Séance du 22 juin 2000






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Mission d'information (p. 1 ).

3. Chasse. - Discussion d'un projet de loi en nouvelle lecture (p. 2 ).
M. le président.
Discussion générale : M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville ; Mme Anne Heinis, rapporteur de la commission des affaires économiques ; MM. Gérard César, Gérard Larcher, Jean-Marc Pastor, Henri de Richemont, Henri de Raincourt, Fernand Demilly, Ladislas Poniatowski, Gérard Le Cam, Jean-Louis Carrère.
Clôture de la discussion générale.

4. Communication du Gouvernement (p. 3 ).

Suspension et reprise de la séance (p. 4 )

5. Questions d'actualité au Gouvernement (p. 5 ).
M. le président.

« PILULE DU LENDEMAIN »
DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES (p. 6 )

Mmes Odette Terrade, Ségolène Royal, ministre délégué à la famille et à l'enfance.

INTERCOMMUNALITÉ DANS LE MARAIS POITEVIN (p. 7 )

MM. André Dulait, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur.

APPLICATION DE L'INTERCOMMUNALITÉ (p. 8 )

MM. Jean-Pierre Raffarin, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur.

PRIX DU CARBURANT POUR LES PÊCHEURS (p. 9 )

MM. François Marc, François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur.

FILIÈRES D'IMMIGRATION CLANDESTINE (p. 10 )

MM. Robert Calmejane, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur.

SÉCURITÉ ROUTIÈRE (p. 11 )

MM. Gérard Delfau, Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.

MISE EN PLACE
DE L'ORDRE DES MASSEURS-KINÉSITHÉRAPEUTES (p. 12 )

M. Jacques Donnay, Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés.

RELÈVEMENT DU TAUX DU LIVRET A (p. 13 )

MM. Serge Franchis, François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur.

« PILULE DU LENDEMAIN »
DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES (p. 14 )

Mmes Danièle Pourtaud, Ségolène Royal, ministre délégué à la famille et à l'enfance.

AIDE FINANCIÈRE AU TRANSPORT DU BOIS (p. 15 )

MM. Jacques-Richard Delong, Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.

6. Souhaits de bienvenue à une délégation du Monténégro (p. 16 ).

Suspension et reprise de la séance (p. 17 )

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE

7. Chasse. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi en nouvelle lecture (p. 18 ).

Article 1er A (p. 19 )

Amendement n° 1 de la commission. - Mme Anne Heinis, rapporteur de la commission des affaires économiques ; M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 1er (p. 20 )

Amendement n° 2 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 3 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 1er (p. 21 )

Amendement n° 4 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 1er bis (p. 22 )

MM. Louis Althapé, Michel Souplet.
Amendement n° 5 de la commission. - Mme le rapporteur, MM. le ministre délégué, Jean-Pierre Bel, Ladislas Poniatowski, Louis Althapé. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 1er ter (supprimé) (p. 23 )

Amendement n° 6 de la commission. - Mme le rapporteur, MM. le ministre délégué, Jean-Louis Carrère. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 2 (p. 24 )

Amendement n° 7 rectifié de la commission. - Mme le rapporteur, MM. le ministre délégué, Jean-Marc Pastor, Jean-Louis Carrère, Philippe François, Ladislas Poniatowski. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 2 bis (p. 25 )

Amendement n° 8 de la commission. - Mme le rapporteur, MM. le ministre délégué, Jean-Louis Carrère, Ladislas Poniatowski, Gérard César. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 3 (p. 26 )

Amendement n° 9 de la commission et sous-amendements n°s 51 à 53 de M. Jean-Marc Pastor. - Mme le rapporteur, MM. Jean-Marc Pastor, le ministre délégué, Ladislas Poniatowski, Jean-Louis Carrère, Pierre Martin. - Retrait des sous-amendements n°s 51 et 53 ; rejet du sous-amendement n° 52 ; adoption de l'amendement n° 9.
Amendement n° 62 de M. Gérard César. - M. Gérard César, Mme le rapporteur. - Retrait.
Amendement n° 10 rectifié de la commission et sous-amendement n° 54 de M. Jean-Marc Pastor. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement.
Amendement n° 11 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 3 bis (p. 27 )

Amendement n° 12 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 3 ter (p. 28 )

Amendement n° 13 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 3 quater (p. 29 )

Amendement n° 14 rectifié bis de la commission. - Mme le rapporteur, MM. le ministre délégué, Jean-Louis Carrère, Gérard César, Michel Charasse. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 4. - Adoption (p. 30 )

Article 5 (p. 31 )

Amendement n° 15 rectifié de la commission et sous-amendement n° 55 de M. Jean-Marc Pastor. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement, le sous-amendement étant devenu sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 5 (p. 32 )

Amendement n° 61 rectifié de M. Gérard Larcher. - M. Gérard César, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 6 (p. 33 )

Amendements n°s 16 de la commission et 56 de M. Jean-Marc Pastor. - Mme le rapporteur, MM. Jean-Marc Pastor, le ministre délégué. - Retrait de l'amendement n° 16 ; adoption de l'amendement n° 56.
Amendement n° 17 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 18 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 19 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 20 de la commission. - Mme le rapporteur, MM. le ministre délégué, Francis Grignon. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 7 (p. 34 )

Amendement n° 40 de M. Ladislas Poniatowski. - M. Ladislas Poniatowski, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 8 A (p. 35 )

Amendements n°s 41 rectifié et 42 de M. Ladislas Poniatowski. - M. Ladislas Poniatowski, Mme le rapporteur, MM. le ministre délégué, Michel Charasse, Gérard César. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 21 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 43 de M. Ladislas Poniatowski. - M. Ladislas Poniatowski, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendements n°s 66 de la commission et 57 de M. Jean-Marc Pastor. - Mme le rapporteur, MM. Jean-Pierre Bel, le ministre délégué. - Retrait de l'amendement n° 57 ; adoption de l'amendement n° 66.
Amendement n° 44 de M. Ladislas Poniatowski. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 8 (p. 36 )

Amendement n° 63 de M. Pierre Martin. - M. Pierre Martin, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 22 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles 8 bis et 8 quater . - Adoption (p. 37 )

Article 9 (p. 38 )

Amendement n° 23 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 9 bis (p. 39 )

Amendement n° 24 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 10 (p. 40 )

Amendements n°s 25 de la commission, 37, 38 de M. Roland Courteau, 49 de M. Gérard Le Cam, 58 de M. Jean-Marc Pastor et 47 de Mme Josette Durrieu. - Mme le rapporteur, MM. Roland Courteau, Gérard Le Cam, Jean-Louis Carrère, Raymond Courrière, le ministre délégué, Philippe Madrelle, Ladislas Poniatowski, Jean-Marc Pastor.

Suspension et reprise de la séance (p. 41 )

MM. Jean-Louis Carrère, Gérard Le Cam, Mme le rapporteur, MM. Gérard César, Michel Souplet, Ladislas Poniatowski, Pierre Martin, Gérard Miquel. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement n° 25 rédigeant l'article, les autres amendements devenant sans objet.

Article additionnel après l'article 10 (p. 42 )

Amendement n° 59 de M. Jean-Marc Pastor. - M. Jean-Louis Carrère, Mme le rapporteur. - Retrait.

Article 10 bis (supprimé) (p. 43 )

Amendements n° 26 de la commission et sous-amendement n° 64 de M. Pierre Martin. - Mme le rapporteur, MM. Pierre Martin, le ministre délégué. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié rétablissant l'article.

Article 10 ter (supprimé)

Article 10 quater (p. 44 )

Amendement n° 27 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 28 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 10 quinquies (supprimé) (p. 45 )

Amendements identiques n°s 29 de la commission et 50 de M. Gérard Le Cam. - Mme le rapporteur, MM. Gérard Le Cam, le ministre délégué, Jean-Louis Carrère. - Adoption des deux amendements rétablissant l'article.

Article 10 sexies (supprimé)

Article 12 (p. 46 )

Amendements n°s 30 de la commission, 39 de M. Roland Courteau, 48 de Mme Josette Durrieu et 60 de M. Jean-Marc Pastor. - Mme le rapporteur, MM. Roland Courteau, Raymond Courrière, Bernard Dussaut, le ministre délégué. - Retrait des amendements n°s 39, 48 et 60 ; adoption de l'amendement n° 30.
Adoption de l'article modifié.

Article 12 bis (supprimé) (p. 47 )

Amendement n° 31 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 13 (p. 48 )

Amendement n° 32 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 14 (p. 49 )

Amendement n° 45 de M. Ladislas Poniatowski. - M. Ladislas Poniatowski, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 33 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 14 bis (p. 50 )

Amendement n° 46 de M. Ladislas Poniatowski. - M. Ladislas Poniatowski, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 67 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° 34 de la commission. - M. le ministre, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 14 ter (p. 51 )

Amendement n° 68 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 18 bis (supprimé) (p. 52 )

Amendement n° 35 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Articles 20 et 20 bis . - Adoption (p. 53 )

Article 24 (p. 54 )

Amendement n° 65 de M. Jean Bernard. - M. Pierre Martin, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 25 (supprimé) (p. 55 )

Amendement n° 36 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 26 (pour coordination) (p. 56 )

Amendement n° 69 de la commission. - Mme le rapporteur, M. le ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Vote sur l'ensemble (p. 57 )

MM. Michel Souplet, Jean-Marc Pastor, Ladislas Poniatowski, Gérard Le Cam, Pierre Martin, Roland Courteau, Jean-Louis Carrère, Mme le rapporteur, M. le ministre délégué.
Adoption, par scrutin public, du projet de loi.

8. Dépôt d'une proposition de loi constitutionnelle (p. 58 ).

9. Transmission d'une proposition de loi (p. 59 ).

10. Texte soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 60 ).

11. Dépôt de rapports (p. 61 ).

12. Dépôt d'un rapport d'information (p. 62 ).

13. Ordre du jour (p. 63 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à dix heures trente-cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

MISSION D'INFORMATION

M. le président. L'ordre du jour appelle l'examen d'une demande présentée par la commission des lois tendant à obtenir du Sénat l'autorisation de désigner une mission d'information au Maroc afin d'étudier le système politique, judiciaire et administratif de ce pays.
Il a été donné connaissance au Sénat de cette demande au cours de sa séance du jeudi 15 juin 2000.
Je vais consulter sur cette demande.
Il n'y a pas d'opposition ?...
En conséquence, la commission des lois est autorisée, en application de l'article 21 du règlement, à désigner cette mission d'information.

3

CHASSE

Discussion d'un projet de loi en nouvelle lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion en nouvelle lecture du projet de loi (n° 414, 1999-2000), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la chasse. [Rapport n° 421 (1999-2000).]
Mes chers collègues, M. le président du Sénat a reçu de Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement la lettre suivante :
« Monsieur le président,
« Le jeudi 22 juin prochain se déroulera à Luxembourg le dernier conseil des ministres européens de l'environnement sous présidence portugaise qui marquera la transition avec la présidence française de l'Union européenne qui débute le 1er juillet prochain.
« Vous comprendrez, dans ces conditions, que ma présence y est indispensable afin d'augurer au mieux ces six mois de présidence française pendant lesquels de nombreux dossiers liés à l'environnement devront être débattus avec l'ensemble de nos partenaires européens.
« Cette obligation apparaît malheureusement incompatible avec les contraintes du calendrier parlementaire qui fixe l'examen en nouvelle lecture du projet de loi sur la chasse par votre assemblée ce même jour.
« Ce sera donc M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, qui sera chargé de défendre ce texte au nom du Gouvernement jeudi prochain.
« Je vous remercie par avance de votre compréhension et vous prie de croire, monsieur le président, à l'assurance de ma haute considération.

« Dominique Voynet. »

Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre délégué.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le président, madame le rapporteur, mesdames et messieurs les sénateurs, je tiens tout d'abord à présenter les excuses de Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, qui, ainsi que vous venez d'en être informés, est retenue toute la journée au conseil des ministres européens de l'environnement à Luxembourg et qui ne peut donc aujourd'hui défendre le projet de loi sur la chasse, comme elle l'avait fait jusqu'à présent. Il me revient la mission, au nom du Gouvernement, de la suppléer aujourd'hui.
Ce projet de loi était sorti très profondément remanié de vos premiers travaux. Il vous revient tout aussi transformé de la nouvelle lecture effectuée par l'Assemblée nationale.
Il semble bien que, lors des premiers débats, les intentions de l'Assemblée nationale et du Gouvernement n'aient pas été bien comprises.
Plutôt que de refaire l'exposé détaillé d'un projet de loi dont vous connaissez sans aucun doute fort bien tous les arcanes et les débats successifs, je voudrais simplement insister, pour introduire le débat général, sur les principaux enjeux de ce texte.
Le Gouvernement avait présenté en première lecture un projet qui avait l'ambition de répondre de façon globale aux questions auxquelles le monde de la chasse est confronté aujourd'hui. Ce projet représentait un compromis équilibré entre les préoccupations des chasseurs et celles du reste de la société.
La première lecture à l'Assemblée nationale avait préservé l'essentiel des éléments de cet équilibre subtil. Cet équilibre correspond à des objectifs que je vous invite, pour cette nouvelle lecture, à ne pas oublier.
Premièrement, la loi que nous devons bâtir doit constituer un compromis acceptable pour toute la société française. Il ne s'agit pas de consacrer par une loi la victoire d'un camp sur l'autre, car celle-ci ne serait qu'illusoire et très temporaire.
Les préoccupations des chasseurs comme celles des non-chasseurs doivent être prises en compte avec la même attention. Elles ne sont pas incompatibles, pour peu que l'on ait la volonté de parvenir à les articuler les unes aux autres de façon équilibrée et de résister aux démons de l'immobilisme et de clientélisme. Toute autre attitude risquerait fort d'exacerber, une fois de plus, des conflits par certains côtés artificiels et d'encourager des tendances au refus de la chasse par une partie grandissante de la société française. Ces tendances sont déjà à l'oeuvre, ne nous y trompons pas.
Deuxièmement, le texte doit être compatible avec le droit communautaire, faute de quoi, là aussi, nous ne pourrions pas croire très longtemps avoir apporté une solution durable aux problèmes qui sont en jeu.
S'il faut transposer la directive de 1979 dans notre droit interne et en respecter, enfin, les principes, c'est parce que ceux-ci non seulement sont de bon sens mais aussi ont reçu en vingt ans une confirmation tant scientique qu'opérationnelle. L'évolution des connaissances a montré qu'ils reposaient sur des réalités biologiques incontournables touchant à l'évolution des populations et des milieux. Leur mise en oeuvre dans pratiquement tous les pays européens a confirmé qu'ils ne mettaient pas en cause une chasse soucieuse du devenir des populations d'oiseaux dont le bon état de conservation est, à l'évidence, nécessaire à sa pérennité.
En adoptant la directive de 1979, les ministres et le Parlement d'alors avaient pris la mesure des dispositions indispensables à la gestion durable d'espèces qui constituent à la fois un patrimoine commun pour européens et le fonds du stock des espèces-gibier pour les chasseurs. Ce fut un acte de clairvoyance et d'anticipation, par certains côtés fondateur des politiques de protection de la nature et de l'environnement et, par d'autres, favorable à la permanence de la chasse.
Enfin, ce texte doit avoir pour ambition d'apporter une solution à l'ensemble des problèmes qui ont surgi de la confrontation entre l'évolution de la société et celle du monde de la chasse : aspiration au partage de l'espace et à un droit de non-chasse, montée des préoccupations environnementales et de sécurité...
Il faut apporter à ces problèmes une solution durable, réaliste et acceptée.
Vous aviez, en première lecture, profondément modifié le texte que l'Assemblée nationale avait élaboré.
Le Gouvernement ne peut pas vous cacher que le texte était alors très déséquilibré. Il faisait, par exemple, droit de façon exagérée aux exigences non pas de la majorité des chasseurs, mais d'une minorité d'entre eux qui considèrent que la satisfaction de leur passion, pour reprendre le mot fréquemment utilisé, l'emporte sur toute autre considération.
En choisissant de réintroduire dans la loi des dates de chasse au gibier d'eau et aux oiseaux migrateurs peu compatibles avec la directive de 1979, il devenait ouvertement contradictoire avec la réglementation communautaire. C'est sans doute pour cela que la commission mixte paritaire a échoué.
Lors de l'examen en nouvelle lecture, l'Assemblée nationale a donc rétabli un équilibre, à quelques nuances près, analogue à celui acquis initialement, en réaffirmant les principes qui avaient permis de l'obtenir.
Ces principes ont été dégagés à l'issue d'une concertation qui a associé, dans le courant de l'année 1999, tous les acteurs concernés par la chasse. Cette concertation fut d'une telle ampleur qu'on ne peut, d'un revers de manche, la passer par pertes et profits. Elle restera probablement dans les mémoires comme le premier débat de société portant sur la chasse.
Le Gouvernement se doit donc de vous rappeler ces principes.
Le premier d'entre eux, c'est que la loi relative à la chasse doit créer les conditions d'un accès partagé et paisible aux espaces naturels et ruraux, pour les chasseurs autant que pour les autres usagers de la nature.
Le Gouvernement ne méconnaît pas le débat qui se noue autour de la notion d'usage non appropriatif des espaces naturels. Le plaisir du paysage, celui de la promenade, de la marche ou de l'observation de la nature sont pourtant des usages de plus en plus répandus. Ils participent, par exemple, de plain-pied à cette multifonctionnalité que la loi d'orientation agricole a reconnu aux espaces ruraux. Et qu'ils puissent être pratiqués par tous est une contrepartie - à vrai dire bien peu coûteuse - de la solidarité nécessaire au maintien de la qualité des espaces ruraux, voire à une forme concrète de cohésion sociale et de responsabilité collective.
A ceux qui mettent en avant, pour s'opposer à cet objectif, le respect du droit de propriété, il faut rappeler qu'on ne peut pas à la fois invoquer le droit de propriété pour refuser toute limitation à l'exercice du droit de chasse et, simultanément, défendre la loi Verdeille et les associations communales de chasse agréées, les ACCA, qui constituent, elles aussi, une limitation au droit de propriété et au droit de chasse qui lui est attaché.
On ne peut, à la fois, être attaché, et ce à juste titre, à une chasse populaire et prôner une sorte de monopole d'usage pour les chasseurs sur des espèces ou des espaces dont les vocations ne se résument pas à être exclusivement des territoires de chasse ou un gibier.
Cela reviendrait en définitive à exclure d'autres plaisirs ou d'autres usages tout aussi populaires.
Sans méconnaître le droit de propriété, le Gouvernement souhaite donc, comme l'Assemblée nationale le propose, que les conditions de partage de l'espace traduisent l'évolution de notre société et les attentes des citoyens.
C'est de ce constat que découle l'instauration du jour sans chasse, que l'Assemblée nationale a confirmée.
C'est aussi de ce constat que résulte la redéfinition du rôle des fédérations de chasseurs, dont l'objet principal est la gestion d'une richesse collective, le patrimoine cynégétique, ou la transformation de l'Office nationale de la chasse en Office national de la chasse et de la faune sauvage et l'ouverture de son conseil d'administration, ou encore l'instauration du droit de non-chasse et l'inscription dans la loi d'un titre précisément consacré à la sécurité.
Ces dispositions, qui concrétisent la volonté de partage de l'accès aux espaces ruraux, ont une autre vertu : elles sont le gage de l'ouverture d'un dialogue entre les chasseurs et le reste de la société française.
Les débats qui ont précédé le travail parlementaire ont montré que la chasse doit impérativement trouver une nouvelle légitimité aux yeux de la société.
Pour que cette nouvelle légitimité soit durablement acquise, il faut que s'établissent et se poursuivent un dialogue et une réflexion collective entre les acteurs, quels qu'ils soient, qui interviennent à un titre ou à un autre dans les espaces ruraux. C'est à ce prix que sera enrayée la logique infernale des conflits qui ne profitent ni à la chasse, dont l'image se brouille, ni à la nature, dont la gestion échappe aux réalités écologiques, ni à la société, qui parfois entre en ébullition, sur ces sujets, pour des motifs somme toute mineurs.
Fonder les conditions d'un dialogue équilibré correspond bien aux attentes d'un bon nombre de protagonistes qui sont prêts à faire, tant du côté des associations de protection de la nature que du côté des chasseurs, quelques pas de plus les uns vers les autres.
Le deuxième grand objectif auquel le Gouvernement compte parvenir et souhaite vous voir adhérer, c'est celui de la modernisation de notre droit de chasse. Il faut le rendre compatible avec la réglementation européenne.
Vous savez tous de quoi il s'agit.
En premier lieu, ce qui est en cause, c'est la définition des périodes d'ouverture de la chasse au gibier d'eau. Si personne ne conteste plus que soient repris dans le texte les principes de la directive de 1979, il reste entre nous une divergence majeure.
L'Assemblée nationale, rejoignant en cela l'avis du Gouvernement considère que les périodes de chasse n'ont pas à figurer dans la loi elle-même. La loi doit, elle, s'en tenir à la définition des principes qui encadrent les dates d'ouverture et de fermeture.
Vous n'êtes pas, majoritairement, de cet avis. Vous êtes même tentés de faire figurer dans la loi des dispositions contraires à la directive. Nous nous devons de vous alerter des risques d'une pareille disposition. L'arrêt rendu récemment par le Conseil d'Etat devrait achever de convaincre ceux qui douteraient encore que pareille décision est vouée à l'échec.
Dans un souci de clarté et d'apaisement, le Gouvernement, en présentant un avant-projet de décret déjà beaucoup analysé, a, en revanche, démontré qu'il était possible d'envisager des dates d'ouverture et de fermeture différenciées, respectant les principes posés par la directive et adaptées aux évolutions fluctuantes de la démographie des différentes espèces ainsi qu'aux spécificités territoriales.
Je vous confirme que, s'il est bien prévu la possibilité d'un moratoire pour la chasse d'espèces qui seraient en mauvais état de conservation, des dérogations telles que celles qui sont désignées à l'article 9 de la directive de 1979 y sont aussi envisagées.
La souplesse d'une telle façon de faire correspond bien à la double nécessité de s'adapter à la réalité des faits, année après année, ensemble de milieux par ensemble de milieux, et de laisser une place aux concertations nécessaires entre chasseurs, scientifiques, protecteurs de la nature et de l'environnement pour définir le statut de conservation des espèces.
S'agissant de la chasse de nuit, l'Assemblée nationale, tout en récusant l'idée avancée par le Gouvernement d'une dépénalisation temporaire et expérimentale, a souhaité s'en tenir à une légalisation explicite dans vingt et un départements. Elle a eu la volonté de le faire sans céder à une inflation démagogique ni s'en tenir à une rigidité excessive. Le fait est qu'il s'agit d'une chasse traditionnelle qui ne se satisfait pas toujours du découpage départemental. L'Assemblée nationale a donc introduit une disposition autorisant la chasse de nuit dans des secteurs plus limités, en prenant comme référence le canton.
Il est du devoir du Gouvernement de vous rappeler qu'on ne saurait aller plus loin, en abandonnant, par exemple, le critère de la tradition et donc de l'ancienneté de la pratique, sans aggraver radicalement la fragilité du texte et l'éventualité de contentieux difficiles avec l'Union européenne.
Ici comme ailleurs, surenchère, rigidité et démagogie seront mauvaises conseillères, d'autant que les propositions de l'Assemblée nationale en matière de chasse à la passée, que vous avez confirmées, prêtent, elles aussi, le flanc à la critique.
S'agissant des adaptations qu'il convient d'apporter à la loi Verdeille après la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, si chacun s'accorde maintenant à reconnaître le droit de non-chasse, le Gouvernement se doit de recommander d'éviter de multiplier les restrictions et les embûches.
Toute disposition qui en rendrait l'exercice difficile, voire impossible, viderait le symbole de son sens et choquerait non seulement le sentiment des opposants à la chasse mais aussi des convictions beaucoup plus partagées que l'opposition à la chasse et qui ont trait à l'équité et à la liberté.
Enfin, il fallait clarifier les rôles en matière d'organisation de la chasse dans le même esprit, pour favoriser tout à la fois la responsabilité et le dialogue.
A l'office le rôle de réaliser des études, de constituer l'expertise, de mettre à disposition un appui technique qui permettra de renforcer la préservation et le développement de l'ensemble de la faune sauvage. A lui de délivrer le permis de chasser. A lui enfin, et à lui seul, d'exercer la police de la chasse.
Aux fédérations départementales de travailler sur le terrain à la mise en valeur du patrimoine cynégétique et de proposer les schémas de gestion cynégétique. A elles aussi de financer et d'organiser l'indemnisation des dégâts de gibier.
Si l'Assemblée nationale n'a pas retenu votre proposition de mettre l'ensemble du dispositif sous la responsabilité des ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt...
M. Roland du Luart. Elle a eu bien tort !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. ... ou celle qui limitait le contrôle des fédérations, elle a confirmé la création de fédérations régionales des chasseurs, que vous aviez proposée.
M. Ladislas Poniatowski. C'est exact !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Mesdames, messieurs les sénateurs, nous avons déjà largement débattu de ce texte très attendu. Je ne crois pas nécessaire d'aller plus avant dans le détail du projet adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, le 13 juin dernier.
Pour conclure, je pense encore utile de vous rappeler quelques éléments du contexte qui inciteraient à ne pas en rester à une conception de la chasse frileusement repliée sur elle-même.
La société française, les modes de vie, les besoins de nos concitoyens ont, depuis quelques dizaines d'années, connu des transformations importantes. La conception que se font les chasseurs eux-mêmes de la chasse évolue.
Ma collègue Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, vous aurait probablement dit qu'il était aussi temps de faire évoluer simultanément le droit de la chasse et son organisation. Ne pas le faire serait prendre le risque de laisser grandir une distorsion entre la réalité des pratiques ou des attentes et les modalités de leur encadrement.
C'est tout à l'honneur du Parlement qu'il y prenne la part éminente qui lui revient et qu'il fixe les objectifs et les règles de cette mutation attendue tant par un grand nombre de chasseurs que par l'essentiel d'une société qui, pour majoritairement urbaine qu'elle soit maintenant, conserve des racines rurales et reste attentive au devenir des espaces naturels et ruraux, ainsi qu'aux activités qui s'y développent. (Applaudissements sur les travées socialistes. - Mme le rapporteur applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi relatif à la chasse revient en nouvelle lecture au Sénat après l'échec de la commission mixte paritaire qui s'est réunie le lundi 29 mai dernier à l'Assemblée nationale.
Les sénateurs présents y ont participé avec la volonté de rechercher un accord sur les dispositions du projet de loi restant en discussion.
Après avoir souligné la convergence des points de vue qui s'était manifestée lors de l'examen du texte par le Sénat, votre rapporteur a relevé comme principaux points de désaccord entre l'Assemblée nationale et la majorité sénatoriale l'inscription ou non dans la loi des périodes de chasse aux oiseaux migrateurs, la liste des départements dans lesquels est autorisée la chasse de nuit, la composition du Conseil national de la chasse et le problème de l'assermentation des agents de développement cynégétique.
Force a été de constater que l'attitude de M. François Patriat, rapporteur du texte pour l'Assemblée nationale, était aux antipodes de notre volonté de compromis. Il a, en effet, recensé dans le texte pas moins de quinze « points durs » rendant, selon lui, d'emblée et a priori impossible un accord avec les sénateurs !
Le ton étant ainsi donné, et malgré les propositions des sénateurs et de plusieurs de nos collègues députés, la commission mixte paritaire a échoué sur la question de l'inscription ou non dans la loi de tout ou partie des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse.
Compte tenu de cet échec et de la position très intransigeante des membres de la majorité à l'Assemblée nationale, la solution que je vous propose est de reprendre, en règle générale, le texte tel qu'adopté par le Sénat en première lecture, pour réaffirmer les principes forts qui avaient structuré notre démarche.
Je m'arrêterai d'abord sur l'article 1er bis , introduit par l'Assemblée nationale en première lecture et destiné à mieux encadrer les réintroductions d'espèces prédatrices. Vous vous souvenez que le Sénat, suivant les recommandations de sa commission des affaires économiques, n'avait apporté aucune modification à ce dispositif.
Nous n'avons pas été peu surpris de constater que les députés de la majorité gouvernementale avaient adopté, sur proposition du Gouvernement, une nouvelle rédaction de cet article, alors même que l'article 108 du règlement de l'Assemblée nationale interdit de remettre en cause ou de modifier sauf pour coordination ou pour rectification matérielle des articles votés en termes identiques par les deux assemblées.
Je n'ignore pas que la question de la recevabilité en nouvelle lecture des amendements modifiant des articles adoptés conformes par les deux assemblées fait l'objet, de la part du Conseil constitutionnel, d'une jurisprudence complexe, d'autant plus difficile à interpréter que, pour cette haute juridiction, les règlements des assemblées, bien que déclarés conformes à la Constitution, ne font pas partie du « bloc de constitutionnalité ».
J'observe au demeurant qu'en acceptant la discussion d'un amendement remettant en cause, indépendamment de toute « coordination », un article adopté dans les mêmes termes par les députés et par les sénateurs, l'Assemblée nationale a délibérément méconnu sa propre loi.
M. Roland du Luart. C'est attristant !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Notre commission ne peut se résoudre à cautionner une telle attitude. C'est pourquoi, estimant que l'article 1er bis n'était plus en discussion dès la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, elle vous demande de revenir à la rédaction adoptée conforme par les deux assemblées.
M. Henri de Raincourt. Très bien !
Mme Anne Heinis, rapporteur. A l'article 3 ter , relatif aux schémas de gestion cynégétique, le texte de l'Assemblée nationale institue une véritable « usine à gaz » au niveau de la région, supprimant toute autonomie des responsables de terrain et ingérable pour tous. Comment ne pas penser ici, encore une fois, à Tocqueville et à sa vision prémonitoire d'un pouvoir administratif entendant régler dans les moindres détails l'existence des citoyens ? « Que ne peut-il leur ôter le trouble de penser et la peine de vivre ? », ironisait-il. Nous, nous souhaitons précisément responsabiliser les chasseurs et les fédérations.
En ce qui concerne les structures organisatrices de la chasse, il y a lieu de procéder au rétablissement du contrôle a posteriori sur les comptes des fédérations et des règles de vote en assemblée générale.
De même, il vous est proposé de rétablir les compétences des fédérations et des associations communales de chasse agréées, les ACCA, en matière de prévention et de lutte contre le braconnage. Quant aux agents cynégétiques, il faudra qu'ils soient commissionnés et assermentés.
En ce qui concerne le financement des fédérations de chasseurs, il convient de procéder au rétablissement des amendements prévoyant une répartition des redevances entre l'ONCFS - Office national de la chasse et de la faune sauvage - et les fédérations, de manière que celles-ci puissent assurer le financement des dégâts de gibier, à travers le fonds de péréquation et les comptes départementaux, et de rejeter en conséquence le dispositif adopté par l'Assemblée nationale qui veut que les fédérations financent l'indemnisation des dégâts de gibier par les seules cotisations.
D'une part, rien n'interdit qu'un organisme privé soit destinataire du produit d'un impôt pour financer les missions d'intérêt général auxquelles il participe, et l'indemnisation des dégâts de gibier, à coup sûr, en constitue une, car elle concerne aussi bien les chasseurs que les agriculteurs.
D'autre part, l'instauration d'un financement totalement privé fait, à l'évidence, peser un risque sur les conditions de fonctionnement du dispositif et remet en cause le rôle d'arbitre de l'ONCFS, ainsi que, à terme, le fonctionnement du fonds de péréquation.
M. Roland du Luart. On se demande à quoi il servirait alors !
Mme Anne Heinis, rapporteur. En ce qui concerne le temps de chasse, je vous proposerai le rétablissement de l'article 10 avec des dates d'ouverture et de fermeture échelonnées en fonction des espèces, ainsi que l'instauration de plans de gestion et de la clause de sauvegarde en cas de circonstances exceptionnelles.
Je rappelle tout de même que les dates que nous prévoyons à l'article 10 sont généralement plus sévères que celles qui sont inscrites dans la loi de 1998,...
M. Roland du Luart. Ce que les médias n'ont jamais dit !
Mme Anne Heinis, rapporteur. ... précisément pour les rendre conformes à l'esprit de la directive, qui, je le rappelle également, ne contient pas d'injonction particulière concernant les dates. Nous avons la liberté de faire ce que nous voulons, pourvu que soit respecté l'esprit de la directive.
Nous nous estimons d'autant plus fondés à proposer le rétablissement du texte du Sénat à l'article 10 que le contenu de la dernière version du projet de décret transmis la semaine dernière par le ministère chargé de l'environnement est encore plus restrictif. Sur la base des recommandations de M. Lefeuvre et des conclusions d'un conseil scientifique du 28 avril dernier, l'ouverture sur le domaine public maritime n'aurait lieu que le 10 août et, sur le reste du territoire, le 1er septembre, hormis dans les grandes zones de nidification, où la date d'ouverture serait reportée à l'ouverture générale.
Dans cette optique, les dates de fermeture s'échelonneraient jusqu'au 20 février, la plupart fermant au 31 janvier ou à la clôture générale.
Enfin, la chasse du pigeon ramier et des grives ne pourrait être autorisée jusqu'au 20 février que dans les seules conditions de l'article 9 de la directive relative aux dérogations, ce qui n'est pas acceptable.
A l'article 12, sur la chasse de nuit, nous préconisons, comme lors de la première lecture, d'arrêter la liste des départements où elle est autorisée à vingt-huit, et non pas à vingt et un, comme l'a décidé l'Assemblée nationale au mépris de toute équité : à situation égale, traitement égal.
Cependant, sur deux point précis, je vous proposerai de ne pas revenir strictement au texte du Sénat.
S'agissant du jour de non-chasse, la commission ne peut accepter qu'il soit fixé autoritairement et dans toute la France au mercredi. Il n'y a aucune raison, en cette matière comme dans bien d'autres, de ne pas tenir compte des données spécifiques à chaque département et de ne pas faire confiance à l'esprit de responsabilité des fédérations de chasseurs.
M. Roland du Luart. Très bien !
Mme Anne Heinis, rapporteur. D'ailleurs, soixante-dix d'entre elles ont d'ores et déjà pris d'elles-mêmes des décisions en la matière.
La commission vous invitera donc à prévoir, dans un article additionnel après l'article 10, que le préfet, sur proposition de la fédération départementale des chasseurs, suspend - et non plus « peut suspendre », comme l'avait primitivement décidé le Sénat - l'exercice de la chasse au gibier sédentaire un jour par semaine. C'est dans un esprit de conciliation et dans un souci de bonne communication que nous avons adopté cette nouvelle position, moins rigide que la première.
S'agissant de l'article 9 bis , relatif à la sécurité, afin de mieux faire comprendre l'importance que le Sénat attache à la définition de règles de sécurité pour les chasseurs comme pour les non-chasseurs - car notre position n'avait pas toujours été bien comprise -, la commission propose d'en compléter la rédaction.
Enfin, je vous indique que la commission vous propose d'adopter conforme l'article 20 bis , introduit par l'Assemblée nationale, qui permet aux agents cynégétiques des fédérations, au travers des conventions signées avec les propriétaires, d'avoir le statut de garde particulier agréé et assermenté.
En conclusion, je citerai pour mémoire les articles résultant d'amendements n'émanant pas de la commission mais adoptés par le Sénat, et qu'il vous sera demandé de rétablir.
Il s'agit : à l'article 8 A, de la validation du permis de chasser sur douze mois consécutifs ; à l'article 10 quater , de l'autorisation du tir au gibier d'eau sur les marais, fleuves et rivières, à une distance de 30 mètres de la nappe d'eau, ainsi que l'exige la sécurité des chasseurs eux-mêmes ; à l'article 12 bis , de la reconnaissance de la chasse au lévrier, dans le cadre d'un plan de gestion ; à l'article 18 bis , de la possibilité de saisie immédiate des armes, en cas de chasse sur les terrains non clos d'autrui ; enfin, à l'article 25, de la reconnaissance de l'exercice du droit de chasse dans les zones Natura 2000.
M. Jean-Louis Carrère. Bravo !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Telles sont, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les observations que je souhaitais formuler au début de cette nouvelle lecture du projet de loi relatif à la chasse. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du Rassemblement pour la République et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. M. le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, à la suite de l'échec de la commission mixte paritaire du lundi 29 mai 2000, notre assemblée est saisie, en nouvelle lecture, du projet de loi relatif à la chasse.
Avant d'en venir à l'essentiel, c'est-à-dire au cadre général de la chasse et de ses structures pour les années qui viennent, je souhaiterais dénoncer, au nom du groupe du Rassemblement pour la République, l'attitude inqualifiable qui a été celle du Gouvernement, lors de la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, sur l'article 1er bis , relatif à la capture des prédateurs.
En effet, alors que cette disposition, introduite par l'Assemblée nationale en première lecture, avait été adoptée conforme par le Sénat, le Gouvernement, sans le moindre scrupule vis-à-vis des prérogatives du Parlement, a déposé un amendement modifiant sur le fond le texte voté en termes identiques par nos deux assemblées.
Cet acte est contraire aux règlements des deux chambres de notre Parlement, comme vient de le rappeler à l'instant notre excellent rapporteur, Mme Heinis.
M. Jean-Louis Carrère. Comme pour le quinquennat sec !
M. Gérard César. Il est contraire, tout d'abord, à l'article 108 du règlement de l'Assemblée nationale, qui dispose : « La discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux assemblées du Parlement n'ont pu parvenir à un texte identique. En conséquence, les articles votés par l'une ou par l'autre assemblée dans un texte identique ne peuvent faire l'objet d'amendements qui remettraient en cause soit directement, soit par des additions incompatibles, les dispositions adoptées. Il ne peut être fait exception aux règles ci-dessus édictées qu'en vue d'assurer la coordination des dispositions adoptées ou de procéder à une rectification matérielle. »
Il est également contraire à l'article 42, alinéas 11 et 11 bis , du règlement du Sénat, qui dispose : « Il ne sera reçu, au cours de la deuxième lecture ou des lectures ultérieures, aucun amendement ou article additionnel qui remettraient en cause, soit directement, soit par des additions qui seraient incompatibles, des articles ou des crédits budgétaires votés par l'une ou par l'autre assemblée dans un texte ou avec un montant identique. Il peut être fait exception aux règles édictées ci-dessus pour assurer la coordination des dispositions adoptées ou procéder à une rectification matérielle. »
Il est indéniable que l'amendement du Gouvernement, très loin d'avoir rectifié une erreur matérielle, a bien modifié le fond de la disposition votée en termes identiques par les deux assemblées.
Il est tout de même curieux qu'un ministre de la République n'ait pas pris un peu de son temps, ou de celui de ses collaborateurs, pour examiner ces points des règlements des assemblées avant de soumettre son projet de loi à l'examen de celles-ci !
Certes, il est déjà arrivé par le passé que des décisions du Conseil constitutionnel sur ce sujet s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles, mais il reste inacceptable - et c'est là le fait le plus grave - que le Gouvernement fasse fi du rôle du Parlement et nie ainsi un des principes fondateurs de notre démocratie.
MM. Jacques Valade et Hilaire Flandre. Très bien !
M. Gérard César. J'en viens maintenant au projet de loi lui-même.
Je regrette tout d'abord, comme beaucoup de mes collègues, que la commission mixte paritaire n'ait pas permis d'ouvrir le dialogue entre la France rurale et la France urbaine. Son échec symbolise finalement trois années d'une politique d'aménagement et de développement du territoire menée depuis 1997 et qui s'inscrit dans une logique politique et institutionnelle tendant à une recentralisation des pouvoirs de l'Etat, à une urbanisation de nos agglomérations et à une défiance presque instinctive à l'égard du monde rural et de l'ensemble des acteurs qui le composent.
C'est donc bien le Gouvernement qui porte la responsabilité de cet échec en raison de l'intransigeance des parlementaires socialistes et communistes, qui obéissaient aux ordres du Premier ministre, plus soucieux de la cohésion de sa majorité plurielle à quelques mois d'échéances électorales que de la pérennité et du développement du monde rural.
Cet échec est d'autant plus regrettable que, sous l'impulsion de notre excellent rapporteur, le Sénat avait fixé avec ambition et réalisme le cadre général de la chasse et de ses structures pour les années à venir.
C'est ainsi que, s'agissant de la chasse et de son organisation, le Sénat avait notamment appliqué le principe « un chasseur, une voix » à l'élection des membres du conseil d'administration de chaque fédération départementale et ainsi offert la possibilité de fixer par décret un seuil de territoire de chasse à partir duquel le président d'une société de chasse, le président d'un groupement de chasse et le président d'une association de chasse agréée peuvent bénéficier d'une ou plusieurs voix supplémentaires.
Le Sénat avait également précisé que les fédérations départementales des chasseurs sont soumises, comme toute association du type loi de 1901, au contrôle a posteriori du préfet, et non à un contrôle a priori, qui apparaît comme une marque de défiance vis-à-vis des élus des fédérations.
S'agissant des associations communales et intercommunales de chasse agréées, le Sénat avait notamment maintenu le droit en vigueur selon lequel les augmentations de superficie minimale ne peuvent excéder le double, et non le triple, des minima arrêtés et fixé à un an, au lieu de six mois, le délai de préavis que les propriétaires désireux de se retirer d'une association de chasse agréée doivent respecter.
S'agissant du permis de chasser, le Sénat avait notamment donné compétence aux fédérations départementales des chasseurs pour sa validation et mis en place, pour son examen, un jury composé à parité des représentants des fédérations et de l'Office national de la chasse.
Le Sénat avait, en outre, supprimé la création d'un fichier national des permis et des autorisations de chasse.
S'agissant du temps de la chasse, le Sénat avait notamment fixé dans la loi les périodes d'ouverture et de fermeture et supprimé l'instauration du mercredi comme jour de non-chasse, tout en donnant la possibilité au ministre chargé de la chasse, en cas de circonstances exceptionnelles, de demander au préfet de modifier ces dates.
Le Sénat avait également légalisé la chasse de nuit au gibier d'eau, afin de compléter la liste des départements dans lesquels celle-ci peut être pratiquée, et pris en compte les hutteaux.
S'agissant de la gestion du gibier, le Sénat avait notamment prévu le report, par arrêtés des ministres chargés de la chasse et de l'agriculture, de la date de broyage de la jachère sur tous les terrains à usage agricole, afin de prévenir la destruction et, ainsi, de favoriser le repeuplement de toutes les espèces de gibiers.
Le Sénat avait également proposé l'indemnisation des seuls dégâts causés par les sangliers et le grand gibier aux récoltes procurant un revenu professionnel et exclu des cas de négligence en matière de protection.
S'agissant, enfin, des dispositions diverses, le Sénat avait notamment prévu que la désignation des zones de protection spéciale et des zones spéciales de conservation au titre du réseau Natura 2000 ne fasse pas d'obstacle à l'exercice du droit de chasse.
Toutefois, pour que s'établisse enfin dans le pays un climat serein et apaisé sur un problème qui suscite beaucoup de passions, le groupe du Rassemblement pour la République souhaitait faire de réelles concessions sur de nombreux litiges entre les deux assemblées.
Il était, notamment, disposé à rechercher des solutions acceptables par tous sur le jour de non-chasse, la chasse de nuit, les règles de sécurité - autour desquelles l'unanimité se serait faite aisément - la surveillance des territoires et des espaces naturels.
Forts de promesses de futurs décrets, les parlementaires socialistes, communistes et Verts, en ont décidé autrement, tout en mettant en relief les contradictions de la majorité plurielle du Premier ministre, Lionel Jospin, à travers chacune de leurs déclarations.
C'est ainsi que François Patriat, rapporteur socialiste pour l'Assemblée nationale, a estimé que « le vote maximaliste du Sénat sur le projet de loi ne plaidait pas en faveur d'une solution de compromis au sein de la commission mixte paritaire ». Il a affirmé en commission mixte paritaire que quinze « points durs » le séparaient du texte adopté par la Haute Assemblée. Il ajoutait, quelques jours plus tard, que « personne n'était complétement satisfait du compromis obtenu en première lecture à l'Assemblée nationale ».
M. Gérard Larcher. Il avait raison ! Bravo !
M. Gérard César. Jean-Louis Carrère, sénateur socialiste, a, quant à lui, considéré, à l'inverse, « qu'il était possible de débattre des articles restant en discussion ».
M. Jacques Valade. Il avait raison !
M. Gérard César. Gérard Le Cam, sénateur communiste, certainement du même avis, a rappelé l'état d'esprit dans lequel son groupe avait abordé le débat à l'Assemblée nationale, puis au Sénat et a souligné « les améliorations apportées au texte par la Haute Assemblée ».
M. Jacques Valade. Très bon esprit !
M. Gérard César. D'ailleurs, il faut souligner qu'au Sénat le groupe communiste a voté le texte de la majorité sénatoriale et que le groupe socialiste n'a pas participé au vote final.
M. Raymond Courrière. Ils ont voté en commission mixte paritaire !
M. Gérard César. François Liberti, député communiste, a rappelé que son groupe avait cherché à amender le projet de loi et a déclaré à ce propos que « l'absention finale du groupe communiste sur l'ensemble du texte, lors du vote solennel de l'Assemblée nationale, traduisait l'existence d'avancées mais que celles-ci étaient insuffisantes ».
Jacques Desallangre, député du groupe Radical, Citoyen et Vert, a souligné que « négocier en commission mixte paritaire était un devoir, car les différents acteurs du monde cynégétique attendent la poursuite du débat ».
En revanche, Noël Mamère, député Vert du même groupe politique que Jacques Dessallangre, a menacé de voter contre le texte si l'Assemblée nationale reprenait les dispositions adoptées au Sénat.
M. Jacques Valade. Ça se dégrade !
M. Gérard César. Christian Bataille, député socialiste a, quant à lui, déclaré qu'un accord « était difficile, voire impossible ».
Toutes ces déclarations de la majorité plurielle, aussi contradictoires qu'idéologiques, nous prouvent que le Gouvernement a refusé tout compromis et porte ainsi toute la responsabilité de l'échec de cette commission mixte paritaire. (Applaudissements sur les travées du RPR.) C'est peut-être la raison pour laquelle seize députés socialistes ont voté contre le projet de loi en nouvelle lecture.
M. Henri de Raincourt. Quatorze !
M. Philippe Madrelle. Et où étaient les députés de droite.
M. Gérard César. A la chasse... à l'étranger, bien sûr !
Le Gouvernement persiste donc à nier les valeurs et l'existence même du monde rural et laisse à ses acteurs le sentiment d'être incompris et délaissés.
En conséquence, parce que le groupe du Rassemblement pour la République croit qu'une gestion décentralisée peut être une gestion efficace et rigoureuse, que c'est au plus près du terrain que peut s'élaborer cette gestion équilibrée du patrimoine cynégétique qui doit être l'objectif sincère de toutes les parties en présence, il votera le texte que nous propose notre excellent rapporteur, Mme Heinis, c'est-à-dire la reprise du texte précédemment adopté par le Sénat. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Raymond Courrière. Bravo pour la conciliation ! Tout ce que voulait la droite, c'était une opération politique. Le RPR s'est démasqué !
M. le président. La parole est à M. Gérard Larcher.
M. Gérard Larcher. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous nous retrouvons donc pour le débat sur la chasse. Soyons francs, ce débat me laisse un goût de « buisson creux », comme on dirait en vénerie. Alors que, personnellement, j'ai souhaité l'aborder en conjuguant raison avec passion, en évitant d'un faire un enjeu électoraliste, j'ai bien l'impression que ce débat a été un peu pipé.
M. Raymond Courrière. Il faudrait vous entendre entre vous, alors !
M. Gérard Larcher. Mme Voynet a raté ce rendez-vous qui aurait pu être l'occasion d'une rencontre entre chasseurs et non-chasseurs, entre monde rural et monde urbain, autour de sujets aussi essentiels que la préservation de l'espace naturel et de sa faune, le partage d'usage de la nature, qui continue d'être dispersé entre plusieurs textes, soit récents, soit à venir. Je pense au futur projet de loi sur la forêt ; je pense aussi à la loi sur le sport, dans laquelle nous avons intégré la dimension d'ouverture du sport pour tous dans l'espace naturel ; je pense également au texte sur l'utilisation des véhicules tout terrain dans le milieu naturel... Le partage d'usage de la nature, c'est tout cela !
Or, dans ce débat, nous avons peu parlé des conséquences de la pression urbaine sur cet espace naturel, la faune et la flore.
Aujourd'hui, alors que l'adage veut que « à la Saint-Jean, les perdreaux sont volants » et que l'on sait qu'il y a un décalage de la naissance des jeunes perdreaux - ils vont éclore dans les jours qui viennent - a-t-on parlé du problème des chemins ruraux, de la gestion de ces chemins, ou du problème, dans le cadre des contrats territoriaux d'exploitation, de la mise en place d'une gestion de la faune naturelle et du gibier ? Nous en avons si peu parlé au cours de ce débat, préférant nous jeter à la tête des dates, des principes...
Comment ne pas dire que j'ai ressenti profondément la rigidité du ministre dans le débat, qui n'a pas contribué à apaiser d'autres rigidités qui étaient, elles, dans le camp adverse ?
Et pourtant, à un certain moment, ici, nous avons quitté nos clivages politiques, nous n'étions plus ni la majorité ni la minorité. Nous avons pensé que nous pouvions trouver un texte d'équilibre, que le débat en commission mixte paritaire aurait pu permettre d'atteindre.
Les « blaireaux » ne dorment pas autant que l'imagine M. Patriat - je le lui ai dit récemment, l'invitant à partager la passion de la vénerie souterraine avec des blaireaux. Certains blaireaux, oui, ont été qualifiés de « suppôts de l'extrême chasse », d'autres ont été accusés d'être des soutiens des lobbies.
Nous nous sommes alors sentis proches du « bécassier », qui attend le début de novembre avec frémissement. Nous nous sommes sentis proches du « petit huttier », qui attend, la nuit, l'hypothétique passage et à qui les statistiques - voyez comme les statistiques sont désincarnées ! - attribuent 0,40 prise par nuit en moyenne nationale, alors que la prise n'a aucune importance ! La passion de la hutte, de la tonne, du gabion, du hutteau... c'est autre chose ! C'est un mode de vie, c'est une culture !
Il n'est que de voir comment, dans les départements de la Somme ou du Pas-de-Calais - que j'ai découverts, car je n'étais pas de cette culture - comment, dans les cantons où, il y a quelques années encore, le chômage oscillait entre 20 et 25 %, ceux qui se rendaient à la tonne, à la hutte, au hutteau et qui l'entretenaient, évitaient d'une certaine façon les dérives que nous avons vues ailleurs, dans l'espace urbain. Cela fait aussi partie des réflexions sur la réalité de la culture de la chasse dans notre société.
Nous avons pensé - nous n'en avons pas encore parlé - au garde-chasse bénévole de la société communale qui, toute l'année, agraine, régule, et qui sait, lui, que quelques journées de chasse nécessitent 350 journées de préparation.
Nous avons été proches de celui qui vit sa tradition sans pour autant oublier - au moins était-ce mon cas - ces citadins qui ont besoin de nature, d'une nature authentique, qu'ils doivent mieux connaître pour mieux la respecter - et je reviens ainsi à mon observation précédente sur la plaine et les perdreaux.
Cet équilibre, je le répète, était à notre portée.
Mais, sincèrement, nous n'avons pas senti la volonté de Mme la ministre d'entrer vraiment dans le dialogue, au point même d'obliger, un soir de CMP, un certain nombre de nos collègues à sortir de ce dialogue. Pour de nouveau user du vocabulaire de la vénerie, j'ai eu le sentiment qu'il y avait en permanence des hourvaris de la part de Mme la ministre !
Mais, chers collègues qui n'avez pas pu nous suivre en commission mixte paritaire, au fond, je ne vous en tiens pas rigueur : les réalités de la majorité plurielle se sont imposées à vous ! Pourtant, n'était-ce pas l'occasion de s'en libérer ? (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Gérard César. On était pressé !
M. Gérard Larcher. Sans doute ce texte contient-il des avancées.
La chasse est légitimée et reconnue, car, paraît-il, elle en avait besoin. Il est vrai que le vieux texte de 1844 datait un peu !
La participation des fédérations de chasseurs aux missions essentielles est reconnue, notamment - c'est important pour l'ancien président de fédération que je suis - en ce qui concerne le schéma de gestion cynégétique, qui, si on lui en donne les moyens, sera un outil tout à fait essentiel d'aménagement et d'équilibre du territoire, sur le plan cynégétique comme sur celui de l'espace naturel.
M. Roland du Luart. Cela changera beaucoup de choses !
M. Gérard Larcher. La chasse de nuit est légalisée. Le droit de non-chasse est encadré, sans pour autant faire disparaître les apports extrêmement positifs de l'organisation territoriale de la chasse, notamment au sud de la Loire, dans le cadre des associations de chasse agréées. La loi Verdeille, ne l'oublions pas, a en effet été un acte extrêmement positif pour l'avenir de la chasse, on l'a trop peu dit au cours de ce débat.
Mais, alors que nous étions ouverts à un vrai consensus, nous avons senti chez Mme Voynet ce que j'ai baptisé le « front du refus », front du refus qui nous a conduits à des comptes d'apothicaire pour déterminer le nombre de départements autorisés - dix-huit ?... vingt et un ?... - au point que, nous, emportés dans la multiplication, nous étions passés à trente et un. Peut-être avions-nous été un peu rapides ! Il y en a vingt-huit, où gabion, hutte, hutteau et tonne sont un mode de chasse traditionnel reconnu et pratiqué. N'oublions pas l'Ille-et-Vilaine, les Côtes-d'Armor, le Finistère, la Vendée, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées et la Meuse. Il faut qu'à cet égard le Gouvernement s'engage.
Pour tout vous dire, j'ai eu l'impression que le combat de Mme Voynet visait en permanence à en donner le moins possible, alors que l'objectif aurait dû être le mieux gérer, le mieux chasser et, finalement, le mieux partager l'usage de la nature.
S'agissant des dates - je soutiens Mme le rapporteur à ce sujet et la remercie du travail qu'elle a accompli, en nous écoutant les uns et les autres dans notre diversité, et ce avec beaucoup de patience et de mesure - notre position n'est pas tellement contraire à la directive.
M. Gérard César. Non, en effet !
M. Gérard Larcher. D'autant que l'extension du PMA, le prélèvement maximum autorisé, donne finalement au préfet, notamment pour la clause de sauvegarde, adoptée au Sénat, toute latitude pour défendre la chasse et permet aussi de prendre en compte les variabilités des migrations liées aux conditions météorologiques. Au fond, si ce débat sur les dates est devenu aussi essentiel, c'est parce la confiance n'existe plus entre les chasseurs, le ministère de l'environnement et la très lointaine Commission européenne.
M. Henri de Raincourt. Hélas !
M. Roland du Luart. C'est le problème de fond !
M. Gérard Larcher. Je veux vous citer le paradoxe de l'oie.
Dans l'avant-projet de décret, il n'y a plus que l'oie sédentaire - variété inconnue, si ce n'est dans les cours de ferme (Sourires) - qui pourra être chassée demain. En effet, après le 31 janvier - sauf catastrophe météorologique ! - l'oie n'est pas encore passée sur son trajet de retour !
Le paradoxe de l'oie, c'est un peu le paradoxe de ce texte ! Voilà donc que nous en serions réduits, ce qui est contraire à notre éthique, à ne chasser l'oie que dans les cours de ferme, ou à inventer la nouvelle variété d'oie sédentaire... alors même que certains nous disent s'appuyer sur des rapports scientifiques ! Le paradoxe de l'oie doit être levé, car il est une tache sur ce texte.
Le rapporteur de l'Assemblée nationale, avec qui je me suis entretenu depuis dans le cadre de rapports confraternels, est bien convenu avec moi qu'il n'y avait pas encore d'oies-TGV, qui arriveraient plus tôt que les oies du siècle passé, et qu'il nous faut donc résoudre le paradoxe de l'oie. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE et sur certaines travées socialistes.)
M. Ladislas Poniatowski. Il est en forme !
M. Roland du Luart. Même M. le ministre y prend goût !
M. Henri de Raincourt. Il aime l'oie !
M. Gérard Larcher. Les chasseurs ont le sentiment d'être les mal-aimés, de ne plus être considérés, d'être catalogués, en fait, hors la mode du temps.
Ils ne sont pas hors la mode du temps. Ils ne sont pas simplement un témoignage du passé. Ils sont une réalité qu'il faut prendre en compte.
Voilà pourquoi, comme nos collègues Charles de Courson et Henri Sicre à l'Assemblée nationale, je soutiendrai la proposition de notre rapporteur sur les dates.
M. Gérard César. Très bien !
M. Gérard Larcher. Je crois en effet qu'il n'y a pas d'autre solution. Si nous avions pu résoudre le paradoxe de l'oie, peut-être aurions-nous adopté une autre position, en tout cas en ce qui me concerne.
Cette nouvelle lecture du projet de loi doit être l'occasion de « viabiliser » ce texte final au travers d'un certain nombre d'amendements techniques, qu'il s'agisse des fédérations et des moyens qui leur sont alloués - et je partage ce qu'a dit Mme le rapporteur : nous avions un peu oublié les deux fédérations interdépartementales et j'essaie, avec mon groupe, de rattraper cet oubli peu compréhensible de ma part, car j'ai présidé l'une des deux fédérations interdépartementales ; je veux parler de la fédération de l'Essonne, des Yvelines et du Val-d'Oise, ainsi que de la fédération de Paris avec les départements de la petite couronne - qu'il s'agisse du tir par rapport à la nappe d'eau où, si nous continuons, nous devrons utiliser boussole, compas...
M. Philippe François. ... sextant...
M. Gérard Larcher. ... et je ne sais quel autre instrument... pour nous rendre sur les territoires, qu'il s'agisse encore d'un certain nombre d'autres points.
Monsieur le ministre, je vous poserai trois questions.
Tout d'abord, s'agissant du financement des compétences des fédérations, l'Assemblée nationale a conservé le caractère d'intérêt général aux dépenses d'indemnisation des dégâts de gibier, que les fédérations vont désormais assurer. Mais elle a entendu « privatiser » les recettes correspondantes puisque seules les cotisations des fédérations pourront financer ces indemnisations.
Ce dispostif ne fait-il pas peser un risque sur les conditions de fonctionnement des fédérations ? Ne remet-il pas en cause le rôle d'arbitre de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage et, à terme, le principe même de fonds de péréquation ? Je souhaiterais avoir une réponse sur ce point, pour qu'elle figure clairement à nos débats.
M. Roland du Luart. C'est une réelle inquiétude !
M. Gérard Larcher. Ma deuxième question a rarement été soulevée : que recouvre exactement la nouvelle notion de grande zone de nidification dans laquelle la chasse ne serait ouverte qu'à compter de l'ouverture générale, voire du 1er octobre ? Ne risque-t-elle pas de donner naissance à des contentieux, car vous aurez ceux qui voient la nidification extensive et ceux qui voient la nidification ciblée ? Il nous faut sur ce point une réponse, monsieur le ministre, parce que celle-ci, portée à nos débats, évitera demain des décisions de justice erratiques, sources de nouveaux conflits.
M. Roland du Luart. Tout à fait !
M. Gérard Larcher. Sinon, le monde de la chasse ne sera pas apaisé sur ce sujet.
M. Roland du Luart. On compte sur vous, monsieur le ministre !
M. Gérard Larcher. En ce qui concerne la reconnaissance d'un jour de non-chasse, je soutiendrai sans réserve la proposition de Mme le rapporteur, y compris sur l'évolution du possumus. Le Sénat propose, en fait, de déconcentrer la procédure de fixation du jour de non-chasse à l'échelon départemental pour l'adapter aux circonstances locales.
M. Roland du Luart. C'est le bon sens !
M. Gérard Larcher. Il faut sortir des effets d'affichage.
Mais comment justifierons-nous - c'est ma troisième question - le fait que cette interdiction générale ne s'appliquera pas aux postes fixes pour la chasse aux colombidés du 1er octobre au 15 novembre ?
Voilà trois questions auxquelles beaucoup, à commencer par les agriculteurs, attendent des réponses.
Même si nous arrivons à faire évoluer les choses, même si, comme je l'espère, nos collègues de l'Assemblée nationale reprennent un certain nombre de nos travaux, je crains que le texte final ne soit difficile à appliquer car il ne sera pas reconnu par les chasseurs et sera considéré comme n'allant pas assez loin par ceux qui voulaient faire une mauvaise manière à la chasse. Pourtant, les chasseurs ne sont pas tous des partisans de l' « extrême chasse » ! Il faut faire attention aux mots, y compris entre nous, mes chers collègues, quelles que soient les travées sur lesquelles nous siégeons.
M. Roland du Luart. Ô combien !
M. Gérard Larcher. Je crois que le Sénat a fait oeuvre de pragmatisme et de réalisme, raison pour laquelle je soutiendrai les propositions de notre rapporteur. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du groupe socialiste.)
M. Roland du Luart. Cela prouve bien que, sur la chasse, un vétérinaire peut en valoir un autre ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est très désabusé que je viens pour la deuxième fois aborder avec vous ce débat sur la chasse.
Même si je note avec satisfaction, monsieur le ministre, une évolution dans l'approche du Gouvernement, à en juger par la présentation du texte que vous venez de faire au Sénat, même si je note également, madame le rapporteur, l'évolution que vous avez donnée à votre position par la présentation d'un certain nombre d'amendements en commission par rapport à l'analyse du Sénat en première lecture, je ne vous cache pas ma désillusion alors que nous abordons la discussion en nouvelle lecture de ce projet de loi, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, je crois très sincèrement que, contrairement aux propos qui ont été tenus par mon collègue Gérard César, tout n'a pas été fait pour que nous puissions parvenir à un accord en commission mixte paritaire, alors que cet accord paraissait possible.
M. Gérard César. Nous le pensions aussi !
M. Jean-Marc Pastor. Nous avions, les uns et les autres, eu l'occasion de l'évoquer, notamment en commission.
Les raisons de cet échec sont nombreuses.
Tout d'abord, évoquer la CMP, c'est évoquer le travail qui est réalisé en amont : en fonction des positions que l'on défend, on peut permettre qu'une porte s'entr'ouvre en CMP pour aboutir à un accord. Or je ne suis pas persuadé que la majorité du Sénat ait fait beaucoup pour entr'ouvrir cette porte.
Certaines des dispositions qui ont été adoptées par notre assemblée étaient parfois empreintes d'excès, voire d'une forme de démagogie, et elles allaient au-delà des intérêts des chasseurs et de la chasse, au risque de jeter le discrédit sur certaines propositions du Sénat. Je n'en veux pour preuve que la présentation d'un certain nombre d'amendements tendant à revenir sur diverses mesures à l'occasion de cette nouvelle lecture.
Je ne prendrai que quelques exemples pour illustrer mon propos.
Tout d'abord, pourquoi vouloir instaurer la double tutelle, alors que nous savons tous qu'il revient au Président de la République et au Premier ministre de définir le rôle de chacun des ministres en formant le Gouvernement ? Pourquoi persister, si ce n'est pour créer un trouble, à la fois inutile et illégal ?
Ensuite, pourquoi avoir refusé, en tout cas en première lecture, le jour de non-chasse alors que, globalement, le monde de la chasse s'était fait à cette idée ? Nous savons très bien que la plupart des fédérations de chasse vont même au-delà de cette exigence. (Exclamations sur les través du RPR.) Il s'agit d'une idée qui est entrée dans les moeurs ! Il était possible de trouver, à partir de cette approche, un lien entre le monde de la chasse et le monde de la non-chasse.
Par ailleurs, pourquoi persister à faire figurer dans la loi les dates d'ouverture de la chasse ? En maintenant cette position, vous faites courir le risque que la France, une fois de plus, ne soit sanctionnée sur le plan européen. Le groupe socialiste vous avait pourtant proposé, dans un amendement, une réécriture de l'article 10, qui reprenait les mêmes dates limites, mais en considérant ces dates comme des butoirs à ne pas dépasser : un décret permettait de se positionner à l'intérieur de ces butoirs, de façon que la loi française soit conforme à la réglementation européenne. Vous auriez ainsi évité ce que nous avons connu, y compris la semaine dernière, à savoir le report de décisions tendant à déclarer l'ouverture de la campagne de chasse immédiate.
Pourquoi camper sur ces positions alors que vous nous avez expliqué en commission mixte paritaire - je l'ai bien entendu ! - que vous étiez en mesure de revenir sur l'ensemble des décisions que vous aviez défendues dans cet hémicycle ?
Vous demandez le maintien, dans l'article 10, de la fixation des dates d'ouverture de chasse, alors que, nous le savons, ces dispositions sont incompatibles avec la réglementation européenne.
C'est vouloir créer un véritable problème au monde de la chasse ! Nous avons pu le constater avec les lois précédentes, à propos desquelles nous nous sommes heurtés à un refus de l'Europe.
Vous voulez faire bonne figure devant le monde de la chasse. N'est-ce pas là une sorte de stratégie politique visant à créer un trouble dans le pays tout en voulant apparaître comme étant les meilleurs défenseurs de la chasse ?
Plusieurs sénateurs du groupe socialiste. C'est cela !
M. Jean-Marc Pastor. Aujourd'hui, je m'interroge devant certains excès commis au cours de la première lecture. Notre groupe a voté bon nombre d'amendements, certes, mais il a refusé, en fin de parcours, de participer au vote et de tomber dans le piège de la démagogie.
M. Gérard César. Courage, fuyons !
M. Jean-Marc Pastor. Une autre attitude aurait permis, je le crois, de trouver un accord. Si vous n'aviez pas utilisé la procédure d'urgence, monsieur le ministre (Marques d'approbations sur les travées du RPR), et si la commission mixte paritaire était intervenue à la suite de la deuxième lecture - je dois reconnaître, en effet, au vu du débat préparatoire à la discussion d'aujourd'hui, que des évolutions sont apparues, que je tiens à saluer, tout comme je salue l'important travail accompli par Mme le rapporteur dans cette approche (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants)...
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est Mme le rapporteur que nous applaudissons.
M. Jean-Marc Pastor. ... peut-être alors un certain nombre de pas supplémentaires auraient-ils permis d'aboutir à un accord en commission mixte paritaire.
Je retiens bien sûr, madame le rapporteur, les évolutions positives que vous êtes à même de nous proposer en nouvelle lecture, notamment en ce qui concerne le jour de non-chasse qui me semble être un élément fondamental permettant de rapprocher les deux sociétés.
Plutôt que de s'entêter dans une oppostion stérile au Gouvernement, nous aurions pu certainement, dès la première lecture, faire de grandes avancées dans ce domaine, afin d'aboutir, comme nous l'avions souhaité les uns et les autres - je le crois très sincèrement - à un accord en commission mixte paritaire.
Mon groupe a voté de nombreux amendements, de la majorité sénatoriale, mais il a aussi proposé des amendements « médians », qui auraient pu constituer l'interface entre le monde de la chasse et le reste de la société. Nous sommes tous convaincus que la chasse - cela a été dit par l'un des précédents intervenants - est un élément essentiel pour l'équilibre de notre société, notamment du monde rural, qu'il faut protéger et maintenir.
Ni le Gouvernement, monsieur le ministre, ni l'Assemblée nationale n'ont souhaité soutenir cette voie médiane que nous tentions de tracer.
C'est le deuxième volet de ma désillusion que je veux rappeler à cette tribune.
Chacun s'est braqué, convaincu de détenir une vérité qu'il imposerait à l'autre. J'en suis personnellement profondément navré et attristé. Cette loi, qui devrait s'inscrire dans une législation sur la ruralité, qui s'ouvre à la société, risque d'être un exemple de plus de l'opposition lancinante d'un monde urbain face au monde rural. Je ne serais pas surpris, monsieur le ministre, que, dans quelques mois, ce soit un enjeu et un message politique qui déchirera notre société. (Marques d'approbation sur les travées du RPR.)
M. Louis Althapé. A qui la faute ?
M. Jean-Marc Pastor. Je suis prêt à prendre rendez-vous.
A l'égard du texte qui a été adopté par l'Assemblée nationale, notre groupe conservera, pour l'essentiel, le même comportement qu'en première lecture.
Logiques avec notre analyse, nous positionnons la chasse comme l'histoire d'une tranche de vie de beaucoup de nos concitoyens que nous voulons protéger...
M. Gérard Larcher. C'est vrai !
M. Jean-Marc Pastor. ... mais avec plus de transparence peut-être et avec le souci de l'intégrer à notre société.
Nous ne voulons pas marginaliser le monde de la chasse.
Soutenons, par exemple, un vrai contrôle des fédérations a posteriori , comme pour d'autres associations. Faisons en sorte que ce type d'associations ne soit pas mise à l'écart par rapport aux autres. Sinon, demain, nous aurons un groupe qui se positionnera contre nous ! Essayons d'éviter tout cela si nous voulons que la paix règne dans notre pays.
Je regrette que l'Assemblée nationale n'ait pas souhaité entendre les nombreuses sonnettes d'alarme que nous avons tirées dans cet hémicycle. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.) Dites-moi, mes amis, vous qui applaudissez maintenant, où étaient les députés de droite lors de la nouvelle lecture de ce texte ? Je n'ai pas le souvenir de les avoir entendus soutenir avec force telle ou telle position.
M. Jean-Pierre Raffarin. Ils étaient désespérés ! (Sourires.)
M. Jean-Marc Pastor. Nous le sommes aussi, mais nous sommes présents !
M. Jean-Pierre Bel. Désertion !
M. Jean-Marc Pastor. Je déplore que notre amendement sur l'article 10 - je vais y revenir - n'ait pas été repris. Il pouvait faire le lien avec les directives européennes. Avec des périodes butoirs par espèce, il respectait les diversités biologiques et locales. Nous proposerons à nouveau cet amendement au cours de cette nouvelle lecture, et nous n'aurons de cesse d'en rappeler la teneur.
Vous le sentez dans mes propos, l'enthousiasme n'est pas de mise aujourd'hui. Dans ce débat, nous devrons puiser notre enthousiasme au plus profond de nous-mêmes, fidèles à nos valeurs d'écoute, d'éthique, de respect de l'autre. Les membres de mon groupe ne participeront pas, si les choses devaient se passer comme en première lecture, au sacrifice d'un texte qui aurait pu être un excellent consensus. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. de Richemont.
M. Henri de Richemont. Le projet de loi que nous examinons a fait l'objet de débats passionnés en ce qui concerne tant le jour hebdomadaire de non-chasse que les problèmes de gibier d'eau ou les dates d'ouverture de chasse de jour ou de nuit.
La région Poitou-Charentes, que M. Raffarin et moi-même représentons dans cet hémicycle, est très concernée par nos débats. D'ailleurs, en première lecture, M. Raffarin a développé, avec conviction et passion, le principe auquel nous sommes très attachés, à savoir la subsidiarité. Nous sommes contre l'uniformisation réductrice.
Pourtant, en médiatisant toutes ces questions, et sûrement à juste titre, on est passé à côté d'un point qui nous paraît fondamental : l'utilisation des agents employés par les fédérations départementales de chasseurs.
Jusqu'à présent les gardes fédéraux constituaient une sorte de police de proximité d'une grande utilité pour les responsables d'associations de chasse. Mais ils ont été placés, à la demande du Gouvernement, sous l'autorité de l'Office national de la chasse, et ne sont donc plus sous l'autorité des fédérations de chasseurs. Ainsi, aux termes du projet de loi qui nous revient de l'Assemblée nationale, les agents de développement cynégétique qui ont du être engagés par les fédérations après le départ des gardes fédéraux ne figurent plus, monsieur le ministre, sur la liste des personnes dont les procès-verbaux font foi en matière de délits de chasse. Peu ou mal reconnus, ils n'ont plus aucun pouvoir pour intervenir dans ce domaine, et cela nous paraît profondément regrettable.
M. Roland du Luart. Effectivement, ce n'est pas normal !
M. Henri de Richemont. Les présidents d'association de chasse sont demandeurs d'une police de proximité qui puisse effectuer la vérification des permis de chasse, ou des droits de chasse et, surtout, régler sur le terrain les petits problèmes auxquels tout président de fédération, tout président d'association de chasseurs est confronté. Il est bien évident, monsieur le ministre, que celui-ci ne pourra pas faire appel à la gendarmerie à une époque où il est question de fermer les gendarmeries dans notre milieu rural pour les transférer dans les agglomérations ; les gendarmes ont d'autres occupations. Aujourd'hui, les gardes de l'ONC sont plus souvent des gardes de l'environnement que des gardes-chasse. Je ne pense donc pas qu'ils soient préoccupés par les petits problèmes que rencontrent les chasseurs et les présidents d'association de chasse.
Nous considérons que les fédérations départementales doivent pouvoir offrir à leurs associations l'aide d'une autorité reconnue, présente sur le terrain et dont l'action soit complémentaire de celle des gardes de l'ONC, avec possibilité de verbaliser et dont la seule existence représentera le plus souvent une dissuasion suffisante.
Monsieur le ministre, le Gouvernement, à juste titre, n'a pas touché aux prérogatives que détiennent les gardes particuliers qui sont employés par des personnes physiques ou par des associations sur des territoires où le droit de chasse leur appartient. Toutefois, leurs pouvoirs sont limités puisqu'ils ne peuvent intervenir que concernant les seuls préjudices subis par les détenteurs de droit de chasse qui les emploient. Ils ont tout de même la possibilité de dresser un procès-verbal qui fait foi.
En première lecture, l'Assemblée nationale a voté un amendement aux termes duquel les associations peuvent passer une convention avec la fédération pour mettre les agents de développement au service des associations de chasse. Cependant, monsieur le ministre, à quoi sert un garde, un agent, une police de proximité, s'il n'y a pas le pouvoir de verbaliser ? Cette possibilité de mettre ces agents au service des associations de chasse est vaine et sans intérêt si ces agents n'ont pas le pouvoir de verbaliser.
C'est la raison pour laquelle nous souhaitons que les fédérations de chasseurs puissent recouvrer la possibilité, comme lorsque les gardes fédéraux étaient sous leur autorité, de bénéficier d'une police de proximité, qui pourra être mise au service des associations de chasseurs. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean-Pierre Raffarin. Bravo !
M. le président. La parole est à M. de Raincourt.
M. Henri de Raincourt. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je comprends parfaitement les raisons pour lesquelles Mme Voynet ne peut être présente aujourd'hui. Cependant, je le déplore, car le climat dans lequel ce débat s'est déroulé depuis un certain temps n'est pas apaisé et, je regrette d'avoir à dire, elle n'y est pas pour rien. Les explications vont donc perdre un peu de leur vigueur.
Nous arrivons au terme d'un débat qui a suscité de nombreux élans sur toutes les travées.
Je ne reviendrai pas en détail sur les mesures préconisées, sur le contenu et l'élaboration du projet de loi. Je tiens cependant, du fond du coeur, à saluer le travail tout à fait remarquable, patient et désintéressé, accompli par le rapporteur, notre collègue et amie Anne Heinis, qui n'a pas ménagé ses efforts - et cela a été reconnu - pour aboutir à un texte équilibré, « un bon texte pour la chasse », disait-elle, et c'était vrai.
MM. Gérard César et Gérard Larcher. Très bien !
M. Henri de Raincourt. Nous avons assisté à un débat passionné. En soi, ce n'est pas un mal. Mais, dans le cas présent, la passion a parfois été arbitrairement inspirée afin de provoquer l'affrontement et la radicalisation des positions, dans le but d'imposer, au final, une solution qui avait été décidée d'avance.
M. Gérard César. Eh oui !
M. Henri de Raincourt. Je ne prendrai qu'un exemple : pourquoi plusieurs membres du Gouvernement se sont-ils livrés à des déclarations presque alarmantes sur les risques de sanctions financières qu'encourrait la France...
M. Gérard César. Exact !
M. Henri de Raincourt. ... si le texte voté n'était pas conforme au droit européen ?
M. Pierre Martin. Ce qui est faux !
M. Henri de Raincourt. Il ne me semble pas avoir entendu de tels propos, prononcés avec autant de vigueur, quand le Gouvernement a été améné à transposer avec beaucoup de retard d'autres directives européennes, comme celle sur l'électricité.
M. Gérard César. Eh oui !
M. Henri de Raincourt. Il y a donc bien deux poids deux mesures, et il faut reconnaître que l'impression de « tir à vue » sur la chasse que certains ont pu ressentir n'était pas sans fondement.
Les conditions du débat parlementaire sont symptomatiques de la méthode qui a été mise en oeuvre : on a voulu contraindre le Parlement. En l'occurrence, je ne pense pas seulement à la majorité sénatoriale - j'allais presque dire qu'elle est là pour ça - je pense aussi à la majorité qui soutient le Gouvernement et qui, au fil des débats, a été amenée à changer de position pour des raisons étrangères à la nature même du texte.
Ce projet de loi était nécessaire, mais il nous a été soumis tardivement. Je crois que la méthode qui avait été utilisée par Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement avait montré ses limites et que, après avoir perdu du temps, on a considéré qu'il fallait discuter en toute hâte dans le cadre d'une procédure d'urgence.
Les conditions de l'échec de la commission mixte paritaire confirment cette analyse. Mme le rapporteur l'a dit : en réalité, on peut penser qu'on ne voulait pas que le dialogue s'instaure entre l'Assemblée nationale et le Sénat parce qu'il risquait de déboucher sur un texte commun, ce dont on ne voulait à aucun prix, pour des raisons qui tiennent plus à l'équilibre de la majorité plurielle qu'au texte sur la chasse.
En fait, l'esprit de conciliation n'existait que chez les élus de l'opposition. Nos collègues sénateurs de gauche ont eux-mêmes été mis dans des situations qui n'étaient pas toujours très confortables puisqu'ils ont dû rejoindre la position de leurs homologues députés pour faire échouer la commission mixte paritaire. Je ne suis pas certain que sur la totalité des dispositions, tel était leur choix.
Cette volonté de ne pas aboutir à un compromis est d'autant plus claire que M. Patriat, rapporteur du texte à l'Assemblée nationale, a annoncé à la presse l'échec de la commission mixte paritaire alors même que les travaux de celle-ci n'étaient pas achevés et qu'aucun vote n'avait encore eu lieu.
Tout cela est, en réalité, navrant et misérable !
Je souhaite relever deux éléments regrettables qui ont émaillé les débats à l'Assemblée nationale.
D'abord, le Gouvernement est revenu sur les dispositions relatives à l'ours, alors qu'elles avaient été votées dans les mêmes termes par les deux assemblées. Ce que je critique, ce n'est pas le fond, c'est la forme. Il est peu commun que, dans un débat parlementaire, on revienne sur un texte voté en termes identiques par l'Assemblée nationale et par le Sénat. Il s'agit d'une pratique absolument contestable,...
M. James Bordas. Illégale !
M. Henri de Raincourt. ... voire illégale, en effet.
Ensuite, M. Patriat, que je connais bien puisque, comme moi, il est Bourguignon, a présenté les travaux du Sénat en des termes inacceptables. Connaissant François Patriat comme je le connais, cela me désole qu'il ait déclaré : « Je pense que le Sénat, en voulant faire plaisir à tous les chasseurs, y compris les plus extrêmes, et en cédant à toutes leurs revendications, a créé dans l'opinion française un phénomène de stupéfaction, » - cela reste à démontrer - « voire de rejet, en tout cas d'incrédulité. »
Mes chers collègues, la caricature, la dramatisation et la mise à l'index n'enrichissent jamais le débat démocratique. En revanche, chaque fois que l'on veut donner l'impression d'être en phase avec l'opinion et que l'on parle de modernité, tous les moyens sont bons afin de « mettre le Sénat en ligne de mire » et de le faire passer pour ce qu'il n'est pas, et les exemples sont légion.
Monsieur le ministre, je voudrais vous dire, mais je pense que vous le savez, que nous ne sommes pas des extrémistes, pour reprendre le terme que votre collègue Mme Voynet s'est permis d'utiliser pour qualifier le texte voté en première lecture au Sénat. En effet, elle avait déclaré que ce texte « allait au-delà des aspirations les plus folles des groupes les plus extrémistes ». Permettez-moi de dire que de tels propos de la part de quelqu'un qui exerce une très éminente fonction gouvernementale sont regrettables. Je plaiderai donc une fois encore, comme beaucoup ici, contre les intégrismes de tous bords, pour la liberté de tous les usagers de la nature, qu'ils soient chasseurs ou non.
M. Gérard Larcher. Très bien !
M. Henri de Raincourt. Il faudrait un jour convenir entre nous qu'il est mesquin et ridicule d'opposer d'une manière arbitraire les chasseurs et les protecteurs de la nature.
M. Gérard Larcher. C'est exact !
M. Henri de Raincourt. Ils appartiennent, pour la plupart d'entre eux à une même entité. Si on continue à les opposer, c'est probablement que cela doit arranger quelqu'un quelque part. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste. - M. Fernand Demilly applaudit également.)
M. Pierre Martin. C'est vrai !

M. Henri de Raincourt. Mais ce n'est bon pour personne. En tout cas, ce n'est pas bon pour la cohésion de notre société.
La chasse, mes chers collègues, est une tradition ; elle fait partie de notre culture.
M. Jean-Pierre Raffarin. Républicaine !
M. Gérard Larcher. Effectivement !
M. Henri de Raincourt. En cela, elle est totalement légitime. La grande majorité des chasseurs, nous le savons bien, n'aspire qu'à une chose : pratiquer tranquillement ce loisir qui, hier - je me permets de le rappeler - était une nécessité vitale.
M. Jean-Pierre Raffarin. Exactement !
M. Henri de Raincourt. Cela serait-il interdit demain ? Ce serait tout de même curieux...
Dans ces conditions, la chasse ne peut en aucune manière être regardée comme représentant une menace pour l'environnement. Bien au contraire, elle s'y intègre pleinement, contribuant à l'équilibre des espaces naturels et ruraux et à la préservation des espèces.
C'est pourquoi il faut légitimer la chasse, lui reconnaître son rôle social et son poids économique. Nous n'aurons aucun mal à en convaincre nos compatriotes.
J'ai la conviction que les amendements qui vont nous être présentés par Mme le rapporteur et que nous voterons permettent de répondre aux attentes des chasseurs, dans le respect des autres usagers de la nature et pour une bonne gestion des territoires.
Notre voix n'a d'ailleurs pas été complètement étouffée.
D'une part, le droit d'opposition à la chasse n'est pas une nouveauté : nous le reconnaissions déjà en juin 1999, en adoptant la proposition de loi de notre excellent et éminent collègue Roland du Luart.
D'autre part, le texte qui nous revient de l'Assemblée nationale s'est enrichi de plusieurs de nos suggestions, en ce qui concerne, par exemple, les fédérations régionales, le déplacement motorisé d'un poste de tir à l'autre, le calendrier de broyage de la jachère ou le transport du gibier.
Cependant, pour parvenir à un texte acceptable, nous souhaitons qu'au moins les mesures suivantes puissent être retenues.
Tout d'abord, je veux revenir sur l'inscription des dates de chasse dans la loi ; nous y tenons, non par extrémisme, non par plaisir, mais bien, comme l'a rappelé tout à l'heure avec pertinence et talent notre collègue Gérard Larcher, parce que la confiance est rompue entre les différents partenaires...
M. Roland du Luart. Tout à fait !
M. Henri de Raincourt. ... et que c'est le seul moyen que nous ayons trouvé pour que ces dates ne soient pas remises en question d'une manière insidieuse pour des raisons tenant plus au militantisme qu'à la prise en compte de la réalité naturelle.
Je sais bien que le Conseil d'Etat n'y est pas favorable. Mais c'est le Parlement, et non le Conseil d'Etat, qui fait la loi !
M. Gérard Larcher. Exactement !
M. Jean-Pierre Raffarin. Tout à fait !
M. Henri de Raincourt. Par ailleurs, on ne peut pas, quand cela arrange, en l'occurrence sur la chasse, s'inspirer des remarques du Conseil d'Etat. Et quand cela dérange, par exemple sur le projet de loi relatif au mode de scrutin des sénateurs, en faire fi ! En effet, le Conseil d'Etat était contre le texte relatif au mode de scrutin des sénateurs qui nous a été présenté par le Gouvernement. Mais ce dernier est passé outre. Et aujourd'hui, il se réfère sans cesse au Conseil d'Etat ! Il y aurait donc deux poids deux mesures. Restons par conséquent dans l'équilibre et dans la mesure.
M. Jean-Pierre Raffarin. Vous êtes très convaincant !
M. Henri de Raincourt. J'en viens à la suppression de l'instauration généralisée du mercredi comme jour de non-chasse. Comme nous le répétons sans cesse, les chasseurs n'ont pas attendu ce texte pour l'instaurer ! Les jours sans chasse sont en effet pratiqués, sur l'initiative même des chasseurs, au plan départemental et, le plus souvent, à l'échelon des sociétés de chasse. Je préside une société communale de chasse qui a retenu comme unique jour de chasse le dimanche, point à la ligne. Et tout le monde est d'accord.
Alors, pourquoi ne pas laisser la liberté de fixer localement les jours de non-chasse en fonction des pratiques de terrain ? Ce n'est pas là une demande extraordinaire !
Enfin, nous souhaitons la garantie que la chasse de nuit continuera là où elle est traditionnelle, point qui a été évoqué par d'autres orateurs et sur lequel je n'insisterai donc pas.
Mes chers collègues, aujourd'hui, nous réitérons notre initiative, non par entêtement, mais pour faire évoluer le projet de loi qui nous revient de l'Assemblée nationale. Naturellement, cette dernière aura le dernier mot. Mais c'est elle, avec le Gouvernement, qui en assumera les conséquences politiques.
M. Gérard Larcher. Parfaitement !
M. Henri de Raincourt. Le débat n'est pas clos pour autant, car une question demeure : on fait souvent référence, à juste titre, à la directive européenne de 1979. Mais je rappellerai que, à cette date, l'Europe n'avait pas de compétence en matière environnementale.
M. Jean-Louis Carrère. Qu'ont fait Michel d'Ornano et Jean François-Poncet ?
M. Henri de Raincourt. Ils n'ont pas bien fait, et nous le constatons aujourd'hui !
Or, aujourd'hui, le paysage institutionnel de l'Union européenne a considérablement évolué, et le principe de subsidiarité est désormais inscrit dans les traités européens. Pourquoi, alors, ne pas chercher à l'appliquer au cas particulier de la chasse, domaine où les traditions locales comptent beaucoup et doivent être respectées ?
Je suis donc convaincu que, avec un texte raisonnable et équilibré, nous pourrons faire entendre la voix de la raison sur le plan non seulement français, mais aussi européen. C'est en pensant à cette perspective nécessaire que le groupe des Républicains et Indépendants votera bien évidemment les amendements présentés par Mme le rapporteur. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Demilly.
M. Fernand Demilly. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le 23 mai dernier, j'étais intervenu une première fois pour souligner l'importance de la chasse dans le département que je représente en insistant sur les traditions séculaires et ancestrales et sur les cultures locales qui, à elles seules, suffisent à expliquer l'exaspération de nos chasseurs.
De nombreux collègues avaient, comme moi, fait part de leurs réticences à propos d'un texte qui, loin de prendre en compte ce respect des traditions, vise à gérer l'activité de la chasse dans l'ignorance des réalités locales. En fait, le Gouvernement s'entête à vouloir opposer ceux qu'il considère injustement comme les destructeurs de la nature aux diverses associations de protection de la nature.
C'est bien mal connaître le rôle des chasseurs, surtout celui des fédérations des chasseurs, dans la préservation de toutes les formes du patrimoine naturel.
Ce que nous attendons du présent projet de loi n'est pas le dénigrement systématique de telle ou telle pratique de la chasse par l'imposition de mesures inadaptées, telles que le jour de non-chasse ou les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse à certains types de gibier. Bien au contraire, nous attendons de ce texte la réaffirmation de la place éminente de la chasse dans la perspective de développement durable et d'aménagement du territoire et non, comme le soulignait le rapport Patriat, un statut et une image brouillés par les clivages idéologiques. Le milieu rural où s'exerce la chasse est celui des cultures, de l'élevage et de la forêt. De ces lieux, les chasseurs et les agriculteurs sont les premiers gestionnaires, ceux qui veillent à l'intégrité des biotopes et à la conservation de leur environnement.
Dans le temps qui m'est imparti, j'aimerais me prononcer sur deux points : le jour de non-chasse et les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse au gibier d'eau.
En ce qui concerne le jour de non-chasse, je reste hostile à cette disposition qui, je le répète, est probablement inconstitutionnelle, car attentatoire au droit de propriété, et qui ne résoudra en rien les conflits entre ruraux et urbains. D'ailleurs, plus de 70 % des fédérations organisent déjà des jours de non-chasse, mais pour des raisons cynégétiques et en fonction des circonstances locales ; en fin de compte, l'octroi du mercredi comme jour de non-chasse reste peu judicieux quand on sait que les jeunes âgés de seize ans et accompagnés de chasseurs majeurs ont fait très largement le choix du mercredi pour chasser.
Instaurer un jour de non-chasse en milieu de semaine trouve sans aucun doute son origine parmi les idées fausses sur la chasse, utilisées par ses détracteurs, qui considèrent qu'un mercredi sans chasse est somme toute conforme à la vie moderne et à son corollaire, la sur-concentration urbaine et son éloignement des réalités rurales. Une fois encore, je suis intimement persuadé que c'est aux fédérations des chasseurs que doit revenir le soin de fixer le ou les jours de non-chasse et non au Gouvernement de proposer une mesure au caractère arbitraire.
En ce qui concerne les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse au gibier d'eau, le texte que nous renvoie l'Assemblée nationale est un retour à la case départ. Loin d'avoir tenu compte des observations et des mesures proposées par le Sénat, l'Assemblée nationale a adopté un dispositif qui n'éliminera pas les risques de contentieux provoqués par la directive européenne du 2 avril 1979. C'est pourquoi je persiste à penser que seuls des plans de gestion permettraient efficacement d'intégrer l'ensemble du dispositif communautaire et d'instituer un équilibre entre la conservation des espèces, tout en prenant en compte les exigences écologiques, scientifiques, culturelles et économiques. Ces plans de gestion contribueraient à une application qui serait aussi souple que pragmatique dans la conservation des oiseaux migrateurs.
Malheureusement, en plus des caprices de la nature, qui font que les oiseaux migrateurs, en particulier le gibier d'eau, ne sont pas toujours présents dans les pays de transit aux mêmes périodes, les chasseurs auront à affronter les opposants à la chasse dans leur guérilla juridique menée devant les tribunaux administratifs.
Comme je l'avais déjà souligné, la chasse au gibier d'eau est, dans mon département, une chasse populaire, dure, voire dangereuse. Elle méritait mieux qu'un texte incomplet et empreint de défiance vis-à-vis de ceux qui la pratiquent depuis des générations.
Face à l'immense pollution causée épisodiquement sur nos côtes par les marées noires et aux difficultés rencontrées par l'Etat pour juguler ce phénomène de destruction massive du patrimoine aquatique et maritime, qui pourrait penser sérieusement que le chasseur est le plus grand ennemi de la nature ?
Notre objectif à tous est, finalement, que l'espace naturel soit suffisamment accueillant pour que puissent s'y développer toutes les espèces de gibiers ; bref, il est de faire en sorte que la chasse soit synonyme de ruralité vivante. Si l'on veut bien admettre que les membres de la Haute Assemblée, toutes sensibilités confondues, ne sont ni des démagogues aveugles, ni des extrémistes provocateurs, ni des intégristes intransigeants, mais plutôt les représentants des collectivités locales et des attentes de leurs populations, vous ferez en sorte aujourd'hui, monsieur le ministre, que le souci d'une chasse apaisée ne se conclue pas par une guerre ouverte et par une chasse divisée, inégalitaire, antidémocratique et sous-représentée. C'est avec une loi équilibrée, respectueuse des traditions que nous contribuerons effectivement à une chasse responsable et réellement apaisée, respectable et respectée.
C'est à cette fin que la commission des affaires économiques, animée du seul souci d'améliorer le texte, a déposé un certain nombre d'amendements, grâce notamment à l'excellent travail de notre rapporteur Mme Anne Heinis. Sachez que les membres du groupe du RDSE y seront particulièrement attentifs. (Applaudissements sur les travées du RDSE, de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Permettez-moi avant tout de considérer que c'est tout de même un paradoxe, monsieur le ministre de la ville, que ce soit vous qui, au pied levé, remplaciez Mme Voynet pour défendre ce projet de loi au nom du Gouvernement.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Quoique !...
M. Ladislas Poniatowski. Je sais qu'à titre personnel vous êtes un pratiquant de certains plaisirs de la chasse, mais avouez quand même qu'il y a un vrai paradoxe : alors que l'on parle de ruralité, de défense de la nature, qui le Gouvernement nous envoie-t-il pour la dernière lecture du projet de loi relatif à la chasse ? Le ministre délégué à la ville ! (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Gérard Larcher. Son meilleur chasseur !
M. Jean-Pierre Raffarin. Cela n'est pas dénué de sens.
M. le président. Mon cher collègue, permettez-moi de vous rappeler que, au début de la présente séance, j'ai donné connaissance à la Haute Assemblée du courrier adressé par Mme Voynet à M. le président du Sénat et expliquant les raisons pour lesquelles elle était absente aujourd'hui.
M. Ladislas Poniatowski. J'admets tout à fait ces raisons, je ne les conteste pas, mais cela me faisait plaisir de relever ce paradoxe !
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est la vision urbaine de la question. C'est un symbole !
M. Ladislas Poniatowski. Mes chers collègues, à l'aube de la dernière étape de la discussion de ce projet de loi sur la chasse, mon propos sera bref et je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit à cette tribune en première lecture.
La chasse est une activité qui fait partie de notre culture. Elle contribue à la préservation des espèces et participe à une gestion moderne de notre environnement.
Il faut se garder, je le répète, d'opposer les chasseurs et les autres usagers de la nature. Ceux qui cultivent cette opposition commettent une grave erreur, ils exacerbent les passions alors qu'ils devraient rechercher la conciliation et s'efforcer d'instaurer la confiance.
A ce titre, je regrette vivement l'échec de la commission mixte paritaire.
M. Gérard Larcher. Nous aussi !
M. Gérard César. Tout le monde le regrette !
M. Ladislas Poniatowski. Nous nous y sommes rendus dans un esprit de conciliation...
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est exact !
M. Ladislas Poniatowski. ... et prêts à la négociation, comme c'est la loi du genre, dans la perspective d'aboutir à un texte équilibré. Or quel n'a pas été notre étonnement de voir M. Patriat, rapporteur pour l'Assemblée nationale, retenir d'emblée une liste de quinze points de divergence,...
M. Gérard César. C'est très dur !
M. Ladislas Poniatowski. ... inconciliables selon lui, alors que nous lui avons tout de suite dit que, sur ces quinze points, il en était quatorze au moins sur lesquels, si nous avions eu la volonté de le faire, nous aurions pu trouver un texte de conciliation. Quoi qu'il en soit, ces propos étaient excessifs : c'était, bien sûr, vouloir l'échec de la commission mixte paritaire, et nous avons été obligés d'en prendre acte.
Aujourd'hui, que constatons-nous avec le texte qui nous revient de l'Assemblée nationale ?
D'abord, je note avec satisfaction que le texte élaboré par l'Assemblée nationale, s'est enrichi de plusieurs propositions sénatoriales : vous y avez, les uns et les autres, mes chers collègues, fait allusion.
Il en est ainsi de la possibilité de prévoir des délégations de vote aux assemblées générales des chasseurs, très importante dans les départements qui comptent un grand nombre de chasseurs,...
M. Gérard César. Comme en Gironde !
M. Ladislas Poniatowski. N'est-ce pas, monsieur César ? (Sourires)... ou encore de la mise en place - c'est un acte important - de fédérations régionales, du déplacement en véhicule d'un poste à l'autre, du transport du gibier, de la date du broyage de la jachère pour protéger les jeunes couvées.
Tous ces apports sont de bons éléments. Cependant, nos collègues députés ont voté des dispositions qui me paraissent excessives.
Premièrement, ils ont rétabli le contrôle a priori par le préfet des fédérations de chasse, qui deviennent ainsi les seules associations relevant de la loi de 1901 à être soumises à ce type de contrôle.
M. Gérard Larcher. A priori !
M. Ladislas Poniatowski. Oui, mon cher collègue, il s'agit d'un contrôle a priori , ce qui est scandaleux. C'est, en fait, une véritable mise sous tutelle des fédérations, qui sont toutes considérées avec suspicion. En outre, la formulation même de ce contrôle, dit « économique et financier », n'est pas très claire.
Deuxièmement, les députés ont refusé que les procès-verbaux soient transmis aux fédérations de chasse, comme c'est le cas pour les fédérations de pêche.
M. Roland du Luart. Il y a deux poids, deux mesures !
M. Ladislas Poniatowski. Il s'agit d'une discrimination désobligeante, car cette communication permettrait à tous de mieux lutter contre les contrevenants.
Troisièmement, les députés ont élaboré un schéma départemental très contraignant, alors que le principe même d'un tel schéma - nous avions été plusieurs à le noter en première lecture - est de proposer une appréciation globale de la gestion cynégétique. Que les députés aient, par exemple, inclus les lâchers de gibier risque de se révéler particulièrement compliqué pour les petites chasses communales. C'est une erreur !
Quatrièmement, je ne comprends pas pourquoi la délivrance pour douze mois consécutifs du permis de chasser a été supprimée. C'était une disposition pratique, dépourvue de tout caractère politique ou polémique. Au demeurant, les députés sont restés très vagues dans leurs explications.
En conséquence, il me paraît utile que nous puissions, comme le propose notre rapporteur, Mme Heinis, rétablir les principales dispositions adoptées par le Sénat en première lecture, notamment celles qu'elle a rappelées tout à l'heure, qu'il s'agisse de la double tutelle de l'organisation des structures de la chasse, de la fixation des dates d'ouverture et de fermeture dans la loi avec un calendrier échelonné par espèce et par département, ou du choix au niveau local d'un ou de plusieurs jours de non-chasse pour le gibier sédentaire, comme c'est déjà le cas dans soixante-dix départements.
Au sujet de la fixation dans la loi des dates d'ouverture et de fermeture, le texte qui nous est proposé par l'Assemblée nationale et, surtout, le projet de décret qu'a présenté Mme la ministre de l'environnement ne résolvent absolument pas le problème et, sachez-le bien, monsieur le ministre, ils constituent aux yeux des chasseurs, notamment des chasseurs d'oiseaux migrateurs, une véritable provocation. Je crains - je les avais condamnées - que les manifestations ne reprennent, peut-être même avec certains gestes de violence.
Parallèlement, avec certains de nos collègues, nous avons déposé des amendements complémentaires, reprenant ceux qui avaient été adoptés par le Sénat en première lecture mais que l'Assemblée nationale n'a pas conservés, pour des raisons plus ou moins valables.
Ces amendements devraient permettre de résoudre certaines difficultés techniques comme celles que soulèvent les conditions de mise en place du droit d'opposition à la chasse au regard des baux des ACCA, ou encore la localisation du guichet unique au siège de la fédération départementale de chasse et le rétablissement du contrôle a posteriori des fédérations, garanti par un commissaire aux comptes - puisque la formule que nous avions adoptée n'était pas, paraît-il, applicable - sans oublier la possibilité de battues administratives pour les dégâts causés au gibier par les nuisibles.
En conclusion, mes chers collègues, je ne peux qu'espérer que les amendements que nous adopterons aujourd'hui seront retenus par l'Assemblée nationale lorsqu'elle sera à nouveau saisie de ce texte. En effet, ceux qui sont proposés par notre rapporteur et ceux que, les uns et les autres, nous avons déposés et que nous avons déjà examinés en commission vont dans le sens de l'apaisement...
M. Gérard Larcher. Tout à fait !
M. Roland du Luart. Très bien !
M. Ladislas Poniatowski. ... afin de promouvoir une chasse moderne porteuse d'avenir.
M. Gérard César. Très bien !
M. Ladislas Poniatowski. C'est la raison pour laquelle j'espère que le message de raison que nous allons adresser aujourd'hui à nos collègues députés pour la dernière lecture sera entendu ! (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE et sur certaines travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avant d'aborder la deuxième lecture du projet de loi relatif à la chasse, je veux rappeler la constance des parlementaires communistes depuis le début de l'examen de ce projet de loi : constance à défendre la chasse populaire et toutes les formes de chasse traditionnelle, constance dans le souci de parvenir à un texte équilibré qui prenne en compte à la fois les intérêts des chasseurs et ceux des non-chasseurs sans tomber dans les excès des extrêmes - que ceux-ci soient pro-chasse ou anti-chasse -, constance, enfin, à aboutir à un texte de loi applicable sur le terrain et non contestable au regard des recours contentieux qui ne manqueront pas d'être déposés.
Après une large abstention du groupe communiste à l'Assemblée nationale, une abstention constructive qui attendait des progrès significatifs sur ce texte, notre groupe au Sénat a voté le texte issu de la majorité sénatoriale, même s'il était parfois maximaliste, même si nous n'approuvions pas la notion de double tutelle, notion sur laquelle j'ai pu noter ce matin en commission une évolution positive que je salue.
Nous espérions ainsi trouver un point d'équilibre entre le texte de l'Assemblée nationale et celui du Sénat. C'est d'ailleurs la position que nous avons défendue en commission mixte paritaire, mais celle-ci a échoué sur la question des dates d'ouverture et de fermeture : fallait-il les inscrire dans la loi ou bien les promulguer par décret ?
Certes, la droite aurait aimé nous voir nous désolidariser de la majorité gouvernementale dans cette commission mixte paritaire.
M. Gérard César. Oh non ! (Sourires.)
M. Gérard Le Cam. Nous avons pensé qu'il était préférable de peser encore sur cette majorité afin d'obtenir des avancées, et je tiens à préciser à mon collègue Gérard César que nous n'étions aux ordres de personne au sein de cette commission mixte paritaire. (M. César rit.) Nous avons notre conception de la loyauté dans le gouvernement de la gauche plurielle, auquel nous participons et dans lequel il n'y a pas de majorité sans nous. Il était bon, je crois, de le rappeler.
M. Gérard César. Comme c'est bien dit !
M. Gérard Le Cam. En deuxième lecture à l'Assemblée nationale, le Gouvernement n'a pas daigné tenir compte de nos propositions. Aussi, en toute logique, nos camarades députés ont voté contre le texte.
Aujourd'hui, nous avons la crainte de voir aboutir un texte qui mécontentera tout le monde. Les anti-chasse attaquent déjà le texte alors qu'il n'est pas définitif ; quant aux chasseurs, nombre d'entre eux sont pénalisés, notamment par la perte de plusieurs semaines de leur loisir favori.
Ce texte évolue en terrain miné, c'est le moins que l'on puisse dire, sous l'influence des lobbies pro-chasse et anti-chasse ; il évolue, de surcroît, sous la pression d'enjeux politiques importants. Tout cela ne facilite pas le travail parlementaire et nuit à la sérénité qui aurait été nécessaire pour aboutir à une bonne loi sur ce sujet qui, a priori, ne devrait pas être politisé.
Nous abordons ce débat avec la satisfaction d'avoir vu reprendre par l'Assemblée nationale les deux amendements de notre groupe qui avaient été adoptés dans cet hémicycle. La notion de « mise à mort » est supprimée dans la définition du nouveau texte, qui se limite à parler de capture. Le jury paritaire - fédérations et Office national de la chasse - en cas de litige dans le cadre de l'examen du permis de chasser est maintenu, même si la formulation a été sensiblement modifiée par l'Assemblée nationale.
Nous défendrons deux amendements symboliques, dont l'un est relatif aux dates d'ouverture et de fermeture : nous reprendrons ici l'amendement de notre collègue député François Liberti, qui répond au mieux à la réalité des habitudes de chasse et respecte les rythmes de la faune migratrice.
A propos de l'avant-projet de décret sur les dates de chasse, je n'ai pas été entendu sur la modification que j'ai demandée concernant les conditions spécifiques de la chasse à la bécasse après la fermeture générale : elle est toujours limitée aux sous-bois. Cette disposition favorise les locataires de chasses en forêt, les plus argentés, et prive les plus modestes, qui ne disposent que des landes, bosquets et talus de leur société communale. Il n'est pas trop tard pour corriger cette anomalie antidémocratique. J'y tiens beaucoup !
Nous défendrons également la proposition d'un jour sans chasse au gibier sédentaire, proposé par le préfet après avis de la fédération départementale et du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage.
L'amendement de mon ami Pierre Lefebvre qui concernait la chasse de nuit dans vingt-huit départements ayant été repris par la commission, nous le soutiendrons tout naturellement.
Cette loi, comme toute loi de compromis, ne sera pas idéale, mais elle sera, nous l'espérons, la moins mauvaise possible. Encore faudra-t-il que le Gouvernement nous entende et accepte encore quelques avancées, qui ont d'ailleurs été promises mais, pour l'instant, pas encore inscrites dans le texte.
L'absence de loi ou l'échec de celle-ci face à la législation européenne conduirait le monde de la chasse à une situation dramatique. Nous attendons donc un geste significatif à l'Assemblée nationale en dernière lecture, notamment sur trois points défendus par Maxime Gremetz à l'Assemblée nationale.
Premièrement, le jour de non-chasse, qui ne s'applique qu'au gibier sédentaire et dure du lever au coucher du soleil, doit ainsi être bien un jour, et non une journée.
M. Ladislas Poniatowski. Oui, c'est bien, cela !
M. Gérard Le Cam. Deuxièmement, la question de la chasse de nuit doit être réglée correctement pour les vingt-huit départements où elle est actuellement pratiquée.
Troisièmement, il faut instaurer, comme le souhaitent les chasseurs, un calendrier national des dates d'ouverture et de fermeture qui tienne bien sûr compte de la biologie des espèces, de leur statut de conservation, des plans de gestion et d'une gestion durable de la ressource.
Je ne sais pas si nos détracteurs comprendront un jour que les chasseurs n'ont aucun intérêt à tuer la « poule aux oeufs d'or », à réduire les populations de gibier. C'est tout le contraire ! Comme les chasseurs l'ont d'ailleurs compris, les maladies, les prédateurs, les produits phytosanitaires, les pratiques culturales et les rejets toxiques - industriels ou non - sont bien plus redoutables que la chasse pour le gibier de demain.
Logiques et constants dans notre volonté d'aboutir à une loi qui soit acceptable par tous, nous soutiendrons les mêmes amendements qu'en première lecture, quels qu'en soient les auteurs.
C'est donc toujours dans un esprit constructif et positif que nous abordons cette nouvelle lecture au Sénat, car elle peut et doit être un tremplin pour permettre à l'Assemblée nationale de franchir les derniers obstacles qui nous séparent d'une loi acceptable par tous.
Les chasseurs ne sont pas des Français à part. Ils ont leurs idées politiques, mais ils savent aussi laisser ces idées à la maison lorsqu'ils s'adonnent à leur loisir. Aujourd'hui, ils attendent de notre part une bonne loi, et non pas le bénéfice politique que pourrait en tirer tel ou tel parti.
C'est dans ce sens que nous entendons ne pas les décevoir, tout en restant conscients des nécessaires évolutions à venir dans le cadre de l'usage de l'espace rural et du respect du droit de propriété. Ce sujet mérite certainement une loi à venir !
Les chasseurs nous attendent donc pour que nous pérennisions leur loisir dans les meilleures conditions. Ils apportent beaucoup, en retour, à la société : ils sont l'écologie qui agit, et leur prise de conscience des évolutions nécessaires me permet de vous dire que nous avons confiance en eux et qu'en retour ils peuvent avoir confiance en nous. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur certaines travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean-Pierre Raffarin. Le PC, avec nous ! Je veux parler du « Parti de la Chasse » ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Monsieur le ministre, je suis heureux de vous voir aujourd'hui au banc du Gouvernement, car le problème a, me semble-t-il, été mal posé. Je ne suis pas de ceux qui souhaitent artificiellement opposer le monde urbain à la ruralité, mais je crois qu'il est important que l'on puisse débattre des problèmes inhérents à la ruralité avec le ministre délégué à la ville. Si vous n'étiez pas venu, j'aurais souhaité que nous puissions travailler avec vous, précisément pour mettre un terme à cette formidable supercherie qui consiste, pour certains, que je ne qualifie pas, à opposer la ville à la ruralité.
M. Jean-Pierre Raffarin. La chasse dans les jardins municipaux ! (Sourires.)
M. Jean-Louis Carrère. Que se passe-t-il, monsieur le ministre ? On essaie de nous faire croire que les urbains ont toujours été urbains, que les ruraux resteront toujours ruraux, qu'ils sont faits pour s'entr'égorger et qu'ils ne peuvent pas se comprendre.
Chers amis, les urbains sont d'anciens ruraux... et de futurs ruraux ! (M. Pierre Martin applaudit.)
M. Gérard Larcher. Ça, c'est vrai !
M. Jean-Louis Carrère. Parfois, hélas ! les ruraux sont aussi de futurs urbains.
Ce débat est donc totalement artificiel, voire schizophrénique.
La tentation que nous avons eue, nous les ruraux, d'imposer une forme de diktat à nos amis urbains ne doit pas s'emparer, maintenant, de nos amis urbains à l'endroit des ruraux que nous sommes !
Cela étant dit, monsieur le ministre, parlons un peu plus concrètement de la chasse.
C'est vrai, il fallait un texte. Je fais partie de ceux qui auraient souhaité qu'il vienne plus tôt, car j'avais senti, autour de moi, à quel point il était nécessaire. Je n'avais pas eu besoin d'institut de sondage ou de je ne sais quelle rencontre spécifique pour le comprendre !
Ce projet vient à son heure : il convient d'apaiser le monde de la chasse. Mais, surtout, il appartient aux législateurs que nous sommes de se mettre en conformité avec une directive qui a été prise à une époque où l'Europe n'avait pas de compétence en matière environnementale et qui - je tiens tout de même à vous le rappeler, chers amis - a été signée par M. François-Poncet et d'autres. N'essayez donc pas sans arrêt d'accréditer l'idée que ce sont ces vilains socialistes qui veulent se mettre en conformité avec une directive que vous n'auriez pas voulue !
Non, la directive existe. Elle s'impose à nous. A nous de trouver les meilleures modalités permettant la pratique convenable de ce loisir, de cet art esthétique qu'est la chasse.
Alors, que faut-il faire ? Faut-il, parce que nous sommes passionnés par cette pratique, aller au-delà même des demandes des chasseurs ou de l'union des fédérations ? Faut-il ne pas tenir compte des conséquences du vote d'un texte dont les modalités ne seraient pas conformes et risqueraient d'être annulées ? Je ne le crois pas. Tout le monde ici, ce matin, désire trouver un équilibre afin qu'en dernière lecture l'Assemblée nationale puisse reprendre l'essentiel de ce à quoi notre débat de ce jour aura permis d'aboutir. Aussi, prenons soin, entre nous, de faire ce qu'il faut pour parvenir à cet équilibre.
Je ne veux pas revenir sur la commission mixte paritaire. Toute une série d'analyses ont été faites, avec lesquelles je suis plus ou moins en accord, étant entendu que celle que je partage le plus est celle de mon ami Jean-Marc Pastor, pour avoir vécu ces moments à ses côtés.
Ce que j'ai le plus mal resenti - je vais le dire, car je ne manie pas la langue de bois - c'est que, dans nos rangs, nos collègues de l'Assemblée nationale aient souhaité éviter que le Sénat prenne une part trop importante dans ce débat et ne puisse faire prévaloir ses points de vue.
MM. Gérard César et Pierre Martin. Très bien !
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est courageux de le dire !
M. Jean-Louis Carrère. Chers amis, la Constitution veut que l'Assemblée nationale ait la prééminence en dernier ressort. Soit ! Eh bien, employons-nous, les uns et les autres, dans nos groupes respectifs, à faire en sorte qu'il y ait peut-être un peu plus de considération pour les travaux du Sénat, et, pour y parvenir, faisons en sorte que nos travaux soient encore moins critiquables. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
MM. Jean-Pierre Bel et Jean-Marc Pastor. Très bien !
M. Jean-Louis Carrère. Venons-en au coeur du sujet : quels sont les points de désaccord qui pourraient, une fois de plus, permettre à l'Assemblée nationale de ne pas tenir compte de nos évolutions lors de sa dernière lecture ?
M. Ladislas Poniatowski. L'article 10 !
M. Jean-Louis Carrère. C'est effectivement l'article 10, monsieur Poniatowski, je suis tout à fait de votre avis.
Mais il y en a un autre, que je veux écarter d'emblée : le problème de la double tutelle.
Je le répète à cette tribune, le groupe socialiste ne voit aucun inconvénient à ce que le Premier ministre et le Président de la République, lorsqu'ils ont à le faire, décident que la chasse est l'apanage, par exemple, du ministre de l'agriculture et de la pêche.
En revanche, il est juridiquement pernicieux et dangereux, et discourtois, voire inconvenant, à l'endroit de Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, d'essayer d'imposer une double tutelle au moment où l'on sait que la chasse est placée sous sa seule tutelle.
Moi, je ne suis pas du tout gêné pour dire au Premier ministre et au Gouvernement mon souhait qu'à l'avenir, pour des raisons que je n'ai même pas à développer, la chasse soit placée sous la tutelle du ministre de l'agriculture et de la pêche.
MM. Gérard César et Philippe François. Très bien !
M. Jean-Louis Carrère. Mais comme nous savons tous que cela relève du domaine réglementaire, de grâce ! ne le mentionnons pas dans la loi... en ajoutant même qu'alors la disposition sera « retoquée » et que ce n'est pas grave. Un législateur qui légifère en sachant que ce qu'il vote n'est pas conforme, c'est une caricature ! Au moment où l'antiparlementarisme ressurgit, et assez fort, il serait malséant de donner en pâture à l'opinion cette inconséquence des parlementaires.
Mais, sur ce point - la double tutelle -, je vous sais gré, chers amis, d'être revenus à une rédaction beaucoup plus acceptable, notamment au travers de l'amendement relatif au contrôle a posteriori, que nous soutiendrons, madame le rapporteur.
J'en viens au problème, plus grave, de la fixation des dates.
M. de Raincourt a dit tout à l'heure que le Gouvernement ne donnait pas toujours l'exemple. Eh bien, lorsque tel est le cas, il faut que, sur toutes les travées, nous le lui disions. Mais ce n'est pas parce que le Gouvernement, quel qu'il soit, n'a pas donné l'exemple sur tel ou tel sujet, que nous pouvons nous arroger, nous, le droit de légiférer de manière inconstitutionnelle en connaissance de cause.
Ou alors je n'ai rien compris ! Dans le département où j'ai été élu, on me demande - y compris les chasseurs - de faire des lois qui entrent dans le champ de la Constitution.
En revanche, si vous me dites que vous n'avez pas confiance dans la ministre, que vous ne supportez pas les préconisations que vous connaissez du futur décret, là, je suis d'accord !
M. Gérard César. Ah ?
M. Jean-Louis Carrère. Sur la deuxième partie de la phrase, mon cher collègue !
Dans ce cas, disons au Gouvernement que ce projet de décret n'est pas bon, et qu'il faut l'amender.
A ce propos, je reprendrai l'exemple de l'oie. Il est inconcevable que l'on accepte que le Gouvernement publie un décret fixant la fermeture de la chasse à l'oie cendrée et autres oies le 31 janvier, car tout le monde sait - les observateurs, les experts scientifiques, les chasseurs... - que la migration des oies se fait entre le 1er et le 20 février.
M. Ladislas Poniatowski. Absolument !
M. Jean-Louis Carrère. Il n'y a pas un Landais qui ait tué une oie cendrée avant le 8 février !
Alors, ou bien l'on ouvre la chasse et le décret prend ce fait en compte, ou bien l'on dit clairement aux chasseurs qu'on n'a pas l'intention de l'ouvrir.
M. Gérard Larcher. D'autant que c'est une population en croissance !
M. Jean-Louis Carrère. Oui, c'est une population qui n'est pas en danger.
Et comme nous tenons à ce que cette chasse soit ouverte, il faut que, sur ce point notamment, le décret évolue.
S'agissant du jour de non-chasse, je me satisfais, comme d'autres, de l'évolution de la commission. Depuis le début, nous avions demandé qu'il y ait obligatoirement un jour de non-chasse.
On nous cite en exemple certaines fédérations qui ont prévu deux jours, d'autres trois jours de chasse. Chez M. de Raincourt, c'est un seul jour de chasse ! Alors, qui peut le plus peut le moins ! Arrêtons ! Puisque, dans certaines fédérations - les Landes, la Gironde, toutes les fédérations d'Aquitaine - il y a déjà deux jours de non-chasse, puisque nous savons toutes et tous, hélas ! que la majorité des accidents de chasse sont liés à des battues au gros gibier et que, si nous fermons la chasse au gibier sédentaire au moins une journée, il n'y aura pas de battues, rendons obligatoire cette journée de non-chasse sur l'ensemble du territoire.
Faisons-le savoir à la population, qui, hors les postes ou les zones de chasse au gibier migrateur - je rappelle à celles et à ceux qui l'ignoreraient que la grande majorité des gibiers migrateurs sont chassés à partir d'installations signalées par un panneau ou de postes fixes -, pourra se promener en sécurité dans la nature. Je vous assure qu'il ne se posera aucun problème de partage de la nature.
Chers amis, je conclurai sur une notation plus personnelle.
Depuis de nombreuses années, dans le département des Landes, dont j'ai l'honneur d'être l'élu, j'assiste à l'assemblée générale des chasseurs à la matole. La matole est un petit piège construit de main d'homme, ou de femme, avec des bois très légers pour ne pas blesser les animaux et servant à capturer les bruants ortolans.
Je passe sur la description que je pourrais faire de cette capture, qui pourrait confiner à la poésie... si tant est que je puisse être poète. Mais, quand il s'agit du bruant, je crois que je peux l'être !
Cette pratique a lieu à partir du 15 août.
Quels sont les hommes et les femmes - peu nombreuses - que je rencontre là ? Pour la grande majorité, ce sont des amis de Résistance de mon père, qui, hélas ! nous quittent année après année en raison de leur grand âge, des gens simples, d'anciens métayers, d'anciens fermiers, très peu - que personne ne soit choqué ! - de hobereaux, parce que c'étaient les métayers et les fermiers qui capturaient les ortolans et qui les leur offraient ou qui payaient leur métayage par ortolans interposés, bref, des hommes et des femmes du peuple.
De grâce, que l'on ne prive pas ces Landais modestes, républicains, résistants d'un plaisir simple !
Monsieur le ministre, je l'ai déjà dit à Mme Voynet, je l'ai dit à M. le Premier ministre, je vous le redis : ne pas accorder la dérogation « ortolan » au département des Landes, ce serait donner un coup de poignard dans le coeur de ce département.
Je ferai tout pour que nous obtenions cette dérogation, même si nous devons appliquer des quotas qui permettent la préservation de l'espèce. Il en va d'une tradition d'hommes et de femmes simples, accueillants et républicains ! Je pense que vous m'entendrez. (Très bien ! et applaudissements sur l'ensemble des travées.)
M. Jean-Pierre Raffarin. Serviette sur la tête pour tout le monde ! (Rires.)
M. le président. La discussion générale est close.

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COMMUNICATION DU GOUVERNEMENT

M. le président. M. le président a reçu de M. Le Premier ministre une communication, en date du 21 juin 2000, relative à la consultation de l'Assemblée de la Polynésie française sur la proposition de loi organique relative à l'élection de l'Assemblée de la Polynésie française.
Acte est donné de cette communication.
Ce document a été transmis à la commission compétente.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures quarante-cinq, est reprise à quinze heures cinq, sous la présidence de M. Christian Poncelet.)

PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET

M. le président. La séance est reprise.

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QUESTIONS D'ACTUALITÉ
AU GOUVERNEMENT

M. le président. L'ordre du jour appelle les questions d'actualité au Gouvernement.
Conformément à la règle posée par la conférence des présidents, je rappelle que l'auteur de la question et le ministre disposent chacun de deux minutes trente.
Chaque intervenant aura à coeur de respecter le temps imparti de deux minutes trente afin que toutes les questions et toutes les réponses puissent bénéficier de la retransmission télévisée.

« PILULE DU LENDEMAIN »
DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

M. le président. La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade. Ma question s'adresse à Mme Ségolène Royal, ministre déléguée à la famille et à l'enfance.
La semaine dernière, la commissaire du Gouvernement au Conseil d'Etat se prononçait contre les dispositions de la circulaire dont vous aviez pris l'initiative lors de vos précédentes fonctions, qui autorisait la délivrance du Norlevo, plus connu sous le nom de « pilule du lendemain », par les infirmières des établissements scolaires.
Je tiens à redire combien la décision courageuse que vous aviez prise alors mérite d'être à nouveau saluée. Reposant sur une analyse très fine de la réalité de la vie des adolescentes, elle avait pour objectif de prévenir les conséquences sociales, médicales et psychologiques, souvent dramatiques d'une grossesse non désirée chez les jeunes filles.
Les chiffres sont hélas connus : chaque année, quelque 10 000 adolescentes sont confrontées à une grossesse non désirée, et 6 400 d'entre elles ont recours à une interruption volontaire de grossesse.
Je tiens à rappeler que le Norlevo est une contraception d'urgence délivrée sans ordonnance à toute femme ou jeune fille qui la demande à un pharmacien.
La décision de rendre accessible cette « pilule du lendemain » dans les établissements scolaires ne conduira pas, comme certains le prétendent, à une banalisation de cet acte. Cette délivrance, par l'infirmière scolaire, vise à répondre aux situations de détresse que rencontrent certaines jeunes filles, dont on sait qu'elles ne peuvent s'adresser ni à leurs parents ni à un médecin et qu'elles n'iront pas dans un centre de planning familial.
De plus, cette solution se situe dans une démarche d'accompagnement, de suivi et d'éducation dans l'établissement scolaire, ce que ne pourra pas réaliser un pharmacien.
Par ailleurs, les gynécologues déclarent, quasi unanimement, qu'une contraception d'urgence réussie favorise, par la suite, une contraception classique et prévient donc le recours éventuel à une interruption volontaire de grossesse.
La recommandation de la commissaire du Gouvernement a provoqué colère et inquiétude parmi les infirmières scolaires. Ces dernières ont en effet démontré leur sens des responsabilités et leur rôle essentiel dans l'éducation sexuelle et la prévention des grossesses. Leurs actions dans ce domaine contribuent à favoriser une plus grande responsabilisation des jeunes et une pleine maîtrise par les adolescentes de leurs corps et de leur devenir.
La loi du 28 septembre 1967 ne prend pas en compte les nouveaux moyens de contraception, moyens dont la « pilule du lendemain » fait partie. Sa révision s'avère urgente, notamment afin que la loi s'adapte aux contraceptions nouvelles et fasse évoluer l'obligation de l'autorisation parentale.
Madame la ministre, d'une part, le Gouvernement a-t-il l'intention de procéder à la révision de la loi de 1967 et, d'autre part, quelle sera sa position si le Conseil d'Etat décidait de suivre l'avis de la commissaire du Gouvernement ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, sur les travées socialistes et sur certains travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre délégué à la famille et à l'enfance. Madame la sénatrice, j'ai en effet autorisé les infirmières scolaires à délivrer, dans des conditions très strictes, le Norlevo, c'est-à-dire une contraception d'urgence, à des adolescentes en situation de grande détresse.
Contrairement à ce qui est dit ici ou là, je l'ai fait avec sérieux et après avoir beaucoup consulté.
Cette autorisation s'inscrit en effet dans un protocole national de soins dans le système scolaire que j'ai mis plus d'un an à rédiger, en accord, bien évidemment, avec les autorités sanitaires de ce pays, protocole qui inclut non seulement la régularisation de l'ensemble du dispositif des médicaments que peuvent détenir les infirmeries scolaires, mais également tous les protocoles de soins d'urgence dans le système scolaire, c'est-à-dire l'autorisation donnée aux infirmières d'accomplir les gestes qui sauvent, en liaison avec la médecine d'urgence.
C'est dans ce cadre, et dans ce cadre seulement, que s'inscrit la possibilité pour les infirmières scolaires de délivrer, dans des conditions très réglementées, la contraception d'urgence aux adolescentes en situation de détresse.
Je voudrais d'ailleurs rendre ici hommage aux infirmières scolaires, qui ont parfaitement appliqué ce protocole. Ainsi, pour ne reprendre que les chiffres connus actuellement, ceux de la région parisienne, sur plus de 250 demandes, les infirmières scolaires ont délivré 16 contraceptions d'urgence, ce qui veut dire qu'elles ont très bien compris mon message ; dans tous les autres cas, soit elles ont réussi à faire prendre en charge le problème par les parents, soit elles ont obtenu que les adolescentes prennent contact avec un centre de planning familial, un service hospitalier ou un médecin.
Seize cas sur plus de deux cent cinquante, cela correspond bien à l'urgence, cela répond bien au sentiment d'atteinte à l'intégrité physique de ces jeunes filles.
Je rappelle également qu'il y a chaque année dans ce pays - et cela touche en particulier des jeunes filles parmi les plus défavorisées, les plus abandonnées, les plus à l'écart des filières d'information, des jeunes filles qui sont victimes de violences - plus de 10 000 adolescentes enceintes, dont 6 000 subissent une interruption volontaire de grossesse. Lorsque les progrès de la science et de la médecine nous permettent de venir en aide à ces jeunes filles et de soulager leur détresse, je considère que nous avons l'obligation morale de le faire.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement attend avec beaucoup de sérénité la décision définitive du Conseil d'Etat. Il prendra alors toutes les dispositions législatives ou réglementaires qui nous permettront de maintenir le dispositif en place. (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)

INTERCOMMUNALITÉ DANS LE MARAIS POITEVIN

M. le président. La parole est à M. Dulait.
M. André Dulait. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Monsieur le ministre, en avril dernier, une délégation d'élus locaux de mon département, les Deux-Sèvres, est venue exposer à l'un de vos conseillers nos inquiétudes devant les menaces de démantèlement et de suppression de trois communautés de communes rurales, fonctionnant bien, pour permettre à l'agglomération de Niort d'atteindre 100 000 habitants par une intégration forcée de treize nouvelles communes du Marais poitevin.
Intégrer dans une agglomération de 100 000 habitants le Marais poitevin, deuxième grande zone humide de France, cathédrale de verdure, bénéficiant de l'attention de l'Europe, qui souhaite en préserver l'écosystème, constitue plus qu'une erreur, c'est une faute impardonnable pour la défense de l'environnement.
Monsieur le ministre, allez-vous tenir compte des protestations des élus du Marais poitevin et de l'avis majoritaire des habitants, qui, dans un récent sondage réalisé par la SOFRES, s'opposent au projet d'intégration de leur commune dans la communauté d'agglomération et demandent, à 91 %, l'organisation d'un référendum sur ce sujet ?
Aujourd'hui, la grande majorité des élus locaux du Marais poitevin s'est clairement opposée à ce projet d'intégration généralisée et la population a clairement fait connaître sa totale opposition à cette démarche contraignante de l'administration. Malgré tout, M. le préfet poursuit la procédure à marche forcée, contre l'avis de la commission départementale de coopération intercommunale et en totale contradiction avec l'esprit de votre loi sur l'intercommunalité, que j'ai approuvée, avec l'ensemble de mes collègues parlementaires.
Le sentiment de déni de démocratie est particulièrement fort devant ce qui s'apparente à une atteinte à l'identité des communes, à leur liberté et à celle des citoyens.
Dialogue, écoute, concertation, veulent être les maîtres mots du Gouvernement. Ils ont pour nous perdu beaucoup de leur signification, et l'on comprend que bon nombre d'élus locaux envisagent de ne pas solliciter le renouvellement de leur mandat.
Quelle est donc, monsieur le ministre, votre interprétation de l'intercommunalité ? (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Jean-Pierre Raffarin. Voilà une question claire !
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous connaissez les principes posés par la loi du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale. Vous l'avez d'ailleurs adoptée de manière consensuelle, après un accord en commission mixte paritaire.
L'objectif de rationalisation suppose l'existence de périmètres communautaires cohérents, non seulement pour gérer un certain nombre d'équipements collectifs et de services communs, mais, surtout, pour bâtir un projet de développement économique et social pertinent.
Vous savez que les extensions de périmètres peuvent être proposées soit sur l'initiative des communautés existantes, soit sur l'initiative des communes candidates, soit sur l'initiative du préfet, et que, s'agissant des règles d'extension, les communes sont appelées à se prononcer selon les règles de la majorité qualifiée. Donc, s'il y a effectivement une forte proportion de communes, par exemple un tiers de communes, qui sont hostiles, l'extension ne peut pas se faire.
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est très important !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Dans le cas qui vous occupe, monsieur le sénateur, j'ai reçu un rapport du préfet qui ne me donne pas la même tonalité d'opinion que vous. J'ai été également saisi par une communauté de communes de la plaine de Courances.
La communauté d'agglomération de Niort a délibéré de façon unanime sur une extension de périmètre concernant, d'une part, des communes urbaines contiguës à Niort, ce qui ne pose pas de problèmes, semble-t-il, et ce dans la continuité du tissu urbain, et, d'autre part, des communes du Marais poitevin, actuellement coupées en deux par la communauté d'agglomération niortaise, puisqu'une partie seulement de ces communes est comprise dans la communauté d'agglomération.
Pour ma part, je me garderai bien de me prononcer à la place des élus et à la place du préfet, puisque c'est aux élus et au préfet que la loi confie le soin d'arrêter les périmètres, après une concertation qui doit être la plus approfondie possible.
A ma connaissance, aucune décision n'a encore été prise.
Je fais appel au bon sens de l'ensemble des élus pour dépasser les intérêts particuliers et s'entendre sur un projet d'intérêt commun en respectant une série de considérations.
J'ignore si les intérêts ou les impératifs de la valorisation touristique du Marais poitevin impliquent l'appartenance ou non à la communauté d'agglomération de Niort. C'est un aspect du problème dont je ne peux pas juger dans le cadre de mes fonctions. Seuls les élus sur le terrain peuvent en juger.
M. Jean-Pierre Raffarin. Très bien !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je dirai que la défense de l'intérêt général peut nécessiter un certain volontarisme à l'encontre de vues trop courtes qui seraient de nature à contrarier l'intérêt collectif ; mais, en même temps, elle doit être empreinte de réalisme et d'esprit de concertation. Il ne servirait à rien de trop forcer la main aux communes, au risque de bloquer ensuite le développement serein d'un projet d'agglomération, qui est nécessaire. (Applaudissements sur les travées socialistes.)

APPLICATION DE L'INTERCOMMUNALITÉ

M. le président. La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin. Monsieur le ministre de l'intérieur, ma question s'inscrit dans le prolongement de celle qu'a posée mon collègue M. Dulait et de la réponse que vous y avez apportée.
Dans votre réponse, vous avez fait référence à une loi, la loi « Chevènement ». Si, aujourd'hui, nous connaissons un « désordre territorial », c'est parce qu'il y a deux lois qui sont contradictoires,...
M. Adrien Gouteyron. Tout à fait !
M. Jean-Pierre Raffarin. ... divergentes, avec des calendriers distincts : la loi « Voynet » et la loi « Chevènement ». Nous sommes confrontés à deux logiques territoriales différentes.
Prenons l'exemple du Marais poitevin - mais on pourrait en prendre beaucoup d'autres.
Dans cette région, des communes rurales veulent être le premier pays interrégional, avec une charte pour pouvoir défendre cette cathédrale de verdure, avec une logique de pays. Elles ont obtenu des crédits dans le contrat de plan, et elles veulent aller vite. A côté de cela, la ville de Niort, qui est naturellement intéressée par les fonds européens prévus pour ce territoire, dit : « Non ! ce sera la logique de l'agglomération. »
Logique de pays contre logique d'agglomération ! Il y a une course de vitesse à un an des élections municipales !
Qu'on laisse jouer la démocratie ! Pourquoi bousculer le calendrier ? Pourquoi brutaliser ainsi des conseils municipaux en fin de mandat ? Prenons le temps, donnons le temps au temps, laissons la démocratie s'exercer et demandons aux préfets de lever un peu le pied, autorisons-les à ne pas respecter la cadence qu'on semble leur imposer.
Si les choses devaient continuer ainsi, nous serions obligés d'organiser nous-mêmes des référendums régionaux. Je connais d'ailleurs plusieurs conseils régionaux qui seraient prêts à participer au financement de ces consultations... afin de décharger l'Etat des frais d'organisation ! (Rires sur plusieurs travées du RPR.) Il serait inconcevable qu'à un an des élections municipales on bouscule l'organisation territoriale. Les nouvelles équipes décideront ensuite, en leur âme et conscience.
Nous avons apprécié la prudence et la modération de votre propos, monsieur le ministre, quand vous avez dit que vous faisiez confiance aux élus. C'est l'objet de ma question. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, il n'y a pas de concurrence, ou de contradiction, entre la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, dite « loi Voynet » - à tort d'ailleurs - et la loi du 12 juillet 1999, qui ne mérite d'ailleurs pas non plus d'être appelée « loi Chevènement », car les lois votées par le Parlement de la République sont des lois de la République ! (Applaudissements sur les travées socialistes.)
Donc il n'y a pas de contradiction, d'une part, entre les pays, qui ont été créés par la LOADT, et, d'autre part, les communautés d'agglomération. La raison en est très simple : les pays n'ont pas de personnalité juridique ; ils doivent s'appuyer sur des communautés de communes, et sur des syndicats mixtes si ces communautés de communes veulent se mettre d'accord ; ce sont des espaces de projets, ce ne sont pas des espaces institutionnels. Il en va tout à fait différemment pour les communautés d'agglomération, ou les communautés de communes, notamment à dotation bonifiée, quand elles choisissent la taxe professionnelle unique et un niveau relativement élevé d'intégration de compétences.
Je constate que, jusqu'à présent, cette loi a été bien appliquée. Je pense que cela tient à l'esprit très consensuel dans lequel elle a été adoptée.
On constate en effet que cinquante et une communautés d'agglomération avaient été créées au 1er janvier 2000, avec des villes importantes telles que Rennes, Grenoble, Amiens et Dijon, que deux cent quatre-vingt-dix-huit établissements publics de coopération intercommunale ont adopté la taxe professionnelle unique, dont cent trente communautés de communes, et que l'intercommunalité se développe donc à une vitesse accélérée. Dans notre pays, trente-sept millions d'habitants sont concernés par des groupements intercommunaux à fiscalité propre.
J'indique pour vous répondre précisément, monsieur le sénateur, que ce mouvement ne s'interrompt pas, à ma grande surprise, car j'étais, comme vous, convaincu qu'à proximité des échéances électorales un certain nombre d'élus allaient lever le pied. Je constate qu'il n'en est rien, puisque, actuellement, entre vingt et trente communautés d'agglomération continuent à « cheminer ». Des délibérations sont adoptées par les élus. Ce n'est pas à l'Etat de dicter aux élus ce qu'ils doivent décider !
M. Jean-Pierre Raffarin. Très bien ! C'est ce que nous demandons.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Des lois s'appliquent, et elles doivent s'appliquer.
C'est donc avec émerveillement que je regarde la manière dont le mouvement continue, se riant, en quelque sorte, des échéances électorales,...
M. le président. Terminez, monsieur le ministre !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. ... ce qui nous donnera un maillage complet. (Applaudissements sur les travées socialistes.)

PRIX DU CARBURANT POUR LES PÊCHEURS

M. le président. La parole est à M. Marc.
M. François Marc. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie et des finances.
Depuis plusieurs mois maintenant, nous ne pouvons que constater l'augmentation, à un rythme inquiétant, du prix des carburants, dans le sillage de la hausse des cours du pétrole brut. Face à ce constat, le Gouvernement a décidé d'engager une concertation avec les compagnies pétrolières ainsi que la grande distribution, afin de parvenir à une gestion rigoureuse des prix.
Si la baisse de un point du taux de TVA a contribué, avec les négociations d'avril, à une baisse sensible des prix, ceux-ci ont cependant recommencé à flamber à la mi-mai. Ainsi le prix à la pompe, entre le 19 et le 26 mai, a-t-il augmenté en moyenne de quatre à dix-sept centimes, selon le type de carburants.
Je ne doute pas qu'à la veille des grands départs en vacances M. le ministre face preuve de la vigilance nécessaire pour que toute baisse soit réellement répercutée et profite ainsi à l'ensemble des consommateurs, car l'impact sur le pouvoir d'achat est évidemment considérable.
On ne peut, par ailleurs, manquer de souligner à quel point le prix du carburant est un facteur vital pour bon nombre d'activités économiques, notamment la pêche en mer.
Au port de Concarneau, le prix du carburant est passé de 1,41 franc le litre le 12 avril à 1,70 franc le 27 mai, alors que le seuil permettant la bonne marche des entreprises est estimé à peu près à 1,20 franc.
L'incidence sur la filière est principalement de deux ordres : l'augmentation du prix, d'une part, touche les coûts d'exploitation des navires, ce qui entraîne des charges supplémentaires de 200 000 à 300 000 francs pour un bateau de 20 mètres, et, d'autre part, engendre une baisse de la rémunération des marins.
Je tiens à souligner que l'augmentation du prix du gasoil s'inscrit dans un environnement déjà très difficile pour les pêcheurs, à la suite du naufrage de l' Erika , dont il ne me semble pas utile de rappeler les implications.
Conscient des difficultés propres à un secteur d'activité majeur pour de nombreuses régions, telles que la Bretagne, le département du Finistère en particulier, le Gouvernement avait décidé d'exonérer ces entreprises de 50 % de charges sociales, patronales et salariales pendant trois mois.
Compte tenu de l'étroitesse des marges de manoeuvre pour agir directement sur le prix du carburant à la pêche, qui est déjà détaxé, il est clair qu'une prolongation du dispositif d'exonération de charges constituerait une aide appréciable pour la profession.
En tout état de cause, je vous serais reconnaissant, monsieur le secrétaire d'Etat, de m'indiquer quelles mesures vous semblent devoir être prises à brève échéance pour éviter que la hausse conjoncturelle des prix n'ait des conséquences désastreuses pour de nombreuses activités, notamment pour la pêche. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE et du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur. Monsieur le sénateur, comme vous le savez, M. Laurent Fabius est intervenu à deux reprises auprès des distributeurs de carburants - compagnies pétrolières et grande distribution - pour leur demander de répercuter intégralement les baisses de prix constatées ou à venir sur le prix des carburants. Certes, la conjoncture en matière de prix des produits pétroliers n'est guère favorable, en raison du maintien des cours du brut à un niveau élevé - autour de 30 dollars le baril - et d'une forte demande de produits raffinés, aux Etats-Unis en particulier.
Par ailleurs, le ministre se préoccupe du fonctionnement du marché des carburants, qui pourrait ne pas être pleinement concurrentiel. Il apparaît en effet que les hausses de cours seraient répercutées plus rapidement que les baisses.
L'action entreprise auprès des distributeurs de carburants, notamment les enquêtes approfondies engagées, qui sont destinées à vérifier le fonctionnement du marché, vise certes le prix à la pompe pour le consommateur, mais également le prix du gazole pour les professionnels. Il faut noter que l'augmentation du prix du gazole a été nettement moins forte que celle du super sans plomb : elle a été de dix à dix-sept centimes constatés à la pompe entre le 18 avril et le 14 juin, contre trente-sept à quarante-quatre centimes pour le super sans plomb 95.
En ce qui concerne les marins pêcheurs, il faut noter qu'ils sont exonérés de la taxe intérieure sur les produits pétroliers.
En outre, pour tenir compte des difficultés particulières auxquelles ils se trouvaient confrontés du fait de la marée noire et de la hausse du prix du carburant, le Gouvernement a pris une mesure d'allégement de 50 % des cotisations sociales. Cette disposition, destinée à faire face à une situation exceptionnelle, devait prendre fin au mois de juillet. Mon collègue M. Jean Glavany a annoncé ce matin qu'elle serait prorogée pour une durée de trois mois, et je suis heureux de vous le confirmer. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du groupe communiste républicain et citoyen.)

FILIÈRES D'IMMIGRATION CLANDESTINE

M. le président. La parole est à M. Calmejane.
M. Robert Calmejane. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Monsieur le ministre, la découverte sordide, le lundi 19 juin dernier, dans un camion en provenance de Belgique, de cinquante-six cadavres a relancé, au sein de l'Union européenne, le débat sur la politique commune d'immigration et sur le droit d'asile.
Chaque année, des milliers de clandestins tentent de s'introduire dans l'un des pays de l'Union. Par exemple, en 1999, 10 000 personnes ont été appréhendées en France pour avoir tenté de pénétrer sur notre territoire de façon illégale. Selon les autorités portuaires, ce chiffre ne représente qu'un dixième des clandestins qui s'introduisent en France.
Le 20 juin dernier, au sommet de Feira, un représentant de la Commission européenne a annoncé que cette dernière allait présenter aux pays de l'Union différentes propositions sur une politique commune en matière d'asile, d'immigration et d'entrée sur leur territoire. La Commission fera également des suggestions pour lutter contre les réseaux criminels de traite des immigrés.
Quant au Président de la République, Jacques Chirac, il a insisté pour que la coopération entre les Etats soit renforcée dans ces domaines.
Récemment, la Grande-Bretagne et la Belgique ont durci leur législation respective afin de canaliser l'immigration clandestine.
Monsieur le ministre, quelles mesures comptez-vous mettre en place afin de pallier les lacunes du dispositif Schengen et éviter des tragédies comme celle de Douvres ?
Pourriez-vous envisager des sanctions concernant les transporteurs d'immigrés clandestins, des sanctions semblables à celles qui sont prises en Grande-Bretagne où les amendes atteignent jusqu'à 20 000 francs par clandestin, mais également imposer une caution de l'ordre de 50 000 à 100 000 francs aux visiteurs asiatiques, caution récupérable lors de leur retour au pays.
Qu'attend le Gouvernement pour faire la même chose ? A moins que celui-ci ne préfère le laxisme ! (Murmures sur les travées socialistes. - Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et sur les travées de l'Union centriste.)
M. le président. Monsieur le ministre de l'intérieur, vous êtes à l'ouvrage aujourd'hui !
Je vous donne la parole.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je suis à l'ouvrage... mais ce n'est pas d'aujourd'hui. (Sourires.)
Monsieur le sénateur, le problème que vous évoquez est l'un des plus graves qui se soit posé ; il se pose de manière massive ; il se pose sur une longue durée. C'est le problème de l'afflux massif de clandestins, de personnes qui refusent l'application de nos lois.
Nous devons être bien conscients du fait que le drame affreux survenu à Douvres n'est que la pointe émergée de l'iceberg et que nous sommes en présence d'un fait qui révèle l'horreur d'un monde dans lequel les écarts de revenus, les évolutions démographiques, les différences de statut politique, l'existence de zones de chaos s'étendant sur des continents entiers, conduisent à cette pression migratoire extrêmement forte, qui est cependant, permettez-moi de le dire, beaucoup plus forte dans des pays comme l'Allemagne ou la Grande-Bretagne qu'en France.
Même si je suis sensible au fait que cette pression va sans cesse croissant, à Roissy par exemple, ou bien à la frontière italienne, nous sommes là dans l'espace Schengen. Or, dans cet espace, vous le savez, il n'y a plus de contrôles aux frontières ; les contrôles ne s'exercent qu'à la frontière extérieure.
En tant que ministre de l'intérieur, et pour la présidence française de l'Union européenne, j'ai préparé toute une série de propositions.
Deux séries de textes prévoient le renforcement des sanctions contre les passeurs, ainsi qu'un renforcement des pénalités contre les transporteurs, mais à la frontière extérieure de l'espace Schengen, car je n'imagine pas que cela puisse être ailleurs. Cela n'est pas possible actuellement aux frontières nationales ; ce n'est pas que je ne le regrette pas, mais c'est un fait que je suis obligé de constater.
Les Britanniques n'ont pas levé les contrôles, mais cela n'empêche pas qu'il y ait, actuellement, dans la région de Calais, entre sept mille à huit mille clandestins qui attendent de pouvoir passer !
Je qualifierai l'action entreprise de déterminée, puisque près de 10 000 interpellations ont eu lieu depuis le mois d'août dernier.
Il n'en reste pas moins que nous ne pourrons pas lutter efficacement si une action volontaire n'est pas menée sur au moins deux plans.
Le premier est le codéveloppement des pays d'origine. C'est en effet très en amont que se situe le problème. Cela nous amène à nous interroger sur le modèle de développement de notre monde.
Le second est la répression accrue contre ces filières de l'immigration clandestine.
J'ai prévu un séminaire européen, avec les Etats-Unis, le Mexique et quelques autres pays, qui se tiendrait le 21 juillet. Le conseil « justice et affaires intérieures », JAI, qui aura lieu à la fin du mois de juillet à Marseille sera entièrement consacré à l'important problème de l'immigration, que l'Europe devra affronter avec une claire conscience des enjeux.
Croyez-moi, c'est quand même en France que la réflexion la plus poussée a été menée, à l'occasion de la loi relative à l'entrée et au séjour des étrangers en France et au droit d'asile, dite loi RESEDA, et du rapport Weil. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'au sommet de Tempere a été repris notre tryptique : codéveloppement, intégration, maîtrise des flux migratoires. C'est une politique pour l'Europe tout entière, mais il faut la faire passer ! (Applaudissements sur les travées socialistes, sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

SÉCURITÉ ROUTIE`RE

M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Ma question s'adresse à M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Elle porte sur la très grave insécurité routière et sur les conséquences, en termes de santé publique, de ce fléau national : près de 8 000 morts par an et quelque 170 000 blessés recensés.
Les jeunes Français paient le plus lourd tribut, puisque l'accident de voiture est la première cause de mortalité chez les dix-huit - trente-cinq ans.
Depuis juin 1997, le Gouvernement a mené, sous votre impulsion, une politique active en ce domaine. A ce propos, pouvez-vous nous dire, monsieur le ministre, quel bilan vous tirez de la très forte mobilisation de policiers et de gendarmes durant les week-ends particulièrement exposés du mois de mai ? Même si ce bilan est positif, le gâchis reste immense. Je sais bien que cette situation est ancienne, mais l'on ne saurait se résigner, comme vous l'avez vous-même indiqué récemment.
Ne serait-il pas temps de passer à une étape de la politique de prévention routière, plus contraignante et située plus en amont ?
Voici quelques suggestions : généralisation d'un code de pénalités lourdes pour non-bouclage de la ceinture de sécurité à l'arrière ; introduction de l'apprentissage du code de la route et des règles de comportement sur les trottoirs ou la chaussée, comme matière scolaire obligatoire par des enseignants formés à cet effet ; mise en place d'un enregistreur de vitesse dans tous les véhicules circulant en France ; immobilisation immédiate des véhicules en cas d'infraction grave ; enfin, mise en place de voitures de gendarmerie banalisées pourvues de tous les équipements nécessaires au contrôle.
Je me doute que cette dernière mesure soulèvera des objections, mais la violence routière n'est pas d'une autre nature que celle qui peut accompagner et déborder une manifestation pacifique. La maîtriser devient urgent !
Ne pensez-vous pas, monsieur le ministre, qu'un tel programme pourrait enrayer plus vite la spirale suicidaire qui caractérise la France au regard de la maîtrise du conducteur britannique ou suédois ?
Ne pourriez-vous pas, simultanément, faire parvenir au Parlement un état précis des accidents graves - lieux, heures, causes -, afin que nous puissions en débattre à partir de bases précises ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, vous avez eu raison de poser ce problème avec autant de force de conviction. L'accidentologie révèle, depuis le 1er mai, une baisse de l'ordre de 15 %. Une centaine de vies ont donc pu être sauvées par rapport à l'an dernier. A ce propos, il faut saluer la mobilisation des forces de l'ordre, des associations et des préfets sur le terrain, ainsi que celle des médias. Le prix payé en vies humaines demeure toutefois insupportable, comme vous l'avez dit.
La loi du 18 juin 1999 portant diverses mesures relatives à la sécurité routière a permis de durcir notre réglementation et de la rapprocher de celle de nos voisins européens. Nous amplifions actuellement les contrôles, et les sanctions tombent plus rapidement dans le cas de comportements irresponsables.
Avec le Gouvernement, je suis déterminé à poursuivre la lutte contre l'insécurité routière sur ses deux volets : d'une part, le volet prévention, information et formation, destiné à changer les comportements, et, d'autre part, le volet des contrôles et des sanctions ou, si l'on veut utiliser un mot plus compréhensible, celui de la répression.
Je ne m'étendrai pas sur toutes les suggestions que vous avez avancées, car M. le président me dirait que je dépasse le temps de parole qui m'est imparti. (Sourires.)
M. le président. C'est vrai !
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Je vous dirai seulement, monsieur les sénateur, que j'ai obtenu l'accord de M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale, pour que, tout au long de leur scolarité, les élèves soient sensibilisés à l'insécurité routière. L'objectif est de créer une véritable continuité éducative, piste que nous avions déjà étudiée avec Mme Royal.
Je souhaite par ailleurs augmenter les budgets alloués aux préfets en vue de favoriser toutes les initiatives locales - vous en savez quelque chose dans l'Hérault et dans votre région.
J'ai demandé à mes homologues européens qu'une étude soit lancée pendant la présidence française pour rendre obligatoire l'installation d'un « limitateur avertisseur » de vitesse sur tous les véhicules. Son principe sera examiné dès ce lundi au conseil des ministres des transports européen.
J'ai demandé aux préfets de recourir largement aux suspensions immédiates de permis de conduire dans le cas d'infraction grave.
Le Gouvernement est favorable au recours plus important à des véhicules banalisés pour lutter contre les comportements dangereux. Il y en aura davantage cet été.
Concernant l'analyse des causes d'accident, je viens de prendre connaissance du bilan détaillé de l'Observatoire de la sécurité routière qui, je vous le confirme, vous sera communiqué dans les prochains jours. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

MISE EN PLACE
DE L'ORDRE DES MASSEURS-KINÉSITHÉRAPEUTES

M. le président. La parole est à M. Donnay.
M. Jacques Donnay. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité.
Plusieurs sénateurs du groupe des Républicains et Indépendants. Elle n'est pas là !
M. Jacques Donnay. Le Gouvernement s'est vu enjoindre, par un arrêt du Conseil d'Etat en date du 29 novembre 1999, de fixer la date des élections à l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes créé par la loi du 4 février 1995 et, faute pour lui de satisfaire à cette obligation dans un délai d'un mois à compter de la notification de la décision, une astreinte de 1 000 francs par jour serait prononcée à son encontre à l'expiration d'un délai de quatre mois.
Vous avez laissé passer sans réagir le délai de quatre mois aujourd'hui expiré.
En réponse à certaines questions de nos collègues parlementaires des deux hémicycles, qui se faisaient écho de l'impatience de la profession, le Gouvernement continue de s'abriter illégalement derrière les prétextes les plus divers pour ne pas mettre en place l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
Or, à l'heure actuelle, il y a un consensus au sein de l'ensemble des organisations représentatives de la profession pour que les structures ordinales soient mises en place, et l'on comprend mal que vous persistiez dans votre refus de fixer la date des élections en exposant l'Etat au versement d'importantes indemnités.
Vous ne pouvez vous abriter derrière les réflexions qui seraient menées sur la création d'un hypothétique office des professions paramédicales, dont les masseurs-kinésithérapeutes ne veulent d'ailleurs pas.
Au reste, le Conseil d'Etat a rejeté ce système de défense, et vous a répondu que la loi devait être appliquée.
Ma question sera donc simple, madame la secrétaire d'Etat : allez vous exécuter enfin la chose jugée, comme le souhaite l'ensemble de la profession ?
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés. Monsieur le sénateur, en effet, la loi du 4 février 1995 portant diverses dispositions d'ordre social avait prévu la création d'un ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Mais, du fait de l'opposition des professionnels salariés à la mise en place de cette structure ainsi que de la non-exhaustivité du fichier d'enregistrement des professionnels, l'élection au conseil de l'ordre n'a pas été possible, raison pour laquelle l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes n'a pas été organisé.
Vous le savez, le Gouvernement est cependant sensible à la volonté des masseurs-kinésithérapeutes et de l'ensemble des professionnels paramédicaux de disposer d'un organisme de régulation des litiges et de définition de bonnes pratiques. C'est pourquoi, avec Mme Martine Aubry, nous avons annoncé le 1er septembre dernier, en rendant publiques les conclusions du rapport de Mme Brocas, que nous comptions donner suite à sa proposition de créer un office des professions paramédicales.
Cette mesure s'inscrit dans la démarche de responsabilisation et d'octroi d'une plus grande autonomie des professionnels paramédicaux telle que vous l'évoquez. L'office répond à la fois à la demande des masseurs-kinésithérapeutes de pouvoir disposer d'une instance professionnelle chargée de proposer des règles déontologiques de bonne pratique professionnelle et de veiller à leur respect. Cet office aura également pour mission de régler les litiges entre professionnels.
Une mission sur la faisabilité de cet office a été confiée par le Premier ministre au député Philippe Nauche, qui, dernièrement, nous a remis ses conclusions à l'issue d'une nouvelle consultation de l'ensemble des professionnels concernés. Il est favorable à la mise en place de cet office des professions paramédicales.
Contrairement à ce que vous avez affirmé, le rapport confirme bien l'intérêt de l'ensemble des professions paramédicales pour la création d'un tel office, et les masseurs-kinésithérapeutes n'ont nullement fait part de leur opposition - je suis désolée, monsieur le sénateur. Au contraire, ils ont activement participé à l'ensemble des travaux de Philippe Nauche.
Le Gouvernement travaille maintenant au projet de mise en place de cet office, dont la création sera intégrée au projet de loi de modernisation du système de santé. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Jean-Pierre Schosteck. Dans quelques années !
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés. Mais non, bien avant !

RELÈVEMENT DU TAUX DU LIVRET A

M. le président. La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Nous assistons à une flambée des cours de la bourse sur les places européennes et mondiales. La valeur de nombre d'actions d'entreprises appartenant à ce qu'on appelle la nouvelle économie a augmenté de plus de 50 % depuis le début de l'année.
Dans le même temps, les épargnants titulaires de Livret A, pour la plupart aux revenus modestes, ont le sentiment très justifié d'être les grands oubliés de la forte croissance économique que connaissent les pays occidentaux. Leur rémunération est à ce jour de 2,25 %, alors que les taux de référence atteignent 4,53 %. Avec une inflation de 1,5 % sur un an, l'intérêt réel servi aux petits épargnants n'est donc que de 0,75 % ! C'est dérisoire par rapport à d'autres types de placements, même si les revenus du Livret A sont défiscalisés.
Monsieur le ministre, vous-même en convenez, puisque vous avez déclaré que vous étiez favorable à une augmentation du taux du Livret A, vous réservant de vous prononcer après la réunion du comité consultatif des taux réglementés, prévue fin juin-début juillet. La faible rémunération de ces livrets participe à une importante décollecte - 55 milliards de francs en 1999 - qui fragilise le financement du logement social. D'ailleurs appartient-il aux épargnants les plus modestes de supporter seuls la charge du logement social qui incombe à la communauté nationale ?
Dans ces conditions, le rétablissement à un taux plus conforme à celui des marchés financiers de la rémunération du Livret A apparaîtrait comme une mesure d'équité attendue avec impatience par une grande partie de nos compatriotes.
Pouvez-vous, monsieur le ministre, donner des assurances en ce sens devant la Haute Assemblée ? (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
MM. Jacques Chaumont et Henri de Raincourt. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur. Monsieur le sénateur, pour le Gouvernement, les objectifs fixés au Livret A sont clairs :
Il s'agit d'abord de protéger et de développer l'épargne populaire.
Il s'agit ensuite d'assurer le financement solidaire des missions de service public que sont le logement social, la politique de la ville et l'aide aux quartiers en difficulté, le soutien aux petites et moyennes entreprises et, à travers elles, à l'innovation, à la croissance, à l'emploi.
Ce cap, qui est celui de la majorité plurielle, sera évidemment maintenu.
Cette importante question concerne, vous le savez, de nombreuses familles, puisqu'on dénombre plus de 45 millions de Livrets A.
Ce livret est actuellement rémunéré à 2,25 %, vous l'avez dit. L'inflation reste, certes, contenue à 1,2 % environ par an, mais les taux d'intérêt à court terme ont augmenté.
En juin 1998, pour éviter l'arbitraire, le Gouvernement a institué une nouvelle procédure. Aux termes de cette dernière, un comité indépendant, le comité consultatif des taux réglementés, émet un avis.
Il appartient ensuite au Gouvernement de fixer le taux de rémunération à l'intérieur d'une fourchette qui est la suivante : au moins 1 % de plus que le taux d'inflation et 0,5 % de moins que les taux à trois mois. Nous disposons donc actuellement d'une marge de progression, mais il importe de veiller à ne pas pénaliser le logement social financé par les ressources du Livret A.
On peut aussi jouer sur la rémunération des circuits de collecte.
Bref, il faut garantir le pouvoir d'achat des Français, sans toutefois pénaliser le logement social.
Dès que le comité consultatif se sera réuni - fin juin ou début juillet - et en fonction de l'avis qu'il aura formulé, nous apprécierons la marge disponible pour revaloriser la rémunération du Livret A. M. Laurent Fabius a indiqué devant l'Assemblée nationale, le 13 juin dernier, être personnellement favorable à cette revalorisation.
Il a précisé qu'il souhaitait pouvoir annoncer prochainement la bonne nouvelle à la représentation nationale. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)

« PILULE DU LENDEMAIN »
DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Ma question s'adresse à Mme Ségolène Royal.
En tant que femme et comme socialiste, je suis extrêmement inquiète devant la recrudescence des tentatives pour porter atteinte aux droits des femmes sur le plan international mais aussi dans notre pays.
A New York, lors de la conférence de l'ONU sur les femmes, le Vatican et les pays islamiques ont bloqué toute avancée sur l'avortement. A Vienne, lors d'une conférence contre la criminalité organisée, on a tenté de banaliser la prostitution.
En France, la dernière attaque en date est le recours devant le Conseil d'Etat d'une dizaine d'associations familiales, catholiques ou antiavortement pour empêcher la délivrance de la pilule du lendemain dans les collèges et lycées, ainsi d'ailleurs que sa vente libre dans les pharmacies.
La liberté de disposer de son corps et de maîtriser sa maternité est une des conquêtes majeures des femmes dans la seconde moitié du xxe siècle. Celle-ci est acquise en France depuis la loi Neuwirth de 1967.
Or, il y a actuellement en France, comme l'a rappelé tout à l'heure ma collègue Odette Terrade, 10 000 grossesses non désirées chez les mineures, dont 6 000 donnent lieu à un avortement. Mal informées des moyens de contraception ou, pis, lorsqu'elles ont subi des violences sexuelles, ces jeunes filles se retrouvent en situation de grande détresse.
Il est évidemment absolument nécessaire d'améliorer la formation et l'information des jeunes en matière de contraception. C'est ce qu'a commencé à faire la campagne lancée par Nicole Péry en début d'année, mais il est également indispensable de répondre aux situations d'urgence que je décrivais à l'instant.
C'est pourquoi le groupe socialiste tient à réaffirmer son soutien à votre courageuse initiative, madame la ministre.
Ma question est simple : dans l'hypothèse ou le Conseil d'Etat annulerait votre circulaire, le Gouvernement est-il prêt à engager le toilettage de notre législation sur la contraception ainsi que celui du code civil pour permettre la prescription par les infirmières scolaires de la pilule du lendemain, sans qu'il soit nécessaire de passer par un médecin, la suppression de l'autorisation parentale pour les mineures et la vente libre du Norlevo en pharmacie ? (Applaudissements sur les travées socialiste, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre délégué à la famille et à l'enfance. Monsieur le président, tout d'abord, je voudrais vous remercier du petit signe que vous m'avez adressé tout à l'heure à propos du Marais poitevin. En tant que présidente d'une structure intercommunale sur ce territoire depuis plus de dix ans, je pense en effet, en solidarité totale avec le ministre de l'intérieur, que la loi doit être appliquée, indépendamment des échéances électorales et des préoccupations de politique politicienne. (Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est vous qui faites de la politique politicienne ! (Murmures sur les travées du groupe socialiste.)
M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues ! Je vous demande, à tous, de bien vouloir écouter silencieusement Mme le ministre.
Nous vous écoutons, madame.
M. Ségolène Royal, ministre délégué. Madame la sénatrice, étant moi-même parent de jeunes adolescents, la décision que j'ai prise ne l'a pas été à la légère. Pendant plus d'un an, je l'ai dit tout à l'heure, j'ai procédé à des consultations auprès tant des organisations professionnelles des infirmières et des médecins scolaires que des organisations représentatives des enseignants et des chefs d'établissement, qui ont à gérer les infirmiers scolaires.
Par ailleurs, l'académie nationale de médecine a émis, dans une assemblée plénière du 7 mars dernier, un avis positif et courageux sur la délivrance de la contraception d'urgence, en soulignant, en particulier, la qualité de la démarche globale d'éducation à la sexualité et à la vie que j'ai lancée au sein de l'éducation nationale.
Dans le courrier que j'ai adressé à tous les chefs d'établissement, je leur expliquais comment ce protocole national de soins dans le système scolaire, qui vise à répondre, dans le cas du Norlevo, à une situation d'urgence et de détresse, s'inscrit dans une éducation civique faisant appel à la responsabilité des adolescents, au respect d'eux-mêmes et des autres, au respect du corps, à la prise de conscience que la sexualité précoce n'est pas un progrès, au refus de toutes les formes de violence.
C'est dans ce contexte éducatif et citoyen, qui conduit les adolescents à entrer dans leur vie sexuelle avec beaucoup plus de sens des responsabilités, que s'inscrit ce dispositif de santé publique, qui vise d'abord et avant tout à répondre aux cas extrêmement précis de détresse individuelle des élèves, leur permettant de faire face soit aux problèmes de violences qu'elles ont subies, soit aux problèmes d'immaturité, soit aux problèmes de sous-information, en tout état de cause aux problèmes d'urgence médicale qu'elles rencontrent.

J'ai fait là mon devoir d'adulte, de parent d'élève, de responsable de l'éducation nationale. Je ne regrette rien. J'assume complètement cette décision et le Gouvernement avec moi. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

AIDE FINANCIÈRE AU TRANSPORT DU BOIS

M. le président. La parole est à M. Delong.
M. Jacques-Richard Delong. Monsieur le ministre, je voudrais évoquer le problème de l'aide au transport à la suite des blessures subies par la forêt française en décembre 1999.
En effet, l'écoulement des chablis issus des tempêtes de décembre 1999 exige d'étaler dans le temps l'excédent d'offre de bois sur le marché. Cet étalement demande le transport de bois vers des régions non sinistrées, jumelé à un arrêt des coupes normalement prévues dans ces régions. Le plan gouvernemental a décidé la mise en place d'une aide de 20 à 50 francs par tonne, selon la distance, pour atténuer le surcoût lié à l'allégement du rayon d'approvisionnement des entreprises.
Selon certaines informations concordantes, l'enveloppe prévue pour cette aide, d'un montant de 550 millions de francs, inscrits au collectif budgétaire, s'avère insuffisante par rapport aux besoins. L'aide au transport routier sera intégralement répartie avant la fin de l'été. C'est pourtant à cette date qu'il sera indispensable de disposer d'une aide au transport efficace. La politique de restriction de l'offre de bois dans les régions non sinistrées n'est tenable que si les acheteurs peuvent accéder aux zones sinistrées à un coût économiquement acceptable pour eux. Si cette aide au transport venait à être suspendue, la commercialisation des chablis risquerait d'être compromise : la moitié des bois d'oeuvre sinistrés resterait en forêt et serait perdue.
Il est donc indispensable d'augmenter très significativement le montant de l'aide au transport inscrit au collectif budgétaire en le portant au moins au double de la valeur proposée - 1 100 millions de francs au lieu de 550 millions de francs. Ce supplément permettrait d'inciter au transport hors zone sinistrée d'environ 15 millions de mètres cubes de bois d'oeuvre supplémentaires, qui, à défaut, pourriront en forêt et manqueront gravement aux entreprises de zones non sinistrées. L'effet d'affichage résultant d'une reprise des ventes de bois frais à l'automne, alors que certains pays voisins tels que l'Allemagne ont restreint par voie législative l'offre de bois, serait par ailleurs particulièrement désastreux.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, M. Jean Glavany étant retenu à l'assemblée générale de la mutualité sociale agricole, je vais répondre à cette question.
L'aide aux transports des bois chablis est l'un des volets importants du plan gouvernemental établi en faveur des forêts après les tempêtes. Initialement annoncée pour les seuls transports ferroviaires, l'aide a été étendue, le 3 février, dernier aux transports par routes, par voies navigables ou vers les ports pour adapter la réponse à la demande des professionnels.
Dès le mois de février, une première enveloppe de 150 millions de francs a été déléguée dans les départements. Un montant de 550 millions de francs est inscrit au collectif budgétaire pour atteindre une enveloppe de 700 millions de francs annoncée dans le plan gouvernemental, enveloppe sur laquelle 200 millions de francs concernent l'aide aux transports ferroviaires, qui fait l'objet d'une convention avec la SNCF.
Cette aide a eu d'ores et déjà un effet significatif sur la mobilisation des chablis, ce dont le Gouvernement se félicite.
La rançon de ce succès est l'inquiétude qui se répand depuis quelques semaines, alimentée par la rumeur, et un arrêt prochain de cette aide au transport du fait de l'épuisement de l'enveloppe des 700 millions de francs prévue.
Les prévisions réalisées dans les services du ministère de l'agriculture sur les dossiers potentiellement éligibles laissent prévoir une consommation rapide des crédits disponibles pour l'aide au transport. Il s'agit de simulations qui relèvent de la bonne administration mais qui ne préjugent en rien un arrêt de ce dispositif.
Comme M. Glavany a eu l'occasion de le dire à l'Assemblée nationale lors de la première lecture du projet de loi d'orientation sur la forêt, les enveloppes d'aide au transport arrivées à épuisement dans certaines régions seront laissées ouvertes autant que de besoin dans les mois qui viennent. Il est en effet important que les professionnels poursuivent sur cette lancée et mobilisent le maximum de bois chablis.
Vous demandez un abondement supplémentaire de 400 millions de francs pour que l'enveloppe de cette aide soit portée à 1,1 milliard de francs. Il est encore un peu tôt pour évaluer précisément ce montant. Néanmoins, je le confirme, l'aide ne sera pas arrêtée dans les prochains mois et les crédits nécessaires seront dégagés si l'enveloppe de 700 millions de francs ne suffit pas.
Il est important que les opérateurs n'hésitent pas à s'engager dès maintenant dans de nouveaux projets de mobilisation ou de stockage des bois chablis. Un rythme de consommation rapide de l'aide au transport ne pourra que réjouir, j'imagine, l'ensemble des partenaires de la filière forêt-bois, dont le Gouvernement. Il sera le signe tangible que les chablis sortent des forêts pour être valorisés. Cet élan sera encouragé et soutenu par l'aide au transport. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.

6

SOUHAITS DE BIENVENUE
À UNE DÉLÉGATION DU MONTÉNÉGRO

M. le président. Mes chers collègues, j'ai le plaisir de saluer la présence dans notre tribune officielle de M. Kujovic, ministre de l'éducation du Monténégro, et M. Simovic, ministre de l'agriculture.
Nous sommes particulièrement sensibles à l'intérêt et à la sympathie qu'ils portent à notre institution.
Au nom du Sénat de la République, je leur souhaite la bienvenue et je forme des voeux pour que leur séjour en France se déroule dans les meilleures conditions. (Mmes et MM. les ministres, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent.)
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures, est reprise à seize heures dix, sous la présidence de M. Guy Allouche.)

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

7

CHASSE

Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi
en nouvelle lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion en nouvelle lecture du projet de loi (n° 414, 1999-2000), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture, relatif à la chasse. [Rapport n° 421 (1999-2000).]
La discussion générale a été close ce matin.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir de la deuxième lecture au Sénat des projets ou propositions de loi, la discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.

Article 1er A



M. le président.
« Art. 1er A. - Le Gouvernement déposera, avant le 31 décembre 2000, un rapport précisant ses initiatives européennes visant, en application du principe de subsidiarité :
« 1° A réserver à la loi nationale la fixation de l'ensemble des règles et obligations qui s'appliquent à l'exercice de la chasse aux mammifères et aux oiseaux non migrateurs sur le territoire national ;
« 2° A réserver au droit communautaire la fixation des principes que doit respecter la loi nationale en matière de fixation des règles et obligations qui s'appliquent à l'exercice de la chasse aux oiseaux migrateurs.
« Le Gouvernement déposera, tous les trois ans, un rapport sur les actions entreprises pour appliquer la directive 79/409/CEE du Conseil du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages et les dérogations accordées sur la base de l'article 9 de ladite directive. »
Par amendement n° 1, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit cet article :
« Le Gouvernement rend compte annuellement au Parlement de ses initiatives européennes visant, notamment en application du principe de subsidiarité, à compléter ou à modifier les textes communautaires relatifs à la gestion durable des espèces de la faune sauvage et des habitats, plus particulièrement en ce qui concerne les dérogations visées à l'article 9 de la directive 79/409/CEE du Conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages et la directive 92/43/CEE du Conseil du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages. Ce rapport rend également compte de l'état des procédures pendantes devant la Cour de Justice des Communautés Européennes. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Nous proposons de rétablir le texte déjà adopté par le Sénat, n'y ajoutant que la mention de la directive Natura 2000.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. La rédaction adoptée en nouvelle lecture à l'Assemblée nationale apparaît satisfaisante au Gouvernement.
Le présent amendement prévoit notamment que le Gouvernement remet au Parlement un rapport annuel sur l'application de la directive « Oiseaux ». Il ne paraît pas justifié d'établir des rapports chaque année sur un tel sujet.
Le Gouvernement est, de ce fait, défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 1er A est ainsi rédigé.

Article 1er



M. le président.
« Art. 1er. - I. - Non modifié.
« II. - Avant l'article L. 220-2 du même code, il est inséré un article L. 220-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 220-1. - La gestion durable du patrimoine faunique et de ses habitats est d'intérêt général. La pratique de la chasse, activité à caractère environnemental, culturel, social et économique, participe à cette gestion et contribue à l'équilibre entre le gibier, les milieux et les activités humaines en assurant un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétique.
« Le principe de prélèvement raisonnable sur les ressources naturelles renouvelables s'impose aux activités d'usage et d'exploitation de ces ressources. En contrepartie de prélèvements raisonnés sur les espèces dont la chasse est autorisée, les chasseurs doivent contribuer à la gestion équilibrée des écosystèmes. La chasse s'exerce dans des conditions compatibles avec les usages non appropriatifs de la nature, dans le respect du droit de propriété. »
« III. - Après l'article L. 220-2 du même code, il est inséré, un article L. 220-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 220-3. - Constitue un acte de chasse tout acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l'attente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture de celui-ci.
« L'acte préparatoire à la chasse antérieur à la recherche effective du gibier, y compris lorsqu'il consiste en un repérage non armé du passage du gibier, et l'acte de recherche du gibier accompli par un auxiliaire de la chasse ne constituent pas des actes de chasse. Achever un animal mortellement blessé ou aux abois ne constitue pas un acte de chasse, de même que la curée.
« Ne constitue également pas un acte de chasse le fait, pour un conducteur de chien de sang, de procéder à la recherche d'un animal blessé ou de contrôler le résultat d'un tir sur un animal, y compris en dehors de la période de chasse et sur un territoire sur lequel ce conducteur ne dispose pas du droit de chasse. Le conducteur est autorisé à euthanasier l'animal qu'il a retrouvé blessé à la suite de sa recherche.
« Les entraînements, concours et épreuves de chiens de chasse ou d'oiseaux de fauconnerie, autorisés par l'autorité administrative, ne constituent pas des actes de chasse. »
Par amendement n° 2, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le II de cet article pour l'article L. 220-1 du code rural :
« Art. L. 220-1. - La gestion durable des espèces de la faune sauvage et de leurs habitats est d'intérêt général. Elle implique une gestion équilibrée de ces espèces dont la chasse, activité traditionnelle à caractère environnemental, culturel, social et économique, constitue un élément déterminant.
« Par des prélèvements raisonnables sur les espèces dont la chasse est autorisée, les chasseurs contribuent à la gestion harmonieuse des écosystèmes et assurent un équilibre agro-sylvo-cynégétique, dans le respect du droit de propriété. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement est la reprise exacte du texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 3, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le III de l'article 1er pour l'article L. 220-3 du code rural :
« Art. L. 220-3. - Constitue un acte de chasse tout acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l'attente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci.
« L'acte préparatoire à la chasse antérieur à la recherche effective du gibier, y compris lorsqu'il consiste en un repérage non armé du passage du gibier, et l'acte de recherche du gibier accompli par un auxiliaire de la chasse ne constituent pas des actes de chasse. Achever un animal mortellement blessé ou aux abois ne constitue pas un acte de chasse, de même que la curée.
« Ne constitue pas non plus un acte de chasse le fait, pour un conducteur de chien de sang, de procéder à la recherche d'un animal blessé ou de contrôler le résultat d'un tir sur un animal, y compris en dehors de la période de chasse et sur un territoire sur lequel ce conducteur ne dispose pas du droit de chasse. Le conducteur est autorisé à achever l'animal qu'il a retrouvé blessé à la suite de sa recherche.
« Les entraînements, concours et épreuves de chiens de chasse ou d'oiseaux de fauconnerie, autorisés par l'autorité administrative, ne constituent pas des actes de chasse. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement vise également à revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture.
L'Assemblée nationale a repris notre définition de l'acte de chasse, ne retenant toutefois que la capture du gibier, et non la mort, comme but ou résultat de cet acte.
L'Assemblée nationale y a ajouté deux alinéas - sur lesquels nous proposons des modifications d'ordre rédactionnel - qui ont trait, l'un, à l'acte préparatoire à la chasse, l'autre, à la recherche dite « au sang ».
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je crains, madame le rapporteur, que le souci, au demeurant louable, de plus grande précision manifesté par la commission n'ait pour résultat de remettre en cause une jurisprudence bien établie, de relancer certains conflits, voire d'ouvrir une faille dans le dispositif de répression du braconnage.
En effet, ainsi rédigé, le texte pourrait être invoqué pour solliciter une relaxe, l'acte de chasse ou de chasse sur autrui n'étant pas établi si le prévenu affirme s'être borné à rechercher un animal blessé ou à l'achever.
J'émets donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er, modifié.

(L'article 1er est adopté.)

Article additionnel après l'article 1er



M. le président.
Par amendement n° 4, Mme Heinis, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 1er, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement présentera un rapport sur les usages non appropriatifs de la nature dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la loi n° du relative à la chasse. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Nous reprenons là une disposition que nous avions déjà adoptée, mais sous la forme d'un article additionnel et non plus sous celle d'un article du code rural.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Certes, la problématique des usages multiples de la nature dans le respect du droit de propriété n'est pas dénuée d'intérêt. Néanmoins, le caractère impératif de cet amendement, qui exige qu'un rapport soit déposé sur ce sujet dans un délai d'un an, conduit le Gouvernement à exprimer un avis défavorable quant à son adoption.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er.

Article 1er bis



M. le président.
« Art. 1er bis. - I. - Toute réintroduction volontaire de prédateurs en vue de contribuer à la conservation d'une espèce menacée d'extinction est précédée d'une étude visant à rechercher si une telle réintroduction serait efficace, d'une consultation des collectivités territoriales et d'un débat public organisé par l'Etat sur les territoires concernés.
« L'étude doit notamment comporter :
« - l'identification des territoires que la population réintroduite est susceptible d'investir ;
« - la mention du seuil de viabilité de la population en question ;
« - le suivi génétique à mettre en place ;
« - l'impact de la réintroduction sur les activités humaines, notamment économiques ;
« - l'identification de l'ensemble des mesures de prévention et d'indemnisation à adopter, de leur coût et des autorités qui en assurent la responsabilité.
« II. - L'étude et la consultation du public sont également effectuées lorsqu'elles ne l'ont pas été pour les prédateurs antérieurement réintroduits. Si l'étude, la consultation du public et des collectivités locales concernées démontrent que le maintien des prédateurs présente des inconvénients majeurs, il ne peut être procédé à aucune nouvelle introduction.
« III. - Le représentant de l'Etat a tout pouvoir, dans la limite de ses compétences, pour prendre toute disposition utile de protection lorsque les prédateurs volontairement réintroduits ou leurs descendants menacent la sécurité des personnes et des biens.
« IV. - En cas de perturbations graves générées par les prédateurs volontairement réintroduits, il est procédé à leur capture sous la responsabilité de l'Etat à la demande des conseils municipaux concernés, après débat public sur le territoire concerné. »
Sur l'article, la parole est à M. Althapé.
M. Louis Althapé. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, puisque nous avions voté l'article conforme, je pensais que l'Assemblée nationale l'aurait tout simplement maintenu conforme, comme le prévoient d'ailleurs les règlements.
Je m'étonne donc, après mon collègue Gérard César, qui a été particulièrement choqué, de constater que le Gouvernement a déposé un nouvel amendement pour tenter de régler le problème des ours slovènes en Ariège.
Sans reprendre tout ce que j'ai pu dire lors du débat que nous avons eu il y a quelques jours sur cet article, dont nous souhaitions l'adoption conforme, je voudrais attirer l'attention de mes collègues sur les conséquences de l'article tel qu'il a été adopté par l'Assemblée nationale.
Je pense que ce ne n'est pas ainsi que l'on va régler réellement le problème des ours introduits dans les Pyrénées, et je m'explique.
L'introduction d'ours est toujours problématique, même lorsqu'il paraît que des collectivités se sont, au départ, montrées favorables. Cette affaire, à mon avis, évoluera très mal.
Les ours sont aujourd'hui présents et, bien entendu, ils ne sont pas cantonnés au territoire des communes qui souhaitaient initialement les recevoir ; ils vont donc forcément poser des problèmes dans les communes qui, elles, ne souhaitent pas leur présence.
Je voudrais attirer votre attention, monsieur le ministre, sur la situation des bergers et, plus généralement, sur celle des collectivités qui ne souhaitaient pas la présence de ces plantigrades. Nous allons nous retrouver dans une situation littéralement inextricable, et ce n'est pas le paragraphe II de l'article 1er bis qui va permettre de résoudre le problème.
Le texte qui nous est proposé vise à confier au préfet le soin d'apprécier les dispositions à prendre pour la sécurité des biens et des personnes. Je pense que le préfet se contentera d'annoncer qu'il va mettre à disposition des collectivités et des bergers les moyens propres à assurer leur protection contre les ours. Mais on sait pertinemment que la pression médiatique et écologique sera telle qu'en réalité aucune disposition ne sera prise et que la cohabitation entre les ours et les populations autochtones se poursuivra. Aussi, je voudrais attirer solennellement votre attention sur le fait que, contrairement à ce que vous pensez, ce nouvel amendement ne remédiera pas aux problèmes liés à la présence des ours dans les Pyrénées.
Et les populations autochtones seront dans l'incapacité de prendre les décisions ou de peser sur les décisions nécessaires pour préserver leur activité pastorale.
Nous sommes aujourd'hui confrontés à un véritable enjeu de société : la montagne doit-elle appartenir aux bergers ou subir la pression urbaine ? Vous avez fait un choix. Grâce à vous, les ours ont de beaux jours devant eux ! Tant mieux pour eux, certes, mais vous ne m'empêcherez pas de déplorer que les bergers soient ainsi privés de la capacité de gérer eux-mêmes leur avenir. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Philippe François. Très bien !
M. le président. Sur l'article, la parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. En première lecture, j'étais intervenu, à propos des prédateurs.
Sans insister longuement, je dirai, après mes collègues qui se sont exprimés ce matin que me paraît totalement anormale la remise en cause d'un texte qui avait été voté conforme par les deux assemblées.
M. Henri de Raincourt. Absolument !
M. Michel Souplet. J'avais évoqué un autre problème que celui de la réintroduction de l'ours, ou des loups : le problème de la législation sur les oiseaux ou les animaux protégés.
Actuellement, certaines régions de France comptent un nombre très important de prédateurs qui sont totalement protégés. Je pense aux pies, aux corbeaux freux, aux busards, aux buses, aux blaireaux, aux belettes... autant d'animaux dont il faudrait du moins pouvoir suivre l'évolution.
Je souhaiterais que l'on en vienne un jour à légiférer sur la protection d'un certain nombre d'animaux et d'oiseaux pour faire en sorte que, dès que la prolifération commence, la population de ces prédateurs puisse être ramenée à un taux normal.
C'est d'une importance extrême. On ne peut à la fois donner la préférence au gibier naturel sur le gibier de repeuplement - et c'est le cas de tout bon chasseur - assister jour après jour à sa destruction par des prédateurs.
M. le président. Par amendement n° 5, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit l'article 1er bis :
« Toute réintroduction de prédateurs en vue de contribuer à la conservation d'une espèce menacée d'extinction est précédée d'une étude visant à rechercher si une telle réintroduction serait efficace et acceptable.
« Cette étude doit notamment comporter :
« - l'identification des territoires que l'espèce en question est susceptible d'investir ;
« - la mention du seuil de viabilité de l'espèce ;
« - le suivi génétique à mettre en place ;
« - l'impact de la réintroduction sur les activités humaines, notamment économiques ;
« - l'identification de l'ensemble des mesures de prévention et d'indemnisation à adopter, de leur coût et des autorités qui en assurent la responsabilité ;
« - le consentement des populations concernées.
« Compte tenu de la perturbation que génèrent les ours de Slovénie réintroduits en 1996, il est procédé à leur capture. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. L'amendement n° 5 reprend le texte sur lequel le Sénat avait émis un vote conforme.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Monsieur le président, madame le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, s'agissant de l'aspect constitutionnel, je vous invite, les uns et les autres, à consulter la décision prise le 29 décembre 1989 par le Conseil constitutionnel, qui avait admis la remise en cause des articles votés conformes par les deux assemblées.
Comme vous le savez, aux termes de l'article 62 de la Constitution, les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles.
Cela étant, permettez-moi de me réjouir de l'intervention de M. Althapé, qui démontre, après les échanges récents que nous avons eus dans cet hémicycle sur la solidarité et le renouvellement urbains, que certains élus - qu'ils soient membres du Gouvernement ou qu'ils siègent à la Haute Assemblée - s'intéressent aux problèmes ruraux aussi bien qu'aux problèmes urbains !
M. Philippe François. Pourquoi pas ?
M. Louis Althapé. C'est normal !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. La présence dans cette enceinte du ministre délégué à la ville en est un autre signe.
J'ai la conviction que la problématique rurale est une occasion pour les élus ruraux et urbains d'échanger leurs points de vue. (M. Carrère applaudit.)
Cette démarche participe du refus de la division manichéenne, voulue par certains, entre monde rural et monde urbain, qui seraient condamnés à une absence de communication ad vitam æternam.
Pour cette raison, entre autres, je me réjouis d'avoir la chance de débattre avec vous de ce texte.
J'en reviens maintenant à l'article 1er bis et à l'amendement n° 5.
L'article 1er bis adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture est un texte équilibré, qui prend en compte les légitimes préoccupations exprimées devant les conséquences de la réintroduction de prédateurs, mais aussi l'objectif de préservation de notre patrimoine naturel, qui nécessite de telles opérations.
Je souhaiterais vous convaincre, mesdames, messieurs les sénateurs, d'adopter cet article en des termes identiques, plutôt que de rouvrir une vaine querelle sur la capture, toutes affaires cessantes, de deux jeunes ours qui, certes, ont occasionné des dégâts en s'attaquant à des ruches et des moutons dans une partie de l'Ariège éloignée du lieu de lâcher de leur mère, mais dont on peut penser que le comportement sera compatible avec la poursuite du pastoralisme dès lors que les mesures de prévention auront été mises en place.
L'exemple du Béarn montre qu'une cohabitation est possible, pour le bénéfice réciproque de la conservation de la nature et du développement local, dès lors que les bergers et éleveurs qui subissent les attaques reçoivent un soutien de la collectivité.
Je vous invite donc à retirer cet amendement, qui me paraît par ailleurs largement satisfait par le texte adopté par l'Assemblée nationale.
M. Gérard César. En première lecture !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement ne pourrait en effet être favorable à son adoption.
M. le président. Monsieur le ministre, veillons à ce que cet ours ne porte pas atteinte à l'intégrité physique de notre unique sénateur de l'Ariège ! (Sourires.)
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 5.
M. Jean-Pierre Bel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bel.
M. Jean-Pierre Bel. Je voudrais expliciter les raisons pour lesquelles je suis satisfait par l'amendement adopté par l'Assemblée nationale et pour lesquelles je ne voterai pas l'amendement proposé par la commission.
Je suis, vous l'avez dit, élu de l'Ariège, département particulièrement concerné par cette question. Contrairement à ce qu'à prétendu une certaine presse, les élus ariégeois n'ont jamais voulu exterminer les ours. Ils se sont simplement élevés avec la plus forte énergie contre le mépris dont ils avaient été l'objet au moment d'une réintroduction qui a été menée à la hussarde, sans que soient associées les populations concernées. Et il est bien apparu que, contrairement à certaines assertions prématurées, le département de l'Ariège était bel et bien concerné.
Je veux dire aussi que l'amendement présenté par le Gouvernement reprend, pour l'essentiel, les propositions contenues dans un amendement que le groupe socialiste avait déposé en première lecture. Il permet d'associer les populations et d'apaiser ainsi les angoisses qui se sont exprimées. Il montre que l'Etat, qui a enfin pris en compte la gravité du sujet, est prêt à revoir sa copie, pour mieux s'expliquer, pour donner aussi, du moins je l'espère, les moyens de maîtriser la situation et d'assumer ses responsabilités.
Le Gouvernement a pris conscience de nos problèmes. Il nous propose une voie pour l'apaisement. Nous voulons le croire. C'est pourquoi le groupe socialiste ne votera pas l'amendement présenté par la commission. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Monsieur le président, je m'en excuse auprès de Mme le rapporteur, je ne m'associerai pas à cet amendement. Si, tout au long de ce débat, je m'exprimerai au nom de mon groupe, je parlerai en cet instant uniquement en mon nom personnel.
Je ne voterai pas cet amendement parce que je ne veux pas m'associer à ce mauvais coup porté aux ours. Je m'en explique.
Notre collègue Louis Althapé a raison lorsqu'il souligne que ni le texte proposé par le Gouvernement et adopté à l'Assemblée nationale, ni cet amendement ne résoudront le problème des ours qui ont été réintroduits dans les Pyrénées. En aucun cas !
Comme M. Althapé l'avait exposé en première lecture, c'est un problème compliqué.
Il est proposé de faire précéder d'une étude préalable toute réintroduction des ours ou d'autres catégories de bêtes sauvages dans les Pyrénées, les Alpes... ou ailleurs. Pour être importante, cette étude préalable ne règle rien.
En première lecture, je n'avais rien dit par solidarité avec mes collègues, tant il était évident que la faute avait été commise par les députés, notamment parce qu'ils avaient introduit l'obligation de capturer ces ours. En votant l'article conforme, nous avons en quelque sorte piégé nos collègues de l'Assemblée nationale. Je ne reviens pas sur l'histoire...
Cette fois, il en va autrement, puisqu'une rectification a été adoptée par l'Assemblée nationale. Si nous votons cet amendement, il nous reviendra alors d'assumer l'erreur que constitue son dernier alinéa.
C'est cet alinéa qui ne me convient pas. Le reste m'agrée tout à fait, puisque la rédaction est identique à celle du texte adopté à l'Assemblée nationale.
Une erreur a été commise par un député socialiste. En réussissant à le piéger, nous y avons mis bon ordre. Je me refuse à cautionner une erreur qui, cette fois-ci, serait la nôtre. Vous ne pourrez plus vous abriter derrière la faute d'un député, puisque c'est le Sénat qui aura introduit cet alinéa. Voilà pourquoi je ne veux pas m'y associer.
Je prie Mme le rapporteur, que je vais suivre quasiment tout au long de ce débat, de bien vouloir m'excuser, mais je ne la suivrai malheureusement pas du tout sur cet amendement-là. (M. Carrère applaudit.)
M. Louis Althapé. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Althapé.
M. Louis Althapé. J'insiste à nouveau sur la gravité de la situation.
Bien que l'on sache pertinemment qu'on ne pourra pas récupérer ces ours...
M. Ladislas Poniatowski. Alors, pourquoi cet amendement ?
M. Louis Althapé. ... il faut voter cette disposition tout en sachant.
Si vous ne votez pas cet amendement, vous pourrez dire qu'à partir d'aujourd'hui, 22 juin, notre assemblée aura tout simplement entériné la cohabitation entre l'ours et les bergers. Que le pastoralisme doive s'accommoder de la proximité des ours, c'est là un problème très grave et que nous tenons à poser. Je vous laisse le soin de vous expliquer, auprès de tous ceux qui vivent de la montagne, en particulier les bergers, de cette proximité qui, demain, ne pourra que les perturber.
Un événement particulièrement grave se déroule aujourd'hui au Sénat. Je puis comprendre la position de certains, mais, moi qui suis pyrénéen et qui vis sur le terrain, je sais que l'introduction de l'ours posera problème.
Tout à l'heure, il a été fait référence à ce qui se passait dans le Béarn. Je vis à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau des ours béarnais - l'estimation est approximative, car on ne sait jamais où se trouvent exactement les ours béarnais. Il faut savoir que la situation n'est pas du tout la même, les ours béarnais sont là depuis la nuit des temps ; et le mode d'élevage est très différent, en Béarn, les troupeaux de brebis sont parqués tous les soirs dans des enclos ; leur protection a donc toujours été naturellement assurée par les bergers. Là, il s'agit d'un autre type de pastoralisme.
Je prends acte qu'à partir d'aujourd'hui les Pyrénéens vivront une forme de cohabitation particulièrement dangereuse, qui risque de mal se finir.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 1er bis est ainsi rédigé.

Article 1er ter (supprimé)



M. le président.
L'article 1er ter a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 6, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rétablir cet article dans la rédaction suivante :
« Avant l'article L. 221-1 du code rural il est inséré un article L. 221-1-0 ainsi rédigé :
« Art. L. 221-1-0. - Le Conseil national de la chasse et de la faune sauvage est placé auprès des ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt. Il est obligatoirement consulté sur les projets de textes nationaux, communautaires et internationaux relatifs à la chasse et à la faune sauvage.
« Il est composé pour un tiers de représentants de l'Etat, pour un tiers de représentants des milieux cynégétiques proposés par la Fédération nationale des chasseurs et pour un tiers de représentants des collectivités locales, des organisations professionnelles concernées et des organismes scientifiques ou de protection de la nature.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application du présent article ».
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement tend simplement à rétablir le texte du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 6.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Cet amendement, dont l'esprit par ailleurs nous agrée en tous points, tend à instituer la double tutelle. Nous récusons cette disposition parce que, juridiquement, elle n'est pas correcte. Dès lors, nous ne pouvons voter cet amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 1er ter est rétabli dans cette rédaction.

Article 2



M. le président.
« Art. 2. - I. - La section 2 du chapitre Ier du titre II du livre II du code rural est ainsi rédigée :

« Section 2

« Office national de la chasse et de la faune sauvage

« Art. L. 221-1. - I. - L'Office national de la chasse et de la faune sauvage est un établissement public de l'Etat à caractère administratif. Il a pour mission de réaliser des études, des recherches et des expérimentations concernant la conservation, la restauration et la gestion de la faune sauvage et ses habitats et la mise en valeur de celle-ci par la chasse. Dans ces domaines, il délivre des formations. Il participe à la mise en valeur et la surveillance de la faune sauvage ainsi qu'au respect de la réglementation relative à la police de la chasse.
« Il apporte à l'Etat son concours pour l'évaluation de l'état de la faune sauvage ainsi que le suivi de sa gestion, et sa capacité d'expertise et son appui technique pour l'élaboration des orientations régionales visées au premier alinéa de l'article L. 221-2-2 ainsi que l'évaluation des documents de gestion de la faune sauvage et de l'amélioration de la qualité de ses habitats.
« Il est chargé pour le compte de l'Etat de l'organisation matérielle de l'examen du permis de chasser.
« L'Office national de la chasse et de la faune sauvage peut collaborer avec la Fédération nationale des chasseurs et avec les fédérations départementales des chasseurs sur des questions relatives à leurs domaines d'action respectifs. Les activités entreprises conjointement donnent lieu à l'établissement de conventions spécifiques.
« II. - Le conseil d'administration de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage est composé à hauteur de trois cinquièmes de représentants de l'Etat et de personnalités appartenant aux milieux cynégétiques, notamment aux associations spécialisées de chasse désignées par elles, chacune de ces deux catégories disposant d'un nombre égal de sièges. Il comprend également des représentants d'usagers des organisations agricoles et forestières et des gestionnaires des espaces naturels, notamment des parcs nationaux et des parcs naturels régionaux, des personnalités qualifiées dans le domaine de la faune sauvage et de la protection de la nature et deux représentants des personnels de l'établissement élus par ces derniers.
« Le conseil scientifique de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, placé auprès du directeur général, donne son avis au directeur général sur la politique de l'établissement en matière de recherche scientifique et technique. Il évalue les travaux scientifiques des chercheurs de l'établissement. Il participe à l'évaluation de l'état de la faune sauvage et assure le suivi de la gestion de celle-ci.
« Les services de l'établissement sont dirigés par un directeur général nommé par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la chasse.
« III. - Les ressources de l'établissement sont constituées par les produits de redevances cynégétiques, par des subventions de l'Etat ou des autres personnes publiques, par les redevances pour services rendus, par les produits des emprunts, par les dons et legs et par le produit des ventes qu'il effectue dans le cadre de ses missions. »
« II. - Dans les dispositions législatives, les mots : "Office national de la chasse" sont remplacés par les mots : "Office national de la chasse et de la faune sauvage".
« III. - Non modifié. »
Par amendement n° 7, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le I de cet article pour l'article L. 221-1 du code rural :
« Art. L. 221-1. - L'Office national de la chasse et de la faune sauvage est un établissement public national à caractère administratif placé sous la tutelle des ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt.
« Il a pour mission de réaliser des études, des recherches et des expérimentations en faveur de la chasse et permettant d'assurer la gestion durable des espèces de la faune sauvage et de leurs habitats telle que définie à l'article L. 220-1. Il remplit cette mission en étroite concertation avec les propriétaires et les gestionnaires de ces habitats. A cet effet, il délivre des formations et contribue au respect de la réglementation relative à la chasse, notamment en ce qui concerne la lutte contre le braconnage.
« Il apporte son concours à l'Etat pour la définition des orientations régionales de gestion, pour l'évaluation des documents de gestion de la faune sauvage et d'amélioration de la qualité de ses habitats ainsi que pour le suivi de leur mise en oeuvre. Il est chargé pour le compte de l'Etat de l'organisation de l'examen du permis de chasser. Il est représenté à la Commission nationale d'indemnisation des dégâts de gibier, il forme et nomme les experts compétents.
« Le conseil scientifique placé auprès du conseil d'administration donne un avis sur les travaux d'évaluation de l'état de la faune sauvage ainsi que sur les programmes d'études et de recherches scientifiques conduits par l'établissement, notamment ceux tendant à l'amélioration de l'état du gibier.
« Le conseil d'administration de l'établissement est composé par tiers, ainsi qu'il suit :
« - un tiers de représentants de l'Etat ;
« - un tiers de représentants des milieux cynégétiques désignés sur proposition de la Fédération nationale des chasseurs ;
« - un tiers comprenant des représentants des organisations agricoles, forestières et de la propriété privée présentées par celles-ci, des personnalités qualifiées dans le domaine de la faune sauvage et de la protection de la nature ainsi qu'un représentant du personnel.
« Les services de l'établissement sont dirigés par un directeur général nommé par décret en Conseil des ministres.
« Les ressources de l'établissement sont notamment constituées par les produits des redevances cynégétiques, par des subventions de l'Etat ou d'autres personnes publiques, par les redevances pour services rendus, par les produits des emprunts, par les dons et legs, par le produit des ventes de gibier effectuées par l'établissement ainsi que des ventes d'autres produits, notamment des documentations, des ouvrages ou des études, que l'office réalise dans le cadre de ses missions. Les ressources de l'établissement qui proviennent des redevances cynégétiques sont affectées de manière exclusive à des réalisations en faveur de la chasse et du gibier. Elles figurent dans un compte spécial ouvert à cet effet dans le budget de cet établissement.
« L'Office national de la chasse et de la faune sauvage peut collaborer avec la Fédération nationale des chasseurs et avec les fédérations départementales des chasseurs sur des questions relatives à leurs domaines d'action respectifs. Les activités entreprises conjointement donnent lieu à l'établissement de conventions spécifiques. En application de l'article 44 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat, ces conventions, avec l'accord des ministres de tutelle, peuvent prévoir la mise à disposition ou le détachement de fonctionnaires de l'Etat ou d'agents de l'établissement public, ceux-ci étant placés sous l'autorité du président de la fédération concernée.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application du présent article. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement concerne l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Il reprend le texte du Sénat en y ajoutant quelques précisions, notamment la nomination du directeur général par le conseil des ministres et la possibilité de détacher les gardes de cet office avec l'accord des ministres de tutelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement est sensible à l'acceptation par le Sénat de la nouvelle appellation de l'office, à savoir « Office national de la chasse et de la faune sauvage ». Néanmoins, il ne saurait se montrer favorable à un retour aux autres dispositions adoptées en première lecture par le Sénat. En effet, d'une part, le Gouvernement demeure opposé à une cotutelle sur l'établissement, d'autre part, il lui paraît souhaitable d'en rester à l'équilibre défini par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture.
Le conseil d'administration comportera vraisemblablement trente membres : neuf représentants de l'Etat, neuf représentants des chasseurs, deux représentants des personnels, cinq personnalités qualifiées et cinq représentants des usagers et gestionnaires des espaces naturels : intérêts agricoles, forestiers, parcs nationaux, parcs naturels régionaux, protecteurs de la nature.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 7.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Nous sommes favorables à cet amendement ; nous en avons débattu en commission. Le seul problème que nous avons, c'est celui qui a été signalé tout à l'heure : chaque fois que la double tutelle apparaîtra dans un amendement, nous serons amenés à nous prononcer défavorablement.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Je souhaite attirer une dernière fois l'attention de mes collègues sur la rédaction des amendements. Si l'on avait écrit, dans le premier alinéa de l'amendement, « placé sous la tutelle du ou des ministres chargés de la chasse », nous aurions voté les mesures proposées.
M. Philippe François. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. François.
M. Philippe François. Si nous comprenons bien, vous êtes opposés à cette disposition non pas parce que plusieurs ministres sont concernés, mais parce que ladite disposition figure à cet endroit, considérant que ce n'est pas une mesure d'ordre législatif.
M. Jean-Marc Pastor. Ce n'est pas de notre compétence !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Ce matin, nous avons débattu de ce sujet en commission et nous avons décidé, effectivement, de préciser « du ou des ministres chargés de la chasse ».
Il est exact que, par manque de temps, il ne nous a pas été possible de corriger chacun des amendements qui comportaient cette expression. D'ailleurs, comme vous pourrez le constater, dans l'un des amendements que nous examinerons ultérieurement, nous avons indiqué : « du ou des ministres chargés de la chasse ». Il ne faut pas en faire un sujet de polémique !
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Je suis très favorable à cette rectification et il faudrait également rectifier l'amendement n° 6, que nous venons d'adopter.
Si, après que cette modification aura été apportée, sur toute une série d'amendements et d'articles importants, comme ceux qui concernent la composition du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage ou les missions de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, malgré l'avis défavorable du Gouvernement, le Sénat émet un vote unanime, il adressera un message très fort à l'Assemblée nationale.
J'émets toutefois une réserve : si, sur l'un des amendements, le vote n'était pas unanime, à ce moment-là, il serait logique que Mme le rapporteur reprenne la double tutelle.
Mais je suis optimiste ! Un consensus devrait se dessiner sur ces amendements importants.
M. le président. Madame le rapporteur, je vous suggère de rectifier l'amendement n° 7, en remplaçant les mots : « sous la tutelle des ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt » par les mots : « sous la tutelle du ou des ministres chargés de la chasse ».
Mme Anne Heinis, rapporteur. J'accepte votre suggestion, monsieur le président.
Notre but n'est pas d'imposer quoi que ce soit à l'Etat ; cela ne relève pas de nos compétences. Ce que nous voulions dire, c'est qu'il nous paraissait nécessaire que la chasse ait quelque chose à voir avec le ministère de l'agriculture et avec le ministère de l'environnement.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 7 rectifié.
Par coordination, cette rectification vaudra pour l'ensemble des amendements comprenant ces mêmes mots, y compris pour l'amendement n° 6, qui a été précédemment adopté.
Nous en sommes bien d'accord, madame le rapporteur ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Tout à fait, monsieur le président.
M. le président. Les services du Sénat procéderont à la coordination nécessaire.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 7 rectifié.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Dans ces conditions et conformément à ce que nous avions annoncé, nous émettons un vote favorable sur l'amendement n° 7 rectifié. Bien sûr, nous aurions également voté l'amendement n° 6 ainsi rectifié. Mais cela ne veut pas dire, monsieur Poniatowski, que, de facto, nos votes seront favorables sur tous les amendements !
M. Ladislas Poniatowski. C'est bien la raison pour laquelle j'avais émis une réserve !
M. Henri de Raincourt. Tout cela est clair !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je souhaite revenir sur une double argumentation.
Tout d'abord, comme cela a été indiqué ce matin par certains intervenants, s'agissant de la compétence des ministres, c'est le Président de la République qui signe les décrets. Sur ce point, notre conception est claire.
Ensuite, la chasse et la faune sauvage sont, depuis 1972, date de la création de ce ministère, de la compétence du ministre chargé de l'environnement et non plus de celle du ministre de l'agriculture et de la forêt. Je confirme que le Gouvernement souhaite maintenir la compétence unique du ministre de l'environnement sur la chasse comme sur la pêche en eau douce, activités dont la caractéristique première est la capture d'animaux sauvages.
Les liens évidents qui unissent la chasse et les activités agricoles et forestières sont prises en compte de façon adéquate dans la composition des structures consultatives en matière de chasse, qui comptent systématiquement en leur sein des représentants des intérêts agricoles ou forestiers. Un partage de ce champ de compétence qui, par symétrie, conduirait à une compétence partagée du ministre de l'environnement sur les activités agricoles, serait une source de lourdeur plus que d'efficacité. Le Gouvernement est donc opposé aux amendements qui tendent à instaurer un tel partage des responsabilités.
Au vu des nouvelles conditions de production agricole - nature des engrais, vitesse des tracteurs qui fauchent ou qui passent dans les différentes prairies ou dans les diverses étendues agricoles au moment de la nidification -, je ne suis pas certain qu'en ce début du xxie siècle nous fassions un véritable cadeau au ministre de l'agriculture en l'installant au coeur du face-à-face entre agriculteurs et chasseurs.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je souhaite simplement répondre aimablement à M. le ministre qu'il n'est pas question de faire des cadeaux à un ministre ou à un autre ! Il s'agit seulement de rechercher la façon la plus cohérente de traiter les problèmes. Ce n'est pas aisé, je vous l'accorde ! C'est cependant dans cette optique que nous avons réfléchi, et pas dans une autre.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que l'amendement a été adopté à l'unanimité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, ainsi modifié.

(L'article 2 est adopté.)

Article 2 bis



M. le président.
« Art. 2 bis . - L'article L. 221-4 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les assemblées générales des fédérations départementales des chasseurs statuent à la majorité des suffrages exprimés, chaque titulaire de permis de chasser membre de la fédération disposant d'une voix. Le président d'une société, groupement ou association de chasse gérant un territoire de chasse adhérent à la fédération, ou son représentant dûment mandaté par lui, peut recevoir les délégations de vote des titulaires de permis de chasser adhérents de la société, du groupement ou de l'association. »
Par amendement n° 8, Mme Heinis, au nom de la commission, propose :
I. - De rédiger comme suit le texte présenté par cet article pour compléter l'article L. 221-4 du code rural :
« Les membres des conseils d'administration des fédérations départementales des chasseurs sont élus à la majorité des suffrages exprimés par les chasseurs et territoires adhérents, chacun d'entre eux disposant d'une voix qu'il peut déléguer à cet effet.
« Un décret fixe le seuil de territoire de chasse à partir duquel le président d'une société de chasse, le président d'un groupement de chasse, le président d'une association communale de chasse agréée peut bénéficier d'une ou plusieurs voix supplémentaires.
« Pour les autres décisions des assemblées générales, les statuts des fédérations définissent les modalités de participation de leurs adhérents. »
II. - En conséquence, à la fin du premier alinéa de l'article 2 bis , de remplacer les mots : « par un alinéa ainsi rédigé : » par les mots : « par trois alinéas ainsi rédigés : ».
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit de l'élection des membres des conseils d'administration des fédérations départementales des chasseurs. Nous avons repris le texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement est défavorable à la pérennisation du système actuel, avec des chasseurs, adhérents obligatoires à la fédération, qui ne peuvent pas voter s'ils n'adhèrent pas à une société membre de la fédération. Il souhaite l'application dans les assemblées générales des fédérations du principe démocratique « un homme, une voix » tout en étant soucieux de permettre aux détenteurs de territoires de chasse, désormais contraints par la loi à adhérer à la fédération, de s'exprimer en assemblée générale.
Sous sa forme actuelle, tel qu'il a été adopté par l'Assemblée nationale, l'article 2 bis n'octroie un droit de vote qu'aux titulaires du permis de chasser membres de la fédération et prévoit un mécanisme de délégation de vote au bénéfice des présidents de société.
Le présent amendement a pour effet de donner un droit de vote non seulement à des personnes physiques titulaires du permis de chasser, mais aussi à des personnes morales ou physiques représentant les territoires adhérents à la fédération.
Le Gouvernement reconnaît l'amélioration apportée par le premier alinéa de la rédaction proposée pour l'article L. 221-4, mais est réservé sur le deuxième alinéa, trop proche des pratiques actuelles.
Il s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
MM. Gérard César et Philippe François. Très bien !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 8.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Pour ma part, je suis un adepte du principe « un homme, une voix ». La rédaction résultant des travaux de l'Assemblée nationale prévoit qu'il peut y avoir des mandatements spécifiques et des délégations. La rédaction présentée par l'amendement n° 8 est trop ambiguë et trop éloignée du principe « un homme, une voix ». Aussi, par cohérence avec ce qui était initialement proposé, je ne pourrai voter cet amendement.
Certes, le dernier alinéa de l'amendement nous convient tout à fait, mais pas la première partie, raison pour laquelle nous voterons contre l'amendement.
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Je ne comptais pas intervenir, mais je tiens à répondre à M. Carrère : cela n'a rien à voir, mon cher collègue ! La délégation accordée, dans le texte de l'Assemblée nationale, au président d'une société, c'est un pouvoir pour voter. Ce que propose notre rapporteur, ce n'est pas cela du tout, c'est une possibilité d'avoir une voix supplémentaire pour défendre le territoire.
M. Gérard César. Voilà !
M. Ladislas Poniatowski. De surcroît, monsieur le ministre, la rédaction de cet amendement laisse, en fait, au Gouvernement une marge de manoeuvre très large. En effet, si un décret fixe le seuil du territoire, cela permet tout de même de limiter le nombre de voix qui pourraient être accordées au titre des territoires. Il suffit que ce décret établisse un territoire suffisamment vaste pour éviter les abus.
M. Jean-Louis Carrère. J'ai compris !
M. Ladislas Poniatowski. Le principe « un vote, une voix » est maintenu très majoritairement. Il n'est pas question, bien sûr, d'avoir, dans un même département, mille territoires supplémentaires à qui on donne des voix. Le fait qu'un décret fixe le seuil, donc que celui-ci soit fixé par l'Etat et non pas par les fédérations de chasseurs, est une manière de limiter les abus. C'est pourquoi cet amendement me semble raisonnable.
Je pense que ce serait une erreur d'oublier le territoire, car, très souvent, les meilleurs gestionnaires sont ceux qui ont la responsabilité du territoire, ceux qui s'en occupent toute l'année, en période de chasse et hors période de chasse. Ce sont ceux-là qu'il faut encourager.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. J'approuve ce que vient de dire M. Poniatowski.
Dans un grand département, il est important de tenir compte du territoire. J'ai bien noté d'ailleurs que M. le ministre s'en remettait à la sagesse du Sénat.
J'estime qu'il s'agit d'une disposition très favorable. Je voterai donc cet amendement.
M. Henri de Raincourt. C'est sage !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Jean-Louis Carrère. Le groupe socialiste s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2 bis, ainsi modifié.

(L'article 2 bis est adopté.)

Article 3



M. le président.
« Art. 3. - I. - Non modifié.
« II. - L'article L. 221-2 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 221-2. - Les fédérations départementales des chasseurs participent à la mise en valeur du patrimoine cynégétique départemental et à la protection de la faune sauvage et de ses habitats.
« Elles apportent leur concours à la prévention du braconnage et à la gestion des habitats de la faune sauvage. Elles conduisent des actions d'information, d'éducation et d'appui technique à l'intention des gestionnaires des territoires et des chasseurs. Elles coordonnent les actions des associations communales ou intercommunales de chasse agréées.
« Elles conduisent des actions de prévention des dégâts de gibier et assurent l'indemnisation de ceux-ci conformément aux article L. 226-1 et L. 226-5.
« Elles élaborent, en association avec les propriétaires, les gestionnaires et les usagers des territoires concernés, un schéma départemental de gestion cynégétique, conformément aux dispositions de l'article L. 221-2-2.
« Les fédérations peuvent recruter, pour l'exercice de leurs missions, des agents de développement mandatés à cet effet. Ceux-ci veillent notamment au respect du schéma départemental de gestion cynégétique. Dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, leurs constats font foi jusqu'à preuve du contraire. »
« III. - A l'article L. 221-4 du même code, après le mot : "fédérations", il est inséré le mot : "départementales".
« IV. - L'article L. 221-6 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 221-6. - Le représentant de l'Etat dans le département contrôle l'exécution des missions de service public auxquelles participent les fédérations départementales des chasseurs. Le budget de la fédération est, avant d'être exécuté, soumis à son approbation. Il a notamment le droit d'y inscrire les dépenses obligatoires, notamment celles liées à la mise en oeuvre du schéma départemental de gestion cynégétique et à l'indemnisation des dégâts de gibier.
« En cas de défaillance d'une fédération, la gestion d'office de son budget ou son administration peut être confiée au représentant de l'Etat dans le département. »
« V. - L'article L. 221-7 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 221-7. - Les fédérations départementales des chasseurs sont soumises au contrôle visé aux articles L. 111-7 et L. 211-6 du code des juridictions financières.
« Les fédérations départementales de chasseurs sont en outre soumises au contrôle économique et financier de l'Etat. »
Par amendement n° 9, Mme Heinis, au nom de la commission, propose :
A. - De rédiger comme suit le texte présenté par le II de cet article pour l'article L. 221-2 du code rural :
« Art. L. 221-2. - Les fédérations départementales des chasseurs sont des associations de droit privé ayant pour objet de représenter les intérêts de la chasse et des chasseurs. Elles participent à la gestion équilibrée des espèces de la faune sauvage et de leurs habitats.
« Elles réalisent des actions d'information et de formation à l'intention des chasseurs, des gestionnaires des territoires de chasse et, d'une manière générale, des utilisateurs de la nature et leur apportent leur concours sous forme de conseil et d'aide à la gestion.
« Elles conduisent des actions de prévention des dégâts de grand gibier et assurent l'indemnisation de ceux-ci conformément à l'article L. 226-1.
« Elles coordonnent les actions des associations communales ou intercommunales de chasse agréées.
« Elles assurent une formation aux épreuves théoriques et pratiques de l'examen du permis de chasser, ainsi que celle des chasseurs à l'arc et des piégeurs.
« Les fédérations départementales des chasseurs participent à la surveillance de la chasse, à la prévention et à la répression du braconnage grâce à des agents de développement cynégétique commissionnés par elles et assermentés à cet effet. Ces agents veillent notamment au respect des schémas départementaux de gestion cynégétique définis à l'article L. 221-2-2 et leurs procès-verbaux font foi jusqu'à preuve du contraire.
« Les fédérations départementales des chasseurs peuvent en outre être chargées, par voie de convention, de toute autre mission d'intérêt général en rapport avec leur objet.
« Leurs statuts sont conformes à un modèle approuvé par les ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt.»
B. - De supprimer le III de cet article.
Cet amendement est assorti de trois sous-amendements présentés par MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Trémel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Le sous-amendement n° 51, a pour objet, après le deuxième alinéa du texte proposé par le A de l'amendement n° 9 pour l'article L. 221-2 du code rural, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Elles assurent le secrétariat de la gestion des dégâts causés par le gibier. » Le sous-amendement n° 52 vise, à la fin de la première phrase du sixième alinéa du texte présenté par le A de l'amendement n° 9 pour l'article L. 221-2 du code rural, à supprimer les mots : « et assermentés à cet effet ».
Le sous-amendement n° 53 tend, après les mots : « approuvé par », à rédiger ainsi la fin du dernier alinéa du texte présenté par le A de l'amendement n° 9 pour l'article L. 221-2 du code rural : « le ministre chargé de la chasse ».
La parole est à Mme le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 9.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit de revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture s'agissant des missions des fédérations départementales des chasseurs.
M. le président. La parole est à M. Pastor, pour défendre les sous-amendements n°s 51, 52 et 53.
M. Jean-Marc Pastor. Le sous-amendement n° 51 tend à préciser que les fédérations départementales des chasseurs assurent la gestion des dégâts causés par le gibier. Cette disposition est redondante car, aux termes de l'amendement de la commision, la gestion est confiée aux fédérations. Aussi, nous retirons le sous-amendement n° 51, car l'amendement de la commission est plus satisfaisant.
J'en viens au sous-amendement n° 52. Contrairement à la commission, nous ne souhaitons pas que les gardes des fédérations départementales des chasseurs soient assermentés, afin d'éviter de retrouver sur un territoire deux types de gardes assermentés et de connaître une situation analogue à celle qui existe dans d'autres domaines entre la police et la gendarmerie, et qui est néfaste.
Quant au sous-amendement n° 53, je le retire, car le Sénat a décidé de remplacer les mots « les ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt » par les mots « du ou des ministres chargés de la chasse.
M. le président. Les sous-amendements n°s 51 et 53 sont retirés.
Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 52 ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. La commission est défavorable à ce sous-amendement. Le rétablissement des compétences des fédérations en matière de lutte contre le braconnage nous impose de rétablir le commissionnement des agents de développement cynégétique.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 9 et sur le sous-amendement n° 52 ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement émet un avis défavorable sur le sous-amendement n° 52.
Il émet également un avis défavorable sur l'amendement n° 9. Celui-ci introduit, me semble-t-il, une confusion entre police de la chasse, qui relève de l'Etat, assurée par des agents qui sont mentionnés à l'article L. 228-27 du code rural, et défense des intérêts particuliers par des gardes particuliers, qui sont mentionnés à l'article L. 228-28 dudit code.
Des agents des fédérations peuvent être commissionnés comme gardes particuliers par des particuliers adhérents à une fédération de chasseurs et bénéficiant d'un contrat de services comportant la surveillance de leur territoire par la fédération. Ils ne sont compétents que sur les territoires des contractants pour veiller aux seuls intérêts des détenteurs du droit de chasser. L'Etat, quant à lui, commissionne certains de ses propres agents au titre des Eaux et forêts pour constater les infractions portant atteinte à l'intérêt général. Ils sont alors compétents sur tout le département pour lequel ils sont assermentés.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 52.
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole contre le sous-amendement.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Je suis contre ce sous-amendement et cependant je m'interroge.
Le fait que les agents de développement cynégétique qui dépendent de la fédération pour l'exercice de leurs missions soient commissionnés ne pose pas de problème. En revanche, c'est le fait qu'ils soient assermentés à cet effet qui poserait problème. Dans la rédaction actuelle de l'article, je ne vois aucune difficulté à cet égard. Peut-être n'ai-je pas compris la rédaction adoptée en première lecture. Il ne s'agit en aucun cas de donner le même pouvoir de police aux agents de développement cynégétique des fédérations. Personne ici, et sur aucune des travées, pas plus en première lecture qu'aujourd'hui, n'a voulu donner à quelqu'un d'autre qu'aux gardes nationaux ce pouvoir de police de la chasse.
Si, effectivement, les mots « et assermentés à cet effet » ont pour résultat de donner aux agents des fédérations de chasseurs ce pouvoir de police, alors, moi aussi, je suis hostile à notre texte et je suis favorable au sous-amendement n° 52.
Cependant, je ne vois pas pourquoi le fait de laisser les mots « et assermentés à cet effet » peut remettre en cause le pouvoir de police des gardes nationaux qui, eux, comme vous l'avez très bien dit, monsieur le ministre, ont un pouvoir de police sur l'ensemble du territoire départemental. En général, les agents qui dépendent des fédérations ont un pouvoir beaucoup plus limité géographiquement. Il faut tout de même qu'ils aient un pouvoir d'autorité vis-à-vis de ceux qu'ils prennent en flagrant délit de braconnage ou tout simplement pour accomplir leur mission classique en matière de cynégétique.
C'est pourquoi je suis a priori contre ce sous-amendement. Mais je souhaite obtenir des précisions sur ce point. A mon avis, tel que le texte est rédigé, je ne crois pas qu'il y ait concurrence ou volonté de donner aux agents qui dépendent des départements un pouvoir de police.
M. Philippe François. D'autant que les gardes privés sont assermentés !
M. Ladislas Poniatowski. Cela aurait été le cas si nous avions précisé « assermentés de la même manière que les gardes nationaux ». Mais telle que la phrase est rédigée, je ne crois pas qu'elle montre une intention de donner un pouvoir de police, et, dès lors, le sous-amendement n° 52 n'est pas utile.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. On peut effectivement considérer, comme M. Poniatowski, que la suppression des mots : « et assermentés à cet effet », n'est pas assez claire pour éviter la confusion entre les gardes nationaux et les gardes mandatés par les fédérations. Je pense qu'il aurait été peut-être plus pertinent de remplacer les mots : « commissionnés par elles et assermentés » par les mots : « mandatés par elles ».
Nous ne voulons absolument pas nuire à la nomination de gardes qui pourraient intervenir et lutter contre le braconnage. Mais nous considérons, à tête reposée, que la rédaction qui a été retenue par l'Assemblée nationale en deuxième lecture est - et ce n'est pas toujours le cas - juridiquement plus pertinente pour ne pas poser trop de problèmes entre les gardes d'essence nationale et les gardes mandatés par les fédérations départementales de chasseurs.
Aussi, compte tenu du fait que deux de nos sous-amendements déposés sur l'amendement n° 9 ont été retirés car ils étaients satisfaits, je suggère à Mme le rapporteur de réécrire cette partie de l'amendement n° 9. Sinon, bien que nous soyons en accord avec la quasi-totalité de cet amendement, nous ne pourrons participer au vote, ou nous nous abstiendrons.
M. Ladislas Poniatowski. Mettons « mandatés » à la place !
M. le président. Madame le rapporteur, que pensez-vous de la suggestion de M. Carrère ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je ne peux répondre à l'appel de M. Carrère. Il faut garder la cohérence du dispositif. Nous ne pouvons modifier en permanence les amendements.
Il s'agit, je le sais, d'un point sensible. Nous l'avons examiné ce matin. Nous nous sommes mis d'accord.
Je signale qu'à l'article 20 bis, qu'il vous est proposé d'adopter conforme, nous retrouvons des précisions, qui correspondent d'ailleurs à celles qu'a données M. le ministre voilà quelques instants. En l'occurrence, nous posons ici un principe. Ensuite, nous précisons les conditions de son application.
M. Jean-Louis Carrère. Tout à fait !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Si nous démolissons dès à présent le principe, comment pourrons-nous retomber sur nos pieds lorsque nous examinerons les limites de son application ? Il ne faut donc pas détacher ce texte de l'article 20 bis, mon cher collègue.
M. Jean-Louis Carrère. Elle a raison ! Dont acte !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 52, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 9.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Compte tenu des explications que vient de donner Mme le rapporteur et indépendamment du fait que le sous-amendement n° 52 n'a pas été adopté, nous nous abstiendrons lors du vote sur l'amendement n° 9.
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Il est dommage que vous ne votiez pas l'amendement n° 9, car la rédaction présentée est franchement bien meilleure que celle de l'Assemblée nationale.
M. Gérard César. C'est évident !
M. Ladislas Poniatowski. Mme le rapporteur propose de réécrire l'article L. 221-2 du code rural d'une manière beaucoup plus complète, y compris dans les missions de formation pour le permis de chasser, qui avaient été totalement oubliées par les députés.
M. Philippe François. C'est un ancien député qui parle !
M. Ladislas Poniatowski. Je regrette que la non-adoption du sous-amendement n° 52 entraîne votre abstention sur l'amendement n° 9. Je souhaite vous convaincre de la nécessité de changer votre position. Si l'article 3 est voté à l'unanimité, le message sera fort à l'égard de l'Assemblée nationale. Nous essayons d'être consensuels pour adresser des messages forts à l'Assemblée nationale. Il faut, dès lors, faire un certain nombre de pas les uns en direction des autres. Il serait donc bon que vous ralliiez la rédaction proposée pour l'article L. 221-2 du code rural, car elle est bien meilleure. Il serait vraiment dommage que vous vous absteniez.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. J'ai écouté l'appel de M. Poniatowski avec beaucoup d'intérêt, mais, cher collègue, nous avions simplement demandé de remplacer les mots : « commissionnés par elles et assermentés » par le mot : « mandatés ».
M. Ladislas Poniatowski. Je sais !
M. Jean-Louis Carrère. Nous vous avions indiqué qu'à cette réserve près nous voterions l'amendement n° 9. Nous faisons contre mauvaise fortune bon coeur. Nous ne voterons pas contre cet amendement et nous disons clairement, pour que cela figure au Journal officiel, qu'à cette différence près nous approuvons la totalité de la rédaction de l'amendement.
M. Pierre Martin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Martin.
M. Pierre Martin. Selon cet amendement n° 9, les agents de développement cynégétique sont assermentés. Cela vise trois facteurs, à savoir la surveillance de la chasse, la prévention du braconnage et sa répression. Pour les deux premiers facteurs, mandater ces agents serait suffisant. En revanche, en ce qui concerne l'aspect de la répression, je pense qu'un mandat est insuffisant et qu'ils doivent être assermentés.
M. Philippe François. Il faut prêter serment !
M. Gérard César. C'est logique !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 62, MM. César et Martin proposent, au début de la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le IV de l'article 3 pour l'article L. 221-6 du code rural, de remplacer les mots : « Le représentant de l'Etat dans le département » par les mots : « Un commissaire aux comptes nommé par l'assemblée générale de chaque fédération départementale des chasseurs ».
La parole est à M. César.
M. Gérard César. Plutôt qu'un contrôle a priori prévu par l'Assemblée nationale, nous préférons le contrôle a posteriori , tel qu'il a été défini par Mme Heinis ce matin.
Le contrôle a priori constitue une marque de défiance envers les fédérations. Cet amendement vise donc à remplacer le représentant de l'Etat dans le département par un commissaire aux comptes, pour éviter de remettre en cause tout le statut des associations.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Si je suis tout à fait d'accord sur le principe, je ne peux cependant émettre un avis favorable dans la mesure où cet amendement sera satisfait par l'amendement n° 42, déposé à l'article 8 A.
M. le président. Monsieur César, l'amendement n° 62 est-il maintenu ?
M. Gérard César. Puisque notre excellent rapporteur me dit que l'amendement n° 62 va être satisfait à l'article 8 A, je le retire bien volontiers.
M. le président. L'amendement n° 62 est retiré.
Par amendement n° 10 rectifié, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le IV de l'article 3 pour l'article L. 221-6 du code rural :
« Art. L. 221-6. - Le représentant de l'Etat dans le département contrôle l'exécution des missions de service public auxquelles participent les fédérations départementales des chasseurs. Il veille à la conformité de l'utilisation des ressources de celles-ci aux fins prévues par la loi ainsi qu'à l'exécution des obligations statutaires. La comptabilité des fédérations lui est communiquée.
« En cas de défaillance d'une fédération départementale, la gestion de son budget ou son administration peut être confiée d'office au représentant de l'Etat dans le département par décision motivée du ou des ministres chargés de la chasse. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 54, présenté par MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Trémel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant, après les mots : « décision motivée », à rédiger comme suit la fin du second alinéa du texte proposé par l'amendement n° 10 pour l'article L. 221-6 du code rural : « du ministre chargé de la chasse ».
La parole est à Mme le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 10 rectifié.
Mme Anne Heinis, rapporteur. L'amendement n° 10 rectifié vise à reprendre le texte adopté par le Sénat lors de la première lecture. Et pour tenir compte d'une demande de nos collègues socialistes, il se réfère à une « décision motivée du ou des ministres chargés de la chasse ».
M. le président. La parole est à M. Pastor, pour défendre le sous-amendement n° 54.
M. Jean-Marc Pastor. Je le retire.
M. le président. Le sous-amendement n° 54 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 10 rectifié ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
Par amendement n° 11, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de supprimer le second alinéa du texte présenté par le V de cet article pour l'article L. 221-7 du code rural.
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement vise au rétablissement du texte adopté par le Sénat lors de la première lecture.
La référence à un contrôle supplémentaire intitulé « contrôle économique et financier de l'Etat » nous a semblé tout à fait superflue, peu acceptable et, de surcroît, pas claire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3, modifié.

(L'article 3 est adopté.)

Article 3 bis



M. le président.
« Art. 3 bis. - Après l'article L. 221-2 du même code, il est inséré un article L. 221-2-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 221-2-1. - Les fédérations départementales de chasseurs peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne les faits constituant une infraction aux dispositions du présent titre, et des textes pris pour son application et portant un préjudice direct ou indirect aux intérêts collectifs, matériels et moraux, qu'elles ont pour objet de défendre. »
Par amendement n° 12, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de compléter le texte présenté par cet article pour l'article L. 221-2-1 du code rural par deux alinéas ainsi rédigés :
« Une copie des procès-verbaux mentionnés à l'article L. 228-26 est adressée, dans le délai d'un mois, au président de la fédération départementale des chasseurs intéressée.
« Les fédérations départementales des chasseurs ont la qualité d'associations agréées de protection de l'environnement au sens de l'article L. 252-1. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement vise au rétablissement du texte adopté par le Sénat relativement au transfert des copies des procès-verbaux et au fait que les fédérations départementales des chasseurs ont la qualité d'associations agréées de la protection de l'environnement au sens de l'article L. 252-1 du code rural.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Madame le rapporteur, le présent amendement est contraire aux dispositions du code de procédure pénale.
En premier lieu, les procès-verbaux sont des actes de police judiciaire de nature confidentielle. Ils ne peuvent être transmis qu'au procureur de la République. Ils peuvent contenir des éléments de la vie privée de personnes qui ne sont encore que prévenues.
En second lieu, si les fédérations départementales des chasseurs étaient toutes déclarées d'emblée associations agréées au titre de la protection de l'environnement, cela leur conférerait un droit exorbitant par rapport à d'autres associations elles aussi protectrices de l'environnement.
Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je voudrais répondre à M. le ministre en ce qui concerne les procès-verbaux.
L'article L. 237-5 du code rural, dans le cadre de la pêche, domaine qui est similaire, stipule ceci : « Les procès-verbaux sont adressés, à peine de nullité, dans les trois jours qui suivent leur clôture, l'original au procureur de la République et une copie au chef de service de l'administration chargée de la police de la pêche. En outre, une copie est adressée au président de la fédération départementale des associations agréées de pêche et de pisciculture et au président de l'association agréée des pêcheurs professionnels en eau douce intéressés.
Comme je l'avais précisé lors de la première lecture, nous avons voulu nous inspirer de la procédure en vigueur pour les associations et les fédérations de pêche. Je ne vois pas en quoi cela peut être inscrit dans la partie législative du code rural pour les associations de pêche et interdit pour les associations de chasseurs ! Pardonnez-moi, monsieur le ministre, mais je crois que le problème est identique.
M. Henri de Raincourt. C'est le bon sens !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Madame le rapporteur, cet article du code rural ne m'avait pas échappé, non plus qu'à la chancellerie. Pour autant, je ne pense pas qu'il soit bon de se servir de l'existence de cette rédaction, qui peut apparaître comme une aberration par certains côtés,...
M. Gérard César. Non !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. ... pour l'étendre à la chasse.
Par ailleurs, madame le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la chasse est quand même bien plus dangereuse que la pêche (Exclamations sur les travées du RPR.)
Et, en ce qui concerne le contenu des procès-verbaux, quelques-unes des actions qui pourraient être contenues dans ces procès-verbaux ne sont pas du tout de même nature. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Si l'on veut que les fédérations puissent se porter partie civile, il faut tout de même qu'il y ait une trace autrement, elles ne peuvent avoir aucune action, monsieur le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Elle vont au parquet !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3 bis, ainsi modifié.

(L'article 3 bis est adopté.)

Article 3 ter



M. le président.
« Art. 3 ter. - Après l'article L. 221-2 du même code, il est inséré un article L. 221-2-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 221-2-2. - Conformément aux orientations régionales de gestion de la faune sauvage et d'amélioration de la qualité de ses habitats arrêtées par le représentant de l'Etat dans la région, il est mis en place dans chaque département un schéma départemental de gestion cynégétique. Ce schéma est établi pour une période de cinq ans renouvelable. Il est élaboré par la fédération départementale des chasseurs en prenant en compte le document départemental de gestion de l'espace agricole et forestier mentionné à l'article L. 112-1, et approuvé, après avis du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage, par le représentant de l'Etat dans le département, qui vérifie notamment sa conformité aux principes énoncés à l'article L. 220-1. Il peut être complété par des schémas locaux élaborés et approuvés selon la même procédure. Ces schémas sont mis en oeuvre sous la responsabilité du représentant de l'Etat dans le département et encadrent les actions de la fédération départementale des chasseurs.
« Le schéma départemental de gestion cynégétique comprend notamment :
« - les plans de chasse et les plans de gestion ;
« - les mesures relatives à la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs ;
« - les actions en vue d'améliorer la pratique de la chasse telles que la conception et la réalisation des plans de gestion approuvés, la fixation des prélèvements maximum autorisés, la régulation des animaux prédateurs et déprédateurs, les lâchers de gibier, la recherche au sang du grand gibier et les prescriptions relatives à l'agrainage ;
« - les actions menées en vue de préserver ou de restaurer les habitats naturels de la faune sauvage.
« Pour assurer une meilleure coordination des actions des chasseurs, les demandeurs de plans de chasse et de plans de gestion sont adhérents à la fédération départementale des chasseurs.
« Le schéma départemental de gestion cynégétique est opposable aux chasseurs et aux sociétés, groupements et associations de chasse du département. »
Par amendement n° 13, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par cet article pour l'article L. 221-2-2 du code rural :
« Art. L. 221-2-2. - Chaque fédération départementale des chasseurs définit, en concertation avec les propriétaires et les gestionnaires des territoires concernés, un schéma de gestion cynégétique qui traduit la contribution de la chasse à la gestion durable des espèces de la faune sauvage et de ses habitats. Ce schéma départemental de gestion cynégétique, établi pour une période de cinq ans renouvelable, prend en compte le document départemental de gestion de l'espace agricole et forestier mentionné à l'article L. 112-1. Il est approuvé, après avis du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage, par le représentant de l'Etat dans le département, qui vérifie sa conformité aux principes énoncés à l'article L. 220-1.
« Le schéma départemental de gestion cynégétique fixe les orientations relatives :
« - aux plans de chasse et aux plans de gestion ;
« - aux actions menées en vue d'améliorer la pratique de la chasse telles que la fixation des prélèvements maxima autorisés, la régulation des animaux prédateurs et déprédateurs, les opérations de repeuplement en gibier, la recherche au sang du grand gibier, les prescriptions relatives à l'agrainage ;
« - aux actions menées en vue de préserver ou de restaurer les habitats naturels de la faune sauvage ;
« - aux mesures en faveur de la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs.
« En vue d'une meilleure coordination de la chasse, les demandeurs de plans de chasse grand gibier et de plans de gestion sont adhérents à la fédération départementale des chasseurs. Le schéma départemental de gestion cynégétique leur est opposable. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement tend à rétablir le texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3 ter, ainsi modifié.

(L'article 3 ter est adopté.)

Article 3 quater



M. le président.
« Art. 3 quater. - La section 6 du chapitre Ier du titre II du livre II du même code est ainsi rédigée :

« Section 6

« Fédérations régionales des chasseurs

« Art. L. 221-8. - Les associations dénommées fédérations régionales des chasseurs regroupent l'ensemble des fédérations départementales d'une même région administrative du territoire métropolitain dont l'adhésion est consatée par le paiement d'une cotisation obligatoire. Elles assurent la représentaton des fédérations départementales des chasseurs au niveau régional.
« Elles sont consultées par le représentant de l'Etat dans la région pour l'élaboration des orientations régionales de gestion de la faune sauvage et d'amélioration de la qualité des habitats visées à l'article L. 221-2-2.
« Les associations spécialisées de chasse sont associées aux travaux de la fédération régionale.
« Les fédérations régionales des chasseurs sont soumises aux dispositions des articles L. 221-4, L. 221-6 et L. 221-7. »
Par amendement n° 14 rectifié, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de remplacer les trois derniers alinéas du texte présenté par cet article pour l'article L. 221-8 du code rural, par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Les fédérations régionales des chasseurs participent à la définition de la politique environnementale de la région. Elles exercent un rôle de représentation et de partenariat à l'échelon régional auprès des collectivités et administrations intéressées.
« Les associations spécialisées de chasse sont associées aux travaux de la fédération régionale.
« Les statuts des fédérations régionales des chasseurs doivent être conformes à un modèle approuvé par les ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt.
« Le contrôle de l'Etat et des juridictions financières sur les fédérations régionales s'exerce dans les conditions prévues par les articles L. 221-6 et L. 221-7. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je voudrais tout d'abord saluer la reconnaissance par l'Assemblée nationale des fédérations régionales des chasseurs. Je crois que c'est une très bonne chose !
L'amendement n° 14 rectifié vise au rétablissement du texte adopté par le Sénat en première lecture, auquel nous ajoutons le contrôle de l'Etat et des juridictions financières sur les fédérations régionales, afin d'assurer une cohérence avec ce que nous avons exigé pour les fédérations départementales.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 14 rectifié.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Je fais partie, avec mon groupe, de ceux qui ont souhaité que soient créées des associations dénommées « fédérations régionales des chasseurs », et je m'en suis expliqué.
Pour autant, la rédaction du premier alinéa du texte proposé pour l'article L. 221-8 du code rural ne nous permet pas de voter cet amendement. Je suis élu régional et j'ai assez de collègues élus départementaux pour savoir que cette rédaction est trop imprécise et va nécessiter trop de contraintes pour les conseils régionaux et pour les conseils généraux. Je vous en donne un exemple : « Les fédérations régionales des chasseurs participent à la définition de la politique environnementale de la région. » Qu'est-ce que cela veut dire ? « Elles exercent un rôle de représentation et de partenariat à l'échelon régional auprès des collectivités et administrations intéressées. » Cela signifie, mes chers collègues, que, lorsqu'un conseil régional va prendre une délibération pour créer une retenue collinaire ou pour réguler l'étiage, elles seront à chaque fois consultées.
Si j'ai le plus grand respect et le plus grand enthousiasme pour que soient associées les fédérations régionales des chasseurs à tout ce qui concerne la gestion des espèces, je ne souhaite pas aller à cette extrémité ni aller au-delà de ce qu'elles nous demandent, en les associant à toute décision.
En outre, le conseil régional au sein duquel je siège compte parmi ses membres - et je n'ai pas de jugement de valeur à porter - des élus chasseurs, qui sont donc consultés sur toutes ces questions. Le système proposé serait donc...
M. Gérard César. ... excessif !
M. Jean-Louis Carrère. ... non, judicieux, voire un peu lourd à mettre en oeuvre.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je ne suis pas d'accord avec l'interprétation du texte de notre collègue M. Carrère. Nous n'avons jamais dit qu'il y avait là une obligation, comme nous l'avions fait par exemple pour le Conseil national de la chasse et de la faune sauvage, dont nous avions précisé qu'il est obligatoirement consulté, etc.
En l'occurrence, mon cher collègue, nous disons simplement que les fédérations régionales « participent à la définition de la politique environnementale de la région ».
M. Michel Charasse. L'indicatif a valeur d'impératif !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Mais nous n'avons pas fixé de règles strictes !
Nous posons également que « les associations spécialisées de chasse sont associées aux travaux de la fédération régionale ». Etant donné le peu de précisions que nous avons volontairement données au texte, nous n'imposons pas d'obligations comme nous en imposons au Conseil national de la chasse et de la faune sauvage. Votre interprétation est beaucoup plus sévère que le sens que nous avons voulu donner au texte, monsieur Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Ne tombons pas, madame le rapporteur, chers collègues, dans les excès que nous avons quelquefois légitimement reprochés à nos collègues de l'Assemblée nationale ! Il se trouve que c'est nous qui avons obtenu de l'Assemblée nationale que soit reprise l'idée des fédérations régionales des chasseurs, à laquelle nous sommes attachés. Il se trouve que l'Assemblée nationale l'a transcrite dans le projet de loi. Que sa rédaction ne nous convienne pas totalement, cela a été pris en compte. Moi, je vous demanderai de conserver cette rédaction, moyennant quoi nous serions peut-être mieux en droit d'exiger des députés qu'ils prennent en compte certains de nos amendements qui nous tiennent encore plus à coeur que celui-là.
M. Raymond Courrière. Très bien !
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Je comprends tout à fait ce qu'a dit Jean-Louis Carrère, et je l'approuve. Ne pourrions-nous trouver un compromis consistant à supprimer la première phrase du premier alinéa du texte proposé pour l'article L. 221-8 du code rural. Cela pourrait, je crois, convenir à tout le monde.
En effet, la rédaction, telle qu'elle est proposée, va compliquer les choses et coûter très cher aux collectivités. Cela fera des réunions en plus, qui ne serviront pratiquement à rien, sauf à s'affronter dans des débats stériles.
Je propose donc de supprimer la première phrase du premier alinéa.
M. le président. Madame le rapporteur, acceptez-vous de modifier l'amendement n° 14 rectifié en ce sens ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Pour répondre à mes deux collègues, et dans le souci de trouver une solution, je propose volontiers que, sans retirer le début - il s'agit de la reconnaissance des associations - on écrive au deuxième alinéa : « Les fédérations régionales des chasseurs sont associées, en tant que de besoin, » au lieu de « participent ».
M. Gérard César. Très bien !
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 14 rectifié bis, présenté par Mme Heinis, au nom de la commission, et tendant à remplacer les trois derniers alinéas du texte proposé par l'article 3 quater pour l'article L. 221-8 du code rural par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Les fédérations régionales des chasseurs sont associées, en tant que de besoin, à la définition de la politique environnementale de la région. Elles exercent un rôle de représentation et de partenariat à l'échelon régional auprès des collectivités et administrations intéressées.
« Les associations spécialisées de chasse sont associées aux travaux de la fédération régionale.
« Les statuts des fédérations régionales des chasseurs doivent être conformes à un modèle approuvé par le ou les ministres chargés de la chasse.
« Le contrôle de l'Etat et des juridictions financières sur les fédérations régionales s'exerce dans les conditions prévues par les articles L. 221-6 et L. 221-7. »
M. Michel Charasse. C'est mieux !
M. le président. Monsieur Charasse, vous souhaitez expliquer votre vote ?
M. Michel Charasse. Je souhaitais m'exprimer précisément sur ce problème, qui est maintenant réglé : la proposition de Mme Heinis me convient, puisqu'elle nous permet de sortir d'une situation dans laquelle, au cas particulier, le présent valait impératif, surtout pour les tribunaux.
M. Ladislas Poniatowski. Tout à fait !
M. Henri de Raincourt. Il a toujours une pensée pour les tribunaux, notre ami Charasse ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cet amendement n° 14 rectifié bis ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14 rectifié bis, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité !
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3 quater, ainsi modifié.

(L'article 3 quater est adopté.)

Article 4



M. le président.
« Art. 4. - I. - L'ancienne section 6 du chapitre Ier du titre II du livre II du même code devient la section 8.
« II. - L'article L. 221-8 du même code devient l'article L. 221-10 et est ainsi rédigé :
« Art. L. 221-10. - Les gardes de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage sont soumis à un statut national. »
« III. - Les articles L. 221-8-1 et L. 221-8-2 du même code deviennent respectivement les articles L. 221-11 et L. 221-12.
« Dans l'article L. 221-11, après les mots : "de la chasse", sont insérés les mots : "et de la faune sauvage". » - (Adopté.)

Article 5



M. le président.
« Art. 5. - Au chapitre Ier du titre II du livre II du même code, il est ajouté une section 7 ainsi rédigée :

« Section 7

« Fédération nationale des chasseurs

« Art. L. 221-9. - L'association dénommée Fédération nationale des chasseurs regroupe l'ensemble des fédérations départementales des chasseurs dont l'adhésion est constatée par le paiement d'une cotisation obligatoire. Elle assure la représentation des fédérations départementales des chasseurs à l'échelon national.
« Elle est chargée d'assurer la promotion et la défense de la chasse ainsi que la représentation des intérêts cynégétiques. Elle coordonne l'action des fédérations départementales des chasseurs.
« Les associations de chasse spécialisées sont associées aux travaux de la fédération nationale dans des conditions fixées par le statut de celle-ci.
« La Fédération nationale des chasseurs détermine chaque année en assemblée générale le montant national minimum de la cotisation due à la fédération départementale des chasseurs par tout chasseur et par tout territoire adhérent, ainsi que son montant national maximum inférieur à un plafond fixé par décret en Conseil d'Etat.
« Elle gère, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, un fonds assurant, d'une part, une péréquation entre les fédérations départementales des chasseurs en fonction de leurs ressources et de leurs charges et, d'autre part, la prévention et l'indemnisation des dégâts de grand gibier par les fédérations départementales des chasseurs. Ce fonds est alimenté par des contributions obligatoires acquittées par les fédérations départementales des chasseurs ainsi que par le produit d'une cotisation nationale versée à la Fédération nationale des chasseurs par chaque chasseur de grand gibier ayant validé un permis de chasser national.
« La Fédération nationale des chasseurs élabore une charte de la chasse en France. Celle-ci expose les principes d'un développement durable de la chasse et sa contribution à la conservation de la biodiversité. Ce document établit un code de comportement du chasseur et des bonnes pratiques cynégétiques mis en oeuvre par chaque fédération départementale des chasseurs et ses adhérents.
« Les statuts de la Fédération nationale des chasseurs doivent être conformes à un modèle adopté par le ministre chargé de la chasse. Le président de la fédération nationale est élu par l'ensemble des présidents des fédérations départementales des chasseurs.
« Le ministre chargé de la chasse contrôle l'exécution des missions de service public auxquelles est associée la Fédération nationale des chasseurs.
« La Fédération nationale des chasseurs est soumise au contrôle visé aux articles L. 111-7 et L. 211-6 du code des juridictions financières. Son budget est, avant d'être exécuté, soumis à l'approbation du ministre chargé de la chasse. Il a notamment le droit d'y inscrire les dépenses obligatoires liées au fonctionnement du fonds de péréquation. En cas de défaillance de la fédération nationale, il peut décider d'assurer la gestion de ce fonds.
« La Fédération nationale des chasseurs est soumise au contrôle économique et financier de l'Etat. »
Par amendement n° 15 rectifié, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de remplacer les huit derniers alinéas du texte présenté par cet article pour l'article L. 221-9 du code rural par neuf alinéas ainsi rédigés :
« Elle détermine chaque année en assemblée générale réunie à cet effet le montant national minimum de la cotisation que doit acquitter chaque chasseur pour obtenir le permis de chasser. Le montant national minimum de cette cotisation peut être augmenté au maximum de 66 % par décision de l'assemblée générale de chaque fédération départementale des chasseurs.
« La Fédération nationale des chasseurs élabore une charte de la chasse en France. Celle-ci expose les principes d'un développement durable de la chasse et sa contribution à la conservation de la bio-diversité. Ce document établit un code de comportement du chasseur et des bonnes pratiques cynégétiques mis en oeuvre par chaque fédération départementale des chasseurs et ses adhérents.
« Les associations de chasse spécialisées les plus représentatives sont associées aux travaux de la Fédération nationale des chasseurs, dans des conditions fixées par les statuts de celle-ci.
« La Fédération nationale des chasseurs gère, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, un fonds assurant une péréquation entre les fédérations départementales des chasseurs en fonction de leurs ressources et de leurs charges et garantissant l'indemnisation des dégâts de grand gibier. Ce fonds est alimenté par des contributions obligatoires des fédérations départementales des chasseurs et une partie des redevances cynégétiques provenant de la validation nationale du permis de chasser ainsi que de la redevance spécialisée nationale, relative au grand gibier.
« Les sommes versées par les fédérations départementales des chasseurs au titre de la péréquation telle que définie à l'alinéa précédent ne peuvent excéder 25 % du total des sommes qu'elles encaissent annuellement en application de l'article L. 225-4.
« L'excédent des ressources annuelles des fédérations départementales des chasseurs, supérieur à une année de dépenses, est affecté à la Fédération nationale des chasseurs pour abonder le fonds de péréquation.
« Les statuts de la Fédération nationale des chasseurs sont approuvés par les ministres chargés de la chasse, de l'agriculture et de la forêt.
« Les présidents des fédérations départementales des chasseurs élisent le conseil d'administration de la Fédération nationale des chasseurs et celui-ci procède à l'élection de son président.
« Le ou les ministres chargés de la chasse contrôlent l'exécution des missions de service public auxquelles est associée la Fédération nationale des chasseurs. Ils veillent à l'utilisation des ressources de la Fédération nationale des chasseurs aux fins prévues par la loi ainsi qu'à l'exécution des obligations statutaires. Tous les comptes de la fédération leur sont communiqués chaque année après approbation du compte administratif du dernier exercice clos. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 55, présenté par MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Tremel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant à rédiger comme suit le début du dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 15 rectifié : « Le ministre de la chasse contrôle l'exécution... ».
La parole est à Mme le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 15 rectifié.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement concerne le rôle et les compétences des fédérations ainsi que l'alimentation du fonds de péréquation.
Nous avons repris le texte du Sénat et nous avons, de surcroît, apporté une correction relative aux ministres chargés de la chasse.
M. le président. En conséquence, le sous-amendement n° 55 n'a plus d'objet.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 15 rectifié ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, ainsi modifié.

(L'article 5 est adopté.)

Article additionnel après l'article 5



M. le président.
Par amendement n° 61, M. Larcher et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« Au chapitre Ier du titre II du livre II du même code, il est ajouté une section 8 ainsi rédigé :
« Section 8. - Fédération interdépartementale des chasseurs.
« Art. L. 221-10. - Il est créé deux fédérations interdépartementales des chasseurs pour les départements de l'Essonne, du Val-d'Oise et des Yvelines, d'une part, et pour les départements de Paris, des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne, d'autre part.
« Les modalités de fonctionnement de ces deux fédérations sont fixées par un décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. César.
M. Gérard César. C'est un amendement très important, auquel tient M. Gérard Larcher : il s'agit de faire référence dans le projet de loi à deux fédérations interdépartementales qui existent déjà de fait.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Vous allez comprendre avec quel empressement je vais donner mon avis sur cet amendement, monsieur le président, car je ne pourrai y être favorable tant que ne seront pas ajoutés, après les mots : « Hauts-de-Seine », les mots : « Seine-Saint-Denis », afin de permettre le maintien de la situation actuelle. (Sourires.)
M. Michel Charasse. Bien sûr !
M. le président. Seriez-vous par hasard élu de Seine-Saint-Denis, monsieur le ministre ? (Nouveaux sourires.)
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Il semblerait !...
M. le président. Monsieur César, acceptez-vous de modifier l'amendement n° 61 pour tenir compte de la suggestion de M. le ministre ?
M. Gérard César. Il y a sans doute beaucoup de chasseurs en Seine-Saint-Denis ! (Sourires.) Je ne puis m'exprimer à ce sujet au nom de mon collègue Gérard Larcher, et je suis donc bien gêné. Je pense toutefois que cela ne posera pas de problème, même si je demeure assez prudent.
J'accepte donc la rectification proposée, sous réserve de l'accord de Mme le rapporteur.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 61 rectifié, présenté par M. Gérard Larcher et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, et tendant à insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« Au chapitre Ier du titre II du livre II du même code, il est ajouté une section 8 ainsi rédigée :

« Section 8

« Fédération interdépartementale des chasseurs

« Art. L. 221-10. - Il est créé deux fédérations interdépartementales des chasseurs pour les départements de l'Essonne, du Val-d'Oise et des Yvelines, d'une part, et pour les départements de Paris, des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, d'autre part.
« Les modalités de fonctionnement de ces deux fédérations sont fixées par un décret en Conseil d'Etat ».
Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. S'agissant de donner une base légale à ces fédérations interdépartementales, j'y suis favorable.
L'article R. 221-38 du code rural institue deux fédérations interdépartementales des chasseurs, l'une pour la ville de Paris, les départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, l'autre pour les départements des Yvelines, de l'Essonne et du Val-d'Oise.
M. Michel Charasse. Il s'agissait donc d'un oubli.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 61 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Article 6



M. le président.
« Art. 6. - I. - L'article L. 222-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 222-2. - Les associations communales et intercommunales de chasse agréées ont pour but d'assurer une bonne organisation technique de la chasse. Elles favorisent sur leur territoire le développement du gibier et de la faune sauvage dans le respect d'un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétique, l'éducation cynégétique de leurs membres, la régulation des animaux nuisibles et veillent au respect des plans de chasse. Elles ont également pour objet d'apporter la contribution des chasseurs à la conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvages.
« Leur activité s'exerce dans le respect des propriétés, des cultures et des récoltes et est coordonnée par la fédération départementale des chasseurs. Les associations communales et intercommunales de chasse agréées collaborent avec l'ensemble des partenaires du monde rural. »
« II. - L'article L. 222-10 du même code est complété par un 5° ainsi rédigé :
« 5° Ayant fait l'objet de l'opposition de propriétaires, de l'unanimité des copropriétaires indivis qui, au nom de convictions personnelles opposées à la pratique de la chasse, interdisent, y compris pour eux-mêmes, l'exercice de la chasse sur leurs biens, sans préjudice des conséquences liées à la responsabilité du propriétaire, notamment pour les dégâts qui pourraient être causés par le gibier provenant de ses fonds.
« Lorsque le propriétaire est une personne morale, l'opposition peut être formulée par le responsable de l'organe délibérant mandaté par celui-ci. »
« III. - Dans le premier alinéa de l'article L. 222-13 du même code, les mots : "à l'article L. 222-9" sont remplacés par les mots : "au 3° de l'article L. 222-10" ».
« IV. - Il est inséré, après l'article L. 222-13 du même code, un article L. 222-13-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 222-13-1. - L'opposition mentionnée au 5° de l'article L. 222-10 est recevable à la condition que cette opposition porte sur l'ensemble des terrains appartenant aux propriétaires ou copropriétaires en cause.
« Cette opposition vaut renonciation à l'exercice du droit de chasse sur ces terrains. Elle ne fait pas obstacle à l'application de l'article L. 415-7. Dans ce cas, le droit de chasser du preneur subit les mêmes restrictions que celles ressortissant des usages locaux qui s'appliquent sur les territoires de chasse voisins et celles résultant du schéma départemental de gestion cynégétique visé à l'article L. 221-2-2. »
« V. - L'article L. 222-14 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 222-14. - La personne ayant formé opposition est tenue de procéder à la signalisation de son terrain matérialisant l'interdiction de chasser.
« Le propriétaire ou le détenteur du droit de chasse ayant fait opposition est tenu de procéder ou de faire procéder à la destruction des animaux nuisibles et à la régulation des espèces présentes sur son fonds qui causent des dégâts.
« Le passage des chiens courants sur des territoires bénéficiant du statut de réserve ou d'opposition au titre des 3° et 5° de l'article L. 222-10 ne peut être considéré comme chasse sur réserve ou chasse sur autrui sauf si le chasseur a poussé les chiens à le faire ».
« VI et VII. - Non modifiés.
« VIII. - Le premier alinéa de l'article L. 222-17 du même code est ainsi rédigé :
« L'opposition formulée en application du 3° ou du 5° de l'article L. 222-10 prend effet à l'expiration de la période de cinq ans en cours, sous réserve d'avoir été notifiée, six mois avant le terme de cette période. A défaut, elle prend effet à l'expiration de la période suivante. La personne qui la formule la notifie au représentatnt de l'Etat dans le département. »
« VIII bis. - Non modifié.
« IX. - L'article L. 222-19 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 222-19. - Les statuts de chaque association doivent prévoir l'admission dans celle-ci des titulaires du permis de chasser validé :
« 1° Soit domiciliés dans la commune ou y ayant une résidence pour laquelle ils figurent, l'année de leur admission, pour la quatrième année sans interruption, au rôle d'une des quatre contributions directes ;
« 2° Soit propriétaires ou détenteurs de droits de chasse ayant fait apport de leurs droits de chasse ainsi que, s'ils sont titulaires d'un permis de chasser, leurs conjoints, ascendants et descendants, gendres et belles-filles du ou des conjoints apporteurs ;
« 3° Soit preneurs d'un bien rural lorsque le propriétaire a fait apport de son droit de chasse ;
« 4° Soit propriétaires d'un terrain soumis à l'action de l'association et devenus tels en vertu d'une succession ou d'une donation entre héritiers lors d'une période de cinq ans ;
« 5° Supprimé.
« Ces statuts doivent prévoir également le nombre minimum des adhérents à l'association et l'admission d'un pourcentage minimum de chasseurs ne rentrant dans aucune des catégories définies ci-dessus.
« Sauf s'il a manifesté son opposition à la chasse dans les conditions fixées par le 5° de l'article L. 222-10, le propriétaire non chasseur dont les terrains sont incorporés dans le territoire de l'association est à sa demande et gratuitement membre de l'association, sans être tenu à l'éventuelle couverture du déficit de l'association. L'association effectue auprès de lui les démarches nécessaires.
« Le propriétaire ou le détenteur de droits de chasse ayant exercé un droit à opposition ne peut prétendre à la qualité de membre de l'association, sauf décision souveraine de l'association communale de chasse agréée. »
« X. - Supprimé.
« XI. - L'article L. 229-5 du même code est complété par un III ainsi rédigé :
« III. - Dans les communes urbaines dont la liste est arrêtée dans les conditions de l'article L. 229-15, le conseil municipal peut tous les neuf ans décider de ne pas mettre en location la chasse sur son ban. Cette délibération fixe les conditions de gestion de la faune sauvage et de régulation des espèces susceptibles de causer des dégâts aux cultures, après avis de la commission consultative de la chasse prévue à l'article L. 229-4-1 et du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage prévu à l'article R. 221-27. Dans ce cas, les articles L. 229-3 et L. 229-4 ne s'appliquent pas. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 16, Mme Heinis, au nom de la commission, propose, à la fin de la deuxième phrase du premier alinéa du texte présenté par le I de cet article pour l'article L. 222-2 du code rural, de remplacer les mots : « au respect des plans de chasse » par les mots : « à la prévention et à la répression du braconnage ».
Par amendement n° 56, MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Trémel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter la deuxième phrase du premier alinéa du texte présenté par le I de l'article 6 pour l'article L. 222-2 du code rural par les mots : « à la prévention et à la répression du braconnage ».
La parole est à Mme le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 16.
Mme Anne Heinis, rapporteur. S'agissant de la compétence des ACCA, les associations communales de chasse agréées, nous proposons de rétablir le texte du Sénat.
Nous retirons toutefois cet amendement au bénéfice de l'amendement n° 56, que nous avons examiné ce matin en commission.
M. le président. L'amendement n° 16 est retiré.
La parole est à M. Pastor, pour présenter l'amendement n° 56.
M. Jean-Marc Pastor. Nous souhaitons que la prévention et la répression du braconnage soient visées dans le cadre des plans de chasse.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement a souhaité, en matière de police et de surveillance, opérer une clarification nette entre, d'une part, une mission régalienne de police de la chasse et de répression du braconnage confiée à des agents publics - notamment les gardes nationaux de l'office national de la chasse et de la faune sauvage, dans l'intérêt général - et, d'autre part, les interventions des gardes particuliers pour constater les seules infractions qui portent préjudice aux intérêts des détenteurs de droits de chasse qui les ont mandatés.
Les ACCA ne peuvent être chargées par la loi de la mission, propre à l'Etat, de répression du braconnage ; évidemment, elles continuent cependant de bénéficier des prestations techniques ou de surveillance de leurs gardes particuliers.
En conséquence, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 56.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le ministre, je comprends bien la distinction opérée entre la mission qui est confiée à la structure nationale et celle qui est dévolue aux ACCA. Mais il est important de pouvoir cadrer l'ensemble dans les plans de chasse,...
M. Gérard César. Oui !
M. Jean-Marc Pastor. ... quitte à ce que des partenaires différents agissent en tant qu'opérateur pour la mise en oeuvre des options qui sont prévues dans lesdits plans de chasse.
Le plan de chasse peut prévoir, d'une part, des opérations de prévention qui sont mises en oeuvre directement par les structures locales, et, d'autre part, des opérations de répression du braconnage qui le sont par les structures nationales, notamment par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 56, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
Par amendement n° 17, Mme Heinis, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 6 pour le 5° de l'article L. 222-10 du code rural, après les mots : « des copropriétaires indivis », d'insérer les mots : « ou, dans les cas de démembrement du droit de propriété, d'usufruitiers ou d'emphytéotes ».
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement est relatif au droit d'opposition cynégétique. En cas de démembrement du droit de propriété, les usufruitiers et les emphytéotes doivent pouvoir user de leur droit d'opposition à la chasse.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 18, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par le IV de l'article 6 pour l'article L. 222-13-1 du code rural :
« L'opposition mentionnée au 5° de l'article L. 222-10 est recevable à condition qu'elle porte sur l'ensemble des terrains dont la personne a l'usage situés dans le département ou les cantons limitrophe. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Nous avons repris le texte du Sénat en limitant l'opposition mentionnée au 5e de l'article L. 222-10 du code rural à l'ensemble des terrains situés dans les départements ou dans les cantons limitrophes, alors que l'Assemblée nationale l'avait étendue au plan national, ce qui était tout à fait invérifiable et pouvait entraîner des pratiques assez désagréables de l'ordre de la suspicion ou de l'inquisition.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Madame le rapporteur, j'ai bien entendu votre argumentation. Pour autant, les convictions personnelles opposées à la pratique de la chasse doivent conduire le propriétaire ou le détenteur du droit de chasse qui exerce le droit de non-chasse à s'opposer à la chasse sur toutes ses propriétés, où qu'elles soient situées !
Tel est le point de vue parfaitement logique qui a été développé et retenu à l'Assemblée nationale.
J'émets donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 18.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Je suivrai exactement la même logique que M. le ministre : il serait quand même inconvenant qu'un propriétaire qui possède beaucoup de terrains soit contraint par le Sénat à s'opposer à la chasse dans les cantons limitrophes mais pas ailleurs !
Je demeure donc très favorable au droit de non-chasse - même si, quelque part, cela me dérange un peu... - mais, dans le même temps, il est bien évident que celui qui veut user de ce droit doit le faire dans tous les terrains dont il est propriétaire, sans distinction de zonage.
M. Ladislas Poniatowski. Très bonne précision !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 19, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rétablir le sixième alinéa (5°) du texte présenté par le IX de l'article 6 pour l'article L. 222-19 du code rural dans la rédaction suivante :
« 5° Soit propriétaires du fait d'une acquisition de petites parcelles soumises à l'action de l'association lors d'une période quinquennale, la décision d'admission étant prise de manière souveraine par l'assemblée générale de l'association communale de chasse agréée lorsque la superficie des parcelles est inférieure à un seuil fixé par décret en Conseil d'Etat. En cas de refus, le propriétaire bénéficie d'un droit de priorité au titre du présent article lors du plus prochain renouvellement de l'association. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Nous avons repris le texte du Sénat, en prévoyant un seuil de superficie minimum qui sera fixé par décret en Conseil d'Etat et non par les fédérations. Même si cette solution n'est pas plus juste en soi, elle est juridiquement meilleure.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 20, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de supprimer le XI de l'article 6.
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit là aussi de revenir au texte du Sénat.
La loi ne doit pas s'appliquer en Alsace-Moselle. Je rappelle d'ailleurs que Mme Voynet avait pris un engagement sur ce point ! Il convient qu'il soit respecté.
M. Jean-Louis Carrère. Nous avions déjà prévu une telle disposition d'exclusion !
Mme Anne Heinis, rapporteur. En effet !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. S'agissant de l'exercice de la chasse dans les départements d'Alsace-Moselle, Dominique Voynet ne souhaitait pas faire évoluer les textes sans concertation.
Néanmoins, cette disposition ayant été adoptée par l'Assemblée nationale, elle a consenti à lever le gage qui était prévu.
M. Ladislas Poniatowski. Ce n'est pas très logique !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement s'en remet, dans ces conditions, à la sagesse du Sénat.
M. Ladislas Poniatowski. Ah, c'est bien, cela !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 20.
M. Francis Grignon. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Grignon.
M. Francis Grignon. Nous avons la chance de bénéficier, en Alsace-Moselle, d'un système de chasse qui fonctionne parfaitement...
M. Michel Charasse. C'est suspect ! (Sourires.)
M. Francis Grignon. ... et que nous avons remis à plat en 1995 grâce à une proposition de loi qui avait alors obtenu l'accord de toutes les parties prenantes - propriétaires, chasseurs, communes, écologistes,...
M. Jean-Louis Carrère. Ah ! les écologistes !
M. Francis Grignon. ... forestiers - après deux ans de concertation.
Introduire aujourd'hui brutalement une sorte de missile qui toucherait au droit local ne serait pas très raisonnable !
J'ai bien lu le compte rendu des débats de l'Assemblée nationale. Après s'être engagée ici, Mme Voynet s'en est remise à la sagesse des députés, mais elle a levé le gage avant que n'intervienne le vote, ce qui équivalait à donner son accord étant donné la composition politique de l'Assemblée nationale.
Je souhaite donc que l'amendement de la commission soit adopté, afin que soit supprimée une disposition qui touche de façon peu raisonnable au droit local et qui risque de déséquilibrer un système qui fonctionne très bien.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. En première lecture, notre groupe avait, dans un premier temps, déposé un amendement tendant aux mêmes fins. Alertés ensuite par un certain nombre de nos concitoyens, nous avions souhaité nous renseigner pour savoir exactement de quoi il s'agissait et, en séance publique, nous avons alors retiré cet amendement, car il nous semblait inopportun que notre assemblée se prononce sur un système propre à l'Alsace-Moselle.
Dans ces conditions, nous voterons l'amendement n° 20 de la commission, afin de supprimer le paragraphe XI de l'article 6.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que l'amendement a été voté à l'unanimité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 6, modifié.

(L'article 6 est adopté.)

Article 7



M. le président.
« Article 7. - I. - Non modifié.
« II. - Toutefois, l'opposition formée en application du 5° de l'article L. 222-10 du même code et notifiée au représentant de l'Etat dans le département dans l'année qui suit l'entrée en vigueur de la présente loi prend effet six mois après cette notification. »
Par amendement n° 40, MM. Poniatowski, du Luart, About, Balarello, Mme Bardou, MM. Bourdin, Jean Boyer, Carle, Cléach, de Cossé-Brissac, Ambroise Dupont, Jean-Léonce Dupont, Emin, Emorine, Falco, Garrec, Gaudin, Grillot, Humbert, Mathieu, Nachbar, Pintat, Puech, Raffarin, Revet, Revol, Torre et Trucy proposent, à la fin du II de cet article, de remplacer les mots : « six mois après cette notification » par les mots : « à l'expiration de la période de six ans en cours, sous réserve d'avoir été notifiée six mois avant le terme de cette période ».
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Nous proposons de réintroduire dans le texte la rédaction retenue en première lecture par le Sénat.
L'entrée en vigueur du texte pose un vrai problème. Partout en France, les ACCA sont régies par des baux de six ans. Certains de ces baux arriveront à échéance dans un an, d'autres dans deux ans, d'autres encore dans trois ans, etc. Modifier la règle du jeu en cours de route peut mener très loin.
Imaginons que, sur un territoire communal de 500 hectares, on retire d'un seul coup, pour respecter le droit de non-chasse - auquel je suis d'ailleurs favorable, en dépit de mes convictions de chasseur - une centaine d'hectares ; le changement sera important pour l'ACCA.
Voilà pourquoi, sur notre proposition, le Sénat avait décidé à l'unanimité, en première lecture, que cette disposition n'entrerait en vigueur qu'au terme du bail de l'ACCA et non pas six mois après l'adoption de ce projet de loi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. J'ai bien entendu l'argumentation de M. Poniatowski.
Pour autant, cette disposition supprimerait pratiquement toute mesure transitoire en retardant de manière excessive l'exercice effectif du droit d'opposition.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 7, ainsi modifié.

(L'article 7 est adopté.)


Article 8 A



M. le président.
« Art. 8 A. - I. - Non modifié.
« I bis. - L'article L. 223-4 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Le produit de ces droits est reversé à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage pour être affecté à l'organisation matérielle de l'examen. »
« II et III. - Non modifiés.
« IV. - Dans l'article L. 233-9 du même code, les mots : "visé annuellement" sont remplacés par le mot : "validé".
« IV bis. - Supprimé.
« V à IX. - Non modifiés .
« IX bis . - L'article L. 223-16 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-16. - La validation du permis de chasser donne lieu annuellement au paiement d'une redevance cynégétique départementale ou nationale.
« Pour obtenir la validation départementale du permis de chasser, le demandeur doit être membre de la fédération des chasseurs correspondante. »
« IX ter . - Après l'article L. 223-16 du même code, il est inséré un article L. 223-16-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 223-16-1 . - Le permis de chasser peut également être validé pour une durée de neuf jours consécutifs. Cette validation donne lieu au paiement d'une redevance cynégétique temporaire et ne peut être obtenue qu'une seule fois par an. »
« X. - 1. L'article L. 223-17 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-17 . - Le montant des redevances cynégétiques est ainsi fixé :
« 1° Redevance cynégétique nationale : 1 198 francs ;
« 2° Redevance cynégétique nationale temporaire : 500 francs ;
« 3° Redevance cynégétique départementale : 244 francs ;
« 4° Redevance cynégétique départementale temporaire : 200 francs ;
« 5° Redevance cynégétique "gibier d'eau" : 95 francs ;
« Ces redevances sont recouvrées comme le droit de timbre visé à l'article 964 du code général des impôts. »
« 2. La perte de recettes pour le budget de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
« XI. - L'article L. 223-18 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-18 . - Les Français résidents à l'étranger et les étrangers non-résidents sont autorisés à chasser sous réserve d'être titulaires et porteurs d'une licence de chasse délivrée pour une durée de neuf jours consécutifs et pouvant être renouvelée trois fois dans une année par l'autorité administrative sur présentation de l'attestation d'assurance mentionnée à l'article L. 223-13 et du permis de chasser délivré en France ou dans leur pays de résidence, ou de toute autre pièce administrative en tenant lieu.
« La délivrance de cette licence de chasse donne lieu au versement de la redevance cynégétique départementale ou nationale temporaire et d'une cotisation fédérale temporaire. » « XII. - Dans les articles L. 223-19 et L. 223-20 du même code, les mots : "le visa" sont remplacés par les mots : "la validation".
« Dans le premier alinéa de l'article L. 223-21 du même code, les mots : "et le visa" sont supprimés et les mots : "peuvent être refusés" sont remplacés par les mots : "peut être refusée et la validation du permis peut être retirée".
« Dans le dernier alinéa du même article, les mots : "le visa" sont remplacés par les mots : "de retirer la validation".
« XIII. - L'article L. 223-22 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-22 . - Le représentant de l'Etat dans le département peut apporter les limitations qu'il juge nécessaires, dans l'intérêt de la police de la chasse ou du service, à l'exercice de la chasse par les agents mentionnés aux 1° et 2° de l'article L. 228-27. »
« XIV à XVI. - Non modifiés . »
Je suis saisi de deux amendements présentés par MM. Poniatowski, du Luart, About, Balarello, Mme Bardou, MM. Bourdin, Jean Boyer, Carle, Cléach, de Cossé-Brissac, Ambroise Dupont, Jean-Léonce Dupont, Emin, Emorine, Falco, Garrec, Gaudin, Grillot, Humbert, Mathieu, Nachbar, Pintat, Puech, Raffarin, Revet, Revol, Torre et Trucy.
Le premier, n° 41, vise à rédiger comme suit le IV de cet article :
« IV. - L'article L. 223-9 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-9 . - Dans le cadre de leurs missions de service public, les fédérations départementales des chasseurs valident le permis de chasser et délivrent des licences de chasse. Cette validation peut être réalisée annuellement ou de façon temporaire.
« Le maire de la commune où le demandeur de la validation du permis est domicilié, réside, est propriétaire foncier ou possède un droit de chasser, s'il a connaissance d'un juste motif visé à l'article L. 223-21 tendant à empêcher l'exercice individuel de la chasse, saisit le représentant de l'Etat dans le département en vue de l'annulation de la validation du permis. »
Le second, n° 42, tend à rétablir le IV bis de l'article 8 A dans la rédaction suivante :
« IV bis . - Après l'article L. 223-9 du même code, il est inséré un article L. 223-9-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 223-9-1. - Au sein de chaque fédération départementale des chasseurs, un commissaire au compte est chargé du suivi du contrôle des opérations visées à l'article L. 223-9. »
La parole est à M. Poniatowski. M. Ladislas Poniatowski. Nous avions introduit, en première lecture au Sénat, le guichet unique, qui était placé auprès de la fédération départementale des chasseurs - comme pour la pêche, je le signale au passage.
Une des raisons pour lesquelles l'Assemblée nationale est revenue sur cette disposition est que nous avions introduit un élément qui, semble-t-il, n'était pas tout à fait légal, et c'est d'ailleurs la raison d'être de l'amendement n° 42.
Soucieux de mettre en place une surveillance financière des fédérations, nous avions décidé qu'un agent comptable serait désigné par le trésorier-payeur général pour une durée de trois ans. C'est cela qui, paraît-il, n'était pas légal.
Voilà pourquoi, cette fois-ci, nous réintroduisons le texte adopté en première lecture - c'est l'objet de l'amendement n° 41 - en précisant - c'est l'objet de l'amendement n° 42 - que c'est non plus un agent comptable désigné par le trésorier-payeur général mais un commissaire aux comptes qui contrôlera les finances de la fédération départementale.
Je signale que la loi rend la présence des commissaires aux comptes auprès des associations soumises à la loi de 1901 obligatoire, dès lors que l'association reçoit une subvention de plus d'un million de francs. Si l'on prend en compte la perception de la redevance, que l'Etat, paradoxalement, considère comme un impôt et non pas comme une cotisation à une fédération, pratiquement toutes les fédérations atteignent ce niveau. Il n'y a donc rien d'illogique à ce que l'on prévoie le contrôle d'un commissaire aux comptes.
M. Philippe François. C'est un officier public ministériel !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 41 et 42 ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 41. M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. En fait, il s'agit d'une explication tout court.
Je comprends bien la démarche de notre collègue M. Poniatowski, qui dit que, si le maire de la commune a connaissance d'un juste motif de nature à empêcher quelqu'un d'être titulaire du permis de chasser, il saisit le représentant de l'Etat.
Mais la mention « en vue de l'annulation de la validation du permis » n'est-elle pas de trop ? Ne vaudrait-il pas mieux écrire : « afin qu'il statue définitivement sur la validation du permis » ? On ne peut pas, en effet, préjuger la décision du représentant de l'Etat. Imaginons que le maire, à son corps défendant, mais de bonne foi, se fonde sur des renseignements erronés ou, par exemple, sur une condamnation qui aurait été amnistiée, qui donc n'existerait plus.
J'appelle donc l'attention sur cette rédaction. On fait ce qu'on veut, mais la formulation que je propose me paraît préférable, d'autant que le préfet a la possibilité de demander des enquêtes complémentaires, que le maire n'a pas.
M. le président. Monsieur Poniatowski, acceptez-vous de modifier votre amendement en ce sens ?
M. Ladislas Poniatowski. Je souhaite donner une explication de nature technique à M. Charasse.
Si l'on avait mentionné le maire, en première lecture, c'est parce que, dans les communes rurales, avant la création du guichet unique auprès de la fédération, les demandes de permis étaient faites, vous le savez, à la mairie.
Or, dans les petites communes rurales, le maire ou ses services connaissent très bien tous ceux qui viennent faire une demande de permis, et notamment ceux qui pourraient poser problème. Il n'y avait donc même pas besoin d'apporter cette précision. Le maire pouvait de lui-même exercer un frein ou dire son refus.
Avec le nouveau guichet unique, le maire n'a plus le même rôle. Il se contente d'informer.
Cela étant, M. Charasse a raison : dans les grandes villes, il y a un vrai problème ; on n'a plus la connaissance du terrain, des hommes et des chasseurs.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Je souscris aux propos de M. Charasse. Il me paraît délicat de préciser : « en vue de l'annulation de la validation du permis ». En effet, on ne connaît pas la gravité du problème.
Je prie nos collègues de m'excuser, mais, comme j'aime les raccourcis, je propose que l'on supprime carrément la fin de la phrase, pour laisser : « saisit le représentant de l'Etat dans le département ». Ensuite, il appartiendra au préfet de prendre sa décision, qu'il aura, bien évidemment, à justifier.
M. le président. Monsieur Poniatowski, puis-je vous suggérer de terminer votre amendement n° 41 sur les mots : « saisit le représentant de l'Etat dans le département » ?
MM. Michel Charasse et Gérard César. Très bien !
M. Ladislas Poniatowski. Que ne ferais-je pas pour faire plaisir à mes deux collègues César et Charasse !
C'est donc volontiers que j'accepte de rectifier en ce sens mon amendement.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 41 rectifié visant à rédiger comme suit le IV de l'article 8A :
« IV. - L'article L. 223-9 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-9. - Dans le cadre de leurs missions de service public, les fédérations départementales des chasseurs valident le permis de chasser et délivrent des licences de chasse. Cette validation peut être réalisée annuellement ou de façon temporaire.
« Le maire de la commune où le demandeur de la validation du permis est domicilié, réside, est propriétaire foncier ou possède un droit de chasser, s'il a connaissance d'un juste motif visé à l'article L. 223-21 tendant à empêcher l'exercice individuel de la chasse, saisit le représentant de l'Etat dans le département. »
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur cet amendement n° 41 rectifié ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Toujours défavorable, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 41 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que le vote a été obtenu à l'unanimité.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 42.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Cet amendement est exactement le même que l'amendement n° 62, qui, à la suite d'une erreur matérielle, est venu en examen à l'article 3 et non à l'article 8A.
Je suis donc tout à fait favorable au présent amendement, qui permet le contrôle des fédérations par des commissaires aux comptes, qui pourront faire un rapport à l'assemblée générale.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 42, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Même unanimité que précédemment.
Par amendement n° 21, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par le IX bis de l'article 8 A pour l'article L. 223-16 du code rural :
« Le permis de chasser est validé annuellement pour une période de douze mois consécutifs par le paiement d'une redevance cynégétique départementale ou nationale. »
La parole est à Mme le rapporteur. Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement porte sur la validation annuelle du permis de chasser pour une période de douze mois consécutifs.
Nous reprenons le texte adopté par le Sénat, qui tendait à faciliter le tir d'été au grand gibier.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. L'amendement propose une validation du permis de chasser pour une période de douze mois commençant à la date de paiement des redevances cynégétiques.
Le Gouvernement est prêt à étudier le principe d'une telle proposition, mais cela nécessite au préalable que l'on assure une coordination avec les autres opérations annuelles, préalables à la validation, qui sont calées sur la saison de chasse de juillet à juillet : assurance, cotisation fédérale, redevance cynégétique.
Aussi lui paraît-il prématuré d'inscrire cette disposition dans la loi.
Pour autant, comme en première lecture, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 21, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 43, MM. Poniatowski, du Luart, About, Balarello, Mme Bardou, MM. Bourdin, Jean Boyer, Carle, Cléach, de Cossé-Brissac, Ambroise Dupont, Jean-Léonce Dupont, Emin, Emorine, Falco, Garrec, Gaudin, Grillot, Humbert, Mathieu, Nachbar, Pintat, Puech, Raffarin, Revet, Revol, Torre et Trucy proposent de compléter la première phrase du texte présenté par le IX ter de l'article 8 A pour l'article L. 223-16-1 du code rural par les mots : « renouvelable deux fois par an. »
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Cet amendement tend à réécrire ce que nous avions adopté en première lecture.
Le permis de neuf jours, invention de M. Patriat, n'est pas une mauvaise idée. Mais pourquoi le limiter à une seule fois ? C'est un instrument de souplesse. C'est pourquoi, en première lecture au Sénat, nous avions autorisé qu'il soit renouvelé à deux reprises dans l'année.
Je n'ai d'ailleurs pas du tout compris les arguments qui ont entrainé l'opposition de l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 66, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le paragraphe X de l'article 8 A :
« X. - A. - L'article L. 223-17 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-17. - Le montant et les conditions de recouvrement des redevances cynégétiques sont fixés annuellement par la loi de finances. »
« B. - Les dispositions du A ci-dessus sont applicables à compter de la loi de finances pour 2001. »
Par amendement n° 57, MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Trémel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, avant le 1 du X de l'article 8 A, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« A titre exceptionnel et pour la seule campagne d'ouverture de chasse 2000-2001, les dispositions suivantes sont appliquées : »
La parole est à Mme le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 66.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Vous vous souvenez, mes chers collègues, que nous avions réservé l'examen d'un amendement relatif à la fixation du montant des redevances cynégétiques.
Les propositions que je vais vous faire résultent d'un travail de concertation et de réflexion qui a été mené avec notre collègue Gérard Larcher, à la suite de notre première réunion sur ce sujet. Il me semble qu'elles devraient pouvoir rencontrer l'accord des parties concernées.
Le paragraphe X de l'article 8 A voté par l'Assemblée nationale fixe, dans la partie législative du code rural, le montant des redevances cynégétiques, en application de l'article 34 de la Constitution.
Le système actuel prévoit un décret en Conseil d'Etat, qui fixe les plafonds - c'est l'article R. 223-33 du code rural. Puis, à l'intérieur de ces plafonds, un arrêt conjoint de la chasse et du budget fixe les montants chaque année. Cette année, nous avons l'arrêté du 17 mai 2000, qui fixe des montants pour les campagnes de chasse 2000-2001.
L'Assemblée nationale a diminué les montants fixés par l'arrêté, considérant que ces redevances ne devaient plus financer les dégâts de gibier. Or, le Sénat est hostile à ce dispositif et souhaite un partage des redevances entre l'ONCFS et les fédérations, ce qu'aucune loi n'interdit.
En plus du problème de fond qui fait que nous ne pouvons pas adopter tel quel le paragraphe X de l'article 8 A, se pose le problème de la campagne de chasse 2000-2001, qui va comporter une période transitoire.
L'amendement du Gouvernement à l'article 26 laisse à l'ONC l'indemnisation des dégâts de grand gibier jusqu'au 1er janvier 2001, puisqu'elle la confie aux fédérations à partir de cette date. Mais, simultanément, les ressources de l'ONC vont diminuer dès la promulgation de la présente loi, puisque le paragraphe X de l'article 8 A voté par l'Assemblée nationale abaisse le montant des redevances, c'est-à-dire de ses ressources. Il y a là un problème de dates qui ne correspondent pas. Enfin, il semble plus logique de faire coïncider les campagnes de chasse et les campagnes d'indemnisation du 1er juillet au 30 juin. Cela correspond, en plus, au rythme des récoltes et facilitera, nous l'espérons, l'évaluation des dégâts.
En conséquence, nous vous proposons une série d'amendements pour « caler » ce dispositif, et en premier lieu, de renvoyer à la loi de finances le soin de fixer chaque année le montant des redevances pour une campagne annuelle allant du 1er juillet au 30 juin. Tel est l'objet de l'amendement n° 66 portant sur le paragraphe X de l'article 8 A.
Ce dispositif permet de respecter le principe de la répartition des redevances entre l'ONCFS et les fédérations adopté par le Sénat.
M. le président. La parole est à M. Bel, pour présenter l'amendement n° 57.
M. Jean-Pierre Bel. Le dispositif prévu à l'article 8 A fixant le montant des redevances cynégétiques doit être tout à fait exceptionnel. Pour la suite, il convient de le prévoir dans la loi de finances.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 57 ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. La commission émet un avis défavorable, dans la mesure où l'amendement qu'elle a adopté pour gérer la campagne de chasse 2000-2001 répond au souci des auteurs de l'amendement, qui est donc satisfait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 66 et 57 ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Sur le fond, je suis d'accord avec les deux amendements, mais, sur la forme, je préfère celui de la commission, et j'invite les auteurs de l'amendement n° 57 à le retirer.
M. le président. Monsieur Bel, accédez-vous à l'invitation de M. le ministre ?
M. Jean-Pierre Bel. Compte tenu des explications qui viennent de nous être données, nous retirons cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 57 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 66, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 44, MM. Poniatowski, du Luart, About, Balarello, Mme Bardou, MM. Bourdin, Boyer, Carle, Cléach, de Cossé-Brissac, Amboise Dupont, Jean-Léonce Dupont, Emin, Emorine, Falco, Garrec, Gaudin, Grillot, Humbert, Mathieu, Nachbar, Pintat, Puech, Raffarin, Revet, Revol, Torre, Trucy proposent, dans le premier alinéa du texte présenté par le XI de l'article 8 A pour l'article L. 223-18 du code rural, de remplacer les mots : « l'autorité administrative » par les mots : « la fédération départementale des chasseurs. »
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. C'est un amendement de coordination avec les amendements n°s 41 rectifié, et 42 que nous avons adoptés à l'unanimité voilà quelques minutes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable, par cohérence.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 44, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 8 A, modifié.
(L'article 8 A est adopté.)

Article 8



M. le président.
« Art. 8. - I A. - Après l'article L. 223-1 du code rural, il est inséré un article L. 223-1-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 223-1-1. - Toutefois, les personnes titulaires et porteuses d'une autorisation de chasser peuvent pratiquer la chasse en présence et sous la responsabilité civile d'un accompagnateur titulaire depuis au moins cinq ans du permis de chasser et n'ayant jamais été privé du droit d'obtenir ou de détenir un permis de chasser par décision de justice. Pour la chasse à tir, la personne autorisée et l'accompagnateur ne peuvent disposer, sur le lieu de chasse, que d'une arme pour deux.
« L'autorisation de chasser est délivrée gratuitement pour une période d'un an par l'autorité administrative aux personnes ayant satisfait à un examen théorique. Elle ne peut être délivrée qu'une fois. Elle ne peut être délivrée aux mineurs de quinze ans et aux majeurs. Elle ne peut en outre être délivrée aux personnes auxquelles le permis de chasser ne peut être délivré conformément à l'article L. 223-20 ainsi qu'aux personnes auxquelles la délivrance du permis de chasser peut être refusée conformément à l'article L. 223-21.
« Les articles L. 224-4 et L. 224-4-1 sont applicables aux titulaires de l'autorisation de chasser.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions de délivrance de l'autorisation de chasser. »
« I. - Non modifié.
« II. - Supprimé.
« III. - Le premier alinéa de l'article L. 223-3 du même code est ainsi rédigé :
« La délivrance du permis de chasser est subordonnée à l'admission à un examen. Cet examen porte notamment sur la connaissance de la faune sauvage, sur la réglementation de la chasse ainsi que sur les règles de sécurité qui doivent être respectées lors du maniement des armes dont la maîtrise sera évaluée à l'occasion d'une épreuve pratique. Il comporte des procédures éliminatoires et est organisé par l'Etat avec le concours de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. »
« IV. - Après le premier alinéa de l'article L. 223-3 du même code, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« L'autorité administrative saisie d'un recours concernant la délivrance du permis de chasser consulte avant de statuer sur celui-ci un jury composé pour moitié de représentants de l'Etat et pour moitié de représentants de la fédération départementale des chasseurs. »
Par amendement n° 63, M. Martin propose de supprimer la seconde phrase du premier alinéa du texte présenté par le I A de cet article pour l'article L. 223-1-1 du code rural.
La parole est à M. Martin.
M. Pierre Martin. Il s'agit de la chasse accompagnée. Le projet de loi précise que, pour la chasse à tir, la personne autorisée et l'accompagnateur ne peuvent disposer que d'une seule arme pour deux. Pour ma part, je considère que, dans ces circonstances, il faut offrir au jeune les meilleures conditions pour son apprentissage. En matière pédagogique, il n'y a rien de tel que l'exemple.
Il me paraît donc judicieux que l'accompagnateur qui a son permis depuis au moins cinq ans puisse également avoir une arme, et ce d'autant plus qu'il y a la chasse au grand gibier, la chasse au petit gibier et la chasse mixte, c'est-à-dire la chasse au bois, où on tire parfois le petit gibier et le gros gibier, tels que les sangliers et les chevreuils. Dans ce cas, les chasseurs prennent deux armes : une carabine et un fusil. Or, aux termes du texte actuel de l'article 8, ils n'auront droit qu'à une seule arme.
C'est la raison pour laquelle je propose de supprimer la seconde phrase du premier alinéa du texte présenté pour l'article L. 223-1-1 du code rural.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. En première lecture, la commission des affaires économiques avait défendu le principe d'une seule arme pour deux afin d'insister sur l'aspect pédagogique de l'apprentissage de la chasse. Aujourd'hui, je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. En première lecture, le Gouvernement avait considéré que l'amendement dont résulte ce texte augmentait la sécurité de la pratique de la chasse accompagnée ; il avait donc émis un avis favorable. Aujourd'hui, le Gouvernement regretterait que le Sénat revienne sur la position qui avait été la sienne en première lecture, et émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 63, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 22, Mme Heinis, au nom de la commission, propose, dans la deuxième phrase du texte présenté par le III de l'article 8 pour le premier alinéa de l'article L. 223-3 du code rural, de supprimer le mot : « notamment ».
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit des modalités de l'examen du permis de chasser.
Cet amendement vise à supprimer l'adverbe « notamment » : la liste des épreuves est déjà suffisamment exhaustive.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable : le programme de l'examen du permis de chasser doit pouvoir évoluer sans qu'il soit besoin de revenir devant le législateur.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 8, modifié.

(L'article 8 est adopté.)

Articles 8 bis et 8 quater



M. le président.
« Art. 8 bis. - Après l'article L. 223-5 du même code, il est inséré un article L. 223-5-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 223-5-1. - Les fédérations départementales des chasseurs organisent la formation des candidats aux épreuves théoriques et pratiques de l'examen pour la délivrance du permis de chasser. Des armes de chasse sont mises à la disposition des personnes participant à cette formation.
« Les fédérations départementales des chasseurs organisent également des formations ouvertes aux personnes titulaires du permis de chasser et visant à approfondir leurs connaissances de la faune sauvage, de la réglementation de la chasse et des armes. » - (Adopté.)
« Art. 8 quater. - Il est constitué un fichier national des permis et des autorisations de chasser. L'autorité judiciaire informe l'Office national de la chasse et de la faune sauvage qui assure la gestion de ce fichier des peines prononcées en application des articles L. 228-21 et L. 228-22 du code rural ainsi que des retraits du permis de chasser prononcés en application des articles 131-14 et 131-16 du code pénal.
« Un décret en Conseil d'Etat pris après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés précise les modalités d'application du présent article. » - (Adopté.)

Article 9



M. le président.
« Art. 9. - L'article L. 223-23 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-23. - Le montant des redevances mentionnées à l'article L. 223-16 et les sommes perçues lors de la délivrance des licences mentionnées à l'article L. 223-18 sont versés à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage pour être affectés au financement de ses dépenses. »
Par amendement n° 23, Mme Heinis au nom de la commission propose de rédiger comme suit cet article :
« I. - L'article L. 223-23 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 223-23 - Le montant des redevances mentionnées aux articles L. 223-16 et L. 223-16-1 est versé, pour une part, à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage pour être affecté au financement de ses dépenses ainsi qu'au fonctionnement du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage et, d'autre part, à la Fédération nationale des chasseurs.
« La part du produit des redevances départementales et nationales affectée à la Fédération nationale des chasseurs finance, à travers le fonds de péréquation prévu à l'article L. 221-8, l'indemnisation des dégâts de grand gibier, ainsi que l'aide accordée aux associations communales et intercommunales de chasse agréées.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article. »
« II. - La perte de recettes pour le budget de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement est relatif à la répartition des redevances entre l'ONCFS et les fédérations.
Nous proposons de rétablir le texte que nous avions adopté en commission et présenté en séance en première lecture, mais qui avait été déclaré irrecevable aux termes de l'article 40 de la Constitution, que nous avait opposé le Gouvernement.
Nous proposons de nouveau cet amendement, mais cette fois assorti d'un gage, pour éviter le couperet de l'article 40.
M. Gérard César. Eh oui !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité. En conséquence, l'article 9 est ainsi rédigé.

Article 9 bis



M. le président.
« Art. 9 bis. - Le chapitre IV du titre II du livre II du code rural est complété par une section 6 ainsi rédigée :

« Section 6

« Règles de sécurité

« Art. L. 224-13. - Des règles garantissant la sécurité des chasseurs et des tiers dans le déroulement de toute action de chasse ou de destruction d'animaux nuisibles doivent être observées, particulièrement lorsqu'il est recouru au tir à balles.
« Art. L. 224-14. - Les dispositions d'application de la présente section sont précisées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 24, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit cet article :
« Le chapitre IV du titre II du livre II du code rural est complété par une section 6 ainsi rédigée :

« Section 6

« Règles de sécurité

« Art. L. 224-13. - Des règles garantissant la sécurité des chasseurs et des tiers dans le déroulement de toute action de chasse ou de destruction d'animaux nuisibles doivent être précisées par le schéma départemental de gestion cynégétique, particulièrement lorsqu'il est recouru au tir à balles. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Comme je l'ai dit ce matin lors de la discussion générale, nous souhaitons insister sur l'importance du respect des règles de sécurité, et, à cette fin, nous les explicitons.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 9 bis est ainsi rédigé.
M. le président. Mes chers collègues, 68 amendements étaient à examiner lorsque nous avons repris la discussion du projet de loi, à seize heures dix ; il en reste 29. Les vents étaient porteurs.
Sur l'article 10, qui constitue un morceau de choix, peut-être allons-nous avoir vent de travers, voire vent debout. Si nous voulons arriver à bon port avant dix-neuf heures trente, chacun comprend, je pense, ce qu'il convient de faire. (Sourires.)

Article 10



M. le président.
« Art. 10. - L'article L. 224-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2. - Nul ne peut chasser en dehors des périodes d'ouverture de la chasse fixées par l'autorité administrative selon des conditions déterminées par décret en Conseil d'Etat.
« Les oiseaux ne peuvent être chassés ni pendant la période nidicole ni pendant les différents stades de reproduction et de dépendance. Les oiseaux migrateurs ne peuvent en outre être chassés pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification.
« Toutefois, pour permettre, dans des conditions strictement contrôlées et de manière sélective, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux migrateurs terrestres et aquatiques en petites quantités, conformément aux dispositions de l'article L. 225-5, des dérogations peuvent être accordées.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application de cette disposition.
« La pratique de la chasse à tir est interdite du mercredi 6 heures au jeudi 6 heures ou à défaut une autre période hebdomadaire de vingt-quatre heures comprise entre 6 heures et 6 heures, fixée au regard des circonstances locales, par l'autorité administrative après avis du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage. Cette interdiction ne s'applique pas aux postes fixes pour la chasse aux colombidés du 1er octobre au 15 novembre. Elle s'applique aux espaces clos sans toutefois faire obstacle à l'appliction des dispositions de l'article L. 224-3. »
Je suis saisi de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 25, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit cet article :
« A. - Dans la section II du chapitre IV du titre II du livre II du code rural, insérer une division additionnelle ainsi rédigée :
« Sous-section 1. - Oiseaux migrateurs.
« B. - L'article L. 224-2 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2. - I. - La chasse des espèces appartenant à l'avifaune migratrice, tant du gibier d'eau que des oiseaux de passage, s'exerce pendant les périodes fixées par le présent article dans le respect des principes fixés à l'article L. 220-1 afin de maintenir ou d'adapter la population des espèces d'oiseaux concernées à un niveau permettant de répondre aux objectifs écologiques, scientifiques et culturels, compte tenu des exigences économiques et récréationnelles.
« Ces oiseaux ne peuvent être chassés ni pendant la période nidicole, ni pendant les différents stades de reproduction et de dépendance, ni pendant leur trajet de retour vers le lieu de nidification.
« Toutefois, pour permettre de manière sélective, et dans des conditions strictement contrôlées, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux migrateurs terrestres et aquatiques en petites quantités, conformément aux dispositiuons des articles L. 224-4 et L. 225-5, des dérogations peuvent être accordées.
« II. - La chasse au gibier d'eau, à l'exception de l'huîtrier-pie, ouvre le troisième samedi de juillet, sur le domaine public maritime, dans les départements suivants : Calvados, Charente-Maritime, Eure, Gard, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Landes, Loire-Atlantique, Manche, Nord, Pas-de-Calais, Pyrénées-Atlantiques, Seine-Maritime et Somme.
« La chasse des canards de surface, des oies et des limicoles est ouverte le 10 août dans les départements ci-après : Ain, Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Aube, Bouches-du-Rhône, Calvados, Cher, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Côte-d'Or, Côtes-d'Armor, Eure, Eure-et-Loir, Finistère, Gard, Haute-Garonne, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Landes, Loir-et-Cher, Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Manche, Marne, Haute-Marne, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Pas-de-Calais, Puy-du-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Paris, Seine-Maritime, Seine-et-Marne, Yvelines, Deux-Sèvres, Somme, Tarn, Vendée, Vosges, Yonne, territoire de Belfort, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d'Oise. Dans ces mêmes départements, l'ouverture de la chasse des canards plongeurs et des rallidés intervient le 1er septembre.
« Dans les autres départements, l'ouverture de la chasse au gibier d'eau intervient à une date fixée par le représentant de l'Etat dans le département.
« III. - La chasse des oiseaux de passage est autorisée à compter d'une date déterminée par le représentant de l'Etat dans le département.
« IV. - Le calendrier de clôture de la chasse au gibier d'eau et aux oiseaux de passage est fixé comme suit par le présent article sur l'ensemble du territoire national :
« 31 janvier. - Colvert, milouin, tourterelle des bois, tourterelle turque, caille des blés ;
« 10 février. - Pilet, barge à queue noire, barge rousse, vanneau, sarcelle d'hiver, foulque, alouette des champs, merle noir, pigeon colombin, huîtrier-pie ;
« 20 février. - Oie rieuse, oie cendrée, oie des moissons, souchet, poule d'eau, siffleur, morillon, milouinan, nette rousse, chipeau, garrot à l'oeil d'or, macreuse brune, eider, chevalier gambette, chevalier aboyeur, chevalier arlequin, chevalier combattant, pluvier doré, pluvier argenté, bécassine des marais, bécassine sourde, grive litorne, grive musicienne, grive mauvis, grive draine ;
« 28 février. - Sarcelle d'été, macreuse noire, courlis cendré, courlis corlieu, harelde de Miquelon, bécasseau maubèche, râle d'eau, pigeon ramier, pigeon biset, bécasse.
« A compter du 31 janvier, la chasse des grives n'est autorisée qu'à partir d'un poste fixe matérialisé de main d'homme. De même, la chasse de la bécasse des bois ne peut être pratiquée que dans les bois de plus de trois hectares.
« V. - L'échelonnement des dates de fermeture de la chasse entre le 31 janvier et le dernier jour de février peut donner lieu à l'établissement de plans de gestion pour certaines des espèces concernées. Ceux-ci sont fondés sur l'état récent des meilleures connaissances scientifiques et sur l'évaluation des prélèvements opérés par la chasse.
« Les modalités d'élaboration de ces plans de gestion sont déterminées par arrêté ministériel après avis du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage.
« En cas de circonstances exceptionnelles ayant une incidence majeure sur le rythme biologique des oiseaux migrateurs, le ministre chargé de la chasse, sur proposition du représentant de l'Etat dans la région, peut, après avis motivé de la fédération régionale des chasseurs, demander aux représentants de l'Etat dans les départements constituant la région de modifier les dates de fermeture de la chasse.
« VI. - Les dispositions du présent article s'appliquent à l'ensemble du territoire métropolitain à l'exception des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
« C. - Le présent article abroge l'article L. 224-1 du code rural ainsi que les articles R. 224-3, R. 224-4, R. 224-5 et R. 224-6 du même code en tant qu'ils prévoient l'intervention de l'autorité administrative en matière d'ouverture anticipée de la chasse au gibier d'eau et de clôture de la chasse au gibier d'eau et aux oiseaux de passage. »
Par amendement n° 37, MM. Courteau et Courrière proposent de rédiger comme suit cet article :
« A. - Dans la section II du chapitre IV du titre II du livre II du code rural, il est inséré une division additionnelle ainsi rédigée :
« Sous-section 1. - Oiseaux migrateurs.
« B. - L'article L. 224-2 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2-I. - La chasse des espèces appartenant à l'avifaune migratrice, tant du gibier d'eau que des oiseaux de passage, s'exerce pendant les périodes fixées par le présent article dans le respect des principes fixés à l'article L. 220-1 afin de maintenir ou d'adapter la population des espèces d'oiseaux concernés à un niveau permettant de répondre aux objectifs écologiques, scientifiques et culturels, compte tenu des exigences économiques et récréationnelles.
« Ces oiseaux ne peuvent être chassés ni pendant la période nidicole, ni pendant les différents stades de reproduction et de dépendance, ni pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification.
« Toutefois, pour permettre de manière sélective, et dans des conditions strictement contrôlées, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux migrateurs terrestres et aquatiques en petites quantités, conformément aux dispositions des articles L. 224-4 et L. 225-5, des dérogations peuvent être accordées.
« II. - La chasse au gibier d'eau, à l'exception de l'huîtrier-pie, ouvre le quatrième samedi de juillet, sur le domaine public maritime, dans les départements suivants : Calvados, Charente-Maritime, Eure, Gard, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Landes, Loire-Atlantique, Manche, Nord, Pas-de-Calais, Pyrénées-Atlantiques, Seine-Maritime et Somme.
« La chasse des canards de surface, des oies et des limicoles est ouverte le 15 août dans les départements ci-après : Ain, Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Aube, Bouches-du-Rhône, Calvados, Cher, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Côte-d'Or, Côtes-d'Armor, Eure, Eure-et-Loir, Finistère, Gard, Haute-Garonne, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Landes, Loir-et-Cher, Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Manche, Marne, Haute-Marne, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Pas-de-Calais, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Paris, Seine-Maritime, Seine-et-Marne, Yvelines, Deux-Sèvres, Somme, Tarn, Vendée, Vosges, Yonne, territoire de Belfort, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d'Oise. Dans ces mêmes départements, l'ouverture de la chasse des canards plongeurs et des rallidés intervient le 1er septembre.
« Dans les autres départements, l'ouverture de la chasse au gibier d'eau intervient entre le quatrième samedi de juillet et l'ouverture générale à une date fixée par le représentant de l'Etat dans le département.
« III. - La chasse des oiseaux de passage est autorisée à compter d'une date déterminée par le représentant de l'Etat dans le département.
« A compter du 31 janvier, la chasse des grives n'est autorisée qu'à partir d'un poste fixe matérialisé de main d'homme. De même, la chasse de la bécasse des bois ne peut être pratiquée que dans les bois de plus de trois hectares.
« IV. - Le calendrier de clôture de la chasse au gibier et aux oiseaux de passage est fixé par le présent article sur l'ensemble du territoire national :
« 31 janvier. - Colvert, milouin, tourterelle des bois, tourterelle turque, caille des blés ;
« 10 février. - Canard pilet, barge à queue noire, barge rousse, vanneau, sarcelle d'hiver, foulque, huîtrier-pie, alouette des champs, merle noir, pigeon colombin ;
« 20 février. - Oie rieuse, oie cendrée, oie des moissons, canard souchet, poule d'eau, canard siffleur, fuligule morillon, fuligule milouinan, nette rousse, canard chipeau, garrot à l'oeil d'or, macreuse brune, eider, bécassine des marais, bécassine sourde, chevalier gambette, chevalier aboyeur, chevalier arlequin, chevalier combattant, pluvier doré, pluvier argenté, grive litorne, grive musicienne, grive mauvis, grive draine ;
« 28 février. - Sarcelle d'été, macreuse noire, courlis cendré, courlis corlieu, harelde de Miquelon, bécasseau mauhèche, râle d'eau, pigeon ramier, pigeon biset, bécasse.
« V. - L'échelonnement des dates de fermeture de la chasse entre le 31 janvier et le dernier jour de février vise à assurer l'exploitation équilibrée et dynamique des espèces d'oiseaux concernées. Il peut donner lieu à l'établissement de plans de gestion pour certaines de ces espèces. Ceux-ci sont fondés sur l'état récent des meilleures connaissances scientifiques et sur l'évaluation des prélèvements opérés par la chasse.
« Les modalités d'élaboration de ces plans de gestion sont déterminées par arrêté ministériel après avis du Conseil national de la chasse et de faune sauvage.
« Le ministre chargé de la chasse, sur proposition du représentant de l'Etat dans la région, et après avis motivé de la Fédération régionale des chasseurs, peut demander aux représentants de l'Etat dans les départements constituant la région de modifier les dates de fermeture de la chasse, en cas de circonstances exceptionnelles, ayant une incidence majeure sur le rythme biologique des oiseaux migrateurs.
« VI. - Les dispositions du présent article s'appliquent à l'ensemble du territoire métropolitain à l'exception des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
« C. - Le présent article abroge l'article L. 224-1 du code rural ainsi que les articles R. 224-3, R. 224-4, R. 224-5 et R. 224-6 du même code en tant qu'ils prévoient l'intervention de l'autorité administrative en matière d'ouverture anticipée de la chasse du gibier d'eau et de clôture de la chasse au gibier d'eau et aux oiseaux de passage.
« D. - I. - Dans la section 2 du chapitre IV du titre II du livre II du code rural, il est créé une division additionnelle ainsi rédigée :
« Sous-section 2. - Gibier sédentaire, oiseaux et mammifères.
« II. - Après l'article L. 224-2 du code rural, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2-1. - Les périodes de chasse du gibier sédentaire, oiseaux et mammifères sont fixées par le représentant de l'Etat dans le département.
« E. - Après l'article L. 224-2 du code rural, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Sur proposition de la Fédération départementale des chasseurs et dans le but de favoriser une gestion durable de la faune sauvage, la pratique de la chasse à tir du gibier sédentaire est suspendue aux heures ouvrables de la chasse un jour par semaine, après avis du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage. »
Par amendement n° 49, MM. Le Cam, Lefebvre, Mme Terrade et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit cet article :
« A. - Dans la section 2 du chapitre IV du titre II du livre II du code rural, il est inséré une sous-section I ainsi rédigée :
« Sous-section 1. - Oiseaux migrateurs.
« B. - L'article L. 224-2 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2. - La chasse des espèces appartenant à l'avifaune migratrice, tant du gibier d'eau que des oiseaux de passage, s'exerce pendant les périodes fixées par le présent article dans le respect des principes fixés à l'article L. 220-1 afin de maintenir ou d'adapter la population des espèces d'oiseaux concernées à un niveau permettant de répondre aux objectifs écologiques, scientifiques et culturels, compte tenu des exigences économiques et récréationnelles.
« Ces oiseaux ne peuvent être chassés ni pendant la période nidicole, ni pendant les différents stades de reproduction et de dépendance, ni pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification.
« Toutefois, pour permettre, de manière sélective et dans des conditions strictement contrôlées, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux migrateurs terrestres et aquatiques en petites quantités, conformément aux dispositions des articles L. 224-4 et L. 225-5, des dérogations peuvent être accordées.
« II. - La chasse au gibier d'eau, à l'exception de l'huîtrier-pie, ouvre le quatrième samedi de juillet, sur le domaine public maritime, dans les départements suivants : Calvados, Charente-Maritime, Eure, Gard, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Seine-Maritime, Somme.
« La chasse des canards de surface, des oies et des limicoles est ouverte le 10 août dans les départements ci-après : Ain, Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Aube, Bouches-du-Rhône, Calvados, Cher, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Côte-d'Or, Côtes-d'Armor, Eure, Eure-et-Loir, Finistère, Gard, Haute-Garonne, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Landes, Loir-et-Cher, Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Manche, Marne, Haute-Marne, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Pas-de-Calais, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Paris, Seine-Maritime, Seine-et-Marne, Yvelines, Deux-Sèvres, Somme, Tarn, Vendée, Vosges, Yonne, territoire de Belfort, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d'Oise. Dans ces mêmes départements, l'ouverture de la chasse des canards plongeurs et des rallidés intervient le 1er septembre.
« Dans les autres départements, l'ouverture de la chasse au gibier d'eau intervient à une date fixée par le représentant de l'Etat dans le département.
« III. - La chasse des oiseaux de passage est autorisée à compter d'une date déterminée par le représentant de l'Etat dans le département.
« IV. - Le calendrier de clôture de la chasse au gibier d'eau et des oiseaux de passage est fixé comme suit par le présent article sur l'ensemble du territoire national :
« - 31 janvier : colvert, milouin, barge à queue noire, barge rousse, tourterelle des bois, tourterelle turque, caille des blés, vanneau ;
« - 10 février : pilet, sarcelle d'hiver, foulque, poule d'eau, alouette des champs, merle noir, pigeon colombin, pigeon biset, huîtrier-pie ;
« - 20 février : oie rieuse, oie cendrée, oie des moissons, souchet, siffleur, morillon, milouin, nette rousse, chipeau, garrot à l'oeil d'or, macreuse brune, eider, chevalier gambette, chevalier aboyeur, chevalier arlequin, chevalier combattant, pluvier doré, pluvier argenté, bécassine des marais, bécassine sourde, courlis cendré, courlis corlieu ;
« - 28 février : sarcelle d'été, macreuse noire, harelde de Miquelon, bécasseau maubèche, râle d'eau, pigeon ramier, bécasse, grive litorne, grive musicienne, grive mauvis, grive draine ;
« A compter du 31 janvier, la chasse des grives n'est autorisée qu'à partir d'un poste fixe matérialisé de main d'homme. De même, la chasse de la bécasse des bois ne peut être pratiquée que dans les bois de plus de trois hectares.
« V. - Cet échelonnement des dates de fermeture entre le 31 janvier et le dernier jour du mois de février vise à assurer l'exploitation équilibrée et dynamique des espèces d'oiseaux concernées.
« Toutefois, pour les espèces dont le statut de conservation est à surveiller et chassées pendant cette période, des plans de gestion sont institués.
« Ces plans visent à contrôler l'efficacité de l'échelonnement des dates de fermeture.
« Ils contribuent également à rétablir ces espèces dans un état favorable de conservation. Ils sont fondés sur l'état récent des meilleures connaissances scientifiques et sur l'évaluation des prélèvements opérés par la chasse.
« Les modalités d'élaboration de ces plans de gestion sont déterminées par arrêté ministériel après avis du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage.
« VI. - Les dispositions du présent article s'appliquent à l'ensemble du territoire métropolitain, à l'exception des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
« C. - Le présent article abroge l'article L. 224-1 du code rural, ainsi que les articles R. 224-3, R. 224-4, R. 224-5 et R. 224-6 du même code en tant qu'ils prévoient l'intervention de l'autorité administrative en matière d'ouverture anticipée de la chasse au gibier d'eau et de clôture de la chasse au gibier d'eau et aux oiseaux de passage. »
Par amendement n° 58, MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Trémel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger ainsi cet article :
« A. - Avant l'article L. 224-2 du code rural est insérée une sous-section ainsi rédigée :
« Sous-section 1. - Oiseaux migrateurs.
« B. - L'article L. 224-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2. - I. - Nul ne peut chasser en dehors des périodes d'ouverture de la chasse fixées par l'autorité administrative selon des conditions déterminées par décret en Conseil d'Etat.
« II. - Lorsqu'il s'agit de l'avifaune migratrice, gibier d'eau et oiseaux de passage, la chasse s'exerce pendant les périodes fixées par le présent article dont l'objet est de maintenir ou d'adapter la population des espèces d'oiseaux concernées à un niveau qui correspond notamment aux exigences écologiques, scientifiques, culturelles, économiques et de loisir.
« La chasse ne peut pas être pratiquée pendant la période de reproduction comprenant la ponte, la couvaison et l'élevage des jeunes jusqu'à l'envol ainsi que durant le trajet de retour vers les lieux de nidification.
« III. - A l'exception de l'huîtrier-pie, la chasse du gibier d'eau ne peut être ouverte avant le quatrième samedi de juillet, sur le domaine public maritime, dans les départements suivants : Aude, Calvados, Charente-Maritime, Eure, Gard, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Landes, Loire-Atlantique, Manche, Nord, Pas-de-Calais, Pyrénées-Atlantiques, Seine-Maritime, Somme.
« La chasse des canards de surface, des oies et des limicoles ne peut être ouverte avant le 10 août dans les départements ci-après : Ain, Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Aube, Aude, Bouches-du-Rhône, Calvados, Cher, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Côte-d'Or, Côtes-d'Armor, Eure, Eure-et-Loir, Finistère, Gard, Haute-Garonne, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Landes, Loir-et-Cher, Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Manche, Marne, Haute-Marne, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Pas-de-Calais, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Paris, Seine-Maritime, Seine-et-Marne, Yvelines, Deux-Sèvres, Somme, Tarn, Vendée, Vosges, Yonne, territoire de Belfort, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d'Oise. Dans ces mêmes départements, l'ouverture de la chasse des canards plongeurs et des rallidés ne peut intervenir avant le 1er septembre.
« Dans les autres départements l'ouverture de la chasse au gibier d'eau intervient au plus tôt à la date de l'ouverture générale de la chasse fixée par l'autorité administrative au vu des éventuels avis motivés de la Commission européenne.
« IV. - La chasse des oiseaux de passage est autorisée à compter d'une date déterminée par l'autorité administrative départementale.
« La période de chasse des oiseaux de passage ne peut être clôturée après le dernier jour de février sauf en ce qui concerne l'alouette des champs, le merle noir et le pigeon colombin dont la chasse ne peut se terminer après le 10 février.
« A compter d'une date qui ne peut être antérieure au 31 janvier, la chasse des grives n'est autorisée qu'à poste fixe matérialisé de main d'homme. De même, la chasse de la bécasse des bois ne peut être pratiquée que dans les bois de plus de trois hectares.
« V. - Le calendrier de clôture de la chasse au gibier d'eau s'établit comme suit pour l'ensemble du territoire national :
« - au plus tard le 31 janvier pour le canard colvert, la barge à queue noire et le vanneau huppé, le fuligule milouin ;
« - au plus tard le 10 février pour le canard chipeau, la sarcelle d'hiver, le canard pilet, la foulque macroule et la poule d'eau,
« - au plus tard le 20 février pour l'oie cendrée, l'oie rieuse, l'oie des moissons, le canard soucher, le canard siffleur, le fuligule morillon, le fuligule milouinan, la nette rousse, le garrot à l'oeil d'or, l'eider à duvet, la bécassine des marais, la bécassine sourde, la macreuse brune, le courlis cendré, le chevalier gambette, le chevalier combattant, le chevalier aboyeur, le chevalier arlequin, le pluvier doré et le pluvier argenté ;
« - au plus tard le 28 février pour la sarcelle d'été, l'huîtrier-pie, la barge rousse, le bécasseau mauhèche, le courlis corlieu, l'harelde de Miquelon, la macreuse noire, le râle d'eau.
« VI. - Le Gouvernement transmettra à la Commission européenne toutes les informations utiles sur l'application pratique de cette législation nationale relative à la chasse des oiseaux migrateurs. »
« C. - Toutefois, pour permettre dans des conditions strictement contrôlées et de manière sélective, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux migrateurs terrestres et aquatiques en petites quantités, conformément aux dispositions de l'article L. 225-5, des dérogations peuvent être accordées.
« D. - Dans la section 2 du chapitre IV du titre II du livre II du code rural, après l'article L. 224-2 il est créé une sous-section 2 ainsi rédigée :
« Sous-section 2. - Gibier sédentaire, oiseaux et mammifères.
« Art. L. ... - Les périodes de chasse du gibier sédentaire, oiseaux et mammifères, sont fixées par l'autorité administrative, en tenant compte des avis motivés éventuels de la Commission européenne.
« Cet échelonnement des dates de fermetures entre le 31 janvier et le dernier jour du mois de février à la diligence de l'autorité administrative, vise à assurer l'exploitation équilibrée et dynamique des espèces d'oiseaux concernées.
« Toutefois, des plans de gestion sont institués pour les espèces dont le statut de conservation est à surveiller et chassées pendant cette période.
« Ces plans visent notamment à contrôler les effets de l'échelonnement des dates de fermeture.
« Ils contribuent à rétablir ces espèces dans un état favorable de conservation. Ils sont fondés sur l'état le plus récent des meilleures connaissances scientifiques et sur l'évaluation des prélèvements opérés par la chasse.
« Les modalités d'élaboration de ces plans de gestion sont déterminées par arrêté ministériel après avis du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage.
« E. - Les modalités d'application du présent article seront fixées, en tant que de besoin, par des décrets en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 38, MM. Courteau et Courrière proposent de rédiger comme suit le dernier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 224-2 du code rural :
« Sur proposition de la Fédération départementale des chasseurs et dans le but de favoriser une gestion durable de la faune sauvage, la pratique de la chasse à tir du gibier sédentaire est suspendue aux heures ouvrables de la chasse, un jour par semaine, par les représentants de l'Etat, après avis du Conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage. »
Par amendement n° 47, Mme Durrieu et M. Courrière proposent de rédiger ainsi la dernière phrase du dernier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 224-2 du code rural : « Ces dispositions ne s'appliquent pas aux oiseaux migrateurs terrestres et aquatiques. »
La parole est Mme le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 25.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Nous proposons de rétablir le texte adopté par le Sénat en première lecture qui prévoit simplement des dates plus resserrées que celles qui sont prévues par la loi de 1998, dans le respect le plus fidèle possible des connaissances et des travaux dont nous disposions, conformément à la directive « Oiseaux ».
M. le président. La parole est à M. Courteau, pour présenter l'amendement n° 37.
M. Roland Courteau. Nous avions déjà, en première lecture, avec mon collègue Raymond Courrière et avec l'appui de Bernard Dussaut et Philippe Madrelle, proposé un amendement identique visant à introduire dans la loi des périodes échelonnées d'ouverture et de fermeture pour la chasse au gibier d'eau et aux oiseaux de passage. Nous avions établi ce calendrier en fonction de critères géographiques pour les dates d'ouverture et en fonction des espèces pour les dates de fermeture. Je rappelle que les dates de fermeture proposées s'échelonnaient du 31 janvier au 28 février.
Je rappelle également que notre amendement traitait du jour de non-chasse. Nous proposions que la chasse à tir soit suspendue un jour par semaine, certes, mais pour le gibier sédentaire uniquement, et que le choix du jour soit fait sur proposition de la fédération des chasseurs.
L'Assemblée nationale a, le 13 juin dernier, totalement modifié l'essentiel des dispositions arrêtées par le Sénat sur ce même article 10. On ne s'étonnera donc pas qu'avec mes collègues Raymond Courrière, Philippe Madrelle et Bernard Dussaut nous persistions en présentant devant le Sénat un nouvel amendement.
Sur les dates d'ouverture de la chasse au gibier d'eau, l'échelonnement proposé commence le quatrième samedi de juillet et varie selon les départements. Ce faisant, je le rappelle, nous garantissons une protection à 99 % des jeunes volants.
Quant aux dates de fermeture, nous avons veillé à ce qu'elles soient conformes aux recommandations de l'avis motivé de la commission européenne, dès lors qu'elles tiennent compte des dates de migration reconnues scientifiquement.
Nous pensons donc nous situer dans le respect des principes que la directive pose, principes que, d'ailleurs, nous reprenons dans le texte de notre amendement.
Nous proposons également l'établissement de plans de gestion pour certaines espèces, plans de gestion qu'il faudra bien, ensuite, transcrire sur l'ensemble du parcours migratoire.
De la même manière, nous précisons que, dans le cas de circonstances exceptionnelles pouvant avoir une incidence majeure sur le rythme biologique des oiseaux migrateurs, les dates de fermeture de la chasse pourront être modifiées sur proposition du représentant de l'Etat dans la région et après avis de la fédération régionale des chasseurs.
Ainsi, nous tenons le plus grand compte de la nécessaire conservation des espèces, tout en défendant les traditions et spécificités de la France en matière de chasse.
Cela dit, et si nos propositions de dates étaient retenues, cela ne dispenserait pas pour autant la France d'aller discuter à Bruxelles. Comme l'a dit le Premier ministre, « une directive existe, elle s'impose à nous, mais encore faut-il discuter avec Bruxelles pour que les traditions de la France soient bien prises en compte », car, comme l'affirmait justement un collègue député des Pyrénées-Orientales, « il faut aussi en finir avec des situations aberrantes qui permettraient de chasser certaines espèces en Espagne et en Belgique jusqu'au 28 février tandis qu'elles ne seraient chassables en France que jusqu'au 31 janvier. »
Réfléchissons aussi, mes chers collègues, à cette situation inacceptable : des gens vont chasser sans retenue dans les zones humides d'Afrique, où les oiseaux vont hiverner, pour des sommes supérieures à quatre ou cinq fois le SMIC, que gagnent la plupart des chasseurs de nos régions.
M. Raymond Courrière. Très bien !
M. Roland Courteau. Il faudra bien que l'Union européenne ait une vision globale de la chasse, qui dépasse largement l'Europe.
J'en viens plus précisément à l'amendement n° 37.
Faut-il fixer les dates de périodes de chasse dans la loi ou par décret ? Nous nous sommes déjà expliqués sur ce sujet ; je ne m'étendrai donc pas.
Pour bien des raisons, notre préférence va à la loi, ce qui nous paraît être une meilleure solution, d'autant que l'avant-projet de décret du Gouvernement qui a été porté à notre connaissance est loin de nous donner satisfaction.
Je le juge très restrictif.
En outre, je n'y retrouve pas certains des engagements que je croyais avoir été pris.
Je n'y retrouve pas non plus les dates d'ouverture échelonnées par départements pour le gibier d'eau ni les dates de fermeture, également échelonnées jusqu'au 28 février, pour le gibier d'eau et les oiseaux de passage. Je crois pourtant me souvenir que certains rapports scientifiques avançaient, pour certaines espèces, des dates possibles de fermeture aux alentours du 28 février. Si je me fie à la lecture de l'avant-projet de décret, je remarque que, selon les départements et les espèces, les périodes de chasse sont réduites de deux, de trois et parfois de quatre semaines.
Pour toutes ces raisons, nous présentons cet amendement, qui, de surcroît, prévoit que le jour de non-chasse hebdomadaire pour le gibier sédentaire sera fixé sur proposition de la fédération des chasseurs de chaque département. Sur ce point également, le texte, tel qu'il nous vient de l'Assemblée nationale, nous paraît trop rigide et ne fait pas suffisamment prévaloir la responsabilité et l'expérience en la matière des fédérations de chasseurs. (Très bien ! sur les travées socialistes.)
M. le président. Monsieur Courteau, je constate avec plaisir que vous êtes un spécialiste de l'oie rieuse, du canard chipeau et de la bécassine sourde. (Sourires.)
M. Serge Vinçon. Nous le savions !
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour présenter l'amendement n° 49.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, permettez-moi tout d'abord de rectifier cet amendement pour supprimer la dernière phrase du quinzième alinéa, à savoir : « De même, la chasse de la bécasse des bois ne peut être pratiquée que dans les bois de plus de trois hectares. » Autrement, je ne serais pas logique avec ce que j'ai dit à l'occasion de la discussion générale. Ce bout de phrase avait échappé à ma perspicacité.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 49 rectifié.
Veuillez poursuivre, monsieur Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Il est vrai que la chasse à la bécasse uniquement dans les bois, après la fermeture générale, peut ne pas poser de problèmes dans certaines régions où les paysages sont bien délimités. Mais ce n'est pas le cas en Bretagne, où l'on trouve le plus grand nombre de bécasses, car les biotopes sont très variés : landes, vallées, prairies...
Il est également important que cette disposition ne figure pas dans le décret, comme je l'ai demandé ce matin.
Comme en première lecture, nous défendons par ailleurs l'inscription des périodes de chasse dans la loi. C'est une façon de signifier à l'Europe que nous avons envie, en France, de légiférer de la manière qui nous convient.
On nous rétorque qu'une telle inscription ne franchira pas l'obstacle de la Commission européenne ou du Conseil d'Etat. Que cela figure dans la loi ou dans le décret, l'important est d'aboutir et que les dates que nous préconisons soient respectées, car elles correspondent à des traditions, à des lieux de chasse.
Ce qui est encore plus important, c'est que, dans les plans de chasse, les prélèvements maximaux autorisés permettent de respecter les populations de gibier afin de les préserver pour demain ; les chasseurs l'ont d'ailleurs bien compris.
C'est donc un mauvais procès qu'on nous fait, et cette politique de grignotage des dates est celle des détracteurs de la chasse, pour décourager le plus grand nombre de chasseurs de pratiquer leur loisir favori.
Tel est l'objet de cet amendement, que je vous demande d'adopter.
M. le président. La parole est à M. Carrère, pour défendre l'amendement n° 58.
M. Jean-Louis Carrère. Monsieur le président, monsieur le ministre, vous l'aviez parfaitement compris, l'une des divergences les plus significatives porte sur cet article 10.
Au sein du groupe socialiste, au nom duquel je m'exprime - à l'exception de quelques-uns de mes amis, dont je respecte la position - nous disons très clairement que nous ne pouvons pas légiférer alors que nous savons, de l'aveu même de ceux qui sont chargés de contrôler la loi, que ce que nous voulons introduire dans le texte ne relève pas du domaine de la loi ! Par conséquent, il est faux de laisser croire aux chasseurs français qu'on peut valablement légiférer pour fixer dans la loi des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse ! Encore une fois, je respecte ceux qui souhaitent le faire et qui pense que c'est possible. Mais, après vérification, les éminents juristes et constitutionnalistes que nous avons rencontrés nous ont bien dit que cela relevait du domaine réglementaire !
Par conséquent, l'amendement que je défends est, pour résumer, la reprise de l'amendement Sicre en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, avec des dates que je demande au Gouvernement de fixer par décret.
J'ai entendu, la dernière fois, la réponse de Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement à une interpellation quelque peu polémique sur les prémices du décret. Comme tout un chacun, j'ai essayé d'en savoir plus. Ce qui m'a été donné d'apprendre me permet d'attirer respectueusement l'attention du Gouvernement sur les faits suivants.
Même si nous sommes favorables - vous l'avez bien compris, monsieur le ministre - à ce que la fixation des périodes de chasse relève du domaine réglementaire, il ne saurait être introduit dans le décret, en même temps que l'autorisation d'ouverture pour certaines espèces le 1er septembre, le concept de « grandes zones de nidification », qui, après examen, justifie de facto que l'ouverture soit différée au 1er octobre. C'est comme si l'on nous promettait de manger de la confiture et qu'au moment de plonger la cuillère on nous retire le pot !
De deux choses l'une : ou l'ouverture est fixée au 1er septembre ou elle l'est au 1er octobre dans les grandes zones de nidification. En effet, dans ce dernier cas, quatre rapports nous permettent de penser que c'est la date d'ouverture du 1er octobre qui sera préconisée.
En outre, les dates ne nous conviennent absolument pas.
M. Gérard César. Quelles dates ?
M. Jean-Louis Carrère. Les dates à fixer par décret.
Sans faire un précipice de ce qui n'est qu'un petit fossé susceptible d'être facilement comblé, le fait d'autoriser la chasse à l'oie cendrée, à l'oie rieuse, à l'oie des moissons pour la fermer au 31 janvier revient, de facto , à l'interdire. En effet, la zone atlantique du sud de la France ne connaissant aucune migration d'espèces d'oies avant le 10 février, fixer la fermeture de cette chasse au 31 janvier équivaut bien à une non-ouverture, tout le monde est capable ici de le comprendre !
Un autre point nous pose problème dans le décret. La protection des espèces est un sujet qui nous tient à coeur. Nous admettons par conséquent que le ministre ou les ministres en charge de la chasse - en l'occurrence la ministre - prennent des mesures en ce sens ; mais il ne nous paraît pas suffisant que cela se fasse après la simple consultation du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage.
En outre, permettez-nous d'avoir quelque réticence à la lecture de certaines expertises. Pour que les chasseurs s'inscrivent dans une politique de réduction des prélèvements pour les espèces en difficulté, nous souhaitons que les expertises soient tout simplement contradictoires.
En conclusion, oui à la position du Gouvernement, pour qui la fixation des périodes de chasse relève du domaine réglementaire. Oui au fait qu'il s'inspire de l'amendement Sicre, déposé en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, pour les dates que nous avons reprises dans notre amendement. Enfin, oui, nous voulons que soient prises en compte nos revendications s'agissant de la rédaction du décret.
M. le président. La parole est à M. Courteau, pour défendre l'amendement n° 38.
M. Roland Courteau. S'agissant du jour de non-chasse, nous souhaitons que l'on fasse preuve de mesure et de prudence dans le choix tant du jour que de l'amplitude horaire, afin de trouver un point d'équilibre permettant d'atteindre l'objectif de partage de l'espace.
Nous nous sommes déjà expliqués à plusieurs reprises sur la nécessité de ne pas fixer ce jour de non-chasse d'une manière rigide, dans tous les départements.
Nous pensons, en outre, qu'il faut tenir compte de l'expérience des fédérations de chasseurs, afin d'adapter le choix des dates à la diversité des pratiques et des spécificités locales. Ces fédérations sont dignes de la responsabilité qu'on peut leur donner en la matière. Elles l'ont démontré dans de très nombreux cas en proposant, bien avant cette loi, plusieurs jours de non-chasse et en prenant des engagements tout à fait remarquables en matière de gestion du gibier sédentaire. Elles sont conscientes de leurs responsabilités, dont dépend d'ailleurs le devenir de leur pratique.
Voilà pourquoi nous proposons que le jour hebdomadaire sans chasse ne concerne que le gibier sédentaire et qu'il soit fixé, sur proposition de la fédération des chasseurs, par le représentant de l'Etat dans le département.
M. le président. La parole est à M. Courrière, pour présenter l'amendement n° 47.
M. Raymond Courrière. Cet amendement a pour objet de préciser - cela a déjà été demandé à plusieurs reprises - que ces dispositions ne s'appliquent pas aux oiseaux migrateurs terrestres ou aquatiques, car nous considérons que le jour de non-chasse ne peut pas s'appliquer à eux.
M. le président. Existe-t-il d'autres espèces d'oiseaux, monsieur Courrière, que terrestres ou aquatiques ?
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 37, 49 rectifié, 58, 38 et 47 ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je réglerai d'abord, si vous le voulez bien, monsieur le président, le cas des amendements n°s 38 et 47, qui sont tous les deux satisfaits par l'amendement n° 29 de la commission à l'article 10 quinquies.
S'agissant des dates de chasse et de leur fixation dans la loi ou dans un décret, permettez-moi de rappeler quelques données essentielles.
Si on avait laissé aux parlementaires, de droite comme de gauche, du Sénat comme de l'Assemblée nationale, le temps de discuter,...
M. Gérard César. Très bien !
Mme Anne Heinis, rapporteur. ... la liberté d'exprimer leur position, nous serions parvenus à un accord, car nous sommes nombreux à le souhaiter et nous avons tous fait des efforts en ce sens. Vous avez d'ailleurs pu le constater : nous avons toujours cherché, lorsque c'était possible, à améliorer nos positions pour les rendre plus compatibles.
Si nous en sommes arrivés à ce point qui, au fond, est dramatique, parce que nous n'avons pas trouvé les bonnes solutions, c'est que plus personne - ou si peu de personnes - n'a confiance dans l'issue de ce texte et qu'on ne sait plus très bien pourquoi une chose est acceptée et qu'une autre ne l'est pas.
M. Serge Vinçon. Très bien !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Raisonnablement, il n'y a plus rien à quoi l'on puisse se raccrocher de façon certaine.
Nous n'avons confiance ni dans le contenu du décret ni dans les interprétations des uns ou des autres, alors qu'il aurait été nécessaire que nous recherchions, justement, tous les points d'accord, comme nous avons effectivement essayé de le faire, et que nous approfondissions les points de désaccord pour voir s'il nous était possible de nous rapprocher, afin que, de nos travaux, sorte un bon texte pour la chasse.
C'est toujours ce que j'ai recherché, et j'ai été aidée en cela par mes collègues.
Nous avons ressorti le vieux débat loi-règlement, débat que l'on reprend de temps en temps quand il nous rend service et qu'on laisse au placard quand il nous gêne.
M. Gérard César. Absolument !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Ce débat existe mais honnêtement, aujourd'hui, nous votons à journée entière, et même à nuit entière parfois, un nombre fabuleux de textes de lois dans lesquels, bien souvent, nous glissons des dispositions d'ordre réglementaire sans que, finalement, ni le Conseil constitutionnel, ni le Conseil d'Etat, sans que personne, en fait, ne s'en émeuve. Or, c'est devenu un argument des plus commodes que de dire : vous comprenez, cela relève du règlement, cela relève de la loi...
C'est vrai qu'il y a des différences entre la loi et le règlement, mais vous savez comme moi qu'elles ne sont pas aussi claires que l'on veut bien le dire quand on s'en sert dans une argumentation ; je pense ici, bien évidemment, non pas aux cas simples, mais aux cas complexes.
Je ne trancherai pas ; nous en avons discuté avec mes collègues ; nous savons, les uns et les autres, la difficulté de ce genre de débat. Nous n'avons pas la même appréciation de l'enjeu « loi ou règlement ». C'est tout à fait humain, c'est tout à fait démocratique, et cela ne nous empêche pas de discuter.
Reste tout de même un problème, et je finirai sur cette petite analyse avant de donner l'avis de la commission sur les différents amendements. En effet, nous sommes pris dans cette espèce d'étau dont j'avais parlé en première lecture : ou bien nous laissons aux préfets ou aux ministres le soin de prendre des mesures réglementaires, et nous savons qu'elles seront attaqués par les associations anti-chasse, lesquelles m'en ont d'ailleurs avertie lorsque je les ai auditionnées...
M. Serge Vinçon. Exactement !
M. Roland Courteau. C'est exact !
Mme Anne Heinis, rapporteur. ... et cela figure dans le rapport ; ou bien nous introduisons dans le texte les dates que je propose, et d'autres plaintes peuvent mettre en cause ce choix.
Ce n'est pas normal, monsieur le ministre, on ne peut pas dire à la fois que l'on souhaite aboutir à une solution et laisser la situation se dégrader au point que personne ne sait plus qu'elle est la solution qui ne fera pas immédiatement l'objet d'une attaque.
Il y a quelque chose qui ne va pas. Je me permettrai de vous rappeler - je pense que vous le savez déjà mais le jeu démocratique veut que je le dise en public - que nos premiers ennuis viennent du fait que nous n'avons jamais justifié nos textes comme nous aurions dû le faire auprès de la Commission européenne. Quelle que soit la formule que nous adopterons, nous aurons toujours l'obligation de justifier nos positions. Si le Gouvernement que vous représentez aujourd'hui, monsieur le ministre, veut bien aller jusqu'au bout de la procédure, défendre des positions et négocier avec la Commission un texte acceptable par tous, l'hypothèque de l'arrêt du Conseil d'Etat tombera alors d'elle-même.
En effet, si nous nous mettons d'accord avec la Commission européenne, on ne pourra plus nous poursuivre.
M. Roland Courteau. C'est vrai !
Mme Anne Heinis, rapporteur. J'ai déjà eu l'occasion de le dire, je me permets de le répéter maintenant parce que cela me semble capital : il y a trop de non-dit, trop de propos inexacts - je n'emploierai pas un terme plus rude pour ne pas être agressive mais je veux dire la vérité - qui font que, à l'heure actuelle, plus personne ne sait exactement où l'on en est.
M. Raymond Courrière. Il y a trop d'arrière-pensées !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Que l'on inscrive ou non les dates ne fait pas de problème pour la commission. Le problème est que nous nous mettions d'accord sur ce que nous proposons et que nous prouvions à la commission que nos propositions sont conformes à l'esprit de la directive. Quelle que soit la forme matérielle que l'on aura adoptée, lorsque l'on aura fait cette démarche et qu'on aura recueilli son accord, on lèvera les autres hypothèques.
M. Gérard César. Très bien !
Mme Anne Heinis, rapporteur. J'en viens aux différents amendements.
Nous avons proposé un texte, mes collègues en ont proposé d'autres. Ces textes sont tous très proches les uns des autres. Il y en a deux qui sont pratiquement les jumeaux du nôtre, si j'ose m'exprimer ainsi ; à une semaine près : ce sont des amendements de M. Courteau et de M. Le Cam.
Les amendements proposés par MM. Carrère et Pastor respectent le même esprit et défendent la même idée que le nôtre. Ils soutiennent, eux, le procédé de la date butoir. Si la confiance régnait, si nous ne savions pas que, dès demain, le texte serait attaqué, cette solution pourrait très bien faire l'objet d'un accord. La raison de nos divergences est que nous naviguons entre les risques et que chacun choisit ses risques. C'est ainsi que se pose le problème.
Je ne puis évidemment pas donner un avis favorable aux différents amendements déposés sur l'article 10 dans la mesure où la commission en a présenté un qui a été adopté par sa majorité.
Mais, si le déroulement de la séance m'oblige à le faire, je regrette de devoir en arriver là, car personne ne me fera croire que nous ne serions pas arrivés à nous entendre si on nous avait laissé la liberté de le faire !
M. Gérard César. Bravo !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 25, 37, 49-4 rectifié, 58, 38 et 47 ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je ne reviendrai pas longtemps sur le principe que Mme Dominique Voynet a eu l'occasion de défendre devant vous. Je dirai seulement que le Gouvernement est défavorable à la fixation des dates de chasse dans la loi.
Cela étant, mesdames, messieurs les sénateurs, compte tenu de l'intervention que vient de faire Mme le rapporteur, permettez-moi de vous livrer mon sentiment.
J'ai bien l'impression, et je crois que cela correspond assez aux propos que vous venez de tenir, madame le rapporteur, que nous ne réussirons pas à régler ce problème dans la durée si, au-delà du vote de cette loi, le débat ne se poursuit pas entre toutes les parties prenantes.
Nous assistons à une cristallisation du débat sur les dates d'ouverture. A l'évidence, il est bien d'autres aspects très différents qui méritent une réflexion. Je pense au clivage entre la société urbaine et la société rurale, au droit des animaux, qui est affirmé de plus en plus fort dans le droit anglo-saxon et qui marque la construction européenne, ou encore à la question du partage de la nature.
Madame le rapporteur, tout à l'heure, vous avez fort bien souligné les risques que nous encourons, que les dates soient inscrites dans un décret ou dans la loi, s'il n'y a plus de dialogue, plus de négociation entre les différentes parties prenantes. Nous risquons en effet de voir les uns ou les autres se tourner vers le tribunal ou la juridiction compétente. Je souhaiterais, à cet égard, que chacun sache raison garder.
Mme la ministre de l'environnement avait proposé, le 29 mai dernier, une rencontre entre les chasseurs et les différentes associations d'environnement pour tenter de faire avancer ce débat, pour ne pas arriver à un blocage tel que tout décret ou loi serait réduit à néant par les oppositions entre les uns et les autres. Je regrette que l'ensemble des parties prenantes n'ait pas jugé bon de se rendre à cette invitation pour essayer de voir comment il était possible de progresser sur ce dossier.
En ce qui concerne cette nécessité absolue d'améliorer la discussion entre les uns et les autres, je vais vous citer les propos qu'a eu l'occasion de prononcer Dominique Voynet sur ce sujet :
« D'autre part, loin d'interdire la modulation géographique, le décret la rendra possible tout en l'encadrant. Il faut regarder, espèce par espèce, ce qu'il est possible de faire pour apaiser les craintes de ceux qui s'inquiètent d'une définition trop restrictive du domaine public maritime.
« Je suis prête à étendre cette possibilité aux zones humides pour certaines espèces en fonction de leur état de conservation et dans la mesure où c'est compatible avec la directive.
« Nous avons déjà prévu une marge de manoeuvre pour la bécasse des bois, pour le pigeon ramier et pour la grive. Peut-être pourrait-on aller plus loin pour les oies mais je ne veux pas faire de promesse démagogique. Les décisions se fonderont sur les observations des scientifiques et sur l'état de conservation des espèces. »
Mesdames, messieurs les sénateurs, tout à l'heure, bon nombre d'entre vous sont intervenus dans un sens voisin de celui-ci.
On sait que, s'il n'y a pas reprise du débat, tel rapport de scientifique sera contesté par telle ou telle organisation de chasseurs ; telle décision prise ou préconisée par les chasseurs sera contestée parce qu'une partie de la population prendra en compte tel ou tel rapport de scientifique. Nous verrons alors, petit à petit, se renforcer cet antagonisme qui rend impossible toute solution.
Je suis persuadé que, quel que soit le vote des uns et des autres, après l'adoption de ce projet de loi en dernière lecture à l'Assemblée nationale, il sera nécessaire de reprendre le débat. Cette loi ne doit être qu'une étape pour essayer de rapprocher les uns et les autres, pour éviter qu'année après année nous soyons à la merci d'une décision d'un tribunal administratif ou d'une décision européenne. Dominique Voynet a eu l'occasion de le dire, elle est prête à cette discussion et à cette négociation. J'espère que ce sera la volonté des uns et des autres de faire de ce texte un outil de rapprochement entre les chasseurs et celles et ceux qui veulent accorder une importance à la nature, même s'ils ne sont pas chasseurs. C'est la seule voie de sagesse qui nous permettra de nous en sortir.
Je ne peux pas en dire plus que ce qu'a dit Dominique Voynet. J'espère que ce sera ce sentiment qui l'emportera.
Cela étant, mesdames, messieurs les sénateurs, vous le comprendrez bien, j'en resterai à la position du Gouvernement : il faut que les dates soient fixées dans un décret et non pas dans la loi. Le Gouvernement est donc défavorable à l'ensemble des amendements.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 25.
M. Philippe Madrelle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Madrelle.
M. Philippe Madrelle. Dans la mesure où la procédure législative va faire disparaître l'amendement n° 37 présenté par mes collègues Raymond Courrière, Roland Courteau, Bernard Dussaut, Josette Durrieu, Jean Besson et moi-même, nous voterons l'amendement n° 25 présenté par Mme Heinis, qui nous semble globalement positif.
M. Gérard César. Très bien !
M. Philippe Madrelle. J'ajouterai que, s'il a été beaucoup question ici, notamment lors de la première lecture, de cette directive européenne qui nous cause beaucoup de problèmes et beaucoup d'ennuis, personne n'a rappelé qu'elle avait été votée en 1979 alors que Valéry Giscard-d'Estaing était Président de la République, Raymond Barre Premier ministre, Jean-François Poncet ministre des affaires étrangères et le regretté Michel d'Ornano ministre de l'environnement. Il y a eu à cet égard une certaine amnésie. C'est pourquoi j'ai cru bon de mettre les choses au point. (Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Raymond Courrière. Très bien !
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Monsieur le ministre, quand vous dites que de telles dates d'ouverture et de fermeture de la chasse devraient être décidées par voie administrative, et non par voie législative, sur le fond, vous avez raison. Si les chasseurs avaient confiance en leur autorité administrative, c'est effectivement la méthode qu'il faudrait suivre, parce que c'est la plus souple. Elle permettrait à un préfet du sud de la France, par exemple, de fixer des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse qui seraient différentes de celles qui s'appliquent dans le nord, en tenant compte de la situation du gibier dans son département. Ce serait évidemment la solution idéale si la confiance régnait en France en ce qui concerne la chasse. Malheureusement, ce n'est pas le cas !
Voilà pourquoi une volonté s'est manifestée pour inscrire les dates d'ouverture et de fermeture dans la loi. On ne nous a pas laissé le choix ! Je comprends donc tout à fait la position du groupe socialiste, bien que la solution qu'il préconise ne soit pas la plus souple.
M. Jean-Louis Carrère. Ce n'est pas le groupe socialiste !
M. Ladislas Poniatowski. Soit ! Je comprends, en tout cas, la position défendue par M. Madrelle. D'ailleurs, j'ai moi-même failli me laisser convaincre par la passion et le talent de notre collègue Jean-Louis Carrère. Quoi qu'il en soit, il a fait preuve d'une très grande honnêteté lorsqu'il a, en quelque sorte, « chuté » sur l'avant-projet de décret.
M. Gérard César. Eh oui !
M. Ladislas Poniatowski. Il est bien vrai que cet avant-projet de décret est redoutable. Il est même provocant pour les chasseurs.
En effet, monsieur le ministre, une fois la loi et le décret entrés en vigueur, c'est non pas un débat mais, je le crains fort, un conflit que vous aurez à gérer en un certain nombre de points du territoire français. Le débat viendra après ! Car ce décret va provoquer des réactions très vives. Et cela peut s'expliquer, mes chers collègues !
Non seulement il fixe globalement les dates d'ouverture et de fermeture entre le 1er septembre et le 31 janvier, avec les absurdités relevées tout à l'heure, notamment en ce qui concerne les oies cendrées, mais il va beaucoup plus loin. Il est indiqué, par exemple, que, pour les canards, les rallidés et les foulques, la date d'ouverture spécifique sera le 1er septembre, en dehors des grandes régions de nidification.
M. Jean-Louis Carrère. C'est ça le problème !
M. Ladislas Poniatowski. Dans les grandes régions de nidification, la date d'ouverture sera le 1er octobre. Or quelles sont-elles, ces régions ? Ce sont toutes celles où se trouvent des étangs en grand nombre : la Brenne, les Dombes, la Sologne - quatre départements français ! - le Forez, etc. Voilà où est la provocation, car cela signifie que, pour toute une catégorie de gibier, la date d'ouverture sera le 1er octobre.
Je comprends donc tout à fait les différentes propositions qui s'écartaient légèrement de la nôtre, qu'il s'agisse de celle du groupe communiste républicain et citoyen, de celle de M. Courteau ou de celle, fort astucieuse, de M. Carrère, tendant à instituer une sorte de barrière d'entrée et de fermeture.
En nous ralliant, les uns et les autres, à la proposition de la commission, nous prenons, au Sénat, une position très claire, nous adressons un message à tous les chasseurs de France, mais aussi à Mme le ministre de l'environnement.
M. Gérard César. Très bien !
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. A ce stade du débat, je voudrais rappeler les avancées qui ont pu être accomplies par rapport aux différents points d'achoppement qui demeuraient.
En ce qui concerne le jour de non-chasse, même si le problème n'est pas totalement réglé, force m'est de constater que la majorité du Sénat a fait des avancées par rapport à la première lecture. Je tiens à les saluer.
Je note également des avancées significatives sur la question de la double tutelle.
Voilà donc deux points importants sur lesquels les positions ont évolué, et il me plaît de le souligner.
En ce qui le concerne, notre groupe a donné son accord sur une série d'amendements relatifs au fonctionnement et au rôle des fédérations.
Nous avons donc tous fait, me semble-t-il, des pas les uns vers les autres.
La notion de guichet unique est également un point important sur lequel nous avons soutenu la position de la majorité sénatoriale. Il en est allé de même au sujet du contrôle a posteriori.
Ainsi, depuis la première lecture, de part et d'autre de cet hémicycle, nous avons eu la volonté d'essayer de nous rapprocher de manière à aboutir au texte le plus acceptable possible à la fois par les chasseurs et par les non-chasseurs, bref par l'ensemble de la société. Je m'en félicite.
Reste un point qui peut encore nous diviser, si bons soient les arguments avancés par les uns et par les autres.
Madame le rapporteur, effectivement, si les dates sont inscrites dans le décret, nous le savons, elles seront attaquées par une série d'associations ; cela ne fait pas de doute. Si les dates figurent dans la loi, ce n'est pas des associations que viendra la constestation : c'est le Conseil d'Etat ou le Conseil constitutionnel qui risquent d'y trouver à redire. D'ailleurs, les dispositions qui sont intervenues au cours des dernières années concernant la chasse ont été remises en cause par le Conseil constitutionnel, au regard des exigences européennes.
Dès lors, le législateur que nous sommes peut-il décider souverainement, en quelque sorte les yeux fermés, de fixer les dates dans la loi ? Je dois avouer mon embarras, un embarras que je partage avec vous, madame le rapporteur.
C'est peut-être, à la fin de ce « parcours » législatif, le seul point majeur qui peut nous diviser encore.
Dans ces conditions, monsieur le président, afin de nous permettre de prendre une décision qui déterminera la position que nous adopterons finalement sur ce texte, je me permets de vous demander, si Mme le rapporteur en est d'accord, de suspendre la séance pendant une dizaine de minutes.
M. le président. Madame le rapporteur, voyez-vous un inconvénient à ce que la séance soit suspendue pendant quelques instants, ainsi que le souhaite M. Pastor ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Nullement, monsieur le président.
M. le président. Mes chers collègues, non sans que je vous aie rappelé l'existence de forces contraires, celle des vents qui nous portent et celle des vents qui nous freinent (Sourires) , nous allons donc interrompre nos travaux.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures trente-cinq, est reprise à dix-huit heures cinquante.)

M. le président. La séance est reprise.
Je vous rappelle que nous en étions parvenus, au sein de l'examen de l'article 10, aux explications de vote sur l'amendement n° 25.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Monsieur le président, monsieur le ministre, il est vrai qu'au cours de cette nouvelle lecture au Sénat, beaucoup d'avancées et d'accords nouveaux sont intervenus grâce à l'acceptation du point de vue des autres par les différents groupes de cette assemblée.
Il est vrai aussi qu'un accord va probablement se dégager sur le jour de non-chasse - je n'anticipe pas trop, puisque nous allons l'examiner dans quelques minutes ; la majorité sénatoriale a en effet accepté l'une de nos demandes principales lors de la première lecture du texte, je veux parler de l'obligation de fixer un jour de non-chasse.
Il est vrai, enfin, que l'essentiel de notre argumentation pour résoudre, sinon une fois pour toutes - gardons-nous d'être prétentieux ! - du moins pour longtemps le problème de la chasse en France reposait sur le respect du strict champ de la légalité.
Mais la fixation des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse dans la loi ne correspond pas à notre analyse juridique de ce dossier, que confirment tous les constitutionnalistes que nous avons consultés.
Tel n'est pas le point de vue de la majorité sénatoriale et d'un certain nombre de nos amis. Nous n'avons pas pu trouver un accord sur un amendement qui reprenne, souhaitions-nous, la préconisation des dates prévues soit par Mme le rapporteur, soit par nos amis MM. Courteau, Courrière, Madrelle et Dussaut.
A partir de là, nous ne pouvons que constater notre divergence. Fidèles et solidaires de l'amendement n° 58 que nous avions déposé, nous ne pourrons pas voter l'amendement n° 25, non plus que celui qu'ont déposé nos collègues du groupe socialiste.
M. Gérard Le Cam. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. La question des dates est particulièrement importante et le débat que nous venons d'avoir montre bien que nous sommes dans le piège, piège de la directive et piège des contentieux qui, quelle que soit la formule retenue, ne manqueront pas de surgir.
Maintenant, il convient d'être efficaces. Par la suite, porteront la responsabilité ceux qui mériteront de la porter. De toute façon, à l'issue du débat à l'Assemblée nationale, on s'acheminera certainement vers un décret. Celui-ci doit être le meilleur possible. Nous avons tous fait des pas, nous savons que nos adversaires et nos détracteurs n'en feront jamais. Tant qu'il y aura un chasseur dans ce pays, ils continueront de le harceler !
M. Raymond Courrière. Très bien !
M. Gérard Le Cam. Faisons donc en sorte que ce décret soit le meilleur possible. En tout cas, nous, les communistes, nous continuerons de jouer de notre influence et de notre poids, y compris, bien sûr, à l'Assemblée nationale en dernière lecture, pour qu'il en soit ainsi. Mais nous sommes dans le piège.
M. Serge Vinçon. Un chasseur pris au piège !
M. le président. Les pièges font partie de la chasse !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Le seul, unique et vrai piège qu'il nous fallait éviter était celui des contentieux. Mais puisque vous faites des comparaisons avec la chasse, monsieur le président, permettez-moi de dire que lorsqu'on chasse, on ne piège pas n'importe quoi ! Or, et le problème est là, ceux qui aujourd'hui sont piégés sont ceux qui voulaient jouer le jeu, c'est-à-dire nous, tous autant que nous sommes.
M. Gérard César. Tout à fait !
Mme Anne Heinis, rapporteur. C'est cela que je déplore, car notre objectif était justement d'éviter les pièges du contentieux.
Nous faisons des estimations différentes des risques potentiels de tel ou tel piège. C'est la seule chose qui nous sépare vraiment : une simple estimation juridique des pièges et de leurs risques. Je regrette personnellement d'en être arrivée à cette seule alternative, à cette seule question de savoir dans quel sorte de piège nous tomberons.
C'est vraiment désolant pour le Parlement car, je tiens à le dire, ce n'est pas ainsi que les choses devraient se passer. Ce n'est pas ce que nous avons souhaité, tous autant que nous sommes ici présents.
Malheureusement, c'est un fait et, devant la réalité des faits, on est obligé de s'incliner. Nous maintiendrons donc la rédaction de l'article 10 tel que la commission l'a présentée et votée. Nous choisissons un piège, nos amis qui ne le voteront pas choisissent l'autre piège. C'est en ces termes que le problème se pose. Je ne sais pas ce que les chasseurs en penseront,...
M. Gérard César. Voilà !
Mme Anne Heinis, rapporteur. ... mais, eux, ils jugeront.
En ce qui me concerne, m'en tenant à l'avis de la commission, je vous demande d'adopter son amendement. Mais, encore une fois, je regrette de n'avoir d'autre solution que de choisir entre deux pièges !
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Comme Mme le rapporteur, je regrette que nous soyons tombés dans le piège.
Jean-Marc Pastor et son collègue Jean-Louis Carrère ont fait tout à l'heure un tour d'horizon de tous les points de convergence que nous avons ici au Sénat, et je tiens à les en remercier.
Il est sûr que nous avons des divergences de fond sur l'amendement n° 25, c'est-à-dire sur les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse. En première lecture, nous l'avions adopté tel quel. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à la menace d'un recours éventuel quelle que soit la solution adoptée. Avec le groupe du RPR, je voterai l'amendement de la commission.
M. Jean-Louis Carrère. Ce sont des divergences sur la forme qui nous opposent, pas sur le fond !
M. Michel Souplet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet. Je suis très reconnaissant à nos amis du groupe socialiste d'avoir demandé une suspension de séance, ce qui nous a permis de débattre entre nous pendant quelques minutes.
Mme le rapporteur a très bien décrit la situation dans laquelle nous nous trouvons. Mon groupe votera sans réserve le texte proposé par la commission. Mais je me tourne vers le banc du Gouvernement pour dire à M. le ministre qu'il est vrai que nous ressentons douloureusement, nous en tout cas, le climat de défiance qui imprègne nos travaux. Franchement, comment pourrions-nous avoir confiance ?
Souvenons-nous qu'il y a un an - c'était le 22 juin dernier - lorsque, peu nombreux en séance de nuit, nous examinions une proposition de loi du Sénat, Mme le ministre a pris la parole pendant une heure trois quarts pour nous parler de la chasse depuis Vercingétorix !
Etait-ce pour se moquer de nous qu'elle a pris la parole aussi longtemps ou était-ce par désir de nous convaincre ? J'ose espérer que la deuxième hypothèse était la bonne.
Mme le ministre a été si peu convaincante cette nuit-là que la proposition de loi du Sénat a été adoptée à l'unanimité, recueillant 317 voix. Autant dire que Mme le ministre de l'environnement, qui en demandait le rejet, n'a été suivie par personne...
Comment pourrions-nous avoir confiance, alors que M. Patriat a abordé la commission mixte paritaire à laquelle nous avons assisté avec une position indéfendable ? Il était impossible de dialoguer avec lui.
Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. Lors de la discussion du projet de loi d'orientation agricole, je me suis trouvé confronté au même piège. Nous étions presque d'accord la veille de la réunion de la commission mixte paritaire et, lorsque celle-ci a commencé ses travaux, ce fut la rupture immédiate.
Faute de confiance, nous nous efforçons de défendre au mieux l'intérêt des chasseurs, du monde rural et de l'écologie.
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Notre groupe votera l'amendement n° 25.
J'ai rappelé ce matin que, à la remarque formulée par M. Patriat en commission mixte paritaire, selon laquelle le texte du Sénat comportait quinze points inacceptables, j'avais répondu que, sur ces quinze points, quatorze étaient négociables, se prêtaient à des avancées mutuelles pour parvenir à une formule d'entente. Dans mon esprit, le quinzième point portait, bien évidemment, sur les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse.
Je constate que, aujourd'hui, depuis que nous travaillons ensemble, nous avons fait, droite et gauche ensemble, cette CMP. Nous avons trouvé les points sur lesquels nous pouvions nous entendre, et il s'agit non pas de points mineurs, mais de points très importants, comme M. Pastor l'a rappelé tout à l'heure.
Je constate également que le problème que nous examinons en l'instant est difficile. Mme le rapporteur a raison de parler de piège. Nous allons, hélas ! tomber dans ce piège, car nous n'avons probablement pas fait le nécessaire, non pas aujourd'hui mais en 1998.
Cela étant dit, le groupe des Républicains et Indépendants votera bien sûr l'amendement n° 25.
M. Pierre Martin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Martin.
M. Pierre Martin. Pour reprendre les propos de Mme le rapporteur, nous naviguons entre les risques. Nous devons donc essayer de mener la politique du moindre risque. S'agissant du fond, nous sommes d'accord. Sur la forme, nous avons une légère divergence. En fait, il ne faudrait pas grand-chose pour que l'accord soit total. Ce qui est sûr, c'est que la réponse gouvernementale est défavorable.
En tant que représentation nationale, essayons de déjouer le piège qui pourrait d'abord être le piège national. Je pense, madame le rapporteur, que, en l'occurrence, la solution que vous proposez est la meilleure. Il y aura, bien entendu, le piège européen, mais c'est évidemment l'affaire du Gouvernement.
M. Gérard Miquel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Miquel. M. Gérard Miquel. Ce débat tend à démontrer que, au sein de notre assemblée, il y a un accord sur le fond. La divergence porte plus sur la forme. J'espère, monsieur le ministre, que vous vous en ferez l'écho à l'Assemblée nationale et que vous transmettrez à Mme Voynet, si c'est elle qui y défend ce projet de loi, ce que vous avez ressenti au Sénat. Je voudrais que vous lui expliquiez bien que, sur les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse, nous sommes d'accord et que nos divergences portent sur les modalités d'application.
MM. Gérard César et Jean-Louis Carrère. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe du RPR.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu).
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 84:

Nombre de votants 249
Nombre de suffrages exprimés 246
Majorité absolue des suffrages 124
Pour l'adoption 246


(Applaudissements sur les travées du RPR.)
En conséquence, l'article 10 est ainsi rédigé et les amendements n°s 37, 49 rectifié, 58, 38 et 47 n'ont plus d'objet.

Article additionnel après l'article 10



M. le président.
Par amendement n° 59, MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Trémel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 10, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'autorité administrative arrête, après propositions de la fédération départementale des chasseurs et du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage, chaque année et pout toute la période de chasse, toutes dispositions utiles afin d'interdire la chasse à tir au gibier sédentaire pendant une période hebdomadaire de vingt-quatre heures consécutives. L'interdiction de la chasse à tir s'applique aux heures ouvrables de la chasse.
« L'autorité administrative arrête la ou les périodes hebdomadaires de chasse visées ci-dessus en fonction des circonstances locales.
« Les dispositions ci-dessus ne s'appliquent pas aux postes fixes. »
La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Cet amendement est relatif au jour de non-chasse et correspond à celui que nous avions déposé en première lecture. Sans avoir de vanité d'auteur, madame le rapporteur, il nous semble mieux rédigé que les autres amendements.
En tout état de cause et compte tenu des progrès qui ont été fait dans la rédaction de l'amendement déposé par la commission, nous nous rallierons à votre avis, madame le rapporteur.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 59 ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande aux auteurs de cet amendement de bien vouloir le retirer.
M. le président. Monsieur Carrère, l'amendement n° 59 est-il maintenu ?
M. Jean-Louis Carrère. Non, monsieur le président, je le retire.
M. Raymond Courrière. C'est constructif !
M. le président. L'amendement n° 59 est retiré.

Article 10 bis



M. le président.
L'article 10 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 26, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« A. - Dans la section II du chapitre IV du titre II du livre II du code rural, il est inséré une division additionnelle ainsi rédigée :
« Sous-section 2. - Gibier sédentaire, oiseaux et mammifères.
« B. - Après l'article L. 224-2 du code rural, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2-1. - Les périodes de chasse du gibier sédentaire, oiseaux et mammifères, sont fixées par le représentant de l'Etat dans le département. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 64, présenté par M. Martin, et tendant à compléter in fine le texte proposé par le B de l'amendement n° 26 pour l'article L. 224-2-1 du code rural par un alinéa ainsi rédigé :
« Les périodes de chasse à la perdrix grise et à la caille des blés sont comprises entre le deuxième dimanche de septembre et le dernier dimanche de novembre. »
La parole est à Mme le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 26.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il, s'agit de rétablir le texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. La parole est à M. Martin, pour défendre le sous-amendement n° 64.
M. Pierre Martin. Ce sous-amendement concerne le décret d'Huguette Bouchardeau publié en 1986, qui fixe les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse en général. Il précise que, dans certaines régions, l'ouverture peut se faire à partir du deuxième dimanche de septembre, et, dans d'autres, à partir du quatrième dimanche de septembre.
J'avais déjà indiqué, lors de la première lecture, que les méthodes culturales ont évolué : désormais, début septembre, un peu partout dans le pays, la plupart des récoltes sont engrangées, les maïs comme une partie des betteraves.
Or, la chasse la plus populaire, c'est la chasse banale, celle que l'on pratique dans les sociétés quand on ne peut aller ailleurs. Elle consiste à parcourir, avec son chien, les champs de betteraves ou de maïs, afin de dénicher le gibier. Mais cette chasse n'est possible que si ces champs ne sont pas récoltés. Il faut, bien évidemment, laisser l'autorité administrative fixer la date d'ouverture tout en offrant la possibilité, dans les départements où c'est possible, d'ouvrir la chasse dès le deuxième dimanche de septembre, et ce en accord avec les fédérations de chasseurs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 64 ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 26 et sur le sous-amendement n° 64 ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Par cohérence avec l'avis que j'ai émis sur l'amendement n° 25 à l'article 10, je suis défavorable à l'amendement n° 26.
Quant au sous-amendement n° 64, il relève du domaine réglementaire. Je ne peux donc qu'y être défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 64, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que ce sous-amendement a été adopté à l'unanimité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 26, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Même unanimité.
En conséquence, l'article 10 bis est rétabli dans cette rédaction.

Article 10 ter

M. le président. L'article 10 ter a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 10 quater



M. le président.
« Art. 10 quater . - Après l'article L. 224-4 du code rural, il est inséré un article L. 224-4-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 224-4-2. - Dans le temps où, avant l'ouverture et après la clôture générales, la chasse est ouverte, les espèces de gibier d'eau ne peuvent être chassées que :
« 1° En zone de chasse maritime ;
« 2° Dans les marais non asséchés ;
« 3° Sur les fleuves, rivières, canaux, réservoirs, lacs, étangs et nappes d'eau, le tir au droit de la nappe d'eau étant seul autorisé. »
Par amendement n° 27, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le troisième alinéa (2°) du texte présenté par cet article pour l'article L. 224-4-2 du code rural :
« 2° Dans les marais et autres zones humides telles que définies par la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau ; ».
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit de rétablir le texte qui a été voté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 28, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le dernier alinéa (3°) du texte présenté par l'article 10 quater pour l'article L. 224-4-2 du code rural :
« 3° Sur les fleuves, rivières, canaux, réservoirs, lacs, étangs et nappes d'eau ; la recherche et le tir de ces gibiers ne sont autorisés qu'à distance maximale de trente mètres de la nappe d'eau. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit, là encore, de rétablir le texte du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10 quater, modifié.

(L'article 10 quater est adopté.)

Article 10 quinquies



M. le président.
L'article 10 quinquies a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais je suis saisi de deux amendements identiques qui tendent à le rétablir.
L'amendement n° 29 est présenté par Mme Heinis, au nom de la commission.
L'amendement n° 50 est déposé par MM. Le Cam, Lefebvre, Mme Terrade et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux visent à rétablir cet article dans la rédaction suivante :
« Après l'article L. 224-2 du code rural, il est inséré un article L. 224-2-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 224-2-3. - Pour favoriser une gestion durable de la faune sauvage, le représentant de l'Etat dans le département, sur proposition de la fédération départementale des chasseurs et après avis du conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage, suspend l'exercice de la chasse à tir du gibier sédentaire une journée par semaine. »
La parole est à Mme le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 29.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit de l'amendement au profit duquel notre collègue M. Carrère a bien voulu retirer l'amendement n° 59.
Nous modifions le premier texte adopté par le Sénat en remplaçant les mots « peut suspendre » par les mots « suspend ».
M. Gérard César. C'est une avancée !
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour présenter l'amendement n° 50.
M. Gérard Le Cam. Le jour sans chasse est une question importante. Nous avons noté les pas en avant qui ont été réalisés au Sénat. Il est vrai, et chacun l'a souligné, qu'il y a bien plus d'un jour de non-chasse. Cela permet, entre autres éléments, le repos du gibier, et les chasseurs en ont pris conscience voilà longtemps.
Je souhaiterais que le Gouvernement retienne l'idée que j'ai émise ce matin et selon laquelle cette journée sans chasse vaudrait du lever au coucher du soleil, dans la mesure où la nuit il n'y a ni dérangement ni risque d'atteinte à la sécurité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 29 et 50 ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces deux amendements.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 29 et 50.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Comme nous avons retiré notre amendement au motif que celui qui était présenté par la commission nous agréait ; nous voterons donc les présents amendements.
Nous notons, avec beaucoup de satisfaction, l'évolution de la position de la majorité sénatoriale, qui est conforme aux demandes que nous avions formulées en première lecture.
MM. Poniatowski et Gérard César. Merci !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je tiens à remercier publiquement notre collègue Jean-Louis Carrère.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 29 et 50, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 10 quinquies est rétabli dans cette rédaction.

Article 10 sexies

M. le président. L'article 10 sexies a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 12



M. le président.
« Art. 12. - I. - Il est inséré, après l'article L. 224-4 du même code, un article L. 224-4-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 224-4-1 . - Dans le temps où la chasse est ouverte, le permis de chasser donne en outre à celui qui l'a obtenu le droit de chasser le gibier d'eau la nuit à partir de postes fixes tels que hutteaux, huttes, tonnes et gabions existants au 1er janvier 2000 dans les départements où cette pratique est traditionnelle. Ces départements sont : l'Aisne, les Ardennes, l'Aube, l'Aude, les Bouches-du-Rhône, le Calvados, la Charente-Maritime, l'Eure, la Gironde, l'Hérault, les Landes, la Manche, la Marne, Le Nord, l'Orne, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Atlantiques, la Seine-Maritime, la Seine-et-Marne, la Somme et l'Oise. La chasse de nuit du gibier d'eau est également autorisée, dans les mêmes conditions, dans des cantons des départements où elle est traditionnelle. Un décret en Conseil d'Etat fixe la liste des cantons concernés.
« Le déplacement d'un poste fixe est soumis à l'autorisation du représentant de l'Etat dans le département.
« Tout propriétaire d'un poste fixe visé à l'alinéa précédent doit déclarer celui-ci à l'autorité administrative contre délivrance d'un récépissé dont devront être porteurs les chasseurs pratiquant la chasse de nuit à partir de ce poste fixe.
« La déclaration d'un poste fixe engage son propriétaire à participer, selon des modalités prévues par le schéma départemental de mise en valeur cynégétique, à l'entretien des plans d'eau et des parcelles attenantes de marais et de prairies humides sur lesquels la chasse du gibier d'eau est pratiquée sur ce poste. Lorsque plusieurs propriétaires possèdent des postes fixes permettant la chasse du gibier d'eau sur les mêmes plans d'eau, ils sont solidairement responsables de leur participation à l'entretien de ces plans d'eau et des zones humides attenantes.
« Un carnet de prélèvements doit être tenu pour chaque poste fixe visé au premier alinéa. »
« II et III. - Non modifiés. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 30, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le I de cet article pour l'article L. 224-4-1 du code rural :
« Art. L. 224-4-1 . - Dans le temps où la chasse est ouverte, le permis de chasser donne en outre à celui qui l'a obtenu le droit de chasser le gibier d'eau la nuit à partir de postes fixes tels que huttes, tonnes, gabions et hutteaux dans les départements où cette pratique cynégétique est traditionnelle. Ces départements sont : l'Aisne, les Ardennes, l'Aube, l'Aude, les Bouches-du-Rhône, le Calvados, la Charente-Maritime, les Côtes d'Armor, l'Eure, le Finistère, la Haute-Garonne, la Gironde, l'Hérault, l'Ille-et-Vilaine, les Landes, la Manche, la Marne, la Meuse, le Nord, l'Oise, l'Orne, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, la Seine-Maritime, la Seine-et-Marne, la Somme, la Vendée.
« A compter du 1er juillet 2000, tout propriétaire d'une installation visée à l'alinéa précédent doit en faire la déclaration en mairie. Il lui en est délivré récépissé.
« Tout déplacement d'installation fixe est soumis à l'autorisation du représentant de l'Etat dans le département.
« Un carnet de prélèvement annuel est obligatoire pour chaque installation. Ce registre est coté et paraphé par le maire de la commune.
« La déclaration d'une installation en vue de la chasse de nuit au gibier d'eau engage son propriétaire à participer à l'entretien de la zone humide concernée selon les modalités prévues par le schéma départemental de gestion cynégétique. »
Par amendement n° 39, MM. Courteau et Courrière proposent, après les mots : « la nuit » de rédiger comme suit la fin de la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le I de l'article 12 pour l'article L. 224-4-1 du code rural : « , dans les départements où cette pratique est traditionnelle à partir de postes fixes tels que huttes, tonnes et gabions existants au 1er janvier 2000, ou de hutteaux, lorsque la réglementation de l'exercice de la chasse à l'affût ne permet pas l'utilisation de postes fixes sur le domaine public maritime ».
Par amendement n° 48, Mme Durrieu et M. Courrière proposent, dans la deuxième phrase du premier alinéa du texte présenté par le I de l'article 12 pour l'article L. 224-4-1 du code rural, après les mots : « les Pyrénées-Atlantiques, », d'insérer les mots : « les Hautes-Pyrénées, ».
Par amendement n° 60, MM. Pastor, Carrère, Charasse, Mme Durrieu, MM. Courteau, Auban, Bel, Cazeau, Demerliat, Domeizel, Dussaut, Godard, Haut, Lejeune, Madrelle, Moreigne, Miquel, Sutour, Teston, Trémel, Autain, Besson, Bony, Mme Boyer, MM. Désiré, Fatous, Journet, Percheron, Piras, Plancade, Raoult, Rinchet, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, après la deuxième phrase du premier alinéa du texte présenté par le I de l'article 12 pour l'article L. 224-4-1 du code rural, d'insérer une phrase ainsi rédigée :
« Cette liste peut être complétée par décret en Conseil d'Etat sans pouvoir concerner d'autres départements que l'Ariège, les Côtes-d'Armor, le Finistère, la Haute-Garonne, l'Ille-et-Vilaine, le Lot-et-Garonne et les Hautes-Pyrénées. »
La parole est à Mme le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 30.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement traite de la chasse de nuit. Comme je l'avais annoncé en première lecture, nous souhaitons arrêter une liste de vingt-huit départements où la pratique de la chasse de nuit au gibier d'eau est traditionnelle.
M. le président. La parole est à M. Courteau, pour défendre l'amendement n° 39.
M. Roland Courteau. Nous nous réjouissons, tout d'abord, que, selon notre voeu et celui du Sénat en première lecture, la chasse au gibier d'eau la nuit à partir de hutteaux ait bien été retenue dans le texte.
Je formulerai cependant une remarque. Dans certains départements parmi ceux qui figurent à l'article 12 où la chasse du gibier d'eau la nuit est traditionnelle, la réglementation de l'exercice de la chasse à l'affût ne permet pas l'utilisation de postes fixes sur le domaine public maritime. Dans ces cas précis, la pratique de cette chasse est autorisée à partir de hutteaux. Or, selon la rédaction qui nous est proposée à l'article 12, cette pratique ne serait autorisée qu'à partir d'installations existant au 1er janvier 2000.
Cela pose véritablement un problème pour la pratique de ce type de chasse à partir de hutteaux. Certes, la personne possédant un hutteau est connue et recensée puisque la déclaration est obligatoire lors de l'achat d'appelants. Mais, lors de son décès ou, plus simplement, lors de l'arrêt de ce type de chasse par l'intéressé, la transmission n'est pas possible.
Ainsi donc, si, pour obtenir le droit de chasser à partir de hutteaux, on prend en compte seulement ceux qui existent au 1er janvier 2000, je crains que nous n'allions vers une disparition programmée, sciemment ou non, de ce type de chasse puisqu'il n'y a pas de possibilité de transmission.
C'est la raison pour laquelle nous avons déposé cet amendement tendant à dissocier les hutteaux des autres installations telles que huttes, tonnes et gabions, lesquelles devront exister, quant à elles, au 1er janvier 2000.
M. le président. La parole est à M. Courrière, pour défendre l'amendement n° 48.
M. Raymond Courrière. Les Hautes-Pyrénées comptent 113 installations fixes occupées et chassées régulièrement, comme l'écrit le président de la fédération départementale. La chasse de nuit au gibier d'eau dans les lacs, les étangs et les cours d'eau de la zone des contreforts pyrénéens de l'Adour à la Garonne est une tradition ancienne qui remonte au-delà du Moyen-A^ge, selon les textes.
Certaines huttes ont d'ailleurs fait l'objet de reportages dans des revues, tel le Chasseur français . Il convient donc d'ajouter dans la liste le département des Hautes-Pyrénées.
M. le président. La parole est à M. Dussaut, pour défendre l'amendement n° 60.
M. Bernard Dussaut. Cet amendement vise à ce que la liste retenue par l'Assemblée nationale puisse être complétée par décret en Conseil d'Etat, sans pouvoir concerner d'autres départements que l'Ariège, les Côtes-d'Armor, le Finistère, la Haute-Garonne, l'Ille-et-Vilaine, le Lot-et-Garonne et les Hautes-Pyrénées, autant de départements qui, je le rappelle, sont traditionnellement liés à une pratique de chasse au gibier d'eau la nuit.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 39, 48 et 60 ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Les amendements n°s 48 et 60 sont satisfaits par l'amendement n° 30, qui prend en compte les départements visés.
L'amendement n° 39 est également satisfait puisque l'amendement n° 30 ne fait pas référence aux installations existant au 1er janvier 2000.
M. le président. Monsieur Courteau, l'amendement n° 39 est-il maintenu ?
M. Roland Courteau. Non, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 39 est retiré.
Monsieur Courrière, l'amendement n° 48 est-il maintenu ?
M. Raymond Courrière. Non, je le retire également, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 48 est retiré.
Monsieur Dussaut, l'amendement n° 60 est-il maintenu ?
M. Bernard Dussaut. Je note que l'Ariège et le Lot-et-Garonne ne figurent pas dans la liste de l'amendement n° 30. Mais sans doute y a-t-il une raison à cela, madame le rapporteur ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. La raison pour laquelle ces deux départements ne figurent pas dans la liste est très simple, et je crois d'ailleurs m'en être déjà expliquée en première lecture : certains départements ne s'intéressent qu'à la chasse à la passée ; par conséquent, à partir du moment où ils ont eu satisfaction sur ce point, ils n'ont pas sollicité l'autorisation pour la chasse de nuit qui n'était pas traditionnelle sur leur territoire, même si elle se pratiquait dans des installations similaires. Telle est la raison pour laquelle ils ne figurent pas dans la liste.
M. Bernard Dussaut. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Dussaut.
M. Bernard Dussaut. Compte tenu de l'explication apportée par Mme le rapporteur, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 60 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 30 ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. La chasse de nuit est en règle générale proscrite dans la plupart des pays européens, alors que la chasse crépusculaire est souvent pratiquée. Elle est interdite en France depuis 1666, et ce principe a été confirmé par la loi de 1844. Le développement du droit communautaire a créé de nouvelles raisons de douter du bien-fondé de la pratique de la chasse de nuit, avec les exigences de la directive de 1979, ainsi qu'avec l'arrêt de la Cour de justice des communautés européennes de 1994.
Aussi, le Gouvernement, se fondant sur les conclusions du député M. Patriat, a proposé de suspendre les sanctions pénales concernant l'interdiction de la chasse de nuit dans les départements où celle-ci est traditionnelle. L'Assemblée nationale a préféré la légaliser purement et simplement dans vingt et un départements. Le Gouvernement n'a pas soutenu cette mesure à l'Assemblée nationale : je ne la soutiendrai pas davantage au Sénat, et ce d'autant moins que la liste des départements concernés a été étendue. Je m'en tiendrai à l'état des lieux établi par M. Patriat sur le caractère traditionnel de cette pratique. Tout ajout ne ferait que rendre plus difficilement acceptable cette disposition.
J'émets donc un avis défavorable sur l'amendement n° 30.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporeur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je voudrais faire deux observations.
Premièrement, la loi qu'a citée M. le ministre s'adressait, à l'époque, non pas à cette catégorie de gibier, mais au gros gibier.
Par ailleurs, il y a un certain nombre de pays européens où l'on chasse la nuit, ne serait-ce qu'en Finlande, parce qu'il y fait beaucoup plus longtemps nuit que jour ! (Sourires.)
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Plus on s'approche du pôle Nord, plus c'est vrai !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que l'amendement a été adopté à l'unanimité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 12, ainsi modifié.

(L'article 12 est adopté.)

Article 12 bis



M. le président.
L'article 12 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 31, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« Après l'article L. 224-4 du code rural, il est inséré un article L. 224-4-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 224-4-4-2. - Dans le temps où la chasse est ouverte, le permis de chasser donne en outre à celui qui l'a obtenu le droit de chasser de jour avec des lévriers.
« Ce droit de chasser s'exerce dans le cadre d'un plan de gestion.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités d'application du présent article. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit d'autoriser, comme nous l'avions fait en première lecture, la chasse de jour avec des lévriers, à condition qu'elle s'exerce dans le cadre d'un plan de gestion, un décret en Conseil d'Etat précisant les modalités du présent article. Il a semblé à la commission qu'il n'y avait pas de raison d'interdire ce moyen de chasse, issu d'une très vieille tradition.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Cet amendement tend donc à autoriser la chasse de jour avec des lévriers.
Le lévrier est un véritable moyen de chasse. A l'inverse des autres chiens, il est capable de capturer le gibier.
Son usage pour la chasse est actuellement prohibé par l'article L. 224-4 du code rural, qui donne une liste limitative des moyens de chasse autorisés. Cette interdiction est simplement rappelée et précisée dans l'arrêté du 1er août 1986 relatif aux procédés de chasse.
Est-il opportun d'autoriser en France un moyen de chasse aussi singulier et efficace ? Cette question mériterait un débat, notamment au Conseil national de la chasse et de la faune sauvage. A ma connaissance, cette question n'y a pas été évoquée, du moins récemment.
De ce fait, j'émets un avis défavorable sur l'amendement n° 31.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 31, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 12 bis est rétabli dans cette rédaction.

Article 13



M. le président.
« Art. 13. - I et II. - Non modifiés .
« III. - L'article L. 225-1 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 225-1. - Le plan de chasse substitue à la limitation annuelle de la période de chasse le nombre d'animaux à tirer sur les territoires de chasse pendant la période de chasse propre à chaque département. Fixé, après consultation des représentants des intérêts agricoles et forestiers, pour une période de trois ans révisable annuellement, il tend à assurer le développement durable des populations de gibier et à préserver leurs habitats naturels. »
« IV. - L'article L. 225-2 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 225-2. - Pour assurer un équilibre agricole, sylvicole et cynégétique, le plan de chasse est appliqué sur tout le territoire national pour certaines espèces de gibiers dont la liste est fixée par décret en Conseil d'Etat.
« Lorsqu'il s'agit du sanglier, le plan de chasse est mis en oeuvre après avis des fédérations départementales des chasseurs. »
« V. - Non modifié.
« VI. - L'article L. 225-4 du même code est ainsi modifié :
« 1° Dans le premier alinéa, après les mots : "des chasseurs de", sont insérés les mots : "sangliers" ;
« 2° Dans l'avant-dernier alinéa, la somme : "300 francs" est remplacée par la somme : "200 francs" ;
« 3° Avant le dernier alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« - sanglier : 100 francs. » ;
« 4° Dans le dernier alinéa, les mots : "est versé au compte particulier ouvert dans le budget de l'Office national de la chasse" sont remplacés par les mots : "dans chaque département, est versé à la fédération départementale des chasseurs". »
Par amendement n° 32, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le IV de cet article pour l'article L. 225-2 :
« Art. L. 225-2. - Pour assurer un équilibre agro-sylvo-cynégétique, le plan de chasse est appliqué sur tout le territoire national aux cerfs, daims, mouflons, chamois, isards et chevreuils.
« Lorsqu'il s'agit de sanglier, le plan de chasse est mis en oeuvre dans tout ou partie du département sur proposition de la fédération départementale des chasseurs. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement vise à rétablir le texte adopté par le Sénat en première lecture relativement aux plans de chasse pour le gros gibier.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 32, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 13, ainsi modifié.

(L'article 13 est adopté.)

Article 14



M. le président.
« Art. 14. - I. - Supprimé.
« II. - Il est inséré, dans le chapitre V du titre II du livre II du même code, une section 2 ainsi rédigée :

« Section 2

« Prélèvement maximal autorisé

« Art. L. 225-5. - Dans des conditions déterminées par décret en Conseil d'Etat, l'autorité administrative peut, après avis de la fédération nationale ou départementale des chasseurs et de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, fixer le nombre maximal d'animaux qu'un chasseur est autorisé à capturer dans une période déterminée sur un territoire donné.
« Ces dispositions prennent en compte les orientations du schéma départemental de gestion cynégétique. »
Par amendement n° 45, MM. Poniatowski, du Luart, About, Balarello, Mme Bardou, MM. Bourdin, Jean Boyer, Carle, Cléach, de Cossé-Brissac, Ambroise Dupont, Jean-Léonce Dupont, Emin, Emorine, Falco, Garrec, Gaudin, Grillot, Humbert, Mathieu, Nachbar, Pinta, Puech, Raffarin, Revet, Revol, Torre et Trucy proposent de rétablir le I de l'article 14 dans la rédaction suivante :
« I. - Après l'article L. 225-4 du code rural, il est inséré un article L. 225-4-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 225-4-1. - Dans l'intérêt de la chasse et pour une meilleure protection du gibier, le représentant de l'Etat dans le département peut, sur proposition de la direction départementale de l'agriculture et de la forêt et après avis de la garderie départementale de l'Office national de la chasse, ainsi que de la fédération départementale des chasseurs, faire procéder par arrêté, tous les ans, à des régulations par la destruction d'animaux, protégés ou non, dès lors qu'une surpopulation les rend nuisibles au développement du gibier. »
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Il s'agit de rétablir le texte adopté par le Sénat lors de la première lecture concernant les battues administratives contre les nuisibles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 45, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
M. Jean-Louis Carrère. Le groupe socialiste vote pour.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
Par amendement n° 33, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de remplacer le premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 14 pour l'article L. 225-5 du code rural par deux alinéas ainsi rédigés :
« Le représentant de l'Etat dans le département peut, sur proposition de la fédération départementale des chasseurs, fixer le nombre maximum d'animaux, parmi ceux dont la chasse est autorisée, qu'un chasseur ou un groupe de chasseurs est autorisé à capturer dans une période et sur un territoire déterminés.
« Le prélèvement maximum autorisé défini à l'alinéa précédent concerne les espèces de petit gibier sédentaire, le sanglier, ainsi que le gibier d'eau et les oiseaux de passage dans le cadre d'un plan de gestion défini à l'article L. 224-2. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement vise à ramener le prélèvement maximum autorisé, comme nous l'avions fait en première lecture, à l'échelon départemental, car il est inapplicable à l'échelon national.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par le Gouvernement.
M. Gérard Le Cam. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

Article 14 bis



M. le président.
« Art. 14 bis. - I. - L'intitulé de la section 1 du chapitre VI du titre II du livre II du même code est ainsi rédigé : « Indemnisation par les fédérations départementales des chasseurs des dégâts causés par les sangliers et les grands gibiers ».
« A l'article L. 226-1 du même code, les mots : "l'Office national de la chasse" sont remplacés par les mots : "la fédération départementale des chasseurs" ;
« I bis . - L'article L. 226-4 du même code est ainsi modifié :
« 1° A. - Dans les premier, deuxième, troisième et dernier alinéa, les mots : "l'Office national de la chasse" sont remplacés par les mots : "la fédération départementale des chasseurs" ;
« 1° Dans les deuxième et troisième alinéas, le mot : "celui-ci" est remplacé par le mot : "celle-ci" ;
« 2° Dans le dernier alinéa, le mot : "lui-même" est remplacé par le mot : "elle-même", et les mots : "qu'il a lui-même" sont remplacés par les mots : "qu'elle a elle-même".
« II. - L'article L. 226-5 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 226-5. - La fédération départementale des chasseurs instruit les demandes d'indemnisation et propose une indemnité aux réclamants selon un barème départemental d'indemnisation. Ce barème est fixé par une commission départementale d'indemnisation des dégâts de gibier qui fixe également le montant de l'indemnité en cas de désaccord entre le réclamant et la fédération départementale des chasseurs. Une commission nationale d'indemnisation des dégâts de gibier coordonne la fixation des barèmes départementaux d'indemnisation et peut être saisie en appel des décisions des commissions départementales.
« La composition de la Commission nationale d'indemnisation des dégâts de gibier et des commissions départementales d'indemnisation des dégâts de gibier, dont l'Office national de la chasse et de la faune sauvage assure le secrétariat, assure la représentation de l'Etat, et notamment de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, des chasseurs et des intérêts agricoles et forestiers dans des conditions déterminées par un décret en Conseil d'Etat.
« Lorsque le produit des taxes mentionnées à l'article L. 225-4 ne suffit pas à couvrir le montant des dégâts indemnisables, la fédération départementale des chasseurs prend à sa charge le surplus de l'indemnisation. Elle en répartit le montant entre ses adhérents et elle peut notamment exiger une participation personnelle des chasseurs de grand gibier et de sanglier et une participation pour chaque dispositif de marquage du gibier.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application des articles L. 226-1 à L. 226-4 et du présent article. »
« III et IV. - Supprimés . »
Par amendement n° 46, MM. Poniatowski, du Luart, About, Balarello, Mme Bardou, MM. Bourdin, Jean Boyer, Carle, Cléach, de Cossé-Brissac, Ambroise Dupont, Jean-Léonce Dupont, Emin, Emorine, Falco, Garrec, Gaudin, Grillot, Humbert, Mathieu, Nachbar, Pintat, Puech, Raffarin, Revet, Revol, Torre, Trucy proposent de remplacer le deuxième alinéa du I de cet article par trois alinéas ainsi rédigés :
« L'article L. 226-1 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 226-1. - En cas de dégâts causés aux récoltes agricoles procurant un revenu professionnel soit par les sangliers soit par les grands gibiers provenant d'une réserve où ils font l'objet de reprise ou d'un fonds sur lequel a été exécuté un plan de chasse prévu par l'article L. 225-1, celui qui a subi un préjudice peut en réclamer l'indemnisation à la fédération départementale des chasseurs.
« Le dommage causé aux jardins, vergers, pépinières et arbres isolés ne donne pas lieu à réparation lorsque l'exploitant a négligé d'établir les installations protectrices qui suffisent habituellement à empêcher les dégâts. »
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Il s'agit de rétablir une disposition qui avait été adoptée à l'unanimité en première lecture au Sénat, le ministre s'en étant alors remis à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 46, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 67, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de supprimer l'avant-dernier alinéa du texte présenté par le II de l'article 14 bis pour l'article L. 226-5 du code rural.
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. C'est un amendement de coordination avec l'amendement n° 34 de la commission, qui vise à rétablir les paragraphes III et IV de l'article 14 bis .
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 67, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.) M. le président. Par amendement n° 34, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rétablir les III et IV de l'article 14 bis dans la rédaction suivante :
« III. - Il est inséré, après l'article L. 226-5 du code rural, un article L. 226-5-1 ainsi rédigé :

« Dans chaque département, la participation de la fédération départementale des chasseurs à l'indemnisation des dégâts de grand gibier est constituée :
« 1° Du produit des taxes mentionnées à l'article L. 225-4 perçues dans le département ;
« 2° D'un prélèvement sur chaque redevance cynégétique départementale perçue dans le département ;
« 3° Des sommes versées par la Fédération nationale des chasseurs au titre du fonds de péréquation, en application de l'article L. 223-23 ;
« 4° Le cas échéant d'une participation personnelle des chasseurs de grand gibier, d'une participation pour chaque dispositif de marquage du gibier et d'une participation des adhérents visés au dernier alinéa de l'article L. 221-2-1, votées en assemblée générale de la fédération départementale des chasseurs ;
« IV. - La perte des recettes résultant du III ci-dessus est compensée à due concurrence par une taxe additionnelle sur les articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Cet amendement vise à récapituler les ressources des fédérations pour le financement des indemnisations des dégâts de grand gibier. Le texte est identique à celui que nous avions proposé en première lecture ; nous avons cependant ajouté un gage pour que l'on ne puisse pas nous opposer l'article 40.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 14 bis , modifié.


(L'article 14 bis est adopté.)

Article 14 ter



M. le président.
« Art. 14 ter . - Le I de l'article 34 de la loi de finances rectificative pour 1993 (n° 93-859 du 22 juin 1993) est abrogé. »
Par amendement n° 68, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit cet article :
« Les dispositions du I de l'article 34 de la loi de finances rectificative pour 1993 (n° 93-859 du 22 juin 1993) sont abrogées à compter du 1er juillet 2001. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Compte tenu de la modification apportée à l'article 8 A, il convient de préciser que, pendant la période transitoire, c'est-à-dire pour la campagne de chasse 2000-2001, l'article 34 de la loi de finances rectificative pour 1993, qui donne son fondement législatif à la redevance spécialisée grand gibier, reste en vigueur pour n'être abrogé qu'au 1er juillet 2001.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 68, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 14 ter est ainsi rédigé.


Article 18
bis



M. le président.
L'article 18 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 35, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« Avant l'article L. 228-9, il est inséré dans le code rural un article L. 228-8-1, ainsi rédigé :
« Art. L. 228-8-1. - Ceux qui sont pris à chasser sur des terrains non clos privés peuvent voir leurs armes ou leurs véhicules saisis. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. C'est la reprise du texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 35, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 18 bis est rétabli dans cette rédaction.

Articles 20 et 20 bis



M. le président.
« Art. 20. - I. - L'article L. 228-27 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 228-27. - Sans préjudice des dispositions de l'article L. 228-28, sont habilités à rechercher et constater les infractions aux dispositions du présent titre et aux textes pris pour son application, dans l'étendue des circonscriptions pour lesquelles ils sont assermentés, outre les officiers et agents de police judiciaire agissant conformément aux dispositions du code de procédure pénale :
« 1° Les agents de l'Etat, de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, du Conseil supérieur de la pêche, de l'Office national des forêts et des parcs nationaux commissionnés pour constater les infractions en matière forestière, de chasse ou de pêche1 ;
« 2° Les gardes champêtres ;
« 3° Les lieutenants de louveterie.
« Les procès verbaux établis par ces fonctionnaires ou agents font foi jusqu'à preuve contraire. »
« II. - L'article L. 228-31 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 228-31. - Le ministre chargé de la chasse commissionne des agents en service à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage pour exercer les fonctions d'agents techniques des eaux et forêts. » - (Adopté.)
« Art. 20 bis. - L'article L. 228-28 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« A la demande des propriétaires et détenteurs de droit de chasse, une convention peut être passée entre eux et la fédération départementale des chasseurs dont ils sont membres pour que la garderie particulière de leurs terrains soit assurée par des agents de développement de cette fédération. Les agents ainsi nommés dans cette fonction par la fédération sont agréés par le représentant de l'Etat dans le département, ils bénéficient des dispositions des deux premiers alinéas du présent article dans les limites des territoires dont ils assurent la garderie. » - (Adopté.)

Article 24



M. le président.
« Art. 24. - Après le premier alinéa de l'article L. 224-6 du code rural, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, le transport du gibier d'un département où la chasse est ouverte vers un département où elle ne l'est pas est autorisé dès lors que le gibier est transporté par un chasseur en mesure, d'une part, d'établir que le gibier a été légalement capturé et, d'autre part, de justifier son origine. »
Par amendement n° 65, MM. Bernard et Martin proposent de rédiger ainsi cet article :
« L'article L. 224-6 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 224-6. - La mise en vente, la vente, l'achat et le transport ou le colportage du gibier mort à une période pendant laquelle la chasse n'est pas permise dans le département sont réglementés par l'autorité administrative dans les conditions prévues par décret en Conseil d'Etat.
« Ces dispositions ne s'appliquent pas aux gibiers morts provenant d'élevages agréés ou des chasses visées à l'article L. 224-3. Ils font l'objet d'une inscription sur les registres visés à l'article R. 224-15 mentionnant les références du bon de transport remis par le responsable soit de l'établissement soit du parc ou de l'enclos.
« Toutefois, le transport du gibier d'un département où la chasse est ouverte vers un département où elle ne l'est pas est autorisé dès lors que le gibier est transporté par un chasseur en mesure, d'une part, d'établir que le gibier a été légalement capturé et, d'autre part, de justifier son origine. »
La parole est à M. Martin.
M. Pierre Martin. Cet amendement se justifie par son texte même.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Anne Heinis, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 65, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 24 est ainsi rédigé.

Article 25



M. le président.
L'article 25 a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 36, Mme Heinis, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« La désignation des zones de protection spéciale et de zones spéciales de conservation au titre du réseau Natura 2000 créé en application des directives 79/409/CEE du 2 avril 1979 et 92/43/CEE du 21 mai 1992 ne fait pas obstacle à l'exercice du droit de chasse. »
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Il s'agit, là encore, de rétablir le texte voté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 36, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, l'article 25 est rétabli dans cette rédaction.

Article 26 (pour coordination)



Mme Anne Heinis,
rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Monsieur le président, je souhaite que soit appelé en discussion, pour coordination, l'article 26, qui a été voté conforme par l'Assemblée nationale.
M. le président. Je rappelle les termes de l'article 26 :
« Art. 26. - Les dispositions de la présente loi relatives à l'indemnisation des dégâts de grand gibier aux récoltes et au financement des comptes d'indemnisation des dégâts entrent en vigueur au 1er janvier 2001.
« A cette date, les fédérations départementales de chasseurs et la Fédération nationale des chasseurs sont substituées chacune en ce qui la concerne aux droits et obligations de l'Office national de la chasse en matière d'indemnisation des dégâts de grand gibier aux récoltes. »
Par amendement n° 69, Mme Heinis, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa de cet article, de remplacer le mot : « janvier » par le mot : « juillet ».
La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. L'amendement n° 68, que nous avons adopté à l'article 14 ter , prévoit le maintien de l'article 34-1 de la loi de finances rectificative de 1993 jusqu'au 30 juin 2001.
Il paraît donc nécessaire, par coordination, de modifier la date prévue au premier alinéa de l'article 26, c'est-à-dire de la faire passer du 1er janvier au 1er juillet 2001.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Monsieur le ministre, permettez-moi de vous faire observer que vous aviez émis un avis favorable sur l'amendement n° 68, dont celui-ci n'est que la conséquence.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Nous étions d'accord sur la première partie de cet amendement, à savoir la redevance grand gibier jusqu'en 2001.
Mais je suis opposé à la précision qu'ajoute l'amendement n° 69.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 69, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 26, ainsi modifié.

(L'article 26 est adopté.)
M. le président. Les autres dispositions du projet de loi ne font pas l'objet de la nouvelle lecture.

Vote sur l'ensemble



M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Souplet pour explication de vote.
M. Michel Souplet. Monsieur le président, un incident m'ayant empêché d'intervenir ce matin, je souhaite, en quelques minutes, donner la position de notre groupe, qui est d'ailleurs connue.
Après avoir écouté, ce matin, les propos de M. le ministre, qui a estimé que, si la commission mixte paritaire avait échoué, c'était un peu à cause des positions maximalistes du Sénat, je ne peux m'empêcher de rétablir la vérité, comme l'ont d'ailleurs déjà fait d'autres collègues.
Avec mes collègues membres de la commission mixte paritaire, nous estimions qu'il était essentiel qu'un accord puisse intervenir, et nous étions prêts à faire certaines concessions sur de nombreux points. Nous l'avons d'ailleurs prouvé tout au long de la présente journée.
Nous étions notamment disposés à rechercher des solutions acceptables sur le jour de non-chasse, sur la chasse de nuit, sur les règles de sécurité, sur la surveillance des territoires et des espaces naturels. Là encore, nous l'avons prouvé aujourd'hui tout au long du débat.
Nous n'avons pu, malheureusement, que constater l'intransigeance dont ont fait preuve le rapporteur de l'Assemblée nationale et certains commissaires, qui, obéissant aux instructions du Premier ministre, ont refusé d'ouvrir ce débat attendu pourtant par les sénateurs et par les députés de l'opposition.
Nous nous sommes donc heurtés à une réelle volonté de blocage de la part de certains collègues députés représentant la majorité plurielle de l'Assemblée nationale, soucieux, avant toute chose, d'être solidaires du Gouvernement - et cela je peux le comprendre !
Le président de la commission mixte paritaire a d'ailleurs donné une interprétation curieuse du fonctionnement de la commission mixte paritaire. Selon lui, il aurait fallu que l'on trouve une majorité à la fois dans la délégation sénatoriale et dans la délégation de l'Assemblée nationale. M. François-Poncet a fait noter au procès-verbal que c'était totalement irrégulier.
M. Gérard César. C'est exact !
M. Michel Souplet. Comme l'a très bien dit Mme Heinis, notre rapporteur, l'attitude de M. Patriat était aux antipodes de notre volonté de compromis, pourtant affichée d'emblée. M. Patriat ne voulait surtout pas que le Sénat puisse s'interposer dans un domaine où il croit détenir seul la vérité, fort de la mission qui lui a été confiée par le Premier ministre sur la chasse.
Telle est la vérité, monsieur le ministre, que je tenais à rétablir et qui n'a rien à voir avec nos propos de ce matin.
Avec l'examen de ce projet de loi en nouvelle lecture, la majorité sénatoriale vient de prouver qu'elle peut faire avancer le débat dans le bon sens, en revenant sur certaines dispositions, afin que nos collègues députés puissent, en dernière lecture, les retenir.
En nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, le Gouvernement est allé jusqu'à bafouer le règlement pour arriver à ses fins. En effet, l'article 1er bis, relatif à la réintroduction de prédateurs, notamment les ours dans les Pyrénées, avait été adopté conforme par les deux assemblées.
C'est la raison pour laquelle le Sénat a tenu à rétablir le texte adopté en première lecture par les deux assemblées.
Mes collègues du groupe de l'Union centriste et moi-même voterons le texte issu de nos travaux aujourd'hui. Un très grand nombre d'amendements ont été adoptés à l'unanimité - nos collègues l'ont fait remarquer maintes et maintes fois - et, par ailleurs, il ne reste, comme l'a rappelé M. Poniatowski, qu'un ou deux points de litige. Il serait donc dommage que ce travail soit remis en cause par nos collègues députés. J'espère qu'ils auront la sagesse de tenir compte des positions de notre assemblée. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. Gérard César. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Encore une fois, je me félicite de la tenue de ce débat sur le texte élaboré en nouvelle lecture par l'Assemblée nationale.
De grandes avancées ont été faites ici sur le jour de non-chasse, sur la double tutelle, qui a été supprimée. Je veux d'ailleurs saluer le travail de l'ensemble de nos collègues, y compris de nos collègues de la majorité sénatoriale, qui ont accepté de s'engager dans une démarche constructive. Pour notre part, nous l'avons fait, je tiens à le rappeler, en revenant sur le rôle des fédérations départementales, sur le guichet unique et surtout sur le contrôle a posteriori, qui permettait, à nos yeux, de ne pas mettre à part le monde de la chasse au regard de la réglementation des associations régis par la loi de 1901, quitte à ce que des contrôles plus performants soient effectués a posteriori afin d'éviter toute ambiguïté.
Il y a un point sur lequel il y avait un désaccord, encore que ce mot ne convienne même pas puisque, comme l'a souligné M. Miquel, en s'exprimant avant le vote sur l'article 10, il y a accord sur les dates.
Mais, comme l'a dit Mme le rapporteur, derrière tout cela, il y a un piège. Que nous choisissions la voie du décret ou celle de la loi, nous risquons effectivement d'avoir des problèmes.
Pour notre part, excepté quelques collègues qui se sont exprimés, nous estimions qu'il fallait essayer de construire un squelette dans la loi pour que le décret se calque sur ce squelette voté par le Parlement, par les représentants du peuple. Nous n'avons pas été suivis. Ce texte n'a pas été voté.
Aussi, vous comprendrez, monsieur le président, que nous ne puissions pas voter le texte issu des travaux du Sénat, même si j'ai voulu rappeler avec force les points d'accord qui sont apparus tout au long de cet après-midi.
Ce matin, lorsque je me suis exprimé au nom de mon groupe, j'ai largement fait état de la désillusion qui était la mienne. Le seul élément d'enthousiasme qui pouvait nous animer était la recherche de nos racines les plus profondes et de notre éthique, pour pouvoir continuer à nous exprimer sur ce texte et provoquer un certain nombre d'avancées. En effet, nous avons relevé nombre de manquements chez plusieurs partenaires. Ces manquements ont, pour une grande part, été effacés.
Monsieur le ministre, on sent bien que, hormis deux ou trois points, dont certains sont importants, comme les dates pour lesquelles il faut encore avancer, une entente est possible. J'aimerais que vous puissiez faire passer ce message à l'Assemblée nationale, qui aura maintenant à examiner en dernière lecture un texte qui pourrait convenir à bon nombre de citoyens.
Fidèles à notre ligne de conduite et compte tenu du vote que nous avons émis sur l'article 10, à propos des dates - si nous sommes d'accord sur le fond, nous ne sommes pas d'accord sur la forme - comme en première lecture, nous ne participerons pas au vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Je veux simplement formuler un voeu, celui que le message que nous leur adressons aujourd'hui par notre comportement et par le travail que nous avons effectué, sur toutes travées de cet hémicycle, à droite comme à gauche, soit compris par nos collègues de l'Assemblée nationale.
Nous leur avons montré que nous pouvions, sur un texte politiquement majeur, important dans le domaine de la défense des traditions et de la ruralité française, faire beaucoup de pas les uns vers les autres pour aboutir à un excellent résultat.
Monsieur le ministre, ce n'est sans doute pas vous, malheureusement, qui siégerez au banc du Gouvernement en dernière lecture à l'Assemblée nationale. Je le regrette parce que je sais, comme d'autres ici, que vous êtes chasseur et que, probablement, vous comprenez mieux certaines choses que d'autres.
Je m'arrête là. Je n'en dis pas plus. J'espère simplement que ce voeu, ce message, sera transmis.
En tout cas, nous nous réjouissons de la manière dont nous avons travaillé et, bien sûr, nous voterons le texte tel que nous l'avons réécrit aujourd'hui.
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Comme je le disais ce matin, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes logiques et constants. Aussi émettrons-nous un vote favorable sur le texte issu des travaux du Sénat, d'autant que nous nous réjouissons de l'abandon de la double tutelle et de la reconnaissance du jour sans chasse.
Je formulerai un profond regret cependant, celui de ne pas pouvoir librement légiférer dans notre pays et de devoir subir le poids de directives qui ne sont pas adaptées à la réalité et qui méritent, pour le moins, d'être renégociées au titre de la subsidiarité.
Un autre regret est de voir nos lois et décrets si fragiles au regard de l'Union européenne et de la jurisprudence, dont les décisions souvent contradictoires en la matière ont montré la faiblesse.
Notre espoir serait de voir évoluer sensiblement le projet de décret sur les dates avant l'issue de ce projet de loi et de ne pas revenir à la case départ, ce qui serait encore plus redoutable pour le monde de la chasse.
C'est donc au développement de cet espoir que vont désormais s'employer les députés communistes à l'Assemblée nationale. Leur vote dépendra des progrès toujours possible.
M. le président. La parole est à M. Martin.
M. Pierre Martin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je me permets, tout d'abord, de rappeler, au nom du groupe du Rassemblement pour la République, pour la déplorer à nouveau, l'intransigeance idéologique dont a fait preuve l'Assemblée nationale en nouvelle lecture.
Motivée par le souci de préserver l'unité de façade de la majorité plurielle, dont la « composante verte » reste résolument anti-chasse, le groupe socialiste du Palais-Bourbon a dû accepter un texte dont de nombreuses dispositions auront pour effet ou ont pour objet de déstabiliser la pratique cynégétique et ses institutions représentatives, ainsi que de faire sentir aux ruraux qu'ils devront toujours davantage se plier aux exigences des urbains, soucieux de profiter d'une nature qu'ils entendent partager sans l'entretenir.
A l'inverse, comme en première lecture, la majorité sénatoriale, sous l'impulsion de son excellent rapporteur, notre collègue Anne Heinis, entend préconiser une gestion cynégétique exigeante et responsable et réfléchir à un partage de la nature qui repose sur des droits et des devoirs clairement établis, dans le respect du droit de propriété.
Cette gestion moderne se traduit par de nombreux amendements visant à rendre plus effective et plus sévère la répression du braconnage, à mettre en place des plans de gestion des espèces d'oiseaux migrateurs dont l'état de conservation le justifierait. S'agissant du jour dit de « non-chasse », le Sénat entend déconcentrer la procédure, afin de l'adapter aux réalités du terrain, et donner compétence liée au préfet de suspendre la chasse au gibier sédentaire au minimum un jour par semaine, sur la proposition de la fédération départementale des chasseurs, dans le souci de favoriser une gestion cynégétique de long terme.
S'agissant des aspects « sécurité » et « partage » du jour de non-chasse, le Sénat entend démontrer le formalisme de cette mesure d'affichage : le partage est déjà inégal puisque la chasse ne s'exerce que cinq mois par an - et ce ne sont pas les plus beaux - quand la promenade se voit réserver les sept mois restants. S'il convient de rechercher impérativement les conditions d'une sécurité toujours plus grande, il importe de ne pas appeler « partage » ce qui ne serait, en l'état, qu'une provocation gratuite.
Contrairement à l'Assemblée nationale, le Sénat se refuse de sur-administrer la gestion cynégétique, qui doit demeurer une compétence locale des acteurs de terrain. L'immixtion du préfet dans les schémas départementaux de gestion cynégétique, des prélèvements maximum obligatoires décrétés sans concertation, des plans de chasse arbitraires : tels sont les risques d'un texte qui accroît considérablement les compétences des services du ministère de l'environnement. Cela s'explique par la philosophie de l'Assemblée nationale, exposée à l'article 1er : la chasse n'est plus un droit traditionnel, attribut du droit de propriété, mais un droit octroyé par la société, qui impose en contrepartie de nombreuses obligations.
Contrairement à l'Assemblée nationale, le Sénat fait confiance au système associatif de la chasse pour gérer au quotidien la pratique cynégétique. Il observe que le référé de la Cour des comptes, dont il a été fait surabondamment état dans la presse, critique essentiellement l'Office national de la chasse et, accessoirement, certaines fédérations départementales de chasseurs, sans que les réponses de ces fédérations à la cour aient jamais été publiées, contrairement au caractère écrit et contradictoire de ce type de procédure.
Le texte voté par l'Assemblée nationale est susceptible de déstabiliser gravement le financement des fédérations, de compliquer à l'excès leurs modalités de fonctionnement, de les soumettre à une tutelle tatillonne et vexatoire, alors même qu'elles ne sont financées - faut-il le rappeler ? - que par les contributions financières des chasseurs. Quelle que soit la qualification juridique de ces sommes, il y a quelque malice à vouloir faire croire que les chasseurs entendraient dilapider leur propre argent mis au service de leur passion commune.
S'agissant enfin des dates de chasse au gibier migrateur, le Sénat continue à juger qu'il s'agit d'une disposition de nature législative, que son texte est conforme aux principes d'une gestion durable des espèces, grâce aux amendements tendant respectivement à instaurer des plans de gestion et une clause de sauvegarde en cas de circonstances exceptionnelles, que le Gouvernement n'a consenti strictement aucun effort pour tenter de sensibiliser nos partenaires européens à la nécessité d'asseoir la directive de 1979 sur des fondements juridiques mieux assurés afin d'éviter des interprétations abusives de la Cour de justice européenne.
L'immobilisme du Gouvernement, qui contraste avec sa volonté de modifier ou de ne pas appliquer complètement d'autres directives - mutuelles, libéralisation de la production d'électricité, brevetabilité du vivant... -résulte d'un choix politique et non d'une impossibilité juridique.
Au total, le Sénat entend revenir pour l'essentiel à son texte de première lecture, tel qu'il avait été adopté à la quasi-unanimité des participants au vote, avec des modifications obtenues grâce au bon sens de toutes les composantes de cette assemblée.
Décentralisateur, pragmatique et soucieux d'une gestion durable de la faune sauvage et de ses biotopes, ce texte entend respecter les lois de la nature et non celle d'une idéologie quelconque.
Ce sont les raisons pour lesquelles le groupe du Rassemblement pour la République le votera. (Applaudissements sur les travées du groupe RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Je vous remercie de votre concision. (Sourires.)
La parole est à M. Courteau.
M. Roland Courteau. Monsieur le président, pour reprendre les propos de Jean-Marc Pastor, chacun a pu constater les avancées sur ce texte : avancée, comme il l'a précisé lui-même, sur le jour de non-chasse, avancées sur la question de la double tutelle, sur le rôle des fédérations et sur la notion du guichet unique.
Sur l'article 10 et la fixation des dates, notre amendement était identique à celui de la commission, que, avec quelques-uns de mes collègues, j'ai donc voté.
Nous avons noté également, au cours de cette journée, la volonté commune d'oeuvrer pour assurer le maintien de nos traditions.
Pour toutes ces raisons - je ne serai pas plus long ! - avec Raymond Courrière, Philippe Madrelle, Bernard Dussaut, Jean Besson et Josette Durieu, nous voterons ce projet de loi ainsi modifié. C'est pour nous un appel à une conciliation définitive. (Applaudissements sur certaines travées du groupe socialiste, ainsi que sur celles du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Je ne m'exprimerai pas au nom de mon groupe, mais à titre personnel.
Je voudrais d'abord expliquer à mon collègue Pierre Martin que lorsqu'on se risque à manier l'excès oratoire on se risque aussi à voir son propos rectifié !
Mon cher collègue, vous dénonciez un diktat de la gauche à l'Assemblée nationale. Mais que faisaient vos collègues députés ? Seuls quatre RPR et quatre UDF étaient en séance ! C'est au sein du groupe socialiste - ils étaient seize - et du groupe communiste que s'est trouvée une majorité pour voter contre. (Murmures sur les travées du RPR.)
M. Philippe Madrelle. Sachons de quoi l'on parle !
M. Jean-Louis Carrère. Il faut donc faire attention à ce que l'on dit !
On peut supposer, dans ces conditions, que les députés RPR comme les députés UDF voulaient laisser passer le texte de l'Assemblée nationale...
Mais ne soyons pas politiciens, alors que nous sommes parvenus, me semble-t-il, à travailler dans un meilleur état d'esprit qu'en première lecture.
La seule chose que je regrette - et loin de moi l'idée de faire le moindre accroc à la reconnaissance du travail, de la présence, de la gentillesse et de l'écoute de Mme le rapporteur - c'est que nous ne soyons pas arrivés au cours de la première lecture à cette conclusion.
Certains diront que la procédure d'urgence ne nous en a pas laissé le temps.
M. Gérard César. C'est vrai !
M. Jean-Louis Carrère. La vérité, c'est qu'en première lecture, les uns et les autres, nous avons été un peu politiciens - les uns plus que les autres ! (Sourires.) C'est pourquoi nous n'avons pas pu aboutir.
Rassurez-vous, je n'ai pas encore atteint l'âge de sucrer les fraises (Sourires), je ne vais pas ressasser ni vous rebattre les oreilles avec ce propos ; mais je suis certain que, si nous étions arrivés en commission mixte paritaire forts des avancées que nous avons faites aujourd'hui, aurions-nous réussi ? je n'en suis pas sûr, mais du moins aurions-nous été dans une meilleure position. Parce que nous sommes encore un peu loin du compte !
Sur les fédérations, ce que nous avons fait ici m'agrée. Pourquoi ?
Encore une fois, pas de langue de bois : on à l'intention de combattre CPNT politiquement... Premièrement, que ceux qui ont cette intention le disent. Deuxièmement, pourquoi ? Croyez-vous vraiment que c'est en privant les fédérations de leurs moyens financiers, que c'est en les contrôlant a priori que l'on va combattre un mouvement politique, quel qu'il soit ? Non, moi je dis que c'est une erreur stratégique. Quand on veut faire de la politique, on s'attaque aux causes des choses, et, ici, les causes des choses, c'est peut-être que, dans les zones rurales, à un moment donné, les gens ont eu l'impression d'être un peu délaissés par ceux qui décidaient, par ceux qui faisaient les lois et, au-delà, par celles et ceux qui ne voulaient que profiter des beautés de la nature, de l'apaisement qu'elles procurent et de beaucoup d'autres choses encore, comme ces paysages que je vais rejoindre dès ce soir et où je serai très bien.
Ce n'est pas à eux que je rendrai des comptes, ce n'est pas à Paris, mais aux Landaises et aux Landais qui m'ont élu, à ceux qui attendent de moi un mieux-vivre, une diminution du taux de chômage. Tout ne se décidera pas que dans les Landes, dont nous sommes pourtant les élus. Il faudra tenir compte de l'Europe et de la stratégie nationale. Mais, monsieur le ministre, nous attendons de vous non pas des brimades excessives, fondées sur des interprétations, fondées sur des études scientifiques, mais des informations sur l'état réel des espèces et sur ce que nous pouvons faire, et la fin de ces tracasseries et de ces incertitudes.
Nous vous demandons de tout mettre en oeuvre, lors de la dernière lecture à l'Assemblée nationale, pour que le texte ne soit pas permissif pour être permissif, mais qu'il soit cohérent avec les discours qui ont été tenus, pour qu'il ne nous conduise pas à croire que c'est la guerre des uns contre les autres, à croire qu'il y aurait victoire des opposants à la chasse sur les chasseurs ou victoire des chasseurs sur ceux qui ne le sont pas.
Il faut trouver un équilibre qui puisse être accepté par les uns et par les autres. Cela prendra du temps, mais il faut que tout le monde s'y retrouve.
Je souhaite que l'Assemblée nationale prenne en compte les votes unanimes que nous avons pu émettre sur de nombreux amendements. L'évolution des uns et des autres sera facile à lire.
Nous ne pouvons pas voter ce texte, monsieur le président, et je le regrette, en raison de la non-légalité de la fixation des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse dans la loi. Je regrette que l'on ne soit pas parvenu à un accord sur ce point. J'adhère à 95 % aux dispositions prévues dans ce texte, et je ferai tout mon possible pour que mes collègues députés en tirent la substantifique moelle en ultime lecture, afin que les chasseurs de France et ceux qui souhaitent profiter de notre chère nature dans les zones rurales puissent y trouver leur compte. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je voudrais tout d'abord remercier mes collègues des efforts qu'ils ont tous faits pour que nous construisions ensemble ce que nous aurions voulu être une très bonne loi sur la chasse. Certes, aucune loi n'est parfaite. Mais j'espère que nous avons progressé dans la bonne direction et que l'Assemblée tiendra compte du texte du Sénat, en particulier des dispositions qui ont été votées à l'unanimité, comme vient de le rappeler M. Carrère. C'est d'autant plus important que, le Parlement n'étant constitué de deux chambres, ce sont nos apports mutuels qui contribuent à rendre progressivement un texte meilleur. Ce fut notre unique objectif.
Je remercie particulièrement les collègues avec qui j'ai davantage travaillé, le grand intérêt qu'ils portaient à cette loi les ayant conduits à déposer des amendements qui ont fait également progresser les choses. Le groupe politique auquel j'appartiens a eu une attitude très positive.
M. Serge Vinçon. Le groupe RPR aussi !
Mme Anne Heinis, rapporteur. Je remercie l'ensemble des groupes de la majorité, qui m'ont aidée.
Je dois dire que nous avons également eu des rapports extrêmement constructifs avec ceux de l'opposition.
Je remercie enfin mes collaboratrices, qui m'ont apporté une aide considérable, sans laquelle on ne pourrait faire de bons textes, cela dans des circonstances d'autant plus difficiles que plusieurs textes importants - le projet de loi relatif à la solidarité et au renouvellement urbains, par exemple - se sont télescopés, les obligeant à travailler jusque tard dans la nuit.
Il me reste à souhaiter bon vent et bon succès...
M. Gérard César. A la chasse !
Mme Anne Heinis, rapporteur. ... à la chasse bien sûr ! (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Monsieur le président, madame le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens à vous dire le plaisir que j'ai eu à participer à vos débats, d'autant qu'entre la première lecture et cette nouvelle lecture la tonalité a changé.
M. Gérard César. Il n'y avait pas Dominique Voynet !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Cela n'est pas dû, je crois, à la présence ou à l'absence de tel ou tel ministre du Gouvernement.
M. Gérard César. Si !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Quand j'ai su que je représenterais le Gouvernement pour l'examen de ce projet devant la Haute Assemblée, j'ai relu les déclarations de Dominique Voynet. Je me suis rendu compte que les blocages qui se sont produits, ou les procès d'intention qui ont pu être faits, étaient dus, la plupart du temps, à des propos ou à des écrits qui ont été les siens ou ceux des Verts, mais avant que Dominique Voynet ne soit membre du Gouvernement.
Depuis qu'elle est entrée au Gouvernement, et malgré les attaques indignes dont elle a été victime, notamment au cours de certaines manifestations, elle a toujours essayé de donner aux uns et aux autres la possibilité de se retrouver pour discuter et rechercher un compromis, car, elle en est intimement persuadée, quelle que soit la qualité du texte de loi ou du décret, nous ne réussirons à nous en sortir que si nous parvenons à un véritable compromis sur ce sujet. Dans le cas contraire, je vous le dis une nouvelle fois, mesdames, messieurs les sénateurs, nous aurons des problèmes, que ce soit devant la juridiction européenne, devant un tribunal administratif, avec les écologistes ou avec les chasseurs !
Puisque Mme le rapporteur vient de faire le lien entre les heures que nous avons consacrées ici, avec quelques-uns d'entre vous, à la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains et l'examen de ce texte sur la chasse, permettez-moi de revenir sur la conclusion formulée par le dernier orateur.
Ce dossier relève vraiment de l'aménagement du territoire. Que ce soit en zone urbaine ou en zone rurale, une partie de nos concitoyens se sent aujourd'hui délaissée et à l'écart du développement de notre pays. Lorsqu'une partie de la population ne se sent plus concernée par le discours dominant, qu'elle se sent broyée tant par la constrution européenne que par la marche de la société, après la fracture sociale, dont on a beaucoup parlé, le risque de fracture territoriale est grand ! Il nous faut retenir et prendre en compte le message important qui nous est délivré, au-delà des problèmes spécifiques à la chasse, par les femmes et les hommes qui se sont retrouvés autour de ce dossier : ils veulent pouvoir vivre sur le territoire qu'ils ont choisi, en ayant la possibilité, comme M. Carrère le faisait remarquer ce matin, d'en changer en fonction de leur activité professionnelle, de leur âge, de leurs nécessités familiales. Ils souhaitent surtout, quel que soit le territoire qu'ils ont choisi, se sentir considérés en tant que citoyens.
J'espère que leur inquiétude sera prise en compte par l'Assemblée nationale.
Quant à moi, je ne manquerai pas de rapporter vos interventions à Dominique Voynet et je vous prie de croire en sa volonté de trouver, sur ce sujet aussi, un consensus qui permette à la France de montrer à la Communauté que, tout en acceptant les règles européennes, elle a aussi envie qu'il soit tenu compte d'un certain nombre de ses traditions. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Mes chers collègues, je voudrais, à mon tour, vous remercier de la célérité dont vous avez fait preuve tout au long de nos travaux et qui va permettre à chacun de nous, comme le disait M. Carrère, de regagner le petit coin de nature qui lui est cher.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 85:

Nombre de votants 249
Nombre de suffrages exprimés 243
Majorité absolue des suffrages 122
Pour l'adoption 243

Le Sénat a adopté. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du RPR.) 8

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION
DE LOI CONSTITUTIONNELLE

M. le président. J'ai reçu de MM. Christian Poncelet, Jean-Paul Delevoye, Jean-Pierre Fourcade, Jean Puech et Jean-Pierre Raffarin une proposition de loi constitutionnelle relative à la libre administration des collectivités territoriales et à ses implications fiscales et financières.
La proposition de loi constitutionnelle sera imprimée sous le n° 432, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

9

TRANSMISSION D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le président de l'Assemblée nationale une proposition de loi, modifiée par l'Assemblée nationale, tendant à renforcer la prévention et la répression à l'encontre des groupements à caractère sectaire.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 431, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.

10

TEXTE SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil autorisant la France à appliquer une exonération de droits d'accise sur certaines huiles minérales utilisées à des fins spécifiques, conformément à la procédure prévue par l'article 8, paragraphe 4, de la directive 92/81/CEE.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1474 et distribué.

11

DÉPÔT DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Philipe Marini un rapport, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sur le projet de loi de finances rectificative pour 2000, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture (n° 428, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 433 et distribué.
J'ai reçu de M. Jacques Chaumont un rapport, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République d'Estonie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscale en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole) (n° 78, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 434 et distribué.
J'ai reçu de M. Jacques Chaumont un rapport, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République de Lettonie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscale en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole) (n° 79, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 435 et distribué.
J'ai reçu de M. Jacques Chaumont un rapport, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République de Lituanie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscale en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole) (n° 80, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 436 et distribué.
J'ai reçu de M. Jacques Chaumont un rapport, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République d'Arménie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole) (n° 26, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 437 et distribué.

12

DÉPÔT D'UN RAPPORT D'INFORMATION

M. le président. J'ai reçu de M. Paul Masson un rapport d'information fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur la coopération européenne dans le domaine de l'immigration.
Le rapport d'information sera imprimé sous le n° 438 et distribué.

13

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au lundi 26 juin 2000, à quinze heures et, éventuellement, le soir :
1. Discussion en nouvelle lecture du projet de loi de finances rectificative pour 2000 (n° 428, 1999-2000), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture.
Rapport (n° 433, 1999-2000) de M. Philippe Marini, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi : samedi 24 juin 2000, à seize heures.
Scrutin public ordinaire de droit sur l'ensemble du projet de loi.
2. Discussion du projet de loi (n° 350, 1999-2000), adopté par l'Assemblée nationale, portant règlement définitif du budget de 1998.
Rapport (n° 374, 1999-2000) de M. Philippe Marini, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Le délai limite pour le dépôt des amendements est expiré.
Scrutin public ordinaire de droit sur l'ensemble du projet de loi.
3. Discussion en deuxième lecture de la proposition de loi (n° 379, 1999-2000), adoptée par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, relative à la constitution d'une commission de contrôle nationale et décentralisée des fonds publics accordés aux entreprises.
Rapport (n° 385, 1999-2000) de M. Joseph Ostermann, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Le délai limite pour le dépôt des amendements est expiré.
4. Discussion du projet de loi (n° 80, 1999-2000) autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République de Lituanie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et la fortune (ensemble un protocole).
Rapport (n° 436, 1999-2000) de M. Jacques Chaumont, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
5. Discussion du projet de loi (n° 78, 1999-2000) autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République d'Estonie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et la fortune (ensemble un protocole).
Rapport (n° 434, 1999-2000) de M. Jacques Chaumont, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
6. Discussion du projet de loi (n° 79, 1999-2000) autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République de Lettonie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et la fortune (ensemble un protocole).
Rapport (n° 435, 1999-2000) de M. Jacques Chaumont, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
La conférence des présidents a décidé que ces trois projets de loi feraient l'objet d'une discussion générale commune.
7. Discussion du projet de loi (n° 26, 1999-2000) autorisant l'approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République d'Arménie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole).
Rapport (n° 437, 1999-2000) de M. Jacques Chaumont, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.

Délais limites pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements

Proposition de loi, modifiée par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, relative à la protection des trésors nationaux et modifiant la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 relative aux produits soumis à certaines restrictions de circulation et à la complémentarité entre les services de police, de gendarmerie et de douane (n° 300, 1999-2000) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 26 juin 2000, à dix-sept heures.
Projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, relative à la liberté de communication (n° 418, 1999-2000) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 26 juin 2000, à dix-sept heures.
Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, instaurant une Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'Etat français et d'hommage aux « Justes » de France (n° 244, 1999-2000) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 27 juin 2000, à dix-sept heures.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à la sécurité du dépôt et de la collecte de fonds par les entreprises privées (n° 380, 1999-2000) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 27 juin 2000, à dix-sept heures.
Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la prolongation du mandat et à la date de renouvellement des conseils d'administration des services d'incendie et de secours ainsi qu'au reclassement et à la cessation anticipée d'activités des sapeurs-pompiers professionnels (n° 405, 1999-2000) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 27 juin 2000, à dix-sept heures.
Proposition de loi, modifiée par l'Assemblée nationale, interdisant les candidatures multiples aux élections cantonales (n° 301, 1999-2000) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 27 juin 2000, à dix-sept heures.
Projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, relatif à l'élargissement du conseil d'administration d'Air France et aux relations avec l'Etat, et portant modification du code de l'aviation civile (n° 369, 1999-2000) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 27 juin 2000, à dix-sept heures.
Projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à la durée du mandat du Président de la République (n° 423, 1999-2000) :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mercredi 28 juin 2000, à dix-sept heures ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 28 juin 2000, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à vingt heures dix.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Situation des demandeurs d'asile

859. - 22 juin 2000. - M. André Vallet attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur le parcours du demandeur d'asile qui précède la décision de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Il lui rappelle que les demandeurs d'asile doivent se présenter à la préfecture, au bureau des étrangers, où une convocation leur est transmise. Ce document leur tient lieu de pièce légale de séjour. Il lui rappelle qu'entre le moment où le demandeur d'asile reçoit sa convocation et le jour où il sera reçu, s'écoulent souvent entre trois et cinq mois. Par ailleurs, il lui indique qu'au cours de ce délai, la préfecture ne se préoccupe ni de connaître les moyens de subsistance du demandeur d'asile ni de l'assister dans les démarches nécessaires à la constitution de son dossier. Il lui indique en outre que, depuis le 1er octobre 1991, la délivrance de ce titre de séjour provisoire ne vaut plus autorisation de travail et que les aides publiques apportées au demandeur d'asile sont très insuffisantes. Ainsi, l'étranger est bien souvent contraint de faire appel aux associations pour survivre. Dès lors, est-il admissible qu'un demandeur d'asile qui a fui son pays, qui est traumatisé, tant physiquement que psychologiquement, soit réduit à vivre dans une telle précarité, alors que le minimum consisterait à l'accueillir convenablement pendant l'étude de son cas ?



ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du jeudi 22 juin 2000


SCRUTIN (n° 84)



sur l'amendement n° 25, présenté par Mme Anne Heinis au nom de la commission des affaires économiques, à l'article 10 du projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture, relatif à la chasse.

Nombre de votants : 249
Nombre de suffrages exprimés : 246
Pour : 246
Contre : 0

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (17) :
Pour : 17.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 20.
Abstentions : 3. - MM. Jean-Michel Baylet, André Boyer et Gérard Delfau.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :

Pour : 98.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (77) :

Pour : 6. - MM. Jean Besson, Raymond Courrière, Roland Courteau, Mme Josette Durrieu et MM. Bernard Dussaut et Philippe Madrelle.
N'ont pas pris part au vote : 71.
dont M. Guy Allouche, qui présidait la séance.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Pour : 46.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :

Pour : 7.

Ont voté pour


François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Jean-Yves Autexier
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jean Besson
Danielle Bidard-Reydet
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Nicole Borvo
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Robert Bret
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Yvon Collin
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Raymond Courrière
Roland Courteau
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Jacques Donnay
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Guy Fischer
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Thierry Foucaud
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Alain Hethener
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Roger Karoutchi
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Gérard Le Cam
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Pierre Lefebvre
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Paul Loridant
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Hélène Luc
Jacques Machet
Philippe Madrelle
Kléber Malécot
André Maman
Max Marest
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Roland Muzeau
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jack Ralite
Jean-Marie Rausch
Ivan Renar
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Odette Terrade
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Paul Vergès
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Abstentions


MM. Jean-Michel Baylet, André Boyer et Gérard Delfau.

N'ont pas pris part au vote


Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Pierre Biarnès
Marcel Bony
Yolande Boyer
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Gérard Collomb
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Claude Estier
Léon Fatous
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Louis Le Pensec
André Lejeune
Claude Lise
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Paul Raoult
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat et Guy Allouche, qui présidait la séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.

SCRUTIN (n° 85)



sur l'ensemble du projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture, relatif à la chasse.

Nombre de votants : 249
Nombre de suffrages exprimés : 243
Pour : 243
Contre : 0

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (17) :
Pour : 16.
Abstention : 1. - M. Jack Ralite.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 18.
Abstentions : 5. - MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Gérard Delfau et Lylian Payet.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :
Pour : 98.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (77) :

Pour : 6. - MM. Jean Besson, Raymond Courrière, Roland Courteau, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut et Philippe Madrelle.
N'ont pas pris part au vote : 71.
dont M. Guy Allouche, qui présidait la séance.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Pour : 46.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :

Pour : 7.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Jean-Yves Autexier
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jean Besson
Danielle Bidard-Reydet
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Nicole Borvo
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Robert Bret
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Yvon Collin
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Raymond Courrière
Roland Courteau
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Jacques Donnay
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Guy Fischer
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Thierry Foucaud
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Alain Hethener
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Roger Karoutchi
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Gérard Le Cam
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Pierre Lefebvre
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Paul Loridant
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Hélène Luc
Jacques Machet
Philippe Madrelle
Kléber Malécot
André Maman
Max Marest
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Roland Muzeau
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Ivan Renar
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Odette Terrade
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Paul Vergès
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Abstentions


MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Gérard Delfau, Lylian Payet et Jack Ralite.

N'ont pas pris part au vote


Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Pierre Biarnès
Marcel Bony
Yolande Boyer
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Gérard Collomb
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Claude Estier
Léon Fatous
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Louis Le Pensec
André Lejeune
Claude Lise
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Paul Raoult
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat et Guy Allouche, qui présidait la séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.