bureaux des temps en Italie. La latitude peut sans doute expliquer, ici ou là, la naissance d'un tel bureau des temps. Mais sa transposition ailleurs n'est pas forcément opportune.
Il s'agit, de surcroît, d'un dispositif contraignant, prématuré et, à notre sens, contraire au principe de la libre administration des collectivités territoriales. Nous proposons donc, en l'état actuel de supprimer cet article.
Mme Jacqueline Gourault. Bravo !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Tout le monde, je crois, s'accorde à penser que le principe du bureau des temps est bon. M. le rapporteur ne l'a d'ailleurs pas nié. Je crois simplement que la rédaction de l'article est très perfectible. Je m'en remets donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 15.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je parlais tout à l'heure du caractère étrange de nos discussions. La rédaction de cet article ne l'est pas moins.
Relisons le début de l'article : « Chaque commune de plus de 50 000 habitants se dote - écoutez la perle ! - après délibération du conseil municipal... », ce qui signifie que certaines décisions de la commune pourraient ne pas émaner du conseil municipal !
Une telle rédaction ne peut vraiment provenir que de gens qui, manifestement, ne connaissent rien à la vie municipale.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Nous sommes en présence d'un gadget, d'un gadget parisien d'ailleurs, ce qui explique l'attitude un peu gênée de M. le ministre. Il sait très bien que cette disposition ne vaut pas grand-chose, mais, comme il appartient à la majorité municipale qui a décidé de la nomination d'un adjoint chargé du bureau des temps à la ville de Paris, il ne peut pas dire qu'il est contre.
Pour ma part, je trouve cela affligeant dans la mesure où il s'agit de problèmes sérieux.
Ce qui compte avant tout est de conserver l'esprit républicain et citoyen. Mais qu'est-ce qu'une République sinon un système qui repose sur le privilège donné aux citoyens d'élire des représentants, qui ont seuls le droit d'engager l'ensemble de la population. Et que fait-on ? On crée des gadgets ; on fait de la démocratie de proximité ; on crée des comités de quartier, etc.
Je ne suis pas contre la concertation, bien au contraire, car elle est utile. Mais, en l'occurrence, je le répète, de telles mesures ne sont pas nécessaires : soit elles ne s'appliquent pas dans les petites communes, soit, dans les grandes villes, en particulier celles qui sont soumises à la loi PLM, elles risquent de créer la confusion.
On parle sans cesse de transparence, de clarté, mais, parallèlement, on s'efforce d'embrouiller les choses. Soyons sérieux ! N'ayons pas un double langage ! Peut-être y a-t-il derrière tout cela certaine volonté plus ou moins politicienne ; je ne veux faire de procès à quiconque, mais, derrière tout cela, n'y a-t-il pas quelque souci de manipulation, certains agissements que l'on voudrait cacher ?
Pour moi, la République et la démocratie sont des concepts clairs : les citoyens élisent leurs représentants et leur font confiance. Si ces réprésentants ne répondent pas à leur attente, ils ne les réélisent pas. Un point c'est tout !
Mme Nicole Borvo. Vous en savez quelque chose !
M. Jean Chérioux. C'est d'ailleurs peut-être à la suite de l'expérience des dernières élections municipales que de telles idées sont nées dans l'esprit de la majorité qui nous gouverne !
M. Jean-Yves Mano. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mano.
M. Jean-Yves Mano. Mes chers collègues, le bureau des temps est une innovation, certes, mais une innovation qui résulte de l'évolution rapide de la société. A l'évidence, la société évolue tellement vite qu'on a du mal à suivre.
Il s'agit donc d'une innovation intéressante qui permettrait aux citoyens de faire connaître leur sentiment sur l'adaptation des services publics au nouveau rythme de vie.
M. Louis Moinard. Il faut donner du temps au temps !
Mme Jacqueline Gourault. Il y a déjà les 35 heures !
M. Jean-Yves Mano. Dès lors, je ne vois pas comment on peut être contre une initiative de ce type. Des expériences extrêmement positives ont été menées dans certains pays étrangers. Paris, Lille et d'autres villes de France vont dans ce sens ; c'est une bonne chose, et j'encourage nos collègues à soutenir cette disposition.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 15, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 7 bis est supprimé.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix heures cinquante-cinq, est reprise à onze heures dix.)

M. le président. La séance est reprise.

Article 7 ter



M. le président.
« Art. 7 ter . - Les membres des organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre seront élus au suffrage universel direct le même jour que les conseils municipaux dans les conditions définies par une loi ultérieure en garantissant la représentation de chaque commune par au moins un siège. Sans préjuger des modalités de scrutin retenues, celles-ci devront respecter les principes définis dans la loi n° 2000-493 du 6 juin 2000 tendant à favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives. »
Sur l'article, la parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'article 7 ter, introduit dans le présent projet de loi lors du débat à l'Assemblée nationale, est loin d'être anodin. On ne peut inscrire dans la loi le principe de l'élection des membres des EPCI sans réflexion approfondie ni concertation préalable.
Il me semble au moins prématuré, sinon dangereux, de voter une telle disposition, et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, comme l'a souligné le président Christian Poncelet lors du congrès de l'Association des maires de France, « l'élection directe des instances intercommunales consacrera, de fait, la naissance d'une nouvelle catégorie de collectivités locales ». C'est, par conséquent, une disposition beaucoup trop lourde de conséquences pour être prise ainsi, au détour d'un amendement, sans réflexion préalable et surtout sans aucune précision quant à ses modalités concrètes d'application.
Deuxièmement, une telle mesure de portée générale ne tiendrait nullement compte de la diversité des structures intercommunales tant du point de vue des compétences qu'au regard du nombre de communes intégrées.
Il conviendrait, à mon sens, d'attendre que le processus engagé de regroupement intercommunal atteigne un niveau de maturité suffisant ainsi qu'un développement plus harmonieux.
Par ailleurs, si nous prévoyons, comme le propose notre commission des lois, l'élection des conseils communautaires le même jour que les conseils municipaux, il faudrait auparavant procéder à une unification des modes de scrutin municipaux. En effet, si une telle concomitance des scrutins semble tout à fait envisageable dans le cadre du scrutin proportionnel, elle paraît beaucoup plus problématique lorsque le panachage est possible.
Davantage de réflexion et de préparation s'impose donc.
Au-delà de ces questions à caractère « institutionnel », il convient aussi d'évoquer les conséquences pratiques qu'aurait une telle mesure, notamment en termes d'efficacité. Or, là encore, il est permis de douter de sa pertinence.
Tout d'abord, si l'on prévoit l'organisation des scrutins intercommunal et municipal le même jour, qu'adviendra-t-il lorsque qu'une commune souhaitera rejoindre un EPCI entre deux élections ? Devra-t-elle patienter ou devra-t-on organiser un nouveau scrutin ?
Le développement de la coopération intercommunale est non seulement un processus lent qui n'a pas encore atteint sa phase de maturité, mais aussi et surtout un processus dont la réussite dépend de la bonne volonté de chaque commune. Il convient, par conséquent, de ne pas froisser les susceptibilités et d'être le plus flexible possible.
L'élection directe, surtout si elle se déroule le même jour que celle des conseils municipaux, risque de décourager les bonnes volontés et de remettre en question le long travail de persuasion que mènent les présidents d'EPCI pour vaincre les réticences de certains maires à les rejoindre.
Et si l'on considère la vie quotidienne des conseils communautaires, cette impression est renforcée. En effet, la prise de décision au sein des EPCI est loin d'être aisée du fait des attitudes de repli de certaines communes ou, plus simplement, de la confrontation d'intérêts parfois - et normalement - divergents. Je pense notamment à l'opposition traditionnelle entre commune-centre et communes périphériques. Ces difficultés sont déjà présentes alors même que les membres des EPCI sont librement désignés sur la base du volontariat. Qu'adviendra-t-il si ces membres sont élus et font partie de l'opposition municipale ?
Il est déjà suffisamment difficile de gérer certaines divergences entre communes pour ne pas laisser les divergences existant au sein de chaque conseil municipal venir parasiter le processus décisionnel intercommunal. Ce qui serait gagné en transparence et en démocratie serait ainsi perdu en efficacité. Il est par conséquent urgent d'attendre et de réfléchir aux conséquences d'une telle mesure, d'autant que notre priorité actuelle est de favoriser le regroupement communal et le développement de l'intercommunalité de projet.
En conclusion, je ne pourrai voter l'introduction de l'élection des membres des EPCI au suffrage universel, quelles qu'en soient les modalités pratiques. A la limite, seule l'élection directe du président des EPCI me paraîtrait acceptable. Cette proposition fait l'objet d'un amendement que je défendrai dans quelques instants.
M. le président. La parole est à M. Biwer.
M. Claude Biwer. L'article 7 ter, qui a été introduit par l'Assemblée nationale, fixe le principe de l'élection au suffrage universel direct des délégués des communes des organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre et renvoie à une loi ultérieure ses modalités d'application.
Je suis, pour ma part, résolument hostile à cette réforme, et c'est la raison pour laquelle j'ai déposé un amendement de suppression du présent article.
Je ne méconnais pas les arguments avancés pour expliquer l'apparente nécessité d'une telle évolution, notamment le fait que les EPCI à fiscalité propre gèrent des budgets de plus en plus importants sans qu'un véritable « contrôle démocratique » soit exercé sur ces derniers, ou encore une supposée absence de « transparence » dans leur gestion. Mais qu'on les oblige alors à diffuser un maximum d'informations, non seulement à l'intention des conseils municipaux des communes membres, comme l'a prévu la loi de 1999, mais également à l'intention de la population !
Croire que parce que les délégués communautaires seront élus au suffrage universel, la gestion des communautés de communes, d'agglomération ou urbaines apparaîtra aux yeux de nos concitoyens plus « transparente » est une vue de l'esprit : si les conseils communautaires, même élus au suffrage universel direct, ne diffusent pas plus d'information qu'à l'heure actuelle, rien ne changera.
Mais, surtout, nul ne le peut nier, un EPCI doté d'une fiscalité propre dont les membres de l'organe délibérant sont élus au suffrage universel devient de facto une nouvelle collectivité territoriale et devra, au surplus, nécessairement bénéficier d'une représentation au sein du corps électoral sénatorial. Cela me conduit à penser que le projet de loi ultérieur concernera le Sénat et devra, de ce fait même, être adopté dans les mêmes termes que l'Assemblée nationale par notre Haute Assemblée.
Est-il opportun de créer une nouvelle collectivité territoriale ? Très franchement, je ne le pense pas. Et nos collègues Jean-Paul Delevoye et Daniel Hoeffel ne le pensent sans doute pas davantage, puisqu'ils critiquaient, voilà de longs mois déjà, dans leur rapport d'étape sur la décentralisation, « l'empilement administratif » de notre pays.
Cette réforme conduira-t-elle à proposer à terme la suppression d'une voire de deux collectivités territoriales existantes ? Tel est bien le véritable enjeu de cette réforme !
Nul doute que, si les organes délibérants des EPCI sont élus au suffrage universel, de bons esprits ne manqueront pas de nous dire très rapidement que, dans la mesure où ces communautés sont de plus en plus fiscalement intégrées et exercent de plus en plus grandes compétences, il convient dès lors de supprimer les communes - voire, pourquoi pas les départements ? - afin de ne laisser subsister que l'intercommunalité, la région, et ce qu'il reste de l'Etat et de l'Europe !
Une telle éventualité doit être prise très au sérieux et, pour ma part, je ne peux que la combattre. La suppression de l'échelon communal constituerait une très grave erreur, les élus municipaux rendant, en effet, d'inestimables services à la population.
Pour toutes ces raisons, je m'oppose fermement à cet article 7 ter, dont l'adoption aurait des conséquences incalculables.
J'ajoute qu'il est pour le moins singulier de nous demander d'adopter un principe dont on ne connaît même pas véritablement les modalités d'application tout en sachant d'ores et déjà qu'elles seront particulièrement difficiles à respecter pour les communes de moins de 3 500 habitants.
Mes chers collègues, je vous en conjure, mesurez bien la portée de votre vote : les grands électeurs qui nous ont fait confiance, à savoir les maires et les délégués des conseils municipaux, ne nous ont certainement pas mandatés pour favoriser la disparition des communes ! Or la réforme qui nous est proposée y conduira inéluctablement. Il convient donc de la rejeter !
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires est l'un des points clés du projet de loi que nous sommes en train d'examiner.
Il ne fait plus de doute que le formidable développement de l'intercommunalité est l'une des dynamiques de décentralisation les plus tangibles et les plus réussies de ces dernières décennies. Sa particularité, c'est qu'il s'agit, pour une fois, non pas d'un mouvement enclenché depuis le sommet de l'Etat, mais bien d'un véritable mouvement issu de la base, impulsé par les élus locaux eux-mêmes. C'est ce qui fait tout son succès. On l'a d'ailleurs, à juste titre, qualifiée de « révolution silencieuse » ou de « révolution tranquille ».
Que le Gouvernement, avec les loi de 1992 et 1999, ait facilité et accompagné son extension, nous considérons que c'était une très bonne chose ; mais que l'Etat veuille continuer à recentraliser, cela, nous ne le voulons pas ! Or, si le Gouvernement ne cesse de parler de décentralisation, il n'arrête pas - nous le constatons chaque jour - de recentraliser, de diriger et d'enrégimenter.
Comme les structures intercommunales sont en train de prendre de plus en plus d'importance, le Gouvernement s'y attaque aujourd'hui, et il parviendra à ses fins si nous ne nous y opposons pas, puisqu'il en a la compétence - à travers le législateur - les moyens et, surtout, une formidable envie !
Ce qui est en jeu, dans cet article 7 ter, c'est la relation entre les communautés et les communes et, disons-le franchement, l'avenir même des communes, surtout celui des petites communes. On a beaucoup raillé l'exception française des 36 000 communes, et certains, comme notre collègue Pierre Mauroy nous l'a fait comprendre, avant-hier encore, ne cachent pas leur volonté d'en réduire le nombre et de se servir de l'intercommunalité pour faire disparaître, peu ou prou, l'échelon communal.
Cette conception de l'intercommunalité, mes chers collègues, a un nom : c'est la supracommunalité, qui n'a rien à voir avec l'intercommunalité telle que nous la vivons aujourd'hui et que nous voulons la renforcer pour demain. La supracommunalité a ses partisans ; je les respecte, mais, je vous le dis, je n'en suis pas. Ma conception de l'intercommunalité, c'est qu'elle doit être au service des communes et leur permettre, en toute liberté et grâce au principe de subsidiarité, de déléguer - tout en les contrôlant - certaines compétences et la réalisation de projets qui dépassent le cadre de leurs seuls moyens aux EPCI auxquelles elles appartiennent.
L'intercommunalité est le moyen qu'ont inventé les élus - et non l'Etat, je le répète - pour permettre aux communes, surtout aux plus petites d'entre elles et à celles qui sont le plus en difficulté, de résoudre leurs problèmes, mais ce n'est en tout cas par le moyen de faire disparaître les communes elles-mêmes.
Nos communes, façonnées par notre histoire et nos spécifités locales, doivent rester les échelons de base de la démocratie et de l'exercice de la citoyenneté. Leur nombre, leur diversité et le maillage du territoire qu'elles assurent sont une richesse inestimable qu'il faut impérativement préserver et mettre en valeur. Elles ne sont pas, comme le dit Pierre Mauroy, qui voudrait les supprimer, un « handicap ».
L'important, monsieur le ministre, mes chers collègues, est que nous inscrivions dans le marbre, avant tout changement, notre volonté intangible de ne jamais mettre en péril l'existence de la commune mais, au contraire, de tout faire pour la conserver. Si nous nous accordons sur ce point et que nous scellons cette volonté dans la loi, alors nous pourrons discuter de toutes les modalités que l'on nous propose, et même de l'élection au suffrage universel direct des délégués intercommunaux, puisqu'il paraît que c'est à la mode et que cela leur donnerait plus de légitimité démocratique - ce que, personnellement, je conteste...
M. Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. Dominique Braye. ... dans la mesure où les délégués intercommunaux actuellement élus par les conseils municipaux ont une parfaite légitimité institutionnelle, cela a été démontré à de nombreuses reprises.
Il est vrai que, aujourd'hui, quand des élus ont prononcé les mots de légitimité et de démocratie, ils ont tout dit, et cela leur permet tout, notamment de se comporter souvent de façon plus dirigiste, et donc plus anti-démocratique.
Qu'au moins les choses soient claires : le choix est entre le maintien d'une intercommunalité reposant sur la liberté, la subsidiarité et la pérennité des communes, et l'évolution avouée vers la supracommunalité. Or, mes chers collègues, la rédaction de l'article 7 ter est pour le moins équivoque, car elle instaure le principe de l'élection des conseillers communautaires au suffrage universel direct, mais précise aussitôt après : « dans les conditions définies par une loi ultérieure ».
Vous ne pouvez pas nous demander, monsieur le ministre, de vous signer un chèque en blanc sur l'avenir et d'ouvrir ainsi la boîte de Pandore !
Voilà pourquoi j'ai cosigné l'amendement de suppression de cet article 7 ter, dont la lettre étrangement vague me fait craindre qu'il ne soit sous-tendu par un esprit beaucoup plus précis que je ne veux en aucun cas cautionner. Pas de clarté, pas de blanc-seing !
Vous voulez plus de démocratie de proximité ? Alors faites davantage confiance, monsieur le ministre, à ceux qui l'exercent au quotidien, au plus près du citoyen !
M. le président. Mon cher collègue, veuillez conclure ! J'ai été très indulgent, et vous avez largement dépassé votre temps de parole.
M. Jean-Pierre Schosteck. Il dit pourtant de belles choses !
M. Dominique Braye. Je conclus, monsieur le président.
Mes chers collègues, les conditions de la clarté ne sont pas aujourd'hui réunies, car siègent dans cet hémicycle trois catégories de sénateurs favorables à cet article 7 ter .

Premièrement, il y a ceux qui - ils l'ont déclaré franchement - souhaitent la disparition des communes, mais savent qu'ils ne peuvent arriver à leurs fins dès aujourd'hui ; ils considèrent alors l'élection au suffrage universel direct des délégués intercommunaux comme une première étape à dépasser le plus rapidement possible.
M. Jean-Claude Peyronnet. Mais non !
M. Dominique Braye. Deuxièmement, il y a ceux qui souhaitent la disparition des communes sans l'avouer, voire sans en avoir conscience.
Troisièmement, enfin, il y a ceux qui souhaitent ardemment la persistance de la commune et qui, pour de multiples raisons, acceptent ou souhaitent l'élection au suffrage universel direct, sous certaines conditions. Je fais partie de ceux-là.
Cet article 7 ter est si peu clair que nous sommes nombreux, fût-ce pour des raisons différentes, voire opposées, à nous y opposer ! (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. L'article 7 ter instaure le suffrage universel direct pour l'élection des délégués des établissements publics de coopération intercommunale. Nous avons regretté, nous l'avons dit dans la discussion générale, qu'une telle disposition ait été proposée et adoptée dans la précipitation par l'Assemblée nationale. La prochaine élection aura lieu en 2007. Il n'était donc pas nécessaire de se prononcer si vite !
Nous ne sommes pas opposés, nous l'avons dit à plusieurs reprises, à l'idée d'élire les conseillers communautaires au suffrage universel direct. Mais le texte adopté à l'Assemblée nationale prévoit de renvoyer à une loi ultérieure les modalités concrètes du scrutin. Ainsi que le disait hier mon collègue Gérard Le Cam, cet article 7 ter , dans sa rédaction actuelle, trop floue, soulève trop de questions auxquelles nous nous devons de répondre.
De son côté, la commission des lois propose un certain nombre de modalités prenant en compte les suggestions formulées lors du congrès des maires de France par son président, mais aussi, je le rappelle pour mémoire, dans les interventions du Président de la République, du Premier ministre et de vous-même, monsieur le ministre de l'intérieur.
Pour notre part, nous sommes convaincus qu'il faut se donner le temps de la réflexion. En effet, il nous semble utile d'évaluer l'expérience de l'intercommunalité depuis la loi Chevènement, afin d'être en mesure de répondre dans les meilleures conditions à la perspective de 2007.
Cette réflexion se doit de prendre en compte l'existence et le rôle des communes, qui reste primordial. Sur ce point, nous partageons l'inquiétude de nombreux maires quant au risque d'effacement de ces entités, de ces organisations vivantes, nécessaires à la démocratie, que sont les communes. Ce n'est pas en les affaiblissant que nous atteindrons l'objectif du présent projet de loi, à savoir le rapprochement du citoyen et du politique, et sa participation aux affaires publiques.
La commission des lois s'est réunie de nouveau ce matin sur cette question. Une évolution significative s'est produite, puisque le principe d'une composition de l'exécutif de la structure intercommunale émanant des conseils municipaux, mais aussi des conseils d'arrondissement, a été prise en compte.
Mon ami et collègue Gérard Le Cam, je l'ai déjà dit, avait avancé cette hypothèse. Nous pensons que c'est la voie de la sagesse.
Comment ne pas nous satisfaire que notre voeu soit entendu ? La rédaction proposée par la commission nous convient, car, pour nous, le débat doit se poursuivre. Il reste, par exemple, à régler la question des groupes d'opposition siégeant dans les conseils municipaux et de leur représentation au sein des EPCI.
Pour toutes ces raisons, il faut prendre le temps nécessaire au débat. Il faut poursuivre la réflexion, et la proposition de la commission des lois va effectivement dans le bon sens. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. René Garrec, président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Masson.
M. Jean-Louis Masson. La proposition qui nous est soumise aujourd'hui aura de très lourdes conséquences et il est tout à fait regrettable que nous prenions une telle décision de manière un peu rapide.
C'est véritablement un problème de principe qui est posé. Jusqu'à présent, nous avons bâti l'intercommunalité sur un système de coopération, de fédération entre les communes. Aujourd'hui, on nous propose de passer de l'intercommunalité à la supracommunalité, c'est-à-dire à une véritable hiérarchie, avec des structures intercommunales qui seraient au-dessus des communes et sur lesquelles celles-ci n'auraient plus aucun droit de regard.
Pour ma part, je suis radicalement hostile au principe même de l'élection au suffrage universel des délégués des communes au sein des organismes de l'intercommunalité.
Par ailleurs, je tiens à attirer votre attention sur deux problèmes qui me paraissent importants et qui mériteraient d'être pris en compte.
Le premier concerne la représentation des groupes minoritaires des conseils municipaux au sein de l'intercommunalité. Les élections municipales, dans les communes de plus de 3 500 habitants, permettent l'expression d'une majorité forte mais aussi celle des minorités. Il serait donc logique que, dans ces communes, les conseils municipaux désignent les délégués à l'intercommunalité par le biais d'une élection à la proportionnelle, afin que des élus de toutes sensibilités soient les porte-parole de la population de la commune.
Le second problème, qui me tient particulièrement à coeur, est la présidence de l'intercommunalité.
Autant je suis hostile à ce que les communes soient court-circuitées par une élection directe des délégués, autant la désignation au suffrage universel du président de l'intercommunalité me semblerait constituer un progrès important pour cette dernière. (Exclamations sur les travées socialistes ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Chacun en pense ce qu'il veut !
Ainsi, le président de l'intercommunalité ne serait pas l'émanation d'une commune ou d'un groupe de communes, mais, au contraire, le représentant de toute la population.
Tel est le sens de l'amendement que j'ai déposé sur ce point.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Sans revenir sur la position qui sera exprimée tout à l'heure par mes amis du groupe socialiste, je tiens, à ce stade de la discussion, à faire part des doutes que m'inspire l'article 7 ter, qui ne figurait pas dans le projet de loi d'origine et qui a été ajouté sur l'initiative, comme c'est son droit, de l'Assemblée nationale.
Il y a, en France, un principe devenu fondamental, même s'il n'a pas été expressément inscrit dans nos textes les plus sacrés, selon lequel celui qui vote l'impôt doit être élu au suffrage universel.
Il n'est pas d'exemple contraire, jusqu'à présent, sauf en ce qui concerne les membres des groupements pour lesquels il avait été admis que c'étaient des élus du suffrage indirect, c'est-à-dire des élus représentants des collectivités membres du groupement. Mais ce sont des élus du suffrage universel puisque, nous le savons tout particulièrement, nous, sénateurs, la Constitution dispose que le suffrage, qu'il soit direct ou indirect, est toujours universel, égal et secret.
Après tout, comme c'est le seul cas où ce sont des élus du suffrage indirect qui votent l'impôt, que l'on souhaite qu'ils soient des élus du suffrage direct ne me choque pas.
Seulement, mes chers collègues et la navette ne sera sans doute pas inutile...
M. Henri de Raincourt. L'urgence est déclarée.
M. Michel Charasse. ... pouvons-nous librement, nous, législateurs de base, faire élire les conseils des groupements à fiscalité propre au suffrage universel direct sans méconnaître gravement la Constitution ? Je pose cette question pour une raison très simple : le suffrage universel direct, n'en déplaise à un certain nombre de personnes extérieures à nos assemblées, n'est pas un système avec lequel on peut s'amuser. Ce n'est pas un service à la carte.
Les cas où le suffrage universel entre en jeu sont limitativement prévus par la Constitution. Il s'agit de l'élection du Président de la République, de l'élection des députés, des sénateurs avec le suffrage indirect mais universel, et les conseils des collectivités territoriales.
On peut ajouter à cette liste les membres du Parlement européen, mais le Conseil constitutionnel a déclaré que le Parlement européen ne faisait pas partie de l'ordre institutionnel français. Cela signifie que, lorsque l'on fait partie de l'ordre institutionnel français, les cas où il y a élection au suffrage universel sont limitativement prévus par la Constitution.
Je ne parle pas des cas de référendum, qui sont limitativement énumérés et qui n'ont d'ailleurs pas été contredits par la création de référendums locaux puisque ceux-ci n'ont qu'une valeur consultative alors que les seuls référendums décisionnels sont ceux qui sont prévus par la Constitution.
Mes chers collègues, je me pose la question de savoir si l'on peut concevoir que le Parlement pourrait seul créer des procédures d'appel au suffrage universel ayant pour objet de remettre en cause la souveraineté et le suffrage universel, c'est-à-dire faire en sorte que l'un contredise l'autre. Après tout, c'est parfaitement possible, techniquement et juridiquement.
Monsieur le ministre, je ne sais pas quel sort le Sénat réservera à toute cette affaire, mais je souhaiterais que tout cela soit présent dans les esprits, tout au long de la navette.
Je souhaiterais, en particulier, que nous ayons le courage, les uns et les autres, d'amorcer la réflexion qui s'impose. Face au mouvement d'intercommunalité qui est justifié, que nous avons voulu et qui est sans doute inévitable, quelle est la place des communes ? Peut-on faire élire les délégués de l'intercommunalité sans créer - c'est la seule porte que nous ouvre la Constitution - une nouvelle catégorie de collectivité territoriale dont ses représentants, dans ce cas-là, pourront être élus sans problème au suffrage universel ? Mais alors, quelles conséquences en tirer pour les communes ?
A un moment, le rêve doit conduire à déchirer le rideau et à présenter l'ensemble du spectacle tel qu'il est.
MM. Jean-Paul Delevoye et Patrick Lassourd. Absolument !
M. Michel Charasse. Je ne suis pas contre !... Mais on ne peut pas continuer à faire croire aux maires que l'on ne va jamais rien changer, nulle part et indéfiniment, alors que, si l'on engage ce processus et si le Conseil constitutionnel devait nous imposer de créer de nouvelles catégories de collectivités territoriales - ce qui me paraît logique -, se pose la question des communes.
Si nous demeurons dans l'incertitude, je vous le dis, monsieur le ministre, nous assisterons, d'ici aux prochaines élections, au détricotage rapide de l'intercommunalité que nous avons eu tant de mal à mettre en place et à faire accepter dans les esprits, ce qui, sans nul doute, ne favorisera pas l'administration du territoire.
Pour conclure, monsieur le président, je dirai que j'ai toujours considéré qu'il n'était pas tenable que les deux tiers des affaires quotidiennes des Français - c'est un sénateur qui le dit ! - soient gérées désormais par des élus du suffrage indirect alors que, jusqu'à présent, ces affaires-là relevaient d'élus du suffrage direct. Cela me paraît être une régression, même si je connais les avantages du suffrage indirect et le rôle que le Sénat joue dans le jeu parlementaire.
Je crois qu'il est désormais logique de passer au suffrage direct. Mais, attention ! il faut en tirer toutes les conséquences.
Enfin, si nous pouvions, demain, faire du suffrage universel à tout propos et n'importe quand, n'importe comment et n'importe où, cela voudrait dire que la souveraineté nationale, à terme, risquerait d'être fortement menacée, avec toutes les conséquences que cela implique.
Voilà, monsieur le ministre, ce que je voulais vous dire, pour que vous puissiez, le moment venu, devant l'Assemblée nationale, puisque le choix du Sénat ne fait peut-être pas de doute, rappeler à nos collègues députés que la République a des règles et que ce n'est pas parce que c'est écrit que c'est bien que nous devons nous asseoir sur elles, d'autant plus que ce genre de discussion est sans doute sans grande incidence sur le vote des Français dans quelques mois. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Lecerf.
M. Jean-René Lecerf. Monsieur le président, mes chers collègues, le fait de m'exprimer sur l'article 7 ter me permet d'indiquer d'ores et déjà que les sous-amendements n°s 351 et 260 que j'avais déposés à l'amendement n° 16 de la commission des lois n'ont plus d'objet.
La décentralisation me semble être l'un des thèmes fondamentaux sur lesquels il faut éviter tout manichéisme. J'ai entendu hier nos collègues de gauche revendiquer la paternité quasi exclusive de la décentralisation. Pour ma part, je considère au contraire que la décentralisation et la loi de 1982 se situent dans la continuité des textes de 1959 et de 1970. Ces textes visaient à alléger la tutelle, et ils furent largement approfondis par la loi de 1982, qui est une bonne loi.
Sur cet aspect de la politique de décentralisation, il y a donc, selon moi, continuité beaucoup plus que rupture.
Eviter tout manichéisme, c'est constater que la notion d'établissement public de coopération intercommunale est, en fait, une étiquette qui recouvre des réalités diverses.
Je sors, comme un bon nombre d'entre nous, d'une campagne sénatoriale récente et j'ai pu constater, dans le département du Nord dont je suis l'élu, que je n'ai guère rencontré de membres de conseils municipaux ou d'élus de communautés de communes dans les secteurs ruraux ou dans les secteurs périurbains qui soient favorables à l'élection au suffrage universel direct des représentants des intercommunalités, alors que, dans la communauté de Lille, par exemple, je n'ai guère rencontré d'élus municipaux qui y soient hostiles.
J'en déduis qu'il y a peut-être une première réflexion à faire pour opérer une distinction entre, d'un côté, les communautés urbaines et les communautés d'agglomération et, de l'autre, les communautés de communes.
Par ailleurs, si nous devions opter un jour - peut-être pas aujourd'hui - pour une élection au suffrage universel direct, il est absolument indispensable que chacune des communes soit représentée au niveau de l'établissement public de coopération intercommunale.
On peut très bien être fondamentalement, viscéralement attaché à nos 36 500 communes et, dans le même temps, ne pas être systématiquement hostile au principe de l'introduction d'une certaine dose d'élection au suffrage universel direct des établissements publics de coopération intercommunale.
Je rappelle enfin, mes chers collègues, qu'il n'y a pas si longtemps, dans une communauté urbaine que M. Mauroy connaît encore mieux que moi, je veux parler de la communauté urbaine de Lille, toutes les communes n'étaient pas représentées. Il a fallu un amendement de notre collègue André Diligent pour que chacune des communes soit représentée au sein du conseil de communauté. Or je crois sincèrement que, lorsqu'une commune n'était pas représentée au sein du conseil de communauté, on pouvait douter du maintien de son autonomie communale.
C'est la raison pour laquelle je souhaiterais qu'une réflexion ait lieu sur l'opportunité de la mise en place d'un scrutin mixte assurant, pour les communautés urbaines notamment et peut-être également pour les communautés d'agglomération, la représentation de chacune des communes, chaque conseil municipal disposant au moins d'un siège - ainsi, les maires seraient assurés d'être représentés, s'ils le souhaitent, dans l'organisme de coopération intercommunale - le solde des sièges étant désignés au suffrage universel direct.
M. le président. La parole et à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, j'ai eu l'occasion, dans le cadre de la discussion générale, de faire part à la Haute Assemblée et au ministre de toutes les interrogations qui étaient les miennes à propos de cet article 7 ter, qui nous vient de l'Assemblée nationale. Il s'agit en effet, comme l'a rappelé M. Charasse, d'une initiative de l'Assemblée nationale et non du Gouvernement, sur laquelle nous aurons à nous déterminer.
Permettez-moi de faire un constat et de vous poser des questions.
Tout d'abord, je ne conteste pas la cohérence de la proposition qui nous vient de l'Assemblée nationale et qui consiste à élire au suffrage universel direct les délégués des structures intercommunales, car c'est la conséquence logique des dispositions qui ont été adoptées par l'Assemblée nationale par le biais de la loi Chevènement.
Mais après avoir mis en place un dispositif incitatif sur le plan financier à travers la DGF et la TPU, qui a eu pour conséquence le déplacement de la plupart des compétences au profit de l'intercommunalité, comment expliquerez-vous aux Françaises et aux Français que celles et ceux qui sont appelés à gérer les structures intercommunales ne peuvent pas être les représentants du suffrage universel ? A partir du moment où nous restons dans cette logique, il y a une certaine cohérence dans la démarche et dans l'attitude adoptées par nos collègues de l'Assemblée nationale.
Nous découvrons les effets pervers des « carottes financières » qui ont été mises en place, à savoir nombre de communes complètement dépouillées de leurs compétences et de maires qui voient se profiler à l'horizon une menace, celle de ne plus exercer, demain, que les fonctions régaliennes du maire : celles d'officier de police judiciaire et d'officier d'état civil. C'est le résultat d'un mouvement qui a été engagé et auquel un certain nombre d'élus n'ont pas pris suffisamment garde. Je l'ai rappelé à des maires de mon département, dont je préside l'association.
Les maires, aujourd'hui, s'interrogent plus qu'hier sur l'intérêt que présente, dans certains secteurs ruraux notamment, le passage à la taxe professionnelle unique, qui, par suite du transfert de compétences lourdes et importantes, revient, si vous me permettez l'expression, à « déshabiller » les communes ! Dès lors, la question qui nous est posée aujourd'hui est tout à fait pertinente. Toutefois, je n'y souscrirai pas - M. Charasse en a parlé tout à l'heure ainsi que nombre de nos collègues - tant que nous n'aurons pas précisé la place de la commune dans le paysage institutionnel français. Quand aurons-nous le courage de trancher entre le rôle que devront jouer les communes à côté de l'intercommunalité et le rôle que devront jouer les départements à côté des régions ? On ne le dit pas, ou l'on en parle très peu.
Lorsque nous avons examiné la loi Pasqua sur l'aménagement du territoire, personne n'a jamais répondu aux questions que se posaient tous les groupes politiques sur le devenir du paysage institutionnel français. Le département a-t-il encore sa raison d'être au regard de la région ? La commune a-t-elle encore sa raison d'être au regard des structures intercommunales ? Pour y répondre, on passe aujourd'hui par la bande, avec des propositions du type de celles qui nous sont présentées et qui nous conduiront à constater qu'il sera trop tard pour faire machine arrière et revenir sur la situation à laquelle nous aurons abouti.
Monsieur le ministre, avant de prendre une décision de cette nature, il faut très clairement poser devant les Françaises et les Français la question de savoir quel rôle nous souhaitons faire jouer demain, d'une part, à la commune et, d'autre part, aux départements.
Il existe une réponse facile : c'est l'application du principe de subsidiarité, qui permettrait de faire coexister les communes, les structures intercommunales, les départements et les régions. Mais encore faut-il que cela soit dit très clairement et que le cadre en soit défini.
Enfin, je me demande si, derrière tout cela, nos collègues de l'Assemblée nationale n'ont pas eu un autre objectif...
M. Jean-Jacques Hyest. Ah !
M. Alain Vasselle. ... et n'ont pas été animés par des arrière-pensées plus politiques, pour ne pas dire politiciennes. M. Mauroy ne nous a peut-être pas tout dit en la matière...
Depuis plusieurs décennies, la gauche constate qu'elle a du mal à devenir majoritaire au sein de nos collectivités territoriales que sont les communes, parce que les Françaises et les Français reconnaissent chez un maire plus la compétence de l'homme pour la gestion des affaires communales que son étiquette politique et donc la sensibilité à laquelle il appartient.
Très naturellement, nombre de maires apprécient les candidats aux élections sénatoriales, qui sont des élections au suffrage indirect, en fonction non de leur engagement politique, mais de leurs compétences et du travail technique qu'ils effectueront au Sénat.
Cela gêne quelques-uns de nos collègues socialistes et communistes, car ils aimeraient bien, grâce à la mise en place d'un mode de scrutin au suffrage universel des structures intercommunales, parvenir à reprendre le pouvoir qu'ils ne réussissent pas à prendre avec le mode de scrutin actuel, en faisant disparaître la commune, en donnant une place importante aux structures intercommunales et en généralisant le mode de scrutin à la proportionnelle.
J'en veux pour preuve le fait qu'ils avaient tenté, lors du débat sur la parité, de ramener le seuil de 3 500 à 2 000 habitants pour générer le mode de scrutin à la proportionnelle dans nos communes.
M. le président. Concluez !
M. Alain Vasselle. Je suis prêt à parier que si, demain, l'ensemble des délégués intercommunaux sont élus au suffrage universel, on nous présentera une proposition de loi ayant un caractère politique et consistant à généraliser l'élection à la proportionnelle dans nos structures intercommunales, car ils considéreront qu'il s'agira d'une chance supplémentaire pour eux de reprendre le pouvoir dans nos communes et de devenir, demain, majoritaires au Sénat ! (Protestations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Claude Estier. La gauche majoritaire au Sénat !
M. Pierre Mauroy. Pourquoi ne serait-ce pas dans l'ordre des choses ?
M. Alain Vasselle. Personne n'a abordé ce sujet jusqu'à aujourd'hui, mais je me demande si ce n'est pas ce type d'arrière-pensées qui est à l'origine de la proposition qui nous parvient de l'Assemblée nationale s'agissant du devenir de nos structures intercommunales, et M. Mauroy ne nous dit pas tout ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux. Mon intervention fera gagner du temps sur la discussion des amendements.
Le débat que nous avons ajourd'hui est important et certains nous reprochent de dire les mêmes choses, mais permettre à chacun de s'exprimer fait partie du débat démocratique et le fondement de la pédagogie est la répétition.
Monsieur le ministre, il me semble que les dispositions de cet article 7 ter font l'objet d'un certain nombre de contradictions.
D'abord, comme vous l'avez fait remarquer, il ne s'agit pas d'une initiative gouvernementale, puisque cet article a été introduit dans le cours de la discussion à l'Assemblée nationale. Vous avez d'ailleurs réitéré hier votre opposition à la supracommunalité, à laquelle cet article, tel qu'il est rédigé, conduit tout droit !
Dans un premier mouvement, tous mes collègues qui ont cosigné l'amendement que j'ai présenté, notamment Jean-François Le Grand et Dominique Leclerc, ont préconisé la suppression, voire le report, de ce texte. Nous devons beaucoup réfléchir avant de parvenir à des propositions dans ce domaine.
D'abord, nous avons le temps : le prochain renouvellement des instances locales aura lieu en 2007. Aucune épée de Damoclès ne nous pousse donc à agir dans l'urgence !
Par ailleurs, nos prédécesseurs de la Révolution ont mis dix ans avant de trancher dans cette affaire. Ils ont hésité : ils ont créé les communes, mais, dans un second temps, ils en sont venus à un système plus supracommunal, en imaginant des municipalités cantonales. Par la suite, ils ont fait machine arrière pour en revenir au système dont nous avons hérité.
On a pris, à l'époque, le temps de la réflexion et il faut faire de même aujourd'hui. Nous devons réfléchir aux conséquences institutionnelles, parce que l'élection au suffrage universel des EPCI aura des conséquences non seulement sur les communes elles-mêmes, mais aussi sur les départements à travers la désignation des conseillers généraux. En effet, le fait que, dans une même entité géographique, un conseiller général et un président de communauté de communes soient désignés au suffrage universel peut entraîner des conflits de légitimité très forts. Elle aura également des conséquences sur la région, même si le mode de scrutin est tout à fait différent et, au total, sur l'équilibre institutionnel national, puisque nous sommes ici l'émanation des communes.
A cet égard, les maires ne s'y sont pas trompés : lors de la récente campagne sénatoriale, la première question que tous les maires posaient concernait le devenir de l'intercommunalité et de la désignation des responsables de l'intercommunalité. De nombreux problèmes subsistent. Les EPCI votant des impôts, on nous rétorque qu'il est normal que l'élection de leurs responsables ait lieu au suffrage universel. Mais il en existe qui sont parfois dirigés par des non-élus et ils votent des budgets bien plus importants que ceux de certaines communautés de communes ! Je ne citerai que les syndicats d'eau, qui sont parfois extrêmement puissants, et ne parlons pas des agences de l'eau, qui votent aussi des taxes et dont les membres, que je sache, sont désignés de façon extrêmement indirecte. De plus, nos concitoyens ne perçoivent pas actuellement la fiscalité des EPCI puisqu'ils sont financés, d'un côté, par des dotations de l'Etat et, de l'autre, par la taxe professionnelle, qui est payée par les entreprises. Pour ces raisons, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'ai déposé un amendement qui vise à supprimer l'article 7 ter, mais j'y reviendrai tout à l'heure.
En outre, cette disposition présente des obstacles importants.
Je prendrai l'exemple de la communauté d'agglomération d'Angers. La plus grande commune, c'est Angers, bien sûr, avec 155 000 habitants, et la plus petite en comprend 100. Comment arriver, concrètement, à ce que les 155 000 habitants de la plus grande commune se sentent représentés équitablement, tout comme les 100 habitants de la plus petite d'ailleurs ? Cette question mérite autre chose que cet article 7 ter, introduit un peu rapidement dans le cours de la discussion à l'Assemblée nationale.
M. le président. La parole est à M. Delevoye.
M. Jean-Paul Delevoye. Monsieur le président, monsieur le ministre, j'apporte mon soutien à l'amendement n° 16 du rapporteur, et je profite du débat pour rebondir sur les interventions des uns et des autres.
On essaie de nous faire délibérer sur un mode de scrutin. En réalité, la vraie question, qui mériterait un débat bien plus large, est de savoir si l'intercommunalité à fiscalité additionnelle est une collectivité locale à part entière ou non.
A partir du moment où le principe d'un pouvoir assis sur la légitimité du suffrage universel est effectivement instauré, on crée de fait une nouvelle collectivité territoriale, ce qui causera, à l'évidence, un conflit entre deux légitimités sur le même territoire. C'est d'autant plus important qu'au nom de ce principe on voit bien toutes les déclinaisons très logiques qui se mettraient en place.
Si, sur un même territoire, celles et ceux qui lèvent l'impôt doivent être élus au suffrage universel, sur une liste dont il appartiendra de déterminer les modalités, cela veut dire que l'on devra s'interroger demain sur une liste départementale d'élus au suffrage universel pour lever l'impôt départemental et sur une liste régionale pour lever l'impôt au niveau régional et, après-demain, sur une liste européenne pour lever l'impôt européen !
On le voit bien, ce débat mériterait que nous lui consacrions beaucoup plus que le temps de la discussion d'un article résultant d'un amendement qui a été introduit dans le texte par l'Assemblée nationale et dont le Gouvernement n'est nullement responsable, je lui en donne acte.
Deux autres questions sont au coeur du problème. Cette mesure va-t-elle accroître l'efficacité de l'action publique et augmenter la participation du citoyen à son contrôle ?
L'amendement présenté par le rapporteur est très clair, il faut le rappeler avec force : l'intercommunalité est d'abord et avant tout une volonté communale de mettre en commun des moyens pour accroître l'efficacité d'une politique au profit d'une commune. C'est donc un acte de rationalisation, d'intelligence et de pertinence pour augmenter l'efficacité de l'action publique locale et peser sur la diminution du coût fiscal.
Une vraie question se pose aujourd'hui, mais elle pourrait concerner aussi des structures à caractère économique : les acteurs de base qui ont souhaité déléguer des compétences à l'échelon supérieur - et ils n'avaient peut-être pas mandat des habitants pour le faire - doivent-ils être contrôlés par l'institution qu'ils ont ainsi mise en place ou, au contraire, doivent-ils garder un pouvoir de contrôle, d'observation, d'évaluation, de contractualisation et de définition des objectifs ?
Il s'agit d'un débat majeur, d'autant que l'intercommunalité devra gérer des problèmes d'intérêt général qui s'opposeront à des intérêts catégoriels et particuliers. Si nous n'y prenons garde, si nous nous laissons entraîner sans prendre suffisamment de recul vers l'élection au suffrage universel direct des membres des structures intercommunales, vous imaginez quelles pourraient être demain les campagnes de celles et ceux qui s'engageraient à refuser l'implantation de logements sociaux ou de structures d'accueil des gens du voyage dans telle ou telle commune. On assisterait à l'émanation d'intérêts catégoriels qui s'appuieraient sur le suffrage universel pour justifier la légitimité de leurs revendications et qui viendraient s'opposer et neutraliser l'action publique au détriment de l'intérêt général.
Il faut que nous fassions très attention à cette dérive. Aujourd'hui, toutes celles et ceux qui doivent prendre des décisions d'intérêt général, qu'il s'agisse de l'implantation d'un aéroport, de la création d'une voie d'accès ou d'une zone d'activité économique, se heurtent immédiatement à une association d'intérêts particuliers qui cherche très légitimement à se défendre contre l'inconfort généré par cette politique d'intérêt général. Si, demain, de telles associations ont la faculté de participer à des campagnes en s'appuyant sur une légitimité qui, à l'évidence, pourrait parfois leur accorder la majorité, cela risquerait d'entraîner des à-coups redoutables et des remsies en cause d'investissements très lourds, qui revêtent parfois une dimension régionale et qui pèsent sur des communautés d'agglomération ou sur des communautés urbaines.
Je m'interroge donc sur la neutralisation possible - sous couvert, paradoxalement, de démocratie - de l'action publique à caractère municipal et intercommunal par ces mécaniques de démocratie représentative.
Deuxième élément sur les utilisations de l'intercommunalité et le fonctionnement de celle-ci : on nous dit que celui qui lève l'impôt doit être élu au suffrage universel. J'attire votre attention sur le fait qu'aujourd'hui le prix payé par l'usager est souvent très supérieur à l'impôt acquitté par le contribuable local. Mécaniquement, loi de finances après loi de finances, il y a de moins en moins de contribuables locaux et de plus en plus de factures payées par l'usager.
Dans ces conditions, comment ne pas s'interroger sur l'élection au suffrage universel de celles et ceux qui gèrent des délégations de service public ou des services intercommunaux qui seront financés par l'usager, alors que, d'un autre côté, on tenterait de faire élire au suffrage universel des personnalités qui auraient vocation à mettre en place des politiques qui, elles, seraient financées par des contribuables dont le nombre serait relativement réduit ?
Je crois que nous devrions au contraire faire en sorte que, tous les ans, les communes puissent délibérer du compte administratif de la structure intercommunale, de façon à avoir une lecture des comptes consolidés et, éventuellement, ouvrir un débat sur les orientations budgétaires.
La vraie réflexion à mener, c'est l'articulation entre la commune et l'échelon intercommunal. Cette position me paraît tout à fait curieuse !
Enfin, en ce qui concerne la participation du citoyen, là aussi, cet argument, qui paraît juste dans la théorie, ne reflète absolument pas ce qui se passe réellement sur le terrain.
Le fait d'avoir été élu au suffrage universel pour six ans incite-t-il celles et ceux qui sont ainsi désignés à rendre compte de leur gestion tous les ans à leurs électeurs ? Pour ma part, je connais des communes ou des EPCI qui, sans être élus au suffrage universel, effectuent des campagnes de communication, des campagnes de participation, pratiquent une démocratie directe au sein des quartiers, et d'autres qui ne font aucun compte rendu ; c'est l'opacité la plus totale.
Ce qui est important, c'est non pas le principe, mais la pratique pour faire participer le citoyen à la vie démocratique. C'est d'autant plus important que la mécanique dans laquelle nous sommes entrés, qui est une mécanique de récompense d'un transfert de compétences par le coefficient d'intégration fiscale, aboutira, comme le disait M. Vasselle, à transférer de plus en plus de compétences de l'échelon communal à l'échelon intercommunal.
Si, demain, le pouvoir communal disparaît, à l'évidence, cela constituera un frein, voire un recul, par rapport à l'intercommunalité.
Enfin, sur un plan purement civique, nous voyons bien quelle est la teneur du débat politique qui est le nôtre : comment faire en sorte qu'un habitant soit un citoyen, un usager et un acteur ?
Le rôle de l'Etat est aujourd'hui important, ne serait-ce que par la symbolique de l'esprit civique qu'il représente. Mais la commune est un élément de vie démocratique essentiel pour que celui qui y vit se considère non pas comme un usager, mais comme un acteur de la vie publique communale, qui participe à des actions de solidarité et de proximité. Ainsi, le mandat que nous allons donner sera non pas un mandat de confrontation, mais un mandat d'intégration.
C'est la raison pour laquelle nous avons contesté l'urgence de ce projet de loi relatif à la démocratie de proximité et nous considérons que cette urgence s'impose encore moins sur l'application d'un principe dont les modalités seraient reportées à terme. Il faut avoir la sagesse de débattre très naturellement des conséquences des décisions que nous serons conduits à prendre.
Je soutiens donc l'amendement de M. Hoeffel, qui affirme que l'intercommunalité est l'émanation des communes. Cela me paraît respecter l'esprit de la démocratie locale. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Sueur. M. Jean-Pierre Sueur. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la seule différence entre l'amendement présenté ce matin par M. le rapporteur et celui qu'il a défendu hier, porte sur la suppression de l'expression « suffrage universel direct ».
M. Michel Mercier. Exactement !
M. Jean-Pierre Sueur. La question est effectivement de savoir si, en la matière, le suffrage universel direct doit susciter cette abondance de craintes, de peurs, de frayeurs, de tremblements, qui ont alimenté nombre des propos qui ont été tenus.
Dans la perspective européenne qui est la nôtre, vous savez quelle est l'importance des grandes agglomérations de notre pays, qui doivent peser de tout leur poids ; Pierre Mauroy a eu l'occasion, à plusieurs reprises, de mettre l'accent sur ce point.
Très franchement, comment comprendre aujourd'hui, mes chers collègues, que tout le monde trouve normal que le suffrage universel direct s'applique dans un village de cinquante, de cent, de deux cents habitants, et qu'il paraisse incongru, dangereux, bizarre, anormal, de consulter les citoyens lorsqu'il s'agit d'agglomérations qui ont des budgets de 1 milliard, 2 milliards, 7 milliards, 8 milliards de francs... et des compétences considérables ? Comment l'expliquer ?
De même, il existe une grande différence entre les cantons du monde rural et ceux des grandes villes. Mais, dans la plupart des grandes villes, les citoyens votent au suffrage universel direct à l'échelon du canton. Or, quand on leur demande quels sont le périmètre et les compétences du canton dans lequel ils ont voté, le plus souvent, ils l'ignorent totalement. Pourtant, des décisions essentielles sont prises toutes les semaines en matière d'urbanisme, de transport, d'économie, d'environnement et sur bien d'autres sujets concernant l'agglomération. Et l'on voudrait qu'il n'y ait pas de débat démocratique à la faveur d'élections sur les grandes orientations de la politique de ces agglomérations !
Le courant de l'histoire nous incite à faire confiance au suffrage universel direct. Bien entendu, il ne s'agit pas d'opposer l'intercommunalité et les communes. Après tout, aujourd'hui, on vote au suffrage universel direct pour les cantons, pour les communes, pour les régions. Est-il vraiment incompatible de voter au suffrage universel direct à la fois pour la commune et pour l'intercommunalité, dès lors que cette dernière a un budget plus élevé - et ce mouvement s'accentuera, parce que c'est ce que nous avons décidé - et des compétences très importantes ?
Mes chers collègues, j'ai été très intéressé, comme vous tous sans doute, par les déclarations qui ont été faites par les plus hautes autorités de l'Etat ; nous l'évoquions ce matin à la commission des lois. Le Président de la République, dans son discours de Rennes, a parlé de l'élection au suffrage universel direct des structures intercommunales à fiscalité propre. Et je crois avoir entendu que, lors du dernier congrès de l'Association des maires de France, il a évoqué de nouveau le suffrage universel direct, ainsi d'ailleurs que le Premier ministre et le ministre de l'intérieur. Ces paroles émanent de personnalités qui connaissent particulièrement le sujet et qui ont ici beaucoup de supporters, d'un côté ou de l'autre. (M. Vasselle s'exclame.)
Par conséquent, je m'étonne que l'on puisse être aussi réservé à l'égard du suffrage universel. Pour notre part, nous considérons que c'est un mouvement de l'histoire et qu'il faut le suivre avec confiance. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Mauroy.
M. Pierre Mauroy. Je vais répéter à peu près ce qui vient d'être dit, mais le débat est d'une telle importance qu'il me paraît utile de s'exprimer, d'autant que quelques-uns d'entre vous, mes chers collègues, m'ont interpellé : nous aurions des arrière-pensées... Effectivement, nous avons l'arrière-pensée d'être majoritaires dans cette assemblée ! Nous sommes dans une démocratie et il serait bien normal qu'ici comme ailleurs il puisse y avoir une alternance. (M. Vasselle rit.)
Mais nous n'avons pas l'arrière-pensée de vouloir maîtriser les institutions françaises, et ce uniquement pour des considérations politiques. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Vous mettez en avant l'épouvantail de la suppression des communes ! Il n'en est pas question ! (M. Vasselle s'exclame.) Sur ce plan, nous avons été très clairs ; le Gouvernement également. Par conséquent, n'en parlons pas !
M. Alain Vasselle. Vous nous faites rire !
M. Pierre Mauroy. Ensuite, l'instauration du suffrage universel et de l'intercommunalité, constitue une évolution inéluctable, comme était inéluctable, voilà vingt ans, la décentralisation. Vous avez tout fait pour empêcher cette décentralisation ! Aujourd'hui, vous en êtes partisans. (MM. Vasselle et Braye s'exclament.)
M. Jean-Pierre Schosteck. Maintenant, c'est vous qui recentralisez !
M. Pierre Mauroy. Vous le voyez : c'est nous qui avons l'avantage. Je parie que cette intercommunalité, qui est déjà défendue au plus haut niveau de l'Etat, notamment par le Gouvernement, vous vous y rangerez, parce que cela me paraît l'évidence même. On ne peut ni contrarier les grandes évolutions de la société, ni utiliser des artifices, ni utiliser sur ce plan-là ; vous le savez parfaitement ! La France compte 36 000 communes : nous voulons respecter ces 36 000 communes ! (Protestations sur les travées du RPR.)
Vous mentez aux Françaises et aux Français, si vous niez l'évolution considérable de la commune eu égard aux réponses qu'elle pouvait apporter, voilà cinquante ans ou encore voilà trente ans, aux questions de société. D'ailleurs, aujourd'hui, les maires eux-mêmes espèrent, pour remplir leur contrat vis-à-vis de la population, qu'une intercommunalité sera effectivement mise en place, avec de véritables moyens pour agir. Du reste, il s'agit moins d'un problème politique que d'un problème de moyen.
On dit que l'intercommunalité est un problème communal ! Il ne faudrait quand même pas faire de chaque commune un lieu où tout sera freiné ! L'intercommunalité est un problème de territoire ! Les communes doivent être respectées, mais elles doivent définir ensemble les meilleures mesures à prendre en ce qui concerne le territoire.
Je ne comprends pas pourquoi vous voudriez, dans cette enceinte, rester le dernier carré de conservateurs refusant d'avancer.
M. Patrick Lassourd. C'est une caricature !
M. Alain Vasselle. C'est pour cela que vous êtes là !
M. Pierre Mauroy. Permettez-moi de rappeler que les communautés urbaines ont été créées par Michel Debré.
M. Michel Mercier. En 1966 !
M. Henri de Richemont. Chacun sa génération !
M. Pierre Mauroy. Aujourd'hui, l'intercommunalité prend ses responsables aussi bien à gauche qu'à droite. Cela signifie que ce n'est pas un problème par excellence politique. Il est normal que chacun souhaite que son camp l'emporte mais, ici, l'enjeu est différent.
M. Alain Vasselle. Tiens donc !
M. Pierre Mauroy. Il s'agit de l'adaptation à une société qui ne cesse d'évoluer, de l'adaptation des institutions françaises à l'Europe, aussi. Enfin, la France ne peut pas être le dernier pays à évoluer sur ce plan ! C'est dans l'intérêt des populations.
J'ai présidé pendant bien des années aux destinées d'une ville ; je préside maintenant...
M. Alain Vasselle. Et sans partage !
M. Pierre Mauroy. ... une intercommunalité dont le budget s'élève à 12 milliards de francs...
M. Dominique Braye. Et avec quel argent ?
M. Pierre Mauroy. Les responsabilités que l'on nous donne sont immenses : schéma directeur, aménagement du territoire, toutes les décisions relatives aux grandes infrastructures, aussi.
M. Henri de Richemont. A quoi servent les maires ?
M. Pierre Mauroy. Tout le monde est d'accord sur cette intercommunalité, qui est absolument indispensable.
M. Dominique Braye. A Lille, peut-être !
M. Pierre Mauroy. A Lille et ailleurs.
M. Dominique Braye. Et à Lomme ?
M. Pierre Mauroy. Si ce n'est pas encore ailleurs, ce le sera bientôt, comme à Lille. Je ne comprends pas du tout votre résistance.
M. Dominique Braye. Et à Lomme ?
M. Pierre Mauroy. Vous usez d'artifices de propagande, monsieur Braye, vous ne répondez pas à la question, esentielle, qui est ici posée. La France évolue d'une façon extraordinaire et connaît une mutation sans précédent. Or il est impossible d'assurer une bonne gouvernance avec 36 000 communes qui seraient complètement indépendantes.
M. Dominique Braye. Vous êtes le vrai conservateur, ici !
M. Pierre Mauroy. Encore une fois, des regroupements sont absolument nécessaires. D'ailleurs, messieurs, vous êtes dépassés par les maires eux-mêmes qui les souhaitent.
(Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Alain Vasselle. Non !
M. Pierre Mauroy. J'espère que, dans dix ans, l'intercommunalité se sera enrichie de milliers de communes regroupées dans les cent trente ou cent quarante communautés d'agglomération et dans une vingtaine de communautés urbaines.
N'allons pas confirmer cette image un peu ringarde dont souffre le Sénat dans l'opinion publique.

M. Dominique Braye. On ne résout pas les problèmes des communes contre leur gré !
M. Pierre Mauroy. Heureusement, cette mauvaise opinion n'est pas partagée par tous, j'ai pu le mesurer lors des travaux de la commission relative à l'avenir de la décentralisation, où il a été question, notamment, des bureaux des temps. Il ne s'agit pas de rester cinquante ans en arrière.
M. Dominique Braye. On ne fait pas le bonheur des citoyens malgré eux !
M. Pierre Mauroy. Le véritable problème, pour la démocratie française, est d'aller de l'avant. Je vous mets au défi de démontrer que l'on pourra assurer une bonne gouvernance, en France, sans faire confiance à l'intercommunalité. Dès lors que vous lui faites confiance,...
M. Dominique Braye. Mais on lui fait confiance !
M. Pierre Mauroy. ... vous devez faire confiance au suffrage universel direct. (Vives exclamations sur les travées du RPR.)
Chers collègues, pourquoi tant de protestations ? Est-ce le fait que l'on vous montre la réalité telle qu'elle est ?
M. Dominique Braye. Votre réalité !
M. Pierre Mauroy. Nous ne souhaitons qu'une chose : qu'il y ait un véritable couple entre l'intercommunalité et les communes.
Il y a eu l'exception française des 36 000 communes...
M. Henri de Richemont. Heureuse exception française !
M. Pierre Mauroy. Eh bien ! Il y aura toujours l'exception française mais, avec, à la base de la démocratie, ce couple véritablement alternatif entre l'intercommunalité et la commune...
M. Dominique Braye. Ce n'est pas ce que vous disiez, il y peu !
M. Pierre Mauroy. ... assuré par le suffrage universel. Je suis persuadé que cette idée-là s'imposera. (Applaudissements sur certaines travées socialistes.)
M. Dominique Braye. Vous avez changé d'avis !
M. le président. La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaite, tout d'abord, faire écho à notre collègue Michel Charasse, qui se posait la question de savoir si celui qui lève l'impôt doit obligatoirement être élu au suffrage universel direct.
J'avais déposé un sous-amendement - mais il n'a plus d'objet compte tenu de l'amendement de M. le rapporteur - tendant à prévoir, éventuellement, l'élection au suffrage universel direct des élus communautaires à la condition que, dans le budget communautaire, les dotations de compensation et les dotations de solidarité soient inférieures à la moitié des produits fiscaux perçus par l'établissement considéré. Autrement dit, on ménageait une intercommunalité avec un projet et des financements importants, sans pour cela déconsidérer les établissements à fort reversement de produits fiscaux au titre de la dotation de solidarité, parce qu'il s'agit, pour ces établissements, de partager mieux la richesse ; c'est très fréquent dans nos intercommunalités rurales.
Sur le fond, maintenant, je constate, à la lumière du débat qui s'est instauré, que l'on peut effectivement se poser la question de savoir si les établissements publics de coopération intercommunale sont de nouvelles collectivités ayant vocation à se substituer aux communes - nous sommes, alors, dans une démarche de supracommunalité - ou bien si ces établissements doivent être des structures destinées à aider les communes à exercer leurs compétences lorsqu'elles ont des difficultés à le faire compte tenu de leurs dimensions.
En somme, où va-t-on placer la commune dans le paysage institutionnel français ? Et, pour aller jusqu'au bout du questionnement, où va-t-on mettre le citoyen dans la société française ?
Je trouve que ce débat est un peu surréaliste. L'article 1er tendait à créer des conseils de quartier dans les agglomérations pour susciter la participation des citoyens à la vie communale. Mais la commune n'est-elle pas l'endroit idéal pour faire participer les citoyens à la vie de leur territoire ?
Si nous poussons le raisonnement à son terme, et si nous envisageons la disparition des communes, petit à petit remplacées par des établissements intercommunaux, ne serons-nous pas obligés de recréer des conseils de quartier qui correspondront exactement aux périmètres communaux, précisément pour faire participer les citoyens à la vie communale ? (Très bien ! sur les travées du RPR). C'est surréaliste !
Nous débattons d'un projet de loi dont l'ambition affichée est d'instaurer plus de proximité et de participation, mais chacune des dispositions que l'on nous propose nous entraîne dans un système où tout sera centralisé à un niveau supérieur et où, bien évidemment, les conseils de quartier correspondront exactement aux communes actuelles !
Monsieur le ministre, ne tuons pas la commune : elle est la cellule de base de l'organisation française. L'intercommunalité, comme l'a très bien exprimé M. le rapporteur, doit être l'émanation des communes ; les délégués communautaires doivent être issus des conseils municipaux ; l'intercommunalité doit être placée sous le contrôle et sous la responsabilité des communes. C'est à cette condition que l'on respectera le principe de démocratie de proximité qui figure au fronton de ce projet de loi. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Ce débat est complexe et, en fonction de l'histoire propre de chacun ici et de l'échelon local où il exerce ses responsabilités, il peut y avoir entre nous sinon des divergences, du moins des nuances.
M. Michel Mercier. A tout le moins !
M. Jean-Claude Peyronnet. Comme je l'ai dit fortement au nom de mon groupe, nous avons une certitude et une conviction : il faut maintenir l'ensemble des communes.
Sur ce point, il n'y a pas de discussion possible. Encore faut-il savoir, cependant, ce que l'on met dans le concept de « commune », et les propos de M. Lassourd ne me rassurent pas complètement, même lorsqu'il fait référence à l'article 1er de la loi : n'y sont évoqués que des services de proximité, et non des communes de plein exercice.
Il y a plusieurs façons de tuer les communes. On peut les maintenir nominalement et, dans le même temps, leur enlever toute compétence, de sorte que les candidats de qualité se détourneront des fonctions municipales, notamment dans les petites communes. Le risque est sérieux, nous devons y être attentifs.
On ne peut donc pas continuer à tenir ce discours ambigu de défense des communes tout en pratiquant une politique qui les voue à la disparition.
Cela étant, il faut que les communes travaillent ensemble. Les maires ont d'ailleurs tranché puisqu'ils se précipitent vers l'intercommunalité.
M. Patrick Lassourd. C'est la carotte financière !
M. Alain Vasselle. Eh oui ! Il y a la carotte !
M. Jean-Claude Peyronnet. Nous nageons dans les contradictions, c'est vrai.
Cependant, à l'évidence, pour les grosses agglomérations, pour les communautés urbaines, on voit très mal comment on pourrait échapper au suffrage universel direct. Non que je considère moins légitime le suffrage indirect, comme je suis étonné d'entendre certains collègues le faire. Que des sénateurs puissent mettre en question la légitimité du suffrage indirect, c'est plutôt curieux ! Il peut être complètement et totalement légitime. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
En revanche, se pose un problème de lisibilité, comme nous le constatons déjà avec les agences de bassins et les syndicats d'eau, notamment. Comment le citoyen et même l'élu, voire le maire, peuvent-ils savoir ce que ces organismes font si on ne leur en rend pas compte ?
Il faudra donc plus de lisibilité. Comment les grandes conurbations regroupées, qui font des investissements de près de 10 milliards de francs, pourraient-elles ne pas rendre compte de leur action ?
Il est évident que les communes seront menacées. Nous n'en sommes pas là, mais il faudra s'inspirer de la loi PLM. Je parle en mon nom, car mon ami Robert Bret n'est pas forcément convaincu que les maires de la région PACA me suivraient sur ce point. C'est tout de même une piste, même pour d'autres niveaux de collectivité.
Pour les petites communes, en revanche, mieux vaut conserver l'existant. Je ne crois pas que le suffrage universel direct, même dans le cadre de l'intercommunalité, s'imposera avec autant de force et d'évidence.
Autant l'évolution vers le suffrage universel direct est inéluctable pour les grandes agglomérations, autant elle est beaucoup moins souhaitable - c'est mon sentiment - pour les petites communes. Au demeurant, je vois une première difficulté technique au mode de scrutin avec panachage : on ne pourra pas éviter le scrutin de liste. Il faut le savoir. Mais il sera toujours temps de s'intéresser à cette question le moment venu.
M. Patrick Lassourd. Et la proportionnelle ?
M. Jean-Claude Peyronnet. Je ne renie pas les propos de mes collègues. Je regrette, moi aussi, l'absence de référence au scrutin universel direct, notamment pour les grandes agglomérations, dans l'amendement de M. Hoeffel. Nous ne pourrons pas voter cet amendement. Cependant, sa rédaction laisse la voie ouverte à un éventuel compromis dans le cadre d'une commission mixte paritaire. (Applaudissements sur certaines travées socialistes, ainsi que sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et du RDSE.)
M. Henri de Richemont. Il faut aller jusqu'au bout : votez l'amendement !
M. Jean-Pierre Raffarin. Les socialistes du Limousin sont les meilleurs ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Mon point de vue, qui est aussi celui de la sensibilité que je représente au sein du RDSE, rejoint, ce qui me facilite la tâche, celui de M. Peyronnet.
Nous comprenons bien qu'il faut faire un pas et qu'il est nécessaire d'envisager, pour les grandes agglomérations urbaines, le suffrage universel direct. En effet, ne serait-ce que pour des considérations de distance géographique, il importe de lier le fonctionnement des structures intercommunales que sont les communautés d'agglomération et les communautés urbaines au choix fait par les citoyens lors de chaque scrutin municipal.
Mais, en même temps, il ne faut pas précipiter le mouvement et risquer ainsi de freiner cette adhésion à l'intercommunalité dans les communes petites et moyennes dont chacun se réjouit, mais qui pose quand même de nombreuses difficultés techniques, sans oublier, bien évidemment, le fait qu'il peut y avoir une plus grande proximité dans une communauté de communes entre le citoyen et ses mandants élus au suffrage universel indirect qu'il n'y en a forcément dans une grande agglomération de plusieurs centaines de milliers de personnes.
Pour toutes ces raisons, nous avons choisi d'adopter, dans ce débat, une position prudente, ouverte, de compromis. Nous ne souhaitons pas voir étendre le suffrage universel direct à l'ensemble des communes de France, s'agissant de l'intercommunalité. De même, nous redoutons beaucoup une éventuelle dissociation, lors du vote, entre des listes qui choisiraient l'intercommunalité et des listes qui seraient consacrées à l'élection proprement communale.
Telles sont les deux bornes entre lesquelles nous avons envie d'avancer.
M. le président. Après ce débat très riche, il faudrait essayer de passer à l'examen des amendements.
La parole est à M. Lambert.
M. Alain Lambert. Je suis personnellement dans une position un peu particulière mais constante, puisque j'ai toujours été partisan, j'ai en effet voté cette disposition lorsqu'elle nous a été présentée dans cet hémicycle, de l'élection des conseillers communautaires au suffrage universel.
Je voudrais dire par expérience que nous devons nous appliquer absolument à en débattre d'une manière totalement apaisée. A défaut, nous risquerions de mettre en difficulté la coopération intercommunale elle-même et, en fait, de voir des communes se demander si elles ont eu raison de s'engager dans l'intercommunalité.
M. Henri de Raincourt. Et voilà !
M. Alain Lambert. Elles craindront de voir surgir des oppositions entre leurs intérêts communaux et l'intérêt communautaire, qui risquent même d'induire, à terme, une sorte de schizophrénie chez le citoyen communal qui se demanderait s'il a les mêmes intérêts que le citoyen communautaire. Elus, souvent territoriaux dans cette maison, nous avons une expérience, un vécu, comme l'on dit aujourd'hui, qui doit nous permettre d'aborder ces sujets de manière apaisée.
J'ai également le sentiment que l'expérience est différente selon la densité géographique du secteur où l'on se trouve.
M. Alain Vasselle. C'est certain.
M. Alain Lambert. A l'évidence, l'exercice des compétences communautaires est infiniment plus intégré dans la vie de tous les jours sur un secteur caractérisé par une certaine densité de population que sur un secteur où la population est plus dispersée.
Toutefois, je voudrais insister, mes chers collègues, sur le principe suivant : comme la commission des lois nous le recommande, dès lors que la commune demeure la circonscription électorale - élément certes déterminant - et dès lors que le conseiller communautaire se trouve, par l'organisation du scrutin, conseiller municipal, l'élection au suffrage universel ne crée pas de danger. Là où l'impôt communautaire est plus élevé que la somme des impôts communaux - et nous y parvenons de plus en plus -, elle permet au contraire, et c'est le rapporteur de la réforme de la loi organique qui le dit, de donner aux prélèvements une légitimité.
Il faut donc véritablement que la Haute Assemblée de la République française apporte à ce débat toute la plénitude qui doit être la sienne en raison de l'importance que revêt ce sujet, ainsi qu'une très grande sérénité. Il nous faut, enfin, poser les jalons qui nous permettront, effectivement, de parvenir à une coopération extrêmement efficace.
Puisque nous avons récemment vécu un renouvellement municipal, je souhaiterais en conclusion évoquer un dernier fait. Je suis, pour ma part, frappé de constater que le corps électoral n'est pas consulté sur les principaux sujets, sur les aménagements qui touchent, par exemple, à l'urbanisme, à l'assainissement, à l'échelon communal. Les électeurs ont parfois eu à statuer sur des petits projets locaux, alors que les grands projets communautaires n'ont fait l'objet d'aucune consultation. Il y a là un vrai problème de démocratie.
C'est pourquoi nous devons me semble-t-il, avancer avec confiance, avec sagesse, dans le sens que propose la commission des lois. Le Sénat doit vraiment apporter sa contribution à ce projet de loi.
M. Pierre Mauroy. Très bien !
M. le président. Je suis saisi de neuf amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les trois premiers sont identiques.
L'amendement n° 205 rectifié est présenté par MM. Biwer et Arnaud. L'amendement n° 279 rectifié bis est présenté par MM. Lardeux, Le Grand, César, Doligé, Eckenspieller, Gaillard, Ginésy, Leclerc, Legendre, Leroy et de Richemont, Mme Rozier, MM. Sido, Trillard, Vasselle, Braye, François, Gélard, Guené, Joyandet, Larcher et les membres du groupe du Rassemblement pour la République et apparentés.
L'amendement n° 411 rectifié bis est présenté par MM. Adnot et Darniche.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« Supprimer l'article 7 ter. »
L'amendement n° 16 rectifié, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 7 ter :
« Les établissements publics de coopération intercommunale sont l'émanation des communes. Leur avenir est fondé sur le respect de la commune et le maintien d'une relation de confiance entre les communes et ces établissements. A ce titre, les membres de l'organe délibérant des établissements publics de coopération intercommunale sont conseillers municipaux ou conseillers d'arrondissement de la commune qu'ils représentent. Ils sont choisis dans le cadre de la commune. »
L'amendement n° 369 rectifié, présenté par MM. Oudin, de Broissia, Caldaguès, Gélard et Haenel, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi l'article 7 ter :
« I. - L'article L. 5211-6 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 5211-6 - Les établissements publics de coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre sont administrés par des conseils élus au suffrage universel direct.
« Les autres établissements publics de coopération intercommunale sont administrés par un organe délibérant composé de délégués élus par les conseils municipaux de communes membres. »
« II. - Le I de l'article L. 5211-7 du même code est ainsi rédigé :
« I. - Les membres des conseils des communautés de communes, des communautés d'agglomération et des communautés urbaines sont élus dans les conditions prévues aux articles L. 273-1 et suivants du code électoral.
« Les membres des organes délibérants des autres établissements publics de coopération intercommunale sont élus par les conseils municipaux, au scrutin secret, à la majorité absolue. Si, après deux jours de scrutin, aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour et l'élection a lieu à la majorité relative. En cas d'égalité des suffrages, le plus âgé est déclaré élu.
« Nonobstant les dispositions du premier alinéa du I du présent article, lors de la création d'une communauté de communes, d'une communauté d'agglomération ou d'une communauté urbaine ou de leur élargissement à de nouvelles communes, les membres du conseil de communauté sont désignés par les conseils municipaux des communes intéressées parmi leurs membres, au scrutin secret, à la majorité absolue. Si, après deux tours de scrutin, aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour et l'élection a lieu à la majorité relative. En cas d'égalité des suffrages, le plus âgé est déclaré élu.
« Le mandat de ces conseillers intercommunaux est alors lié à celui du conseil municipal qui les a désignés et, en tout état de cause, expire lors de l'installation du conseil de communauté suivant le renouvellement général des conseils de communauté. »
« III. - L'intitulé du livre premier du code électoral est ainsi rédigé :

« Livre Ier
« Elections des députés,
des conseillers généraux, des conseillers municipaux
et des conseillers intercommunaux »

« IV. - Le livre premier du code électoral est complété par un titre cinquième ainsi rédigé :

« Titre V
« Dispositions spéciales à l'élection
des conseillers intercommunaux

« Art. L. 273-1. - Les élections aux conseils des communautés de communes, des communautés d'agglomération et des communautés urbaines et les élections municipales sont concomitantes, mais donnent lieu à des votes distincts.
« Art. L. 273-2. - Pour l'élection des conseillers intercommunaux, la commune membre forme une circonscription électorale unique.
« Les conseillers intercommunaux sont élus pour six ans.
« Art. L. 273-3. - Dans les communes de moins de 3 500 habitants, quel que soit le nombre de sièges dont elles disposent au conseil de la communauté dont elles sont membres, et dans les communes de 3 500 habitants et plus lorsqu'elles disposent de quatre sièges ou moins, l'élection a lieu au scrutin majoritaire à deux tours.
« Nul n'est déclaré élu au premier tour de scrutin s'il n'a réuni :
« 1° La majorité absolue des suffrages exprimés ;
« 2° Un nombre de voix égal au quart des électeurs inscrits.
« Au second tour de scrutin, la majorité relative suffit. En cas d'égalité des suffrages, le plus âgé des candidats est élu.
« Art. L. 273-4. - Dans les communes de 3 500 habitants ou plus qui disposent de cinq sièges ou plus au conseil de la communauté dont elles sont membres, l'élection a lieu à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel. Sur chaque liste, les sièges sont attribués aux candidats dans l'ordre de présentation.
« Art. L. 273-5. - Quel que soit le mode de scrutin, la déclaration de candidature en préfecture est obligatoire.
« Art. L. 273-6. - Nul ne peut être candidat à l'élection intercommunale dans une commune s'il n'est aussi candidat à l'élection du conseil municipal de cette commune.
« Art. L. 273-7. - Nul ne peut être candidat à l'élection intercommunale dans une commune s'il ne satisfait pas aux conditions d'éligibilité applicables aux candidats à l'élection municipale.
« Art. L. 273-8. - Les fonctions de conseiller intercommunal sont soumises aux mêmes incompatibilités que celles de conseiller municipal.
« Art. L. 273-9. - Tout conseiller intercommunal élu maire peut renoncer à son mandat de conseiller intercommunal et demander au conseil municipal d'élire son remplaçant parmi les autres membres dudit conseil.
« Art. L. 273-10. - A défaut d'avoir élu ses délégués intercommunaux, la commune est représentée au sein de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale par le maire si elle ne compte qu'un délégué, par le maire et le premier adjoint dans le cas contraire. »
« V. - L'article L. 5215-10 du code général des collectivités territoriales est abrogé.
« VI. - La première phrase du premier alinéa de l'article L. 5211-8 du même code est ainsi rédigée :
« Sans préjudice des dispositions des articles L. 2121-33 et L. 2122-10, et sauf pour les conseillers intercommunaux élus au suffrage universel direct, le mandat des délégués est lié à celui du conseil municipal qui les a désignés. »
L'amendement n° 358, présenté par M. Ostermann, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 7 ter :
« Le président des organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre est élu au suffrage universel direct le même jour que les conseils municipaux. Le scrutin aura lieu sur une circonscription électorale unique constituée de l'ensemble des communes membres. »
L'amendement n° 543, présenté par M. Masson, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi l'article 7 ter :
« Les présidents des organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre seront élus au suffrage universel direct le même jour que les conseils municipaux dans les conditions définies par une loi ultérieure.
« Les autres membres de ces organes délibérants seront désignés conformément aux dispositions des articles L. 5211-6, L. 5211-7 et L. 5211-8 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 366, présenté par MM. Peyronnet et Bel, Mme Blandin, MM. Debarge, Domeizel et Dreyfus-Schmidt, Mme Durrieu, M. Frécon, Mme Herviaux, MM. Lagauche, Le Pensec, Marc, Masseret, Mauroy, Picheral, Raoul, Sueur, Teston et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Dans la première phrase de l'article 7 ter, après les mots : "suffrage universel", insérer les mots : "dans le cadre de la circonscription communale,". »
L'amendement n° 418, présenté par M. Arthuis et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Compléter, in fine, l'article 7 ter par les mots : ", assurer la représentation de chaque commune, ne permettre qu'aux seuls conseillers municipaux d'être élus délégués communautaires et préciser que les élections municipales et communautaires auront lieu le même jour". »
La parole est à M. Biwer, pour défendre l'amendement n° 205 rectifié.
M. Claude Biwer. Je le retire et me rallie à l'amendement n° 16 rectifié de la commission.
M. le président. L'amendement n° 205 rectifié est retiré.
La parole est à M. Lardeux, pour présenter l'amendement n° 279 rectifié bis .
M. André Lardeux. Comme l'amendement n° 16 rectifié de la commission des lois réaffirme l'intercommunalité, je retire mon amendement, mais il ne faudrait tout de même pas que l'on nous fasse dire ce que nous ne disons pas. Nous ne sommes pas opposés à l'intercommunalité, bien au contraire ! Simplement, nous demandons que certaines précautions soit prises dans l'évolution des institutions. Ce n'est pas la même chose.
M. Alain Vasselle. Tout à fait !
M. le président. L'amendement n° 279 rectifié bis est retiré.
L'amendement n° 411 n'est pas soutenu.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 16 rectifié.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je ne veux pas abuser de mon temps de parole. Sur ce sujet, la commission des lois a déjà exposé sa position tant lors de la discussion générale que dans son rapport écrit. Il en a été amplement débattu lors de la discussion sur l'article 7 ter dans laquelle seize orateurs sont intervenus. Tout a été dit et j'ai le sentiment que, lorsque nous aurons passé le cap de l'article 7 ter, l'essentiel du débat sur ce texte sera derrière nous. (Sourires dubitatifs sur plusieurs travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. Henri de Raincourt. Il restera quand même les SDIS...
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est du moins mon sentiment !
J'ai écouté avec beaucoup d'attention tous les intervenants, quelle que soit leur sensibilité, quelle que soit leur opinion, car chacun a apporté sa contribution à un débat de fond qui ne s'achèvera pas aujourd'hui et sur lequel nous reviendrons, je l'espère, avec plus de recul et de sérénité.
Je formulerai maintenant quelques observations.
Premièrement, si le Sénat a débattu de cet article 7 ter comme il l'a fait, je ne crois pas que ce soit sous l'empire de la crainte du suffrage universel direct.
M. Gérard Longuet. Non !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'immense majorité des sénateurs a subi, à un moment ou à un autre, le baptême du feu du suffrage universel direct dans une ou plusieurs collectivités territoriales et s'ils ne l'avaient pas subi ils ne seraient d'ailleurs généralement pas dans cet hémicycle.
M. Jacques Peyrat. Très bien !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Deuxièmement, tous les intervenants, sans exception, ont clairement manifesté leur volonté de voir la coopération intercommunale continuer à se développer : je dis bien « intercommunale » et non pas « supracommunale ».
M. Bruno Sido. Bravo !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Et si, depuis deux ans, cette intercommunalité a connu un élan tel qu'aujourd'hui deux tiers de la population française et deux tiers des communes françaises sont regroupés dans des établissements publics de coopération intercommunale, c'est, d'abord, parce qu'elle était portée par la base communale et, ensuite, parce qu'elle s'est réalisée dans un climat de confiance réciproque entre l'échelon communal et l'échelon intercommunal.
Il est indispensable de préserver ces deux éléments si nous voulons que, pour les années à venir et le plus rapidement possible, l'intercommunalité concerne l'ensemble de notre pays.
Troisièmement, je veux souligner, beaucoup d'entre vous l'ont d'ailleurs fait en termes généralement éloquents, que ce débat n'épuise pas le sujet.
Beaucoup ont précisé que nous ne ferions pas l'économie, dans les mois et les années à venir, du débat de fond sur l'avenir des structures territoriales françaises.
M. Jacques Peyrat. Très bien !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Beaucoup d'entre vous, et chacun dans son secteur le ressent, ont insisté sur la complexité croissante : nous assistons à un empilement des structures territoriales françaises,...
M. Jacques Peyrat. C'est vrai !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. ... qu'il s'agisse de collectivités territoriales de plein exercice ou d'autres, tel le « pays », dont on a amplement débattu ici en 1995 et en 1999 et que l'on ne sait toujours pas situer parmi les structures territoriales françaises.
Il faudra bien un jour procéder à une clarification si nous voulons que notre organisation territoriale soit lisible pour les citoyens de base, qui, aujourd'hui, - et peut-on le leur reprocher ? - n'y voient pas toujours très clair !
M. Alain Vasselle. Bien sûr !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je souhaite - pourquoi ne pas rêver ? - que l'année 2002 soit particulièrement propice à l'amorce, voire à la concrétisation, d'un débat de fond sur l'avenir et l'efficacité de nos structures territoriales.
M. Alain Vasselle. Ça c'est moins sûr, surtout avec les présidentelles et les législatives !
M. Jacques Peyrat. On peut rêver, en effet !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je terminerai en disant qu'à travers l'amendement n° 16 rectifié la commission des lois, non pas à la légère mais après plusieurs débats de fond, vous propose une disposition que j'ai peut-être la faiblesse de considérer comme celle du juste milieu et de la raison.
En effet, nous n'avons pas le droit de nous taire sur un sujet comme celui-là. Nous avons au contraire le devoir de rappeler un certain nombre de principes qui constituent pour nous le fondement de l'intercommunalité selon la conception qui a généralement été exprimée dans cet hémicycle.
Voilà pourquoi je lance un appel aux auteurs des amendements de suppression de l'article 7 ter, et à ceux dont les amendements vont déjà dans le sens d'une loi électorale - ce n'est pas notre mission, le Gouvernement ne l'a d'ailleurs pas voulu et la rédaction de l'Assemblée nationale ne le prévoit même pas. Par conséquent, gardons-nous de mettre aujourd'hui le doigt dans cet engrenage ! Je souhaite, tout en comprenant qu'ils puissent en éprouver un légitime sentiment de frustration, que les auteurs des différents amendements veuillent bien renoncer à l'affirmation de leurs principes et de leurs convictions et se rallier à l'amendement n° 16 rectifié.
A la suite de l'intervention de M. Lardeux, je voudrais d'ailleurs, afin de dissiper toute équivoque, le rectifier une nouvelle fois en ajoutant, après les mots : « coopération intercommunale », les mots : « à fiscalité propre ».
Je vous remercie par avance, mes chers collègues, de la compréhension que, je l'espère, vous manifesterez. Nous pourrons alors mettre l'article 7 ter « sous toit », et ce dans un esprit constructif. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. Alain Vasselle. Excellent ! M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 16 rectifié bis , présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, et ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 7 ter :
« Les établissements publics de coopération intercommunale sont l'émanation des communes. Leur avenir est fondé sur le respect de la commune et le maintien d'une relation de confiance entre les communes et ces établissements. A ce titre, les membres de l'organe délibérant des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre sont conseillers municipaux ou conseillers d'arrondissement de la commune qu'ils représentent. Ils sont choisis dans le cadre de la commune. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'ensemble des amendements affectant l'article 7 ter ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Mon intervention portera principalement, bien entendu, sur l'amendement n° 16 rectifié bis de la commission des lois.
La loi du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale a relancé un fort mouvement de création de communautés. Ainsi, les groupements de communes à fiscalité propre sont maintenant plus de 2000, représentant 40 millions d'habitants. Les décisions que prennent les instances des groupements à fiscalité propre ont désormais une forte incidence sur la vie des populations concernées. Les principes de notre démocratie locale et le fait même qu'elles lèvent l'impôt amènent donc à poser la question, nombre d'entre vous l'ont souligné mesdames, messieurs les sénateurs, de leur désignation au suffrage universel direct.
Le Gouvernement encourage l'intercommunalité, qui permet aux communes de trouver une plus grande efficacité grâce à la mutualisation des compétences autour d'un projet, mais il n'a aucune intention, je tiens à le réaffirmer, de « diluer » les communes dans les structures intercommunales en instaurant une sorte de « supracommunalité ». Telle n'est pas l'approche du Gouvernement, je l'ai dit et répété aussi bien ici qu'à l'Assemblée nationale ou que devant les congrès des diverses associations d'élus.
Le mode de scrutin qui sera choisi devra donc traduire le principe selon lequel l'intercommunalité procède des communes, et non l'inverse. Les modalités du scrutin devront respecter ce principe de base de notre démocratie et de l'organisation de la France. J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur ce point et de rappeler ma préférence, à ce jour, pour une élection au sein d'une circonscription communale, le même jour que l'élection des conseillers municipaux.
L'amendement adopté par l'Assemblée nationale, devenu l'article 7 ter du projet de loi qui vous est soumis, va dans le même sens. Mais, comme l'ont remarqué son auteur, M. Bernard Roman, ainsi que les orateurs des différents groupes qui se sont exprimés, la mise en oeuvre de ce principe, compte tenu de la diversité des modes de scrutin existants, qui sont fonction de la taille des communes, ne va pas de soi, comme on a pu le voir...
Je souhaite simplement rappeler qu'il ne s'agit pas de régler aujourd'hui une question certes importante, mais qui n'est pas encore mûre. Le Gouvernement souhaite apporter auparavant des réponses concrètes s'agissant de nombreux autres aspects de la démocratie locale.
M. Vasselle a dit tout à l'heure qu'il ne souhaitait pas, au travers de l'article 7 ter, donner un blanc-seing ou un chèque en blanc - je ne sais plus quelle est l'expression exacte qu'il a employée - pour une loi électorale. Je lui ferai remarquer qu'il me paraît tout de même difficile de parler de chèque en blanc à propos d'une loi qui serait par définition élaborée par le législateur, c'est-à-dire le Sénat et l'Assemblée nationale, et de prétendre qu'une telle démarche ouvrirait la voie à la mise en place d'un dispositif qui n'aurait pas de légitimité !
La modification de l'exercice du suffrage universel est un sujet suffisamment important pour que l'on engage un débat spécifique, en toute clarté, qui devra être compris par l'ensemble des citoyens. Il me paraît donc du devoir tant du Gouvernement que du Parlement de mener ce débat à l'occasion de l'examen d'un projet de loi bien identifié, en évitant de séparer l'énoncé des principes des modalités de leur mise en oeuvre.
Cela étant, en notant que l'Assemblée nationale a elle-même commencé d'introduire des principes de mise en oeuvre, je m'en remettrai à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 16 rectifié bis . (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, ainsi que sur celles du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Vasselle. Voilà !
M. le président. Monsieur Caldaguès, l'amendement n° 369 rectifié est-il maintenu ?
M. Michel Caldaguès. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 369 rectifié est retiré.
Monsieur Ostermann, l'amendement n° 358 est-il maintenu ?
M. Joseph Ostermann. Non, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 358 est retiré.
Monsieur Masson, maintenez-vous l'amendement n° 543 ?
M. Jean-Louis Masson. Je le retire, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 543 est retiré.
Monsieur Peyronnet, l'amendement n° 366 est-il maintenu ?

M. Jean-Claude Peyronnet. Non, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 366 est retiré.
Monsieur Arthuis, l'amendement n° 418 est-il maintenu ?
M. Jean Arthuis. Je le retire.
M. le président. L'amendement n° 418 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 16 rectifié bis .
M. Jean-Louis Masson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Masson.
M. Jean-Louis Masson. Il existe des communes qui désignent plus de délégués intercommunaux qu'elles ne comptent de conseillers municipaux. Or, l'amendement prévoit que les membres de l'organe délibérant des établissements publics de coopération intercommunale devront obligatoirement être conseillers municipaux.
Ne voulant pas, pour des motifs d'ordre local, m'associer à l'émergence éventuelle d'un problème qui pourrait concerner le statut de certaines structures intercommunales, je m'abstiendrai lors du vote de l'amendement n° 16 rectifié bis.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Je voulais prendre la parole, en faisant très attention à ne pas raviver une polémique, pour indiquer qu'il m'a été difficilement supportable d'entendre traiter un certain nombre d'entre nous de « dernier carré des ringards ».
En ce qui me concerne, je suis président d'une communauté d'agglomération, et ma vie politique se déroule depuis l'origine au sein de l'intercommunalité : je sais donc comment évolue la société.
S'agissant de l'intercommunalité, à l'époque où, dans le Nord, une grande ville annexait de force une commune voisine pour des raisons que nous connaissons bien, et cela contre la volonté de la commune annexée, mon conseil municipal délibérait et décidait de transférer la totalité du produit de la taxe professionnelle pour une zone d'activité que nous étions en train de créer à deux communes proches qui connaissaient des difficultés, à savoir Mantes-la-Jolie et Mantes-la-Ville. En matière de solidarité, nous n'avons donc pas de leçons à recevoir !
M. Claude Estier. N'en donnez pas non plus !
M. Dominique Braye. A propos de la décentralisation, puisque M. Mauroy en a beaucoup parlé, peut-on se satisfaire de paroles ? Dans les faits, le Gouvernement nous a supprimé la part régionale de la taxe d'habitation, la part salariale de la taxe professionnelle, les droits de mutation et la vignette automobile ; plus de 94 milliards de francs de recettes votées par les collectivités locales sont devenues des dotations d'Etat. Est-ce là votre conception de la décentralisation, chers collègues de l'opposition sénatoriale ? En tout cas, je tiens à vous dire solennellement que ce n'est pas la nôtre.
Maintenant, s'agissant de la question de la disparition de petites communes, je démontrerai que nous avons raison d'être prudents en citant un passage d'un discours prononcé en 1999 à la tribune du Sénat par le président de la communauté urbaine de Lille.
« La première spécificité de cette exception française, affirmait-il d'abord, est l'émiettement communal. Lorsque l'Europe comptait douze pays membres, nous avions, à nous seuls, plus de communes que les onze autres pays réunis. »
Il ajoutait : « Alors que bien des pays voisins du nôtre ont réussi à fusionner leurs communes, un tel mouvement ne s'est pas imposé en France, loin de là. »
Enfin, il concluait son intervention par ces mots : « Nous sommes trop en retard par rapport aux autres Etats ; nous sommes trop en retard par rapport à la nécessité dans laquelle se trouve la France de se moderniser, d'aller plus haut, d'aller plus loin. A nous de faire en sorte que, enfin, elle se donne une réforme administrative de son territoire à la hauteur de ses ambitions et des aspirations de sa population ! »
Mes chers collègues, devons-nous nous en tenir aux discours ou nous déterminer en fonction des actes qu'accomplissent chaque jour ceux qui les prononcent ? Pour ma part, je propose d'accorder davantage de crédit aux actions qu'aux paroles. (Applaudissements sur les travées du RPR, ainsi que sur certaines travées des Républicains et Indépendants.)
M. Jean-Pierre Raffarin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin. Je voterai dans le sens souhaité par M. le rapporteur, conformément à l'avis de la très grande majorité des maires du département de la Vienne, que je représente ici.
Cela étant, j'ai apprécié que M. le ministre s'en remette à la sagesse du Sénat. J'en conclus que M. Peyronnet s'est montré plus convaincant que M. Mauroy !
M. Pierre Mauroy. L'affaire n'est pas close ! (Sourires.)
M. Jean-Pierre Raffarin. Non, elle ne l'est pas. Mais chaque étape peut comporter ses moments de bonheur ! Eh bien, c'en était un ! (Nouveaux sourires.)
S'agissant des évolutions affectant les communes, je comprends, à l'instar de M. Lambert, que l'on s'interroge sur le sens de l'histoire pour les grandes villes et que l'on puisse souhaiter une meilleure représentativité. Ces questions peuvent être posées, car elles sont légitimes et doivent être résolues, mais il faut être sincère : en milieu rural, l'élection de « supermaires » aboutirait à la disparition des autres maires.
M. Alain Vasselle. Tout à fait !
M. Jean-Pierre Raffarin. Soyons donc clairs dans nos propos. Il s'agit là, je crois, d'un élément très important du débat : certaines questions doivent être posées s'agissant du milieu urbain, mais il va de soi que, en milieu rural, on ne peut pas souhaiter une évolution vers l'élection de « supermaires » sans remettre en cause les autres maires, et donc la vie communale telle que nous la connaissons aujourd'hui. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.) M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je voudrais faire une réponse rapide à M. Masson : précisément pour éviter l'écueil qu'il a signalé, l'amendement n° 16 rectifié bis prévoit que l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale devra être constitué de conseillers municipaux, certes, mais aussi de conseillers d'arrondissement.
M. Jean-Louis Masson. Cela ne règle pas le problème ! Pas pour Metz et Nancy !
M. René Garrec, président de la commission des lois. Cela règle tout !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 16 rectifié bis , pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Jean-Claude Peyronnet. Le groupe socialiste s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 7 ter est ainsi rédigé.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à treize heures, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Serge Vinçon.)

PRÉSIDENCE DE M. SERGE VINÇON
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la démocratie de proximité.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus aux articles additionnels après l'article 7 ter.

Articles additionnels après l'article 7 ter



M. le président.
L'amendement n° 555 rectifié, présenté par MM. Gérard, César, Guené, Joyandet, Lassourd, Lecerf, Leclerc, Le Grand, Leroy, de Richemont, Schosteck, Sido et Vasselle, est ainsi libellé :
« Après l'article 7 ter, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article L. 5211-45 du code général des collectivités territoriales est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Au plus tard le dernier jour du sixième mois précédant le renouvellement général des conseils municipaux faisant suite à la publication de la loi n° du relative à la démocratie de proximité, la commission départementale de la coopération intercommunale établit un bilan des périmètres des établissements publics de coopération intercommunale créés dans le département et formule des propositions destinées à renforcer la contribution de ces périmètres à la cohérence spatiale et économique ainsi qu'à la solidarité financière. »
L'amendement n'est pas soutenu.
L'amendement n° 518, présenté par M. Hyest, est ainsi libellé :
« Après l'article 7 ter, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 5341-1 du code général des collectivités territoriales est complété par l'alinéa suivant :
« Dans le délai d'un mois à compter de la date fixée par le décret prévu à l'alinéa précédent, le représentant de l'Etat dans le département abroge le périmètre d'urbanisation prévu à l'article L. 5311-2. »
« II. - Le dernier alinéa de l'article L. 5341-2 dudit code est supprimé. »
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest. Il s'agit de corriger une incertitude résultant de la loi sur l'intercommunalité.
En effet, jusqu'alors, il semblait que le décret prévu par l'article L. 5341-61 du code général des collectivités territoriales, considérant comme terminées les opérations de construction et d'aménagement des agglomérations nouvelles, emportait abrogation du périmètre d'urbanisation et donc de l'opération d'intérêt national.
En fait l'abrogation du périmètre vaut uniquement en cas de transformation du SAN, ou syndicat d'agglomération nouvelle, en communauté d'agglomération et ne s'applique pas dans tous les autres cas de figure, à savoir la transformation en communauté de communes ou le maintien de la forme institutionnelle du SAN, à défaut de remplir les conditions de critère démographique ou de tout autre critère pour se transformer en communauté d'agglomération.
Il apparaît donc nécessaire, pour clarifier la situation et respecter le parallélisme des formes, de prévoir un arrêté préfectoral dans tous les cas.
Cet amendement de cohérence vise à combler un vide juridique. Dois-je rappeler que nous légiférons parfois un peu vite (Sourires), ce qui nous oblige, de temps en temps, à corriger d'excellentes lois ? En l'occurrence, il s'agit d'une excellente loi, comme je l'ai entendu ce matin et comme j'ai pu le vérifier.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission émet a priori un avis favorable, mais souhaiterait bien évidemment connaître le sentiment du Gouvernement. Il paraît en effet indispensable - et l'amendement n° 518 va dans ce sens - qu'un certain nombre de dispositions soient affinées et précisées à la lumière de l'expérience.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. La modification du code général des collectivités territoriales, qui est proposée par M. Hyest, permettra effectivement de couvrir les différentes hypothèses d'évolution des villes nouvelles, notamment lorsque la procédure de transformation d'un SAN en communauté d'agglomération n'aboutit pas.
En effet, si l'amendement est adopté, le fait conduisant à l'abrogation du périmètre d'urbanisme par arrêté du préfet sera désormais le décret considérant comme terminées les opérations de construction et d'aménagement de la ville nouvelle et non plus la transformation du SAN en communauté d'agglomération.
J'émets donc, au nom du Gouvernement, un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 518, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 7 ter.
L'amendement n° 208 rectifié, présenté par M. Cointat, Mme Brisepierre, MM. Del Picchia, Guerry, Duvernois, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 7 ter, insérer un article additionnel rédigé comme suit :
« Les Français établis hors de France participent à la vie de leur communauté dans chaque circonscription consulaire par l'intermédiaire des comités consulaires créés par arrêté du ministre des affaires étrangères notamment en matière d'enseignement, de formation professionnelle et d'emploi, de protection sociale et d'actions de solidarité à l'égard des Français démunis ou malades, de protection des biens situés à l'étranger et de sécurité des personnes.
« Ces comités comprennent les membres élus du Conseil supérieur des Français de l'étranger, des représentants des associations de Français à l'étranger et de l'administration.
« Un décret, pris après avis du Conseil supérieur des Français de l'étranger ou de son bureau permanent, dans l'intervalle des sessions du Conseil, précise les modalités d'application du présent article, notamment les règles de composition, d'organisation et de fonctionnement de ces comités. »
La parole est à M. Cointat.
M. Christian Cointat. Nous débattons de la démocratie en général et de la démocratie de proximité en particulier. Or, vous le savez, la démocratie ne se divise pas. Elle concerne l'ensemble des citoyens de la nation. Il est donc essentiel que tous les Français soient couverts par les dispositions de la loi.
Or, il apparaît que ce projet de loi oublie une catégorie d'importante de Français qui bénéficie pourtant d'une reconnaissane constitutionnelle : les Français établis hors de France, dont les représentants, je le rappelle, sont élus au suffrage universel direct. Il n'est donc pas normal qu'un texte d'une telle portée symbolique, qui vise à développer la démocratie en la rapprochant des citoyens, ignore une partie de ceux-ci.
L'amendement n° 208 rectifié tend à rectifier cette omission. Il a une haute valeur symbolique pour rappeller que la nation est une et indivisible, que tous les Français sont égaux devant la loi, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. En effet, si les Français établis hors de France ont une spécificité certaine, ils n'en sont pas pour autant des Français à part. Ce sont des Français comme les autres !
Cet amendement vise à renforcer la démocratie de proximité, pour les Français vivant hors de nos frontières, par le biais de ce qui existe déjà, c'est-à-dire les comités consulaires qui permettent de rassembler dans une même enceinte les élus au suffrage universel, je le rappelle, les associations représentatives de Français de l'étranger et l'administration consulaire, qui administre les Français établis hors de France.
Telle est la raison pour laquelle le renforcement de la démocratie de proximité prévu par le projet de loi est tout à fait adapté aux Français établis hors de France ; ils en ont peut-être encore plus besoin que les autres parce qu'ils n'ont pas les structures intermédiaires que sont les communes, les cantons et les départements. Il est donc nécessaire de renforcer ce dialogue, cette concertation, cette information de la population française.
Je m'adresserai maintenant non pas à mes collègues sénateurs qui, je le sais, quelle que soit leur sensibilité, ont toujours manifesté leur affection aux Français établis hors de France et leur compréhension des problèmes de ces derniers, mais tout particulièrement à M. le ministre de l'intérieur. En effet, on nous dit trop souvent que les Français de l'étranger relèvent du ministère des affaires étrangères. Non, les Français de l'étranger relèvent de l'Etat ! Il faut le prendre en compte ! En effet, si, comme je l'ai dit tout à l'heure, de nombreuses questions concernant les Français de l'étranger ressortissent en effet au ministère des affaires étrangères, nos compatriotes, en tant que citoyens, relèvent de la France tout entière ! Il ne faudrait donc pas adopter une attitude revenant à dire que les préoccupations des Français de l'étranger sont finalement des affaires étrangères à la France ! Cela, nous ne pouvons pas l'accepter ! Il est extrêmement désobligeant pour les Français établis hors de France - je le dis avec solennité - d'entendre de tels propos ! Il faut donc rectifier cette attitude et, au moins sous une forme symbolique - c'est en réalité ce qui est proposé dans cet amendement -, replacer les Français de l'étranger dans l'ensemble de la nation.
Dans une loi comme celle dont nous débattons, il nous faut adopter une approche globale et cohérente et non pas distinguer des secteurs en fonction des compétences ministérielles. La loi doit en effet s'appliquer à l'ensemble de la France et des Français.
Je voudrais faire très rapidement référence à ce qui s'est passé en janvier dernier, alors que nous débattions de la démocratie locale : M. Robert Del Picchia s'était étonné dans cette enceinte de l'absence de référence aux Français établis hors de France. Le rapporteur de l'époque, M. Jean-Paul Delevoye, avait remarqué qu'on aurait en effet dû y songer, et le secrétaire d'Etat représentant le Gouvernement, M. Paul, avait reconnu qu'il faudrait effectivement faire quelque chose à l'occasion d'une discussion ultérieure. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes au stade de cette discussion ultérieure, et, comme le Gouvernement l'a reconnu, il faut maintenant faire quelque chose !
Je veux tout de même, pour conclure, rappeler un point qui est extrêmement important. Comme vous l'avez certainement noté, M. Jacques Chirac, Président de la République, lorsqu'il s'adresse aux Français, commence toujours son discours de la manière suivante : « Français de métropole, d'outre-mer et de l'étranger,... ». Ces quelques mots sont extrêmement appréciés par les Français établis hors de France qui se sentent ainsi véritablement reconnus comme partie de la communauté française tout entière. Et je peux vous dire qu'ils sont tellement appréciés que les Français de l'étranger en parlent avec des trémolos dans la voix.
J'espère donc - et je lance cet appel - que le Gouvernement aura à coeur d'être aussi intéressé par les Français de l'étranger que l'est le Président de la République et qu'il démontrera, par des actes concrets et non par de belles paroles, qu'il a compris la nécessité de traiter les Français de l'étranger comme tous les Français - ni plus ni moins - et de les inscrire donc dans la loi.
D'ailleurs, pour accéder à cet hémicycle, monsieur le ministre, vous passez par la galerie des bustes, et donc devant le buste d'un ancien ministre des affaires étrangères certes, mais ministre de la France, le poète Lamartine, qui a eu cette phrase merveilleuse : « Ma patrie est partout où rayonne la France. » Le rayonnement de la France est diffusé et amplifié par les Français établis hors de France. Alors, je vous en conjure, ne les oubliez pas ! (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. René Garrec, président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Comment la commission des lois pourrait-elle oublier, elle, ce que la France, dans son rayonnement, doit aussi, et pour une large part, aux Français installés hors de France ? Il me paraît donc nécessaire, en certaines circonstances - et cet amendement y contribue -, d'affirmer noir sur blanc cette volonté de concrétiser l'appui, et le soutien d'ailleurs pas seulement moral, qui leur est apporté.
La commission des lois a donc un préjugé très favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je comprends tout à fait la préoccupation que vous avez exprimée, monsieur le sénateur. Toutefois, je pense très franchement que cet amendement est sans rapport avec la démocratie dans les collectivités locales.
Je veux aussi revenir sur un certain nombre de choses qui ont été faites.
Tout d'abord, les textes prévoient déjà les règles de composition, d'organisation et de fonctionnement de ces comités constitués par le Gouvernement en 1982, à l'occasion de la création du Conseil supérieur des Français de l'étranger, le CSFE. Aux comités consulaires des bourses scolaires participent également les organisations syndicales représentatives des personnels enseignants, ainsi que les associations de parents d'élèves.
A la demande du CSFE, le Gouvernement a accepté en 2000 la création d'une commission temporaire de réforme de cet organisme, chargée de proposer une adaptation de son organisation et de son fonctionnement. Au nom du Gouvernement, le ministre des affaires étrangères, président du CSFE, se félicite du caractère consensuel qui a présidé jusqu'à présent aux travaux de cette commission, dont les propositions, pour une partie importante, ont déjà reçu un accueil favorable de la part du Gouvernement.
De toute façon, monsieur le sénateur, il convient qu'une concertation soit organisée sur la proposition contenue dans votre amendement : à ma connaissance, cette concertation n'a pas eu lieu.
Certes, vous avez eu raison de rappeler que nos concitoyens résidant hors de France relèvent bien évidemment de la France, et que c'est l'ensemble du Gouvernement, au nom de l'Etat, qui les administre.
Néanmoins, il est normal qu'un ministère, en l'occurrence celui des affaires étrangères, soit chargé de veiller à leurs conditions de vie. Or M. le ministre des affaires étrangères n'a pas été consulté.
Pour l'ensemble de ces motifs, même si, je le répète, je comprends les préoccupations des auteurs de l'amendement, le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n° 208 rectifié.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 208 rectifié.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Cerisier-ben Guiga.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga. Je dois dire que l'amendement déposé par M. Christian Cointat et ses collègues du RPR constitue involontairement un hommage à l'action de la gauche auprès des Français de l'étranger depuis vingt ans.
C'est bien l'ADFE - Français du monde, l'association démocratique des Français à l'étranger, qui a lancé la devise : « Français à l'étranger, Français à part entière ! »
La volonté de notre collègue Christian Cointat est, si je comprends bien, d'affirmer plus haut encore le fait que les Français établis à l'étranger sont des Français à part entière. C'est, je le répète, un hommage que rend ainsi le RPR à l'action menée par l'ADFE et les gouvernements de gauche depuis vingt ans en faveur des Français de l'étranger.
C'est en référence à ce principe qu'en 1982 le Conseil supérieur des Français de l'étranger, le CSFE, alors nommé, a été remplacé par un conseil supérieur des Français de l'étranger élu au suffrage universel, ce qui, par voie de conséquence, a entraîné l'élection des sénateurs dans des conditions normales, ce qui n'était pas le cas auparavant.
C'est aussi de ce principe que procèdent les différents comités consulaires sur lesquels porte cet amendement. Ils ont été créés, je le rappelle, sous l'impulsion des gouvernements de Pierre Mauroy et de Laurent Fabius : la commission locale des bourses en 1983, le comité consulaire pour la protection et l'aide sociale en 1984 et le comité consulaire pour l'emploi et la formation professionnelle en 1986.
Grâce à ces institutions, dont notre collègue Christian Cointat a rappelé l'importance, les décisions qui concernent les citoyens français de l'étranger sont prises démocratiquement, dans le cadre d'un débat. La décision de l'administration à qui revient le dernier mot est éclairée et encadrée grâce à des procédures transparentes.
Le problème que pose cet amendement porte à la fois, comme l'a dit M. le ministre, sur son oppotunité et sur le fond.
En septembre 2000, le président du Conseil supérieur des Français de l'étranger, qui est le ministre des affaires étrangères, M. Hubert Védrine, a constitué une commission de la réforme, qui débat non seulement de l'institution elle-même, mais aussi de ses structures de démocratie locale - les comités consulaires - et de la représentation nationale des Français établis à l'étranger.
Cette commission fonctionne, comme M. le ministre l'a souligné, sur la base du consensus. Elle a déjà débouché sur des projets d'arrêtés et de décrets, et son rapport final, qui sera remis à M. le ministre en septembre 2002, constituera la base d'un texte de loi.
Dès lors, l'amendement n° 208 rectifié a le défaut de court-circuiter la commission de la réforme du CSFE et porte, de fait, atteinte au consensus qui a bien fonctionné jusqu'alors dans une commission constituée à la proportionnelle des groupes.
Je relève en outre que son président, M. Guy Penne, n'a pas été consulté par le rapporteur de ladite commission, M. Robert-Denis Del Picchia, qui est aussi signataire de cet amendement.
Cela n'est pas acceptable ! L'absence de consultation de la commission, de son président et de quelques-uns de ses membres, dont je fais partie, est vraiment troublante.
J'en viens au fond.
En effet, telle qu'elle est envisagée par l'amendement, la composition du comité consulaire ne comprendrait plus les parents d'élèves, les personnalités qualifiées et les représentants des syndicats.
Or le décret envisagé dans l'amendement ne pourra être pris que sur la base des conclusions consensuelles de la commission de la réforme. Il ne pourra pas l'être sur la base d'un autre texte, sinon la commission à laquelle nous participons n'aurait aucune raison d'être.
Mon cher collègue Cointat, je souhaiterais que vous compreniez le point de vue d'un certain nombre de sénateurs délégués au CSFE et faisant partie de la commission de la réforme.
856 Ne pourriez-vous retirer votre amendement au nom du consensus qui prévaut au Conseil supérieur des Français de l'étranger sur la réforme de ses institutions et attendre que le rapport final ait été remis, c'est-à-dire en septembre 2002, pour refaire des propositions.
Si tel n'était pas le cas, je serais amenée, comme me l'a suggéré M. Guy Penne, président de la commission de la réforme, à m'abstenir sur ce texte, dont on comprend l'intérêt, mais qui ne vient pas en discussion au bon moment et dont la rédaction suscite des difficultés.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 208 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 7 ter.

Division additionnelle après l'article 7 ter



M. le président.
L'amendement n° 468, présenté par Mmes Beaufils, Borvo, Mathon et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7 ter, insérer une division additionnelle ainsi rédigée : "Chapitre... . - Congé pour responsabilités associatives". »
La parole est à Mme Beaufils. Mme Marie-France Beaufils. Le débat que nous venons d'engager sur la démocratie de proximité est évidemment marqué par la question de la participation citoyenne des habitants de nos villes.
Un tel constat est fondé sur une analyse des expériences diverses qui peuvent se mener, dans de nombreuses cités de notre pays, en vue de permettre une consultation plus régulière de la population par les élus.
Mais il s'accompagne aussi d'une autre réalité : l'existence de nombreux lieux de confrontation des idées et des approches sur l'ensemble des problèmes posés par la vie de la cité.
On pourra aussi citer le domaine de l'enseignement, où existent de nombreuses structures de concertation - conseils d'école, conseils d'administration des établissements secondaire, par exemple - tandis que le domaine de la culture et du sport est souvent le lieu d'un échange direct entre élus et population ou associations.
Cent ans après le vote de la loi du 1er juillet 1901 relative à la liberté d'association, force est de constater que notre pays continue de ne pas avoir de dispositions législatives favorisant réellement l'exercice de mandats associatifs par nos compatriotes.
Si, au fil du temps, le droit syndical ou les droits politiques ont en effet gagné droit de cité et ont pu trouver quelques matérialisations dans le corpus juridique de notre pays - le présent texte peut en constituer une nouvelle étape - il n'en est pas encore de même pour le milieu associatif.
Ainsi, dans les faits, ce ne sont que les très grandes associations comptant plusieurs milliers d'adhérents qui sont aujourd'hui en mesure de permettre à leurs dirigeants de jouer pleinement leur rôle.
Nous ne contestons pas cette réalité, mais il faut cependant constater que la nécessité se pose aujourd'hui d'étendre cette faculté à un plus grand nombre de personnes, notamment au moment où nous escomptons de cette loi qu'elle favorise un nouvel essor du dialogue démocratique.
Il convient, en effet, si l'on fixe des objectifs clairs de renforcement de la démocratie comme réponse aux tensions sociales que nous pouvons connaître, de faciliter autant que faire se peut le plein exercice de l'activité des personnes mandatées par leurs associations pour les représenter.
Tel est donc le sens de cet amendement, qui préconise la mise en place d'un congé de participation à la vie démocratique, outil de reconnaissance du rôle des associations dans la vie quotidienne et de la place de leurs représentants dans les structures de concertation existantes ou à développer.
De la même manière que le présent projet de loi renforce, de manière souvent heureuse, les droits des élus dans l'exercice de leur mandat ou leurs droits à la formation, il doit comprendre des dispositions porteuses de progrès dans la prise en compte du fait associatif.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement tend à conférer aux associations un avantage pratiquement équivalent à celui qui est concédé aux élus.
Or la nature des mandats associatifs est différente de celle des mandats électoraux. Certes, les associations méritent un soutien et, dans cette perspective, des propositions concrètes pourraient être étudiées. Cependant, en l'état actuel des choses et compte tenu du fait que c'est du code général des collectivités territoriales que nous traitons actuellement, la commission estime ne pas pouvoir donner un avis favorable sur cet amendement ; cette position et également valable pour les amendements n°s 469 et 470.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Comme M. le rapporteur, je donnerai également l'avis du Gouvernement sur les amendements qui suivent puisqu'ils ont le même objet, à savoir la création d'un congé pour responsabilités associatives.
Si le Gouvernement est conscient de l'intérêt réel d'une mesure dont l'importance ne saurait être sous-estimée, il ne peut que constater que celle-ci a peu de rapport ou, en tout cas, un rapport très ténu avec le texte en débat. Néanmoins, dans la mesure où un vrai problème se pose, je m'en remettrai à la sagesse du Sénat ; et c'est une sagesse positive !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 468.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je comprends bien les arguments et les réserves de M. le rapporteur et, par voie de conséquence, l'appel à la sagesse du Sénat formulé par M. le ministre. Cela étant, le présent projet de loi comporte suffisamment de « cavaliers » pour que l'on ne s'effraie pas de ces trois amendements, qui, ayant un seul et même objet, n'en font qu'un en réalité.
Dans ces conditions, étant donné l'intérêt de la mesure et puisque nous avons toujours tenu à favoriser le mouvement associatif, nous voterons pour cette proposition du groupe communiste républicain et citoyen, proposition dont nous le félicitons.
Mme Marie-France Beaufils. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. A l'occasion de la célébration du centenaire de la loi de 1901, nous avons été amenés à rencontrer de nombreux responsables d'associations. Ils nous ont notamment fait part des difficultés auxquelles ils se heurtent pour participer véritablement à la vie publique à laquelle nous, élus, les convions bien souvent.
C'est ainsi que, dans le cadre de la mise en oeuvre de la loi de solidarité et renouvellement urbains, la loi SRU, nous sommes amenés à solliciter le point de vue d'un certain nombre d'associations qui nous accompagnent dans la réflexion et dans la discussion des plans de déplacements urbains, par exemple. De même, les comités d'usagers sont consultés pour l'application de la loi de régionalisation de la SNCF.
C'est pourquoi la proposition que nous formulons en faveur de la vie associative me semble tout à fait pertinente, et j'insiste auprès de vous, mes chers collègues, pour que vous preniez en compte cet aspect du problème en donnant aux militants associatifs les moyens de trouver du temps pour participer à la vie démocratique.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Je veux d'abord insister sur le fait que les responsables associatifs sont souvent extrêmement fiers de leur statut de bénévole. Or, en prévoyant l'octroi de tels congés, on ne peut manquer d'attirer vers les associations des gens uniquement soucieux de profiter de tels avantages, pour qui les associations ne seront finalement que des instruments.
Mme Marie-France Beaufils. C'est l'inverse !
M. Dominique Braye. Dès lors, il ne nous sera plus guère possible d'exprimer notre gratitude, comme nous le faisons aujourd'hui dans toutes les collectivités, à ces personnes qui, par pur dévouement, se mettent au service de leurs concitoyens.
Du reste, beaucoup de mesures très favorables - pensez aux 35 heures ! - ont déjà été prises ces derniers temps. En fin de compte, il va être de plus en plus difficile de trouver une personne sur son lieu de travail, du moins s'il ne s'agit pas d'un pauvre patron de PME !
Bien sûr, on peut souhaiter que chacun puisse poursuivre des études jusqu'à l'âge de trente-six ans, de manière à voir s'élever le niveau moyen des connaissances dans notre pays, étant entendu qu'à partir de la trente-septième année seront ouverts les droits à la retraite ! C'est certain, la France sera alors un pays où il fera bon vivre, mais peut-être pas un pays parfaitement armé pour affronter la concurrence mondiale et notamment européenne.
M. Jacques Peyrat. Ce sera un pays en charpie !
M. Dominique Braye. Merci, mesdames, messieurs du groupe communiste républicain et citoyen, de nous aider, par vos propositions, à faire de la France un grand pays prêt à mener les combats de demain !
M. Louis Moinard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Moinard.
M. Louis Moinard. Je reconnais, comme tout un chacun, le travail énorme accompli par les associations, en collaboration avec les élus.
Cependant, en adoptant un tel amendement, ne risque-t-on pas de voir « fleurir » des associations dont l'objet sera plus de donner des congés à leurs membres que de servir la population ?
M. Jacques Peyrat. Très bien !
Mme Nicole Borvo. Six jours de congé par an, quelle horreur en effet !
M. André Lardeux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux. Il nous est difficile de voter un tel amendement au nom d'un principe simple, qui est le principe d'égalité.
Il est évident que la proposition de nos collègues favorise certaines catégories dans la mesure où elle ignore totalement les professions indépendantes.
Ainsi, certaines catégories seront encouragées à militer dans les associations.
Mme Nicole Borvo. Et qu'en est-il à l'heure actuelle ?
M. André Lardeux. Certes, c'est bien ce que certains, pour des raisons idéologiques, souhaitent.
A l'inverse, d'autres catégories seront de fait complètement exclues des associations : je pense notamment aux professions qui n'ont pas les moyens de se libérer.
M. Jacques Peyrat. Et qui travaillent !
M. André Lardeux. Par ailleurs, comme l'a dit Dominique Braye, on peut se demander quand on va travailler dans ce pays ! (Rires et exclamations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen et sur les travées socialistes.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 468, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 42:

Nombre de votants 315
Nombre de suffrages exprimés 315
Majorité absolue des suffrages 158
Pour l'adoption 114
Contre 201

Articles additionnels après l'article 7 ter



M. le président.
L'amendement n° 469, présenté par Mmes Beaufils, Borvo, Mathon et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7 ter , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« La section 1 du chapitre V du titre II du livre II du code du travail est modifiée de la façon suivante :
« I. - Le titre de la section est ainsi rédigé : "Congé pour responsabilités associatives".
« II. - L'article L. 225-1 est ainsi rédigé :
« Art. L. 225-1 . - Les travailleurs salariés et apprentis exerçant des responsabilités au sein d'une association régulièrement déclarée ou régulièrement inscrite au registre des associations de droit local et bénéficiant d'un agrément ministériel ou ayant au moins cinquante adhérents ont droit, sur leur demande, à un congé non rémunéré ne pouvant excéder six jours ouvrables par an et pouvant être fractionné en demi-journée à la demande du bénéficiaire. »
« III. - Dans le second alinéa de l'article L. 225-3, après les mots : "le congé d'éducation ouvrière", sont insérés les mots : "et le congé de représentation".
« IV. - L'article L. 225-4 est ainsi rédigé :
« Art. L. 225-4. - Les modalités d'application de la présente section sont précisées par un décret en Conseil d'Etat. Celui-ci fixe notamment :
« 1° Les règles selon lesquelles est déterminée, par établissement, le nombre maximum de jours de congé pouvant être accordés ;
« 2° Les conditions dans lesquelles l'employeur peut, le cas échéant, différer le congé, en raison des nécessités propres de son entreprise ou de son exploitation. »
« V. - L'article L. 225-5 est abrogé. »
L'amendement n° 470, présenté par Mmes Beaufils, Borvo, Mathon et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7 ter, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 34 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat est ainsi modifié :
« 1° Le 7° est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Ce congé ne peut se cumuler avec ceux qui sont prévus aux 8° et 10° du présent article qu'à concurrence de douze jours ouvrables pour une même année. » ;
« 2° Le 8° est ainsi rédigé :
« 8° Au congé pour responsabilités associatives d'une durée de six jours ouvrables par an. Ce congé non rémunéré est accordé, sous réserve des nécessités de service, au fonctionnaire exerçant des responsabilités au sein d'une association régulièrement déclarée ou régulièrement inscrite au registre des associations de droit local et bénéficiant d'un agrément ministériel ou ayant au moins cinquante adhérents. La durée du congé est assimilée à une période de service effectif pour l'avancement et la retraite et ne peut être imputée sur celle du congé annuel. Ce congé ne peut se cumuler avec ceux qui sont prévus aux 7° et 10° du présent article qu'à concurrence de douze jours ouvrables pour une même année. »
« II. - L'article 57 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale est ainsi modifié :
« 1° Le 7° est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Ce congé ne peut se cumuler avec ceux qui sont prévus aux 8° et 11° du présent article qu'à concurrence de douze jours ouvrables pour une même année. » ;
« 2° Le 8° est ainsi rédigé :
« 8° Au congé pour responsabilités associatives d'une durée de six jours ouvrables par an. Ce congé non rémunéré est accordé, sous réserve des nécessités de service, au fonctionnaire exerçant des responsabilités au sein d'une association régulièrement déclarée ou régulièrement inscrite au registre des associations de droit local et bénéficiant d'un agrément ministériel ou ayant au moins cinquante adhérents. La durée du congé est assimilée à une période de service effectif pour l'avancement et la retraite et ne peut être imputée sur celle du congé annuel. Ce congé ne peut se cumuler avec ceux qui sont prévus aux 7° et 11° du présent article qu'à concurrence de douze jours ouvrables pour une même année. »
« III. - L'article 41 de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière est ainsi modifié :
« 1° Le 7° est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Ce congé ne peut se cumuler avec ceux qui sont prévus aux 8° et 10° du présent article qu'à concurrence de douze jours ouvrables pour une même année. » ;
« 2° Le 8° est ainsi rédigé :
« 8° Au congé pour responsabilités associatives d'une durée de six jours ouvrables par an. Ce congé non rémunéré est accordé, sous réserve des nécessités de service, au fonctionnaire exerçant des responsabilités au sein d'une association régulièrement déclarée ou régulièrement inscrite au registre des associations de droit local et bénéficiant d'un agrément ministériel ou ayant au moins cinquante adhérents. La durée du congé est assimilée à une période de service effectif pour l'avancement et la retraite et ne peut être imputée sur celle du congé annuel. Ce congé ne peut se cumuler avec ceux qui sont prévus aux 7° et 10° du présent article qu'à concurrence de douze jours ouvrables pour une même année. »
Madame Beaufils, êtes-vous d'accord pour considérer que, compte tenu du vote qui vient d'intervenir, ces amendements n'ont plus d'objet ?
Mme Marie-France Beaufils. Hélas oui, monsieur le président !

Chapitre II

Droit des élus au sein des assemblées locales

Articles additionnels avant l'article 8



M. le président.
L'amendement n° 556 rectifié, présenté par MM. Oudin, Leclerc et Lassourd et Mme Rozier, est ainsi libellé :
« Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A la fin du premier alinéa de l'article L. 2121-7 du code général des collectivités territoriales, le mot : "trimestre" est remplacé par le mot : "bimestre". »
L'amendement n'est pas soutenu.
L'amendement n° 557 rectifié, présenté par MM. Oudin, Dufaut, Eckenspieller, Karoutchi et Lassourd, est ainsi libellé :
« Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2121-10 du code général des collectivités territoriales est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les quinze premiers jours du mois de janvier, le maire publie un calendrier prévisionnel des réunions envisagées dans l'année. »
L'amendement n'est pas soutenu.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 426 rectifié, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article L. 2121-11 du code général des collectivités territoriales, les mots : "trois jours francs" sont remplacés par les mots : "cinq jours francs". »
L'amendement n° 558 rectifié, présenté par MM. Oudin, Karoutchi et Vasselle, est ainsi libellé :
« Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Au premier alinéa de l'article L. 2121-11 du code général des collectivités territoriales, les mots : "trois jours francs" sont remplacés par les mots : "dix jours francs". »
La parole est à Mme Mathon, pour défendre l'amendement n° 426 rectifié.
Mme Josiane Mathon. Cet amendement vise à l'amélioration des conditions dans lesquelles les élus municipaux préparent les séances du conseil municipal.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour présenter l'amendement n° 558 rectifié.
M. Alain Vasselle. On me souffle que cet amendement n'est pas bon, mais je crois tout de même utile de le défendre. (Sourires.)
Il s'agit de faire passer de trois à dix jours le délai afférent à l'envoi des convocations.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'argumentation que je vais développer à propos de l'amendement n° 426 rectifié vaudra également pour l'amendement n° 558 rectifié ainsi que pour les amendements n°s 434, 435 et 560 rectifié. Chacun d'eux, à sa manière, aurait pour effet, non d'alléger, mais d'alourdir les procédures de fonctionnement des conseils municipaux.
M. Jean-Jacques Hyest. Exactement !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Si nous voulons rester fidèles à l'esprit que j'ai entendu souffler ce matin à propos de l'article 7 ter, il nous faut au contraire apporter plus de souplesse.
Madame Mathon, porter le délai de convocation du conseil municipal de trois à cinq jours francs dans les communes de moins de 3 500 habitants ne me paraît pas être de nature à simplifier les choses. Les délais de convocation actuellement en vigueur ne me semblent pas porter atteinte à la démocratie de proximité dans ces communes.
Il en va, bien entendu, de même, monsieur Vasselle, concernant l'amendement n° 558 rectifié.
M. Alain Vasselle. Je le retire !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Eh bien, vous avez raison ! (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 558 rectifié est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 426 rectifié ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'alignement des délais de convocation sur cinq jours francs pour l'ensemble des communes ne me paraît pas opportun.
Dans les communes de moins de 3 500 habitants, le délai de trois jours francs a été maintenu par la loi du 6 février 1992, relative à l'administration territoriale de la République, pour faciliter le fonctionnement de leurs conseils municipaux. L'allongement du délai de convocation ne pourrait que conduire à alourdir les charges administratives des communes.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement émet un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 426 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° 434, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa de l'article L. 2121-12 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Si la délibération concerne un contrat de service public, le projet de contrat ou de marché doit être joint à la convocation. »
La parole est à Mme Mathon.
Mme Josiane Mathon. Cet amendement se justifie par son texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Mme Mathon l'aura sûrement compris, l'argumentation que j'ai soutenue à propos du délai de convocation vaut également en ce qui concerne l'envoi, en même temps que la convocation, du projet de contrat ou de marché : ne compliquons pas la vie des petites communes !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 434 rectifié.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Ceux qui ont déposé cet amendement, s'ils gèrent aussi des collectivités locales,...
Mme Marie-France Beaufils. Bien sûr !
M. Dominique Braye. ... doivent savoir que certains contrats de service public représentent plusieurs milliers de pages. S'il fallait en envoyer un exemplaire à soixante personnes chaque fois qu'un tel contrat doit être discuté, non seulement ce ne serait pas très commode, mais en outre cela coûterait fort cher.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 434, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 435, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'avant-dernier alinéa de l'article 2121-12 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Le délai de convocation est fixé à dix jours francs. Dans ce cas, l'urgence ne peut être invoquée. »
L'amendement n° 560 rectifié, présenté par MM. Oudin, Dufaut, Karoutchi et Vasselle, est ainsi libellé :
« Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A la fin de la première phrase du troisième alinéa de l'article L. 2121-12 du code général des collectivités territoriales, les mots : "cinq jours francs" sont remplacés par les mots : "dix jours francs". »
La parole est à Mme Mathon, pour présenter l'amendement n° 435.
Mme Josiane Mathon. Cet amendement a déjà été défendu, monsieur le président.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 560 rectifié.
M. Alain Vasselle. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 560 rectifié est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 435 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 435, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 8



M. le président.
« Art. 8. - I. - Après l'article L. 2121-12 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2121-12-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2121-12-1 . - Dans les communes de 3 500 habitants et plus, une séance du conseil municipal est consacrée chaque année à l'examen des propositions de délibération déposées par les conseillers n'appartenant pas à la majorité municipale. Le délai de convocation du conseil municipal est d'au moins trente jours. Les propositions de délibération sont adressées au maire quinze jours avant la date de la séance. Le règlement intérieur fixe les règles de présentation et d'examen de ces propositions. »
« II. - Après l'article L. 3121-10 du même code, il est inséré un article L. 3121-10-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 3121-10-1 . - Une séance du conseil départemental est consacrée chaque année à l'examen des propositions de délibération déposées par les conseillers départementaux appartenant à des groupes n'ayant pas de membres au sein du bureau du conseil départemental. Le délai de convocation du conseil départemental est d'au moins trente jours. Les propositions de délibération sont adressées au président du conseil départemental quinze jours avant la date de la séance. Le règlement intérieur fixe les règles de présentation et d'examen de ces propositions. »
« III. - Après l'article L. 4132-9 du même code, il est inséré un article L. 4132-9-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 4132-9-1 . - Une séance du conseil régional est consacrée chaque année à l'examen des propositions de délibération déposées par les conseillers régionaux appartenant à des groupes n'ayant pas de membre au sein du bureau du conseil régional. Le délai de convocation du conseil régional est d'au moins trente jours. Les propositions de délibération sont adressées au président du conseil régional quinze jours avant la date de la séance. Le règlement intérieur fixe les règles de présentations et d'examen de ces propositions. »
Sur l'article, la parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux. L'intitulé du chapitre II - « Droits des élus au sein des assemblées locales » - me semble quelque peu abusif, puisque les articles qui composent ledit chapitre ne visent que les élus minoritaires, les élus majoritaires, quant à eux, étant allègrement oubliés !
Même si les conseils généraux deviennent des conseils départementaux, ce qui me paraît une idée intéressante, je regrette toutefois que cette disposition ait été prise au détour de la rédaction d'un alinéa dans un article de ce texte. Une telle transformation aurait dû être affirmée de façon plus solennelle !
Pour en revenir aux droits des élus minoritaires dans les assemblées locales, il faut éviter, à mon avis, de donner le sentiment que la légitimité de la majorité, qui assume pleinement les responsabilités de la gestion, pourrait être remise en cause. C'est elle, en effet, qui peut être éventuellement sanctionnée par le contrôle de légalité ou par les électeurs !
Par ailleurs, ces dispositions risquent d'alourdir le fonctionnement des assemblées et de créer des conflits en incitant aux surenchères démagogiques et à une contestation systématique qui risquent de porter atteinte au débat serein qui est de mise dans ces enceintes. Dans de nombreux cas, les règlements intérieurs permettent à l'opposition de s'exprimer !
M. Jean-Jacques Hyest. Absolument !
M. André Lardeux. En tout état de cause, que ces dispositions soient prises sous cette forme ou sous une autre, leur application, il faut le savoir, dépend de l'état d'esprit ou de la bonne volonté des maires ou des présidents d'assemblée.
Je fais actuellement partie de la majorité d'un conseil municipal, mais il m'est arrivé d'être dans l'opposition. Je sais donc de quoi je parle : au sein de cette assemblée, dans laquelle j'étais minoritaire, l'opposition municipale avait théoriquement des droits, mais ceux-ci étaient totalement bafoués par le maire, qui coupait la parole aux élus en séance publique, qui, bien sûr, refusait à l'opposition le droit de s'exprimer dans le journal municipal et qui ne lui accordait aucun moyen de fonctionnement.
Les dispositions qui nous sont proposées ne permettront toutefois pas, me semble-t-il, de remédier à de tels comportements, car les maires et les présidents d'assemblée trouveront toujours un moyen de contourner la loi. Et, à cet égard, je suis prêt à faire amende honorable : encore une fois, je sais de quoi je parle.
C'est la raison pour laquelle je me rallie à la série d'amendements de suppression que la commission des lois nous propose.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, à quel échelon de notre système institutionnel les Français font-ils le plus confiance ? Il n'est un secret pour personne que c'est manifestement aux collectivités territoriales et, en tout premier lieu, aux communes. Il faut donc croire qu'ils voient dans ces collectivités, en raison de leur proximité, le meilleur relais de l'expression démocratique et citoyenne.
Dés lors, pourquoi s'échiner à traiter en urgence d'un renforcement prétendument nécessaire de la démocratie locale, alors que, si nos concitoyens nous demandent de façon insistante et réitérée d'instiller plus de démocratie, c'est aux échelons supérieurs et, en premier lieu, à l'échelon national ?
Nous parlons ici de démocratie, mais nous ne la mettons pas en oeuvre parce que nous n'écoutons pas nos compatriotes. Toutefois, l'article 8 n'est-il pas une diversion un peu grossière, même si, évidemment, l'intention de conforter la démocratie locale peut sembler louable ? N'est-ce pas un « gadget » législatif, dont les dispositions peuvent s'avérer, en fait, contraires à l'intérêt même de la bonne cause que l'on prétend défendre ?
A quoi sert-il, en effet, de prévoir une séance annuelle réservée aux oppositions dans les conseils municipaux, dans les conseils généraux et dans les conseils régionaux, si ces séances ne sont suivies d'aucun effet concret ?
Il n'existe pas, dans ces assemblées, vous le savez bien, de dispositifs semblables à celui de l'article 40 de notre Constitution pour encadrer budgétairement et financièrement les mesures qui seraient proposées par les oppositions.
Prenons l'exemple des conseils municipaux, les mieux connus de nos concitoyens : il suffit d'assister à des séances de conseil pour s'apercevoir que l'opposition ne se prive pas de son droit légitime de contester, de critiquer et de faire des contre-propositions. Et c'est une très bonne chose, car c'est l'exercice concret de la pratique démocratique.
M. Jean Chérioux. Très bien !
M. Dominique Braye. La disposition que vous nous proposez va faire perdre leur temps à tous les élus des assemblées locales, occasionner un surcroît de travail inutile aux fonctionnaires territoriaux, compliquer la lisibilité de la légitimité démocratique des élus locaux aux yeux de nos concitoyens et, surtout, entretenir les attitudes politiciennes des différents groupes des conseils municipaux alors que nous savons tous que ces rivalités ont tendance à s'atténuer avec le temps, pour le plus grand bien du fonctionnement de nos communes.
Cette disposition conduirait uniquement à la politisation des débats municipaux dans les communes de taille moyenne, où telle n'est pas la tradition actuellement.
Au demeurant, serait-il profitable à la vie démocratique d'une assemblée locale et d'une collectivité territoriale que d'ouvrir la porte à toutes les surenchères démagogiques, aux propositions grandioses et irréalisables, qui n'auraient d'autre motivation que la promesse gratuite d'une tribune offerte aux beaux parleurs, sans aucun souci de rigueur budgétaire et de bonne gestion ?
De là découle un autre risque majeur, mes chers collègues : celui de la médiatisation à outrance de ces séances annuelles réservées à l'opposition, qui vont cristalliser, nous le savons bien, les tensions parmi les habitants, qui vont agiter la presse, toujours friande des chocs frontaux spectaculaires et qui préfère naturellement le train qui arrive en retard aux trains qui arrivent à l'heure, bref, qui vont faire bouillir tout le Landerneau local en pure perte d'énergie et sans résultat concret, tout cela au détriment de la démocratie et de l'intérêt des collectivités et de leurs habitants.
Nous sommes donc bien dans le cadre d'une réformette démagogique, d'un gadget de diversion qui aura toutes les chances d'être vite tourné en ridicule par l'épreuve des faits.
M. Roland Muzeau. La démocratie, c'est un gadget ?
M. Jean Chérioux. Oui, ces propositions sont des gadgets ; ce n'est pas démocratique !
M. Dominique Braye. Encore une fois, monsieur le ministre, laissez les acteurs de la vie publique locale mener leur collectivité avec sagesse et sérénité. (Protestations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Nos institutions locales sont solides, elles sont appréciées de nos concitoyens, pour lesquels elles sont la meilleure expression de la vie démocratique. Alors, laissez-les vivre, laissez vivre cette démocratie et traitez plutôt les sujets de fond d'envergure nationale qui préoccupent à juste titre les Français et qui, eux, nécessiteraient de profondes transformations, que vous n'avez pas eu le courage d'engager jusqu'à ce jour.
La démocratie nationale n'est certes pas en péril, mais nos concitoyens ne la comprennent plus. En revanche, ils s'estiment fort satisfaits de la démocratie locale, plus proche de leurs soucis quotidiens, plus pragmatique et moins politicienne.
Vous faites fausse route, monsieur le ministre, en essayant d'appliquer encore une fois, comme sur tant d'autres questions, une réponse législative unique et systématique pour uniformiser, contrôler et enrégimenter tout et toujours.
C'est un travers bien socialiste que de vouloir tout réguler et de ne jamais faire confiance aux capacités d'initiative et d'organisation propres de nos concitoyens, de nos entreprises et, en l'occurrence, de nos collectivités territoriales.
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre, je voterai évidemment la suppression de cet article 8, prototype d'un mal socialiste français - et communiste aussi (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.) -, qui consiste à légiférer à tout va,...
Mme Nicole Borvo. Que faisons-nous là, alors ? Arrêtons de légiférer !
M. Dominique Braye. ... quand ce n'est pas nécessaire, afin d'éviter que ne saute trop aux yeux de nos concitoyens l'aggravation des vrais problèmes de notre société.
M. Robert Bret. Fermez le ban ! (Sourires.)
M. le président. Je suis saisi de neuf amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 17 est présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois.
L'amendement n° 405 est présenté par M. Arthuis et les membres du groupe de l'Union centriste.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« Supprimer l'article 8. »
L'amendement n° 436, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du texte proposé par le I de l'article 8 pour l'article L. 2121-12-1 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "n'appartenant pas à la majorité municipale". »
L'amendement n° 674 rectifié, présenté par MM. Charasse, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Au début de la deuxième phrase du texte proposé par le I de l'article 8 pour l'article L. 2121-12-1 du code général des collectivités territoriale, insérer les mots : "Pour cette séance,". »
L'amendement n° 437, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du texte proposé par le II de l'article 8 pour l'article L. 3121-10 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "appartant à des groupes n'ayant pas de membres au sein du bureau du conseil départemental". »
L'amendement n° 675, présenté par M. Charasse et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Au début de la deuxième phrase du texte proposé par le II de l'article 8 pour l'article L. 3121-10-1 du code général des collectivités territoriales, insérer les mots : "Pour cette séance,". »
L'amendement n° 438, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du texte proposé par le III de l'article 8 pour l'article L. 4132-9-1 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "appartenant à des groupes n'ayant pas de membres au sein du bureau du conseil régional". »
L'amendement n° 676, présenté par M. Charasse et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Au début de la deuxième phrase du texte proposé par le III de l'article 8 pour l'article L. 4132-9-1 du code général des collectivités territoriales, insérer les mots : "Pour cette séance". »
L'amendement n° 294 rectifié, présenté par MM. Delevoye, Eckenspieller et Lassourd, Mme Rozier et M. Vasselle, est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 8 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 5211-11 du même code, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - En cas d'inexistence de groupes d'opposition au sein des conseils communautaires des établissements publics de coopération intercommunale, la séance annuelle prévue à l'article L. 2121-12-1 est consacrée à l'examen des propositions de délibérations déposées par l'ensemble des membres de l'organe délibérant, dans le respect des conditions et formes définies par cet article. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 17.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Tout en disposant d'un éventail d'arguments moins large et moins percutant que notre collègue M. Braye, je voudrais expliquer, au moyen de quatre arguments, pourquoi nous proposons un amendement de suppression de l'article 8.
En premier lieu, cet article entrave tout simplement le principe de libre administration des collectivités locales. Jusqu'à présent, on ne pouvait pas reprocher aux collectivités locales de ne pas laisser aux conseillers appartenant à l'opposition la liberté de s'exprimer !
En deuxième lieu, il s'agit de ne pas accréditer, surtout s'agissant des communes comprenant plus de 3 500 habitants, l'idée d'une définition figée des minorités dans un conseil municipal. Dans de nombreuses communes, la frontière entre la majorité et l'opposition n'est pas figée ! Les lignes de démarcation y sont parfois, comme d'ailleurs, plutôt fluctuantes.
En troisième lieu, n'entravons pas le principe majoritaire issu du suffrage universel. Le suffrage universel désigne une majorité,...
M. Bernard Murat. Eh oui !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur ... mais cette majorité n'est pas là pour l'éternité, fort heureusement ! Tous les six ans, elle peut être remise en cause.
M. Joseph Ostermann. Et voilà !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est la raison pour laquelle majorité et minorité sont amenées à gérer leurs relations en fonction du présent, certes, mais aussi des perspectives d'avenir.
En quatrième lieu, enfin, comme nous pouvons le constater dans les assemblées régionales, départementales ou communales, on peut gérer avec souplesse, en fonction des circonstances du moment, conformément aux traditions en vigueur. Il existe, dans ces instances, une gestion des relations entre majorité et minorité qu'il serait dommage d'enserrer dans un carcan rigide qui, probablement, enlèverait à la spontanéité de ces relations une bonne partie de leur substance.
Voilà pourquoi la commission a déposé un amendement visant à supprimer l'article 8, afin de préserver la souplesse, chaque fois que c'est possible, dans la vie des collectivités locales. La libre administration et l'épanouissement de ces collectivités en découlent !
M. le président. La parole est à M. Hyest, pour défendre l'amendement n° 405.
M. Jean-Jacques Hyest. Je partage, bien entendu, l'argumentation de M. le rapporteur. J'ajoute que, plus on organise la vie d'une collectivité, moins on fait confiance au respect par la majorité des droits de la minorité.
Le respect des droits de la minorité est en effet un des fondements de la démocratie. Certes, si l'on n'y croit pas, on peut toujours encadrer l'exercice de ces droits, mais je considère que, si cette disposition était votée, cela permettrait à ceux qui ne veulent pas laisser à l'opposition la possibilité de s'exprimer de reporter tous les ans les vrais débats.
La loi de 1992 a prévu de formaliser un certain nombre de dispositions dans les règlements intérieurs, et je crois que c'était suffisant : l'opposition peut ainsi déposer des amendements, poser des questions orales, interroger la majorité.
Prévoir une séance spécifique pour que l'opposition puisse faire des propositions, c'est une erreur, parce que l'on fait ainsi d'une assemblée de gestion une assemblée de délibération, comme le sont nos assemblées parlementaires. Dans une assemblée locale, nous délibérons de projets, de sujets tout à fait concrets !
J'ajoute, monsieur le président, que, subrepticement, on change le nom d'une assemblée locale, le conseil général, pour l'appeler conseil départemental. Une association d'élus le souhaite, mais ce serait vraiment uniquement pour le plaisir de changer. Depuis plus d'un siècle, nos concitoyens sont en effet habitués aux conseils généraux.
M. Michel Charasse. Depuis la loi Tréveneuc de 1872 !
M. Jean-Jacques Hyest. Les conseils généraux existaient avant, même s'ils n'ont été élus qu'à partir de 1871.
Certains veulent changer tous les sigles, les dénominations de tous les services !...
M. Michel Charasse. Le papier à en-tête !
M. Jean-Jacques Hyest. A chaque remaniement, on change même le nom des ministères. On devrait pouvoir opposer l'article 40 de la Constitution à de telles décisions.
M. le président. La parole est à Mme Mathon, pour défendre les amendements n°s 436, 437 et 438.
Mme Josiane Mathon. Ces trois amendements ont le même objet, chacun s'appliquant à l'un des trois niveaux des collectivités territoriales : la commune, le département et la région.
Nous apprécions le fait que le projet de loi vise à améliorer les droits de l'opposition dans les assemblées territoriales, mais il nous paraît également essentiel d'améliorer les droits des élus qui font partie de la majorité mais qui sont minoritaires.
Grâce à ces amendements, le groupe communiste républicain et citoyen va peut-être développer la démocratie encore un peu plus.
M. Bernard Murat. C'est nouveau !
M. Dominique Braye. C'est un changement !
Mme Nicole Borvo. Vous êtes bien mal placés pour faire ces remarques !
M. le président. La parole est à M. Charasse, pour défendre les amendements n°s 674 rectifié, 675 et 676.
M. Michel Charasse. Ces amendements ont rigoureusement le même objet, sauf qu'ils s'appliquent chacun à une catégorie d'assemblée : le conseil municipal, le conseil général et le conseil régional.
Ils visent simplement à préciser que les dispositions de l'article 8 ne concernent que la séance en question et non d'autres séances.
Bien entendu, si l'amendement de suppression est adopté, ces trois amendements n'auront plus d'objet.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 294 rectifié.
M. Alain Vasselle. La pertinence de la notion d'opposition n'est pas toujours évidente au sein des conseils communautaires. Il n'est pas rare qu'il n'existe aucune opposition, au sens politique du terme, dans ces conseils, y compris dans les communautés d'agglomération.
Il serait donc utile, en l'absence de tout groupe d'opposition, d'étendre l'utilisation du droit à propositions de délibérations à tous les membres de l'organe délibérant.
Une telle pratique ne peut être qu'un gage supplémentaire en faveur de la démocratie locale. Si l'amendement n° 17, présenté par M. Hoeffel, est adopté, notre amendement n'aura plus d'objet.
Mme Nicole Borvo. Cela dépend de vous, monsieur Vasselle !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il est évident que si l'amendement n° 17 de suppression de l'article 8 était adopté, tous les autres seraient sans objet.
M. Michel Charasse. Voilà !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. J'ai d'ailleurs cru déceler dans les intonations de certains de leurs auteurs qu'ils ne considéreraient pas une telle éventualité comme une catastrophe ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. La mesure prévue par l'article 8 en faveur de l'exercice du droit d'expression et de proposition des conseillers d'opposition constitue un progrès important. Il convient donc de la maintenir.
Une telle disposition n'est pas susceptible de déstabiliser le fonctionnement des conseils municipaux. Au contraire, elle constitue le socle des droits fondamentaux de l'opposition.
M. Joseph Ostermann. Mais non !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Tout n'est pas partout aussi idyllique que certains voudraient le laisser croire ! (Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Patrick Lassourd. Nous respectons l'opposition. Nous ne vous avons pas attendus !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 17.
L'amendement n° 405, déposé par M. Arthuis tend, lui aussi, à supprimer l'article 8 et le Gouvernement ne peut qu'y être défavorable. Si les élus majoritaires peuvent a priori faire entendre leurs points de vue sur les sujets qui les intéressent, il n'en va pas toujours de même pour les élus de l'opposition. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 436, présenté par Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, car les conseillers appartenant à la majorité n'ont pas, en principe, de difficulté pour faire part de leurs points de vue.
M. Jean-Pierre Schosteck. Forcément !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. De plus, rien n'interdit, dans le cadre du règlement intérieur, d'organiser la présentation des propositions de conseillers. Le Gouvernement est attaché au maintien du texte de l'article 8 qui tend à préserver le droit de proposition des élus de l'opposition.
Les amendements n°s 437 et 438 étant des amendements de cohérence avec l'amendement n° 436, le Gouvernement y est également défavorable.
En revanche, j'émets bien évidemment un avis favorable sur les amendements n°s 674 rectifié, 675 et 676, qui apportent des précisions utiles.
Enfin, monsieur Vasselle, je note que les mesures prévues à l'article 8 ont pour objet de permettre aux élus de l'opposition des assemblées délibérantes des collectivités territoriales de soumettre à l'examen de leur conseil des propositions de délibérations et qu'elles s'appliquent aux EPCI par le renvoi opéré par l'article 14.
Il est vrai que le caractère politique des organes délibérants des établissements de coopération intercommunale est moins affirmé et que la détermination d'une majorité et d'une minorité n'y est pas toujours évidente.
Cela dit, une transposition des règles applicables aux conseils municipaux ne pourrait jouer que pour les EPCI à fiscalité propre, dont les organes délibérants sont composés d'élus.
Cet amendement n° 294 rectifié semble aller au-delà de l'intention initiale du Gouvernement. Je m'en remets cependant à la sagesse du Sénat sur cette disposition, qui instaure une charge nouvelle pour les intercommunalités.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s 17 et 405, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 8 est supprimé, et les amendements n°s 436, 674 rectifié, 437, 675, 438, 676 et 294 rectifié n'ont plus d'objet.

Article 9



M. le président.
« Art. 9. - I. - Après l'article L. 2121-22 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2121-22-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2121-22-1 . - Dans les communes de 3 500 habitants et plus, le conseil municipal, lorsqu'un cinquième de ses membres le demande, délibère de la création d'une mission d'information et d'évaluation. Celle-ci a pour objet de recueillir des éléments d'information sur toute question d'intérêt communal ou de procéder à l'évaluation des services publics communaux. Un même conseiller municipal ne peut s'associer à une telle demande plus d'une fois par an.
« Aucune mission ne peut être créée à partir du 1er janvier de l'année civile qui précède l'année du renouvellement général des conseils municipaux.
« Le règlement intérieur fixe les règles de présentation et d'examen de la demande de constitution de la mission ainsi que ses modalités de fonctionnement.
« La composition de la mission est fixée par le conseil municipal sur proposition du maire. Elle doit respecter le principe de la représentation proportionnelle. La mission peut associer à ses travaux avec voix consultative des membres qui n'appartiennent pas au conseil municipal, notamment des représentants d'associations locales et d'usagers des services publics locaux.
« La mission a un caractère temporaire. Elle prend fin par la remise aux membres du conseil municipal de son rapport et, au plus tard, à l'expiration d'un délai de six mois à compter de la date de la délibération qui l'a créée. Le rapport fait l'objet d'une communication par le maire au cours de la plus prochaine séance du conseil municipal. »
« II. - Après l'article L. 3121-22 du même code, il est inséré un article L. 3121-22-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 3121-22-1 . - Le conseil départemental, lorsqu'un cinquième de ses membres le demande, délibère de la création d'une mission d'information et d'évaluation. Celle-ci a pour objet de recueillir des éléments d'information sur toute question d'intérêt départemental ou de procéder à l'évaluation des services publics départementaux. Un même conseiller départemental ne peut s'associer à une telle demande plus d'une fois par an.
« Aucune mission ne peut être créée à partir du 1er janvier de l'année civile qui précède l'année du renouvellement triennal des conseils départementaux.
« Le règlement intérieur fixe les règles de présentation et d'examen de la demande de constitution de la mission ainsi que ses modalités de fonctionnement.
« La composition de la mission est fixée par le conseil départemental sur proposition du président. Elle doit respecter le principe de la représentation proportionnelle. La mission peut associer à ses travaux avec voix consultative des membres qui n'appartiennent pas au conseil départemental, notamment des représentants d'associations locales et d'usagers des services publics locaux.
« La mission a un caractère temporaire. Elle prend fin par la remise aux membres du conseil départemental de son rapport et, au plus tard, à l'expiration d'un délai de six mois à compter de la date de la délibération qui l'a créée. Le rapport fait l'objet d'une communication par le président au cours de la plus prochaine séance du conseil départemental. »
« III. - Après l'article L. 4132-21 du même code, il est inséré un article L. 4132-21-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 4132-21-1 . - Le conseil régional, lorsqu'un cinquième de ses membres le demande, délibère de la création d'une mission d'information et d'évaluation. Celle-ci a pour objet de recueillir des éléments d'information sur toute question d'intérêt régional ou de procéder à l'évaluation des services publics régionaux. Un même conseiller régional ne peut s'associer à une telle demande plus d'une fois par an.
« Aucune mission ne peut être créée à partir du 1er janvier de l'année civile qui précède l'année du renouvellement des conseils régionaux.
« Le règlement intérieur fixe les règles de présentation et d'examen de la demande de constitution de la mission ainsi que ses modalités de fonctionnement.
« Sa composition est fixée par le conseil régional sur proposition du président. Elle doit respecter le principe de la représentation proportionnelle. La mission peut associer à ses travaux avec voix consultative des membres qui n'appartiennent pas au conseil régional, notamment des représentants d'associations locales et d'usagers des services publics locaux.
« La mission a un caractère temporaire. Elle prend fin par la remise aux membres du conseil régional de son rapport et, au plus tard, à l'expiration d'un délai de six mois à compter de la date de la délibération qui l'a créée. Le rapport fait l'objet d'une communication par le président au cours de la plus prochaine séance du conseil régional. »
Je suis saisi de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 18 est présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois.
L'amendement n° 403 est présenté par M. Arthuis et les membres du groupe de l'Union centriste.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Supprimer l'article 9. »
Les quatre amendements suivants sont présentés par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 473 est ainsi libellé :
« Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 9 pour l'article L. 2121-22-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "cinquième de ses membres le demande" par les mots : "groupe politique, un ou plusieurs conseils de quartier ou deux cents habitants par voie de pétition le demandent." »
L'amendement n° 474 est ainsi libellé :
« Dans la dernière phrase de l'avant-dernier alinéa du texte proposé par le I de l'article 9 pour l'article L.2121-22-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "peut associer" par le mot : "associe". »
L'amendement n° 476 est ainsi libellé :
« Dans la dernière phrase de l'avant-dernier alinéa du texte proposé par le I de l'article 9 pour l'article L. 2121-22-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer le mot : "consultative" par le mot : "délibérative". »
L'amendement n° 475 est ainsi libellé :
« Dans la dernière phrase de l'avant-dernier alinéa du texte proposé par le I de l'article 9 pour l'article L. 2121-22-1 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "associations locales", insérer les mots : "de salariés". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 18.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'article 9 concerne la création des missions d'information et d'évaluation. Trois arguments nous paraissent justifier l'inutilité de ces missions.
Tout d'abord, la compétence trop générale qui est accordée à ces missions d'information et d'évaluation laisse craindre un empiètement sur le rôle des conseils municipaux et des séances plénières des assemblées délibérantes.
Avec ces missions, il risque ensuite d'y avoir chevauchement de compétences avec la commission consultative des services publics locaux qui est chargée, entre autres, de l'évaluation des services publics locaux.
On peut enfin se demander s'il faut absolument légiférer dans un domaine comme celui-ci. La loi, d'une part, et le principe de la libre administration des collectivités, d'autre part, permettent déjà aux collectivités locales qui le souhaitent de créer des commissions qui préparent le travail du conseil.
N'empilons donc pas des structures dont la mission a des contours qui ne sont pas assez clairement définis. Laissons un maximum de souplesse pour que le travail d'évaluation puisse se faire à l'aide des instruments et des moyens qui existent déjà.
M. le président. La parole est à M. Amoudry, pour défendre l'amendement n° 403.
M. Jean-Paul Amoudry. Comme vient de le dire M. le rapporteur, cet article vise à instaurer une nouvelle contrainte à l'encontre de la libre administration des collectivités locales. Il convient donc de le supprimer.
M. le président. La parole est à Mme Mathon, pour défendre les amendements n°s 473, 474, 476 et 475.
Mme Josiane Mathon. L'article 9 du présent projet de loi porte sur la possibilité de créer, en vue de procéder à l'évaluation de l'activité du service public municipal, une ou des missions d'information.
Il vise donc à donner corps à une nouvelle avancée du travail des assemblées élues en autorisant la création d'une structure temporaire de concertation et de réflexion destinée, en particulier, à rendre plus efficace le service public local, en relation directe avec la population.
Nous ne sommes pas surpris que la commission des lois s'oppose à cette mesure, qui, selon toute vraisemblance, rompt quelque peu avec des habitudes ancrées depuis assez longtemps.
Mais nous sommes aujourd'hui dans une phase historique où l'intervention de la population dans la gestion locale, comme d'ailleurs dans la gestion des affaires publiques en général, est un des éléments constitutifs de ce que nous tentons, depuis le début de ce débat, d'appeler la démocratie de proximité.
Où serait la démocratie de proximité sans cette approche concrète et régulière de la gestion locale, de son évaluation, de la détermination de ses limites et de ses possibilités d'optimisation que permet l'article 9 ?
On nous rétorquera certainement que cela revient à donner un droit exorbitant à des associations locales ou aux élus de l'opposition municipale.
Pourtant, mes chers collègues, quand les dispositions de l'article 9 seront applicables, ceux de vos amis politiques qui font aujourd'hui partie de groupes d'opposition municipale ne seront-ils pas les premiers à en faire usage pour mettre en question la gestion d'une municipalité de gauche ?
L'action des élus peut aujourd'hui supporter l'évaluation, l'approche critique et toute préconisation résultant de la consultation des populations. C'est pourquoi nous entendons par nos amendements rendre plus significatif l'article 9.
L'amendement n° 473 tend à préciser les possibilités de création d'une mission d'information.
L'amendement n° 474 tend à ce que la mission d'information soit effectivement représentative de la cité elle-même en associant directement les représentants de la société civile.
L'amendement n° 475 tend à associer les organisations représentatives de salariés aux travaux de la mission d'information.
Enfin, l'amendement n° 476 préconique que la mission rende son avis après le vote de l'ensemble de ses membres.
Vous comprendrez donc que la frilosité qui anime nos collègues de la majorité sénatoriale nous amène à rejeter sans ambiguïté les amendements de suppression de cet article 9, auquel nous tenons.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Comme pour l'article précédent, si l'amendement de suppression était adopté, ces amendements, qui sont contraires à l'amendement n° 18 de la commission des lois, deviendraient évidemment sans objet. Il appartient donc au Sénat de faire son choix.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 18, présenté par M. le rapporteur, au nom de la commission des lois, car la suppression de l'article 9 irait à l'encontre du débat démocratique que le Gouvernement entend promouvoir et renforcer pour tous les niveaux de collectivités territoriales. Cet article constitue, lui aussi, un élément du socle démocratique auquel nous sommes attachés.
Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement identique n° 403.
Ayant souhaité, pour améliorer le droit des élus à l'information et renforcer le débat démocratique au sein du conseil municipal, ouvrir la possibilité de créer une mission d'information et d'évaluation, il ne peut qu'être défavorable à la suppression d'une telle mesure, ce qui paraît tout à fait logique.
Le Gouvernement est encore défavorable à l'amendement n° 473, présenté par Mme Mathon, car une telle mesure ferait courir le risque d'une déstabilisation permanente des conseils municipaux qui dénaturerait le sens et le rôle des missions d'information comme celui des conseils de quartier.
Enfin, il est aussi défavorable, dans la même logique, aux amendements n°s 474, 476 et 475, également défendus par Mme Mathon.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s 18 et 403, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 9 est supprimé, et les amendements n°s 473, 474, 476 et 475 n'ont plus d'objet.

Article 10



M. le président.
« Art. 10. - L'article L. 2121-25 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 2121-25 . - Le procès-verbal de chaque séance, rédigé par le secrétaire, est arrêté au commencement de la séance suivante et signé par le maire et le secrétaire. Il contient les pièces visées au premier alinéa de l'article L. 2121-12, les noms des membres qui ont pris part à la discussion, la relation de leurs opinions, ainsi que les délibérations. Les délibérations de chaque séance sont affichées dans un délai de huit jours. »
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 19, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 10. »
L'amendement n° 562, présenté par M. Oudin, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le texte proposé par l'article 10 pour l'article L. 2121-25 du code général des collectivités territoriales :
« Art. L. 2121-25. - Le procès-verbal de chaque séance, rédigé par le secrétaire, contient les noms des membres qui ont pris part à la discussion, la relation complète de leurs opinions, ainsi que les délibérations.
« Le procès-verbal provisoire ainsi établi, signé par le maire et par le secrétaire, est adressé à chaque conseiller municipal. Il est soumis pour adoption par le conseil municipal lors de la séance suivante.
« Les délibérations de chaque séance sont affichées dans un délai de huit jours. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 19.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. D'après tous les contacts que l'on a pu avoir, le contenu des procès-verbaux des réunions du conseil municipal ne pose généralement pas problème. Faut-il, dès lors, accentuer les dispositions contraignantes relatives au contenu de ces procès-verbaux ? Nous ne le croyons pas, et cela pour deux raisons.
La première, je l'ai dit, c'est que les dispositions existantes ne posent qu'exceptionnellement problème.
La seconde raison, c'est que, pour les petites communes en particulier, les dispositions proposées auront des conséquences en termes administratifs et de procédure qui excéderont les moyens en personnels et les moyens administratifs dont disposent ces communes.
Faut-il donc légiférer dès lors qu'il n'y a pas un besoin réel ? Ne peut-on laisser, et c'est l'opinion de la commission, les choses en l'état, d'autant que ce n'est vraiment pas l'un des problèmes majeurs auxquels nous soyons confrontés dans l'immense majorité des communes ?
M. le président. L'amendement n° 562 n'est pas soutenu.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 19 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. La mesure proposée par le projet de loi permet de clarifier les conditions de transcription des débats au sein des conseils municipaux. Elle va dans le sens d'une meilleure information des habitants sur les conditions dans lesquelles les délibérations sont adoptées.
Je constate, moi, un vif intérêt de la population pour la consultation de ce type de documents, et j'émets donc un avis défavorable à l'amendement de suppression.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 19, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 10 est supprimé.

Articles additionnels après l'article 10



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 258 rectifié, présenté par MM. Oudin, Gournac et Sido, est ainsi libellé :
« Après l'article 10, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 5211-11 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Sans préjudice des dispositions de l'article L. 2121-25, le procès-verbal des réunions de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunal est adressé à tous les conseillers municipaux des communes membres, dans les huit jours suivant son adoption. »
Le sous-amendement n° 690, présenté par M. Gélard, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par l'amendement n° 258 rectifié pour compléter l'article L. 5211-11 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "communes membres", insérer les mots : "qui en font la demande". »
L'amendement n° 259 rectifié, présenté par MM. Oudin, Gournac et Sido, est ainsi libellé :
« Après l'article 10, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 5211-11 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Sans préjudice des dispositions de l'article L. 2121-25, le procès-verbal des réunions de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunal est adressé à tous les maires des communes membres, dans les huit jours suivant son adoption. »
Le sous-amendement n° 697, présenté par M. de Richemont, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par l'amendement n° 259 rectifié pour compléter l'article L. 5211-11 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "les maires des communes membres", insérer les mots : "et les délégués élus par les conseils municipaux des communes membres". »
La parole est à M. Sido, pour défendre l'amendement n° 258 rectifié.
M. Bruno Sido. Cet amendement vise à bien souligner que les EPCI sont sous la tutelle des communes, et non l'inverse.
M. le président. Le sous-amendement n° 690 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Sido, pour défendre l'amendement n° 259 rectifié.
M. Bruno Sido. Il s'agit d'un amendement de repli. Toutefois, nous le rectifions pour substituer les mots « dix jours » aux mots « huit jours ».
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 259 rectifié bis, présenté par MM. Oudin, Gournac et Sido, et ainsi libellé :
« Après l'article 10, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 5211-11 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Sans préjudice des dispositions de l'article L. 2121-25, le procès-verbal des réunions de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunal est adressé à tous les maires des communes membres, dans les dix jours suivant son adoption. »
Le sous-amendement n° 697 n'est pas soutenu.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 258 rectifié et 259 rectifié bis ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Ces amendements vont dans le sens d'un accroissement de l'information des élus et des courants d'information entre l'échelon EPCI et l'échelon communal. Mais nous nous interrogeons.
En procédant de la sorte, ne commet-on pas un acte de défiance à l'égard des représentants de la commune au sein de l'EPCI ? Car ce sont eux qui doivent en premier lieu, et de la manière la plus complète, informer leurs collègues des conseils municipaux sur les délibérations, leur contenu et les décisions qui ont été prises. Ces deux amendements ne vont-ils donc pas à l'encontre de la position que j'ai exprimée tout à l'heure, à savoir que la commission des lois est pour le moins de formalisme et le plus de souplesse possible ?
Monsieur Sido, maintenant que vous avez appelé notre attention sur le problème de l'indispensable fortification des courants d'information entre l'EPCI et les communes, je suis sûr que, conformément à la logique tracée par la commission des lois, vous voudrez en tirer les conséquences qui me paraissent s'imposer naturellement.
M. le président. Monsieur Sido, les amendements n°s 258 rectifié et 259 rectifié bis sont-ils maintenus ?
M. Bruno Sido. Les arguments de notre rapporteur sont décidément irréfutables ! (Sourires sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.) Je retire donc ces deux amendements.
M. le président. M. le rapporteur a été convaincant !
Les amendements n°s 258 rectifié et 259 rectifié bis sont retirés.

Article 11



M. le président.
« Art. 11. - I. - Après l'article L. 2121-27 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2121-27-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2121-27-1 . - Dans les communes de 3 500 habitants et plus, lorsque la commune diffuse, sous quelque forme que ce soit, un bulletin d'information générale sur les réalisations et la gestion du conseil municipal, un espace est réservé à l'expression des conseillers n'appartenant pas à la majorité municipale. Les modalités d'application de cette disposition sont définies par le règlement intérieur. »
« II. - Après l'article L. 3121-24 du même code, il est inséré un article L. 3121-24-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 3121-24-1 . - Lorsque le département diffuse, sous quelle que forme que ce soit, un bulletin d'information générale sur les réalisations et la gestion du conseil départemental, un espace est réservé à l'expression des groupes d'élus. Les modalités d'application de cette disposition sont définies par le règlement intérieur. »
« III. - Après l'article L. 4132-23 du même code, il est inséré un article L. 4132-23-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 4132-23-1 . - Lorsque la région diffuse, sous quelque forme que ce soit, un bulletin d'information générale sur les réalisations et la gestion du conseil régional, un espace est réservé à l'expression des groupes d'élus. Les modalités d'application de cette disposition sont définies par le règlement intérieur. »
L'amendement n° 20, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 11. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Nous restons dans la logique évoquée tout à l'heure à propos des séances du conseil municipal, et l'article 11 concerne plus particulièrement l'espace réservé à l'opposition dans le bulletin d'information générale.
Par expérience, nous connaissons la situation des collectivités, des communes en particulier : un espace est laissé aux élus de l'opposition dans le bulletin d'information générale.
En allant plus loin, comme le préconise l'article 11, ne risque-t-on pas de créer des clivages dans des communes où il n'y en a pas ? Faut-il légiférer sur une mesure qui, dans la pratique, est appliquée en souplesse et adaptée aux différentes communes, et imposer là encore une formule unique dans un domaine qui, par nature, se caractérise par sa diversité ? Nous répondons par la négative dans l'amendement de suppression n° 20.
Je le conçois, une succession d'amendements de suppression peut donner le sentiment d'une souplesse excessive...
M. Charles Revet. C'est ce dont on a besoin !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. ... mais un texte doit être examiné dans sa globalité et rien ne doit être conclu avant que l'on soit arrivé au terme de cet examen.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Comme le disait à l'instant M. le rapporteur, ce texte est un tout et il est vrai que, au fur et à mesure qu'on l'ampute d'un certain nombre de dispositions novatrices en matière de démocratie locale et de démocratie de proximité, on est légitimement fondé à se poser des questions.
Néanmoins, j'ai bien entendu votre dernière phrase, monsieur le rapporteur, qui me donne à penser que nous ne sommes pas au bout de l'exercice !
M. Charles Revet. On ne sait jamais !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Finalement, ce que le chirurgien a fait dans un sens, il peut à tout moment le faire dans l'autre !
Le Gouvernement est évidemment attaché à la mesure prévue dans l'article 11 du projet de loi. Le bulletin d'information diffusé par certains conseils municipaux, généraux et régionaux réserve d'ores et déjà des pages aux groupes minoritaires de leur assemblée, j'en sais quelque chose. La mesure mérite d'être étendue à l'ensemble des collectivités territoriales.
Je ne peux donc qu'émettre un avis défavorable à cet amendement qui vise à supprimer la possibilité d'une meilleure information, pluraliste et donc plus démocratique.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 20.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Dans la rédaction du texte du Gouvernement, je m'interroge sur la notion de « majorité », qui risque de donner lieu à des contentieux liés à l'application de la loi.
Monsieur le ministre, j'aimerais que vous nous donniez la définition de cette notion. Quelle est la majorité ? Celle qui a élu le maire ou celle qui vote le buget ?
M. Serge Lagauche. Celle qui vote le budget !
M. Alain Vasselle. Il faudrait que les choses soient claires, car l'interprétation peut différer d'un conseil à un autre.
Dans certains conseils généraux, par exemple, des élus socialistes qui n'ont pas voté pour le président votent pour partie le budget. Appartiennent-ils à la majorité ou sont-ils dans l'opposition ? Ils peuvent aussi très bien déclarer être ni dans la minorité ni dans la majorité, mais demander à utiliser l'espace réservé pour exprimer leur point de vue !
J'aimerais bien en savoir plus sur cette notion de majorité, monsieur le ministre, et connaître la conception du Gouvernement en la matière. Ce serait d'ailleurs l'occasion d'éclairer les magistrats, pour le cas où, d'aventure, quelque contentieux viendrait devant les tribunaux lorsque la loi sera appliquée.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Mon intervention complétera celle de mon ami Alain Vasselle.
A écrire avec frénésie le règlement intérieur des communes - car c'est bien à cela que tend ce texte - un cas a été oublié : l'absence, au sein d'un conseil municipal, de groupe d'opposition. Je rejoins tout à fait ce qu'a dit M. Alain Vasselle, il se peut très bien qu'il n'y en ait pas ! Paraphrasant Voltaire, qui parlait de Dieu, cela revient à dire que si l'opposition n'existait pas, il faudrait l'inventer !
Si j'étais un élu de l'opposition, j'introduirais un recours car, dans les communes, l'ensemble des groupes bénéficient d'un droit d'expression. Or, là, ne sont visés que ceux de l'opposition éventuelle, ceux de la majorité n'ayant donc pas, en quelque sorte, le droit de s'exprimer. Je connais la réponse : de toute façon, le bulletin municipal est un organe de propagande et tout ce qui y figure, y compris le trou dans le trottoir de la rue Machin, sert les intérêts de la majorité. Ce n'est pas exact !
Il est ridicule de vouloir écrire le règlement intérieur. Laissons vivre les communes !
M. Bruno Sido. Très bien !
M. Paul Girod. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Girod.
M. Paul Girod. J'ai l'honneur de présider l'association des maires d'un département qui comprend 817 communes. Or, pour être tout à fait franc, la notion d'opposition et de majorité ne doit exister que dans douze ou treize d'entre elles. Partout ailleurs, on observe plutôt une conjonction de bonnes volontés : les élus acceptent, quelquefois en prenant sur leur temps et en recouvrant quelques impopularités locales, de mettre leur talent personnel et leurs ressources au service de la collectivité.
Introduire cette notion absolue, cette espèce d'affrontement permanent, sans lequel, paraît-il, il n'y a pas de démocratie - comme si la démocratie n'était pas d'abord la construction en commun, et non pas l'affrontement - ne fera pas avancer la démocratie dans notre pays.
Pourquoi vouloir absolument que les gens se déchirent au sein d'une commune ? Cela ne repose sur rien de sérieux ! C'est une construction intellectuelle et j'allais dire philosophique appliquée là où elle est le moins nécessaire, c'est-à-dire là où il s'agit de faire vivre dans la paix et l'harmonie le maximum de nos concitoyens. Que cette mesure puisse concerner les très grandes villes, soit, mais qu'elle ne soit pas appliquée partout !
Monsieur le ministre, cet absolutisme dans la conception de la vie démocratique des conseils municipaux est tout à fait excessif et je vous invite à un peu de mesure.
M. Dominique Braye. Très bien !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Nous sommes en train de mener un débat qui ne correspond pas à la réalité.
M. Paul Girod. C'est vrai !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur Girod, votre département n'est peut-être pas celui auquel tous les autres peuvent s'identifier !
M. Dominique Braye. La France n'est pas Paris non plus !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je vous rappelle que nous proposons de légiférer pour des communes de plus de 3 500 habitants. (Protestations sur les travées du RPR.)
M. Paul Girod. Cela ne change rien !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. On peut avoir des désaccords ! Vous exprimez une position restrictive à l'égard de l'expression des oppositions. Cette expression me paraît normale dans les scrutins de nature politique que sont les élections et qui déterminent les majorités. Personne ne peut décemment vous suivre ! Quand plusieurs listes se présentent au suffrage des électeurs, des majorités se dégagent et l'on s'en aperçoit ensuite lors du vote du budget. Il ne faut pas se voiler la face ! Il y a une démocratie vivante dans notre pays.
Dans les villes de plus de 3 500 habitants, cette question peut être posée. Nous proposons d'y apporter une réponse, afin d'éviter que l'opposition ne s'exprime sous d'autres formes, qui ne sont peut-être pas les plus adaptées pour répondre à la demande de nos concitoyens.
Il me semble utile de prévoir une disposition qui permette effectivement à l'opposition de s'exprimer sur la base de bulletins financés y compris par les deniers publics. Il s'agit, encore une fois, de préserver son droit d'expression : l'opposition peut rester six années sans avoir la capacité de s'exprimer faute de moyens.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je vois très bien à quelles communes vous faites allusion, monsieur le ministre ! Il est vrai que le problème se pose dans ces termes à Paris...
Mme Nicole Borvo. Pas seulement !
M. Jean Chérioux. ... et sans doute dans un certain nombre d'autres grandes villes. Cependant, vouloir politiser le débat à l'échelon des communes de 3 500 habitants n'est pas une bonne chose. Même dans notre municipalité parisienne, qui possède une longue tradition politique en raison de son statut ancien, moins on politise le débat mieux cela vaut ! (Mme Borvo rit.)
Absolument ! On perd beaucoup trop de temps en débats politiques et politiciens, en voeux politiques, au lieu de s'occuper des habitants et de leurs problèmes ! Combien de fois l'ai-je dit au conseil de Paris lui-même ? C'est dramatique ! Lors de certaines séances, des centaines de projets de délibération sont présentés. Dès lors, la plus grande partie de la journée est consacrée à des débats politiciens...
Mme Nicole Borvo. Vous l'expliquerez à MM. Séguin et Tibéri !
M. Jean Chérioux. ... et les autres propositions sont adoptées sans discussion. Ce n'est pas sérieux ! Il n'est pas nécessaire d'étendre à d'autres villes les problèmes que connaît Paris ! (M. Bret s'exclame.)
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. L'article 11 n'est pas bien méchant : il tend simplement à faire une petite place aux groupes d'opposition, s'ils existent.
Je suis surpris de l'argumentation de M. le rapporteur. Il ne faut pas politiser, dit-il. Il parle sans doute des petites communes, car pour les départements et les régions le problème ne se pose pas : l'existence d'une opposition peut difficilement être niée. Pourquoi n'y aurait-il pas une distinction ? L'idée d'expression des groupes minoritaires pourrait être réservée aux départements, aux régions et, éventuellement, aux grandes villes. Or vous avez tout supprimé !
L'article 11 vise simplement à permettre à l'opposition de s'exprimer, ce qui semble la moindre des choses, dans un bulletin payé par les citoyens et la commune.
On a fixé un seuil de 3 500 habitants. Il est effectivement très rare qu'il n'existe pas deux listes dans les communes de 3 500 habitants, où s'applique la proportionnelle. Il y a donc bien une opposition ! Je comprends mal qu'on puisse lui refuser de s'exprimer. La suppression de l'article 11 ne me paraît donc pas opportune.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Il faut savoir ce que l'on veut faire ! Certes, au lendemain des scrutins municipaux, il existe souvent une opposition. L'article 11, je suis de l'avis de M. Peyronnet, n'est pas bien méchant. En mettant en place un certain nombre de mesures, ou en évitant de le faire, cette opposition, au fur et à mesure du mandat, a tendance à s'amoindrir. Je comprends que le fait de ne plus politiser soit un véritable problème pour les communistes (Mme Borvo proteste), car il s'agit de leur devenir. Pour ma part, je ne suis intéressé que par la démocratie et son bon fonctionnement.
Vous parlez des départements, monsieur Peyronnet. Prenons le cas des Yvelines, qui compte 1 400 000 habitants : il ne s'agit pas d'un petit département. Dans la quasi-totalité des cas, l'opposition vote avec la majorité. (Mme Borvo s'exclame.) Il est excessivement rare qu'elle s'oppose au vote du budget du conseil général.
Mme Nicole Borvo. C'est le paradis !
M. Dominique Braye. Ne généralisez donc pas !
A entendre M. le ministre, je me suis aperçu que j'étais en face d'un élu urbain...
M. Jean Chérioux. Parisien !
M. Dominique Braye. ... qui ne connaissait pas les petites communes. (M. le ministre et Mme Borvo protestent.) Dans nombre d'entre elles, on s'aperçoit que l'opposition, au fil du temps, disparaît...
Mme Nicole Borvo. Dommage !
M. Dominique Braye. ... sauf si, petit à petit, nous jetons de l'huile sur le feu, que nous l'encourageons et la ravivons.
La démocratie s'exerce pour le bien commun. Comme l'a dit notre collègue Paul Girod, lorsque des élus de tendances différentes s'entendent dans le cadre d'un projet commun, la démocratie est alors bien exercée. En tout cas, c'est ce que le Sénat doit encourager.
C'est la raison pour laquelle je voterai l'amendement de la commission.
M. Jean-Yves Mano. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mano.
M. Jean-Yves Mano. Je regrette que cette assemblée ait peur à ce point de la libre expression : les comités de quartier sont supprimés ; la parole donnée dans quelques bulletins municipaux est supprimée. Je constate que la majorité sénatoriale veut bâillonner la libre expression des citoyens et de l'opposition municipale. Je le déplore et j'en suis très étonné.
M. Dominique Braye. On va vous envoyer nos bulletins municipaux !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je souhaite simplement dire un mot à propos des derniers amendements de suppression. Je ne voudrais pas qu'il puisse s'en dégager, parce que ce ne serait pas conforme à la réalité, le sentiment que, sans cette loi, il n'y a pas d'expression, d'information et de communication de l'opposition. Ces amendements de suppresssion ne font que préserver une relation majorité-opposition, là ou elle existe, car elle n'est pas présente partout, et ils permettent, sous des formes diversifiées, souples, adaptées aux différentes tailles des communes, à l'opposition de s'exprimer, de faire connaître ses positions et d'être respectée.
En revanche, les textes qui nous sont proposés - et c'est la raison pour laquelle nous avons demandé leur suppression - tendent à enserrer ces relations dans un cadre beaucoup plus rigide. C'est toute la différence, monsieur le ministre, entre vous et nous. Nous sommes respectueux des droits de l'opposition.
M. Dominique Braye. Absolument !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Simplement, nous souhaitons que les diversités soient respectées. Par conséquent, cela devrait réduire ce qui pourrait apparaître à un moment donné comme un fossé : d'un côté comme de l'autre, nous sommes respectueux des droits, des devoirs et des possibilités d'expression de l'opposition. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Il est très regrettable d'entendre dénigrer la politique au Parlement, surtout à la veille d'échéances électorales.
M. Jean Chérioux. La politique politicienne, celle qui ne tient pas compte des réalités !
Mme Nicole Borvo. Compte tenu des débats politiques que nous avons eus ici depuis quelques mois, je trouve que c'est très audacieux.
M. Robert Bret. Balayez devant votre porte !
Mme Nicole Borvo. Bien qu'élue parisienne, il m'arrive de sortir de la capitale. Il est moult endroits, généralement dirigés par vos amis, chers collègues de la majorité sénatoriale, où la minorité - ou l'opposition, appelez-la comme vous voulez - n'a aucune possibilité de s'exprimer, précisément parce que la loi ne le prévoit pas.
Le législateur est là pour donner des droits démocratiques. Il est tout à fait sain de prévoir dans la loi que les élus minoritaires aient la possibilité de s'exprimer au travers de l'information municipale (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur les travées socialistes.)
Mme Hélène Luc. Dans nos communes, c'est déjà un droit !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 20, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 11 est supprimé.

Article additionnel après l'article 11



M. le président.
L'amendement n° 477, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le I de l'article L. 2121-28 du code général des collectivités territoriales, les mots : "de plus de 100 000 habitants" sont remplacés par les mots : "de 3 500 habitants et plus".
« II. - La dotation globale de fonctionnement est relevée à due concurrence.
« III. - Il est institué une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
« IV. - Dans le deuxième alinéa du II de l'article 2121-28 du code général des collectivités territoriales, les mots : "peut affecter" sont remplacés par le mot : "affecte". »
La parole est à Mme Mathon.
Mme Josiane Mathon. Le développement de la démocratie de proximité pose la question des moyens dévolus aux groupes politiques constitués au sein des assemblées municipales. Dans l'état actuel des choses, de telles dispositions sont retenues quand la population de la ville concernée dépasse 100 000 habitants.
Or, depuis dix-huit ans, le paysage communal a connu au moins deux évolutions essentielles. La première est l'introduction d'une dose de proportionnelle dans le scrutin municipal, qui a rendu légèrement plus fidèle à la réalité les rapports de force politiques. La seconde grande évolution, plus récente, est celle qui a été induite par la mise en oeuvre de la parité dans le cadre du scrutin, ce qui a permis, dans les faits, une caractérisation encore plus précise du seuil d'application de la représentation proportionnelle dans les scrutins locaux.
Cependant, cette solution institutionnelle s'est accompagnée d'importantes mutations dans le champ des compétences des collectivités territoriales et d'un renforcement de la technicité des questions qui leur sont posées.
Dans ce contexte, la discussion sur les choix de gestion est aujourd'hui subordonnée à la nécessaire analyse critique des dispositions législatives concernées, à la détermination de positions d'élus en pleine connaissance de cause, en y associant la consultation de la population ou des associations locales.
Tout cela milite aujourd'hui pour que ces moyens matériels et humains soient accordés, dans le fonctionnement municipal, aux groupes politiques constitués au sein des assemblées locales.
L'amendement n° 477 prévoit, en conséquence, que les dispositions aujourd'hui mises en oeuvre dans les plus grandes villes de France sont applicables dès lors que les conseils municipaux sont élus au scrutin proportionnel.
On pourra d'ailleurs remarquer ici que, nombre de communes jouant un rôle important dans leur environnement social et économique immédiat - préfectures, villes-centres, grands établissements publics de coopération intercommunale - sont aujourd'hui placées hors du champ d'application des dispositions de l'article L. 2121-28 du code général des collectivités territoriales. L'adoption de cet amendement permettra donc de remédier à cette anomalie. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Dans le droit-fil de l'argumentation développée tout à l'heure à propos des amendements précédents, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'article 27 de la loi du 19 janvier 1995 relative au financement de la vie politique a organisé, au profit des assemblées délibérantes des communes les plus importantes - celles de plus de 100 000 habitants -, les modalités de constitution de groupes d'élus et a déterminé les moyens en personnels et en matériels dont ils peuvent disposer.
Le dispositif ainsi institué a pour seule finalité d'améliorer le fonctionnement des assemblées délibérantes des communes les plus importantes.
Etendre aux communes de petite et moyenne importance démographique une telle possibilité, alors même que la préparation des réunions du conseil municipal est assurée par les services administratifs municipaux, irait à l'encontre de l'objectif de transparence de la vie politique que le Gouvernement a fait sien et conduirait à désengager les services de l'administration communale dans leur appui au fonctionnement des assemblées locales. Le Gouvernement émet donc un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 477, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 11 bis



M. le président.
« Art. 11 bis . - Le premier alinéa de l'article L. 2122-18 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Le maire est seul chargé de l'administration, mais il peut, sous sa surveillance et sa responsabilité, déléguer par arrêté une partie de ses fonctions à un ou plusieurs de ses adjoints. Il peut également déléguer une partie de ses fonctions dans les mêmes conditions à des membres du conseil municipal en l'absence ou en cas d'empêchement des adjoints ou dès lors que ceux-ci sont tous titulaires d'une délégation. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 21, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 11 bis :
« Dans le premier alinéa de l'article L. 2122-18 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "en cas d'empêchement des adjoints", sont insérés les mots : "ou dès lors que ceux-ci sont tous titulaires d'une délégation,". »
Le sous-amendement n° 280 rectifié bis, présenté par MM. Lardeux, Bailly, Braye, César, Doligé, Eckenspieller, Esneu, Goulet, Gournac, Gouteyron, Joyandet, Lassourd, Leroy, Ostermann, de Richemont, Schosteck, Sido, Trillard, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« I. - Compléter le texte proposé par l'amendement n° 21 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... ledit alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "La délégation subsiste tant qu'elle n'a pas été rapportée". »
« II. - Faire précéder le texte proposé par cet amendement par la mention : "I. -". »
L'amendement n° 372, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« A. - Compléter l'article 11 bis par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - A la fin de la première phrase du deuxième alinéa de l'article L. 2122-23 du même code, les mots "L. 2122-17 et L. 2122-19" sont remplacés par les mots "L. 2122-17 à 2122-19".
« B. - En conséquence, faire précéder le premier alinéa de l'article 11 bis de la mention : "I. -". »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 21.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est un amendement rédactionnel qui tend à éviter la répétition du droit existant.
M. le président. La parole est à M. Lardeux, pour défendre le sous-amendement n° 280 rectifié bis .
M. André Lardeux. Cet amendement vise à réparer un oubli : une délégation n'étant pas éternelle, il faut lui fixer un terme.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter l'amendement n° 372.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. La modification ici proposée porte sur des dispositions issues du code des communes et relatives aux conditions d'exécution, par le maire, des délégations d'attributions confiées par le conseil municipal.
Il s'agit de rectifier une erreur matérielle survenue lors des travaux de codification portant sur un renvoi aux articles relatifs à la suppléance du maire et aux délégations de fonctions et de signature de celui-ci, et de rétablir le renvoi existant, avant la loi de codification de 1996, dans le code des communes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 372 et sur le sous-amendement n° 280 rectifié bis ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 372, sous réserve que le Gouvernement accepte de le transformer en sous-amendement à l'amendement n° 21. Certes, la demande est osée, s'agissant d'un amendement du Gouvernement (Sourires) , mais l'important n'est-il pas que la logique soit respectée et qu'il y ait convergence sur les objectifs ?
En revanche, la commission, après examen approfondi, estime que le sous-amendement de M. Lardeux est satisfait par le droit existant, que la commission a étudié. En conséquence, je pense que M. Lardeux pourra retirer son sous-amendement.
M. le président. Le sous-amendement n° 280 rectifié bis est-il maintenu, monsieur Lardeux ?
M. André Lardeux. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° 280 rectifié bis est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 21 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 21 de la commission, puisqu'il s'agit d'une modification purement rédactionnelle des dispositions introduites à l'article L. 2122-18 du code général des collectivités territoriales permettant aux membres du conseil municipal de se voir attribuer par le maire des délégations de fonctions, non seulement en cas d'absence ou d'empêchement des adjoints, mais aussi lorsque ces derniers sont tous titulaires d'une délégation.
Par ailleurs, je m'empresse d'ajouter que le Gouvernement ne voit aucune difficulté à transformer son amendement n° 372 en sous-amendement à l'amendement de la commission, comme le suggère M. le rapporteur.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 372 rectifié, présenté par le Gouvernement et ainsi libellé :
« A. - Compléter le texte de l'amendement n° 21 par un II ainsi rédigé :
« II. - A la fin de la première phase du deuxième alinéa de l'article L. 2122-23 du même code, les mots "L. 2122-17 et L. 2122-19" sont remplacés par les mots "L. 2122-17 à 2122-19".
« B. - En conséquence, faire précéder le premier alinéa de l'amendement de la mention : "I. - ". »
Je mets aux voix le sous-amendement n° 372 rectifié, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 21, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 11 bis est ainsi rédigé.

Article additionnel après l'article 11 bis



M. le président.
L'amendement n° 22, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans la première phrase du troisième alinéa de l'article L. 5211-9 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "en cas d'empêchement de ces derniers", sont insérés les mots : "ou dès lors que ceux-ci sont tous titulaires d'une délégation". »
Le sous-amendement n° 286 rectifié bis , présenté par MM. Lardeux, Bailly, Braye, César, Doligé, Eckenspieller, Esneu, Goulet, Gournac, Gouteyron, Joyandet, Lassourd, Leroy, Ostermann, de Richemont, Schosteck, Sido, Trillard, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« I. - Compléter le texte proposé par l'amendement n° 22 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Ledit alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "La délégation subsiste tant qu'elle n'a pas été rapportée". »
« II. - Faire précéder le texte proposé par cet amendement par la mention : "I. -". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 22.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement vise à assouplir les conditions de délégation de fonctions du président d'un EPCI à des conseillers communautaires membres du bureau mais non vice-présidents, dès lors que l'ensemble des vice-présidents auront reçu délégation.
En faisant cette proposition, la commission assigne à cette disposition relative aux EPCI le même objet que celui des articles 11 bis pour les communes, 11 ter pour les départements et 11 quater pour les régions.
M. le président. La parole est à M. Lardeux, pour défendre le sous-amendement n° 286 rectifié bis .
M. André Lardeux. L'argumentation étant la même que pour l'amendement précédent, je suppose que la réponse de M. le rapporteur sera aussi la même. Par conséquent, je le retire.
M. le président. Le sous-amendement n° 286 rectifié bis est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 22 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 22, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 11 bis .

Article 11 ter



M. le président.
« Art. 11 ter . - Le premier alinéa de l'article L. 3221-3 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Le président du conseil départemental est seul chargé de l'administration. Il peut déléguer par arrêté, sous sa surveillance et sa responsabilité, l'exercice d'une partie de ses fonctions aux vice-présidents. Il peut également déléguer une partie de ses fonctions dans les mêmes conditions à des membres du conseil départemental en l'absence ou en cas d'empêchement des vice-présidents ou dès lors que ceux-ci sont tous titulaires d'une délégation. »
Je suis saisi de deux amendements présentés par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois.
L'amendement n° 23 est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le premier alinéa de l'article 11 ter :
« Les deux premières phrases du premier alinéa de l'article L. 3221-3 du code général des collectivités territoriales sont remplacées par trois phrases ainsi rédigées : ».
L'amendement n° 24, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première et la troisième phrases du texte proposé par l'article 11 ter pour le premier alinéa de l'article L. 3221-3 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "conseil départemental" par les mots : "conseil général" »
« II. - En conséquence, dans l'ensemble du projet de loi, remplacer les mots : "conseil départemental" et "conseils départementaux" respectivement par les mots : "conseil général" et "conseils généraux" et remplacer les mots : "conseiller départemental" et "conseillers départementaux" respectivement par les mots : "conseiller général" et "conseillers généraux". »
L'amendement n° 292 rectifié bis, présenté par MM. Lardeux, Bailly, Braye, César, Doligé, Esneu, Goulet, Gournac, Gouteyron, Joyandet, Lassourd, Leroy, Ostermann, de Richemont, Schosteck, Sido, Trillard, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Compléter le texte proposé par l'article 11 ter pour le premier alinéa de l'article L. 3221-3 du code général des collectivités territoriales par une phrase ainsi rédigée :
« La délégation subsiste tant qu'elle n'a pas été rapportée. »
M. André Lardeux. Je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 292 rectifié bis est retiré.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre les amendements n°s 23 et 24.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'amendement n° 23, de nature rédactionnelle, tend à rétablir la précision supprimée par l'Assemblée nationale selon laquelle les délégations du président du conseil général aux vice-présidents et autres conseillers substistent tant qu'elles ne sont pas rapportées, ce qui est conforme au droit existant.
Quant à l'amendement n° 24, c'est un amendement de coordination avec l'article 15 quinvicies.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Sur l'amendement n° 23, j'émets un avis favorable, ce qui me permet d'être bref et positif.
S'agissant, en revanche, de l'amendement n° 24, je rappelle que le Gouvernement avait émis un avis favorable sur l'amendement qui, comme le prônait, dans son rapport, la commission pour l'avenir de la décentralisation, prévoyait de substituer la dénomination « conseil départemental » à celle de « conseil général ».
La portée de la mesure est, certes, symbolique, mais elle permettra à nos concitoyens de mieux identifier le département et ses conseillers, ce que l'actuelle dénomination n'autorise pas spontanément.
Cette modification est, par ailleurs, souhaitée par l'assemblée des départements de France, l'ADF. M. Puech, président de l'ADF, nous a rappelé hier qu'elle répondait à une demande unanime de son association.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 23, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 24.
M. Charles Revet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet. Pour avoir moi-même participé à l'assemblée plénière de l'ADF, je me dois de confirmer au Sénat, en toute objectivité, que c'est à la demande des présidents de conseils généraux que l'appellation « conseil départemental » avait été proposée et retenue à l'unanimité.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Pour ma part, je n'ai pas du tout été convaincu par l'argumentation développée par le Gouvernement, qui s'est appuyé, en définitive, sur la seule position de l'ADF, ce qui tendrait à prouver, monsieur le ministre, que votre conviction sur le sujet est toute relative. (M. le ministre fait des signes de dénégation.)
Nous pouvons considérer que nos concitoyens ont un sens civique développé en constatant qu'ils participent régulièrement à toutes les élections au suffrage universel, et ce depuis quelques décennies, nous pouvons en conclure que le conseil général est tout à fait bien identifié par nos administrés. Il suffirait, pour s'en convaincre tout à fait, d'aller sur place interroger les habitants de nos cantons ruraux et de leur demander s'ils connaissent leur conseil général et ce qu'il représente pour eux : ils savent très bien que c'est la collectivité qui gère les affaires du département.
Par conséquent, vouloir substituer l'appellation « conseil départemental » à celle de « conseil général » ne me paraît pas bienvenu. C'est plutôt de nature à jeter le trouble dans l'esprit d'un certain nombre de nos concitoyens qui, tout à fait habitués à leur conseil général, ne trouveront pas dans le « conseil départemental » une dénomination beaucoup plus parlante.
C'est la raison pour laquelle j'adhère pleinement à l'amendement de la commission, qui m'apparaît tout à fait judicieux.
M. André Lardeux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux. M. Revet a rappelé l'origine du changement d'appellation proposé. En fait, il s'agit d'une initiative prise par les conseillers généraux lors de leurs assises, à Deauville, qui a été reprise par l'Assemblée des départements de France.
Cela étant précisé, peut-être faut-il être nuancé dans l'approche. La commission n'a peut-être pas tort de formuler sa contre-proposition. J'estime, en effet, que ce changement de dénomination devrait être opéré dans des conditions beaucoup plus nettes, par exemple dans le cadre d'une loi qui serait consacrée à l'évolution des pouvoirs et des responsabilités des départements, quelque peu absents des propositions qui nous sont soumises. Il faudra peut-être, le moment venu, revoir le problème dans un tel cadre.
M. Bruno Sido. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Sido.
M. Bruno Sido. Déjà hier, à l'un de mes collègues qui relevait effectivement qu'il s'agissait d'une demande de l'ADF, j'avais précisé : « Errare humanum est » , et d'ailleurs M. Marini avait poursuivi en ajoutant : « Perserverare diabolicum ! »
Je le répète aujourd'hui, pourquoi ne pas changer effectivement le nom des conseils généraux vieux de plus de deux cent dix ans et au moins aussi ancien que la Ire République ? Mais à condition de changer également le contenu du concept à l'occasion d'un véritable approfondissement de la décentralisation et au terme d'un débat plus général sur la place respective des communes, des EPCI, des départements et des régions. En l'état, cette modification donnera l'impression à nos concitoyens, au mieux, que rien ne change et qu'ils ne comprennent rien, au pire, qu'il s'agit d'une nouvelle structure. Ce n'est certainement pas la lecture ici recherchée !
Par conséquent, je voterai l'amendement tendant à supprimer cette modification, comme je voterai, quand M. le rapporteur de la commission des lois nous le proposera à l'article 15 quinvicies, la suppression de la disposition ajoutée par l'Assemblée nationale.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je suis un peu gêné dans cette affaire.
En effet, je ne suis pas enthousiaste pour remplacer l'appellation de « conseil général » par celle de « conseil départemental ». Cela dit, cette mesure a effectivement fait l'objet d'un double vote unanime des conseillers généraux, à Deauville, mais aussi à Metz, où étaient réunis ce jour-là, monsieur Revet, 1 000 ou 1 500 conseillers généraux. A titre personnel, et notamment parce que, au sein du bureau, je me suis aussi prononcé en faveur de cette modification, je la voterai, mais mon groupe fera ce qu'il jugera bon.
M. Paul Girod. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Girod.
M. Paul Girod. Pour instiller un peu d'humour dans cette affaire, je rappellerai que l'on a déjà supprimé l'appellation ancienne d'« Assemblée des présidents de conseils généraux », qui est devenue l'« Assemblée des départements de France », et que cette évolution vers la notion de département résulte probablement du fait que, de suppression en suppression, on risquait d'aboutir à une assemblée des généraux de France... ( Sourires. )
Il vaut donc mieux laisser nos concitoyens dans la sécurité de leur raisonnement et dans leurs habitudes. Ce n'est pas la peine de les troubler tant qu'il n'y a pas de réforme de fond.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je m'interroge en effet sur le sens d'un certain nombre d'interventions, qui font apparaître un manque de cohérence. S'il est tout à fait normal, dans une démocratie, de changer d'avis, cela ne me choque pas en soi, j'ai néanmoins en mémoire certaines interventions, notamment celle de M. Puech, hier.
M. Peyronnet vient par ailleurs de rappeler l'origine de cette proposition de modification, sur laquelle je me suis également expliqué, monsieur Vasselle, mais peut-être n'avez-vous pas entendu.
Je crois effectivement que la dénomination de « conseil départemental » est plus compréhensible et mieux perçue par nos concitoyens que celle de « conseil général » qui, à mon avis, a vécu.
Je suis donc un peu surpris du revirement d'opinion de certains de ceux qui siègent du côté droit de cette assemblée sur cette proposition qui, je le rappelle, n'est pas d'origine gouvernementale.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 24, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 11 ter , modifié.

(L'article 11 ter est adopté.)

Article 11 quater



M. le président.
« Art. 11 quater . - Le premier alinéa de l'article L. 4231-3 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Le président du conseil régional est seul chargé de l'administration. Il peut déléguer par arrêté, sous sa surveillance et sa responsabilité, l'exercice d'une partie de ses fonctions aux vice-présidents. Il peut également déléguer une partie de ses fonctions dans les mêmes conditions à des membres du conseil régional en l'absence ou en cas d'empêchement des vice-présidents ou dès lors que ceux-ci sont tous titulaires d'une délégation. »
L'amendement n° 25, présenté par M. Hoeffel au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 11 quater :
« Après les mots : "en l'absence ou en cas d'empêchement de ces derniers,", la fin de la deuxième phrase du premier alinéa de l'article L. 4231-3 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigée : "ou dès lors que ceux-ci sont tous titulaires d'une délégation, à d'autres membres du conseil régional". »
Le sous-amendement n° 293 rectifié bis, présenté par MM. Lardeux, Bailly, Braye, César, Doligé, Esneu, Goulet, Gournac, Gouteyron, Joyandet, Lassourd, Leroy, Ostermann, de Richemont, Sido, Trillard, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« I. - Compléter le texte proposé par l'amendement n° 25 par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - Ledit alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "La délégation subsiste tant qu'elle n'a pas été rapportée." »
« III. - Faire précéder le texte proposé par cet amendement par la mention : "I. -". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 25.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination, qui vise à rétablir la précision selon laquelle les délégations du président du conseil général aux vice-présidents et autres conseillers subsistent tant qu'elles ne sont pas rapportées.
M. le président. La parole est à M. Lardeux, pour défendre le sous-amendement n° 293 rectifié bis.
M. André Lardeux. J'adopterai la même attitude que pour les amendements et les sous-amendements précédents, et je retire donc ce sous-amendement.
M. le président. Le sous-amendement n° 293 rectifié bis est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 25 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 25, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 11 quater est ainsi rédigé.

Division additionnelle après l'article 11 quater



M. le président.
L'amendement n° 247 rectifié, présenté par MM. Karoutchi, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater, insérer une division additionnelle ainsi rédigée :
« Chapitre...
« Fonctionnement des groupes d'élus »
La parole est à M. Karoutchi.
M. Roger Karoutchi. Il s'agit simplement d'ajouter au titre Ier de ce projet de loi un chapitre consacré au fonctionnement des groupes d'élus.
Avec votre autorisation, monsieur le président, je souhaiterais, en présentant cet amendement, défendre également les amendements n°s 383, 385 et 387.
Pourquoi créer un chapitre nouveau ? Pour essayer d'améliorer le fonctionnement des groupes d'élus dans les communes - en tout cas celles de plus de 100 000 habitants puisque l'amendement précédent a été repoussé - dans les conseils généraux et dans les conseils régionaux.
On étend actuellement les compétences des collectivités en leur transférant parfois beaucoup plus de charges et malheureusement moins de moyens, et l'on donne beaucoup plus de travail à l'ensemble des groupes. Chacun est bien conscient que les exécutifs disposent certes d'un certain nombre de moyens ; mais les groupes, qu'ils appartiennent à la majorité ou à l'opposition, sont très limités par la règle des 25 %.
Je propose donc, dans les trois amendements, de passer sans excès, de manière à ne pas grever les frais de fonctionnement des collectivités, de 25 % à 30 %, c'est-à-dire d'augmenter d'environ 20 % les moyens des groupes concernés dans les villes de plus de 100 000 habitants pour les conseillers généraux et les conseillers régionaux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 247 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, une division additionnelle ainsi rédigée est insérée dans le projet de loi, après l'article 11 quater .

Articles additionnels après l'article 11 quater
ou après l'article 15 septvicies



M. le président.
Je suis saisi de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 629, présenté par MM. Peyronnet, Lagauche et Bel, Mme Blandin, MM. Debarge, Domeizel et Dreyfus-Schmidt, Mme Durrieu, M. Frécon, Mme Herviaux, MM. Le Pensec, Marc, Masseret, Mauroy, Picheral, Raoul, Sueur, Teston et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 15 septvicies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les troisième et cinquième alinéas du II de l'article L. 2121-28 du code général des collectivités territoriales sont remplacés par les dispositions suivantes :
« Le maire peut, dans les conditions fixées par le conseil municipal sur proposition des groupes constitués dans les conditions prévues à l'alinéa 2 du présent article, affecter à chacun d'entre eux une dotation de crédits de fonctionnement destinés à la couverture des dépenses dont la liste est fixée par délibération du conseil municipal publiée dans la forme prévue par la loi. Le conseil municipal ouvre au budget de la commune, sur un chapitre spécialement créé à cet effet, les crédits nécessaires à ces dépenses sans qu'ils puissent excéder 35 % du montant total des indemnités versées chaque année aux membres du conseil municipal. »
« II. - Les troisième et quatrième alinéas de l'article L. 3131-24 du code général des collectivités territoriales sont remplacés par les dispositions suivantes :
« Le président peut, dans les conditions fixées par le conseil général et sur proposition des groupes constitués dans les conditions prévues à l'alinéa 2 du présent article, affecter à chacun d'entre eux une dotation de crédits de fonctionnement destinés à la couverture des dépenses dont la liste est fixée par délibération du conseil général publiée dans la forme prévue par la loi. Le conseil général ouvre au budget du département, sur un chapitre spécialement créé à cet effet, les crédits nécessaires à ces dépenses sans qu'ils puissent excéder 35 % du montant total des indemnités versées chaque année aux membres du conseil général. »
« III. - Les troisième et quatrième alinéas de l'article L. 4132-23 du code général des collectivités territoriales sont remplacés par les dispositions suivantes :
« Le président du conseil régional peut, dans les conditions fixées par le conseil régional et sur proposition des groupes constitués dans les conditions de l'alinéa 2 du présent article, affecter à chacun d'entre eux une dotation de crédits de fonctionnement destinés à la couverture des dépenses dont la liste est fixée par délibération du conseil régional publiée dans la forme prévue par la loi. Le conseil régional ouvre au budget de la région, sur un chapitre spécialement créé à cet effet, les crédits nécessaires à ces dépenses sans qu'ils puissent excéder 35 % du montant total des indemnités versées chaque année aux membres du conseil régional. »
L'amendement n° 383, présenté par M. Karoutchi, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le troisième alinéa du II de l'article L. 2121-28 du code général des collectivités territoriales, le pourcentage "25 %" est remplacé par le pourcentage " 30 %".
« II. - L'accroissement de charges résultant pour les communes du I est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. » Le sous-amendement n° 704, présenté par M. Chérioux est ainsi libellé :
« Après le I du texte proposé par l'amendement n° 383, insérer un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Après le troisième alinéa du II du même article, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« A Paris, Marseille et Lyon, le pourcentage visé à l'alinéa précédent peut être porté à 35 %. »
L'amendement n° 250 rectifié, présenté par MM. Oudin et Karoutchi, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Au quatrième alinéa de l'article L. 3121-24 du code général des collectivités territoriales, le pourcentage : "25 %" est remplacé par le pourcentage : "30 %."
« II. - Au quatrième alinéa de l'article L. 4132-23 du code général des collectivités territoriales, le pourcentage : "25 %" est remplacé par le pourcentage : "30 %".
« III. - L'accroissement de charges résultant pour les départements et les régions des I et II est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« IV. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du III sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 385, présenté par M. Karoutchi, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le quatrième alinéa de l'article L. 3121-24 du code général des collectivités territoriales, le pourcentage "25 %" est remplacé par le pourcentage : "30 %".
« II. - L'accroissement de charges résultant pour les départements du I est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du II ci-dessus est compensée à due concurence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 387, présenté par M. Karoutchi, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le quatrième alinéa de l'article L. 4132-23 du code général des collectivités territoriales, le pourcentage : "25 %" est remplacé par le pourcentage : "30 %".
« II. - L'accroissement de charges résultant pour les régions du I est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 565 rectifié, présenté par MM. Oudin, Doligé, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 3121-24 du code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
« 1° Au troisième alinéa, les mots : "un local administratif" sont remplacés par les mots : "un ou plusieurs locaux administratifs situés au siège de l'assemblée délibérante ou dans le département" ;
« 2° A la fin du dernier alinéa, les mots : "au sein de l'organe délibérant" sont supprimés.
« II. - L'article L. 4132-23 du code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
« 1° Au troisième alinéa, les mots : "un local administratif" sont remplacés par les mots : "un ou plusieurs locaux administratifs situés au siège de l'assemblée délibérante ou dans la région" ;
« 2° A la fin du dernier alinéa, les mots : "au sein de l'organe délibérant" sont supprimés. »
La parole est à M. Peyronnet, pour défendre l'amendement n° 629.
M. Jean-Claude Peyronnet. Cet amendement a sensiblement le même objet que ceux qu'a défendus M. Karoutchi, mais il porte à 35 % au lieu de 30 % le montant des sommes allouées aux groupes politiques.
M. le président. L'amendement n° 383, présenté par M. Karoutchi, a déjà été défendu.
La parole est à M. Chérioux, pour défendre le sous-amendement n° 704.
M. Jean Chérioux. Ne croyez pas, monsieur le ministre, que ce sous-amendement soit un texte de repli par rapport à celui de M. Peyronnet.
J'ai eu l'occasion, ce matin, de vous indiquer le problème qui s'est posé au conseil de Paris en ce qui concerne les moyens mis à la disposition non pas seulement des groupes mais aussi des conseillers de Paris eux-mêmes, car ici l'on parle toujours de groupes. Or, dans le cas de l'assemblée parisienne, c'est un peu différent puisqu'il y a aussi le problème des conseillers eux-mêmes dont, d'ailleurs, les moyens doivent être mis à leur disposition par les groupes.
En effet, je me permets de vous rappeler que Paris, qui compte 163 conseillers est divisé en un certain nombre d'arrondissements, ce qui est également le cas des villes de Marseille et de Lyon, et c'est la raison pour laquelle ce sous-amendement s'applique aux trois villes couvertes par le régime PML.
A Paris, exemple que je connais le mieux, car j'ai tout de même été trente-six ans conseiller municipal, c'est un vrai problème, notamment du fait de la persistance d'une vieille tradition. En effet, avant qu'il y ait un maire, il y avait à Paris une administration préfectorale ; face au « maire-préfet », il y avait des représentants élus pour défendre les intérêts de leurs électeurs et qui jouaient par conséquent un grand rôle. Ceux qui ont siégé au conseil de Paris et connaissent bien l'administration parisienne savent très bien que le conseiller de Paris a pu, pendant des années, être considéré comme une sorte de « petit parlementaire », par exemple par le nombre de ses interventions ou pour le volume de son courrier !
Vous me direz qu'il y a eu un changement, et, c'est vrai il y a maintenant un maire. L'administration parisienne n'en reste pas moins énorme et mon expérience m'a prouvé que le conseiller de Paris était toujours un interlocuteur essentiel pour les Parisiens qui ont besoin d'être renseignés, ou aidés, ou pour ceux qui veulent faire connaître leurs états d'âme quant à l'action de ladite administration !
Indiscutablement, le conseiller de Paris - et, même si c'est dans d'autres proportions, je pense qu'il en va de même à Lyon et à Marseille - doit donc disposer de moyens pour travailler.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, sous la précédente mandature, les conseillers de Paris, notamment ceux de l'opposition, qui en avaient d'autant plus besoin, disposaient de nombreux collaborateurs.
Or, compte tenu des moyens actuellement alloués, il n'est pratiquement plus possible de rémunérer des collaborateurs. Il y a bien entendu des moyens au niveau des groupes, mais il est impossible de fournir un secrétariat, non pas, bien sûr, individuellement à chaque conseiller, mais à un groupe de conseillers.
Ainsi, la dotation allouée au groupe RPR du conseil de Paris qui compte actuellement trente-quatre conseillers, ne lui permet que de recourir à douze personnes.
On est donc dans une situation tout à fait extravagante : les conseillers de Paris - toutes tendances confondues - disposent de bureaux et de moyens informatiques mais n'ont pas le personnel nécessaire.
Je pense que cette situation n'est pas tenable et qu'il faut absolument y remédier. C'est pourquoi, j'approuve sur le fond l'amendement de M. Karoutchi. S'agissant des villes couvertes par la loi PLM, plus particulièrement Paris, un effort supplémentaire me paraît nécessaire. Il est en effet inadmissible de priver les représentants élus de la capitale et des deux autres grandes villes des moyens de travailler pour le bien de leurs concitoyens.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je comprends tout à fait la proposition de M. Chérioux concernant Paris qui vise à porter les moyens des groupes à 35 % du montant total des indemnités versées annuellement. Par souci de cohérence, je tiens à appeler l'attention sur le fait que les problèmes posés à Paris sont les mêmes que ceux qui sont posés en province.
M. Jean Chérioux. Ce ne sont pas les mêmes !
M. le président. La parole est à M. Karoutchi, pour défendre les amendements n°s 250 rectifié, 385 et 387.
M. Roger Karoutchi. En présentant tout à l'heure l'amendement n° 247 rectifié, j'ai exposé l'objet des amendements n°s 385 et 387. L'amendement n° 250 rectifié se justifie par son texte même.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 565 rectifié.
M. Alain Vasselle. L'article L. 3121-24 du code général des collectivités territoriales fixe les conditions de fonctionnement des groupes d'élus dans les conseils généraux.
Cette disposition prévoit que le fonctionnement des groupes d'élus peut faire l'objet de délibérations sans que puissent être modifiées, à cette occasion, les décisions relatives au régime indemnitaire des élus.
Les groupes d'élus se constituent par la remise à l'exécutif d'une déclaration, signée de leurs membres, accompagnée de la liste de ceux-ci et de leur représentant.
L'article L. 3121-24 du code général des collectivités territoriales ouvre la possibilité au conseil général d'accorder aux groupes d'élus des moyens nécessaires à l'exercice de leurs missions.
Dans les conditions qu'elle définit, l'assemblée délibérante peut affecter aux groupes d'élus pour leur usage propre ou pour un usage commun, un local administratif, du matériel de bureau et prendre en charge leurs frais de documentation, de courrier et de télécommunications.
En outre, l'exécutif peut, dans les conditions fixées par l'assemblée délibérante et sur proposition des représentants de chaque groupe, affecter aux groupes d'élus une ou plusieurs personnes.
L'assemblée délibérante ouvre au budget, sur un chapitre spécialement créé à cet effet, les crédits nécessaires à ces dépenses, sans qu'ils puissent excéder 25 % du montant total des indemnités versées chaque année aux élus. L'exécutif est l'ordonnateur de ces dépenses.
La loi du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale précise que le service confié aux collaborateurs des groupes d'élus doit s'effectuer au sein de l'organe délibérant.
En apportant cette précision, le législateur a manifesté le souci de ne viser que les seules activités en rapport avec le fonctionnement des assemblées.
Cette situation ne semble toutefois guère satisfaisante sur le plan pratique, dans la mesure où le canton de l'élu peut ne pas être celui où siège l'assemblée délibérante.
Dans un souci d'efficacité et de proximité, il apparaît nécessaire de permettre aux groupes d'élus de disposer de locaux situés en dehors du canton siège de l'assemblée délibérante. Ainsi, les collaborateurs d'élus pourront accomplir leur service dans un lieu autre que celui qui accueille l'organe délibérant, mais localisé dans le canton de l'élu.
Le présent amendement est sous-tendu par une volonté forte de faciliter l'exercice de leur mandat aux conseillers généraux et vise à renforcer l'efficacité de l'action publique sur le terrain.
La mesure proposée devrait permettre aux conseillers généraux d'assumer la pleine responsabilité de leurs actions et de leur avenir.
Par extension, le paragraphe II de l'amendement développe le même principe s'agissant des conseils régionaux.
Tel est l'objet de l'amendement n° 565 rectifié, qui ne représente qu'une modeste avancée dans la direction dans laquelle il faudrait que nous nous engagions. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner lors de la discussion générale, il est du devoir du législateur de prendre des mesures permettant aux élus des assemblées communales, s'agissant notamment des villes les plus importantes, et surtout des assemblées départementales et régionales de pouvoir travailler dans des conditions satisfaisantes.
A cet égard, je suis de ceux qui pensent que nous pourrions, toutes proportions gardées bien entendu, mettre à la disposition des élus des assemblées départementales et des assemblées régionales les mêmes moyens que ceux qui sont affectés aux parlementaires. Il est quand même indigne de notre époque qu'un conseiller général de base ou, a fortiori, un vice-président de conseil général ne puisse disposer de collaborateurs, d'un local, de moyens administratifs, techniques et logistiques lui permettant d'assumer sa fonction. Un président de conseil général est mieux loti, bien entendu, mais tel n'est pas le cas de tous les vice-présidents, qui se voient allouer leurs moyens de travail par l'intermédiaire des groupes. Or les dotations sont fixées au prorata du montant des indemnités et sont, à mon avis, très nettement insuffisantes pour satisfaire l'ensemble des besoins.
A cet instant, je voudrais rappeler l'expérience vécue par le conseil général de l'Oise à une époque où la loi était moins précise qu'aujourd'hui. Celui-ci avait décidé de faire bénéficier chaque conseiller général des services d'une secrétaire à tiers temps, les vice-présidents disposant d'une secrétaire à mi-temps. Or, à la suite d'observations de la chambre régionale des comptes, nous avons dû revenir sur ces décisions, parce que la loi ne nous permettait pas de les prendre.
Il faut mettre un terme à cette hypocrisie ! Nous devons donner réellement aux élus départementaux et régionaux la possibilité de travailler dans des conditions satisfaisantes et tirer les enseignements des lois de décentralisation, en tenant compte du principe de libre administration des collectivités territoriales. Nous devrions même aller plus loin, et laisser à chaque assemblée délibérante le soin de déterminer quels moyens elle souhaite mettre à la disposition de ses membres. C'est au peuple souverain qu'il revient éventuellement de sanctionner l'assemblée départementale, régionale ou municipale qui abuserait des moyens mis à sa disposition grâce aux deniers publics et aux impôts. La véritable démocratie, c'est laisser le citoyen juge, et non pas définir par voie réglementaire les conditions dans lesquelles les assemblées doivent travailler.
Je crois, monsieur le ministre, que le Gouvernement et le législateur seraient bien inspirés de prendre des mesures qui permettent d'aller dans cette direction. J'ai pourtant noté que le texte ne comporte aucune avancée en ce sens. Certes, MM. Oudin et Karoutchi font des propositions qui constituent un début de réponse, mais, pour ma part, je les juge encore insuffisantes. J'ai moi-même déposé un amendement portant sur cette question, qui viendra plus tard en discussion, mais je tenais à poser le problème dès à présent. J'espère qu'il sera répondu aux attentes de l'ensemble des élus.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je voudrais, en guise d'introduction, rappeler quelle ligne de conduite la commission des lois s'est imposée pour l'examen des moyens supplémentaires à accorder aux groupes d'élus des assemblées délibérantes.
A cet égard, nous devons bien sûr veiller à ce que les groupes des assemblées puissent disposer des moyens nécessaires à leur fonctionnement normal, mais nous devons aussi nous assurer que l'accroissement de ces moyens soit bien compris et admis par l'opinion publique et par les contribuables, en une période où il faut éviter que le fossé entre les élus et la population ne se creuse davantage.
Souhaitant donner aux assemblées les moyens de travailler dans de meilleures conditions, la commission des lois a estimé qu'il n'était pas anormal de faire passer de 25 % à 30 % du montant total des indemnités versées chaque année aux élus l'enveloppe des crédits pouvant être attribués aux groupes d'élus. C'était ce que suggérait notamment M. Karoutchi. M. Peyronnet proposait, quant à lui, de porter ce taux à 35 %, mais, dans un geste qu'il faut saluer, il est revenu tout à l'heure à 30 %, dans un premier temps du moins !
Sur ce, est intervenu notre collègue Jean Chérioux, qui a souligné que Paris ne devait pas être oublié, que Paris jouit d'un statut spécial, que Paris forme, avec Lyon et Marseille, le groupe « PML ». Je voudrais simplement lui dire que la commission, au terme d'un débat approfondi, a retenu le taux de 30 % et n'a pas eu la possibilité, compte tenu de l'heure tardive du dépôt du sous-amendement n° 704, d'examiner sa proposition de le porter à 35 %.
Dans ces conditions, trois solutions s'offrent à nous.
La première serait de considérer que, compte tenu de leur spécificité de grandes villes de France, les trois villes visées par la loi « PML » doivent bénéficier du taux de 35 %. Toutefois, j'aimerais connaître l'avis sur ce point des maires de Marseille et de Lyon, qui ne ressortait pas des propos que ceux-ci ont tenus lors de leur audition par la commission des lois à l'occasion, précisément, de la préparation de l'examen de ce texte.
La deuxième solution serait de juger que Paris, même au sein du groupe « PML », représente un cas particulier et doit seul bénéficier du taux de 35 %, contre 30 % pour Marseille et Lyon. Ce serait, sur le plan psychologique, et même au-delà de ce seul aspect, difficilement justifiable et défendable.
La troisième et dernière solution - en l'état actuel des choses, je ne suis pas en mesure d'en proposer une autre, parce qu'elle résulte des délibérations de la commission des lois, dont je me dois d'être le porte-parole fidèle - serait de faire passer le taux de façon uniforme à 30 % dans un premier temps. Par la suite, en fonction des éléments qui viendraient compléter notre information, nous pourrions envisager des solutions adaptées à telle ou telle spécificité. Je ne nie pas que le rôle de Paris soit différent de celui des autres villes de France ; je ne nie pas que si un statut spécifique a été élaboré pour Paris, Marseille et Lyon, c'est que la structuration de ces trois villes, notamment en arrondissements, exprime une particularité. Cependant, si l'on veut rester dans le cadre de la raison, on ne peut demander aujourd'hui au rapporteur de la commission des lois de ne pas rester fidèle à la position réfléchie qui est issue de nos débats et de soutenir une autre solution que celle qu'il vient d'exposer.
Certes, je comprends les préoccupations de notre collègue Jean Chérioux et la position qu'il défend avec flamme, comme d'habitude, mais il faut que, en contrepartie, il prenne aujourd'hui en compte le point de vue exprimé par la commission des lois. Pensons surtout à ceux qui, à l'extérieur de cet hémicycle, doivent pouvoir comprendre nos débats : nous devons plus que jamais être vigilants à cet égard.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'amendement n° 629 a l'avantage de la simplicité et de la clarté. Les dispositions en vigueur du code général des collectivités territoriales permettent aux groupes politiques constitués dans les conseils municipaux des communes de plus de 100 000 habitants, dans les conseils généraux et dans les conseils régionaux de bénéficier de moyens matériels dont le coût n'est pas plafonné. La loi précise qu'il s'agit de la mise à disposition de locaux et de matériels de bureau, ainsi que de la prise en charge des frais de documentation, de courrier et de télécommunications. L'amendement de M. Peyronnet vise à donner compétence à l'assemblée délibérante pour déterminer quelles dépenses sont prises en charge par le budget de la collectivité.
Par ailleurs, si l'amendement prévoit de plafonner l'ensemble des dépenses de fonctionnement, sans opérer de distinction entre les dépenses en personnel affecté auprès des groupes d'élus et les autres dépenses, son adoption conduirait à relever le plafond de ces dépenses de personnel de 25 % à 35 % du montant total des indemnités versées chaque année aux membres de l'assemblée concernée, dès lors que les autres dépenses de fonctionnement demeurent faibles.
Je comprends bien le sens des diverses propositions qui ont été formulées et qui émanent d'ailleurs de toutes les travées. Des problèmes se posent dans une démocratie vivante où la politique, au sens noble du terme, doit pouvoir être pratiquée dans les assemblées, au travers des groupes politiques. A ce stade de la discussion, j'estime que l'amendement de M. Peyronnet présente l'avantage d'être simple et clair et de fixer - je me tourne, à cet instant, vers M. Chérioux - un taux unique pour les différentes collectivités. J'y suis donc favorable. Cela étant, si le Sénat souhaitait reprendre l'une des propositions de la commission des lois tendant à réserver le même traitement à toutes les collectivités, mais avec un taux inférieur, j'y serais également favorable.
Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas ici de dépenses superflues. Il y va au contraire du bon fonctionnement de la démocratie, comme l'ont fortement exprimé plusieurs présidents de conseil régional. M. Chérioux ne s'opposera donc sans doute pas à ce que l'on institue, dans un souci de cohérence et comme le souhaite M. Peyronnet, un taux unique de 35 %.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 565 rectifié ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La position de la commission découle de mon introduction aux propos que j'ai tenus tout à l'heure en ce qui concerne les moyens des groupes politiques. Nous devons éviter, sur ce plan, de laisser planer un doute sur le fait que les moyens financiers qui sont consacrés par les collectivités territoriales seraient, en réalité, destinés à financer les partis politiques. Nous devons être extrêmement attentifs sur ce point et veiller au respect de la ligne de conduite qui a guidé la commission lors de ses travaux. M. Vasselle, qui est un homme de terrain, comprendra, j'en suis sûr, que le rapporteur ne puisse pas en cet instant exprimer un avis différent. Peut-être même, après un plaidoyer convaincant - je n'en disconviens pas - voudra-t-il, pour faciliter la tâche de la commission, accepter, son message ayant été lancé, de faire le geste qu'elle peut attendre de sa part. (Sourires sur les travées du RPR.)
M. René Garrec, président de la commission des lois. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. René Garrec, président de la commission des lois. Monsieur le président, je demande la priorité pour l'amendement n° 383.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. J'aurais préféré que l'amendement n° 383 soit retiré au profit de l'amendement n° 629. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je souhaite qu'il n'y ait pas de différence. Aussi, dès lors que vous vous mettriez d'accord, si vous adoptiez l'amendement n° 383, sous réserve d'en réexaminer éventuellement la rédaction, cela ne poserait pas de problème au Gouvernement. Dans ces conditions, je ne m'oppose donc pas à cette demande de priorité.
M. le président. La priorité est ordonnée.
En conséquence, je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 704.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Si j'avais pu m'exprimer sur l'amendement de M. Peyronnet, cela m'aurait permis de parler deux fois (Sourires.) Puisque je ne le peux pas, je me contenterai de parler sur mon sous-amendement.
J'ai été mal compris, notamment par notre excellent rapporteur. Il a tout à fait raison et c'est pourquoi, si j'avais pu m'exprimer sur l'amendement n° 629, j'aurais dit à M. Peyronnet que, bien qu'il s'agisse de la solution de facilité pour résoudre le problème de Paris, je ne peux pas le suivre.
Je ne veux pas toujours faire ressortir la fameuse spécificité parisienne. Alors que la commission a procédé à l'audition des maires de Paris, Lyon et Marseille, je suis surpris que ceux-ci n'aient pas posé le problème, qui est grave tout au moins s'agissant de Paris. Il est vrai que ce n'est pas le problème de la municipalité parisienne. Il s'agit, au-delà du fonctionnnement même des groupes, du problème des possibilités de travail des conseillers de Paris eux-mêmes.
Finalement, si notre assemblée voulait bien accepter le sous-amendement que j'ai déposé, je voudrais qu'il soit bien entendu - cela résulte des travaux parlementaires - que le montant différentiel accordé aux trois villes concernées par la loi PML soit affecté non pas au fonctionnement des groupes - il doit bien entendu transiter par les groupes - mais au secrétariat des conseillers de Paris.
Depuis des lustres, les conseillers de Paris avaient des secrétariats. Aujourd'hui, la situation est différente. Monsieur le rapporteur, les conseillers de Paris sont pratiquement privés de secrétariat. Ils ne peuvent pas travailler ! (Exclamations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Marcel Debarge. Allons !
M. Jean Chérioux. Citez-moi le nombre de secrétaires affectées aux différents conseillers de Paris. Les groupes disposent de l'essentiel des effectifs, car on ne leur en attribue pas assez. C'est facile quand on est dans la majorité car on dispose des moyens de l'administration ainsi que des moyens du maire et de ses adjoints.
Monsieur le rapporteur, ne pas retenir mon sous-amendement, c'est prendre une très grave responsabilité. Bien entendu, la municipalité parisienne appliquera la loi mais, ce faisant, vous ne permettrez pas - je pèse mes mots - aux conseillers de Paris de répondre à l'attente des Parisiens.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je souhaite défendre, sinon mon amendement, en tout cas le montant uniforme. En effet, telle est la question.
M. Jean Chérioux. C'est l'erreur !
M. Marcel Debarge. Pourquoi ?
M. Jean-Claude Peyronnet. Monsieur Chérioux, je ne vous ai pas interrompu, quelles que soient votre véhémence et les bêtises que vous dites...
M. Jean Chérioux. Monsieur le président, que M. Peyronnet retire ce terme !
M. Jean-Claude Peyronnet. Je le retire !
M. le président. M. Peyronnet a retiré ce terme, monsieur Chérioux.
M. Jean-Claude Peyronnet. C'est d'ailleurs sans importance !
Paris n'est pas hors de la France. Le fonctionnement de Paris n'est pas fondamentalement différent du fonctionnement...
M. Jean Chérioux. Si !
M. Jean-Claude Peyronnet. Monsieur le président, si vous pouvez faire taire M. Chérioux, cela m'arrangerait !
M. Chérioux, s'il passe le périphérique quelquefois, connaît la situation dans les régions. Il sait sans doute que les régions ont connu quelques problèmes pour composer leur exécutif et leur majorité. Certaines régions comptent un nombre pléthorique de groupes car, quelles que soient les tendances politiques, il a fallu donner satisfaction à tel ou tel. De toute façon, la proportionnelle a entraîné une très grande diversité au sein des élus. Dans certaines régions, on dénombre huit, neuf ou dix groupes, voire davantage. Chacun d'eux doit disposer d'un minimum de moyens pour fonctionner. De ce point de vue, la situation de Paris ne me semble pas fondamentalement différente de celle que connaissent les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Midi-Pyrénées ou Centre. Les moyens sont nécessaires et ils doivent être augmentés. Qu'ils soient fixés à 30 % ou à 35 %, je n'en fais pas une affaire. Mais, à mes yeux, il serait scandaleux qu'un sort particulier soit réservé à Paris et aux autres villes relevant de la loi PML.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. M. le rapporteur et M. Chérioux ont tous deux raison. M. le rapporteur a raison dans sa volonté d'harmonisation ; M. Chérioux a raison dans son souci de doter les conseillers municipaux de Paris des moyens nécessaires pour fonctionner, notamment des moyens en secrétariat. Je suis surpris que cette proposition ne rencontre pas un plus grand écho de la part des sénateurs dont certains sont aussi président de conseil général ou ont l'expérience du fonctionnement des assemblées départementales, régionales ou municipales. Il ne faut pas être hypocrite. Il faut faire preuve d'un peu de courage politique. Si nous ne nous installons pas tous autour d'une table, nous ne parviendrons pas à trouver une solution consensuelle. Il n'est pas sérieux de nous opposer, en nous jetant à la figure des arguments, à travers les moyens matériels et financiers qui vont être mis à la disposition des groupes et des élus qui les composent pour assumer leur mandat.
Je comprends le souci de M. Hoeffel. Nous ne pourrons réussir dans notre démarche que si, ensemble, nous présentons à l'opinion publique les moyens qu'il convient de mettre à la disposition des groupes et des élus pour que cette démocratie fonctionne et si nous tirons enfin les enseignements des lois de décentralisation.
Vous admettrez, les uns et les autres, notamment vous qui avez porté ces lois de décentralisation...
M. Claude Estier. Vous le reconnaissez tout de même !
M. Alain Vasselle. Ce matin, M. Mauroy a dit que la majorité sénatoriale avait été très critique à l'égard des lois de décentralisation. Monsieur Mauroy, permettez-moi un petit aparté sur ce point. Vous qui avez été Premier ministre, vous savez bien que M. Christian Bonnet, lorsqu'il était ministre de l'intérieur, travaillait avec les fonctionnaires du ministère sur les lois de décentralisation.
M. Jean Chérioux. Exactement !
M. Alain Vasselle. Lorsque Gaston Defferre a été nommé ministre de l'intérieur, il a simplement sorti des cartons ce que les gouvernements précédents avaient préparé. (Applaudissements sur les travées du RPR et protestations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Marcel Debarge. Oh !
M. Robert Bret. C'est pour cela que vous avez voté contre !
M. Alain Vasselle. Aussi, ne venez pas nous raconter d'histoires ! C'est la réalité ! (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)
M. Charles Revet. En fait, c'est nous qui sommes les responsables de la décentralisation !
M. Roger Karoutchi. Vous nous avez plagiés !
M. Alain Vasselle. Telle est en effet la réalité et je le sais d'autant mieux, monsieur Mauroy, qu'un trésorier-payeur général en poste dans l'Oise m'a rapporté qu'il avait travaillé sur les lois de décentralisation sous l'autorité de M. Christian Bonnet.
M. Marcel Debarge. On peut toujours le dire !
M. Alain Vasselle. Il est donc un peu facile de vouloir en retirer la paternité. Certes, c'est vous qui avez fait voter ces lois, mais elles avaient été préparées par des gouvernements précédents, qui ne l'avaient pas médiatisé. (Protestations sur les travées socialistes.)
M. Marcel Debarge. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ?
M. Charles Revet. Parce que l'on ne peut pas tout faire en même temps !
M. le président. M. Vasselle a seul la parole pour explication de vote sur le sous-amendement n° 704. Veuillez poursuivre, mon cher collègue.
M. Alain Vasselle. Merci, monsieur le président.
Les lois de décentralisation ont été votées. Les conditions de travail des élus départementaux, régionaux et municipaux ont complètement changé. D'ailleurs, M. Peyronnet développe ce point dans l'exposé des motifs de l'amendement qu'il présente. Pour ma part, je pense que nous pouvons trouver un accord, qui est un accord minimal consistant à pouvoir doter l'ensemble des groupes d'une dotation de 35 %. Sur ce point, on peut également obtenir l'accord du Gouvernement. En effet, si j'ai bien compris, M. le ministre est prêt à nous suivre jusqu'à ce niveau.
Mais il faut aller au-delà et répondre à l'attente de M. Chérioux. Les besoins des conseillers de Paris sont des besoins qui existent également dans les conseils généraux et dans les conseils régionaux. Aujourd'hui, le problème est le suivant : nous ne faisons pas dans la nuance. En effet, les moyens qui sont mis à la disposition des élus pour l'exercice personnel de leur mandat ne le sont qu'à travers les dotations des groupes.
M. Jean Chérioux. Exactement !
M. Alain Vasselle. Or, en ce qui concerne le Parlement, les députés et les sénateurs ont des moyens qui sont sans comparaison. Il est vrai que les charges que nous devons assumer et nos conditions de travail ne sont pas comparables à celles des élus départementaux ou régionaux.
Mme Nicole Borvo. Vous avez dit que ce n'était pas la même chose !
M. Alain Vasselle. Je demande non pas que l'on fasse la copie conforme, mais qu'au moins des mesures soient prises dans cette direction. En effet, ce serait faire preuve de responsabilité et cela permettrait à notre démocratie de fonctionner dans des conditions satisfaisantes. Je suis persuadé que nos concitoyens sont prêts à l'approuver. Encore faut-il que nous le leur proposions ensemble. Ce n'est qu'ainsi que nous réussirons. Encore faut-il que nous ayons le courage et la volonté de le faire et que nous ne nous cachions pas derrière notre petit doigt.
Notre démocratie a un coût, qui, pour le moment, ne passe qu'à travers les groupes politiques, à moins que nous puissions trouver une autre solution. Pour l'heure, on peut adopter cette dotation de 35 % et poursuivre la réflexion afin que, demain, des moyens supplémentaires puissent être octroyés à chaque élu pour exercer son mandat.
M. Roger Karoutchi. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Karoutchi.
M. Roger Karoutchi. Il y a tout ce dont on peut rêver et ce qui est réalisable. Au conseil régional d'Ile-de-France, je préside un groupe qui compte cinquante membres. C'est le premier groupe dans l'assemblée délibérante la plus nombreuse de France, à savoir 209 membres. Le rêve serait, et mon collègue M. Vasselle a parfaitement raison, que chacun des conseillers régionaux dispose des moyens d'un miniparlementaire.
A ce jour, mon groupe de cinquante membres dispose de trois secrétaires, de sept ou huit collaborateurs et de six ou sept bureaux, ce qui signifie qu'aucun conseiller régional n'a son bureau, et cela vaut également pour les membres des autres groupes.
Je comprends très bien la réaction consistant à dire que la démocratie doit s'exprimer et que, après les lois de décentralisation, il faut encore aller de l'avant. Cela voudrait dire que, pour une instance comme la mienne, c'est-à-dire le conseil régional d'Ile-de-France - et la situation serait identique dans les autres conseils régionaux -, l'augmentation réelle des frais de fonctionnement des élus individuels et groupes politiques serait probablement, sans aller jusqu'aux moyens des parlementaires, d'au moins 100 %, voire 150 % des indemnités des élus, sous peine de n'avoir pas de collaborateur, pas de secrétariat et sûrement pas de bureau !
Je pense, monsieur le ministre, qu'il y a une nuance entre Paris, Marseille, Lyon, d'une part, et les autres collectivités, d'autre part. Je considère donc que mon collègue Jean Chérioux a raison, dans son sous-amendement n° 704, de faire un sort particulier à Paris, Marseille et Lyon.
S'agissant de la règle des 30 %, très franchement, je ne demanderais pas mieux, personnellement, que de présenter un amendement tendant à porter le plafond des crédits à 50 %, voire à 60 % ! En effet, président du groupe le plus nombreux de l'opposition, ce serait mon avantage immédiat et visible !
Mais je suis aussi de ceux qui s'opposent fermement, lors des débats au sein de l'assemblée régionale, à l'accroissement constant des frais de fonctionnement, et je souhaite que, dans mon instance, l'équilibre entre investissements et frais de fonctionnement reste à l'avantage de l'investissement.
Par conséquent, autant je comprends tout ce qui pousse à dépenser davantage, à faire en sorte que les élus se voient attribuer plus de moyens, autant je considère qu'il faut distinguer entre la progression possible et ce qui est réalisable immédiatement.
Le mieux serait, en fait, que les dispositions puissent varier en fonction de l'importance de la collectivité ; en effet, les problèmes, ainsi que le nombre d'élus, ne sont pas les mêmes dans une région de 12 millions d'habitants et dans une collectivité beaucoup plus réduite, ne serait-ce que si l'on envisageait, comme le souhaite M. Vasselle, un bureau par élu : s'il fallait 209 bureaux rien que pour en octroyer un à tous les élus d'Ile-de-France, il faudrait racheter des immeubles dans Paris !
Dans l'immédiat, ma proposition consiste donc à faire un geste en portant, pour l'ensemble des collectivités françaises, le plafond des crédits mis à la disposition des groupes d'élus à 30 % du montant total des indemnités versées chaque année aux membres du conseil municipal, exception faite pour Paris, Marseille et Lyon, qui posent un problème particulier entre les arrondissements et l'ensemble de la collectivité et où - je rejoins M. Chérioux - le taux serait de 35 %. Ce serait ainsi un premier geste, un premier pas vers une grande loi de décentralisation (Protestations sur les travées socialistes) qui redéfinira les compétences de chacune des collectivités et qui, à partir de là, redonnera les moyens réels à chacun des groupes parce que les responsabilités seront alors clairement définies.
Nous savons bien que ce texte vise à faire avancer la démocratie de proximité, et non pas à réorganiser les collectivités locales. Par conséquent, à l'occasion de la discussion de ce projet de loi, avançons vers un meilleur fonctionnement des groupes, mais n'allons pas au-delà, sous peine de nous retrouver avec des dispositions irréalisables ! Je pourrais en effet, mes chers collègues, vous demander de porter le taux à 50 %, car les besoins - nous en sommes tous conscient - existent. Mais ce ne serait pas réaliste !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Après les interventions de M. Vasselle et d'autres sénateurs, je veux dire à quel point la discussion que nous avons maintenant justifie le débat que nous avons déjà eu sur les droits de l'opposition et ceux des minorités dans les assemblées élues, et que je regrette que vous ayez tranché comme vous avez souhaité le faire.
M. Robert Bret. Eh oui ! C'est contradictoire !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. J'ai entendu tout à l'heure que la politique serait trop présente dans les assemblées et que l'on favoriserait vraiment l'émergence d'oppositions dans les assemblées, notamment municipales.
M. Robert Bret. C'est à géométrie variable !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je constate que chacun a bien compris, à travers ce débat, que tout le monde, dans une démocratie vivante, souhaite que l'opposition soit normalement traitée dans les différentes assemblées.
M. Jean-Pierre Schosteck. Ce ne sont pas les mêmes assemblées !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je constate d'ailleurs que l'argumentation de mon ancien collègue M. Chérioux va aussi dans le sens de cette vie démocratique et de la défense des drois de l'opposition à Paris.
M. Jean-Pierre Schosteck. Cela n'a rien à voir !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Il est vrai que les temps changent, et les intentions également ! (Sourires sur les travées socialistes.)
M. Jean-Claude Peyronnet. Ah !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur Vasselle, nous n'allons pas nous lancer dans un débat historique. Nous aurons d'ailleurs bientôt l'occasion, sur l'initiative du Gouvernement, et notamment du ministère de l'intérieur, de débattre des lois de décentralisation de 1982 défendues par le gouvernement de Pierre Mauroy, et notamment par son ministre de l'intérieur, Gaston Defferre, puisque nous allons bientôt fêter leur vingtième anniversaire.
Monsieur Vasselle, vous avez essayé d'accréditer l'idée selon laquelle toutes ces lois avaient été préparées par M. Bonnet et les gouvernements précédents. Ce que vous dites est tellement vrai que tous vos amis ont voté contre !
M. Claude Estier. Très bien !
M. Robert Bret. C'est incohérent !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Cela montre à quel point il faut se méfier de ce que l'on dit !
M. Alain Vasselle. Je ne retire rien à ce que j'ai dit !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. S'agissant du débat qui nous anime, je pense avoir été clair. Le Gouvernement estime qu'il y a un problème. Des élus de Paris se sont exprimés à ce sujet ; nous n'avons pas entendu d'élus de Lyon ni de Marseille. J'ai fait état de demandes émanant de présidents de conseils généraux ou régionaux en vue de faire bénéficier les groupes politiques de plus de moyens - l'amendement de M. Peyronnet va d'ailleurs dans ce sens. J'ai dit que je souhaitais un traitement égal pour tous - 30 % ou 35 % - afin d'éviter les interprétations qui poseraient difficulté. Ayant entendu l'intervention de M. Chérioux, je pensais que l'amendement de M. Peyronnet permettait, mieux que celui de M. Karoutchi, de régler les problèmes tels qu'il le souhaitait. A partir du moment où M. Chérioux préfère l'amendement de M. Karoutchi, mais souhaite un distinguo qui n'est manifestement pas désiré par ailleurs, le Gouvernement vous invite, mesdames, messieurs les sénateurs, à opérer un choix entre le taux de 35 % - c'est l'amendement de M. Peyronnet - et le taux de 30 % - c'est l'amendement de M. Karoutchi -, mais à appliquer le même taux à tout le monde. C'est, à mon avis, de nature à satisfaire la démocratie vivante dans les assemblées, à travers la vie des groupes. Je m'en remets donc à la sagesse de la Haute Assemblée s'agissant du choix entre ces deux taux.
M. Alain Vasselle. Que l'on prenne 35 %, et le problème sera réglé !
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 704, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 383, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 11 quater, et l'amendement n° 629 n'a plus d'objet.
Je mets aux voix l'amendement n° 250 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 11 quater , et les amendements n°s 385 et 387 n'ont plus d'objet.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 565 rectifié ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Dans sa rédaction actuelle, le code général des collectivités territoriales permet au conseil général et au conseil régional d'affecter aux groupes d'élus pour leur usage propre ou pour un usage commun un local administratif.
Il ressort de ce texte qu'un local peut être affecté en fonction des possibilités matérielles soit à l'ensemble des groupes qui devront l'occuper en commun, soit à chacun des groupes qui bénéficiera d'un local en propre. L'amendement n'apporte rien de nouveau au droit en vigueur sur ce point. Par ailleurs, la suppression de la mention précisant que le travail confié aux collaborateurs des groupes élus s'accomplit « au sein de l'organe délibérant » aboutirait à mettre à la charge du département ou de la région des personnels qui pourraient se consacrer à toute autre chose qu'aux affaires départementales ou régionales.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 565 rectifié.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je ne méconnais pas les arguments qui ont été avancés tant au sein de la commission que par M. le ministre, mais je me permets néanmoins d'insister sur un aspect pratique : car, dans un certain nombre d'assemblées ne se situant pas dans la région parisienne, un conseiller ou un groupe peut avoir besoin, compte tenu des distances souvent importantes, de collaborateurs travaillant à une centaine de kilomètres, voire plus.
On nous dit certes que le problème est réglé et que nous n'avons pas à nous inquiéter. Mais, précisément, nous nous inquiétons, car il se trouve de temps en temps des gens un peu plus sourcilleux dans les organes de contrôle qui viennent justement dire qu'on ne peut avoir un collaborateur à une centaine de kilomètres, et qu'il y a par conséquent suspicion de détournement ou d'emploi fictif.
Cet amendement permettrait donc de lever cette ambiguïté et de donner une sécurité plus grande au travail des collaborateurs, notamment.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je ne suivrai pas l'argumentation de M. Schosteck, même si je ne lui fais pas du tout un procès d'intention : je ne pense pas, en effet, qu'il y ait de mauvaise intention de sa part, même s'il y a quand même le risque d'une interprétation qui soit très discutable et discutée non seulement par les chambres régionales des comptes mais aussi par nos concitoyens.
Il est vrai que, si l'on répartit dans l'ensemble d'une région des locaux pour des collaborateurs, il est très difficile de savoir si ceux-ci s'adonnent vraiment à un travail de collaborateur ou à un travail politique. Or les partis politiques ont leur financement réglementé, et je crois qu'il ne faut pas ouvrir la voie à des dérives ou, en tout cas, à des interprétations qui pourraient aller dans ce sens.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je ne serais pas intervenu si M. le ministre n'avait prononcé une dernière phrase, qui vient d'ailleurs d'être relayée par M. Peyronnet, consistant pratiquement à faire un procès d'intention aux élus quant aux locaux qui seraient disséminés sur le territoire et qui seraient utilisés à d'autres fins que le travail au profit des élus départementaux, régionaux ou municipaux.
Je suis d'autant plus étonné de cette affirmation, monsieur le ministre, que, comme M. Peyronnet je crois, je suis président d'un centre de gestion de la fonction publique territoriale ; or, le conseil général se voit tenu de mettre à la disposition des délégués syndicaux, au sein des centres de gestion, des moyens matériels, des locaux, etc. pour exercer leur mandat. Et la possibilité est laissée au conseil général d'octroyer à ces délégués syndicaux des locaux qui ne sont pas situés au siège du centre de gestion. J'ai moi-même reçu des demandes en ce sens de la part des délégués de la CGT et de la CFDT de mon département !
On comprend assez difficilement que les délégués syndicaux, qui n'ont pas reçu l'onction du suffrage universel pour l'exercice de leurs fonctions - certes tout à fait légitimes -, disposent de possibilités plus grandes que les élus départementaux et régionaux.
Si la rédaction est ambiguë au point de laisser place à des observations de la part de la chambre régionale des comptes, il nous appartient peut-être, non pas au cours de la navette, puisque l'urgence est déclarée, mais en commission mixte paritaire, de l'affiner encore pour éviter des effets pervers, mais, d'ores et déjà, l'amendement n° 565 rectifié bis me semble aller dans le sens qui est souhaité et attendu par les élus.
J'ai entendu dans mon propre département des élus communistes et des élus socialistes demander à cor et à cri au président du conseil général qu'on leur donne des moyens de fonctionnement au-delà de ceux dont ils disposent dans le cadre des groupes. Nous leur avons dit de s'adresser à leurs responsables politiques sur le plan national pour faire avancer les choses.
En tout cas, force est de constater qu'il y a un décalage complet entre ce que nous entendons ici de la bouche des parlementaires de gauche et ce que j'entends des conseillers généraux socialistes et communistes dans mon propre département. Pour preuve, je vous renvoie, mes chers collègues, aux procès-verbaux des débats de la dernière session du conseil général qui a été consacrée au budget primitif ! Il est affligeant d'entendre sur place des propos qui ne sont pas du tout relayés au Parlement. Il faudrait, messieurs, que vous mettiez un peu d'harmonie dans les discours que vous tenez sur le plan local et sur le plan national !
M. Paul Girod. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod. Je crois qu'il faudrait faire preuve d'un peu de bons sens dans tout cela ! Il faut se rappeler que les institutions départementales se sont établies, dans le cadre de traités de partition, dans des locaux « calculés » en fonction des responsabilités qui leur incombaient lors de la mise en place des lois de décentralisation. La mise à disposition des groupes politiques de moyens et de locaux est venue après.
Dans un certain nombre de cas, le siège même du conseil général s'avère être d'une étroitesse telle que la mise en place de locaux de ce genre se heurte à des difficultés techniques considérables.
Par conséquent, ne serait-ce qu'à ce titre-là il ne serait pas mauvais de desserrer le carcan pour permettre au moins à la commune préfecture, siège du conseil général, d'avoir des antennes extérieures.
J'en viens aux conseils régionaux. Là, je ne comprends plus l'argumentation. On sait que le département a été conçu comme l'ère géographique dans laquelle il était possible de faire sans difficulté l'aller-retour à cheval dans la journée depuis tout lieu jusqu'à la ville siège de la préfecture. Mais, pour les régions, il en va tout autrement ! Il arrive que plus de 150 kilomètres séparent la préfecture d'une région des centres de vie courante des conseillers régionaux.
M. Jacques Blanc. Parfois plus !
M. Paul Girod. Je pense donc que le second alinéa au moins devrait recueillir l'assentiment du Sénat, voire le premier sous réserve peut-être d'une modification limitant le dispositif à la ville siège du conseil général.
En tout cas, un excès de centralisation est toujours excessivement difficile à vivre.
M. Jacques Blanc. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 565 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Division additionnelle après l'article 11 quater



M. le président.
L'amendement n° 244 rectifié bis , présenté par MM. Joyandet, Esneu, Goulet, Gouteyron, Guené, Lardeux, Lassourd, de Richemont, Schosteck, Sido, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater , insérer une division additionnelle ainsi rédigée : "Chapitre... . - "Communautés d'agglomération". »
La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Cet amendement se justifie par son texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Sagesse.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Les amendements portant sur les communautés d'agglomération ne paraissant pas nécessiter la création d'un chapitre, cet avis est défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 244 rectifié bis, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, une division additionnelle ainsi rédigée est insérée dans le projet de loi, après l'article 11 quater.

Article additionnel après l'article 11 quater



M. le président.
L'amendement n° 245 rectifié ter , présenté par MM. Joyander, Esneu, Goulet, Gouteyron, Guené, Lardeux, Lassourd, de Richemont, Schosteck, Larcher et les membres du groupe du RPR et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 quater , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La seconde phrase de l'article L.5216-1 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigée :
« Les seuils démographiques de 50 000 et 15 000 habitants ne s'appliquent pas lorsque la communauté d'agglomération comprend le chef-lieu du département. »
« II. - Cet article est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois un établissement public de coopération intercommunale regroupant à la date de sa création moins de 50 000 habitants, dans la mesure où il comprend le chef-lieu du département ou la commune la plus importante du département, peut également faire le choix de se constituer en communauté de communes conformément aux dispositions des articles L. 5214-1 à L. 5214-29. »
« III. - La perte de recettes pour l'Etat résultant des I et II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Cet amendement vise à remédier à une situation qui nous paraît avoir été négligée.
En effet, la loi avait prévu de réserver les communautés d'agglomération aux zones urbaines, puisque seuls les groupements de plus de 50 000 habitants peuvent prétendre à ce statut, encore faut-il qu'il existe en leur sein une commune pilote dénombrant plus de 15 000 habitants.
La loi avait prévu toutefois une dérogation à ce seuil lorsque la commune pilote est également le chef-lieu du département ; il faut observer que cela touche peu de communes puisque ne sont concernées que quatre villes-préfectures : Guéret, Mende, Privas et Foix.
Il semble dès lors utile de prévoir que le seuil de 50 000 habitants ne s'applique pas non plus lorsque la commune chef de file est une ville-préfecture - douze créations éventuelles de communautés d'agglomération seraient ainsi rendues possibles - ou la ville la plus importante du département, pour les rares cas où il ne s'agirait pas de la ville-préfecture.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Ce débat me rappelle celui que nous avons eu en 1999, ...
M. Jean-Jacques Hyest. Certes !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. ... lors de la discussion de la loi relative à l'intercommunalité.
A l'époque, on avait décidé de créer trois catégories de communautés : les communautés urbaines pour les agglomérations de plus de 500 000 habitants, les situations acquises n'étant pas remises en cause ; les communautés d'agglomération pour les ensembles rassemblant une population allant de 50 000 à 500 000 habitants, à condition que ceux-ci comprennent une ville-centre d'au moins 15 000 habitants ; enfin, les communautés de communes pour un ensemble de population inférieur à 50 000 habitants.
Il avait cependant été décidé, en ce qui concerne les communautés d'agglomération, de créer une exception pour les départements dans lesquels le chef-lieu n'atteignait pas le seuil de population de 15 000 habitants. Ainsi, dans quatre départements, il est possible de créer des communautés d'agglomération bien que le chef-lieu n'atteigne pas les 15 000 habitants ; ce qui est le cas de Guéret, Mende, Privas et Foix.
Par l'amendement n° 245 rectifié ter , il nous est proposé de prévoir une dérogation supplémentaire qui, cette fois, ne concernerait pas la population de la ville-centre de la communauté d'agglomération, mais viserait le plancher de 50 000 habitants. Elle s'appliquerait lorsque le chef de file serait une ville préfecture ou la ville la plus importante d'un département.
Concrètement, ces dérogations tendent à octroyer à ces départements, qui ont généralement une faible densité de population et ne sont pas économiquement les plus favorisés, la possibilité de se doter d'un pôle de développement éligible à la dotation intercommunale de 250 francs par habitant en moyenne.
Ayant été rapporteur, ici même, voilà deux ans, de la loi sur l'intercommunalité, je devrais en être le gardien scrupuleux, au moins l'un d'eux, mais il faut bien admettre que, dans certaines circonstances, s'impose la nécessité de favoriser le développement, autour d'un pôle, d'un certain nombre de départements qui ne sont pas parmi les plus favorisés.
M. Bruno Sido. Très bien !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Ces deux attitudes se justifiant, après débat, la commission des lois a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. En créant les communautés d'agglomération, la loi du 12 juillet 1999 a entendu doter les zones urbaines d'un outil de coopération adapté aux enjeux de leurs territoires. Elle a en outre - ce qui répond aux attentes des auteurs de l'amendement - accordé aux communautés de communes très intégrées qui se constituent dans les zones rurales des avantages financiers comparables à ceux dont bénéficiaient les communautés d'agglomération. Ces groupements, sous réserve qu'ils remplissent les conditions fixées par le code général des collectivités, reçoivent en effet une dotation globale de fonctionnement bonifiée.
C'est pourquoi le Gouvernement ne souhaite pas rouvrir un débat sur un sujet que votre assemblée avait explicitement traité d'une manière équitable et respectueuse des enjeux propres aux grandes agglomérations. Je ne peux donc pas donner un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 245 rectifié ter.
M. Bruno Sido. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Sido.
M. Bruno Sido. Très sincèrement, monsieur le ministre, je ne vous comprends pas.
Comme l'a relevé le rapporteur de la commission des lois, certains départements peu peuplés et n'abritant que des villes peu importantes n'ont pas pu, étant donné le caractère diffus de leur population, regrouper 50 000 habitants autour d'une même ville, même si cette dernière compte plus de 15 000 habitants. Or la dotation globale de fonctionnement est substantiellement différente pour une communauté d'agglomération et pour une communauté de communes. Dès lors, ces départements qui sont déjà défavorisés le deviennent encore davantage.
Le sous-amendement qui a été intégré dans l'amendement visait, quant à lui, les départements dont le chef-lieu n'est pas la ville la plus importante. C'est le cas de mon département, où la ville la plus importante se trouve être la première ville nouvelle créée en France, et elle le fut sur décision du ministre Edgard Pisani. Or cette ville est située à cheval sur trois départements et sur deux régions. C'est pourquoi, s'il y a bel et bien un bassin d'emplois qui représente 50 000 habitants, administrativement, pour des raisons qui m'échappent quelque peu, on n'a pas réussi à constituer une communauté d'agglomération. Telle est la situation qui m'avait conduit à déposer initialement ce sous-amendement, et je remercie les auteurs de l'amendement d'avoir bien voulu le prendre en compte.
M. le rapporteur, qui est un homme juste et sage, a bien noté qu'il y avait des cas particuliers dont il fallait savoir parfois tenir compte. Je l'en remercie également.
M. le président. Mon cher collègue, les compliments que vous avez adressés à M. le rapporteur sont tout à fait justifiés.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. J'avoue être assez partagé à propos de cet amendement.
Mais je veux d'abord, à mon tour, remercier notre rapporteur, qui a l'art de rendre clairs des sujets qui ne le sont pas d'emblée. Reconnaissons-le, nous sommes là dans un domaine où il faut être véritablement un initié pour comprendre quelque chose !
Cela étant, je note que cet amendement ajoute une dérogation à une première mesure dérogatoire qui avait été adoptée dans la loi de 1999. Et le dispositif initialement proposé - pour des raisons qu'il a parfaitement exposées et qui tiennent à la situation particulière que connaît la ville la plus importante de son département - par notre collègue M. Sido, puis intégré dans l'amendement de notre collègue M. Joyandet, en ajoute une troisième.
Dans ces conditions, vous n'empêcherez pas les élus d'autres départements français de faire également valoir d'autres spécificités et de demander une extension du régime dérogatoire.
Peut-être n'en serions-nous pas là si le Sénat avait été un mieux écouté lorsque nous avons eu à débattre de la dotation globale de fonctionnement en faveur des communautés d'agglomération, des communautés de communes et des communautés urbaines. Rappelez-vous : il a été décidé que cette dotation serait substantielle pour les communautés urbaines et très incitative pour les communautés d'agglomération qui optaient pour la taxe professionnelle unique - 250 francs par habitant - mais les communautés de communes, qui concernent plutôt les zones rurales, se sont retrouvées dans la situation du parent pauvre, même si la dotation est passée de 80 francs à 170 francs par habitant, et cela, d'ailleurs, grâce au Sénat. Au passage, je remercie encore le Gouvernement d'avoir accepté la transaction que nous lui proposions.
Quoi qu'il en soit, si le niveau de concours pour les communautés de communes, sous réserve que celles-ci remplissent les conditions requises, se rapprochait de celui des communautés d'agglomération, nul ne songerait à déposer des amendements visant à introduire des dérogations. Et je suis prêt à parier que, si d'autres textes portant sur ces questions viennent en discussion, des amendements de même nature nous seront soumis.
S'il y a, dans mon département, une commune dont le nombre d'habitants est égal à la population de la commune la plus importante d'un département rural, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas demander que cette commune et les communes environnantes bénéficient la DGF de 250 francs par habitant.
Il y a là un problème de fond qui nous renvoie au débat que nous avons eu sur l'élection au suffrage universel des délégués des structures intercommunales. Je crois que cette « carotte financière » cache des effets pervers que nous n'avons pas encore mesurés, mais que nous commençons à voir se profiler à travers le texte qui nous est présenté aujourd'hui. Il me semble que nous allons au-devant de difficultés majeures en ce qui concerne les structures intercommunales et les communes.
M. Jacques Blanc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Jacques Blanc.
M. Jacques Blanc. Elu d'un département qui compte 73 000 habitants, avec un chef-lieu de moins de 15 000 habitants, je ne peux, chacun le comprendra, qu'être très attentif à ce débat et apprécier comme il convient certains des propos qui ont été tenus.
Cela étant, j'avoue avoir été un peu étonné lorsque M. le ministre nous a dit que communautés de communes et communautés d'agglomération bénéficiaient des mêmes mesures financières. Si tel était le cas, il n'y aurait plus lieu de débattre ! En effet, comme notre collègue M. Vasselle vient de l'indiquer, il n'en est malheureusement rien !
Au contraire, les communautés de communes voient se réduire très fortement les mesures financières en leur faveur. Or ce sont précisément les communautés de communes qui ont besoin, dans la mesure où elles sont situées dans des pays ruraux, de la solidarité nationale pour faire face à leurs problèmes de développement. C'est en fait un problème d'aménagement rural en France. Hélas ! monsieur le ministre, depuis un certain nombre d'années, on a le sentiment que tout est fait pour les villes mais que le pays rural est complètement laissé de côté.
M. Aymeri de Montesquiou. C'est vrai !
M. Jacques Blanc. Bien sûr, je n'ignore rien des problèmes des communes urbaines, d'autant qu'il s'en pose dans ma région comme dans les autres. Mais ne pensez-vous pas qu'il serait temps de réfléchir à une démarche fondamentale ? Va-t-on laisser s'accumuler des populations dans des quartiers urbains où l'on ne maîtrise plus la situation et, parallèlement, laisser se vider des campagnes ou se désertifier des zones de montagne ?
M. Bruno Sido. C'est en effet tout à fait paradoxal !
M. Jacques Blanc. Nous sommes face à un véritable problème de société qui nous concerne tous et qui se pose aussi bien en France que dans les autres pays d'Europe.
Va-t-on enfin définir une politique de maintien de vie dans l'espace rural et d'aménagement équilibré et harmonieux de notre territoire ? Face à l'hyper-concentration d'un côté et à la désertification de l'autre, on n'a pas le droit de ne rien tenter !
Certes, l'amendement qui nous est proposé n'est pas parfait, mais il a au moins le mérite d'offrir un début de parade à la situation que je viens de décrire.
Ce qui m'inquiète néanmoins, c'est que, dans les agglomérations, trahissant peut-être la volonté du législateur, on a donné un pouvoir à mon sens excessif au préfet en permettant à celui-ci - nous l'avons vu en Languedoc-Roussillon - d'arrêter la création de communautés d'agglomération éventuellement contre la volonté de certaines communes, y compris de communes périphériques.
M. Aymeri de Montesquiou. Tout à fait !
M. Jacques Blanc. A Montpellier, monsieur le ministre, vous le savez, on a violé la volonté exprimée à travers des référendums ou par la voix d'élus responsables pour imposer une communauté d'agglomération. Le tribunal administratif a d'ailleurs cassé un premier arrêté.
A l'inverse, pour les communautés de communes, la procédure permet quand même de respecter davantage la volonté des élus.
Je me permets de vous interpeller sur ce point, monsieur le ministre : la pensée de M. Chevènement n'a-t-elle pas fait l'objet, ici où là, d'une interprétation déviée lorsque des préfets ont pu, sous l'effet de pressions sur lesquelles je n'ai pas besoin d'insister, obliger des communes à entrer dans une communauté d'agglomération alors qu'elles ne le voulaient pas ?
Il serait vraiment navrant que, grâce à cette dérogation, on retrouve la même situation dans l'espace rural.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je suis un peu étonné par ce débat.
En son temps, une loi a été votée, par laquelle il a été décidé qu'il existerait trois types de communautés : les communautés urbaines, les communautés d'agglomération et les communautés de communes.
La différence entre ces trois structures ne tient pas seulement à un problème d'argent. Il ne s'agit pas seulement de 250 francs ! Il y a aussi des procédures de constitution différentes, un rôle différent du préfet, des compétences différentes : c'est l'essentiel ! On ne nous parle ici que de la carotte, mais il y a le contenu !
Chers collègues, si vous voulez plus d'argent, créez donc une communauté de communes à taxe professionnelle unique, avec un coefficient d'intégration fiscale très fort ! Vous aurez alors une DGF majorée, même si vous n'arriverez pas tout à fait aux 250 francs par habitant.
Quoi qu'il en soit, outre que des dérogations ont déjà été adoptées dans la loi initiale, il faudrait au moins prévoir un seuil. Peut-on vraiment constituer une communauté d'agglomération avec 16 000 habitants ? Il faut au moins qu'on ait affaire à quelque chose qui ressemble un peu à une agglomération !
Ce n'est donc pas seulement un problème d'argent : c'est aussi un problème de degré et de nature. C'est pourquoi nous ne pourrons voter cet amendement.
M. Paul Girod. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Girod.
M. Paul Girod. J'aurais pu être sensible aux arguments qui ont été développés contre l'amendement si nous ne voyions pas se dérouler ce phénomène qui fait que, d'année en année, les dotations globales de fonctionnement des communautés de communes, c'est-à-dire celles qui intéressent le milieu rural,...
M. Jacques Blanc. S'amenuisent.
M. Paul Girod... baissent progressivement, du fait d'un basculement au profit des communautés d'agglomération. (M. Dreyfus-Schmidt manifeste son désaccord.)
Je suis président d'une communauté de communes, et je sais bien ce que nous touchons en moins tous les ans !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Pas avec la loi de finances pour 2002 !
M. Paul Girod. Moi, je suis comme saint Thomas : je ne crois que ce que je vois, ou plutôt ce que je « touche » !
Nous sommes peut-être aujourd'hui à un palier, mais l'évolution reprendra un jour !
En tout cas, dans l'état actuel des choses, il serait dommage de priver un certain nombre de départements de la possibilité d'obtenir pour leur chef-lieu un véritable statut de « centralité », même si ces villes n'ont pas la « chance » - c'est une façon de parler compte tenu des inconvénients qui s'attachent à cette situation - de se trouver au milieu d'une authentique agglomération.
Dans le cas qui a été évoqué et que je connais bien, on se heurte davantage, me semble-t-il, à des difficultés administratives ou psychologiques qu'à une réalité juridique. Mais en ce qui concerne les chefs-lieux de département, nous devrions suivre la suggestion qui nous est faite.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je voudrais mettre ici en avant l'impératif d'aménagement du territoire.
A l'occasion d'un tout récent CIADT, a été affirmée une volonté très forte d'utiliser le télétravail pour stimuler la vitalité des campagnes.
La position soutenue avec talent par notre rapporteur me paraît sage et, personnellement, je voterai cet amendement.
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Elu d'un département de 140 0000 habitants qui se trouve un peu dans la situation qui a été exposée par certains de nos collègues, je peux dire qu'il est pratiquement impossible d'atteindre le seuil de 50 000 habitants dans un petit département.
Cela étant, l'amendement ne prévoyant aucun seuil, tout devient possible !
Pour ce qui est de l'aménagement du territoire, notamment dans un département peu peuplé, il faut toujours se demander si l'on ne risque pas, dès lors que l'on concentre les dotations sur une certaine zone, d'amplifier le phénomène de désertification dans le reste du territoire départemental. C'est ainsi que, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le développement de la vallée de la Durance a eu et continue d'avoir pour effet de vider le reste du terrioire. Il faut donc être très prudent !
C'est la raison pour laquelle je ne voterai pas cet amendement dans sa rédaction actuelle.
Mme Marie-France Beaufils. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaufils.
Mme Marie-France Beaufils. Le souci des collectivités de disposer des capacités financières suffisantes pour assurer leur fonctionnement est légitime. Mais, si elles sont organisées en communauté de communes, elles ne reçoivent pas la même dotation globale de fonctionnement. On peut donc comprendre leur volonté de trouver des solutions différentes. Je ne suis toutefois pas sûre que, comme on nous le propose aujourd'hui, l'option de la communauté d'agglomération soit la plus pertinente.
Par ailleurs, lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2002, nous avons évoqué le financement de l'intercommunalité. Nous nous sommes notamment interrogés sur la difficulté à laquelle nous sommes confrontés aujoud'hui : si, au départ, la communauté d'agglomération perçoit 250 francs par habitant, la baisse engendrée par le changement de statut va être très importante, sauf à avoir des coefficients d'intégration fiscale très importants, c'est-à-dire à inciter à des transferts de compétences en abandonnant la coopération de projet qui seule permet de répondre véritablement aux besoins de nos populations.
Je regrette donc que les propositions que notre groupe a formulées lors de l'examen de la loi de finances pour améliorer le financement de l'intercommunalité n'aient pas été retenues. En effet, elles auraient fourni des réponses aux questions que nous nous posons aujourd'hui.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Nous comprenons une partie des craintes exprimées par les uns et les autres. Dans ces conditions, nous ne serions pas opposés au fait d'ajouter un élément de sécurité à notre amendement, en admettant, par exemple, un plancher de 40 000 habitants. Cela permettrait peut-être de lever quelques inquiétudes...
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. M. Schosteck nous propose un troisième seuil qui viendrait s'intercaler entre deux autres.
Dans la mesure où l'on me démontrerait que cela va dans le sens de la simplification, je serais enclin à l'accepter, mais mieux vaut, selon moi, ne pas improviser dans un tel domaine.
M. Paul Girod. Tout à fait !
M. le président. Monsieur Schosteck, rectifiez-vous votre amendement ?
M. Jean-Pierre Schosteck. Je m'en remets à la sagesse de M. le rapporteur.
M. le président. Qui est grande !
Je mets aux voix l'amendement n° 245 rectifié ter, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 11 quater .

Chapitre III

Conseils économiques et sociaux régionaux

Article 12



M. le président.
« Art. 12. - I. - A. - Le premier alinéa de l'article L. 4134-3 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Les conseils économiques et sociaux régionaux peuvent comprendre des sections dans des conditions fixées par un décret en Conseil d'Etat. Ces sections émettent des avis. »
« I. - Les deux premiers alinéas de l'article L. 4134-7 du même code sont ainsi rédigés :
« Les membres du conseil économique et social régional perçoivent pour l'exercice effectif de leurs fonctions une indemnité fixée par le conseil régional dans la limite d'un plafond mensuel déterminé par référence aux indemnités maximales prévues pour les membres du conseil régional par les articles L. 4135-16 et L. 4135-17. Cette indemnité est modulée en fonction de la présence des membres aux réunions du conseil ou de ses formations et de leur participation à ses travaux.
« Un décret en Conseil d'Etat définit les modalités d'application de l'alinéa précédent. »
« I bis. - 1. A l'article L. 4134-6 du même code, les mots : "les premier et troisième alinéas de l'article L. 4135-19" sont remplacés par les mots : "les premier et quatrième alinéas de l'article L. 4135-19".
« 2. Dans le dernier alinéa de l'article L. 4134-7 du même code, le mot : "troisième" est remplacé par le mot : "quatrième".
« II. - Après l'article L. 4134-7 du même code, il est inséré un article L. 4134-7-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 4134-7-1 . - Indépendamment des autorisations d'absence dont ils bénéficient en application de l'article L. 4134-6, le président et les membres du conseil économique et social régional ont droit à un crédit d'heures leur permettant de disposer du temps nécessaire à la préparation des réunions du conseil et des commissions dont ils font partie.
« Ce crédit d'heures, forfaitaire et trimestriel, est fixé par référence à la durée hebdomadaire légale du travail.
« Il est égal :
« 1° A l'équivalent de deux fois cette durée pour le président ;
« 2° A l'équivalent de 60 % de cette durée pour les membres du conseil.
« En cas de travail à temps partiel, le crédit d'heures est réduit à due proportion.
« Les heures non utilisées pendant un trimestre ne sont pas reportables.
« L'employeur est tenu d'accorder aux membres du conseil, sur leur demande, l'autorisation d'utiliser le crédit d'heures prévu par le présent article. Ce temps d'absence n'est pas payé par l'employeur.
« Le temps d'absence utilisé en application de l'article L. 4134-6 et du présent article ne peut dépasser la moitié de la durée légale du travail pour une année civile. Il est assimilé à une durée de travail effective pour la détermination de la durée des congés payés et du droit aux prestations sociales ainsi qu'au regard de tous les droits découlant de l'ancienneté. »
« II bis. - Après l'article L. 4134-7 du même code, il est inséré un article L. 4134-7-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 4134-7-2 . - Le président et les membres du conseil économique et social régional ont droit à une formation adaptée à leurs fonctions. Le conseil régional met à la disposition du conseil économique et social régional les moyens nécessaires à la prise en charge de leurs frais de déplacement, de séjour et d'enseignement, au titre des moyens de fonctionnement prévus par l'article L. 4134-5.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret. »
« III. - Le dernier alinéa de l'article L. 4432-9 du même code est ainsi rédigé :
« Les articles L. 4134-6 à L. 4134-7-2 sont applicables aux présidents et aux membres des conseils consultatifs. »
« IV. - A l'article L. 4422-24 du même code, les mots : "et L. 4134-7" sont remplacés par les mots : "à L. 4134-7-2".
« V. - L'article L. 4134-6 du même code est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les membres des sections autres que les membres du conseil économique et social régional peuvent être remboursés, selon des modalités fixées par décret, des frais de déplacement qu'ils engagent pour participer aux réunions de ces sections.
« L'article L. 4135-26 leur est applicable. »
L'amendement n° 26, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer le II bis de l'article 12. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'article 12 fait obligation au conseil régional de financer la formation des conseillers économiques et sociaux régionaux.
Nous avons examiné sérieusement cet article et nous avons estimé que, les conseillers économiques et sociaux étant désignés par les organismes dont ils sont issus, la logique commandait que ces derniers procèdent à ladite formation.
Cela ne signifie pas que nous minimisions le rôle des conseils économiques et sociaux régionaux ! Pour avoir été pendant des années membre d'un conseil économique et social régional et pour l'avoir même présidé, je connais leur rôle et leur mission. Je sais combien ils sont nécessaires au fonctionnement de la collectivité régionale, et leur voix doit être entendue.
Cela étant, la nature de leur composition n'est pas la même que celle du conseil régional. Voilà pourquoi il me paraît plus opportun que la formation des conseillers incombe aux organisations les désignant plutôt qu'aux conseils régionaux.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'article 12 du projet de loi a pour objet d'améliorer les conditions d'exercice des fonctions de membre des conseils économiques et sociaux régionaux. A ce titre, l'instauration d'un droit à la formation au profit de ces derniers constitue une mesure essentielle, justifiée au demeurant par le caractère souvent technique des missions qui sont les leurs.
Voilà pourquoi, je le dis d'emblée, la suppression de cette disposition ne me paraît pas souhaitable.
J'ajoute que j'ai participé à une réunion des présidents de conseils économiques et sociaux régionaux, dans le cadre de la consultation engagée pour l'élaboration du présent projet de loi. Plusieurs sujets ont été examinés, et les conseils économiques et sociaux régionaux se sont engagés à traiter de sujets nouveaux, notamment en matière de sécurité, aux côtés des conseils régionaux.
Nous avons donc, monsieur le rapporteur, une différence d'approche sur ce sujet. Nous savons d'où sont issus les membres des conseils économiques et sociaux régionaux, mais ils ne représentent pas, dans l'exercice de leurs responsabilités de membres du conseil économique et social régional, leur organisation : ils apportent au conseil régional, dans l'exercice de sa responsabilité démocratique, une expertise et une compétence qu'ils mettent à sa disposition.
Les présidents de conseils régionaux ont d'ailleurs reconnu qu'il était nécessaire de permettre aux membres des conseils économiques et sociaux régionaux de diposer de formations compte tenu des tâches croissantes qui sont les leurs aux côtés des conseils régionaux.
Je regretterais donc vivement et sincèrement que cette disposition soit repoussée et je suis défavorable à cet amendement, qui vise à supprimer l'instauration d'un droit à la formation.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 26, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 12, modifié.

(L'article 12 est adopté.)

Chapitre III BIS

Comités de massif

Article 12 bis



M. le président.
« Art. 12 bis . - Le deuxième alinéa de l'article 5 de la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne est ainsi rédigé :
« Les massifs sont les suivants : Alpes, Corse, Massif central, Massif jurassien, Pyrénées, Massif vosgien. »
L'amendement n° 439 rectifié bis, présenté par MM. Jacques Blanc, Amoudry, Jarlier, Emorine, Gruillot, Fournier, Hérisson, Mme Henneron, MM. Ferrand, Revol, Boyer, Alduy, Mme Payet et M. Trucy, est ainsi libellé :
« I. - Dans le second alinéa de l'article 12 bis, après les mots : "Massif central, Massif jurassien", insérer le mot : "Morvan".
« II. - Afin de compenser les pertes de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'inclusion du Morvan dans la liste des massifs concernés par la loi montagne est compensée par la majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts." »
« III. - En conséquence, faire précéder cet article de la mention : "I. - ". »
La parole est à M. Jacques Blanc.
M. Jacques Blanc. Il s'agit de classer en zone de montagne des communes qui n'avaient pas bénéficié de cette mesure lors de l'adoption de la loi «montagne » du 9 janvier 1985 et de reconnaître le Morvan en tant que massif. Un certain nombre de communes sont concernées, mais, comme il n'y avait pas, en 1985, de continuité territoriale entre elles, elles ne pouvaient prétendre à ce statut. Aujourd'hui, à la suite de la révision du classement des communes de montagne et dans la mesure où l'entité du massif du Morvan semble reconnue, il en va différemment.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission pouvait difficilement disposer, en aussi peu de temps, de tous les éléments d'appréciation lui permettant d'exprimer une opinion définitive sur ce point.
Cela étant, qui oserait s'opposer au Morvan, à ce qu'il représente et à ce que souhaitent les élus de la montagne ? (Sourires.)
Dans le doute, elle émet donc un avis de sagesse.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le ministre de l'intérieur a toujours de la peine à être objectif s'agissant du Morvan ! (Nouveaux sourires.)
L'article 12 bis, introduit par l'Assemblée nationale en première lecture, ne vise pas à créer de nouveaux massifs, il se limite à fusionner deux massifs existants, les massifs des Alpes du Nord et des Alpes du Sud se trouvant ainsi réunis en une seule entité.
L'amendement de M. Jacques Blanc aurait une portée plus grande si un nouveau massif était créé. Toutefois la question est posée !
Je connais bien ce sujet : certains membres du Gouvernement m'en ont parlé, des élus que je connais et qui siègent dans cette assemblée m'en ont également parlé.
Je vais donc m'en remettre à la sagesse du Sénat, tout comme M. le rapporteur.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 439 rectifié bis, pour lequel la commission et le Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 12 bis, modifié.

(L'article 12 bis est adopté.)

Article 12 ter



M. le président.
« Art. 12 ter . - Le troisième alinéa de l'article 7 de la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 précitée est ainsi rédigé :
« Il est coprésidé par le représentant de l'Etat désigné pour assurer la coordination dans le massif et par un élu. Ce dernier est désigné parmi les représentants des collectivités territoriales ou de leurs groupements en leur sein. »
Je suis saisi deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 27, présenté par M. Hoeffel au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 12 ter :
« I. - Le deuxième et le troisième alinéas de l'article 7 de la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne sont remplacés par trois alinéas ainsi rédigés :
« Ce comité est composé, à titre majoritaire, de représentants des régions, des départements, des communes et de leurs groupements. Il comprend également des représentants des établissements publics consulaires, des parcs nationaux et régionaux, des organisations socioprofessionnelles et des associations concernées par le développement, l'aménagement et la protection du massif.
« Il constitue une commission permanente, composée en majorité de représentants des collectivités territoriales et de leurs groupements. Cette commission élit son président en son sein.
« Le comité est coprésidé par le représentant de l'Etat désigné pour assurer la coordination dans le massif et par le président de la commission permanente.
« II. - En conséquence, le début du quatrième alinéa du même article est ainsi rédigé :
« Il définit les objectifs... (Le reste sans changement.) »
L'amendement n° 164, présenté par M. Lassourd au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 12 ter :
« I. - Le deuxième et le troisième alinéas de l'article 7 de la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 précitée sont remplacés par trois alinéas ainsi rédigés :
« Ce comité comprend une majorité de représentants des collectivités territoriales ou de leurs groupements, ainsi que des représentants des établissements publics consulaires, des parcs nationaux et régionaux, des organisations socioprofessionnelles, et des associations concernées par le développement, l'aménagement et la protection du massif.
« Il constitue en son sein une commission permanente, qui est composée d'une majorité de représentants des collectivités territoriales et de leurs groupements, qui élit son président.
« Il est coprésidé par le représentant de l'Etat désigné pour assurer la coordination dans le massif et par le président de la commission permanente. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 27.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Nous proposons d'inscrire dans la loi l'existence de la commission permanente des comités de massifs, qui est composée en majorité d'élus locaux, et de prévoir que le président de cette commission sera, avec le représentant de l'Etat, le coprésident du comité de massif.
M. le président. La parole est à M. Lassourd, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 164.
M. Patrick Lassourd, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan. L'amendement de la commission des affaires économiques est inspiré par les conclusions d'une réunion du conseil national de la montagne, qui s'est tenue en février 2001. A cette occasion, le Premier ministre s'était engagé à renforcer le rôle des élus locaux au sein du comité de massif et à instaurer une coprésidence, ce qui a été fait, comme vient de le rappeler M. le rapporteur.
M. le président. Quest est l'avis de la commission sur l'amendement n° 164 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je constate que cet amendement rejoint, pour l'essentiel, celui de la commission des lois. Il sera donc satisfait si ce dernier est adopté.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 27 et 164 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Les commissions permanentes existent le plus souvent d'ores et déjà dans les comités de massif. Elles sont actuellement créées par voie réglementaire. Elever la création de ces instances au niveau de la loi ne saurait juridiquement se justifier.
Par ailleurs, l'amendement adopté par l'Assemblée nationale a déjà institué le principe de la coprésidence. Les amendements n°s 27 et 164 ont donc essentiellement pour objet de ne pas réserver systématiquement la présidence du comité de massif à un élu local. Ils prévoient, en effet, que le comité sera coprésidé par le président de la commission permanente, lequel pourrait ne pas être un élu local.
Dans ces conditions, le Gouvernement, qui aurait volontiers émis un avis de sagesse, ne peut que s'opposer à ces deux amendements.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 12 ter est ainsi rédigé, et l'amendement n° 164 n'a plus d'objet.

Division additionnelle après l'article 12 ter



M. le président.
L'amendement n° 407 rectifié bis, présenté par MM. Badré, Arnaud, Bécot, Biwer et Nogrix est ainsi libellé :
« Après l'article 12 ter, insérer une division additionnelle ainsi rédigée : "Chapitre... - Chambres de commerce et d'industrie". »
La parole est à M. Nogrix.
M. Philippe Nogrix. Lors de leur assemblée générale du mois de mai 2001, les chambres de commerce et d'industrie de France ont délibéré et décidé de réduire à cinq ans la durée du mandat de leurs membres en instaurant un renouvellement général qui se substituerait au renouvellement par moitié tous les trois ans. Ce dispositif présenterait l'avantage d'être en harmonie avec le mode électoral des chambres de métiers.
Nous proposons donc d'ajouter un chapitre III ter intitulé « Chambres de commerce et d'industrie » au titre Ier du projet de loi relatif à la démocratie de proximité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Nous sortons là complètement du domaine du projet de loi dont nous discutons puisqu'il s'agit de modifier le mode d'élection des membres des chambres de commerce et d'industrie, ainsi que la durée de leur mandat, et de passer d'un renouvellement partiel à un renouvellement intégral. Ces dispositions ne concernent en rien les collectivités territoriales.
Pour émettre un avis fondé sur un tel sujet, les élections des chambres de commerce et d'industrie, qui suscite souvent une certaine animation, une certaine émulation, nous souhaiterions connaître l'avis autorisé des responsables de chambres de commerce et d'industrie.
Dans ces conditions, je suis au regret, cher monsieur Nogrix, de devoir dire que la commission des lois ne peut accepter ni la création d'un nouvel intitulé ni l'introduction de deux articles additionnels qui portent sur des questions de fond d'une tout autre nature que le texte dont nous discutons. Je suis d'ailleurs certain, que, pour éviter le couperet, vous accepterez de prendre les devants en retirant cet amendement.
M. Patrick Lassourd, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Patrick Lassourd, rapporteur pour avis. Cet amendement défendu par M. Nogrix n'a pas fait l'objet d'un examen par la commission des affaires économiques.
Néanmoins, et je prie M. le rapporteur de la commission des lois de m'excuser, cet amendement, d'une part, est issu du souhait de l'ensemble des chambres de commerce et d'industrie, d'autre part, a fait l'objet d'un avis unanime de la part du Conseil économique et social et, enfin, a pour objet d'aligner le régime d'élection des membres des chambres de commerce et d'industrie sur celui des membres des chambres des métiers, sachant que le régime de ces dernières relève du décret.
Pour conforter mon argumentation, j'ajoute que les prochaines élections dans les chambres de commerce et d'industrie auront lieu en 2003. Il convient donc, si l'on doit changer les choses, de le faire maintenant.
Compte tenu du consensus qui s'est dégagé dans les chambres de commerce et d'industrie comme au Conseil économique et social et du souci d'aligner le régime des chambres de commerce et d'industrie avec celui des chambres de métiers, à titre personnel - mais je ne crois pas trahir la commission des affaires économiques -, j'indique que je suis favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Mon argumentation rejoint celle de M. Hoeffel : d'une part, le Gouvernement n'est pas favorable à une modification des modalités d'élection des membres des chambres de commerce et d'industrie dans le cadre du présent texte car il est sans rapport aucun avec les organismes consulaires ; d'autre part, ce sujet n'a pas fait l'objet de consultations suffisantes.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 407 rectifié bis.
M. Philippe Nogrix. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Nogrix.
M. Philippe Nogrix. Je remercie M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques de son analyse, et je suis au regret de dire à M. le rapporteur que je maintiens mon amendement, car il me semble un peu court de dire que nous ne sommes pas informés.
Il suffit de lire la délibération des chambres de commerce et d'industrie et le rapport du Conseil économique et social pour se rendre compte que les personnalités que nous auditionnerons seront les mêmes et que nous adopterons une position identique.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 407 rectifié bis, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Articles additionnels après l'article 12 ter



M. le président.
L'amendement n° 408 rectifié bis, présenté par MM. Badré, Arnaud, Bécot, Biwer et Nogrix est ainsi libellé :
« Après l'article 12 ter insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le I de l'article L. 713-1 du code de commerce est ainsi rédigé :
« I. - Les membres des chambres de commerce et d'industrie sont élus pour cinq ans et renouvelés intégralement. Ils sont rééligibles. »
L'amendement n° 409 rectifié bis , présenté par MM. Badré, Arnaud, Bécot, Biwer et Nogrix est ainsi libellé :
« Après l'article 12 ter , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le dernier alinéa de l'article L. 713-11 du code de commerce est ainsi rédigé :
« Le droit de vote aux élections des membres des chambres de commerce et d'industrie et aux élections des délégués consulaires est exercé par correspondance dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Ces amendements ont déjà été défendus.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 408 rectifié bis, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 409 rectifié bis, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Chapitre IV

Dispositions particulières d'application

Article 13



M. le président.
« Art. 13. - I. - Après l'article L. 2511-1 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2511-1-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2511-1-1 . - Les dispositions des articles L. 2122-2-1, L. 2122-18-1, L. 2143-2, L. 2144-2 et L. 2312-1 ne sont pas applicables aux communes de Paris, Marseille et Lyon. »
« II. - Après l'article L. 2511-10 du même code, il est inséré un article L. 2511-10-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2511-10-1 . - I. - Les dispositions de l'article L. 2121-22-1 ne sont pas applicables au conseil d'arrondissement.
« II. - Les dispositions de l'article L. 2143-1 sont applicables au conseil d'arrondissement, sous réserve des dispositions ci-après.
« Sur proposition des conseils d'arrondissement, le conseil municipal fixe le périmètre des quartiers constituant la commune. Les conseils d'arrondissement créent pour chaque quartier un conseil de quartier. Le maire de la commune est entendu, à sa demande, par le conseil de quartier.
« III. - Les dispositions de l'article L. 2143-2 sont applicables au conseil d'arrondissement. Le seuil prévu au premier alinéa de l'article L. 2143-1 ne s'applique pas aux conseils d'arrondissement. »
« III. - Après l'article L. 2511-25 du même code, il est inséré un article L. 2511-25-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2511-25-1 . - Dans les conseils d'arrondissement, la limite fixée à l'article L. 2511-25 peut donner lieu à dépassement en vue de la création de postes d'adjoints chargés d'un ou plusieurs quartiers, sans toutefois que leur nombre puisse excéder 10 % de l'effectif légal du conseil d'arrondissement.
« L'adjoint chargé de quartier connaît de toute question intéressant à titre principal le quartier. Il veille à l'information des habitants et favorise leur participation à la vie du quartier. »
Je suis saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 28, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 13 :
« Dans le premier alinéa de l'article L. 2511-28 du code général des collectivités territoriales, les mots : "aux adjoints" sont supprimés. »
L'amendement n° 661, présenté par M. Mano et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par le I de l'article 13 pour l'article L. 2511-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer la référence : "L. 2312-1" par les mots : "du troisième alinéa de l'article L. 2312-1". »
L'amendement n° 490, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le II de l'article 13 :
« II. - L'article L. 2511-24 du code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
« 1° Le deuxième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "Le conseil d'arrondissement informe les associations de l'existence du comité d'initiative et de consultation d'arrondissement." ;
« 2° Dans la première phrase du troisième alinéa, les mots ", s'ils le sollicitent," sont supprimés ;
« 3° Il est complété par cinq alinéas ainsi rédigés :
« Des comités d'initiative et de consultation d'arrondissement peuvent être créés par quartier. Ils rassemblent les associations susmentionnées qui en font la demande et qui exercent leur activité dans les quartiers concernés. Ils se réunissent autant que de besoin sur toute question intéressant ces quartiers, avec les élus de ces derniers.
« Des commissions extra-municipales ou consultatives peuvent être constituées par le conseil d'arrondissement sur toute question intéressant l'arrondissement.
« Pour permettre à la population de participer à la vie municipale, le conseil d'arrondissement peut créer des conseils ou comités de quartier. Ils sont ouverts à tous les habitants des quartiers concernés qui peuvent y soulever toute question intéressant leur quartier ou l'arrondissement et y faire toute proposition à cet égard. Le conseil d'arrondissement réunit autant que de besoin ces conseils ou comités de quartier.
« Le ou les comités d'initiative et de consultation d'arrondissement ou de quartier, les conseils ou comités de quartier, les commissions extra-municipales ou consultatives concernées sont consultés sur tout projet soumis à concertation par le conseil d'arrondissement ou le conseil municipal.
« Le conseil d'arrondissement délibère, en début de mandat et par la suite, si nécessaire, sur le fonctionnement des instances de participation des associations et de la population à la vie municipale mentionnée dans cet article. Le conseil d'arrondissement dispose des moyens nécessaires à ce fonctionnement. »
L'amendement n° 478, présenté par M. Bret, est ainsi libellé :
« Compléter le II du texte proposé par l'article 13 pour l'article 2511-10-1 à insérer dans le code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions de l'article L. 2143-1 ne sont pas applicables à la commune de Marseille. »
L'amendement n° 479, présenté par M. Bret, est ainsi libellé :
« Compléter le paragraphe III de l'article 13 par un alinéa ainsi rédigé :
« Cette disposition ne s'applique pas à la commune de Marseille. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 28.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Avec l'article 15, nous abordons les dispositions applicables à Paris, Lyon et Marseille.
L'amendement n° 28 a trois objets.
Il vise, tout d'abord, à ne pas étendre à Paris, à Lyon et à Marseille les dispositions relatives aux conseils de quartier, au débat sur les quartiers, aux adjoints de quartier. Il s'agit de prendre en compte les expériences existantes.
La ville de Paris a-t-elle eu besoin d'une loi pour créer une cinquantaine de conseils de quartier ? A Lyon et à Marseille, fonctionnent deux niveaux de concertation et de participation : les comités d'initiative et de consultation des habitants et les comités d'intérêts locaux ou de quartier. Ces structures seraient, à notre sens, menacées si le projet de loi était étendu.
Il vise ensuite à étendre aux arrondissements de Paris, Lyon et Marseille la faculté prévue à l'article 11 bis du présent projet de loi, c'est-à-dire la délégation d'une partie de ses fonctions par le maire d'arrondissement aux conseillers d'arrondissement dès lors que l'ensemble des adjoints d'arrondissement auront reçu délégation.
Enfin, il a pour objet de tenir compte de la suppression des articles 2, 3, 4, 5, 9 et 10 du projet de loi que nous avons votée tout à l'heure.
M. le président. La parole est à M. Mano, pour défendre l'amendement n° 661.
M. Jean-Yves Mano. Cet amendement, assez simple, tire les conséquences des conditions dans lesquelles s'est déroulé le débat à l'Assemblée nationale. En effet, je ne pense pas que le législateur ait envisagé un seul instant de dispenser Paris, Lyon et Marseille de l'obligation d'avoir un débat d'orientation budgétaire.
Je pense donc qu'il y a lieu de rectifier non pas l'article L. 2312-1 dans sa totalité, mais son troisième alinéa.
M. le président. La parole est à M. Bret, pour défendre l'amendement n° 490.
M. Robert Bret. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 490 est retiré.
La parole est à M. Bret, pour défendre les amendements n°s 478 et 479.
M. Robert Bret. L'article 13 tend à préciser les articles du projet de loi qui s'appliquent aux communes de Paris, Marseille et Lyon, ainsi qu'à leurs arrondissements.
En liaison avec l'amendement que je défendrai ultérieurement, avant l'article 15 decies et tendant à instituer des comités d'initiative et de consultation d'arrondissement à la place des conseils de quartier, l'amendement n° 478 a pour objet de sortir logiquement du champ d'application du texte la ville de Marseille dont l'organisation administrative relève par ailleurs de la loi de décembre 1982.
Il s'agit ainsi de prendre en compte la spécificité locale de la ville de Marseille et de préciser que la principale disposition du titre Ier instituant les conseils de quartier ne s'applique pas à cette ville.
A Marseille, en effet, il existe déjà des structures qui font office de conseils de quartier, mais leur fonctionnement est beaucoup plus indépendant du pouvoir politique. Je pense aux comités d'intérêt de quartier, les CIQ et aux CICA de quartier. Ces structures ont permis de réduire la fracture, notamment entre élus et citoyens.
Pour éviter qu'à Marseille l'institution de conseils de quartier ne se solde par un retour en arrière par rapport à ce qui existe en matière de démocratie de proximité, je propose d'exclure cette ville du champ d'application de cette loi.
Il me semble que, ce constat est partagé par la commission des lois. Je citerai le rapport de M. Hoeffel :
« Le projet de loi doit se contenter de faciliter la création des conseils de quartier là où ils n'existent pas et non modifier ce qui existe en remettant en cause le rôle historique et reconnu des comités et conseils existants et leur indépendance vis-à-vis de l'exécutif en place.
« La création de conseils de quartier doit pouvoir s'apprécier par rapport à la réalité de chaque arrondissement et ne pas présenter un caractère systématique. L'innovation et la créativité doivent être permises en matière de relations entre la mairie et les habitants. »
Je reviendrai plus longuement sur ce point lorsque je défendrai mon amendement de fond relatif aux CICA de quartier.
J'en viens à présent à l'amendement 479.
L'article L. 2143-2 tend à instituer un débat annuel à l'occasion de l'examen du compte administratif sur la participation des habitants à la vie locale. Il est précisé que cette disposition s'applique au conseil d'arrondissement.
Cela signifie-t-il qu'il appartiendra aux maires d'arrondissement d'exposer et de défendre, en séance du conseil d'arrondissement, le compte administratif de la mairie centrale ? Ce serait nier les divergences politiques qui peuvent exister d'un arrondissement à l'autre ainsi qu'entre la mairie centrale et ses différents arrondissements.
S'agit-il au contraire du compte administratif de la mairie d'arrondissement ? Mais que représente le budget d'arrondissement par rapport à celui de la ville ?
On le voit, dans un cas comme dans l'autre, une telle disposition n'a pas de sens. C'est pourquoi je propose qu'elle ne s'applique pas à la ville de Marseille.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission des lois est défavorable à l'amendement n° 661, qui est contraire à son amendement n° 28, lequel, en réécrivant l'article 13, supprime l'extension à Paris, Marseille et Lyon des dispositions sur les conseils de quartier.
L'amendement n° 478, présenté par M. Bret, est satisfait sur le fond, tant par l'amendement n° 28 de la commission des lois que par sa position sur l'article premier. Toutefois, la commission ne peut y être favorable, car il n'y a pas lieu, selon elle, de traiter différemment Marseille, d'une part, Paris et Lyon, d'autre part.
L'amendement n° 479 est également satisfait sur le fond par l'amendement n° 28, qui supprime, pour les trois villes, l'application des dispositions relatives aux conseils de quartier et aux adjoints de quartier. Mais, là encore, la commission n'est pas favorable à l'amendement en raison du traitement différent réservé à Marseille, d'une part, Paris et Lyon, d'autre part. Cela démontre d'ailleurs - et je comprends très bien l'intervention de M. Robert Bret - combien la situation, les traditions, les habitudes peuvent être différentes d'une ville à l'autre, même si leur population est d'une importance comparable,...
M. Jean-Jacques Hyest. Eh oui !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. ... et justifie par surcroît l'attitude de souplesse que la commission des lois a voulu adopter.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 28, ce qui ne surprendra personne.
Le statut particulier dont jouissent les trois plus grandes villes de France répond en grande partie à l'exigence de rapprochement des citoyens de l'administration communale par les divisions administratives que constituent les arrondissements.
Néanmoins, Paris, Marseille et Lyon sont des communes soumises, sauf dispositions particulières contraires, au droit commun communal, comme le prévoit l'article L. 2511-1 du code général des collectivités territoriales.
Les nouvelles mesures de renforcement de la démocratie locale présentées dans le projet de loi devant être adaptées à ces métropoles, l'article 13, que l'amendement remet en cause, vise à en transposer certaines pour les rendre opérationnelles dans les arrondissements.
Toutefois, l'application du droit commun à Paris, Marseille et Lyon engendrerait des difficultés. C'est pourquoi il convient d'aménager des règles particulières dans les arrondissements, sans pour autant perdre de vue l'objectif global. Il me semble d'ailleurs que ce que vous avez voté peut être sans difficulté étendu. Je suis, bien sûr, favorable à l'extension des dispositions nationales pour les délégations aux conseillers d'arrondissement.
Etant donné, par ailleurs, la rédaction globale de l'amendement, qui, essentiellement, supprime l'instauration, à Paris, Marseille et Lyon, des conseils de quartier, je ne peux qu'émettre un avis défavorable, puisque j'étais défavorable à la suppression à laquelle vous avez procédé concernant le caractère obligatoire des conseils de quartier.
Je suis, bien sûr - on peut l'imaginer - avec d'autres, ici, favorable à leur instauration dans des arrondissements - j'en connais un qui compte 190 000 habitants - qui est tout à fait nécessaire, notamment dans une grande ville de 2 millions d'habitants.
Je prendrai l'exemple de Paris, pour mieux le connaître. De ce point de vue, la loi de 1983 fut une avancée, même si certains ont voté contre, à l'époque. Puisque nous parlons de représentativité, de démocratie et de légitimité, permettez-moi de rappeler, devant les élus de Paris ici présents, que les commissions d'arrondissement constituaient, depuis 1977, un sommet d'antidémocratie !
Dans l'arrondissement où nous étions, Claude Estier et moi-même, il y avait neuf conseillers de Paris élus au scrutin de liste majoritaire. Selon le statut de l'époque, la commission était composée pour un tiers d'élus de l'arrondissement au suffrage universel, pour un tiers d'officiers municipaux désignés par le maire de Paris - vous imaginez ce que le maire de Paris de l'époque avait décidé ! - et pour un tiers de personnalités qualifiées désignées par la majorité du conseil de Paris - vous imaginez, là encore, qui avait été nommé ! Ainsi, dans le XVIIIe arrondissement, où nous étions majoritaires, nous ne représentions qu'un tiers de la commission d'arrondissement, laquelle était présidée par un représentant de l'opposition.
M. Robert Bret. Belexemple de démocratie !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je tenais à faire ce rappel, qui montre qu'en matière de démocratie certains n'ont pas de leçons à donner ! (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen. Protestations sur les travées du RPR.)
M. le président. Monsieur le ministre, je voudrais que l'on n'oublie pas le cours des choses. (Sourires.)
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Cela me rend amnésique !
M. Jacques Blanc. Quand on est pris par la passion partisane, voilà ce qui arrive !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur Jacques Blanc, vous n'étiez pas là au début de nos travaux, quand nous avons évoqué ces questions. Il est tout à fait normal de restituer la vérité historique afin de préciser qui a fait quoi et ce qui a été voulu ! En l'occurrence, le statut de Paris avait été voté en 1974 et établissait une forme de droit commun avec l'élection d'un maire à Paris.
M. Philippe de Gaulle. Et avant, il y avait quoi ?
M. Michel Caldaguès. Nous le rappellerons !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Avant, Paris était dotée d'un statut préfectoral que vous connaissez. Le conseil de Paris n'était qu'une chambre consultative.
Le Gouvernement est bien évidemment favorable à l'amendement n° 661 de M. Mano. L'intention des députés était en effet, non pas de supprimer cette disposition, mais de préciser que l'alinéa 3 de l'article L. 2312-1 ne s'appliquait pas à ces communes qui, naturellement - c'est bien l'intention du Gouvernement - continueront à être soumises au droit commun du débat d'orientation budgétaire et du vote des budgets locaux.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 478 de M. Bret. La démocratie participative existe de longue date à Marseille sous la forme, notamment, des comités d'intérêt de quartier. Respectueux de la diversité et de l'efficacité des dispositifs existants, je considère que l'architecture des conseils de quartier est suffisamment souple pour ne pas les remettre en cause. De surcroît, une mesure particulière introduite par un amendement du Gouvernement préserve les instances actuelles lorsqu'elles se rapprochent, par leurs objectifs et leur fonctionnement, du cadre fixé par la loi. Ces préoccupations étant satisfaites, je demande à M. Bret de bien vouloir retirer l'amendement n° 478.
Par ailleurs, pour des raisons identiques à celles qui ont été invoquées à propos des conseils de quartier, l'amendement n° 479 ne se justifie pas non plus.
M. Robert Bret. Je retire ces deux amendements, monsieur le président.
M. le président. Les amendements n°s 478 et 479 sont retirés.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 28.
M. Michel Caldaguès. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès. Nous voterons bien évidemment l'amendement n° 28, mais je tiens à dire qu'il est souvent inutile et parfois déplorable de faire un sort particulier à la ville de Paris.
M. Jean-Claude Peyronnet. Absolument !
M. Michel Caldaguès. Dans la mesure du possible, elle doit se soumettre aux lois générales. Certes, des spécificités peuvent nécessiter un sort particulier, mais plus elles sont rares mieux ça vaut.
M. Claude Estier. Il faut le dire à M. Chérioux ! (Sourires.)
M. Michel Caldaguès. Vous avez évoqué, monsieur le ministre, le statut qui était en vigueur en 1977. Mais il faut le comparer, comme le soulignait très justement M. de Gaulle, au statut antérieur.
S'agissant des arrondissements, un changement énorme s'est produit. Un maire de Paris a été élu, c'est nous qui l'avons décidé ! Vous avez mis en cause le fait que chaque commission d'arrondissement comprenait des officiers municipaux désignés par le maire et placés sous l'autorité d'un officier municipal délégué désigné également par la maire élu au suffrage universel. Mais, précédement, le maire d'arrondissement était une sorte de fonctionnaire nommé par le ministre de l'intérieur. Nous avons modifié ce dispositif. Vous devriez être le premier à en tenir compte et à le reconnaître !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 13 est ainsi rédigé, et l'amendement n° 661 n'a plus d'objet.

Article additionnel après l'article 13



M. le président.
L'amendement n° 491 rectifié, présenté par Mme Borvo, est ainsi libellé :
« Après l'article 13, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 261 du code électoral est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Concernant les 163 conseillers de Paris, leur répartition dans les différents arrondissements est fixée par décret en fonction du résultat de chaque dernier recensement, leur nombre ne pouvant être inférieur à trois par arrondissement. »
« II. - En conséquence, le tableau n° 2 figurant à l'article L. 273 du même code est ainsi rédigé :



1er secteur
1er

3

2e secteur 2e
3
3e secteur 3e
3
4e secteur 4e
3
5e secteur 5e
4
6e secteur 6e
3
7e secteur 7e
4
8e secteur 8e
3
9e secteur 9e
4
10e secteur 10e
7
11e secteur 11e
11
12e secteur 12e
10
13e secteur 13e
13
14e secteur 14e
10
15e secteur 15e
17
16e secteur 16e
12
17e secteur 17e
12
18e secteur 18e
14
19e secteur 19e
13
20e secteur 20e
14
Total .
163

. »

La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Je voudrais ajouter un peu de démocratie, puisque nous en sommes tous friands, à Paris comme ailleurs !
Le code général des collectivités territoriales fixe le nombre total des conseillers de Paris à 163. Leur répartition entre les différents arrondissements ou secteurs fait l'objet d'un tableau qui est prévu à l'article 261 du code électoral et qui a été établi sur la base de la population parisienne de 1975, laquelle a, bien entendu, connu des variations importantes depuis lors - c'est un fait - non en terme de population globale, mais entre les arrondissements.
C'est ainsi que certains arrondissements ont aujourd'hui un nombre d'élus inférieur à d'autres, dont la population est plus élevée. Je me fonde sur le recensement de 1999, mais c'était déjà vrai d'après le recensement précédent. Il nous paraît donc légitime de faire évoluer cette répartition en fonction de la réalité de la population, en tenant compte des recensements.
Nous voulons non pas augmenter le nombre total de conseillers ni de remettre en cause le nombre minimal actuel de trois conseillers par arrondissement, aussi petit soit-il, qui tient, là aussi, à une nécessité de démocratie, mais modifier leur répartition. Ainsi, nous proposons d'enlever un élu dans le XVIe arrondissement - pardon, chez Jean-Yves Mano ! - qui en compte treize pour 161 773 habitants, dans le XVIIe, qui en compte également 13 pour 160 860 habitants, et dans le VIIe. En revanche, nous proposons d'ajouter un élu dans le XIXe arrondissement, qui en compte douze pour 172 730 habitants, dans le XXe et dans le Xe.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je comprends le souci de Mme Borvo de mettre en conformité le nombre de sièges avec la réalité démographique, et cela d'autant plus que la dernière répartition des sièges remonte à presque vingt ans ! Toutefois, la commission des lois estime, pour des arguments identiques à ceux que j'ai présentés tout à l'heure à l'égard des amendements de M. Bret concernant Marseille, qu'il ne faut pas réserver un sort particulier à l'une des trois villes par rapport aux deux autres. Cette mise en conformité avec la réalité démographique s'impose probablement de la même manière à Lyon et à Marseille.
Dans ce souci, qui a émergé un certain nombre de fois cet après-midi, de ne pas faire un sort particulier à l'une des trois villes et afin de préserver l'équité, je suis au regret d'émettre, dans cette attente, un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Il est vrai qu'en l'état actuel du droit le nombre des membres du conseil de Paris, de même d'ailleurs que celui des conseils municipaux de Lyon et de Marseille, est fixé ne varietur par les dispositions du code électoral. Il est vrai, à l'inverse, qu'il existe pour certains scrutins des dispositifs de prise en compte des évolutions démographiques. Pour autant, à ce stade, le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement, ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, il serait préférable d'attendre que le droit du recensement soit stabilisé. Je connais bien le sujet et je puis vous dire que le dernier recensement n'a pas été de nature à me rasséréner, notamment dans un arrondissement que je connais particulièrement, où le recensement a été effectué par défaut, j'en ai plus que l'intime conviction. J'espère d'ailleurs que les nouveaux modes envisagés permettront d'obtenir de meilleurs résultats que ceux d'un recensement qui, par bien des côtés, est aléatoire.
Ensuite, si la question est posée par Mme Borvo, c'est qu'elle existe ; d'autres élus m'en ont également déjà parlé. Il est toutefois délicat d'aborder le seul côté parisien : Paris, Marseille et Lyon doivent faire l'objet, vous l'avez dit, monsieur le rapporteur, d'une même démarche.
Enfin, si nous devions procéder à des modifications, il conviendrait d'en discuter, y compris avec les autorités de ces cités ; je pense notamment au maire de Paris avec qui je n'ai pas eu l'occasion d'en débattre suffisamment.
Par conséquent, comprenant la démarche d'équité qui est la vôtre, je ne ferme pas la porte à des concertations. Les prochaines élections municipales auront lieu en 2007. D'ici là, nous devrions avoir l'occasion d'examiner la situation et de mettre en place un recensement stabilisé qui nous permettrait de prendre, si nécessaire, les bonnes décisions, en engageant une concertation suffisante, car tel est bien l'objet du présent projet de loi relatif à la démocratie de proximité.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 491 rectifié.
M. Michel Caldaguès. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès. Je suis vraiment effaré du nombre de « cavaliers parisiens » qui apparaissent dans la discussion de ce projet de loi. C'est un véritable défilé de la garde républicaine ! Il n'est pas nécessaire, je le répète, que nous passions une bonne partie de notre temps à inventer, promouvoir ou défendre des dispositions particulières pour Paris. Certaines sont nécessaires - on y reviendra - mais pas autant qu'on le croit.
Par conséquent, j'estime que cet amendement n'a pas sa place dans le présent texte. Le jour où l'on voudra réformer le statut de Paris, on élaborera un projet de loi sur le statut de Paris ! Peut-être un gouvernement le fera-t-il ! En tout cas, glisser de-ci, de-là des dispositions qui recouvrent des calculs plus ou moins clairs, ce n'est pas une bonne méthode de travail.
Je rejoins entièrement, ou presque, le ministre de l'intérieur lorsqu'il dit que la fiabilité du recensement sur laquelle doit reposer toute évaluation des la population est actuellement sujette à caution. Cette situation ne concerne pas seulement le XVIIIe arrondissement : dans le Ier arrondissement, dont j'ai été maire, des secteurs entiers avaient été oubliés ; c'était proprement effarant.
Je souligne au passage que le maire n'est pas responsable du recensement, il se contente, bien volontiers, de fournir des bureaux pour accueillir les recenseurs. Il en est même si peu responsable que, selon une doctrine très fâcheuse de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, les maires d'arrondissements de Paris ne peuvent même pas être informés du détail du recensement, c'est-à-dire des unités inférieures au groupe d'immeubles. S'ils avaient pu l'être, cela aurait empêché bien des transformations illicites d'habitations en bureaux, par exemple. Je n'irai pas plus loin.
Je rejoins les propos tenus par le ministre de l'intérieur au sujet des migrations de population, qui sont considérables à Paris d'arrondissement à arrondissement. Elles sont beaucoup plus importantes qu'on ne le croit : elles peuvent atteindre 20 % de la population entre deux recensements ! Alors, comment peut-on figer pour l'éternité une répartition de la population parisienne entre les arrondissements ? Ce n'est pas une photo, madame Borvo, c'est un film ! Par conséquent, remettons à un autre jour la projection de ce film.
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Je retire mon amendement, monsieur le président, car je ne veux pas être la seule à voter cet amendement « parisien ».
Toutefois, même si le recensement manque de fiabilité, il n'en demeure pas moins vrai que les arrondissements du centre et ceux que j'ai cités ont connu une diminution importante de leur population, vous le savez très bien. D'ailleurs, si les arrondissements du centre ont trois représentants au conseil de Paris, c'est que le nombre minimal de conseillers par arrondissement est fixé à trois. Sinon, il seraient en dessous de ce seuil. (M. Caldaguès s'exclame.)
Monsieur le ministre, il serait sage d'engager une concertation avec nos collègues de Marseille et de Lyon, qui ont certainement des choses à dire, car ils sont également concernés.
Il n'est pas admissible que le nombre de conseillers soit calculé sur la base d'un recensement qui remonte à vingt ans, alors que - en tout cas pour la capitale ; je n'ai pas regardé la situation des autres villes - on sait très bien que la population s'est déplacée ou s'est modifiée de façon importante.
Comme vous êtes tous soucieux de démocratie, vous conviendrez qu'il vaut mieux avoir un nombre de conseillers qui correspond à la population.
M. le président. L'amendement n° 491 rectifié est retiré.

Article 14



M. le président.
« Art. 14. - Dans le deuxième alinéa de l'article L. 5211-1 du code général des collectivités territoriales, après la référence : "L. 2121-12, ", les références : "L. 2121-19 et L. 2121-22" sont remplacées par les références : "L. 2121-12-1, L. 2121-19, L. 2121-22, L. 2121-22-1, L. 2121-25, L. 2121-27 et L. 2121-27-1". »
L'amendement n° 29, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 14. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est un amendement qui applique aux EPCI les mesures que nous avons adoptées préalablement pour les communes. Il tient compte de la suppression des articles 8, 9, 10 et 11 du projet de loi.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement :
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Par cohérence, défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 29, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 14 est supprimé.

Article 14 bis



M. le président.
« Art. 14 bis . - Le début du dernier alinéa de l'article L. 5212-7 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé : "Le choix du conseil municipal ou de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale qui en est membre peut porter..." (le reste sans changement) . »
L'amendement n° 30, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 14 bis . »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit de la composition du comité d'un syndicat de communes. La position adoptée par l'Assemblée nationale sur ce point soulève une question de principe. L'article 14 bis marque, en effet, une régression par rapport au principe posé par la loi sur l'intercommunalité de 1999, selon lequel les délégués au sein de l'EPCI sont désignés par les conseils municipaux des communes intéressées. Dès lors, il ne constitue pas une réponse appropriée. C'est la raison pour laquelle la commission vous propose de le supprimer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Pour gagner du temps, je m'en remettrai à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 14 bis est supprimé.

Article 15



M. le président.
« Art. 15. - I. - Pour la première application de l'article L. 2143-1 du code général des collectivités territoriales, la délibération du conseil communal fixant le périmètre des quartiers est prise dans un délai de six mois à compter de la publication de la présente loi.
« II. - Les dispositions de l'article 6 de la présente loi entrent en vigueur le premier jour du sixième mois suivant sa publication.
« III. - Les dispositions de l'article L. 4132-9-1 du code général des collectivités territoriales entrent en vigueur à compter du prochain renouvellement général des conseils régionaux. »
L'amendement n° 703, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Dans le I de l'article 15, remplacer les mots : "conseil communal" par les mots : "conseil municipal". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est un retour au droit en vigueur : nous proposons, je le rappelle, de remplacer les mots "conseil communal" par les mots "conseil municipal".
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Il s'agit de rectifier une erreur matérielle. Si le Gouvernement voit des avantages à remplacer l'appellation « conseil général » par « conseil départemental », il n'a jamais envisagé une modification du même ordre pour le conseil municipal. (Sourires.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 703, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 31, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Dans le II de l'article 15, remplacer les mots : "le premier jour du sixième mois" par les mots : "un an après". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement a pour objet de porter de six mois à un an le délai accordé pour mettre en place les nouvelles commissions consultatives des services publics locaux.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Sagesse.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 31, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 32, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Supprimer le III de l'article 15. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est une coordination avec la suppression de l'article 8 du présent projet de loi. Nous proposons d'appliquer aux conseils régionaux le traitement que nous avons suggéré tout à l'heure pour les autres échelons.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Par cohérence, il émet un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 32, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 15, modifié.

(L'article 15 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 15



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements présentés par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 632 est ainsi libellé :
« Après l'article 15, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2121-2 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 2121-2. - Le nombre des membres du conseil municipal des communes est fixé conformément au tableau ci-après :


COMMUNES

NOMBRE DES MEMBRES

du conseil municipal

De moins de 100 habitants 9
De 100 à 499 habitants 11
De 500 à 1 499 habitants 15
De 1 500 à 2 499 habitants 19
De 2 500 à 3 499 habitants 23
De 3 500 à 4 999 habitants 27
De 5 000 à 9 999 habitants 29
De 10 000 à 19 999 habitants 41
De 20 000 à 29 999 habitants 43
De 30 000 à 39 999 habitants 47
De 40 000 à 49 999 habitants 53
De 50 000 à 59 999 habitants 55
De 60 000 à 69 999 habitants 59
De 70 000 à 79 999 habitants 65
De 80 000 à 99 999 habitants 67
De 100 000 à 149 999 habitants 71
De 150 000 à 199 999 habitants 75
De 200 000 à 249 999 habitants 77
De 250 000 à 299 999 habitants 81
De 300 000 et au-dessus. 91

. »

L'amendement n° 480 est ainsi libellé :
« Après l'article 15, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans l'article L. 2122-2 du code général des collectivités territoriales, le pourcentage "30 p. 100" est remplacé par le pourcentage "35 p. 100". »
La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Les amendements n°s 632 et 480 recouvrent, pour partie, la même finalité.
Par l'amendement n° 480, nous proposons une augmentation du nombre des adjoints et, par l'amendement n° 632, nous suggérons une évolution du nombre des conseillers municipaux par strate de population. D'ailleurs, un amendement semblable avait été adopté en commission à l'Assemblée nationale.
Les élus municipaux représentent, on le sait, une richesse considérable dans notre pays pour favoriser la démocratie locale et pour répondre aux besoins et aux attentes des habitants. Il font face à des affaires communales de plus en plus complexes et à des domaines d'intervention nouveaux. Aussi nous paraît-il important de renforcer leurs possibilités d'action.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'effectif des conseillers municipaux ne serait augmenté que dans les communes de 10 000 habitants et plus, mais en proportion significative. De plus, une assemblée plus nombreuse est plus difficile à gérer ; ceux qui, par expérience, y sont confrontés le savent. Par conséquent, la commission est défavorable à l'amendement n° 632.
En ce qui concerne l'amendement n° 480, nous avons déjà discuté de cette question à l'occasion de l'article 4 relatif aux adjoints chargés de quartier. Le plafond dans les régions et les départements est fixé à 30 % des effectifs des assemblées locales. Restons-en à ce niveau, qui me parait raisonnable. Par conséquent, la commission est également défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. S'agissant de l'amendement n° 480, le Gouvernement propose une augmentation significative du nombre des adjoints dans les communes de 20 000 habitants et plus, avec la création de postes d'adjoints chargés de quartier. Par ailleurs, le projet de loi qui vous est soumis étend la possibilité pour les maires de donner des délégations de fonctions à des conseillers municipaux.
Ces mesures sont de nature à faciliter le suivi des affaires communales par les élus sans qu'il soit nécessaire d'augmenter le nombre des adjoints dans l'ensemble des communes. Tel est d'ailleurs l'avis que j'ai exprimé à l'Assemblée nationale, et je maintiens cette position.
J'ai le même argumentaire pour l'amendement n° 632 et j'émets le même avis défavorable.
M. le président. Monsieur Bret, les amendements n°s 632 et 480 sont-ils maintenus ?
M. Robert Bret. Je retire l'amendement n° 480 et je maintiens l'amendement n° 632.
M. le président. L'amendement n° 480 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 632.
M. Michel Caldaguès. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès. Je constate que j'ai été entendu par M. Bret, qui n'a pas voulu faire un sort particulier à Paris en vertu du principe que j'ai énoncé tout à l'heure. Il en résulte que, Paris comptant plus de 300 000 habitants, selon son amendement, le nombre de membres du conseil municipal serait de 91, alors qu'il s'élève actuellement à 163.
Personnellement, j'ai siégé au sein d'un conseil municipal, que j'ai présidé, qui comportait 90 membres. Je trouvais cet effectif plutôt confortable. Cela ressemblait moins à un petit Parlement qu'une assemblée de 163 membres, chiffre qui a été établi par la loi et dont vous vous vantiez tout à l'heure, monsieur le ministre.
Par conséquent, a priori , je ne serais pas contre cet amendement, mais cela me paraît tout de même un peu irréfléchi. Je ne le voterai donc pas.
M. André Lardeux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux. Cet amendement n'a que l'apparence de la cohérence intellectuelle. Evitons de multiplier les élus. A défaut, nous serions en contradiction avec la volonté exprimée par le Gouvernement sur les conseils de quartier.
Il me semble raisonnable de maintenir les conseils municipaux dans leur limite, sauf à nous trouver en présence de véritables armées mexicaines ! Je crois, d'ailleurs, que la population ne souhaite non pas une augmentation du nombre d'élus, mais des élus plus proches d'eux et plus efficaces. Or siéger à quatre-vingts ou à quatre-vingt-dix dans un conseil municipal, est-ce vraiment gage d'efficacité ? Je ne le pense pas !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 632, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

3

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le président de l'Assemblée nationale une proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes d'assurance-maladie.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 171, distribuée et renvoyée à la commission des affaires sociales sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

4

TRANSMISSION D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le président de l'Assemblée nationale une proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale en première lecture, relative à la solidarité nationale et à l'indemnisation des handicaps congénitaux.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 170, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.

5

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE RÉSOLUTION

M. le président. J'ai reçu de M. Marcel Deneux une proposition de résolution, présentée au nom de la délégation pour l'Union européenne en application de l'article 73 bis du règlement, sur les textes E-1882, E-1890, E-1891, E-1892 et E-1894 concernant l'application d'accords entre la Communauté européenne et la République d'Afrique du Sud relatifs au commerce des vins et au commerce des boissons spiritueuses.
La proposition de résolution sera imprimée sous le numéro 169, distribuée et renvoyée à la commission des affaires économiques et du Plan, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

6

TEXTE SOUMIS AU SÉNAT EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil autorisant les Etats membres à signer et à ratifier, dans l'intérêt de la Communauté européenne, la Convention internationale de 2001 sur la responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures de soute (convention « Hydrocarbures de soute »).
Ce texte sera imprimé sous le numéro E-1906 et distribué.

7

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au mardi 15 janvier 2002, à seize heures :
Suite de la discussion du projet de loi (n° 415, 2000-2001), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la démocratie de proximité.
Rapport (n° 156, 2001-2002) de M. Daniel Hoeffel, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Avis (n° 161, 2001-2002) de M. Michel Mercier, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Avis (n° 153, 2001-2002) de M. Patrick Lassourd, fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan.
Avis (n° 155, 2001-2002) de M. Xavier Darcos, fait au nom de la commission des affaires culturelles.
Le délai limite pour le dépôt des amendements est expiré.

Délai limite pour le dépôt des amendements

Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relative au régime d'assurance-chômage des intermittents du spectacle (n° 138, 2001-2002) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 16 janvier 2002, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à dix-neuf heures trente.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
MONIQUE MUYARD






DÉLAI LIMITE POUR LE DÉPÔT D'AMENDEMENTS À DES PROPOSITIONS DE RÉSOLUTION EUROPÉENNES
En application de l'article 73 bis, alinéa 6, du règlement, la commission des affaires économiques et du Plan examinera le mercredi 16 janvier 2002, à 10 heures, le rapport sur la proposition de résolution n° 169 (2001-2002), présentée, en application de l'article 73 bis, par M. Marcel Deneux, au nom de la délégation pour l'Union européenne, sur les propositions de décisions et de règlements relatifs à plusieurs accords entre la Communauté européenne et la République d'Afrique du Sud en matière de commerce de vins et spiritueux (n°s E 1882, E 1890, E 1891, E 1892 et E 1894), ainsi que les éventuels amendements qui seront présentés sur cette proposition de résolution.
Le délai limite pour le dépôt des amendements est fixé au mardi 15 janvier 2002, à 12 heures. Les amendements devront être déposés directement au secrétariat de la commission.
Il est rappelé que, conformément à l'article 73 bis, alinéa 6, du règlement, les amendements dont aucun des auteurs n'appartient à la commission saisie au fond sont présentés devant celle-ci par leur premier signataire. La présente publication vaut, à leur égard, convocation à la réunion de la commission.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Contribution des communes en matières de logement social

1245. - 10 janvier 2002. - Mme Valérie Létard attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat au logement sur la mise en oeuvre de la contribution créée par l'article 55 de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dont sont désormais redevables certaines communes lorsqu'elles n'atteignent pas le quota de 20 % de logements locatifs sociaux. Cette disposition, par la manière dont elle décompte le nombre de logements sociaux, ignore les logements occupés par des personnes à très faibles revenus, lorsqu'elles ne sont pas hébergées dans du logement locatif social. Or, certaines communes, pour des raisons historiques, hébergent sur leur territoire, mais hors du parc HLM, des populations socialement fragiles, que le décompte actuel ne prend absolument pas en considération. C'est ainsi, par exemple, que la commune de Maing, dans l'agglomération de Valenciennes, devrait être soumise à une contribution d'un montant de 200 000 francs, son taux de logement social étant évalué à 4,7 %, alors même que cette commune de 3 845 habitants abrite une cité de 700 habitants, créée en 1961-1962, pour accueillir une population d'origine harkie. Cette implantation avait été décidée, à l'époque, par le sous-préfet de Valenciennes. Les habitants de cette cité sont propriétaires de leur logement, acheté grâce aux subventions accordées par le ministère des rapatriés. Mais cette population fragile doit être constamment soutenue par le bureau d'aide sociale, ce qui représente déjà une lourde charge pour le budget communal. Dans ces conditions, la non-prise en compte de cette population, par la pénalisation financière supplémentaire qu'elle entraîne, représente une réelle injustice pour une commune, qui a par ailleurs largement assumé un rôle d'intégration sociale. Elle lui demande quelles dispositions il entend prendre pour tenir compte de situations très spécifiques, telles que celles de la commune de Maing, qui appartient à une zone urbaine classée en contrat de ville et qui, avec un potentiel fiscal par habitant de 1 200 francs, est loin d'appartenir à la catégorie des « banlieues résidentielles aisées ».



ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du jeudi 10 janvier 2002


SCRUTIN (n° 42)



sur l'amendement n° 468, présenté par Mme Marie-France Beaufils et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen, tendant à insérer un article additionnel après l'article 7 ter du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la démocratie de proximité (conditions d'exercice d'un mandat associatif).


Nombre de votants : 313
Nombre de suffrages exprimés : 313
Pour : 113
Contre : 200

Le Sénat n'a pas adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
Pour : 23.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (20) :

Pour : 7. _ MM. Nicolas Alfonsi, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré et François Fortassin.

Contre : 13.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :

Contre : 93.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et M. Serge Vinçon, qui présidait la séance.

GROUPE SOCIALISTE (83) :

Pour : 83.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (53) :

Contre : 53.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :

Contre : 41.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :

N'ont pas pris part au vote : 6.

Ont voté pour


Nicolas Alfonsi
Michèle André
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Jean-Yves Autexier
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marie-Christine Blandin
Nicole Borvo
Didier Boulaud
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Yvon Collin
Gérard Collomb
Yves Coquelle
Raymond Courrière
Roland Courteau
Yves Dauge
Annie David
Marcel Debarge
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Evelyne Didier
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Guy Fischer
François Fortassin
Thierry Foucaud
Jean-Claude Frécon
Charles Gautier
Jean-Pierre Godefroy
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Odette Herviaux
Alain Journet
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
André Lejeune
Louis Le Pensec
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Josiane Mathon
Pierre Mauroy
Louis Mermaz
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Roland Muzeau
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Michèle San Vicente
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Jean-Marc Todeschini
Pierre-Yvon Tremel
André Vantomme
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

Ont voté contre


Nicolas About
Jean-Paul Alduy
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
Gérard Bailly
José Balarello
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Daniel Bernardet
Roger Besse
Laurent Béteille
Joël Billard
Claude Biwer
Jean Bizet
Jacques Blanc
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Christian Cointat
Gérard Cornu
Jean-Patrick Courtois
Xavier Darcos
Robert Del Picchia
Jean-Paul Delevoye
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Yves Détraigne
Eric Doligé
Jacques Dominati
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Jean-Claude Etienne
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Françoise Férat
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Christian Gaudin
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Charles Guené
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Françoise Henneron
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Daniel Hoeffel
Jean-François Humbert
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Alain Joyandet
Jean-Marc Juilhard
Roger Karoutchi
Joseph Kerguéris
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
André Lardeux
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
Serge Lepeltier
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Gérard Longuet
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean Louis Masson
Serge Mathieu
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Monique Papon
Anne-Marie Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Janine Rozier
Bernard Saugey
Jean-Pierre Schosteck
Bruno Sido
Daniel Soulage
Louis Souvet
Michel Thiollière
Henri Torre
René Trégouët
André Trillard
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Jean-Marie Vanlerenberghe
Alain Vasselle
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Jean-Paul Virapoullé
François Zocchetto

N'ont pas pris part au vote


MM. Philippe Adnot, Philippe Darniche, Mme Sylvie Desmarescaux, MM. Hubert Durand-Chastel, Bernard Seillier, Alex Türk, Christian Poncelet, président du Sénat, et Serge Vinçon, qui présidait la séance.



Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 315
Nombre des suffrages exprimés : 315
Majorité absolue des suffrages exprimés : 158
Pour : 114
Contre : 201

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.