SEANCE DU 10 DECEMBRE 2001


SOMMAIRE

PRÉSIDENCE DE M. SERGE VINÇON

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Loi de finances pour 2001. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 1 ).

Budgets annexes de la Légion d'honneur
et de l'ordre de la Libération (p. 2 )

M. Jean-Pierre Demerliat, rapporteur spécial de la commission des finances ; Mmes Marie-Claude Beaudeau, Marylise Lebranchu, garde des sceaux, ministre de lajustice.

légion d'honneur (p. 3 )

Adoption des crédits figurant aux articles 33 et 34.

ordre de la libération (p. 4 )

Adoption des crédits figurant aux articles 33 et 34.

Justice (p. 5 )

MM. Hubert Haenel, rapporteur spécial de la commission des finances ; René Garrec, en remplacement de Mme Dinah Derycke, rapporteur pour avis pour les services généraux ; MM. Georges Othily, rapporteur pour avis de la commission des lois pour l'administration pénitentiaire ; Patrice Gélard, rapporteur pour avis de la commission des lois pour la protection judiciaire de la jeunesse ; MM. Bernard Plasait, Josselin de Rohan, Jean-Jacques Hyest, Mme Nicole Borvo, M. Robert Badinter, Mme Nelly Olin, M. Pierre Fauchon, Mme Michèle André, M. Aymeri de Montesquiou.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux, ministre de la justice ; MM. Josselin de Rohan, René Garrec, président de la commission des lois.

Crédits des titres III à VI. - Rejet (p. 6 )

Articles 74 et 75. - Adoption (p. 7 )

Article 76 (p. 8 )

Amendement n° II-31 de la commission. - M. le rapporteur spécial, Mme le garde des sceaux. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Suspension et reprise de la séance (p. 9 )

PRÉSIDENCE DE M. GUY FISCHER

Articles de totalisation des crédits (p. 10 )

Articles 28, 29 et état B, 30 et état C, 33, 34, 43 et état E, 44 et état F, 45 et état G et 46 et état H. - Adoption (p. 11 )

Articles non rattachés
(p. 12 )

Article additionnel avant l'article 48 (p. 13 )

Amendement n° II-181 rectifié de la commission. - M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 48 (p. 14 )

Amendement n° II-87 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° II-113 de M. Michel Charasse. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 49 (p. 15 )

M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat.
Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 49 (p. 16 )

Amendement n° II-156 de M. Josselin de Rohan. - MM. Jacques Oudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-149 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendements identiques n°s II-80 de M. Jacques Oudin, II-103 de M. Denis Badré et II-151 de M. Roland du Luart. - MM. Jacques Oudin, Denis Badré, François Trucy, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des trois amendements insérant un article additionnel.
Amendement n° II-152 de M. Roland du Luart. - MM. François Trucy, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-172 de M. Yves Detraigne. - MM. Christian Gaudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-175 rectifié de M. Gérard Miquel. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

3. Souhaits de bienvenue à une délégation parlementaire d'Albanie (p. 17 ).

4. Loi de finances pour 2002. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 18 ).

Article 49 bis. - Adoption (p. 19 )

Article 50 (p. 20 )

Amendement n° II-182 de la commission. - M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget, MM. Jean Chérioux, Pierre Laffitte. - Adoption.
Amendement n° II-88 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-89 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Pierre Laffitte. - Adoption.
Amendement n° II-90 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Jean Chérioux, Pierre Laffitte. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 50 (p. 21 )

Amendement n° II-183 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Jean Chérioux. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 51 (p. 22 )

Amendements n°s II-91 de la commission et II-169 de M. Alain Joyandet. - MM. le rapporteur général, Auguste Cazalet, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement n° II-91, l'amendement n° II-169 devenant sans objet.
Amendement n° II-166 de M. Alain Joyandet. - MM. Auguste Cazalet, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendements identiques n°s II-92 de la commission et II-164 de M. Alain Joyandet. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait de l'amendement n° II-164 ; adoption de l'amendement n° II-92.
Adoption de l'article modifié.

Article 51 bis (p. 23 )

M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat.
Adoption de l'article.

Article 52 (p. 24 )

Amendement n° II-93 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Pierre Laffitte. - Adoption.
Amendement n° II-94 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° II-95 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Pierre Laffitte, Jean Chérioux, Paul Dubrule. - Adoption.
Amendement n° II-177 rectifié de M. Gérard Miquel. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 52 bis (p. 25 )

Amendements n°s II-96 de la commission et II-154 de M. Roland du Luart. - MM. le rapporteur général, François Trucy, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait des deux amendements.
Amendement n° II-153 de M. Roland du Luart. - MM. François Trucy, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Paul Blanc, Yann Gaillard. - Retrait.
Amendement n° II-167 de M. Gérard César. - MM. Robert Del Picchia, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 52 bis (p. 26 )

Amendement n° II-128 rectifié de M. Gérard Miquel. - MM. Jean-Pierre Demerliat, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-176 rectifié de M. Gérard Miquel. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Jean Chérioux. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-170 de M. Christian Gaudin. - MM. Christian Gaudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-53 de M. Xavier Pintat. - MM. Auguste Cazalet, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-40 rectifié de M. Yves Detraigne. - MM. Yves Detraigne, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Article 53 (p. 27 )

Amendement n° II-97 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 53 (p. 28 )

Amendement n° II-178 rectifié de M. Claude Lise. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-179 rectifié de M. Claude Lise. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Bernard Angels, Pierre Laffitte. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendements identiques n°s II-81 rectifié de M. Joseph Ostermann, II-104 rectifié de M. Denis Badré et II-155 de M. Roland du Luart ; amendement n° II-105 rectifié de M. Denis Badré. - MM. Auguste Cazalet, Denis Badré, François Trucy, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Paul Blanc, Yann Gaillard, Jacques Oudin, Thierry Foucaud, Pierre Laffitte. - Adoption des amendements n°s II-81 rectifié, II-104 rectifié et II-155 insérant un article additionnel, l'amendement n° II-105 rectifié devenant sans objet.

Suspension et reprise de la séance (p. 29 )

Amendement n° II-106 rectifié de M. Denis Badré. - MM. Christian Gaudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 53 bis (p. 30 )

Amendement n° II-98 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Jean Chérioux, Alain Lambert, président de la commission des finances. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 53 bis (p. 31 )

Amendement n° II-168 de M. Jean-Louis Masson. - MM. Jean-Louis Masson, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Article 53 ter (p. 32 )

Amendements n°s II-157 rectifié bis à II-159 rectifié bis de M. Gérard Cornu. - MM. Dominique Braye, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait des trois amendements.
Rejet de l'article.

Article 54. - Adoption (p. 33 )

Articles additionnels après l'article 54 (p. 34 )

Amendement n° II-85 rectifié de M. Yann Gaillard. - MM. Yann Gaillard, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Jean-Philippe Lachenaud. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 54 bis (p. 35 )

Amendements n°s II-133 de Mme Marie-Claude Beaudeau et II-122 de M. Philippe Richert. - MM. Thierry Foucaud, Christian Gaudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait de l'amendement n° II-133 ; adoption de l'amendement n° II-122.
Amendement n° II-184 rectifié de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 54 bis (p. 36 )

Amendement n° II-107 rectifié de M. Philippe Nogrix. - MM. Christian Gaudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Michel Charasse. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-173 de M. Denis Badré. - MM. Christian Gaudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Article 55. - Adoption (p. 37 )

Articles additionnels après l'article 55 (p. 38 )

Amendement n° II-145 rectifié de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-135 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-138 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendements identiques n°s II-100 rectifié de M. Bernard Joly et II-174 de M. Pierre Hérisson ; amendement n° II-136 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Jean-Pierre Schosteck, Christian Gaudin, Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait des trois amendements.
Amendement n° II-129 rectifié de M. Gérard Miquel. - MM. Michel Moreigne, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-5 rectifié de M. Jean-Louis Masson. - MM. Jean-Louis Masson, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-141 rectifié bis de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet.

Article 56. - Adoption (p. 39 )

Articles additionnels après l'article 56 (p. 40 )

Amendement n° II-130 de M. Gérard Miquel. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-66 de M. Michel Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-115 de M. Michel Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-118 de M. Michel Charasse. - MM. Claude Haut, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° II-180 de M. Gérard Miquel. - MM. Gérard Miquel, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° II-123 de M. Michel Thiollière. - MM. Christian Gaudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Article additionnel après l'article 56 bis (p. 41 )

Amendement n° II-112 de M. Ladislas Poniatowski. - MM. Ladislas Poniatowski, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 56 bis (p. 42 )

Amendements n°s II-131 rectifié ter de M. Jean-Pierre Demerliat et II-99 rectifié de la commission. - MM. Jean-Pierre Demerliat, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Michel Charasse. - Adoption de l'amendement n° II-131 rectifié ter rédigeant l'article, l'amendement n° II-99 rectifié devenant sans objet.
Renvoi de la suite de la discussion.

5. Ordre du jour (p. 43 ).




COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. SERGE VINÇON
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente-cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

LOI DE FINANCES POUR 2002

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2002 (n° 86, 2001-2002), adopté par l'Assemblée nationale. [Rapport n° 87 (2001-2002).]

Budgets annexes de la Légion d'honneur
et de l'ordre de la Libération



M. le président.
Le Sénat va examiner les dispositions du projet de loi de finances concernant les budgets annexes de la Légion d'honneur et de l'ordre de la Libération.
Je suis heureux de saluer, au nom du Sénat, la présence, au côté de Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux, ministre de la justice, du général Douin, grand chancelier de l'ordre national de la Légion d'honneur, et du général Simon, chancelier de l'ordre de la Libération.
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Jean-Pierre Demerliat, rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le grand chancelier, monsieur le chancelier, mes chers collègues, le budget annexe de la Légion d'honneur retrace les moyens affectés à la grande chancellerie et aux maisons d'éducation recevant les filles, les petites-filles et les arrière-petites-filles des membres de l'ordre de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite.
En 2002, le montant des recettes et des dépenses de ce budget annexe, en diminution de 3,15 %, s'établira à 17,91 millions d'euros, soit 117,47 millions de francs. Cette baisse des crédits résulte principalement de la diminution de 60 % des crédits de paiement afférents aux opérations en capital des maisons d'éducation, dotés de 648 000 euros. Elle reflète l'aboutissement de gros travaux entrepris depuis déjà plusieurs années, notamment la restauration du cloître de la maison de Saint-Denis.
Je me limiterai à cette courte présentation chiffrée, en vous renvoyant, pour plus de détails, à mon rapport écrit, pour mieux insister sur mes principales observations.
Certes, les crédits du budget annexe de la Légion d'honneur sont en légère diminution, mais je me satisfais que cela n'affecte ni ses moyens de fonctionnement ni le bon aboutissement des travaux de restauration et d'entretien des bâtiments, relevant de sa responsabilité.
Dans cet ordre d'idée, j'approuve l'intégration par décret, au sein du budget annexe, du musée national de la Légion d'honneur ; elle permettra l'utilisation de sa trésorerie « dormante » pour réaliser les travaux nécessités par son état de vétusté. Si je me félicite de cette initiative, je regrette que ces travaux n'aient pu être entrepris à temps pour être achevés avant les cérémonies du bicentenaire.
Ce même décret a également élargi le recrutement des élèves des maisons d'éducation aux arrière-petites-filles des membres de l'ordre de la Légion d'honneur ainsi qu'aux petites-filles et arrière-petites-filles des membres de l'ordre national du Mérite. J'apprécie tout particulièrement la qualité de l'enseignement dispensé dans ces établissements, qui est attestée par l'excellence des résultats obtenus au baccalauréat, avec un taux de réussite de 96 %.
Je relève avec satisfaction que la proportion de femmes dans les derniers contingents de nomination est maintenue aux alentours de 25 % pour la Légion d'honneur et de 30 % pour le Mérite. Je me félicite également que, à l'occasion de l'hommage rendu, le 25 septembre dernier, aux Harkis, cent vingt d'entre eux aient été nommés ou promus et que cinq femmes aient été distinguées à cette occasion.
L'ordre de la Légion d'honneur, institué par Bonaparte le 19 mai 1802, célébrera l'an prochain son bicentenaire ; de nombreuses manifestations sont prévues. J'espère que l'ensemble des travaux lancés pour restaurer le palais de Salm seront terminés à temps.
J'en viens à présent à l'examen des crédits relatifs au budget annexe de l'ordre de la Libération. La chancellerie est chargée d'en assurer la gestion et d'apporter, éventuellement, des secours aux Compagnons et à leurs familles.
Au 3 octobre 2001, l'Ordre comptait cent trente-six compagnons de la Libération, ainsi que cinq mille sept cents médaillés de la Résistance.
La subvention du budget général, seule ressource de ce budget annexe, s'établit, en 2002, à 773 185 euros, soit 5,07 millions de francs, en baisse de 8 %, ce qui représente 66 749 euros. Cette diminution marque la fin du financement, sur trois exercices, des travaux de mise en conformité de l'installation électrique de la chancellerie. En 2002, il sera toutefois attribué, au titre de l'investissement, 137 000 euros pour la réfection du réseau de communication.
Je me limiterai, là encore, à cette présentation sommaire pour conclure sur deux observations.
D'abord, j'apprécie que la réfection totale de la distribution électrique, indispensable à la sécurité du bâtiment abritant la chancellerie, voie son aboutissement en 2002.
Ensuite, je vous rappelle que l'adoption, en 1999, de la loi créant le Conseil national des communes « Compagnons de la Libération » permettra de pérenniser l'ordre de la Libération par l'institution d'un établissement public à caractère administratif, lorsque l'Ordre ne comptera plus le nombre de Compagnons de la Libération nécessaire à son fonctionnement. Ce choix repose sur le souci de fonder l'avenir de l'Ordre sur les seuls compagnons permanents : les cinq communes de Grenoble, Nantes, Paris, l'île-de-Sein et Vassieux-en-Vercors.
Bien évidemment, je me réjouis avec vous que la mémoire et les traditions de l'Ordre soient ainsi sauvegardées.
Ces observations étant faites, la commission des finances, suivant la proposition de son rapporteur spécial, vous invite à adopter les crédits concernant ces deux budgets annexes.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le grand chancelier, monsieur le chancelier, mes chers collègues, les crédits des budgets annexes de la Légion d'honneur et de l'ordre de la Libération sont en baisse. Or, dans tous ceux qui nous ont été soumis jusqu'à présent, peu subissent une telle diminution. La Légion d'honneur serait-elle dévalorisée, ou méprisée, ou tout simplement devenue une espèce d'institution vieillissante, archaïque au point de tomber en désuétude ? On peut d'autant plus s'interroger que ce budget annexe avait déjà vu ses crédits diminuer de 2,12 % en 2001.
Je voudrais rassurer ceux de mes collègues, et ils sont nombreux, qui se font un devoir de faire accéder à l'Ordre nos compatriotes pour « mérites éminents » ou « services rendus au pays ». Non, la Légion d'honneur n'est pas morte. Oui, elle n'a jamais été aussi jeune, si j'en juge à l'attrait, à la fascination qu'elle exerce sur tant de nos concitoyens, grands ou petits de ce monde. Et pourtant, la Légion d'honneur aura deux cents ans l'an prochain. Pour son bicentenaire, on aurait pu, madame la ministre, se montrer moins chiche !
Comme l'a rappelé notre rapporteur spécial, M. Jean-Pierre Demerliat, elle est née de la loi du 29 floréal an X - ou 19 mai 1802 - portant création de la Légion d'honneur.
Je vous rappelle les termes de l'article 1er de cette loi : « En exécution de l'article 87 de la Constitution concernant les récompenses militaires et pour récompenser aussi les services et les vertus civils, il sera formé une Légion d'honneur. » Je pense que c'est le seul article d'une loi votée il y a cent quatre-vingt-dix-neuf ans qui soit toujours appliqué !
Pour Maurice Druon, grand officier de la Légion d'honneur, la Légion d'honneur est « la France parce que, depuis près de deux siècles, à travers tous les régimes, elle rassemble ceux qui ont contribué à sa grandeur, que ce soit sur les champs de bataille ou dans la diversité des lettres, des arts, de la découverte, ou par le service de l'Etat, ou par une contribution remarquable à la prospérité du pays, ou par le dévouement aux grandes causes humaines. »
La Légion d'honneur est la France. Elle ne vieillit donc pas et, bien entendu, pour reprendre le mot fameux du général de Gaulle, à qui l'on présentait une proposition de Légion d'honneur : « On ne décore pas la France. » Reste à s'entendre sur la nature même de la France.
La France est riche de « mérites reconnus », qui sont d'ailleurs en baisse régulière, puisque en 1962, « la France », donc, comptait 300 000 membres, contre 125 000 à 130 000 membres aujourd'hui, effectif fixé par le code de la Légion d'honneur.
Dans de telles conditions, on peut expliquer qu'il y ait une certaine stabilité des crédits pour le fonctionnement de l'administration centrale de la grande chancellerie, d'autant plus que le montant des traitements de la Légion d'honneur, comme celui de la médaille militaire, ne sera pas augmenté, soit respectivement 375 101 euros pour la Légion d'honneur et 868 121 euros pour la médaille militaire.
Les secours accordés par la grande chancellerie ne varient guère, la dotation restant stable depuis des années pour s'établir à 52 730 euros, soit un peu plus de 600 euros en moyenne par dossier pour 2000.
On peut s'interroger sur l'opportunité de la dissolution de l'établissement public administratif gérant le musée national de la Légion d'honneur. Cela étant, les crédits immobiliers serviront à réaliser les travaux tant attendus pour remédier à la vétusté du musée. On peut donc l'admettre, comme le fait notre rapporteur spécial.
Notons également que le poste des pensions et trousseaux des élèves des maisons d'éducation - frais acquittés par les familles, donc inscrits en recettes - suit et même dépasse très largement le coût de la vie, avec 1 051 222 euros, en augmentation de 11,6 %. Les dépenses d'alimentation, inscrites en dépenses, sont en augmentation de 6,7 % pour les 1 029 élèves enregistrés pour l'année en cours.
Napoléon Ier, en décrétant l'instauration des maisons impériales pour les filles des légionnaires, dont la première fut ouverte en 1807 dans le château d'Ecouen, n'avait pas prévu qu'elles pourraient accueillir aussi les arrière-petites-filles de légionnaires ! C'est chose faite cette année. Aujourd'hui, il s'agit des maisons des Loges et de Saint-Denis, la maison d'Ecouen ayant fait place au musée de la Renaissance.
Je voudrais me féliciter, comme l'a fait le rapporteur, que la proportion de femmes dans les promotions atteigne 25 %. Cela change des 0,20 % de 1851 ou des huit femmes promues en 1912 - chiffres qui permettent de juger de l'évolution ! Mais je rappellerai, madame la garde des sceaux, que nous représentons, nous les femmes, 50 % de la population, et que nous avons autant de mérites à faire reconnaître que les hommes. A quand 50 % de femmes dans les promotions, madame la garde des sceaux ?
Ce point ne fera pas obstacle au principe du vote positif du groupe communiste républicain et citoyen, qui, sans vouer un culte suprême à la médaille, sait reconnaître les mérites des meilleurs - même si ce sont encore, en majorité, des hommes.
De même, nous voterons en faveur du budget annexe de l'ordre de la Libération, dont les dépenses sont en hausse de 1,55 % du fait de la revalorisation des rémunérations publiques, et les recettes en investissement, c'est-à-dire la subvention du budget général, en baisse de 8 %, les principaux travaux ayant été réalisés.
Je rappelle que cet ordre n'est plus décerné depuis 1946 et que les Compagnons en vie sont aujourd'hui moins de 150. Les grands mérites liés à la Libération de la France continuant d'être reconnus le groupe communiste républicain et citoyen pourra émettre un vote positif.
Pour conclure, monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous voudrions accorder une pensée à un Compagnon qui vient de disparaître, le général de Bénouville, dont se souviennent nombre de nos collègues. Le Sénat unanime s'associera à cette pensée émue et reconnaissante, je n'en doute pas, monsieur le président. (M. Othily applaudit.)
M. le président. La parole est à Mme le garde des sceaux.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux, ministre de la justice. Monsieur le président, monsieur le grand chancelier de l'ordre de la Légion d'honneur, monsieur le chancelier de l'ordre de la Libération, mesdames, messieurs les sénateurs, après l'exposé très complet de M. Demerliat, je souhaite seulement insister sur quelques évolutions significatives des deux budgets annexes pour 2002.
Concernant tout d'abord l'ordre de la Légion d'honneur, les ressources du budget annexe sont en hausse, s'établissant à 17,9 millions d'euros, soit 117 millions de francs. En effet, la subvention versée par l'intermédiaire du budget du ministère de la justice s'élève à 16,5 millions d'euros, soit 108 millions de francs, ce qui représente une progression de 0,45 %, et les diverses ressources propres de l'Ordre augmentent de 8,2 %, à 1,4 million d'euros, soit 9 millions de francs. En revanche, les dépenses du budget annexe sont en baisse de 3,2 %.
Cette évolution, en apparence contradictoire avec celle des recettes, madame la sénatrice s'explique par le fait qu'en 2001 certaines dépenses d'équipement à caractère exceptionnel avaient été autofinancées par une reprise de provision : il s'agissait notamment de la rénovation du cloître de la maison d'éducation de la Légion d'honneur de Saint-Denis.
Les crédits de fonctionnement sont en hausse de 2,3 %. Ils permettront de financer, outre le fonctionnement courant de la grande chancellerie et des maisons d'éducation, d'une part, les secours accordés aux membres des ordres nationaux et à leurs familles et, d'autre part, les traitements, d'un montant symbolique, des membres de l'ordre de la Légion d'honneur et des médaillés militaires. La dotation budgétaire réservée à cet effet suit bien évidemment l'évolution des nominations et des promotions, qui ont concerné près de 14 000 personnes en 2000, dont un nombre croissant de femmes - même si, je vous l'accorde, madame la sénatrice, il n'y en a pas encore assez ; mais j'espère que tout un chacun fera l'effort de faire progresser leur part !
Par ailleurs, 350 000 francs, soit 53 000 euros, sont prévus pour faire face aux dépenses liées à la célébration en 2002 du bicentenaire de l'ordre de la Légion d'honneur. Le budget annexe ne supportera heureusement qu'une faible part du coût des différentes manifestations.
Il conviendra néanmoins de surveiller attentivement le niveau réel des dépenses, afin qu'un abondement puisse, si nécessaire, être accordé au budget annexe en cours d'exercice : vous voyez que nous sommes vigilants à cette évolution possible, sinon probable !
Concernant maintenant l'ordre de la Libération, la subvention budgétaire, qui est la seule ressource du budget annexe, sera de 773 000 euros en 2002, soit 5,1 millions de francs. Elle est en baisse par rapport à 2001, mais, comme pour l'ordre de la Légion d'honneur, cette évolution résulte uniquement de l'achèvement d'un cycle de travaux d'équipement.
Les crédits ouverts seront utilisés, pour 3 millions de francs, à la rémunération des personnels de la chancellerie - treize personnes -, pour 409 000 francs, aux secours accordés aux Compagnons de la Libération et aux médaillés de la Résistance, le reste allant à des dépenses de fonctionnement et travaux divers.
Ce budget permettra d'assurer la gestion de l'Ordre, qui compte aujourd'hui 136 Compagnons de la Libération et 5 700 médaillés de la Résistance. Je vous rappelle que la loi du 26 mai 1999 a garanti la pérennité de l'ordre de la Libération en prévoyant la création, à terme, d'un établissement public administratif, le Conseil national des communes « Compagnon de la Libération », placé sous la tutelle du garde des sceaux.
Au total, les projets de budgets annexes pour 2002 dont le vote est proposé à votre assemblée permettront à l'ordre de la Libération et à l'ordre de la Légion d'honneur de remplir leurs missions institutionnelles respectives dans les meilleures conditions.
Je vous remercie de la qualité des propos qui ont été prononcés à cette tribune. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Nous allons procéder à l'examen et au vote des crédits concernant les budgets annexes de la Légion d'honneur et de l'ordre de la Libération et figurant aux articles 33 et 34.

LÉGION D'HONNEUR

Services votés

M. le président. « Crédits : 16 640 745 euros. »
Je mets aux voix les crédits inscrits à l'article 33.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Je constate que ces crédits sont adoptés à l'unanimité.

Mesures nouvelles

M. le président. « I. - Autorisations de programme : 2 119 000 euros ;
« II. - Crédits : 1 267 005 euros. »
Je mets aux voix les crédits inscrits à l'article 34.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Je constate que ces crédits sont adoptés à l'unanimité.

ORDRE DE LA LIBÉRATION

Services votés

M. le président. « Crédits : 634 169 euros. »
Je mets aux voix les crédits inscrits à l'article 33.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Je constate que ces crédits sont adoptés à l'unanimité.

Mesures nouvelles

M. le président. « I. - Autorisations de programme : 137 000 euros ;
« II. - Crédits de paiement : 139 016 euros. »
Je mets aux voix les crédits inscrits à l'article 34.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Je constate que ces crédits sont adoptés à l'unanimité.
Je remercie le grand chancelier de l'ordre national de la Légion d'honneur et le chancelier de l'ordre de la Libération de leur présence.
Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi de finances concernant les budgets annexes de la Légion d'honneur et de l'ordre de la Libération.

Justice

M. le président. Le Sénat va examiner les dispositions du projet de loi de finances concernant le ministère de la justice.
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je ne présenterai pas les crédits du ministère de la justice pour 2002 qui figurent de façon très détaillé dans mon rapport écrit, mais, je ferai les commentaires qu'ils m'inspirent.
Les budgets passent, et les mêmes remarques viennent à l'esprit : augmentation croissante des moyens de la justice sans réflexion d'ensemble sur ses missions ; décalage entre le renforcement des moyens annoncés par la Chancellerie et un certain désenchantement des personnels de la justice ; services « plombés » par les vacances de postes et qui doivent se satisfaire de la création de postes sur le papier ; opposition toujours plus forte entre les magistrats et la classe politique, dont le dernier exemple est fourni par les critiques excessives et parfois déplacées, pour ne pas dire inadmissibles, des dispositions contenues dans la toute récente loi relative à la sécurité quotidienne et concernant la lutte contre le terrorisme, notamment de la fouille des coffres de véhicules.
Le mot d'ordre n'a-t-il pas été donné aux magistrats de ne pas appliquer cette loi, non pas par manque de moyens - et c'est pourquoi j'aborde ici ce point - mais parce que certains d'entre eux estiment qu'ils peuvent, en « corps constitué », se dresser en censeurs de la loi ? Madame la ministre, c'est proprement inadmissible. Que comptez-vous faire ? Si vous l'admettez, si nous l'admettons, sommes-nous en République et en démocratie ?
D'une manière générale, peut-on admettre que certains magistrats, en groupe ou individuellement, fassent la leçon à tout le monde par des déclarations tout à fait intempestives ? (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Quels sont les signes positifs qui ressortent de ce budget ? J'en ai noté deux : la recherche d'une plus grande transparence dans la gestion du personnel ; la création d'une agence pour la maîtrise d'ouvrage et de travaux d'équipement.
Le premier signe positif est donc la recherche d'une plus grande transparence dans la gestion du personnel.
Chaque année, je dénonce le manque de transparence qui affecte la gestion des personnels du ministère de la justice, particulièrement ceux de l'administration centrale. En effet, celle-ci ne dispose pas des effectifs nécessaires à l'exercice de ses missions. En conséquence, elle est obligée de « puiser » dans les effectifs des services déconcentrés par le biais de mises à disposition.
Or ce système est critiquable, car il ne permet pas d'avoir un aperçu correct des effectifs des différents services du ministère de la justice, puisqu'il entraîne un décalage entre les effectifs budgétaires et les effectifs réels.
En outre, il s'avère défavorable pour les services concernés : les services « dégarnis » ne peuvent pas demander de création de poste pour compenser les mises à disposition puisque les postes ne sont pas vacants ; quant aux services dans lesquels est affecté le personnel mis à disposition, ils ne peuvent pas non plus réclamer de création de poste, car toute demande en ce sens est analysée à partir non pas des effectifs théoriques, mais des effectifs réels. Les mises à disposition aboutissent ainsi à une impasse en matière de gestion du personnel.
C'est la raison pour laquelle je me félicite de l'effort engagé cette année par la Chancellerie pour limiter le nombre des mises à disposition, grâce au transfert de 59 emplois des services déconcentrés vers l'administration centrale. Cet effort devra être poursuivi : à l'heure actuelle, plus de 450 personnes sont encore mises à disposition de l'administration centrale.
A propos du ministère de la justice, madame la ministre, n'est-il pas devenu un ministère « peau de chagrin », à force d'effeuiller la marguerite, pourrait-on dire parfois ? Pourquoi ?
La création de la direction des affaires juridiques au ministère de l'économie et des finances, voilà déjà quelque temps, a dépouillé de fait les directions des affaires criminelles et des affaires civiles de nombre de leurs attributions. La disparition d'une sous-direction à la direction des affaires criminelles a permis à la direction générale des douanes de récupérer le titulaire du poste et, en fait, une partie de ses attributions. Plus récemment, Mme Royal a récupéré, en fait, le droit de la famille et l'état des personnes, habituellement de la compétence de la direction des affaires civiles et du sceau.
Comment s'explique ce phénomène ? Il est sans doute dû au fait que le ministère de la justice n'apparaît plus comme le ministère de la qualité de la loi. De hautes instances d'autres ministères, voire le Conseil d'Etat, expliquent ouvertement que les services de la Chancellerie ont perdu beaucoup de leur qualité du point de vue des ressources humaines et ne sont plus tout à fait sûres du point de vue de la discrétion. Est-ce exact ? Au cours de l'année 2002, dans l'exercice de mon pouvoir de contrôle sur place et sur pièces, j'étudierai cette situation.
Vous pouvez d'ores et déjà répondre à une question, madame la garde des sceaux. Le bât blesse en partie parce que le recrutement des MACJ, les magistrats d'administration centrale de la justice, est de plus en plus difficile. Cela tient à l'intérêt du travail, certes, et au coût de la vie à Paris.
Envisagez-vous de revoir les modalités de ce recrutement et, pourquoi pas, d'offrir, comme il y a quelques années, des postes dès la sortie de l'Ecole nationale de la magistrature ?
Second signe positif : la création, par un décret du 31 août 2001, d'une agence pour la maîtrise d'ouvrage et de travaux d'équipement.
Il s'agit d'un établissement public administratif qui doit se substituer à la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement et qui a vocation à gérer un important programme de travaux concernant aussi bien les services judiciaires que l'administration pénitentiaire.
Je me félicite de la création de cet établissement public et souhaite rappeler qu'elle s'inspire de la solution proposée par la commission d'enquête du Sénat sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France. Celle-ci avait en effet suggéré la création d'une « agence pénitentiaire », structure publique qui gérerait de manière autonome le patrimoine pénitentiaire et aurait en charge à la fois les dépenses d'investissement et les dépenses d'entretien.
Je m'interroge en revanche sur l'opportunité de charger cette agence de la gestion des crédits pour les dépenses de construction et d'entretien des services judiciaires et de l'administration pénitentiaire. Dans la mesure où ces deux directions doivent engager simultanément d'importants travaux de construction dans les prochaines années, des arbitrages internes pourraient intervenir au détriment de l'une d'elles. Il conviendra donc de veiller à ce que les deux programmes autonomes de construction soient menés de front par l'agence.
Au-delà de ses aspects positifs, ce projet de budget appelle quelques critiques, à commencer par l'absence de visibilité dans le programme de construction pénitentiaire.
Je regrette une nouvelle fois que le Gouvernement refuse d'encadrer les programmes de construction et de rénovation dans une loi de programme. En effet, le Parlement ne dispose pas d'une vue d'ensemble sur les travaux d'équipement engagés ou programmés. L'important décalage entre l'annonce d'une construction et sa réalisation renforce encore l'opacité des décisions prises au niveau gouvernemental.
Chaque année, on annonce des milliards de francs de crédits pour réhabiliter le parc pénitentiaire français, mais l'absence de loi de programme définissant le montant total des opérations et leur calendrier prévisionnel ne permet pas de suivre l'utilisation de ces crédits.
Or la gestion par le Gouvernement des crédits d'équipement rend le contrôle du Parlement particulièrement nécessaire.
Certes, un effort croissant en faveur de l'équipement de l'administration pénitentiaire a été réalisé puisque le montant des crédits de paiement a triplé entre 1997 et 2001.
Toutefois, parallèlement, le taux de consommation des crédits a chuté ; alors qu'il atteignait plus de 88 % en 1997, il s'est élevé à 35,6 % en 2000. Ce décalage n'a pas été pris en compte puisque les crédits de paiement ont continué d'être augmentés non seulement en loi de finances initiale, mais également en loi de finances rectificative.
En conséquence, la part des reports dans le montant total des crédits a augmenté chaque année : en 2000, elle représentait 49,7 % de l'ensemble des crédits et elle atteint 67,3 % en 2001 !
Les causes du décalage entre les crédits votés et les crédits consommés sont connues. Elles sont liées aux délais d'exécution des opérations et à la lourdeur des procédures. Toutefois, l'absence de loi de programme permet au Gouvernement de demander chaque année des crédits supplémentaires pour annoncer de nouvelles constructions alors même que ces dernières n'interviendront pas avant plusieurs années. Ces effets d'annonce sont contraires à une gestion rigoureuse des crédits qui voudrait que l'on procède d'abord à l'inscription des crédits pour les études de faisabilité puis, le moment venu, à celle des crédits pour la construction des établissements.
Des contraintes particulières pèsent par ailleurs sur le projet de budget pour 2002 en raison de l'entrée en vigueur de la loi relative à la réduction négociée du temps de travail. Les efforts budgétaires consentis pour appliquer celle-ci tempèrent d'ailleurs le discours volontariste du Gouvernement à propos du ministère de la justice.
Ainsi, 34,15 millions d'euros, soit 224 millions de francs, sont consacrés au paiement d'heures supplémentaires et à la compensation financière des astreintes dans le cadre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail.
De même, une partie non négligeable des emplois créés cette année servira à compenser la diminution de la durée du temps de travail. Votre rapporteur spécial regrette que la chancellerie n'ait pas voulu fournir d'indications précises à ce sujet. Il semble cependant que, pour les personnels de surveillance, 700 emplois nouveaux sur 1 221 auront cette vocation.
Par ailleurs, on peut légitimement s'interroger sur les conditions d'application des 35 heures. Il semble en effet que la fixation du nombre annuel d'heures de travail soit essentiellement le résultat du rapport de forces entre la Chancellerie et les organisations syndicales.
Les propos que vous avez tenus à cet égard le 25 octobre dernier devant la commission des finances sont significatifs : vous avez ainsi admis que les personnels de la justice travailleraient moins que les 1 600 heures prévues et que les négociations portaient sur un nombre d'heures compris entre 1 470 et 1 600. Pour justifier cette situation, vous avez estimé devoir tenir compte - et on peut le comprendre - des avantages acquis par les personnels.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux, ministre de la justice. Eh oui !
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Une telle attitude risque cependant de créer un effet « boule de neige ».
Aujourd'hui, ce sont les magistrats qui réclament le passage aux 35 heures. Allez-vous répondre à cette revendication, madame la ministre ? Pourquoi et comment ? Disposez-vous d'une étude précise sur le nombre d'heures travaillées des personnels de la justice et, si oui, quels sont ses résultats ?
Madame la ministre, voilà autant de questions auxquelles le Parlement souhaiterait que vous répondiez afin de mieux percevoir l'enjeu des 35 heures au ministère de la justice.
Une analyse plus poussée des conséquences des grandes réformes dans le fonctionnement au quotidien de la justice s'impose.
Alors que les crédits et les effectifs du ministère de la justice augmentent continuellement depuis plusieurs années, les agents des services de la justice manifestent de plus en plus ouvertement un certain découragement - voire, parfois, une certaine colère - devant l'alourdissement croissant de leurs tâches. Ils estiment que les moyens supplémentaires qui leur avaient été promis pour renforcer les services ont été en réalité utilisés pour appliquer les nouvelles réformes, notamment celle qui découle de l'adoption de la loi renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes.
Je tiens à rappeler que, dans mon rapport sur l'examen des crédits du ministère de la justice pour 1999, j'avais insisté sur la nécessité d'accompagner d'études d'impact précises tout projet de loi susceptible d'entraîner des répercussions importantes sur le fonctionnement des services de la justice. J'avais alors constaté que les études réalisées par la Chancellerie tendaient à sous-évaluer les besoins en personnels, notamment parce qu'elles n'avaient pas été réalisées en associant les services déconcentrés concernés par la réforme.
Je propose donc que les études d'impact ne soient plus réalisées par la Chancellerie, mais par une instance indépendante. En effet, le fait que le ministère de la justice soit à la fois juge et partie fait peser un doute sur le caractère impartial des études d'impact qu'il réalise. Quel directeur ou directrice pouvait par exemple dire à votre prédécesseur, Mme Guigou, que les dispositions envisagées étaient inapplicables en l'état des moyens ? Il aurait été aussitôt remplacé !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Mais non !
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Par ailleurs, lorsqu'un projet de loi « lourd » est examiné par le Parlement, la commission des finances devrait être appelée à analyser l'étude d'impact fournie et à donner son avis sur les conditions d'application des dispositions législatives contenues dans ledit projet de loi.
Enfin, tout texte ayant des répercussions importantes sur le fonctionnement des services de la justice devrait systématiquement faire l'objet d'une étude d'impact postérieure à son entrée en application. Je le dis non parce qu'on le réclame dans la rue avec des pancartes mais parce que c'est indispensable. Il s'agirait d'analyser, au bout d'une ou deux années d'application des nouvelles dispositions, leur véritable impact en matière de charge de travail et de vérifier que les moyens prévus dans l'étude d'impact en amont ou préconisés lors de la discussion parlementaire ont été mis à la disposition des services de la justice concernés.
A cette occasion, les magistrats, les policiers, les gendarmes et les avocats pourraient par ailleurs faire part des difficultés d'application de certaines dispositions et des conséquences de celles-ci.
Autre question, madame la ministre : pouvez-vous confirmer devant le Sénat les allégations de la presse selon lesquelles vous auriez « enterré » une réforme brûlante - celle de la carte judiciaire - en estimant qu'il n'était pas nécessaire de réviser la répartition des tribunaux et pouvez-vous justifier, le cas échéant, ce revirement de votre ministère ?
Ne croyez-vous pas qu'au moins pour le parquet il conviendrait d'étudier la possibilité d'une « posture » départementale du ministère public face au préfet et aux services de l'Etat, qui sont tous départementalisés, en particulier la police nationale et la gendarmerie ? Pourquoi ne pas utiliser, là encore, la méthode de l'expérimentation que j'ai souvent préconisée ici, mais en vain ?
Par ailleurs, ne pensez-vous pas que la primeur de cette information d'importance aurait pu être réservée au Parlement, même si cela semble être passé de mode aujourd'hui ?
En conclusion, j'évoquerai certains sujets sur lesquels je souhaiterais aussi une réponse de votre part, madame la ministre.
Dès l'année 2000, la Chancellerie a mis en oeuvre une démarche d'évaluation des tribunaux de grande instance, en confiant à un magistrat de grande qualité, M. Hubert Dalle, la mission de définir des indicateurs de résultat. Ce dernier a remis son rapport mais, depuis, il semblerait qu'aucune suite concrète n'ait été donnée à cette étude. Or il paraît indispensable, alors même qu'un effort financier considérable a été engagé en faveur de la justice, de comparer les performances respectives des tribunaux et de vérifier que les deniers publics sont dépensés de la manière la plus efficace possible.
Ne pensez-vous pas que la primeur du résultat de ce travail doive être réservée au Parlement, afin que celui-ci ne l'apprenne pas par la presse ? Tout récemment encore, c'est un hebdomadaire qui publiait un classement des juridictions.
L'année dernière, après être allé au cours de l'été dans les ressorts des cours d'appel de Reims, de Paris et de Colmar, j'avais insisté dans mon rapport sur l'insuffisance des moyens accordés à la mise en place de la loi du 15 juin 2000, question à propos de laquelle Mme Guigou et ses services se montraient alors au contraire très confiants. On peut se demander quelle est notre utilité...
Puis l'inspection générale des services judiciaires a remis un rapport alarmant, et vous avez été obligée de repousser de six mois l'entrée en application de la juridictionnalisation des décisions du juge de l'application des peines.
Aujourd'hui, cette loi suscite de violentes critiques, cette fois de la part des policiers et des gendarmes. Certes, il se peut que ladite loi soit perfectible, et j'ai moi-même déposé une proposition de loi en ce sens, mais est-elle bien utilisée par tous ? Je m'inquiète de la tendance de certains, heureusement minoritaires, à s'opposer aux décisions de la représentation nationale, alors même que leur premier devoir est de respecter et de faire respecter la loi.
Jusqu'ici, le manque de moyens était invoqué - souvent à juste titre - par certains magistrats pour ne pas appliquer la loi. Aujourd'hui, c'est le fond du droit qui est contesté, et même brocardé en des termes qui dépassent la simple critique technique et mettent en cause l'exécutif et le législatif.
Un magistrat, s'il n'applique pas la loi à une situation particulière, doit motiver sa décision afin que les voies de recours puissent jouer et que l'inspection générale puisse le cas échéant remplir son office, mais je vous demande, madame la ministre, d'être très attentive à ce que les magistrats ne se servent pas de la loi et du pouvoir qu'elle leur confère pour faire valoir des points de vue idéologiques ou politiciens, pour décrédibiliser le politique ou encore pour occulter des dysfonctionnements au sein des juridictions. Ne faudrait-il pas envisager de saisir dans les cas flagrants le Conseil supérieur de la magistrature ?
Dans mon rapport, j'évoque les efforts consentis par les juridictions pour accélérer le traitement des nouvelles affaires. Ainsi, en 2000, aussi bien la Cour de cassation que les cours d'appel ont réussi à traiter un nombre d'affaires plus important que celui des affaires enregistrées. Toutefois, à effectifs constants, elles sont maintenant incapables d'éliminer leur stock d'affaires en cours.
Le Premier président de la Cour de cassation, M. Guy Canivet, vous a proposé de passer un contrat de juridiction : en échange de vingt-huit postes de conseillers référendaires sur cinq ans, il s'engage à ramener les délais de jugement à une durée inférieure à un an. Or, à ma connaissance, vous n'avez pas donné suite à cette proposition, madame la ministre. Que comptez-vous faire ?
De même, que pensez-vous de l'idée d'instaurer, comme dans la plupart des pays européens, une procédure de sélection des pourvois admis en cassation, afin que la Cour de cassation se concentre sur les affaires qui font apparaître une lacune réelle ou une ambiguïté de la loi ?
Par ailleurs, depuis plusieurs années, la Chancellerie promet la construction prochaine d'un tribunal de grande instance à Paris. Où en est la procédure ?
Enfin, madame la ministre, quelles suites comptez-vous donner aux critiques, aux observations et aux suggestions contenues dans mon rapport sur l'état de la justice dans le Haut-Rhin s'agissant des juridictions, des trois établissements pénitentiaires et de la protection judiciaire de la jeunesse ?
Je rappelle que, hélas ! le service qui a la charge de cette dernière ne peut ou ne veut appliquer certaines décisions des juges des enfants.
Pour conclure, je me contenterai de citer une phrase lourde de signification du rapport de la commission Truche qui devrait nous inciter toutes et tous à demander aux candidats à l'élection présidentielle et aux élections législatives de prendre les engagement nécessaires : « Notre pays n'aura jamais que la justice dont il veut bien payer le prix », réflexion qui s'applique d'ailleurs aux autres fonctions régaliennes.
Vous comprendrez, madame la ministre, qu'il est légitime dans ces conditions que la commission des finances du Sénat demande le rejet des crédits de votre ministère. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Garrec, rapporteur pour avis.
M. René Garrec, en remplacement de Mme Dinah Derycke, rapporteur pour avis de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, pour les services généraux. Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, je suis heureux de vous présenter, pour la première fois, le point de vue de la commission des lois sur les crédits de la justice. Toutefois, c'est non pas en qualité de président de cette commission que je m'exprimerai, mais en remplacement de Mme Derycke, rapporteur pour avis, qui n'a pu venir présenter son rapport aujourd'hui et que nous espérons revoir prochainement parmi nous.
Madame le garde des sceaux, vous nous présentez cette année un projet de budget en nette progression, à hauteur de 5,7 %, ce dont je me réjouis. Pourtant, malgré les efforts budgétaires entrepris depuis la loi de programme de 1995, les moyens dégagés n'ont jamais été à la mesure des besoins. Cette année encore, le projet de budget de la justice pour 2002 ne répond pas aux attentes du justiciable et ne traduit pas la volonté d'en finir avec l'image d'une justice sinistrée, la part de celle-ci dans le budget de l'Etat, qui sera de 1,74 % en 2002, restant tout à fait dérisoire.
Reconnaissons toutefois que ce projet de budget marque un souci évident d'améliorer le fonctionnement de la justice en renforçant ses moyens humains. On ne peut que se féliciter, à cet égard, des nombreuses créations d'emploi prévues : elles seront au nombre de plus de 960 pour les services généraux. De même, l'amélioration de la situation matérielle des fonctionnaires constitue aussi un motif de satisfaction pour le monde judiciaire, qui, au début de l'année 2001, vous devez vous en souvenir, madame le garde des sceaux, a exprimé un sentiment de malaise et un vif mécontentement devant l'accroissement de la charge de travail.
Vous faites un effort de transparence en matière de mises à disposition internes, mais j'attire votre attention, madame le garde des sceaux, sur le fait que des progrès restent à accomplir, cent trente-neuf emplois de fonctionnaire des juridictions étant prélevés actuellement par l'administration centrale, soit un chiffre très supérieur aux vingt-quatre transferts d'emploi prévus par le projet de budget pour 2002.
La commission des lois a également pris acte de l'effort de transparence du Gouvernement en matière d'équipement. La baisse des crédits observée cette année traduit la volonté de mieux faire correspondre le volume de crédits demandés au Parlement avec la consommation réelle de ces derniers. En effet, je relève que 37 % des crédits n'avaient toujours pas été consommés au 31 juillet 2001. Mais, au-delà de l'affichage, le véritable problème tient encore à la capacité de réaliser les opérations. Espérons que la création de l'agence de maîtrise d'ouvrage permettra enfin d'accélérer l'exécution des projets annoncés ces dernières années, s'agissant en particulier du tribunal de grande instance de Paris.
S'il n'est pas question de nier les efforts consentis au travers du projet de budget pour 2002, soulignons qu'ils ne font que répondre à une véritable nécessité, la situation de l'institution judiciaire restant aujourd'hui très préoccupante. Le constat d'une justice asphyxiée, dressé voilà cinq ans par la mission d'information de la commission des lois chargée d'évaluer les moyens de la justice, dont M. Fauchon était le rapporteur, demeure malheureusement encore d'actualité.
Vous n'ignorez d'ailleurs rien de la crise actuelle, madame le garde des sceaux, puisque c'est elle qui vous a conduite, devant la vague de mécontentement affectant l'ensemble des personnels de votre ministère, à convoquer en mars dernier ce que vous avez appelé les états généraux de la justice, rebaptisés « entretiens de Vendôme », qui se sont déroulés jusqu'en juin.
Au-delà des délais de jugement, pour lesquels on ne constate pas d'amélioration, comment ne pas s'inquiéter de voir la productivité des magistrats en baisse, sans que vous ayez expliqué ce phénomène ? Traduit-il la réduction du temps de travail, la complexité croissante du contentieux ou, pis, la démotivation des magistrats ?
A ce propos, je profite de votre présence dans notre hémicycle, madame le garde des sceaux, pour soulever de nouveau une question que je vous avais adressée et que j'ai posée jeudi dernier, lors de la dernière séance de questions d'actualité au Gouvernement, alors que vous étiez en déplacement à Bruxelles.
Cette question vous concernait au premier chef, madame le garde des sceaux, en tant qu'autorité de saisine du Conseil supérieur de la magistrature pour les manquements disciplinaires des magistrats : elle vise les récents propos, tenus par des membres du Syndicat de la magistrature et rapportés par la presse le 2 décembre dernier, appelant l'ensemble des magistrats à ne pas appliquer les dispositions législatives figurant dans la loi relative à la sécurité quotidienne et destinées à lutter contre le terrorisme.
Je souhaiterais non seulement connaître votre réaction, mais également savoir si vous envisagez de prendre des mesures tendant à sanctionner ceux qui donnent de telles consignes et ceux qui les suivraient.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. C'est le rapport de Mme Derycke ou le vôtre ?
M. René Garrec, rapporteur pour avis. Je repose ma question de l'autre jour, comme je l'ai indiqué à l'instant, mon cher collègue. La plume est serve, mais la parole est libre ! Mme le ministre me répondra si elle le veut bien.
M. Pierre Fauchon. Vous avez raison de la poser !
M. René Garrec, rapporteur pour avis. Je tiens à vous signaler, madame le garde des sceaux, que le ministre de l'intérieur, dans la réponse qu'il a faite à votre place, a précisé au Sénat que, dans cette affaire, il vous faisait « confiance pour lancer les éventuelles procédures disciplinaires ». Le respect de la loi, le bon fonctionnement de la justice et la qualité du service rendu au justiciable sont, me semble-t-il, les contreparties de l'indépendance des magistrats.
Je reviens maintenant au rapport de Mme Derycke, monsieur Dreyfus-Schmidt.
J'observe que l'augmentation des effectifs en vue de renforcer les juridictions n'a pas été, ces dernières années, un objectif prioritaire.
A cet égard, les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 1998, 80 % des emplois créés l'avaient été à cette fin, contre moins de 1 % en 2001. Il semble, en effet, que la mise en oeuvre des réformes nouvelles ait absorbé la majeure partie des créations d'emploi. Rappelons que 427 emplois de magistrat supplémentaires, ce qui représente 40 % de l'ensemble des créations d'emploi, étaient destinés à permettre l'application de la seule loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes.
La commission des lois n'a pas caché ses inquiétudes devant les risques engendrés par la mise en place des réformes nouvelles. Il faut bien admettre que l'ampleur de la réforme de la présomption d'innocence et des besoins en personnels que celle-ci impliquait n'ont peut-être pas été suffisamment anticipés par le Gouvernement, qui avait seul compétence pour le faire. Cela vous a conduite, vous devez vous en souvenir, madame le garde des sceaux, à demander au Parlement d'accepter le report au 16 juin 2001 de l'entrée en vigueur du troisième volet de la loi, relatif à la juridictionnalisation de l'application des peines.
Plus grave encore, en dépit de l'importance des moyens dégagés, une fragilisation de la capacité de réponse des juridictions est à craindre, comme l'a d'ailleurs souligné un rapport qui vous a été remis en juin dernier.
Madame le garde des sceaux, pensez-vous que les moyens actuels soient suffisants pour assurer une bonne application de cette réforme ?
Cette question est légitime, d'autant que la mise en oeuvre de l'aménagement et de la réduction du temps de travail suscite de nombreuses interrogations. L'enveloppe prévue pour la prise en charge des astreintes et des heures supplémentaires résultant de l'instauration des 35 heures n'est pas à la hauteur de l'ampleur de la réforme et des engagements du Gouvernement.
En outre, aucune des créations de poste prévues par le projet de loi de finances n'est destinée à accompagner la mise en place des 35 heures. En réalité, les nombreux emplois créés ne feront que compenser la diminution de la durée du temps de travail et ne seront nullement affectés au renforcement des juridictions. Qu'en est-il s'agissant des magistrats ? Passeront-ils aux 35 heures le 1er janvier 2002 ?
Mme Derycke, à titre personnel, avait souhaité proposer à la commission des lois de donner un avis favorable à l'adoption des crédits des services généraux de la justice, mais l'ensemble des observations que j'ai formulées ont conduit celle-ci à émettre un avis défavorable. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Othily, rapporteur pour avis.
M. Georges Othily, rapporteur pour avis de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, pour l'administration pénitentiaire. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, les crédits alloués à l'administration pénitentiaire pour 2002 progressent de 9,7 % par rapport à 2001 pour atteindre 1,4 milliard d'euros, soit 9,1 milliards de francs, et 1 525 créations de poste sont prévues.
Si l'on s'en tient aux chiffres, madame le ministre, ce projet de budget marque incontestablement un progrès important des moyens de l'administration pénitentiaire. La question se pose cependant de savoir si les crédits affectés à cette administration permettront un meilleur fonctionnement des établissements, des conditions de détention plus dignes d'une démocratie et une amélioration des conditions de travail du personnel. Je dois avouer que je n'en suis pas certain, et je le déplore.
Voilà maintenant dix-huit mois que les commissions d'enquête du Sénat et de l'Assemblée nationale sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires ont rendu leurs conclusions. Le Sénat a préconisé des mesures d'urgence, que le Gouvernement aurait pu prendre sans attendre. Notre assemblée, sur l'initiative de nos collègues Jean-Jacques Hyest et Guy Cabanel, a aussi adopté une proposition de loi visant à améliorer les conditions de détention.
Le Gouvernement n'a pas inscrit cette proposition de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, choisissant d'élaborer une grande loi. La démarche est intéressante, mais elle prend du temps, beaucoup de temps. Ainsi, alors que les travaux parlementaires s'arrêteront dans moins de trois mois, le projet de loi pénitentiaire n'a pas encore été adopté par le conseil des ministres. Dans ces conditions, la loi ne sera pas votée avant de nombreux mois. N'aurait-il pas mieux valu, madame le ministre, inscrire à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale la proposition de loi du Sénat, afin que des progrès rapides puissent être obtenus ? Quelles sont vos intentions s'agissant de la modernisation du système pénitentiaire français et quel calendrier envisagez-vous ?
En ce qui concerne les personnels, j'ai pu constater, lors de mes visites dans les établissements, que la situation était très tendue. Bien sûr, de nombreux postes sont créés, mais, parallèlement, de nouvelles missions sont attribuées à l'administration pénitentiaire, par exemple les escortes médicales de détenus.
A cet égard, quatre-vingt-seize postes ont été créés pour assurer ces escortes, ce qui est, vous le savez, insuffisant. De plus, cinquante postes nouveaux seulement sont prévus dans le présent projet de budget, alors que l'administration pénitentiaire devra remplir cette mission à compter du 1er janvier 2002.
Par ailleurs, de nombreux postes sont affectés à des établissements nouveaux et ne pourront donc servir à améliorer le fonctionnement des établissements existants.
Enfin et surtout, la mise en oeuvre de la loi sur l'aménagement et la réduction du temps de travail n'a pas été suffisamment anticipée, de sorte que des difficultés sérieuses ne manqueront pas de se poser en 2002.
J'en viens maintenant aux programmes de construction et de rénovation des établissements.
De nombreuses constructions ont été annoncées au cours des dernières années, à tel point, madame le ministre, que nous avons du mal à y voir clair. N'aurait-il pas été préférable, comme l'a souligné notre excellent collègue Hubert Haenel, de présenter une loi de programme, afin que des échéances précises puissent être arrêtées ? Que se passe-t-il actuellement ? Des milliards de francs d'autorisations de programme sont inscrits aux budgets successifs, mais les crédits de paiement ne suivent pas. En outre, les crédits de paiement prévus ne sont pas consommés. Ainsi, en 2000, leur taux de consommation n'a pas dépassé 35 %. La Cour des comptes a d'ailleurs critiqué le système de lissage des autorisations de programme, qui ne permet pas au Parlement d'avoir une vision claire de la politique suivie.
Dans ces conditions, je me félicite, madame le ministre, que vous ayez créé un établissement public administratif pour la gestion des constructions et rénovations, conformément à la proposition de la commission d'enquête du Sénat. A cet égard, il n'aurait pas été inutile de faire figurer des parlementaires au sein du conseil d'administration, comme c'est le cas pour l'établissement public de l'hôpital pénitentiaire de Fresnes.
Ce projet de budget étant le dernier de la législature, je conclurai mon court propos par un bilan rapide de l'action conduite ces dernières années.
Madame le ministre, votre prédécesseur et vous-même avez consacré des moyens financiers importants à l'administration pénitentiaire. Nous le reconnaissons, mais il faut bien constater que les retards accumulés, les missions nouvelles et la réduction du temps de travail n'auront guère permis d'utiliser ces moyens pour obtenir une véritable amélioration du fonctionnement des établissements.
Par ailleurs, comme je l'ai indiqué précédemment, la multiplication des annonces de rénovation et de construction d'établissements a suscité des attentes, mais le rythme des réalisations est sans rapport avec celui des annonces.
Enfin et surtout, nous avons vu s'ouvrir, selon l'expression de M. Robert Badinter, ces dernières années, une « fenêtre d'opportunité », permettant de réformer en profondeur le système pénitentiaire. L'opinion était sensibilisée à cette question, le Parlement a accompli un travail très approfondi, mais l'action tarde et plus l'on attend, plus elle sera difficile à mener.
Je ne méconnais pas, madame le ministre, l'importance des efforts budgétaires consentis par le Gouvernement. Je crains néanmoins qu'une occasion historique de faire évoluer une administration marquée par des pesanteurs fortes n'ait pas été saisie.
C'est donc avec beaucoup de regret que la commission des lois a donné un avis défavorable...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Certains des membres de la commission !
M. Georges Othily, rapporteur pour avis. Soit ! La majorité des membres de la commission des lois...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. D'accord !
M. Pierre Fauchon. Les meilleurs d'entre eux !
M. Georges Othily, rapporteur pour avis. ... a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits du ministère de la justice consacrés à l'administration pénitentiaire. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants. - M. le rapporteur spécial applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Gélard, rapporteur pour avis.
M. Patrice Gélard, rapporteur pour avis de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, pour la protection judiciaire de la jeunesse. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, les crédits consacrés à la protection judiciaire de la jeunesse apparaissent cette année, au sein du projet de budget du ministère de la justice, comme le parent pauvre. (M. Dreyfus-Schmidt sourit.)
En effet, leur hausse est limitée à 0,99 %, ce qui marque une stagnation par rapport aux lois de finances initiales pour 2000 et pour 2001.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Mais pas par rapport à Chalandon !
M. Patrice Gélard, rapporteur pour avis. Ce coup d'arrêt aux progressions budgétaires enregistrées les années précédentes est plus que regrettable, car il intervient à un moment où les services de la protection judiciaire de la jeunesse sont confrontés à des difficultés structurelles croissantes. Trois remarques et deux questions vont éclairer mon propos.
Première remarque : la commande judiciaire ne connaît pas de stagnation. Au contraire, la délinquance des mineurs a encore augmenté, de près de 3 %, en 2000, et les chiffres de 2001 sont encore plus inquiétants. Certes, on peut constater une réponse pénale à hauteur de 77,5 %. Encore faudrait-il que les mesures prononcées par les parquets soient effectivement suivies d'effet, ce qui n'est pas souvent le cas. Les services de la protection judiciaire de la jeunesse ne disposent pas des moyens leur permettant de mettre à exécution dans de bonnes conditions les mesures prononcées par les juridictions. Trois mille cinq cents mesures sont en attente d'exécution et chaque éducateur doit suivre une trentaine de mesures.
Deuxième remarque : les 300 créations d'emploi, au lieu de 380 en 2000 et de 380 en 2001, sont certes positives, mais elles risquent fort de se révéler notoirement insuffisantes. Dans un contexte de passage aux 35 heures, de création d'un troisième poste d'agent technique d'éducation dans les foyers, de mise en place d'éducateurs remplaçants et alors qu'il subsiste encore 6,4 % d'emplois vacants, on peut se demander dans quelle mesure un travail a été réellement effectué pour améliorer l'adéquation des personnels aux tâches de plus en plus difficiles et ardues qui sont les leurs, notamment depuis que la proportion des mineurs sous protection judiciaire au titre de l'ordonnance de 1945 représente le double du nombre des autres mineurs en danger, suivis au titre de l'assitance éducative. On peut légitimement se demander si les modes de recrutement permettront de recruter des personnes plus expérimentées et relativement plus âgées. En effet, cela ne sera possible que si l'attractivité des métiers éducatifs est préservée ou même améliorée. Ne faudrait-il pas - je me pose cette question pour la quatrième année consécutive - envisager un reclassement des éducateurs, ne serait-ce que pour les mettre au même niveau que les professeurs des écoles et pour tenir compte des avantages qui ont été acquis au cours des dernières années par un certain nombre de personnels de la catégorie B de la fonction publique.
La troisième remarque concerne les crédits de paiement en investissement, qui diminuent, une nouvelle fois, de 44 % pour 2002, après une baisse de 53 % en 2001. L'argument selon lequel il faut tenir compte de la faiblesse du taux de consommation des crédits n'est pas satisfaisant. En effet, il accréditerait l'idée selon laquelle les crédits ne sont votés que dans un seul but d'affichage, et non pour être effectivement consommés. Les hausses significatives des crédits que nous avions approuvées à l'unanimité voilà respectivement deux et trois ans n'étant pas suivies d'effet sur le terrain, il est permis de s'interroger sur le crédit que vous accordez, madame la ministre, à l'autorisation parlementaire.
Je formulerai une dernière et très courte remarque : je souhaiterais qu'un partenariat plus actif se développe entre les services de la protection judiciaire de la jeunesse et les autres services de l'Etat, comme l'éducation nationale ou la santé publique, par exemple.
J'en viens aux deux questions que je voulais vous poser.
La première : comment peut-on, avec seulement 20 millions de francs de crédits de paiement pour les investissements, terminer en 2002 le programme de création des centres de placement immédiat et des centres éducatifs renforcés, alors qu'à peine la moitié de ces derniers centres ont été réalisés en trois ans et que les reports de crédits d'une année sur l'autre ne sont nullement automatiques ? A ce propos, compte tenu de la montée en puissance de la délinquance juvénile, on peut se demander si cette politique des centres éducatifs renforcés correspond aux exigences actuelles de la société.
J'en viens à ma seconde question. La baisse des crédits alloués au secteur sssociatif habilité conduit à se demander s'il n'y a pas un certain désengagement de ce secteur lié à la spécialisation de la protection judiciaire de la jeunesse, du secteur public vers le pénal et du secteur associatif vers les mesures d'assistance éducative ? Enfin, depuis des années nous réclamons que soit effectué un contrôle efficace des associations et que soit vérifiée la légitimité réelle de certaines d'entre elles.
Compte tenu de ces remarques et de ces questions, nous considérons que les moyens alloués aux services de la protection judiciaire de la jeunesse ne lui permettront pas de faire face à l'ampleur de ses missions. Aussi, la commission des lois a émis un avis défavorable sur l'adoption de ces crédits. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :
Groupe du Rassemblement pour la République, 28 minutes ;
Groupe socialiste, 26 minutes ;
Groupe de l'Union centriste, 20 minutes ;
Groupe des Républicains et Indépendants, 18 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 14 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 14 minutes.
Je vous rappelle qu'en application des décisions de la conférence des présidents, aucune intervention des orateurs des groupes ne doit dépasser 10 minutes.
Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Plasait.
M. Bernard Plasait. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues : « La justice est toujours une question d'équilibre...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. La balance !
M. Bernard Plasait. ... L'équilibre est son concept essentiel, donc absent de tous les codes, civil ou pénal. Essentiel donc implicite. Ou invisible comme le sont les fondations ou fondements ».
C'est par ces mots d'Alain Etchegoyen débute sa description de la justice, dans son dernier livre, Vérité ou Libertés.
La justice aime la vérité et prend les moyens de la rechercher : magistrats, enquêtes, instructions, décision. La justice démocratique aime les libertés et se donne les moyens de les défendre : avocats, procédures, annulations, plaidoiries, etc.
Mais les représentations explicites de la justice évoquent d'autres équilibres. La justice est tellement sensible aux circonstances que ses symboles sont invariables : balance et yeux bandés.
Si la déesse Justitia a les yeux bandés pour exhiber sa neutralité, comme dans la fresque de Lorenzetti sur les murs du palais de Sienne, nous ne pouvons pas, nous, madame la ministre, nous voiler la face.
Aujourd'hui, cet équilibre est rompu. Sur les plateaux de la balance, les libertés ont fait basculer le fléau aux dépens de la sûreté générale.
L'équilibre cède la place au déséquilibre. La justice engendre l'injustice. Le trafiquant de drogue est remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire, avec prière de se présenter le lendemain. Après l'heure, ce n'est plus l'heure ! Les guichets sont fermés, comme à la sécurité sociale. On pourrait multiplier les exemples. Les bavures judiciaires sont de plus en plus fréquentes, au point d'exaspérer les fonctionnaires de police. Leurs efforts, des heures et des heures d'enquêtes sont ruinés par la décision d'un magistrat irresponsable.
Puis, après avoir échappé à la justice, les voyous exécutent froidement des policiers ou des gendarmes.
Dans les quartiers, des mineurs multirécidivistes terrorisent la population, se jouent des forces de l'ordre et trouvent l'attention d'une justice trop souvent compatissante. Les incivilités ont remplacé les délits. Les droits des délinquants l'ont emporté sur la protection des victimes.
En revanche, les foudres de la justice s'abattront sur les honnêtes citoyens dès la première incartade. Et nos concitoyens considèrent désormais, hélas ! que la justice n'est pas juste.
On a longtemps déploré la pauvreté de l'institution judiciaire. Les moyens manquaient. Cette insuffisance était notoire. Elle affectait à la fois les effectifs, les traitements et les moyens matériels.
Force est de constater que, globalement, un effort budgétaire a été fait puisque la part du budget de la justice dans le budget de l'Etat est passée de 1,51 % en 1997 à 1,74 % pour le projet de budget dont nous débattons. C'est indéniable, même s'il faut rappeler que les 30,7 milliards de francs de crédits annoncés pour 2002 sont encore assez loin des 35 milliards de francs que notre éminent collègue M. Hubert Haenel a toujours réclamés comme étant le seul niveau susceptible de permettre au service public de la justice de fonctionner correctement.
Cependant, la question de l'équilibre que j'évoquais ne se réduit pas à des choix budgétaires : elle traverse le fonctionnement de la justice elle-même, quels que soient ses moyens et ses financements. C'est pourquoi, au-delà du montant de l'enveloppe budgétaire, il convient d'apprécier les orientations de la politique que vous conduisez.
La délinquance et la criminalité explosent dans notre pays. La première des causes n'est pas économique, elle est politique ! Les délinquants n'ont plus peur de la police parce qu'ils ne craignent plus la justice. Ils savent bien que la justice est aléatoire, les procédures longues et la sanction incertaine.
Quand une victime va dans un commissariat déposer plainte, pour vol avec violence, par exemple, on lui remet une brochure avec les coordonnées des services et associations qui peuvent lui venir en aide.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Vous avez voté cette disposition !
M. Bernard Plasait. Est-ce vraiment ce qu'attend une victime ? En tout cas, elle n'attend pas seulement cela. Une victime peut d'abord légitimement attendre de n'être pas victime, parce qu'elle a le droit de vivre en sécurité et que c'est le devoir de l'Etat que d'assurer l'effectivité de ce droit. Et si, par cas, elle est victime, c'est aussi le devoir de l'Etat de retrouver les auteurs de l'acte et de les sanctionner.
Seulement, la réalité est tout autre. Les gardes à vue ont diminué de 10 % et les détentions provisoires de 20 % depuis le début de l'année.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Heureusement ! C'est bien ce que nous voulions !
M. Bernard Plasait. Le scandale de l'impunité est un encouragement à la délinquance, notamment chez les jeunes. Ce sentiment d'impunité est maintenant un fait majeur dans notre société française.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. N'en abusez pas !
M. Bernard Plasait. En effet, 84 % des plaintes sont classées sans suite et seulement 5 % des affaires arrivent à la phase du jugement, si bien que, au total, 1 % seulement des affaires font l'objet d'un jugement prononcé.
Le sentiment que le crime paie est le principal encouragement à la délinquance. Les plus jeunes ne s'y trompent pas : ils acquièrent très tôt la certitude de vivre dans un système de punition zéro.
En dix ans, la délinquance a été multipliée par deux, mais il n'y a pas plus de peines prononcées. Aujourd'hui, il est donc deux fois moins dangereux d'être délinquant que voilà dix ans.
Le règne de la justice virtuelle assure le règne des voyous. Mais ce scandale de l'impunité cache un scandale moins connu : la non-exécution des peines. Une étude réalisée par l'Union syndicale des magistrats révèle que les deux tiers des peines de moins de six mois ne seraient pas exécutées.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Je l'ai écrit voilà trois ans !
M. Bernard Plasait. Je vous demanderai, madame la ministre, d'en finir avec un secret, que je ne comprends pas, et de bien vouloir nous fournir le taux, que je n'ai pas réussi à me procurer, de non-exécution des peines de plus de six mois.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Il faudrait aussi parler de l'exécution des amendes ! Là, les données sont connues !
M. Bernard Plasait. Madame la ministre, j'aurais vivement souhaité que votre budget soit en progression beaucoup plus forte. Il faut faire le choix - et c'est un choix libéral - du redéploiement du budget de l'Etat vers ses véritables missions, et notamment celle de la justice qui, je le crois, est le point clé de la remise en marche de la production de sécurité.
On ne peut se priver des moyens de résorber le formidable embouteillage de la justice ; on ne peut se priver des moyens d'appliquer la loi sur la présomption d'innocence en évitant ses fruits vénéneux, ses effets pervers qui paralysent la police.
L'augmentation du budget, c'est le bon chemin, mais il est emprunté à vitesse trop réduite.
La situation est tellement grave que le Gouvernement devrait vraiment, si j'ose dire, « mettre le paquet » pour assurer le retour à un bon fonctionnement de la justice.
Joubert, dans ses Pensées, écrivait : « La justice sans force et la force sans justice : malheurs affreux. » Pour ne pas connaître ces malheurs, il faut une bonne politique appliquée avec une farouche volonté politique. Madame la ministre, la quantité des moyens mis à disposition du fonctionnement de cette justice, c'est la preuve du passage ou non des paroles aux actes. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. le président. La parole est à M. de Rohan.
M. Josselin de Rohan. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, un budget n'est pas seulement l'état prévisionnel des dépenses d'un département ministériel. Il est aussi l'instrument d'une politique dont le ministre définit les objectifs en même temps qu'il dégage les moyens pour les mettre en oeuvre.
Le budget n'est pas seulement une forme d'audit comptable ; il est aussi un audit politique.
Puisque le temps du bilan global de l'action gouvernementale est venu, nous pouvons donc nous prononcer sur celui du Gouvernement dans le domaine de la justice en détaillant son budget.
Madame la garde des sceaux, vous pouvez vous prévaloir d'avoir fait franchir la barre symbolique des 30 milliards de francs, d'avoir obtenu une progression de vos crédits de 5,7 %, soit trois fois plus que l'augmentation du budget général ; vous pouvez également être satisfaite d'avoir permis le doublement de l'unité de valeur des avocats dans le cadre de l'aide juridictionnelle et d'avoir accru le nombre des greffiers ainsi que celui des surveillants de prison ; en outre 320 postes nouveaux de magistrats ont été créés, en application du plan quadriennal décidé par le Premier ministre.
Toutefois, M. le rapporteur spécial note que l'application de la réduction du temps de travail tempère quelque peu les discours volontaristes du Gouvernement. Il évalue à 700 sur 1 221 les emplois destinés à compenser cette mesure et souligne que les personnels travaillent tout de même moins que les 1 600 heures prévues.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Dans l'administration pénitentiaire !
M. Josselin de Rohan. A juste titre, notre collègue Hubert Haenel regrette que l'alourdissement des tâches des magistrats entraîné par les lois nouvelles n'ait pas été précédé d'études d'impact suffisamment précises, objectives et fiables des conséquences pour les personnels desdites lois.
Je poserai deux questions.
Tout d'abord, vous allez recruter 250 magistrats au titre des trois concours d'accès à l'Ecole nationale de la magistrature, dont 125 au titre du concours complémentaire. Est-il exact que, le financement prévu pour ce dernier recrutement étant insuffisant, l'Ecole nationale de la magistrature devra puiser dans son fonds de roulement pour assurer ce financement, ce qui serait manifestement illégal, les fonds de roulement n'étant destinés qu'à financer des charges exceptionnelles ?
Par ailleurs, avez-vous mesuré les conséquences financières de votre décision d'accorder la gratuité de la délivrance de la première copie des pièces pénales ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Oui !
M. Josselin de Rohan. Pour le seul tribunal de grande instance de Paris, cette décision devrait conduire à 10 millions de copies supplémentaires par an, qui exigeront la disponibilité de onze agents nouveaux et l'achat de neuf photocopieurs à haut débit ! Ce n'est donc pas avec les 3 millions de francs inscrits à votre budget que vous pourrez faire face à l'inflation des demandes pour l'ensemble des tribunaux.
Mais je cesse là mes observations sur les moyens pour m'étendre davantage sur les orientations de la politique gouvernementale dans le domaine de la justice.
Ce n'est pas, madame la garde des sceaux, faire preuve d'esprit politicien au quotidien que de constater le grave divorce qui s'est instauré dans notre pays entre le justiciable et la justice, ou le mécontentement latent ou éclatant des magistrats à l'égard de l'institution judiciaire. C'est avec consternation que ceux qui, comme moi, ont servi cette dernière de leur mieux pendant des années voient l'Etat, assailli tous les jours de revendications contradictoires, perdre sa crédibilité, son autorité et bientôt contester sa légitimité. Et quand les citoyens doutent de leur justice, c'est l'Etat qui est malade.
Les justiciables perdent confiance en la justice parce que, devant une montée irrépressible de la délinquance et de l'insécurité, ils ont le sentiment que les infractions ne sont pas punies ou ne le sont pas à leur juste mesure. Ils ne comprennent pas que leurs plaintes ne soient pas accueillies ou qu'on ne leur donne aucune suite, que certains crimes ne soient jamais élucidés, que des criminels notoires ou des trafiquants pris en flagrant délit soient relâchés en vertu de procédures aussi ésotériques que complexes. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Vous avez signé, le 9 mai de cette année, une circulaire demandant aux préfets et aux procureurs généraux d'informer la population sur les sanctions que décident les juges. Il est à craindre que cette incitation ne reste qu'un voeu pieux car, à ce jour, les maires sont toujours laissés dans l'ignorance de la suite donnée aux actes délictueux commis dans leur commune.
Je tiens à votre disposition, madame la garde des sceaux, une lettre d'un juge d'application des peines à un maire du Morbihan qui l'avertissait du danger potentiel que représentait l'un de ses administrés et lui demandait de prendre des mesures. Ce magistrat a répondu avec hauteur au maire de bien vouloir se mêler de ses affaires et de le laisser agir. Huit jours plus tard, le multirécidiviste était incarcéré pour coups et blessures sur la voie publique, sous emprise de la drogue.
Quel crédit les citoyens peuvent-ils accorder à des magistrats qui appellent ouvertement à violer une loi votée par le Parlement au motif qu'elle contient des dispositions avec lesquelles ils sont en désaccord, ou qui publient dans un petit fascicule les moyens de s'opposer à la police ?
Quelles sanctions disciplinaires sont-elles envisagées pour rappeler au plus élémentaire de leurs devoirs ces serviteurs indignes ? (M. Dreyfus-Schmidt s'exclame.)
M. Jacques Oudin. Aucune !
M. Josselin de Rohan. Quels respect peut avoir le justiciable ordinaire pour les juges lorsqu'il voit qu'un provocateur, doublé d'un imprécateur, peut injurier les plus hauts magistrats de ce pays ou les plus hautes juridictions sans que des poursuites soient engagées contre lui ? (M. Oudin acquiesce.) L'un de ces hauts magistrats a été conduit à la démission ; l'autre, avec dignité, n'a sollicité aucun appui ; il n'avait d'ailleurs pas à le faire, mais il aurait dû en bénéficier sans même avoir besoin de le demander !
Le secret de l'instruction, le non-respect de la présomption d'innocence sont quotidiennement bafoués. Je suis de ceux qui pensent que, contrairement à ses détracteurs, la loi sur la présomption d'innocence constitue un progrès ...
M. Jean-Jacques Hyest. Très bien !
M. Josselin de Rohan. ... qui devrait garantir les droits et la dignité des personnes, même si certaines dispositions doivent être revues afin d'éviter que les délinquants ne bénéficient de protections abusives.
Encore faut-il que les magistrats et les policiers disposent des moyens en personnels et en matériels nécessaires pour faire face aux charges très lourdes qu'entraîne l'application de la loi. Il semble bien que cet aspect du problème n'ait pas été suffisamment pris en considération.
S'agissant des magistrats, j'ai lu dans votre livre Etre juste, justement quelques affirmations qui me paraissent appeler des observations.
Au passage, je tiens à vous faire mes compliments pour avoir eu le temps d'écrire un ouvrage alors que vous assumez de lourdes tâches. Pour avoir été, voilà fort longtemps, le modeste collaborateur d'un garde des sceaux, je ne pensais pas que l'on pût, dans cet emploi, avoir la disponibilité nécessaire pour l'écriture,...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Jaloux !
M. Josselin de Rohan. ... mais sans doute avais-je des préjugés !
Vous n'entendez pas, dites-vous, donner des instructions aux procureurs pour les affaires individuelles. Soit ! Mais vous ne nous dites pas comment éviter la parcellisation et donc l'absence d'unité de la politique pénale. Certes, vous adressez des circulaires aux parquets pour leur rappeler quelques principes généraux, ou vous souhaitez que, dans le ressort d'une cour d'appel, les procureurs généraux puissent discuter de la politique pénale avec les procureurs ou avec les substituts.
Mais quelle garantie aura le justiciable qu'un crime ou un délit sera qualifié de la même manière à Rennes et à Lille ? Y aura-t-il, un jour, de bonnes ou de mauvaises cours où l'on aurait ou non intérêt à se faire juger ?
D'ailleurs, la conférence des procureurs généraux vous a demandé, si mes informations sont exactes, que des instructions individuelles soient données au parquet. Quelle suite avez-vous donné à cette demande ? (M. Dreyfus-Schmidt s'exclame.)
A plusieurs reprises, vous m'avez indiqué que les réformes de la justice attendues par les citoyens avaient été bloquées par la décision du Président de la République de ne pas convoquer le Congrès pour procéder à la réforme du Conseil supérieur de la magistrature. Mais le Chef de l'Etat, sachant que cette réforme n'obtiendrait pas les trois-cinquièmes des voix nécessaires à son adoption, a tout simplement voulu éviter l'échec du Congrès ; et vous savez très bien que la rupture du lien entre le parquet et l'exécutif rencontre une forte hostilité qui ne se limite pas à l'opposition. Je ne vois donc pas du tout le lien que vous avez pu opérer entre une réforme qui n'a pas vu le jour parce qu'on ne voulait pas convoquer le Congrès et toutes les autres réformes qui attendent. Il n'y a absolument aucun lien entre tous ces points !
M. Jacques Oudin. Très bien !
M. Josselin de Rohan. Vous avez provoqué au ministère de la justice des réunions que vous avez baptisées « Entretiens de Vendôme ». Quelles suites concrètes ont-elles été données à ces colloques ? A quels projets donneront-ils le jour ?
Enfin, il ne faut à mon avis pas confondre, d'une part, l'indépendance des juges, fondement même de la démocratie et de la justice, indépendance qui interdit toute immixtion de l'exécutif dans l'instruction, le déroulement des procès et la reddition des arrêts, et, d'autre part, la bonne administration de la justice, dont l'exécutif demeure le garant.
Le ministre de la justice n'a pas pour seule mission de fournir à la justice les moyens en personnel, les bâtiments et les matériels dont il a besoin ; il doit aussi veiller au respect des règles du droit. Et, lorsque le principe hiérarchique est délibérément transgressé par un magistrat du parquet, la Chancellerie ne peut demeurer muette. Madame le garde des sceaux, on ne gouverne pas d'un balcon !
Nous savons bien que la justice n'est pas intemporelle, et qu'elle doit s'accommoder de la société et de l'époque dans laquelle elle s'exerce. Elle est d'autant moins désincarnée qu'elle est l'ouvrage des hommes et qu'elle doit affronter leurs passions et leurs faiblesse. « La droite, nous dites-vous, doit admettre une vérité d'évidence : la violence de notre société nous interpelle tous. » Eh bien ! la gauche devrait admettre une vérité non moins évidente : la loi ne doit pas céder à la violence !
M. Jacques Oudin. Très bien !
M. Josselin de Rohan. Vous avez fait une découverte très intéressante sur le plan sociologique, à laquelle - il faut en convenir - nul n'avait pensé avant vous : l'organisation de la criminalité répondrait - je n'invente rien - aux principes défendus par l'ultralibéralisme politique.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Oui !
M. Josselin de Rohan. Jean-Baptiste Say serait donc en quelque sorte l'inspirateur de Pierrot le Fou et, peut-être, l'économiste Denis Kessler celui des voyous des banlieues ! Je ne sais pas si c'est très sérieux. J'ai, à dessein d'ailleurs, escamoté le nom d'un collègue que vous avez épinglé dans votre livre comme étant un ultralibéral. Et il faudrait d'ailleurs que vous nous expliquiez un jour ce qu'est l'ultralibéralisme, car je n'ai pas encore très bien compris quelle était la définition de cette abominable doctrine.
En vérité, il faut comprendre que l'urgence doit nous conduire à privilégier aujourd'hui, dans ce pays, la lutte contre la délinquance. Et changeons tout d'abord de vocabulaire : il y a non pas un sentiment d'insécurité, mais l'insécurité ; pas d'incivilités, mais des infractions ; pas de sauvageons, mais des délinquants ; pas de drogues douces ou dures, mais des stupéfiants aux effets dévastateurs.
Faisons évoluer les mentalités en favorisant une approche pluridisciplinaire - justice, police, éducation nationale - de la prévention de la délinquance. Ciblons en priorité l'action sur les trafiquants de stupéfiants, en nous attaquant d'abord aux adultes et en visant tous les types de trafics, dans les zones de non-droit.
Mme Nicole Borvo. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ?
M. Josselin de Rohan. Recourons plus fréquemment au jugement des affaires pénales en comparution immédiate. Organisons des petites unités judiciaires et policières composées de personnels compétents et motivés, proches du terrain et chargés de traquer les délinquants professionnel. Redéployons les moyens en personnels existants, souvent utilisés à contre-emploi.
Seule une justice qui rassure est une justice admise et comprise par nos concitoyens. Nous ne sommes pas, madame la garde des sceaux, en proie à l'obsession sécuritaire si longtemps dénoncée par vos amis. Mais nous nous souvenons que la sûreté figure au tout premier rang des principes que voulait garantir la Déclaration des droits de l'homme de 1789. Refuser de prendre en compte cette formidable aspiration nous conduirait à des déchirements que nous ne soupçonnons pas.
« Le poisson pourrit par la tête », disait Mao Tsé-Toung, une référence qui ne devrait pas vous choquer.
Le malaise de la justice n'est qu'un symptôme de la dégradation de l'Etat. Redonner à nos compatriotes confiance en l'Etat, en la justice et en la loi, voilà l'urgence. Adapter aux réalités de notre temps notre système judiciaire, voilà un impératif. Pour y parvenir, il faudra une autre direction, une autre impulsion et une autre majorité ! (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, l'actualité de ces dernières semaines a placé au centre du débat politique les problèmes de sécurité. Ce n'est pas nouveau, car nos concitoyens ont toujours le sentiment que la société est mal protégée contre l'insécurité ; et il est difficile de leur faire comprendre que seules 13,7 % des affaires, si l'on se réfère aux statistiques du ministère de la justice, font l'objet de poursuites.
Cela doit bien entendu être nuancé car, si, sur les 1 300 000 affaires poursuivables, près du quart font l'objet de procédures alternatives aux poursuites, ce dont on ne peut que se réjouir même si c'est sans doute encore insuffisant, on peut s'interroger sur le tiers des dossiers classés sans suite. Et, bien entendu, les affaires allant à l'instruction sont presque résiduelles...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Bien sûr !
M. Jean-Jacques Hyest. ... puisque leur nombre constitue une très faible part - 6 % je crois - des affaires soumises par les parquets.
Dans ces conditions, les forces de sécurité, chargées d'une mission de plus en plus difficile face à une délinquance souvent violente, ont le sentiment de ne pas être entendues par une justice lointaine et de travailler en pure perte, parfois au péril de leur vie.
Et ce ne sont pas les protestations véhémentes, excessives d'une organisation professionnelle de magistrats qui sera de nature à calmer l'exaspération des forces de l'ordre.
Dans ces conditions, toute « bavure » judiciaire prend des proportions considérables, et il faut être sourd pour ne pas avoir vu monter l'exaspération des policiers, puis des gendarmes, à laquelle s'ajoute, bien entendu, ce que l'on pourrait appeler « l'effet 35 heures ».
Justice pauvre, pauvre justice, pourrait-on dire, même s'il est vrai que, depuis deux ans, les effectifs de magistrats ont progressé d'une manière sensible comme ceux de greffiers, d'ailleurs. Au demeurant, selon les rapporteurs, le taux de vacances dans cette catégorie serait encore trop important.
Avec une progression de 5,68 %, le budget de la justice paraît donc prioritaire, bien qu'il ne représente que 1,74 % du budget de l'Etat. Mais, il y a vingt ans il n'en représentait que 1 %.
Il faut noter toutefois que les dépenses en capital, les crédits de paiement diminuent de 6,93 % et les autorisations de programme de 13,7 %. C'est une difficulté que vous aurez à résoudre, madame.
Peut-on en conclure à une amélioration sensible du traitement des dossiers en matière tant de délais que de réponse judiciaire à la délinquance ?
Hélas non, sauf à la Cour de cassation et dans certaines cours d'appel, car toute augmentation d'effectifs est largement obérée par les réformes engagées sans que les moyens nécessaires aient été prévus.
C'est, bien entendu, le cas de la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes, qui, outre la surcharge de travail qu'elle a engendrée, a posé aux petites juridictions, notamment outre-mer, des difficultés d'organisation pratiquement insurmontables. La preuve en est que 237 postes de magistrats ont été créés au budget de 2001 pour la mise en oeuvre de cette réforme et 80 postes supplémentaires dans le projet de budget pour 2002.
A ce sujet, madame le garde des sceaux, je tiens à vous dire que nous ne pouvons que regretter le quasi-abandon, si l'on en croit la presse, de la réforme de la carte judiciaire, que nous demandons tous depuis très longtemps. Certes, il ne s'agit pas seulement de la réforme de la carte des tribunaux de commerce, même si celle-ci paraît plus urgente. Mais, s'agissant des autres tribunaux, la réforme sera encore très coûteuse en magistrats, et sans doute peut-elle encore attendre.
Quant à l'application de la réduction du temps de travail, elle risque d'absorber une grande partie des créations d'emplois prévues - certains l'évalue à la moitié des postes créés. Comment pouvait-on penser qu'il était possible de passer aux 35 heures sans création d'emplois, tout en améliorant le service public de la justice ? Cela est vrai pour votre ministère comme pour tout autre.
Autre sujet de préoccupation, bien entendu : « l'incapacité chronique » - j'emploie les termes du rapporteur spécial de l'Assemblée nationale - du ministère de la justice à consommer ses crédits d'équipement. Souhaitons que la mise en place de l'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice permette de redresser une situation catastrophique, particulièrement dans le secteur pénitentiaire. A ce sujet je rappellerai, une nouvelle fois, que nous avions demandé que les travaux du secteur pénitentiaire soient pris en charge par une agence composée de spécialistes. Les services de la chancellerie ne sont pas nécessairement les plus compétents pour ce faire.
Avant d'aborder brièvement le budget de l'administration pénitentiaire et de la protection judiciaire de la jeunesse, je ne peux éluder les prises de position de certains magistrats contestant ouvertement la loi, appelant les membres de leur organisation à écarter l'application de celles qu'ils jugent inconstitutionnelles et attaquant tous azimuts le garde des sceaux, les policiers et, bien entendu, le législateur.
Quelle réaction opposer à ces propos, comme à ceux qui dénoncent la loi du 15 juin 2000 ?
A cet égard, même si quelques simplifications et améliorations de procédures demeurent possibles, est-il convenable que certains de ceux qui ont voté la loi remettent en question l'appel des cours d'assises ou le fait que la détention provisoire ne soit plus décidée par le juge d'instruction ? Pour ma part, je pense que c'est un progrès. Le législateur avait tenté par trois fois de mettre en oeuvre une telle réforme. Il y avait renoncé par manque de moyens. Elle est finalement mise en application, mais il faut que les moyens suivent.
C'est un progrès également que la détention provisoire demeure l'exception. Elle était souvent utilisée à des fins qui n'étaient pas forcément évidentes. Mais, parallèlement, il ne faudrait pas relâcher trop vite ceux qui mériteraient vraiment d'être placés en détention provisoire.
Certaines décisions, par leur caractère pour le moins surprenant - c'est un euphémisme - nous inciteraient presque à penser que l'on cherche à caricaturer la loi, si ce n'est à la saboter, avec les conséquences que l'on sait.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Ce n'est pas impossible !
M. Jean-Jacques Hyest. Ou alors voudrait-on, comme certains hauts magistrats le pensent, envisager la dernière étape de cette révision déchirante de la procédure pénale que serait la suppression du juge d'instruction, pour en venir enfin à la procédure accusatoire préconisée par certains depuis de nombreuses années ?
S'agissant de la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse, je ne puis que partager l'avis de mon collègue Patrice Gélard sur la nécessité de prendre les moyens indispensables de nature à permettre la mise en oeuvre effective des mesures répondant à la « commande judiciaire ». Parce que l'on n'a pas pu prendre les mesures à temps, beaucoup trop de jeunes, souvent, hélas, multirécidivistes, sont encore incarcérés. Il serait temps, comme nous l'avons fait pour les prisons, qu'une mise à plat des moyens de la justice des mineurs soit réalisée. Le Sénat, à mon avis, est le mieux placé pour procéder à cette enquête approfondie.
Quant à l'administration pénitentiaire, je crains, comme le rapporteur pour avis de la commission des lois, qu'une « opportunité rare de faire évoluer une administration marquée par de fortes pesanteurs n'ait pas été saisie ».
Je ne reviendrai pas sur les rapports des commissions d'enquête des deux assemblées ni sur la proposition de loi votée à l'unanimité par le Sénat sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires. Mais, soyez-en sûre, nous suivrons avec attention le cheminement de l'avant-projet qui, au-delà de la modernisation de l'administration pénitentiaire, s'attachera à définir le sens de la peine. Il contient des pistes intéressantes, mais pourquoi attendre pour régler les problèmes urgents de nature purement réglementaire ou même organisationnels ? Je pense au Centre national d'orientation, au travail en prison, à un certain nombre d'autres améliorations qui pourraient être engagées sans texte.
Ne revenons pas sur les retards dans la mise en oeuvre du vaste programme de rénovation et de reconstruction de notre parc pénitentiaire, qui n'a guère été traduit dans les faits jusqu'à aujourd'hui, ni sur l'absorption des augmentations d'effectifs, pourtant non négligeables, qui - attendons la suite - ne manquera pas d'avoir lieu en application de l'aménagement et de la réduction du temps de travail.
Nous connaissons très bien le phénomène des réactions en chaîne : quand une catégorie chargée de la sécurité obtient des avantages, évidemment toutes les autres catégories en réclament, cela peut être sans fin.
Je crois qu'en votant les 35 heures on a lancé une bombe dont les effets se mesureront à très long terme.
C'est pourquoi, tout en notant les efforts faits dans le budget pour 2002 et en saluant, madame la garde des sceaux, la manière dont vous assumez une fonction très difficile, en ayant de surcroît à mettre en oeuvre des réformes mal préparées, nous ne pouvons que regretter l'insuffisance des moyens. Pour faire face à la montée du contentieux, à une croissance de la délinquance, notamment à celle des mineurs, ces moyens et les méthodes adoptées ne sont toujours pas à la hauteur de nos ambitions et des besoins.
A quand une véritable priorité accordée à cette mission fondamentale dans un Etat de droit qu'est la justice ? Ce n'est pas encore pour maintenant, et je le regrette profondément. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, je déplore d'avoir à intervenir sur le budget de la justice dans le climat actuel particulièrement malsain.
Je suis atterrée, en effet, de la montée en puissance des discours haineux, qu'on peut lire dans la presse ou entendre lors des questions d'actualité au Gouvernement, ainsi que de l'exploitation de cas individuels pour stigmatiser un prétendu laxisme des juges, devenus boucs émissaires commodes d'une campagne électorale démagogique, et faire se dresser les uns contre les autres magistrats, policiers, avocats et hommes politiques.
Certains jouent avec le feu en attisant les légitimes inquiétudes de nos concitoyens. C'est un jeu dangereux alors que la lutte contre l'insécurité exige, au contraire, une mobilisation générale en coopération avec tous les acteurs qui ont vocation à travailler ensemble.
La polémique actuelle autour de la loi renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes n'est pas encourageante. Pour ma part, j'assume totalement mon rôle de législateur et, s'il le fallait, mes collègues et moi-même voterions à nouveau la loi aujourd'hui. Nous continuons de penser en effet que ce n'est pas dans la régression des droits et libertés que l'on progresse dans la voie de la sécurité.
Je veux également me rappeler que, à l'issue de la commission mixte paritaire sur le projet de loi, nous ressentions sur l'ensemble de ces travées, je crois, la satisfaction que donne le sentiment d'un travail en commun bien fait. Le Sénat s'en félicitait d'autant plus qu'il avait largement contribué à faire de ce texte un texte ambitieux : en effet, c'est à notre assemblée que nous devons l'appel des décisions de cour d'assises ou la juridictionnalisation de l'application des peines.
C'est pourquoi je suis profondément attristée de voir exploiter des événements tragiques aux fins de remise en cause d'une loi qui, il faut le rappeler, a permis d'aligner la procédure pénale française sur les standards européens en matière de garanties et de droits et libertés individuelles. N'oublions pas que la France avait été condamnée plusieurs fois par la Cour européenne des droits de l'homme sur le délai raisonnable.
M. Claude Estier. Très bien !
Mme Nicole Borvo. Que certaines dispositions nécessitent une adaptation, c'est possible. Je pense, en particulier, à la procédure d'appel des décisions de cour d'assises : peut-être, en l'occurrence, conviendrait-il de prévoir un procès-verbal des débats ? De même, la possibilité pour le parquet de faire appel de l'acquittement semble devoir s'imposer à terme. Nous ne sommes pas non plus hostiles à la possibilité de regroupement des locaux de garde à vue, comme cela se fait actuellement dans certaines villes.
On sent bien, dans les critiques actuelles, un affichage symbolique « pro-sécuritaire », qui ne sert pas, contrairement à ce qu'on veut bien dire, la cause des policiers puisqu'elles focalisent l'attention sur des aspects procéduraux au lieu de mettre en évidence la pénurie patente de moyens de la police, notamment en matière d'enquête.
Doit-on alors interpréter ces réactions comme une résistance culturelle de notre pays, comme un manque de volonté politique ? Car, au-delà de dysfonctionnements, dont certains n'ont pas grand-chose à voir avec la loi du 15 juin, il est dans la logique de renforcement de la présomption d'innocence, telle que nous l'avons voulue, que des personnes poursuivies pour la participation vraisemblable à une infraction ne soient pas incarcérées avant d'être jugées et qu'elles regagnent leur domicile ou leurs quartiers à l'issue de la garde à vue ou sur décision d'un magistrat.
C'est pourquoi, madame la ministre, nous approuvons totalement votre fermeté à l'égard de l'application de la loi.
L'idée d'évaluation nous laisse d'ailleurs perplexes s'agissant d'une loi entrée en application, pour partie il y a un an, pour l'autre il y a à peine six mois, et pour laquelle il existe déjà un comité de suivi. Nous déplorons, à cet égard, de ne pas disposer de statistiques précises sur la mise en oeuvre de la loi, ce qui pose, de nouveau, la question d'un outil statistique fiable au sein du ministère de la justice.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. C'est vrai !
Mme Nicole Borvo. Je refuse en tout cas de me livrer au jeu qui consiste à offrir à la vindicte populaire des magistrats qui font, pour la majorité d'entre eux, preuve d'un sens professionnel aigu, et je remercie M. le Premier ministre de l'avoir rappelé la semaine dernière.
Il est surtout déplorable que cette polémique stérile occulte les défis très importants auxquels l'institution judiciaire doit faire face.
Il est essentiel de s'interroger, en effet, sur le rapport du citoyen à la justice, qui n'est pas bon, il faut bien le dire.
En dehors de l'effet produit par les affaires - comment passer le sujet sous silence ? - il faut relever l'indifférence inquiétante qui s'est manifestée à l'occasion des entretiens de Vendôme, au cours desquels l'association des citoyens à la réflexion sur la réforme de la justice a été, aux dires du rapporteur lui-même, un échec. De même, l'enquête de satisfaction réalisée auprès des usagers de la justice, en mai 2001, montre que, si leur rapport de confiance dans la justice paraît plutôt positif, le regard que 57 % d'entre eux portent sur son fonctionnement est négatif.
Cette mauvaise appréciation tient notamment aux délais de jugement, qui sont encore beaucoup trop longs, spécialement en matière civile, matière trop souvent oubliée de nos débats : ils sont encore de 8,9 mois en moyenne, mais de 10,2 mois devant les conseils de prud'hommes et de 18,4 mois devant les juridictions commerciales. Parallèlement, le stock d'affaires en instance continue d'augmenter.
Une réforme d'ensemble de la structure s'avère donc toujours aussi indispensable, et c'est en ces termes qu'il convient de poser la question des moyens de la justice : non, ce n'est pas la loi relative à la présomption d'innocence qui crée des problèmes dans les tribunaux ; c'est la pénurie endémique de moyens qui rend difficile le fonctionnement de l'appareil judiciaire dans son ensemble, rendu plus complexe par le vote de cette loi. Cela correspond d'ailleurs aux craintes que j'avais exprimées lors de la précédente discussion budgétaire.
Il faut souligner que ce gouvernement est certainement le premier à avoir pris la mesure de l'enjeu en augmentant considérablement le budget de la justice, qui a fonctionné à moyens constants pendant de trop nombreuses années : pour 2002, il est en augmentation de 5,7 %, ce qui porte la hausse cumulée depuis 1997 à 29 % ! En termes de personnels, ce sont 7 300 emplois qui ont été créés en cinq ans, dont 2 792 pour cette année.
La justice est donc devenue une véritable priorité du Gouvernement même si elle ne représente toujours qu'une faible part du budget de la nation : un petit 1,75 %.
Il convient donc de s'interroger sur le projet de justice au service duquel doit se reconstruire l'institution elle-même. C'était l'objectif de ces « entretiens de Vendôme », madame la ministre, une initiative dont on peut regretter qu'elle n'ait pas été suffisamment soutenue.
A l'heure où la justice devient le principal régulateur social, à travers une judiciarisation massive à laquelle, nous, législateur, nous empressons malheureusement souvent de contribuer, la réforme de la justice doit, me semble-t-il, être pensée dans le cadre plus général d'une réflexion sur le rôle des institutions politiques et sociales.
La justice de proximité est un défi de taille, auquel a commencé à s'attaquer le Gouvernement. Nous ne pouvons que déplorer, de ce point de vue, le retard pris dans le développement des maisons de justice et du droit, présentes dans seulement une moitié des départements.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. C'est vrai !
Mme Nicole Borvo. Nous devons également regretter, dans le même ordre d'idées, que la carte judiciaire soit aujourd'hui définitivement enterrée et nous aimerions obtenir des éclaircissements sur ce sujet, madame la ministre.
C'est sur l'ensemble de ces questions que notre société doit s'interroger pour déterminer la part de richesse qu'elle entend consacrer à la justice.
Vous me permettrez de m'attarder un instant, avant de conclure, sur les moyens de la protection judiciaire de la jeunesse, dans un contexte où certains préfèrent l'affichage médiatique de la modification, dans un sens répressif, de l'ordonnance de 1945.
A plusieurs reprises nous avons dit que la réponse à la délinquance des mineurs résidait certainement moins dans le renforcement d'un arsenal juridique déjà substantiel que dans l'octroi de moyens suffisants pour une application effective des dispositions existantes. Les sénateurs communistes avaient, dans cette perspective, accueilli favorablement la demande de constitution d'une commission d'enquête par la majorité sénatoriale, qui n'a pas été suivie d'effet.
Je dois vous dire, madame la ministre, que le groupe des sénateurs communistes républicains et citoyens ne peut se satisfaire d'un budget en stagnation pour la protection judiciaire de la jeunesse, alors que l'importance de l'enjeu nécessiterait, au contraire, un effort tout particulier.
On connaît notamment le manque patent d'éducateurs spécialisés - le rapport Lazergues-Balduyck l'a suffisamment évoqué - et ce ne sont pas les 295 postes créés cette année, contre 380 l'an dernier, ni le recours au personnel précaire qui permettront d'arranger les choses.
On sait également les difficultés que soulève le recrutement de personnels pour les centres d'éducation renforcés ou les centres de placement immédiat. La réalisation de ces centres prend d'ailleurs du retard, notamment en raison des fortes résistances de certains élus locaux. La revalorisation statutaire insuffisante et les problèmes inhérents à la mise en place de la réduction du temps de travail ne contribuent pas non plus à remotiver des personnels très éprouvés. Nous tirons ici une sonnette d'alarme : j'espère que le Gouvernement l'entendra.
Malgré ces réserves, nous voterons les crédits de la justice pour 2002 parce que nous avons à coeur, madame la ministre, de vous soutenir dans votre tâche. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Badinter.
M. Robert Badinter. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, j'ai souvent l'occasion d'intervenir à propos de notre justice, ici et dans d'autres enceintes. Aujourd'hui, c'est évidemment à propos du budget que je formulerai quelques observations.
Vous me permettrez d'évoquer d'abord un souvenir. Alors que je venais d'être nommé garde des sceaux, un grand expert en matière ministérielle, M. Marcellin, qui n'était pas vraiment de ma sensibilité politique, m'aborda dans un couloir de l'Assemblée nationale et me dit en substance : « Souvenez-vous d'une chose, au Gouvernement, ce qui compte d'abord, c'est le budget. Le reste, vous le constaterez vous-même, est secondaire. »
Je tiens donc à saluer l'effort considérable qui a été consenti pendant cette législature par le Gouvernement et la majorité pour accroître dans de très notables proportions le budget de la justice. (M. Badinter montre un document.) Voici le graphique : il est éloquent.
De 1997 à 2002, c'est une progression de près de 30 % qui a été enregistrée par le budget de la justice. Pour avoir vu, en cinq ans, mon budget ne croître que de 13,4 %, je ne peux, madame la ministre, que vous féliciter ! (Sourires.)
J'en viens au contenu de ce budget. Sur tous les fronts, nous assistons à des progrès sensibles.
S'agissant d'abord des emplois, ce projet de budget fait apparaître un total de 2 792 créations - contre 1 550 en 2001 -, dont 845 dans les juridictions judiciaires et 86 dans les juridictions administratives.
Qu'en est-il par catégories ? On compte 320 nouveaux postes de magistrat - chiffre considérable ! - dans l'ordre judiciaire et 40 dans l'ordre administratif, ainsi que 510 nouveaux postes de greffier en chef et de greffier, contre 218 en 2001.
Je rappellerai simplement, s'agissant des greffiers, sans lesquels la justice ne peut bien fonctionner, qu'en 1996 et 1997 on avait gelé le recrutement et, de ce fait, empêché le remplacement de 200 greffiers partis à la retraite : mesure désastreuse s'il en fut, que j'avais à l'époque critiquée.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. C'était effectivement une erreur !
M. Robert Badinter. Pour ce qui est de la condition des magistrats, une autre grande loi a été également votée au mois de juin de cette année, que l'on oublie trop souvent mais dont M. Haenel se souvient parfaitement.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. En effet !
M. Robert Badinter. Il s'agit, bien sûr, de l'excellente loi du 25 juin 2001, qui organise un « repyramidage » du corps, avec une ascension très importante, puisque le hors-hiérarchie est passé de 5 % à 10 % des effectifs et que le premier grade est passé de 37 % à 60 %, avec toutes les conséquences indiciaires que cela comporte. Il faut quand même le dire au milieu du tumulte général ! Cela étant, il faudrait vraiment qu'intervienne la publication des décrets afin que l'ensemble de la réforme entre en vigueur sans difficulté. Il reste que l'avancée est considérable.
S'agissant du recrutement des magistrats et de leur formation, nous sommes sensibles, madame la ministre, à l'intérêt que vous portez à l'Ecole nationale de la magistrature. Je suis particulièrement heureux de constater que 280 places sont aujourd'hui prévues au concours. En cinq ans, l'effectif des promotions aura doublé. Je n'aurais jamais osé l'espérer !
Je relève également la création de six postes de maître de conférence et celle de plusieurs postes administratifs pour l'Ecole nationale de la magistrature.
Sur le recrutement complémentaire, je n'insisterai pas : je sais parfaitement les problèmes que pose une tendance légèrement malthusienne qui sévit à l'intérieur du corps contrôlant la commission d'intégration.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. C'est sûr ! Et le garde des sceaux n'y est pour rien !
M. Robert Badinter. C'est là un problème quasiment culturel, que l'on constate de garde des sceaux en garde des sceaux et auquel il sera très difficile de remédier tant que les appréciations n'auront pas changé quant à l'utilité du recrutement latéral.
Je l'ai dit, concernant les greffiers, des progrès très importants ont été et sont accomplis. Ainsi, aujourd'hui, le taux de vacance des postes de fonctionnaire est aussi bas qu'on peut le concevoir dans la fonction publique : il est de 1,9 % ; il paraît pratiquement impossible de faire mieux.
Evidemment, il n'en va pas tout à fait de même pour les magistrats : il faut le temps de les former. Or nous sommes actuellement dans un creux.
J'en arrive aux clameurs que suscite actuellement la loi sur la présomption d'innocence. Notre collègue Mme Borvo a tenu sur ce point d'excellents propos, que j'approuve sans réserve : il est hors de question, à nos yeux, de revenir sur cette loi,...
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Il faut l'ajuster !
M. Robert Badinter. ... sauf pour l'améliorer, pour corriger les défauts qui n'étaient pas prévisibles mais que l'usage révélera. Il en va ainsi pour toute grande loi de procédure qui entre en application. Cela veut dire, en clair, qu'il faut un délai d'au moins deux ans pour pouvoir, avec précision, remédier aux inévitables dysfonctionnements qui auront été constatés. Mais il est impossible de revenir en arrière.
Je rappelle que des moyens considérables ont déjà été mobilisés en vue de la mise en oeuvre de cette loi.
Je rappelle aussi que cette loi a été voulue, à l'origine, par le Président de la République, que le Gouvernement a mis au point un texte et que la totalité des groupes parlementaires des deux assemblées ont apporté leur contribution.
Je rappelle encore que le processus parlementaire s'est terminé par une commission mixte paritaire dont les travaux ont abouti et que le texte a été considérablement enrichi dans le domaine même qui était visé par l'intitulé de la loi : renforcer les garanties de la présomption d'innocence. Il était temps, d'ailleurs, qu'une telle loi fût votée en France au regard de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme.
En ce qui concerne le coeur du domaine judiciaire, à savoir le service au justiciable, je relève également des améliorations très importantes. Mme Borvo a évoqué les maisons du droit et de la justice. Leur développement est très significatif : on en compte neuf nouvelles ; on va aussi vite que possible dans ce domaine.
En matière d'aide juridictionnelle, question si sensible pour les justiciables les plus défavorisés, on enregistre une augmentation substantielle - de 18 % - des crédits.
S'agissant des avocats, bien sûr, il y a eu l'agitation de l'automne dernier. Mais ainsi sont les avocats : effervescents par nature ! Les accords du 18 décembre 2000 ont été entérinés par le décret du 17 janvier 2001, avec une revalorisation très importante des barèmes.
Les travaux de la commission Bouchet sont arrivés à leur terme. Il vous appartiendra, madame le garde des sceaux, d'en tirer les conséquences nécessaires, car nombre de ses propositions méritent d'être retenues.
En examinant les chiffres qui retracent la vie de cette institution, dont je suis maintenant un vieux routier, j'ai été frappé par un indice très important, à savoir la durée des procédures. J'ai relevé - je ne peux pas dire « pour la première fois depuis très longtemps », car ce ne serait pas tout à fait exact -, au titre des années 2000 et 2001, un raccourcissement des délais en ce qui concerne les tribunaux de grande instance, les conseils de prud'hommes et les tribunaux d'instance : la courbe s'est inversée ! Ce n'est malheureusement pas encore le cas dans les cours d'appel, mais on peut attendre une amélioration du renforcement des effectifs, même s'il y a aussi, probablement, une question de méthode.
Au terme de cet inventaire, sans aller jusqu'à crier « Alléluia ! », je tiens à vous rendre un hommage particulier, madame le garde des sceaux, car vous avez été appelée à ces fonctions dans une situation difficile, au moment de la mise en oeuvre de nouvelles dispositions qui engendraient des tensions. Vous y avez fait face avec beaucoup de sérénité, de courtoisie et avec la fermeté nécessaire pour atteindre les objectifs que vous vous étiez assignés.
Je rendrai un hommage plus général à ce qui a été réalisé au cours de cette législature, non seulement sous l'impulsion de votre prédécesseur, madame Guigou, mais aussi avec le concours de la majorité.
Je ne dis pas que tout va pour le mieux dans notre justice, mais, me rendant fréquemment à l'étranger, car je participe autant que je le peux aux efforts de coopération juridique et judiciaire de la France à l'étranger, je suis en mesure d'affirmer que nous n'avons pas à en rougir. Les justices des démocraties voisines traversent des difficultés : l'Italie... je n'ai pas besoin d'insister ; nos amis espagnols entreprennent une très grande réforme qui était nécessaire ; quant à la « Rolls-Royce » des Britanniques, elle est, hélas ! bien souvent en panne... Et je pourrais citer d'autres exemples.
La justice française, grâce à ses magistrats, à ses fonctionnaires, aux avocats et peut-être aussi - cela arrive ! - au garde des sceaux, fait encore très bonne figure. Je tenais à le rappeler. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à Mme Olin.
Mme Nelly Olin. Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, les crédits affectés au ministère de la justice, même s'ils sont en augmentation, demeurent insuffisants.
Il est clair qu'ils ne pourront en aucun cas faire face aux nombreux dysfonctionnements de notre système judiciaire.
Nos concitoyens ne croient plus en la justice et hélas ! des événements récents pourraient leur donner raison.
Manque de moyens, manque de magistrats et de fonctionnaires, nombreuses affaires classées sans suite prouvent que notre justice est en panne.
Alors qu'aujourd'hui, dans nos villes et nos banlieues, l'insécurité affiche des taux jamais atteints, l'encombrement des tribunaux ne permet pas de juger rapidement et, par conséquent, de sanctionner, dès le délit constaté et le délinquant arrêté. Cela suppose qu'il soit effectivement arrêté, car se pose le problème crucial du manque d'effectifs de policiers dans nos quartiers, quelles que soient les nouvelles mesures annoncées, sous la pression, et qui ne verront, hélas ! le jour que bien plus tard.
La conséquence, madame le ministre, c'est un sentiment d'impunité qui ne fait que s'aggraver avec, entre autres, les nombreuses inapplications de décisions juridiques dont est responsable la Protection judiciaire de la jeunesse.
En ce qui concerne le manque de moyens, je reste perplexe sur les crédits non utilisés dans le domaine de l'équipement, mais ce qui retient mon attention, c'est le manque de personnel.
Certes, 2 792 emplois, dont 320 postes de magistrats, sont créés, mais avec la réduction du temps de travail, cela n'aura que très peu d'effet.
Comme l'an passé, je vous alerte à nouveau sur la situation en Val-d'Oise, classé cinquième département français quant à l'importance de la délinquance, mais classé dernier en termes de moyens dans l'enquête de L'Express parue fin novembre, dans laquelle on lit : « Les voleurs à la tire ou à la roulotte, les petits dealers ou autres délinquants préféreront le Val-d'Oise au Val-de-Marne pour commettre leurs forfaits. »
Comment justifier qu'il n'y ait qu'un magistrat pour 20 000 habitants ? Le tribunal de Pontoise a toujours été mal traité. L'effectif budgétaire y est nettement inférieur à celui d'Evry, alors que l'Essonne compte seulement 30 000 habitants de plus que le Val-d'Oise.
La multiplication et le transfert des fonctions résultant de lois récentes comme la loi renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes n'ont fait qu'accroître la détresse des professionnels.
Quant au projet de nouveau tribunal dont on parle depuis des décennies, ce ne sont pas les dix-huit personnes affectées en septembre dernier qui suffiront à pallier les carences en matière de personnel administratif.
Le barreau s'inquiète lui aussi. Un an après un premier mouvement, les avocats du Val-d'Oise sont à nouveau en grève cette semaine, pour mettre en cause un système judiciaire à deux vitesses.
M. Josselin de Rohan. On va redéployer ! (Sourires.)
Mme Nelly Olin. L'aide juridictionnelle représente 5,9 % du budget total et augmente de 18,4 %. Pourtant, la profession attend toujours d'être rénumérée plutôt qu'indemnisée.
Elle attend depuis des mois une véritable réforme de l'aide juridictionnelle et de l'accès au droit que vous aviez promise pour le 15 septembre dernier, madame le ministre. Or, seul un avant-projet de loi a été présenté il y a une dizaine de jours !
Les avocats croulent sous la charge du travail et le citoyen, mal défendu, en pâtit. Est-ce là la justice ?
Enfin, le service pénitentiaire d'insertion et de probation du Val-d'Oise craint l'accentuation d'une situation de pénurie.
Si 29,6 % des crédits qui nous sont présentés sont absorbés par les services pénitentières, s'ils augmentent de 9,7 %, ils n'en demeurent pas moins insuffisants compte tenu de la mise en place des 35 heures et de l'absence de création de postes supplémentaires de travailleurs sociaux dans mon département.
Le nombre de dossiers à prendre en charge ne cesse de croître. En six ans, il a augmenté de 67,62 % et le temps consacré à l'insertion des personnes placées sous main de justice ne cesse de se réduire, tout comme le temps consacré à la prise en charge des victimes.
Dans le Val-d'Oise, la seule alternative serait de créer six postes en milieu ouvert et deux postes en milieu fermé. Nous manquons de travailleurs sociaux, madame le ministre, et ce, depuis un certain temps. Vous connaissez l'importance des missions et des tâches du service pénitentiaire d'insertion et de probation. Il serait dommage de voir disparaître ces actions.
Avant de conclure, je tiens à vous lire la réponse que vient de m'envoyer, sur une affaire plus que délicate, l'avocat de la ville de Garges-lès-Gonesse, dont je suis le maire.
« J'ai l'honneur de vous rendre compte de l'audience du tribunal correctionnel de Pontoise du 20 courant dans l'affaire citée en référence.
« Comme nous l'avions noté, la convocation des prévenues devant le tribunal correctionnel de Pontoise comportait une erreur, puisqu'il était indiqué qu'elles étaient poursuivies pour des faits s'étant déroulés le 4 juin 2001 alors qu'en fait il s'agit de faits du 4 juillet 2001.
« Cette erreur, qui est à l'évidence une erreur purement matérielle, aurait pu être rectifiée si les deux prévenues avaient été présentes à l'audience.
« Elles ne se sont présentées, ni l'une ni l'autre.
« Dans cette situation, Mme le président du tribunal, qui avait remarqué cette erreur de plume, a été contrainte d'ordonner le renvoi pour permettre qu'une nouvelle citation soit délivrée aux prévenues aux diligences du parquet de Pontoise.
« Pour ce faire, le dossier a été renvoyé à l'audience du 8 janvier 2002 à 9 heures.
« Par ailleurs, j'avais interrogé mon confrère, qui vous avait représentée dans une précédente affaire concernant la même personne. Ce dernier s'est aperçu d'une autre erreur.
« J'ai donc effectué des démarches pour obtenir copie du jugement. Mais je n'ai pu l'obtenir.
« Par ailleurs, le président du tribunal qui tenait l'audience le 27 juillet 2000, n'a pas rédigé son jugement, de sorte qu'il est en l'état impossible d'en obtenir une copie et qu'il est également impossible d'adresser la procédure à la cour de Versailles afin qu'elle rejuge cette affaire sur l'appel principal et l'appel incident du parquet du procureur.
« Le magistrat concerné ayant de plus quitté le tribunal de grande instance de Pontoise à la fin de l'an 2000, il est probable que la rédaction du jugement ne pourra intervenir avant un certain temps... »
M. Jean-Philippe Lachenaud. Il en est ainsi de la justice dans le Val-d'Oise !
Mme Nelly Olin. C'est un exemple on ne peut plus concret. Croyez bien que c'est tout à fait fortuit : cette lettre m'est arrivée le 22 novembre, je n'ai pas résisté à l'envie de vous montrer ce dysfonctionnement.
Madame le garde des sceaux, vous comprendrez que, pour toutes ces raisons, et parce que, depuis des années, je dis que le Val-d'Oise est le département le plus mal servi qu'il m'est difficile de voter le projet de budget en l'état. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Fauchon.
M. Pierre Fauchon. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, le budget du ministère de la justice a-t-il jamais été examiné dans des circonstances aussi singulières, alors que la justice elle-même est tout à la fois sacralisée de l'extérieur et affaiblie de l'intérieur ?
De l'extérieur, on voit que la justice sous ses diverses formes est sommée d'arbitrer les plus petits, comme les plus graves problèmes de la société, qu'ils soient philosophiques, familiaux, sécuritaires, économiques ou politiques, les autres formes d'autorité et de responsabilité paraissant s'effacer de plus en plus.
A l'intérieur, au contraire, l'insuffisance des moyens en hommes, en matériels, en bâtiments est patente et ne sera évidemment pas corrigée par un budget même en relatif progrès, tandis que des magistrats s'abandonnent impunément à des errements qui sont la négation même de leur mission, soit qu'ils contestent publiquement les textes qu'ils ont la responsabilité de mettre en oeuvre, soit qu'ils se contestent mutuellement, soit qu'ils brocardent avec la même inconscience - mais s'agit-il vraiment d'inconscience ? - les forces de l'ordre qui sont leurs indispensables auxiliaires.
On ne sera donc pas surpris si j'évoque quelques problèmes, et non des chiffres, au demeurant très bien analysés par nos rapporteurs.
Il faut d'ailleurs s'affranchir du détail des chiffres si l'on veut avoir une vue d'ensemble de la situation matérielle de la justice. Cette situation, chacun le voit à condition d'être sur le terrain, est en réalité assez déplorable. Et il faut monter bien haut dans les degrés de la hiérarchie pour parvenir à considérer philosophiquement cette multitude d'affaires non traitées, « classées sans suite », ou non traitées en temps utile - ce qui revient pratiquement au même - et cette autre multitude d'affaires traitées en série par des méthodes « d'abattage » comme les magistrats eux-mêmes le disaient il y a seulement quelques mois, tout cela pour la simple raison que les moyens de la justice et, particulièrement, le nombre des magistrats sont restés, en ce début du xxie siècle, à peu de chose près - à 700 ou 800 près - ce qu'ils étaient au milieu du xixe siècle.
Il n'est pas besoin de pousser plus loin l'analyse. La vérité est qu'il faudrait doubler les moyens de la justice en quelques années et que l'insuffisance des moyens fournit une excuse peu contestable à des dysfonctionnements de plus en plus nombreux.
Qu'on ne nous dise pas s'il vous plaît que l'Etat n'a pas les moyens de faire mieux dès lors qu'on voit dans le même budget que la réforme dite des « 35 heures » coûtera trois à quatre fois le budget de la justice. Est-ce seulement pensable ? Ne vient-on pas de trouver plus de six milliards de francs pour les cliniques et les hôpitaux, noble cause certainement ? Mais, enfin six milliards de francs, c'est une fraction importante de votre budget, et on les a découverts en quelques jours !
Je ne doute pas que le Gouvernement ait ses raisons pour cela, mais je doute que ce soit de bonnes raisons. Et c'est pourquoi, en ce qui me concerne, je ne pourrai voter ce budget ; cela n'implique aucune critique à l'égard de votre action personnelle et de celle de votre équipe à laquelle, au contraire, je rends bien volontiers hommage.
Du moins, le Gouvernement ne devrait-il pas faire chorus avec ceux qui, constatant les défaillances de la justice, s'en prennent aux lois et cultivent une fois de plus l'illusion selon laquelle il suffit de faire - ou de défaire - une loi - je pense évidemment, comme Mme Borvo et M. Badinter, à la loi renforçant la présomption d'innocence et les droits des victimes - pour résoudre des problèmes qui relèvent non pas des textes eux-mêmes, mais de leur mise en oeuvre, ce qui suppose non seulement des hommes et du matériel mais sans doute aussi de repenser l'organisation de notre système judiciaire.
Cette organisation a fait l'objet de réflexions très intéressantes dans le cadre des entretiens de Vendôme. Mais je regrette qu'en l'état il n'ait pas été possible de creuser certaines des perspectives ouvertes, notamment l'idée à laquelle je suis attaché de longue date selon laquelle seule une distinction essentielle à opérer entre le contentieux de masse et les affaires complexes permettrait d'avancer. (M. le rapporteur spécial approuve.)
Tandis que les affaires complexes continueraient d'être traitées selon les procédures actuelles, avec renforcement des collégialités, le contentieux de masse, lui, qu'il soit pénal ou civil, relèverait de juridictions spécialisées à l'image des tribunaux d'instance, voire des justices de paix disposant d'un personnel, en partie non professionnel, inspiré des magistats courts de Grande-Bretagne, qui sont au nombre de six mille à eux seuls et réintégrant dans le cadre institutionnel de la justice les formules alternatives qui ne sauraient se développer indéfiniment à l'extérieur.
Ces juridictions rénovées permettraient - dans des modalités modernisées s'inspirant des maisons de justice - de traiter ce contentieux de masse dans sa totalité et dans des conditions d'accessibilité, d'intelligibilité, de rapidité et, disons-le, d'humanité, compatibles avec ce que tout citoyen est en droit d'attendre d'une justice digne de ce nom.
Ce concept est effectivement différent de celui qui a été avancé par certains, notamment au cours des entretiens de Vendôme et selon lequel la globalité des fonctions judiciaires de première instance serait regroupée dans une institution unique aux multiples et diverses activités. Je vous avoue que ce genre de regroupement, bien qu'impressionnant sur le papier, me paraît générer le plus souvent des pertes d'efficacité, des rigidités de fonctionnement et des routines peu favorables à l'exigence d'une justice de qualité.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Ce n'est pas réaliste !
M. Pierre Fauchon. Je ferai une autre réflexion dans un domaine où vos responsabilités sont cependant toutes différentes. Le cheminement chaotique de l'espace judiciaire européen est révélateur du scepticisme routinier des uns et de la mauvaise volonté de quelques autres. Comme de coutume, un événement - le 11 septembre - a donné l'occasion de proclamations unitaires enflammées.
Depuis lors, l'évolution des discussions de « Conseil JAI » - justice et affaires intérieures - en « Conseil de l'Union » a montré qu'il ne s'agissait guère que de rodomontades.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Malheureusement !
M. Pierre Fauchon. En effet, on en arrive maintenant à des résultats décevants sur les deux seuls points retenus : l'harmonisation des législations et le mandat d'arrêt européen, alors que la notion même d'espace judiciaire implique un dispositif d'une toute autre ampleur et d'une toute autre efficacité...
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Tout à fait !
M. Pierre Fauchon. ... que ce qui est envisagé pour Eurojust, qui reste une structure de coordination et d'échange d'informations.
Pour s'en tenir à ces deux points et à l'essentiel, relevons cependant que ni l'une ni l'autre des décisions cadres envisagées ne répondent aux annonces.
S'agissant de l'harmonisation des législations anti-terroristes, monsieur le rapporteur spécial, la démarche est sans doute utile puisque seuls six Etats disposent actuellement d'une législation spécifique. Je constate cependant qu'on a renoncé à une législation réellement commune, c'est-à-dire en termes identiques, ne présentant que des problèmes de traduction, ce qui n'est déjà pas si mal, et que l'on en est à l'harmonisation, donc en des définitions différentes, sauf pour la « direction et la participation à un groupe terroriste », avec des peines d'ailleurs singulièrement faibles.
Il faudra compter avec les divergences rédactionnelles qui sont autant d'échappatoires dans un domaine aussi sensible. Autant dire que les difficultés, voire les nullités de procédures continueront d'embarrasser le cours de la justice.
S'agissant du mandat d'arrêt européen ou de ce qui en porte le nom, le résultat serait pire dans la mesure où l'on tente de faire passer pour un dispositif efficace ce qui n'est qu'une amélioration des actuelles procédures d'extradition.
On veut faire croire - et quand je dis « on », ce n'est pas vous que je vise, madame la ministre, mais ce qui se dit...
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je l'espère !
M. Pierre Fauchon. On veut faire croire, disais-je, que la décision cadre proposée se heurte à la résistance italienne quant à la définition du champ d'application du prétendu mandat d'arrêt. Il est vrai que l'Italie a refusé voilà quelques jours d'y voir figurer les délits de fraude, d'escroquerie et de corruption, ce qui est très choquant, sinon très surprenant.
La difficulté est sans doute sérieuse encore qu'elle puisse être contournée, non sans perte d'efficacité toutefois, par le recours à la coopération renforcée, si bien que l'Italie deviendra le refugium de ce genre de délinquance. Est-ce une bonne solution ?
Il y a encore plus grave, dont on préfère ne pas parler ou dont on ne parle pas assez : c'est le fait que ce mandat d'arrêt supposé efficace par lui-même, sous la seule condition d'un contrôle de régularité formelle, réserve en réalité, pour l'Etat d'exécution, une double échappatoire.
La première, on laisse subsister un très large pouvoir d'appréciation, dès lors que l'arrestation paraîtra inspirée par des préoccupations contraires aux droits de l'homme - formule magnifique mais aux contours quelque peu imprécis - ou que l'Etat demandeur n'offre pas les garanties d'un « procès équitable ». Or, vous savez que, pour la non-garantie d'un procès équitable.
Le « procès équitable » est une condition peu précise, le tout étant évidemment contraire au principe de la « reconnaissance mutuelle » cependant proclamé.
La seconde échappatoire est peut-être la plus grave : on laisse à l'Etat d'exécution la possibilité de mettre en liberté provisoire - c'est lui qui apprécie l'opportunité de la mise en examen ou de la mise en liberté -, sauf à prendre - c'est admirable ! - « toute mesure qu'il estime nécessaire en vue d'éviter la fuite de la personne recherchée », formule dont chacun pourra apprécier l'humour.
Dès lors, il est bien évident que le fait de mettre à la disposition de l'Etat d'exécution de telles possibilités de paralyser le mandat interdit de qualifier celui-ci de mandat d'arrêt quel que soit, par ailleurs, son champ d'application. Il ne s'agit de rien d'autre en vérité que d'une amélioration de l'extradition.
Je n'ignore pas que nous touchons ici au domaine européen, que les pouvoirs et les responsabilités de la France sont nécessairement limités. Je n'ignore pas non plus le rôle positif joué par vous-même, madame le garde des sceaux, dans ces négociations, et je vous en félicite. Ce qui dépend cependant de vous, c'est de dire les choses comme elles sont et de ne pas entretenir l'idée d'un mandat d'arrêt européen alors qu'on en est encore loin.
Je conclurai en revenant aux responsabilités propres du garde des sceaux à propos de ce qui vient de se passer avec les gendarmes, et là je serai moins souriant.
La gendarmerie est un auxiliaire tout à fait important de la justice. Sans doute dépend-elle du ministre de la défense et c'est donc à celui-ci de s'interroger sérieusement sur les défaillances et l'incurie qui ont conduit à résoudre en vingt-quatre heures un problème qui se posait depuis des années...
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. C'est exact !
M. Pierre Fauchon. ... et à le résoudre au prix de grèves de la gendarmerie, faits sans précédent.
Ce qui dépend du garde des sceaux, c'est le respect des lois et, plus spécialement, de celle, si importante pour l'ordre public, qui tend à exclure la grève des moyens de revendications des personnels militaires.
Cette règle si évidente vient d'être bravée par une fraction plus que significative de la gendarmerie, de l'ordre de 20 %. Dans la mesure où la fonction de garde des sceaux ne se limite pas à la conservation de quelques coins de bronze et de pains de cire à cacheter, je souhaiterais savoir quelles suites, madame la ministre, vous entendez donner à une si grave violation de la loi dans un domaine qui touche l'essentiel : l'Etat de droit et l'ordre public républicain.
Devons-nous croire, et ce sera mon dernier mot, en forme d'interrogation, que l'un des gendarmes concernés a fourni le vrai diagnostic en déclarant à la presse : « Nous sommes les gardiens d'un ordre qui n'existe plus » ? (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président. La parole est à Mme André.
Mme Michèle André. Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, le budget de la justice pour 2002 progresse de 5,7 %, il atteindra 4,7 millions d'euros. Cette progression est de 3,7 points supérieure à celle du budget général de l'Etat, qui augmente seulement de 2 %. Il prévoit la création de 2 792 emplois.
C'est un bon budget non seulement parce qu'il est en hausse, mais surtout parce qu'il se situe dans la continuité de l'effort mené depuis cinq ans et parce qu'il apporte la preuve que la justice a constitué, pour le Gouvernement, une priorité affirmée.
Mon éminent collègue, M. Robert Badinter, vient de développer les crédits des services judiciaires et de l'administration centrale. Je limiterai donc mon propos à l'administration pénitentiaire et à la protection judiciaire de la jeunesse.
D'un montant de 1,38 millard d'euros pour 2002, le budget de l'administration pénitentiaire représente 29,55 % du budget de la justice avec, notamment, 1 525 créations d'emplois. Les services pénitentiaires sont les principaux bénéficiaires de l'augmentation des crédits pour 2002, ce dont je me félicite.
Le service public pénitentiaire participe en effet à l'exécution des décisions pénales et au maintien de la sécurité publique. Il assure également une fonction de réinsertion sociale des personnes qui lui sont confiées par l'autorité judiciaire.
L'importance de ces missions a fait l'objet d'un récent regain d'intérêt et placé l'administration pénitentiaire au centre d'un large débat public. Au-delà de la publication de plusieurs témoignages de professionnels, la multiplication récente de travaux et de rapports a alimenté ce phénomène et mis en exergue la situation très dégradée de cette administration, situation qui est intolérable et déshonorante pour notre démocratie.
Le Gouvernement n'avait pas attendu ces déclarations pour considérer que le budget de l'administration pénitentiaire devait constituer une priorité. Ce dernier a donc été en progression constante depuis 1997. Toutefois, au vu des conclusions de ces rapports, le Premier ministre a prévu une enveloppe supplémentaire de 10 milliards de francs qui devrait permettre la mise aux normes des cellules individuelles et la rénovation de l'ensemble des établissements pénitentiaires, petits et moyens.
A cet égard, madame le garde des sceaux, je vous félicite de la mise en place, le 1er janvier prochain, de l'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice. Chargée des grandes opérations immobilières qui sont souvent très complexes, elle permettra d'accélérer leur réalisation. J'espère aussi qu'elle permettra une meilleure utilisation des crédits d'investissement. La justice a grand besoin que les dépenses d'investissement prévues soient bien réalisées. Il est, en effet, tout à fait regrettable qu'en 2000, dans le secteur pénitentiaire, cela n'ait pas été le cas. Seulement 38,8 % des crédits ont été consommés, soit 1 milliard de francs qui n'ont pas été utilisés, quel dommage !
En vous appuyant sur les conclusions de M. Jean-Marc Chauvet, vous avez annoncé, madame le garde des sceaux, un plan de sécurisation des prisons dont le coût est évalué à 30,49 millions d'euros et qui devrait améliorer les conditions de travail des personnels pénitentiaires.
L'annonce de l'élaboration de la loi pénitentiaire dévoilant des rapports des commissions parlementaires et de la commission Canivet a par ailleurs suscité de nombreux espoirs. Elle devrait définir le sens de la peine, les missions de l'administration pénitentiaire, les règles fondamentales du régime carcéral, en encadrant les atteintes aux libertés individuelles et les conditions générales de détention.
Il faut approfondir la réflexion sur le sens de la peine, laquelle doit nous permettre de mieux surveiller et de mieux punir, mais aussi de mieux réinsérer en luttant efficacement contre la récidive. Je voudrais savoir, madame le garde des sceaux, si vous serez en mesure de présenter ce texte au Parlement avant l'interruption de nos travaux.
Je note également avec satisfaction votre volonté d'étendre l'aide juridictionnelle aux procédures disciplinaires concernant les détenus. Cette disposition complétera judicieusement le nouveau traitement des décisions du juge de l'application des peines introduites par la loi du 15 juin 2000.
Je traiterai maintenant de la protection judiciaire de la jeunesse, la PJJ.
Ses crédits atteignent 539,7 millions d'euros en crédits de paiement. Nous notons que la part relative à ce secteur dans le budget de la justice diminue légèrement. Cela tient sans doute au fait que les crédits de 2001 n'ont été qu'en partie utilisés.
Cette relative augmentation ne sera pas suffisante pour satisfaire les besoins de cette administration. Cette dernière souffre, en effet, de retards considérables, depuis plusieurs décennies, qui ont conduit à une situation très dégradée et aujourd'hui très difficile à rattraper. Selon nos collègues députés Mme Christine Lazergues et M. Jean-Pierre Balduyck, qui sont les auteurs du rapport sur la délinquance des mineurs, la création de 500 postes par an d'éducateurs, de psychologues, d'assistantes sociales serait nécessaire pendant les six prochaines années.
Je tiens toutefois à rappeler que, pendant les cinq années précédentes, il a été créé davantage de postes d'éducateurs à la PJJ que pendant les quinze années précédentes et que le budget consacré à la protection judiciaire de la jeunesse a été en progression constante pendant cette même période. Pour mémoire, 230 postes ont été créés entre 1994 et 1997, et 1 302 depuis 1997.
Il en va de même pour les centres d'éducation renforcée et les centres de placement immédiat : il y en existe aujourd'hui une centaine contre une dizaine seulement en 1997 !
J'aurais bien aimé que M. le rapporteur pour avis relativise et analyse les vraies raisons qui ralentissent les projets de centres d'éducation au niveau local, pour que nous tentions, ensemble, d'y remédier.
Quant aux critiques récurrentes sur l'ordonnance du 2 février 1945, elles sont injustifiées. Cette législation est bonne dans le principe et elle offre une gamme complète de peines allant de la simple admonestation à la réclusion criminelle à perpétuité. Il faut en effet rappeler qu'en application de ce texte, un mineur peut, dès l'âge de treize ans, être condamné à vingt ans de réclusion criminelle, et, dès seize ans, à la réclusion criminelle à perpétuité.
Notre pays a la législation la plus dure concernant les mineurs. Cessons de parler de laxisme.
Si notre législation ne doit pas être modifiée, il est nécessaire, en revanche, d'améliorer sa mise en oeuvre, notamment quant au taux d'élucidation et quant à l'exécution des peines.
C'est, pour une large part, du sentiment d'impunité que s'offusquent nos concitoyens. Le temps entre le moment où l'infraction a été commise et le prononcé de la peine est trop long. Il en va de même pour le temps qui s'écoule entre l'audience et l'exécution de la peine.
Si la généralisation de la comparution immédiate pour les mineurs peut être de nature à porter atteinte aux droits de la défense, il est toutefois important de trouver une réponse à moyen terme pour éviter ces trop longs délais de latence.
Afin de mieux punir, mais également de mieux prévenir, il faut donc développer les centres éducatifs renforcés et faire mieux fonctionner les conseils communaux de prévention de la délinquance, dont l'intérêt n'est plus à démontrer. Pour cela, mes chers collègues, une mobilisation des élus sur le terrain est indispensable ! Trop nombreux sont encore les maires qui réclament la création de tels centres, mais qui les refusent obstinément sur leur territoire.
Cela dit, madame le garde des sceaux, le groupe socialiste votera votre budget. En effet, l'importance et la constance de l'effort budgétaire consenti, le choix des orientations politiques sont significatifs de la priorité que le Gouvernement accorde à la justice et justifient pleinement cet avis favorable et notre total soutien. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pendant quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures cinquante-cinq, est reprise à douze heures.)
M. le président. La séance est reprise.
La parole est à M. de Montesquiou.
M. Aymeri de Montesquiou. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, avec moins de 1,8 % du budget général, les crédits alloués à la justice pour l'anné 2002, malgré une augmentation sensible, demeurent insuffisants. Ce grand ministère, au coeur de l'Etat et des attentes des Français, n'a toujours pas les moyens de remplir ses missions.
Je ne méconnais ni les avancées ni les réformes engagées sous votre impulsion. J'ai pris connaissance avec intérêt de votre rapport d'activité ministérielle pour l'année 2000, le premier du genre, avec une approche cartographique très pertinente. Il permet des comparaisons géographiques et des mises en perspectives. En tant qu'élu du Gers, département rural par excellence, je suis très sensible à ce que la justice puisse être rendue avec équité sur l'ensemble du territoire.
Madame la ministre, je ne mets pas en cause votre action personnelle à la tête de ce ministère ; je m'inquiète seulement des priorités réelles du Gouvernement.
Ainsi, l'application des 35 heures est évaluée à 110 milliards de francs en année pleine, soit plus de trois fois votre budget ! Vous-même payez cher l'entrée en vigueur de cette loi à compter du 1er janvier prochain. En voulant mieux répondre à la demande, vous réussissez à créer 1 525 emplois pour 2002, ce qui témoigne de la gravité de la situation. Las ! Près de la moitié de ces nouveaux emplois sera absorbée par l'application des 35 heures. Vous nous l'avez dit lors de votre audition par la commission des finances : alors que vous devriez donner l'exemple, vous ne parviendrez même pas à appliquer cette loi dans votre ministère !
Quel constat peut-on faire maintenant quant à la corrélation police-justice ?
L'augmentation des crédits du ministère de l'intérieur, eux-mêmes en grande partie absorbés par les 35 heures, n'a pas permis d'enrayer - tout le monde le constate - l'augmentation des délits et des crimes. Pis, ces derniers continuent de croître. Les Français ne supportent plus d'entendre que des multirécidivistes demeurent en liberté et puissent continuer leurs exactions. L'insécurité est devenue totalement insupportable. Les mineurs délinquants sont de plus en plus jeunes et ne respectent plus ni les forces de police ni même la notion de l'ordre.
En 2000, si la population a augmenté de 0,4 %, les délits et les crimes ont augmenté, pour leur part, de 5,7 %. Dans cette délinquance, c'est celle de la voie publique qui gêne le plus la population en alimentant le sentiment d'insécurité. Elle représente la moitié des délits et seuls 5 % de ces délits sont sanctionnés.
Un nouvel équilibre et une coopération efficace sont donc à mettre en place entre le ministère de l'intérieur et celui de la justice, afin que les délinquants soient réellement sanctionnés. J'ai été stupéfait lorsque, récemment, M. Vaillant a déclaré qu'il veillerait à ce que désormais policiers et magistrats se parlent ! Ce serait donc nouveau ?
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Ce n'est pas toujours le cas !
M. Aymeri de Montesquiou. Cette coopération devrait être évidente, afin que le premier objectif de la peine, c'est-à-dire, selon le code pénal, « la protection effective de la société », puisse se réaliser. Que proposez-vous ? Votre projet de loi, qui tend à redéfinir le sens de la peine et à limiter les incarcérations, est-il une réponse pragmatique à l'insécurité ?
Je souhaiterais maintenant dire un mot sur la loi renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes.
Elle s'est traduite par un gâchis : les policiers se trouvant débordés par un surcroît de travail administratif, il en résulte un classement sans suite de dossiers encore plus nombreux, donc des délinquants impunis et des citoyens exaspérés et inquiets. En un mot, son application sur le terrain est désastreuse.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Aucun rapport !
M. Aymeri de Montesquiou. Ainsi, en tant que rapporteur spécial du budget de la sécurité, j'ai effectué des missions en région parisienne et à Toulouse qui m'ont permis d'appréhender les effets de cette loi. Même les plus jeunes délinquants sont devenus chevronnés et savent parfaitement comment ralentir les procédures pour que celles-ci deviennent caduques.
Sans reprendre tous les critères retenus dans votre rapport d'activité, la réponse judiciaire face à la délinquance et à la criminalité est à densité variable. La réponse pénale représente, en effet, un taux qui varie selon les tribunaux : 79 % pour le tribunal d'Auch et 43 % pour le tribunal de Thonon-les-Bains. Madame la ministre, comment expliquez-vous une telle disparité ?
Si les procureurs ont un rôle indéniable dans la gestion des dossiers individuels, en tant que responsable de la politique pénale, que comptez-vous faire afin de préserver la cohérence à l'ensemble des juridictions, en application du principe d'égalité devant la loi ?
J'en viens aux prisons. La situation désastreuse des finances publiques ne nous met pas en mesure d'augmenter le nombre d'établissements pénitentiaires ou de procéder à leur modernisation. Pourtant, cela est indispensable pour faire face au nombre toujours croissant de délinquants et afin que les conditions d'incarcération soient dignes de notre époque. Or, pour des raisons idéologiques, vous refusez l'idée même de financements qui ne soient pas publics. Cette absence de pragmatisme n'est pas acceptable.
De l'insécurité au terrorisme, c'est, dans tous les cas, de l'avenir collectif qu'il s'agit. A la suite des attentats du 11 septembre dernier, l'Union européenne a su se mobiliser pour faire progresser l'espace judiciaire européen.
Le 25 octobre dernier, nous avions débattu sur les instruments de l'Union européenne nécessaires à une lutte efficace contre le terrorisme.
Aujourd'hui, je me réjouis des avancées obtenues lors du dernier conseil Justice et affaires intérieures, dit Conseil JAI. Nous parvenons enfin à une définition commune des infractions terroristes et des seuils de sanctions.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Il ne faut pas trop s'en réjouir !
M. Aymeri de Montesquiou. Avec pragmatisme, par une liste d'infractions de droit commun assorties d'un mobile qui est le but terroriste, l'Union vient de franchir une étape essentielle.
Le blocage persiste sur la création d'un mandat d'arrêt européen, mais, depuis le dernier conseil JAI, heureusement, la délégation irlandaise s'est rangée du côté de la majorité des Etats membres.
Madame la garde des sceaux, j'ose espérer que la délégation italienne ne bloquera pas longtemps le processus. Pensez-vous que le Conseil européen de Laeken permettra de trouver un consensus ? Cette étape constituerait un saut qualitatif, la preuve que l'Union s'organise efficacement contre la menace terroriste.
Votre ministère fonctionne mal, l'accroissement de ses crédits est tout à fait insuffisant pour faire face à l'augmentation catastrophique de la délinquance. C'est pourquoi, comme la majorité des membres du groupe du RDSE, je ne voterai pas le budget de la justice pour 2002. (Applaudissements sur les travées du RDSE, du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme le garde des sceaux.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux, ministre de la justice. Mon budget est tout de même meilleur que vous venez de le dire ! Et si le ministère de la justice fonctionne mal, il s'agit d'une situation récurrente. Déjà, en octobre 1996, dans la table des matières du fameux rapport : Quels moyens pour quelle justice ? de MM. Charles Jolibois et Pierre Fauchon, on trouvait comme titres de chapitres importants : « Les taux de classement sans suite », « Le système judiciaire ne s'est que très partiellement adapté », « Les moyens humains n'ont pas répondu aux besoins », « Des effectifs de magistrats et de greffiers insuffisants », « Une justice débordée et paralysée », « L'impossibilité physique de répondre à la demande de justice », etc.
Cette situation est donc ancienne ! Mais nous tentons d'y remédier aujourd'hui et je persiste à penser que les taux d'augmentation actuels devront être poursuivis.
Un an après mon entrée en fonctions, c'est avec plaisir que je vous présente aujourd'hui le budget de la justice pour 2002, qui est aussi le premier dont j'ai assumé entièrement la préparation et la négociation. Sans exagération aucune, on peut affirmer qu'il s'agit d'un très bon budget.
Beaucoup a déjà été dit sur les mesures nouvelles qui sont proposées, et je remercie ceux qui ont salué les efforts de cette mandature. Je me contenterai donc de rappeler, non pas le contenu, mais les grandes orientations qui sous-tendent ce budget, avant d'évoquer quelques points particuliers qui viennent d'être abordés par les rapporteurs et les différents orateurs.
Ce budget n'a pas été préparé en visant je ne sais quel effet d'affichage conjoncturel, sans lendemain. Au contraire : la progression des crédits de 5,7 % cette année et le nombre de créations d'emplois approchant les 2 800 ne font que traduire, une fois encore, la priorité constamment accordée à la justice par le Gouvernement, ainsi que le Premier ministre l'avait annoncé, dès sa déclaration de politique générale du 19 juin 1997.
Avec des crédits en hausse de 29 % sur cinq ans, 7 300 emplois créés, qui pourra contester qu'il y a, depuis 1997, un vrai changement d'échelle dans les moyens de la justice ? Et les rapporteurs de ce budget, à l'Assemblée nationale comme au Sénat, quelle que soit leur appartenance politique, ont bien dû reconnaître la réalité de cet effort budgétaire et même le saluer. Je les en remercie. C'est de ce constat, incontestable - même s'il a été contesté par certains, qui n'ont peut-être pas lu attentivement les documents - que doit partir tout observateur de bonne foi, avant toute critique - laquelle est acceptable - sur la politique du Gouvernement dans le domaine de la justice.
C'est donc bien dans une perspective de moyen terme qu'il faut replacer ce budget, qui permettra, et j'insiste sur ce point, de respecter tous les engagements du Gouvernement, quelle que soit leur nature.
C'est ainsi que nous mettons en oeuvre la première tranche du plan d'action pour la justice présenté en mars dernier. Sur quatre ans, 1 200 créations d'emplois de magistrats sont prévues, soit une croissance des effectifs de plus de 15 % ; nous en inscrivons 320 dès 2002, et nous assurons qu'ils seront réellement recrutés et affectés.
Cela m'amène à répondre sur un point de détail à M. de Montesquiou. Entre le moment où l'on décide de créer un emploi de magistrat et le moment où celui-ci entre en fonction, il faut une quarantaine de mois : trente et un pour le former, plus les délais de concours, qui sont incompressibles. Le temps de latence provoque des effets de vacances de postes, tout comme pour les greffiers. Mais on ne peut pas organiser un concours pour recruter des personnels tant que les emplois n'existent pas ! Il faut donc prendre en compte cet « effet loupe » sur les vacances pour juger effectivement de la réalité de la situation aujourd'hui.
J'ajoute que l'ouverture de la dotation budgétaire annoncée par le Premier ministre en matière d'équipements pénitentiaires fin 2000 se poursuit, ce qui représente 2,5 milliards de francs budgétés sur deux lois de finances, cela sur un total de 10 milliards.
Les engagements pris à l'égard des personnels seront également tenus, en particulier le protocole pénitentiaire d'octobre 2000, que M. Badinter a rappelé tout à l'heure, et le protocole d'accord avec les fonctionnaires des greffes de décembre 2000.
Le Gouvernement se donne enfin les moyens d'accompagner les réformes récentes ou en cours d'application.
Le projet de loi de finances pour 2002 permet, en particulier, d'achever de financer la mise en oeuvre de la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes. Car, contrairement à certaines affirmations peut-être trop rapides, nous n'avons pas négligé les moyens nécessaires à l'application de cette loi : doit-on rappeler que, avant même son adoption, des emplois de magistrats, notamment de juge des libertés et de la détention, avaient été créés ? Au total, en quatre ans, ce sont 875 emplois dont 427 emplois de magistrats qui auront été affectés à cette réforme.
Il est très important de rappeler ici que cette réforme a été votée par tous les groupes de la Haute Assemblée qui a ajouté un certain nombre de dispositions concernant l'appel pour les cours d'assises ou la juridictionnalisation de l'application des peines. Si j'ai dû revenir devant le Parlement pour reporter de six mois la juridictionnalisation de l'application des peines, c'est que les postes n'avaient pu être prévus puisque la mesure n'avait pas été prise.
Il faut être respectueux de ce que nous avons réalisé ensemble. Tout ce qui a été dit tout à l'heure sur cette loi me rend plus optimiste eu égard à mon pays et à ses hommes politiques.
Nous nous mettons aussi en situation de réaliser, dans de bonnes conditions, le passage aux 35 heures dans la fonction publique au 1er janvier 2002. A ce titre, 700 emplois de surveillants sont créés dans l'administration pénitentiaire et 224 millions de francs de crédits sont ouverts pour financer la rémunération systématique des astreintes, ce qui est logique, et les heures supplémentaires frictionnelles. Dans ce domaine, comme vous le savez, les négociations avec les personnels ont été difficiles - certains d'entre vous l'ont fait observer - mais elles ont progressé, et nous avons désormais signé un accord dans trois branches sur quatre, je tiens à le souligner.
Je n'ai pas d'état d'âme sur le rapport au fait que les fonctionnaires ne travaillent pas 1 600 heures. Pour les fonctionnaires de l'administration pénitentiaire qui sont en contact direct avec des détenus, j'ai proposé 1 475 heures. Le métier est tellement difficile, les agressions tellement nombreuses, les sujétions tellement lourdes, les conditions de travail que vous avez largement décrites tellement terribles que je ne vois pas pourquoi on ne leur donnerait pas ce que bien d'autres ont obtenu dans d'autres secteurs, et depuis longtemps, parce qu'ils ont peut-être mieux su exprimer leur demande.
En toute hypothèse, il faut bien prendre la mesure du fait que la remise à plat complète des horaires et des cycles de travail était un exercice complexe, sans précédent, mais qui aura des effets positifs. Par exemple, la réorganisation du travail bénéficiera aussi bien aux personnels qu'à l'usager sous la forme d'un élargissement des horaires d'ouverture des juridictions, qui nous était demandé depuis longtemps à la fois par les élus et par les associations.
Le projet de budget pour 2002 de la justice repose aussi sur l'exigence de transparence et d'efficacité qui inspire la nouvelle loi organique relative aux lois de finances, récemment adoptée par votre assemblée.
C'est ainsi qu'en matière d'emplois nous réalisons la première tranche d'un plan pluriannuel de résorption des « mises à disposition internes » ; il s'agit des situations dans lesquelles des magistrats et des fonctionnaires sont affectés pour ordre dans des juridictions ou des services déconcentrés, et en réalité mis à disposition de l'administration centrale ou d'organismes extérieurs.
Comme la Cour des comptes l'avait relevé, comme vous l'avez vous-même noté, monsieur le rapporteur spécial, ainsi que nombre de vos collègues, ce dispositif était à la fois critiquable juridiquement, préjudiciable à une bonne gestion et mal accepté par les juridictions. Nous y mettrons fin progressivement.
La consommation des crédits d'équipement du ministère est évidemment un autre thème essentiel, dont le Sénat se préoccupe à juste titre.
Gardons-nous toutefois de tout jugement lapidaire sur ce sujet technique et complexe. Il faut ainsi relativiser l'importance des taux de consommation des crédits : pour des programmes immobiliers aussi complexes que la rénovation d'un palais de justice ou la construction d'une prison, il est illusoire d'espérer consommer 100 % des autorisations de programme l'année où elles sont votées.
Par ailleurs, il est clair que la priorité donnée à la justice a conduit, au cours des années récentes, à accorder des dotations budgétaires importantes à des programmes dont la préparation était peu avancée. Il s'agit là d'une technique de « provisionnement », qui a été menée dans la transparence, avec l'accord du Parlement. Pour autant, je ne suis pas hostile à une évolution des techniques de budgétisation distinguant plus nettement les crédits d'étude et de réalisation, afin que les dotations budgétaires, si je puis me permettre l'expression, « collent » mieux aux dépenses.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Très bien !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Sous ces réserves, je ne peux que partager l'objectif d'accélération des programmes d'équipement non seulement pour consommer plus rapidement les crédits budgétaires, mais également et surtout parce que, si l'on peut dire, « il faut aboutir » : il faut que les constructions sortent de terre, notamment dans le domaine pénitentiaire, où les établissements existants restent trop souvent vétustes.
D'ores et déjà, en 2001, la consommatoin des crédis de paiement du ministère devrait progresser de plus de 25 %. La création de l'Agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice, dont je vais installer le conseil d'administration dans quelques jours, va améliorer considérablement notre capacité de maîtrise d'ouvrage et nous permettra donc d'aller plus vite. Dès 2002, ses moyens humains seront doublés par rapport à l'actuelle délégation générale au programme pluriannuel d'équipement qui a beaucoup souffert.
En outre, dans le domaine pénitentiaire, nous venons de « lever un préalable » aux constructions neuves avec la redéfinition de la carte pénitentiaire. Sur cette base, le programme de trente-cinq constructions neuves que j'ai annoncé récemment va pouvoir entrer en phase de réalisation. Celle-ci s'étalera sur plusieurs années, ce qui est inévitable compte tenu de l'ampleur du sujet. La concertation locale permettant de choisir les sites sera engagée dans les prochaines semaines. Elle est d'ores et déjà sur plusieurs sites, notamment à Nancy et au Mans. Mais certains sites comme Nice ont fait l'objet de telles négociations sur le terrain que près de deux ans ont été nécessaires pour trouver la bonne solution.
Tout cela est long et complexe, mais, naturellement, les moyens mis à la disposition de l'agence nous permettront de mieux faire.
J'ajoute que, s'agissant du programme actuel, nous avons donné quelques mandats à une filiale de la Caisse des dépôts et consignations pour nous aider à accélérer la mise en oeuvre des chantiers.
Pour ce qui est de la réforme de l'accès au droit et de l'aide juridictionnelle, je souhaite réaffirmer toute ma détermination à aller de l'avant. Vous avez pu remarquer - certains l'ont noté tout à l'heure - que j'ai rempli mon engagement sur deux ans - 2001 et 2002 - en ce qui concerne le protocole d'accord signé avec les avocats.
L'accès au droit et à la justice est, à mes yeux, un thème essentiel, auquel nos concitoyens restent très attentifs, et ils ont raison.
A la suite du rapport de la commission, dont j'avais confié la présidence à Paul Bouchet, une large concertation a été engagée. Elle a abouti à un projet de loi, désormais quasiment finalisé, qui sera déposé prochainement. Il reposera sur les orientations suivantes : d'abord, étendre le bénéfice de l'aide juridictionnelle à 40 % de la population, contre 27 % actuellement ; ensuite, simplifier radicalement les conditions d'attribution de l'aide pour accélérer les procédures et limiter les démarches administratives difficiles - c'est ainsi que le calcul du plafond de ressources se fera au vu du seul avis d'imposition ou de non-imposition ; enfin, achever la couverture du territoire par les conseils départementaux de l'accès au droit - nous avons péniblement dépassé les cinquante ; il faut aller beaucoup plus loin - en allégeant leurs conditions de constitution et en évitant tout blocage.
Quant à la rémunération des avocats, il faut évidemment en discuter, mais sereinement et sans a priori. A cet égard, je souhaite rappeler l'importance de l'effort budgétaire accompli : la revalorisation du barème en deux étapes - 1er janvier 2001 et 1er janvier 2002 - coûtera environ 350 millions de francs par an, soit une hausse de 20 % des crédits d'aide juridictionnelle.
Ce qui a déjà été fait doit être salué : c'est un effort considérable et lourd de conséquences pour le budget d'un ministère qui a de multiples priorités. Les arbitrages internes sont aussi lourds à effectuer que ceux que nous pouvons conduire avec le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie ou avec le Premier ministre.
Tout à l'heure, vous avez souligné que nous avions pris du retard quant à la mise en oeuvre de la réforme. A la remise du rapport Bouchet - je dois d'ailleurs saluer l'excellent travail réalisé et l'engagement personnel de tous les membres de cette commission -, j'avais demandé à l'ensemble des organisations professionnelles de réagir. Mais l'été est une période plus difficile et certaines d'entre elles m'ont demandé, après être intervenues de façon très succincte le 15 juin dernier, de bien vouloir attendre le mois de septembre. En définitive, il y a eu plusieurs semaines de retard.
Mais je ne pouvais pas à la fois dire que j'engagerais une concertation et présenter mon projet sans concertation. Par conséquent, je ne veux pas que l'on m'impute ce retard. En effet, entre le moment où l'on nous a remis ce rapport et maintenant, où l'avant-projet de texte est en discussion au sein des organisations professionnelles, les services ont fait preuve d'une célérité qu'il convient de saluer. Ce rapport sera soumis au Conseil d'Etat et la qualité de sa rédaction devrait nous réserver peu de surprises.
M. Garrec a fait allusion aux 35 heures pour les magistrats. Il est vrai que cette mesure est difficile à accepter ainsi. Les magistrats souffrent trop en ce moment pour que l'on en rajoute. En fait, les magistrats seront tout simplement traités comme des cadres, ce qu'ils sont. On ne peut pas leur appliquer un temps de travail hebdomadaire mesuré. Certes, ils ont obtenu des jours d'aménagement et réduction du temps de travail, ARTT.
Je rencontre beaucoup de difficultés, autant avec les magistrats qu'avec d'autres, à expliquer qu'à partir du 1er janvier 2002, avec cette réforme, nous mettrons les choses à plat. Lorsqu'on est obligé, pour respecter la loi sur les 35 heures, de transformer des repos compensateurs en jours d'ARTT, il s'agit de toute façon de jours non travaillés.
M. Jean-Jacques Hyest. Oui !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Il faut prendre acte du total des jours non travaillés plutôt que d'essayer d'ajouter aux repos dits « compensateurs » d'autrefois des jours d'ARTT d'aujourd'hui. Sinon, nous allons nous engager dans une spirale infernale.
Il est vrai que les magistrats n'ont pas signé l'accord, mais il s'agit d'un désaccord « non conflictuel », si je puis me permettre cette expression. (M. Hyest s'exclame.)
Nous ne pouvions pas reprendre tous les chiffres de l'ensemble des juridictions. Certaines ont accepté de répondre à une enquête interne de façon très transparente, d'autres ont refusé. Par conséquent, j'estime que ce dossier est aujourd'hui derrière nous.
En revanche, pour l'ensemble des autres professions, en particulier les greffiers, l'accord qui permet de bénéficier de repos compensateurs lorsqu'on ne travaille pas 35 heures par semaine est un bon accord. Je me souviens des débats sur les congés de Noël et de Pâques, qui étaient considérés non pas comme des congés mais comme des avantages acquis. Nous arrivons maintenant à ouvrir davantage nos greffes au public : 39 heures par semaine. C'était pour le Gouvernement un élément essentiel, que les greffiers ont accepté.
Je ne reviens pas sur l'accord concernant l'administration pénitentiaire. Nous avons également proposé des solutions qui conviennent à peu près. Mais vous avez raison de rappeler que, dans une ambiance concernant en particulier leurs collègues de la police et de la gendarmerie, les syndicats de l'administration pénitentiaire n'ont pas voulu signer cet accord. C'est dommage, mais nous y arriverons !
Nombre d'entre vous ont évoqué la question de la carte judiciaire.
Le rapport d'activité - c'est la première fois que l'on réalise un document d'une telle précision et je vous remercie de l'avoir noté - a pour objet de répondre en partie à cette idée qu'il aurait fallu fermer quelques juridictions pour rationaliser l'« exercice » du service public de la justice, afin de récupérer des moyens et éviter des difficultés.
Après une étude juridiction par juridiction et département par département, on a constaté que l'application des critères qui avaient été retenus à un moment donné aurait abouti à la suppression pure et simple des tribunaux dans certains départements.
M. Jean-Jacques Hyest. Ah !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Nous nous retrouvions alors dans une situation extrêmement difficile : au nom de quoi ferme-t-on tous les tribunaux d'un département ? Au nom de quoi garde-t-on un tribunal qui enregistre des chiffres un peu moins élevés ?
En revanche, il faut prendre en compte la mutualisation des moyens : est-elle possible ou non, y compris en considérant la géographie, qui est un élément important, pour faire face au travail particulier des parquets, notamment les astreintes ?
Il faut répondre également à la solitude des magistrats dans les tout petits tribunaux : ces magistrats ne peuvent pas avoir d'échange avec leurs collègues sur l'évolution de la jurisprudence, sur des décisions qu'ils peuvent avoir à prendre. Cette solitude est dommageable.
Je constate que pratiquement tous les parlementaires, y compris ceux qui ont demandé la carte judiciaire, souhaitent la présence d'un juge des enfants dans les petits tribunaux qui en sont dépourvus ou qui n'offrent au public que des permanences des juges des enfants.
Bref, de nombreuses questions se posent de manière très différente selon qu'elles émanent d'une agglomération qui bénéficie d'un tribunal n'ayant aucun risque d'être fermé ou du milieu rural.
J'ai entendu dire, y compris dans ce qui est devenu un véritable slogan sur la carte judiciaire, que le Gouvernement entendait fermer les lieux de justice. Je veux « tordre le cou » à ce slogan : on ne fermera pas les lieux de justice !
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Surtout pas les tribunaux d'instance !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Il faut effectivement garder les tribunaux d'instance et en faire une justice de proximité et, dans les localités où il n'existe pas de tribunaux d'instance, il importe d'en créer, y compris dans la région parisienne.
Peut-être convient-il également de créer un lien entre les maisons de la justice et du droit et les tribunaux d'instance.
Tout à l'heure, on a évoqué de la réforme proposée par les entretiens de Vendôme : au lieu de parler de géographie, j'ai préféré faire allusion à l'organisation du service public de la justice. L'accès au droit et à la justice n'est pas une question de géographie. Il suffit parfois de trouver dans une maison de la justice et du droit ou dans un tribunal d'instance la réponse à une question de justice au quotidien pour ne plus ressentir cette espèce d'angoisse d'absence de justice, en particulier dans les petites villes et en milieu rural.
Le consensus est donc assez large pour que le sort des petits tribunaux soit réglé par des réformes d'organisation, et pas nécessairement par des suppressions. Rien n'empêche, en effet, qu'une chambre du tribunal de grande instance soit détachée pour venir animer l'arrondissement judiciaire.
Il faudra aussi discuter des arrondissements judiciaires eux-mêmes : comment travailler avec les conseils de prud'hommes, les tribunaux de commerce et d'autres juridictions encore ? Comment mutualiser ces différents moyens ?
Bref, il y a là un vrai travail d'organisation à faire qui nous permettra d'appréhender plus facilement cette carte judiciaire. Il faut dire qu'elle a effrayé tellement d'élus locaux que le service du courrier de la Chancellerie ne sait plus comment gérer les nombreuses lettres et pétitions qu'elle a suscitées !
Monsieur Othily, vous avez consacré votre intervention au budget de l'administration pénitentiaire. Je vous rejoins sur la difficulté du travail, sur le temps mis à régler des problèmes immobiliers et des situations professionnelles. Nous essayons de « flécher » les postes là où il y en a le plus besoin - tel est notre premier engagement - mais, vous avez raison, ne sont inscrits que cinquante postes pour les escortes. La négociation est actuellement en cours avec la police et la gendarmerie ; elle n'a pas pu aboutir avant la fin de l'année, mais elle doit être reprise, par phasage. Autrement dit, c'est un premier pas, qui sera suivi d'autres, en fonction d'un calendrier que nous parviendrons à fixer avec les organisations professionnelles, dans les prochaines semaines. Je n'avais pas d'autre choix, d'ailleurs, ne disposant pas de suffisamment de postes pour régler immédiatement le problème.
Cet exemple illustre la méthode qui a été la mienne dans l'élaboration de ce budget et, au-delà, dans mon action à la tête de la Chancellerie : je n'ai rien voulu annoncer que je ne puisse tenir. Il n'y a donc pas un poste de magistrat annoncé qui ne sera pas suivi de l'arrivée d'un magistrat sur le terrain. Il en sera de même pour les greffiers et les surveillants.
Compte tenu des problèmes de recrutement actuels, je savais que je n'obtiendrais pas la totalité des postes mis au concours cette année, mais je ne voulais pas faire comme si le problème n'existait pas. Mesdames, messieurs les sénateurs, la transparence et la vérité sont les conditions d'une bonne négociation budgétaire.
M. Gélard a largement apporté son soutien, et c'est important en ce moment, à la protection judiciaire de la jeunesse. Cette administration se sent totalement isolée par un discours très sécuritaire qui ne prend que peu en compte la qualité du travail qui peut être fait en milieu dit « ouvert ».
Cela étant, vous connaissez la position d'un certain nombre d'éducateurs par rapport aux centres éducatifs renforcés, les CER, et aux centres de placement immédiat, les CPI. Il y a là un vrai débat.
Nous avons pris la décision d'ouvrir un concours externe exceptionnel pour résoudre l'un de nos problèmes majeurs qui se pose en grande région parisienne et dans les grandes villes : les personnels ont une moyenne d'âge si basse que l'on ne voit pas comment ils pourraient prendre en charge les jeunes des quartiers difficiles, qui sont une réalité.
A cet égard, permettez-moi une digression. Les éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse nous font observer aujourd'hui que, depuis la fin de la conscription, il n'y a plus ni bilan de santé, ni vaccinations, ni bilan d'illettrisme ou de qualification professionnelle.
M. Jean-Jacques Hyest. Eh oui !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. C'est donc à eux, éducateurs, qu'il revient de susciter en quelque sorte cette confrontation nécessaire entre un jeune en difficulté et la République, pour essayer de lui donner les moyens d'aller plus loin. C'est la preuve qu'une réforme réalisée en faveur des jeunes de ce pays peut se retourner contre certains d'entre eux. Et je ne parle pas des appelés qui servaient dans la gendarmerie, chez les pompiers et dans d'autres services.
Je souscris donc à vos propos, monsieur Gélard, sauf quand vous dites que la PJJ est le parent pauvre de ce budget. Ce n'est pas vrai. En effet, la hausse de 4,8 % des crédits du secteur public de la PJJ, même si elle est inférieure d'un point à celle du budget général, reste cependant importante. Quant à la diminution des crédits du secteur habilité, elle résulte d'une sous-consommation dont nous prenons acte, par souci de vérité et de réalisme, comme nous tirons les conséquences de la baisse du volume de certaines mesures. Cela nous permettra une concertation plus aisée avec les juges des enfants et les représentants des conseils généraux.
Je pense que nous arriverons, à l'échelon de chaque département, à créer ce lieu de partenariat indispensable entre la justice - c'est-à-dire l'ensemble de l'institution judiciaire et non pas seulement, en effet, les uns ou les autres, monsieur de Montesquiou - les conseils généraux, les élus locaux ainsi que les responsables de juridiction, pour parvenir à une meilleure adéquation entre mesures prononcées et mesures applicables.
Nous comptons aujourd'hui cinquante-deux centres éducatifs renforcés ; onze vont s'ouvrir très prochainement. Sur les cinquante centres de placement immédiat, quarante-sept sont ouverts ; il en manque donc trois. Nous avons, en effet, un problème de localisation, tant il est vrai que les maires redoutent en général l'ouverture, sur le territoire de leur commune, d'un CPI ou d'un CER. Tout cela prend plus de temps que prévu.
Vous aurez pu constater que, dans ce budget, nous n'avons pas inscrit beaucoup de crédits à ce titre ; nous procédons en effet beaucoup par location pour que les centres ainsi ouverts soient aussi proches que possible d'un quartier, d'un centre-ville, ou bien encore d'un lieu de scolarisation. Nous devons, en effet, veiller à ne pas isoler les jeunes en pleine campagne ! La location est donc, pour nous, une nécessité.
En ce qui concerne le régime indemnitaire des éducateurs de la PJJ, l'effort que nous avons décidé se poursuivra sur trois ans, ce qui n'a d'ailleurs pas pesé peu dans l'accord que nous avons trouvé avec les personnels.
Monsieur de Rohan, vous avez rappelé le rôle de l'Ecole nationale de la magistrature, et vous lui rendez hommage. Son fonds de roulement, dites-vous, était trop élevé. En fait, il est de bonne gestion de le réduire dans ce cas-là. Nous avons donc procédé conformément à la loi, avec l'ensemble du conseil d'administration.M. Canivet a d'ailleurs pu prendre acte de la véracité des comptes.
Les sommes ainsi dégagées serviront à financer des opérations d'équipement non récurrentes, et non pas des dépenses permanentes. Le fait de passer à deux cent quatre-vingts auditeurs par promotion nous conduit à réaliser des efforts d'équipement qui ne seront pas à renouveler.
Par ailleurs, la subvention versée à l'Ecole nationale de la magistrature augmente de 17 % pour lui permettre justement de répondre à l'arrivée de promotions plus nombreuses. Comme l'a noté M. Badinter tout à l'heure, nous avons également créé des postes, ce qui devenait nécessaire pour garder une formation de qualité.
Vous avez aussi parlé de la délivrance des copies pénales à titre gratuit. Nous avons abondé ce chapitre de 3 millions de francs - la mesure figure déjà au « bleu » - et nous avons même, dans certains cas, passé des accords avec les barreaux pour résoudre des problèmes de matériels. Donc, j'ignore qui vous a donné cette information mais, pour Paris, il semblerait que nous ayons trouvé la bonne solution à un problème effectivement très délicat.
S'agissant de la grande criminalité et de l'ultra-libéralisme, monsieur de Rohan, je suis contente de constater qu'au moins un sénateur a lu mon livre ! (Sourires.) Il nous faut réagir, car nous nous trouvons confrontés à des organisations criminelles de grande taille qui ont parfaitement tiré les leçons du retour sur investissement et du placement des capitaux de par le monde, ainsi que du « placement main-d'oeuvre » : le mandat d'arrêt européen vise précisément ces cas-là.
C'est à partir d'une très belle étude d'un magistrat de Nice que nous avons pu observer à quel point la criminalité s'organisait de manière capitalistique parfaite. Cela nous pose de multiples problèmes, notamment de non-dénonciation, mais la cellule de coordination chargée du traitement du renseignement et de l'action contre les circuits financiers clandestins, TRACFIN, joue un rôle important dans cette affaire.
M. Plasait a rappelé le problème de l'exécution des peines. L'étude de l'Union syndicale des magistrats, l'USM, qu'il a citée n'était, en fait, qu'une estimation dont le syndicat a reconnu lui-même qu'elle était erronée. Malheureusement, ces chiffres continuent de circuler. Il est donc important de relever que nous ne disposons effectivement pas de statistiques nationales consolidées qui regrouperaient les donnés émanant respectivement des parquets, du casier judiciaire et de l'administration pénitentiaire. Sur ce point, le Parlement est unanime pour regretter avec moi l'absence d'un observatoire statistique. A nous de faire des efforts en ce sens.
Nous disposons cependant d'estimations réalisées à partir des grâces - elles avaient été totalement oubliées, mais cela représente, cette année, environ 3 500 peines entrées sous la rubrique de la non-exécution - des doubles comptes, c'est-à-dire des personnes qui, déjà incarcérées au moment de leur condamnation, ne sont pas comptabilisées comme personnes condamnées, ainsi que des condamnations prononcées par défaut ; dans ce dernier cas, la peine ne peut pas être exécutée, du fait de l'absence de la personne, mais l'affaire sera éventuellement rejugée.
Au total, le taux de non-exécution serait compris plutôt entre 5 % et 10 %, et encore, sans tenir compte des mesures qui peuvent être prises par les juges de l'application des peines. Donc, le taux est sans doute supérieur, ce qui nous conduit à faire un effort très important en la matière. En effet, autant les citoyens peuvent comprendre l'absence d'élucidation de certaines affaires, autant l'absence d'exécution de peines prononcées leur paraît être l'illustration la plus éclatante des dysfonctionnements de la justice.
Donc, lutter contre l'impunité, c'est aussi consacrer des moyens plus importants à l'exécution des peines.
D'ailleurs, toujours dans la perspective d'un partenariat avec les élus locaux, je veux que notre travail sur la réparation, qui impose que l'on trouve des lieux de qualité pour un accompagnement des personnes lui-même de qualité, puisse opportunément s'inscrire dans les contrats locaux de sécurité ou dans les missions des groupes locaux de prévention de la délinquance. Nous avons là une palette de solutions, même si le problème n'est pas réglé pour autant.
Vous avez rappelé, monsieur de Rohan, la demande formulée par les procureurs généraux du recours aux instructions individuelles.
Les procureurs généraux ont effectivement formulé cette demande d'instructions individuelles, à condition qu'il s'agisse d'instructions individuelles positives,...
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Positives et versées au dossier !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. ... pour en finir avec la stratégie dite « de l'hélicoptère ». (Sourires.) Autrement dit, ce n'est pas le retour total aux instructions individuelles, mais uniquement aux instructions individuelles positives visant à empêcher le classement d'une affaire dont on estime qu'elle ne doit pas être classée.
Il est vrai que, sur les rapports Chancellerie-parquet, nous aurions pu avoir un beau texte, monsieur de Rohan. Là où je ne suis pas du tout d'accord avec vous, c'est lorsque vous prétendez que le Président de la République n'a pas réuni le Congrès faute de pouvoir compter sur les trois cinquièmes des voix.
Je vous rappelle qu'un texte a été voté tant par le Sénat que par l'Assemblée nationale. Une majorité s'était donc bien dégagée, et je ne vois pas pourquoi des parlementaires des deux chambres voteraient un jour un texte en leur âme et conscience, et avec une grande conviction, pour rejeter ce même texte une fois réunis en Congrès !
M. Josselin de Rohan. C'est comme cela !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. C'est un grand sujet que la place du politique dans ce pays ! Si l'on peut, à quelques semaines d'intervalle, changer à ce point d'avis, concernant, en particulier, la composition du Conseil supérieur de la magistrature, permettez que je m'interroge...
Pour garantir l'indépendance de la justice, ce que demandent les citoyens, la carrière d'un magistrat ne doit pas dépendre d'un politique. Aussi longtemps que nous n'aurons pas réglé ce problème, nous aurons du mal à obtenir ce que vous souhaitez, et qui relève largement de la compétence du ministre de la justice, et, bien sûr, du Parlement, qui vote les lois, à savoir des politiques pénales.
Il est vrai que le travail de concertation que nous menons aujourd'hui tant avec les procureurs généraux qu'avec les premiers présidents porte sur les politiques pénales et sur les territoires. De ce point vue, nous sommes en phase. Mais l'indépendance nous permettrait, nous permettra, parce que nous y viendrons, d'avoir un nouveau texte sur le lien Chancellerie-parquet. Les parquets souffrent d'un vrai mal-être qui, d'ailleurs, ne tient pas seulement au rapport Chancellerie-parquet, mais qui est aussi lié à la relation procureur général-procureur. Un véritable travail s'impose en la matière : le texte est prêt et sera voté, je l'espère, aussi vite que possible.
M. Josselin de Rohan. Puis-je vous interrompre, madame le garde des sceaux ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je vous en prie, monsieur le sénateur.
M. le président. La parole est à M. de Rohan, avec l'autorisation de Mme le garde des sceaux.
M. Josselin de Rohan. Madame la ministre, je me vois contraint de vous rappeler que, lorsque, nous avons, dans cette assemblée, émis un vote favorable sur le texte qui aurait dû donner lieu à la réunion du Congrès, nous avions assorti notre vote de demandes de garanties. Ces garanties ne nous ont pas été accordées.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Quelles garanties ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Oui, lesquelles ?
M. Josselin de Rohan. C'est parce qu'elles ne l'ont pas été que nous avons fait savoir que nous ne voterions pas ce texte !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Mais quelles garanties ?
M. Josselin de Rohan. Dans ces conditions, le Président de la République, qui en a été tout à fait normalement averti, a fait ses comptes. Il savait donc parfaitement que ce projet de loi n'obtiendrait pas les trois cinquièmes des suffrages au Congrès, comme les présidents de groupe le lui avaient d'ailleurs confirmé.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Cela n'avait pas été dit au Sénat !
M. Josselin de Rohan. Vous pouvez le regretter, vous pouvez le déplorer, mais c'est un fait !
Le Président de la République a donc très logiquement souhaité éviter un échec au Congrès, ce qui eût été à la fois sans précédent et indigne du Congrès.
Par ailleurs, je le répète, je ne vois pas en quoi le fait que ce texte n'ait pas été soumis au Congrès empêchait l'examen d'autres projets de réforme. Lier les deux est tout à fait incompréhensible.
M. le président. Veuillez poursuivre, madame le garde des sceaux.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Monsieur Josselin de Rohan, je crois profondément que, s'agissant du lien entre la Chancellerie et le parquet, la situation sera saine le jour où la carrière des magistrats ne dépendra plus du ministre de la justice.
Lorsque l'on interroge les magistrats, ce que, certainement, vous faites souvent, on constate que c'est bien là ce qu'ils demandent : que soient clarifiées les questions, d'une part, des carrières, car il est important pour eux de ne pas être soumis, et, d'autre part, du lien entre la Chancellerie et le parquet.
Nous rencontrons des problèmes disciplinaires, vous l'avez tous souligné, et je répondrai globalement sur ce sujet, qui me paraît être le plus difficile.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. C'est vrai !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Moins de dix procédures disciplinaires ont fait l'objet cette année d'une décision du Conseil supérieur de la magistrature, et l'on a entendu des commentaires surpris de la part des uns et des autres parlementaires sur certains silences du Conseil.
Sur ce sujet extrêmement important, j'ai rencontré toutes les organisations professionnelles de magistrats ; toutes sont très attachées à ce qu'il soit définitivement réglé.
Le problème est très différent de celui que soulève la déclaration du Syndicat de la magistrature. Je me souviens d'avoir lu, dans un périodique dont je ne peux citer le nom ici, un article auquel vous n'aviez pas réagi, mesdames, messieurs les sénateurs, alors que les propos qui y étaient tenus étaient tout aussi graves. Des magistrats y déclaraient en effet que la loi renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes - en particulier ses dispositions relatives à l'appel en cour d'assises et à la juridictionnalisation des peines, qui avaient été soutenues par le Sénat - n'était pas sérieuse, et des mots plus graves avaient été utilisés pour critiquer cette loi et la déclarer inapplicable. Certains ont même cru voir dans la manière dont les magistrats l'appliquaient une volonté d'en démontrer les difficultés. Les cas, heureusement, ont été extrêmement rares.
De telles pratiques m'ont effectivement heurtée, tout comme la déclaration du Syndicat de la magistrature à laquelle vous faites allusion : il est inadmissible qu'un magistrat critique la loi alors que son rôle premier, dans une démocratie, est justement de la faire appliquer et d'être garant, pour sa part, de ladite démocratie.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. C'est certain !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. En revanche, en l'état actuel des procédures, il me faut citer une personne nommément et indiquer quelle faute elle a commise pour pouvoir soumettre son dossier individuel au Conseil supérieur de la magistrature : le cas de telles déclarations collectives n'est pas prévu, et je n'ai pas poursuivi les magistrats, bien que leur nom soit cité dans le fameux périodique.
M. Hyest a d'ailleurs été, me semble-t-il, le premier parlementaire qui ait rédigé un article aussi dur que celui qu'il avait lu pour en dénoncer la teneur ; d'autres l'ont imité par la suite, heureusement.
Je n'ai donc aucun moyen de saisir le Conseil supérieur de la magistrature lorsqu'il s'agit, comme ici, de positions syndicales. Mais je n'exclus pas, dans la mesure où le Conseil supérieur de la magistrature peut en débattre, lui demander sa position sur ce type de déclaration et comment on peut faire évoluer le respect de la loi, jusques et y compris par les magistrats.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Vous avez raison !
M. René Garrec, rapporteur pour avis. En effet, il faut poser la question !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je ne ferme jamais la porte, et je ne vais pas montrer du doigt le Syndicat de la magistrature plus que je ne l'ai fait de l'USM qui, en son temps, avait largement critiqué la loi. Quand un responsable syndical explique à la télévision que la chambre d'accusation - c'était elle, à l'époque - a pris une décision dans l'affaire dite « du Chinois » non pas en fonction de la loi, mais en fonction d'une « ambiance », c'est extrêmement grave ! Je n'ai pas non plus saisi le Conseil supérieur de la magistrature.
Il nous faut retrouver avec les magistrats un climat de sérénité et d'apaisement qui nous permette de sortir d'une spirale dangereuse.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Il y a aussi la majorité silencieuse des magistrats, qui ne pense pas comme ceux-là !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Elle est même très fâchée, pour ne pas employer d'autre terme, contre la position des organisations professionnelles. Cependant, un syndicat de magistrats, me semble-t-il, ne peut pas être tout à fait comme n'importe quel autre syndicat, et il faudra faire attention.
M. René Garrec, rapporteur pour avis. Tout à fait.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Quant au livre auquel vous avez fait référence, également publié par un syndicat, nous avons d'abord craint d'être forclos. Vérification faite, compte tenu de la date du dépôt légal et de la date de la publication, le ministre de l'intérieur - lui seul pouvait le faire - a déposé plainte, ce qui est une excellente chose.
M. René Garrec, président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Madame la garde des sceaux, me permettez-vous de vous interrompre ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je vous en prie, monsieur le président de la commission.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des lois, avec l'autorisation de Mme le garde des sceaux.
M. René Garrec, président de la commission des lois. Je souhaiterais que les choses soient précisées.
Nous ne pouvons pas saisir le CSM : vous seule pouvez le faire.
Le Syndicat de la magistrature affirme que la loi n'est pas applicable et entend donner des consignes pour qu'elle ne soit pas appliquée.
Allez-vous, madame le garde des sceaux, poursuivre les juges qui ne l'appliqueront pas ?
M. le président. Veuillez poursuivre, madame le garde des sceaux.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Oui, il est évident que le premier magistrat qui ne l'appliquera pas sera immédiatement poursuivi devant le Conseil supérieur de la magistrature !
Ma difficulté, aujourd'hui, est de savoir que faire entre cette déclaration et la « première faute ». Je n'ai aucun moyen légal de saisir le CSM !
Cependant, la très grande majorité des magistrats ne suivra jamais de telles recommandations.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Bien sûr ! Ils ne sont pas d'accord !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. La critique du syndicat, vous l'avez lue comme moi, porte surtout sur ce qui se passera si, en cas de fouille d'un véhicule visant à découvrir des preuves de crime lié au terrorisme ou au trafic de stupéfiants, on trouve autre chose : les auteurs de ce livre demandent que cela ne fasse pas l'objet de poursuites.
Or un officier de police judiciaire - travaillant, qui plus est, sous l'autorité d'un procureur - qui découvrirait au détour d'une fouille de voitures la preuve qu'un autre délit ou un autre crime a été commis ne peut pas refermer le coffre en disant qu'il n'y a rien à voir. C'est impossible ! On tomberait dans l'impunité et dans le hasard de la justice. Il ne peut pas y avoir de hasard.
C'est pourquoi je n'approuve en rien la position du Syndicat de la magistrature : il est juste qu'un officier de police judiciaire, découvrant la preuve d'un crime ou d'un délit, puisse engager des poursuites, nous en sommes parfaitement d'accord.
Quant aux moyens pour répondre à cette situation, je les trouverai ; il faut que je les trouve.
Je ne reviens pas, monsieur Hyest, sur la carte judiciaire et les quarante postes qui auraient été retrouvés. Votre exposé traduit votre soulagement, à propos de la loi qui a été votée. L'honnêteté intellectuelle existe, et c'est bien.
M. Jean-Jacques Hyest. Je n'aime pas que l'on me dise que j'ai voté n'importe quoi !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je vais abréger mon propos, parce que l'heure tourne, malheureusement.
Il n'est pas juste de prétendre que la réduction du temps de travail aurait absorbé tous les moyens : l'accord de branche intervenu pour les services judiciaires prévoit entre 400 et 500 postes, ce qui ne correspond pas du tout aux chiffres avancés. Ce dossier ne présente pas de difficultés.
Je salue surtout le fait que les organisations professionnelles et syndicales de l'institution judiciaire, majoritairement, sont très raisonnables. Les représentants des organisations syndicales ont participé à une dizaine de séances, et nous avons regretté seulement que, bien qu'approuvant parfaitement le texte, certains ne le signent pas, pour des raisons qui me restent incompréhensibles.
Mme Borvo a évoqué les entretiens de Vendôme. Il est hors de question pour moi d'en enterrer les résultats. La preuve en est que j'ai relu le texte pendant le week-end, texte très synthétique et sans prétention.
J'ai dressé la liste de tous les chantiers qui pourraient être lancés, soit réglementaires, soit, parfois, législatifs. Il nous faudra bien sûr commencer par ceux qui relèvent du domaine réglementaire ; ainsi, en ce qui concerne l'organisation des tribunaux, notamment des tribunaux d'instance, il faudra régler le cas des assesseurs.
Ce document sera publié d'ici à une quinzaine de jours. Je regrette parfois que les documents soient mal diffusés ; celui-ci sera distribué aux parlementaires.
Il est très important de constater le nombre de demandes qui se sont exprimées à l'occasion des entretiens de Vendôme. Certes, j'ai été obligée d'arbitrer entre des requêtes parfaitement contradictoires, mais j'assume totalement la responsabilité des propositions qui seront formulées, même si tout le monde n'y trouve pas forcément réponse à ses propres demandes. Il est vrai que l'on m'a parfois réclamé blanc, noir et gris, sur des sujets très proches !
Le résultat de ces entretiens nous permettra de traiter les problèmes d'organisation sur une base autre que territoriale.
La première vague des maisons de justice et du droit est un grand succès, et il faut absolument continuer en ce sens, car c'est une avancée positive.
Pour créer une telle maison, pour qu'elle fonctionne, il faut obtenir un accord partenarial avec les élus locaux afin que toutes les permanences puissent se tenir au même endroit : la personne qui vient poser une question de droit concernant le logement ou le travail, par exemple, doit également trouver une permanence de certains services de l'Etat, mais aussi de services sociaux, de services du conseil général ou des mairies, afin d'être en mesure de traiter le problème de droit tant en amont qu'en aval.
Madame Olin, en ce qui concerne le tribunal de grande instance de Pontoise, vous avez pu constater que notre document précise que vous aviez raison : quand existent des dysfonctionnements dans la justice, je le dis ; quand surviennent des problèmes d'organisation, je le dis. On ne fait progresser une institution de cette taille et de cette fragilité que si l'on met tout à plat, car c'est à partir de la réalité que l'on peut faire avancer les choses.
Le tribunal de grande instance de Pontoise connaissait un énorme déficit en personnel. C'est pourquoi il a été décidé d'augmenter le nombre de magistrats de manière plus importante qu'ailleurs. Ainsi, six magistrats ont été affectés à ce tribunal : c'est la plus forte augmentation d'effectifs enregistrée dans un tribunal de grande instance, mais elle correspondait à une nécessité.
En revanche, pour les problèmes de locaux, les choses ont été plus délicates, mais le chantier est lancé ; et je ne veux pas laisser dire que c'est toujours la Chancellerie qui fonctionne mal. Si vous saviez comme il est difficile de négocier sur place, en raison notamment des problèmes d'urbanisme rencontrés, comme il est difficile de discuter avec les avocats, avec les autres interlocuteurs concernés ! Il n'est pas simple de trouver un lieu qui satisfasse tout le monde !
Les services ont souvent l'impression qu'on les critique. On oublie de dire que le traitement d'un dossier de ce type est une véritable performance, dont je les remercie en votre nom.
Vous vous étonniez également, madame le sénateur, qu'un périodique ait publié des évaluations comparatives. En réalité, j'ai moi-même voulu procéder à de telles évaluations pour pouvoir « suivre » les postes et les moyens : quand on crée autant de postes, il faut bien savoir où ils vont !
Il est donc naturel qu'un journaliste les ait commentées, même si, très honnêtement, je ne suis pas d'accord avec ses propos. Mais chacun est libre de ses interprétations, et ce n'est pas moi qui vais m'attaquer à la liberté de la presse !
M. Fauchon a rappelé avec insistance la présence des assesseurs. C'est une bonne mesure, je le disais à Mme Borvo après les entretiens de Vendôme, que tout le monde semblait d'accord pour affiner. En effet, la « qualité » des assesseurs pose toujours problème : de l'avis des magistrats, ils sont souvent plus durs et demandent des mesures beaucoup plus fortes que la moyenne, cela dit sans comparaison volontaire avec les jurys d'assises.
M. Fauchon me demande également pourquoi les magistrats sont toujours aussi peu nombreux. La référence au xixe siècle n'est pas pertinente, monsieur le sénateur, puisque la justice n'était pas du tout la même. Si l'on part de la base de 1958, en revanche, on constate que l'effectif des magistrats a doublé, ce qui est déjà bien - même si j'ai parfois eu l'impression de ne faire que rattraper le temps perdu.
J'en viens au mandat d'arrêt européen. Je me suis beaucoup battue pour qu'il ne se limite pas à un aménagement de l'extradition. Il a fallu batailler contre les pays qui devaient conduire des révisions constitutionnelles - ce que je comprends assez bien - et contre la résistance, il n'y a pas d'autre mot, de certains autres.
J'ai proposé la fameuse liste positive de trente crimes et délits graves pour sortir de l'impasse dans laquelle nous avait engagés la fameuse liste négative. Il est vrai que certains pays ont des législations très différentes à propos de l'IVG, de l'euthanasie ou de l'homosexualité ; il fallait donc être vigilants.
En revanche, je n'ai pas accepté de garder hors liste la peine minimale de quatre ans. Quand on est condamné à quatre ans d'emprisonnement, en France, cela signifie que les faits sont vraiment graves ; on se privait ainsi de la possibilité d'obtenir un mandat d'arrêt pour les complices. Or, c'est souvent en entendant les complices que l'on parvient à démanteler les réseaux terroristes !
Nous avons donc retenu une cote mal taillée en revenant à une peine de trois ans. J'espère que le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement fera mieux.
Un seul pays refuse cette liste : l'Italie. Contrairement, peut-être, à ce qui a « transpiré » à l'extérieur, nous étions à quatorze contre un après avoir trouvé ce compromis, dans une ambiance très lourde, très dure et très tendue. La corruption et la criminalité financière sont le terreau de tant de réseaux criminels que l'on ne peut pas accepter d'exclure ces crimes du champ du mandat d'arrêt européen.
En revanche, pour ce qui concerne la détention provisoire, il n'y a pas d'irresponsabilité pendant les soixante jours de délai acceptable puisque la responsabilité du magistrat est de garder la personne à disposition. Si la mesure conservatoire qu'est la détention provisoire n'est pas prise, il faut absolument que les magistrats aient les moyens de présenter la personne à tout moment, et c'est important.
Le contrôle exercé par les autorités judiciaires des deux pays concernés nous a également semblé important, non pas vis-à-vis des quinze pays, car la confiance est celle que vous avez décrite, monsieur le sénateur, mais parce que certains pays craignaient que le texte ne puisse s'appliquer, en cas d'élargissement de l'Europe, à des pays où la conception de la justice est assez éloignée de la nôtre. Il s'agit donc, en quelque sorte, d'une clause de sauvegarde demandée par moult pays.
L'accord de coopération renforcée sera donc difficile. M. Fauchon a raison de dire que l'Italie deviendrait alors le repaire des criminels, mais, en cas d'échec à Laeken, nous essaierons d'avoir des accords bilatéraux - sont d'ores et déjà d'accord le Portugal, l'Espagne, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique et le Luxembourg - qui contraignent l'Italie à revenir dans la logique qui est celle des démocraties européennes dans leur ensemble.
Je crois avoir répondu aux uns et aux autres - même si, et je m'en excuse, je n'ai pu faute de temps traiter toutes les questions de la même façon - et je remercie les uns et les autres de la qualité de leur intervention et du fait que le débat ait été politique et non pas politicien.
Mon seul regret est que le Sénat ne vote pas les crédits de mon ministère, d'autant que, sur l'ensemble de la législature, ils ont tout de même augmenté de 30 %.
Si, comme le souhaitent certains mais comme je ne le souhaite pas, le prochain Gouvernement devait être soutenu par la majorité sénatoriale,...
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Nous serions aussi sévères avec lui !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. ... il serait formidable qu'il parvienne au même résultat !
M. Jean-Jacques Hyest. On espère bien !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Donnez-nous notre chance !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je pense en tout cas que l'augmentation ne devait pas être artificielle. En particulier, annoncer davantage de créations de poste de magistrat cette année aurait été un magnifique mensonge de politique politicienne ! Or, je l'ai dit, je ne voulais inscrire dans ce projet de budget aucune mesure qui ne soit pas exécutable et exécutée. C'est pourquoi j'aurais souhaité que vous votiez un budget qui, après 30 % d'augmentation, reste, cette année encore, un bon budget, mais telle n'est pas votre volonté et je vous remercie néanmoins de la qualité du débat. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt. La droite sénatoriale fait de la politique politicienne !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Vous gâchez un beau discours !
M. le président. Nous allons procéder à l'examen et au vote des crédits concernant le ministère de la justice et figurant aux états B et C.

ÉTAT B

M. le président. « Titre III : 179 036 202 euros. »

Je mets aux voix les crédits figurant au titre III.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)
M. le président. « Titre IV : 960 351 euros. »
Je mets aux voix les crédits figurant au titre IV.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)

ÉTAT C

M. le président. « Titre V. - Autorisations de programme : 360 466 000 euros ;
« Crédits de paiement : 41 865 000 euros. »
Je mets aux voix les crédits figurant au titre V.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)
M. le président. « Titre VI. - Autorisations de programme : 1 905 000 euros ;
« Crédits de paiement : 476 000 euros. »
Je mets aux voix les crédits figurant au titre VI.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)
M. le président. J'appelle en discussion les articles 74 à 76, qui sont rattachés pour leur examen aux crédits affectés à la justice.

Articles 74 et 75



M. le président.
« Art. 74. - La loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l'aide juridique est ainsi modifiée :
« 1° L'intitulé de la troisième partie est ainsi rédigé : "Aide à l'intervention de l'avocat au cours de la garde à vue, en matière de médiation pénale et de composition pénale ainsi que pour l'assistance aux détenus au cours de procédures disciplinaires" ;
« 2° La troisième partie est complétée par un article 64-3 ainsi rédigé :
« Art. 64-3 . - L'avocat assistant une personne détenue faisant l'objet d'une procédure disciplinaire en relation avec la détention de celle-ci a droit à une rétribution. L'Etat affecte annuellement à chaque barreau une dotation représentant sa part contributive aux missions ainsi assurées par les avocats.
« Cette dotation est versée sur le compte spécial prévu par l'article 29.
« Le montant de la dotation est calculé selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat, en fonction du nombre de missions effectuées par les avocats. » - (Adopté.)
« Art. 75. - L'article L. 627-3 du code de commerce est ainsi rédigé :
« Art. L. 627-3 . - I. - Lorsque les fonds disponibles du débiteur n'y peuvent suffire immédiatement, le Trésor public, sur ordonnance motivée du juge-commissaire ou du président du tribunal, fait l'avance des droits, taxes, redevances ou émoluments perçus par les greffes des juridictions, des débours tarifés et des émoluments dus aux avoués et des rémunérations des avocats dans la mesure où elles sont réglementées, des frais de signification et de publicité et de la rémunération des techniciens désignés par la juridiction après accord du ministère public, afférents :
« 1° Aux décisions qui interviennent au cours de la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire rendues dans l'intérêt collectif des créanciers ou du débiteur ;
« 2° A l'exercice des actions tendant à conserver ou à reconstituer le patrimoine du débiteur ou exercées dans l'intérêt collectif des créanciers ;
« 3° Et à l'exercice des actions mentionnées aux arti cles L. 625-3 à L. 625-6.
« II. - Le Trésor public sur ordonnance motivée du président du tribunal fait également l'avance des mêmes frais afférents à l'exercice de l'action en résolution et en modification du plan.
« III. - Ces dispositions sont applicables aux procédures d'appel ou de cassation de toutes les décisions mentionnées ci-dessus.
« IV. - Pour le remboursement de ses avances, le Trésor public est garanti par le privilège des frais de justice. » - (Adopté.)

Article 76



M. le président.
« Art. 76. - I. - Le dernier alinéa de l'article 13 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques est supprimé.
« II. - Il est inséré, dans la même loi, un article 14-1 ainsi rédigé :
« Art. 14-1 . - Le financement des centres régionaux de formation professionnelle est assuré par :
« 1° Une contribution de la profession d'avocat.
« Le Conseil national des barreaux fixe annuellement cette contribution pour l'exercice à venir en fonction des besoins de financement des centres pour l'exercice en cours et de l'évolution prévisible du nombre des bénéficiaires de la formation. Cette contribution, qui ne peut excéder 11 millions d'euros pour 2002, ne peut chaque année augmenter de plus de 10 % par rapport à l'année précédente.
« La participation de chaque ordre, financée en tout ou partie par des produits financiers des fonds, effets ou valeurs mentionnés au 9° de l'article 53, est déterminée par le Conseil national des barreaux en proportion du nombre d'avocats inscrits au tableau. Les dépenses supportées par l'ordre au profit du centre régional de formation viennent en déduction de cette participation.
« A défaut de paiement de cette participation dans un délai d'un mois à compter d'une mise en demeure de payer, le Conseil national des barreaux délivre, à l'encontre de l'ordre redevable, un titre exécutoire constituant une décision à laquelle sont attachés les effets d'un jugement au sens du 6° de l'article 3 de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991 portant réforme des procédures civiles d'exécution ;
« 2° Une contribution de l'Etat, conformément aux dispositions de la loi n° 71-575 du 16 juillet 1971 précitée ;
« 3° Le cas échéant, des droits d'inscription.
« Le Conseil national des barreaux perçoit ces contributions et les répartit entre les centres régionaux de formation professionnelle.
« Les conditions d'application du présent article, et notamment celles relatives aux droits d'inscription et à la déductibilité des dépenses mentionnées au quatrième alinéa, sont déterminées par décret. »
« III. - Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, le recouvrement des contributions des barreaux au financement de la formation professionnelle des avocats appelées antérieurement à l'entrée en vigueur de la présente loi est validé en tant que son caractère obligatoire serait contesté par le moyen tiré de ce que les centres régionaux de formation professionnelle ne peuvent légalement imposer aux ordres d'avocats le paiement de cotisations. »
L'amendement n° II-31, présenté par M. Haenel, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par le II de l'article 76 pour l'article 14-1 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques, après les mots : "formation professionnelle est", insérer le mot : "notamment". »
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Hubert Haenel, rapporteur spécial. Il s'agit d'éviter que la liste de l'article 14-1 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 ne soit considérée comme étant exhaustive. Il peut en effet exister d'autres moyens de financement de la formation des avocats, par exemple les crédits pour la formation en alternance.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-31, accepté par le Gouvernement.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Toujours contre « notamment ».

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 76, modifié.

(L'article 76 est adopté.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi de finances concernant le ministère de la justice.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à treize heures cinq, est reprise à seize heures, sous la présidence de M. Guy Fischer.)

PRÉSIDENCE DE M. GUY FISCHER
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi de finances pour 2002, adopté par l'Assemblée nationale.
Nous en sommes parvenus à l'examen des articles de la deuxième partie non joints aux crédits.

Articles de totalisation des crédits

M. le président. Tous les crédits afférents au budget général et aux budgets annexes étant examinés, le Sénat va maintenant statuer sur les articles qui portent récapitulation de ces crédits.
Le service de la séance a procédé à la rectification des états B et C, compte tenu des votes intervenus dans le cadre de la deuxième partie.
J'appellerai successivement l'article 28, qui comporte le total des crédits du budget général ouverts au titre des services votés ; les articles 29 et 30, auxquels sont annexés les états B et C qui récapitulent les crédits du budget général ouverts au titre des mesures nouvelles ; l'article 33, qui récapitule les crédits ouverts au titre des services votés des budgets annexes ; l'article 34, qui récapitule les crédits ouverts au titre des mesures nouvelles des budgets annexes.

DEUXIÈME PARTIE

MOYENS DES SERVICES
ET DISPOSITIONS SPÉCIALES

TITRE Ier

DISPOSITIONS APPLICABLES À L'ANNÉE 2002
I. - OPÉRATIONS À CARACTÈRE DÉFINITIF
A. - Budget général

Article 28



M. le président.
« Art. 28. - Le montant des crédits ouverts aux ministres, pour 2002, au titre des services votés du budget général, est fixé à la somme de 318 056 535 078 EUR. »
Je mets aux voix l'article 28.

(L'article 28 est adopté.)

Article 29 et état B

M. le président. « Art. 29. - Il est ouvert aux ministres, pour 2002, au titre des mesures nouvelles de dépenses ordinaires des services civils, des crédits ainsi répartis :
« Titre Ier : Dette publique et dépenses en atténuation de recettes

« Titre II : Pouvoirs publics
28 756 286 EUR
« Titre III : Moyens des services
12 929 035 EUR
« Titre IV : Interventions publiques
22 575 646 EUR

« Total
64 260 967 EUR
« Ces crédits sont répartis par ministère conformément à l'état B annexé à la présente loi. »
Je donne lecture de l'état B annexé :

ÉTAT B
Répartition, par titre et par ministère,
des crédits applicables aux dépenses ordinaires des services civils
(mesures nouvelles)

(En euros)


MINISTE`RES OU SERVICES


TITRE Ier

TITRE II

TITRE III

TITRE IV

TOTAUX
Affaires étrangères . . . . .
Agriculture et pêche . . . . .

Aménagement du territoire et environnement : I. - Aménagement du territoire

. . . . .
II. - Environnement . . . . .
Anciens combattants . . . . .
Charges communes . 28 756 286 . . 28 756 286
Culture et communication . . . . .
Economie, finances et industrie . . . . .

Education nationale : I. - Enseignement scolaire
. . . . .
II. - Enseignement supérieur . . . . .

Emploi et solidarité : I. - Emploi
. . . . .
II. - Santé et solidarité . . . . .
III. - Ville . . . . .

Equipement, transports et logement : I. - Services communs
. . . . .
II. - Urbanisme et logement . . . . .

III. - Transports et sécurité routière : 1. Transports et sécurité routière
. . . . .
2. Sécurité routière . . . . .
Sous-total . . . . .
IV. - Mer . . . . .
V. - Tourisme . . . . .
Total . . . . .
Intérieur et décentralisation . . . . .
Jeunesse et sports . . 10 051 391 21 763 589 31 814 980
Justice . . . . .
Outre-mer . . . . .
Recherche . . . . .

Services du Premier ministre : I. - Services généraux
. . . . .
II. - Secrétariat général de la défense nationale . . 2 378 458 . 2 378 458
III. - Conseil économique et social . . 408 597 . 408 597
IV. - Plan . . 90 589 812 057

902 646

Total général 0 28 756 286 12 929 035 22 575 646 64 260 967

Je mets aux voix l'article 29 et l'état B annexé, avec les chiffres modifiés résultant des votes précédemment émis par le Sénat sur les lignes de l'état B.

(L'article 29 et l'état B sont adoptés.)

Article 30 et état C

M. le président. « I. - Il est ouvert aux ministres, pour 2002, au titre des mesures nouvelles de dépenses en capital des services civils du budget général, des autorisations de programme ainsi réparties :
« Titre V : Investissements exécutés par l'Etat 39 092 000 EUR
« Titre VI : Subventions d'investissement accordées par l'Etat 11 336 000 EUR

« Total 50 428 000 EUR

« Ces autorisations de programme sont réparties par ministère conformément à l'état C annexé à la présente loi.
« II. - Il est ouvert aux ministres, pour 2002, au titre des mesures nouvelles des dépenses en capital des services civils du budget général, des crédits de paiement ainsi répartis :
« Titre V : Investissements exécutés par l'Etat 15 078 000 EUR
« Titre VI : Subventions d'investissement accordées par l'Etat 5 826 000 EUR

« Total 20 904 000 EUR
« Ces crédits de paiement sont répartis par ministère conformément à l'état C annexé à la présente loi. »

Je donne lecture de l'état C annexé :


É T A T C
Répartition, par titre et par ministère, des autorisations de programme et des crédits de paiement
applicables aux dépenses en capital des services civils
(mesures nouvelles)

(En milliers d'euros)


TITRE V


TITRE VI

TITRE VII

TOTAUX











MINISTÈRES OU SERVICES

Autorisations

Crédits

Autorisations

Crédits

Autorisations

Crédits

Autorisations

Crédits

de programme
de paiement
de programme
de paiement
de programme
de paiement
de programme
de paiement
Affaires étrangères . . . . . . . .
Agriculture et pêche . . . . . . . .

Aménagement du territoire et environnement :

I. _ Aménagement du territoire . . . . . . . .
II. - Environnement . . . . . . . .
Anciens combattants . . . . . . . .
Charges communes . . » » . . » »
Culture et communication . . . . . . . .
Economie, finances et industrie . . . . . . . .

Education nationale :
I. _ Enseignement scolaire . . . . . . . .
II. _ Enseignement supérieur . . . . . . . .

Emploi et solidarité :
I. _ Emploi . . . . . . . .
II. - Santé et solidarité . . . . . . . .
III. - Ville » » . . . . . .

Equipement, transports et logement :
I. _ Services communs . . . . . . . .
II. _ Urbanisme et logement . . . . . . . .

III. _ Transports et sécurité routière : 1. Transports et sécurité routière
. . . . . . . .
2. Sécurité routière » » » » . . »
»



Sous-total . . . . . . . .
IV. - Mer . . . . . . . .
V. - Tourisme » » . . . . .
.
Total . . . . . . . .
Intérieur et décentralisation . . . . . . . .
Jeunesse et sports 5 338 2 669 10 528 5 422 . . 15 866 8 091
Justice . . . . . . . .
Outre-mer . . . . . . . .
Recherche . . . . . . . .

Services du Premier ministre :
I. _ Services généraux . . » » . . . .
II. _ Secrétariat général de la défense nationale 32 930 11 585 . . . . 32 930 11 585
III. _ Conseil économique et social 824 824 . . . . 824 824
IV. _ Plan . . 808 404 . . 808

404

Total général 39 092 15 078 11 336 5 826 . . 50 428 20 904



Je mets aux voix l'article 30 et l'état C annexé, avec les chiffres modifiés résultant des votes précédemment émis par le Sénat sur les lignes de l'état C.

(L'article 30 et l'état C sont adoptés.)

Articles 31 et 32

M. le président. Je rappelle que le Sénat a rejeté les articles 31 et 32 le mercredi 5 décembre 2001, lors de l'examen des crédits relatifs à la défense.

B. - Budgets annexes

Article 33

M. le président. « Art. 33. - Le montant des crédits ouverts aux ministres, pour 2002, au titre des services votés des budgets annexes, est fixé à la somme de 15 349 268 353 EUR, ainsi répartie :
« Aviation civile
« Journaux officiels 145 108 290 EUR
« Légion d'honneur 16 640 745 EUR
« Ordre de la Libération 634 169 EUR

« Monnaies et médailles 177 500 387 EUR
« Prestations sociales agricoles 15 009 384 762 EUR

« Total 15 349 268 353 EUR »
Je mets aux voix l'article 33, avec les chiffres modifiés résultant des votes précédemment émis par le Sénat.

(L'article 33 est adopté.)

Article 34

M. le président. « Art. 34. - I. - Il est ouvert aux ministres, pour 2002, au titre des mesures nouvelles des budgets annexes, des autorisations de programme s'élevant à la somme totale de 10 830 000 EUR, ainsi répartie :
« Aviation civile
« Journaux officiels 5 030 000 EUR
« Légion d'honneur 2 119 000 EUR
« Ordre de la Libération 137 000 EUR
« Monnaies et médailles 3 544 000 EUR

« Total 10 830 000 EUR »
« II. - Il est ouvert aux ministres, pour 2002, au titre des mesures nouvelles des budgets annexes, des crédits s'élevant à la somme totale de 389 650 467 EUR, ainsi répartie :
« Aviation civile
« Journaux officiels 24 739 429 EUR
« Légion d'honneur 1 267 005 EUR
« Ordre de la Libération 139 016 EUR
« Monnaies et médailles 5 320 886 EUR
« Prestations sociales agricoles 358 184 131 EUR

« Total 389 650 467 EUR »
Je mets aux voix l'article 34, avec les chiffres modifiés résultant des votes précédemment émis par le Sénat.

(L'article 34 est adopté.)

Articles 35 à 41, 41 bis et 42

M. le président. Je rappelle que le Sénat a examiné les articles 35 à 41, 41 bis et 42 relatifs aux comptes spéciaux du Trésor le vendredi 30 novembre 2001.

III. - DISPOSITIONS DIVERSES

Article 43 et état E

M. le président. « Art. 43. - La perception des taxes parafiscales dont la liste figure à l'état E annexé à la présente loi continuera d'être opérée pendant l'année 2002. »
Je donne lecture de l'état E annexé :



É T A T E
Tableau des taxes parafiscales dont la perception est autorisée en 2002
(Taxes soumises à la loi n° 53-633 du 25 juillet 1953 et au décret n° 80-854 du 30 octobre 1980)



LIGNES



Nomen-
clature

2001

Nomen-
clature

2002




NATURE DE LA TAXE

ORGANISMES BÉNÉFICIAIRES

ou objet


TAUX ET ASSIETTE

TEXTES

PRODUIT
pour l'année 2001
ou la campagne

2000-2001

ÉVALUATION
pour l'année 2002
ou la campagne

2001-2002







(En euros)
(En euros)

I. - TAXES PERÇUES DANS UN INTÉRE^T ÉCONOMIQUE

A. - AMÉLIORATION DU FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS ET DE LA QUALITÉ DES PRODUITS

RÉGULATION DES MARCHÉS AGRICOLES


AGRICULTURE ET PÊCHE

1 1 Taxe perçue pour le financement des actions du secteur céréalier.

Office national interprofessionnel des céréales (ONIC). Institut technique des céréales et des fourrages (ITCF).


Répartition entre organismes : ONIC 46,4 %, ITCF 53,6 %.
Montant de la taxe par tonne de céréales livrées aux collecteurs agréés et producteurs grainiers (taux effectif) :
- blé tendre : 0,77 EUR/tonne ;
- orge : 0,77 EUR/tonne ;
- maïs : 0,77 EUR/tonne ;
- blé dur : 0,77 EUR/tonne ;
- seigle, triticale, riz : 0,72 EUR/tonne ; - avoine et sorgho : 0,49 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1296 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
43 000 000 43 000 000
2 2 Taxe acquittée par les fabricants et importateurs de conserves et jus de tomate. Société nationale interprofessionnelle de la tomate (SONITO).
Tomates entrées en usine :
- 4,57 EUR/tonne de tomates traitée sur contrats de culture ; - 6,10 EUR/tonne de tomates traitée hors contrats de culture.

Décret n° 97-814 du 3 septembre 1997.
Arrêté du 16 novembre 2000. Décret et arrêté en cours de renouvellement.
250 000 250 000
. . . .
Concentrés de tomate :
- 12 % à 15 % d'extrait sec : 12,19 EUR/tonne ;
- au-delà de 15 % et jusqu'à 30 % : 27,44 EUR/tonne ;
- au-delà de 30 % et jusqu'à 90 % : 350,63 EUR/tonne ; - au-delà de 90 % : 9,15 EUR/tonne.
. . .
. . . .
Conserves de tomate : 4,57 EUR/tonne.
Jus de tomate : 5,33 EUR/tonne.
Tomates congelées ou surgelées : 4,57 EUR/tonne. Pour le jus concentré : 9,15 EUR/tonne.
. . .
. . . .
Taux effectifs :
Pour les fabrications en contrat de culture : 0,27 EUR/tonne ;
Pour les fabrications hors contrats de culture : 0,91 EUR/tonne ; 0,61 EUR pour les producteurs.
. . .
3 3 Taxe acquittée par les producteurs de prunes séchées d'Ente, les transformateurs et importateurs de pruneaux. Bureau national interprofessionnel du pruneau (BIP).
Taux maximum :
- producteurs et transformateurs : 2,5 % du montant des ventes de prunes ;
- importateurs : 5 % de la valeur en douane des produits importés de pays tiers. Taux effectifs : 2 %.

Décret n° 97-809 du 29 août 1997.
Arrêté du 16 novembre 2000. Décret et arrêté en cours de renouvellement.
3 500 000
3 500 000

CONTRÔLE DE LA QUALITÉ DES PRODUITS ET SOUTIEN DES PÊCHES MARITIMES

AGRICULTURE ET PÊCHE

4 4 Taxe due annuellement par les professionnels en raison de leurs activités sur les produits selon leur nature, le tonnage et la valeur. Groupement national interprofessionnel des semences, graines et plants (GNIS). Le taux des taxes à percevoir au profit du groupement est fixé par arrêté dans la limite des maxima fixés par le décret institutif.

Décret n° 98-769 du 3 septembre 1998.
Arrêté du 24 juillet 2000. Arrêté en cours de renouvellement.

19 900 000 20 000 000
5 5 Taxe due par les armateurs de tous les navires armés à la pêche, par les premiers acheteurs de produits de la mer et les éleveurs de produits de culture marine (sauf conchyliculture). Comité national, comités régionaux et comités locaux des pêches maritimes et des élevages marins.
Armateurs : taxe sur la somme des salaires forfaitaires des équipages de navires armés ; taux maximum : 3 % ;
Premiers acheteurs : taxe forfaitaire différenciée par tranche de salariés permanents, maximum 1 295,82 EUR ; Eleveurs de cultures marines (hors conchyliculture) : taxe forfaitaire fixe, maximum 91,47 EUR.

Décret n° 96-1231 du 27 décembre 1996, modifié par le décret n° 97-1230 du 26 décembre 1997. Décret en cours de renouvellement.
4 250 000 4 250 000
6 6 Taxe due par l'armateur et le premier acheteur pour les produits de la pêche maritime débarqués sur le territoire français ou dans un port étranger par un navire de pêche immatriculé en France, et par le déclarant en douane de produits de la mer importés en France hors CEE et AELE. OFIMER : Office national interprofessionnel des produits de la pêche maritime et de l'aquaculture.
Taxe payée par l'armateur et l'éleveur. Taxe assise sur la valeur hors taxe des produits débarqués ou commercialisés (sauf importations). Taux maximal :
- conserves, semi-conserves : 0,13 % ;
- autres produits de la mer : 0,15 %.
Taxe payée par le déclarant en douane. Taxe assise sur la valeur en douane des produits importés. Taux maximal :
- conserves, semi-conserves : 0,26 % ; - autres produits de la mer : 0,30 %.

Décret n° 2000-1346 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
3 400 000
3 400 000

B. - ENCOURAGEMENTS AUX ACTIONS COLLECTIVES DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES

AGRICULTURE ET PÊCHE

7 7 Taxe sur la betterave destinée au financement et à la mise en oeuvre des programmes agricoles. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).

Taux maximum : 0,16 EUR/tonne de betteraves destinées à la production de sucre. Taux effectif : 0,14 EUR/tonne de betteraves destinées à la production de sucre pour la campagne 2000-2001.


Décret n° 2000-1299 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
2 400 000 2 400 000
8 8 Taxe sur les céréales et le riz livrés par les producteurs aux organismes agréés pour la collecte et aux producteurs grainiers. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).
Taux maxima :
- blé tendre, orge, maïs, blé dur, riz : 0,49 EUR/tonne ;
- avoine, sorgho, seigle, triticale : 0,26 EUR/tonne.
Taux effectifs à compter de la campagne 2000-2001 :
- blé tendre, orge, maïs, blé dur, riz : 0,44 EUR/tonne ; - avoine, sorgho, seigle, triticale : 0,24 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1297 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
21 000 000 21 000 000
9 9 Taxe sur les graines oléagineuses et protéagineuses. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).
Taux maxima :
- colza, navette : 0,64 EUR/tonne ;
- tournesol : 0,79 EUR/tonne ;
- soja : 0,42 EUR/tonne ; - pois, fèves, féveroles et lupin doux : 0,18 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1298 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
2 600 000 2 600 000
. . . .
Taux effectifs pour la campagne 2000-2001 :
- colza, navette : 0,56 EUR/tonne ;
- tournesol : 0,68 EUR/tonne ;
- soja : 0,36 EUR/tonne ; - pois, fèves, féveroles et lupin doux : 0,16 EUR/tonne.
. . .
10 10 Taxes versées par les producteurs sur les graines oléagineuses. Centre technique interprofessionnel des oléagineux métropolitains (CETIOM).
Taux maxima :
- colza, navette, oeillette, ricin et carthame : 1,98 EUR/tonne ; - tournesol, soja et lin oléagineux : 2,29 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1345 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
8 500 000 7 750 000
. . . .
Taux effectifs pour la campagne 2000-2001 :
- colza, navette, oeillette, ricin et carthame : 1,52 EUR/tonne ;
- soja : 1,72 EUR/tonne ;
- tournesol : 1,76 EUR/tonne ; - lin oléagineux : 1,83 EUR/tonne.
. . .
11 11 Taxe sur certaines viandes.
Association nationale pour le développement agricole (ANDA).

Taux maxima :
- espèces bovine et ovine ; espèces chevaline, asine et leurs croisements ; poules de réforme : 8,34 EUR/tonne de viande ;
- espèce porcine : 6,31 EUR/tonne ;
- espèce caprine et cunicole, canard, pintade, oie labellisés : 4,37 EUR/tonne ;
- poulet, coq labellisés, canard, pintade, oie non labellisés : 3,22 EUR/tonne ;
- dinde non labellisée : 1,85 EUR/tonne ; - poulet et coq non labellisés : 1,67 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1339 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
25 000 000 25 000 000
. . . .
Taux effectifs pour 2001 :
- espèces bovine et ovine ; espèces chevaline, asine et leurs croisements ; poules de réforme : 7,30 EUR/tonne de viande ;
- espèce porcine : 5,49 EUR/tonne ;
- espèce caprine et cunicole, canard, pintade, oie labellisés : 3,80 EUR/tonne ;
- poulet, coq labellisés, canard, pintade, oie non labellisés : 2,85 EUR/tonne ;
- dinde non labellisée : 1,60 EUR/tonne ; - poulet et coq non labellisés : 1,45 EUR/tonne.
. . .
12 12 Taxe versée par les entreprises intéressées. Centre technique de la salaison, de la charcuterie et des conserves de viande.
Taux maximum : - 3 pour 10 000 du montant du chiffre d'affaires.

Décret n° 97-291 du 28 mars 1997. Arrêté du 28 mars 1997.
1 400 000 1 700 000
13 13 Taxe sur le lait de vache et la crème, les laits de brebis et de chèvre. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).
Taux maxima :
- laits de vache, de brebis et de chèvre : 0,07 EUR/hectolitre ;
- crème : 1,42 EUR/100 kg de matière grasse incluse dans la crème. Taux effectifs pour 2001 : 0,06 EUR et 1,27 EUR.

Décret n° 2000-1340 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
13 700 000 13 700 000
14 14 Taxe sur les vins. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).
Taux maxima :
- vin d'appellation d'origine contrôlée : 0,46 EUR/hl (en vigueur : 0,40 EUR/hl) ;
- vin délimité de qualité supérieure : 0,30 EUR/hl (en vigueur : 0,26 EUR/hl) ; - autres vins : 0,14 EUR/hl (en vigueur : 0,12 EUR/hl).

Décret n° 2000-1341 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
11 300 000 11 300 000
15 15 Taxe sur les produits de l'horticulture florale, ornementale et des pépinières non forestières. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).
Taux maximum : 2,5 du montant des ventes hors taxes encaissées au cours de l'année civile précédente. Taux effectif en 2001 : 1,5 .

Décret n° 2000-1343 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
915 000 915 000
16 16 Taxes sur les fruits et légumes. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).
Taux maximum : 2,5 des montants des ventes hors taxes réalisées par les producteurs. Taux en vigueur : 2,25 .

Décret n° 2000-1342 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
5 300 000 5 300 000
17 17 Taxe forfaitaire payée par les exploitants agricoles. Association nationale pour le développement agricole (ANDA).
Taux maximum : 92 EUR par participant. Taux en vigueur : 76,23 EUR par participant.

Décret n° 2000-1344 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
31 250 000 31 250 000
19 18 Taxes destinées à couvrir les frais de fonctionnement et les actions techniques du comité. Comité des fruits à cidre et des productions cidricoles. Ce comité a été transformé en Centre technique des productions cidricoles.
Taux maxima :
- 0,12 EUR/quintal de fruits à cidre et par 12,5 kg de concentrés desdits produits ;
- 0,17 EUR/hl de jus, de moûts, de cidre, de fermenté et de poiré ;
- 3,05 EUR/hl d'alcool pur de calvados, d'eaux-de-vie de cidre et de poiré. Taux en vigueur : 0,12 EUR, 0,17 EUR et 3,05 EUR.

Décret n° 97-808 du 29 août 1997. Arrêté du 1er septembre 1997.
300 000 300 000
20 19 Taxe destinée à couvrir les frais de fonctionnement et les actions techniques du bureau. Bureau national interprofessionnel du cognac.
Pour les livraisons par les viticulteurs : 0,18 EUR/hl de vin :
- pour les mouvements de place : 2,88 EUR/hl d'alcool pur de cognac ;
- pour les ventes à la consommation : de 6,66 EUR à 9,86 EUR/hl d'alcool pur de cognac selon l'importance des sorties ;
- pour les autres eaux-de-vie : 0,72 EUR/hl d'alcool pur ;
- pour les cognacs entrant dans des produits composés : 0,72 EUR/hl d'alcool pur de cognac ; - pour le pineau des Charentes : 0,72 EUR/hl d'alcool pur.

Décret n° 97-1087 du 25 novembre 1997.
Arrêté du 25 novembre 1997. Décret en cours de renouvellement.
5 600 000 5 640 000
21 20 Taxe destinée à couvrir les frais de fonctionnement et les actions techniques du bureau. Bureau national interprofessionnel des calvados et eaux-de-vie de cidre et de poiré.
Taux maxima :
- 4,88 EUR/hl d'alcool pur pour les calvados et les produits composés avec ces calvados ;
- 2,74 EUR/hl d'alcool pur pour les eaux-de-vie de cidre et de poiré et les produits composés élaborés avec ces eaux-de-vie. Taux en vigueur : 3,81 EUR et 1,89 EUR.

Décret n° 97-1231 du 21 décembre 1997. Arrêté du 26 décembre 1997.
82 000 90 000
22 21 Taxes dues par les négociants et récoltants sur les ventes de bouteilles de champagne. Comité interprofessionnel du vin de Champagne.
Taux maxima :
- 0,02 EUR/bouteille de vente départ hors taxe ; - récoltants manipulants : 0,02 EUR/bouteille.

Décret n° 97-1073 du 20 novembre 1997. Arrêté du 9 mai 2000.
5 350 000 5 550 000
23 22 Taxe sur la valeur de la récolte. Comité interprofessionnel du vin de Champagne.
Taux maximum : 0,02 EUR/kg de récolte. Taux en vigueur : 0,02 EUR/bouteille ; 0,02 EUR/kg pour la récolte 1999.

Décret n° 97-1073 du 20 novembre 1997. Arrêté du 9 mai 2000.
6 030 000 6 100 000
24 23 Taxe destinée au financement des conseils, comités ou unions interprofessionnels des vins tranquilles.
Conseil, comités ou unions interprofessionnels des vins de :
Bordeaux ;
Touraine ;
La région de Bergerac ;
Nantes ;
Anjou et Saumur ;
Côtes du Rhône et vallée du Rhône ;
Languedoc ;
Côtes de Provence ;
Gaillac ;
Beaujolais ;
Alsace ; Bourgogne.

Taux maximum : 0,76 EUR/hl. Taux en vigueur : 0,74 EUR/hl.

Décret n° 97-1003 du 30 octobre 1997. Arrêté du 30 octobre 1997.
12 200 0000 12 200 000
25 24 Taxe destinée au financement du comité. Comité interprofessionnel des vins doux naturels et vins de liqueur d'appellation d'origine contrôlée.
Taux maximum : 0,76 EUR/hl. Taux en vigueur : 0,73 EUR/hl.

Décret n° 97-1004 du 30 octobre 1997. Arrêté du 30 décembre 1997.
335 000 335 000
26 25 Taxe sur les plants de vigne. Etablissement national technique pour l'amélioration de la viticulture (ENTAV).
Montant maximum :
- 0,34 EUR pour 100 plants racinés (en vigueur : 0,27 EUR) ; - 1,07 EUR pour 100 plants greffés-soudés (en vigueur : 0,84 EUR).

Décret n° 97-154 du 18 février 1997. Arrêté du 8 octobre 1998.
1 000 000 1 070 000
27 26 Taxes versées par les vendeurs en gros de fruits et légumes. Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL).
Taux maximum : 1,8 prélevé sur le prix des ventes de fruits et légumes frais ou secs et plantes aromatiques à usage culinaire, réalisées par toute personne physique ou morale vendant en gros à tout détaillant. Taux en vigueur : 1,8 .

Décret n° 98-1258 du 29 décembre 1998.
Arrêté du 29 décembre 1998. Décret et arrêté en cours de renouvellement.
12 700 000 12 850 000
28 27 Taxes versées par les entreprises intéressées. Centre technique de la conservation des produits agricoles (CTCPA).
Taux maximum : 2 du montant des ventes et variable selon la nature des fabrications vendues. Taux en vigueur : 0,2 à 1,2 en fonction de la nature des fabrications vendues.

Décret n° 2000-742 du 31 juillet 2000.
Arrêté du 31 juillet 2000. Décret et arrêté en cours de renouvellement.
2 550 000 2 550 000
29 28 Taxes versées par les planteurs et transformateurs de canne à sucre. Centre technique de la canne et du sucre de la Réunion.
Taux maximum : 1,17 EUR/tonne de cannes entrée en usine, dont 1/3 dû par les industriels transformateurs et 2/3 par les propriétaires de cannes. Campagne 2000-2001 : 1,09 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1300 du 26 décembre 2000. Arrêté du 3 juillet 2001.
2 000 000 2 000 000
29 28 Taxes versées par les planteurs et transformateurs de canne à sucre. Centre technique de la canne et du sucre de la Martinique.
Taux maximum : 1,17 EUR/tonne de cannes entrée en usine, dont 1/3 dû par les industriels transformateurs et 2/3 par les propriétaires de cannes. Campagne 2000-2001 : 0,42 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1300 du 26 décembre 2000. Arrêté du 29 juin 2001.
86 000 88 000
29 28 Taxes versées par les planteurs et transformateurs de canne à sucre. Centre technique de la canne et du sucre de la Guadeloupe.
Taux maximum : 1,17 EUR/tonne de cannes entrée en usine, dont 1/3 dû par les industriels transformateurs et 2/3 par les propriétaires de cannes. Campagne 2000-2001 : 1,03 EUR/tonne.

Décret n° 2000-1300 du 26 décembre 2000. Arrêté du 29 juin 2001.
578 000
550 000

C. - ENCOURAGEMENTS AUX ACTIONS COLLECTIVES DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIELS

ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE

31 29 Taxe versée par les entreprises de la profession. Membres du groupement d'intérêt économique « Comité de coordination des centres de recherche en mécanique ».

Mécanique, soudage et décolletage : 0,112 % du CAHT.
Construction métallique : 0,30 % du CAHT. Activités aérauliques et thermiques : 0,240 % du CAHT.


Décret n° 98-1205 du 28 décembre 1998. Arrêté du 12 décembre 2000.
41 000 000 41 000 000
32 30 Taxe versée par les industries de l'habillement. Comité de développement et de promotion du textile et de l'habillement. 0,08 % de la valeur des articles d'habillement fabriqués en France ou importés hors UE.
Décret n° 2000-1310 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
10 000 000 10 000 000
33 31 Taxe perçue sur certains produits pétroliers et sur le gaz naturel. Institut français du pétrole.
0,29 EUR/hl de supercarburant ;
0,29 EUR/hl d'essence ;
0,29 EUR/hl de carburéacteur ;
0,29 EUR/hl de gazole et fioul assimilé;
0,17 EUR/hl de fioul domestique ;
0,17 EUR/quintal de fioul lourd ;
0,29 EUR/hl de pétrole lampant (carburant) ;
0,74 EUR/quintal de mélange spécial de butane et de propane destiné à être utilisé comme carburant ;
0,17 EUR/hl de white-spirit (combustible domestique) ;
0,91 EUR par millier de m³ de gaz naturel comprimé destiné à être utilisé comme carburant ; 0,06 EUR par millier de kWh de gaz naturel livré à l'utilisateur final par les réseaux de transport et de distribution.

Décret n° 97-1182 du 24 décembre 1997.
Arrêté du 24 décembre 1997 fixant les montants de la taxe perçue sur certains produits pétroliers et sur le gaz naturel. Arrêté du 31 décembre 1997, modifié par l'arrêté du 25 janvier 1999.
195 200 000 197 400 000
34 32 Taxe à la charge des entreprises ressortissant au Centre d'études et de recherches du béton manufacturé et au Centre technique des tuiles et briques. Association Les Centres techniques des matériaux et composants pour la construction. Taux en vigueur : 0,35 % pour le béton et 0,40 % pour la terre cuite sur le montant des ventes HT.
Décret n° 2000-1278 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
10 900 000 10 500 000
35 33 Taxe versée par les industriels et négociants de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie. Comité professionnel de développement de l'horlogerie, de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie. 0,20 % ad valorem sur les ventes de produits de l'horlogerie.
Décret n° 2000-1312 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
8 000 000 8 400 000
36 34 Taxe versée par les entreprises de la profession. Comité de développement des industries françaises de l'ameublement. 0,14 % ad valorem sur les ventes d'articles d'ameublement (taux maximun : 0,20 %).
Décret n° 2000-1309 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
8 400 000 8 500 000
37 35 Taxe versée par les entreprises des professions.
Comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure. Centre technique du cuir, de la chaussure et de la maroquinerie.

0,18 % du montant HT, fabriqués en France ou importés (hors UE et Espace économique européen), des ventes de cuirs bruts (à l'exclusion des peaux d'ovins), des cuirs et peaux finis ou semi-finis, et des articles de maroquinerie, articles chaussants et produits divers en cuir. 55 % du produit de la taxe sont affectés au Centre technique du cuir, de la chaussure et de la maroquinerie et 45 % du produit de la taxe sont affectés au Comité interprofessionnel de développement des industries du cuir, de la maroquinerie et de la chaussure.

Décret n° 2000-1311 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
8 200 000
8 200 000

D. - ENCOURAGEMENT AUX ACTIONS COLLECTIVES LIÉES À L'ENVIRONNEMENT

ENVIRONNEMENT

38 36 Taxe par animal à tirer dans le cadre d'un plan de chasse. Fédérations départementales de chasseurs.

Au 1er janvier 2002 :
- cerf élaphe : 80 EUR ;
- daim : 37 EUR ;
- mouflon : 25 EUR ;
- chevreuil et cerf sika : 14 EUR ; - sanglier : 5 EUR.


Décret n° 2001-551 du 27 juin 2001. Arrêté du 27 juin 2001.
10 200 000
10 600 000

II. - TAXES PERÇUES DANS UN INTÉRÊT SOCIAL

A. - PROMOTION CULTURELLE ET LOISIRS

CULTURE ET COMMUNICATION

39 37 Taxes sur les spectacles. Association pour le soutien du théâtre privé et association pour le soutien de la chanson, des variétés et du jazz. 3,50 % des recettes brutes des théâtres et 3,50 % des recettes brutes des spectacles de variétés.

Décret n° 2000-1 du 4 janvier 2000. Arrêté du 4 janvier 2000.

9 300 000

9 300 000

B. - FORMATION PROFESSIONNELLE

ÉDUCATION NATIONALE

42 40 Taxe sur les salaires versée par les employeurs du secteur du bâtiment et des travaux publics. Comité central de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics. Pour les entreprises dont l'effectif moyen de l'année au titre de laquelle la cotisation est due est de dix salariés ou plus : 0,16 % en règle générale et 0,08 % pour les entreprises relevant du sous-groupe 34-8 de la nomenclature des entreprises, établissements et toutes activités collectives.

Décret n° 98-67 du 4 février 1998. Arrêté du 3 mars 1998.

44 300 000 44 300 000
. . . . Pour les entreprises dont l'effectif moyen de l'année au titre de laquelle la cotisation est due est inférieur à dix salariés : 0,30 % en règle générale et 0,10 % pour les entreprises relevant du sous-groupe 34-8 de la nomenclature des entreprises, établissements et toutes activités collectives. . . .
43 41 Taxe versée par les entreprises de réparation des automobiles, cycles et motocycles. Association nationale pour la formation automobile. 0,75 % du montant total des salaires versés au personnel des ateliers et services de réparation.
Décret n° 98-19 du 8 janvier 1998. Arrêté du 8 janvier 1998.
17 100 000
17 100 000

ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT
III. - TRANSPORTS
1. Transports terrestres

44 42 Taxe additionnelle au droit de timbre des cartes grises des véhicules utilitaires pour le financement de la formation professionnelle dans les transports. Association pour le développement de la formation professionnelle dans les transports (AFT).

Au 1er janvier 2001 :
Véhicules pour le transport des marchandises dont le poids total autorisé en charge est :
- inférieur ou égal à 3,5 tonnes : 27,75 EUR ;
- supérieur à 3,5 tonnes et inférieur à 6 tonnes : 113,73 EUR ;
- supérieur à 6 tonnes et inférieur à 11 tonnes : 170,13 EUR. Véhicules automobiles de transport de marchandises dont le poids total autorisé en charge est égal ou supérieur à 11 tonnes, tracteurs routiers et véhicules de transport en commun de personnes : 255,35 EUR.


Décret n° 96-139 du 21 février 1996.
Décret n° 2000-1336 du 26 décembre 2000. Arrêté du 26 décembre 2000.
53 400 000 53 400 000


Je rappelle que le Sénat, lors de l'examen des crédits relatifs à la communication, a adopté la ligne 38 concernant la redevance pour droit d'usage des appareils récepteurs de télévision et la ligne 39 concernant la taxe sur la publicité radiodiffusée et télévisée.
Je mets aux voix les lignes 1 à 37 et 40 à 42 de l'état E.

(Ces lignes sont adoptées.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 43 et l'état E annexé, tels qu'ils résultent des votes précédemment intervenus.

(L'article 43 et l'état E sont adoptés.)

Article 44 et état F

M. le président. « Art. 44. - Est fixée pour 2002, conformément à l'état F annexé à la présente loi, la liste des chapitres sur lesquels s'imputent des crédits évaluatifs autres que ceux limitativement énumérés à l'article 9 de l'ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances. »
Je donne lecture de l'état F annexé :

ÉTAT F
Tableau des dépenses auxquelles s'appliquent des crédits évaluatifs



NUMÉROS

des chapitres


NATURE DES DÉPENSES
.
TOUS LES SERVICES
33-90 Cotisations sociales. - Part de l'Etat.
33-91 Prestations sociales versées par l'Etat.
.

AGRICULTURE ET PÊCHE
44-42 Charges de bonification.
.

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT
.
II. - Environnement
44-30 Dations en paiement en application de la loi n° 95-1346 du 31 décembre 1995.
.

CHARGES COMMUNES
44-91 Encouragements à la construction immobilière. - Primes à la construction.
46-98 Réparation de préjudices résultant de la contamination par le virus d'immunodéficience humaine de transfusés.
.

CULTURE ET COMMUNICATION
43-94 Dations en paiement faites en application de la loi n° 68-1251 du 31 décembre 1968.
.

ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE
42-07 Application de conventions fiscales passées entre la France et des Etats étrangers.
44-97 Participation de l'Etat au service d'emprunts à caractère économique.
44-98 Bonifications d'intérêt dans le domaine de l'artisanat.
.

EMPLOI ET SOLIDARITÉ
.
I. - Emploi
46-71 Fonds national de chômage.
.

JUSTICE
46-12 Aide juridique.
.

SERVICES DU PREMIER MINISTRE
.
I. - Services généraux
46-02 Actions en faveur des victimes des législations antisémites en vigueur pendant l'Occupation.
.

AVIATION CIVILE
60-03 Variation des stocks.
65-04 Autres charges de gestion courante.
66-01 Pertes de change.
68-02 Dotations aux provisions.
.

JOURNAUX OFFICIELS
68-00 Dotation aux amortissements et aux provisions.
.

LÉGION D'HONNEUR
68-00 Amortissements et provisions.
.

MONNAIES ET MÉDAILLES
60-03 Variation des stocks (approvisionnements et marchandises).
68-00 Dotations aux amortissements et aux provisions.
83-00 Augmentation de stocks constatée en fin de gestion.
88-00 Utilisation et reprises sur provisions.
.

PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
11-91 Intérêts dus.
11-92 Remboursements des avances et prêts.
37-94 Versement au fonds de réserve.
46-01 Prestations maladie, maternité, soins aux invalides versées aux exploitants agricoles et aux membres non salariés de leur famille.
46-02 Prestations invalidité versées aux exploitants agricoles et aux membres non salariés de leur famille.
46-03 Allocations de remplacement versées aux conjoints des non-salariés agricoles.
46-04 Prestations d'assurance veuvage versées aux non-salariés du régime agricole.
46-92 Prestations familiales versées aux non-salariés du régime agricole.
46-96 Prestations vieillesse versées aux non-salariés du régime agricole.
46-97 Contribution aux assurances sociales des étudiants et au régime d'assurance obligatoire des praticiens et auxiliaires médicaux conventionnés (art. L. 381-8 et L. 722-4 du code de la sécurité sociale).
.

COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
.

COMPTE D'EMPLOI DE LA TAXE PARAFISCALE AFFECTÉE AU FINANCEMENT DES ORGANISMES

DU SECTEUR PUBLIC DE LA RADIODIFFUSION SONORE ET DE LA TÉLÉVISION

04 Versement au compte de commerce « Liquidation d'établissements publics et d'organismes para-administratifs ou professionnels et liquidations diverses ».
.
COMPTE D'AFFECTATION DES PRODUITS DE CESSIONS DE TITRES, PARTS ET DROITS DE SOCIÉTÉS
01 Dotations en capital, avances d'actionnaire et autres apports aux entreprises publiques et aux établissements publics.
02 Achats de titres, parts et droits de sociétés.
03 Dépenses afférentes aux ventes de titres, de parts ou de droits de sociétés.
04 Versements à la Caisse d'amortissement de la dette publique.
05 Versements au Fonds de soutien des rentes.
06 Reversements au budget général.
07 Investissements réalisés directement ou indirectement dans des fonds de capital-investissement.
.

COMPTES DE PRÊTS
.
AVANCES DU TRÉSOR CONSOLIDÉES PAR TRANSFORMATION EN PRÊTS DU TRÉSOR
.

COMPTES D'AVANCES DU TRÉSOR
.

AVANCES AUX DÉPARTEMENTS SUR LE PRODUIT DE LA TAXE DIFFÉRENTIELLE SUR LES VÉHICULES À MOTEUR
AVANCES AUX COLLECTIVITÉS ET ÉTABLISSEMENTS PUBLICS,

TERRITOIRES, ÉTABLISSEMENTS ET ÉTATS D'OUTRE-MER

03 Avances de l'article 34 de la loi du 31 décembre 1953 (avances spéciales sur recettes budgétaires).
04 Avances au territoire de la Nouvelle-Calédonie (fiscalité nickel).
.

AVANCES SUR LE MONTANT DES IMPOSITIONS REVENANT AUX DÉPARTEMENTS,
COMMUNES, ÉTABLISSEMENTS ET DIVERS ORGANISMES

AVANCES À DIVERS SERVICES DE L'ÉTAT OU ORGANISMES GÉRANT DES SERVICES PUBLICS

01 Avances aux budgets annexes.
02 Avances à l'agence centrale des organismes d'intervention dans le secteur agricole au titre des besoins temporaires de préfinancement des dépenses communautaires.
03 Avances aux autres établissements publics nationaux et services autonomes de l'Etat.
04 Avances à des services concédés ou nationalisés ou à des sociétés d'économie mixte.
05 Avances à divers organismes de caractère social.


Je mets aux voix l'article 44 et l'état F annexé.

(L'article 44 et l'état F sont adoptés.)

Article 45 et état G

M. le président. « Art. 45. - Est fixée pour 2002, conformément à l'état G annexé à la présente loi, la liste des chapitres dont les dotations ont un caractère provisionnel. »
Je donne lecture de l'état G annexé :

ÉTAT G
Tableau des dépenses auxquelles s'appliquent des crédits provisionnels



NUMÉROS

des chapitres


NATURE DES DÉPENSES
.
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
34-03 Frais de réceptions et de voyages exceptionnels.
42-31 Participation de la France à des dépenses internationales (contributions obligatoires).
46-91 Frais de rapatriement.
.

ANCIENS COMBATTANTS
46-03 Remboursements à diverses compagnies de transports.
46-27 Soins médicaux gratuits et frais d'application de la loi du 31 mars 1919 et des lois subséquentes.
.

CHARGES COMMUNES
46-02 Secours aux victimes de sinistres et calamités.
.

ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE
37-61 Dépenses et remboursements supportés par la France au titre de l'infrastructure pétrolière.
.

INTÉRIEUR ET DÉCENTRALISATION
34-03 Frais de réception et de voyages exceptionnels.
37-61 Dépenses relatives aux élections.
41-61 Financement des partis et groupements politiques (lois n° 88-227 du 11 mars 1988 et n° 90-55 du 15 janvier 1990).
46-91 Secours d'extrême urgence aux victimes de calamités publiques.
.

JUSTICE
37-23 Services pénitentiaires. - Dépenses de santé des détenus.
37-33 Services de la protection judiciaire de la jeunesse. - Prestations effectuées par le secteur habilité ou conventionné.
37-61 Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. - Dépenses relatives aux élections.
.

OUTRE-MER
34-03 Frais de réception et de voyages exceptionnels.
34-42 Service militaire adapté. - Alimentation.
46-93 Secours d'extrême urgence aux victimes de calamités publiques.


Je mets aux voix l'article 45 et l'état G annexé.

(L'article 45 et l'état G sont adoptés.)

Article 46 et état H

M. le président. « Art. 46. - Est fixée pour 2002, conformément à l'état H annexé à la présente loi, la liste des chapitres sur lesquels s'imputent les crédits pouvant donner lieu à report, dans les conditions fixées par l'article 17 de l'ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances. »
Je donne lecture de l'état H annexé :

ÉTAT H
Tableau des dépenses pouvant donner lieu à reports de crédits de 2001 à 2002


NUMÉROS

des chapitres


NATURE DES DÉPENSES
.
TOUS LES SERVICES
. Tous chapitres de dépenses de fonctionnement des parties 34, 35 et 37 du budget général (sauf chapitres évaluatifs), à l'exception des chapitres 37-94 et 37-95 des CHARGES COMMUNES, 37-01 de la section RECHERCHE, 37-82 de la section VILLE et 37-94 du budget JUSTICE.
.

BUDGETS CIVILS

AFFAIRES ÉTRANGÈRES

41-43 Concours financiers.
42-26 Transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire.
42-29 Coopération militaire et de défense.
42-31 Participation de la France à des dépenses internationales (contributions obligatoires).
42-37 Autres interventions de politique internationale.
.

AGRICULTURE ET PÊCHE
44-36 Pêches maritimes et aquaculture. - Subventions et apurement FEOGA.
44-41 Amélioration des structures agricoles.
44-43 Aide alimentaire et autres actions de coopération technique.
44-46 Fonds d'allégement des charges des agriculteurs.
44-53 Interventions en faveur de l'orientation et de la valorisation de la production agricole.
44-55 Primes au maintien du troupeau des vaches allaitantes.
44-70 Promotion et contrôle de la qualité.
44-71 Moyens concourant aux actions de lutte contre l'encéphalopathie spongiforme bovine.
44-80 Amélioration du cadre de vie et aménagement de l'espace rural.
44-84 Contrats territoriaux d'exploitation agricoles.
44-92 Fonds forestier national et Office national des forêts.
46-33 Participation à la garantie contre les calamités agricoles.
.

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT

I. - Aménagement du territoire

44-10 Fonds national d'aménagement et de développement du territoire.
.
II. - Environnement
44-40 Subvention aux établissements publics dans le domaine de la protection et de la sûreté nucléaire.
.

ANCIENS COMBATTANTS
46-04 Subventions, indemnités et pécules.
.

CHARGES COMMUNES
41-25 Plan d'urgence en faveur des lycées.
44-93 Indemnisation des préjudices subis dans le secteur du tourisme suite au naufrage de l' Erika.
46-02 Secours aux victimes de sinistres et calamités.
46-90 Versements à divers régimes obligatoires de sécurité sociale.
46-91 Diverses aides en faveur des rapatriés prises en charge par l'Etat.
.

CULTURE ET COMMUNICATION
43-92 Commandes artistiques et achats d'oeuvres d'art.
.

ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE
41-10 Subventions à des organismes publics et internationaux.
44-42 Interventions diverses.
44-84 Subventions pour l'expansion économique à l'étranger et coopération technique.
46-93 Prestations à certains retraités des mines et des industries électriques et gazières.
.

EMPLOI ET SOLIDARITÉ

I. - Emploi

36-61 Subventions aux établissements publics et autres organismes.
43-70 Financement de la formation professionnelle.
44-01 Programme « Nouveaux services-nouveaux emplois ».
44-70 Dispositifs d'insertion des publics en difficulté.
44-71 Reclassement des travailleurs handicapés.
44-73 Relations du travail et amélioration des conditions de travail.
44-77 Compensation de l'exonération des cotisations sociales.
44-79 Promotion de l'emploi et adaptations économiques.
.
II. - Santé et solidarité
42-01 Coopération internationale du ministère de l'emploi et de la solidarité.
43-32 Professions médicales et paramédicales. - Formation, recyclage et bourses.
46-32 Actions en faveur des rapatriés.
47-16 Action interministérielle de lutte contre la toxicomanie.
.
III. - Ville
46-60 Interventions en faveur de la ville et du développement social urbain.
.

ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT

II. - Urbanisme et logement

46-50 Participation de l'Etat aux fonds de solidarité pour le logement et aux fonds d'aide aux accédants en difficulté. - Subventions aux associations logeant des personnes défavorisées.
.

III. - Transports et sécurité routière

1. Transports

45-41 Interventions dans le domaine des transports combinés.
.
2. Sécurité routière
44-43 Sécurité et circulation routières. - Actions d'incitation.
.
IV. - Mer
44-34 Ports autonomes maritimes. - Participation aux dépenses.
45-35 Flotte de commerce. - Subventions.
46-37 Gens de mer et professions de la filière portuaire. - Allocations compensatrices.
.
V. - Tourisme
44-01 Développement de l'économie touristique.
.

INTÉRIEUR ET DÉCENTRALISATION
41-52 Subventions de caractère facultatif en faveur des collectivités locales et de divers oganismes.
41-55 Dotation de compensation aux régions des pertes de recettes fiscales.
41-56 Dotation générale de décentralisation.
41-57 Dotation générale de décentralisation de la collectivité territoriale de Corse.
.

JUSTICE
41-11 Subventions en faveur des collectivités.
46-01 Subventions et interventions diverses.
.

OUTRE-MER
46-01 Actions d'insertion en faveur des bénéficiaires du revenu minimum d'insertion dans les départements d'outre-mer.
.

RECHERCHE
43-01 Actions d'incitation, d'information et de communication.
.

BUDGET MILITAIRE

DÉFENSE

36-01 Subventions de fonctionnement et participation aux dépenses de fonctionnement de divers organismes.
.

BUDGETS ANNEXES

AVIATION CIVILE

60-00 Achats et services.
61-01 Dépenses d'informatique et de télématique.
63-00 Impôts, taxes et versements assimilés.
65-01 Prestations des organismes extérieurs.
66-00 Charges financières.
.
JOURNAUX OFFICIELS
60-01 Achats.
61-02 Fonctionnement informatique.
.
LÉGION D'HONNEUR
60-00 Achats.
61-02 Informatique.
.
ORDRE DE LA LIBÉRATION
60-00 Matériel et entretien immobilier.
.
MONNAIES ET MÉDAILLES
60-01 Achats.
.

COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR

COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE

. Fonds national de l'eau.
. Soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie audiovisuelle.
. Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision.
. Fonds national pour le développement du sport.
. Fonds national des haras et des activités hippiques.
. Fonds national pour le développement de la vie associative.
. Actions en faveur du développement des départements, des territoires et des collectivités territoriales d'outre-mer.
. Compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de sociétés.
. Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien.
. Indemnisation au titre des créances françaises sur la Russie.
. Fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale.
. Fonds de provisionnement des charges de retraite et de désendettement de l'Etat.
.
COMPTES DE PRÊTS
. Prêts du Fonds de développement économique et social.
. Prêts du Trésor à des Etats étrangers et à l'Agence française de développement en vue de favoriser le développement économique et social.
. Prêts du Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de dettes envers la France.
. Avances du Trésor consolidées par transformation en prêts du Trésor.


Je mets aux voix l'article 46 et l'état H annexé.

(L'article 46 et l'état H sont adoptés.)

Article 47

M. le président. Je rappelle que le Sénat a rejeté l'article 47 le samedi 1er décembre 2001, lors de l'examen des crédits relatifs à la communication.

Articles non rattachés

M. le président. Le Sénat va examiner maintenant les articles de la deuxième partie du projet de loi de finances qui n'ont pas encore été discutés lors de l'examen des crédits, c'est-à-dire ceux que nous appelons « les articles non rattachés ».

TITRE II

DISPOSITIONS PERMANENTES
A. - Mesures fiscales

Article additionnel avant l'article 48

M. le président. L'amendement n° II-181, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Avant l'article 48, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Le livre des procédures fiscales est ainsi modifié :
« I. - L'article L. 106 est ainsi modifié :
« 1° La deuxième phrase du premier alinéa est supprimée ;
« 2° Après le deuxième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Ces extraits peuvent être délivrés dans les mêmes conditions, pour les besoins des recherches généalogiques nécessaires au règlement d'une succession, au notaire chargé dudit règlement ou aux personnes agissant à sa demande. »
« II. - Le deuxième alinéa de l'article 107 est supprimé.
« B. - La perte de recettes résultant pour l'Etat du A ci-dessus est compensée par la création à due concurrence d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Il s'agit de simplifier la délivrance des extraits de registres d'enregistrement, ce qui devrait permettre d'accélérer la mise en oeuvre des procédures de succession et de faciliter ainsi les travaux des cabinets de généalogie.
La commission des finances estime qu'il convient de supprimer certaines rémunérations devenues obsolètes. En ce qui concerne, par exemple, les extraits de registres de l'enregistrement, sont perçus quarante centimes par année jusqu'à la sixième année, vingt centimes au-delà, sans que la rémunération puisse dépasser cinq francs. Ce sont là des scories de notre histoire juridico-administrative et la commission des finances préconise la suppression de ces rémunérations tombées en désuétude.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. M. le rapporteur général propose une simplification bienvenue. Le Gouvernement y est favorable et lève le gage, qui était modeste au demeurant.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-181 rectifié.
Je mets aux voix l'amendement n° II-181 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 48.

Article 48



M. le président.
« Art. 48. - A. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« I. - Au III de l'article 234 duodecies :
« 1° La seconde phrase du troisième alinéa est supprimée ;
« 2° Le quatrième alinéa est supprimé.
« I bis. - Le 1 de l'article 1663 est ainsi rédigé :
« 1. Les impôts directs, produits et taxes assimilés, visés par le présent code, sont exigibles trente jours après la date de la mise en recouvrement du rôle. »
« II. - Au 4 de l'article 1664, les mots : "en remettant au comptable du Trésor chargé du recouvrement des impôts directs du lieu d'imposition, quinze jours avant la date d'exigibilité de ce dernier versement, une déclaration datée et signée" sont supprimés.
« III. - Au 4 bis de l'article 1668, les mots : "en remettant au comptable du Trésor chargé du recouvrement des impôts directs, avant la date d'exigibilité du prochain versement à effectuer, une déclaration datée et signée" sont supprimés.
« IV. - Le III de l'article 1668 B est ainsi modifié :
« 1° La seconde phrase du troisième alinéa est supprimée ;
« 2° Le quatrième alinéa est supprimé.
« V. - Le I de l'article 1668 D est ainsi modifié :
« 1° Au quatrième alinéa, les mots : "en remettant au comptable du Trésor chargé du recouvrement des impôts directs, avant la date d'exigibilité du prochain versement anticipé, une déclaration datée et signée" sont supprimés ;
« 2° Le cinquième alinéa est supprimé.
« VI. - Aux articles 1681 quinquies , 1681 sexies et 1698 D, le montant : "500 000 francs" est remplacé par le montant : "50 000 euros".
« VII. - L'article 1698 D est ainsi modifié :
« 1° Les dispositions actuelles constituent un I ;
« 2° Après la référence : "564 quater A", sont insérés les mots : ", à l'article L. 245-7 du code de la sécurité sociale" ;
« 2° bis Après la référence : "1582", sont insérés les mots : "du présent code" ;
« 3° Il est complété par un II ainsi rédigé :
« II . - Les dispositions du I s'appliquent également au paiement des cotisations de solidarité prévues aux articles 564 quinquies et 564 sexies et de la taxe prévue à l'article 1618 septies . »
« VIII. - Au premier alinéa du 1 de l'article 1761, les mots : "le 15 du deuxième mois suivant celui de la mise en recouvrement du rôle" sont remplacés par les mots : "dans les 45 jours au plus tard après la date de mise en recouvrement du rôle".
« IX. - L'article 1762 est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa du 2 est ainsi rédigé :
« Il en est de même pour le contribuable qui s'est dispensé du second des versements susmentionnés dans les conditions prévues au 4 de l'article 1664 lorsqu'à la suite de la mise en recouvrement du rôle les versements effectués sont inexacts de plus du dixième. » ;
« 2° Le deuxième alinéa du 3 est ainsi rédigé :
« Il en est de même pour l'entreprise qui s'est dispensée, totalement ou partiellement, du versement d'acomptes dans les conditions prévues au 4 bis de l'article 1668, ou des versements anticipés dans les conditions prévues au troisième alinéa du III de l'article 1668 B et au quatrième alinéa du I de l'article 1668 D, lorsque les versements effectués ne correspondent pas à la liquidation de l'impôt prévue au 2 de l'article 1668. » ;
« 3° Le 3 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Il en est également de même pour la personne morale ou l'organisme qui s'est dispensé, totalement ou partiellement, du versement de l'acompte dans les conditions prévues au III de l'article 234 duodecies . Lorsque les versements effectués ne correspondent pas à la liquidation de la contribution prévue à l'article 234 nonies . »
« B. - Le deuxième alinéa de l'article L. 313-4 du code de la construction et de l'habitation est ainsi rédigé :
« Cette cotisation est recouvrée selon les modalités et sous les sûretés, garanties et sanctions applicables aux taxes sur le chiffre d'affaires. »
« C. - Le livre des procédures fiscales est ainsi modifié :
« I. - Le 7° de l'article L. 169 A est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est supprimé ;
« 2° Au deuxième alinéa, les mots : "ainsi qu'" sont supprimés.
« II. - L'article L. 277 est ainsi modifié :
« 1° Après le deuxième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« En cas de réclamation relative à l'assiette d'impositions et portant sur un montant de droits inférieur à celui fixé par décret, le débiteur est dispensé de constituer des garanties. » ;
« 2° Le troisième alinéa est ainsi modifié :
« a) Supprimé ;
« b) Les mots : ", jusqu'à la saisie inclusivement" sont supprimés ;
« c) Les mots : "Mais la vente ne peut être effectuée ou la contrainte par corps ne peut être exercée" sont remplacés par les mots : "L'exigibilité de la créance et la prescription de l'action en recouvrement sont suspendues" ;
« 3° Le quatrième alinéa est ainsi modifié :
« a) Les mots : "a notifié un avis à tiers détenteur ou" sont supprimés et, après le mot : "saisie", est inséré le mot : "conservatoire" ;
« b) Les mots : "de ces mesures si elles comportent" sont remplacés par les mots : "de cette mesure si elle comporte" ;
« c) Les mots : "le tribunal d'appel" sont remplacés par les mots : "la juridiction d'appel". »
« D. - Le code des douanes est ainsi modifié :
« I. - A l'article 114, le montant : "500 000 francs" est remplacé par le montant : "50 000 euros".
« II. - L'article 266 undecies est ainsi modifié :
« 1° Au troisième alinéa, le montant : "50 000 francs" est remplacé par le montant : "7 600 euros" ;
« 2° Le quatrième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Cette majoration est recouvrée selon les règles, garanties et sanctions prévues en matière de droits de douane. »
« III. - L'article 284 quater est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« 4. Le paiement de la taxe doit être fait par virement directement opéré sur le compte du Trésor ouvert dans les écritures de la Banque de France, lorsque son montant excède 7 600 euros.
« 5. La méconnaissance de l'obligation prévue au 4 entraîne l'application d'une majoration de 0,2 % du montant des sommes dont le versement a été effectué selon un autre moyen de paiement. Cette majoration est recouvrée selon les règles, garanties et sanctions prévues en matière de droits de douane. »
« E. - A l'annexe III de l'ordonnance n° 2000-916 du 19 septembre 2000 portant adaptation de la valeur en euros de certains montants exprimés en francs dans les textes législatifs, les lignes relatives aux articles 1681 quinquies , 1681 sexies et 1698 D du code général des impôts faisant référence aux montants de 500 000 francs et 76 000 euros sont supprimées.
« F. - 1. Les dispositions des A, II du C, D et E sont applicables à compter du 1er janvier 2002.
« 2. Les dispositions du B et du I du C s'appliquent à la cotisation due au titre de la participation des employeurs à l'effort de construction à raison des rémunérations versées à compter du 1er janvier 2000. »
L'amendement n° II-87, présenté par M. Marini au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Dans le deuxième alinéa du 1° du II du C de l'article 48, remplacer par les mots : "celui fixé par décret" par les mots : "5 000 euros". »
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission des finances souhaite améliorer le dispositif qui nous est soumis en relevant légèrement le seuil du montant de droits en dessous duquel le contribuable est dispensé de constituer des garanties lorsqu'il sollicite un sursis de paiement.
L'article 48 prévoit que le seuil est fixé par décret. La commission des finances préférerait quant à elle que le Parlement puisse se prononcer explicitement sur ce point et suggère de fixer ledit seuil à 5 000 euros.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La fixation du seuil en question relève du domaine réglementaire. Quel est le niveau pertinent ? Ce que nous souhaitons, c'est que le seuil retenu permette de limiter la mise en oeuvre du dispositif aux impositions autres que celles qui résultent des contrôles fiscaux et pour lesquelles la lourdeur de la procédure de constitution des garanties paraît, à l'heure actuelle, disproportionnée, aussi bien pour le contribuable que pour l'administration fiscale.
Nous envisageons donc de retenir un seuil de 3 000 euros, ce qui permettra, par exemple, de résoudre 80 % des cas en matière de réclamations pour taxe d'habitation. Ce montant représente à mon sens un progrès très sensible par rapport à la situation actuelle, où des garanties doivent être prises dès le premier franc.
Par ailleurs, il va sans dire qu'un bilan de l'application de cette mesure sera établi au bout d'un an ou deux. Nous verrons alors si ce seuil avait été fixé de façon judicieuse et s'il conviendrait, le cas échéant, de le modifier.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-87, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-113, présenté par M. Charasse et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le 2° du II du C de l'article 48 :
« 2° Après le premier alinéa de l'article L. 277 du livre des procédures fiscales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque le comptable a accepté les garanties proposées et a accordé le sursis de paiement ou lorsque le contribuable est dispensé de constituer des garanties, l'exigibilité de la créance et la prescription de l'action en recouvrement sont suspendues. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. L'article 48 prévoit la suspension de l'exigibilité de l'impôt et de la prescription de l'action en recouvrement lorsque le contribuable n'a pas fourni de garanties à l'appui de sa demande de sursis de paiement, et donc dès lors que ce dernier ne lui a pas été accordé.
Cette modification ne me semble bonne ni pour les droits du contribuable ni pour les créances de l'Etat. En réalité, c'est l'attitude de l'administration fiscale, et en premier lieu du comptable public chargé du recouvrement, qui déterminera qui de l'Etat ou du contribuable sera le grand perdant de cette réforme, mais dans tous les cas il y en aura au moins un.
D'une part, on peut imaginer sans peine que le comptable public ne fera aucune poursuite conservatoire pendant la durée de la réclamation d'assiette car sa responsabilité personnelle et pécuniaire n'est mise en jeu, en pratique, que lorsqu'une imposition dont il avait la charge est éteinte par la prescription. En effet, tant que la prescription n'est pas acquise, il peut toujours invoquer un espoir de recouvrement. Or, avec cette réforme, la prescription sera suspendue. C'est donc, dans ce cas, l'Etat qui est perdant.
D'autre part, on peut imaginer que le comptable, empreint du sens du service public et épaulé par les pôles de recouvrement contentieux mis en place par la direction générale de la comptabilité publique, ne relâchera en rien la pression exercée sur le contribuable. Dans ce cas, le grand perdant est le contribuable qui se voit privé d'un de ses droits essentiels : le bénéfice de la prescription.
Enfin, je voudrais dire que les arguments qui pourraient être avancés pour justifier cette réforme ne me paraissent guère pertinents.
Tout d'abord, il s'agirait, avec cette réforme, de supprimer l'avantage dont bénéficie, en matière de prescription, le contribuable qui n'a pas fourni de garantie par rapport à celui qui en a fourni. En réalité, ces deux contribuables ne sont pas placés dans la même situation : le contribuable qui n'a pas fourni de garantie subit les foudres du Trésor public, il est donc normal qu'il bénéficie de la prescription ; tandis que l'autre contribuable, celui qui a fourni des garanties, jouit paisiblement de ses biens et, là aussi, c'est normal.
Ensuite, les poursuites conservatoires seraient coûteuses pour une faible efficacité car elles ne permettent pas un recouvrement effectif. Le coût de ces mesures, essentiellement le déplacement d'un huissier de justice ou du Trésor, est dérisoire comparé aux sommes en jeu. En effet, les contestations d'assiette font souvent suite à un contrôle fiscal, elles portent donc sur les droits de plusieurs années et comprennent des pénalités. En outre, le contribuable qui ne fournit pas de garantie manifeste de la sorte sa volonté de se soustraire au paiement de l'impôt. Les mesures conservatoires, outre qu'elles sont de droit et ne sont pas aussi limitées qu'on veut bien le dire, présentent, par ailleurs, l'avantage crucial de permettre de garder le contact avec le contribuable, ce qui est essentiel quand on sait que la disparition du contribuable est l'un des deux motifs de l'admission en non-valeur.
Enfin, si la motivation réelle de cette réforme est de limiter la possibilité d'engager la responsabilité du comptable, je rappellerai qu'il existe, pour tenir compte des situations particulières, une procédure qui s'appelle la remise grâcieuse, bien plus appropriée.
L'amendement que je défends prévoit que la prescription n'est suspendue que lorsque le contribuable bénéficie du sursis de paiement. En aucun cas, il ne remet en cause la disposition qui exonère de garantie les contribuables dont l'impôt contesté est d'un faible montant.
La prescription est un droit pour le contribuable, elle implique un devoir pour le comptable, et donc une garantie pour l'Etat. Aussi, je souhaite qu'elle soit rétablie.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission s'étonne quelque peu de ce qui vient d'être dit. En effet, l'amendement n° II-113 lui semble assez éloigné, de par son inspiration, du texte de l'article 48 lui-même. Ce dernier prévoit une simplification procédurale pour des réclamations d'impôt de faibles montants. Nos collègues du groupe socialiste semblent vouloir réinstaurer toutes sortes de lourdeurs administratives et juridiques. Leur approche paraît donc assez incompatible avec le texte qui est proposé et que la commission a simplement souhaité amender en ce qui concerne le seuil d'applicabilité de l'exonération de constitution de garantie.
Madame la secrétaire d'Etat, la commission souhaite, bien entendu, connaître votre avis, mais je précise dès à présent que, compte tenu de ses délibérations, elle est encline à émettre un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le sénateur, je voudrais essayer de lever un malentendu qui a peut-être été à l'origine de l'amendement que vous avez présenté.
Lorsqu'un contribuable dépose une réclamation d'assiette avec une demande de sursis légal de paiement sans pour autant constituer de garantie, le comptable a la faculté de prendre des mesures conservatoires à son encontre. En pratique, le comptable se limite à effectuer des saisies conservatoires de biens meubles corporels, les saisies conservatoires de créances risquant, dans un certain nombre de cas, d'entraîner des conséquences difficilement réparables et la condamnation de l'Etat au paiement de dommages et intérêts en cas de dégrèvement total.
Compte tenu de la durée des contentieux d'assiette, le comptable doit effectuer plusieurs saisies conservatoires sur les mêmes biens non pas pour garantir le recouvrement de créances du Trésor mais dans le seul but d'interrompre la prescription qui, sinon, s'appliquerait. Cette multiplicité de saisies n'apporte aucune plus-value ni pour l'Etat ni pour le contribuable. En outre, le rôle des comptables publics est d'assurer le recouvrement des créances qui sont prises en charge, et non pas d'interrompre la prescription en multipliant des procédures qui sont à la fois inefficaces et coûteuses.
Lorsque des risques d'organisation d'insolvabilité sont décelés très tôt, les mesures conservatoires les plus efficientes peuvent être prises avant même la mise en recouvrement de l'impôt, après autorisation du juge de l'exécution.
Par ailleurs, le fait qu'un comptable ait effectué une saisie conservatoire de biens n'empêchera pas un débiteur qui le souhaite de disparaître ou d'organiser son insolvabilité.
L'objet de ce projet de modification de l'article L. 277 est donc non pas de justifier ou de couvrir l'inaction des comptables, mais de rendre cohérent le droit pour un débiteur de différer le paiement des impositions qu'il conteste, même s'il ne veut ou ne peut constituer les garanties demandées, avec le droit du Trésor de prendre les mesures conservatoires les plus efficaces en termes de recouvrement. L'objectif de ce texte est également de préserver le recouvrement de la créance contestée lorsque le comptable est dans l'impossibilité de prendre des mesures conservatoires.
En tout état de cause, il ne s'agit donc pas de priver le contribuable de son droit à la prescription dès lors que celle-ci reprend son cours dès la décision du tribunal intervenue. D'ailleurs, à compter de cette date, l'impôt redevient pleinement exigible et le comptable peut signifier des mesures exécutoires.
Je souhaiterais donc que vous retiriez cet amendement, monsieur le sénateur.
M. le président. Monsieur Miquel, l'amendement n° II-113 est-il maintenu ?
M. Gérard Miquel. Compte tenu des explications de Mme la secrétaire d'Etat, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° II-113 est retiré.
Je mets aux voix l'article 48, modifié.

(L'article 48 est adopté.)

Article 49



M. le président.
« Art. 49. - I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - 1. Aux deux premières phrases du deuxième alinéa du 4 de l'article 50-0, les mots : "cinq ans" sont remplacés par les mots : "deux ans".
« 2. Aux deuxième et troisième phrases du deuxième alinéa du 5 de l'article 102 ter, les mots : "cinq ans" sont remplacés par les mots : "deux ans".
« B. - Après le premier alinéa du I de l'article 93 A, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« En cas de commencement d'activité en cours d'année, les contribuables qui entendent se placer sous le régime défini au premier alinéa pour la détermination du bénéfice de leur première année d'activité exercent l'option précitée dans les délais prévus pour le dépôt de la déclaration visée à l'article 97. »
« C. - Au deuxième alinéa de l'article 302 septies A ter, les mots : "disposent d'un délai de trois mois à compter de la date du début de leur activité pour exercer cette option" sont remplacés par les mots : "exercent cette option dans les délais prévus pour le dépôt de la déclaration concernant leur premier exercice ou leur première période d'activité visée à l'article 53 A ou au 1 de l'article 223".
« II. - A. Les dispositions prévues au A du I s'appliquent tant aux options exercées à compter du 1er janvier 2002 qu'aux options en cours à cette date.
« B. - Les dispositions du C du I s'appliquent aux entreprises créées à compter du 1er janvier 2002. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet article concerne l'harmonisation des durées et des délais d'option offerts aux petites entreprises. Permettez-moi simplement, en quelques mots, de m'étonner de ce que j'estime être une insuffisante cohérence du Gouvernement.
Dans l'article 49, en effet, vous nous proposez, madame la secrétaire d'Etat, de réduire de cinq ans à deux ans la durée d'option au régime réel pour les contribuables soumis de plein droit aux régimes dit micro-BIC, micro-BNC et micro-TVA. Or, à l'article 5 bis, vous avez refusé notre proposition visant à réduire de cinq ans à trois ans la durée d'option au régime des frais réels pour les contribuables soumis de plein droit au régime micro-foncier. Nous avions d'ailleurs préconisé trois ans, plutôt que deux ans, afin de mettre le régime en phase avec le rythme des baux immobiliers, qui sont renouvelés par période triennale. Madame la secrétaire d'Etat, quelle logique y a-t-il à refuser une réforme qui partageait exactement le même esprit que celle que vous nous proposez en l'occurrence pour d'autres régimes « micro » ? Nous n'avons pas d'amour propre d'auteur nous espérons que le Gouvernement n'en a pas non plus. Lorsqu'on se fixe le même objectif de simplification et de lisibilité des textes, on devrait normalement pouvoir se retrouver.
Tout en indiquant que la commission est favorable à l'adoption de l'article 49, permettez-moi, madame la secrétaire d'Etat, de m'étonner de l'avis défavorable que vous avez formulé à l'article 5 bis sur un dispositif de portée et d'esprit identiques.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le rapporteur général, en ce qui concerne la durée de l'option pour le régime réel des revenus fonciers, la réduction du délai de cinq ans aurait posé un problème d'optimisation fiscale. Ce délai semble, en l'occurrence, parfaitement adapté à la durée d'amortissement des travaux qui sont réalisés par le bailleur.
En ce qui concerne la durée des options pour le régime du réel, la problématique est tout à fait différente. Le risque d'optimisation est réduit car il s'agit de revenus de nature professionnelle. En l'occurrence, il est donc possible de donner plus de liberté aux contribuables professionnels, qui ont par ailleurs d'autres contraintes.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement n'a pu émettre un avis favorable sur l'amendement auquel vous faites référence lors de notre débat de première partie.
M. le président. Je mets aux voix l'article 49.

(L'article 49 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 49



M. le président.
L'amendement n° II-156, présenté par MM. de Rohan, Oudin, Gérard et les membres du groupe du Rassemblement pour la république, est ainsi libellé :
« Après l'article 49, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré dans le code général des impôts, après l'article 39 octodecies, un article ainsi rédigé :
« Art. ... - A compter de 2003, les artisans pêcheurs soumis à un régime réel d'imposition peuvent déduire chaque année de leur bénéfice une somme plafonnée soit à 2 300 EUR, soit à 35 % de ce bénéfice dans la limite de 8 000 EUR.
« Pour les artisans pêcheurs exploitant en société de pêche artisanale qui n'ont pas opté pour le régime fiscal des sociétés de capitaux, la limite de la déduction visée au premier alinéa est multipliée par le nombre des associés embarqués sans pouvoir excéder trois fois les limites visées à ce même premier alinéa.
« Cette déduction doit être utilisée dans les cinq années qui suivent celle de sa réalisation pour l'acquisition et la création d'immobilisations amortissables strictement nécessaires à l'activité ou pour l'acquisition de parts sociales de sociétés coopératives maritimes.
« La déduction est pratiquée après application de l'abattement prévu à l'article 44 nonies.
« Lorsque la déduction est utilisée à l'acquisition ou à la création d'immobilisations amortissables, la base d'amortissement de celles-ci est réduite à due concurrence. Lorsqu'elle est utilisée pour l'acquisition de parts sociales de coopératives maritimes, elle est rapportée, par parts égales, au résultat de l'exercice qui suit celui de l'acquisition et des neuf exercices suivants. Toutefois, le retrait de l'adhérent ou la cession de parts sociales entraîne la réintégration immédiate dans le résultat imposable de la fraction de la déduction qui n'a pas encore été rapportée.
« Lorsqu'elle n'est pas utilisée conformément à son objet, la déduction est rapportée aux résultats de la cinquième année suivant sa réalisation. Sur demande de l'artisan pêcheur, elle peut être rapportée en tout ou partie au résultat d'un exercice antérieur lorsque ce résultat est inférieur d'au moins 20 % à la moyenne des résultats des trois exercices précédents. Pour le calcul de cette moyenne, il n'est pas tenu compte des reports déficitaires. »
« II. - Les pertes de recettes résultant de la mise en oeuvre du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par l'institution d'une taxe additionnelle au droit de consommation prévu aux articles 575 à 575 E du code général des impôts. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. La pêche française connaît une situation difficile. Le conseil européen des ministres « pêche » doit d'ailleurs se réunir le 17 décembre prochain.
Cette situation se caractérise en effet par le vieillissement de notre flotte de pêche. Au 31 décembre 2000, nous comptions 5 800 bateaux de pêche, 156 navires de pêche industrielle de plus de vingt-cinq mètres, 1 297 navires de pêche artisanale de plus de douze mètres et 4 829 navires de petite pêche côtière. En cinq ans, la diminution du nombre de navires a été considérable : 15 % pour les navires de moins de seize mètres, 8,7 % pour les navires de pêche industrielle et 14,5 % pour les navires artisanaux.
Compte tenu des règles qui ont été instituées à l'échelon européen, le renouvellement de la flotte s'effectue dans des conditions très difficiles. Elle vieillit. L'âge moyen des navires est actuellement de vingt ans. Chacun comprendra que plus notre flotte vieillit et a du mal à se renouveler, plus les risques du point de vue tant de la sécurité que de l'environnement sont grands. Dans ces conditions, il faut permettre à nos pêcheurs de moderniser leur navire. Comment y parvenir ? Tel est l'objet de l'amendement que nous proposons en nous fondant sur des dispositions qui existent déjà dans le code général des impôts.
L'article 39 bis prévoit un système de dégrèvement pour investissements pour les entreprises de presse. Mais, surtout, l'article 72 D du code général des impôts prévoit un système de déduction des frais d'équipement pour les exploitations agricoles. Ce dispositif a eu des résultats intéressants et significatifs. Il a d'ailleurs été étendu en 1986 aux entreprises d'aquaculture. Cet amendement vise à étendre les dispositions de cet article aux artisans pêcheurs. Ceux-ci pourraient déduire une somme plafonnée à 2 300 euros, l'équivalent de 15 000 francs, soit à 35 % du bénéfice dans la limite de 8 000 euros, l'équivalent de 52 500 francs. Cette déduction serait pratiquée après l'abattement déjà prévu pour les artisans pêcheurs aux termes de l'article 44 nonies du code général des impôts.
Deux questions se sont posées auxquelles il convient de répondre.
D'abord, cette mesure ne fait-elle pas double emploi avec celle qui figure dans le code général des impôts pour les sociétés de financement de navires de pêche, SOFIPECHE, c'est-à-dire la possiblité de souscrire en numéraire au capital de sociétés agréées de financement de la pêche artisanale visées à l'article 163 duovicies du code général des impôts ?
L'amendement n° II-156 vise les artisans pêcheurs exploitant en société de pêche artisanale et n'ayant donc pas opté pour le régime fiscal des sociétés de capitaux. Cette mesure ne fait par conséquent pas, à mon avis, double emploi.
Par ailleurs, cet amendement se heurte-t-il à des prescriptions communautaires ? Les recherches que j'ai effectuées montrent que tel n'est pas le cas. Dans ces conditions, je propose à la Haute Assemblée de prendre en considération cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous pouvons comprendre l'inspiration de cet amendement. Il est clair que la situation des artisans pêcheurs est difficile. Nous avons bien noté que la mesure vise les artisans pêcheurs et non les sociétés de capitaux, comme l'a bien précisé notre collègue Jacques Oudin.
Il est manifestement nécessaire, madame le secrétaire d'Etat, d'apporter un peu d'espoir à cette profession. Et il serait utile à l'ensemble de la Haute Assemblée et, plus particulièrement, à la commission des finances de vous entendre sur ce point avant d'aller plus avant dans le formulation de son avis.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. L'amendement n° II-156 vise à étendre aux artisans pêcheurs un dispositif spécifique aux entreprises agricoles consistant en une déduction fiscale pour investissement.
Je rappellerai d'un mot que la déduction fiscale accordée aux agriculteurs se justifie par les contraintes dues aux caractéristiques particulières de la production agricole, et notamment la très forte irrégularité des revenus. L'extension de cette disposition aux artisans pêcheurs priverait la déduction accordée au secteur agricole de sa spécificité et lui donnerait ainsi une toute autre logique.
Par ailleurs, comme vous le savez, les artisans pêcheurs bénéficient depuis 1998, avec le régime SOFIPE^CHE, d'un dispositif spécifique d'aide à l'investissement dont, je crois, l'efficacité est reconnue par les professionnels du secteur. Enfin, s'agissant d'un nouveau régime dérogatoire aux règles de droit commun, qui serait par ailleurs cumulable avec le dispositif des SOFIPÊCHE, il serait nécessairement constitutif d'une aide d'Etat et devrait donc être notifié au préalable à la Commission européenne.
Par conséquent, vous l'aurez compris, le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement et invite M. Oudin à le retirer.
M. le président. Quel est, en définitive, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame le secrétaire d'Etat, sans doute différentes voies existent-elles pour tenir compte des problèmes économiques particuliers que rencontre le secteur artisanal de la pêche maritime. Mais la situation de ce secteur nécessite certainement une réponse. Or, à l'interrogation de Jacques Oudin, vous n'avez répondu que par des éléments négatifs. Il vous a indiqué lui-même que sa mesure ciblait les artisans, alors que les SOFIPE^CHE se consacrent par nature aux sociétés de capitaux et qu'il ne peut donc y avoir cumul de l'un et l'autre régime.
Par ailleurs, vous nous avez rappelé que, s'agissant d'un nouveau régime dérogatoire aux règles de droit commun, il faudrait le notifier à Bruxelles ; certes, mais il n'y a pas, à ma connaissance, d'interdiction de principe à l'égard d'un régime fiscal adapté à cette forme d'exercice professionnel.
Les arguments négatifs que vous avez mentionnés ne sauraient, à mon avis, être suffisants pour justifier le rejet total de l'initiative de MM. de Rohan et Oudin.
La commission des finances, sensible aux préoccupations qui ont été exprimées, va s'en remettre à la sagesse du Sénat. Elle aurait cependant apprécié, madame le secrétaire d'Etat, que vous puissiez faire part à la Haute Assemblée de votre volonté d'aller plus loin dans l'examen de la situation de ces professions, que vous adoptiez une approche plus concrète, plus positive à leur égard et que vous acceptiez éventuellement de réaliser une étude en vue de définir les mesures qui vous sembleraient adéquates.
Madame le secrétaire d'Etat, faut-il attendre que les catégories sociales manifestent sur la voie publique ou se livrent à je ne sais quelles gesticulations pour prendre en compte leurs préoccupations ? Les personnes concernées sont calmes ; elles ont des problèmes et des préoccupations. L'amendement n° II-156 est un signal, un avertissement, et il ne me semble pas que l'on puisse y répondre en le balayant simplement du revers de la main comme vous venez de le faire.
La commission des finances, qui regrette la réponse très fermée que vous avez formulée, ne peut donc - je le répète - que s'en remettre à la sagesse du Sénat sur ce texte.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-156.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Madame le secrétaire d'Etat, votre réponse m'a étonné sur un point : je me suis référé à l'article 72 D du code général des impôts pour ce qui concerne le domaine agricole. Cette mesure avait été adoptée voilà quelques années en raison des fluctuations annuelles importantes que connaissent les revenus des agriculteurs. Ces derniers se voyaient donc autorisés à procéder à des déductions pour investissement afin de disposer des moyens financiers d'investir quand bien même leurs revenus seraient en baisse.
Peut-être ne connaissez-vous pas bien le secteur de la pêche, madame le secrétaire d'Etat. Je vous signale que, voilà un mois, les rues de Nantes étaient bloquées et que, il y a quelques années, le Parlement de Rennes a été incendié. Des remous importants sont observés. Et si j'ai cité la baisse du nombre des bâteaux de pêche, c'est parce que cela prouve bien la situation difficile du secteur.
Le prix du kilo du poisson varie beaucoup : alors que, dans mon port, le prix du kilo d'anchois s'élevait, il n'y a pas longtemps, à 12 francs, il est tombé à 5 francs. Il s'ensuit des fluctuations considérables dans le revenu des marins-pêcheurs. Et si je propose de transposer au secteur de la pêche les dispositions appliquées en faveur de l'agriculture, c'est que ces deux domaines sont confrontés à la même problématique : des fluctuations de revenus et une situation difficile.
Je me permets de vous rappeler, madame le secrétaire d'Etat, que, en matière de pêche, les Espagnols sont très bien traités par la Commission, ce dont nous nous réjouissons pour eux ; 1234 navires espagnols ont été modernisés au cours des six dernières années alors que, pendant la même période, seuls 64 bateaux français ont pu l'être ! Le rapport est donc de 1 à 20 !
La disposition présentée par l'amendement n° II-156, s'adresserait, après les mesures SOFIPÊCHE qui concernaient les sociétés de capitaux, aux artisans pêcheurs et serait, à notre sens, peu onéreuse, très efficace et extrêmement bénéfique.
Contrairement à ce que vous avez dit, madame le secrétaire d'Etat, les deux mesures fiscales ne se cumuleraient pas : l'une s'adresse en effet aux sociétés de capitaux, alors que l'autre vise les artisans pêcheurs.
Par ailleurs, l'Union européenne n'interdit en aucune façon l'application d'un tel dispositif.
Je vous demande donc vraiment de faire un effort, madame le secrétaire d'Etat. Vous vous êtes prononcée, et peut-être ne voulez-vous donc pas revenir sur l'avis que vous avez émis. Je tiens néanmoins à appeler à nouveau votre attention, ainsi que celle des mes collègues, sur la situation difficile que connaissent actuellement les marins-pêcheurs du fait non seulement des baisses de revenus mais aussi des baisses de quotas. S'agissant de ce dernier point, la Commission a notifié des baisses de quotas de sole de 60 % - je dis bien « 60 % » ! Et pour le cabillaud, le merlu ou d'autres poissons, c'est la même chose ! Il nous faut donc faire un effort. La mesure que je propose est non seulement un signal, mais aussi un encouragement à l'intention des artisans pêcheurs, et je vous demande par conséquent, mes collègues, de bien vouloir la voter.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-156, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 49.
L'amendement n° II-149, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 49, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le huitième alinéa du 1 de l'article 195 du code général des impôts, les mots : "75 ans" sont remplacés deux fois par les mots : "65 ans". »
« II. - Les pertes de recettes découlant de l'application du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement vise à la prise en compte de la qualité d'ancien combattant en termes de quotient familial.
Nous proposons, répondant ainsi aux demandes des associations du monde combattant qu'une demi-part supplémentaire soit accordée aux anciens combattants, ou à leur veuve dès l'âge de 65 ans.
Cette disposition, exclusive de l'attribution d'une demi-part à quelque autre titre que ce soit, aurait le mérite de marquer la reconnaissance de la communauté nationale envers ces personnes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission partage les préoccupations et le souci de nos collègues. Elle est bien entendu sensible aux situations difficiles que vivent certains anciens combattants. Elle a donc examiné cette proposition dans un esprit constructif.
Toutefois, elle ne peut pas la soutenir pour une raison de technique fiscale que l'on comprendra aisément.
Cet amendement vise en effet à accorder aux anciens combattants de plus de 65 ans le bénéfice d'une demi-part supplémentaire de quotient familial. Or, le problème qui nous est posé n'a aucun rapport avec les charges de famille. A utiliser des instruments hors de leur contexte et de leurs objectifs, comme dans le cas présent, on prend le risque de les fragiliser et de les discréditer !
C'est pour cette seule raison, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, que la commission n'a pu émettre un avis favorable sur l'amendement n° II-149. Elle estime que les sujets qui ont été évoqués ont vocation à être traités dans un débat relatif aux problèmes du monde combattant.
Madame le secrétaire d'Etat, nous serions bien entendu heureux, pour conforter éventuellement notre approche, d'entendre votre avis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme vient de le dire M. le rapporteur général, le système du quotient familial est fait pour proportionner l'impôt aux capacités contributives de chaque contribuable, notamment en fonction du nombre de personnes qui vivent du revenu d'un même foyer.
De ce point de vue, la demi-part supplémentaire qui est actuellement accordée aux anciens combattants de plus de 75 ans ou à leur veuve sous la même condition d'âge constitue une sorte d'exception puisqu'elle ne correspond à aucune charge effective : ni charge de famille ni charge liée à une invalidité. Elle doit donc, vous le comprendrez, demeurer strictement cantonnée.
Cela étant, un certain nombre de dispositions fiscales favorables existent à l'intention des anciens combattants en marque de reconnaissance de la nation à leur égard : il en va ainsi de la déduction accordée pour les versements effectués par les anciens combattants pour la constitution de la retraite mutualiste du combattant, des exonérations d'impôt sur le revenu, de CSG et de CRDS tant sur les pensions militaires d'invalidité que sur la retraite du combattant.
Par conséquent, au bénéfice de ces explications, je vous invite, monsieur le sénateur, à retirer votre amendement.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement n° II-149 est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-149, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° II-80 est présenté par MM. Oudin, Besse, Demuynck et Duvernois, Mmes Olin, Michaux-Chevry et Rozier, MM. Cazalet, Calmejane, Darcos, Dufaut, Gournac, Hamel, Lardeux, de Richemont, Gruillot, Lassourd, César, Doublet, Goulet, Murat, François, Ostermann, Fournier, Ginésy, Leclerc, Rispat, Vasselle, Trillard, Braye, Sido, Delevoye, de Broissia, Doligé et Caldaguès.
L'amendement n° II-103 est présenté par M. Badré et les membres du groupe de l'Union centriste.
L'amendement n° II-151 est présenté par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« Après l'article 49, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 2 du I de l'article 197 du code général des impôts est complété in fine par une phrase ainsi rédigée :
« A compter des revenus perçus en 2002, cette somme est portée à 2 590 EUR. »
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Oudin, pour défendre l'amendement n° II-80.
M. Jacques Oudin. Après avoir réduit de façon inconsidérée le quotient familial en 1998, le Gouvernement l'a un peu relevé depuis, mais insuffisamment. Cet amendement vise donc à majorer le plafond du quotient familial pour le porter à 2 590 euros pour les revenus perçus en 2002.
M. le président. La parole est à M. Badré, pour défendre l'amendement n° II-103.
M. Denis Badré. Je souscris totalement à l'explication que vient de donner notre collègue M. Oudin ; elle m'a paru parfaite. J'insisterai simplement sur l'importance que mon groupe attache à tout ce qui prend en compte les difficultés particulières aux familles.
M. le président. La parole est à M. Trucy, pour défendre l'amendement n° II-151.
M. François Trucy. Nous voulons lutter contre l'abaissement exagéré, que nous avons toujours dénoncé, du plafond du quotient familial intervenu en 1999.
Cet amendement vise donc à reprendre le montant initial de 16 380 francs et à l'actualiser pour tenir compte de l'inflation. Ce plafond serait ainsi porté à 2 590 euros pour les revenus perçus en 2002, soit environ 16 990 francs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission estime que les positions défendues par les auteurs des trois amendements sont tout à fait modérées. Il s'agit en effet de revenir à la situation qui existait avant que le Gouvernement n'abaisse la réduction d'impôt attachée à chaque demi-part du quotient familial pour compenser le rétablissement de l'universalité des prestations familiales.
Madame le secrétaire d'Etat, les différents groupes de la majorité sénatoriale souhaitent rappeler, par le dépôt de ces amendements, le prix que nous attachons à une politique familiale plus réaliste. Aussi, dans la ligne de ses votes précédents et des positions qu'elle a prises précédemment sur ces sujets, la commission a émis un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. J'ai eu l'occasion d'indiquer, lorsque des amendements identiques ont été défendus dans le cadre de la première partie, pour quelle raison je n'y étais pas favorable.
Je maintiens ma position en deuxième partie.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s II-80, II-103 et II-151, acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 49.
L'amendement n° II-152, présenté par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, est ainsi libellé :
« Après l'article 49, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le troisième alinéa du 1° de l'article 199 secdecies du code général des impôts est complété par une phrase ainsi rédigée :
« A compter des revenus perçus en 2002, le plafond est porté à 10 000 euros pour les contribuables employant à leur domicile une ou plusieurs personnes pour assurer la garde d'au moins un enfant à charge de moins de trois ans, lorsque chaque membre du couple ou la personne seule exerce une activité professionnelle minimale. »
« II. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du I est compensée par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général de impôts. »
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Il paraît nécessaire d'augmenter, en deux ans, de 45 000 francs, soit 6 860 euros, à 90 000 francs, soit 13 720 euros, le plafond des dépenses prises en compte pour la réduction d'impôt au titre des emplois à domicile en faveur des foyers ayant au moins un enfant de moins de trois ans et constitués soit autour de deux personnes exerçant chacune une activité professionnelle soit autour d'une personne seule exerçant une activité.
Dans un premier temps, pour les revenus perçus en 2002, le plafond des dépenses serait porté à 10 000 euros, soit près de 65 600 francs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est très favorable à l'amendement, qui traduit une position tout à fait raisonnable préconisant de revenir à la situation en vigueur avant 1997 et de relever, dans des conditions tout à fait modérées, le plafond des dépenses ouvrant droit à la réduction d'impôt pour l'emploi d'une personne à domicile. La réduction d'impôt de 50 % du montant des dépenses est aujourd'hui limitée à 45 000 francs. Il s'agirait de porter ce plafond à 65 600 francs pour l'exercice 2002, ce qui serait sensiblement inférieur au plafond de 90 000 francs, soit 13 720 euros, qui prévalaient jusqu'en 1996.
Madame le secrétaire d'Etat, nous n'allons pas reprendre de débat qui nous a déjà opposés en première partie. Nous pensons qu'une mesure de cette nature créera des emplois et sera favorable à la vie de nombreuses familles, alors que pour vous - vous allez certainement nous le confirmer tout à l'heure - il s'agit d'une mesure destinée aux « riches », inacceptable et inadmissible en termes de solidarité, en tout cas non compatible avec votre vision de la société !
Pardonnez-moi d'anticiper de la sorte sur la réponse que vous allez peut-être nous faire madame (Sourires) , mais je pense que nous allons réentendre ce que nous avons entendu en première partie.
En tout cas, la commission réaffirme sa position, comme nous invite à le faire le groupe des Républicains et Indépendants.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme M. le rapporteur général a en effet répondu à ma place (Sourires), je ne verserai pas dans l'idéologie et je m'en tiendrai au pragmatisme : 10 000 euros, c'est certes plus que 45 000 francs et moins que 90 000 francs ! (Nouveaux sourires.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-152, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 49.
L'amendement n° II-172, présenté par MM. Detraigne, Bernardet et Deneux, Mme Férat, MM. Christian Gaudin et Fréville, est ainsi libellé :
« Après l'article 49, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 200 quater du code général des impôts, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - A compter du 1er janvier 2002, les contribuables qui, au cours de l'année d'imposition, ont dû faire face aux frais de déménagement de leur résidence principale peuvent bénéficier à ce titre d'un crédit d'impôt.
« Ce crédit d'impôt est égal à 25 % du montant des dépenses engagées dans la limite de 10 000 francs.
« Il est accordé sur présentation des factures acquittées des entreprises de déménagement régulièrement immatriculées au registre du commerce ayant réalisé la prestation et mentionnant les adresses du déménagement et son montant.
« Le crédit d'impôt est imputé sur l'impôt sur le revenu dû au titre de l'année au cours de laquelle les dépenses de déménagement ont été payées, après imputation des réductions d'impôt mentionnées aux articles 199 quater B à 200, de l'avoir fiscal, des crédits d'impôt et des prélèvements ou retenues non libératoires. S'il excède l'impôt dû, l'excédent est restitué. »
« II. - Le I est applicable aux revenus perçus en 2002.
« III. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I sont compensées par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Christian Gaudin.
M. Christian Gaudin. Pour des raisons professionnelles ou personnelles, un nombre croissant de ménages sont, chaque année, contraints à une mobilité géographique et doivent faire face à d'importants frais de déménagement.
Or le système de déduction d'impôt actuellement en vigueur présente des insuffisances. Il ne s'applique qu'aux déclarations de frais réels professionnels ; il est trop contraignant car, en principe, il subordonne la déductibilité à un changement de résidence pour des raisons professionnelles impératives.
De plus, l'option de la déduction des frais réels comprenant les dépenses de déménagement est souvent dépourvue d'avantages par rapport à la déduction forfaitaire. Ce système est inopérant pour inciter les particuliers à recourir à des prestations dûment facturées.
En revanche, l'instauration d'un crédit d'impôt contribuerait efficacement à la résorption du travail dissimulé, dont l'importance dans l'activité de déménagement est notoire. En outre, la mesure induirait la création de plusieurs milliers d'emplois dans cette activité, qui est engagée dans un profond effort de modernisation sociale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous avons déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, de parler de la profession du déménagement.
Il est clair que cette profession, qui est soumise à de nombreuses contraintes, est indispensable à nos concitoyens et joue un rôle significatif dans la mobilité professionnelle, si nécessaire aujourd'hui.
Comme chacun le sait, il existe déjà différents dispositifs pour inciter à la mobilité professionnelle, que ce soit dans le cadre des entreprises ou par la voie fiscale.
Sensible aux problèmes de la profession du déménagement, la commission approuve les intentions des auteurs de cet amendement. Toutefois, elle se demande s'il est vraiment normal de tailler sur mesure un dispositif spécifique pour chaque profession. Une fois que l'on aura traité le cas des déménageurs, ne verra-t-on pas se constituer une file d'attente de professions qui solliciteront des déductions, des amputations, des régimes fiscaux spécifiques ? Or nous n'en avons déjà que trop dans le code général des impôts !
C'est une question que je me permets de poser. Je ne sais, cette fois-ci, quelle sera la réponse de Mme le secrétaire d'Etat (Sourires), mais son avis nous sera précieux.
La commission, pour sa part, considère que ce dispositif doit être encore approfondi, qu'il pourrait peut-être être placé dans un cadre plus général et que, dans l'immédiat, il serait préférable que l'amendement soit retiré.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je partage les interrogations du rapporteur général.
En première partie, j'avais développé les possibilités qui existent d'ores et déjà dans le cadre du régime des frais réels. Il convient, à mon sens, d'exploiter au maximum ces possibilités plutôt que de créer des dispositifs ad hoc qui finiraient par s'anéantir les uns les autres.
M. le président. Monsieur Christian Gaudin, l'amendement n° II-172 est-il maintenu ?
M. Christian Gaudin. Après avoir entendu M. le rapporteur général et Mme le secrétaire d'Etat, je le retire. Je voulais seulement éveiller l'attention sur un sujet qui est tout de même préoccupant.
M. le président. L'amendement n° II-172 est retiré.
L'amendement n° II-175, présenté par MM. Miquel, Angels, Auban, Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Marc, Massion, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 49, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Au 1 du III de l'article 302 D du code général des impôts, le mot : "cinquième" est remplacé par le mot : "dixième".
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe A sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Pour répondre à une forte demande des opérateurs du secteur viticole et leur permettre de mieux satisfaire à leurs obligations administratives, cet amendement vise à reporter du cinquième au dixième jour de chaque mois la date du dépôt de la déclaration de liquidation des droits dus lors de la mise à la consommation des alcools et des boissons alcooliques.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cet amendement tend à introduire une mesure de simplification utile. Par conséquent, le Gouvernement y est favorable et lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-175 rectifié.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-175 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 49.

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SOUHAITS DE BIENVENUE À UNE DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE D'ALBANIE

M. le président. Mes chers collègues, j'ai le plaisir de saluer la présence dans notre tribune officielle d'une délégation du groupe d'amitié Albanie-France de l'Assemblée populaire de la République d'Albanie, conduite par son président, M. Kastriot Islami, qui séjourne en France à l'invitation du Sénat et du groupe d'amitié présidé par notre collègue le questeur Serge Mathieu.
Je suis convaincu que cette visite contribuera à développer la coopération entre nos deux assemblées. Je salue un pays francophile et membre de la francophonie, auquel des liens historiques nous attachent.
Au nom du Sénat, je souhaite la bienvenue à la délégation du président Islami et forme des voeux pour que son séjour en France renforce encore les liens d'amitié qui existent entre nos deux assemblées et nos deux pays.

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LOI DE FINANCES POUR 2002

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 2002, adopté par l'Assemblée nationale.

Article 49 bis



M. le président.
« Art. 49 bis . - I. - L'article 407 du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "par le décret du 30 juillet 1935 modifié ou les textes subséquents, relatifs à la protection des appellations d'origine" sont remplacés par les mots : "par le titre IV du livre VI du code rural" et les mots : "n° 3929/87 modifié de la commission des communautés européennes du 17 décembre 1987" sont remplacés par les mots : "(CE) n° 1282/2001 de la Commission du 28 juin 2001" ;
« 2° Les deuxième et troisième alinéas sont remplacés par un alinéa ainsi rédigé :
« Les déclarations de récolte sont déposées au plus tard le 25 novembre. Les vendanges récoltées après cette date font l'objet, au moment du dépôt de la déclaration, d'une estimation qui est rectifiée si besoin est auprès de l'administration des douanes et droits indirects et de la mairie qui a reçu la déclaration de récolte. Pour les vins vendus comme "primeurs", la déclaration devra avoir été déposée au plus tard, au moment de la demande d'agrément des vins en cause. » ;
« 3° Au quatrième alinéa, les mots : "après la date fixée par l'arrêté du préfet" sont remplacés par les mots : "après la date mentionnée au deuxième alinéa".
« II. - Le présent article s'applique à compter de la récolte 2002. » - (Adopté.)

Article 50



M. le président.
« Art. 50. - I. - Le code monétaire et financier est ainsi modifié :
« A. - Les trois premiers alinéas de l'article L. 214-36 sont remplacés par huit alinéas ainsi rédigés :
« 1. L'actif d'un fonds commun de placement à risques doit être constitué, pour 50 % au moins, de titres participatifs ou de titres donnant accès directement ou indirectement au capital de sociétés qui ne sont pas admises aux négociations sur un marché réglementé français ou étranger, ou, par dérogation à l'article L. 214-20, de parts de sociétés à responsabilité limitée ou de sociétés dotées d'un statut équivalent dans leur Etat de résidence.
« 2. L'actif peut également comprendre :
« a) Dans la limite de 15 %, les avances en compte courant consenties pour la durée de l'investissement réalisé, à des sociétés remplissant les conditions pour être retenues dans le quota prévu au 1 dans lesquelles le fonds détient au moins 5 % du capital. Ces avances sont prises en compte pour le calcul de ce quota ;
« b) Des droits représentatifs d'un placement financier dans une entité constituée dans un Etat membre de l'Organisation de coopération et de développement économiques dont l'objet principal est d'investir dans des sociétés dont les titres de capital ne sont pas admis aux négociations sur un marché réglementé. Ces droits ne sont retenus dans le quota d'investissement de 50 % du fonds qu'à concurrence du pourcentage d'investissement direct de l'actif de l'entité concernée dans les sociétés éligibles à ce même quota.
« 3. Sont également pris en compte pour le calcul du quota d'investissement de 50 % les titres, détenus depuis cinq ans au plus, des sociétés admises aux négociations sur l'un des marchés réglementés de valeurs de croissance de l'Espace économique européen ou un compartiment de valeur de croissance de ces marchés dont la liste est fixée par arrêté du ministre chargé de l'économie.
« 4. Lorsque les titres d'une société détenus par un fonds commun de placement à risques sont admis aux négociations sur un marché réglementé, ils continuent à être pris en compte dans le quota d'investissement de 50 % pendant une durée de cinq ans à compter de leur admission.
« 5. Le quota d'investissement de 50 % doit être respecté au plus tard lors de l'inventaire de clôture de l'exercice suivant l'exercice de la constitution du fonds commun de placement à risques et jusqu'à la clôture du cinquième exercice du fonds.
« 6. Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du quota prévu au 5 dans le cas où le fonds procède à des appels complémentaires de capitaux ou à des souscriptions nouvelles. Il fixe également les règles d'appréciation du quota ainsi que les règles spécifiques relatives aux cessions et aux limites de la détention des actifs. »
« B. - Les quatrième à huitième alinéas de l'article L. 214-36 sont respectivement numérotés de 7 à 11.
« Dans le premier alinéa de l'article L. 342-2, le mot : "troisième" est remplacé par le mot : "huitième".
« C. - Le I de l'article L. 214-41 est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "les deux premiers alinéas de l'article L. 214-36, émises par des sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés" sont remplacés par les mots : "le 1 et le a du 2 de l'article L. 214-36 émises par des sociétés ayant leur siège dans un Etat membre de la Communauté européenne, qui sont soumises à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun ou en seraient passibles dans les mêmes conditions si l'activité était exercée en France," ;
« 2° Il est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions du 3, du 4 et du 5 de l'article L. 214-36 s'appliquent dans les mêmes conditions aux fonds communs de placement dans l'innovation sous réserve du respect du quota d'investissement de 60 % qui leur est propre. »
« II. - L'article 1er-1 de la loi n° 85-695 du 11 juillet 1985 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier est ainsi modifié :
« 1° Au c , le mot : "qui, " et, après les mots : "autres que celle tenant à la non-cotation", la fin de l'alinéa sont supprimés ;
« 2° Après le c , il est inséré un d ainsi rédigé :
« d) Les droits représentatifs d'un placement financier dans une entité constituée dans un Etat membre de l'Organisation de coopération et de développement économiques dont l'objet principal est d'investir dans des sociétés dont les titres de capital ne sont pas admis aux négociations sur un marché réglementé. Ces droits ne sont retenus dans le quota d'investissement de 50 % de la société de capital-risque qu'à concurrence du pourcentage d'investissement direct de l'actif de l'entité concernée dans les sociétés éligibles à ce même quota. »
« III. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - Au deuxième alinéa du 5 de l'article 38, les mots : "sixième alinéa de l'article L. 214-36 du code monétaire et financier" sont remplacés par les mots : "9 de l'article L. 214-36 du code monétaire et financier".
« B. - Le 2 du III de l'article 150-0 A est ainsi modifié :
« 1° Le mot : "autres" est supprimé ;
« 2° Il est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Cette condition ne s'applique pas aux fonds mentionnés au 3. »
« C. - L'article 163 quinquies B est ainsi modifié :
« 1° Au I, les mots : "au titre de cette même période" et le deuxième alinéa sont supprimés ;
« 2° Au II, le 1°, le 1° bis et le 1° ter sont remplacés par un 1° et un 1° bis ainsi rédigés :
« Outre les conditions prévues aux articles L. 214-36 et L. 214-37 du code monétaire et financier, les titres pris en compte, directement ou indirectement, par l'intermédiaire d'un autre fonds commun de placement à risques ou d'une entité visée au b du 2 du même article L. 214-36 dans le quota d'investissement de 50 % doivent être émis par des sociétés ayant leur siège dans un Etat membre de la Communauté européenne, qui exercent une activité mentionnée à l'article 34 et qui sont soumises à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun ou en seraient passibles dans les mêmes conditions si l'activité était exercée en France ;
« bis Sont également pris en compte, pour le calcul du quota d'investissement de 50 % mentionné au 1° , les titres donnant accès au capital de sociétés ayant leur siège dans un Etat membre de la Communauté européenne, dont les actions ou parts ne sont pas admises aux négociations sur un marché réglementé français ou étranger, qui sont soumises à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun ou en seraient passibles dans les mêmes conditions si l'activité était exercée en France, et qui ont pour objet exclusif de détenir des participations :
« a) Soit dans des sociétés qui répondent aux conditions prévues pour que leurs titres soient admis dans le quota d'investissement de 50 % ;
« b) Soit dans des sociétés qui répondent aux conditions mentionnées au premier alinéa et qui ont pour objet exclusif de détenir des participations dans des sociétés répondant aux conditions fixées au a ; »
« 3° Après les mots : "dépositaires des fonds", la fin du IV est supprimée.
« D. - Le VI de l'article 199 terdecies -0 A est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa du 1, les mots : "A compter de l'imposition des revenus de 1997, la réduction d'impôt prévue au premier alinéa du I pour les contribuables fiscalement domiciliés en France s'applique en cas de souscription" sont remplacés par les mots : "Les contribuables domiciliés fiscalement en France peuvent bénéficier d'une réduction de leur impôt sur le revenu égale à 25 % des souscriptions en numéraire" ;
« 2° Au premier alinéa du 2, les mots : "mentionnée au I sont ceux effectués du 1er janvier 1997 au 31 décembre 2001" sont remplacés par les mots : "mentionnée au 1 sont ceux effectués jusqu'au 31 décembre 2006" ;
« 3° Au même alinéa du 2, les montants : "75 000 francs" et "150 000 francs" sont respectivement remplacés par les montants : "12 000 euros" et "24 000 euros".
« III bis. - Les actions de sociétés de capital-risque et les parts de fonds communs de placement à risques donnant lieu à des droits différents sur l'actif net ou sur les produits de la société ou du fonds, attribuées en fonction de la qualité de la personne, ne bénéficient pas des exonérations d'impôt sur le revenu résultant des dispositions du III de l'article 150-0 A du code général des impôts et des articles 163 quinquies B, 163 quinquies C et les 163 quinquies D du même code.
« IV. - Les dispositions du présent article s'appliquent aux fonds créés à compter du 1er janvier 2002 ainsi qu'aux fonds créés antérieurement et dont tout ou partie des souscripteurs relèvent des dispositions de l'article 163 quinquies B du code général des impôts ou du a ter du I de l'article 219 du même code. Les autres fonds, sauf option de leur société de gestion pour l'application des dispositions du présent article, demeurent régis par les dispositions de l'article L. 214-36 du code monétaire et financier dans sa rédaction antérieure à la présente loi.
« Les dispositions du 3° du D du III du présent article s'appliquent aux souscriptions de parts de fonds communs de placement dans l'innovation réalisées à compter du 1er janvier 2002. »
L'amendement n° II-182, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le deuxième alinéa du 2 du A du I de l'article 50 :
« a) Dans la limite de 15 %, les avances en compte courant consenties, pour la durée de l'investissement réalisé, à des sociétés dans lesquelles le fonds détient au moins 5 % du capital. Ces avances sont prises en compte pour le calcul du quota prévu au 1 lorsqu'elles sont consenties à des sociétés remplissant les conditions pour être retenues dans ce quota. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'article 50 modernise le régime des fonds communs de placement à risques, ou FCPR, et des fonds communs de placement dans l'innovation, ou FCPI.
Ce toilettage fait suite à une concertation avec les professionnels et je crois que, dans l'ensemble, il est conforme à leurs vues et répond aux besoins du marché.
Toutefois, quelques ajustements et compléments nous ont encore semblé nécessaires, qui motivent les quelques amendements que la commission a déposés sur cet article.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Toujours plus !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oh, madame Beaudeau, je crois que, sur le terrain du « toujours plus », généralement, vous n'êtes pas en reste !
M. le président. Ce n'est pas au bénéfice des mêmes !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Au demeurant, ici, il s'agit de qualitatif et non de quantitatif.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Il y a les deux !
M. Philippe Marini, rapporteur général. De toute façon, madame Beaudeau, je pense que vous n'avez rien contre l'innovation, rien contre les dispositions favorisant la création d'entreprises et la création d'emplois !
M. le président. Veuillez présenter votre amendement, monsieur le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Puisque vous me conseillez, monsieur le président, de ne pas céder à la provocation (Sourires) , j'en reviens à l'amendement n° II-182.
Le texte de l'article 50 tel qu'il nous est proposé nous semble comporter une ambiguïté en ce qui concerne les placements de FCPR sous forme d'avances en compte courant consenties aux entreprises dans lesquelles le FCPR considéré détient une participation.
L'objet de cet amendement est d'autoriser l'actif des FCPR de comprendre des avances en compte courant. Par ailleurs, ces avances sont consenties à des sociétés remplissant les conditions telles que leurs titres soient retenus dans le quota d'investissement de 50 % ; les avances seraient prises en compte par le calcul du quota des 50 %.
La rédaction de l'Assemblée nationale permet en effet de ne retenir - et c'est, à notre sens, une erreur technique - dans l'actif des FCPR que les avances en compte courant consenties à des sociétés non cotées. Une telle rédaction ne nous paraît pas satisfaisante dans la mesure où il n'y a pas de raison particulière d'interdire à un FCPR de détenir des avances en compte courant.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Il s'agit là d'un amendement de précision, auquel le Gouvernement est favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-182.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Il s'agit là de questions fort complexes et c'est vraiment par confiance envers la commission des finances et son rapporteur général que je voterai cet amendement, qui a de surcroît reçu l'approbation de Mme le secrétaire d'Etat. Mais ce sont tout de même des dispositions sur lesquelles un sénateur moyen a bien du mal à se former un jugement !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous n'êtes pas un sénateur moyen !
M. le président. Vous êtes même un spécialiste en la matière, monsieur Chérioux ! ( Sourires. )
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Cet amendement concerne des situations qui se présentent fréquemment. Il est important que les FCPR puissent aider les entreprises nouvelles et les avances en compte courant y contribuent puissamment.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-182, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-88, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - Après le 2° du C du III de l'article 50, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« 2° bis A la fin du 2° du II, les mots : "pendant la période visée au premier alinéa du I" sont remplacés par les mots : "jusqu'à la clôture du deuxième exercice du fonds suivant celui de la souscription de parts ouvrant droit à répartition". »
« II. - Après le C du III de l'article 50, insérer un paragraphe ainsi rédigé :
« C bis . - Au 3° du II de l'article 163 quinquies C, les mots : "pendant la période mentionnée au 2°" sont remplacés les mots : "jusqu'à la clôture du deuxième exercice de la société de capital-risque suivant celui de la souscription de parts ouvrant droit à répartition". »
« III. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I et du II ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la réduction de la durée d'indisponibilité, d'une part, des sommes et valeurs auxquelles donnent droit les parts de fonds commun de placement à risque et, d'autre part, des sommes résultant des distributions des sociétés de capital-risque est compensée par la création à due concurrence d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement vise à assouplir le régime d'exonération d'impôt sur le revenu des sommes ou valeurs réparties par un FCPR. Actuellement, ces dernières doivent être réinvesties dans le fonds et demeurer indisponibles pendant cinq ans. La commission propose de réduire la période d'indisponibilité à trois ans afin de renforcer l'attractivité de ces produits.
Le présent article s'efforce d'harmoniser les régimes des FCPR et des sociétés de capital-risque. Il est donc proposé une mesure identique pour ces dernières. En effet, pour le moment, les produits distribués par ces sociétés ne sont exonérés d'impôt sur le revenu que s'ils sont réinvestis pendant cinq ans. Il est donc proposé de réduire cette période à trois ans pour les sociétés de capital-risque, comme pour les FCPR.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je note, monsieur le rapporteur spécial, l'intérêt que vous portez aux mesures actuelles de financement des entreprises non cotées. Néanmoins, je ne puis accepter votre amendement.
Vous comprendrez en effet aisément que l'avantage fiscal important dont bénéficient les souscripteurs de parts et actions de FCPR et de SCR est la contrepartie, d'une part, du risque qu'ils prennent sur le plan financier et, d'autre part, de l'indisponibilité de leur épargne pendant une durée qui doit être significative. C'est pourquoi celle-ci est fixée à cinq ans. La même durée ou une durée supérieure est prévue pour d'autres produits d'épargne qui bénéficient d'avantages fiscaux comme les plans d'épargne en actions, les plans d'épargne d'entreprise ou les plans d'épargne populaire.
La contrepartie doit être proportionnée à l'avantage fiscal. De ce point de vue, rien ne justifie que la période d'indisponibilité de l'épargne soit plus courte pour les SCR et les FCPR.
C'est pourquoi, monsieur le rapporteur général, je souhaite que vous retiriez cet amendement. M. le président. L'amendement n° II-88 est-il maintenu, monsieur le rapport général ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Dans le souci de voir cette discussion se dérouler de manière aussi courtoise que possible, la commission retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° II-88 est retiré.
L'amendement n° II-89, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - Remplacer le 2° du D du III de l'article 50 par trois alinéas ainsi rédigés :
« 2°. La première phrase du premier alinéa du 2 est supprimée.
« 2° bis Le début de la seconde phrase du premier alinéa du 2 est ainsi rédigé :
« Les versements sont retenus dans les limites... (le reste sans modification). »
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, compléter l'article 50 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la pérennisation du dispositif de réduction d'impôt sur le revenu au titre des souscriptions de parts de fonds communs de placement dans l'innovation est compensée par la création à due concurrence d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous constatons souvent que les prorogations successives de délai rendent les dispositifs fiscaux instables aux yeux des investisseurs. Nous sommes donc favorables, dans la mesure du possible, à des dispositifs plus pérennes.
Déjà, lors de la discussion de la loi de finances pour 1999, nous avions proposé, en l'espèce, la suppression de toute date d'échéance. La commission persiste à souhaiter que le régime des FCPR bénéficie d'une plus longue visibilité.
En pratique, madame le secrétaire d'Etat, cela ne changerait pas grand-chose, car ce qu'une loi a fait une autre loi peut le défaire. Sur le plan de la méthode, simplement, s'agissant d'instruments d'épargne destinés à des investisseurs qui ont besoin d'avoir confiance sur le long terme, il ne nous paraît pas opportun de prévoir des durées d'application limitées qui sont ensuite prolongées ! C'est pourquoi nous préférons que ces dispositifs soient définis de manière pérenne, étant entendu que, demain ou après-demain, le Parlement, dans sa sagesse, pourra éventuellement les remettre en cause ou en modifier tel ou tel aspect.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. L'amendement n° II-89 vise à pérenniser la réduction d'impôts au titre de la souscription de parts de FCPI. Le Gouvernement, lui, préconise la reconduction pour une durée de cinq ans de ce dispositif.
S'agissant d'incitations fiscales, je ne suis pas sûre que la pérennisation ait l'effet d'incitation recherché auprès de ceux auxquels ce dispositif est destiné. La limitation dans le temps me paraît plus de nature à faire rechercher la réduction d'impôt.
Par ailleurs, lorsqu'on reconduit un avantage fiscal pour une durée de cinq ans, on se donne aussi la possibilité de réexaminer le dispositif, de vérifier qu'il reste équilibré et qu'il répond aussi de manière satisfaisante à son objectif, en l'occurrence le renforcement des fonds propres des entreprises innovantes.
Même s'il est vrai qu'une loi peut toujours défaire ce qu'une loi antérieure a fait, je préfère de loin la solution qui consiste à reconduire le dispositif pour une période limitée et j'émets un avis défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-89.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. L'argumentaire de M. le rapporteur général me paraît particulièrement pertinent à un moment où, on le sait, le capital-risque n'est plus aussi triomphant qu'il l'était voilà quelques années. Par conséquent, tout ce qui peut renforcer dans l'immédiat la possibilité d'investir dans ces fonds est bienvenu.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-89, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-90, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - A la fin du 3° du D du III de l'article 50, remplacer les mots : "12 000 euros" et "24 000 euros" par les mots : "25 000 euros" et "50 000 euros".
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultat pour l'Etat de l'augmentation des plafonds de versements dans des parts de fonds commun de placement dans l'innovation est compensée par la création à due concurrence d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Dans son rapport, déjà souvent cité, sur l'attractivité du territoire français, notre collègue député Michel Charzat s'était prononcé en faveur de la simplification de la réglementation des FCPR et des FCPI. Il avait également proposé le doublement des plafonds de versement pour l'investissement dans des parts de FCPI.
Lorsque le dispositif fiscal de ces FCPI avait été prorogé par la loi de finances pour 1999, la commission des finances avait elle-même présenté un amendement visant à doubler le montant des plafonds de versement.
On ne sera donc pas surpris que nous réitérions aujourd'hui la même proposition.
Madame le secrétaire d'Etat, pour que ces dispositifs soient pleinement efficaces, il faut leur donner une ampleur suffisante, de manière que l'effet de levier sur l'épargne s'exerce pleinement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le rapporteur général, dans la mesure où vous nous proposez une majoration de plus de 120 % des plafonds, je ne serai pas la seule, je pense, dans cet hémicycle à considérer que là, vous y allez fort !
L'avis est, bien entendu, défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-90.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Il ne me semble pas possible de donner une réponse arithmétique à un amendement de ce genre. En réalité, il faut savoir ce que l'on recherche. Comme il n'est pas évident d'attirer les capitaux dans un tel domaine, surtout dans la période que nous vivons, l'important est de savoir si le Gouvernement souhaite ou non les attirer. Il n'est pas question de proportion, il faut une volonté et les demi-mesures n'ont jamais été une bonne solution.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Voilà une bonne vingtaine d'années, le gouvernement anglais avait mis en place un système quelque peu analogue, le Business Expansion Schema, qui était, lui, limité à 40 000 livres, soit un plafond nettement supérieur à celui que proposent tant M. Michel Charzat que M. le rapporteur général.
Comme les risques sont grands, je préfère, pour ma part, qu'ils soient pris par des investisseurs privés plutôt que par des capitaux publics, même s'il y a un avantage fiscal. Or, nous avons assisté pour le budget 2001, et nous nous en réjouissons, au développement de capitaux d'amorçage associés à des incubateurs et gérés soit régionalement, soit thématiquement. Par conséquent, cette mesure me paraît vraiment se situer dans la droite ligne de ce que le Gouvernement a, à juste titre, réalisé cette année dans ce domaine.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-90, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 50, modifié.

(L'article 50 est adopté.)

Article additionnel après l'article 50



M. le président.
L'amendement n° II-183, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Après l'article 50, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Au f du 1° de l'article 261 C du code général des impôts, les mots : "de fonds communs de placement" sont remplacés par les mots : "d'organismes de placement collectif en valeurs mobilières".
« II. - Les dispositions du I s'appliquent à compter du 1er janvier 2003.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat du I et du II ci-dessus est compensée par la création à due concurrence d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous restons dans le domaine de la gestion de capitaux.
Il convient de rappeler que les OPCVM, les organismes de placement collectif en valeurs mobilières, se répartissent en deux grandes familles : les FCP d'un côté, et les SICAV de l'autre.
Alors que les SICAV sont soumises de plein droit à la TVA pour leur activité de gestion, les FCP en sont exonérés. Cette distorsion fiscale semble provenir d'une interprétation littérale et restrictive du terme « fonds d'investissement » tel qu'il figure dans la sixième directive TVA transposée en droit français.
Ainsi s'est créée une discrimination entre les SICAV et les FCP. Mais à la vérité, ce qui est grave, c'est non pas cette discrimination entre les SICAV et les FCP en France, mais la différence de traitement fiscal entre les SICAV françaises et les SICAV des autres pays de l'Union européenne.
En effet, selon nos informations, à l'exception de la Finlande, tous les autres pays membres de l'Union européenne semblent avoir exonéré de TVA l'activité de gestion des SICAV ou outils comparables. C'est donc dans le but de promouvoir la compétitivité de l'industrie française de la gestion de capitaux que la commission propose de placer les SICAV sous le régime de l'exonération de TVA.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne peux pas être favorable à cette mesure dont le coût dépasserait 100 millions d'euros, selon une estimation des professionnels eux-mêmes.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-183.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je suis à nouveau étonné par la réponse de Mme le secrétaire d'Etat. Le problème n'est pas d'avoir ou non des incitations fiscales, ni de savoir ce que cela coûte. Il est de savoir ce que l'on veut obtenir.
Si l'on arrive à de tels montants, c'est que la mesure est utile et qu'elle générera de l'activité. Si vous souhaitez que, dans l'Europe financière qui est en train de se créer, la place de Paris soit une place de seconde zone, vous n'avez qu'à continuer dans cette voie !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini. rapporteur général. Je crois utile d'apporter deux précisions.
En premier lieu, cet amendement, discuté en deuxième partie du projet de loi de finances pour 2001, ne joue pas dans l'immédiat sur le solde puisqu'il n'entraînerait de conséquences financières qu'à partir de 2003. Si la croissance revient, comme vous l'espérez, madame le secrétaire d'Etat, et comme nous le dit M. Fabius...
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Vous l'espérez sûrement aussi !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... il ne devrait pas être si difficile de trouver une centaine de millions d'euros pour 2003.
En second lieu, et pour être plus sérieux, je voudrais reprendre la démonstration de M. Jean Chérioux. Nous sommes confrontés à un problème de compétitivité. Si l'on n'est pas en mesure d'aligner notre régime fiscal sur celui qui est applicable à des outils identiques partout dans l'Union, il se produira des effets d'éviction défavorables à nos professionnels. On ne peut pas vouloir l'Union monétaire et l'euro, on ne peut pas vouloir l'interconnexion des marchés financiers, on ne peut pas promouvoir, par exemple, Euronext et la négociation sur une même plate-forme d'un maximum de valeurs européennes si l'on n'établit pas l'unicité - ou du moins la neutralité - du cadre fiscal. Ce sont des éléments incontournables, et vous le savez aussi bien que nous.
L'argument du coût ne suffit pas. En effet, à nous en tenir à une position aussi regrettable, nous pourrions voir la matière fiscale sinon s'évanouir, du moins décroître, avec des rendements d'impôt qui seraient inéluctablement de plus en plus mauvais. Si nous ne nous prêtons pas au jeu de la compétition, notre base fiscale va inéluctablement se rétrécir en ce qui concerne des activités aussi concurrentielles, aussi mobiles, voire volatiles que la gestion de capitaux.
Enfin, madame le secrétaire d'Etat, sans vouloir être déplaisant sur ce point, il faudrait, si nous en avions le temps et la possibilité, débattre des conditions dans lesquelles vous avez chiffré la mesure. Nous n'avons pas la possibilité de connaître la méthode qui a abouti à cette évaluation. Par conséquent, même si nous prenons comme une information les 100 millions d'euros que vous avez évoqués, ce chiffrage ne peut pas être l'élément décisif dans la position du Sénat, d'autant qu'il s'agit d'une mesure dont l'application ne se ferait concrètement sentir qu'en 2003.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-183, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 50.

Article 51



M. le président.
« Art. 51. - I. - La loi n° 92-666 du 16 juillet 1992 relative au plan d'épargne en actions est ainsi modifiée :
« A. - Au dernier alinéa de l'article 1er, le montant : "600 000 F" est remplacé par le montant : "120 000 EUR".
« B. - Le I de l'article 2 est ainsi modifié :
« 1° Au b du 1, après le mot : "limitée", sont insérés les mots : "ou de sociétés dotées d'un statut équivalent dans d'autres Etats membres de la Communauté européenne" ;
« 2° Le d, le e et le f du 1 sont abrogés ;
« 3° Il est inséré un 1 bis ainsi rédigé :
« 1 bis. Les sommes versées sur un plan d'épargne en actions peuvent également être employées dans la souscription :
« a) D'actions de sociétés d'investissement à capital variable qui emploient plus de 60 % de leurs actifs en titres et droits mentionnés aux a, b et c du 1. Ce pourcentage est porté à 75 % à compter du 1er janvier 2003 ;
« b) De parts de fonds communs de placement qui emploient plus de 75 % de leurs actifs en titres et droits mentionnés aux a, b et c du 1. » ;
« 3° bis Il est inséré un 1 ter ainsi rédigé :
« 1 ter. Les sommes versées sur un plan d'épargne en actions peuvent également être employées dans un contrat de capitalisation en unités de compte régi par le code des assurances et investi dans une ou plusieurs des catégories de titres mentionnés ci-dessus, sous réserve des dispositions de l'article L. 131-1 du même code. » ;
« 4° La première phrase du 2 est remplacée par deux phrases ainsi rédigées :
« Les émetteurs des titres mentionnés au 1 doivent avoir leur siège en France ou dans un autre Etat membre de la Communauté européenne et être soumis à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun ou à un impôt équivalent. Toutefois, par dérogation à ces dispositions, jusqu'au 31 décembre 2002, les émetteurs des titres précités figurant à l'actif des organismes de placement collectif en valeurs mobilières mentionnés au 1 bis doivent avoir leur siège en France. »
« II. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Au troisième alinéa du I de l'article 163 quinquies D, le montant : "600 000 F" est remplacé par le montant : "120 000 EUR" ;
« 2° Au 2 du II de l'article 163 quinquies D, la référence : "163 quinquies B, " est supprimée ;
« 3° Le deuxième alinéa du 2 du VI de l'article 199 terdecies -0 A est supprimé.
« III. - Le 5° du II de l'article L. 136-7 du code de la sécurité sociale et le 5° du II de l'article 16 de l'ordonnance n° 96-50 du 24 janvier 1996 relative au remboursement de la dette sociale sont complétés par une phrase ainsi rédigée :
« La valeur liquidative ou de rachat ne tient pas compte des gains nets et produits de placement mentionnés au 8° afférents aux parts des fonds communs de placement à risques et aux actions des sociétés de capital-risque détenues dans le plan. »
« IV. - Les dispositions du XI de l'article 5 de l'ordonnance n° 2000-916 du 19 septembre 2000 portant adaptation de la valeur en euros de certains montants exprimés en francs dans les textes législatifs, et celles relatives à l'article 163 quinquies D du code général des impôts figurant à l'annexe IV de ladite ordonnance sont abrogées.
« V. - Les dispositions du présent article sont applicables à compter du 1er janvier 2002. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-114 rectifié, présenté par M. Charasse, est ainsi libellé :
« I. - Rédiger ainsi le troisième alinéa du 3° du B du I de l'article 51 :
« a) d'actions de sociétés d'investissement à capital variable qui emploient plus de 75 % de leurs actifs en titres et droits mentionnés aux a, b et c du 1 ; »
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant de l'alignement du régime des SICAV sur celui des fonds communs de placement, sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° II-91, présenté par M. Marini au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première phrase du troisième alinéa (a) du 3° du B du I de l'article 51, remplacer le pourcentage : "60 %" par le pourcentage : "75 %".
« II. - En conséquence, supprimer la dernière phrase du troisième alinéa (a) du 3° du B du I de cet article. »
L'amendement n° II-169, présenté par MM. Joyandet, Cazalet, Del Picchia, Duvernois, Schosteck, Gérard, Pierre André, Gournac, Calmejane, Béteille et Braye, est ainsi libellé :
« Dans la première phrase du troisième alinéa (a) du 3° du B du I de l'article 51, remplacer le taux : "60 %" par le taux : "75 %".
« II. - En conséquence, supprimer la seconde phrase du même alinéa.
« III. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant de l'alignement du régime des SICAV sur celui des fonds communs de placement est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° II-114 rectifié n'est pas soutenu.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° II-91.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous voulons inciter le Gouvernement à aller un peu plus loin et un peu plus vite dans le sens de l'évolution nécessaire des PEA.
Il nous semble que le délai d'un an accordé aux SICAV pour faire passer de 60 % à 75 % leur quota minimum d'investissement en titres éligibles au PEA ne s'impose pas et peut être supprimé.
En vérité, cet amendement est directement lié au suivant, qui prévoit aussi de supprimer le report d'un an de la possibilité pour les OPCVM d'inclure des actions européennes dans leur quota d'investissement en actions.
C'est le Gouvernement lui-même qui, dans son exposé des motifs de l'article 51, a fait un parallèle entre les deux mesures. Nous souhaitons maintenir ce parallèle, mais en rendant les deux dispositions applicables l'une et l'autre dès le 1er janvier 2002. Notre souci est de tenir compte de la compétitivité et de l'adaptation rapide de nos professions et de nos marchés.
M. le président. La parole est à M. Cazalet, pour défendre l'amendement n° II-169.
M. Auguste Cazalet. L'article 51 prévoit un alignement du régime des SICAV sur celui des fonds communs de placement. Cette modification et cet alignement paraissent néanmoins, dans la rédaction actuelle du projet de loi, incomplets et peu cohérents.
En effet, jusqu'à présent, pour être éligibles au PEA, les FCP devaient investir 75 % au minimum de leur capital en actions. Ce pourcentage n'est que de 60 % pour les SICAV. Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit d'uniformiser ces deux taux à 75 %.
Toutefois, cette uniformisation entre SICAV et FCP n'interviendra qu'au 1er janvier 2003, sans que rien ne justifie cette différence de traitement.
Ce report d'une année entre SICAV et FCP au détriment des SICAV est source d'une complexité inutile, qui nuit à la rationalité des agents économiques.
Il convient donc de modifier la rédaction de l'article en fixant le seuil à 75 % de détention d'actions par les SICAV et les FCP dans leurs portefeuilles à compter du 1er janvier 2002.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° II-169 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement, semblable à l'amendement n° II-91 de la commission que je viens de défendre, est tout à fait excellent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-91 et II-169 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne suis pas favorable à ces amendements, car il paraît nécessaire de laisser du temps aux professionnels pour adapter leur offre de produits. C'est la raison pour laquelle le relèvement de 60 % à 75 % du quota d'investissement obligatoire en actions pour les SICAV est reporté au 1er janvier 2003. Bien entendu, rien n'empêche les SICAV qui le souhaitent de respecter le quota de 75 % avant le 1er janvier 2003.
Je ne vois pas en quoi cette disposition du projet d'article, qui ouvre une faculté aux gestionnaires de SICAV, serait une source de complexité. C'est au contraire la proposition formulée par les auteurs de ces deux amendements qui pourrait gêner les professionnels et induire les effets de marché déstabilisants.
Pour ces raisons, je souhaite le retrait de ces deux amendements.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, votre amendement est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je le maintiens, monsieur le président.
M. Auguste Cazalet. Il en est de même de l'amendement n° II-169.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-91.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Cet amendement de la commission des finances va dans le bon sens puisqu'il prévoit une harmonisation des règles applicables aux OPCVM.
A cette occasion, je voudrais dire qu'on est en présence d'une particularité bien française ; je veux parler du système des quotas. Ils existent, on ne peut pas les supprimer. Mais il est aberrant de rendre certains produits alléchants sur le plan fiscal pour diriger les placements vers les actions et obligations françaises.
Cela montre à quel point notre épargne collective est pauvre. Si nous avions des fonds de pension et une épargne collective très riche, nous n'aurions pas besoin de tout cela.
En définitive, un aspect du problème échappe aux fonctionnaires du ministère des finances : gérer un fonds grâce à des quotas, ce n'est pas faire de la bonne gestion. Par moments, la flexibilité devrait l'emporter.
Je tenais à attirer l'attention sur ce système des quotas, cette aberration française qui montre combien il nous reste de chemin à parcourir pour être au niveau européen.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-91, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° II-169 n'a plus d'objet.
L'amendement n° II-166, présenté par MM. Joyandet, Cazalet, Del Picchia, Duvernois, Schosteck, Gérard, André, Gournac, Calmejane, Béteille et Braye, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première phrase du second alinéa du 4 du B du I de l'article 51, après les mots : "mentionnés au 1" insérer les mots : "et au 1 bis ".
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant de l'extension du bénéfice de l'ouverture européenne des plans d'épargne en actions est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Cazalet.
M. Auguste Cazalet. Il s'agit d'un amendement visant à assurer la cohérence d'ensemble du texte. En effet, l'article 51 du projet de loi de finances pour 2002 vise à mettre en conformité au droit communautaire le dispositif régissant les plans d'épargne en actions. A cet égard, il est proposé d'ouvrir le PEA aux émetteurs des titres possédant un siège en France ou dans un autre Etat membre de la Communauté européenne.
Or, la rédaction actuellement proposée pour modifier le paragraphe 2 de l'article 2 de la loi du 16 juillet 1992 relative au PEA ne tient pas compte de la création d'un 1 bis nouveau au sein de ce même article. On limite ainsi, par erreur ou inadvertance, le bénéfice de l'ouverture européenne, qui est l'objet du présent article 51, aux seuls émetteurs prévus au 1 de l'article 2 de la loi relative au PEA.
Sans qu'il soit besoin d'invoquer, au regard de l'article 12 du traité de Rome, l'illégalité d'une telle mesure discriminatoire fondée sur un critère de nationalité, il semble nécessaire d'harmoniser la rédaction de l'article 2 pour en assurer la cohérence et la lisibilité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est réservée. Plus exactement, elle irait dans le sens souhaité par notre collègue si telle était bien la tendance des principaux Etats voisins et compétiteurs au sein de l'Union européenne. Il ne faut pas aller plus vite que nos principaux concurrents dans la voie de l'harmonisation.
Si l'on admettait que les PEA puissent être ouverts à des parts d'OPCVM dont les titres seraient émis par des sociétés ayant leur siège social ailleurs qu'en France, peut-être risquerions-nous de déstabiliser certains professionnels de la place alors que, par ailleurs, d'autres seraient moins ouverts, moins libéraux car un peu plus protectionnistes que nous.
Madame le secrétaire d'Etat, la commission est, sur le plan des principes, favorable à une évolution de ce genre, mais elle l'estime quelque peu prématurée. Cela dit, elle souhaiterait connaître également votre avis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je partage tout à fait le point de vue qui vient d'être exprimé par M. le rapporteur général.
S'il s'agit d'ouvrir les PEA aux OPCVM européens, cela nécessite une réflexion approfondie non seulement avec la Commission européenne, mais aussi avec l'industrie française de la gestion collective car il faut bien en mesurer toutes les conséquences, aussi bien pour les épargnants que pour la profession. J'en conclus, monsieur Cazalet, que l'amendement que vous avez défendu est un peu plus qu'un amendement de précision et je souhaiterais qu'il puisse être retiré.
M. le président. Monsieur Cazalet, l'amendement est-il maintenu ?
M. Auguste Cazalet. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-166 est retiré.
Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° II-92 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances.
L'amendement n° II-161 est présenté par M. Charasse.
L'amendement n° II-164 est présenté par MM. Joyandet, Cazalet, Del Picchia, Duvernois, Schosteck, Gérard, Pierre André, Gournac, Calmejane, Béteille et Braye.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« I. - Supprimer la seconde phrase du second alinéa du 4° du B du I de l'article 51.
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant de l'alignement du régime des OPCVM sur celui des autres titres est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter le n° II-92.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous considérons qu'il est vraiment inutile, voire nuisible, de prévoir un délai d'un an pour rendre éligibles au PEA les titres détenus par des OPCVM émis par des sociétés ayant leur siège social dans Etat membre de la Communauté européenne. Il en résulterait une distorsion entre les titres détenus en direct par les épargnants et les titres détenus par l'intermédiaire d'organismes de gestion collective.
Il n'y a pas lieu, ici, de porter un jugement sur la meilleure façon d'investir. Est-ce directement ? Est-ce par l'intermédiaire d'OPCVM ? Tout dépend de l'épargnant, de l'horizon auquel il se place, du volume de ses capitaux et du temps qu'il consacre à leur gestion. Pour notre part, nous souhaitons la neutralité. Nous souhaitons que l'on ne favorise ni la détention en direct ni la détention vers un OPCVM, quel qu'il soit.
Par ailleurs, s'il est prévu de rendre éligibles au PEA des actions européennes, le dispositif doit être appliqué uniformément.
Nous ne croyons vraiment pas à certaines de vos objections, madame le secrétaire d'Etat, notamment à celle qui consiste à dire qu'en allant trop vite on risque de déstabiliser certains professionnels et de créer des mouvements de marché. Cela paraît peu vraisemblable, surtout aujourd'hui. Les marchés ont en effet suffisamment de liquidités et d'ampleur. Les volumes quotidiens sont tels que, de l'avis de la commission, ces craintes ne sont plus de mise.
Telles sont, en quelques mots, les motivations - réalisme et souci de compétitivité pour l'industrie française de la gestion - qui nous conduisent à présenter cet amendement n° II-92.
M. le président. L'amendement n° II-161 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Cazalet, pour présenter l'amendement n° II-164.
M. Auguste Cazalet. Je me rallie à l'amendement n° II-92 de M. le rapporteur général et retire l'amendement n° II-164.
M. le président. L'amendement n° II-164 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° II-92 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Les OPCVM peuvent, au-delà de leur quota d'actions d'entreprises françaises, investir dans des actions d'entreprises européennes. Monsieur le rapporteur spécial, vous proposez de leur permettre d'investir dès le 1er janvier 2002, et sans aucune limite, dans des actions européennes.
Je comprends la logique d'harmonisation des régimes qui vous anime. Mais le Gouvernement oppose à cette logique un principe de précaution.
Le PEA représente aujourd'hui environ 100 milliards d'euros d'encours investis à un peu plus de 50 % en parts ou en actions d'OPCVM. Cela représente donc beaucoup d'argent et vous devez comprendre que, dans ces conditions, on ne peut pas prendre le moindre risque de provoquer des distorsions de marché, voire un effet d'éviction, au détriment des actions françaises et donc au préjudice des épargnants.
Par conséquent, je souhaiterais que la commission retire l'amendement n° II-92.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement n° II-92, est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-92, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 51, modifié.

(L'article 51 est adopté.)

Article 51 bis



M. le président.
« Art. 51 bis . - Au début du premier alinéa de l'article 199 dexies E du code général des impôts, l'année : "2002" est remplacée par l'année : "2006". »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je souhaite poser une question à Mme la secrétaire d'Etat, toujours au sujet des FCPR.
Les FCPR sont désormais éligibles au PEA. En outre, l'article 50 du projet de loi de finances prévoit qu'un FCPR, au sens fiscal, doit détenir 50 % de son actif dans des sociétés cotées européennes.
Les OPCVM, pour être éligibles au PEA, doivent avoir un actif composé à 75 % de titres de sociétés ayant leur siège en France ou, à partir du 1er janvier 2003, dans le projet de loi de finances pour 2002, dans un Etat membre de la Communauté européenne.
Alors quelles conditions doivent remplir les FCPR pour être éligibles au PEA ? Doivent-ils avoir 75 % de leur actif composé de sociétés non cotées françaises ou, à partir du 1er janvier 2003, européennes ou bien gardent-ils leur quota spécifique de 50 % ?
Pardonnez-moi la technicité de ces questions, madame le secrétaire d'Etat, mais ces interrogations sont nées à la lecture du texte, et nous n'avons pas jusqu'ici trouvé d'éléments de réponse convaincants à ces quelques apparentes contradictions.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La réponse est que, au 1er janvier 2002, pour être éligible au PEA, il faut détenir 75 % sous forme d'actifs de sociétés non cotées françaises, et que, à partir du 1er janvier 2003, ces 75 % pourront être constitués des actifs de sociétés non cotées européennes.
M. le président. Je mets aux voix l'article 51 bis.

(L'article 51 bis est adopté.)

Article 52



M. le président.
« Art. 52. - I. - L'article 199 terdecies -0 A du code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - Le I est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "A compter de l'imposition des revenus de 1994," sont supprimés ;
« 1° bis Au a, les mots : "et exerce une activité industrielle, commerciale ou artisanale au sens du I de l'article 44 sexies , ou une activité agricole, ou une activité professionnelle au sens du 1 de l'article 92" sont supprimés ;
« 2° Au b, les montants : "260 millions de francs" et "175 millions de francs" sont respectivement remplacés par les montants : "40 millions d'euros" et "27 millions d'euros" ;
« 3° Le c est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« La condition prévue à l'alinéa précédent n'est pas exigée en cas de souscription au capital d'entreprises solidaires au sens de l'article L. 443-3-1 du code du travail. »
« B. - Le II est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "du 1er janvier 1994 au 31 décembre 2001" sont remplacés par les mots : "jusqu'au 31 décembre 2006" et les montants : "25 000 F" et "50 000 F" sont respectivement remplacés par les montants : "6 000 EUR" et "12 000 EUR" ;
« 2° Le deuxième alinéa est supprimé.
« C. - Le III est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est ainsi rédigé :
« Les souscriptions donnant lieu aux déductions prévues au 2° quater de l'article 83, aux articles 163 septdecies et 163 duovicies ou à la réduction d'impôt prévue à l'article 199 undecies A n'ouvrent pas droit à la réduction d'impôt mentionnée au I. » ;
« 2° Le deuxième alinéa est complété par les mots : "ou dans un plan d'épargne prévu au chapitre III du titre IV du livre IV du code du travail".
« II. - Les dispositions du présent article s'appliquent aux versements réalisés à compter du 1er janvier 2002. »
L'amendement n° II-93, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - Après le 2° du A du I de l'article 52, insérer deux alinéas ainsi rédigés :
« 2° bis Le c est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Pour la détermination de ce pourcentage, les participations des sociétés de capital-risque, des sociétés de développement régional et des sociétés financières d'innovation ne sont pas prises en compte à la condition qu'il n'existe pas de lien de dépendance au sens du 1 bis de l'article 39 terdecies entre la société bénéficiaire de l'apport et ces dernières sociétés. De même, ce pourcentage ne tient pas compte des participations des fonds communs de placement à risques ou des fonds communs de placement dans l'innovation ».
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'assouplissement de la condition de détention du capital sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mes chers collègues, nous restons toujours sur des sujets relatifs aux produits d'épargne.
Je rappelle que les souscriptions en numéraire au capital de sociétés non cotées donnent droit, dans certaines conditions, à une réduction d'impôt sur le revenu qui est égale à 25 % des souscriptions dans la limite d'un plafond.
L'octroi de cette réduction d'impôt est subordonnée aux critères d'indépendance de la société non cotée, ce qui se traduit par une condition : le capital de la société dont il s'agit doit être détenu majoritairement par des personnes physiques ou par des personnes morales détenues par des personnes physiques.
La commission propose d'assouplir cette condition en neutralisant, pour le calcul du seuil de 50 % de détention par des personnes physiques, le pourcentage de capital qui se trouverait détenu par des sociétés de capital-risque, des sociétés financières d'innovation, des fonds communs de placement à risques ou des fonds communs de placement dans l'innovation.
Il convient d'observer que cet assouplissement a déjà été prévu pour le report d'imposition des plus-values de cessions de titres dont le produit est investi dans le capital de sociétés non cotées ainsi que pour l'imposition de la plus-value de cession des bons de souscription de parts de créateurs d'entreprises.
Nous souhaitons une mise en harmonie de ces différents régimes et nous estimons que la présence au capital de sociétés non cotées d'organismes spécialisés dans la prise de risques, comme les FCPI, les FCPR et les sociétés de capital-risque, ne doit pas être prise en compte dans l'appréciation du taux de détention majoritaire par une personne physique ou un groupe de personnes physiques.
Madame le secrétaire d'Etat, nous souhaiterions que vous acceptiez cet amendement, car il constituerait une incitation importante au développement de l'activité des FCPR, des FCPI et des sociétés de capital-risque. Ces outils, comme le rappelait notamment M. Pierre Laffitte tout à l'heure, sont utiles à l'économie et au développement des entreprises nouvelles. Ces sociétés ou leurs équipes dirigeantes manquent parfois de dossiers. Parfois aussi, d'importants capitaux sont disponibles, mais le nombre de dossiers à traiter est peu élevé. Ces situations varient naturellement selon les conjonctures, mais je rejoins M. Jean Chérioux lorsqu'il déclare que les régimes incitatifs sont parfois tellement complexes qu'ils nuisent à leur propre efficacité.
Le dispositif que nous proposons tend à apporter un atout supplémentaire aux FCPR, aux FCPI et aux sociétés de capital-risque en favorisant leur présence au côté de personnes physiques dans des entreprises en croissance. M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Il est proposé de neutraliser, pour l'appréciation de la condition liée à la détention majoritaire du capital des sociétés par des personnes physiques, les participations détenues par des sociétés de capital-risque.
Le dispositif dit « Madelin » a pour vocation de drainer la petite épargne de proximité vers le financement en fonds propres de sociétés qui, précisément, ne suscitent pas l'intérêt du capital-risque. Il convient donc, me semble-t-il, de ne pas mélanger les instruments fiscaux et de conserver à chacun sa cible. C'est pourquoi il serait préférable de s'en tenir aux améliorations apportées au dispositif présenté à l'Assemblée nationale avec l'accord du Gouvernement, qu'il s'agisse de son extension à l'ensemble des entreprises, quel que soit leur secteur d'activité, en particulier celles du secteur financier, ou de son adaptation aux entreprises solidaires, au sens du code du travail, pour lesquelles la condition tenant à la détention majoritaire du capital par des personnes physiques serait supprimée.
Des effets positifs sont également à attendre, je pense, de l'amendement n° II-177, qui n'a pas encore été défendu par votre collègue M. Miquel.
Sous le bénéfice de ces informations, je souhaite, monsieur le rapporteur général, que vous retiriez votre amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, maintenez-vous votre amendement ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-93.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je voudrais préciser que les bénéfices dits liés à la loi Madelin sont quand même très importants pour la phase initiale de création des sociétés fortement innovantes et susceptibles, ensuite, d'intéresser le capital-risque, les FCPI et les FCPR.
Mais, au départ, ce sont l'épargne de proximité, les amis du créateur et ce qu'on appelle les business angels, c'est-à-dire les anges du business, qui sont extrêmement importants, qui permettent le démarrage de ces entreprises innovantes !
Il existe aussi, depuis peu, les fonds dits d'amorçage, financés par le secteur public. Il s'agit d'un processus continu. Je ne vois donc pas pourquoi on n'aiderait pas et on n'inciterait pas largement les personnes qui prennent les risques les plus élevés aux stades initiaux de la création d'entreprise, qui bénéficie quand même de notre soutien commun ! Je suis très favorable à cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-93, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-94, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - Dans le 1° du B du I de l'article 52, remplacer les mots :
« les mots : "du 1er janvier 1994 au 31 décembre 2001" sont remplacés par les mots : "jusqu'au 31 décembre 2006"
« par les mots :
« les mots : "ceux effectués du 1er janvier 1994 au 31 décembre 2001. Ils sont" sont supprimés.
« II. Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de la suppression de l'échéance du dispositif de réduction d'impôt pour souscription au capital de sociétés non cotées sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement a pour objet, comme tout à l'heure, de pérenniser un régime, plutôt que de le prolonger.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Mêmes commentaires qu'à l'article 50.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-94, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-95, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - A la fin du 1° du B du I de l'article 52, remplacer les mots : "6 000 EUR" et "12 000 EUR" par les mots : "12 000 EUR" et "24 000 EUR" ;
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes résultant pour le budget de l'Etat du doublement des plafonds de versements ouvrant droit à la réduction d'impôt pour souscription au capital des sociétés non cotées sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Lorsqu'un dispositif est créé, il faut qu'il soit efficace.
Prévoir des dispositifs prétendument incitatifs à certaines formes d'investissements et les limiter à des plafonds insuffisants privent ces méthodes de leur véritable efficacité.
Avec cet amendement, nous suggérons de doubler les plafonds de versement ouvrant droit à la réduction d'impôt au titre de la souscription au capital de sociétés non cotées, et de les faire passer de 6 000 à 12 000 euros pour les célibataires et de 12 000 à 24 000 euros pour les couples.
Vous allez peut-être me répondre que le plafond actuel n'est pas souvent atteint.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je le pourrais !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Effectivement, car telle est la vérité. Mais, madame le secrétaire d'Etat, il faut s'interroger sur cette réalité : s'il y a peu d'amateurs, c'est sans doute parce que le régime n'est pas intéressant, ou parce que ce sont de trop petits morceaux d'investissement qui n'attirent pas les épargnants susceptibles de se livrer à une prise de risques significative.
Peut-être aussi s'agit-il d'un dispositif méconnu ou dont la promotion n'aurait pas été assurée de manière suffisante.
Au demeurant, si les plafonds sont relevés, que risque-t-on puisque, avec les plafonds actuels, la mesure est peu effective, donc peu coûteuse pour l'Etat ? Que risque-t-on à faire appel à des capitaux plus importants pour l'investissement dans le secteur non coté ? Dans une phase de ralentissement de l'activité économique, la mobilisation de l'épargne vers les projets de petites et moyennes entreprises, notamment à fort contenu technologique, n'est-elle pas une perspective à conforter ? N'est-ce pas par ce moyen que l'on créera dans notre pays un état d'esprit propice à une vision positive de l'entreprise et de la création d'emplois ?
Pour mémoire, je rappelle qu'un relèvement des plafonds sensiblement plus important que celui que je propose est sugéré dans le rapport du parlementaire en mission, M. Michel Charzat. La vision de la commission des finances sur ces sujets est non seulement constante - nous avons en effet déjà proposé à de nombreuses reprises des mesures du même ordre - mais aussi extrêmement modérée.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Puisque vous admettez vous-même que le relèvement des plafonds ne servirait quasiment à rien, pourquoi alors le proposer ? Sauf à vouloir développer des effets proches de l'aubaine en faveur de quelques bénéficiaires, mais sans impact réel sur de nouvelles souscriptions.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Que risque- t-on ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Il me semblerait plus équitable, sans modifier les plafonds annuels dont vous parliez tout à l'heure, de mettre en place un dispositif que l'on pourrait qualifier de « report en avant » d'ailleurs préconisé par l'amendement n° II-177, que je ne voudrais pas présenter à la place de son auteur, ...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous puisez à la bonne source !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. ... et qui permettrait aux entreprises, lorsque le montant effectivement libéré de la souscription excède le pafond annuel, de bénéficier, pour l'excédent, d'une réduction d'impôt au titre des années suivantes.
Par conséquent, sans être insensible à cette préoccupation, il me semble que l'amendement n° II-177 répondra tout à fait à votre souci, monsieur le rapporteur général, tout en préservant les considérations d'équité que, me semble-t-il, nous partageons.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-95.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je citerai le cas particulier de Sophia-Antipolis. En ce moment, nous y constatons qu'une série de start-up innovantes ont des besoins de financement avant même les interventions des structures types FCPI, FCPR ou capital risque. C'est pourquoi nous sommes en train de constituer un club de business angels , parmi lesquels figurent certaines personnalités qui, ayant des compétences et des moyens, seraient disposées à investir, à condition d'être rassurées par des structures adéquates. Il y aurait au sein de ce club, non seulement des investisseurs, mais aussi des consultants, des avocats, etc.
Cela implique, bien évidemment, que ne soient pas trop limitées les sommes qu'ils sont disposés à investir. Ce qui les freine, c'est certainement le fait de ne pouvoir suivre et gérer des investissements dans trop de sociétés différentes, car ils n'ont ni le temps ni le désir de trop se diversifier. Ils veulent en effet s'impliquer et faire jouer leurs compétences. Il s'agit souvent d'anciens patrons, d'industriels jeunes retraités qui ont revendu les actions qu'ils détenaient dans d'autres sociétés. Il y a là indiscutablement nécessité et possibilité de drainer de l'argent. Comme je le disais tout à l'heure, je préfère que ce soit de l'argent privé qui s'investisse dans des opérations à haut risque, au stade initial, plutôt que de l'argent public.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Il s'agit de savoir ce que veut le Gouvernement : veut-il, ou non, drainer de l'argent vers le capital risque ? Il faut se montrer incitatif. Or on constate que les plafonds retenus ne permettent pas d'attirer les fonds que l'on souhaiterait. Je sais très bien que Bercy redoute toujours l'évasion fiscale. Mais placer son argent pour obtenir une réduction d'impôt ou pour échapper à l'impôt et risquer de perdre son capital n'est pas vraiment le mode d'évasion fiscale que je choisirais. C'est une erreur psychologique totale !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Absolument !
M. Jean Chérioux. En réalité, la limitation, c'est le risque ! Les personnes qui réfléchissent un peu n'utiliseront pas de façon disproportionnée ce moyen d'investir en franchise d'impôt. C'est une vision absolument extravagante sur le plan des mécanismes économiques et financiers. Je suis outré que l'on en soit encore là ! On a l'impression d'être les paléontologues de l'économie moderne. C'est effrayant ! On raisonne encore comme si l'on était au XVIIIe siècle, avec des gens qui ne savaient pas ce qu'était une société et qui étaient prêts à souscrire des bons de John Law. A l'évidence, c'était un capital risque : je ne sais pas si ces souscriptions étaient fiscalement encouragées, mais je sais que ceux qui s'y sont précipités ont perdu tout leur argent.
M. Paul Dubrule. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dubrule.
M. Paul Dubrule. J'approuve les propos qui ont été tenus par MM. Marini et Laffitte. Il est vrai que le plafond prévu est ridiculement bas. Je fais partie d'un groupe d'investisseurs en capital risque. Ce sont des investissements trop faibles, qu'il faut surveiller. L'investisseur qui est prêt à aider les start-up à se développer ne peut pas investir des sommes aussi faibles.
C'est pourquoi je soutiens que la proposition de doubler le plafond actuel est encore insuffisante. Peut-être aurait-il fallu aller plus loin, monsieur Marini. En tout cas, à ce niveau-là, je vous suivrai.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Notre proposition est très modérée !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-95, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-177, présenté par MM. Miquel, Angels, Auban, Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Marc, Massion, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« A. - Rédiger ainsi le 2° du B du I de l'article 52 :
« 2° Le deuxième alinéa est ainsi rédigé :
« La fraction d'une année excédant, le cas échéant, les limites mentionnées au premier alinéa ouvre droit à la réduction d'impôt dans les mêmes conditions au titre des trois années suivantes. »
« B. - Pour compenser les pertes de recettes résultant du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant de la réduction d'impôt visée au deuxième alinéa du II de l'article 199 terdecies 0A du code général des impôts sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Au risque de paraître aux yeux de certains pour un paléontologue de l'économie (Sourires) , je vous présente un amendement qui va moins loin que ceux qui ont été adoptés.
En effet, l'article 52 du projet de loi de finances pour 2002 prévoit que la réduction d'impôt sur le revenu dont bénéficient les personnes physiques au titre de la souscription en numéraire au capital de sociétés non cotées est plafonnée à 6 000 euros pour les personnes seules et à 12 000 euros pour les couples mariés. De ce fait, l'excédent éventuel de souscription n'ouvre pas droit à l'avantage fiscal.
En conséquence, nous proposons d'offrir aux souscripteurs qui effectuent des versements excédant le plafond la possibilité de bénéficier, à raison de cet excédent et dans la limite annuelle de droit commun, d'une réduction d'impôt de 25 % au titre des trois années suivantes.
Ce report en avant, qui devrait faciliter l'apport de fonds propres aux entreprises, avait été préconisé dans le rapport du député Jean-Marie Bockel sur la simplification de la création d'entreprise, de la vie des créateurs et de la gestion de leurs entreprises.
Si cette mesure était adoptée, un couple pourrait bénéficier, à raison d'une souscription immédiatement libérée de 30 000 euros, d'une réduction d'impôt de 25 %, calculée sur 12 000 euros au titre de la souscription de l'année suivante et de 6 000 euros au titre de la troisième année.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une « mesurette », mais une bonne « mesurette ». La commission des finances ne peut donc qu'y être favorable. Reporter le crédit non utilisé est une initiative utile.
Le plafond est insuffisant ; nous avons voté son relèvement. La mesure proposée par Gérard Miquel sera doublement efficace puisque nous venons de doubler le plafond !
M. Jean Chérioux. Très bien !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il faut donc faire l'un et l'autre !
Comme l'indiquait tout à l'heure notre collègue Paul Dubrule, il faut bien comprendre que les investisseurs auxquels on veut s'adresser - eux ou leurs conseillers - se trouvent face à une « palette » tellement complexe - il y a un tel « maquis » de textes, il y a tellement de mesures et de « mesurettes » dans tous les sens - que ce n'est pas incitatif. A la vérité, il vaudrait mieux, madame le secrétaire d'Etat, que les trois quarts de ces régimes incitatifs soient supprimés purement et simplement (M. Chérioux acquiesce), et que l'on instaure une, deux ou trois mesures claires, globales, simples, faciles à expliquer, pour des montants importants. (M. Dubrule applaudit.) C'est ainsi que l'on débloquerait des comportements. Mais, bien entendu, on veut toujours faire plaisir aux uns et aux autres et c'est ainsi que l'on aboutit à voter, chaque année, des « mesurettes » sympathiques.
Par conséquent, le code général des impôts est l'empilement de « mesurettes » sympathiques depuis de nombreuses années. Comment veut-on que le dispositif soit attractif ? Comment veut-on être compétitif ? Je ne crois pas que ce soit la bonne méthode.
En tout cas, dans l'immédiat, nous pouvons, bien entendu, voter sans dommage particulier, mais sans grand profit, l'amendement de notre collègue Gérard Miquel.
MM. Jean Chérioux et Paul Dubrule. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne reviendrai pas sur le commentaire qui vient d'être fait par M. le rapporteur général selon lequel le code général des impôts est une addition de « mesurettes » sympathiques.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je suis bienveillant et modéré !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je dirai simplement que, au nombre de ces mesurettes sympathiques, le Parlement a apporté sa pierre !
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'en conviens !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. En ce qui concerne l'amendement n° II-177, c'est une disposition qui a été proposée dans le rapport remis par Jean-Marie Bockel. Je persiste à dire, monsieur le rapporteur général, que c'est une mesure plus juste et plus équitable que le relèvement des plafonds proposé par les amendements précédents.
Par conséquent, je suis très favorable à cet amendement et je lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-177 rectifié.
Je mets aux voix l'amendement n° II-177 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 52, modifié.

(L'article 52 est adopté.)

Article 52 bis



M. le président.
« Art. 52 bis . - I. - Après l'article 72 D du code général des impôts, il est inséré un article 72 D bis ainsi rédigé :
« Art. 72 D bis. - I. - Les exploitants agricoles soumis à un régime réel d'imposition et qui ont souscrit une assurance couvrant les dommages aux cultures ou la mortalité du bétail peuvent, sur option, déduire de leur bénéfice une somme plafonnée soit à 3 000 EUR, soit à 40 % de ce bénéfice dans la limite de 12 000 EUR. Ce plafond est majoré de 20 % de la fraction de bénéfice comprise entre 30 000 EUR et 76 000 EUR. L'option est valable pour l'exercice au titre duquel elle est pratiquée et pour les quatre exercices suivants. Elle est irrévocable durant cette période et reconductible.
« Pour les exploitations agricoles à responsabilité limitée qui n'ont pas opté pour le régime fiscal des sociétés de capitaux et qui ont souscrit une assurance couvrant les dommages aux cultures ou la mortalité du bétail, la limite de la déduction visée au premier alinéa est multipliée par le nombre des associés exploitants sans pouvoir excéder trois fois les limites visées au premier alinéa.
« Cette déduction s'exerce à la condition que, à la clôture de l'exercice, l'exploitant ait inscrit à un compte d'affectation ouvert auprès d'un établissement de crédit une somme provenant des recettes de l'exploitation de cet exercice au moins égale au montant de la déduction. L'épargne professionnelle ainsi constituée doit être inscrite à l'actif du bilan de l'exploitation.
« La déduction est pratiquée après application de l'abattement prévu à l'article 73 B. Les exploitants agricoles qui pratiquent cette déduction renoncent définitivement aux dispositions prévues à l'article 72 B pour les stocks qui auraient pu y ouvrir droit. Ils ne peuvent pratiquer la déduction prévue à l'article 72 D durant la période couverte par l'option prévue au premier alinéa.
« Les sommes déposées sur le compte peuvent être utilisées au cours des cinq exercices qui suivent celui de leur versement pour les emplois prévus au troisième alinéa du I de l'article 72 D ou en cas d'intervention de l'un des aléas d'exploitation dont la liste est fixée par décret.
« Lorsque les sommes déposées sur le compte sont utilisées pour les emplois prévus au troisième alinéa du I de l'article 72 D, les dispositions du cinquième alinéa du I de cet article sont applicables aux déductions correspondantes. Lorsque les sommes déposées sur le compte sont utilisées en cas d'intervention de l'un des aléas d'exploitation mentionnés au cinquième alinéa, la déduction correspondante est rapportée au résultat de l'exercice au cours duquel le retrait est intervenu. Les sommes retirées sont réputées correspondre en priorité à la déduction pratiquée au titre de l'année de leur dépôt.
« Lorsque les sommes déposées sur le compte ne sont pas utilisées au cours des cinq exercices qui suivent celui de leur versement, la déduction correspondante est rapportée aux résultats du cinquième exercice suivant celui au titre duquel elle a été pratiquée.
« Lorsque des sommes déposées sur le compte sont utilisées à des emplois autres que ceux définis ci-dessus au cours des cinq exercices qui suivent celui de leur dépôt, l'ensemble des déductions correspondant aux sommes figurant sur le compte au jour de cette utilisation est rapporté au résultat de l'exercice au cours duquel cette utilisation a été effectuée.
« II. - L'apport d'une exploitation individuelle dans les conditions visées au I de l'article 151 octies à une société civile agricole par un exploitant agricole qui a pratiqué la déduction au titre d'un exercice précédant celui de l'apport n'est pas considéré pour l'application du I comme une cessation d'activité si la société bénéficiaire de l'apport en remplit les conditions et s'engage à utiliser les sommes déposées sur le compte au cours des cinq exercices qui suivent celui au titre duquel la déduction correspondante a été pratiquée dans les conditions et sous les limites définies au I.
« III. - Le compte ouvert auprès d'un établissement de crédit est un compte courant qui retrace exclusivement les opérations définies au I. »
« II. - Dans le 4° de l'article 71 du même code, les mots : "la limite de la déduction prévue au premier alinéa du I de l'article 72 D est multipliée" sont remplacés par les mots : "les limites des déductions prévues au premier alinéa des articles 72 D et 72 D bis sont multipliées".
« III. - Les dispositions du I et II s'appliquent pour la détermination des résultats des exercices ouverts à compter du 1er janvier 2002. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-77, présenté par M. Soulage, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 52 bis pour l'article 72 D bis du code général des impôts, supprimer les mots : "et qui ont souscrit une assurance couvrant les dommages aux cultures ou la mortalité du bétail".
« B. - En conséquence, dans le deuxième alinéa dudit texte, supprimer les mots : "et qui ont souscrit une assurance couvrant les dommages aux cultures ou la mortalité du bétail". »
L'amendement n° II-96, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première phrase du premier alinéa et dans le deuxième alinéa du I du texte proposé par le I de l'article 52 bis pour l'article 72 D bis du code général des impôts, après les mots : "qui ont souscrit une assurance couvrant", insérer les mots : "pour l'ensemble de l'exploitation".
« II. - Dans la première phrase du premier alinéa et dans le deuxième alinéa du I dudit texte, après les mots : "mortalité du bétail", insérer les mots : "dans la mesure où ces risques ne sont pas considérés comme non assurables". »
L'amendement n° II-154, présenté par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 52 bis pour l'article 72 D bis du code général des impôts, après les mots : "les dommages aux cultures", insérer les mots : "de toute l'exploitation", et remplacer les mots : "la mortalité du bétail" par les mots : "la mortalité de tout le bétail présent sur l'exploitation dans la mesure où ces risques sont assurables".
« II. - Dans le deuxième alinéa dudit texte, après les mots : "les dommages aux cultures", insérer les mots : "de toute l'exploitation" et remplacer les mots : "la mortalité du bétail" par les mots : "la mortalité de tout le bétail présent sur l'exploitation dans la mesure où ces risques sont assurables". »
L'amendement n° II-77 n'est pas soutenu.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° II-96.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mes chers collègues, il convient de rappeler que cet article 52 bis nouveau crée une déduction fiscale pour aléas d'exploitation. Ce régime coexistera avec la déduction pour investissement. Il aura pour vocation d'encourager les exploitants agricoles à ses constituer une épargne de précaution en cas d'aléas d'exploitation d'ordre climatique, sanitaire, économique ou familial.
Pour bénéficier de cette déduction pour aléas, différentes conditions doivent être remplies, en particulier celle qui est relative à l'assurance de l'exploitant agricole.
Par cet amendement n° II-96, nous proposons que l'obligation d'assurance s'applique bien à l'ensemble de l'exploitation agricole. En effet, nous souhaitons éviter que seule une partie de l'exploitation ne fasse l'objet d'un contrat d'assurance, ce qui, bien entendu, pourrait se retourner, dans certaines circonstances, contre les intérêts mêmes des agriculteurs dont il s'agit et contreviendrait, en tout cas, aux objectifs que se sont fixés les auteurs de la mesure. Il est donc souhaitable que l'assurance souscrite couvre bien l'ensemble de l'exploitation agricole.
En outre, il convient de préciser que les risques ainsi visés doivent être considérés comme assurables.
M. le président. La parole est à M. Trucy, pour défendre l'amendement n° II-154.
M. François Trucy. Cet amendement va dans le même sens que celui de la commission. Les modifications proposées visent en effet à préciser que les assurances au titre des dommages aux cultures, qui concernent également l'arboriculture et les vignes, ainsi que la mortalité du bétail, souscrites pour bénéficier de la déduction pour aléas, doivent couvrir l'ensemble des risques concernés de l'exploitation et non pas une partie de ceux-ci.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° II-154 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission des finances est tout à fait favorable à cet amendement, car il est très proche de son amendement n° II-96. Je suppose que nos collègues accepteront de voter l'amendement de la commission des finances et de retirer le leur.
M. le président. Monsieur Trucy, l'amendement n° II-154 est-il maintenu ?
M. François Trucy. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-154 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° II-96 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je souhaite d'abord apporter quelques précisions pour tenter de répondre aux préoccupations légitimes exprimées par le rapporteur général.
En premier lieu, j'indiquerai que tous les risques, quels qu'ils soient, sont assurables, à condition, bien évidemment, d'y mettre le prix. On ne peut donc pas considérer comme juridiquement exact le fait que certains risques puissent être considérés comme non assurables. Bien entendu, il n'est pas question de demander aux exploitants de souscrire des contrats d'assurances dont le montant des primes serait prohibitif.
L'exposé des motifs de l'amendement qui a été adopté par l'Assemblée nationale précisait déjà que l'exploitant agricole devrait souscrire une assurance couvrant les dommages aux cultures ou la mortalité du bétail pour la totalité de son exploitation, mais dans la mesure, bien sûr, où ces risques sont raisonnablement assurables.
Aujourd'hui, l'offre des compagnies d'assurances n'est pas suffisamment développée. L'un des objets de cette nouvelle mesure fiscale est précisément de rendre possible le développement de l'assurance des exploitants agricoles contre les risques de grande ampleur.
Pour que tout soit clair et qu'aucune ambiguïté ne subsiste, je m'engage à ce que l'instruction administrative qui commentera ce nouveau dispositif précise que l'obligation d'assurance ne sera exigée que lorsque l'exploitant est en mesure de satisfaire, dans des conditions normales, à cette obligation.
En second lieu, vous m'avez interrogée sur l'obligation d'assurer l'ensemble de l'exploitation agricole. Il me semble que cette question est déjà réglée. En effet, dès lors que la loi prévoit une obligation d'assurance, il est bien évident que cette obligation s'applique à la totalité de l'exploitation agricole.
Je crois donc que nous sommes d'accord sur le fond et que ces précisions pourront aisément être apportées par l'instruction administrative.
En revanche, je crois qu'il ne faut rien ajouter à la loi, d'autant qu'avec la rédaction proposée on risquerait, je le crains, d'aboutir à l'inverse de ce qui est recherché ici, soit à une mesure qui serait défavorable aux agriculteurs. En effet, tout risque étant, par nature, assurable, l'agriculteur se verrait refuser le bénéfice de la déduction pour aléas, même lorsqu'il n'existe pas d'offre d'assurance sur le marché.
Par conséquent, je souhaite le retrait de cet amendement n° II-96.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je remercie Mme le secrétaire d'Etat des précisions qu'elle a apportées, qui vont dans le sens des préocupations de la commission.
Nous avons donc compris que l'instruction administrative permettrait de répondre de manière technique et détaillée aux problèmes soulevés. Dans ces conditions, je retire l'amendement n° II-96.
M. le président. L'amendement n° II-96 est retiré.
L'amendement n° II-153, présenté par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, est ainsi libellé :
« I. - Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 52 bis pour l'article 72 D bis du code général des impôts, après le mot : "déduire", insérer les mots : "chaque année".
« II. - Dans la même phrase, remplacer les mots : "une somme plafonnée soit à 3 000 euros, soit à 40 % de ce bénéfice dans la limite de 12 000 euros" par les mots : "une somme plafonnée soit à 6 000 euros, soit à 40 % de ce bénéfice dans la limite de 18 000 euros". »
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Cet amendement a un double objet.
Premièrement, il vise à préciser que le mécanisme à bien un caractère annuel.
Deuxièmement, il tend à majorer le plafond de la somme que peuvent déduire de leur revenu les exploitants agricoles qui ont opté pour le mécanisme de la déduction pour aléas.
Si cette mesure était adoptée, l'effet du relèvement de plafond apporterait aux exploitants une épargne de précaution supplémentaire et leur permettrait, par voie de conséquence, une meilleure capacité de résistance aux sinistres, notamment d'origine climatique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nos collègues voudraient préciser que la DPA, la déduction pour aléas, s'applique chaque année. D'autre part, ils voudraient relever les plafonds de la déduction.
Nous manquons naturellement d'éléments d'appréciation pour formuler une opinion à ce sujet. Nous avons noté que les organisations professionnelles agricoles se sont déclarées, sauf erreur de ma part, satisfaites par le dispositif de la DPA tel qu'il a été mis en place, et la commission prend acte de ces positions.
Permettez-moi cependant, mes chers collègues, puisque nous avons abordé la fiscalité agricole, de profiter de l'occasion pour faire un commentaire de portée plus générale qui vaudra pour d'assez nombreux amendements à venir.
La fiscalité agricole est un domaine très précis, très concret et très spécialisé. Pour en traiter, il faut connaître les entreprises agricoles qui, elles-mêmes, sont très diversifiées, et avoir une pratique de leur gestion et de leur comptabilité. Car la fiscalité n'est qu'un reflet de la comptabilité et de la gestion, plus particulièrement encore pour ce qui est de l'agriculture.
Certes, rien n'est indéfiniment gravé dans le marbre en ces matières, et la fiscalité agricole, comme tout, doit évoluer, en l'occurrence pour tenir compte des réalités des marchés et de la situation économique du moment. Cependant, mes chers collègues, pour faire une bonne fiscalité agricole, nous devons préparer suffisamment à l'avance les positions que nous pouvons être appelés à prendre les uns et les autres. Les hasards, notamment les hasards du calendrier, font que, bien souvent, dans cet hémicycle, nous sommes amenés à examiner, à l'occasion de la discussion du projet de loi de finances, voire du collectif budgétaire, beaucoup de propositions « hypertechniques », « hyperspécialisées » de fiscalité agricole. Nous aurions grand avantage, collectivement, à examiner tout cela en amont et dans le cadre d'une approche un peu plus globale des enjeux de l'agriculture française d'aujourd'hui, pris sous l'angle économique, l'angle social, l'angle de l'aménagement du territoire, aussi.
M. Paul Blanc. Tout à fait !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Souvent, nous restons quelque peu incertains face à des propositions d'amendement très sympathiques, certes, mais tellement ciblées, spécifiques et techniques que la commission ne saurait les examiner de manière suffisamment détaillée en un samedi et un dimanche. Nous préférerions, dans certains cas, que nos réponses soient beaucoup plus argumentées, beaucoup plus précises et beaucoup plus positives.
A cet égard, mes chers collègues, il serait certainement très utile et constructif qu'à l'avenir les sénateurs intéressés par les questions de fiscalité agricole prennent contact avec la commission des finances pour avancer en cours d'année leurs idées et leurs projets, et il serait intéressant, utile, voire nécessaire, que les organisations professionnelles fassent de même.
Ainsi, nous ne serions pas contraints de traiter ces questions dans le corset d'un délai constitutionnel strict qui ne nous permet pas d'émettre des avis suffisamment motivés.
Je me permets donc de lancer un appel à mes collègues, ainsi qu'aux responsables des organisations professionnelles agricoles. Si la commission des finances a pour mission d'étudier leurs problèmes et leurs préoccupations, comme ceux des autres professions, d'ailleurs, encore faut-il que l'on veuille bien venir la trouver à temps pour qu'elle sache de quoi il retourne et que l'on ne nous impose pas de voter ceci ou cela en fonction des demandes de la profession concernée. Ce n'est pas une bonne façon de procéder ; ce n'est pas efficace ; cela ne peut pas nous permettre de faire du bon travail et cela ne peut pas assurer un sort favorable aux amendements qui procèdent d'une telle méthode.
Mes chers collègues, nous avons fait de notre mieux en ce qui concerne les amendements traitant de fiscalité agricole qui vont à présent être examinés, mais, j'en ai bien conscience, cela n'est pas très satisfaisant. J'espère que, les années prochaines, la commission des finances pourra travailler dans de meilleures conditions dans ce domaine, ce qui vaut d'ailleurs aussi bien pour les articles que nous avons vus lors de l'examen de la première partie de la loi de finances que pour ceux dont nous entreprenons actuellement l'examen en deuxième partie.
Pour revenir à l'amendement n° II-153, excellemment présenté par M. François Trucy, j'entendrai le Gouvernement avec intérêt, mais, en l'état, compte tenu de son coût et de l'articulation un peu complexe des régimes respectifs de la DPI et de la DPA, je ne pense pas qu'il puisse être adopté. Il faudrait examiner ce dispositif de manière plus approfondie.
Dans l'immédiat, sachant ce que le Gouvernement propose et ce à quoi les organisations professionnelles agricoles ont, semble-t-il, souscrit, je crois qu'il est préférable de retirer cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le sénateur, je vous le confirme, la déduction est bien annuelle et sera donc possible à chaque clôture d'exercice.
Sur le relèvement du plafond je vous renverrai, pour ma part, aux observations de méthode qui ont été faites par M. le rapporteur général.
Sur le fond, je ne vois pas de raison d'aller au-delà, s'agissant d'un dispositif qui, je crois, a été salué par l'ensemble des organisations professionnelles agricoles.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-153.
M. Paul Blanc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Paul Blanc.
M. Paul Blanc. J'ai écouté avec beaucoup d'attention les propos de notre rapporteur général concernant la fiscalité agricole. Je partage totalement son point de vue. Chaque année, en effet, nous nous trouvons confrontés à des situations de crise que nous devons régler dans l'urgence. Dans mon département, je connais particulièrement les problèmes causés par la mévente de la salade, de la tomate ou de la pêche, en raison desquels, chaque année ou presque, les agriculteurs manifestent et les préfets ont droit à l'épandage de produits les plus divers, avec tous les inconvénients que cela entraîne, et pour tout le monde.
La solution consisterait sans doute à lisser la fiscalité sur deux ou trois ans, de façon à donner aux agriculteurs la possibilité de faire des provisions en année faste pour compenser les années de mévente. On éviterait ainsi, peut-être, les débordements que nous connaissons chaque année ou presque à l'occasion de telle ou telle crise, l'été, de la pêche, l'hiver, de la salade ! (Sourires.)
Je suis donc tout à fait réceptif aux propos de notre rapporteur général et je souhaiterais qu'un débat puisse bel et bien s'engager sur la fiscalité agricole.
M. Yann Gaillard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. M. le rapporteur général a ouvert une sorte d'examen de conscience collectif ; il ne va sans doute pas durer bien longtemps, mais je profite de cette minute de vérité dont l'emprise plane sur nous.
Comme vous tous, mes chers collègues, je reçois chaque année des brassées d'amendements « agricoles » que nous envoient les organisations professionnelles.
L'année passée, ou bien la précédente, je me souviens en avoir signé certains que j'ai d'ailleurs défendus sans aucun succès. A chaque fois, le ministre présent répondait qu'il fallait attendre le rapport de Mme Béatrice Marre sur la fiscalité de l'agriculture.
M. Philippe Marini, rapporteur général. En effet !
M. Yann Gaillard. Le dépôt de ce rapport aurait pu être, effectivement, l'occasion d'un examen général du type de celui qu'appelle de ses voeux M. Philippe Marini.
Il est vrai que l'on voit ressurgir d'année en année les mêmes idées, les stocks à rotation lente pour la viticulture, par exemple. On est un peu embarrassé et on a le sentiment de faire un assez mauvais travail.
Madame le secrétaire d'Etat, que doit-on retirer du rapport Marre ? Pourquoi n'a-t-on pas eu un grand débat sur la fiscalité agricole à l'occasion du dépôt de ce rapport ?
Sur l'amendement dont il s'agit, je n'ai rien à ajouter aux propos de M. le rapporteur général, et je suivrai la commission, dont je comprends le sentiment d'aller, dans cette affaire, un peu à l'aveuglette.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme toujours en matière de fiscalité, il y a les tenants du grand soir et les tenants de la réforme méthodique, patiente et progressive. Certes, je constate comme vous qu'il n'y a pas eu de débat général autour d'un texte de loi uniquement consacré à la fiscalité agricole, mais je dois rappeler, car cela vous a visiblement échappé, que, depuis le dépôt du rapport de Mme Marre, ce sont plus de dix mesures qui ont été mises en oeuvre dans le cadre de la loi de finances pour 2001.
Donc, le chantier de la fiscalité agricole progresse. L'article que nous venons d'examiner en est l'illustration, avec cette déduction pour aléas qui nous fait franchir un grand pas.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. On a évoqué le nom d'une brillante consoeur, députée de l'Oise, qui a certainement fait un excellent travail de clarification, même si je ne suis pas d'accord avec toutes ses propositions.
Madame le secrétaire d'Etat, très sincèrement, si ce travail avait abouti à un document global permettant de mettre en perspective l'agriculture, son évolution économique et sa fiscalité, le bénéfice aurait été considérable pour l'agriculture, et pour le Gouvernement auquel vous appartenez, et, peut-être, pour Mme Marre.
Politiquement, je me réjouis que vous n'ayez pas élaboré un tel document. Mesure par mesure, mesurette par mesurette, nous avons effectivement parsemé les textes de toutes sortes de détails plus ou moins importants qui n'ont pas été valorisés comme ils auraient pu l'être dans une approche beaucoup plus globale, dont vous aviez les moyens.
Il n'est plus temps maintenant de le regretter. Mais, très sincèrement, nous ne pouvons que faire ensemble, chacun avec ses défauts et ses imperfections, dans la suite des propos tenus par nos collègues MM. Paul Blanc et Yann Gaillard, l'autocritique de la manière dont, collectivement, nous traitons ces questions de fiscalité agricole.
Elles sont très complexes et peu compréhensibles, et nous pouvons avoir parfois le sentiment d'approuver des dispositifs pour la simple raison qu'ils nous sont proposés par des gens sympathiques ou dont nous nous sentons proches. Pour autant, comprenons-nous toujours réellement ce dont il s'agit ? Savons-nous remettre les choses en perspective ? Nous pouvons nous poser de sérieuses questions, d'un côté de l'hémicycle comme de l'autre.
M. le président. Monsieur Trucy, l'amendement n° II-153 est-il maintenu ?
M. François Trucy. Le groupe des Républicains et Indépendants est très satisfait d'avoir été en quelque sorte le catalyseur de cette réflexion. Faut-il rappeler que le catalyseur est, dans une réaction chimique, un corps certes indispensable, mais qui sort parfaitement intact de la réaction qu'il provoque ? (Sourires.)
Je vous remercie de vos propos, madame la secrétaire d'Etat, car ils répondent à la première question sur l'annualité ; quant à la seconde question, la qualité de l'exposé de M. le rapporteur général et les réactions de certains de nos collègues incitent le groupe des Républicains et Indépendants à retirer cet amendement.
M. le président. L'amendement n° II-153 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-110, présenté par MM. Adnot et Sido, est ainsi libellé :
« I. - Dans le quatrième alinéa du I du texte proposé par le I de l'article 52 bis pour l'article 72 D bis du code général des impôts, supprimer la dernière phrase.
« II. - Dans le cinquième alinéa du I dudit texte, supprimer les mots : "pour les emplois prévus au troisième alinéa du I de l'article 72 D ou".
« III. - Dans le sixième alinéa du I dudit texte, supprimer la première phrase. »
L'amendement n° II-167, présenté par MM. César, Leclerc, Joyandet, Cazalet, Del Picchia, Duvernois, Schosteck, Gérard, Pierre André, Gournac, Calmejane et Braye, est ainsi libellé :
« I. - Supprimer la dernière phrase du quatrième alinéa du I du texte proposé par le I de l'article 52 bis pour l'article 72 D bis du code général des impôts.
« II. - Dans la première phrase du sixième alinéa dudit texte, supprimer les mots : "pour les emplois prévus au troisième alinéa du I de l'article 72 D ou".
« III. - Supprimer la première phrase du septième alinéa dudit texte.
« IV. - Pour compenser la perte de recettes résultant des I à III ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Les pertes résultant pour l'Etat de la modification de la déduction pour aléas sont compensées à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° II-110 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Del Picchia, pour défendre l'amendement n° II-167.
M. Robert-Denis Del Picchia. Je suis très gêné, après tout ce qui vient d'être dit, de présenter un amendement qui va dans un sens comparable ! (Sourires.)
Je le défendrai cependant, car je m'y étais engagé auprès de M. César.
La déduction pour aléas qui est proposée ne pourra pas être mise en oeuvre, car certains éléments techniques contenus dans le dispositif laissent à penser que l'option ne sera levée que par un nombre très réduit d'exploitants agricoles, lesquels risquent, à terme, d'être pénalisés.
En effet, le dispositif prévoit pour les personnes levant l'option l'impossibilité de pratiquer dans le même temps des déductions pour investissement. Or cette « fusion » des deux mécanismes au sein de la DPA ne se justifie pas.
Cet amendement vise donc, en clair, à restreindre le champ d'application de la DPA à la seule couverture d'un risque d'exploitation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il serait utile de connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il est difficile, comme je l'indiquais tout à l'heure, d'expertiser correctement des mesures aussi intéressantes et aussi techniques que celles-ci, et nous ne sommes réellement pas en mesure de porter un jugement suffisamment étayé sur cette proposition. Nous serons susceptibles de le faire, bien entendu, lors de l'examen d'un texte ultérieur.
Dans l'immédiat, la commission ne disposant pas de plus d'éléments pour aller dans le sens des signataires de l'amendement que pour aller dans celui de Mme le secrétaire d'Etat, qui a formulé un avis défavorable, elle se voit contrainte de demander aux auteurs de bien vouloir retirer l'amendement.
M. le président. Monsieur Del Picchia, l'amendement est-il maintenu ?
M. Robert-Denis Del Picchia. Nous le retirons.
M. le président. L'amendement n° II-167 est retiré.
Je mets aux voix l'article 52 bis .

(L'article 52 bis est adopté.)

Articles additionnels après l'article 52 bis



M. le président.
L'amendement n° II-128, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 52 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le dernier alinéa de l'article L. 731-15 du code rural, après les mots "de l'article 72 D" sont ajoutés les mots "ou de l'article 72 D bis ".
« II. - Les dispositions du I s'appliquent pour la détermination des résultats des exercices ouverts à compter du 1er janvier 2002.
« III. - Les pertes de recettes pour les caisses de mutualité sociale agricole et les autres organismes concernés, résultant des I et II, sont compensées à due concurrence par une hausse des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Demerliat.
M. Jean-Pierre Demerliat. Par voie d'amendement, l'Assemblée nationale a introduit l'article 52 bis , qui crée une déduction pour aléas en faveur des exploitants agricoles. Ceux-ci sont désormais autorisés à déduire de leurs bénéfices imposables le montant plafonné représentant une épargne de précaution destinée à faire face à des aléas divers.
Cette déduction étant très proche, par son mécanisme, de la déduction pour investissements, il a été décidé que ces deux dispositifs seraient exclusifs l'un de l'autre, l'exploitant devant opter soit pour l'un, soit pour l'autre.
Cependant, alors que la déduction pour investissements n'est pas soumise aux cotisations sociales des non-salariés agricoles, aucune disposition similaire n'existe pour la dotation pour aléas. Afin de rendre la concurrence entre ces deux dispositifs plus équitable et d'éviter que l'élément déterminant du choix ne soit financier, ce qui dénaturerait l'objet de la dotation pour aléas, l'amendement que nous vous proposons vise à exclure la déduction pour aléas de l'assiette des cotisations.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les préoccupations de l'amendement sont excellentes et sans doute tout à fait légitimes. Malheureusement, il me semble qu'elles auraient dû être exprimées dans la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale, car il s'agit de cotisations sociales des non-salariés agricoles. Nous sommes donc en train de discuter une question de réglementation sociale qui me semble ne plus avoir sa place en loi de finances.
C'est la raison pour laquelle la commission des finances demande le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Sans vouloir me montrer rigoriste en termes de procédure, je ne vois pas de raison, considérant que le budget annexe des prestations sociales agricoles assure le financement de la sécurité sociale des exploitants agricoles, de considérer que cet amendement n'a pas sa place dans notre discussion !
Sur le fond, je ne puis qu'être favorable à la proposition qui consiste à étendre à l'assiette sociale la déduction fiscale qui vient d'être adoptée avec l'article 52 bis .
Par conséquent, je suis favorable à l'amendement n° II-128, dont je lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-128 rectifié.
Je mets aux voix l'amendement n° II-128 rectifié, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 52 bis .
L'amendement n° II-176, présenté par MM Miquel, Angels, Auban, Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Marc, Massion, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 52 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 65 A du code général des impôts, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Sauf la première année où le régime de l'évaluation forfaitaire est applicable, les exploitants agricoles sont dispensés de la formalité mentionnée à l'article 65 A :
« a) pour leur activité de viticulture, à l'exception des ventes de bouteilles se rapportant à la production des années antérieures ;
« b) pour leur activité de polyculture, lorsque les renseignements servant au calcul de leur bénéfice forfaitaire demeurent inchangés par rapport à ceux de l'année précédente. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Cet amendement vise à simplifier les obligations déclaratives des exploitants agricoles en les dispensant, dans certains cas, de souscrire des déclarations relatives à la détermination des bénéfices forfaitaires.
En effet, les exploitants viticoles doivent déposer, pour leur activité de viticulture autre que la vente en bouteilles des récoltes des années antérieures, des déclarations fiscales contenant les éléments nécessaires au calcul du bénéfice agricole forfaitaire. Cependant, ces déclarations font double emploi avec les informations communiquées par ailleurs à l'administration fiscale par le service des douanes.
En conséquence, nous proposons de dispenser les exploitants viticoles de ces obligations déclaratives.
Parallèlement, à l'exception des changements qui interviennent dans les modes de faire-valoir, dans les superficies ou dans les revenus cadastraux, les renseignements nécessaires au calcul du bénéfice agricole des exploitants taxés à un tarif de polyculture sont connus des services des impôts. Aussi, proposons-nous, de la même façon, de dispenser ces exploitants du dépôt d'une déclaration spécifique pour leur activité de polyculture, du moins lorsque celle-ci reste inchangée. Ces exploitants ne resteraient donc tenus au dépôt de déclarations, le cas échéant, que pour leurs activités d'élevage ou de cultures spécialisées.
Il doit être bien clair, en effet, que ne sont pas concernés par ces mesures de simplification les exploitants agricoles autres que les viticulteurs et les exploitants agricoles ayant une activité de polyculture, dès lors que l'administration n'a pas d'autres moyens de connaître les conditions de poursuite de leur activité, d'une part, et, d'autre part, que l'activité agricole poursuivie est affectée de variations annuelles, comme l'élevage et les cultures spécialisées.
Enfin, il est à noter que ces mesures profiteraient à 265 000 exploitants agricoles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je souhaite connaître l'avis du Gouvernement sur cet amendement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est favorable à une mesure de simplification qui concernera 225 000 petits exploitants agricoles. Je lève donc le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-176 rectifié.
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je me réjouis de cette petite gentillesse, qui exprime, par les temps qui courent, un souci que l'on ne peut que saluer... ( Sourires. )
La commission s'en remet, bien entendu, à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-176 rectifié.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je ne peux pas m'opposer à la bienveillance sélective de Mme le secrétaire d'Etat,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Bienveillance très sélective !
M. Denis Badré. C'est un commencement !
M. Jean Chérioux. ... car nous n'y sommes guère habitués !
Même si cette proposition émane de la gauche, ce n'est pas une raison pour que je m'y oppose, loin de là. Toutefois, je constate que, dans le cas présent, le coût de la mesure ne semble pas préoccuper le Gouvernement !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Il n'y en a pas !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Alors, ce n'est pas un gros cadeau !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-176 rectifié, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que l'amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 52 bis .
L'amendement n° II-170, présenté par M. Christian Gaudin, Mmes Gautier, Papon et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Après l'article 52 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A la fin de la première phrase de l'article 75 du code général des impôts, les mots : "ni 30 % des recettes tirées de l'activité agricole, ni 200 000 F", sont remplacés par les mots : "pas 30 % des recettes tirées de l'activité agricole".
« II. - La perte de recettes pour l'Etat résultant de l'application du I est compensée, à due concurrence, par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Christian Gaudin.
M. Christian Gaudin. Dans un secteur comme celui de l'horticulture, plusieurs facteurs imposent la réalisation, à titre de complément d'activité, d'actes d'achat-revente. Parmi ces facteurs, on peut citer le caractère très aléatoire de certaines productions, qui peuvent exiger plusieurs années de culture, ou la spécialisation dans certains créneaux de production imposée, notamment, par les contraintes climatiques.
Compte tenu du fait que le rattachement des recettes commerciales aux recettes agricoles pour l'imposition des revenus ne prive pas l'Etat de la perception sur ces recettes des autres impôts et taxes qui s'appliquent aux activités commerciales, le présent amendement vise à supprimer le plafond de 200 000 francs et tend à revenir à l'application du seul pourcentage de recettes accessoires rattachables, cette approche étant la seule qui permette un juste équilibre entre des activités de nature différente.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission, en espérant que la réponse de Mme la secrétaire d'Etat sera identique à celle qu'elle vient de formuler, sera très attentive à l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je serai très concise : le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
M. Denis Badré. Nous restons dans le domaine sélectif !
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il serait préférable que l'amendement fût retiré. Nous nous livrons à une culture sélective des amendements ; certaines semences ont l'heur de plaire et de croître, d'autres devront rester encore un peu sous terre.
M. Jean Chérioux. C'est une question de saison !
M. Paul Blanc. La germination se fera au printemps !
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Christian Gaudin ?
M. Christian Gaudin. Je le retire, mais je souhaite attirer l'attention sur un secteur d'activité qui rencontre diverses difficultés dues, notamment, à une concurrence vive et déséquilibrée.
Le phénomène d'achat-revente est très spécifique à ce domaine d'activité ; cette question mérite d'être approfondie.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Absolument !
M. le président. L'amendement n° II-170 est retiré.
L'amendement n° II-53, présenté par MM. Pintat, César, Valade, du Luart, Cazalet et de Richemont, est ainsi libellé :
« Après l'article 52 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 199 sexies du code général des impôts, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - A compter du 1er janvier 2003, les contribuables domiciliés en France au sens de l'article 4 B du code général des impôts peuvent bénéficier chaque année d'une réduction d'impôt égale au montant de la cotisation acquittée au bénéfice d'une association syndicale, ayant pour objet la réalisation de travaux de prévention en vue de la défense des forêts contre l'incendie, sur des terrains inclus dans des zones classées en application de l'article L. 321-1 du code forestier ou dans des massifs visés à l'article L. 321-6 du même code. La réduction d'impôt est accordée sur présentation de la quittance de versement de la cotisation visée par le percepteur de la commune ou du groupement de communes concerné. Cette réduction d'impôt s'applique au montant de l'impôt calculé dans des conditions définies à l'article 197.
« En aucun cas, la cotisation bénéficiant de cette réduction d'impôt ne peut être incluse dans les dépenses constitutives des résultats bruts d'exploitation, base de l'assiette du revenu cadastral forestier. »
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application des dispositions du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Cazalet.
M. Auguste Cazalet. Cet amendement, auquel tient beaucoup mon collègue et ami Xavier Pintat, vise à permettre aux sylviculteurs aquitains, propriétaires de 90 % du massif des Landes de Gascogne, de déduire de leur impôt sur le revenu les cotisations DFCI - défense de la forêt contre l'incendie - qu'ils versent volontairement aux associations syndicales afin de prévenir le risque d'incendie et de protéger la forêt. Il s'agit donc d'accorder une prime à l'effort.
A l'heure où l'on parle de protection de la nature et d'écologie, la défense de la forêt contre son principal ennemi, le feu, en Aquitaine peut être citée en exemple, car elle est le résultat de quarante années de mutualisation volontaire, un exemple sur lequel devrait d'ailleurs méditer le conservatoire de la forêt méditerranéenne si l'on en croit un audit de la Cour des comptes.
La déduction proposée serait une juste contrepartie de l'effort consenti par les forestiers étant donné l'augmentation constante du risque incendie du fait de la pression sociale exercée sur les forêts.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission des finances avait examiné cet amendement en vue de sa présentation en première partie de la loi de finances et, compte tenu de la situation en région Aquitaine notamment, elle avait émis un avis favorable, mais l'amendement n'avait pu être discuté en séance publique ; il revient à présent devant nous et la commission réitère son avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur cette question en première partie. Le Gouvernement n'est pas favorable à un dispositif qui tend à faire prendre en charge par la collectivité nationale les intérêts des propriétaires fonciers privés, forestiers en l'occurrence.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-53, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 52 bis.
L'amendement n° II-40 rectifié, présenté par M. Detraigne, Mme Férat, MM. César, Deneux, Emorine, Flandre, Biwer et Adnot, est ainsi libellé :
« Après l'article 52 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa du a du 6° de l'article 1382 du code général des impôts, après le mot : "pressoirs" sont ajoutés les mots : ", ateliers de déshydratation".
« II. - Les pertes de recettes pour les collectivités territoriales sont compensées, à due concurrence, par une majoration de la dotation globale de fonctionnement.
« III. - La perte de recettes pour le budget de l'Etat est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Detraigne.
M. Yves Detraigne. Cet amendement introduisant non pas une nouveauté mais plutôt une précision dans la fiscalité agricole, j'ose espérer qu'il connaîtra un sort favorable !
Il concerne les ateliers de déshydratation de fourrages, notamment de luzerne.
La déshydratation était traditionnellement considérée comme un prolongement de l'activité agricole et les ateliers étaient de ce fait exonérés de la taxe foncière sur les propriétés bâties en vertu du 6° de l'article 1382 du code général des impôts.
Depuis quelques années, un contentieux est en cours avec les services fiscaux : ils considèrent la déshydratation comme un processus industriel de transformation des fourrages et en déduisent que les ateliers sont soumis à l'impôt sur le foncier bâti.
Il s'agit en fait de simples séchages et de compressions de luzerne, sans transformation du produit.
Il est donc proposé de compléter le 6° de l'article 1382 du code général des impôts pour préciser que, dans la mesure où, comme le rappelle d'ailleurs la doctrine administrative dans une instruction relative à la TVA, la déshydratation est un prolongement de l'activité agricole traditionnelle, les ateliers de déshydratation sont exonérés de la taxe foncière sur les propriétés bâties.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est un point complexe ! Les auteurs de l'amendement font référence, dans leur exposé des motifs, à la déshydratation de luzerne. Or, si j'ai bien compris, le dispositif préconisé étendrait l'exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties à l'ensemble des ateliers de déshydratation.
Si l'intention des auteurs est de cibler spécifiquement la luzerne, une rédaction différente pourrait le préciser.
Par ailleurs, la commission n'est pas en mesure de savoir si les ateliers de déshydratation peuvent être ou non considérés comme des bâtiments servant strictement et exclusivement aux exploitations rurales.
Enfin, il s'agit là de fiscalité communale, en tout cas locale, et les incidences de l'amendement sur celle-ci devraient être mesurées, car il est possible qu'elles soient sensibles pour certaines communes.
Ces aspects ont-ils été envisagés ? Pour notre part, si nous reconnaissons le bien-fondé des observations de notre collègue, nous n'avons en tout cas pas eu le temps nécessaire, hélas ! pour expertiser comme il l'aurait fallu la mesure qu'il propose.
Il nous est donc important d'entendre l'avis du Gouvernement, mais, a priori, nous estimons que l'amendement n° II-40 rectifié devrait être reconsidéré en tenant compte des observations que je viens de formuler et, dans l'immédiat, je demande à son auteur de bien vouloir le retirer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. L'exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties ne concerne en effet que les bâtiments affectés à usage agricole. Or, selon une jurisprudence constante, l'usage agricole s'entend de l'affectation à des opérations réalisées habituellement par les agriculteurs eux-mêmes et qui ne présentent donc pas un caractère industriel.
Cet amendement vise à exonérer de la taxe foncière des activités qui, en fait, ont un caractère industriel de par les moyens mis en oeuvre tant en matériel qu'en personnel. C'est notamment le cas des ateliers de déshydratation de luzerne des coopératives agricoles, qui sont évoquées dans l'exposé des motifs de l'amendement et dont l'assujetissement à la taxe foncière sur les propriétés bâties vient d'être récemment reconnu par la juridiction administrative.
Au-delà, l'adoption de l'amendement n° II-40 rectifié conduirait à admettre l'exonération pour d'autres activités de déshydratation de récoltes, exonération qui, pour les mêmes raisons, serait injustifiée. Cette disposition présenterait alors toutes les caractéristiques d'une aide d'Etat et devrait donc être notifiée à Bruxelles.
Pour toutes ces raisons, je souhaite le retrait de cet amendement.
M. le président. Monsieur Detraigne, l'amendement n° II-40 rectifié est-il maintenu ?
M. Yves Detraigne. Je veux d'abord préciser à Mme la secrétaire d'Etat que les silos, qui ne se trouvent pas nécessairement dans les exploitations agricoles, sont, eux, exonérés de la taxe foncière sur les propriétés bâties. Je ne suis donc pas sûr que l'exonération tienne au fait que l'activité est exercée dans ou hors de l'exploitation agricole.
Cela étant dit, j'ai bien entendu les propos de M. le rapporteur général sur les questions que soulève cet amendement et je suis prêt à le rectifier en précisant qu'il s'agit des ateliers de déshydratation de luzerne.
M. le président. La commission maintiendrait-elle son avis défavorable si l'amendement n° II-40 rectifié était modifié en ce sens ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je remercie notre collègue de bien vouloir accepter ce dialogue avec la commission, dialogue que nous pourrons utilement poursuivre en vue de l'examen du projet de loi de finances rectificative pour tenter d'approfondir ensemble ce problème qui, je le vois, a une importance sectorielle réelle.
Pour avancer, nous devrons répondre aux différents arguments opposés par Mme la secrétaire d'Etat. En particulier, nous devrons être en mesure de clarifier le rapport entre ateliers de déshydratation et exploitations agricoles. Il faudra en outre vérifier que cette modification d'assiette d'un impôt local ne crée pas de distortions au profit, ou au détriment, de telle ou telle activité.
Nous pourrions ainsi, si vous le voulez bien, disposer au moment de la discussion du projet de loi de finances rectificative - ou, éventuellement, d'un autre texte - d'un argumentaire plus complet et mieux construit.
M. le président. Monsieur Detraigne, acceptez-vous, dans ces conditions, de retirer l'amendement n° II-40 rectifié ?
M. Yves Detraigne. A défaut d'être convaincu, je remercie M. le rapporteur de son ouverture d'esprit, et je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° II-40 rectifié est retiré.

Article 53



M. le président.
« Art. 53. - I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - 1. Au premier alinéa du 7 bis de l'article 38, les mots : "d'une fusion de sociétés, ou d'une scission de sociétés bénéficiant du régime prévu à l'article 210 B," sont remplacés par les mots : "d'une fusion ou d'une scission de sociétés".
« 2. Au premier alinéa du V de l'article 93 quater , les mots : "bénéficiant du régime prévu à l'article 210 B" sont supprimés.
« B. - Au deuxième alinéa du 6 de l'article 39 duodecies , les mots : "ou d'une scission" sont insérés après les mots : "d'un apport partiel d'actif" et les mots : "ou de scission" sont insérés deux fois après les mots : "de l'opération d'apport".
« C. - 1. L'article 112 est ainsi modifié :
« a) Le premier alinéa du 1° est complété par une phrase ainsi rédigée : "Les dispositions prévues à la deuxième phrase ne s'appliquent pas lorsque la répartition est effectuée au titre du rachat par la société émettrice de ses propres titres." ;
« b) Le b du 1° est complété par les mots : "ou d'un apport partiel d'actif donnant lieu à l'attribution de titres aux associés dans les conditions prévues au 2 de l'article 115" ;
« c) Il est complété par un 7° ainsi rédigé :
« 7° L'attribution d'actions ou de parts sociales opérée en conséquence de l'incorporation de réserves au capital. »
« 2. L'article 115 est ainsi modifié :
« a) Le 1 est ainsi rédigé :
« 1. En cas de fusion ou de scission de sociétés, l'attribution de titres, sommes ou valeurs aux membres de la société apporteuse en contrepartie de l'annulation des titres de cette société n'est pas considérée comme une distribution de revenus mobiliers. » ;
« b) Le premier alinéa du 2 est remplacé par cinq alinéas ainsi rédigés :
« Les dispositions du 1 s'appliquent également sur agrément délivré à la société apporteuse dans les conditions prévues à l'article 1649 nonies , en cas d'attribution de titres représentatifs d'un apport partiel d'actif aux membres de la société apporteuse, lorsque cette attribution, proportionnelle aux droits des associés dans le capital, a lieu dans un délai d'un an à compter de la réalisation de l'apport.
« L'agrément est délivré lorsque, compte tenu des éléments respectivement transférés et conservés par la société apporteuse :
« a. L'apport et l'attribution sont justifiés par un motif économique, se traduisant notamment par l'exercice par chacune des deux sociétés d'au moins une activité autonome ou l'amélioration de leurs structures, ainsi que par une association entre les parties ;
« b. L'apport est placé sous le régime de l'article 210 A ;
« c. L'apport et l'attribution n'ont pas comme objectif principal ou comme un de leurs objectifs principaux la fraude ou l'évasion fiscales. » ;
« c) Au troisième alinéa du 2, les mots : "attribués gratuitement" sont remplacés par le mot : "répartis".
« 3. Le 3° de l'article 120 est ainsi modifié :
« a) Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "Les dispositions prévues à la deuxième phrase ne s'appliquent pas lorsque la répartition est effectuée au titre du rachat par la société émettrice de ses propres titres." ;
« b) Il est complété par trois alinéas ainsi rédigés :
« Ne sont pas considérés comme des apports pour l'application de la présente disposition :
« a. Les réserves incorporées au capital ;
« b. Les sommes incorporées au capital ou aux réserves (primes de fusion ou de scission) à l'occasion d'une fusion ou d'une scission de sociétés ou d'un apport partiel d'actif donnant lieu à l'attribution de titres dans les conditions prévues au 2 de l'article 115. »
« 4. Le deuxième alinéa du 1 de l'article 121 est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les dispositions prévues au 1 de l'article 115 sont applicables en cas de fusion ou de scission intéressant des sociétés dont l'une au moins est étrangère.
« Les dispositions prévues au 2 de l'article 115 sont applicables en cas d'apport partiel d'actif par une société étrangère et placé sous un régime fiscal comparable au régime de l'arti cle 210 A. »
« 5. L'article 159 est abrogé.
« D. - Après le premier alinéa de l'article 150-0 B, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Ces dispositions s'appliquent aux opérations d'échange ou d'apport de titres mentionnées au premier alinéa réalisées en France, dans un autre Etat membre de la Communauté européenne ou dans un Etat ou territoire ayant conclu avec la France une convention fiscale contenant une clause d'assistance administrative en vue de lutter contre la fraude et l'évasion fiscales, ainsi qu'aux opérations, autres que les opérations d'apport de titres à une société soumise à l'impôt sur les sociétés, pour lesquelles le dépositaire des titres échangés est établi en France, dans un autre Etat membre de la Communauté européenne ou dans un Etat ou territoire ayant conclu avec la France une convention fiscale contenant une clause d'assistance administrative en vue de lutter contre la fraude et l'évasion fiscales. »
« E. - 1. Le II de l'article 209 est ainsi rédigé :
« II. - En cas de fusion ou opération assimilée placée sous le régime de l'article 210 A, les déficits antérieurs non encore déduits par la société absorbée ou apporteuse sont transférés, sous réserve d'un agrément délivré dans les conditions prévues à l'article 1649 nonies , à la ou aux sociétés bénéficiaires des apports, et imputables sur ses ou leurs bénéfices ultérieurs dans la limite édictée au troisième alinéa du I.
« L'agrément est délivré lorsque :
« a. L'opération est justifiée du point de vue économique et obéit à des motivations principales autres que fiscales ;
« b. L'activité à l'origine des déficits dont le transfert est demandé est poursuivie par la ou les sociétés bénéficiaires des apports pendant un délai minimum de trois ans.
« Les déficits sont transférés dans la limite de la plus importante des valeurs suivantes appréciées à la date d'effet de l'opération :
« - la valeur brute des éléments de l'actif immobilisé affectés à l'exploitation hors immobilisations financières ;
« - la valeur d'apport de ces mêmes éléments ».
« 2. Au 5 de l'article 223 I, les mots : "prévu au II de l'article 209" sont remplacés par les mots : "prévu au 6".
« 3. L'article 223 I est complété par un 6 ainsi rédigé :
« 6. Dans les situations visées aux c ou e du 6 de l'article 223 L, les déficits de la société absorbée ou scindée, déterminés dans les conditions prévues à l'article 223 S, sont transférés au profit de la ou des sociétés bénéficiaires des apports sous réserve d'un agrément délivré dans les conditions prévues à l'article 1649 nonies .
« L'agrément est délivré lorsque :
« a. L'opération est placée sous le régime prévu à l'arti cle 210 A ;
« b. Elle est justifiée du point de vue économique et obéit à des motivations principales autres que fiscales ;
« c. Les déficits proviennent :
« - de la société absorbée ou scindée dans la limite prévue aux cinquième à septième alinéas du II de l'article 209 sous réserve du respect de la condition mentionnée au b du II du même article ;
« - ou des sociétés membres du groupe auquel il a été mis fin qui font partie du nouveau groupe et pour lesquelles le bénéfice des dispositions prévues au 5 est demandé.
« Les déficits transférés sont imputables sur les bénéfices ultérieurs dans la limite édictée au troisième alinéa du I de l'article 209. »
« F. - Il est inséré un article 210-0 A ainsi rédigé :
« Art. 210-0 A . - I. - Les dispositions relatives aux fusions et aux scissions, prévues au 7 bis de l'article 38, au V de l'article 93 quater , aux articles 112, 115, 120, 121, 151 octies A, 210 A à 210 C, aux deuxième à quatrième alinéas du II de l'article 220 quinquies et aux articles 223 A à 223 U, sont applicables :
« 1° S'agissant des fusions, aux opérations par lesquelles :
« a. Une ou plusieurs sociétés absorbées transmettent, par suite et au moment de leur dissolution sans liquidation, l'ensemble de leur patrimoine à une autre société préexistante absorbante, moyennant l'attribution à leurs associés de titres de la société absorbante et, éventuellement, d'une soulte ne dépassant pas 10 % de la valeur nominale de ces titres ;
« b. Deux ou plusieurs sociétés absorbées transmettent, par suite et au moment de leur dissolution sans liquidation, l'ensemble de leur patrimoine à une société absorbante qu'elles constituent, moyennant l'attribution à leurs associés de titres de la société absorbante et, éventuellement, d'une soulte ne dépassant pas 10 % de la valeur nominale de ces titres ;
« 2° S'agissant des scissions, aux opérations par lesquelles la société scindée transmet, par suite et au moment de sa dissolution sans liquidation, l'ensemble de son patrimoine à deux ou plusieurs sociétés préexistantes ou nouvelles, moyennant l'attribution aux associés de la société scindée, proportionnellement à leurs droits dans le capital, de titres des sociétés bénéficiaires des apports et, éventuellement, d'une soulte ne dépassant pas 10 % de la valeur nominale de ces titres ;
« 3° Aux opérations décrites au 1° et au 2° pour lesquelles il n'est pas procédé à l'échange de titres de la société absorbante ou bénéficiaire de l'apport contre les titres de la société absorbée ou scindée lorsque ces titres sont détenus soit par la société absorbante ou bénéficiaire de l'apport, soit par la société absorbée ou scindée.
« II. - Sont exclues des dispositions prévues au 7 bis de l'arti cle 38, au V de l'article 93 quater , aux articles 115, 151 octies A, 210 A à 210 C et aux deuxième à quatrième alinéas du II de l'article 220 quinquies les opérations de fusion, de scission et d'apport partiel d'actif n'entrant pas dans le champ d'application de la directive 90/434/CEE du Conseil du 23 juillet 1990, lorsqu'une société, apporteuse ou bénéficiaire d'un apport, a son siège dans un Etat ou territoire n'ayant pas conclu avec la France une convention fiscale contenant une clause d'assistance administrative en vue de lutter contre la fraude et l'évasion fiscales. »
« G. - Le 1 de l'article 210 B est ainsi modifié :
« 1° La deuxième phrase du quatrième alinéa est ainsi rédigée : "Toutefois, l'obligation de conservation des titres n'est exigée que des associés qui détiennent dans la société scindée, à la date d'approbation de la scission, 5 % au moins des droits de vote ou qui y exercent ou y ont exercé dans les six mois précédant cette date, directement ou par l'intermédiaire de leurs mandataires sociaux ou préposés, des fonctions de direction, d'administration ou de surveillance et détiennent au moins 0,1 % des droits de vote dans la société." ;
« 2° Il est inséré, après le quatrième alinéa, un alinéa ainsi rédigé :
« Les droits de vote détenus par les associés ainsi soumis à l'obligation de conservation doivent représenter ensemble, à la date de l'approbation de la scission, 20 % au moins du capital de la société scindée. » ;
« 3° Il est inséré, avant le cinquième alinéa, un alinéa ainsi rédigé :
« Le défaut de souscription de l'engagement de conservation ou le non-respect de l'obligation de conservation par un associé d'une société scindée n'entraîne pas la déchéance rétroactive du régime de l'article 210 A mais l'application de l'amende prévue à l'article 1734 ter A. » ;
« 4° Le cinquième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "Il en est de même, d'une part, des apports de participations conférant à la société bénéficiaire des apports la détention directe de plus de 30 % des droits de vote de la société dont les titres sont apportés lorsqu'aucun autre associé ne détient, directement ou indirectement, une fraction des droits de vote supérieure et, d'autre part, des apports de participations conférant à la société bénéficiaire des apports, qui détient d'ores et déjà plus de 30 % des droits de vote de la société dont les titres sont apportés, la fraction des droits de vote la plus élevée dans la société."
« H. - L'article 210 B bis est ainsi modifié :
« 1° Au 1, après les mots : "sans remise en cause du régime prévu à l'article 210 A", sont insérés les mots : "ou sans que l'amende prévue à l'article 1734 ter A ne soit appliquée" ;
« 2° Le 2 est ainsi modifié :
« a) Les mots : "ou de scission" sont supprimés ;
« b) Il est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« La société bénéficiaire de l'apport qui ne souscrit pas l'engagement de conservation ou ne respecte pas, totalement ou partiellement, l'obligation de conservation des titres représentatifs d'une scission est seule redevable de l'amende prévue à l'article 1734 ter A. La société apporteuse, ou les sociétés apporteuses en cas d'apports successifs, sont solidairement responsables du paiement de cette amende. »
« I. - Au 2 de l'article 210 C, les mots : "par le ministre de l'économie et des finances, après avis du commissariat général du plan et de la productivité" sont remplacés par les mots : "dans les conditions prévues au 3 de l'article 210 B".
« J. - Le deuxième alinéa du II de l'article 220 quinquies est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés :
« En cas de fusion, de scission ou d'opération assimilée intervenant au cours des cinq années suivant celle de la clôture de l'exercice au titre duquel l'option visée au I a été exercée, la créance de la société absorbée, scindée ou apporteuse peut être transférée à la ou les sociétés bénéficiaires des apports. Le transfert de la créance est effectué pour sa valeur nominale.
« En cas de scission ou d'apport partiel d'actif, la créance est transmise au prorata du montant de l'actif net réel apporté à la ou aux sociétés bénéficiaires des apports apprécié à la date d'effet de l'opération.
« Un décret précise les modalités de transfert de la créance. »
« K. - Le premier alinéa de l'article 223 A est complété par une phrase ainsi rédigée : "Toutefois, le capital de la société mère peut être détenu indirectement à 95 % ou plus par une autre personne morale soumise à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun ou selon les modalités prévues aux articles 214 et 217 bis, par l'intermédiaire d'une ou plusieurs personnes morales non soumises à cet impôt dans ces mêmes conditions."
« L. - 1. Au premier alinéa du I bis de l'article 809 et au deuxième alinéa du III de l'article 810, les mots : "cinq ans" sont remplacés par les mots : "trois ans".
« 2. Aux cinquième et sixième alinéas du III de l'article 810, les mots : "cinquième année" sont remplacés par les mots : "troisième année".
« M. - Il est inséré un article 817 B ainsi rédigé :
« Art. 817 B . - Les dispositions de l'article 816 s'appliquent également aux opérations agréées dans les conditions prévues au 3 de l'article 210 B. »
« N. - Il est inséré un article 1734 ter A ainsi rédigé :
« Art. 1734 ter A . - L'associé d'une société scindée qui ne souscrit pas l'engagement de conservation ou ne respecte pas, totalement ou partiellement, l'obligation de conservation des titres des sociétés bénéficiaires des apports auxquels il est soumis pour l'application des dispositions prévues à l'article 210 B est redevable d'une amende dont le montant est égal à :
« a. 1 % de la valeur réelle des titres attribués, estimée au moment de la scission, et pour lesquels l'engagement de conservation n'a pas été souscrit ;
« b. 25 % de la valeur réelle des titres attribués, estimée au moment de la scission, et pour lesquels l'obligation de conservation n'a pas été respectée. Dans ce cas, le montant de l'amende encourue est limité au produit d'une somme égale à 30 % des résultats non imposés de cette société en application des arti cles 210 A et 210 B par la proportion de titres détenus qui ont été cédés par l'intéressé et par le pourcentage de sa participation au capital de la société scindée au moment de la scission.
« Le redevable de l'amende doit attester, sous le contrôle de l'administration, du montant des résultats mentionnés au troisième alinéa.
« La société bénéficiaire d'un apport comportant des titres qui ne souscrit pas l'engagement de conservation ou ne respecte pas, totalement ou partiellement, l'obligation de conservation des titres représentatifs d'une scission prévus au b du 1 de l'arti cle 210 B bis est redevable de la même amende.
« L'infraction est constatée et l'amende est prononcée, recouvrée, garantie et contestée selon les règles applicables en matière de taxes sur le chiffre d'affaires.
« Chaque société bénéficiaire des apports à la suite de la scission est solidairement responsable du paiement de l'amende dans la proportion des titres cédés qu'elle a émis. Dans la situation visée au cinquième alinéa, la société apporteuse ou les sociétés apporteuses en cas d'apports successifs sont également solidairement responsables du paiement de l'amende. »
« II. - A. - Les dispositions des 1 et 2 du A du I sont applicables aux opérations de fusion et de scission réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« B. - Les dispositions du B du I sont applicables aux titres reçus en rémunération de scissions réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« C. - Les dispositions des b et c du 1, du b du 3 et du 5 du C du I s'appliquent pour la détermination des résultats des exercices clos à compter du 31 décembre 2001 et pour l'imposition des revenus de l'année 2001. Les dispositions des a des 1 et 3, du 2 et du 4 du C du I s'appliquent aux opérations de rachats de titres, de fusions, de scissions et d'apports partiels d'actif réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« D. - Les dispositions du E du I sont applicables aux opérations réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« E. - Les dispositions du F du I sont applicables aux opérations réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« F. - Les dispositions du 1° , du 2° et du 4° du G du I sont applicables aux opérations réalisées à compter du 1er janvier 2002. Les dispositions du 3° du G du I sont applicables aux engagements et aux obligations de conservation des titres représentatifs de scissions réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« G. - Les dispositions du H du I sont applicables aux engagements et aux obligations de conservation des titres représentatifs de scissions réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« H. - Les dispositions du J du I sont applicables aux opérations réalisées à compter du 1er janvier 2002.
« I. - Pour les groupes régulièrement constitués, les dispositions du K du I sont applicables pour la détermination des résultats des exercices clos à compter du 31 décembre 2001. Par exception à la règle prévue à la deuxième phrase du cinquième alinéa de l'article 223 A, les sociétés qui souhaitent se constituer société mère à compter du 1er janvier 2002 et dont le capital est détenu indirectement à 95 % ou plus par une personne morale soumise à l'impôt sur les sociétés, par l'intermédiaire d'une ou plusieurs personnes morales non soumises à cet impôt, peuvent notifier leur option jusqu'au 31 janvier 2002.
« J. - Les dispositions du L du I sont applicables aux apports réalisés à compter du 1er janvier 2002 et à ceux déjà réalisés à cette date pour lesquels les engagements de conservation sont en cours au 1er janvier 2002.
« K. - Les dispositions du M du I sont applicables aux opérations agréées à compter du 1er janvier 2002.
« L. - Les dispositions du N du I sont applicables aux engagements et aux obligations de conservation des titres représentatifs de scissions réalisées à compter du 1er janvier 2002. »
L'amendement n° II-97, présenté par M. Marini au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. Après le premier alinéa du H du I de cet article, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« 1° A. Au 1. - après les mots : "peuvent être apportés," sont insérés les mots : "en tout ou partie".
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la faculté de conserver le bénéfice du régime de faveur en cas de réapport partiel sous le régime de l'article 210 A du code général des impôts des titres représentatifs d'un apport partiel d'actifs ou d'une scission grevés de l'engagement de conservation de trois ans, est compensée par la création à due concurrence d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame la secrétaire d'Etat, cet amendement technique vise à corriger, sinon une anomalie, du moins l'interprétation à mon sens exagérément restrictive que donne l'administration fiscale de l'article 22 de la loi de finances initiale pour 2000.
Une instruction administrative du 4 février 2000 ne réserve le bénéfice du régime d'imposition le plus favorable qu'aux seules opérations de réapport de titres portant sur la totalité des titres grevés de l'engagement de trois ans qui est prévu par ce texte.
Cette interprétation comporte différents effets pervers. Elle signifie concrètement qu'en cas de scission d'une société les seules opérations éligibles sont celles où l'ensemble des titres représentatifs de toutes les sociétés issues de la scission sont apportés simultanément.
Cela ne paraît pas très réaliste et, si je ne me trompe, va au-delà des intentions exprimées à l'Assemblée nationale par le rapporteur général, M. Didier Migaud, lors de l'examen de la loi de finances pour 2000.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Aujourd'hui, la loi prévoit la possibilité de ne pas sanctionner certains réapports de titres grevés d'engagement si tous les titres sont réapportés. Cette mesure a pour objet, entre autres choses, d'éviter les scissions-partages en empêchant le réapport dans les trois ans d'une seule des sociétés bénéficiaires de la scission à une société tierce.
L'amendement n° II-97 ouvrirait la voie aux scissions-partages dès lors qu'il serait possible de réapporter une fraction des titres reçus. Ses conséquences sont donc tout à fait contraires à l'esprit de l'article 53 qu'il dénaturerait profondément, car le régime de faveur a pour objet d'aider les projets économiques et non les opérations patrimoniales. C'est pourquoi je souhaite le retrait de cet amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement n° II-97 est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je ne peux retirer cet amendement.
La distinction qui est faite, habituellement, entre opérations économiques et opérations patrimoniales peut se concevoir, mais elle est présentée de manière beaucoup trop manichéenne. En effet, dans la vie des entreprises, il est clair que l'on fait des opérations économiques si l'on n'est pas conduit à prendre des positions patrimoniales désavantageuses et que, par ailleurs, réaménager des participations ou des structures en vue de réaliser un projet économique sert, le plus souvent, les intérêts patrimoniaux des détenteurs de titres.
Par conséquent, considérer qu'une épaisse « muraille de Chine » séparerait les opérations patrimoniales des opérations économiques revient à mon sens, madame le secrétaire d'Etat, à vivre dans un monde très irréel. L'amendement de la commission des finances n'est pas contraire à l'économie d'ensemble de l'article, qui, au demeurant, constitue une réforme tout à fait significative, intéressante et bienvenue que je me plais à souligner, car il s'agit d'une véritable remise en ordre de nombreux dispositifs très touffus. Cela ne va pas tout à fait assez loin, mais cela va quand même dans le bon sens !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-97, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 53, modifié.

(L'article 53 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 53



M. le président.
L'amendement n° II-178, présenté par MM. Lise, Miquel, Angels, Auban, Charasse, Demerliat, Haut, Marc, Massion, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 53, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Aux a et b du 1 du I de l'article 208 quater du code général des impôts, l'année "2001" est remplacée par l'année "2006".
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe A sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. L'article 208 quater du code général des impôts permet sous certaines conditions aux sociétés qui entreprennent une activité nouvelle susceptible de concourir au développement des départements d'outre-mer et d'entraîner la création d'emplois nouveaux d'être totalement ou partiellement exonérées d'impôt sur les sociétés pendant une période de dix ans. Je souligne que l'application de ce régime de faveur est subordonnée à l'agrément du ministre chargé du budget.
Dans le souci de soutenir le développement économique des départements d'outre-mer et d'aligner sa durée d'application sur celle d'autres régimes d'aide fiscale à l'investissement outre-mer, nous proposons au Sénat de reconduire pour cinq ans ce dispositif qui arrive à échéance le 31 décembre 2001.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il semble que les auteurs de cet amendement, que la commission a examiné de façon très attentive, puisent leurs informations à de bonnes sources !
Il s'agit de proroger pour cinq ans un dispositif qui arrivait à échéance à la fin de 2001. Ce dispositif, qui concerne l'outre-mer, repose sur un système d'agrément. L'exonération d'impôt sur les sociétés est accordée en vue de favoriser, dit l'article 208 quater du code général des impôts, « le développement économique et social des départements d'outre-mer et la création d'emplois nouveaux dans le cadre des directives du plan de modernisation et d'équipement ».
Mes chers collègues, on nous demande donc de proroger pour cinq ans un dispositif qui s'inscrit dans le cadre des directives du plan de modernisation et d'équipement ! Or, qui connaît les directives du plan de modernisation et d'équipement ? Où sont-elles écrites ? Comment peuvent-elles servir de guide pour une politique d'agrément ? Il est clair que, ces directives ayant disparu, puisqu'elles appartiennent à une autre époque, l'agrément devient parfaitement discrétionnaire ; il est tout aussi clair qu'un agrément discrétionnaire conduit l'administration qui le délivre à remplacer le législateur, car seul ce dernier est compétent pour fixer l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes natures. Chacun le sait ! Le Conseil constitutionnel, en particulier, a rappelé, notamment dans une décision de 1987, que, « à défaut d'autres critères fixés par la loi, l'exigence d'un agrément n'a pas pour conséquence de conférer à l'autorité ministérielle le pouvoir [...] de déterminer le champ d'application d'un avantage fiscal ».
En définitive, la commission des finances est assez embarrassée parce que, sur le fond, ce dispositif très consensuel lui convient. Voir notre ami Gérard Miquel et son groupe plaider pour des exonérations d'impôt sur les sociétés, même outre-mer, nous fait plaisir puisque cela va dans le bon sens, mais les considérations juridiques que je viens d'évoquer nous « refroidissent » quelque peu.
Madame le secrétaire d'Etat, nous serons heureux de vous entendre sur le point de constitutionnalité que j'ai soulevé. Sur le fond, la commission s'en remettra à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne verrais que des avantages à ce que la rédaction de l'article 208 quater du code général des impôts soit améliorée. Par conséquent, si M. le rapporteur général souhaite formuler des propositions sur ce point, je les examinerai très attentivement. Il me semble que les navettes ont pour objet de permettre l'amélioration des textes !
Sur le fond, nous ne reprendrons pas le débat de tout à l'heure sur les avantages respectifs des prorogations, des renouvellements et des pérennisations. Je crois que l'amendement est utile et j'y suis donc favorable. En outre, je lève le gage.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Chacun se déterminera par rapport à la Constitution !
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-178 rectifié.
Je vais le mettre aux voix.
M. Denis Badré. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Badré.
M. Denis Badré. Je partage les inquiétudes qu'éprouve M. le rapporteur général quant au fond. Cela étant, le régime d'exonération en question est tout à fait efficace : nos collègues Jean-Paul Virapoullé et Anne-Marie Payet nous l'ont dit bien souvent.
Après réflexion, les membres du groupe de l'Union centriste estiment qu'il convient de proroger le dispositif pour cinq ans et ils voteront donc l'amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-178 rectifié, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 53.
L'amendement n° II-179, présenté par MM. Lise, Miquel, Angels, Auban, Charasse, Demerliat, Haut, Marc, Massion, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 53, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Dans le IV de l'article 217 bis du code général des impôts, l'année "2001" est remplacée par l'année "2006". »
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe A sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. L'article 217 bis du code général des impôts prévoit, pour l'imposition des résultats des exercices clos jusqu'au 31 décembre 2001, que les résultats provenant d'exploitations situées dans les départements d'outre-mer et appartenant à des secteurs bien spécifiques de l'économie ne sont retenus, pour l'établissement de l'assiette de l'impôt sur les sociétés, qu'à hauteur des deux tiers de leur montant.
Nous proposons au Sénat de reconduire ce dispositif pour cinq ans, afin de soutenir le développement économique et, par voie de conséquence, l'emploi dans les départements d'outre-mer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je me réjouis vraiment de cette initiative du groupe socialiste du Sénat, qui, par la voix de notre collègue Gérard Miquel, propose une baisse importante du taux réel de l'impôt sur les sociétés. Je crois d'abord rêver, puis, tout d'un coup, je reviens sur terre : ce n'est qu'outre-mer que cette conviction nouvelle est mise en application ! J'espère toutefois, mon cher collègue, que l'élan dont vous faites preuve en cette période marquée par l'esprit de Noël, au cours de laquelle chacun s'ouvre aux autres, ne se limitera pas, à l'avenir, à nos beaux départements d'outre-mer. (Sourires.)
Quoi qu'il en soit, cette proposition, qui relève d'une excellente inspiration - je pense, madame le secrétaire d'Etat, que nous en aurons une preuve tangible dans un instant ! - ne peut que favoriser le développement économique des départements d'outre-mer. Le dispositif visé est tout à fait cohérent avec les réductions d'impôts pour investissements outre-mer que le Sénat a adoptées l'an passé, sur l'initiative des différents groupes de sa majorité.
On peut d'ailleurs souligner l'importance de cet abattement d'un tiers de l'impôt sur les sociétés, mesure dont la prorogation pour cinq ans est devenue habituelle et consensuelle. Elle profite à la plupart des activités économiques des départements d'outre-mer, à l'exception, pour l'essentiel, de la distribution. Pour 2001, son coût est évalué à 289 millions de francs, soit 44 millions d'euros.
En conclusion, la commission des finances émet un avis favorable sur l'amendement n° II-179.
M. Paul Blanc. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est également favorable à cet amendement. Pour éviter à M. le rapporteur général de commenter les sources de celui-ci, j'indique qu'il s'agit des meilleures, à savoir le code général des impôts. (Sourires.)
Par ailleurs, le Gouvernement lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-179 rectifié.
Je vais le mettre aux voix.
M. Bernard Angels. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Monsieur le rapporteur général, vous n'avez pas de leçon à nous donner s'agissant de l'impôt sur les sociétés, car ce Gouvernement a agi pour l'alléger alors que vous n'avez fait que l'alourdir !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous aviez de l'argent !
M. Bernard Angels. Ironiser est facile, mais les sociétés ont été mieux traitées ces cinq dernières années qu'au temps où vos amis étaient au pouvoir. Vos conceptions sont archaïques ! vous tenez toujours le même discours ! (Protestations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.) A vous entendre, nous aurions massacré les sociétés. Voilà ce que disaient vos slogans voilà vingt ans, mais ce n'est pas la vérité !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous verrons bien !
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Le groupe du RDSE, qui comprend notamment dans ses rangs le sénateur de la Guyane et un représentant de la Martinique, est très favorable à cet amendement et le votera donc.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-179 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 53.
Je suis maintenant saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les trois premiers sont identiques.
L'amendement n° II-81 rectifié est présenté par MM. Ostermann, Joyandet, Oudin, Besse et Demuynck, Mme Olin, MM. Cazalet et Calmejane, Mme Michaux-Chevry, MM. Darcos, Dufaut, Gaillard, Gournac, Hamel, Lardeux, de Richemont, Gruillot, Lassourd, Gérard, César, Doublet, Goulet, Murat, Fournier, Ginésy, Leclerc, Rispat, Braye, Dubrule, de Broissia, Legendre, Caldaguès, Vial et Doligé et Mme Brisepierre.
L'amendement n° II-104 rectifié est présenté par M. Badré et les membres du groupe de l'Union centriste.
L'amendement n° II-155 est présenté par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Tous trois sont ainsi libellés :
« Après l'article 53, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 278 septies du code général des impôts, il est inséré un article 278 octies ainsi rédigé :
« Art. 278 octies. - La taxe sur la valeur ajoutée est perçue au taux de 5,5 % en ce qui concerne :
« a) La fourniture de repas à consommer sur place ;
« b) Les ventes de boissons non alcoolisées réalisées à l'occasion des prestations visées au a. ci-dessus. »
« II. - La perte de recettes générée par l'application des dispositions du I ci-dessus est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
« III. - Les dispositions du I et du II ci-dessus entreront en vigueur le 1er janvier 2003. »
L'amendement n° II-105 rectifié, présenté par M. Badré et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Après l'article 53, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est ajouté au code général des impôts un article 281 decies ainsi rédigé :
« Art. 281 decies - La taxe sur la valeur ajoutée est perçue au taux de 12 % en ce qui concerne :
« a) La fourniture de repas à consommer sur place ;
« b) Les ventes de boissons non alcoolisées réalisées à l'occasion des ventes définies au a) ci-dessus. »
« II. - La perte de recettes générée par l'application des dispositions du I ci-dessus est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
« III. - Les dispositions du I et du II ci-dessus entreront en vigueur le 1er janvier 2003. »
L'amendement n° II-150, présenté par MM. Collin et Baylet, est ainsi libellé :
« Après l'article 53, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 279 du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ... les prestations de vente à consommer sur place de produits alimentaires et de boissons non alcoolisées. »
« II. - Les dispositions du I entrent en vigueur le 1er janvier 2003.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Cazalet, pour défendre l'amendement n° II-81 rectifié.
M. Auguste Cazalet. Nous sommes un certain nombre à avoir cosigné l'amendement de notre collègue et ami M. Ostermann. Nous étions aussi un certain nombre représentant tout l'éventail politique, et tous les sénateurs des Pyrénées-Atlantiques, à participer à la manifestation des restaurateurs qui s'est déroulée à Pau. Je tenais à le préciser, car les restaurateurs ne comprennent pas pourquoi ils sont soumis à deux taux de TVA différents : 5,5 % pour la vente à emporter et la livraison des repas à domicile, et 19,6 % pour la restauration à consommer sur place.
Le taux de 19,6 % met en difficulté un certain nombre de restaurateurs qui ne peuvent assurer la rentabilité de leurs équipements, notamment en zone rurale, où les prix pratiqués sont bien souvent en deçà de ceux qui sont pratiqués par leurs concurrents.
Ces deux taux entraînent aussi des difficultés de comptabilité au sein d'une même entreprise.
L'amendement n° II-81 rectifié vise donc à assujettir le secteur de la restauration dite « traditionnelle » au taux réduit de TVA, comme le secteur de la vente à emporter, soit 5,5 % à compter du 1er janvier 2003. (Très bien ! sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Badré, pour défendre l'amendement n° II-104 rectifié.
M. Denis Badré. Cet amendement est identique au précédent, et Mme le secrétaire d'Etat n'en sera pas étonnée : en effet, voilà longtemps que nous parlons de ce sujet ! Mais il existe une solution pour que nous n'en parlions plus : que la mesure soit définitivement adoptée !
Nous avons longuement évoqué cette question lors de la première partie du projet de loi de finances, ainsi que l'année dernière et un certain nombre d'autres fois. Je crois que tout a été dit sur ce sujet, et que nous savons tous tout : nous savons combien les difficultés apparaissent aux limites de la restauration rapide, de la restauration collective et la restauration traditionnelle ; nous savons combien il existe encore, à la marge, d'injustices et de situations complètement aberrantes ! Dans ce contexte, la seule manière de traiter le problème me paraît d'assujettir l'ensemble du secteur à un taux de 5,5 %, comme l'ont fait maintenant tous les pays touristiques.
Lors de notre débat sur la définition de la liste des services à haute intensité de main-d'oeuvre qui pourraient passer au taux réduit de TVA, nous avions déjà évoqué le secteur de la restauration, et vous nous aviez dit que la France n'était pas le seul pays à ne pas avoir adopté ce taux, puisque le Portugal était dans le même cas. Néanmoins, le Portugal, entre-temps, a bénéficié d'une dérogation. Dorénavant, la France est le seul pays à ne pas avoir adopté le taux réduit ! Cela ne peut pas durer si nous voulons, d'une part, qu'une certaine équité règne entre les restaurateurs français et leurs partenaires du reste de l'Union européenne et, d'autre part, que disparaissent les difficultés aux limites des différents secteurs de la restauration. La seule solution est donc d'instaurer le taux de 5,5 % pour tous ces derniers.
Je ferai deux rappels.
S'agissant tout d'abord du coût de la mesure, une analyse rapide du chiffrage de la mesure amenait vos services, madame le secrétaire d'Etat, à expliquer, dans un premier temps - mais je pense que nous n'en sommes plus là -, que ce coût s'élèverait à 30 milliards de francs - 170 milliards de francs de chiffre d'affaires total de la restauration en France multipliés par la différence entre 19,6 % et 5,5 %, soit 14,1 % -, ce qui était trop cher !
Je réponds à cela que le chiffre d'affaires concerné par l'amendement est non pas de 170 milliards de francs, mais de 40 milliards de francs dans la mesure où un certain nombre de secteurs sont déjà assujettis à un taux réduit de TVA et où un certain nombre de produits - je pense notamment aux boissons alcoolisées - resteraient bien entendu soumis au taux de TVA de 19,6 %. De proche en proche, nous arrivons à ne faire bénéficier de cette mesure que 40 milliards de francs de chiffre d'affaires. Le coût de la mesure est donc ramené de 30 milliards de francs à moins de 7 milliards de francs ; il est par conséquent beaucoup moins élevé que vous ne le disiez, même si un montant de 7 milliards de francs reste très important. Mais cette mesure aurait une incidence économique et sociale tout à fait considérable.
Par ailleurs, Bruxelles n'autorise par un tel passage au taux réduit, allez-vous me dire, madame le secrétaire d'Etat. C'est vrai, et je suis le premier à le reconnaître et à l'affirmer.
Néanmoins, la sixième directive sur le passage éventuel au taux réduit de TVA prévoit deux voies possibles : l'application de l'annexe H et la dérogation prévue à l'article 28.
Pour le moment, la commission ne veut pas toucher à l'annexe H, sauf lorsque les enseignements de l'expérimentation sur les services à haute intensité de main-d'oeuvre auront été tirés.
Vous me rappeliez, lors de l'examen de la première partie du projet de loi de finances, que nous nous donnions un an de plus - cela me paraît une bonne chose - et que vous souhaitiez profiter de ce délai pour que nous puissions travailler ensemble sur les sujets restant posés. Je vous ai indiqué combien nous étions disposés à le faire, tant ces questions sont importantes.
Aujourd'hui, la voie de l'annexe H n'est à mon avis effectivement pas ouverte, mais nous allons travailler pour voir si, dans les dix-huit prochains mois, cette voie peut permettre de régulariser définitivement la question.
Mais nous demandons que, en attendant, et en application de l'article 28, qui autorise des dérogations, la France, comme le Portugal a pu le faire, puisse bénéficier immédiatement de cette mesure.
M. le président. La parole est à M. Trucy, pour présenter l'amendement n° II-155.
M. François Trucy. Le groupe des Républicains et Indépendants s'associe à cette démarche tendant à la réduction du taux de TVA et présente un amendement identique.
Quand une anomalie persiste, c'est aux parlementaires d'insister pour la faire cesser ; quand elle s'aggrave du fait de la disparité européenne et que les effets de la concurrence en sont accrus, c'est une raison supplémentaire de déposer un tel amendement.
M. le président. La parole est à M. Badré, pour présenter l'amendement n° II-105 rectifié.
M. Denis Badré. Il s'agit d'un amendement de repli, qui vise à adopter deux taux réduits de TVA.
Si, effectivement - mais je ne l'imagine pas un instant ! -, la Haute Assemblée ne votait pas les amendements identiques, je me replierai sur l'amendement n° II-105 rectifié. Mais je pense qu'il n'aura plus de raison d'être du fait de l'adoption des amendements n°s II-81 rectifié, II-104 rectifié et II-155 ! (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° II-150 n'est pas soutenu.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Depuis longtemps, la commission des finances a la conviction que les professions de la restauration ne sont pas correctement traitées en matière de fiscalité indirecte.
Nous avons adopté successivement différentes positions sur ce problème important de notre fiscalité. Nous avons déjà voté, lors de la discussion de projets de loi de finances, un amendement visant à réduire le taux de la TVA à 5,5 %. Nous avons surtout mené, notamment sous la conduite de Denis Badré, une réflexion de fond sur les taux de TVA et les contraintes européennes auxquelles nous sommes soumis. Ces contraintes, si elles peuvent, à certains égards, être considérées comme une chance, déterminent aussi la manière dont nous pouvons aborder des questions comme celle-ci.
Nous avons pu, de ce point de vue, faire justice de réponses trop rapides sur la réputée « euro-incompatibilité » de l'évolution nécessaire au secteur de la restauration.
En réalité, mes chers collègues, il s'agit d'un problème de volonté, au sein des instances européennes, de nos autorités nationales à qui il appartient de pondérer les priorités respectives de tel ou tel secteur. Et il appartient surtout à l'Etat de faire prévaloir une vision et une politique claires en matière de fiscalité indirecte.
Le 26 novembre dernier, lors de notre séance du soir, vous ne pouviez être parmi nous, madame le secrétaire d'Etat, et M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est donc venu représenter le Gouvernement dans cet hémicycle. Nous avons alors profité de sa présence pour avoir un véritable débat d'orientation, un débat de portée générale sur des questions un peu globales de politique fiscale, notamment dans le domaine de la fiscalité indirecte. Si, bien entendu, et comme il se doit, nous n'étions pas d'accord - sinon, il n'y aurait pas de vie parlementaire ! -, nous sommes néanmoins revenus sur toute une série de choses qui se sont produites depuis 1997.
Nous sommes d'abord revenus sur les promesses bien rapides faite en 1997 de réduire le taux général de la TVA.
Nous sommes revenus sur la politique de baisse ciblée de TVA, notamment au profit des métiers du bâtiment. Nous avons évoqué la réduction d'un point du taux général de TVA à laquelle il a été procédé : d'un coût de 20 milliards de francs, cette diminution ne s'est traduite par aucun profit économique pour personne et a même, au contraire, engendré une perte de ressources récurrente pour l'Etat. Cet argent s'est dilué dans les sables. Or, c'est bien de cet argent - nous sommes à un ordre de grandeur assez voisin - dont nous aurions besoin aujourd'hui pour créer de l'activité et des emplois dans les secteurs de la restauration.
Il ne s'agit pas, madame le secrétaire d'Etat, de faire plaisir à une profession, si respectable soit-elle. Nous ne raisonnons pas en ces termes. Nous sommes ici non pas pour faire plaisir à quiconque, mais pour faire avancer les affaires de la France, et surtout l'emploi et l'activité économique. Or, qui connaît une branche d'activité aussi intensive en main-d'oeuvre que la restauration ? Qui peut nier qu'aujourd'hui, dans les circonstances actuelles, avec la remontée du taux de chômage touchant en particulier les personnes les moins qualifiées à laquelle nous sommes malheureusement confrontés, la restauration pourraît être un secteur offrant à un grand nombre de personnes, sur le marché du travail, notamment aux jeunes, des moyens d'existence décents ? Qui peut aujourd'hui prétendre le contraire ?
Or, madame le secrétaire d'Etat, l'argent a été consommé à hauteur de 20 milliards de francs pour une baisse d'un point du taux général de la TVA qui, je le répète, n'a eu aucun effet tangible et mesurable, sauf de diminuer de 20 milliards de francs les recettes de l'Etat, et donc les marges de manoeuvre dont vous pouvez aujourd'hui disposer.
Madame le secrétaire d'Etat, il est particulièrement important que le Sénat vous réaffirme, tous groupes politiques confondus, je l'espère, sa volonté de voir évoluer ce problème. C'est une position de principe qu'il convient de prendre, mes chers collègues, une position à laquelle la commission des finances, une nouvelle fois, vous appelle en souscrivant aux excellents plaidoyers qui ont été faits par Auguste Cazalet, Denis Badré et François Trucy.
Bien sûr, je n'évoquerai pas l'amendement de repli, car qui peut le plus peut le moins ! Mais mieux vaut, s'agissant d'un vote de principe, voter l'amendement plein, c'est-à-dire les amendements identiques n°s II-81 rectifié, II-104 rectifié et II-155, ce à quoi vous appelle la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme cela a été indiqué, le débat a déjà eu lieu lors de la discussion de la première partie du projet de la loi de finances.
M. Denis Badré. C'est vrai que vous n'étiez pas là !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je n'étais certes pas là,...
M. Alain Lambert, président de la commission des finances, et M. Philippe Marini, rapporteur général. Ce n'est pas un reproche !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. ... mais vous avez en conséquence eu la chance et le privilège d'avoir comme interlocuteur le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie ! Je pense donc que j'ai été avantageusement remplacée ! (Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Mais non !
M. Denis Badré. C'est impossible !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Ce n'est pas ce que nous voulions dire !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. A la différence de beaucoup d'entre vous, je n'ai pas la capacité de dire que l'on ne va pas relancer le débat tout en le relançant quand même ! En effet, vous arrivez - et je salue cette performance - à reprendre d'une manière extraordinairement rapide, synthétique et ramassée l'ensemble des arguments qui ont déjà été longuement développés.
M. Denis Badré. Nous pouvons faire plus long si vous voulez ! (Sourires.)
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Ce n'est pas un appel à en faire plus ! Mais chacun a pu rappeler les arguments qui avaient déjà été développés, et je tenais à le souligner.
Je ne veux pas me répéter et dire à nouveau pour quelles raisons, de l'avis du Gouvernement, la baisse de la TVA n'est pas le meilleur moyen de répondre aux difficultés auxquelles est actuellement confronté le secteur de la restauration. Je pensais que nos débats - celui de cette année, auquel je ne participais pas, mais aussi celui de l'année dernière - ont permis de renvoyer les incantations très loin de nous. Ces débats sont utiles et font avancer la pédagogie.
En matière de fiscalité indirecte - je le regrette une fois encore -, on ne peut pas résumer, comme M. le rapporteur général l'a fait, la politique du Gouvernement à la baisse d'un point du taux de la TVA réalisée en avril 2000. D'ailleurs, je m'étonne un peu, monsieur le rapporteur général, que vous regrettiez ce point ; je pense que les Français apprécieront les commentaires que vous avez formulés à cet égard.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ils ne s'en sont pas rendu compte.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. En outre, ce jugement me paraît quelque peu partiel, à défaut d'être partial, puisque vous avez omis de rappeler une autre mesure dont nous avons longuement débattu, dont l'efficacité n'est pas en cause, celle qui a consisté à baisser le taux de la TVA sur les travaux effectués dans les logements.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s II-81 rectifié, II-104 rectifié et II-155.
M. Denis Badré. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Badré.
M. Denis Badré. Je souhaite revenir brièvement sur deux points à la suite de l'échange que nous venons d'avoir avec vous, madame la secrétaire d'Etat.
Tout d'abord, vous dites que nous devons faire de la pédagogie. Vous avez raison ! Mais, pour nous, il ne s'agit pas uniquement de pédagogie. Il y a un vrai problème.
En fait, la France constitue en ce moment une anomalie. Lors du débat au cours duquel devait être établie la liste des services à haute intensité de main d'oeuvre qui devaient participer à l'expérimentation du passage au taux réduit de TVA, la question s'était posée de savoir si la restauration devait figurer sur cette liste. On nous avait alors clairement répondu : la France est le seul pays de l'Union européenne à faire cette demande ; on ne peut donc pas aller contre tous nos partenaires européens, il vaut mieux ne pas aborder le sujet et éviter d'essuyer un revers inévitable.
Mais, mes chers collègues, si nos partenaires ne demandaient pas le taux réduit pour la restauration, c'est parce qu'ils l'avaient déjà ! Ils préféraient le demander pour d'autres services !
Dès lors, nous nous sommes retrouvés seuls par la force des choses ; nous n'étions pas en situation de faire prendre en compte notre préoccupation. Dans ces conditions, le Gouvernement a « calé ».
C'est pourquoi Philippe Marini disait, très justement, à l'isntant que c'est une affaire de volonté politique. Pour notre part avec la sagesse du Sénat, mais avec la volonté d'avancer et non pas simplement celle de faire de la pédagogie, en cette deuxième partie de loi de finances, nous avons décidé de limiter notre action à deux domaines sur lesquels nous voulons effectivement attirer l'attention pour que le Gouvernement « prenne les affaires en main » et obtienne de Bruxelles la dérogation nécessaire.
La restauration et les prestations des avocats sont en effet les deux seuls sujets que nous avons retenus. Nous avons laissé tomber, le chocolat, madame le secrétaire d'Etat, bien à contrecoeur, croyez-le !
Nous n'allons pas reparler du chocolat, bien évidemment, mon propos étant simplement d'exprimer notre volonté d'avancer sur un certain nombre de sujets sur lesquels il existe une vraie disparité de situation avec nos partenaires, lesquels sont ravis de nous voir conserver un taux de 19,6 %.
En tout état de cause, cette situation doit changer : il faut absolument que ces amendements soient adoptés pour que le Gouvernement prenne en compte la volonté du Parlement.
M. Paul Blanc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Paul Blanc.
M. Paul Blanc. Je me réjouis de la façon dont s'est engagé le débat car, moi aussi, j'ai été confronté, voilà à peine quinze jours, au syndicat des hôteliers et restaurateurs dans mon département.
Je me trouvais alors avec trois parlementaires socialistes, qui ont indiqué qu'ils étaient tout à fait d'accord, eux, pour souscrire aux souhaits de la profession, mais que ce n'était pas possible en raison des contraintes de l'Europe. Je suis donc très heureux des propos de notre collègue Denis Badré.
Je me félicite également, madame la secrétaire d'Etat, que vous n'ayez pas évoqué cette contrainte européenne, ce qui conforte les propos de Denis Badré.
Mais je voudrais surtout attirer l'attention de notre assemblée sur la situation de régions frontalières comme le département des Pyrénées-Orientales, où les professionnels de la restauration sont obligés de faire face à la concurrence des Espagnols. Eux, bénéficient d'une TVA à taux réduit. Or, vous le savez, madame la secrétaire d'Etat, aujourd'hui, il n'y a plus de Pyrénées : en moins de trente minutes, on va de Perpignan à Figueras, si bien que les restaurateurs espagnols ont un avantage certain par rapport à leurs homologues français.
Dans ces conditions, je voterai bien entendu ces amendements sans aucune hésitation.
M. Yann Gaillard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. En cette période où bien des portes s'ouvrent, où l'argent public se déverse, à la suite de pressions diverses, je pense que notre vote pourrait aider le Gouvernement à s'en sortir et peut-être à échapper - qui sait ? - à la nécessité d'octroyer cette mesure si, par exemple, demain, les restaurateurs et les personnels de restauration étaient tentés d'imiter tel ou tel exemple fameux.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Madame la secrétaire d'Etat, il est tout de même paradoxal, alors que la France est la première destination touristique au monde et l'une des premières destinations gastronomiques, que nous fassions tout pour gâcher nos chances.
Pour mon département, la Vendée, le deuxième département à vocation touristique de France, il en résulte une contre-publicité tout à fait extraordinaire.
J'ajouterai que la double taxation n'est pas toujours bien appliquée.
Ainsi, dans un établissement de restauration rapide, on vous demandera si vous voulez consommer sur place ou non. Un taux différent et donc un prix différent est appliqué dans chaque cas : pour un même sandwich, on appliquera tantôt le taux de 5,5 %, tantôt le taux de 19,6 %. Cependant, madame la secrétaire d'Etat, il existe un établissement public de restauration qui applique le même prix, que vous mangiez sur place ou que vous emportiez la consommation. Devinez quel est cet établissement : c'est le bar du TGV !
Eh oui, madame la secrétaire d'Etat ! Et qui se met la différence dans la poche ?
Vous êtes-vous posé la question ? C'est intéressant. Pour ma part, je trouve cela scandaleux. Vous devriez regarder d'un peu plus près les distorsions que peut engendrer dans le monde de la restauration cette double taxation à 5,5 % et à 19,6 % !
Aussi, je crois que le Sénat fera oeuvre de sagesse et d'assainissement en votant un taux unique.
M. Thierry Foucaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Le groupe communiste républicain et citoyen souscrit aux propos que nous venons d'entendre. En conséquence, nous ne voterons pas contre les amendements qui nous sont présentés. Nous avons d'ailleurs défendu nous-même des amendements de ce type à plusieurs reprises. Nous avons, je le rappelle, déposé des amendements sur les produits de première nécessité, comme les denrées alimentaires, la margarine, par exemple.

Mais, mesdames, messieurs de la majorité sénatoriale, n'en déplaise à M. le rapporteur général, qui insiste sur les baisses de TVA, je me rappelle avoir entendu des propos et pris acte de votes qui n'allaient pas exactement dans le même sens. Au demeurant, monsieur le rapporteur général, puisque vous avez évoqué la question de principe à laquelle j'adhère, il faudrait peut-être l'appliquer !
Permettez-moi d'ajouter encore une remarque.
Lorsque nous avons proposé que le taux de TVA passe de 19,6 % à 18,6 %, on nous a répondu qu'il valait mieux faire des baisses de TVA ciblées. Certes, des gestes ont été faits en ce sens, mais ils ne sont pas suffisants.
C'est en considération de tous ces éléments que nous voterons les amendements qui nous sont présentés ce soir.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Dans mon département, les Alpes-Maritimes, département hautement touristique, et, qui plus est, proche de l'Italie, il est bien certain que le problème posé par l'existence de taux différents est tout à fait criant.
Ce que les restaurateurs ne comprennent pas, c'est la différence de taux appliqués à la vente à emporter et donc en fait celui qui est appliqué à certaines grandes chaînes de restauration.
J'avais d'ailleurs déjà proposé que l'on unifie les taux sans qu'il en coûte un sou à l'Etat. Le ministère des finances m'a rétorqué que c'était impossible, qu'il faudrait créer un nouveau taux et que l'Europe ne l'accepterait pas.
En l'occurrence, l'abaissement au taux minimal me paraît et possible et souhaitable : avec mon groupe, je voterai l'amendement.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s II-81 rectifié, II-104 rectifié et II-155, acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 53, et l'amendement n° II-105 rectifié n'a plus d'objet.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à dix-neuf heures quarante, est reprise à vingt et une heures cinquante.)

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi de finances pour 2002.
Nous continuons l'examen des amendements tendant à insérer des articles additionnels après l'article 53.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-82 est présenté par M. Fournier, Mme Olin, MM. Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Gaillard, Joyandet, Ostermann, Trégouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Darcos, Ginésy, de Broissia, Vial, Leclerc, Schosteck et Lanier.
L'amendement n° II-106 rectifié est présenté par M. Badré et les membres du groupe de l'Union centriste.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« Après l'article 53, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le a quinquies de l'article 279 du code général des impôts, il est inséré un a sexies ainsi rédigé :
« a sexies . Les prestations juridiques et judiciaires dispensées par les avocats aux particuliers. »
« II. - Ces dispositions s'appliquent à compter du 1er janvier 2003.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 403, 575, et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° II-82 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Christian Gaudin, pour défendre l'amendement n° II-106 rectifié.
M. Christian Gaudin. Cet amendement tend à appliquer le taux réduit de TVA aux prestations des avocats à compter du 1er janvier 2003.
Cette mesure rejoint celle que nous avons proposée tout à l'heure pour les restaurateurs.
La France, à l'instar des autres pays européens, a déjà entamé cette démarche qui devrait recueillir un avis favorable de la commission des finances.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Pour différentes raisons de principe, la commission estime que ce débat est tout à fait opportun.
A plusieurs reprises, nous avons examiné des amendements de même nature et de différentes provenances. Aujourd'hui, nous sommes en présence par le groupe de l'Union centriste, et d'un autre par le groupe du RPR. Dans le passé, nous nous étions prononcés sur des amendements émanant du groupe socialiste et défendus par M. Dreyfus-Schmidt.
Le souci d'améliorer l'accès au droit est largement partagé ici et la mesure visant à réduire le taux de la TVA sur les prestations des avocats mériterait d'être traitée de façon positive et concrète. C'est dans cet esprit, à titre de signal et pour inciter le Gouvernement à bien vouloir négocier sur ce terrain dans les instances européennes, que la commission a émis un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je comprends la position de la commission des finances. Nous nous en sommes déjà expliqués. M. le rapporteur général ne s'en étonnera donc pas, je rappelle que cette disposition n'est pas, à l'heure actuelle, euro-compatible. Pour cette raison, j'émets un avis défavorable sur l'amendement n° II-106 rectifié.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-106 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 53.

Article 53 bis



M. le président.
« Art. 53 bis . - L'article 986 du code général des impôts est ainsi rétabli :
« Art. 986 . - I. - Les transactions sur devises, au comptant ou à terme, sont soumises à une taxe assise sur leur montant brut.
« Sont exonérées de cette taxe les opérations afférentes :
« - aux acquisitions ou livraisons intracommunautaires ;
« - aux exportations ou importations effectives de biens et de services ;
« - aux investissements directs au sens du décret n° 89 938 du 29 décembre 1989 réglementant les relations financières avec l'étranger, qu'ils soient étrangers en France ou français à l'étranger ;
« - aux opérations de change réalisées pour leur propre compte par les personnes physiques dont le montant est inférieur à 75 000 EUR.
« La taxe est due par les établissements de crédit, les institutions et les services mentionnés à l'article L. 518-1 du code monétaire et financier, les entreprises d'investissement visées à l'article L. 531-4 du même code et par les personnes physiques ou morales visées à l'article L. 520-1 du même code. Elle n'est pas due par la Banque de France et par le Trésor public.
« II. - La taxe est établie, liquidée et recouvrée sous les mêmes garanties et sanctions que le prélèvement mentionné à l'article 125 A.
« III. - Le taux de la taxe est fixé par décret en Conseil d'Etat, dans la limite maximum de 0,1 % du montant des transactions visé au I.
« IV. - Le décret mentionné ci dessus prend effet à la date à laquelle les Etats membres de la Communauté européenne auront dû achever l'intégration dans leur droit interne des mesures arrêtées par le Conseil prévoyant l'instauration, dans l'ensemble des Etats membres, d'une taxe sur les transactions sur devises, et au plus tôt le 1er janvier 2003. »
L'amendement n° II-98, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 53 bis . »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. On ne sera pas surpris que la commission souhaite la suppression de l'article 53 bis nouveau.
Issu d'un amendement de l'Assemblée nationale, cet article prévoit la mise en oeuvre d'une taxe virtuelle sur les transactions en devises, qui n'entrerait en vigueur qu'après que les autres pays de l'Union européenne auront fait de même. C'est la première fois, à ma connaissance, que dans notre législation, on ose insérer un dispositif de cette nature.
A de nombreuses reprises, nous avons débattu au sein du Sénat de ce qu'il est convenu d'appeler « la taxe Tobin », bien que le professeur Tobin soit aujourd'hui très choqué qu'on utilise son nom pour une cause aussi douteuse.
A la vérité, vouloir prélever une ressource fiscale sur les mouvements de capitaux internationaux ne permet pas d'atteindre les objectifs que l'on prétend viser. Un tel dispositif est assurément inapplicable, comme beaucoup en ont fait la démonstration. A supposer même qu'il prenne place à l'échelle de l'Union européenne, celle-ci se trouverait dans une position fausse par rapport à bien d'autres places financières qui existent de par le monde et qui ne se donneraient pas une telle discipline illusoire.
Madame le secrétaire d'Etat, la commission s'étonne vraiment qu'au détour d'un débat parlementaire, on aboutisse à un tel texte. Certes, il y a des contradictions politiques qui relèvent de la politique politicienne, de la gesticulation dominicale, mais véritablement, en arriver à abandonner à ce point le sens des responsabilités est étonnant ! Certains, manifestement, préfèrent en rester à une utopie qu'ils estiment populaire, tout en sachant très bien que leurs préconisations sont, dès l'instant où ils les prononcent, vouées à l'échec.
Madame le sécrétaire d'Etat, la commission propose de supprimer cet article inapplicable. Ce faisant, elle a le sentiment d'aller dans le sens que tous les gens raisonnables - dont vous êtes -, ont emprunté sur pareil sujet.
Il me suffit, au demeurant, de me reporter à vos déclarations publiées au Journal officiel, Débats de l'Assemblée nationale - du 19 novembre 2001, pour y lire des jugements qui paraissent frappés au coin du bon sens.
Vous avez dit très aimablement aux concepteurs de cette taxe virtuelle : « Cet amendement n'évite pas certains écueils qui, qu'on le veuille ou non, jalonnent cette route (...). Néanmoins, vous savez que des entreprises peuvent parfaitement se livrer entre elles, notamment au sein d'un groupe, à des opérations financières spéculatives et, cela, sans passer par le truchement d'une banque. Faute d'y pourvoir, les transactions visées déplaceront donc vers ces canaux ». Vous évoquiez là la difficulté de définir une assiette pour une telle taxe concernant les transactions en devises. « En bref, ajoutiez-vous plus loin, le jugement sur la faisabilité de la taxe sur les transactions en devises reste à porter et un pays ne peut guère le porter tout seul. » De ce point de vue, déclariez-vous en conclusion, il aurait peut-être été préférable que votre assemblée, comme elle l'a déjà fait sur des questions fiscales de portée européenne, débatte d'une résolution. Cela serait le vecteur le mieux adapté. D'autres parlements d'ailleurs ont procédé de la sorte. »
Madame le secrétaire d'Etat, il est clair que le Sénat ne peut souscrire au dispositif voté par la majorité de l'Assemblée nationale. Il est, à notre sens, toujours grave de manier l'illusion, de faire de fausses promesses, même et surtout à ses amis ! En effet, un jour viendra où lesdits amis vous le feront payer parce que vous les aurez déçus.
Pour vous aider,...
M. Jean Chérioux. En toute amitié ! (Sourires.)
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Pour vous protéger ! (Nouveaux sourires.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... compte tenu du bon climat de nos relations, et pour vous protéger, en effet, contre certaines amitiés parfois envahissantes, la commission des finances propose la suppression de l'article 53 bis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne sais si je dois me prononcer sur l'amendement n° II-98 ou sur le commentaire que vient d'en faire M. le rapporteur général. Peut-être me livrerai-je à ces deux exercices, monsieur le président, si vous m'y autorisez. (Sourires.)
Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n° II-98. L'introduction d'une taxe sur les transactions en devises a donné lieu, depuis plusieurs années, à des débats approfondis qui ont, cette année, abouti à l'adoption de son principe par l'Assemblée nationale. Tel est l'objet de l'article 53 bis que vous souhaitez supprimer, monsieur le rapporteur général.
Je constate que les objectifs de la mesure prévue à l'article 53 bis sont bien ceux que s'est fixés le Gouvernement par le biais de la négociation internationale. Il s'agit de contribuer à la régulation et à la transparence des mouvements de capitaux ainsi qu'à l'encadrement des effets de la globalisation. Ce sont des sujets majeurs qui imposent à chaque pays d'arrêter une position claire, sans ambiguïté.
Certes, le jugement sur la faisabilité d'une telle taxe reste à « porter », dirais-je, pour reprendre une citation de citation, et, comme j'ai eu l'occasion de le dire à l'Assemblée nationale, un pays ne peut guère le « porter » seul. C'est pourquoi l'Assemblée nationale a subordonné son entrée en vigueur en France à son adoption par l'ensemble des pays membres de l'Union européenne.
Monsieur le rapporteur général, vous m'avez fait l'honneur de citer mes propos, notamment sur les questions liées aux difficultés techniques et économiques que présenterait la mise en oeuvre de cette taxe. Je ne renie nullement ces citations car elles sont fidèles. Mais elles sont incomplètes. En effet, dans ce même débat, j'ai dit que ce gouvernement choisissait son camp, qui est celui de la régulation et de la transparence de la mondialisation.
Le fait que l'adoption d'une taxe sur les transactions en devises n'apporte pas la contribution la plus utile et la plus immédiate à ces buts est indiscutable. Je discute en revanche la diatribe que je lis dans votre rapport et vos remarques à l'instant sur l'attitude ambiguë du Gouvernement qui se fonderait uniquement sur des calculspartisans.
En fait, monsieur le rapporteur général, je ne sais pas s'il vaut mieux se prémunir de vos leçons ou d'une taxe, quelle qu'elle soit. Habituellement, vos critiques sont légitimes, en l'occurrence elles travestissent les efforts et les actions concrètes qui ont été menées pendant toute une législature.
Ces dispositions seraient plus compréhensibles si elles étaient accompagnées de propositions à la hauteur de l'enjeu international auquel nous devons faire face ensemble. En définitive, je crois que la mesure qui est retenue à l'article 53 bis est intéressante.
Le Gouvernement n'avait pas caché sa préférence pour l'adoption d'une résolution plutôt que d'un texte. Mais je crois que l'article 53 bis , tel qu'il est rédigé, permet de bien formuler la position de la France.
Dans ces conditions, mesdames, messieurs les sénateurs, vous comprendrez que je ne puis être favorable à cet amendement de suppression de l'article 53 bis, dont je souhaiterais le retrait.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-98.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Monsieur le président, je voterai cet amendement si bien défendu par notre rapporteur général qui a bien montré qu'il n'était pas en contradiction totale avec le Gouvernement.
Votre propos m'a quelque peu étonné, madame le secrétaire d'Etat : vous avez semblé choquée que, dans son rapport, notre rapporteur général ait dit que vous aviez pris cette position dans un esprit partisan. Cela me choque parce que vous avez vous-même déclaré que vous aviez pris cette décision parce que vous aviez choisi votre camp. Quand on choisit son camp, on choisit son parti et donc on est partisan !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je crois, madame la secrétaire d'Etat, que nous n'avons pas à nous accuser mutuellement de bassesses partisanes. La richesse de notre démocratie tient au fait que nous ne soyons pas tous d'accord. Rien ne serait pire pour nos compatriotes.
En la circonstance - je reprends votre expression - vous « choisissez votre camp ». Il est bon que les Français sachent le camp dans lequel vous êtes aujourd'hui vous et vos alliés. Il est bon qu'ils sachent ce que vous souhaitez pour la France, ce que vous leur proposerez dans quelques mois.
Il faut qu'ils sachent que vous voulez maintenir l'orientation législative que vous défendez ce soir, à laquelle vous n'êtes pas contrainte, comme en témoigne le sentiment de fierté que vous avez paru éprouver il y a un instant.
Or, madame la secrétaire d'Etat, le texte est inopportun. Comme le rapporteur général l'a dit admirablement, il faudrait, pour avancer sur un tel sujet, que le Gouvernement prenne ses responsabilités, dialogue avec ses homologues et qu'une disposition générale puisse être adoptée.
A cela s'ajoute le fait, madame la secrétaire d'Etat, que, une fois encore, le Gouvernement s'en est rapporté à sa majorité pour avancer sur un sujet grave. Je m'en inquiète.
Le rôle d'un Gouvernement sur des sujets importants, c'est d'assumer pleinement ses responsabilités, ce n'est pas de laisser adopter par l'Assemblée nationale un dispositif plus ou moins bien organisé et dont on se dit qu'il ne survivra sans doute pas ou qu'il n'est pas nocif parce qu'il est inapplicable. Légiférer de cette manière n'est pas à l'honneur de la France.
Mais la représentation nationale a-t-elle le droit de bavarder ainsi en élaborant des normes d'un si pitoyable niveau ?
M. Dominique Braye. Absolument !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Que nous voulions critiquer la taxe d'un point de vue politique, c'est notre affaire, et je sais que vous acceptez de l'entendre ! Mais nous sommes fondés à discuter la manière dont cette norme s'élabore.
Madame la secrétaire d'Etat, pour être franc, sur nombre de sujets, nous pouvons sinon vous soutenir, du moins faire en sorte de ne pas entraver votre marche. Sur ce sujet en revanche, nous avons le sentiment de faire tout pour vous éviter une grande erreur. (Très bien ! Et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-98, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 53 bis est supprimé.

Article additionnel après l'article 53 bis



M. le président.
L'amendement n° II-168, présenté par M. Masson, est ainsi libellé :
« Après l'article 53 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. Après le quatrième alinéa de l'article 1010 du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La taxe visée au premier alinéa n'est pas applicable aux véhicules dont la longueur est inférieure à 3 mètres et le poids à vide est inférieur à 750 kilogrammes. »
« II. - La perte de recettes résultant de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Masson.
M. Jean-Louis Masson. Depuis quelques années, une usine automobile s'est installée en Lorraine. On y construit la Smart, voiture au concept novateur. Il s'agit d'une petite voiture de deux places qui fait moins de trois mètres de long et qui relève d'une vision écologique d'un véhicule urbain.
Cette voiture répond à des normes tout à fait particulières et n'entre pas dans les grilles prévues par la fiscalité française. Les entreprises qui seraient susceptibles de l'acheter ne le font pas car elles ne peuvent pas déduire la TVA.
Le développement de cette voiture en France est si lourdement pénalisé que, sur plus de 100 000 Smart produites chaque année, seules 10 000, c'est-à-dire 10 %, sont vendues en France, contre quatre à cinq fois plus en Allemagne et plus encore en Italie.
Il n'est pas normal que, pour des raisons purement techniques, la Smart subisse le même traitement fiscal qu'une Porsche ou une Mercedes, alors qu'elle est une voiture très modeste, de catégorie inférieure à la classe A. Pourtant, le Gouvernement et les pouvoirs publics n'ont pas accepté d'adapter les normes législatives. Nous proposons donc de le faire par voie d'amendement.
Cette discussion a été amorcée à l'Assemblée nationale par notre collègue M. Gilles Carrez, qui a présenté un amendement presque identique et par la représentante de la Moselle, Mme Zimmermann, qui a interrogé le Gouvernement sur ce sujet. Celui-ci ne semble pas très motivé pour prendre une mesure d'équité, qui contribuerait pourtant à la création d'emplois.
Plus de 2 000 emplois ont été créés dans cette usine au cours des cinq à six dernières années. Cette mesure serait un atout très important pour ma région qui a été si durement touchée par la crise de la sidérurgie, des mines de fer et des houillères.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il faut remercier M. Jean-Louis Masson de poser ce problème qui lui tient à coeur à juste titre. La commission s'interroge toutefois sur le vecteur qu'il utilise.
En effet, si le véhicule qu'il a cité peine à accroître sa part de marché en France, ce n'est certainement pas du fait de la taxe sur les véhicules de société. Celle-ci est neutre et définie de la même manière pour tous les types de voitures.
En revanche, je me suis laissé dire que les modalités de déductibilité de la TVA pouvaient n'être pas identiques. Naguère, je ne sais pas dire à quelle date précisément, dans le kaléïdoscope des dispositions adoptées par le Parlement, a été votée une mesure qui supprimait la déductibilité de cette taxe pour une entreprise quand le véhicule était inférieur à une certaine longueur. Il s'agissait à l'époque d'éviter que les dirigeants de société ne déduisent la TVA sur des voitures de sport...
Il existe donc aujourd'hui une discrimination du fait de la longueur du véhicule. Mais elle s'applique à la déductibilité de la TVA et non pas, mes chers collègues, à la taxe sur les véhicules de société.
Je suppose donc que l'amendement que vous venez de présenter et qui a été soutenu à l'Assemblée nationale par Mme Zimmermann - nous voyons à cette occasion l'efficacité et la pugnacité des élus de la Moselle - est, me semble-t-il, un amendement d'appel. Il va sans doute faire réagir utilement Mme le secrétaire d'Etat.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je crains de décevoir M. le rapporteur général, car je constate, comme lui, que l'amendement n° II-168 vise à exonérer de la taxe annuelle sur les véhicules de société les voitures de petit gabarit et, quand on lit l'exposé des motifs de l'amendement, on s'aperçoit que celui-ci ne dissimule pas la marque, que vous avez d'ailleurs vous-même citée, monsieur le sénateur, ce qui me laisse songeuse.
Je n'ai pas d'avis plus éclairé que celui-ci à vous fournir et je souhaite le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'en suis un peu désolé, mais je crains d'aller dans le même sens que Mme le secrétaire d'Etat. En effet, même si la question me semble tout à fait légitime et même si je regrette qu'il n'y ait pas quelques éléments de réponse autres que l'avis défavorable clair et net que nous avons entendu, je me dois d'observer que la mesure préconisée n'est pas en tant que telle acceptable, car elle utiliserait la taxe sur les véhicules de société d'une façon très spécifique, en réservant un régime d'exonération à une seule marque et à un seul type de véhicules, ce qui est, on en conviendra, une fiscalité un peu trop « taillée sur mesure ».
M. Jean Chérioux. Du « cousumain » !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Telles sont les raisons pour lesquelles la commission sollicite à son tour le retrait de l'amendement, tout en regrettant, madame le secrétaire d'Etat, que l'on ne recherche pas une voie pour tâcher d'atténuer, en matière de TVA, l'anomalie qui est évoquée.
Certes, ce n'est peut-être pas simple, car il existe toutes sortes de véhicules différents, de valeurs différentes, d'usages différents, même de faible longueur. Je ne sais pas quelle est la bonne formule, mais il me semble qu'il faudrait rechercher une solution.
M. le président. Monsieur Masson, l'amendement n° II-168 est-il maintenu ?
M. Jean-Louis Masson. M. le rapporteur général a très bien exposé le problème.
En fait, la Smart est une toute petite voiture qui n'a rien à voir avec les voitures de luxe. Le vrai problème, qui transparaît pour les personnes qui connaissent bien le dossier, c'est que cette petite voiture très modeste est pénalisée par des mesures fiscales qui ont pour objet de cibler les voitures de sport susceptibles d'être achetées par les grandes entreprises.
Il est vrai que c'est uniquement la Smart qui serait concernée par l'amendement. Mais il est également vrai que c'est la seule voiture qui mesure moins de trois mètres, et qui est donc indirectement victime de la discrimination. Je n'y peux rien ! Si une deuxième marque avait eu l'idée de fabriquer une petite voiture de moins de trois mètres, à deux places et qui ne soit pas une voiture de sport, à l'évidence deux marques différentes seraient concernées.
Monsieur le président, j'accepte de retirer l'amendement. Je ne suis pas du tout persuadé que ce soit une bonne chose. En effet, c'est le meilleur moyen d'enterrer l'affaire et de se retrouver l'an prochain dans une situation identique. Je ne sais pas si le Gouvernement sera alors le même, mais je suis sûr que, l'an prochain, je ne retirerai pas mon amendement si rien n'a été fait d'ici là.
M. le président. L'amendement n° II-168 est retiré.

Article 53 ter



M. le président.
« Art. 53 ter . - En l'absence d'un accord spécifique négocié entre un commerçant et sa banque sur le montant des commissions entre le 1er janvier et le 17 février 2002, le montant des commissions perçues par les établissements de crédit et les services financiers de La Poste sur les paiements par carte effectués entre le 1er janvier et le 17 février 2002 ne peut excéder le montant réellement perçu au cours de la même période de l'année 2001, ou sur les sept dernières semaines de l'année 2001 si cette base de référence est plus favorable au commerçant ou s'il n'avait pas d'activité au début de l'année 2001. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-162 rectifié, présenté par MM. Arnaud, Alduy, Bécot, Dulait et Franchis, Mmes Férat, Létard, Papon et Gourault, MM. Moinard et Zocchetto, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 53 ter :
« Il ne peut être perçu, par les établissements bancaires émetteurs, aucune commission ou rémunération d'aucune sorte sur les paiements par carte de paiement inférieurs à 30 euros effectués entre le 1er janvier 2002 et le 17 février 2002. »
L'amendement n° II-157 rectifié bis , présenté par MM. Cornu, Murat, Gérard et Braye, est ainsi libellé :
« I. - Dans l'article 53 ter , remplacer les mots : "un commerçant" par les mots : "toute personne physique ou morale dont le chiffre d'affaires est inférieur à 7,63 millions d'euros".
« II. - En conséquence, remplacer les mots : "au commerçant" par les mots : "à la personne physique ou morale considérée" et les mots : "s'il" par les mots : "si celle-ci". »
L'amendement n° II-158 rectifié bis , présenté par MM. Cornu, Murat, Gérard et Braye, est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les personnes physiques ou morales considérées qui auraient débuté leur activité entre le 12 novembre 2001 et le 31 décembre 2001, le montant de commissions servant de référence pour l'écrêtement est égal au montant des commissions dues au titre des paiements par carte de l'année 2001, multiplié par 42 et divisé par le nombre de jours d'activité. »
L'amendement n° II-159 rectifié bis , présenté par MM. Cornu, Murat, Braye et Gérard, est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 53 ter par un alinéa ainsi rédigé :
« La ristourne que la banque aura dû, le cas échéant, consentir à la personne physique ou morale considérée peut être imposée au moment de son encaissement, par dérogation aux règles prévues au 2 de l'article 38 et à l'article 93 A du code général des impôts. »
L'amendement n° II-162 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Braye, pour défendre les amendements n°s II-157 rectifié bis , II-158 rectifié bis et II-159 rectifié bis .
M. Dominique Braye. Lors de la deuxième lecture du projet de loi portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier, notre collègue Gérard Cornu avait déjà proposé un amendement, que le Sénat avait adopté mais que l'Assemblée nationale n'a pas retenu, qui visait à faciliter le paiement par carte bancaire pendant la période transitoire du 1er janvier au 17 février 2002, période où interviendra la double circulation du franc et de l'euro.
En effet, les consommateurs et tous les professionnels qui ont fréquemment recours aux règlements en espèces sont inquiets. Pour simplifier la double circulation francs-euros pendant cette période, nous avions proposé la suppression des commissions bancaires sur les paiements par carte pour tout paiement inférieur à 30 euros effectué durant ces sept semaines.
Ce dispositif simple semble toutefois rencontrer des difficultés d'application par les banques pour des raisons techniques. C'est pourquoi nous proposons aujourd'hui, toujours dans le même esprit, d'écrêter ces commissions par référence à la même période d'activité l'année précédente.
En neutralisant l'effet pour les petits commerçants, les artisans et les professions libérales du surplus de commissions que pourrait occasionner un usage accru de la carte bancaire lors de la période transitoire, ce dispositif permet d'encourager le paiement par carte bancaire pour les petites opérations courantes effectuées par les consommateurs.
L'amendement n° II-157 rectifié bis vise à faire bénéficier de l'écrêtement des commissions bancaires toute personne physique ou morale dont le chiffre d'affaires est inférieur à 7,63 millions d'euros, et non pas tout commerçant. Il s'agit donc d'élargir aux artisans et professions libérales le bénéfice de la mesure.
L'amendement n° II-158 rectifié bis prend en compte le cas des professionnels n'ayant démarré leur activité qu'entre le 12 novembre 2001 et le 31 décembre 2001 et ne pouvant donc se référer, pour le calcul de l'écrêtement, ni aux sept premières semaines de l'année 2001 ni aux sept dernières. Pour eux, la période de référence sera donc comprise entre la date de début de leur activité et le 31 décembre 2001 et le montant de référence sera calculé au prorata de leur nombre de jours d'activité en 2001.
Je suis conscient de la complexité du dispositif proposé, mais je ne suis pas sûr que les délais permettent au Gouvernement de prendre à temps le décret approprié.
L'amendement n° II-159 bis a pour objet de permettre aux PME, commerçants et artisans de n'inclure la ristourne dans leur bénéfice imposable qu'au moment de son encaissement effectif, par dérogation à la règle de la créance acquise, qui obligerait normalement à imposer la ristourne dès que son montant est connu avec certitude par son bénéficiaire. Cette mesure profiterait donc aux petits commerçants, artisans et professions libérales. Elle légitime, en outre, la présence de cet article 53 ter dans une loi de finances.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je souhaite tout d'abord me livrer à un bref rappel pour situer notre débat.
S'agissant de la question des commissions bancaires sur les opérations de paiement par carte chez les commerçants pendant la période transitoire de double circulation du franc et de l'euro, le scénario parlementaire se décompose jusqu'ici en trois actes.
Premier acte : le projet de loi portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier, le MURCEF ; le Sénat a adopté un amendement de notre collègue Gérard Cornu qui visait à supprimer toute commission bancaire sur les paiements de moins de 30 euros effectués par carte bancaire. Si ma mémoire est bonne, la commission s'en était remise à la sagesse du Sénat.
Deuxième acte : le projet de loi de finances pour 2002 ; l'Assemblée nationale a introduit le présent article 53 ter que nous examinons en cet instant et qui - M. Chérioux le sait - écrête les commissions bancaires perçues par les commerçants pendant cette période transitoire. Malheureusement, nous sommes obligés de constater que l'article dont il s'agit est ce que l'on appelle un « cavalier budgétaire ».
Troisième acte : le collectif budgétaire de 2001 ; mercredi dernier, l'Assemblée nationale a introduit un nouvel article 29 bis tendant à taxer chaque paiement effectué par carte bancaire d'un montant de moins de 30 euros quand celui-ci a donné lieu au versement d'une commission. La taxe serait égale à 80 % de la commission. Pourquoi une taxe ? Pour que l'article ne soit pas un cavalier.
Mes chers collègues, la commission souhaite que ce débat important sur une question technique, mais concrète, qui préoccupe nombre de nos concitoyens, en particulier dans le monde des commerçants, soit rassemblé sur un seul texte. Elle souhaite donc que la discussion se poursuive dans un collectif budgétaire. Par conséquent, je suggère à nos collègues de bien vouloir, ce soir, retirer les trois amendements qui ont été très clairement présentés par Dominique Braye, de telle sorte qu'ils puissent être représentés et discutés sur le fond lors de l'examen du collectif budgétaire. Sinon, nous n'allons pas sortir de cet « entrelacs » de discussions identiques portant sur des textes différents.
Sur le fond, il est clair que la suppression, que nous avions votée, des commissions sur tous les petits paiements peut poser de réelles difficultés de mise en application en informatique. De même, un dispositif de taxation des commissions sur ces petits paiements sera assez ardu à mettre en oeuvre, car il faudra réaliser et appliquer des programmes de tri par montants. A l'inverse, un dispositif d'écrêtement semble d'application plus pratique.
Sur le plan des principes, il faut reconnaître que l'on demande peut-être aux banques, pour une partie des opérations, de travailler à perte et de renégocier leurs contrats en très peu de temps - il reste très peu de jours à cet effet, et plus de 800 000 commerçants sont concernés -, sans respecter les préavis qu'il aurait fallu s'imposer.
Comme Dominique Braye, je suis très surpris, madame le secrétaire d'Etat, que ce débat ne prenne naissance qu'à quelques jours de la fin de l'année, alors que la période de double circulation du franc et de l'euro est prévue depuis quelques années déjà. On réunit même très régulièrement une grand-messe, qui a pour dénomination le Comité national de l'euro, et qui, en théorie, est destinée non seulement à entendre la bonne parole, mais également à traiter de questions concrètes comme celle-ci.
Il est tout à fait regrettable que l'on pointe aujourd'hui les difficultés techniques et concrètes du petit commerce dans la phase où l'on va lui demander d'être changeur de monnaie. Il est assurément dommage que, dans le dialogue avec la profession bancaire, ce problème soit traité en fin d'année, alors que certains arguments mériteraient sans doute, de part et d'autre, d'être mieux analysés.
Enfin, je tiens à souligner qu'il ne faudrait pas trop inciter les consommateurs à utiliser la carte bancaire, car les terminaux des commerçants n'ont pas nécessairement une capacité de mémoire suffisante pour absorber un accroissement trop important des transactions. De plus, on peut craindre que les délais de télétransmission des ordres ne s'allongent démesurément et de façon gênante, pour les clients comme pour les commerçants, si un nombre beaucoup trop important de paiements en numéraire se reportait sur l'utilisation de la carte bancaire.
Tous ces sujets doivent pouvoirs être encore mieux élucidés, mieux compris d'ici à la discussion, dans quelques jours, du collectif budgétaire.
Madame le secrétaire d'Etat, il faut reconnaître que les amendements proposés, comme d'ailleurs les votes de l'Assemblée nationale, mettent l'accent sur un vrai problème, mais qui a été sous-estimé et examiné trop tardivement par les services compétents. Nous vous demandons donc votre entière coopération pour que nous aboutissions à la mise en place du dispositif le plus opérationnel possible dans l'intérêt de l'euro, dans l'intérêt d'une bonne gestion des transferts monétaires et au nom de l'image que l'opinion publique doit avoir de la nouvelle monnaie.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme l'a rappelé M. le rapporteur général tout à l'heure, les conditions du passage à l'euro ont été prises en compte à plusieurs reprises et à différents stades des débats tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat.
Le présent article 53 ter a pour objet de plafonner les commissions perçues par les banques pour les paiements par carte bancaire qui seraient effectués entre le 1er janvier 2002 et le 17 février 2002. Nous savons tous que, pendant cette période, le recours aux cartes bancaires pourrait être plus important qu'à l'habitude compte tenu des facilités pratiques qu'offre ce moyen de paiement.
L'Assemblée nationale a mis au point ce dispositif en faveur des commerçants qui n'ont pas les moyens de négocier des tarifs préférentiels avec les banques. Il s'agit de neutraliser l'augmentation des commissions qui résulterait mécaniquement de l'accroissement du recours aux cartes bancaires pendant la période de double circulation.
Monsieur le rapporteur général, vous me demandez ma coopération dans une discussion qui est en cours avec les organismes bancaires ; elle vous est toute acquise. Mais je m'empresse d'ajouter que ma coopération à elle seule ne suffira pas ; il faut aussi celle de la profession bancaire.
Lorsque l'amendement qui est devenu l'article 53 ter a été discuté à l'Assemblée nationale, le Gouvernement, que je représentais, l'avait défendu et avait souhaité son adoption. Aujourd'hui, monsieur le rapporteur général, vous renvoyez ce dispositif à une autre disposition qui figure dans le collectif budgétaire pour 2001, mais cette disposition-là, dont nous reparlerons sans doute dans quelques jours, je ne l'avais pas soutenue.
Le Gouvernement ne souhaite pas pour autant le retrait global des trois amendements, et je m'en explique.
L'amendement n° II-157 rectifié bis tend à restreindre le champ d'application de l'article 53 ter . Je rappelle que cet article prévoit explicitement d'étendre à l'ensemble des personnes susceptibles d'accepter des paiements par carte le bénéfice de l'écrêtement dont je parlais à l'instant. Aux termes de l'amendement, le champ d'application du dispositif serait restreint aux personnes physiques ou morales dont le chiffre d'affaires est inférieur à7,6 millions d'euros, soit 50 millions de francs. Le Gouvernement n'est pas favorable à une telle discrimination qui est techniquement difficile à mettre en place.
En revanche, le Gouvernement est favorable aux amendements n°s II-158 rectifié bis et II-159 rectifié bis .
L'amendement n° II-158 rectifié bis prévoit explicitement le cas des commerçants qui sont dans la situation très particulière de ne pas avoir eu d'activité l'année précédente ou sur les sept dernières semaines de l'année 2001 ; il prévoit une modalité de calcul pour l'écrêtement des commissions dues sur les paiements par carte.
Quant à l'amendement n° II-159 rectifié bis , il a le mérite d'apporter une précision de nature fiscale sur les modalités d'imposition de la ristourne consentie par les banques. Cette précision paraît tout à fait pertinente.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mes chers collègues, il est utile de noter les positions que vient d'adopter le Gouvernement, qui émet un avis favorable sur les deux derniers amendements en discussion commune.
Les propositions de MM. Braye, Cornu et Murat doivent être intégrées au raisonnement et se retrouver dans le texte définitif. Aussi, pour que le travail soit formellement correct et, si leurs auteurs l'acceptent, après le retrait des trois amendements, il conviendra, mes chers collègues, de voter contre l'article 53 ter pour ne pas voter conforme un article qui, en l'état, n'intègre pas les précisions que nous considérons comme utiles et que le Gouvernement a acceptées.
Donc, la commission demande aux auteurs de retirer leurs amendements et au Sénat de repousser l'article, de telle sorte que nous puissions reprendre ce débat et finaliser, dans le projet de loi de finances rectificative, un texte complet et correct. Telles sont les propositions de la commission.
M. le président. Monsieur Braye, les amendements sont-ils maintenus ?
M. Dominique Braye. Compte tenu des propositions qui nous sont faites et de l'avis favorable que vient de donner Mme le secrétaire d'Etat sur les deux derniers amendements, je me rallie à la proposition de M. le rapporteur général, dont tout le monde ici connaît la compétence. Je le remercie, au passage, de nous fournir un moyen supplémentaire de résoudre ce problème technique avec plus de sécurité juridique encore.
Donc, je retire ces amendements et je voterai contre l'article 53 ter , comme nous y invite M. le rapporteur général.
M. le président. Les amendements n°s II-157 rectifié bis , II-158 rectifié bis et II-159 rectifié bis sont retirés.
Je mets aux voix l'article 53 ter .

(L'article 53 ter n'est pas adopté.)

Article additionnel après l'article 53 ter

M. le président. L'amendement n° II-163 rectifié, présenté par MM. Arnaud, Alduy, Bécot, Dulait et Franchis, Mmes Férat, Létard, Papon et Gourault, MM. Moinard et Zocchetto, est ainsi libellé :
« Après l'article 53 ter , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article L. 131-82 du code monétaire et financier, les mots : "cent francs" sont remplacés par les mots : "trente euros ". »
Cet amendement n'est pas soutenu.

Article 54



M. le président.
« Art. 54. - I. - L'article 1787 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Art. 1787 . - La remise en cause d'un remboursement de crédit de taxes sur le chiffre d'affaires obtenu indûment donne lieu à l'application d'une amende fiscale égale à 40 % des sommes restituées lorsque la mauvaise foi de l'intéressé est établie ou à 80 % de ces sommes lorsqu'il s'est rendu coupable de manoeuvres frauduleuses ou d'abus de droit au sens de l'article L. 64 du livre des procédures fiscales. »
« II. - Les dispositions du I sont applicables aux demandes de remboursement de crédits de taxes sur le chiffre d'affaires déposées à compter du 1er janvier 2002. » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 54



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-85, présenté par MM. Gaillard, Lanier, Eckenspieller, Doublet, de Richemont, Besse, Del Picchia, Pierre André, Murat, Demuynck, Calmejane, Guerry, César, Lassourd, Dubrule, Ginésy, Gournac, Duvernois, Leclerc et Gruillot et Mme Michaux-Chevry, est ainsi libellé :
« Après l'article 54, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa du IV de l'article 271 du code général des impôts, il est inséré un alinéa rédigé comme suit :
« La taxe déductible, dont l'imputation n'a pu être opérée, peut faire l'objet d'un remboursement immédiat, dans les conditions, selon les modalités et dans les limites fixées par un décret en Conseil d'Etat. »
« II. - La perte de recettes est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° II-111, présenté par MM. Adnot, Darniche, Seillier et Türk, est ainsi libellé :
« Après l'article 54, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le IV de l'article 271 du code général des impôts est rédigé comme suit :
« IV. - La taxe déductible dont l'imputation n'a pu être opérée fait l'objet d'un remboursement immédiat. »
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Gaillard, pour défendre l'amendement n° II-85.
M. Yann Gaillard. Cet amendement tire la conclusion logique du texte du Gouvernement, qui a été voté sans modification par l'Assemblée nationale.
Ce texte prévoit, en effet, que, lorsque des remboursements de TVA non imputés ont été demandés à tort, cela peut faire l'objet d'amendes fiscales importantes, allant jusqu'à 80 % dans le cas de manoeuvres frauduleuses, et 40 % dans le cas de mauvaise foi. Donc, puisqu'il existe désormais un dispositif tout à fait dissuasif, à quoi bon maintenir tous les contrôles a priori ?
Nous proposons donc le remboursement immédiat de la TVA sans que l'administration se livre à des contrôles a priori à la fois coûteux pour les entreprises et facteurs de retard. Cet amendement tend donc à simplifier et à humaniser les procédures fiscales !
M. le président. L'amendement n° II-111 n'est pas soutenu.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° II-85 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est intéressée par la démarche des auteurs de cet amendement qui tend à simplifier les procédures fiscales. Ce dispositif pourrait susciter un sentiment de confiance au sein des petites et moyennes entreprises. Il a donc un aspect positif. En outre, il ne s'agirait, pour l'Etat, que d'un coût de trésorerie. Nous ne risquerions pas de dégrader le solde budgétaire, même à terme.
Cela dit, la commission ne maîtrise pas tous les aspects techniques et opérationnels d'un tel dispositif. Elle souhaiterait entendre l'avis du Gouvernement sur la possibilité matérielle, pour les services fiscaux, de mettre en oeuvre une telle réforme.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je suis, je l'avoue, quelque peu surprise par la proposition de M. Gaillard, car, il le sait aussi bien que moi, les demandes de remboursement de crédits de TVA non imputables engendrent une dépense budgétaire et ont donc, par nature, vocation à faire l'objet d'un examen sur la forme et sur le fond destiné à vérifier leur bien-fondé.
Par conséquent, il s'agit de ne pas priver le traitement de ces demandes des garanties minimales contre des erreurs, voire des manoeuvres frauduleuses, notamment lorsque ces demandes sont présentées par des entreprises, disons, éphémères.
Au demeurant, la difficulté doit être relativisée, car l'administration fiscale est bien consciente de l'importance que revêtent les demandes de remboursement de crédits de TVA pour la trésorerie des entreprises, notamment pour certaines d'entre elles. Nous nous attachons, par conséquent, à traiter ces demandes dans les meilleurs délais, délais qui ont encore été raccourcis au cours de l'année 2001.
Pour toutes ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame le secrétaire d'Etat, vous ne pouvez pas imaginer un seul instant, même très fugace, que notre collègue Yann Gaillard, inspecteur général des finances, puisse émettre une proposition qui, de près ou de loin, même de très loin, soit de nature à encourager on ne sait quelle manoeuvre frauduleuse. (Sourires.)
Peut-être le dispositif pourrait-il être amélioré ? Peut-être y a-t-il lieu de le parfaire ? Il incombe, bien entendu, aux auteurs de l'amendement de nous le préciser.
Contrairement à vous, madame le secrétaire d'Etat, la commission a estimé qu'il pouvait s'agir, au moins pour des opérations de petits montants, d'une simplification qui ne ferait pas prendre de risques excessifs au trésor public et qui pourrait, par ailleurs, avoir d'utiles retombées économiques. Bien entendu, toutes les vérifications nécessaires devront être faites pour que l'on s'assure que l'Etat n'a pas été lésé et que pas un centime de crédit fictif n'a été remboursé à telle ou telle entreprise. C'est précisément à cet égard que les auteurs, moyennant une amélioration du dispositif, pourraient vous donner toutes assurances afin que vous ne les suspectiez plus des pires intentions, madame le secrétaire d'Etat ! (Sourires.)
M. le président. Monsieur Gaillard, l'amendement n° II-85 est-il maintenu ?
M. Yann Gaillard. Si notre amendement était adopté, c'est le Gouvernement qui serait le maître du jeu, puisqu'il est bien précisé que c'est un décret en Conseil d'Etat qui fixerait les modalités d'un tel mécanisme. L'Etat en aurait donc la maîtrise et, tant que le décret n'est pas pris, ne courrait absolument aucun risque.
Je le répète, cette démarche devrait à mon avis être multipliée dans le cadre de la réforme permanente que doit connaître notre procédure fiscale : il faut remplacer autant que faire se peut des contrôles a priori fastidieux, lourds, qui font perdre du temps et de l'argent, par des contrôles a posteriori assortis de sanctions très efficaces qui éviteraient la tentation de céder à la fraude.
Ce mécanisme étant de surcroît encadré dans l'amendement, je l'ai déjà dit, par un décret du Gouvernement, je ne vois pas où est le risque, et je maintiens mon amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-85.
M. Jean-Philippe Lachenaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud. Il convient de respecter l'équilibre entre les droits de l'administration, d'une part, et, d'autre part, les droits et les obligations des contribuables.
Lorsque l'on dit que le délai de remboursement de la TVA aux entreprises créditrices a été raccourci, il s'agit du délai moyen et non du délai qui leur est imposé dans la pratique. Or que constate-t-on dans la vie quotidienne des entreprises ?
Lorsqu'une entreprise créditrice présente sa demande, dans un premier temps, le dossier est ignoré ; dans un deuxième temps, on demande à l'entreprise toute une série de justificatifs ; dans un troisième temps, le dossier de l'entreprise est instruit et doit obtenir deux, voire trois signatures avant d'aboutir au remboursement.
Si les sanctions sont renforcées en cas de remboursement indu, il me paraîtrait logique d'instaurer un délai.
J'aurais donc souhaité voter l'amendement de M. Gaillard ; cependant le mot : « immédiatement » doit être remplacé par les mots : « dans les deux mois qui suivent la demande ». En effet, l'administration serait ainsi tenue d'instruire la totalité du dossier de demande de remboursement de TVA dans les deux mois, selon une procédure dont le décret préciserait les modalités. Le processus s'en trouverait accéléré, car l'administration serait dans l'obligation de répondre positivement si les droits de l'entreprise s'avéraient fondés.
Je ne peux donc pas voter l'amendement dans sa rédaction actuelle, et j'en suis désolé pour notre collègue Yann Gaillard. Je lui suggère cependant de le rectifier dans le sens que je viens d'indiquer, dans un souci d'égalité entre l'administration et les entreprises - en l'occurrence, souvent, de petites entreprises ou de jeunes entreprises qui se trouvent rapidement en situation créditrice.
M. le président. Monsieur Gaillard, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens que vous propose M. Lachenaud ?
M. Yann Gaillard. Tout à fait, monsieur le président, et je me réjouis que la Cour des comptes vienne au secours de l'Inspection des finances ! (Sourires.)
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° II-85 rectifié, présenté par MM. Gaillard, Lanier, Eckenspieller, Doublet, de Richemont, Besse, Del Picchia, Pierre André, Murat, Demuynck, Calmejane, Guerry, César, Lassourd, Dubrule, Ginésy, Gournac, Duvernois, Leclerc et Gruillot et Mme Michaux-Chevry, ainsi libellé :
« Après l'article 54, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa du IV de l'article 271 du code général des impôts est inséré un alinéa rédigé comme suit :
« La taxe déductible, dont l'imputation n'a pu être opérée, peut faire l'objet d'un remboursement dans les deux mois qui suivent la demande, dans les conditions, selon les modalités et dans les limites fixées par un décret en Conseil d'Etat. »
« II. - La perte de recettes est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Je mets aux voix cet amendement, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 54.

Article 54 bis



M. le président.
« Art. 54 bis . - Après le I de l'article 1384 A du code général des impôts, il est inséré un I bis ainsi rédigé :
« I bis. - Pour les constructions de logements visées au deuxième alinéa du I et pour lesquelles l'ouverture de chantier est intervenue à compter du 1er janvier 2002, la durée de l'exonération est portée à vingt ans lorsque ces constructions satisfont à l'ensemble des critères de qualité environnementale suivants :
« - modalités de conception, notamment assistance technique du maître d'ouvrage par un professionnel ayant des compétences en matière d'environnement ;
« - modalités de réalisation, notamment gestion des déchets du chantier ;
« - performance énergétique et acoustique ;
« - utilisation d'énergie et de matériaux renouvelables ;
« - maîtrise des fluides.
« Pour bénéficier de cette durée d'exonération, le redevable de la taxe doit joindre à la déclaration prévue par l'article 1406 un certificat établi au niveau départemental par l'administration chargée de l'équipement constatant le respect des critères de qualité environnementale de la construction.
« La définition technique de ces critères, le contenu ainsi que les modalités de délivrance du certificat sont fixés par décret en Conseil d'Etat. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° II-3 est présenté par M. Mano.
L'amendement n° II-133 est présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par l'article 54 bis pour le I bis de l'article 1384 A du code général des impôts, remplacer les mots : "l'ensemble des critères" par les mots : "deux des cinq critères". »
L'amendement n° II-122, présenté par M. Richert et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« I. - Dans le premier alinéa du texte proposé par l'article 54 bis pour le I bis de l'article 1384 A du code général des impôts, remplacer les mots : "l'ensemble des critères" par les mots : "au moins deux des cinq critères".
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... La perte de recettes pour l'Etat résultant de la modification du nombre de critères nécessaires pour l'allongement de la durée d'exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties visée au I bis de l'article 1384 A du code général des impôts est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
« III. - En conséquence, faire précéder le début de cet article de la mention : "I". »
L'amendement n° II-3 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Foucaud, pour présenter l'amendement n° II-133.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement vise à améliorer la pertinence du dispositif prévu par le présent article en faisant en sorte qu'il trouve sa pleine application, grâce à la précision qu'une partie des critères d'éligibilité doit être remplie pour ouvrir droit à l'exonération.
En effet, l'une des contraintes qui pèsent aujourd'hui sur le développement de la construction neuve de logements réside dans les divers surcoûts que l'on peut enregistrer. C'est vrai notamment de la pression des prix du foncier sur les coûts de réalisation, mais aussi des conditions générales de financement.
Comme nous poursuivons, dans le même temps, une démarche raisonnée de lutte contre les désordres et les atteintes à l'environnement, il importe, ainsi que le propose cet amendement, que tout soit effectivement accompli pour aller dans ce sens.
Telles sont les raisons pour lesquelles je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. La parole et à M. Christian Gaudin, pour défendre l'amendement n° II-122.
M. Christian Gaudin. Je n'ai rien à ajouter à ce que vient de dire mon collègue, les deux amendements ayant le même objet.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat pour l'amendement n° II-122 et souhaite le retrait de l'amendement n° II-133, qui n'est point gagé.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. L'amendement n° II-133 est-il maintenu, monsieur Foucaud ?
M. Thierry Foucaud. Je le retire.
M. le président. L'amendement n° II-133 est retiré.
Je mets aux voix l'amendement n° II-122, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-184 rectifié, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Compléter l'article 54 bis par deux paragraphes ainsi rédigés :
« II. - Après l'article 199 decies G du code général des impôts, il est inséré un nouvel article 199 decies H ainsi rédigé :
« Art. 199 decies H . - Tout contribuable qui, à compter du 1er janvier 2002, acquiert un logement neuf ou en l'état futur d'achèvement, dont la construction répond à des critères de qualité environnementale, bénéficie d'une réduction d'impôt sur le revenu.
« Cette réduction s'applique au prix de revient du logement dans la limite de 300 000 francs pour une personne célibataire, veuve ou divorcée et de 600 000 francs pour un couple marié. Le taux de la réduction est de 5 %. Il ne peut être opéré qu'une seule réduction d'impôt à la fois. Elle est accordée au titre de l'année d'achèvement du logement ou de son acquisition si elle est postérieure et imputée sur l'impôt dû au titre de cette même année.
« Les dispositions du 5 du I de l'article 197 sont applicables.
« Les critères de qualité environnementale auxquels la construction doit répondre sont ceux définis au I bis de l'article 1384 A du code général des impôts. Un certificat établi au niveau départemental par l'administration chargée de l'équipement garantit le respect des critères de qualité environnementale de la construction.
« La définition technique de ces critères, le contenu ainsi que les modalités de délivrance du certificat sont fixés par décret en Conseil d'Etat. »
« III. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de la création d'un crédit d'impôt pour l'acquisition de logements répondant à des critères de qualité environnementale sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'article 54 bis , issu des travaux de l'Assemblée nationale, tend à instaurer un avantage fiscal sous forme d'exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties pour les seuls logements sociaux répondant à des critères de qualité environnementale, critères que nous venons d'alléger.
L'objectif recherché dans cet article est de promouvoir le respect de l'environnement, qui ne peut pas concerner une catégorie unique de logements. On comprendrait mal que cet objectif soit bon pour les logements sociaux et ne s'applique pas aux autres, qui représentent la majorité des logements dans notre pays.
La commission des finances propose donc un dispositif en faveur des logements privés répondant aux mêmes critères environnementaux que les logements sociaux. L'incitation fiscale prendrait alors la forme d'une réduction d'impôt, car les logements privés ne bénéficient pas d'exonération de taxe foncière, comme le secteur HLM.
Dans le système que nous préconisons, une personne célibataire pourrait déduire au maximum 15 000 francs de son impôt sur le revenu, et un couple au maximum 30 000 francs, dans les deux cas en une seule fois. Cela ne paraît pas être un avantage disproportionné par rapport au surcoût lié au respect des critères environnementaux.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le rapporteur général, vous suggérez de créer un crédit d'impôt sur le revenu pour les logements qui répondent à certains critères environnementaux. Une telle proposition ne peut pas recevoir un avis favorable du Gouvernement, et ce pour trois raisons essentielles.
La première, c'est que nous avons décidé, avec l'aide de la représentation nationale, de supprimer les réductions d'impôt sur les logements, car elles étaient inéquitables et inefficaces : inéquitables, parce que, par définition, elles ne profitent qu'aux contribuables imposables ; inefficaces, parce qu'elles constituent très largement des effets d'aubaine.
Nous les avons donc remplacées par une baisse de la TVA sur les travaux d'amélioration des logements et l'instauration de prêts à taux zéro, ce qui aboutit à un dispositif plus juste, plus efficace et plus large.
La deuxième raison, c'est qu'il n'est pas raisonnable de créer des réductions d'impôt dès qu'un problème apparaît, nous l'évoquions tout à l'heure à propos des questions de déménagement. Il faut les réserver aux seuls objectifs majeurs, prioritaires ou d'ampleur nationale. Si tel n'était pas le cas, nous compliquerions encore un peu plus notre législation fiscale.
Enfin, sur le point particulier que vous soulevez, je souhaite préciser que l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, l'ADEME, incite les maîtres d'ouvrage, par le biais d'aides financières, à réaliser des opérations respectant des normes de haute qualité environnementale.
Par ailleurs, le surcoût lié au respect des critères de qualité environnementale est compris dans la base amortissable du logement neuf donné en location, dans le secteur intermédiaire, ou bien dans la base de la réduction d'impôt s'il s'agit d'une résidence de tourisme classée éligible à l'avantage fiscal prévu à l'article 199 decies E du code général des impôts.
Enfin, en insérant cette nouvelle réduction d'impôt à l'article 199 decies H du code général des impôts, vous risqueriez de supprimer la nouvelle réduction d'impôt pour investissement forestier, dont la mise en place répond à une véritable nécessité et qui a fait l'objet d'un très large consensus, y compris au sein de la Haute Assemblée.
Pour tous ces motifs, qui sont d'importance inégale, je souhaite, monsieur le rapporteur général, que vous retiriez l'amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame le secrétaire d'Etat, il n'y a sans doute pas de formule fiscalement parfaite, mais, si la commission tient à cet amendement, c'est pour éviter un risque d'inconstitutionnalité à la mesure que vous préconisez.
La taxe foncière sur les propriétés bâties obéit à un régime général et doit respecter le principe d'égalité des contribuables devant l'impôt. Concevoir une exonération, même partielle, pour les seuls logements sociaux paraît de ce point de vue assez contestable. C'est en tout cas un risque d'inconstitutionnalité que vous prenez là, madame le secrétaire d'Etat, permettez-moi de le souligner.
De même, je voudrais de nouveau insister sur la contradiction qui existe entre les objectifs de qualité environnementale que vous dites vous fixer et le fait que, selon vous, ces mêmes objectifs soient bons pour un secteur et ne le soient pas pour un autre.
Sur ces deux aspects différents, d'une part, l'égalité des citoyens devant l'impôt, et, d'autre part, la modulation de la qualité environnementale selon la nature juridique de la construction, apparaissent donc deux contradictions qui nous semblent critiquables. La solution avancée par la commission, si elle n'est pas parfaite, est au moins de nature à les éviter.
C'est pourquoi il ne nous paraît pas opportun de retirer l'amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-184 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 54 bis , modifié.

(L'article 54 bis est adopté.)

Articles additionnels après l'article 54 bis



M. le président.
L'amendement n° II-107, présenté par M. Nogrix et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Après l'article 54 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 200 quinquies du code général des impôts, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art... - Les dépenses payées à partir du 1er janvier 2002 pour la mise en conformité avec le décret n° 96-1133 du 24 décembre 1996, des véhicules construits avant le 1er janvier 1997 ouvrent droit à un crédit d'impôt sur le revenu. »
« II. - Les pertes de recettes résultant pour le budget de l'Etat de l'application du I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Christian Gaudin.
M. Christian Gaudin. L'application, au 1er janvier prochain, du décret du 24 décembre 1996 relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à l'amiante entraînera des conséquences très dommageables pour les propriétaires de véhicules construits avant le 1er janvier 1997.
En effet, ces véhicules, dont certains sous-ensembles, tels que moteurs, freins, mécanismes d'embrayage, sont équipés de pièces contenant des particules d'amiante, ne pourront plus en vertu de ce décret être vendus ou cédés à quelque titre que ce soit.
L'objet de cet amendement est de créer un crédit d'impôt afin d'alléger la charge incombant aux propriétaires concernés qui réaliseront des travaux de mise en conformité afin de vendre leurs véhicules.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Tout d'abord, je veux saluer l'initiative de notre collègue Philippe Nogrix et des membres du groupe de l'Union centriste, car il est extrêmement utile que l'on aborde au Sénat ce fameux décret de 1996 relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à l'amiante dans les véhicules.
Il est clair que les dispositions de ce décret relatives à l'amiante dans les véhicules - passé inaperçu jusqu'à la fin, inéluctable, de la période de transition où s'est concrétisée la menace de son application - ont suscité quelque émoi !
Face à cet émoi, le Gouvernement a fait ce qu'on pouvait prévoir qu'il ferait dans la période actuelle, c'est-à-dire qu'il a mis la poussière sous le tapis. Dans un an, on fera le ménage...
M. Michel Charasse. Juppé disparaît sous le tapis !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il n'est peut-être pas utile de trop personnaliser, mon cher collègue, parce que, dans cette affaire, personne n'est forcément parfait et, au demeurant, l'amiante est là : il faudra bien en faire quelque chose, quelle que soit la majorité !
Le Gouvernement repousse donc l'échéance, mesure « courageuse » probablement inévitable, et la proposition de notre collègue Philippe Nogrix a au moins le mérite de traiter le problème au fond.
D'une contrainte, il veut faire une incitation au travail dans le secteur, très estimable, de la réparation automobile, proposition qui mérite, bien sûr, notre attention.
Toutefois, cette proposition soulève un certain nombre de problèmes techniques qui doivent sans doute être approfondis. Il faudrait notamment savoir quel sera le coût des interventions et se demander si, même avec un crédit d'impôt, des véhicules aussi anciens méritent que l'on y consacre des sommes qui seront peut-être très importantes par rapport à la valeur résiduelle du véhicule.
Au total, madame la secrétaire d'Etat, nous serions heureux d'entendre votre avis et de savoir si, au-delà du différé d'un an, le Gouvernement a des idées pour traiter ce problème de l'amiante dans les véhicules anciens.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité a annoncé récemment que le Gouvernement se donnait jusqu'au 31 décembre 2002 pour mettre au point un nouveau décret qui visera à interdire la revente en l'état des voitures immatriculées avant 1997 et susceptibles, de ce fait même, de contenir de l'amiante. Une réflexion est en cours, en concertation avec les professionnels de l'automobile et les syndicats.
Dans l'immédiat, les personnes concernées peuvent continuer, comme auparavant, à vendre leurs véhicules sur le marché de l'occasion.
Par conséquent, la proposition que vous faites, monsieur Gaudin, à travers l'amendement n° II-107 me paraît à tout le moins prématurée, à supposer que le crédit d'impôt soit l'instrument adapté au règlement de la difficulté que, par ailleurs, vous soulevez. Je souhaiterais donc que vous acceptiez de retirer cet amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le président, je dois admettre que les précisions de Mme la secrétaire d'Etat ne m'ont guère éclairé !
Deux solutions sont possibles : soit le retrait de l'amendement, qui aura au moins joué un rôle utile dans la prise de conscience du problème ; soit une rectification de l'amendement.
Il faut en effet reconnaître qu'un crédit d'impôt de 100 % est assez exceptionnel sur le plan fiscal. Si ce crédit d'impôt était ramené à 25 %, nous pourrions, à titre de contribution au débat, émettre un avis favorable.
Notre collègue doit donc choisir : s'il veut que la commission soutienne son initiative et s'il ne souhaite pas retirer son amendement, il lui faut accepter de substituer le pourcentage de 25 % à celui de 100 %.
M. le président. Monsieur Gaudin, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens proposé par M. le rapporteur général ?
M. Christian Gaudin. Tout à fait.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° II-107 rectifié, présenté par M. Nogrix et les membres du groupe de l'Union centriste, qui est ainsi libellé :
« Après l'article 54 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 200 quinquies du code général des impôts, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art... - Les dépenses payées à partir du 1er janvier 2002 pour la mise en conformité avec le décret n° 96-1133 du 24 décembre 1996 des véhicules construits avant le 1er janvier 1997 ouvrent droit à un crédit d'impôt sur le revenu dans la limite de 25 % de leur montant. »
« II. - Les pertes de recettes résultant pour le budget de l'Etat de l'application du I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Je vais le mettre aux voix.
M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Même si les arguments de nos collègues, comme ceux de M. le rapporteur général, sont assez convaincants, je reste assez sceptique quant à cette mesure parce que les véhicules qui sont visés sont déjà quelque peu anciens, c'est-à-dire qu'ils appartiennent à des gens qui ne changent pas souvent leur voiture, c'est-à-dire à des gens qui ne sont pas forcément suffisamment riches pour en changer rapidement, c'est-à-dire à des gens qui ne paient sans doute pas d'impôt sur le revenu, ce qui limite assez largement le nombre des bénéficiaires potentiels du crédit d'impôt.
Bien sûr, on peut tous garder une vieille voiture pour la chasse ou la pêche, ou pour faire les chemins creux. Mais je vous parle là de la réalité française que vous connaissez tous, les uns et les autres.
C'est une mesure qui s'appliquera à très peu de monde, des gens qui ont une vieille voiture, et ne payent pas d'impôt sur le revenu. Il y a déjà là une limitation assez singulière.
J'ajoute que, dans la mesure où le Gouvernement a décidé lui-même de reporter l'échéance d'un an, cela nous laisse peut-être le temps de réfléchir. Entendons-nous bien, je ne dis pas qu'il ne faut pas faire quelque chose, mais il faudrait au moins avoir une idée de ce que sera le montant moyen de la dépense engagée pour mettre en conformité le véhicule : 200 francs, 1 500 francs, 3 000 francs ? Sur de telles sommes, 25 %, cela ne fait pas grand-chose !
Je pense donc, et je le dis amicalement à M. Nogrix et à ses collègues, qu'on se laisse un peu aller à l'improvisation. L'amendement est certes utile, car il permet de poser le problème de l'amiante dans les véhicules anciens et, surtout, de prévenir le Gouvernement que, si dans un an ce problème n'a toujours pas trouvé de début de solution - éventuellement fiscale -, il devra s'attendre à une réaction ! Mais, franchement, en l'état, mes amis et moi-même nous ne nous sentons pas en mesure de voter le dispositif qui nous est proposé : je ne sais ni combien il coûte, ni combien de gens il concerne, ni s'il est très utile.
Plutôt que de se lancer dans ce genre d'improvisation et étant entendu que d'ici à la fin de 2002 nous avons le temps de décider, je préfère m'en tenir pour l'instant à ce qui existe.
Je voterai donc contre l'amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Si M. Charasse me le permet, je souhaite apporter une précision à son propos.
Dans un mécanisme de crédit d'impôt, s'il n'est pas possible d'imputer le crédit sur un impôt, le complément est remboursé au contribuable sous la forme d'un chèque du trésor public. Un très bel exemple de ce mécanisme - qui fonctionne actuellement et qui coûte d'ailleurs 8 milliards de francs de plus - nous est donné par la prime pour l'emploi. Le système proposé par M. Nogrix obéirait juridiquement et fiscalement aux mêmes règles.
Il m'est donc possible, mon cher collègue, de vous rassurer sur ce point : la mesure pourrait être d'application générale et bénéficier même aux personnes non redevables de l'impôt sur le revenu.
Sur le caractère prématuré du dispositif, peut-être peut-on avoir des avis divers. La commission maintient qu'il s'agit d'une suggestion qui pourrait permettre de faire évoluer les choses.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-107 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 54 bis .
L'amendement n° II-173, présenté par M. Badré et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Après l'article 54 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le niveau de taxation actuellement indiqué pour le gazole sous conditions d'emploi - fioul domestique - au tableau B (Produits pétroliers et assimilés) de l'article 265 du code des douanes est fixé à 26,79 F/hl pour 2003.
« II. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Christian Gaudin.
M. Christian Gaudin. Le gazole sous conditions d'emploi - fioul domestique - est la seule énergie de chauffage en France à supporter d'autres taxes que la TVA : il est en effet soumis à la TIPP, la taxe intérieure sur les produits pétroliers, et au prélèvement de l'IFP, l'Institut français du pétrole.
L'an passé, le Gouvernement, conscient de l'existence d'une inégalité fiscale entre les énergies de chauffage, avait instauré une baisse de 30 % de la TIPP sur le gazole sous conditions d'emploi et décidé d'appliquer aux quatre carburants - dont le gazole sous conditions d'emploi - le système dit de TIPP flottante : ajustement de la TIPP en cas de variation des cours du brent « daté ». L'arrêté du 19 mars 2001 a modifié à la hausse le niveau de TIPP découlant de ce système.
Aujourd'hui, seul le consommateur de gazole sous conditions d'emploi - fioul domestique - paye, pour se chauffer, une taxe autre que la TVA. Cette TIPP, qui représente actuellement 12,85 % du prix de vente, n'est toujours pas justifiée. Une nouvelle application à la hausse du système de TIPP flottante aggraverait encore davantage l'inégalité de contribution pesant sur le consommateur final et porterait cette taxe à 17,79 %.
Le niveau de taxation actuellement en vigueur pour le gazole sous conditions d'emploi - fioul domestique -, qui reste largement supérieur aux minima européens, doit donc être maintenu dans l'avenir afin de garantir l'équilibre concurrentiel entre les énergies de chauffage en France et de tendre à l'équité fiscale pour le consommateur.
M. le président. Quel est donc l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaiterait entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le sénateur, vous attirez l'attention sur le fait que le fioul domestique est la seule énergie de chauffage à supporter d'autres taxes que la TVA.
Cette situation, vous le savez, est tout à fait conforme à la réglementation communautaire actuellement en vigueur.
Par ailleurs, le Gouvernement, soucieux des conséquences de l'augmentation du prix de ce combustible sur les budgets des ménages, a mis en place, dès le 21 septembre 2000, un dispositif de baisse significative du tarif de la TIPP applicable au fioul domestique. Ce tarif, qui était initialement de 51,73 francs par hectolitre, a été abaissé à 36 francs, ce qui représente une diminution de plus de 30 %.
La France est donc l'un des pays de l'Union européenne qui pratiquent les taux les plus faibles pour ce type de produit ; le prix moyen, toutes charges comprises, du litre de fioul domestique, tel qu'il est constaté, correspond, au 30 septembre 2001, à celui qui était constaté en juillet 1999.
Au vu de ces éléments objectifs, il ne me semble pas opportun de donner un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame le secrétaire d'Etat a donné un certain nombre d'indications sur l'évolution des prix des carburants et sur celle des différentes formes de fiscalité s'appliquant à ceux-ci qui devraient peut-être inciter nos collègues à retirer leur amendement.
M. le président. L'amendement n° II-173 est-il maintenu, monsieur Christian Gaudin ?
M. Christian Gaudin. Je vais suivre la suggestion de M. le rapporteur général et retirer cet amendement, tout en indiquant qu'il était tout de même bon d'évoquer ce problème de fiscalité.
M. le président. L'amendement n° II-173 est retiré.

Article 55



M. le président.
« Art. 55. - L'article 124 de la loi de finances pour 1991 (n° 90-1168 du 29 décembre 1990) est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa du II, après le mot : "comprend", sont insérés les mots : ", lorsque ces ouvrages sont implantés sur le domaine public fluvial de l'Etat dont la gestion est confiée à l'établissement public mentionné au premier alinéa du I du présent article," ;
« 2° Après le II, il est inséré un II bis ainsi rédigé :
« II bis. - Lorsque le long d'une voie navigable confiée à l'établissement public mentionné au premier alinéa du I l'ouvrage est implanté sur une partie du domaine public fluvial remise en gestion par l'Etat à un autre établissement public national, la taxe ne comprend que l'élément prévu au b du II. Les redevances domaniales restent dues à l'établissement public gestionnaire.
« Les dispositions des cinq derniers alinéas du II sont applicables aux titulaires d'ouvrages mentionnés à l'alinéa précédent. » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 55



M. le président.
L'amendement n° II-145 rectifié, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article 1390 du code général des impôts, après les mots : "code de la sécurité sociale", sont insérés les mots : "et à compter du 1er janvier 2002, les bénéficiaires du revenu minimum prévu à l'article 2 de la loi n° 88-1088 du 1er décembre 1988 relative au revenu minimum d'insertion".
« II. - Les pertes de recettes résultant pour les collectivités territoriales de l'application du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« III. - Les charges découlant de l'application du I et du II ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cet amendement reprend, pour l'essentiel, une disposition que nous avions déjà présentée, qui avait d'ailleurs été retenue et votée à l'unanimité par la Haute Assemblée lors d'un débat budgétaire antérieur.
Il s'agit ici d'accorder aux redevables de la taxe foncière sur les propriétés bâties allocataires du revenu minimum d'insertion l'exonération de cette taxe, particulièrement difficile à acquitter lorsque l'on dispose de fort peu de moyens.
Le débat que nous rouvrons est d'une certaine importance et mérite d'être repris.
En effet, en l'état actuel des choses, les allocataires du revenu minimum d'insertion, sont de droit exonérés de taxe d'habitation, ce qui est, au demeurant, tout à fait légitime.
Cependant, dès lors qu'ils sont propriétaires de leur logement, qu'ils ont pu acquérir avant d'être devenus allocataires du RMI, ils se trouvent régulièrement confrontés à des difficultés de paiement de la taxe foncière.
Certes, les services fiscaux accordent, par principe et par habitude, une bienveillante attention aux demandes de dégrèvement gracieux formulées par ces contribuables, mais il nous semble qu'inscrire l'exonération dans la loi présenterait l'avantage d'éviter à ces dernières de devoir former un recours et donc de simplifier quelque peu le travail des services.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission des finances a émis un avis favorable sur cet amendement. Elle considère que le coût de la mesure présentée ne devrait pas être excessif, ce que Mme le secrétaire d'Etat pourra peut-être nous confirmer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme l'a indiqué M. Foucaud, nous avons déjà débattu de cette question, qui appelle un certain nombre de remarques.
La première, c'est que la taxe foncière est un impôt réel, qui repose donc sur la propriété ou la détention de droits réels, quels que soient l'utilisation qu'en fasse et les revenus qu'en tire le propriétaire ou le titulaire de ces droits. Les exonérations doivent, par conséquent, conserver un caractère limitatif, comme c'est aujourd'hui le cas.
C'est pourquoi il paraît justifié que les redevables de la taxe foncière se trouvant dans une situation difficile fassent l'objet de décisions prises au cas par cas plutôt que de mesures générales. A cet égard, je puis vous assurer, monsieur Foucaud, comme je l'ai déjà fait à plusieurs reprises, que les services des impôts examinent avec la plus grande bienveillance, sur le plan gracieux, le cas des personnes en situation financière difficile. En 2000, pour prendre l'exemple le plus récent, plus de 230 millions de francs de dégrèvements gracieux ont ainsi été accordés aux redevables de la taxe foncière sur les propriétés bâties.
J'ajoute que le Gouvernement a déjà amélioré la situation de nos concitoyens les plus défavorisés. Cela ne signifie pas que plus rien ne reste à faire, mais des progrès ont été accomplis dans de nombreux domaines, y compris dans celui de la fiscalité directe locale.
En matière de taxe d'habitation, laquelle concerne l'ensemble des personnes disposant d'un logement, la loi de finances pour 2000 a instauré le maintien, en cas de retour à l'emploi, de l'avantage dont bénéficient les RMIstes.
Par ailleurs, comme vous le savez, monsieur Foucaud, le Gouvernement a été sensible à des propositions visant à alléger la taxe foncière sur les propriétés bâties afférente aux habitations principales des personnes âgées les plus modestes. C'est ainsi que l'article 25 bis du projet de loi de finances pour 2002, qui a été adopté par l'Assemblée nationale puis par le Sénat lors de l'examen de la première partie du texte, allège le poids de la taxe foncière sur les propriétés bâties pour les contribuables de condition modeste et âgés de plus de soixante-cinq ans, alors qu'il convenait auparavant d'être âgé de plus de soixante-dix ans pour bénéficier d'une mesure similaire. Le dégrèvement atteint maintenant 100 euros, au lieu de 76 euros jusqu'alors.
Il ne me paraît donc pas souhaitable, dans l'immédiat, d'aller au-delà. Compte tenu de ces précisions, je souhaiterais, monsieur Foucaud, que vous acceptiez de retirer votre amendement.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement n° II-145 rectifié est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. J'approuve pour l'essentiel les propos que vient de tenir Mme la secrétaire d'Etat. Néanmoins, j'avais cru comprendre, lorsque cet amendement avait été examiné par la Haute Assemblée à l'occasion d'une discussion budgétaire antérieure, qu'il ne serait plus nécessaire, à terme, de formuler une demande de dégrèvement auprès des services des impôts.
Cela explique que nous renouvelions notre démarche ce soir. Il ne s'agit nullement pour nous de nous opposer au Gouvernement, mais de répondre à l'attente des plus démunis de nos concitoyens.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-145 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 55.
L'amendement n° II-135, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa du I de l'article 1414 A du code général des impôts, le taux "4,3 %" est remplacé par le taux "4 %".
« II. - Les charges découlant de l'application du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Lors du débat sur la loi de finances rectificative pour 2000, nous avons procédé à un réaménagement profond et à une simplification utile du dispositif d'allégement de la taxe d'habitation, permettant la prise en compte des revenus réels des contribuables.
Cette orientation nous paraît souhaitable, même si nous tenons ici à rappeler que nous sommes favorables non pas à une intégration pure et simple du revenu dans l'assiette de la taxe d'habitation, mais à sa prise en compte comme élément de correction de celle-ci.
Si l'effort accompli en matière de dégrèvement paraît plutôt significatif, il nous semble utile de prévoir un allégement complémentaire en abaissant un peu plus encore le seuil de plafonnement du revenu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'intention des auteurs de cet amendement est louable, mais la mesure proposée conduirait, si elle était adoptée, à accroître la prise en charge par l'Etat des impôts perçus par les collectivités locales, ce qui amenuiserait l'autonomie financière de ces dernières. C'est pourquoi la commission des finances ne peut qu'émettre un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le taux de plafonnement qui a été retenu pour le dégrèvement de taxe d'habitation permet d'exonérer totalement du paiement de cette taxe un million de personnes supplémentaires. En définitive, la taxe d'habitation, par ce mécanisme, est donc désormais proportionnelle aux revenus pour 8,5 millions de contribuables. On peut certes toujours faire davantage, mais l'Etat a déjà allégé de 11 milliards de francs le montant de la taxe d'habitation demandée aux redevables. Je souligne, sans vouloir revenir sur le débat relatif à l'autonomie financière des collectivités locales auquel faisait allusion M. le rapporteur général, qu'il s'agit là d'une mesure de portée considérable.
Par conséquent, je ne suis pas favorable à un nouvel allégement de la taxe d'habitation, compte tenu des mesures très importantes qui ont été prises au cours des derniers mois.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-135.
M. Thierry Foucaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cette question du plafonnement de la taxe d'habitation est récurrente. Toutefois, les propos de Mme la secrétaire d'Etat me conduisent à retirer l'amendement, tout en soulignant que nous évoquerons de nouveau cette question en une autre occasion.
M. le président. L'amendement n° II-135 est retiré.
L'amendement n° II-138, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen est ainsi libellé :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les deuxième, troisième et quatrième alinéas du I de l'article 1414 A du code général des impôts sont ainsi rédigés :
« a. 3 500 euros pour la première part de quotient familial, majoré de 1 000 euros pour les quatre premières demi-parts et de 1 800 euros pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la cinquième, en France métropolitaine ;
« b. 4 300 euros pour la première part de quotient familial, majoré de 1 000 euros pour les deux premières demi-parts et de 1 800 euros pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la troisième, dans les départements de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion ;
« c. 4 700 euros pour la première part de quotient familial, majoré de 1 000 euros pour les deux premières demi-parts et de 1 800 euros pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la troisième, dans le département de la Guyane. »
« II. - Les charges découlant pour le budget de l'Etat de l'augmentation des dispositions du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe collective aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Il s'agit d'un simple amendement de précision, visant à modifier la rédaction actuelle de l'article 1414 A du code général des impôts pour tenir compte de l'instauration de la monnaie unique. Nous avons donc, en arrondissant quelques chiffres, exprimé les seuils en euros.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Pour des raisons proches de celles que j'ai exposées à propos de l'amendement précédent, l'avis de la commission est défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. L'amendement n° II-138 est-il maintenu, monsieur Foucaud ?
M. Thierry Foucaud. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-138 est retiré.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° II-100 rectifié est présenté par MM. Joly, Mouly, Othily, Soulage, Schosteck et Dufaut.
L'amendement n° II-174 est présenté par MM. Hérisson et Christian Gaudin.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - L'article 1605 du code général des impôts est rétabli dans la rédaction suivante :
« Art. 1605. - Pour pourvoir aux dépenses ordinaires des conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement, il est institué, au profit des départements, une taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties, répartie entre tous les redevables départementaux de cette taxe proportionnellement à leur base d'imposition.
« Le taux de cette taxe additionnelle est fixé chaque année au sein des départements dans la limite de 0,15 %.
« Il est institué une cotisation de péréquation de la taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties à la charge des redevables départementaux visés au premier alinéa. Cette cotisation est assise sur les bases imposables de ces redevables au taux unique de 0,05 %. »
« II. - Il est inséré dans le code général des impôts un article 1648-E ainsi rédigé :
« Art. 1648-E. - Il est institué un fonds de péréquation de la taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties destiné au financement des conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement visés à l'article 1605.
« Les ressources perçues au profit de ce fonds de péréquation sont issues du produit de la cotisation de péréquation prévue à l'article 1605. Ce fonds comprend :
« - une première fraction qui représente 40 % du produit recouvré l'année précédente et qui est répartie par centième entre tous les conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement créés au premier janvier de l'année en cours ;
« - une seconde fraction qui représente 50 % du produit recouvré l'année précédente et qui est répartie au prorata de la population pondérée des départements et du potentiel fiscal pondéré du produit de la taxe additionnelle visée à l'article 1605, selon des modalités fixées par décret pris en Conseil d'Etat ;
« - une troisième fraction qui représente 10 % du produit recouvré l'année précédente et qui est destinée à constituer une réserve dans le but d'apporter une aide financière aux conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement en proie à des problèmes financiers graves. La gestion de cette réserve est confiée à une commission regroupant un représentant de l'Etat dans le département, un représentant du département et un représentant des conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement. La composition, le rôle et les modalités d'intervention de cette commission sont définis par décret pris en Conseil d'Etat. »
« III. - L'article 1599 B du code général des impôts est abrogé. »
L'amendement n° II-136, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est pourvu aux dépenses ordinaires de chaque conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (CAUE), créé au niveau départemental, au moyen d'une taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB), répartie entre tous les redevables départementaux de cette taxe, proportionnellement à leur base d'imposition, à l'exception des organismes de logement social pour ces logements. Il revient aux conseils généraux concernés de décider de la mise en place de la taxe additionnelle.
« Le taux de la taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties prélevée au profit du CAUE, si celui-ci a été créé dans le département, est voté chaque année par le conseil général en même temps et dans les mêmes conditions de délai que les impôts locaux. Le taux de la taxe additionnelle est plafonné à 0,15 %.
« Il est institué une cotisation de péréquation de la taxe additionnelle à la TFPB au taux de 0,05 %.
« II. - Il est institué un fonds de péréquation de la taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties destiné au financement des CAUE prévu à l'article 1605 nouveau.
« Le fonds comprend trois fractions :
« La première fraction représente 40 % du montant recouvré l'année précédente ; elle est répartie par centième entre tous les CAUE créés au 1er janvier de l'année en cours. La deuxième fraction représente 50 % du montant recouvré l'année précédente ; elle est répartie au prorata de la population pondérée des départements et du potentiel fiscal pondéré du produit de la taxe CAUE ; la définition du potentiel et le mode de répartition sont définis par décret. La troisième fraction, soit 10 %, est destinée à constituer une réserve pour résoudre les problèmes financiers particuliers.
« La répartition de la réserve est décidée en comité tripartite regroupant l'Etat, les départements et les CAUE. Ce comité est également chargé du suivi permanent du dispositif fiscal mis en place. Sa composition est définie par décret.
« III. - Les paragraphes I à III de l'article 14 de la loi de finances rectificative pour 1981 (n° 81-1179 du 31 décembre 1981) sont abrogés. »
La parole est M. Schosteck, pour présenter l'amendement n° II-100 rectifié.
M. Jean-Pierre Schosteck. Cet amendement vise à améliorer les ressources des conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement, les CAUE, dont chacun sait qu'ils jouent, à titre gratuit, un rôle de plus en plus important de par la diversité des missions qu'ils remplissent au service des particuliers, voire des collectivités territoriales.
Le financement de ces organismes est actuellement assuré par une taxe inégale, injuste et mal établie, qui ne leur permet pas d'accomplir des tâches pourtant utiles.
Cet amendement vise par conséquent à améliorer leurs ressources par le biais d'une taxation plus juste.
M. le président. La parole est à M. Christian Gaudin, pour présenter l'amendement n° II-174.
M. Christian Gaudin. Le système actuel de la taxe départementale au profit des CAUE est injuste, car il concentre la pression fiscale sur un très petit nombre de contribuables. Il est également inadapté puisqu'il ne prend pas en compte le caractère territorial de l'activité des CAUE ni sa diversité. Il est enfin insuffisant, car le produit de la taxe départementale est aujourd'hui le même, en francs constants, qu'en 1990, alors que les compétences des CAUE ont souvent considérablement évolué dans les quatre-vingt-huit départements disposant d'un tel organisme.
Le présent amendement vise à remplacer la taxe départementale par une taxe additionnelle sur le foncier bâti. Cela représenterait moins de 0,1 % d'augmentation de la taxe foncière sur les propriétés bâties. Une telle mesure permettrait une stabilisation des moyens, une régularité des recettes indispensables au bon fonctionnement des CAUE.
M. le président. La parole est à M. Foucaud, pour présenter l'amendement n° II-136.
M. Thierry Foucaud. Les conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement accomplissent, aux côtés des collectivités locales, des missions d'expertise particulièrement utiles dans leur champ de compétences.
Aujourd'hui financés à travers une taxe spécifique, ils assument, notamment pour les collectivités locales dans lesquelles il n'existe pas nécessairement de service adapté, un important travail d'assistance et de conseil. Ce rôle est d'ailleurs, de notre point de vue, appelé à se renforcer dans les années à venir, notamment du fait du développment de la coopération intercommunale et de la prise en charge par les EPCI des missions d'aménagement.
Le présent amendement vise donc à remplacer l'actuel mode de financement des CAUE par la création d'une taxe additionnelle à la taxe sur les propriétés bâties.
Même si l'on peut évidemment discuter de la pertinence de ce choix, il nous paraît indispensable que soit lancé le débat sur la nécessité de donner aux conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement les moyens de continuer à répondre, autant que faire se peut, aux attentes des élus locaux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cette proposition ne convainc pas et n'enthousiasme pas la commission.
Certes, la taxe départementale actuelle peut susciter des insatisfactions, notamment du fait d'une assiette peut-être discutable. Mais faut-il pour autant alourdir la fiscalité locale de base, ajouter une taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties pour financer les CAUE ? Nous n'en sommes vraiment pas convaincus. Comment proportionner la ressource à la dépense ? Comment proportionner l'évolution des charges de fonctionnement des CAUE si on dote ces derniers d'une ressource complètement autonome qui pourrait être supérieure à leurs besoins, au moins pour certains de ces conseils.
Par ailleurs, chaque département peut choisir, en ce domaine, son mode d'organisation. Chaque conseil général peut avoir la possibilité, soit de soutenir davantage le CAUE, soit de le soutenir moins, d'encourager la gratuité des prestations, d'héberger par exemple les CAUE, de prendre en charge du personnel, que sais-je ?
M. Jean-Philippe Lachenaud. Très bien !
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission pense qu'il faut laisser le choix aux conseils généraux d'organiser les choses comme cela leur semblera le plus propice et le plus efficace dans le contexte qui est le leur.
A son regret, la commission émet donc un avis défavorable sur ces différents amendements. Elle comprend les objectifs poursuivis par leurs auteurs. Il existe certainement des CAUE qui peinent à financer leurs actions. Mais faut-il pour autant nationaliser le problème comme on le ferait en créant une seule et même ressource additionnelle à la fiscalité locale ? Faut-il alourdir la fiscalité locale ? Nous ne le pensons pas, et nous ne croyons pas que ces propositions puissent être acceptées.
C'est pourquoi, je le répète, la commission émet un avis défavorable sur ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement entend bien la préoccupation des auteurs de ces amendements. Si la défense des conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement est certes honorable et digne d'intérêt, la méthode consistant à remplacer la taxe départementale sur les CAUE par une taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés bâties me semble en revanche contestable.
Il n'est en effet pas concevable de créer et d'affecter une nouvelle taxe au financement d'un service local, fût-il public, et ce quel que soit l'intérêt qu'il présente pour la collectivité tout entière. Le système fiscal deviendrait alors rapidement incompréhensible pour les contribuables.
Cela étant, d'autres pistes peuvent à mon avis être explorées dans le cadre de l'actuel mode de financement, qui est calé sur la taxe locale d'équipement : je pense notamment à l'extension de cette taxe aux travaux d'amélioration qui ne nécessitent pas de permis de construire ; par ailleurs, la constitution d'un fonds de péréquation pourrait aussi répondre aux attentes qui sont exprimées par certains départements dans lesquels l'activité immobilière est peu dynamique.
La réflexion est engagée, et elle doit se poursuivre. Pour ces raisons, et dans cette attente, je souhaite le retrait de ces trois amendements.
M. le président. Monsieur Schosteck, l'amendement n° II-100 rectifié est-il maintenu ?
M. Jean-Pierre Schosteck. J'ai été convaincu par le caractère technique des arguments de M. le rapporteur général, et, après réflexion, je me range donc à son avis.
En revanche, les arguments de Mme le secrétaire d'Etat m'ont paru moins forts. J'ai toutefois décelé une lueur générale d'espoir dans son propos puisqu'elle a fait part de son souci de ne pas alourdir la fiscalité, ce qui me paraît une excellente chose.
Convaincu, je le répète, par les arguments de M. le rapporteur général, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° II-100 rectifié est retiré.
Monsieur Christian Gaudin, l'amendement n° II-174 est-il maintenu ?
M. Christian Gaudin. Comme M. Schosteck, je me rangerai à l'avis de M. le rapporteur général.
Néanmoins, asseoir la seule ressource des CAUE sur le rythme de la construction neuve présente, à mon avis, quelque chose d'aléatoire. Les missions données à l'origine à ces organismes sont en totale évolution, notamment du fait de l'adoption de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, qui va entraîner une plus grande sollicitation des CAUE.
Mais j'ai bien sûr entendu que des propositions étaient à l'étude ; je me range donc à l'avis de M. le rapporteur général sur le sujet, et je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° II-174 est retiré.
Monsieur Foucaud, l'amendement n° II-136 est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. J'ai bien entendu le propos de Mme la secrétaire d'Etat qui, en quelque sorte, a entendu le cri d'alarme des collectivités locales, et surtout celui des CAUE. Elle nous a donné quelques pistes de réflexion pour l'avenir. D'accord avec ces dernières, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° II-136 est retiré.
L'amendement n° II-129, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Le quatrième alinéa du I de l'article1647-00 bis du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Pour bénéficier de ce dégrèvement, l'exploitant doit souscrire, avant le 31 janvier de l'année suivant celle de son installation, une déclaration par commune et par propriétaire des parcelles exploitées au 1er janvier de l'année. Pour les quatre années suivantes et en cas de modifications apportées à la consistance parcellaire de l'exploitation, l'exploitant souscrit avant le 31 janvier de chaque année une déclaration mentionnant ces modifications.
« B. - Les dispositions du A s'appliquent aux déclarations souscrites pour l'établissement des impositions au titre de 2002 et des années suivantes.
« C. - Les pertes de recettes pour les collectivités locales, qui pourraient résulter des A et B, sont compensées à due concurrence par une majoration de leur dotation globale de fonctionnement.
« D. - Les pertes de recettes pour l'Etat, résultant du C, sont compensées à due concurrence par une hausse des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Moreigne.
M. Michel Moreigne. Cet amendement vise à simplifier la démarche permettant aux jeunes agriculteurs de bénéficier du dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties des parcelles qu'ils exploitent. Actuellement, ces jeunes agriculteurs doivent souscrire avant le 31 janvier de l'année de l'imposition une déclaration par commune, et même par propriétaire quand ils sont fermiers, de toutes les parcelles exploitées au 1er janvier.
Afin d'alléger les charges administratives pesant sur les jeunes agriculteurs, nous proposons par cet amendement que, en l'absence de modification de la consistance parcellaire, ils soient dispensés de produire une déclaration pour les quatre années suivant la première déclaration. Dans le cas contraire, ils produiraient une déclaration mentionnant ces modifications.
Cette mesure, qui pourrait être financièrement neutre pour l'Etat et les collectivités locales, permettrait aux jeunes agriculteurs de voir leurs obligations déclaratives allégées très sensiblement. A titre de précaution, nous avons gagé l'amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit d'une simplification sans doute utile et, sous réserve de l'avis du Gouvernement, cet amendement, qui nous semble avoir été puisé à une bonne source, nous paraît susceptible d'obtenir un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. J'ai également puisé aux meilleures sources que cette mesure devrait contribuer à alléger les obligations déclaratives de 30 000 jeunes agriculteurs. Par conséquent, j'y suis très favorable, et je lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-129 rectifié.
Je mets aux voix l'amendement n° II-129 rectifié, accepté par la commission et le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 55.
L'amendement n° II-5 rectifié, présenté par MM. Masson, Lanier, Eckenspieller, Doublet, Besse, Calméjane, Valade, Guerry, Dubrule, Gournac, Del Picchia et Murat, Mme Michaux-Chevry, MM. Demuynck, Gruillot et Cazalet, est ainsi libellé :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A la fin de la première phrase du 2° du II de l'article 1648 B du code général des impôts, après les mots : "perte importante de bases d'imposition à la taxe professionnelle", sont insérés les mots : "ou de ressources de redevances des mines".
« II. - Dans la première phrase du troisième alinéa du même 2° du II, après les mots : "en tenant compte, notamment, de la perte de produit de taxe professionnelle", sont insérés les mots : "ou de ressources de redevances des mines".
« III. - Le prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle est majoré à due concurrence.
« IV. - La perte de recettes qui en découlerait pour l'Etat est compensée, à due concurrence, par l'institution d'une taxe additionnelle aux droits de consommation prévus aux articles 575 à 575 E du code général des impôts. »
La parole est à M. Masson.
M. Jean-Louis Masson. Il existe, en matière de taxe professionnelle, un mécanisme de compensation dégressive financé par le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, le FNPTP.
S'agissant de la redevance des mines qui est, du point de vue économique, un véritable substitut de la taxe professionnelle, il n'y a malheureusement aucun dispositif de ce type pour assurer la compensation des pertes de base fiscale.
Le problème est d'autant plus important que, lorsqu'une grande exploitation minière cesse son activité, les communes sont déjà confrontées à des difficultés économiques considérables pour assurer la conversion industrielle.
Il convient donc d'éviter d'ajouter à des difficultés à caractère économique et social des difficultés à caractère fiscal.
C'est la raison pour laquelle cet amendement vise à étendre aux pertes importantes de ressources de redevance des mines le dispositif de compensation dégressive prévu en matière de taxe professionnelle par l'article 1648 B du code général des impôts.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission observe que, pour l'année 2000, le produit de la redevance des mines a diminué dans la moitié environ des départements où cette redevance est acquittée. La baisse a porté, semble-t-il, sur 8 millions de francs au total.
La suggestion qui est ici formulée semble donc opportune, en particulier dans la situation spécifique que rencontrent certaines communes, lesquelles doivent toujours faire face aux besoins de leur redéploiement économique et de la conversion de nombreuses activités issues de l'ancien potentiel minier.
Pour toutes ces raisons, la commission émet un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cet amendement tend à ouvrir le bénéfice de la garantie des pertes de base de taxe professionnelle du FNPTP aux communes dont le produit de la redevance des mines est en baisse.
Comme vous le soulignez, monsieur le sénateur, les communes minières qui subissent ces pertes de redevance des mines ne bénéficient d'aucune compensation par le FNPTP parce qu'il ne s'agit pas d'une perte de base de taxe professionnelle.
Or, le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle est un fonds de compensation de la taxe professionnelle alimenté pour partie par des cotisations nationales payées par les entreprises assujetties à cette taxe professionnelle, ce qui n'est pas le cas des entreprises minières.
En revanche, les communes minières dont la situation le justifie sont éligibles, selon le droit commun, aux dotations de solidarité telles que la dotation de solidarité urbaine, la DSU, la dotation de solidarité rurale, la DSR, ou le Fonds national de péréquation, le FNP.
Dès lors, à mon avis, il convient de ne pas dénaturer l'objet du FNPTP en mettant à sa charge la compensation de situations particulières, alors même que son équilibre financier, comme celui du FNP, est fragilisé par la baisse de certaines de ses ressources.
Les difficultés que rencontrent les communes minières me paraissent davantage pouvoir être traitées dans le cadre du renforcement de la péréquation, ainsi que de l'amélioration des critères utilisés à cette fin, renforcement qui doit être l'un des sujets du prochain rapport du Gouvernement sur la réforme des finances locales que nous avons évoquée voilà quelques jours dans cette même assemblée.
Par conséquent, je souhaiterais, monsieur le sénateur, que vous puissiez retirer votre amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame le secrétaire d'Etat, il convient de rappeler que les entreprises soumises à la redevance des mines ne sont pas assujetties à la taxe professionnelle : la redevance des mines est un substitut à la taxe professionnelle.
M. Michel Charasse. On acquitte l'une ou l'autre !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Voilà !
Or M. Masson remarque qu'en matière de taxe professionnelle il y a une compensation, alors qu'il n'y en a pas en matière de redevance des mines. Et pourtant la fonction économique de la redevance des mines est analogue à celle de la taxe professionnelle.
Il y a donc là un vide juridique et il est inéquitable que le problème signalé ne soit pas traité.
Madame le secrétaire d'Etat, la réponse que vous avez faite est à tout le moins surprenante s'agissant d'un problème qui a été évoqué dans un passé récent par le comité des finances locales et qui doit trouver une solution.
Peut-être que, si cet amendement émanait de bonne source, votre avis serait différent, car il y a là un déni de justice au sens propre.
Vous avez parlé de la charge qui serait imposée au FNPTP. Il ne faut pas, certes, chacun en est d'accord, que le FNPTP soit perturbé et sorte de sa vocation. Mais nous n'allons pas à cette heure dresser la liste de tous les transferts de charges effectués au cours des dernières années au détriment du FNPTP, et ce pour plus de 8 millions de francs !
Madame le secrétaire d'Etat, il serait vraiment de bon sens que vous revoyiez la position, un peu rapide, que vous avez prise à l'encontre de cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-5 rectifié.
M. Jean-Louis Masson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Masson.
M. Jean-Louis Masson. Madame le secrétaire d'Etat, il serait particulièrement hypocrite de renvoyer cette proposition à une hypothétique concertation ou à d'éventuelles mesures ultérieures. Vous savez très bien que, d'ici à deux ou trois ans, les trois quarts des exploitations minières actuellement existantes auront disparu en France. Dans ces conditions, à l'issue du délai que vous voulez nous imposer, ceux qui siégeront sur ces travées ou au banc du Gouvernement n'auront plus ce problème à régler, faute de combattants. Si on veut le régler, c'est aujourd'hui !
Comme l'a dit M. le rapporteur général, il s'agit vraiment d'un déni de justice. D'ailleurs, des élus de votre sensibilité politique, madame le secrétaire d'Etat, ne manquent pas une occasion pour se plaindre et crier sur tous les toits que des problèmes se posent. Même le rapport demandé par M. le Premier ministre a conclu à une injustice. Que vous faut-il de plus ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il faut manifester !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-5 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 55.
L'amendement n° II-141 rectifié bis, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 55, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 1° de l'article 1467 du code général des impôts est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« ...) L'ensemble des titres de placement et de participation et les titres concernant les filiales à 75 % et plus et les prêts à court, moyen et long terme. Ces éléments sont pris en compte pour 50 % de leur montant en ce qui concerne les établissements de crédit et les sociétés ou compagnies d'assurances.
« La taxation de ces actifs est fixée à 0,5 %. »
« II. - A. - Le I de l'article 1648 bis du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« 3° La moitié du produit résultant de la taxation des actifs mentionnés au quatrième alinéa du 1° de l'article 1467 du code général des impôts. »
« B. - L'article 1648 bis est complété par un paragaphe ainsi rédigé :
« VII. - La moitié du produit résultant de la taxation des actifs mentionnés au quatrième alinéa du 1° de l'article 1467 du code général des impôts est versé au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle. Il est reversé aux communes sur la base des indices synthétiques des ressources et des charges définis à l'article L. 2334-17 du code général des collectivités locales pour la dotation de solidarité urbaine et L. 2334-21 pour la dotation de solidarité rurale. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Pour l'essentiel, cet amendement reprend une proposition que nous avons déjà formulée dans le cadre d'une proposition de loi déposée sur le bureau du Sénat, le 16 novembre 2000, et présentée de nouveau lors de la discussion des articles de la première partie.
Il s'agit pour nous de prendre en compte la réalité actuelle des bilans des entreprises assujetties à la taxe professionnelle.
En effet, depuis la création, dans les années soixante-dix, de cette taxe assise alors sur la masse salariale et les actifs matériels, pour l'essentiel, les entreprises de notre pays ont profondément modifié leurs structures juridiques et comptables et ont notamment renforcé la part des actifs financiers dans leur bilan.
Cette financiarisation de l'actif des entreprises est, de notre point de vue, une donnée fondamentale dans toute réflexion sur la réforme de la taxe professionnelle. Elle s'avère d'ailleurs incontournable si l'on veut éviter que se créent, à la longue, un décalage et une distorsion de traitement entre entreprises assujetties : entre celles qui détiennent d'importants actifs financiers échappant plus facilement à l'imposition et celles qui sont détentrices d'importants actifs matériels et corporels.
Il s'agit aussi de résoudre l'inégalité de traitement entre les entreprises découlant de l'actuelle assiette de la taxe professionnelle et de favoriser, autant que faire se peut, une allocation, qui soit la plus optimale possible, des ressources dégagées par l'actif de l'entreprise.
Cette prise en compte des actifs financiers est susceptible de produire un important produit fiscal, pour lequel il est impossible de concevoir une ventilation et une affectation identiques à celles de l'actuel produit de la taxe professionnelle.
C'est donc naturellement que cet amendement préconise une affectation du produit de ce complément de taxe professionnelle au fonds national de péréquation de ladite taxe et une répartition de la collecte répondant aux impératifs de péréquation et de solidarité désormais largement pris en compte en matière de finances locales.
Cet outil de péréquation constitue, en particulier, un outil de financement adapté pour le dévelopopement de la coopération intercommunale, en ce sens qu'il est en situation de proposer une alternative à la montée en puissance de la fiscalité mixte, à la progression erratique de la dotation d'intercommunalité ou à l'insuffisance de moyens de réponse aux missions dévolues aux EPCI par la définition de leurs compétences.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous vous en doutez, monsieur le président... (Sourires) : très défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne ferai pas durer le suspense (Sourires) : il est également défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-141 rectifié bis, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 56



M. le président.
« Art. 56. - L'article 1609 quatervicies du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Au I, les mots : "1 000 unités de trafic" sont remplacés par les mots : "5 000 unités de trafic" ;
« 2° Au IV, la dernière ligne de la deuxième colonne du premier tableau est ainsi rédigée : "De 5 001 à 4 000 000" ;
« 3° Au IV, le deuxième tableau est ainsi rédigé :


CHASSE


1

2

3
Tarif par passager De 2,45 à 4,7 EUR De 1,2 à 4,7 EUR De 2,6 à 9,5 EUR

Tarif par tonne de fret ou de courrier

De 0,3 à 0,6 EUR De 0,15 à 0,6 EUR De 0,6 à 1,5 EUR


- (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 56



M. le président.
L'amendement n° II-130, présenté par MM. Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 302 bis MA du code général des impôts, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. ... - A compter du 1er janvier 2002 toute personne physique ou morale, y compris l'établissement public La Poste, qui distribue pour son propre compte ou fait distribuer dans les boîtes à lettres, ou sur la voie publique, des documents publicitaires, annuaires et journaux gratuits, non adressés, est tenu de contribuer financièrement à la collecte, la valorisation ou l'élimination des déchets ainsi produits, conformément aux dispositions de la loi n° 75-633 du 15 juillet 1975 modifiée relative à l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux.
« La contribution est égale à 0,1 euro par kilogramme distribué. Elle est versée annuellement à un organisme agréé qui compense les coûts de collecte, valorisation et élimination, engagés par les collectivités locales et leurs groupements chargés du traitement de ces déchets.
« Un décret précise les modalités d'application du présent dispositif. »
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Cet amendement a pour objet de mettre en place une taxation des documents publicitaires distribués gratuitement dans nos boîtes aux lettres.
Certes, un décret sur ce sujet nous a été annoncé mais, comme il tarde à venir, nous avons souhaité prendre l'initiative car la situation actuelle n'est absolument pas satisfaisante.
En effet, les documents publicitaires, comme chacun sait, ont vocation à passer de la boîte aux lettres à la poubelle, et parfois ce déplacement se fait dans un temps éclair !
Or le traitement des déchets ainsi produits, dont la quantité n'est pas négligeable puisqu'ils représentent 42 kilogrammes en moyenne par an et par boîtes aux lettres, coûte 1 000 francs la tonne. En l'absence de système du type pollueur-payeur comme il en existe en matière d'emballages ménagers, c'est le contribuable local, à travers la taxe ou la redevance sur les ordures ménagères, qui paye l'addition. Bien entendu, il subit, sans l'avoir demandée, la distribution de ces documents.
Cette situation est d'autant plus injuste que le contribuable n'a pas la possibilité de choisir de ne pas être destinataire de ces documents.
La taxe prévue dans cet amendement serait de 0,1 euro par kilogramme de document distribué. Son produit serait affecté à un organisme agréé qui reverserait la somme collectée aux collectivités locales ou à leurs groupements qui assurent le traitement des déchets ménagers. Dans une optique de responsabilisation et d'équité, les personnes publiques ne sont pas exclues de l'assiette de cette taxe pour les documents qu'elles distribuent ou font distribuer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaiterait entendre le Gouvernement, en particulier sur le décret que nous attendons et qui est en cours d'examen par le Conseil d'Etat.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme le Gouvernement s'y était engagé voilà un an, un projet de décret a en effet été préparé par le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, après consultation des différentes parties concernées, c'est-à-dire les éditeurs, les distributeurs, les élus, les associations de consommateurs et de protection de l'environnement, aini que tous les partenaires de la filière papetière.
L'objectif de ce projet est de mettre en place un dispositif de soutien aux collectivités locales calqué sur celui qui existe en matière d'emballages ménagers.
Il est ainsi demandé aux émetteurs de courrier non adressé de contribuer financièrement, soit directement, soit par le biais d'organismes agréés par les pouvoirs publics, à la collecte sélective et au traitement des déchets résultant des imprimés qu'ils distribuent.
Ce projet de décret est, depuis le mois d'octobre, examiné par le Conseil d'Etat ; il devra ensuite être rapidement soumis au conseil des ministres et il pourrait donc être publié dès le début de l'année 2002.
Dans le même temps, un projet de partenariat établi sur un champ d'application incluant les journaux gratuits et les imprimés mis à disposition a été rédigé par la fédération des entreprises de commerce et de distribution, l'Association des maires de France, ainsi que la filière papetière.
Ce projet de partenariat vise à mettre en oeuvre les dipositions prévues par le projet de décret.
Le conseil du commerce de France qui vient d'examiner cette question sur proposition de la fédération des entreprises de commerce s'est dit prêt à adhérer à cette démarche.
Par conséquent, je crois que le dispositif sur lequel le Gouvernement s'était engagé est en bonne voie d'aboutissement. Je souhaiterais donc, monsieur Miquel, que vous retiriez votre amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les indications que vient de donner Mme la secrétaire d'Etat me semblent de nature à inciter nos collègues à retirer leur amendement.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Miquel ?
M. Gérard Miquel. Mme la secrétaire d'Etat m'a rassuré : le décret va enfin être publié. Je retire donc mon amendement, qui avait pour but d'attirer l'attention de nos collègues et du Gouvernement sur l'urgence qu'il y a à traiter ce problème.
M. le président. L'amendement n° II-130 est retiré.
L'amendement n° II-66, présenté par M. Charrasse et les membres du groupe socialiste, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article 1582 du code général des impôts, le montant "0,023 francs" est remplacé par le montant : "0,0038 euros". »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Il s'agit simplement de revaloriser la surtaxe sur les eaux minérales qui est perçue par les communes et qui n'a pas été augmentée depuis de très nombreuses années. C'est une ressource importance pour les communes concernées. Je propose de la faire passer, compte tenu de la conversion en euro, de 2,3 centimes par col à 2,5 centimes par col.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission n'est pas hostile à cette proposition, mais je crois avoir relevé, dans le projet de loi de finances rectificative pour 2001, qui sera prochainement examiné, un article 32 qui est consacré à cette ressource. J'ai cru comprendre que l'on envisageait d'en réexaminer complètement le barème, les conditions, etc. Peut-être la préoccupation de notre collègue trouvera-t-elle alors satisfaction, en tout cas elle sera mieux à sa place dans le débat. En la matière, je m'en remets à l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je confirme que, dans l'article 32 du projet de loi de finances rectificative, il est proposé une modification et de l'assiette de cette taxe, qui serait strictement proportionnelle au volume, et de son taux, qui serait porté à 0,58 euro par hectolitre. Par conséquent, le Gouvernement souhaiterait que cette question soit traitée, de manière globale, dans le collectif budgétaire pour 2001.
M. le président. Monsieur Charasse, maintenez-vous votre amendement ?
M. Michel Charasse. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-66 est retiré.
L'amendement n° II-115, présenté par M. Charasse, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Dans le premier alinéa du I de l'article L. 111 du livre des procédures fiscales, après les mots : "l'impôt sur le revenu" sont ajoutés les mots : "et à l'impôt de solidarité sur la fortune".
« B. - Le troisième alinéa du I de l'article L. 111 du Livre des procédures fiscales est ainsi rédigé :
« La liste départementale est établie et conservée par la direction des services fiscaux qui la communique, sans déplacement, à tout citoyen qui le souhaite, qu'il relève ou non de sa compétence territoriale. L'administration établit également une liste communale comportant les mêmes renseignements. Cette dernière est adressée à chaque mairie où elle peut être librement consultée et, si le maire le décide, affichée ».
« C. - Dans le dernier alinéa du I de l'article L. 111 du livre des procédures fiscales, après les mots : "l'impôt sur le revenu" sont ajoutés les mots : "et l'impôt de solidarité sur la fortune".
« D. - Le second alinéa du I ter de l'article L. 111 du Livre des procédures fiscales est supprimé. »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les récentes publications de presse concernant la situation, le patrimoine des hommes publics notamment, m'ont donné l'idée de cet amendement, qui vise à mettre un terme à une situation que je trouve, personnellement, très pénible.
En tant qu'hommes publics, nous sommes périodiquement, les hommes publics, sollicités par des journaux qui nous demandent de publier nos revenus, notre patrimoine et de répondre à leurs questions. Certains d'entre nous répondent. La majorité d'entre nous ne répond pas et se fait copieusement injurier.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les autres aussi !
M. Michel Charasse. Ceux qui répondent se font soupçonner. Il en résulte une situation de malaise qui me paraît de nature à nuire à l'esprit républicain.
Tout dernièrement, le journal Capital , qu'il ne faut pas confondre avec l'émission qui appartient au groupe Prisma, s'illustrant par ailleurs dans la publication de revues aussi peu ragoûtantes que Voici ou Gala , a lancé une grande enquête sur le patrimoine des hommes publics et a raconté les pires choses sur ceux qui ont répondu, comme d'ailleurs sur ceux qui n'ont pas répondu.
En ce qui me concerne, j'ai seulement répondu que je m'exécuterai lorsque seront publiés les mêmes renseignements concernant le PDG de cette publication, M. Axel Ganz, magna des médias allemands, qui est dix mille fois plus riche que nous tous ici réunis. Bien entendu, on a écrit dans le journal que j'avais demandé à connaître la situation des journalistes, ce qui n'a rien à voir. Vous imaginez bien que les salariés de Capital ne m'intéressent pas !
Je pense donc qu'avec les débats sur la réforme des fonds spéciaux, sur les rémunérations des hommes publics, tout cela ne peut que s'amplifier. C'est pourquoi je propose, par cet amendement II-115, d'en finir avec le secret fiscal. Nous sommes dans une situation qui est très paradoxale puisque le secret fiscal, longtemps absolu, a été assoupli il y a de nombreuses années maintenant. Chacun d'entre nous peut en effet aller consulter à la direction des services fiscaux de son département la situation de son voisin, sous réserve de ne pas rendre publics les renseignements, sous peine d'une amende égale au montant de l'impôt révélé.
Alors moi, je pense que le moment est venu d'en sortir et c'est pourquoi j'ai proposé cet amendement qui, contrairement à ce que pourrait laisser croire l'exposé des motifs, ne concerne pas la presse. J'ai simplement décrit dans l'exposé des motifs les pratiques de la presse. Ils n'en peuvent plus, mes chers collègues, il faut absolument leur donner satisfaction ! Il faut qu'ils sachent ! Mais s'ils savent pour nous, autant qu'ils sachent pour tout le monde, et en particulier pour les patrons de presse, qui, je crois, bénéficient aussi largement que nous de l'argent public. Il me semble bien qu'il y a encore quelques petites gracieusetés dans la loi de finances en faveur des journaux, je parle de la presse écrite. Par conséquent, que tout cela soit mis sur la table, ce sera tellement plus simple !
Tel est l'objet de l'amendement II-115. Il faut que, désormais, chacun puisse connaître les impositions des uns et des autres. Et comme l'avait voulu la Révolution française pour les impôts directs de l'époque, c'est-à-dire les quatre vieilles, tout doit être soit affiché en mairie. Cela nous épargnera tous ces courriers que nous recevons de tous les journaux possibles et imaginables qui, lorsqu'ils ont un petit problème de tirage et de recettes, en flanquent une petite resucée comme ça. Et on en met un coup de plus contre les élus de la République et contre la République !
M. Ladislas Poniatowski. Ganz déclare ses impôts en Allemagne. (Sourires.)
M. Michel Charasse. J'adorerais savoir combien il gagne et je pense que les journalistes de Capital aussi !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une intéressante suggestion ! Cela dit, faut-il aller dans le sens de la suppression pure et simple du secret fiscal ? Faut-il encourager nos concitoyens à s'épier les uns les autres ?
M. Michel Charasse. Le voyeurisme, il est ailleurs !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Faut-il les inciter à interroger les services des impôts pour savoir combien paient le voisin, le frère, la soeur, la grand-mère, le cousin, et qui sais-je encore ? Faut-il appliquer cette mesure à l'impôt sur le revenu et à l'impôt sur le patrimoine ? Nos concitoyens étant ce qu'ils sont et obéissant au génie propre de nos beau pays, faut-il véritablement les y encourager ? En s'efforçant de pallier un risque à l'égard de la gent journalistique, ne va-t-on pas en créer d'autres plus étendus encore, multiformes et omniprésents, jusque dans nos propres villages, nos familles et nos quartiers ? Je me permets simplement, mes chers collègues, de poser cette question.
J'y ajouterai - et c'est l'interpellation de notre collègue M. Poniatowski qui m'y a incité - une dimension internationale. En effet, même si cette disposition était votée, le journaliste malveillant pourrait toujours supposer que vous vous évadez du territoire national pour ne pas déclarer à l'administration fiscale française tel ou tel revenu ou telle partie du patrimoine. Le fantasme se déplacerait donc et de ne serait pas forcément beaucoup mieux.
Mes chers collègues, la bonne réponse, c'est Michel Charasse qui l'a donnée tout à l'heure : sans doute est-il préférable de ne point répondre du tout à des sollicitations de cette nature et de ne point accepter de se livrer à un strip-tease public de très mauvais goût. Mais l'amendement ne semble pas apporter une réponse adéquate à cette préoccupation justifiée.
M. Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. M. le sénateur Charasse fait preuve de beaucoup de constance, ce qui l'honore.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et d'humour !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Toutefois, je crois que dans le monde qui nous entoure il n'y a pas, d'un côté, les journalistes, de l'autre, les hommes ou les femmes politiques.
M. Michel Charasse. Il y a aussi les juges !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La majorité des Français se situent au milieu et je ne suis pas certaine que la proposition de M. Charasse leur convienne parfaitement...
Il y a, me semble-t-il, un équilibre à trouver entre la moralisation, d'une part, et le respect de la vie privée, d'autre part. Je ne dis pas que notre système est parfait. Les faits dénoncés par le sénateur Charasse montrent bien qu'il ne l'est pas, mais je crains que le remède que vous y apportiez ne soit presque pire que le mal. Par conséquent, je suis défavorable à cet amendement.
M. le président. Monsieur Charasse, maintenez-vous l'amendement ?
M. Michel Charasse. Je m'attendais à cette réaction, mais j'ai voulu appeler l'attention de la Haute Assemblée sur ce phénomène. Ce ne sont pas les journalistes qui me préoccupent, mais ces pratiques qui deviennent agaçantes, qui jettent la suspicion, qui portent atteinte à la réputation de celles et ceux qui servent l'Etat et la République et qui inculquent chez nos concitoyens une espèce de manie de voyeurisme.
Ce voyeurisme, nos concitoyens adorent l'appliquer aux autres, mais ils ne voudraient pas - et je crois que la réponse de Mme le secrétaire d'Etat, de ce point de vue, était très claire - qu'on leur applique à eux-mêmes. Donc, il faudra bien que l'on sorte de cette situation un jour.
Cela étant, monsieur le président, je vais retirer l'amendement parce que je ne voudrais pas que l'on croie que le Sénat est contre une certaine évolution dans ce domaine. Il en faut une et on y viendra certainement un jour. Je vais vous faire une confession : cela m'aurait beaucoup amusé que le Sénat adopte cette disposition, parce que je suis sûr que l'Assemblée nationale, qui sait parfaitement donner des leçons de morale - vous avez vu l'affaire des fonds spéciaux, entre autres -, se serait empressée de la repousser. Pour ma satisfaction personnelle, cela m'aurait donné un bref instant de plaisir...
M. Dominique Braye. Si c'est pour cela, on peut l'adopter !
M. Michel Charasse. Mais passons, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° II-115 est retiré.
L'amendement n° II-118, présenté par MM. Charasse, Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Demerliat, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste et apparentés est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le troisième alinéa de l'article L. 135 B du livre des procédures fiscales est ainsi rédigé :
« Les rôles généraux des impôts directs locaux des groupements sont directement adressés aux groupements qui en votent les taux. Ils ne transitent donc plus par les communes membres du groupement. Celles-ci ne reçoivent donc que les rôles concernant les impositions dont elles fixent les taux. »
La parole est à M. Haut.
M. Claude Haut. Cet amendement vise à préciser les modalités de transmission des rôles aux établissements publics de coopération intercommunale lorsqu'ils sont dotés d'une fiscalité propre, c'est-à-dire lorsqu'ils votent les taux des impôts qu'ils perçoivent.
Ces documents, qui sont utiles à l'élaboration de leur budget pour l'année suivante, leur permettent aussi, d'effectuer un contrôle légitime sur les impositions mises en recouvrement par l'administration fiscale. Or, dans un certain nombre de cas, il semblerait que les groupements de communes ne soient pas destinataires directement des rôles d'impôt, mais que ceux-ci soient adressés aux communes membres.
Cette situation n'est pas satisfaisante, car elle engendre des retards, voire des pertes de documents. Aux termes de cet amendement, les établissements publics de coopération intercommunale sont directement destinataires des rôles des impôts dont ils votent les taux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'article L. 135 B du livre des procédures fiscales prévoit que l'administration fiscale est tenue de transmettre chaque année aux collectivités locales et à leurs groupements dotés d'une fiscalité propre les rôles généraux des impôts directs locaux comportant les impositions émises à leur profit. Ces dispositions semblent répondre à la préoccupation des auteurs de l'amendement. Mais, si la question est posée, sans doute faut-il penser que ce texte n'est pas correctement appliqué partout. J'aimerais donc entendre le Gouvernement sur ce point
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. L'article L. 135 B du livre des procédures fiscales prévoit que les EPCI à fiscalité additionnelle et les communes reçoivent directement les copies des rôles de taxe d'habitation, de taxe foncière et de taxe professionnelle.
Les EPCI à taxe professionnelle unique reçoivent, quant à eux, la copie du rôle de taxe professionnelle. Dans ce cas, les communes ne reçoivent rien au titre de la taxe professionnelle, car elles ne la perçoivent plus. Dans ces conditions, votre demande est satisfaite.
J'ajoute que la nouvelle rédaction du troisième alinéa de l'article L. 135 B que vous proposez conduirait à supprimer la communication des rôles aux autres collectivités locales.
Cela étant, votre amendement est vraisemblablement suscité par des dysfonctionnements constatés. Dès lors, je m'engage à rappeler à mes services les règles de bonne information des collectivités.
Au bénéfice de l'engagement que je prends devant vous, je souhaiterais que vous puissiez retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur Haut, l'amendement n° II-118 est-il maintenu ?
M. Claude Haut. J'ai bien entendu Mme la secrétaire d'Etat et je lui fais toute confiance pour donner les instructions nécessaires. Par conséquent, sous le bénéfice des engagements qu'elle vient de prendre, je retire l'amendement.
M. le président. Par amendement n° II-118 est retiré.
L'amendement n° II-180, présenté par M. Miquel et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article L. 1614-15 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Les crédits destinés à la construction et à l'équipement des bibliothèques municipales à vocation régionale sont prélevés sur la seconde fraction des crédits mentionnés à l'article L. 1614-13. ».
La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Le financement des bibliothèques municipales à vocation régionale, les BMVR, a été organisé par l'article L. 1614-15 du code général des collectivités territoriales. Conformément à son troisième alinéa, le nombre de bénéficiaires de ce programme est déterminé par une liste close au plus tard le 31 décembre 1997. Cette liste a été fixée par arrêté du 8 juin 1998 et comprend les bibliothèques de douze villes.
En l'absence de dispositions législatives prévoyant la fin du programme en faveur des bibliothèques municipales à vocation régionale, les crédits qui leur sont affectés annuellement en application de l'alinéa premier de l'article L. 1614-15 du code général des collectivités territoriales ne peuvent être utilisés pour les autres parts du concours particulier de la dotation générale de décentralisation en faveur des bibliothèques municipales.
Les crédits qui sont affectés au programme des bibliothèques municipales à vocation régionale doivent encore financer l'équipement de six projets sur les deux ou trois années à venir. Dans le cas où les dispositions législatives d'affectation des crédits de la troisième part ne seraient pas modifiées, la dotation disponible annuellement excéderait largement les besoins.
En conséquence, je vous propose de prévoir que les crédits destinés aux bibliothèques municipales à vocation régionale soient affectés à l'ensemble du concours particulier en faveur des bibliothèques municipales.
La gestion de ce concours apparaît depuis quelques années tendue au regard des besoins des bibliothèques municipales. Un redéploiement de crédits en son sein permettrait de résoudre certaines difficultés. Cette mesure ne mettrait pas pour autant en cause le financement des BMVR non encore achevées, puisqu'il est prévu que les crédits correspondants leur seront prioritairement réservés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est un très bon amendement qui semble justifié. Sachant que le programme des bibliothèques municipales à vocation régionale est en voie d'achèvement, il faut permettre le redéploiement des crédits, ce qui sera possible si l'amendement est voté.
Madame le secrétaire d'Etat, c'est une façon de faire plaisir à un certain nombre de collectivités locales sans dépenser d'argent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Tout a été dit !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-180, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 56.
L'amendement n° II-123, présenté par M. Thiollière et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Après l'article 56, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 74-1 de la loi n° 99-586 du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Le conseil de la communauté d'agglomération délibère sur l'institution d'un versement destiné aux transports en commun après avoir procédé aux études nécessaires en vue de déterminer la nature du service qui sera offert à la population. Si le conseil de la communauté d'agglomération décide l'institution de ce versement, il peut définir des zones dans lesquelles un taux de versement est fixé en fonction du niveau de service atteint, et où, au fur et à mesure de la mise en place de nouveaux services de transports en commun, le taux de versement est modulé par tranches de cotisations supplémentaires d'un maximum de 0,25 % dans la limite des taux fixés par l'article L. 2333-67 du code général des collectivités territoriales.
« Si le conseil de la communauté d'agglomération décide une majoration du taux du versement dans les conditions prévues à l'article L. 2333-67 du code général des collectivités territoriales, il peut fixer un nouveau taux lors de la première année suivant la décision de réaliser une infrastructure de transport collectif et un second taux lors de la deuxième année. »
« II. - L'article L. 2333-66 du code général des collectivités territoriales est complété par les mots : "après qu'ont été réalisées les études nécessaires en vue de déterminer la nature du service qui sera offert à la population".
« III. - L'article L. 2333-67 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« En cas de création d'une communauté d'agglomération ou d'une communauté urbaine ou de transformation d'un établissement public de coopération ou en communauté urbaine, l'organisme compétent de l'établissement public peut prévoir une modulation des taux de versement conformément aux dispositions de l'article 74-1 de la loi du 12 juillet 1999. »
La parole est à M. Christian Gaudin.
M. Christian Gaudin. Cet amendement tend à moduler le versement destiné aux transports en commun prévu aux articles L. 2333-64 à L. 2333-75 du code général des collectivités territoriales, par la création de tranches de cotisation étalées dans le temps.
Il s'agit d'éviter que des entreprises ne deviennent brutalement redevables de charges, ou d'autres versements imposés, en raison du paiement à leurs salariés d'une prime de transport. Il s'agit également d'éviter que le taux unique de versement n'induise des inégalités selon que les entreprises sont ou non situées dans les zones desservies par les transports publics.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission salue l'inspiration de notre collègue M. Thiollière et des membres du groupe de l'Union centriste.
S'il est compréhensible de vouloir moduler la charge des entreprises en fonction du niveau de service des transports en commun, le dispositif nous semble perfectible. Il pourrait, à notre sens, être réexaminé en début d'année lors de la discussion du projet de loi relatif à la démocratie de proximité qui traite de nombreux problèmes concernant les collectivités locales.
Les auteurs de l'amendement proposent de subordonner l'institution du versement destiné aux transports en commun à la réalisation d'études sur le service rendu. En principe, des élus responsables ne prennent pas de décision avant d'en avoir étudié les conséquences. Il n'est point nécessaire de l'écrire dans un texte pour s'en assurer. Nous pouvons au moins faire crédit à nos collègues qu'ils prennent des décisions raisonnables, en tout cas étayées par des études préalables.
La question de la modulation du taux de versement destiné aux transports en commun en fonction du niveau de service rendu est plus fondamentale et il convient d'y réfléchir.
Le dispositif envisagé aboutirait à rapprocher le versement transport d'une redevance, à instituer une certaine proportionnalité entre la satisfaction donnée aux entreprises et le montant de la taxe payée.
La commission n'a pas de conviction sur le sujet. Elle n'est pas en mesure de répondre plus concrètement à nos collègues. Elle préférerait donc que l'amendement soit retiré.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je partage l'avis de M. le rapporteur général.
M. le président. Monsieur Christian Gaudin, l'amendement est-il maintenu ?
M. Christian Gaudin. Je vais suivre l'avis de M. le rapporteur général : une réflexion doit s'engager pour essayer d'améliorer ce dispositif. Je retire donc l'amendement.
M. le président. L'amendement n° II-123 est retiré.

Article additionnel avant l'article 56 bis



M. le président.
L'amendement n° II-112, présenté par MM. Poniatowski, du Luart, Vasselle, Charasse, Hérisson, Pelletier, Le Cam, Larcher, Carrère, Pintat, François, Dussaut et Dufaut, Mme Gourault, MM. Martin, Calmejane, Billard, Branger, Braun, César, Clouet, Demilly, Doublet, Jean-Léonce Dupont, Falco, Girod, Gouteyron, Grillot, Guené, Lanier, Legendre, Le Grand, Mathieu, Moinard, de Montesquiou, Nachbar, Natali, Oudin, Pépin, Raffarin, de Raincourt, Revet, Revol, Trillard, Valade et Vantomme est ainsi libellé :
« Avant l'article 56 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La redevance cynégétique gibier d'eau, instituée par l'article R. 223-26 du code rural, n'est plus perçue à compter du 1er janvier 2002.
« II. - Il est institué une cotisation additionnelle aux droits sur le tabac visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts, dont le montant est fixé pour compenser les pertes de recettes résultant de la présente loi et le produit affecté à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. »
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Cet amendement reprend une proposition de loi que nous avons été un certain nombre, sur toutes les travées de cette assemblée, à déposer et qui concerne la suppression de la redevance cynégétique sur le gibier d'eau.
Cette proposition de suppression tient à plusieurs raisons.
La première, c'est que cette redevance n'est pas affectée majoritairement à des actions conformes à son objet.
Cette redevance a été instituée en 1977 et son objet principal était de permettre à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage de réaliser un certain nombre d'études scientifiques pour observer le gibier d'eau et son évolution, ce qui est très important, notamment pour la fixation des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse.
Nos collègues MM. Michel Charasse, Roland du Luart et Lefebvre avaient tous les trois rédigé une proposition de loi à peu près identique, qui était devenue une loi en juillet 1998. Ils avaient prévu que la fixation de ces dates dépendrait d'une analyse scientifique de l'évolution du gibier. Il avaient aussi proposé un dispositif très intéressant, le plan de gestion, qui est malheureusement passé à l'as avec la loi suivante, ce que je regrette sincèrement.
Notre amendement vise à supprimer une redevance qui s'élève à seulement 96 francs, mais pas l'analyse scientifique de l'évolution du gibier d'eau. Nous proposons donc une ressource de substitution, pour permettre à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage de continuer à réaliser ses études.
La deuxième raison pour laquelle nous proposons cette suppression est plutôt d'ordre juridique.
En effet, le mode de perception de cette redevance sur le gibier d'eau ne respecte pas tout à fait, nous semble-t-il, des critères constitutionnels. De plus, son assiette n'est pas justifiée s'agissant de la chasse de nuit et pendant la période d'ouverture spécifique.
La troisième raison qui nous motive, c'est un souci de justice.
Lorsque cette redevance a été établie, les périodes de chasse commençaient le 14 juillet et s'achevaient le 31 mars.
M. Michel Charasse. On était encore en République !
Mme Marie-Claude Beaudeau. C'était le bon temps !
M. Ladislas Poniatowski. La chasse au gibier d'eau est, en général, pratiquée par des chasseurs modestes ; c'est pour eux un loisir important. Aujourd'hui, ils ne chassent qu'à partir du 1er septembre et, le 31 janvier, la saison est terminée.
M. Michel Charasse. Après, ils vont à la Gay Pride , à des rave parties !
M. Ladislas Poniatowski. Cette redevance supplémentaire se justifiait à une époque où ils chassaient près de trois mois et demi de plus que les autres chasseurs.
Cette période supplémentaire ayant été supprimée, il nous semble tout à fait justifié de restituer à ces chasseurs modestes ces 96 francs.
M. Michel Charasse. Cela représente une boîte de cartouches !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme vous vous en doutez certainement, mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
Je répondrai néanmoins aux différentes objections que vous avez formulées, monsieur Poniatowski. En effet, la suppression de la redevance sur le gibier d'eau n'est pas possible pour un certain nombre de motifs.
Vous dites d'abord que cette redevance ne serait pas affectée à son objet. Je rappellerai, sur ce point, que le budget de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage respecte, comme la plupart des budgets, le principe d'universalité : ses différentes ressources qui sont prévues par la loi, au premier rang desquels se situent les redevances cynégétiques, n'ont pas vocation à faire l'objet d'une affectation particulière.
Il reste que cette redevance, même si elle n'est pas juridiquement affectée, permet le financement d'études spécifiques, vous l'avez dit vous-même, monsieur le sénateur, sur le gibier d'eau. En l'absence de ces études, nous ne serions pas en état de définir et de justifier les dates de chasse. Or la justification de ces dates est essentielle à l'exercice d'une chasse en quelque sorte apaisée que vous êtes nombreux à défendre.
Ensuite, vous considérez que le mode de perception de cette redevance ne respecterait pas les critères de constitutionnalité. J'ignore à quels critères précis vous faites référence. Cela étant, je précise que la loi de finances rectificative de 2000 a donné à cette redevance une base législative dont le Conseil constitutionnel a évidemment été saisi sans trouver à y redire.
Sur la justification de l'assiette de cette taxe, j'avoue que je la renverrais volontiers à un débat de spécialistes dont je ne fais pas partie. J'observe toutefois que deux lois sont intervenues sur ce sujet dans une période récente, la loi « chasse » et la loi de finances rectificative de 2000, ce qui me laisse a priori perplexe sur le fait que cette assiette ne soit pas ou ne soit plus justifiée.
Sur le fond, la chasse de nuit se pratique pendant au moins cinq mois, de même que la chasse maritime dans les départements côtiers, ce qui me paraît justifier le versement de cette redevance.
Enfin, et c'est le dernier argument que je mettrai en avant, la suppression de cette redevance affecterait bien évidemment l'équilibre financier de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.
Pour toutes ces raisons, je ne puis souscrire à cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-112, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement est adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 56 bis .

Article 56 bis



M. le président.
« Art. 56 bis . - Le b du 1° de l'article L. 423-14 du code de l'environnement est abrogé. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-131 rectifié bis , présenté par MM. Demerliat, Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi l'article 56 bis :
« 1° A compter du 1er janvier 2002, le b) du 1° de l'article L. 423-14 du code de l'environnement est rédigé ainsi :
« b) Une taxe annuelle de 3,5 euros au profit de la commune où le demandeur est domicilié. » ;
« 2° A compter du 1er janvier 2002, le 2° du même article est rédigé ainsi :
« 2° Pour la délivrance de chaque duplicata de la validation annuelle du permis de chasser, une taxe de 1,5 euro au profit de la commune où le demandeur est domicilié. » ;
« 3°. L'article L. 423-12 du même code est complété in fine par trois alinéas ainsi rédigés :
« La demande de validation fait l'objet d'un enregistrement auprès du maire de la commune où le demandeur est domicilié.
« Le maire délivre un document attestant la réalisation de cette formalité.
« Ce document est obligatoirement présenté au comptable pour la validation du permis de chasser. »
L'amendement n° II-99, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« A. - Compléter cet article par trois paragraphes ainsi rédigés :
« II. - Le 2° de l'article L. 423-14 du code de l'environnement est abrogé.
« III. - La dotation globale de fonctionnement est majorée à due concurrence de la perte de recettes résultant pour les communes de la suppression de la taxe perçue pour la délivrance de chaque duplicata de la validation annuelle du permis de chasser.
« IV. - Les pertes de recettes résultant pour le budget de l'Etat des dispositions du III ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
« B. - En conséquence, faire précéder le début de cet article de la mention : I. »
La parole est à M. Demerliat, pour défendre l'amendement n° II-131 rectifié bis .
M. Jean-Pierre Demerliat. La loi « chasse » de juin 2000 a supprimé le visa du maire dans la procédure de délivrance des validations du permis de chasser. Très logiquement, l'Assemblée nationale a donc supprimé la taxe communale qui en était, si l'on peut dire, la contrepartie.
Cet amendement vise, mes chers collègues, à rétablir le visa du maire et la taxe qui était, la plupart du temps, reversée aux sociétés de chasse ou qui servait à financer le banquet annuel des chasseurs.
Pour des questions évidentes de sécurité, le maire devrait pouvoir constater l'identité des personnes résidant sur sa commune qui s'apprêtent à demander la validation d'un permis de chasser et à obtenir ainsi le droit de circuler avec une arme de chasse.
Cet amendement vise donc à permettre au maire de vérifier les demandes de validation des personnes domiciliées sur sa commune par l'enregistrement des demandes auprès des services de la mairie. Il serait ainsi en mesure de signaler au préfet les individus dont le comportement habituel peut laisser présager qu'ils pourraient éventuellement constituer un jour un danger pour autrui.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° II-99.
M. Philippe Marini, rapporteur général. En réalité, il y a une alternative : soit les communes ne font rien et il faut supprimer la taxe ; soit les maires ont une responsabilité et les communes font quelque chose et, dans ce cas, il faut garder la taxe.
M. Michel Charasse. Voilà !
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est l'une ou l'autre chose. L'amendement présenté par notre collègue M. Demerliat est dans la logique : le maire a une responsabilité et la taxe communale a donc sa justification.
L'amendement de la commission se bornait à tirer les conséquences du fait que les communes ne font plus rien pour la délivrance des permis de chasse et il visait, très logiquement, à supprimer la taxe additionnelle qu'elles perçoivent.
S'agissant de l'amendement n° II-131 rectifié bis , je souhaite faire une remarque eu égard à la délibération de la commission des finances du début de l'après-midi. Notre collègue M. Demerliat parle d'un « enregistrement auprès du maire », lequel délivre un document attestant la réalisation de cette formalité. Il s'agit non pas d'un avis du maire, mais d'un simple enregistrement. Le maire ne peut donc qu'enregistrer et délivrer un extrait.
M. Michel Charasse. Il a tout de même des pouvoirs de police !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oui, mais, dans ce cas, il faut dire : « fait l'objet d'un avis ou d'une décision ». Le simple enregistrement risque de « mouiller » le maire, si je puis m'exprimer ainsi, sans lui donner de véritable moyen d'appréciation ou de pouvoir décisionnel.
Par conséquent, sauf rectification de l'amendement, et dans le droit-fil de la délibération de la commission, je ne peux qu'émettre un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. En ce qui concerne l'amendement n° II-131 rectifié bis, si j'ai bien compris le souci exprimé par M. Demerliat, il s'agit avant tout de rétablir, pour des raisons de sécurité, le visa du maire lors de la validation du permis de chasser.
M. Michel Charasse. Eh oui !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je comprends tout à fait ce souci.
La loi relative à la chasse a confié ce contrôle au préfet, mais nous sommes tout disposés à étudier une amélioration du système actuel s'il venait à être prouvé qu'il est insuffisant. Le rétablissement du visa du maire impliquerait cependant la modification de plusieurs articles du code de l'environnement. Il ne peut donc être discuté dans le cadre d'une loi de finances.
Au bénéfice de ces précisions, je demande donc le retrait de cet amendement.
Pour ce qui est maintenant de l'amendement n° II-99 de la commission qui tend à supprimer la taxe de délivrance de duplicata acquittée par les chasseurs, plusieurs éléments peuvent justifier cette proposition : la modicité du montant de cette taxe, qui procure aux communes une ressource extrêmement marginale ; l'allégement des charges du Trésor public qui, je le rappelle, supporte l'intégralité du coût de recouvrement.
Je serais donc plutôt favorable à cette proposition si M. le rapporteur général s'en tenait au premier alinéa de son amendement, c'est-à-dire à la suppression pure et simple de la taxe. En effet, compenser cette perte de recette des communes concernées au travers de la DGF poserait un certain nombre de difficultés : cela reviendrait, d'une certaine manière, à financer par l'impôt national les sociétés de chasse qui bénéficient du reversement par les communes du produit de la taxe. Cette mesure ne s'impose pas.
Par ailleurs, compte tenu de son mode de répartition, une compensation par la DGF n'entraînerait aucune modulation des montants versés aux communes. Le mode de répartition égalitaire de cette dotation ne prendrait pas en compte, par ailleurs, le nombre de chasseurs résidant dans les communes.
Par conséquent, je suis favorable à l'amendement n° II-99, sous réserve, je le répète, que celui-ci soit limité à son II.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens souhaité par le Gouvernement ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Pour le principe, on devrait garder le paragraphe III, c'est une compensation.
M. Michel Charasse. Bien sûr !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mais la ressource est très faible, puisqu'il ne s'agit que de la taxe additionnelle.
M. Michel Charasse. Cela représente 33 millions de francs : 22 francs multipliés par 1 500 000 permis de chasse !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Non, il ne s'agit que de la taxe additionnelle, qui s'élève à 10 francs par duplicata délivré !
M. Michel Charasse. Il y a 1,5 million de chasseurs, soit 15 millions de francs !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Un duplicata n'est pas nécessairement délivré pour chaque chasseur !
M. Michel Charasse. Si !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cela représente peut-être une dizaine de millions de francs pour l'ensemble du territoire. Est-ce vraiment une ressource significative ? Pour être cohérent, si l'on supprime la taxe de base, il faut également supprimer la taxe additionnelle. C'est le principe directeur que la commission s'est efforcé de suivre.
Madame le secrétaire d'Etat, comme il est tard et que vos explications m'ont impressionné, j'accepte de rectifier mon amendement en ne conservant que le II. J'espère que ce geste de faiblesse me sera pardonné.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° II-99 rectifié, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, ainsi libellé :
« Compléter l'article 56 bis par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - Le 2° de l'article L. 423-14 du code de l'environnement est abrogé. »
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-99 rectifié.
M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. J'ai du mal à comprendre, car, sauf erreur de ma part, cette taxe a été supprimée par l'Assemblé nationale ; c'est l'objet de l'article 56 bis . Si vous supprimez tous les paragraphes qui suivent le II, il n'y a plus d'amendement et il suffit donc de voter l'article 56 bis . Ou alors, on ne parle pas de la même chose !
M. Philippe Marini, rapporteur général. On parle de la taxe additionnelle !
M. Michel Charasse. En tout cas, il serait plus prudent de voter l'amendement n° II-131 rectifié bis parce que, dans cette affaire, deux problèmes se posent.
Le premier problème, c'est que, pour des raisons qui m'échappent toujours, la loi Voynet n'a pas maintenu la disposition selon laquelle le permis de chasse est validé par le maire. Or c'est une mesure de police !
Lors de l'examen par le Sénat de la loi relative à la sécurité quotidienne voilà plusieurs semaines, j'ai demandé au ministre de l'intérieur si, au moment où il proposait des mesures pour mieux contrôler l'utilisation, le transport des armes, notamment il pensait qu'il était normal que le visa du maire ait été supprimé sur les permis de chasse, alors que le maire pouvait ainsi signaler de temps en temps qu'untel sortait de prison, que tel autre n'avait pas droit au permis de chasse, etc. Il faisait son métier !
Le ministre de l'intérieur m'a répondu - ce qui montre une grande coordination entre les ministères sur toutes ces questions - qu'il n'était pas au courant, et qu'il allait faire procéder à une enquête. L'enquête est vite faite ! Nous avions voté ici, dans le cadre de loi Voynet, une disposition maintenant la délivrance du visa par le maire en mairie, disposition qui a été supprimée au cours de la navette.
Par conséquent, en ce qui concerne l'amendement n° II-131 rectifié bis , il vaudrait mieux laisser la question ouverte avec l'Assemblée nationale.
L'adoption de l'amendement n° II-99 rectifié de notre rapporteur général conduirait certainement l'Assemblée nationale à se rallier à sa position avec deux inconvénients : non seulement ce que je viens de dire en ce qui concerne le visa du maire, mais également la perte de recettes ; c'est le second problème. Je sais bien qu'il ne s'agit pas d'une somme très importante - 10 millions, 15 millions ou 20 millions de francs -, mais, dans la majorité des petites communes, c'est-à-dire là où il y a le plus grand nombre de chasseurs - les rave parties et la gay pride ne sont pas forcément le lot de tout le monde et, dans les communes rurales, on pratique encore la chasse -, les sociétés de chasse fonctionnent, des banquets de chasse ont lieu. Cela, c'est la vie telle qu'elle est dans la République ! On peut aussi être attaché à un certain nombre de choses.
Ces sommes qui sont encaissées par les communes sont, la plupart du temps, reversées sous forme de subventions aux sociétés de chasse. Par conséquent, il serait plus prudent de voter l'amendement n° II-131 rectifié bis quitte à voire ensuite ce que fera l'Assemblée nationale au moment de la navette.
Je propose donc, monsieur le président, de rectifier cet amendement n° II-131 rectifié bis en ajoutant au 2°, après les mots : « pour la délivrance », les mots : « par le maire ». Ainsi, c'est clair : cela signifie que c'est le maire qui délivre chaque duplicata.
Vous nous dites, madame la secrétaire d'Etat, que plusieurs articles du code de l'environnement seront à modifier. Si l'on a pris les écologistes au Gouvernement, ce n'est pas pour donner du lait ! S'ils ne s'occupent pas de modifier le code de l'environnement, où allons-nous ? Ils le modifient sans arrêt ! Par conséquent, si 30 articles doivent être modifiés, cela est parfaitement possible ! Mais, pour l'instant, ce seul amendement rectifié suffit pour que l'on comprenne ce que cela veut dire sans avoir droit forcément à une conférence de M. Lipietz ou à une explication de M. Mamère !
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° II-131 rectifié ter, présenté par MM. Demerliat, Miquel, Massion, Moreigne, Sergent, Charasse, Lise, Haut, Marc, Angels, Auban et les membres du groupe socialiste, ainsi libellé :
« Rédiger ainsi l'article 56 bis :
« 1° A compter du 1er janvier 2002, le b) du 1° de l'article L. 423-14 du code de l'environnement est rédigé ainsi :
« b) Une taxe annuelle de 3,5 EUR au profit de la commune où le demandeur est domicilié. » ;
« 2° A compter du 1er janvier 2002, le 2° du même article est rédigé ainsi :
« 2° Pour la délivrance par le maire de chaque duplicata de la validation annuelle du permis de chasser, une taxe de 1,5 EUR au profit de la commune où le demandeur est domicilié. » ;
« 3° L'article L. 423-12 du même code est complété in fine par trois alinéas ainsi rédigés :
« La demande de validation fait l'objet d'un enregistrement auprès du marie de la commune où le demandeur est domicilié.
« Le maire délivre un document attestant la réalisation de cette formalité.
« Ce document est obligatoirement présenté au comptable pour la validation du permis de chasser. »
Quel est l'avis de la commission sur cet amendement n° II-131 rectifié ter ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Compte tenu de la rectification qui met l'accent sur le pouvoir du maire et sur sa responsabilité, la commission s'en remet à présent à la sagesse du Sénat.
M. Dominique Braye. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-131 rectifié ter , repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence l'article 56 bis est ainsi rédigé et l'amendement n° II-99 rectifié n'a plus d'objet.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

5

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, mardi 11 décembre 2001 :
A neuf heures quarante-cinq :
Suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2002, adopté par l'Assemblée nationale (n°s 86 et 87, 2001-2002) (M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation).
Deuxième partie. - Moyens des services et dispositions spéciales :
Suite de l'examen des articles de la deuxième partie non joints à l'examen des crédits.
Aucun amendement aux articles de la deuxième partie n'est plus recevable.
A quinze heures quinze et, éventuellement, le soir :
2. Eloge funèbre de Martial Taugourdeau.
3. Suite éventuelle de l'ordre du jour du matin.
4. Eventuellement, seconde délibération sur les articles.
5. Explications de vote sur l'ensemble.
6. Vote sur l'ensemble (scrutin public à la tribune de droit, en application de l'article 60 bis, troisième alinéa, du règlement.)

Délais limites pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements

Nouvelle lecture du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la Corse (n° 111, 2001-2002).
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 11 décembre 2001, à seize heures.
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 11 décembre 2001, à dix-sept heures.
Conclusions de la commission des lois (n° 109, 2001-2002) sur la proposition de loi de M. Hubert Haenel et de plusieurs de ses collègues portant réforme de la loi du 1er juin 1924 mettant en vigueur la législation civile française dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, dans ses dispositions relatives à la publicité foncière (n° 421, 2000-2001).
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 12 décembre 2001, à dix-sept heures.
Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, visant à accorder une priorité dans l'attribution des logements sociaux aux personnes en situation de handicap ou aux familles ayant à leur charge une personne en situation de handicap (n° 325, 2000-2001).
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 12 décembre 2001, à dix-sept heures.
Question orale avec débat n° 38 de M. Henri Revol à M. le ministre de la recherche sur l'avenir de la politique spatiale française et européenne à l'issue de la conférence interministérielle de l'Agence spatiale européenne du 15 novembre 2001.
Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : mercredi 12 décembre 2001, à dix-sept heures.
Nouvelle lecture, sous réserve de sa transmission, du projet de loi de modernisation sociale (AN, n° 3316).
Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 13 décembre 2001, à douze heures.
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : jeudi 13 décembre 2001, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée le mardi 11 décembre 2001, à zéro heure quarante.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
MONIQUE MUYARD





QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Situation de l'institut universitaire de technologie
de Ville-d'Avray

1217. - 10 décembre 2001. - M. Denis Badré attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la situation de l'institut universitaire de technologie de Ville-d'Avray, en travaux depuis plus de six ans. En effet, l'IUT de Ville-d'Avray, largement reconnu pour ses formations de haut niveau, notamment en génie mécanique, génie électrique et génie thermique, a été amputé de 2 500 mètres carrés par la fermeture d'un bâtiment déclaré dangereux en cas d'incendie par la commission départementale de sécurité, en 1995. Les travaux de restauration et de mise en conformité de ce bâtiment devaient être réalisés grâce aux crédits Etat-région pour près de 80 millions de francs. Ainsi, un concours d'architecture a été organisé et un projet a été retenu fin 1997 dont un avant-projet sommaire a été remis par l'architecte en juin 1998 pour un démarrage des travaux en janvier 1999. Toutefois, depuis cette période, rien n'a bougé. La lenteur de la mise en route des travaux et, surtout, le coût des solutions provisoires ont fini par lasser l'ensemble des personnels de l'IUT et les élus locaux. Alors que le pôle scientifique et technologique avait proposé de remettre aux normes de sécurité l'ENS de Sèvres, pour 7 millions de francs, le rectorat avait décliné cette offre réputée trop coûteuse. Aujourd'hui, c'est en fait près de 25 millions de francs qui ont été gaspillés pour héberger les étudiants et les enseignants de l'IUT de Ville-d'Avray, dans des conditions déplorables et inacceptables. Les très fortes nuisances entraînées par ces retards pèsent spécialement lourdement dans une commune au cadre naturel et au patrimoine prestigieux et jalousement protégés. Depuis cinq ans le disgracieux chantier à l'abandon n'en finit pas de détériorer gravement l'environnement d'un quartier dont l'IUT devrait plutôt rester la fierté. Il lui demande de lui faire connaître les raisons de ces incompréhensibles retards, une estimation de leur coût et, s'il existe, le calendrier des travaux.