Séance du 1er décembre 1999






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Loi de finances pour 2000. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 1 ).

Article 35 (p. 2 )

MM. Denis Badré, rapporteur spécial de la commission des finances ; Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Hubert Haenel, président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne ; Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Bernard Joly, Bernard Angels, André Ferrand.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes.
Adoption de l'article.

Suspension et reprise de la séance (p. 3 )

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE

3. Scrutin pour l'élection d'un juge suppléant de la Cour de justice de la République (p. 4 ).

4. Candidature à un office parlementaire (p. 5 ).

5. Loi de finances pour 2000. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 6 ).

Article 22. - Adoption (p. 7 )

Article additionnel après l'article 22 (p. 8 )

Amendement n° I-200 de Mme Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie ; Paul Loridant. - Rejet.

Article 22 bis. - Adoption (p. 9 )

Articles additionnels après l'article 22 bis (p. 10 )

Amendement n° I-100 de Mme Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud, MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° I-201 rectifié de Mme Beaudeau. - MM. Paul Loridant, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° I-203 de M. Vergès. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Rejet.

Article 23 (p. 11 )

Amendement n° I-240 rectifié de M. Gaillard. - MM. Yann Gaillard, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Michel Charasse. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 24 (p. 12 )

Amendement n° I-39 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels avant l'article 24 bis (p. 13 )

Amendement n° I-283 de M. Arthuis et sous-amendement n° I-298 de M. Charasse. - MM. Jean Arthuis, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Alain Lambert, président de la commission des finances ; Michel Charasse, Philippe Arnaud. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel.
Amendement n° I-284 de M. Arthuis. - Retrait.

Article 24 bis (p. 14 )

Amendement n° I-40 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 24 ter (p. 15 )

MM. Philippe Arnaud, le rapporteur général.
Adoption de l'article.

Article 24 quater (p. 16 )

Amendement n° I-144 de M. Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article additionnel avant l'article 24 quinquies (p. 17 )

Amendement n° I-158 de M. Bécart. - MM. Jean-Luc Mélenchon, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Jacques Oudin, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques-Richard Delong, Bernard Angels, Joël Bourdin, Mme Gisèle Printz, MM. Yves Fréville, Paul Loridant, Charles Descours, Hilaire Flandre, Philippe Arnaud. - Rejet par scrutin public.

6. Election d'un juge suppléant à la Cour de justice de la République (p. 18 ).

7. Prestation de serment (p. 19 ).

8. Nomination d'un membre d'un office parlementaire (p. 20 ).

9. Loi de finances pour 2000. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 21 ).

Article 24 quinquies (p. 22 )

M. Bernard Angels.
Amendements n°s I-41 de la commission et I-145 de M. Angels. - MM. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Bernard Angels, Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Jean Chérioux. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement n° I-41 supprimant l'article, l'amendement n° I-145 devenant sans objet.

Article 24 sexies (p. 23 )

Amendement n° I-42 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Articles additionnels après l'article 24 sexies (p. 24 )

Amendement n° I-259 de M. Oudin. - MM. Jacques Delong, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° I-261 de M. Oudin. - MM. Jacques Delong, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.Amendement n° I-43 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° I-296 du Gouvernement. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 25 (p. 25 )

Amendement n° I-44 de la commission. - Adoption.
Amendement n° I-45 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 26. - Adoption (p. 26 )

Article additionnel après l'article 26 (p. 27 )

Amendement n° I-202 rectifié de Mme Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Paul Loridant, Mmes Hélène Luc, Marie-Claude Beaudeau. - Rejet.

Article 27. - Adoption (p. 28 )

Article 27 bis (p. 29 )

Amendements identiques n°s I-46 de la commission et I-68 rectifié de M. Richert. - M. le rapporteur général, Mme Annick Bocandé, MM. le secrétaire d'Etat, Alain Lambert, président de la commission des finances ; Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Yves Fréville, Jacques Oudin, Hilaire Flandre, Yann Gaillard, Jean Delaneau. - Adoption des amendements supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 27 bis (p. 30 )

Amendement n° I-291 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Jacques Oudin, Michel Charasse. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 28 (p. 31 )

Amendement n° I-47 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 28 bis (p. 32 )

Amendement n° I-48 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article additionnel après l'article 28 bis (p. 33 )

Amendement n° I-263 rectifié de M. Oudin. - MM. Jacques Oudin, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 29 (p. 34 )

Amendement n° I-49 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Mme Marie-Claude Beaudeau. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Suspension et reprise de la séance (p. 35 )

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE

Mise au point au sujet d'un vote (p. 36 )

MM. Emmanuel Hamel, le président.

Articles additionnels après l'article 29 (p. 37 )

Amendement n° I-116 rectifié bis de M. Loridant et sous-amendement n° I-297 rectifié bis de M. Charasse. - MM. Paul Loridant, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 30 (p. 38 )

Amendement n° I-50 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendements identiques n°s I-51 de la commission et I-69 de M. Badré. - MM. le rapporteur général, Jean-Jacques Hyest, le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 31 (p. 39 )

M. Jacques Oudin.
Amendements identiques n°s I-52 de la commission et I-104 rectifié de M. Oudin ; amendements n°s I-161 de M. Joly, I-265 de M. Oudin, I-156 de M. du Luart et I-285 de M. Souplet. - MM. le rapporteur général, Jacques Oudin, Bernard Joly, Joël Bourdin, Philippe Arnaud, le secrétaire d'Etat, Paul Loridant, Jean-Marc Pastor. - Retrait des amendements n°s I-104 rectifié et I-265 ; adoption de l'amendement n° I-52 supprimant l'article, les autres amendements devenant sans objet.

Article additionnel après l'article 31 (p. 40 )

Amendement n° I-105 rectifié de M. Oudin. - MM. Jacques Oudin, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Roland du Luart. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 31 bis (p. 41 )

Amendements n°s I-53 de la commission, I-101 de M. Sergent et I-60 de M. Bordas. - MM. le rapporteur général, Michel Sergent, James Bordas, au nom de la commission des affaires culturelles ; le secrétaire d'Etat, Paul Loridant, Alain Joyandet, Thierry Foucaud, le président de la commission, Jean Bernard, Louis Boyer. - Adoption de l'amendement n° I-53 supprimant l'article, les amendements n°s I-101 et I-60 devenant sans objet.

Article additionnel après l'article 31 bis (p. 42 )

Amendement n° I-102 de M. Angels. - MM. Bernard Angels, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Article 32. - Adoption (p. 43 )

Article 33 (p. 44 )

M. Jacques Oudin.
Amendement n° I-54 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Jacques Oudin. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 33 (p. 45 )

Amendement n° I-266 de M. Le Grand. - MM. Jean-François Le Grand, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article additionnel avant l'article 34
ou après l'article 34 (p. 46 )

Amendements n°s I-55 de la commission et I-207 de M. Foucaud. - MM. le rapporteur général, Thierry Foucaud, le secrétaire d'Etat, Bernard Angels. - Adoption de l'amendement n° I-55 insérant un article additionnel avant l'article 34, l'amendement n° I-207 devenant sans objet.

Articles additionnels avant l'article 34 (p. 47 )

Amendement n° I-204 de M. Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendements n°s I-70 rectifié et I-71 de M. Diligent. - MM. André Diligent, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement n° I-70 rectifié insérant un article additionnel, l'amendement n° I-71 devenant sans objet.
Amendement n° I-212 de M. Arnaud. - MM. Philippe Arnaud, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET

Article 34 (p. 48 )

Amendement n° I-205 de M. Foucaud ; amendements identiques n°s I-56 de la commission et I-157 de M. du Luart. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Roland du Luart, le secrétaire d'Etat, Gérard Miquel. - Retrait de l'amendement n° I-157 ; rejet de l'amendement n° I-205 ; adoption de l'amendement n° I-56.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 34 (p. 49 )

Amendement n° I-162 rectifié bis de M. Soucaret. - MM. Raymond Soucaret, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Daniel Hoeffel. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° I-206 de M. Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Gérard Miquel. - Rejet.

Article 34 bis (p. 50 )

Amendement n° I-57 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° I-58 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 34 bis (p. 51 )

Amendement n° I-146 de M. Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Jean Delaneau. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 34 ter (p. 52 )

Amendement n° I-211 de Mme Bardou. - Mme Janine Bardou, MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article.

Article 34 quater (p. 53 )

Amendement n° I-59 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 35 (p. 54 )

Amendement n° I-286 rectifié de M. Othily. - MM. Jacques Bimbenet, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
MM. le secrétaire d'Etat, le président.

Suspension et reprise de la séance (p. 55 )

Article 36 et état A annexé (p. 56 )

Amendement n° I-299 du Gouvernement. - MM. le secrétaire d'Etat, le président de la commission.

Suspension et reprise de la séance (p. 57 )

M. le rapporteur général. - Adoption de l'amendement n° I-299.
Adoption de l'article et de l'état annexé modifiés.

Vote sur l'ensemble de la première partie (p. 58 )

MM. le rapporteur général, le président de la commission, Gérard Braun, Thierry Foucaud, Jacques Bimbenet, Michel Sergent, Serge Franchis, Jean Delaneau, le président, le secrétaire d'Etat.
Adoption, par scrutin public, de la première partie du projet de loi.

10. Communication de l'adoption définitive de textes soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 59 ).

11. Dépôt d'un projet de loi (p. 60 ).

12. Textes soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 61 ).

13. Dépôt de rapports (p. 62 ).

14. Ordre du jour (p. 63 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

LOI DE FINANCES POUR 2000

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2000 (n° 88, 1999-2000), adopté par l'Assemblée nationale. [Rapport n° 89 (1999-2000).]
Nous allons examiner l'article 35, relatif à l'évaluation du prélèvement opéré sur les recettes de l'Etat au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes.

Article 35



M. le président.
« Art. 35. _ Le montant du prélèvement effectué sur les recettes de l'Etat au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes est évalué pour l'exercice 2000 à 98,5 milliards de francs. »
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Denis Badré, rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans les annales de l'Europe, 1998 restera une année exceptionnelle du fait de l'adoption d'une monnaie unique par onze Etats. Ce fut un de ces événements chargés de sens qui modifient le cours de l'histoire et justifient l'espérance.
Inversement, l'année 1999 ne devrait pas laisser un souvenir impérissable. Les conclusions de l'Agenda 2000, comme l'adoption de la nouvelle programmation financière pour la période 2000-2006, relèvent bien de compromis. Ces décisions ont permis d'éviter les drames redoutés et, pour ce faire, elles ont un peu contourné les difficultés. Elles ne sont donc pas marquées du signe de l'audace, de l'audace qui prépare vraiment l'avenir.
Pourtant, les occasions, et même les appels à revenir à l'essentiel, ne manquent pas. Je pense évidemment, en particulier, à l'élargissement, qui devrait nous bousculer et qui nous presse d'apporter de solides réponses aux questions fondamentales liées à la construction européenne : jusqu'où ? Pour faire quoi ? Comment ?
Notre débat sur l'article 35 du projet de loi de finances - article qui fixe à 98,5 milliards de francs le prélèvement sur ressources représentant notre contribution à un budget de l'Union lui-même assez terne - se situe donc dans un contexte sans éclat, et je le regrette.
Plutôt que d'analyser le projet en détail, je vais limiter mon propos à quelques observations de fond qui justifient de retenir notre attention. Je m'arrêterai donc sur les discussions relatives à la fameuse question dite des « soldes nets » et aux grands équilibres du budget, en commençant cependant par un vrai sujet : celui des conditions de vote de ce budget.
Nous rappelons chaque année que, sauf à ouvrir une crise, notre vote est lié, ce qui n'est pas bon. Mais il y a pire que cela. De nouvelles exigences du Parlement européen vont alourdir la contribution arrêtée par notre projet de loi de finances à 98,5 milliards de francs. Le Parlement européen demande en effet - c'est le jeu de la codécision - une réévaluation de 3,5 milliards d'euros du projet de budget européen retenu par le Conseil, lequel était sagement en retrait d'un milliard d'euros par rapport à l'avant-projet préparé par la Commission.
Ces 3,5 milliards d'euros d'augmentation demandés par le Parlement européen représentent 3,5 milliards de francs de contribution supplémentaire pour la France, ce qui portera à 102 milliards de francs le prélèvement sur ressources à prendre en compte dans notre projet de loi de finances. Notre contribution aura ainsi progressé de 9 % par rapport à celle de 1999, qui avait finalement été arrêtée non pas à 95 milliards de francs, comme nous l'avions votée, mais à 93,5 milliards de francs, les 95 milliards de francs apparaissant clairement comme faisant la part d'un certain nombre de provisions.
Mes chers collègues, nous sommes appelés à voter un prélèvement sans pouvoir vraiment le refuser et en sachant cette année qu'il est sous-estimé.
Le nouvel accord interinstitutionnel confirme que le Parlement européen dispose de marges de manoeuvre pour augmenter les crédits retenus par le Conseil. Le jeu institutionnel actuel se déroule donc normalement. Cette procédure ne convient plus. Elle mène à l'irresponsabilité - ou au moins à des risques d'accusation d'irresponsabilité - et certainement pas à la transparence. Nous qui voulons gérer avec la plus grande rigueur la dépense publique, nous qui assumons notre responsabilité, qui est aussi de voter l'impôt, nous ne pouvons pas ne pas nous interroger lorsque nous voyons qu'ici ce sont des assemblées différentes qui sont appelées à voter les recettes - les parlements nationaux - et les dépenses - le Parlement européen.
Sur de telles bases, l'Europe démocratique, l'Europe des citoyens que nous appelons de nos voeux a des progrès à faire. Quelle démocratie laisserait son Parlement augmenter les charges sans assumer les conséquences politiques de ses choix ?
Ce cri d'alarme, je l'exprime parce que je crois en l'Europe, parce que je veux voir se poursuive la construction d'une union politique qui est exemplaire et qui entend compter dans le monde. Alors il est urgent de progresser aussi sur la question de la nature du budget. Le débat institutionnel qui est ouvert, monsieur le ministre, doit faire toute sa place à cette question, question pratique, question de tous les jours, mais également question au moins aussi politique que les autres.
J'en viens aux réflexions sur la question des soldes nets, chère à certains Etats membres.
Nous ne pouvons pas ne pas écouter les pays qui ont déclenché ce débat et qui estiment que l'Europe leur coûte trop cher ou qu'elle ne leur rapporte pas assez. Ces réactions qui sont manifestement anti-européennes ou qui ne sont pas directement marquées par l'esprit européen, sont d'autant plus vives que rien ne vient rassurer ces Etats membres quant aux conséquences budgétaires de l'élargissement de l'Union. Voilà bien un de ces sujets que l'on évite soigneusement, car il pourrait fâcher !
Le rapport que j'ai eu l'honneur de signer sur ce sujet en 1996 - voilà déjà trois ans ! - analysait les dépenses budgétaires liées à l'élargissement, lesquelles, je le démontrais, pouvaient assez largement être contenues, pour peu que s'exprime une volonté politique forte de profiter de l'opportunité de l'élargissement pour revoir certaines politiques.
Ce rapport décrivait aussi les retours souvent économiques plus que budgétaires dont allaient bénéficier la plupart de nos Etats du fait de l'élargissement.
Ce type de logique - retours économiques sur investissement budgétaire - montre bien qu'un investissement budgétaire peut produire un retour économique. Le solde net est alors difficile, voire impossible, à calculer. Il n'a plus de sens.
La logique du juste retour n'est au demeurant pas du tout dans l'esprit européen, lequel nous appelle non seulement à faire mieux ensemble que ce que nous aurions fait moins bien séparément, mais aussi à faire dans l'Union des choses qu'aucun Etat n'aurait fait seul. Je parle, par exemple, de ce que l'on pourrait appeler la production de paix, la production de liberté, la production de droits de l'homme, la production de démocratie.
Par définition, le chacun pour soi ne sert pas l'Union. Il faut choisir : si l'on décide d'agir ensemble, c'est que cela représente un progrès et que l'on est prêt à en payer le prix. C'est tout le débat sur la souveraineté que j'aborde au passage, mais j'en resterai là.
Politiquement irresponsable, le débat sur les retours nets est également sans fondement, ni comptable ni économique.
On compare en effet des réalités qui ne sont pas comparables : 85 % des recettes proviennent des contributions nationales - cela diminue chaque année -, mais 75 % environ seulement du budget est redistribué pour être affecté géographiquement dans tel ou tel Etat. En moyenne, le solde net est donc négatif - moins de redistribution que d'apport -, du seul fait qu'il existe des politiques qui servent directement l'Union et non ses membres. C'est la logique de la construction européenne. Il est donc normal que l'on redistribue moins que ce que l'on collecte.
N'oublions pas que le solde du Royaume-Uni dépend du taux de change entre l'euro et la livre. Les conditions d'exécution des différentes politiques sont diverses. La dépense agricole s'exécutant mieux que d'autres, la France profite davantage de celle-ci et se retrouve, de ce fait, en situation moins favorable au jeu des soldes nets.
Inversement, la Belgique et le Luxembourg oublient de comptabiliser les retombées de toutes sortes de l'installation d'institutions de l'Union sur leur territoire.
Les liens commerciaux de l'Allemagne avec l'Europe centrale font davantage profiter ce pays des programmes PHARE, même si ceux-ci apparaissent à l'Est. Plus généralement, les politiques structurelles sont souvent mises en oeuvre avec le concours d'entreprises venant d'autres Etats membres que l'Etat qui en bénéficie directement.
Les droits de douane perçus aux frontières de l'Union et qui constituent une ressource propre devraient être exclus du calcul des soldes, et l'« effet Rotterdam » est bien connu.
On pourrait multiplier les exemples qui ruinent la crédibilité de l'analyse des soldes nets.
Monsieur le ministre, nous avons dit « Europe politique », nous avons dit « Union ». Là encore, quelques progrès restent à faire pour que l'Union devienne réalité. Les pères de l'Europe ne nous ont pas engagés dans cette aventure extraordinaire pour qu'elle s'enlise dans des discussions de copropriétaires.
En fait, les contributions des Etats correspondent assez bien à leurs capacités contributives, le cas du Royaume-Uni mis à part. Si des écarts entre les contributions nettes existent, ils s'expliquent par la structure des dépenses européennes, lesquelles résultent pour l'essentiel, nous le savons, de deux politiques historiques qui ont été consacrées par les traités et qui ont, l'une et l'autre, un sens profond : la politique agricole commune et la politique de cohésion.
Nous savons à qui chacune d'elles profite, mais c'est là encore un choix initial consacré par les traités que l'équilibre actuel du budget traduit très naturellement. Il ne faut donc pas s'en étonner ; nous l'avons voulu.
Cela dit, des redéploiements peuvent et doivent aujourd'hui intervenir, si nous ne voulons pas manquer les grands rendez-vous de l'Europe avec l'histoire. J'évoque ainsi dans mon rapport - et j'y reviens - les problèmes posés par l'élargissement, qui sont maintenant devant nous, ainsi que l'absence, dans le budget européen, des moyens de régulation qui pourraient être nécessaires pour contrer, au sein de l'union monétaire, les effets d'éventuels chocs asymétriques, nous l'avons déjà dit, et c'est un sujet qu'il ne faut pas traiter par le mépris. Rien de tout cela ne figure dans la programmation de Berlin, et c'est regrettable.
Des Polonais me faisaient récemment part de leur inquiétude, face à ce qu'ils perçoivent comme des tergiversations, voire des hésitations de notre part. Ils se sentent aussi européens que nous et ils ont le sentiment d'avoir un peu payé, pendant un demi-siècle, le prix de notre prospérité et de notre liberté.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Très bien !
M. Denis Badré, rapporteur spécial. L'élargissement ne peut être une simple rubrique budgétaire ni même une politique parmi d'autres. L'élargissement, c'est ce qui donne sens et portée à une construction européenne qui appelle les peuples, tous les peuples, de notre continent à rejoindre progressivement un projet commun, un projet qui rende contagieuses la paix et la liberté. A terme, et comme ce fut toujours le cas, l'élargissement sera bénéfique pour tous, anciens et nouveaux membres, sur le plan de la prospérité comme sur celui de la sécurité.
Traiter à fond les problèmes qui se posent, c'est l'intérêt de tous et c'est toujours ainsi que, pragmatiquement, l'Union européenne a progressé. Faisons-le cependant sans frilosité. Ce ne serait ni efficace, ni, surtout, digne de ce que nous avons fait jusqu'à présent, ni digne de nos ambitions.
Dans ces conditions de bouclage un peu rapide en application de nouvelles perspectives peu satisfaisantes, le projet de budget européen pour 2000 ne pouvait pas être excellent malgré des circonstances plutôt favorables.
Celles-ci tiennent d'abord au redémarrage de l'économie européenne, qui vient beaucoup de l'assainissement budgétaire réalisé au niveau de chaque Etat membre pour entrer dans l'union monétaire.
C'est bien l'Europe qui a fait prévaloir partout une sagesse budgétaire dont chacun se trouve bien ! La reprise vient aussi de l'euro lui-même et de la réduction des taux d'intérêt qui a accompagné sa mise en place. Cela aussi, il faut en créditer l'Europe et il faut le dire.
L'Europe peut apporter la sagesse à ses membres. L'Europe a certainement contribué à la reprise de la croissance dans le monde. L'Europe a protégé ses membres contre les crises financières des deux dernières années. Sachons aussi louer l'Europe lorsque c'est le cas, alors qu'en général nous l'utilisons plutôt comme le bouc émissaire de tous nos maux.
J'en reviens à mon dernier point, beaucoup plus particulier, celui des crédits structurels.
Un élément « favorable » vient alléger les crédits inscrits au budget : le montant des crédits d'engagement liés aux dépenses structurelles diminue ! Bien entendu, je m'en félicite, mais il faut rappeler que les mêmes avaient progressé de 16 % l'an dernier pour « solder » les engagements d'Edimbourg, ce que nous avions fortement dénoncé !
Aujourd'hui, comme prévu ou redouté, les restes à liquider atteignent 45 milliards d'euros, ce qui représente un an et demi de dépenses structurelles ou encore la moitié du total du budget annuel européen. Ce n'est pas admissible, alors que la rigueur est prêchée dans chaque Etat.
J'ai déjà indiqué les années précédentes ce que je pensais des politiques structurelles. Je n'y reviens pas ici, même si une réflexion de fond reste nécessaire sur ce sujet.
Je note simplement que l'augmentation du budget de 1999 était justifiée par la progression des crédits de cette rubrique, alors que leur réduction, cette année, loin d'être à l'origine d'un tassement de l'ensemble, permet au contraire, en les masquant, des augmentations sur la plupart des autres chapitres, sans trop d'augmentation de l'ensemble.
Ce projet de budget pour 2000 active ainsi à nouveau le mécanisme d'une inflation des restes à liquider, dont la programmation décidée à Berlin porte ou confirme le germe. Les engagements inscrits ne sont en effet couverts en crédits de paiement qu'à hauteur de 30 %. Nous avons un budget à crédit. Nous retrouvons là le défaut d'ensemble de politiques structurelles qui restent évaluées beaucoup plus par le montant des crédits dépensés que par des objectifs à atteindre.
Je terminerai par deux notes positives.
En relançant l'effort réalisé pour promouvoir les réseaux européens, ce projet de budget sert l'Europe, mais également l'emploi. Construire l'Europe ; servir l'emploi : qui pourrait être contre ?
Mon second sujet de satisfaction tient au financement consacré à la reconstruction des Balkans. Sur ce point, nous sommes évidemment tous d'accord.
Ce rapide tour d'horizon m'a amené à dénoncer les risques auxquels la poursuite du débat sur les soldes nets expose l'Union. Il a souligné la nécessité de recaler les politiques structurelles sur le fond et au plan budgétaire. Il a surtout montré que, avec la disparition progressive des vraies ressources propres, on ne peut plus faire semblant de ne pas voir le principal défaut du système budgétaire européen actuel.
Comment parler de progrès de la démocratie de l'Union tant que celle-ci disposera d'un budget dont les recettes et les dépenses sont votées par des autorités différentes ?
La procédure étant ce qu'elle est, je l'ai dit, nous ne pouvons pas ne pas voter l'article 35 du projet de loi de finances qui fixe à 98,5 milliards de francs notre contribution à ce budget. Mais, pour toutes les raisons que je viens d'indiquer, nous ne pouvons pas ne pas crier gare tant qu'il en est encore temps. L'Union a suffisamment grandi pour mériter un vrai budget.
En appelant à voter cet article, je demande aussi que soit d'urgence lancée une réforme de fond de la pratique actuelle, devenue totalement inappropriée.
Il en est encore temps.
L'Europe a toujours progressé pragmatiquement ; elle a toujours su traiter les vrais problèmes en leur temps et à l'heure voulue. Il arrive qu'une avancée prophétique soit utile. Nous sommes à cette date. Aujourd'hui, une avancée prophétique est nécessaire dans le domaine budgétaire.
Le temps des ajustements au fil de l'eau est dépassé.
C'est parce que je crois passionnément en l'Europe que, malgré tous les défauts que je viens de dénoncer - et je l'ai fait parce que j'aime l'Europe - je vous demande, mes chers collègues, de voter cet article 35. Mais c'est pour éviter une crise européenne dont la France porterait la responsabilité que je vous le demande.
Mais c'est pour éviter à terme une crise autrement grave que je viens de m'arrêter sur des défauts qu'il nous faut regarder en face et que nous devons corriger.
Monsieur le ministre, il vous faut demander que les réformes institutionnelles engagées concernent aussi le budget européen. Ce sera difficile et il y faudra une ferme volonté politique. Mais ce peut être l'opportunité de revenir à l'essentiel et d'apporter des réponses solides à de vraies questions.
Pour rester à cet « essentiel », je veux conclure en vous faisant partager l'émotion que j'ai ressentie le jour anniversaire de la chute du Mur en écoutant Bronislaw Geremek dire qu'il ne peut y avoir d'engagement politique qui ne comporte une part de rêve ou d'utopie, et que la Pologne, aujourd'hui, apporte à l'Europe la démonstration que le rêve peut devenir réalité.
Puissions-nous méditer cette réflexion qui me semble de nature à remettre l'élargissement dans sa vraie perspective et à donner un souffle nouveau à notre engagement politique, qui en a sans doute bien besoin aussi. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Excellent !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre rapporteur spécial, Denis Badré, vient très brillamment de rappeler que nous allons être dans l'obligation de voter ce matin la contribution de la France au budget européen.
Pour ma part, je voudrais tout d'abord, dans cette brève intervention, exprimer l'indignation des parlementaires devant les atteintes à la démocratie représentative dont témoigne toujours la procédure budgétaire européenne.
Il est plus que temps, monsieur le ministre, au moment où se préparent de nouvelles avancées institutionnelles, de penser aux mécanismes et aux procédures qui seraient de nature à faire progresser réellement la démocratie.
Nous avons d'ailleurs été nombreux, au fil du temps, à proposer, pour équilibrer les institutions européennes, l'instauration d'un Sénat européen, représentant les parlements nationaux, qui pourrait, notamment en matière fiscale, dans le nécessaire chemin vers l'harmonisation, jouer tout son rôle. Cette proposition n'a pas été traitée comme elle le méritait ; il faudra bien la reconsidérer un jour, monsieur le ministre.
Nous devons aussi oeuvrer dans le sens d'une rationalisation du parlementarisme européen.
En matière budgétaire, dans le contexte des efforts qu'il faut consentir en vue de limiter la dépense publique, l'asymétrie est particulièrement choquante entre les prérogatives dont dispose le Parlement européen et les pouvoirs des parlements nationaux.
Il faut cesser, M. le rapporteur spécial l'a dit, d'autoriser le parlement européen à augmenter des charges dont, en vérité, nous assumons seuls la responsabilité.
Mais l'Europe, pour le budget de la France, ce n'est pas seulement une contribution considérable que nous sommes tenus de verser, c'est aussi un chemin de progrès. C'est l'application du pacte de stabilité et de croissance. C'est le cheminement vers l'édification d'une zone économique intégrée au sein de notre continent, cette zone économique intégrée qui doit être le support de l'euro. Vous savez, monsieur le ministre, que cela implique, pour les temps à venir, des efforts réels vers la convergence fiscale.
Sur ce dernier point, monsieur le ministre, je suis de ceux qui ne cessent de dire que l'unification monétaire de l'Europe réclame un mécanisme de surveillance des situations budgétaires. Je me souviens que vous avez montré quelques réticences sur ce sujet et posé quelques conditions.
Finalement, vous vous êtes rallié à cette solution de bon sens. Mais ce ralliement n'est-il que de principe ? Ne faut-il pas aller plus loin ? Ne faut-il pas vraiment prendre au sérieux le pacte de stabilité et de croissance dans toutes ses implications et ses conséquences ?
La logique du pacte est, au fond, de permettre une politique budgétaire ménageant les marges de manoeuvre nécessaires pour affronter de nouveaux cycles de l'économie ; en d'autres termes, il faut que les pays européens liés par le pacte puissent dégager, dans les périodes fastes, des excédents de financement ou, du moins, réduire dans des conditions suffisantes leur déficit, pour faire face aux périodes moins fastes qui ne manqueront pas de se présenter.
Le vent tournera en économie comme il l'a toujours fait. C'est pour cela que nous devons tendre rapidement, en France, vers des finances publiques équilibrées, voire excédentaires, compte tenu de cette belle croissance dont nous nous réjouissons tous et dont votre gouvernement, monsieur le ministre, ne fait pas l'usage qu'il faudrait.
Vous ne prenez pas le chemin du respect de cette discipline indispensable à laquelle, notamment, nous appelle l'Europe. Lors des débats que nous avons eus avec M. Sautter et M. Pierret ces derniers jours, nous avons largement évoqué les insuffisances de votre politique des finances publiques.
Permettez-moi, monsieur le ministre, de vous rappeler les immenses efforts qui ont été consentis par notre pays au fil des années, sous plusieurs gouvernements successifs, pour parvenir à la création de l'Union économique et monétaire, pour construire l'euro, pour rassembler petit à petit, graduellement, les conditions de cet espace intégré monétaire, budgétaire et, nécessairement un jour ou l'autre, fiscal.
La voie de l'effort a été aussi celle de la croissance. L'euro a été un facteur de croissance par l'amélioration des conditions de financement, par la baisse des taux d'intérêt qu'il a engendré. L'euro est un élément objectif qui devrait concourir à l'amélioration de nos finances publiques.
Cela étant dit, faut-il simplement s'en remettre à la conjoncture mondiale ou européenne ? Ne faut-il pas faire preuve de plus de volontarisme ? C'est là, monsieur le ministre, que nos voies se séparent. Plutôt que de faire confiance aveuglément aux mécanismes de la croissance venue d'ailleurs, le Gouvernement serait bien inspiré d'éviter de nous placer, pour demain et après-demain, dans une dynamique excessive de la dépense publique, d'empiler ainsi les emplois-jeunes, la compensation des charges sociales issues de la réduction du temps de travail, sans compter les charges qui en résulteront inévitablement lorsque ce principe s'appliquera à la fonction publique.
Encore faudrait-il avoir véritablement la volonté de préparer l'avenir et de procéder aux réformes structurelles sans lesquelles la maîtrise des dépenses publiques n'est qu'une illusion et sans lesquelles la confiance que nous voulons inspirer à l'extérieur ne saurait être que volatile et momentanée.
Cette réorientation politique suppose du courage, suppose des explications claires et franches à l'opinion publique, mais c'est la seule politique qui permettra de libérer des ressources pour une croissance durable et plus dynamique. Celle-ci, à son tour, rendra possible dans l'ensemble de l'Union, en tout cas dans la zone euro, la décrue décisive du chômage et l'augmentation de l'emploi et de l'activité.
A la vérité, monsieur le ministre, c'est encore l'Europe, par la construction institutionnelle que nous nous sommes donnée, qui nous appelle à réduire la charge de nos prélèvements obligatoires. Ces derniers, vous le savez, ont atteint en France le niveau historiquement le plus élevé.
Tout récemment, la commission des finances a pris connaissance d'un rapport que j'avais l'honneur de lui présenter sur la concurrence fiscale. Celle-ci, bien entendu, n'est pas seulement européenne, mais elle a plus d'importance dans le contexte européen, et l'Union ne pourra pas, durablement, comprendre des territoires qui ne partagent pas les mêmes conceptions en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés, l'impôt sur le revenu ou l'impôt sur le patrimoine.
Sur ce point, monsieur le ministre, je voudrais déclarer, à titre purement personnel, qu'il me semble inévitable d'abandonner en cette matière la règle de l'unanimité, qui est totalement paralysante, qui fige toute vraie tentative d'harmonisation, notamment en ce qui concerne les assiettes les plus mobiles, c'est-à-dire la matière fiscale, qui se délocalise en fonction de la compétitivité des territoires. Mais, à cette modification, il faudra une contrepartie institutionnelle : l'association des parlements nationaux au sein du Sénat européen, que j'évoquais au début de mon intervention.
Je voudrais aussi lancer une mise en garde : l'exception fiscale française ne saurait perdurer, comme le Gouvernement le voudrait, sans mettre en péril notre vitalité économique même et notre avenir.
Je n'ai pas seulement à l'esprit la fuite - combien regrettable ! - de certaines activités aisément délocalisables. Je pense, par exemple, à un événement récent : la localisation aux Pays-Bas du siège de la holding du nouveau groupe EADS issu de la fusion d'Aérospatiale-Matra et de DASA, groupe dans lequel, ce dont le gouvernement français s'enorgueillit, l'Etat a encore une participation importante. Et cette décision, vous l'avez approuvée en tant qu'actionnaire.
Je suis préoccupé par le handicap de compétitivité que représentent, pour notre économie et nos entreprises, les prélèvements excessifs.
J'ai enfin pour souci le sort des agents économiquess de notre pays, qui risquent de payer cher l'équation que vous nous proposez : une dépense publique toujours en expansion et une concurrence fiscale non maîtrisée, conduisant à surtaxer les contribuables qui ne peuvent s'évader, ceux qui correspondent aux assiettes fiscales les moins mobiles.
Comme cela a déjà été dit dans cet hémicycle, nous ne pouvons plus, en tant que parlementaires, si nous voulons être responsables de nos propos, aborder la question des finances publiques et de leur gestion sans la situer, notamment, dans ses dimensions européennes. Il est d'ailleurs assez étonnant qu'aucun texte financier à caractère normatif, aujourd'hui, ne nous conduise à nous prononcer sur les déficits publics au sens que leur donne le traité de Maastricht. C'est là une réflexion qui, à mon avis, vaut pour la nécessaire réforme de l'ordonnance organique de 1959 sur les lois de finances.
Nous devons plaider sans relâche, monsieur le ministre, dans cette phase préparatoire des nouvelles évolutions institutionnelles de l'Union, afin que les futures réformes permettent de recadrer les responsabilités du Parlement européen. Mais il nous faut aussi être mieux à même de prendre la messure de l'impact budgétaire des choix européens. Cela imposera des modernisations, et j'en reviens à cette idée d'associer davantage les parlementaires nationaux, via le Sénat européen mais aussi, sans doute, par le biais de certaines modalités qui sont à trouver, de manière qu'ils prennent leur part aux travaux normatifs, législatifs, du Conseil de l'Union européenne.
Monsieur le ministre, vous ne pouvez pas plus que nous vous abstraire de cette dimension européenne qui est un fait de notre époque, car conjuguer nos engagements européens dans le sens de la dynamique, de l'activité et de la croissance, c'est véritablement servir les intérêts nationaux de la France et renforcer notre souveraineté. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne.
M. Hubert Haenel, président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme chaque année, le Parlement est appelé à approuver la contribution de la France au budget des Communautés européennes. C'est un moment que je crois important, tout en ayant conscience du caractère convenu de l'exercice.
En votant l'article 35 du projet de loi de finances, nous allons simplement prendre acte du montant de la participation de la France au budget européen, estimée à 98,5 milliards de francs pour l'exercice 2000. Mais ce prélèvement sur recettes évaluatif relève plus de la figure de style que de l'autorisation parlementaire proprement dite. Faut-il rappeler que nous n'avons aucune latitude pour modifier le montant de cette contribution, face aux engagement européens de la France ?
C'est un fait remarquable, alors que nous sommes le deuxième contributeur au budget communautaire, qu'il n'y a pas, dans notre pays, de contestation du principe même de sa participation financière, même chez les plus « eurosceptiques ».
Pour autant, monsieur le ministre, l'approbation juridiquement contrainte du Parlement ne vaut pas acceptation béate. Le débat critique que nous avons aujourd'hui en fait foi.
Cette procédure peu satisfaisante me paraît surtout révélatrice des transferts de compétences du Parlement vers le Gouvernement que la construction européenne implique, car c'est le Gouvernement, monsieur le ministre, qui a la responsabilité de déterminer au sein du Conseil les choix budgétaires de l'Europe, en accord avec les autres Etats membres et en négociation avec le Parlement européen.
En considérant la manière dont le débat budgétaire européen se présentait initialement cette année, j'aurais aimé pouvoir me féliciter. Certes, comme la commission des finances, je reste perplexe à l'égard du dynamisme marqué de la dépense européenne, qui apparait d'autant moins tenable que tous les Etats membres sont engagés dans des efforts de rigueur budgétaire.
Je ne crois pas que « plus d'Europe » signifie automatiquement « plus de crédits communautaires ».
Ainsi, les avancées du nouveau pilier « justice et affaires intérieures » sont sans conteste très importantes pour les progrès politiques de l'Europe et son rapprochement avec les citoyens. Pour autant, ce nouveau champ de la construction européenne ne nécessite pas l'engagement de dépenses d'intervention supplémentaires. Plus l'Europe sera politique, moins elle se croira tenue de justifier son existence par des interventions budgétaires à l'opportunité parfois discutable.
Sous cette réserve de principe, l'horizon apparaissait dégagé cette année, par rapport aux lourdes incertitudes qui pesaient l'an dernier à la même époque sur le débat budgétaire européen. L'accélération générale de la croissance en Europe garantit un financement sans tensions du budget communautaire. L'euro fonctionne efficacement, définissant une zone de stabilité monétaire. Le Conseil européen de Berlin du mois de mars dernier a arrêté les nouvelles perspectives financières pour la période 2000-2006.
Je dois vous donner acte, monsieur le ministre, que, dans la difficile négociation des perspectives financières, la France n'a cédé sur aucune des propositions qui lui paraissant inacceptables. Il n'y aura ni renationalisation des dépenses agricoles et des dépenses structurelles, ni écrêtement généralisé des soldes budgétaires.
Notre rapporteur spécial, Denis Badré, a démontré magistralement combien la notion même de « solde budgétaire national » est peu pertinente dans la logique d'une Europe économiquement intégrée. Je crois nécessaire de le rappeler sans relâche, tant que cette notion continuera de polluer inutilement le débat communautaire.
Enfin, le financement futur de l'élargissement a été inscrit dans les perspectives financières.
Pourtant, en dépit des résultats raisonnables du Conseil européen de Berlin, nous nous retrouvons aujourd'hui en pleine crise institutionnelle, comme chaque année à l'occasion de la discussion du budget européen. La distribution des rôles semble immuable : le Conseil se montre économe, le Parlement européen dépensier, et la Commission cherche à ménager la chèvre et le chou.
En première lecture, le Parlement européen a majoré de 3,5 milliards d'euros en crédits de paiement le projet arrêté par le Conseil au mois de juillet dernier. Comme l'a souligné Denis Badré, le montant de la contribution française serait de 98,5 milliards de francs dans la version du Conseil, mais de 101,5 milliards de francs dans la version du Parlement européen. Cet écart de 3 milliards de francs est impressionnant, surtout si on le compare au montant des crédits que le Parlement français peut effectivement déplacer lors de la discussion du projet de budget de l'Etat.
La procédure de concertation prévue par le nouvel accord interinstitutionnel conclu le 6 mai dernier a fait la preuve de son inefficacité. Les tentatives de conciliation de la Commission ont échoué. Chacune des deux branches de l'autorité budgétaire campe sur ses positions, et le Parlement menace de dénoncer les perspectives financières dès leur première année d'application.
Or, sur quel sujet concret achoppe la discussion du budget européen ? Les majorations de crédits voulues par le Parlement européen portaient sur toutes les rubriques du budget, mais le conflit se cristallise sur le financement de la reconstruction du Kosovo ! Cela me paraît proprement incompréhensible, car il n'y a aucun désaccord sur l'opportunité de l'implication de l'Union européenne au Kosovo, même si certains ont regretté que celle-ci se cantonne dans le rôle du financeur, en laissant la responsabilité de l'intervention à l'OTAN, sous commandement américain. Personne ne doute qu'il s'agisse d'un enjeu majeur pour l'avenir du continent. L'engagement au Kosovo est en train de jouer un rôle d'accélérateur dans la mise en place de l'Europe de la diplomatie et de la défense, et nous devons nous en féliciter.
Le désaccord entre les deux branches de l'autorité budgétaire communautaire porte donc non pas sur le principe du financement de la reconstruction du Kosovo, mais sur l'évaluation du montant des crédits nécessaires. Lors de la conférence des donateurs, l'Union européenne s'est engagée à apporter 500 millions d'euros dans une première étape. Mais l'appréciation concrète des besoins a montré que 360 millions d'euros suffiraieint largement pour 2000.
Le Conseil propose de couvrir ces dépenses essentiellement par un redéploiement des crédits au sein de la rubrique 4, consacrée aux politiques extérieures. Ce redéploiement est facilité par la sous-consommation chronique des crédits d'intervention extérieure.
De son côté, le Parlement s'en tient à une position de principe : il veut l'inscription de la totalité des 500 millions d'euros dès l'exercice 2000 et, en conséquence, la révision du plafond pluriannuel fixé pour la rubrique 4 par les perspectives financières.
Cette position est révélatrice de la logique purement quantitative de la procédure budgétaire européenne, selon laquelle tous les crédits inscrits ou simplement prévus doivent être dépensés. Elle me paraît doublement absurde.
Politiquement, il n'y a aucun doute possible sur le sérieux de l'engagement des Etats membres au Kosovo. Si nécessaire, les crédits correspondants seront ajustés en temps utile, au besoin par un budget rectificatif en cours d'année.
Pratiquement, il est non seulement inutile mais aussi dangereux de déverser des millions d'euros sur le Kosovo, dont la « capacité d'absorption », selon l'expression consacrée, est limitée ; je peux en témoigner pour m'y être rendu récemment. Les interventions extérieures de l'Union européenne sont déjà naturellement exposées au risque de gabegie. Celui-ci est particulièrement élevé au Kosovo, dont les structures économiques, administratives et politiques sont totalement désorganisées et où la délinquance internationale, pour ne pas dire la mafia, est déjà très présente et très pesante.
J'appelle d'ailleurs votre attention, mes chers collègues, sur les répercussions profondes qu'aurait dans l'opinion publique européenne un éventuel scandale dans le financement de la reconstruction du Kosovo. Nous n'avons pas le droit à l'erreur sur ce sujet particulièrement symbolique.
Dans l'immédiat, la rupture de l'accord de discipline budgétaire par le Parlement européen aurait des effets périlleux. En rendant caduques les perspectives financières, elle peut rouvrir tous les arbitrages laborieusement rendus à Berlin. J'avoue, monsieur le ministre, que j'ai du mal à saisir si ce conflit budgétaire est sérieux et, dans l'affirmative, jusqu'à quel point, ou s'il relève de la gesticulation rituelle ; je serais heureux de connaître votre appréciation sur ce point.
En toute hypothèse, le caractère fantaisiste des arguments échangés m'amène à penser qu'il existe un problème de fond dans la procédure budgétaire européenne. Son inefficacité chronique aggrave la paralysie des institutions communautaires, qui va croissant à mesure que l'Union s'élargit.
Ces « chamailleries » récurrentes sur le budget posent le problème de la crédibilité de l'Europe envers le reste du monde, notamment les pays candidats à l'adhésion. C'est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre.
Même si vous n'êtes pas partisan de « charger la barque » de la prochaine conférence intergouvernementale, je le sais, monsieur le ministre, je crois vraiment qu'il faut saisir cette occasion pour restaurer l'autorité budgétaire du Conseil.
En effet, l'équilibre initial a été rompu avec l'accroissement de la part des dépenses dites « non obligatoires », sur lesquelles le Parlement européen a le dernier mot. Ces dépenses non obligatoires constituent désormais plus de la moitié du budget communautaire. En pratique, compte tenu de l'inertie de la dépense européenne et du caractère contraignant des programmations pluriannuelles, elles n'ont plus de « non obligatoires » que le nom.
Sans dénier tout pouvoir budgétaire au Parlement européen, il me paraît nécessaire de le contraindre à une certaine modération, par exemple en lui imposant de gager toute dépense nouvelle sur une économie d'un montant équivalent. Le Parlement européen serait ainsi confronté à la responsabilité de faire de vrais choix, en se penchant sur l'opportunité des dépenses acquises. En ajoutant la « réserve de flexibilité » de 200 millions d'euros prévue par l'accord interinstitutionnel, il aurait encore des pouvoirs budgétaires bien supérieurs à ceux que confère au Parlement français l'article 40 de la Constitution.
Qu'on le veuille ou non, le consentement à l'impôt est encore le fait des Etats membres, et non pas du Parlement européen, qui ne se prononce que sur les dépenses. Plus tard, lorsque les institutions européennes auront évolué, cela pourra changer, mais, pour l'heure, la situation est bien telle que je la décris.
Ce débat sur le financement de la reconstruction du Kosovo apparaît d'autant plus surréaliste que nous vivons l'un des derniers exercices budgétaires en terrain connu, avant le prochain élargissement. En effet, la véritable priorité des perspectives financières pour la période 2000-2006 est bien l'élargissement de l'Union européenne. Cette priorité est encore mal perçue dans l'opinion publique française, parce que le débat national s'est jusqu'à présent focalisé sur la révision des zones d'intervention des fonds structurels et sur la réforme de la politique agricole commune.
Mais, en vue des futures adhésions, des montants importants de crédits prévisionnels ont été dégagés par la compression des dépenses agricoles et par la modération, certes toute relative, des crédits de politiques structurelles et de politiques internes.
Sur les sept années des perspectives financières, le cumul des crédits d'engagement au titre de l'élargissement s'élève à 58,1 milliards d'euros, auxquels il convient d'ajouter 21,8 milliards d'euros au titre des dépenses de préadhésion.
Cet effort de solidarité entre les Etats membres actuels et les Etats candidats ou nouvellement adhérents est méritoire, même s'il n'est pas certain que les citoyens de l'Union européenne en aient encore bien conscience.
Néanmoins, comme l'observe justement Denis Badré, rapporteur spécial, les coûts de l'élargissement ont été calculés sur des bases conventionnelles. L'entrée de nouveaux Etats membres dont l'état de développement économique reste très en retrait de la moyenne communautaire implique un risque réel de dérapage des perspectives financières.
Ce sera l'honneur de l'Union européenne de faire face aux conséquences budgétaires de l'élargissement à l'Est, quelles qu'elles puissent être. Mais, en attendant, il me paraît essentiel de ne pas s'imposer des charges financières ne correspondant à aucun besoin réel et de recentrer le débat budgétaire européen sur la vraie question, qui reste le contrôle de l'opportunité de la dépense. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :
Groupe socialiste, 23 minutes ;
Groupe des Républicains et Indépendants, 18 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 14 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 13 minutes.
Dans la suite de la discussion, la parole est à Mme Bidart-Reydet.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, force est de constater - hélas ! une fois encore - que les années passent, mais que les méthodes restent. Je veux, bien évidemment, parler de la procédure budgétaire par laquelle la France accepte annuellement de verser une contribution - ou, plus exactement, de prélever sur les recettes de l'Etat - pour financer les actions de l'Union européenne pour un montant évalué à 98,5 milliards de francs.
Comme chaque année, les parlementaires, toutes tendances confondues, expriment, tour à tour, leur frustration et leur amertume d'être contraints d'adopter un budget dont ils n'ont eu à discuter ni du volume ni de la répartition au niveau des différentes politiques mises en oeuvre dans le cadre communautaire.
Comme chaque année, le Parlement se soumet bien volontiers au vote du budget européen, considérant qu'il n'est pas possible de déroger aux engagements de la France à l'extérieur.
Comme chaque année, les différents ministres en charge des affaires européennes reconnaissent l'absurdité de la situation et la frustration légitime des représentants de la nation, et promettent d'associer plus étroitement ceux-ci à l'élaboration du budget de l'Union européenne.
Dans les faits, rien ne change et nous sommes mis, une fois de plus, devant le fait accompli d'un budget qui représente tout de même, en importance, le sixième poste budgétaire de la nation.
Faudra-t-il attendre que cette rancoeur des parlementaires se traduise par un vote de rejet pour enfin être associés en amont - et non plus a posteriori - à la discussion sur la nature des recettes et des dépenses de l'Union européenne ? Je souhaiterais, bien sûr, que tel ne soit pas le cas.
Certes, la négociation, au printemps dernier, de l'enveloppe financière dans le cadre de l'Agenda 2000 nous a donné l'occasion d'exprimer nos appréciations sur les orientations budgétaires de la Communauté européenne. Pour autant, nous ne pouvons admettre que, durant la période de la programmation budgétaire étalée sur sept ans, toute considération des parlements nationaux soit écartée avant l'échéance de 2006.
En outre, dès lors que nous sommes sollicités sur le prélèvement communautaire d'une année sur l'autre, il est de bon sens, me semble-t-il, de prévoir un rythme plus soutenu de la discussion budgétaire.
Ainsi, pourquoi ne pas envisager une consultation du Parlement avant le vote en première lecture, par le Conseil des ministres européens, du projet de budget proposé par la Commission européenne ? Nous pourrions prévoir un débat d'orientation budgétaire à l'issue duquel le Gouvernement obtiendrait un mandat pour négocier avec ses partenaires.
J'ai bien conscience que cette proposition va à l'encontre de l'idée prônée par certains, qui se déclarent partisans d'une « République européenne », dotée d'une constitution propre.
Nous pensons, pour notre part, que l'Europe - que nous voulons - doit respecter et valoriser, au lieu de les amputer sans cesse, les souverainetés nationales. Les dernières élections européennes ont montré, de toute évidence, une volonté des peuples d'être davantage impliqués dans la construction européenne. Peut-on prétendre mieux prendre en considération leurs aspirations si leurs représentants directs à l'échelon national sont eux-mêmes ignorés, voire purement et simplement exclus ?
Aussi, je souhaite, monsieur le ministre, que ce travail de transparence et de démocratie soit mené sans attendre le début de la présidence française, le 1er juillet 2000, en informant et en sollicitant les propositions du Parlement français, Assemblée nationale et Sénat.
Le débat que nous avons aujourd'hui se situe dans un contexte tout à fait particulier : il s'agit, en effet, du premier exercice budgétaire de la période 2000-2006, pour laquelle un cadre financier a été arrêté par les Quinze, en mars 1999. Il intervient, en outre, après la démission collective de la Commission européenne, suite à une gestion déclarée douteuse des fonds communautaires. Enfin, nous ne pouvons pas, dans le cadre de notre discussion, ne pas évoquer les négociations commerciales qui ont débuté hier, à Seattle.
J'en viens, tout d'abord, aux accords de Berlin, que l'on présente, le plus souvent, comme une victoire pour la France, qui aurait préservé ses intérêts, et pour l'Europe, parce qu'elle aurait surmonté ses dissensions internes.
A vrai dire, au-delà des aménagements techniques intervenus à Berlin concernant la répartition des fonds agricoles et structurels, ces accords se distinguent par une absence totale d'engagements d'ampleur en faveur de l'emploi, de la formation, de la recherche, du développement, mais aussi se placent délibérément dans la perspective des négociations de Seattle.
S'agissant du volet agricole, il est clair que l'Europe a d'ores et déjà consenti d'importantes concessions en direction des Etats-Unis, en acceptant une baisse des prix d'intervention communautaire dans les secteurs des céréales, de la viande bovine et du lait, assortie d'une compensation partielle. En outre, les subventions globales à l'agriculture stagnent autour de 40 milliards d'euros par an.
Probablement se prépare-t-on à l'échéance de 2003, date à laquelle les subventions européennes pourront être remises en cause par l'OMC.
Ensuite, ce que l'on nous présente comme une avancée majeure de la réforme de la politique agricole commune avec la création d'un deuxième pilier consacré au développent rural n'est, en réalité, qu'un transfert des anciens objectifs de la politique structurelle 5 a et 5 b vers le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole.
Enfin, l'autre aspect clé de ces négociations agricoles, c'est la modulation des aides directes aux agriculteurs. Actuellement, 80 % des aides profitent seulement à 20 % des exploitants. La nouvelle clé de répartition concernerait dorénavant 4 % des exploitations et ne représenterait que 2 % du total des subventions.
Autant dire que les injustices de la PAC demeureront, pis, s'aggraveront, avec la poursuite de la baisse des prix, qui pénalise avant tout les petits agriculteurs.
Pour conclure sur le volet agricole, bien qu'il s'agisse d'un aspect second au regard des questions que je viens d'évoquer, j'observe que, compte tenu du décalage de deux mois entre le versement des aides par l'Etat et le remboursement au titre de la PAC, la France doit lever un emprunt pour assurer la continuité du financement de la politique agricole. Or la charge de cet emprunt, qui s'élève à plus de 200 millions de francs par an, est supportée par la France. Ne revient-il pas au budget de la Communauté européenne d'assurer cette charge supplémentaire, dès lors qu'il s'agit de subventions européennes ?
En ce qui concerne les actions structurelles, la nouvelle nomenclature a pour effet on le sait, de réduire les régions et les populations éligibles.
Avec l'élargissement envisagé de l'Europe à vingt et un membres, il est probable que le montant de ces fonds soit, une nouvelle fois, amené à décroître pour la France afin de faciliter l'intégration de nouveaux pays d'Europe centrale et orientale, qui seront des bénéficiaires nets du budget de l'Union européenne.
Ce sera donc aux politiques nationales d'assumer seules la transition pour des régions rurales ou en reconversion industrielle qui, du jour au lendemain, ne recevront plus d'aides de Bruxelles.
Ne faut-il pas voir là un certain aveu d'échec de l'objectif de cohésion sociale et économique affiché par l'Europe, qui concentre ses aides sur les régions les plus pauvres, alors que, encore à ce jour, le rattrapage de certaines régions est loin d'être acquis ?
Enfin, je l'ai évoqué, Berlin est aussi une formidable occasion manquée pour les Quinze de montrer la priorité que l'on prétend accorder à la politique de lutte contre le chômage, fléau qui frappe, vous le savez, plus de 18 millions d'Européens.
De même, les crédits alloués en faveur de la sécurité sanitaire, de l'environnement, de la recherche technologique et de la culture sont largement en deçà des exigences d'aujourd'hui.
Je veux évoquer, par ailleurs, la question de l'efficacité de la dépense communautaire, qui renvoie à celle, tout aussi fondamentale, du contrôle permanent de l'utilisation et de la gestion des fonds publics tant à l'échelon national et local que communautaire.
L'Office de lutte anti-fraude, créé à la suite des irrégularités observées au sein de la Commission européenne, disposera-t-il de suffisamment de marge de manoeuvre et de moyens humains et financiers pour être en mesure de faire son travail correctement ? Je crois que la question mérite d'être posée.
Ne faut-il pas prévoir une structure par laquelle la nouvelle Commission rendrait régulièrement des comptes au Parlement européen, qui aurait la possibilité d'enquêter et d'assurer un contrôle régulier sur l'utilisation des fonds accordés par la Commission ?
Je conclurai plus largement sur le montant de la contribution française et la dotation du budget de l'Europe.
On peut s'étonner que la contribution de la France, plus 3,8 %, progresse de façon plus importante que le volume global des dépenses budgétaires.
Certes, la part française dans le budget communautaire reste stable, 17 %, mais chacun sait qu'en volume le montant devrait atteindre très rapidement les 120 milliards de francs pour financer l'élargissement.
En outre, le retour des aides peut s'avérer inférieur aux prévisions à l'horizon de 2006, avec le resserrement des actions structurelles.
Dès lors, n'est-il pas inacceptable que la France soit amenée à financer de façon plus importante, à l'avenir, la « remise » accordée en son temps à Mme Thatcher ?
Enfin, nous ne sommes pas opposés à l'idée d'un accroissement des moyens de l'Europe dans la mesure où ils servent l'emploi et la croissance, au lieu de favoriser le productivisme agricole ou industriel.
Sans solliciter davantage les établissements, eux-mêmes contraints par le pacte de stabilité et la politique monétaire restrictive imposée par la Banque centrale européenne, nous proposons la création, dans le cadre européen, d'une taxation des transactions financières de nature spéculative. Une talle taxe, dite « taxe Tobin », aurait pour double avantage de limiter les pratiques spéculatives, d'une part, et d'apporter des moyens supplémentaires pour la réalisation des projets communautaires, d'autre part.
En conclusion, au regard des préoccupations qui sont les siennes vis-à-vis des orientations définies par l'Union européenne, le groupe communiste républicain et citoyen s'abstiendra sur l'article 35 de ce projet de loi de finances. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. Joly.
M. Bernard Joly. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes aujourd'hui appelés à nous prononcer sur la contribution française au budget communautaire, au moment même où le Gouvernement est engagé dans des discussions dont les conclusions seront déterminantes pour l'avenir de notre pays sur les plans tant européen qu'international et pour tous les secteurs de notre économie.
Si l'issue de notre débat n'a, nous le savons, qu'un impact très relatif sur les orientations du budget de l'Union européenne, du moins pouvons-nous nous féliciter de ce que celui-ci soit soumis au contrôle démocratique des parlements nationaux. Cet examen contribue en effet à la crédibilité des finances communautaires pour tous les citoyens européens. Le débat nous permet, en outre, d'exprimer au Gouvernement les besoins de financement qui se font sentir dans les régions françaises, là où les apports de l'Union européenne occupent une part non négligeable.
L'examen de l'article 35 n'est donc pas anodin. Il me faut rappeler que le montant de ce poste budgétaire est proche de celui des grands ministères. Il prendra en outre une part grandissante à mesure que les deuxième et troisième piliers seront communautarisés.
L'année 1999 semble avoir concentré les échéances européennes, financières, commerciales et politiques. Les décisions prises lors de différentes réunions seront décisives pour les finances européennes.
En mars 1999, le Conseil européen de Berlin a entériné la nouvelle programmation financière de l'Union européenne pour les années 2000 à 2006.
Cette programmation se caractérise par la concentration des interventions financières européennes, la maîtrise de l'enveloppe globale et la simplification des dispositifs de gestion. Particulièrement importantes pour notre pays, ces décisions comprennent notamment la réforme de la politique agricole commune et du système des fonds structurels.
En mai 1999, la signature de l'accord interinstitutionnel Agenda 2000 a permis aux quinze Etats communautaires de mettre en place les mesures indispensables à l'entrée de nouveaux Etats dans l'Union européenne. Au demeurant, la multiplication des candidatures démontre l'attraction que l'Union européenne inspire, sans faire disparaître les craintes légitimes suscitées par cet élargissement inévitable.
En ce moment même, les représentants des cent trente-quatre pays de l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, sont réunis pour tenter de faire progresser les règles des échanges économiques internationaux. Les décisions prises lors des différents sommets européens en 1999 ont préparé le terrain des négociations engagées ces derniers jours, afin de sauvegarder les intérêts vitaux de la France. J'espère que telle sera l'issue des négociations de l'OMC.
D'un volume comparable au budget du ministère de l'emploi, le montant élevé de la participation française au budget communautaire - 98,5 milliards de francs pour 2000 - résulte des décisions engagées lors de ces rencontres. Il pèse sur l'équilibre du budget général.
En hausse de 5,3 % par rapport à 1999, la contribution de la France au budget communautaire suit globalement l'augmentation des dépenses inscrites au projet de budget national. Son montant pour l'année 2000 occupe à peu près la même part dans les recettes de l'Etat qu'en 1999.
Je soulignerai, en outre, que si la part relative de la France au budget communautaire correspond à 17,5 % de l'ensemble du budget européen, la réforme du système des ressources propres de l'Union européenne, qui interviendra à partir de 2002, aura pour effet d'en alourdir encore le volume.
La contribution de notre pays au budget communautaire le place à nouveau, en 2000, au deuxième rang des contributeurs nets, après l'Allemagne, simple conséquence du volume de notre produit national brut et des performances de l'économie française.
Le budget communautaire, programmation maîtrisée par essence, comporte six grandes catégories de dépenses dont les montants ont été évalués dans la perspective des développements à venir, inévitables et voulus, de l'Union européenne, tels que l'élargissement aux Etats d'Europe centrale et les accords qui naîtront des discussions de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle.
Je remarque que les changements introduits par la nouvelle programmation financière pour les années 2000-2006 intègrent au nouveau fonds européen agricole les fonds des anciens objectifs 5 a et 5 b ainsi que les financements consacrés à la pêche. Compte tenu de l'agrégation de ces montants, il est, en conséquence, délicat d'apprécier avec précision l'évolution des financements européens pour 2000.
On peut néanmoins noter que les modifications apportées à la politique agricole commune induisent une tendance à la stagnation des retours communautaires vers nos agriculteurs, alors que les sommes allouées à la France au titre du FEOGA-garantie continuent à excéder, et dans une forte proportion, les montants qui leur sont affectés dans notre budget agricole national.
En revanche, les retours communautaires vers la France au titre des fonds structurels amorcent une réduction sensible en raison du changement de philosophie des interventions de l'Europe auprès de ses Etats membres.
Cette mutation, qui se concrétise notamment par la modification de la définition des objectifs et des critères d'attribution des fonds, rend particulièrement difficile la comparaison entre les deux générations de fonds structurels. On peut néanmoins supposer, sans grand risque de se tromper, que la diminution des fonds structurels alloués à la France devrait être plus importante que l'augmentation des financements nationaux destinés à compenser ces baisses. Je souhaite, monsieur le ministre, que vous puissiez nous apporter tous les éclaircissements nécessaires sur cette inquiétante possibilité.
La nouvelle programmation des fonds structurels se concentre en effet sur trois objectifs.
L'objectif 1 vise le développement et l'ajustement structurel des régions considérées comme en retard de développement, à savoir celles où les revenus par habitant sont inférieurs à 75 % de la moyenne communautaire. Les régions ultrapériphériques de l'Union européenne en bénéficieront également, notamment les départements français d'outre-mer. En revanche, les zones de France métropolitaine éligibles à l'objectif 1 dans la précédente programmation, comme la Corse ou le Valenciennois, s'en trouvent exclues à partir de 2000.
L'objectif 2 est consacré au soutien à la reconversion économique et sociale des zones en difficulté structurelle. On y retrouve, côte à côte, les zones autrefois éligibles aux objectifs 2 et 5 b relatifs aux problèmes de la mutation économique des zones en difficulté, rurales, urbaines ou dépendantes du secteur de la pêche. Compte tenu de la pluralité des zones concernées, le nouvel objectif 2 se révélera particulièrement important pour les régions françaises.
L'objectif 3 regroupe l'ensemble des actions en faveur du développement des ressources humaines. Il répond aux orientations fixées dans le cadre de la stratégie européenne pour l'emploi, à l'occasion de la signature du traité d'Amsterdam.
Un régime transitoire a été prévu pour permettre aux régions qui perdent leur éligibilité aux anciens objectifs 1, 2 et 5 b, de trouver d'autres solutions pour leurs actions structurelles, selon un mode progressif.
Face à cet accroissement de la rigueur communautaire, les efforts pour contenir l'augmentation des dépenses dans le budget de l'Union européenne ont conduit à un affaiblissement notable des fonds réservés aux opérations d'urgence, notamment pour les actions extérieures, et je le regrette.
En revanche, je constate avec satisfaction que les montants visant à financer les grands programmes de technologies avancées n'ont pas été affectés par cette baisse. Ils ont, bien au contraire, été maintenus, comme dans le secteur de la sécurité nucléaire, voire accrus pour les réseaux transeuropéens ou le « cinquième programme cadre » dont les crédits augmentent de 5,2 %.
S'agissant des fonds réservés au financement des programmes dits d'« initiative communautaire », fonds destinés à encourager la conception et la réalisation d'actions innovantes dans l'Union européenne, on pourra regretter leur réduction de treize à quatre.
Les réalisations suscitées par ces fonds me semblaient pourtant à bien des égards - exemplaires, compte tenu du faible montant de ces financements dont le total ne pouvait excéder 1 % du budget européen - et de leur capacité à créer aussi bien des synergies financières, puisqu'elles exigeaient un cofinancement associant les sources communautaire, nationale et locale ainsi que des sources privées, que l'association d'acteurs originaires de tous les secteurs d'activité publics et privés.
Les actions mises en oeuvre dans ce cadre ont été réalisées sur l'ensemble du territoire de l'Union européenne, mobilisant bonne volonté et savoir-faire autour de projets de développement tout à la fois local et européen, avec un fort impact positif sur l'aménagement du territoire, pour un investissement relativement modeste.
Les quatre initiatives maintenues concernent : premièrement, le soutien de la coopération transfrontalière ; deuxièmement, la promotion du développement rural avec la continuation du programme LEADER ; troisièmement, la lutte contre la discrimination dans l'accès au marché du travail ; quatrièmement, la revitalisation économique et sociale des villes et des banlieues en crise.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le budget communautaire est l'outil qui a permis de faire évoluer l'ensemble des Etats membres vers une Union européenne symbole de cohésion économique et sociale. A la veille de réalisations majeures comme la monnaie unique ou l'ouverture de l'Union à plusieurs Etats de l'Est, les sénateurs du RDSE n'entendent pas perdre de vue l'objectif qu'ils se sont fixé depuis de nombreuses années.
Résolument européens, mais vigilants et pragmatiques, ils estiment que, compte tenu de ses nouvelles orientations, le budget pour 2000 de l'Union européenne et la participation de la France à ce budget devront être jugés à l'aune de leur efficacité. Les sénateurs du groupe du Rassemblement démocratique et social européen approuveront la participation financière de la France au budget de l'Union européenne pour 2000. (M. le rapporteur spécial applaudit.)
M. le président. La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, j'ai le sentiment que, cette année, la discussion de l'article 35, qui fixe la participation française au budget des Communautés européennes, s'inscrit dans un contexte tout à fait particulier.
En effet, le budget pour 2000 des Communautés européennes me semble dominé par trois axes importants et relativement nouveaux.
Il est, d'une part, le premier budget de la nouvelle programmation financière, mais il solde les crédits d'engagement de la précédente programmation. Il est, d'autre part, à mon sens, le premier budget qui intègre aussi nettement la préparation de l'élargissement de l'Union européenne.
Enfin, on retiendra naturellement de ce budget qu'il est marqué par la volonté d'un engagement fort et exceptionnel des Etats membres en faveur de la reconstruction du Kosovo et de l'aide aux pays des Balkans.
Aussi, vous en conviendrez avec moi, mes chers collègues, le budget pour 2000 est bien un budget de transition qui se situe au carrefour d'échéances européennes essentielles pour l'avenir.
Je m'attarderai dans un premier temps sur les caractéristiques générales du budget européen.
Nous constatons tout d'abord que le projet de budget pour 2000 satisfait pleinement à la discipline financière à laquelle les Quinze se sont astreints et, en particulier, à l'augmentation mesurée de nos dépenses.
Ce n'est plus, aujourd'hui, pour nous comme pour M. le rapporteur spécial, un sujet de préoccupation majeur.
Le conseil a ainsi révisé, avec la plus grande sagesse, l'avant-projet, plus dispendieux, de la Commission, et propose une progression raisonnable de 2,8 %.
Je souscris totalement à ce souci de modération budgétaire, non par principe mais parce que nous nous faisons fort d'être vertueux en ce domaine dans nos propres budgets nationaux.
Le deuxième engagement présent dans ce budget tient à l'élargissement de l'Union.
Les dépenses de préadhésion inscrites cette année constituent, à n'en pas douter, une étape significative. Pour autant, je partage le souci de nos représentants qui souhaitent ne pas aller trop vite en la matière et adopter une démarche ambitieuse, volontaire mais aussi responsable.
Nous avons donc bien aujourd'hui, comme la France l'avait proposé au sommet européen de Vienne, « une double programmation permettant d'assurer une étanchéité entre les dépenses consacrées à la politique commune des Quinze qui doivent être préservées et les dépenses nouvelles consacrées aux nouveaux adhérents ».
Je tiens à souligner que, contrairement à ce que certains peuvent penser, la nouvelle stratégie, qui sera discutée à Helsinki et qui consiste à considérer l'ensemble des pays candidats à l'adhésion comme un seul groupe, ne devrait pas entraîner de dépenses supplémentaires.
Le souci d'équité que nous manifestons à travers cette nouvelle orientation n'implique en rien que nous voulions accélérer le processus d'élargissement.
L'avenir de la construction européenne passe, en effet, par cet équilibre délicat mais primordial entre élargissement et approfondissement communautaire.
« Faire l'Europe de la croissance et de l'emploi, tel est l'objectif que nous devons nous fixer pour les années qui viennent, celles que les citoyens attendent de nous, celui que le contexte économique né de l'euro rend possible. » Cet objectif, ainsi énoncé par Lionel Jospin, n'est plus un voeu pieux.
Les prévisions qui ont été récemment communiquées par la Commission européenne montrent une nette tendance à la baisse du taux de chômage communautaire. La diminution régulière du taux de chômage en France - les derniers chiffres du mois de novembre le confirment - contribue de manière sensible à ces bons résultats.
Toutefois, même si ces chiffres sont très encourageants, nous devons prendre en compte des réalités sociales contrastées ainsi que des disparités nationales et régionales, et donc poursuivre notre soutien à la création d'emplois. Cela a été, est toujours et restera notre priorité. Je souhaite, à ce titre, que nous reconduisions la ligne « emploi », créée à la fin de 1997, pour donner un coup de pouce aux PME innovantes.
Par ailleurs, j'ai relevé avec satisfaction, monsieur le ministre, dans votre intervention à l'Assemblée nationale, que la France sera bénéficiaire net du nouvel objectif 3 consacré à l'emploi et à la cohésion sociale.
Nul doute que nous serons amenés à intensifier nos efforts dans cette direction après le sommet de Lisbonne de mars prochain, qui sera entièrement consacré à la lutte pour l'emploi.
La politique agricole commune confirme, quant à elle, son statut de première politique européenne. Je me félicite plus particulièrment de l'importance des crédits consacrés au développement rural, qui devient le deuxième pilier de la PAC. J'y vois une constante - opportune dans le contexte des négociations difficiles de l'OMC - dans notre volonté de promouvoir en France, en Europe et dans le monde un autre modèle, soucieux de l'environnement dans lequel il s'inscrit.
En ce qui concerne les politiques internes, qui mobilisent 6,2 % des dépenses communautaires, je suis très sensible à l'augmentation des crédits consacrés aux réseaux transeuropéens, à la recherche et, plus généralement, à la formalisation de l'Europe de la connaissance.
Dans le domaine des actions extérieures, enfin, nous avons tout lieu d'être fiers que le Conseil ait proposé de mobiliser l'Union dans la reconstruction du Kosovo, ainsi que dans une aide très importante destinée à stabiliser la région des Balkans. Il en va de notre responsabilité, bien sûr, mais aussi et surtout de l'avenir de la paix sur notre continent. Nous espérons que cet effort pourra s'exercer dans la durée.
Ces quelques remarques énoncées, j'en viens à l'examen proprement dit de la contribution française, qui appelle notre attention aujourd'hui.
Le montant de cette contribution est en progression de 3,7 % par rapport aux estimations de 1999. Cette augmentation se justifie par notre aide en faveur du Kosovo et des Balkans et tient compte des reports des crédits d'engagement des fonds structurels.
La contribution européenne mobilise 6,2 % des recettes de notre pays, ce qui reste équivalent à la moyenne des années précédentes.
Il est important de noter que notre pays reste le premier bénéficiaire de la dépense communautaire, notamment, et cela ne nous étonnera pas, dans le domaine agricole.
Pour autant, nous savons tous que nous ne pouvons apprécier le montant de cette contribution en termes de juste retour. A cet égard, j'ai pris connaissance avec le plus vif intérêt de l'argumentation développée par notre collègue Badré dans son rapport.
L'évolution du calcul des ressources, privilégiant la ressource PNB à la ressource TVA, est, à ce titre, à souligner. Plus équitable, ce nouveau calcul devrait nous permettre de limiter à terme les velléités nationales et de nous concentrer sur l'essentiel.
En effet, l'essentiel, mes chers collègues, est bien de poser le débat en termes politiques.
M. Hubert Haenel, président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne. Très bien !
M. Bernard Angels. Chacun s'accordera sur le fait que le budget européen pour 2000 reconduit largement les orientations politiques existantes.
Nous avons pourtant les moyens de nous fixer d'autres ambitions, qui nous permettront de poursuivre le processus d'intégration européenne.
Je pense à la mise en oeuvre de l'Europe de la liberté, de la sécurité et de la justice, dessinée lors du Conseil de Tampere, et en particulier à la mise en place d'Eurojust, outil de lutte contre la criminalité organisée. Je pense à l'approfondissement de la politique étrangère et de sécurité commune et, au coeur de ce dispositif, à la mise en place d'une défense européenne. Je pense aussi à notre engagement en faveur des nouvelles technologies, qui constituent tout à la fois un formidable moteur pour la croissance et un vivier d'emplois important.
Nous savons que nous devons progresser dans la voie d'une meilleure efficacité et d'une plus grande transparence de l'action communautaire. C'est à ce prix que nous pourrons au mieux préparer l'avenir. Je tiens d'ailleurs à souligner ma satisfaction concernant la création de l'Office de lutte anti-fraude, qui constitue une avancée importante dans cette direction.
Il ne faut pas confondre nos orientations politiques pour cette année et la programmation pluriannuelle définie par les perspectives financières de Berlin, en mars dernier.
Nous nous situons, en effet, actuellement à un seuil de dépenses acceptable de 1,08 % du PNB communautaire qui reste en deçà du plafond de 1,27 %, lequel, je le rappelle ici, n'a jamais été dépassé.
La France exercera au cours du second semestre 2000 la présidence de l'Union qui, jusqu'à présent, a toujours su donner une nouvelle impulsion politique à l'Union européenne.
Je sais que vous avez à coeur de promouvoir aussi bien nos engagements que nos convictions : placer l'Europe au service de la croissance et de l'emploi, des citoyens et des consommateurs, de la liberté et de la justice, de la défense des droits de l'homme et de la paix.
Le groupe socialiste votera l'article 35, relatif à la participation de la France au budget communautaire, mais, au-delà, il tenait à vous assurer de sa confiance et de son soutien dans la conduite de cette prochaine présidence. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Michel Charasse. Excellente intervention !
M. le président. La parole est à M. Ferrand.
M. André Ferrand. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, après les excellentes interventions que nous venons d'entendre, je souhaite profiter de l'occasion qu'offre ce débat pour attirer votre attention sur quelques points particuliers, mais qui me paraissent importants.
Je m'exprimerai certes au nom du groupe des Républicains et Indépendants, et il va sans dire que nous voterons l'article 35 du projet de loi de finances, mais avec la vision et la sensibilité qui sont les miennes en tant que sénateur représentant les Français établis hors de France.
Le premier point que je souhaite évoquer revêt, et je suis certain que vous en conviendrez, monsieur le ministre, une importance particulière. Il s'agit de tout ce qui, dans son environnement quotidien, conduit le citoyen européen d'abord à prendre conscience que non seulement l'Europe existe, mais qu'elle a pour lui des effets positifs, voire bienveillants.
Quelque 800 000 de nos compatriotes vivent dans les autres pays de l'Europe des Quinze. Plus concernés que d'autres par ces questions, ils ont souvent, et malheureusement, des raisons de ne pas être satisfaits. Eux vivent la construction européenne au quotidien, loin de l'Agenda 2000 et des fonds structurels.
J'ai souvent eu l'occasion de les rencontrer. Je les ai écoutés me raconter cette Europe citoyenne dont nous parlons tous mais dont ils sont les premiers acteurs.
Nous pouvons être fiers du dynamisme dont ils font preuve.
Nous devons également saluer leur engagement en faveur d'une Europe plus forte dont ils mesurent si bien les enjeux pour notre pays, qu'ils soient économiques ou culturels.
Mais ce dynamisme et cet engagement se heurtent encore trop souvent à des obstacles administratifs qui révèlent le chemin qui nous reste encore à parcourir vers l'Europe que nous nous racontons.
Cela est vrai également pour nos autres compatriotes de l'étranger comme de France, et aussi, j'en suis sûr, pour les autres Européens des Quinze.
Je prendrai deux exemples dans des domaines particulièrement sensibles.
D'abord, en ce qui concerne la justice, on connaît les difficultés à s'assurer que les décisions prises dans un pays sont appliquées dans un autre. Cela conduit trop souvent à des situations particulièrement douloureuses.
Qui n'a entendu parler de ces enfants nés de couples européens de nationalités différentes dont les parents divorcent ?
Les jugements prononcés dans un pays ne sont pas appliqués dans l'autre, et les enfants deviennent l'objet de querelles qui, parfois, débouchent sur de véritables enlèvements, lesquels entraînent les traumatismes que l'on imagine. Mme le garde des sceaux s'est préoccupée de ce grave problème. Il n'est pas définitivement réglé, même si des progrès ont été accomplis.
La question de l'équivalence des diplômes et de la reconnaissance des qualifications est une autre question importante, car elle est une des clés de la libre circulation des étudiants et des travailleurs en Europe.
Il y a là, monsieur le ministre, un autre chantier concret, pratique, dont le succès montrerait à tous nos compatriotes, à l'étranger mais aussi en France, et à tous les autres Européens, que l'Europe devient une réalité.
C'est un défi que la prochaine présidence française se doit de relever.
Mais, ne nous le cachons pas, l'enjeu n'est pas seulement législatif ou contractuel : il s'agira, afin que les textes soient réellement appliqués, d'assurer la nécessaire communication et d'obtenir l'adhésion des acteurs concernés.
Je voudrais maintenant, sur un tout autre registre - et ce sera mon deuxième point - évoquer auprès du ministre délégué aux affaires européennes les responsabilités particulières de notre pays vis-à-vis des pays de la zone de solidarité prioritaire et, plus généralement, des Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, les pays de la zone ACP, qu'il s'agisse du renouvellement de la convention de Lomé ou des négociations qui s'ouvrent dans le cadre de l'OMC.
Je n'ai pas d'inquiétude particulière quant à l'attention que porte le ministre délégué à la coopération, votre collègue M. Josselin, à cette mission particulière qui nous incombe, mais le groupe des Républicains et Indépendants pense qu'il est naturel que soit rappelé et souligné ici le rôle privilégié de la France dans ce domaine au sein du concert européen.
Enfin, et c'est mon troisième point, je finirai en évoquant le prochain élargissement à l'Est de l'Union européenne. Le président de notre délégation vient de souligner la lourdeur des implications budgétaires de cet enjeu politique, même s'il est encore trop tôt pour les apprécier concrètement.
Ce sujet appelle un suivi minutieux, à tous les niveaux, de la part des Etats membres actuels. En ce qui la concerne, la délégation du Sénat pour l'Union européenne a décidé de nommer un rapporteur particulier pour chacun des pays candidats à l'adhésion. C'est une idée qu'avait eue le président de cette délégation, M. Michel Barnier, avant d'être nommé commissaire européen. Signe qui ne trompe pas quant à sa pertinence, elle a été reprise par la délégation de l'Assemblée nationale et elle a reçu votre approbation, monsieur le ministre.
J'ai eu l'honneur de vous accompagner à la fin du mois de juin dernier lors de votre visite dans le pays dont la délégation m'a chargé de suivre la candidature, la Slovénie.
J'ai ainsi pu mesurer à la fois le sérieux et la détermination avec lesquels les Slovènes préparaient leur entrée dans l'Union européenne, mais aussi leurs difficultés à reprendre « l'acquis communautaire », selon l'expression reçue.
Pour l'intant, la préparation de la candidature de la Slovénie est d'abord une affaire de législation et d'administration. A ce stade des négociations d'adhésion, il est encore trop tôt pour chiffrer précisément sa contribution au budget européen et sa part des dépenses agricoles et structurelles.
Je ne crois toutefois pas m'avancer beaucoup en prédisant que ce n'est pas la Slovénie qui fera « exploser » le budget communautaire. Ce pays de deux millions d'habitants seulement dispose d'une économie de marché et d'un tissu de PME exportatrices. Le niveau de vie de ses habitants, égal à 68 % de la moyenne communautaire, le place loin en tête devant les autres candidats.
Je n'en dirai pas autant d'autres pays bien plus peuplés mais moins développés économiquement. C'est pourquoi je souhaite, monsieur le ministre, connaître votre appréciation quant au réalisme des montants prévus pour l'élargissement dans les perspectives financières. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et du RPR.)
M. Hubert Haenel. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur général, monsieur le rapporteur spécial, monsieur le président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne, mesdames, messieurs les sénateurs, comme chaque année, le Gouvernement, par la voix du ministre délégué chargé des affaires européennes, rend compte à la représentation nationale du projet de budget de l'Union européenne pour l'année à venir et de ses conséquences sur le budget de l'Etat à travers le prélèvement européen.
En ce qui me concerne, puisque le temps passe, c'est la troisième fois que je me livre à cet exercice devant la Haute Assemblée. Je vais commencer par quelques très brèves considérations sur la politique économique, puisque M. le rapporteur général m'y a en quelque sorte incité.
Je voudrais simplement rappeler à M. Marini, qui se faisait l'apôtre d'une politique vigoureuse pour l'euro, que, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir en juin 1997, je n'irai pas jusqu'à dire que cette perspective de la monnaie unique était dans l'ornière, mais elle était en tout cas dans une situation difficile compte tenu de la grave dérive que connaissaient alors nos déficits publics et dont convenait d'ailleurs le Premier ministre de l'époque. (M. le rapporteur spécial s'exclame.)
Quant au record des prélèvements obligatoires, j'aimerais bien que l'on reprenne un peu notre histoire pour déterminer à quel moment il se situe.
M. Jean Chérioux. Le problème est de savoir jusqu'où on remonte !
M. Pierre Moscovici, ministre délégué. Par ailleurs, je voudrais rassurer M. le rapporteur général quant à la dynamique de croissance à la fois mondiale et française et lui indiquer que nous ne sommes pas, loin s'en faut, en train de nous reposer uniquement sur cette croissance mondiale.
Je crois que la croissance française est d'autant plus forte et durable qu'elle est aujourd'hui davantage soutenue par la consommation et l'investissement que par la demande extérieure. Cela n'empêche pas le Gouvernement - mais ainsi le veut le contexte général de la discussion du projet de loi de finances - de réduire le rythme de croissance de la dépense publique, puisque celui-ci a été fixé à 1 % en volume sur les trois prochaines années dans le document de programmation des finances publiques adressé par la France à Bruxelles voilà six mois.
Je n'ai pas l'intention de m'engager davantage dans cette discussion, mais je me devais de faire ce rappel.
S'agissant de la procédure budgétaire, j'ai bien noté que plusieurs d'entre vous, le rapporteur spécial, M. Badré, le président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne, M. Haenel, et Mme Bidard-Reydet ont regretté le caractère un peu particulier et contraint de notre discussion d'aujourd'hui.
M. Hubert Haenel, président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne. Oui !
M. Pierre Moscovici, ministre délégué. Il est vrai que ce débat est très utile et je tiens à remercier l'ancien ministre du budget qui l'a institué.
Je conviens toutefois qu'il revêt des aspects un peu insatisfaisants, puisque le budget communautaire est en fait délibéré par l'organe législatif de l'Union européenne, c'est-à-dire par le Conseil et le Parlement européens.
Je suis, pour ma part, tout à fait favorable à une association plus étroite des parlements nationaux, et donc du parlement français, à cette procédure qui me paraît souhaitable.
Au titre de l'article 88-4 de la Constitution, le Sénat et l'Assemblée nationale sont d'ailleurs destinataires de l'avant-projet préparé par la Commission et du projet de budget élaboré par le Conseil.
M. Denis Badré, rapporteur spécial. Mais pas par le Parlement !
M. Pierre Moscovici, ministre délégué. Peut-être puis-je renouveler ici une proposition que j'avais faite devant l'Assemblée nationale.
J'avais suggéré, en effet, d'étoffer le volet consacré à l'Union européenne lors du débat d'orientation budgétaire qui a eu lieu en juin dernier, donc avant l'adoption du projet de budget par le Conseil en juillet.
Je renouvelle devant la Haute Assemblée cette suggestion, qui permettra la tenue d'une discussion en amont sur ce que doivent être les priorités budgétaires de l'Union européenne.
J'en viens au fond.
Le projet de budget communautaire pour 2000 inaugure la mise en oeuvre des nouvelles perspectives financières décidées en mars dernier au Conseil européen de Berlin.
Ma première réflexion sera pour dire que ce projet de budget montre à l'évidence que le « paquet » financier de Berlin est un bon « paquet » pour la France. Je remercie le président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne d'en avoir donné acte aux autorités françaises, qui ont travaillé de concert avec le Président de la République et le Gouvernement, comme il est de règle en ces matières.
Nos retours sont stabilisés, voire en légère augmentation, dans le cadre d'un budget d'ensemble qui reste maîtrisé.
Le budget de la PAC, la politique agricole commune, est stabilisé, avec néanmoins - mais j'y reviendrai - une montée en régime du « deuxième pilier » de la PAC, entièrement consacré, grâce à l'initiative française, au développement rural et à la déclinaison territoriale du concept de « multifonctionnalité », auquel nous sommes attachés et que nous défendons dans le cadre des négociations de l'OMC, l'Organisatisation mondiale du commerce.
Les fonds structurels sont globalement en augmentation de 6,5 % pour les Quinze. Je l'indique à M. Bernard Joly avant d'y revenir : les retours de la France sont stabilisés à environ 100 milliards de francs, soit exactement le volume des crédits dont la France disposait au titre de la programmation d'Edimbourg, même si la répartition de ces fonds a effectivement changé assez profondément, comme le savent tous les élus ici présents.
Enfin le budget communautaire reste globalement maîtrisé, avec une croissance limitée à 2,8 % en valeur pour 2000.
La contribution française augmentera à un rythme légèrement plus soutenu de 3,7 %, mais sans réelle discontinuité par rapport aux évolutions antérieures.
L'augmentation de notre effort, qui est significative tout en restant à mon sens raisonnable, résulte notamment de la montée en régime de la ressource assise sur le PNB, en lieu et place de la ressource dégagée par la TVA, ce qui permettra de rendre un peu plus équitable le système de ressources propres de l'Union européenne, conformément à l'esprit des décisions de Berlin sur le volet des ressources propres. Nous avons résisté à la thèse au juste retour sans pour autant la battre totalement en brèche.
A Berlin, nous avons donc remis de l'ordre dans les finances de l'Union européenne. C'était un préalable indispensable pour remettre l'Europe elle-même en ordre de marche. Je veux féliciter le chancelier Gerhard Schröder, qui a prononcé hier un beau discours européen à l'Assemblée nationale, de l'avoir compris dès le tout début de l'année.
J'apporte également mon appui à MM. Haenel et Badré, qui ont manifesté leur opposition aux demandes de modification des perspectives financières formulées par certains élus du Parlement européen.
Soyons clairs : une réouverture de l'Agenda 2000 ne pourra se faire qu'à notre détriment, il faut tous en avoir conscience.
Par ailleurs, on comprendrait mal que le Parlement européen demande à modifier l'accord interinstitutionnel sur les nouvelles perspectives financières déjà signé par le Parlement sortant en juin dernier. S'il faut assurer la continuité de l'Etat, il faut aussi veiller à garantir la continuité parlementaire.
Je réponds donc à Mme Bidard-Reydet qu'à mon sens, dans le trilogue en cours, le Parlement européen doit faire preuve d'esprit de responsabilité. Il n'est pas acceptable - et il ne sera pas accepté - que le Parlement européen prenne en quelque sorte en otage les perspectives financières de la période 2000-2006 pour obtenir une majoration des dépenses non obligatoires du budget pour 2000.
Remettre l'Europe en marche, disais-je, cela signifie d'abord que cette dernière a réussi à se donner les moyens d'assumer les responsabilités internationales nouvelles qui sont les siennes dans les Balkans à la suite de la tragédie du Kosovo.
Par ailleurs, l'Union européenne a décidé de faire face aux défis qui l'attendent.
Il s'agit d'abord, et j'y reviendrai, de la réussite du processus d'élargissement avec la proposition d'un mouvement beaucoup plus inclusif.
Il s'agit aussi de l'indispensable réforme des institutions européennes préalable à l'élargissement, selon le souhait exprimé par la représentation nationale, avec la convocation toute prochaine d'une nouvelle Conférence intergouvernementale.
Il s'agit encore des progrès vers l'Europe de la défense, avec notamment la fusion Aérospatiale-Matra-Dasa et l'approfondissement du travail franco-britannique et franco-allemand amorcé voilà un an et confirmé à travers deux sommets qui se sont tenus dans la dernière semaine.
Il s'agit également de la poursuite des efforts pour bâtir l'Europe de l'emploi et de la croissance avec le sommet spécial prévu à Lisbonne en mars prochain, afin de donner enfin de la chair, au Pacte européen pour l'emploi adopté à Cologne.
Il s'agit enfin de la préparation du prochain cycle de négociations commerciales multilatérales qui s'est ouvert à Seattle.
Plusieurs d'entre vous ont évoqué ce point. Résistant pour ma part à la tentation de m'étendre sur ce sujet, je me contenterai de souligner ici que, quoi qu'il arrive, l'Union européenne aborde ce sommet de l'OMC plus unie que jamais par le passé et qu'elle est prête soit à proposer sa propre vision de la mondialisation, soit à résister à une vision de la mondialisation qui lui serait hostile.
L'avenir de l'Europe dépend évidemment de ces grands chantiers. Vous ne serez donc pas étonnés qu'ils constituent le coeur des priorités de la présidence française au second semestre de l'an 2000, priorités fixées - cela va de soi - en totale harmonie entre le Président de la République et le Premier ministre.
Avant d'entrer plus avant dans le vif du sujet, je voudrais remercier M. Philippe Marini, rapporteur général du budget de l'Etat, M. Denis Badré, rapporteur spécial de la commission des finances, ainsi que M. Hubert Haenel, président de la délégation pour l'Union européenne, qui exerce en permanence, en particulier en application de l'article 88-4 de la Constitution, la vigilance du Sénat sur les actes de l'Union européenne et leur traduction en droit interne, ainsi que sur l'action du ministre délégué chargé des affaires européennes.
Je tiens, en premier lieu, à vous donner quelques éléments d'information sur la manière dont la procédure budgétaire communautaire s'est déroulée jusqu'à aujourd'hui.
La Commission a présenté son avant-projet de budget pour 2000 en mai dernier, en progression de 4,7 % en crédits de paiement par rapport au budget de 1999. En engagements, l'avant-projet de budget marquait au contraire une baisse de 4,4 % en raison du niveau exceptionnellement élevé des crédits d'engagements des fonds structurels en 1999, dernière année de la programmation d'Edimbourg.
Lors du Conseil budget du 16 juillet dernier, les Quinze ont ramené la progression des paiements à un taux plus raisonnable de 2,8 %, soit une augmentation en volume de 0,8 %, compte tenu d'une inflation communautaire évaluée à 2 %.
Cet ajustement a été obtenu essentiellement à travers un abattement forfaitaire de 375 millions d'euros sur les dépenses de marché de la PAC, d'une part, et à travers une économie de 1 milliard d'euros sur les fonds structurels, d'autre part, qui résulte de l'adoption du nouveau règlement « fonds structurels ».
La deuxième lecture du Conseil budget, intervenue jeudi dernier, n'a apporté que des retouches marginales à ce projet de budget, en dehors de la révision des besoins au titre de la reconstruction du Kosovo pour l'an 2000, fixés désormais à 360 millions d'euros, au lieu de 500 millions d'euros en juillet dernier. Cet ajustement de 140 millions d'euros tient compte tout simplement des capacités d'absorption de l'économie kosovare, évaluées récemment par la Banque mondiale dans le cadre des travaux de la Conférence des donateurs.
Comme l'a souligné M. Haenel, il s'agit bien évidemment d'un simple ajustement technique auquel il ne faut pas donner de sens politique. Ce n'est assurément pas, mesdames, messieurs les sénateurs, une révision déchirante de notre engagement au Kosovo - il demeure intact - qui serait bien sûr choquante et même inacceptable.
Avec un taux de progression en volume de 0,8 %, le projet de budget de l'Union européenne pour 2000 évolue à un rythme compatible avec l'objectif général de stabilisation en francs constants des dépenses de l'Etat pour 2000.
Compte tenu du système de ressources de l'Union européenne, l'évaluation de notre contribution au budget de l'Union européenne s'établit à 98,5 milliards de francs. Cette contribution représentera 6,2 % du produit attendu des recettes fiscales nettes de l'Etat pour 2000, contre une estimation à ce jour de 6 % pour 1999.
J'en viens, à présent, au fond du projet de budget pour l'an 2000 adopté par le Conseil.
Les crédits de la politique agricole commune s'établissent à 40,5 milliards d'euros, soit une augmentation de 0,2 % par rapport à 1999.
Au sein de cette masse financière, les crédits de développement rural s'élèvent à 3,6 milliards d'euros. Conformément aux décisions de Berlin, encouragées par la France, ces crédits regroupent de façon désormais beaucoup plus cohérente l'ensemble des actions de développement rural, y compris celles qui étaient traditionnellement financées dans le cadre de la politique structurelle. Les politiques de développement rural, véritable « deuxième pilier » de la PAC, visent à prendre pleinement en compte la ruralité dans toutes ses dimensions : non seulement la dimension agricole, mais aussi les dimensions sociale et environnementale. Ce « deuxième pilier » de la PAC était, comme vous le savez, au coeur de la réforme décidée à Berlin, centrée sur le renforcement de la multifonctionnalité. Il est normal qu'il trouve une pleine traduction budgétaire dès 2000, et nous nous en réjouissons.
Mme Bidard-Reydet est revenue sur ce que nous avons décidé en matière de PAC, à Berlin : nous avons certes accepté des baisses de prix, modérées à l'époque ; mais nous avons indiqué clairement - cela n'a d'ailleurs pas été facile à obtenir - que cette réforme de Berlin serait la base de notre position pour les négociations de l'OMC qui se sont ouvertes hier, avec les difficultés que l'on connaît. Je voudrais vous redire que, solidement appuyés sur Berlin, nous abordons ces négociations sur le volet agricole dans une bonne posture ; mais nous n'accepterons aucune offensive, qu'elle émane des Etats-Unis ou du groupe de Cairns, contre la politique agricole commune réformée pour être compatible avec les règles de l'échange mondial.
Les dépenses de marché de la PAC sont en réduction de 2,3 %, essentiellement du fait de la suppression de l'avance consentie au titre de l'aide aux oléagineux, qui entraîne une économie de 1,2 milliard d'euros dans le projet de budget pour 2000. Cette mesure technique de trésorerie résulte de l'alignement du régime des oléagineux sur celui des céréales, décidé à Berlin.
La rubrique 2 du budget communautaire, consacrée à la politique structurelle, a fait l'objet d'un accord politique à Berlin même, l'enveloppe globale des crédits pour la période 2000-2006 étant arrêtée à 213 milliards d'euros. Cette enveloppe représente une augmentation de 6,5 % par rapport à la programmation précédente, qui va se clore dans quelques semaines. Elle correspond à un effort financier important de l'Union européenne, indispensable pour maintenir la cohésion économique et sociale d'un ensemble démographique vivant désormais avec la même monnaie. Pour reprendre l'expression de Jacques Delors, les Quinze ont fait preuve « d'esprit de famille » à Berlin. Chaque pays de l'Union européenne, en particulier les pays du Sud, peut continuer à être directement intéressé au développement des actions communautaires, à travers notamment les programmes d'objectif 1 et les financements du fonds de cohésion.
La France, qui est la deuxième puissance économique de l'Union européenne, a pris sa part de cet effort de solidarité communautaire, puisqu'elle verra la population métropolitaine couverte par les zonages d'objectif 2 diminuer d'un quart.
Mais la France est aussi un pays qui, à bien des égards, a besoin que la solidarité communautaire s'exerce à son bénéfice. Ainsi, ses retours au titre des départements d'outre-mer augmenteront, pour s'établir à plus de 21 milliards de francs sur la prochaine période. Par ailleurs, elle sera le principal bénéficiaire, avec l'Allemagne, du nouvel objectif 3, consacré entièrement à l'emploi et à la cohésion sociale, et qui doit être pleinement mobilisé, en appui aux actions en faveur de l'emploi menées par l'Etat, les collectivités locales, ou encore par les acteurs de l'économie sociale.
C'est pourquoi je tenais à rassurer M. Joly sur la globalité de nos retours en fonction de l'Union européenne. On ne peut pas dire que la France dans son intégralité a été pénalisée par les décisions de Berlin, même si ces dernières impliquaient, en termes d'objectif 2, des restructurations qui ont d'ailleurs été menées en concertation avec les élus locaux.
Je souligne, par ailleurs, que le phasing out, ou périodes transitoires, sera très étalé pour la Corse et le Hainaut. Ces régions ne basculeront dans l'objectif 2, si elles satisfont aux critères, qu'au terme d'un délai de six ans. Par ailleurs, la Corse va rester intéressée par les programmes interreg et urban. Je crois que, là encore, nous nous en sortons de façon assez convenable.
En définitive, la France verra ses retours globalement reconduits de période sur période autour de 100 milliards de francs.
Le projet de budget pour 2000 fixe, au total, le montant des crédits structurels à 32,7 milliards d'euros en crédits d'engagement et 31 milliards d'euros en crédits de paiement, soit une progression de 1,8 %. Cela permettra d'apurer la moitié environ des restes à liquider au titre du paquet Delors II, de mettre en place immédiatement l'avance de 3,5 % sur les futurs programmes et de prévoir les paiements nécessaires pour couvrir les crédits d'engagement ouverts en l'an 2000.
Les autres politiques internes, regroupées traditionnellement dans la rubrique 3 du budget communautaire, ont fait l'objet d'une attention particulière dans le cadre de la programmation de Berlin, même si cela été un peu occulté par les réformes importantes de la PAC et des fonds structurels qui constituaient le coeur de l'Agenda 2000 et dont je viens de parler.
En effet, le plafond de ces dépenses de la rubrique 3 progressera de 11,3 % en euros constants entre 2000 et 2006, notamment pour tenir compte de la communautarisation d'une partie du « troisième pilier » relatif à la justice et aux affaires intérieures, prévue par le traité d'Amsterdam et qui a reçu un début de mise en oeuvre lors du Conseil européen extraordinaire de Tampere.
J'en profite, monsieur Ferrand, pour vous dire que cette dimension de la justice et des affaires intérieures, dimension fondamentale pour l'Europe citoyenne que vous avez appelée de vos voeux, est de plus en plus prise en compte. Ainsi, les décisions prises à Tampere devront être exécutées selon un calendrier précis, d'ores et déjà établi, et la présidence française aura à coeur et à charge de leur donner une traduction extrêmement forte.
Pour l'an 2000, les crédits de la rubrique 3 seront stables, avec 5,8 milliards d'euros en crédits d'engagement, soit précisément le même niveau qu'en 1999. Pour autant, les Quinze ont réaffirmé nettement les priorités que constituent, au sein de cette rubrique 3, la recherche, d'une part, les réseaux transeuropéens, d'autre part.
Les crédits de recherche augmentent ainsi de 5,2 % en engagements pour s'établir à 3,6 milliards d'euros ; les interventions seront concentrées autour de quatre priorités thématiques principales, de manière à répondre aux critiques émises, en partie par nous, sur le précédent programme cadre de recherche et développement, le PCRD.
Les réseaux transeuropéens voient leurs crédits augmenter de 12 % en engagements, pour s'établir à 656 millions d'euros, ce qui devrait permettre une politique d'investissement, avec notamment le concours de la Banque européenne d'investissement, à la hauteur de ce que nous souhaitons.
J'en viens maintenant aux actions extérieures de l'Union européenne, financées au sein de la rubrique 4, dotée de 4,6 milliards d'euros en engagements et de 3,4 milliards d'euros en paiements dans le projet de budget pour 2000.
Cette enveloppe permettra de financer l'ensemble des programmes d'action extérieure de l'Union européenne, notamment la politique méditerranéenne, la coopération avec les nouvelles républiques indépendantes issues de l'éclatement de l'Union soviétique et la coopération avec l'Amérique latine.
Mais la rubrique 4 autorise, au-delà de la continuité des actions traditionnelles de l'Union européenne, le financement d'un plan d'aide à la région des Balkans.
Sur l'initiative de la délégation française, le Conseil a décidé la création d'une réserve de 360 millions d'euros destinée à financer la reconstruction du Kosovo proprement dit, ainsi que d'une enveloppe de 420 millions d'euros pour les autres types d'intervention, notamment l'aide alimentaire et l'aide humanitaire, indispensables pour favoriser la stabilisation des Balkans dans leur ensemble.
C'est donc un effort de près de 800 millions d'euros qui était indispensable pour que l'Union européenne assume ses responsabilités nouvelles dans les Balkans. Il a été heureusement consenti.
J'ajouterai encore un mot sur l'aspect budgétaire proprement dit, pour dire, notamment à M. Badré, que le financement de l'élargissement est, comme il le sait, prévu dans les rubriques 7 et 8 du budget pour plus de 40 milliards d'euros sur la période 2000-2006. Il est prévu dans une rubrique à part en attendant une imputation plus précise dès que les adhésions interviendront effectivement. Je crois, monsieur Haenel, que nous conserverons la même structure pour l'année 2001, voire 2002.
M. Denis Badré, rapporteur spécial. Encore un ou deux budgets...
M. Pierre Moscovici, ministre délégué. Je n'irai pas plus loin, car je sais qu'il y a ici de chauds partisans d'un élargissement rapide ; j'en suis d'ailleurs, même si je souhaite un élargissement maîtrisé.
Pour terminer, je resituerai, en quelques mots, la présentation du budget communautaire dans la perspective des échéances qui nous attendent, notamment la présidence française.
J'évoquais dans mon propos introductif les trois principaux chantiers qui seront au coeur de notre présidence : l'élargissement, la réforme des institutions, la stratégie européenne pour la croissance et l'emploi. J'y reviens brièvement.
Le premier chantier est la stratégie européenne pour la croissance et l'emploi.
A Cologne, sur l'initiative de la présidence allemande, qui reprenait aussi des concepts français, les Quinze ont lancé un pacte européen pour l'emploi, ce qui, madame Bidard-Reydet, allait dans le sens de la priorité que la France a donné à son action pour l'Europe depuis Amsterdam, en 1997, à savoir la réorientation de la construction européenne en faveur de la croissance et de l'emploi.
Les conclusions de Cologne ont permis de réaliser une première synthèse des engagements antérieurs de l'Union européenne. C'est leur principal mérite, mais aussi leur principale limite. En effet, à l'évidence, avec plus de 17 millions de chômeurs encore dans l'Union européenne, il nous faut faire des pas supplémentaires dans ce rééquilibrage de la construction européenne.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement souhaite travailler en étroite liaison avec le Portugal, qui assumera la présidence de l'Union européenne à partir de janvier prochain et qui a pris l'engagement de réunir un sommet social européen spécial à Lisbonne, les 23 et 24 mars prochains.
Je tiens à dire à M. Angels que, comme lui, nous avons une ambition élevée pour ce sommet : nous souhaitons en effet, dans la lignée de tout ce que nous avons fait depuis 1997, le développement d'une politique européenne pour l'emploi.
Nous avons eu des premiers échanges avec le Gouvernement portugais, notamment à l'occasion de la visite en France d'Antonio Guterres, le Premier ministre de ce pays. Pour notre part, nous considérons qu'un dépassement qualitatif de la démarche de Luxembourg sur l'emploi passe par trois initiatives.
Tout d'abord, il faut réfléchir à l'enrichissement des lignes directrices pour l'emploi adoptées à Luxembourg. Il faut aussi remettre cette démarche coordonnée sur l'emploi au coeur de la coordination des politiques économiques, et, à cet égard, je crois que nous pouvons pousser encore plus loin les actions qui ont été engagées depuis plus de deux ans et demi maintenant, notamment sur l'initiative de Dominique Strauss-Kahn.
Enfin, il nous faut créer un espace de dialogue social européen, à travers la création d'un forum économique et social associant les gouvernements des Quinze, les organisations syndicales et patronales, la Commission et la Banque centrale européenne autour d'une réflexion collective sur les mutations économiques et sociales qui travaillent en profondeur l'espace européen et qui doivent trouver, c'est vrai, une réponse plus appropriée aussi à ce niveau.
Le deuxième chantier essentiel dont plusieurs d'entre vous ont parlé est l'élargissement.
Comme vous le savez, nous sommes un peu à la croisée des chemins. Six négociations ont été engagées au mois de mars 1998, avec la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, l'Estonie, la Slovénie et Chypre. Elles se poursuivent à leur rythme, sans difficultés insurmontables à ce stade ; mais il est vrai aussi que les secteurs les plus difficiles - je pense notamment à l'agriculture, mais aussi à la politique sociale, à la fiscalité ou à l'adoption de la monnaie unique - n'ont pas encore été ouverts à la négociation. A cet égard, il nous faut reconnaître que les vraies difficultés sont devant nous.
Or, dans le même temps, la Commission européenne a publié un certain nombre de rapports concernant notamment les progrès effectués par les cinq autres pays candidats, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas encore entrés en négociation mais qui - chacun le comprend ici - aspirent à le faire le plus rapidement possible. Ce que j'en retiens, c'est que la Commission recommande au Conseil européen qui se tiendra la semaine prochaine à Helsinki d'ouvrir, en l'an 2000, les négociations avec tous ces pays, c'est-à-dire la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, mais aussi la Roumanie et la Bulgarie, ainsi que Malte.
J'observe enfin que la Commission recommande que l'Union européenne accorde à la Turquie le statut plein et entier de candidat à l'adhésion, même si, naturellement, cette candidature turque devra être appréciée au regard des efforts que ce pays doit encore accomplir, en ce qui concerne notamment le respect des droits de l'homme, des normes démocratiques et de l'état de droit.
Nous cherchons en ce moment même une solution pour permettre à la fois de reconnaître ce statut de candidat à la Turquie et aussi de donner à nos amis grecs les garanties légitimes qu'ils sont en droit d'attendre pour que cette candidature soit aussi un facteur durable d'amélioration des relations gréco-turques.
J'observe en outre qu'il n'y a pas d'accélération du calendrier de l'élargissement, mais qu'il y a une obligation que se fixe l'Union européenne à elle-même d'être prête le plus rapidement possible à accueillir en son sein de nouveaux pays. A Helsinki, ne sera pas fixé un nouveau calendrier pour l'adhésion : on ne dira pas que ce sera l'année 2003, 2004 ou 2005, mais simplement que l'Union doit être prête à accueillir ces candidats au cours de l'année 2002.
Enfin, le troisième chantier fondamental que je voulais aborder avec vous concerne la réforme des institutions.
Je viens de préciser que nous ne serions pas favorables à Helsinki à une accélération du calendrier. D'abord, je l'ai dit parce que nous récusons toute fuite en avant dans le processus d'élargissement, mais aussi parce que nous souhaitons que la réforme des institutions de l'Union, que vous avez consacrée dans l'article 2 de la loi de ratification du traité d'Amsterdam, soit conduite à son terme en préalable aux futurs élargissements de l'Union, sans y ajouter la pression du calendrier.
Je ne vais pas insister ici sur le contenu détaillé de la réforme institutionnelle que nous souhaitons, car nous aurons l'occasion d'en reparler. Je dirai simplement que nous pensons absolument indispensable que la prochaine conférence intergouvernementale trouve une réponse aux trois questions qui, justement, ont été laissées en l'état à Amsterdam : je veux parler notamment de l'extension du champ du vote à la majorité qualifiée. J'indique au passage à M. Marini que je suis très conscient des causes du blocage actuel sur la fiscalité de l'épargne, qui ressortissent à certains pays, essentiellement le Royaume-Uni, et, dans une moindre mesure, le Luxembourg. En conséquence, nous militerons résolument, tout comme lui, pour le passage au vote à la majorité qualifiée en matière fiscale à l'occasion de la prochaine conférence intergouvernementale.
Dans un autre ordre d'idée, une deuxième question touche à la réforme de la Commission et à la repondération des voix au sein du Conseil, sans laquelle une extension de l'Union européenne à plus de quinze membres serait impossible. Il reste maintenant à confirmer cette approche : ce sera l'un des enjeux du Conseil européen d'Helsinki. Il faudra entamer la négociation sous la présidence portugaise pour la conclure, nous l'espérons, sous la nôtre, en l'an 2000, à condition, comme le rappelait M. Haenel, que la barque ne soit pas trop chargée. En effet, il peut y avoir contradiction entre le fait d'avoir une ambition globale pour nos institutions et celui de souhaiter que l'on aboutisse à une réforme rapide qui permette un élargissement tout aussi rapide.
Pour conclure, je me contenterai de rappeler que tous les chantiers que je viens d'évoquer, qui sont implicitement contenus dans le projet qui vous est soumis aujourd'hui, seront naturellement au coeur des priorités de la présidence française qui s'ouvrira au 1er juillet 2000. Que pouvons-nous en attendre ? Il nous reviendra de travailler à ces chantiers de manière significative, voire, pour certains d'entre eux - je n'ai d'ailleurs pas évoqué la défense - de les mener à leur terme.
La responsabilité particulière de notre pays dans la construction européenne depuis cinquante ans devra nous amener à prendre les moyens nécessaires pour consolider les bases d'une nouvelle phase de l'intégration européenne qui, évidemment, prendra toute son ampleur dans les années 2000-2004.
Nous sommes attendus ; nous voulons être à la hauteur de cette attente, mais nous voulons aussi, dans l'approche de notre présidence, nous garder de toute forme « d'arrogance française ».
Tout en étant réalistes et ouverts au travail avec tous nos partenaires européens, nous voulons réussir ce grand rendez-vous de 2000. Nous devons être capables de concevoir, tout à la fois une Union européenne qui enrichisse les politiques communes menées à quinze, une Union qui se montre accueillante aux demandes d'adhésion de pays très proches de nous, une Union capable de maîtriser son destin et d'exister sur la scène internationale, y compris sur le plan de la défense, enfin, une Union qui puisse fonctionner comme une puissance politique, même à vingt ou vingt-cinq Etats membres.
Ce sont là des défis considérables pour notre pays. Je suis confiant, car je sais qu'il saura les relever avec les énergies de tous ceux qui voudront bien y concourir, afin de répondre aux attentes de tous ceux qui, en France, dans les autres pays de l'Union, dans les pays d'Europe centrale et orientale, n'envisagent pas leur avenir sans une Union européenne forte. (Applaudissements sur les travées socialistes et du RDSE, ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Hubert Haenel. Très bien !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 35.

(L'article 35 est adopté.)
M. Michel Charasse. A l'unanimité !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Avec l'abstention du groupe communiste républicain et citoyen !
M. le président. Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures trente-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Guy Allouche.)

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

3

SCRUTIN POUR L'ÉLECTION
D'UN JUGE SUPPLÉANT DE LA COUR
DE JUSTICE DE LA RÉPUBLIQUE

M. le président. L'ordre du jour appelle le scrutin pour l'élection d'un juge suppléant à la Cour de justice de la République, en remplacement de M. Claude Saunier, devenu juge titulaire.
Je rappelle que, en application de l'article 1er de la loi organique n° 93-1252 du 23 novembre 1993, la majorité absolue des suffrages exprimés est requise pour cette élection.
Conformément à l'article 61 du règlement, ce scrutin aura lieu dans la salle des conférences, où des bulletins de vote sont à la disposition de nos collègues.
Je rappelle aussi que le juge nouvellement élu sera immédiatement appelé à prêter serment devant le Sénat.
Je prie M. Yvon Collin, secrétaire du Sénat, de bien vouloir présider le bureau de vote.
Il va être procédé au tirage au sort de deux scrutateurs titulaires et d'un scrutateur suppléant qui opéreront le dépouillement du scrutin pour l'élection d'un juge suppléant à la Cour de justice de la République.

(Le tirage au sort a lieu.)
M. le président. Le tirage au sort a désigné :
Scrutateurs titulaires : Mme Marie-Claude Beaudeau et M. André Dulait.
Scrutateur suppléant : Mme Gisèle Printz.
Le scrutin pour l'élection d'un juge suppléant à la Cour de justice de la République est ouvert.

4

CANDIDATURE
À UN OFFICE PARLEMENTAIRE

M. le président. J'informe le Sénat que le groupe socialiste propose la candidature de M. Bernard Piras pour siéger en qualité de membre titulaire à l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, en remplacement de M. Franck Sérusclat, qui a démissionné de son mandat de sénateur.
Cette candidature a été affichée et sera ratifiée, s'il n'y a pas d'opposition, dans le délai d'une heure.

5

LOI DE FINANCES POUR 2000

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale.
Dans la discussion des articles de la première partie, nous en sommes parvenus à l'article 22.

Article 22



M. le président.
« Art. 22. _ I. _ A compter du 1er janvier 2000, le tableau B du 1 de l'article 265 du code des douanes est ainsi modifié :
« 1° Dans la désignation des produits correspondant à l'indice d'identification n° 11, les mots : "0,013 g/litre" sont remplacés par les mots : "0,005 g/litre, autre que le supercarburant correspondant à l'indice d'identification n° 11 bis " ;
« 2° Dans la désignation des produits correspondant à l'indice d'identification n° 11 bis, les mots : "excédant 0,013 g/litre" sont remplacés par les mots : "n'excédant pas 0,005 g/litre, contenant un additif spécifique améliorant les caractéristiques antirécession de soupape (ARS), à base de potassium, ou tout autre additif reconnu de qualité équivalente dans un autre Etat membre de la Communauté européenne ou dans un autre Etat membre de l'Espace économique européen" ;
« 3° La ligne correspondant à l'indice d'identification n° 12 est supprimée ;
« 4° Dans la désignation de la quotité correspondant aux indices d'identification n° 6, n° 13 bis et n° 15, les mots : "Taxe intérieure applicable à l'essence normale visée à l'indice 12" sont remplacés par les mots : "Taxe intérieure applicable au supercarburant visé à l'indice 11" ;
« 5° Dans la désignation des produits correspondant à l'indice d'identification n° 6, après le mot : "carburants" sont ajoutés les mots : "ou combustibles" ;
« 6° Les lignes correspondant aux indices d'identification n° 8 et n° 14 sont supprimées ;
« 7° Dans la désignation des produits correspondant à l'indice d'identification n° 20, les mots : "n° 1" sont supprimés ;
« 8° La ligne correspondant à l'indice d'identification n° 24 est supprimée ;
« 9° Les mentions du tableau afférentes aux indices 30 bis à 35 sont ainsi rédigées :



NUMÉROS

de tarif des douanes


DÉSIGNATION DES PRODUITS

INDICE

d'identification

UNITÉ

de perception

QUOTITÉ

(en francs)

2711-12

Propane liquéfié (à l'exclusion du propane d'une pureté égale ou supérieure à 99 %) :
- destiné à être utilisé comme carburant, y compris le mélange spécial de butane et de propane dans lequel le propane représente plus de 50 % en poids : - sous condition d'emploi

30 bis 100 kg net 25,86
. - autre 30 ter 100 kg net 65,71
. - destiné à d'autres usages 31 .
Exemption
2711-13
Butanes liquéfiés :
- destinés à être utilisés comme carburant, y compris le mélange spécial de butane et de propane dans lequel le butane représente au moins 50 % en poids : - sous condition d'emploi
31 bis 100 kg net
Taxe intérieure applicable aux produits visés à l'indice 30 bis
. - autres 31 ter 100 kg net
Taxe intérieure applicable aux produits visés à l'indice 30 ter
. - destinés à d'autres usages 32 .
Exemption
2711-14 Ethylène, propylène, butylène et butadiène : 33 . Exemption


2711-19

Autres gaz liquéfiés :
- destinés à être utilisés comme carburant : - sous condition d'emploi
33 bis 100 kg net
Taxe intérieure applicable aux produits visés à l'indice 30 bis
. - autres 34 100 kg net
Taxe intérieure applicable aux produits visés à l'indice 30 ter
. - non dénommés 35 . Exemption


« 10° Le b du 2 est abrogé.
« II. _ A compter du 11 janvier 2000, le tarif de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers prévue au tableau B du 1 de l'article 265 du code des douanes est ainsi modifié :


DÉSIGNATION DES PRODUITS

INDICE

d'identification

UNITÉ

de perception

QUOTITÉ

(en francs)

Goudrons de houille 1 100 kg net 8,03
Essence d'aviation 10 Hectolitre 212,25
Supercarburant sans plomb 11 Hectolitre 384,62
Supercarburant sans plomb contenant un additif spécifique améliorant les caractéristiques antirécession de soupape 11 bis Hectolitre 417,68
Carburéacteur sous condition d'emploi 13 et 17 Hectolitre 14,76
Fioul domestique 20 Hectolitre 51,73
Gazole 22 Hectolitre 255,18
Fioul lourd à haute teneur en soufre 28 100 kg net 15,23
Fioul lourd à basse teneur en soufre 28 bis 100 kg net 11,01
Propane liquéfié destiné à être utilisé comme carburant, y compris le mélange spécial de butane et de propane dans lequel le propane représente plus de 50 % en poids, sous condition d'emploi 30 bis 100 kg net 25,86
Propane liquéfié destiné à être utilisé comme carburant, y compris le mélange spécial de butane et de propane dans lequel le propane représente plus de 50 % en poids, autre 30 ter 100 kg net 65,71
Gaz naturel comprimé destiné à être utilisé comme carburant 36 100 m³ 55
Emulsion d'eau dans du gazole sous condition d'emploi 52 Hectolitre 40,85
Emulsion d'eau dans du gazole autre, destinée à être utilisée comme carburant 53 Hectolitre 196,95

« III. _ Du 1er octobre 1999 au 31 décembre 1999, les supercarburants classés à l'indice d'identification n° 11 du tableau B du 1 de l'article 265 du code des douanes qui contiennent un additif spécifique améliorant les caractéristiques antirécession de soupape supportent la taxe intérieure de consommation au taux du supercarburant classé à l'indice d'identification n° 11 bis de ce tableau. La différence de taxe est acquittée, avant le 15 février 2000, auprès du bureau de douane qui a enregistré la déclaration initiale de mise à la consommation de ces produits.
« IV. _ Au second alinéa de l'article 266 bis du code des douanes, les mots : "100 francs" sont remplacés par les mots : "500 francs".
« V. _ A compter du 11 janvier 2000, le taux de la taxe prévue à l'article 266 quinquies du même code est fixé à 7,41 francs par 1000 kilowattheures.
« VI. _ A. _ Au cinquième alinéa de l'article 265 septies du code des douanes, les mots : "l'Union européenne" sont remplacés par les mots : "la Communauté européenne" et à l'avant-dernier alinéa du même article, après le mot : "sollicité" sont ajoutés les mots : "et au plus tard dans les trois ans qui suivent à compter de cette date".
« B. _ A l'article 284 bis A du même code, les mots : "et comportant une faculté d'achat" sont supprimés.
« VII. _ L'article 265 sexies du code des douanes est ainsi modifié :
« 1° Les troisième et quatrième alinéas sont supprimés ;
« 2° Au dernier alinéa, les mots : "la taxe intérieure sur les produits pétroliers" sont supprimés.
« VIII. _ A l'article 265 quinquies du code des douanes, la ligne correspondant à l'indice d'identification n° 12 est supprimée.
« IX. _ Le titre de la première colonne des tableaux B et C du 1 de l'article 265 du code des douanes et des tableaux des articles 265 quinquies et 266 quater du même code est ainsi rédigé : "Numéros du tarif des douanes". »
Par amendement n° I-77 rectifié, M. Franchis et les membres du groupe de l'Union centriste proposent :
I. - De rédiger comme suit les deux dernières lignes du tableau mentionné au II de l'article 22 :
« - Emulsion d'eau dans du gazole sous condition d'emploi

52
HL

15,75

« - Emulsion d'eau dans du gazole (autre) destiné à être utilisé comme carburant

53
HL

182,95 »

II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, de compléter l'article 22 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« La perte de recettes résultant de la réduction du tarif de la taxe intérieure sur les produits pétroliers concernant les émulsions eau dans gazole est compensée par la majoration à due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement est-il soutenu ?...
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 22.

(L'article 22 est adopté.)

Article additionnel après l'article 22



M. le président.
Par amendement n° I-200, Mme Beaudeau, MM. Loridant et Foucaud, les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré dans le code des douanes un article 265 octies ainsi rédigé :
« Art. 265 octies. - Les entreprises de transport public de voyageurs peuvent obtenir, sur demande de leur part, un remboursement de la taxe intérieure de consommation sur le gazole.
« Pour la période du 11 janvier 2000 au 10 janvier 2001, ce remboursement est égal à la différence entre le prix intérieur de consommation du gazole exigible au cours de l'année et celle calculée au taux de 248,18 francs par hectolitre.
« Pour les périodes ultérieures, la somme de 248,18 francs évolue à concurrence de la variation des prix à la consommation, telle que prévue par le projet de loi de finances de l'indice.
« La période ouverte par le remboursement s'étend de la période comprise entre le 11 janvier d'une année et le 10 janvier de l'année suivante.
« Les entreprises concernées peuvent adresser leur demande de remboursement au service des douanes à partir du 12 janvier de l'année suivant la période au titre de laquelle le remboursement est sollicité.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret. »
« II. - Le dispositif prévu au I s'applique aux acquisitions effectuées à compter du 11 janvier 2000.
« III. - Pour compenser la perte de recettes résultant des I et II ci-dessus, le taux prévu à la dernière tranche du tarif fixé à l'article 885 U du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement n° I-200 porte sur la fiscalité écologique. Il concerne, en particulier, le problème posé par l'orientation générale de cette fiscalité, notamment en ce qui concerne les carburants.
L'équilibre qui a été défini l'année dernière en ces matières est relativement simple : on a décidé de procéder à un accroissement de la fiscalité sur le gazole, tandis que la taxation frappant les carburants sans plomb a été gelée et qu'une incitation fiscale nouvelle a été définie pour les carburants comme le GPL, le gaz de pétrole liquéfié, et le GNV, le gaz naturel véhicule.
L'augmentation de la taxation du gazole a été en partie compensée pour les entreprises de transport routier de marchandises au travers d'une prise en compte d'une part de détaxation tendant dans les faits à éviter que le compte d'exploitation de ces entreprises ne soit pas trop victime de la hausse de la fiscalité.
Cela peut tout à fait se justifier.
Pour autant, cette hausse de la taxation du gazole n'est pas sans effet sur la situation des exploitants de service public de transport de voyageurs, qui, pour une part importante de leurs véhicules, utilisent ce carburant.
Le groupement des autorités responsables de transports nous a donc sollicités sur cette question. Cet amendement vise donc à l'instar de ce qui s'est passé pour le transport de marchandises, les effets de l'augmentation de la taxation du gazole.
Les objectifs immédiats de cette mesure qui peut paraître contradictoire avec les orientations choisies en matière de fiscalité écologique sont d'éviter que le renchérissement du carburant ne conduise à une augmentation du prix des prestations fournies au public et de permettre de dégager des marges d'autofinancement destinées à l'investissement en nouveaux véhicules roulant avec des carburants non polluants, utilisant, par exemple, le GPL ou le GNV, ou en tramways.
Tel est l'objet de cet amendement que je vous invite, mes chers collègues, à adopter.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. La commission relève, tout d'abord, que le gage n'est pas convenable. Par ailleurs, elle souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement avant de se prononcer.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Le Gouvernement entend concentrer les réductions fiscales en matière de carburant sur des mesures qui sont conformes à ses objectifs environnementaux. Comme chacun le sait ici, nous avons encouragé le développement des carburants propres pour les exploitants de transport en commun de voyageurs. C'est ainsi que nous procédons au remboursement total de la taxe intérieure sur les produits pétroliers pour les véhicules utilisant le GPL ou le GNV. Ce remboursement s'élève à 40 000 litres par an et par véhicule, ce qui couvre largement la totalité de la consommation annuelle de la plupart des autobus et des autocars.
Par ailleurs, des réductions de taux de la TIPP ont été votées l'an dernier pour les émulsions d'eau dans du gazole et sont encore accrues cette année puisque, à l'Assemblée nationale, le Gouvernement a accepté un amendement en ce sens.
Si nous accordions aujourd'hui un nouvel avantage fiscal pour le gazole en milieu urbain, nous irions à l'encontre de la politique environnementale du Gouvernement. D'ailleurs, M. Foucaud, en défendant son amendement, a avancé cet argument comme étant un élément de fragilité de son raisonnement. Je le remercie d'avoir souligné les efforts accomplis par le Gouvernement dans le domaine environnemental. A ce titre, je le prie de bien vouloir retirer son amendement.
M. le président. Monsieur Foucaud, maintenez-vous l'amendement ?
M. Thierry Foucaud. Oui, monsieur le président.
M. le président. Quel est donc, désormais, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission émet un avis défavorable, monsieur le président.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-200.
M. Paul Loridant. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Il n'est pas question, pour notre groupe, de nier l'orientation du Gouvernement en matière de fiscalité écologique et l'encouragement à mettre en place des transports propres.
Je vous rappelle simplement, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'à ma connaissance cette détaxation existe pour les transporteurs routiers. Il est donc, selon nous, quelque peu contradictoire de continuer à aider les transporteurs routiers et pas les transports publics de voyageurs.
Je sais bien que l'orientation générale consiste à encourager les transporteurs publics de voyageurs à recourir au GNV ou au GPL. Vous avez néanmoins souligné, monsieur le secrétaire d'Etat, le manque de cohérence de notre amendement.
Vous me permettrez donc de relever que le Gouvernement lui-même n'est pas cohérent, puisqu'il existe des encouragements et des détaxations pour les transporteurs routiers de marchandises. Nous souhaiterions savoir, monsieur le secrétaire d'Etat, où est la cohérence globale.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-200, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 22 bis



M. le président.
« Art. 22 bis . _ Dans le dernier alinéa de l'article 1010 A du code général des impôts, les mots : "du quart" sont remplacés par les mots : "de la moitié" ». - ( Adopté. )

Articles additionnels après l'article 22 bis



M. le président.
Par amendement n° I-100, Mme Pourtaud, M. Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés, proposent d'insérer, après l'article 22 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 39 AC du code général des impôts, il est inséré un nouvel article ainsi rédigé :
« ... - Avant le 31 décembre 2000, les propriétaires de véhicules fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié (GPL) ne disposant pas de soupape de sécurité sur le réservoir doivent équiper leur véhicule d'une telle soupape.
« A compter du 1er décembre 1999 et jusqu'au 31 décembre 2000, ils peuvent bénéficier du remboursement du coût de la mise en place de cette soupape de sécurité sur le réservoir, sur présentation des factures, dans la limite de 1 000 francs par véhicule. »
« II. - Les pertes des recettes pour l'Etat sont compensées à due concurrence par une hausse des tarifs prévus à l'article 885 U du code général des impôts. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement vise à renforcer la sécurité de tous les véhicules fonctionnant au GPL, ce gaz de pétrole liquéfié qui est actuellement le carburant le moins cher et sept fois moins polluant que l'essence.
Le Gouvernement s'est toujours montré favorable à ce nouveau carburant qui permet de lutter contre la pollution, en particulier dans les grandes agglomérations. L'élue parisienne que je suis ne peut que saluer toutes les dispositions qui ont été prises pour inciter nos concitoyens - ainsi que les responsables des transports publics - à privilégier les véhicules propres.
Le nombre de stations GPL n'a cessé de croître, passant d'un millier en 1997 à plus de 1 500 aujourd'hui. On peut néanmoins regretter que le parc français ne comporte que 140 000 véhicules utilisant le GPL.
Cependant, les médias se sont fait l'écho, à plusieurs reprises, d'accidents mortels mettant en cause des automobiles équipées de réservoirs GPL. En effet, il apparaît que les risques d'explosion de ce type de véhicules ne sont pas négligeables en cas d'incendie.
Chacun a en mémoire le terrible accident de Vénissieux, à la fin du mois de janvier dernier, où plusieurs pompiers ont été blessés alors qu'ils portaient secours à des automobilistes, A ce jour, on compte deux accidents en 1997, quatre en 1998 et neuf en 1999, liés à l'explosion de véhicules roulant au GPL.
Parallèlement, la consommation de ce carburant n'a cessé de baisser depuis le mois de janvier, alors qu'elle était en forte hausse à la même époque l'année précédente. Cette baisse est sans doute due aux effets très négatifs de tels accidents sur l'opinion publique.
Je tiens à souligner que les installations au GPL n'ont jamais été directement à l'origine des explosions. Celles-ci sont dues, apparemment, à une montée en pression interne du réservoir par échauffement. Il n'en demeure pas moins que des mesures doivent être prises.
Conscient du danger, le Gouvernement a décidé de rendre obligatoire, dans les usines, la pose d'une soupape de sécurité sur les réservoirs au GPL à partir du 1er janvier 2000. Les constructeurs français ont anticipé cette mesure, et tous les véhicules neufs qui roulent au GPL présentent désormais toutes les normes de sécurité.
En revanche, rien n'a encore été prévu pour les véhicules au GPL qui sont déjà en circulation et dont le parc est évalué à environ 90 000 voitures. Le coût de mise à niveau reste très limité ; il peut être évalué entre 500 francs et 1 000 francs par véhicule.
Avec cet amendement, nous proposons donc de rendre obligatoire la pose d'une soupape de sécurité sur les réservoirs des véhicules au GPL qui n'en seraient pas équipés avant le 31 janvier 2001. En contrepartie, les propriétaires de ces véhicules pourront bénéficier du remboursement de cette opération sur présentation des factures, dans la limite de 1 000 francs par véhicule.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Tout d'abord le gage est inacceptable.
Ensuite, sur le fond, la commission souhaite entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je remercie M. le rapporteur général de toujours se déterminer, désormais, en fonction de l'avis du Gouvernement ! C'est très courtois et très positif.
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une question très technique, monsieur le secrétaire d'Etat !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. L'amendement de Mme Pourtaud et du groupe socialiste est très important, car il touche à un élément décisif de notre politique énergétique : comment encourager l'utilisation de carburants qui provoquent moins d'atteintes à l'atmosphère et qui contribuent moins à l'effet de serre ?
Ces carburants sont en effet, madame Pourtaud, le gaz de pétrole liquéfié et le gaz naturel véhicule, dont nous avons parlé tout à l'heure et qui n'est d'ailleurs utilisable, en raison des dispositifs spéciaux qu'il nécessite, que lorsque la flotte de véhicules est suffisamment importante pour rentabiliser de tels équipements.
Il est nécessaire, c'est vrai, d'installer des soupapes de sûreté sur les véhicules à gaz de pétrole liquéfié, et le Gouvernement s'est préoccupé de cette question. Cette soupape sera obligatoire pour les véhicules mis en service après le 1er janvier 2000, et nous travaillons actuellement sur une mesure qui permettra aux propriétaires d'anciens véhicules de s'équiper également. C'est le sens de l'amendement n° I-100 de Mme Pourtaud et du groupe socialiste.
A ce titre, le budget de la sécurité routière a été majoré de 10 millions de francs en fin de première lecture à l'Assemblée nationale afin d'inciter les propriétaires de ces véhicules anciens à s'équiper en soupape de sûreté.
De plus, madame Pourtaud, mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement fait un effort en faveur des carburants non polluants ou moins polluants, effort qu'il convient de chiffrer pour que chacun des parlementaires dispose de données précises. Ainsi, la TIPP sur le gazole, qui sera fixée, au 11 janvier 2000, à 255,18 francs par hectolitre, ne sera que de 36,6 francs par hectolitre pour le GPL carburant et de 33 francs seulement pour le gaz comprimé carburant.
Comme vous pouvez le constater, mesdames, messieurs les sénateurs, la politique fiscale du Gouvernement sur les carburants vient à l'appui d'une détermination politique et d'une politique économique visant à favoriser tout ce qui peut continuer à placer la France parmi ceux des pays développés qui respectent le plus et le mieux, chaque année, les engagements pris à Kyoto en promouvant l'utilisation des carburants non polluants.
Madame Pourtaud, puisque votre amendement est satisfait par les décisions successives du Gouvernement et parce que vous avez eu raison de montrer au Sénat, et par là même à l'opinion, l'importance de ces nouveaux carburants, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président. Madame Pourtaud, acceptez-vous de retirer l'amendement I-100 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cruelle décision !
Mme Danièle Pourtaud. J'ai bien entendu que le Gouvernement travaille à des mesures tendant à inciter les propriétaires à faire équiper leurs véhicules anciens roulant au GPL de la soupape de sûreté nécessaire à la sécurité.
Dès que ce sera possible, je serais très heureuse que M. le secrétaire d'Etat nous fasse savoir quelles mesures précises seront prises. En attendant, j'accède à la demande du Gouvernement et je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° I-100 est retiré.
Par amendement n° I-201, Mme Beaudeau, MM. Loridant et Foucaud, les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 22 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le cinquième alinéa de l'article 265 sexies du code des douanes est complété par une phrase ainsi rédigée : "A compter du 1er janvier 2000, ces taxes sont remboursées dans la même limite aux exploitants de bennes de ramassage de déchets ménagers, d'un poids total roulant autorisé égal ou supérieur à 12 tonnes."
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée par la majoration à due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Cet amendement concerne également les véhicules roulant au gaz naturel véhicule ou ou gaz de pétrole liquéfié.
L'an passé, le Gouvernement et le Parlement s'étaient entendus pour instituer une détaxation en faveur des véhicules de transports publics. On en a parlé tout à l'heure à l'occasion de l'examen de notre amendement précédent.
Avec cet amendement n° I-201, le groupe communiste républicain et citoyen tend à réparer un oubli intervenu l'an dernier dans le cadre de l'incitation fiscale à l'utilisation du gaz naturel véhicule ou du gaz de pétrole liquéfié.
Nous souhaitons en effet étendre le dispositif d'incitation aux véhicules effectuant des tournées de ramassage d'ordures ménagères, ce qui aurait comme conséquence de réduire d'autant le coût de la collecte de ces matières et donc le prix de la prestation facturée aux usagers.
Cette mesure, somme toute modeste, mais tout aussi symbolique, touche au fonctionnement essentiel d'un service public. J'invite la Haute Asssemblée à adopter cet amendement de bon sens.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement, comme on l'a vu, prévoit d'étendre le dispositif en question aux exploitants de bennes de ramassage de déchets ménagers.
La disposition proposée ne nous semble pas conforme à l'article 8-4 de la directive communautaire de 1992 dite « Structures », qui porte notamment sur les huiles minérales.
Ce type de dispositif requiert en effet une autorisation de la Commission européenne et doit, par ailleurs, être en vigueur dans d'autres Etats membres de l'Union européenne. Or ces deux conditions ne sont pas remplies. Mais peut-être n'avons-nous pas pris en compte l'ensemble des données du problème ? C'est pourquoi, avant de me prononcer, je souhaite connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. La protection de l'air, notamment dans les zones urbaines, est un sujet important, et je remercie le groupe communiste républicain et citoyen d'avancer des propositions sur ce point.
En étendant le champ d'application de la mesure favorable au GNV aux bennes de ramassages de déchets ménagers, on diminuera non seulement la pollution, mais aussi le bruit, parce que les vibrations sont moins intenses quand les véhicules utilisent ce carburant. Je soutiens donc cette initiative parlementaire intéressante.
Par ailleurs, je tiens à rassurer en même temps M. le rapporteur général : le 27 juillet dernier, nous avons présenté une demande de dérogation communautaire au titre de l'article 8, paragraphe 4, de la directive de 1992 de l'Union européenne, afin de pouvoir mettre en oeuvre ce dispositif. L'Union européenne nous a donné son accord.
Enfin, je lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° I-201 rectifié.
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. M. le secrétaire d'Etat a levé les réserves que j'avais formulées.
Je m'inquiétais d'un examen peut-être incomplet du dossier. Il existait en effet des éléments nouveaux dont nous n'avions pas connaissance. La commission s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-201 rectifié, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 22 bis .
Par amendement n° I-210, M. Vasselle propose d'insérer, après l'article 22 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Le 1 du I de l'article 266 sexies du code des douanes est ainsi rédigé :
« 1. Tout exploitant d'une installation de stockage ou d'incinération de déchets ménagers et assimilés ou tout exploitant d'une installation d'élimination de déchets industriels spéciaux par incinération, coïncinération, stockage, traitement physico-chimique ou biologique non exclusivement utilisés pour les déchets que l'entreprise produit ; ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° I-203, M. Vergès, Mme Beaudeau, MM. Foucaud et Loridant, les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 22 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Avant le troisième alinéa (2) du II de l'article 266 sexies du code des douanes, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« ... aux installations productrices d'énergie à partir d'une source renouvelable à hauteur des économies de polluants qu'elles procurent. »
« II. - La perte de recettes pour l'Etat résultant des dispositions du I ci-dessus est compensée par le relèvement à due concurrence des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement présenté par notre groupe, sur l'initiative de notre collègue Paul Vergès, président du conseil régional de la Réunion, part de l'analyse de la question de l'autonomie énergétique de nos départements d'outre-mer. Cette question est relativement cruciale quand on garde à l'esprit leur situation géographique et la faiblesse de leurs ressources naturelles au regard des besoins de leur population, notamment.
En l'espèce, il est mené depuis plusieurs années dans l'île de la Réunion une action en vue de valoriser l'énergie renouvelable en l'associant à l'usage d'un combustible fossile.
Dans le cas précis, il s'agit de l'utilisation des déchets de l'exploitation de la canne à sucre, ce que l'on appelle la bagasse, et de leur association avec le charbon en combustible de centrale thermique destinée à assurer l'approvisionnement en électricité d'une part importante des ménages de l'île.
La maîtrise de cette filière spécifique bagasse-charbon est d'ailleurs, d'une certaine façon, l'illustration de la contribution technologique que nos compatriotes de la Réunion peuvent apporter à l'ensemble de la collectivité.
On notera en la matière que la demande s'est d'autant plus accrue que l'île connaît, depuis plusieurs décennies, un évident développement urbain et démographique qui génère continûment de nouveaux besoins.
Notre amendement vise donc à permettre un développement de cette voie alternative à l'importation de combustibles fossiles et à la pollution qui peut découler de leur utilisation en favorisant le recours à une filière mixte et autonome.
Je tiens ici à souligner que cet amendement est aussi motivé par le constat qu'effectue, au regard de l'examen de la situation des pays de l'océan Indien, notre collègue Paul Vergès, premier signataire.
En effet, les désordres que les conférences internationales ont mis en évidence en matière d'environnement, et notamment d'effet de serre, ont une portée particulière dans des pays de cette zone, dont le devenir est, pour certains, de disparaître prochainement sous les eaux si rien n'est fait pour pallier ces désordres. Notre proposition peut y contribuer modestement.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une idée intéressante à laquelle sont attachés un certain nombre de nos collègues, non seulement Paul Vergès, mais aussi Edmond Lauret, en tant que sénateur de la Réunion.
Il s'agit de donner un avantage compétitif à certaines installations productrices d'énergie à partir d'une source renouvelable. Cela s'applique notamment aux installations qui utilisent la bagasse à la Réunion.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement a eu l'occasion de répondre à cette suggestion, voilà quelques jours, lors de la discussion en nouvelle lecture, à l'Assemblée nationale, du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Plusieurs problèmes se posent, qu'il convient de bien mettre en évidence.
Sur les rejets industriels polluants dans l'atmosphère, la TGAP, en vigueur depuis l'adoption de la loi de finances pour 1999, prévoit une taxation au-delà d'un certain seuil destinée à ne toucher que les installations importantes. Cette taxation, qui est significative, constitue un véritable signal important du point de vue de la défense de l'environnement et cohérent par rapport à la politique d'ensemble que nous menons pour respecter les engagements de Kyoto.
Sur la taxation des installations productrices d'énergie, notre problème était d'organiser une concertation véritable, approfondie. Cet été, nous avons procédé à une large diffusion parmi les professionnels d'un livre blanc intitulé : Sur les modalités de l'extension de la taxe générale sur les activités polluantes aux consommations intermédiaires d'énergie des entreprises, afin d'ouvrir, avec l'ensemble des secteurs concernés, le dialogue nécessaire pour déterminer comment adapter la problématique de la taxation générale sur les activités polluantes à la réalité économique et à la compétitivité des secteurs concernés.
Les questions que vous soulevez dans votre amendement, taxation des consommations des énergies des entreprises, mécanisme d'allègement des industries les plus fortement consommatrices d'énergie et les conditions de cet allègement, neutralisation des consommations d'énergie destinées à produire de l'énergie, sont traitées ou continueront à l'être dans la concertation très vivante et fructueuse que nous avons lancée depuis maintenant presque six mois.
Dans cette concertation, en effet, chaque acteur économique, entreprise, association, groupement, représentant des opinions, peut s'exprimer, et il le fait largement.
Cette concertation aboutira, au cours du premier semestre de l'an 2000 - puisque nous discutons de mesures qui devraient entrer en vigueur dès le 1er janvier 2001 - à des propositions concrètes du Gouvernement sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir, mesdames, messieurs les sénateurs.
Dans ces conditions, je pense que les auteurs de l'amendement n° I-203 pourraient retirer ce dernier car nous avons la détermination d'aller dans le sens qu'ils souhaitent. Nous avons le souci de définir un dispositif qui doit adapté, à la fois à l'objectif environnemental, à l'objectif de financement de la réduction des charges et, enfin, aux objectifs de compétitivité des entreprises, objectifs qu'il conviendra de ne pas oublier lors de la mise au point de nos propositions précises.
Par ailleurs, la taxe générale sur les activités polluantes devant être affectée, à partir de 2000, aux recettes de la sécurité sociale, cette question aurait pu venir en discussion lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Toujours est-il que, comme c'est le cas dans les autres pays, notamment en Italie, en Allemagne ou en Grande-Bretagne, la TGAP sera étendue en 2001 afin de répondre à ces deux objectifs majeurs que sont la modernisation de la lutte en faveur de l'environnement et l'aide à la croissance économique et à l'emploi.
M. le président. Monsieur Foucaud, maintenez-vous l'amendement n° I-203 ?
M. Thierry Foucaud. M. le secrétaire d'Etat vient de démontrer que cet amendement, qui a été déposé sur l'initiative de notre collègue M. Vergès, n'avait que des qualités. C'est pour cela que nous le maintenons.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Dans ces conditions, je demande au Sénat de rejeter l'amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-203, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas l'amendement.)

Article 23



M. le président.
« Art. 23. - I. - Le I de l'ar- ticle 150-V bis du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Au deuxième alinéa, le taux : "7 %" est remplacé par le taux : "4,5 %" ;
« 2° Le troisième alinéa est supprimé.
« II. _ Les dispositions du I s'appliquent aux cessions réalisées à compter du 1er janvier 2000. »
Par amendement n° I-240 rectifié, MM. Gaillard, Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Delong, Joyandet, Ostermann, Trégouët et de Broissia proposent :
A. Après le I de l'article 23, d'insérer un paragraphe nouveau ainsi rédigé :
« I bis. - Au I de l'article 150 V bis du code général des impôts, la somme "20 000" est remplacée par la somme "65 596" et la somme "30 000" par la somme "98 394".
B. Rédiger comme suit le début du II de cet article :
« Les dispositions du I et du I bis ci-dessus... »
C. Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, de compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la réévaluation du seuil d'application de la taxe sur les métaux précieux est compensée par la majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. Cet amendement a pour objet de réévaluer le seuil d'application de la taxe sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art et d'antiquité, qui tient lieu d'imposition sur les plus-values ; ce taux n'a jamais été modifié depuis la création de cette taxe en 1977.
Il convient donc de tenir compte de la hausse du niveau général des prix qui a été multiplié par trois depuis cette date.
Cette initiative est conforme aux suggestions d'un certain nombre de spécialistes ; je me réfère notamment au rapport de M. André Chandernagor, président de l'observatoire du marché de l'art. Cette proposition figurait d'ailleurs dans le rapport sur le marché de l'art que nous avons eu l'honneur de déposer.
Comme nous anticipons sur l'avènement de l'euro pour tenir compte de l'internationalisation du marché de l'art, nous proposons de fixer un montant en francs calculé par rapport à un seuil correspondant à une valeur arrondie en euro, c'est-à-dire de remplacer le montant de 20 000 francs par celui de 65 596 francs, correspondant à 10 000 euros.
Cet amendement est conforme à la doctrine de la commission des finances, qui, depuis le début de cette discussion, ne cesse de proposer des aménagements d'un certain nombre de seuils pour éviter les baisses rampantes, contraires à la volonté du législateur au moment où ces seuils ont été fixés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rappporteur général. Cet amendement est opportun, au moins à deux titres : d'une part, il tend à améliorer les perspectives du marché des objets d'art, de collection ou d'antiquité, et ce dans la ligne des propositions récemment formulées au titre de la commission des finances par M. Gaillard ; d'autre part, il met l'accent sur le caractère obsolète de seuils définis à une période déjà ancienne par des textes qu'il faut réviser. Notre collègue appelle ainsi l'attention sur l'une de ces dispositions obsolètes qu'il faut absolument modifier.
La commission est donc très favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il faut prendre la mesure du problème soulevé par M. Gaillard. En effet, le produit de la taxe forfaitaire sur les ventes et exportations réalisées par les particuliers de bijoux, d'objets d'art, de collections ou d'antiquité est très modeste puisque celle-ci ne rapporte que 130 millions de francs par an.
M. Roland du Luart. Autant la supprimer !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. La limite de 20 000 francs prévue par le droit fiscal est bien adaptée aux transactions qui portent sur des biens meubles. Elle s'applique en effet pour chaque objet, sauf lorsque les objets vendus forment un ensemble comme dans une collection.
Lorsque le prix de vente de l'objet excède 20 000 francs sans dépasser 30 000 francs, la base d'imposition est réduite d'une décote correspondant à la différence entre ces 30 000 francs et le prix du bien vendu. Par ailleurs, les cours pratiqués sur le marché de l'art étant très fluctuants, une revalorisation de la limite d'exonération en fonction de l'érosion monétaire n'a pas de pertinence logique. C'est pourquoi je vous prie, mesdames, messieurs les sénateurs, de bien vouloir repousser cet amendement.
M. Michel Moreigne. Très bien !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-240 rectifié.
M. Michel Charasse. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Je voterai contre l'amendement n° I-240 rectifié. Mais j'estime que M. Gaillard et ses amis posent un véritable problème général, celui de l'ajustement le plus régulier possible des tarifs en francs du code général des impôts.
Monsieur le secrétaire d'Etat, on nous propose de modifier des tarifs qui datent de 1977 alors que, depuis cette époque, nous avons connu des périodes d'inflation colossale.
Certes, on ne peut pas faire du « bricolage » aujourd'hui, mais il ne serait pas inutile que le Gouvernement charge la direction générale des impôts ou le service de la législation fiscale de procéder à un peignage des tarifs en francs figurant dans le code général des impôts qui mériteraient d'être réajustés parce qu'ils ne l'ont pas été depuis longtemps.
Le problème ne se pose plus tellement pour la période actuelle dans la mesure où les taux d'inflation sont très bas. En revanche, la période visée par M. Gaillard connaissait, elle, une inflation allant jusqu'à 14 % !
Monsieur le secrétaire d'Etat, si la ressource générée par la taxe visée est basse, cela vient non pas du tarif, mais des insuffisances de déclaration. Nombre de personnes ne déclarent rien ! C'est un problème de contrôle fiscal et de suivi des transactions. L'administration a-t-elle la possibilité de redresser la situation dans ce domaine ? Un rendement de 130 millions de francs signifie que seuls les naïfs ou les mal conseillés déclarent ou se font prendre. Aussi, je souhaiterais, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous preniez l'engagement d'examiner cette affaire en ce qui concerne tant les modalités d'assiette, les taux, les tarifs, que les modalités du contrôle fiscal qui s'appliquent au type de transactions visées ; 130 millions de francs ce n'est pas raisonnable, pas plus que des tarifs qui datent de 1977 !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Certes, monsieur Charasse, je vous le concède, dans un certain nombre de cas il faudrait procéder à une indexation des impositions forfaitaires et des seuils. Mais ne procédons pas à des indexations isolées, sans principe directeur. Ayons une vision globale du problème ; c'est d'ailleurs ce que vous proposez et je vous en remercie.
Si, aujourd'hui, nous avons affaire, dans le cas qui nous occupe présentement, à une imposition forfaitaire, c'est parce que nous avons souhaité, voilà une bonne quinzaine d'années, simplifier le régime et ne pas astreindre les particuliers qui opèrent les transactions concernées à une imposition sur les plus-values qui aurait compliqué beaucoup les transactions et la fluidité du marché. C'était une mesure de simplification.
Depuis, il est vrai, les prix ont évolué ; nous reverrons tout cela le moment venu.
M. Yann Gaillard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. J'ai écouté avec beaucoup d'attention l'analyse de M. Charasse, qui est toujours lumineux !
Il est vrai que, à ce niveau, le seuil est proprement confiscatoire, et l'on ne sait même pas, finalement, si le fait d'élever la limite aura des effets sur la ressource car celle-ci est actuellement nettement trop basse.
M. le secrétaire d'Etat estime qu'il ne faut pas prendre de mesures au coup par coup. Mais, mes chers collègues, d'ici à ce que l'administration prenne réellement en compte ce problème et se mette à « peigner » l'ensemble de ces seuils, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts et, pendant ce temps-là, le marché de l'art en France s'effondrera.
Ce n'est pas une mesure essentielle par rapport au secteur concerné, qui n'est pas sans importance pour notre image, mais c'est une mesure que tous les spécialistes, y compris des hommes dont l'orientation politique n'est pas sujette à caution, comme M. Chandernagor, soutiennent. Je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas être adoptée aujourd'hui.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Absolument !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-240 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 23, ainsi modifié.

(L'article 23 est adopté.)

Article 24



M. le président.
« Art. 24. _ I. _ L'article 17 de la loi de finances rectificative pour 1975 (n° 75-1242 du 27 décembre 1975) et l'article 121 de la loi de finances pour 1985 (n° 84-1208 du 29 décembre 1984) sont abrogés.
« II. _ Les installations nucléaires de base soumises à autorisation et contrôle en application de l'article 8 de la loi n° 61-842 du 2 août 1961 relative à la lutte contre les pollutions atmosphériques et les odeurs sont assujetties, à compter du 1er janvier 2000, à une taxe annuelle.
« Cette taxe est due par l'exploitant à compter de l'autorisation de création de l'installation et jusqu'à la décision de radiation de la liste des installations nucléaires de base.
« III. _ Le montant de la taxe par installation est égal au produit d'une imposition forfaitaire par un coefficient multiplicateur. L'imposition forfaitaire est fixée dans le tableau ci-dessous. Les coefficients multiplicateurs sont fixés par décret en Conseil d'Etat en fonction du type et de l'importance des installations dans les limites fixées pour chaque catégorie dans le tableau ci-dessous. Pour la catégorie des réacteurs nucléaires de production d'énergie, la taxe est due pour chaque tranche de l'installation.


CATÉGORIE

Imposition

forfaitaire

Coefficient

multiplicateur

Réacteurs nucléaires de production d'énergie (par tranche) 4 000 000 F 1 à 4
Autres réacteurs nucléaires 1 700 000 F 1 à 3

Installations de séparation des isotopes des combustibles nucléaires. Usines de fabrication de combustibles nucléaires

4 000 000 F 1 à 3
Usines de traitement de combustibles nucléaires usés 12 000 000 F 1 à 3

Installations de traitements d'effluents liquides radioactifs et/ou de traitement de déchets solides radioactifs.
Usines de conversion en hexafluore d'uranium. Autres usines de préparation et de transformation des substances radioactives
1 800 000 F 1 à 4
Installations destinées au stockage définitif de substances radioactives 14 000 000 F 1 à 3

Installations destinées à l'entreposage temporaire de substances radioactives.
Accélérateurs de particules et installations destinées à l'irradiation. Laboratoires et autres installations nucléaires de base destinées à l'utilisation de substances radioactives
160 000 F 1 à 4

« IV. _ Le recouvrement et le contentieux de la taxe sont suivis par les comptables du Trésor selon les modalités fixées aux articles 80 à 95 du décret n° 62-1587 du 29 décembre 1962 portant règlement général sur la comptabilité publique, dans leur rédaction en vigueur à la date de promulgation de la présente loi.
« Le défaut de paiement de la taxe donne lieu à perception d'une majoration de 10 % des sommes restant dues à l'expiration de la période d'exigibilité.
« Le décret mentionné au III ci-dessus fixe également les conditions d'application du présent paragraphe. »
Par amendement n° I-39, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de compléter le III de cet article par une phrase ainsi rédigée : « Le montant de la taxe est réduit de 80 % à compter de l'année qui suit l'arrêt définitif d'une installation. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'article 24 prévoit de modifier le régime des redevances sur les installations nucléaires de base. Jusque-là, leur produit était rattaché par voie de concours au budget de l'industrie. Ce dispositif devrait évoluer puisque l'on substituerait aux redevances préexistantes une nouvelle taxe sur les installations nucléaires dont le produit abonderait le budget général de l'Etat.
Nous n'avons pas d'objection à formuler sur le principe de cette taxe qui se substitue à des redevances dont le fondement juridique est, semble-t-il, contestable. Mais nous sommes très réservés sur la méthode qui consiste à renvoyer à un décret en Conseil d'Etat le barème définitif de la taxe.
De ce fait, le Parlement ne voterait qu'un encadrement et devrait s'en remettre complètement au pouvoir exécutif quant à l'exercice d'une prérogative qui lui est pourtant constitutionnellement reconnue.
Par exemple, mes chers collègues, il est impossible de savoir exactement quel sera le surcroît de charges qui résultera de la nouvelle taxe et du nouveau barème pour les exploitants d'installations nucléaires, et notamment pour le Commissariat à l'énergie atomique, dont le financement incombe principalement au budget de l'Etat. La seule certitude que nous ayons est que le rendement global de la taxe augmentera de 55 % par rapport au rendement actuel des redevances, pour atteindre 829 millions de francs.
En outre, l'article 24 supprime - et, de notre point de vue, c'est absolument inadmissible - l'abattement de 80 % dont bénéficient jusqu'à présent les installations nucléaires de base dont la mise à l'arrêt définitif est constatée par l'autorité de sûreté. Cet abattement était jusqu'a présent justifié par le fait que l'arrêt d'une installation conduit à diminuer l'importance des moyens mis en oeuvre pour son contrôle, contrôle que les redevances ont vocation à financer.
Du fait de la suppression de cet abattement, la nouvelle taxe serait désormais due jusqu'à la radiation de l'installation de la liste des installations nucléaires de base, et le délai peut se chiffrer en années.
Certes, la suppression de l'abattement devrait logiquement encourager les exploitants à démanteler les installations arrêtées, mais il est clair que les opérations de démantèlement sont longues, coûteuses, complexes, et qu'elles représentent de véritables programmes d'investissement, qu'il n'est d'ailleurs pas si facile de financer lorsqu'on doit compter pour ce faire sur le budget de l'Etat, plus précisément sur les crédits de l'industrie.
C'est pourquoi nous proposons, par l'amendement n° I-39, de rétablir l'abattement de 80 %.
Toutefois, au-delà de cette correction, je souhaite insister de manière un peu solennelle sur le fait que la délégation que le Parlement donnerait au pouvoir réglementaire en votant l'article 24 en l'état serait douteuse sur le plan constitutionnel.
En effet, l'article 34 de la Constitution dispose très clairement que « la loi fixe les règles concernant... l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes natures ». Ainsi, en renvoyant la détermination des taux de la nouvelle taxe sur les installations nucléaires au pouvoir réglementaire, le Parlement n'épuiserait pas l'étendue de ses compétences.
Cet argument avait d'ailleurs conduit l'Assemblée nationale, en 1975, lors de la création des redevances sur les installations nucléaires de base, à inscrire dans la loi des dispositions qui ne figuraient initialement que dans le projet de décret d'application de cette loi.
Je regrette à cet égard, monsieur le secrétaire d'Etat, que le Gouvernement n'ait pas été en mesure, jusqu'à cet instant, de fournir à la représentation nationale le projet de décret qui fixera les taux définitifs de la taxe, ce dernier étant encore, nous a-t-on dit récemment, en cours d'élaboration.
Je ne crois pas qu'il soit possible de se contenter de l'assurance selon laquelle le nouveau barème ne conduira pas à des ressauts d'imposition importants pour les exploitants d'installation car, en tout état de cause, je le rappelle, il est envisagé une hausse de 55 % de son rendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Monsieur le rapporteur général, vous vous inquiétez de la procédure proposée par le Gouvernement pour la fixation du barème de cette taxe, à savoir celle d'un décret en Conseil d'Etat. Il convient de rappeler que le juge constitutionnel, selon une jurisprudence constante, a validé pareille méthode.
Pour ce qui est du fond de cet amendement, dans l'état actuel du droit, on observe que de nombreuses installations mises à l'arrêt définitif tardent à être démantelées. Cela induit à la fois des facteurs de risques pour le bon déroulement des opérations de démantèlement et des coûts pour l'autorité chargée de la surveillance de ces installations.
Par conséquent, la décision du Gouvernement de supprimer l'abattement de 80 % sur la taxation des installations nucléaires de base arrêtées définitivement provient du double souci, d'une part, d'inciter l'opérateur, en l'occurrence EDF, à démanteler rapidement ses installations mises à l'arrêt définitif et, d'autre part, de prendre en compte l'existence d'un coût non négligeable en termes de surveillance de ces installations.
C'est pourquoi je ne peux pas vous suivre, monsieur le rapporteur général, ni sur le moyen de droit - le décret en Conseil d'Etat est parfaitement valide -...
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est vous qui le dites !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... ni sur le fond du dispositif.
Je demande donc au Sénat de bien vouloir repousser l'amendement n° I-39.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-39, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 24, ainsi modifié.

(L'article 24 est adopté.)

Articles additionnels avant l'article 24 bis



M. le président.
Par amendement n° I-283, M. Arthuis et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, avant l'article 24 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la première phrase du dernier alinéa de l'article 1727 du code général des impôts, le taux : "0,75 %" est remplacé par le taux : "0,50 %"
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Arthuis.
M. Jean Arthuis. Cet amendement vise à venir au secours des contribuables de bonne foi qui se voient notifier un redressement à la suite d'une vérification fiscale.
Nous savons bien que, en dépit de vos efforts, monsieur le secrétaire d'Etat, de ceux de M. le rapporteur général, de la commission des finances et du Sénat tout entier, la fiscalité reste particulièrement complexe et que certains contribuables peuvent interpréter les textes de telle façon qu'ils s'écartent de ce qu'a voulu le législateur : un contentieux peut alors survenir et le contribuable concerné être amené à acquitter des sommes supplémentaires.
La loi a prévu en ce cas le versement d'intérêts de retard au taux de 0,75 % par mois.
La fixation d'un tel taux était fondée à une époque où les taux d'intérêt étaient particulièrement élevés. Mais ceux-ci sont aujourd'hui sans commune mesure avec ce qu'ils étaient alors.
Mes chers collègues, je voudrais vous rendre attentifs au fait qu'un certain temps peut s'écouler entre le moment où la déclaration contestée a été établie et celui où intervient le redressement.
Au demeurant, il existe nécessairement un délai entre la vérification et la notification. Or tous les mois sont comptabilisés dans le retard et sanctionnés à ce titre par un intérêt de 0,75 %.
Je propose simplement de ramener ce taux d'intérêt à 0,50 % par mois, étant entendu que ne sont visés que les contribuables de bonne foi, de telle sorte que l'Etat ne puisse être suspecté de s'enrichir indûment en infligeant des pénalités sous forme d'intérêts qui seraient à la limite de l'usure, compte tenu de la conjoncture des taux d'intérêt.
Ne confondons pas intérêts de retard et pénalités, dont l'objet est de sanctionner l'abus, la fraude, la mauvaise foi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'initiative de M. Arthuis, et de ses collègues est particulièrement opportune, car il est clair que ces intérêts de retard réclamés aux contribuables de bonne foi et qui sont actuellement fixés à 9 % par an se situent à un niveau beaucoup trop élevé par rapport à l'objectif initialement recherché par le législateur, qui était simplement de compenser le préjudice financier subi par le Trésor.
M. Arthuis a mis l'accent sur l'une de ces dispositions qu'il faut absolument mettre à jour. Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, la fixation de seuils en valeur absolue ou de taux tels que celui qui est ici en cause doit faire l'objet d'un réexamen périodique si l'on ne veut pas voir les dispositions visées complètement dénaturées par rapport à l'intention initiale du législateur.
L'année dernière, le Sénat avait adopté, sur la proposition de la commission des finances, un amendement de même nature qui modifiait la règle de calcul du taux d'intérêt de retard en l'indexant sur le taux du marché. Il s'agissait d'éviter que le taux d'intérêt de retard ne devienne une sanction, ce qu'il ne doit pas être.
Monsieur le secrétaire d'Etat, l'amendement qui a été présenté par M. Arthuis et les membres de son groupe va exactement dans le même sens. Son adoption confirmerait une position déjà prise en toute connaissance de cause par le Sénat. Pour toutes ces raisons, la commission des finances y est très favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. On comprend bien le raisonnement de M. Arthuis qui, dans une période de baisse des taux d'intérêt, trouve excessif le taux des intérêts de retard. Je souligne qu'il s'agit d'intérêts de retard et non de pénalités de retard. Autrement dit, ces intérêts ne constituent pas une sanction.
M. Hilaire Flandre. Justement !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je vais répondre à cet argument dans un instant.
L'intérêt de retard a pour objet de réparer le préjudice...
M. Michel Charasse. Préjudice de trésorerie !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... le préjudice financier subi par le Trésor du fait d'un encaissement tardif de la créance.
Ainsi, de par son objet, le champ d'application de l'intérêt de retard doit rester très général et ne peut pas tenir compte de la bonne foi du contribuable que vous avez invoquée, monsieur Arthuis. Le système fiscal français est fondé sur le principe déclaratif qui postule la sincérité des éléments déclarés et leur contrôle a posteriori .
A l'instant, l'un d'entre vous m'a interpellé, voulant marquer que, puisqu'il ne s'agissait pas d'une sanction, il fallait aligner le taux d'intérêt de retard sur ceux qui sont pratiqués sur le marché par le système bancaire et financier. Mais, précisément, le taux de 9 % reste globalement comparable à ceux qui sont pratiqués actuellement par les établissements bancaires, lesquels ont varié, au cours du troisième trimestre de 1999 - c'est une indication de tendance - entre 6,67 % à 12,94 %, suivant leur nature.
Enfin, dernier argument, et je sais que l'ancien ministre de l'économie et des finances n'y sera pas insensible, l'adoption de cet amendement entraînerait une perte de recettes pour l'Etat de plusieurs centaines de millions de francs. Mais là n'est pas l'argument le plus décisif.
Je retiens de cet échange qu'il faut, en effet tenir compte, M. Charasse l'a indiqué brillamment tout à l'heure, de l'évolution de l'économie : inflation, taux d'intérêt pratiqués par les banques.
Par conséquent, aujourd'hui, le Sénat serait bien inspiré, si M. Arthuis ne retire pas son amendement n° I-283, de le repousser. Le signal politique a été donné, et il l'a été excellemment, par une des personnalités les plus marquantes de la Haute Assemblée. Nous pourrions convenir de réexaminer la question le moment venu. Gouvernement, Sénat et Assemblée nationale pourraient ensemble, au vu d'un panorama général, réaliser l'adaptation à l'évolution économique que plusieurs d'entre vous, et M. Arthuis en cet instant, appellent de leurs voeux.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commision des finances. Monsieur le secrétaire d'Etat, combien de fois ce signal doit-il être émis pour que le Gouvernement le remarque ? Il a été délivré voilà deux ans. A ce moment-là, j'ai bénéficié de la même réponse que celle que vous venez de nous apporter. D'ailleurs, nous progressons dans la courtoisie s'agissant de la réponse. (Sourires.) Il a de nouveau été délivré l'année dernière et j'ai obtenu la même réponse, également extraordinairement délicate.
Vous nous remerciez de ce nouveau signal. Mais il faut en finir et, pour ce faire, nous devons précisément, me semble-t-il, adopter l'amendement, car le Gouvernement se verrait ainsi encouragé à prendre ce problème à bras-le-corps.
Je formulerai également une remarque sur le fond à partir d'un cas pratique : que se passe-t-il, par exemple, pour un redevable qui se trouve débiteur de droits de succession à la suite d'un accident ? La succession va devoir faire l'objet d'un certain nombre de formalités administratives et un retard inévitable se produira dans le paiement des droits. C'est ce type de redevable qui doit aujourd'hui payer un intérêt de retard de 9 %. Je ne crois pas que ce soit juste et la comparaison que vous faites avec les intérêts bancaires n'est pas non plus conforme à la réalité.
Il convient donc de procéder dans les plus brefs délais à l'ajustement qui s'impose. En adoptant l'amendement présenté par Jean Arthuis, nous encourageons le Gouvernement à aller dans le bon sens.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-283.
M. Michel Charasse. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Monsieur le président, je souhaite sous-amender l'amendement n° I-283. Le paragraphe I resterait inchangé et le paragraphe II serait rédigé de la manière suivante : « La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée à due concurrence par une augmentation des pénalités fiscales et douanières. »
Je m'explique : la lutte contre la fraude fiscale est un objectif de valeur constitutionnelle - le Conseil constitutionnel l'a affirmé à plusieurs reprises - et nous devons faire preuve de toute la sévérité nécessaire dans ce domaine ; nous savons qu'elle n'est pas toujours suffisante.
Comme l'ont dit excellemment M. le secrétaire d'Etat et M. le rapporteur général et l'auteur de l'amendement, l'intérêt de retard est non pas une pénalité, mais la rémunération du Trésor public pour le sacrifice qu'il consent en trésorerie.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Absolument !
M. Michel Charasse. Mais, comme M. le secrétaire d'Etat l'a reconnu, un problème se pose dans la mesure où, même si l'on se trouve dans la fourchette bancaire, le taux du Trésor public n'a pas évolué à la baisse avec les taux d'intérêt.
Je ne suis pas insensible à la perte de recettes qui en résulterait pour l'Etat. Mais, s'agissant d'un domaine où l'intérêt de retard ne constitue pas une pénalité - il faut bien voir que ceux qui paient leur impôt tardivement ne sont pas pour autant des fraudeurs : ils ne peuvent pas faire autrement, ils demandent des délais de paiement et le Trésor fait rémunérer son avance de trésorerie, si je puis dire - nous sommes dans un système quasi bancaire, qui ne peut pas devenir un système usuraire, soit dit par parenthèses, car ce serait fâcheux s'agissant de l'Etat.
En revanche, il me paraîtrait tout à fait moral de compenser cette perte de recettes en augmentant les pénalités en matières fiscale et douanière. Cela permettrait de préserver les recettes de l'Etat, tout en réclamant aux fraudeurs les conséquences financières de la réduction du taux d'intérêt de retard.
Si ce sous-amendement était adopté, la disposition proposée serait neutre pour l'Etat et la proposition de M. Arthuis deviendrait parfaitement logique, équitable et acceptable.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° I-298, présenté par M. Charasse, et tendant, après les mots : « à due concurrence », à rédiger ainsi la fin du II de l'amendement n° I-283 : « par une augmentation des pénalités fiscales et douanières. »
Quel est l'avis de la commission sur ce sous-amendement n° I-298 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je salue la préoccupation d'équilibre des finances publiques qui anime notre collègue Michel Charasse ; elle est tout à fait digne d'estime.
Cela étant dit, le message que nous voulons délivrer doit, me semble-t-il, être clair : il s'agit simplement de réajuster un taux qui est complètement obsolète,...
M. Jean Arthuis. Absolument !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... parce qu'il se réfère à un contexte économique différent de celui d'aujourd'hui. Il ne faut pas sortir de cette idée ! Il suffit de respecter l'intention du législateur qui, voilà un certain nombre d'années, a décidé de fixer ce taux à 9 %. Il faut revenir aux conditions économiques qui avaient présidé à cette décision, ou s'en rapprocher le plus possible. C'est ce que propose opportunément M. Arthuis.
Afin de ne pas compliquer la démarche, il convient de maintenir l'amendement dans sa rédaction actuelle. C'est pourquoi, bien que la commission ne se soit pas réunie - et j'espère ne pas trahir sa pensée -, j'exprimerai un avis défavorable sur ce sous-amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ce sous-amendement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je remercie M. Charasse d'avoir rejoint ma préoccupation de ne pas creuser le déficit budgétaire en acceptant un certain nombre d'amendements qui, les uns après les autres, finiraient par déséquilibrer complètement la logique du budget dont nous débattons. D'ailleurs, je sais gré à M. Arthuis de l'avoir reconnu tout à l'heure. Il s'agit de plusieurs centaines de millions de francs ! M. le rapporteur général me soufflait à l'instant que, l'année dernière, la dépense fiscale correspondant à un amendement du même type aurait été - j'emploie à dessein le conditionnel - évaluée à environ 3 milliards de francs.
M. Philippe Marini, rapporteur général. On peut s'interroger sur les évaluations !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Nous l'avons déjà fait cette nuit ! Mais admettons la sincérité et le caractère scientifique de ces évaluations. Il s'agit de sommes non pas modestes mais importantes.
Je préfère néanmoins, monsieur Charasse, le raisonnement du Gouvernement - il s'engage à poursuivre sa réflexion - qui consiste à comparer l'évolution des taux d'intérêt et celle, que vous jugez nécessaire, des intérêts de retard à cette compensation par les pénalités. En effet, cette dernière ne me paraît pas conforme au dispositif juridique français, très encadré par les décisions du Conseil constitutionnel, de la Cour européenne des droits de l'homme, de la Cour de cassation, et par la nécessité de la proportionnalité de la peine à l'infraction.
On ne peut pas jouer avec les pénalités douanières et fiscales pour compenser une perte de recettes fiscales. Il faut s'en tenir à un raisonnement économique. C'est pourquoi, si vous acceptiez de retirer votre sous-amendement, monsieur Charasse, vous permettriez au Gouvernement de poursuivre sa réflexion, comme il s'y est engagé, et de ne pas s'avancer sur un autre terrain qui fragiliserait, je le crois sincèrement, tant la position du Sénat que celle du Gouvernement s'agissant d'un grand principe du droit : la proportionnalité de la peine à l'infraction.
M. le président. Monsieur Charasse, maintenez-vous votre sous-amendement ?
M. Michel Charasse. Cela dépend du sort que M. Arthuis réserve à son amendement !
M. le président. Monsieur Charasse, vous avez déposé un sous-amendement. M. le secrétaire d'Etat vous demande de le retirer. Par conséquent, je vous consulte.
M. Michel Charasse. Je dirai simplement à M. le secrétaire d'Etat que les intérêts de retard sont payés à la fois par les fraudeurs et par les non-fraudeurs. Par conséquent, je propose de faire payer uniquement les fraudeurs ! En effet, en faisant bénéficier les fraudeurs de la réduction du taux de l'intérêt de retard, on leur fait un cadeau qui n'est pas justifié. Il faut donc leur appliquer des pénalités supplémentaires. Je dois dire, monsieur le secrétaire d'Etat, que votre argument sur la proportionnalité de la peine ne m'a pas tout à fait convaincu.
Si le Gouvernement s'engage à nous proposer, à M. Arthuis et à moi-même, une solution l'année prochaine, je retire mon sous-amendement, et M. Arthuis n'insistera probablement pas pour maintenir son amendement. Dans le cas contraire, je le maintiens. Je ne veux pas faire payer l'Etat pour les fraudeurs ! Je précise tout de suite que tel n'est pas l'objectif poursuivi par M. Arthuis. Toutefois, une partie de l'avantage qui découle de son amendement bénéficierait aux fraudeurs, et ce n'est pas supportable.
M. Michel Moreigne. Très bien !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. J'ai pris l'engagement que nous étudierons cette question. Nous le ferons de bonne foi et, de surcroît, avec la participation des sénateurs de la commission des finances. Je réitère solennellement cet engagement devant le Sénat.
M. le président. Monsieur Arthuis, votre amendement est-il maintenu ?
M. Jean Arthuis. Je suis très attentif aux engagements de M. le secrétaire d'Etat, dont je salue et la courtoisie et la compétence.
M. Philippe Marini, rapporteur général, et M. Michel Charasse. Tout à fait !
M. Jean Arthuis. Je me réjouis du ralliement de M. Charasse au paragraphe I de notre amendement. Il doit être bien clair en effet que, ce qui nous préoccupe, c'est de ne pas procurer à l'Etat un enrichissement sans cause.
Je suis étonné de votre observation, monsieur le secrétaire d'Etat. Je ne suis pas certain que plusieurs milliards de francs soient en cause, mais si l'équilibre budgétaire de 2000 est conditionné par l'excès d'intérêt de retard, il y a matière à s'en préoccuper.
La bonne foi s'établit de manière factuelle à l'occasion des vérifications. En cas de fraude, des pénalités sont appliquées. Un arsenal de sanctions est à la disposition des collaborateurs de la direction générale des impôts, monsieur le secrétaire d'Etat ! J'insiste sur ce point.
Naturellement, nous prenons acte de vos engagements et l'expression que vous leur donnez nous satisfait. Cependant, il n'y a pas si longtemps, vous avez pris d'autres engagements et, après les navettes et quelquefois les commissions mixtes paritaires, les fruits ne tiennent pas les promesses des fleurs. Dans ce cas particulier, je me permets d'insister et l'appréciation de la commission des finances est un encouragement à maintenir cet amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. Jean Arthuis. Je ne doute pas, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous ferez le nécessaire, mais il serait très injuste de persévérer dans une voie qui pénalise les contribuables de bonne foi. Le dispositif fiscal est complexe et, dans de nombreuses circonstances, les agents de l'administration eux-mêmes ont des difficultés à dire le droit en matière fiscale. Les contrôles peuvent intervenir plusieurs années après les faits et les notifications elles-mêmes sont quelquefois relativement longues. Par conséquent, persister à appliquer aujourd'hui un taux de 9 % est une injustice et l'Etat ne peut pas persévérer dans cette voie. Par conséquent, monsieur le président, je maintiens mon amendement.
M. Michel Charasse. Je maintiens également mon sous-amendement ! Sinon, on fait un cadeau aux fraudeurs !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° I-298, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-283.
M. Philippe Arnaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud. Je voterai l'amendement présenté par M. Arthuis. Effectivement, une confusion existe, et c'est la raison pour laquelle je n'ai pas voté le sous-amendement de M. Charasse.
Monsieur le secrétaire d'Etat, l'équilibre du budget de l'Etat doit être assuré uniquement par des recettes, c'est-à-dire par l'impôt ou par des ressources propres de l'Etat. Or, en matière d'intérêts de retard, il s'agit non pas de recettes de l'Etat, mais de compensation de pertes. Si, sur un exercice donné, aucun redressement fiscal ni aucun étalement de l'impôt ne sont intervenus, l'Etat n'a pas de charges sur le plan de la mise à disposition de sa trésorerie et il ne perçoit donc pas la recette correspondante qui vient en compensation. A l'inverse, si certains retards importants ont été apportés dans l'acquittement de l'impôt, l'Etat supportera une charge de trésorerie et cherchera à la compenser. Il s'agit donc non pas d'une recette, mais de compensations de pertes, et il serait effectivement grave d'assurer l'équilibre budgétaire au moyen de telles ressources.
Dans l'hypothèse où la conjoncture nous trouverait confrontés à des taux d'intérêt plus élevés, compris entre 15 et 18 %, l'Etat serait prompt à procéder à l'ajustement nécessaire. Alors, pour un ajustement à la baisse, l'Etat devrait faire preuve de la même promptitude. Pour cette raison, monsieur le secrétaire d'Etat, je voterai l'amendement n° I-283 de M. Arthuis.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° I-283, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 24 bis .
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Monsieur le président, je constate, au terme d'un rapide calcul, que, si nous maintenons le braquet actuel, nous achèverons l'examen des articles vers zéro heure trente, de sorte que, compte tenu des explications de vote, nous ne pourrons pas procéder au vote lui-même sur la première partie avant deux heures et demie ou trois heures du matin.
Il nous faut accélérer un peu nos travaux, naturellement dans le respect du droit de chacun d'éclairer le Sénat sur ses votes. J'en appelle donc à la concision, à défaut de quoi nous risquons de siéger jusque tard dans la nuit.
M. Gérard Braun. Très bien !
M. le président. Mes chers collègues, permettez-moi de joindre ma voix à celle de M. le président de la commission des finances pour vous inviter à la concision.
Par amendement n° I-284, M. Arthuis et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, avant l'article 24 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le troisième alinéa de l'article 1727 du code général des impôts est complété in fine par les mots : "et ne peut représenter plus de 18 % desdites sommes".
« II. - La perte de recettes résultant du paragraphe précédent est compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Arthuis.
M. Jean Arthuis. Il s'agit d'un amendement de repli que je retire compte tenu de l'adoption de l'amendement n° I-283. Je réponds ainsi immédiatement au souhait exprimé par M. le président de la commission des finances !
M. le président. L'amendement n° I-284 est retiré.

Article 24 bis



M. le président.
« Art. 24 bis . _ Dans le 2 de l'article 39 du code général des impôts, les mots : "et l'assiette" sont remplacés par les mots : ", l'assiette et le recouvrement". »
Par amendement n° I-40, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je voudrais rappeler de nouveau que les pénalités de recouvrement constituent non pas des sanctions mais une compensation du préjudice financier subi par le Trésor du fait de l'encaissement tardif de l'impôt. Elles prennent la forme soit d'une majoration de 10 %, soit d'une majoration de 5 % à laquelle est ajouté un intérêt de 0,75 % par mois, dorénavant 0,5 %, depuis le vote de l'amendement de M. Arthuis.
Les pénalités de retard sont déductibles lorsqu'elles portent sur des impôts eux-mêmes déductibles. En effet, les pénalités encourues dans l'exercice d'une activité professionnelle constituent des charges qui, conformément à l'article 39 du code général des impôts, sont déductibles. Les pénalités de recouvrement diffèrent des pénalités d'assiette qui s'appliquent afin de sanctionner l'éventuel comportement délictueux, en tout cas fautif du contribuable.
L'Assemblée nationale a supprimé la déductibilité du résultat imposable des pénalités de recouvrement sanctionnant le versement tardif des impôts.
La commission des finances du Sénat ne peut accepter une mesure qui dénature complètement les pénalités de recouvrement en tendant à les assimiler à des pénalités d'assiette et vous demande donc, par cet amendement, de supprimer l'article 24 bis .
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le principe de la non-déductibilité de toutes les pénalités de recouvrement a été excellement posé à l'Assemblée nationale par M. Brard, député communiste, dans le prolongement de ses travaux sur la fraude et l'évasion fiscales, qui font autorité. L'amendement qu'il avait déposé à ce sujet a été adopté par l'Assemblée nationale après avoir recueilli l'avis favorable du Gouvernement. Il s'agit à la fois d'une mesure de simplification et d'une mesure de justice, puisque, actuellement, ces pénalités sont soit déductibles, soit non déductibles, en fonction de la nature de l'impôt qu'elles frappent, ce qui n'a plus aucune justification.
Je préconise donc le rejet de l'amendement de la commission.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'avoue ne pas comprendre l'argument de M. le secrétaire d'Etat, car le dispositif introduit par l'Assemblée nationale, qui devrait rapporter, semble-t-il, 150 millions de francs supplémentaires à l'Etat, vise bien à accroître le poids de ces pénalités en en rendant non déductible une fraction qui était jusqu'ici déductible en fonction de la nature des impôts auxquels elles s'appliquaient. La non-déductibilité de l'ensemble des pénalités fiscales est bien recherchée par cet amendement - je vous renvoie au rapport de M. Brard, qui est à l'origine du dispositif - et cela nous semble tout à fait inacceptable puisque, je le répète, les pénalités de recouvrement seraient assimilées à des pénalités d'assiette.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-40, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 24 bis est supprimé.

Article 24 ter



M. le président.
« Art. 24 ter . _ Le b de l'article 74 du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les stocks de spiritueux peuvent être évalués, sur option, au prix de revient ou au cours du jour à la clôture de l'exercice si ce cours est inférieur au prix de revient. Lorsqu'ils sont évalués au prix de revient, ils peuvent donner lieu à la constitution de provisions. »
M. Philippe Arnaud. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud. Pour respecter le voeu de M. le président de la commission des finances, je serai extrêmement bref.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je tenais tout de même à saisir l'occasion pour remercier le Gouvernement. En effet, en 1997 et en 1998, j'avais attiré son attention sur la situation de la fiscalité des stocks à rotation lente, qui concerne notamment la viticulture. Il est vrai que M. Sautter avait déjà promis, en 1998, de régler cette question dans le cadre de la loi d'orientation agricole. Même s'il nous a fallu attendre la fin de l'année 1999, je prends acte du fait que le problème est maintenant réglé et je vous remercie, monsieur le secrétaire d'Etat, d'avoir obtenu le vote de ce texte à l'Assemblée nationale. Je remercie également la commission, qui a bien voulu souscrire au dispositif adopté.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je confirme que c'est bien à la suite d'une initiative prise par notre collègue Philippe Arnaud, ici même, l'année dernière, que la situation a pu évoluer et qu'une solution judicieuse a été adoptée. (Murmures sur les travées socialistes.) Il se trouve qu'elle l'a été à l'Assemblée nationale, mais il n'en reste pas moins que la paternité en revient à notre collègue.
M. Gérard Braun. Très bien !
Mme Danièle Pourtaud. Cela s'appelle rendre à César ce qui appartient à César...
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 24 ter.

(L'article 24 ter est adopté.)
M. le président. J'informe le Sénat que le scrutin pour l'élection d'un juge suppléant à la Cour de justice de la République est clos.
J'invite les scrutateurs à rejoindre la salle des conférences pour procéder au dépouillement du scrutin.

Article 24 quater



M. le président.
« Art. 24 quater . - Le premier alinéa du 4° de l'article 795 du code général des impôts est complété par les mots : ", à la défense de l'environnement naturel ou à la protection des animaux". »
Par amendement n° I-144, MM. Charasse, Angels, Demerliat, Haut, Lise, Massion, Miquel, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Cet amendement visant à supprimer l'article 24 quater , mes explications seront brèves, conformément au voeu de M. le président de la commission des finances.
Nous avons mieux à faire que d'exonérer de droits de succession les dons et legs consentis aux associations de protection des animaux. D'autres associations ou fondations reconnues d'utilité publique méritent certainement plus d'attention !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est quelque peu perplexe. Avant de confirmer son avis, elle souhaiterait entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement partage le sentiment de l'Assemblée nationale. Il est défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Même avis que le Gouvernement !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-144, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 24 quater est supprimé.

Article additionnel avant l'article 24 quinquies



M. le président.
Par amendement n° I-158, MM. Bécart, Bel, Mmes Bergé-Lavigne, Bidard-Reydet, Borvo, Boyer, MM. Bret, Carrère, Charzat, Collin, Debarge, Delfau, Mme Derycke, MM. Fischer, Haut, Lefebvre, André Lejeune, Loridant, Mme Luc, MM. Mélenchon, Miquel, Pastor, Piras, Plancade, Mmes Pourtaud, Printz, MM. Renar, Saunier, Mme Terrade, M. Verges, M. Auban, Mme Beaudeau, MM. Dreyfus-Schmidt, Duffour, Foucaud, Labeyrie, Lagauche, Le Cam, Moreigne et Ralite proposent d'insérer, avant l'article 24 quinquies , un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 985 du code général des impôts, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art... - Il est institué une taxe spéciale sur les opérations, au comptant ou à terme, portant sur les devises, dont le taux est fixé à 0,05 %.
« Sont exonérées de cette taxe les opérations afférentes :
« - aux acquisitions ou livraisons intracommunautaires ;
« - aux exportations ou importations de biens et services ;
« - aux investissements directs au sens du décret n° 89-938 du 29 décembre 1989 modifié réglementant les relations financières avec l'étranger ;
« - aux opérations de change réalisées par les personnes physiques et dont le montant est inférieur à 500 000 francs.
« La taxe est due par les établissements de crédit, les institutions et les services mentionnés à l'article 8 de la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit, les entreprises d'investissement visées à l'article 7 de la loi n° 96-597 du 2 juillet 1996 de modernisation des activités financières et par les personnes physiques ou morales visées à l'article 25 de la loi n° 90-614 du 12 juillet 1990 relative à la participation des organismes financiers à la lutte contre le blanchiment de capitaux provenant du trafic de stupéfiants.
« La taxe spéciale est établie, liquidée et recouvrée sous les mêmes garanties et sanctions que le prélèvement mentionné à l'article 125 A du code général des impôts. Elle est due pour les opérations effectuées à compter du 1er juillet 2000.
« Un décret fixe les modalités d'application du présent article. »
La parole est à M. Mélenchon.
M. Jean-Luc Mélenchon. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, vous l'avez sans doute appris, dix-sept sénateurs ont décidé de se regrouper pour se constituer en un comité ATTAC - association pour la taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens - lié à cette association nationale dont le président est M. Bernard Cassen, pour se faire l'écho auprès de vous des initiatives citoyennes qui sont prises en faveur notamment de la taxation des mouvements de capitaux qui déstabilisent l'économie mondiale.
Ces sénateurs ont pris l'initiative de proposer un amendement allant dans ce sens. Ils ont été rejoints par un certain nombre de leurs collègues. En sorte que, à cette heure, ce sont quarante-six sénateurs qui ont l'honneur de vous faire cette proposition et qui m'ont désigné pour vous la présenter.
Il s'agit de taxer les mouvements de capitaux qui, aujourd'hui, perturbent l'économie mondiale. J'ose le dire, lorsque ces quarante-six sénateurs s'expriment, en vérité, ils font état d'un sentiment bien plus largement répandu et, en tout cas, je le sais, unanime sur les travées de la gauche, même s'il arrive que, sur l'appréciation des moyens à mettre en oeuvre, les avis puissent diverger.
C'est un état d'esprit qui proteste contre un ordre du monde où la toute-puissance de l'argent peut jeter à bas des années d'efforts, d'économies, de travail, d'application et de peine de peuples entiers dès que, ici ou là, un profit semble à portée d'un mouvement d'ordinateurs ou d'une spéculation. Nous constatons ainsi que ce sont plus de 1 500 milliards de dollars qui s'échangent chaque jour, dont une proportion infime correspond à des transactions réelles et à des richesses réelles, et le reste est exclusivement à vocation spéculative.
On le sait, sur la masse de ce qui s'échange, 80 % des placements de cet ordre sont au maximum d'une durée de sept jours. En réalité, ces mouvements se déroulent pour l'essentiel en une seule journée. C'est assez dire leur vocation spéculative !
C'est pourquoi nous proposons que ces mouvements, que l'on dit erratiques et que je qualifierai moi, de hautement intéressés, soient taxés à proportion de 0,05 % de leur montant. Ainsi, ceux qui se placeraient avec une vocation productive et correspondraient à une transaction matérielle réelle se trouveraient fort légèrement taxés, tandis que ceux qui ont vocation à aller et venir d'une place à une autre, d'un jour sur l'autre, se trouveraient bien évidemment, du fait même de la répétition de ces mouvements, taxés jusqu'à 20 % au maximum pour des mouvements quotidiens.
Ce dispositif que je soumets au Sénat a déjà été présenté non seulement à l'Assemblée nationale mais aussi au Parlement européen.
En l'adoptant, le Sénat adresserait un message en étroite conjonction temporelle avec ce qui se déroule, ici et là, dans le monde entier, et tout spécialement à Seattle, autour du nouveau round , dit-on dans ce franglais maintenant devenu habituel, autour de cette nouvelle manche de négociations qui visent à transformer le monde entier en une marchandise négociable et à laquelle s'opposent des gouvernements, des formations politiques, des syndicats et une masse immense de citoyens.
En l'adoptant, le Sénat serait en phase avec ceux qui veulent un monde plus juste, où la peine, l'effort et le travail productif ne se trouveraient pas sans cesse sous la menace d'une décision individuelle à caractère purement spéculatif.
En l'adoptant, le Sénat s'inscrirait dans la démarche citoyenne qui anime le monde sur ces questions aujourd'hui.
Le vote qui va avoir lieu dans un instant, sur votre initiative, monsieur le président, sera entendu - et c'est bien le sens de ce que nous entreprenons - comme un appel à la lutte et, peut-être plus encore, comme un signal du refus de la résignation.
C'est le rôle des parlementaires que de se faire ici l'écho des préoccupations de nos concitoyens et de leur montrer en retour qu'il n'y a rien d'inéluctable ou de fatal à ce que les choses soient ainsi, et que l'action législative peut les corriger. (Applaudissements sur certaines travées socialistes ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est défavorable à cette proposition qu'elle considère comme mauvaise dans son principe et inopérante dans son dispositif.
Elle est mauvaise dans son principe, car on ne peut pas réguler l'économie d'aujourd'hui avec des effets de manches. On ne peut pas nier que nos économies, en particulier celles du monde développé, communiquent librement, sont interconnectées et que la prospérité de nos différents pays est proportionnelle à l'ouverture des frontières et à l'amplification des flux économiques et financiers.
Mes chers collègues, si vous examinez les cycles d'activité de notre pays, vous constatez que les périodes les plus prospères ont correspondu à des périodes d'ouverture et d'amplification des échanges internationaux et que les périodes de tristesse, de repli, ont souvent été les périodes de fermeture, d'autarcie, de protectionnisme.
Certes, vous nous parlez des transactions financières et vous utilisez le mot « spéculation », qui est facile à employer mais difficile à définir.
Naturellement, en y mettant un contenu moral, la spéculation est quelque chose d'horrible. Mais si l'on regarde les ressorts de l'activité économique, les ressorts de la prise de risque, les ressorts de l'esprit d'entreprise, ne faut-il pas toujours anticiper, c'est-à-dire prendre des paris, accepter de se situer dans un environnement dur, difficilement prévisible, pour aller de l'avant, pour créer, investir et développer.
Tout entrepreneur est quelque part et à un moment donné un spéculateur, dans le bon sens du terme. Où commence, où s'arrête, où devrait s'arrêter la spéculation frappée d'un opprobre moral ou politique ? Je pose la question. Il existe maints traités sur ce sujet, il y a des écrits extrêmement savants dans tous nos pays. Il va de soi que l'on ne peut pas trancher un tel débat en quelques mots.
Au nom de la commission, je considère que cette initiative est largement démagogique (Exclamations sur les travées socialistes) car elle vise à utiliser les insatisfactions et les frustrations pouvant exister dans une partie de l'opinion publique et à les retourner contre des boucs émissaires. (Protestations sur les mêmes travées.) La stratégie du bouc émissaire a toujours servi à tout moment de la vie politique, mais ce n'est certainement pas une bonne méthode ; en tout cas, elle n'est pas digne de l'action politique telle que, les uns ou les autres, nous pouvons souhaiter la mener. (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)
M. Jean-Luc Mélenchon. N'y allez-vous pas un peu fort ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Non, je n'y vais pas un peu fort ! Utiliser l'ignorance pour braquer l'opinion publique contre des boucs émissaires quels qu'ils soient, mes chers collègues, porte en germe tous les totalitarismes. (Protestations sur les travées socialistes et sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.) Croyez-moi, c'est ainsi qu'ils procèdent et qu'ils commencent ! Utiliser l'ignorance pour chercher des boucs émissaires, je le répète, porte en germe tous les totalitarismes !
M. Marcel Charmant. C'est scandaleux !
M. Jean-Luc Mélenchon. Qu'avez-vous mangé, monsieur le rapporteur général ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est vous qui me donnez les ingrédients !
M. Jean-Luc Mélenchon. Moi, je n'ai pas utilisé ce vocabulaire, monsieur Marini !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement, en termes parlementaires, pardonnez-moi de vous le dire - ne le prenez pas mal - c'est de la « mal-bouffe ». (Protestations sur les travées socialistes.)
M. Michel Sergent. Il y a des limites !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Ça, ce n'est pas de la démagogie ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Quant au dispositif lui-même, il est inopérant, c'est clair. Vous le savez bien, ce n'est pas un Etat qui va, à lui tout seul, changer les règles du jeu mondiales ni même européennes.
Puisque vous vous intéressez à ces sujets...
M. Marcel Charmant. Vous n'êtes pas les seuls à vous y intéresser !
M. Jean-Luc Mélenchon. Nous nous y intéressons mais nous ne sommes pas intéressés !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... je voudrais vous indiquer des pistes, peut-être un peu plus constructives. Au sein de la commission des finances, nous avons, depuis le début de cette année, un groupe de travail totalement pluraliste, qui s'est souvent réuni et qui se concentre sur les questions de régulation financière et monétaire internationale. Siègent dans ce groupe des représentants de tous les groupes politiques, en particulier des vôtres. M. Massion, pour le groupe socialiste, et M. Loridant, pour le groupe communiste républicain et citoyen, peuvent témoigner du caractère objectif et ouvert des travaux que nous conduisons.
Mme Danièle Pourtaud. Nous n'avons pas encore eu ses conclusions !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Quelle piste pouvons-nous proposer à votre sagacité ? Cette piste est meilleure sans doute que celle qui est proposée dans votre amendement et que j'ai qualifiée, sans doute de manière un peu excessive (Exclamations sur les travées socialistes), ...
M. Jean-Luc Mélenchon. Vous m'avez traité de démagogue, d'indigne et d'autoritariste !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mais nous nous connaissons suffisamment pour qu'il y ait un peu de fantaisie dans nos discussions.
Mme Danièle Pourtaud. Vous êtes fidèle à votre réputation ! Ça c'est sûr !
M. Marcel Charmant. Vous appelez ça de la fantaisie !
M. Jean-Luc Mélenchon. Si c'est de la fantaisie, j'accepte !
M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie.
Monsieur le rapporteur général, aux termes du règlement du Sénat, votre temps de parole n'est pas mesuré. Mais, pour répondre au souhait exprimé par M. le président de la commission des finances, et que je partage, je vous demande d'être aussi concis que possible, afin que nous puissions achever nos travaux dans le délai prévu.
Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le président, moins je serai interrompu et plus je serai bref !
M. Marcel Charmant. Il ne faut pas provoquer !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ne me provoquez pas, sinon je continuerai à développer d'autres arguments.
M. Jean-Luc Mélenchon. C'est vous qui provoquez !
M. Marcel Charmant. Chantage !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Parmi les pistes que vous seriez inspirés d'explorer et, peut-être, de suggérer au Gouvernement, je vous en propose une.
Un peu partout, notamment en Europe, il est des territoires un peu particuliers du point de vue de la réglementation, que l'on qualifie soit de paradis fiscaux, soit de places offshore. Il serait sans doute opportun qu'au sein de l'Union européenne une action s'exerce de manière volontariste sur ce qui est à nos portes et sur quoi nous pouvons peut-être avoir une certaine influence. En effet, il existe - je ne détaillerai pas - sur le continent européen ou en marge de celui-ci un certain nombre de territoires où ne s'applique certainement pas la transparence telle que nous pourrions la souhaiter.
Au lieu de lancer ainsi des slogans, de mobiliser et de manifester sur des choses illusoires, peut-être faudrait-il s'assigner des objectifs concrets dans ces domaines, ce que peut faire le Gouvernement dans le cadre de la nécessaire concertation au sein de l'Union européenne. Sans doute serait-ce plus utile, sans doute serait-ce plus opportun, plutôt que d'imaginer que seuls, nous pourrions nous entourer, comme un village gaulois, de palissades, qu'elles s'appellent « loi Tobin » ou autrement ?
Vous le savez bien, de telle propositions sont illusoires et inopérantes, mais vous les utilisez en exploitant l'ignorance de ceux qui ont le tort de vous soutenir. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants. - Protestations sur les travées socialistes et sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Mme Hélène Luc. Vous n'avez pas le droit de dire cela !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° I-158 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement s'intéresse à ces sujets...
M. Jean-Luc Mélenchon. Très bien !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... et il est préoccupé par les thèmes qui ont été évoqués tout à l'heure.
La situation monétaire et financière internationale et la spéculation internationale posent en effet de tels problèmes, qui dépassent d'ailleurs l'aspect économique car il s'agit d'un problème de civilisation, l'avenir de la société humaine étant en question, qu'il est normal que cette interrogation soit évoquée, même au détour d'un amendement déposé à l'occasion de l'examen d'un projet de loi de finances, par la Haute Assemblée.
S'agissant de la spéculation sur les marchés de capitaux, je dois ici rappeler les efforts que le Gouvernement de Lionel Jospin a engagé dès son accession aux responsabilités. En effet, dès 1997, mais plus encore en septembre 1998, nous avons pris un certain nombre d'initiatives tout à fait notables.
Permettez-moi de les résumer brièvement.
D'abord, l'imposition de contraintes de transparence aux entités non régulées, telles que les hedges funds ; le forum de stabilité financière créé par le G 7 doit faire ses premières propositions, monsieur Mélenchon, au cours du printemps 2000. C'est la première disposition obtenue par le Gouvernement de M. Jospin.
La mise en place de normes internationales de régulation prudentielles et de lutte contre le blanchiment de l'argent sale : groupe d'action financière internationale et le forum de stabilité financière travaillent actuellement pour faire des propositions l'année prochaine sur cette question. C'est la deuxième mesure que le Gouvernement de Lionel Jospin a obtenu de ses partenaires internationaux et des six autres membres du G7.
La troisième mesure, c'est le soutien aux pays émergents dans leur choix du régime de change. Il s'agit d'une action de coopération et de longue haleine, à laquelle jamais la France n'a failli.
La quatrième mesure, c'est la création de dispositions de régulation prudentielles des mouvements de capitaux, telle celle qui a été utilisée par le Chili.
Ces mesures pour lesquelles la France a milité sont désormais acceptées par la communauté internationale et promues par le Fonds monétaire international, le FMI. Leur objectif rejoint celui de la taxe que vous préconisez.
Enfin, faut-il mentionner la réorientation du rôle du FMI - ce point a récemment été évoqué à l'occasion du départ de son directeur général - vers la prévention des crises spéculatives et vers une action de régulation pour réduire le dommage, en particulier le dommage au milliard d'habitants de la planète les plus pauvres, les plus modestes, qui subissent de plein fouet les conséquences de la spéculation financière internationale ?
Mme Hélène Luc. Eh oui !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Toutes ces mesures auxquelles la France a pris une large part sont efficaces, plus efficaces que la création éventuelle d'une taxe qui, même si votre projet dépasse la seule interpellation des autorités monétaires, financières et politiques internationales, ne paraît pas réaliste aujourd'hui.
Votre idée, issue d'un véritable souffle d'analyse et de générosité, ne vaudrait, tout le monde le comprendra, que si elle était appliquée à l'échelon mondial. La France ne peut pas la mettre en oeuvre seule, dans l'isolement. Or, en ce domaine, le consensus international étant, force est de le reconnaître, inaccessible à court terme, elle ne serait pas vraiment immédiatement efficace, elle détournerait de la France non seulement des flux de capitaux, avec des conséquences non maîtrisées, mais aussi des flux économiques réels, que vous entendez, bien sûr, préserver, mais qui sont intimement liés au niveau des taux de change.
Je le répète, la France veut agir, et elle agit efficacement au niveau des instances mondiales adéquates. S'agissant, par exemple, de la lutte contre les paradis fiscaux, la France a lancé et soutenu des initiatives multilatérales en la matière. Elle a donc été certainement parmi les pays développés celui qui a le plus clairement dénoncé ces travers de la société financière internationale.
Ainsi, dans le cadre des travaux de l'OCDE, la France a eu un rôle déterminant dans la préparation et l'élaboration du rapport adopté le 9 avril 1998 sur ce que l'on appelle « la compétition fiscale dommageable »
M. Jacques-Richard Delong. Elle est contre !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Ce rapport prévoit que les Etats membres s'engagent à élaborer une liste de paradis fiscaux commune à l'OCDE - c'est un progrès considérable par rapport à une situation que nous critiquions depuis des années - à adopter ou à renforcer dès maintenant des mesures de rétorsion à l'égard des paradis fiscaux et à appliquer les principes du rapport.
Cela dit, la réflexion n'est pas close sur le sujet. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a soutenu un amendement du président de la commission des finances et du rapporteur général, adopté en première lecture à l'Assemblée nationale, aux termes duquel le Gouvernement déposera sur le bureau de chaque assemblée parlementaire, avant le 15 juin 2000, un rapport qui comprendra trois éléments déterminants allant parfaitement dans le sens préconisé voilà un instant par les auteurs du présent l'amendement.
La première partie du rapport comportera un élément de diagnostic. Ce dernier complétera le travail d'évaluation des pertes de recettes publiques résultant de la concurrence fiscale internationale, travail qui a été entamé par les parlementaires et par le Gouvernement.
La deuxième partie du rapport établira une liaison entre le diagnostic et l'action par une évaluation précise de l'incidence que pourrait avoir sur les finances publiques l'instauration de prélèvements assis sur les mouvements de capitaux, car, au fond, c'est la question qui est posée.
On ne peut pas trancher dans un sens ou dans un autre sans avoir préalablement simulé ou évalué les conséquences concrètes d'une telle taxe sur les transferts de capitaux à l'échelle mondiale. J'ai bien relevé qu'ils étaient à la hauteur de 1 500 milliards de dollars par jour. Il faut connaître et évaluer les détournements et changements que la création d'une taxe peut entraîner dans les circuits financiers internationaux.
La troisième partie du rapport que le Gouvernement vous fournira avant le 15 juin 2000 comprendra la présentation d'un programme d'actions de la présidence française de l'Union européenne dans des domaines précisément énumérés : la régulation internationale des mouvements de capitaux, la lutte contre la spéculation financière, la définition de nouvelles modalités de lutte contre la concurrence fiscale dommageable et contre les paradis fiscaux, enfin la nouvelle définition et les moyens de la lutte contre les pratiques fiscales dommageables entre les différents Etats qui encouragent des situations inacceptables économiquement et moralement.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement n'est donc pas inactif. Il a engagé dès juin 1997, avec résolution, détermination et dans la clarté politique, une action contre la spéculation internationale.
Il l'a fait à la mesure des moyens dont dispose un Etat comme la France au sein du concert des nations. Or, malgré toute l'importance que lui confère sa place de quatrième puissance économique mondiale, notre pays ne dispose pas à lui seul des moyens de mettre fin aux travers et aux graves dommages pour l'humanité que dénonce votre amendement.
Toutefois, étant donné les avancées politiques qui ont été obtenues par la France grâce à son attitude résolue au sein des différentes instances internationales auxquelles elle participe, étant donné l'attachement du Gouvernement à la philosophie qui sous-tend votre amendement, je souhaiterais, monsieur Mélenchon, que vous acceptiez de retirer celui-ci.
Nous allons dans le bon sens et vous nous aidez par vos prises de position : continuons à défendre notre point de vue devant toutes les instances internationales, notamment l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économique, où la France est partie prenante et exerce une influence de plus en plus grande sur ces sujets qui concernent en effet l'avenir de l'humanité. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
Mme Hélène Luc. C'est bien, mais cela ne suffit pas !
M. le président. Monsieur Mélenchon, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jacques-Richard Delong. Allez jusqu'au bout ! Il ne faut pas « se dégonfler » !
M. Jean-Luc Mélenchon. Monsieur le président, je ne me prononcerai pas avant que ma collègue Mme Bidard-Reydet ait pu s'exprimer. Donc, pour l'instant, je le maintiens.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-158.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. J'ai écouté avec intérêt le plaidoyer vibrant et chaleureux de M. le secrétaire d'Etat mais je n'ai toujours pas compris s'il était pour ou contre cet amendement !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. J'ai demandé son retrait !
M. Jacques Oudin. Vous avez fait état de toutes les actions menées par le Gouvernement.
Si vous nous autorisez une suggestion à propos d'un amendement dont chacun comprend le caractère totalement irréaliste et inopérant dans les circonstances actuelles - compte tenu de l'existence de 64 à 70 pays dits paradis fiscaux sur les 182 pays au monde, chacun imagine l'efficacité de la mise en oeuvre de ce dispositif dans un Etat, voire dans les quinze Etats européens... - je me permets de vous donner un conseil : pourquoi la France, qui semble avoir entamé cette démarche, ne proposerait-elle pas aux instances internationales de faire éventuellement financer l'ONU par l'impôt ? Cela nous soulagerait d'un certain nombre de fardeaux fiscaux ou financiers.
Créer un impôt mondial, pourquoi pas ? Mais là, la tâche est rude, monsieur le secrétaire d'Etat, et je vous souhaite bonne chance !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Bidard-Reydet.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Cet amendement n° I-158, aujourd'hui soumis à notre vote, est original quant à son objet et quant à ce qu'il représente, comme le démontre la discussion qui vient de s'ouvrir dans cette enceinte.
La passion de M. le rapporteur général du budget en souligne à la fois l'importance et l'opportunité. La longue réponse de M. le secrétaire d'Etat confirme ce que pensent tous les signataires de cet amendement. En effet, cet amendement a été cosigné - chose rarissime au Sénat - par un nombre important de sénateurs de sensibilités politiques différentes.
Il illustre donc à sa manière une forme de prise de conscience collective des dangers de la spéculation financière effrénée, dénoncés par l'Association pour la taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens dont chacun sait qu'elle a une audience grandissante.
L'étonnement de M. Marini quant à la définition de la spéculation est tout à fait surprenant.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et la définition du totalitarisme, cela vous intéresse aussi ?
Mme Hélène Luc. Qu'est-ce que cela à voir ?
Mme Danielle Bidard-Reydet. Oui, monsieur, cela m'intéresse, car je suis de celles et de ceux qui ont toujours combattu le totalitarisme !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Elle est bien bonne ! C'est vrai que la chute du mur de Berlin date de dix ans !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Je ne pense pas, monsieur, que ce genre de réflexions soit de nature à vous grandir dans le débat important qui nous occupe.
Je suis étonnée de la rédaction de M. le rapporteur général du budget au mot « spéculation » alors que, chacun le sait, la spéculation financière n'a aucun lien avec la production ni avec le travail des hommes. Et c'est bien cela que nous combattons !
Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen se sont donc associés à cette démarche. Ils ont d'ailleurs déposé, à l'automne 1997, sur le bureau du Sénat, une proposition de loi tendant à instituer une taxation des mouvements spéculatifs menés sur les marchés financiers et dont le montant, cela a été rappelé, est de l'ordre de 1 500 milliards de dollars par jour.
Bien entendu, cet amendement rejoint pleinement nos préoccupation antérieures. Il trouve de surcroît, dans la période récente, une acuité toute particulière.
L'ouverture du cycle de négociations de Seattle sur les conditions de fonctionnement de l'Organisation mondiale du commerce est en effet marquée par une forte prise de conscience face au développement de la mondialisation et à la globalisation des échanges.
Ce développement, qui tend à faire de tout une marchandise, porte donc en germe une aggravation des inégalités économiques entre les diverses parties de la planète. Or, chacun de nous sait que ces inégalités sont porteuses de frustrations et d'explosions de violences.
La taxation des mouvements spéculatifs menés sur les marchés monétaires est une revendication portée par un mouvement grandissant de l'opinion publique. Il nous importe de prendre en compte clairement ces aspirations nouvelles et déterminées.
Ce que vous appelez, monsieur Marini, un slogan, la taxe Tobin, comme on a coutume de la désigner, du nom de cet Américain Prix Nobel en 1972...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il y en a bien d'autres !
Mme Danielle Bidard-Reydet. ... est donc pour nous un des moyens d'atteindre un but clairement défini : la recherche d'un nouvel équilibre du développement de l'ensemble de l'humanité, pour que soient plus justement partagés les fruits de la croissance économique et que ceux qui en sont exclus, êtres humains ou nations, en deviennent bénéficiaires.
Dans notre proposition de loi déposée en 1997, nous avions souhaité que le produit de cette taxation des mouvements monétaires soit affecté au financement de la politique française de développement et de coopération.
La taxation des mouvements spéculatifs, qui engage ces sommes tout à fait importantes, n'est certes pas une panacée.
Cependant, on notera à ce propos que le Président de la République du Brésil, M. Cardoso, s'est fait l'écho de la mise en place de cette taxe lors de la rencontre de Florence des chefs d'Etat et de gouvernement, marqué par la présence du Premier ministre français.
La taxe Tobin n'est ni le seul outil de financement de notre politique de coopération, ni le seul moyen pour obtenir des échanges commerciaux et économiques équilibrés, soucieux de développement durable de l'ensemble de l'humanité, mais elle en constitue l'un des maillons essentiels.
Il serait donc, selon nous, tout à fait significatif que notre pays décide de la mettre en place pour impulser clairement sur cette question un mouvement à l'échelon international.
Cette démarche n'est d'ailleurs pas contradictoire avec celle de l'article 24 quinquies du projet de loi de finances.
M. le président. Madame Bidard-Reydet, veuillez conclure s'il vous plaît !
Mme Danielle Bidard-Reydet. Nous voterons donc cet amendement sur lequel nous demandons un scrutin public. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur certaines travées socialistes.)
M. Jacques-Richard Delong. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delong.
M. Jacques-Richard Delong. Monsieur le président, mes chers collègues, je ne vous cache pas que les exposés successifs de M. Mélenchon, de M. le rapporteur général et de M. le secrétaire d'Etat ont quelque peu troublé bon nombre d'entre nous.
Monsieur Mélenchon, vous avez qualifié « d'attaque » cette taxe de 0,05 % sur des mouvements de capitaux internationaux. J'ai peur que ce soit non pas une attaque, mais une simple piqûre de moustique !
Selon M. le rapporteur général, dont l'argumentation semble assez fondée, cette mesure ou une mesure de cet ordre ne saurait être purement nationale et ne pourrait être valable qu'à la condition d'être étendue à l'échelon international.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez longuement répondu à la fois à M. Mélenchon et à M. le rapporteur général. Vous avez dit être en parfait accord avec l'initiative de M. Mélenchon... Moyennant quoi, vous lui avez demandé de retirer son amendement...
C'est un système tout à fait politique, je le conçois. Sachez simplement qu'un certain nombre d'entre nous ont éprouvé quelque trouble en entendant l'expression de ces opinions variées dont nous imaginons tous qu'elles sont, bien entendu, sincères...
Personnellement, j'étais plutôt tenté de sous-amender l'amendement de M. Mélenchon et de porter le système qu'il préconisait de 0,05 % à 10 %, à condition qu'il soit étendu au monde entier. Mais cela semblerait mettre le Gouvernement dans une position difficile, ce dont je me garderai bien.
Dans ces conditions, et compte tenu de la diversité des opinions, je m'abstiendrai courageusement !
M. Bernard Angels. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je ne m'exprimerai pas sur le même ton que M. le rapporteur général. J'ai d'ailleurs été très étonné par certains de ses propos.
Le sujet abordé par cet amendement est important et mérite un débat serein. En effet, l'idée de la taxe Tobin est intéressante car elle se situe dans le combat nécessaire pour que la mise en place de mécanismes de régulation des capitaux spéculatifs.
Le groupe socialiste ne peut donc qu'être d'accord sur la philosophie de cet amendement. Mais cette taxe est inapplicable dans la situation actuelle.
M. Jean Chérioux. C'est vrai !
M. Bernard Angels. En effet, l'instauration de cette taxe dans un pays ou dans une zone monétaire entraînerait une simple délocalisation des transactions.
De plus, les seuls qui pourraient respecter le jeu ainsi défini par cette taxe Tobin seraient les investisseurs institutionnels. Les autres pourraient contourner la taxe par des délocalisations, des opérations de change ou par des innovations financières permettant de dissimuler certaines opérations.
En fait, pour que cette idée soit réalisable, il faudrait qu'elle soit adoptée sur tous les marchés internationaux en même temps, autrement dit qu'il y ait accord de tous les pays. Il faudrait, comme l'a dit M. Tobin lui-même, faire de l'application de cette taxe l'une des conditions de l'adhésion au FMI et interdire les centres offshore. Inapplicable dans le monde sans une profonde modification du système financier international, cette taxe l'est, par conséquent, en Europe et encore plus en France.
Bien que nous acceptions l'idée de lutter contre la spéculation, nous ne pourrons donc pas adopter cet amendement, la vraie question étant, pour nous, d'avancer dans la lutte contre la déstabilisation issue des mouvements des capitaux spéculatifs.
En conséquence, tout comme M. le secrétaire d'Etat, nous souhaitons que les auteurs de l'amendement veuillent bien le retirer, faute de quoi le groupe socialiste, dans sa grande majorité, s'abstiendra. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Joël Bourdin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bourdin.
M. Joël Bourdin. On peut effectivement vouloir lutter contre la spéculation, en tout cas une certaine forme de spéculation, ce qui demande un effort de définition, et, de ce point de vue, je serais plutôt d'accord pour que l'on prenne des mesures.
Seulement voilà : ce qui nous est proposé n'est pas approprié ! Que ferait-on, en effet, si l'on imposait les mouvements de capitaux, même simplement ceux qui ne sont pas engendrés par les transactions sur les biens et les services ? On gênerait la plupart de nos entreprises et de nos banques, qui, chaque jour, sur le terrain, se trouvent engagées par des emprunts, par des achats, en dollars, en yens, etc., qui induisent des mouvements de capitaux.
L'opération la plus classique du banquier qui est engagé en quelque domaine que ce soit - biens, services ou capitaux - c'est le swap, c'est-à-dire un crédit croisé qui se traduit par des entrées et des sorties. La plupart de nos grandes entreprises, de nos banques, sont obligées chaque jour, pour des raisons techniques, de déplacer des capitaux, parfois même plusieurs fois par jour, précisément pour se protéger de la spéculation. Proposer une taxe visant à pénaliser ceux qui cherchent à se couvrir contre la spéculation, ce serait le monde à l'envers !
Il est de bon ton, en France, de toujours critiquer les marchés à terme. On me permettra de rappeler que ces marchés, même s'ils ont attiré, même s'ils attirent encore des spéculateurs, ont d'abord été créés pour protéger un certain nombre d'entreprises, étant entendu que, lorsqu'elles sont engagées en devises, engagées sur des marchandises, la meilleure façon, pour elles, de stabiliser leur prix, c'est d'intervenir sur un marché à terme. Là encore, il y a une logique inéluctable tenant à des raisons techniques et, là encore, je ne vois pas pourquoi on pénaliserait ceux qui veulent se couvrir.
Dès l'instant où l'on ne peut pas faire le tri, dans les mouvements de capitaux, entre ceux qui sont bons, induits qu'ils sont par la volonté de se protéger contre la spéculation, et les autres, il faut se garder de mettre le doigt dans l'engrenage.
Je me souviens d'une époque où l'on pensait que la France pourrait être une grande place financière, ce que - on peut le déplorer - elle n'est pas. On a essayé de monter un marché à terme du café, du cacao, de différents produits, on a monté le MATIF, le marché à terme d'instruments financiers, toutes choses qui engendrent des mouvements capitaux. Si l'on retire, dans le fonctionnement du MATIF, dont on peut se réjouir, les mouvements de capitaux qui viennent de l'étranger, on n'a plus grand-chose !
En conséquence, je le répète, au regard de la nécessité de la couverture ou de la défense des marchés à terme, qui servent précisément à assurer cette couverture, on n'a pas le droit de pénaliser les mouvements de capitaux, qui sont techniquement nécessaires, sauf à s'enfermer chez soi, à se cadenasser, à se placer en dehors des mouvements internationaux.
Soucieux de voir la France se développer dans une mouvance internationale, de la voir développer ses échanges, le groupe des Républicains et Indépendants votera résolument contre l'amendement.
Mme Gisèle Printz. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Printz.
Mme Gisèle Printz. Au-delà des dispositions techniques, qui peuvent se discuter, l'idée d'une taxe sur les mouvements de capitaux a cristallisé de manière tout à fait étonnante les mécontentements, les révoltes même, des citoyens, écoeurés par la brutalité de cette nouvelle économie néo-libérale, par les mouvements des grands groupes transnationaux échappant à tout contrôle, pour qui le capital n'a plus de capitale ; on ouvre ici l'usine qu'on a fermé là-bas, on fusionne, on s'entre-dévore sans autre logique que celle des coûts et des profits, laissant aux Etats, c'est-à-dire au contribuable, le loisir de régler l'addition sociale. Les démocraties devraient être consternées ; les électeurs ne contrôlent plus rien.
Mais, à Seattle, quelque chose se passe. Alors que, jusqu'ici, les économistes, les experts, négociaient en catimini les règles qui touchaient à la vie quotidienne de millions de personnes, à Seattle, les opinions publiques, les citoyens se sont invités.
Le monde n'est pas qu'une marchandise, les citoyens ne sont pas que des consommateurs. Les mots d'ordre, les propos des manifestants expriment parfaitement le déficit de démocratie ressenti, le besoin pour eux d'intervenir, d'être considérés comme des êtres humains, comme des citoyens et non pas seulement comme des consommateurs.
Les négociateurs de Seattle devront être attentifs à la demande de cette internationale des citoyens balbutiante : réguler à l'échelon mondial ce qui a été dérégulé au niveau local, avec, au coeur des débats, non pas l'idée du profit à tout prix mais le besoin partagé de justice sociale.
Pour conclure, je citerai cette parole d'un mineur d'Afrique du Sud manifestant à Seattle : « Nous avons besoin du commerce international, mais celui-ci doit être juste ! » (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. J'ai écouté, avec beaucoup d'intérêt, notre collègue Joël Bourdin, dont je partage tout à fait l'analyse.
Je suis personnellement tout à fait hostile aux taxes sur les transactions. Une taxe sur les transactions, le Gouvernement, à juste titre, en a supprimé ou réduit une en abaissant les droits de mutation sur les immeubles.
Pour les mouvement de capitaux, c'est le même principe qui joue. En effet, comme l'a très bien dit Joël Bourdin, on ne peut faire le tri entre les bons mouvements de capitaux, ceux qui rééquilibrent, et les mauvais. Et des mouvements de capitaux, il y en a sans arrêt, parce qu'il y a des échanges, parce qu'il faut se placer sur les marchés à terme, parce qu'il faut égaliser les taux d'intérêt, d'autant que, très souvent, les marchés de capitaux rééquilibrent !
Quant aux mauvais mouvements de capitaux, comme disent certains, les mouvements de capitaux spéculatifs, la taxe Tobin peut-elle les enrayer ? A cet égard, on me permettra de faire deux remarques.
D'abord, si l'on fixe le taux de la taxe à 0,5 % ou quelque chose de similaire, ce sera un cautère sur une jambe de bois. Rappelons-nous que certains mouvements spéculatifs, comme nous en avons connu dans notre pays avant l'euro, lorsque le franc était attaqué, ont provoqué des dévaluations pouvant atteindre 10 %. Face à un gain possible de 10 %, une taxe de 0,5 sera un rempart de papier qui sera emporté du premier coup.
Faut-il, pour autant, mes chers collègues, ne rien faire ? Pas du tout ! C'est là que le Gouvernement, la Banque de France et, maintenant, la Banque européenne devraient intervenir, en fixant des règles prudentielles d'obtention du crédit.
Pourquoi un mouvement spéculatif se développe-t-il ? Parce que, avec un franc, on peut en emprunter dix et qu'avec les dix francs empruntés on peut en emprunter 100. Il y a un mouvement multiplicateur. C'est à ce niveau que les gouvernements et les banques centrales doivent intervenir, en bloquant la croissance des crédits qui sont illégitimes parce que non fondés sur la propriété réelle des capitaux de ceux qui interviennent.
Si les propositions de M. Tobin, qui datent des années soixante-dix, étaient peut-être adaptées aux mouvements de capitaux très faibles que l'on connaissait à l'époque, elles seraient tout à fait inefficaces à l'heure actuelle. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. Paul Loridant. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Il est des sujets qui dérangent, et l'instauration de la taxe Tobin est de ceux-là. En effet, il vient bousculer le monde de la pensée unique, où il y a une seule façon de produire, une seule façon de diriger les entreprises, une seule façon d'avoir des références, les actionnaires étant les seuls à même de diriger, de dicter leur conduite aux chefs d'entreprise.
Eh bien, il faut parfois que des parlementaires, des militants associatifs ou des personnalités du monde civil prennent des initiatives pour bousculer les idées et amener les responsables politiques et économiques à réagir, à réfléchir, à donner du sens, de la durée, à ce que nous faisons dans ce monde !
Si, aujourd'hui, le monde de l'économie a pour seul objectif la rentabilité financière, la satisfaction des actionnaires, si l'emploi devient une variable d'ajustement, alors, effectivement, tout ce qui viendra perturber cette façon unique de penser et de diriger le monde, tout ce qui ne sera pas conforme au modèle devra être rejeté.
L'instauration de la taxe Tobin sur les mouvements financiers vient déranger le modèle économique bien-pensant.
On me rétorquera que c'est utopique. C'est vrai, M. Bourdin a raison, l'instaurer tout seul serait utopique ; cela mettrait la France au ban du monde économique, au ban du monde financier.
Mais, en l'occurrence, vous aurez noté, mes chers collègues, que nous excluons toutes les opérations intracommunautaires. Je ne sais pas si vous mesurez l'effort conceptuel que cela a nécessité, puisque nous ne sommes pas tous d'accord sur la façon d'aborder la construction européenne !
La taxe se situe donc aux frontières de l'Europe, telle qu'elle est présentée dans notre amendement.
M. Charles Descours. Alors, qui contrôle ?
M. Paul Loridant. En toute logique, cela ne remet pas en cause la conception que peuvent avoir les uns ou les autres de la construction de l'Europe.
C'est un travail de longue haleine. Mais, mes chers collègues, nous qui sommes au Sénat, rappelons-nous combien de batailles ont été gagnées qui étaient perdues d'avance, qui paraissaient utopiques !
Avant 1940, quelle était l'institution qui freinait le vote des femmes au suffrage universel ? Le Sénat.
Mme Hélène Luc. Absolument !
M. Paul Loridant. Avant 1967, la bataille pour la contraception aurait-elle été gagnée s'il n'y avait pas eu quelques courageux, dont le sénateur Lucien Neuwirth d'ailleurs,...
Mme Hélène Luc. Absolument !
M. Paul Loridant. ... aidé par les parlementaires de gauche ? Il a bien fallu à un moment qu'un certain nombre de parlementaires progressistes siégeant sur les différentes travées se mobilisent pour faire avancer une idée. Le problème a été semblable pour l'interruption volontaire de grossesse. De même, avant guerre, l'adoption de la législation sur le divorce n'allait pas de soi. (M. Descours s'exclame.) Des personnes absolument opposées à l'institution du divorce siégeaient en effet sur les bancs conservateurs !
Il y a donc des batailles qu'il faut mener, et, au moment où elles s'engagent, cela dérange ! Eh bien oui, mes chers collègues ! Les signataires de cet amendement veulent déranger le monde de la pensée unique, et c'est la raison pour laquelle nous avons déposé cet amendement. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur les travées socialistes.)
M. Charles Descours. Je pense qu'après cela M. Soros ne dormira pas cette nuit !
Mme Hélène Luc. Un amendement, c'est important !
M. Charles Descours. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours. Nous sommes face à une situation extraordinaire : en effet, si la majorité sénatoriale voulait pratiquer la politique du pire, elle s'abstiendrait, et l'amendement serait voté par les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen.
Mme Hélène Luc. Chiche !
M. Charles Descours. Certains collègues de mon groupe vont d'ailleurs s'abstenir ! Et qui serait gêné ? Le Gouvernement, évidemment ! En effet, ce qu'ont dit nos collègues Loridant et Bourdin montre bien que, dans un monde où la France n'est pas un îlot isolé, dans un monde qui serait vertueux, ce type de disposition pourrait être néfaste si elle entrait en vigueur.
Mais je sais bien que le processus n'ira pas jusqu'à son terme et que, même si l'amendement est adopté, le Gouvernement demandera à sa majorité, à l'Assemblée nationale, de repousser la mesure !
Je crois donc qu'il faut raison garder. Croyez-vous que, parce que l'on adopte un amendement relatif à la taxation des capitaux à dix-sept heures quinze, au détour de l'examen du projet de budget, les grands spéculateurs internationaux ne dormiront pas cette nuit ?
Mme Marie-Claude Beaudeau. Et si l'Assemblée nationale faisait pareil ?
M. Charles Descours. Soyons sérieux !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Donnons ce signal !
M. Charles Descours. Cela ne signale rien du tout !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Alors, 250 millions d'enfants qui travaillent dans le monde, cela ne vaut pas la peine ?
M. Charles Descours. M. Loridant lui-même, y compris au travers de son amendement, dit que cette taxe devra être perçue en dehors de la communauté. Qui va contrôler la perception de cette taxe ?
Mme Hélène Luc. On mettra en place un mécanisme !
M. Charles Descours. A l'instar de la police de l'immigration ? Il faudrait alors instituer une police pour les transferts de capitaux !
Mme Marie-Claude Beaudeau. La technique, on la trouvera !
M. Charles Descours. Je ne suis pas spéculateur, mais je crois très sincèrement que cette proposition sympathique est irréaliste, romantique et - excusez-moi de vous le dire - profondément démagogique !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Totalement !
Mme Hélène Luc. Heureusement qu'il y a du romantisme !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Les grandes idées apparaissent d'abord comme des utopies !
M. Jacques-Richard Delong. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. Je suis désolé, monsieur Delong, mais le règlement m'interdit de vous redonner la parole pour explication de vote. (M. Delong s'exclame.)
Mme Hélène Luc. Que tout le monde veuille parler témoigne de l'importance de cet amendement !
M. Jean-Luc Mélenchon. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mélenchon.
M. Jean-Luc Mélenchon. Bien des choses ont déjà été dites, et j'aurais mauvaise grâce à allonger un débat. Je ferai toutefois quelques remarques.
Tout d'abord, je tiens à remercier ceux de nos collègues qui, sur l'ensemble des travées, ont bien voulu opposer d'autres arguments aux nôtres. Le déroulement du débat ne permet pas que les réponses techniques aux questions et aux problèmes soulevés soient apportées avec le détail qu'elles appelleraient à cet instant. Je leur suis cependant reconnaissant de bien avoir voulu opposer des arguments plutôt que des invectives, comme cela a été malheureusement le cas de la part à M. le rapporteur général au début de cette discussion. Mais, étant donné qu'il a indiqué lui-même qu'il considérait son propos comme de la fantaisie, je ne veux pas en rajouter ! Je constate simplement qu'à nos divergences d'opinions il faut ajouter à présent des divergences de goût concernant la plaisanterie !
En effet, je ne pense pas que nous méritions, face aux problèmes que nous avons soulevés, d'être traités de démagogues, de personnes utilisant l'ignorance de leurs compatriotes et présentant, devant le Sénat, des propositions indignes du travail parlementaire. Non, je ne le pense pas ! J'ai plutôt le sentiment que l'ordre des préoccupations que nous exprimons ici rejoint le sentiment de beaucoup de collègues siégeant sur de nombreuses travées. Ce qui me frappe, en effet, c'est que de plus en plus nombreux dans cette enceinte sont ceux qui pensent qu'un tel ordre de choses n'est pas acceptable et qu'à tous ces désordres il faut opposer de la règle.
Il y a deux discussions différentes : certains nous disent que nos propositions sont mauvaises par principe, et d'autres considèrent qu'elles ne seraient pas efficaces.
A ceux qui nous disent qu'elles sont mauvaises par principe, nous n'objecterons qu'un argument : ce qui est mauvais par principe, c'est l'ordre du monde dans lequel nous nous trouvons et auquel nous ne nous résignons pas.
Ensuite commence la discussion à propos de l'efficacité des mesures qui doivent être prises. Monsieur le rapporteur général, nous n'avons jamais nié que ce monde fût interconnecté. C'est au contraire parce que nous partons du constat de cette interconnexion et de cette ouverture que nous essayons d'y apporter de la règle. Rien d'autre ! En cela, nous rejoignons d'ailleurs les préoccupations de nombre d'entre vous, et notamment de M. le secrétaire d'Etat que je tiens à remercier pour son ouverture d'esprit et pour la compréhension dont il a témoigné. Si j'ai bien compris, il nous annonce que, d'ici peu, notre pays, exerçant la présidence de l'Union européenne, sera conduit à prendre des initiatives. (M. Descours s'exclame.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Quelle hypocrisie !
M. Jean-Luc Mélenchon. Vous allez souffrir, monsieur Marini, car la mauvaise graine aura germé de tous les côtés ! (Rires sur les travées socialistes, ainsi que celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
Ce qu'annonce M. le secrétaire d'Etat n'est certainement pas le laisser-faire auquel vous vous référez au point de faire des déclarations qui, à la vérité, ne vous grandissent pas. En effet, le fait que le rapporteur général du budget de cette assemblée dise qu'il ne sait pas ce qu'est une spéculation est assez affligeant pour la qualité du regard qu'il porte sur les finances de l'Etat et sur l'intervention de ce dernier dans l'économie.
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une caricature ridicule !
M. Jean-Luc Mélenchon. Je le prends sur le registre sur lequel vous avez situé la discussion ! Me traiter à présent de ridicule est aussi une fantaisie !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Lisez les rapports de la commission !
M. Jean-Luc Mélenchon. Monsieur, tout à l'heure, vous m'avez traité de totalitaire. Et vous avez vu que, contrairement à ce que m'inspire en général mon sang très chaud, je suis resté calme et ne vous ai pas renvoyé la balle. Je pense que maintenant cela suffit. Est-ce bien d'accord ?
Vous allez donc avoir la patience de m'écouter, moi qui ne vous insulte pas !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je ne serai jamais du même côté que vous sur aucun sujet !
M. Jean-Luc Mélenchon. Que vous ne soyez jamais du même côté que moi, sachez que c'est réciproque ! Nous sommes en démocratie, et il est bien normal que les choses soient ainsi. Mais cela ne vous donne pas le droit de nous insulter !
M. Gérard Braun. Il ne vous insulte pas !
M. Jean-Luc Mélenchon. J'achèverai mon propos en présentant quelques petites remarques.
M. Fréville a considéré qu'une taxe de 0,05 % serait une piqûre de moustique. Je n'irai pas lui dire que nous prétendons porter l'estocade ! M. Tobin lui-même, à l'époque, proposait un taux de 1 %.
Ce sur quoi il faut bien nous comprendre, comme l'a dit exactement l'un de nos collègues tout à l'heure, c'est que la taxe Tobin ne prétend pas enrayer les mouvements spéculatifs qui effondrent le cours des monnaies et ruinent les économies. Il s'agit de mettre, selon l'expression consacrée, un grain de sable dans les rouages pour ralentir un mécanisme général et ne pas laisser impuni, comme allant de soi, le fait que l'on fasse transiter de l'argent en une journée,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mais même en un instant !
M. Jean-Luc Mélenchon. ... ce qui n'a aucune valeur, aucune signification économique, quel que soit le cas que vous preniez. Voilà de quoi il s'agit. Pour le reste, bien sûr, vous avez raison, il faudra d'autres règles.
Notre collègue M. Fréville a dit tout à l'heure qu'un taux de 0,05 % n'était rien par rapport à un profit de 10 % ou de 15 %. C'est l'un de mes objecteurs qui aura fourni le bon argument. Effectivement, 0,05 %, ce n'est rien, y compris pour ceux qui réaliseront un investissement dans la sphère productive, quand on sait que ces investissements sont engagés non par grandeur d'âme, mais pour recueillir un profit, lequel, s'agissant des exigences de rentabilité financière attendue des différentes entreprises par les fonds de pension, est aujourd'hui situé à 10 % ou à 15 %.
Notre débat aura donc montré que l'on peut faire avancer l'esprit public vers l'idée qu'il est possible de faire quelque chose. Nous maintenons donc bien sûr cet amendement pour que ce débat n'ait pas eu lieu en vain ! (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Hilaire Flandre. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Flandre.
M. Hilaire Flandre. Personne sur les travées de cette assemblée n'est à mon avis insensible aux effets pervers que peuvent avoir les mouvements spéculatifs, et on ne peut tous les soirs se réjouir d'entendre que le CAC 40 a encore battu un record ! Depuis le début de l'année, c'est le trentième ou le quarantième, la progression étant de 30 % !
M. Jean Chérioux. Attendons la fin !
M. Hilaire Flandre. Je crois effectivement que l'on ne peut se réjouir de ces phénomènes quand on sait les conséquences qu'ils peuvent avoir sur la survie d'entreprises et sur l'emploi.
Si l'amendement n° I-158 est inspiré d'une idée généreuse, il prend le problème par un mauvais angle. En effet, s'attaquer aux mouvements de capitaux et au taux proposé est sans aucune influence. En outre, cela peut mettre dans la même situation des capitaux circulant très naturellement selon les règles de l'économie et des capitaux spéculatifs.
Il conviendrait, pour qu'une telle disposition ait quelques chances d'être efficace, de taxer non pas le mouvement de capital, mais seulement les plus-values à l'instant où elles sont réalisées, et ce à un taux dissuasif.
M. Jean-Luc Mélenchon. Volontiers ! Déposez un sous-amendement, et nous vous suivrons ! (Sourires.)
M. Hilaire Flandre. Non, je ne présenterai pas de sous-amendement, je voterai contre l'amendement n° I-158 ! (M. Mélenchon rit.)
M. Philippe Arnaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud. Notre collègue Yves Fréville a parfaitement analysé le problème et a esquissé des pistes concernant les moyens qui pourraient être mis en oeuvre pour y remédier. Il y a bien en effet - nous en sommes tous convaincus, je crois - un problème.
Les propos tenus avec une certaine agressivité par notre collègue Paul Loridant - il a rappelé des histoires anciennes, nous appelant à voter l'amendement n° I-158 pour ne pas faire du Sénat une assemblée pratiquant en permanence l'obstruction - ainsi que l'intervention de M. Descours me conduisent à m'abstenir. En effet, je ne voudrais précisément pas faire de l'obstruction.
M. Descours a parfaitement bien dit que la pire des choses pour la gauche plurielle serait l'adoption de cet amendement. En effet, le gouvernement de gauche plurielle, dans sa grande sagesse et dans sa grande responsabilité, serait alors obligé de le faire disparaître à l'Assemblée nationale.
M. Jacques-Richard Delong. Tout à fait !
M. Philippe Arnaud. Par voie de conséquence, en nouvelle lecture, M. Loridant saurait qu'il doit s'en prendre au Gouvernement et non plus à une droite réactionnaire siégeant au Sénat !
Je m'abstiendrai donc, espérant quand même l'adoption de cet amendement et souhaitant bon courage à M. le secrétaire d'Etat ! (MM. Flandre et Delong applaudissent.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-158, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 19:

Nombre de votants 268
Nombre de suffrages exprimés 260
Majorité absolue des suffrages 131
Pour l'adoption 53
Contre 207

Mme Hélène Luc. Dommage ! Ça viendra un jour !

6

ÉLECTION D'UN JUGE SUPPLÉANT
À LA COUR DE JUSTICE DE LA RÉPUBLIQUE

M. le président. Voici le résultat du scrutin pour l'élection d'un juge suppléant à la Cour de justice de la République : :

Nombre de votants 96
Nombre de suffrages exprimés 94
Majorité absolue des suffrages 48

M. Marcel Charmant a obtenu 94 voix. (Applaudissements.)
M. Marcel Charmant ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, il est proclamé juge suppléant à la Cour de justice de la République.

7

PRESTATION DE SERMENT

M. le président. M. Marcel Charmant, juge suppléant à la Cour de justice de la République va être appelé à prêter, devant le Sénat, le serment prévu par l'article 2 de la loi organique n° 93-1252 du 23 novembre 1993 sur la Cour de justice de la République.
Je vais donner lecture de la formule du serment, telle qu'elle figure dans la loi organique.
Je prie M. Marcel Charmant, juge suppléant, de bien vouloir se lever à son banc et de répondre, en levant la main droite, par les mots : « Je le jure ».
Voici la formule du serment :
« Je jure et promets de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de garder le secret des délibérations et des votes, et de me conduire en tout comme digne et loyal magistrat. »

(M. Marcel Charmant, juge suppléant, se lève et dit, en levant la main droite : « Je le jure. »)
M. le président. Acte est donné par le Sénat du serment qui vient d'être prêté devant lui.

8

NOMINATION D'UN MEMBRE D'UN OFFICE PARLEMENTAIRE

M. le président. Je rappelle au Sénat que le groupe socialiste a présenté une candidature pour l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.
Cette candidature n'a fait l'objet d'aucune opposition.
En conséquence, cette candidature est ratifiée et je proclame M. Bernard Piras membre titulaire de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.

9

LOI DE FINANCES POUR 2000

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale.
Dans la suite de l'examen des articles de la première partie, nous en sommes parvenus à l'article 24 quinquies .

Article 24 quinquies



M. le président.
« Article 24 quinquies . - « Le Gouvernement déposera sur le bureau de chaque assemblée parlementaire, avant le 15 juin 2000, un rapportcomportant :
« _ une évaluation des pertes de recettes publiques résultant de la concurrence fiscale internationale ;
« _ une évaluation de l'incidence que pourrait avoir l'instauration de prélèvements assis sur les mouvements de capitaux pour les finances publiques ;
« _ une présentation du programme d'action de la présidence française de l'Union européenne relatif à la régulation internationale des mouvements de capitaux, à la lutte contre la spéculation financière et à la définition de nouvelles modalités de lutte contre la concurrence fiscale dommageable. »
La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Après cette longue discussion sur la taxe Tobin, je souhaiterais replacer le débat sur la question qui me paraît centrale, celle du contrôle nécessaire des capitaux spéculatifs.
Je ne reviendrai pas sur ce qui a été excellemment dit sur l'importance des mouvements de capitaux. Je rappellerai simplement qu'ils ont deux conséquences majeures sur le fonctionnement de l'économie mondiale.
En premier lieu, le taux de change a échappé au pouvoir des pays, et il est actuellement largement déterminé par le comportement des marchés. Face à l'ampleur des sommes échangées sur les marchés, il est devenu impossible pour un pays, à l'exception peut-être des Etats-Unis ou des pays de la zone euro, de stabiliser sa monnaie et de mener une politique monétaire un tant soit peu indépendante. Pour de nombreux pays en voie de développement, cela engendre régulièrement des déstabilisations et des fluctuations erratiques de leur monnaie avec des conséquences économiques et sociales énormes.
En second lieu, si les marchés internationaux permettent la transmission internationale de l'épargne, le fonctionnement actuel du système international de paiement ne répond pas aux besoins de croissance des économies. Comme l'a montré l'évolution et la répartition de ces capitaux dans les année quatre-vingt-dix, il y a eu une mauvaise allocation des capitaux, d'où l'apparition de bulles spéculatives et de fluctuations brutales des marchés.
Les mouvements de ces capitaux sont en effet très déstabilisants. Ainsi, les cinq pays les plus touchés par la crise asiatique ont capté 93 milliards de dollars en 1996. En 1997, ils ont enregistré 12 milliards de dollars de sorties nettes. Cet exode est l'équivalent de 10 % de leur produit intérieur brut.
Il est donc aujourd'hui indispensable qu'une régulation soit effectuée. Les premiers bénéficiaires en seront, bien sûr, les pays en voie de développement.
Ainsi, M. Cardoso, au sommet de Florence, a très bien expliqué que les mouvements de capitaux internationaux mettaient à bas tous les efforts de développement que son pays accomplissait.
Mais les pays développés en retireront aussi les fruits, puisque l'économie « casino » qui s'est mise en place ne permet pas actuellement une allocation optimale des capitaux, bien au contraire.
Le rapport proposé par cet article est donc une disposition importante dans la mise en place de règles permettant d'améliorer l'architecture du système financier international et de lutter contre les effets déstabilisateurs de ces mouvements de capitaux. Les réflexions avancent, en effet, mais elles doivent dépasser le cercle des experts pour alimenter aujourd'hui le débat public et déboucher sur des réponses et des actions.
C'est pourquoi le rapport devra étudier, outre la taxe Tobin, les autres dispositifs qui ont été proposés pour lutter contre la spéculation internationale. Ce rapport est important, et je ne comprends vraiment pas l'amendement de suppression de l'article qu'a déposé M. le rapporteur général (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-41, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer l'article 24 quinquies .
Par amendement n° I-145, M. Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne, Sergent, et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter le troisième alinéa de l'article 24 quinquies par les mots : « ou de dispositifs tendant à lutter contre les effets déstabilisateurs des capitaux internationaux spéculatifs ; »
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-41.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Tout à l'heure, un nos collègues a dit tout à fait opportunément que le plus mauvais service que l'on pourrait rendre au Gouvernement serait d'adopter l'amendement sur la taxe Tobin, car le Gouvernement se trouverait, à l'assemblée générale, en porte-à-faux...
Mme Marie-Claude Beaudeau. A l'Assemblée nationale, monsieur le rapporteur général !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oui ! A l'Assemblée nationale !
M. Claude Estier. Vous avez dit : « assemblée générale » !
M. Jean-Luc Mélenchon. Il se croit devant des actionnaires !
M. Roland du Luart. Tout le monde peut se tromper !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous ne faites jamais d'erreur quand vous parlez, monsieur Mélenchon ?
M. Jean Chérioux. C'est un donneur de leçons !
M. Jean-Luc Mélenchon. Il m'arrive d'en faire, mais je suis toujours heureux quand on me corrige !
M. Jacques Delong. Il faut faire la différence entre les erreurs de forme et les erreurs de fond !
M. le président. Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur général !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je reprends. Un de nos collègues disait que le plus mauvais service à rendre au Gouvernement serait de le mettre en situation de revenir à l'Assemblée nationale, devant un certain nombre de ses amis, avec ce dispositif manifestement inapplicable.
Nous avons longuement discuté de ce sujet, et nombre d'experts se sont exprimés. Il touche à la fois à des questions de nature politique et à des questions d'ordre plus technique, qui relèvent de l'appréciation que l'on peut avoir du fonctionnement des économies modernes.
Nous comprenons bien qu'à l'Assemblée nationale, face à la pression qui s'est exprimée, le Gouvernement s'en soit sorti en concédant un rapport. Celui-ci donnera effectivement un peu de travail à certains fonctionnaires et nous pouvons savoir à peu près par avance ce que contiendra ce rapport puisque M. le secrétaire d'Etat nous en a donné la teneur, tout à l'heure, dans son intervention.
La commission des finances propose, pour aller plus vite et pour veiller à un plan de charge plus utile de l'administration, de se passer de cet exercice, dont les résultats sont connus d'avance.
A la vérité, Dominique Strauss-Kahn, lorsqu'il a répondu fort bien aux sollicitations de l'Assemblée nationale sur ce sujet, a trouvé cette échappatoire parce qu'il était dans une situation difficile au sein de l'hémicycle du Palais-Bourbon, nous ne sommes pas dupes. C'est la raison essentielle pour laquelle la commission des finances propose de supprimer cet article qui, au demeurant, n'a rien à faire dans la première partie du projet de loi de finances.
M. le président. Le parole est à M. Angels, pour défendre l'amendement n° I-145.
M. Bernard Angels. Je ne reviens pas sur ce que j'ai dit en intervenant sur l'article. Je voudrais simplement souligner l'ampleur des réflexions qui pourraient être abordées dans ce rapport.
Les premières réflexions ont été présentées dans le mémorandum français de septembre 1998. Il est ainsi proposé : que soient accomplis des progrès en matière de transparence des comptes, que ce soit pour les agents publics ou les agents privés, notamment les « fonds spéculatifs » ; une meilleure supervision du FMI ; un renforcement des contrôles prudentiels ; la possibilité d'instaurer des dispositifs ciblés et temporaires dans les pays émergents visant à freiner l'afflux soudain de capitaux à court terme ; enfin, l'amélioration des mécanismes de gestion des crises.
D'autres idées plus radicales ont également été proposées. Pour gagner du temps, je n'en citerai qu'une aujourd'hui : le dépôt obligatoire mis en place au Chili.
Le système appliqué au Chili en 1991 est simple : chaque investisseur doit confier à la banque centrale une somme équivalant à 30 % des fonds qu'il place dans ce pays.
Ce dépôt n'est pas rémunéré, il est restitué au bout d'un an. L'investisseur peut se délier de cette obligation en payant une taxe. En conséquence, l'investisseur n'est pas réellement pénalisé, mais le spéculateur l'est.
Je pense qu'il existe différentes pistes pour lutter contre la spéculation internationale, et mon amendement vise à ce que le rapport les présente toutes. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° I-145 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-41 et I-145 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement de suppression de M. Marini et favorable à l'amendement qui vient d'être excellemment défendu par M. Angels, et qui vise à ce que le rapport dont j'ai parlé tout à l'heure fasse une large place à l'évaluation des dispositifs tendant à limiter la mobilité des capitaux internationaux spéculatifs.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-41.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Cet amendement de la commission des finances, qui vient relayer la position de la majorité sénatoriale, vise à supprimer l'article 24 quinquies du projet de loi de finances.
Cette attitude de la commission nous amène bien entendu à nous interroger. En effet, le rapport de M. Marini manque de quelques précisions quant aux motivations profondes de la commission des finances.
Il précise d'abord le processus d'adoption de cet article additionnel par l'Assemblée nationale, présenté comme une sorte de contre-feu aux propositions de taxation des mouvements spéculatifs.
Puis il précise que la commission des finances de la Haute Assemblée a déjà mené un certain nombre de réflexions sur les sujets couverts par l'article 24 quinquies et que, d'une certaine manière, les préconisations de l'article adopté à l'Assemblée nationale seraient superflues.
Nous doutons cependant que le fondement de cet amendement de suppression réside dans une sorte d'interrogation existentielle de la commission des finances du Sénat, désireuse de faire valoir la qualité reconnue de ses travaux.
Sur le fond, comme l'a largement démontré le débat que nous venons d'avoir sur le précédent amendement, nous sommes convaincus que la majorité sénatoriale est profondément attachée à la défense indéfectible des règles de libre organisation du marché, ce qui n'est tout de même pas nouveau !
Notons que l'article 24 quinquies préconise le dépôt d'un rapport portant sur trois sujets importants sur lesquels la représentation nationale doit disposer d'outils de réflexion.
Le premier sujet a trait à la concurrence fiscale. En Europe notamment, celle-ci a des caractéristiques tout à fait originales, qui se fondent en particulier sur les traditions fiscales diverses de chacun des pays de l'Union européenne et qui se traduisent par une relative incapacité de la Commission européenne - une de plus, serais-je tentée de dire ! - de proposer une démarche de convergence acceptable.
Pour souligner les difficultés, je ne citerai que quelques exemples : le régime définitif de taxe sur la valeur ajoutée, la fiscalité de l'épargne, ou encore la fiscalité écologique.
Le second sujet vise la mise en oeuvre de la taxation des mouvements spéculatifs. Nous venons de l'évoquer lors de la discussion de l'amendement I-158, et nous ne pouvons que souligner sa nécessité.
On parlera d'autant plus de la pertinence du prélèvement qu'il aura été initié. La position de la France en serait de notre point de vue renforcée.
Le troisième thème porte sur l'action que la France doit mener quant au développement de la fiscalité off shore et de l'impulsion qu'elle pourra donner lorsqu'elle assumera la présidence de l'Union européenne.
La question revêt donc aujourd'hui une importance d'autant plus grande que, dans un certain nombre de pays, il s'est littéralement créé une industrie du placement défiscalisé, incitant à la délocalisation des investissements et à la construction de structures juridiques complexes dont l'un des avantages est d'ailleurs de permettre une certaine forme de recyclage de fonds d'origine douteuse.
Après cet exposé pour le moins objectif, on ne peut que s'étonner, monsieur le rapporteur général, que la commission des finances veuille supprimer l'article 24 quinquies.
Les problèmes faisant l'objet de ce rapport - il ne s'agit que d'un rapport, ne l'oublions pas, il sera donc dépourvu de toute répercussion fiscale automatique - sont suffisamment complexes pour que la représentation nationale puisse éprouver le besoin d'être éclairée.
A moins que la réponse ne soit que la commission serait opposée à toute préconisation de régulation de l'activité des marchés boursiers ou financiers, à toute analyse de la situation.
Nous demandons évidemment le rejet pur et simple de cet amendement n° I-41 de la commission des finances. Nous demandons par ailleurs que le Sénat se prononce par un scrutin public.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Ce débat m'étonne, j'ai l'impression d'être sur une autre planète !
A l'évidence, aucun d'entre nous n'est favorable ni à la spéculation ni aux paradis fiscaux. Mais il est une autre évidence : l'interpénétration totale des marchés financiers.
Par définition, nous ne pouvons donc pas réglementer chez nous, car, si nous le faisions, ce qui serait sans doute souhaitable sur le principe, cela se traduirait par un assèchement total du marché de Paris. Les investisseurs iraient ailleurs.
Si c'est ce que vous souhaitez, déposez une proposition de loi dans ce sens, votez-là et vous verrez le résultat !
Ce qui est grave, c'est qu'il s'agit là d'une discussion pour la galerie, d'une discussion démagogique...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Tout à fait !
M. Jean Chérioux. ... qui consiste à essayer de rameuter les troupes de la gauche en leur racontant des sornettes.
Moi je ne suis pas de ceux-là ! Je suis contre la spéculation, contre les havres fiscaux, mais je suis réaliste et je suis persuadé...
Mme Marie-Claude Beaudeau. Voyons, monsieur Chérioux, il ne s'agit que d'un rapport !
Mme Hélène Luc. Nous apportons une pierre à l'édifice.
M. Jean Chérioux. ... que ce n'est pas ici, au Palais du Luxembourg, que nous règlerons le problème.
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Alors, on ne sert à rien !
M. Bernard Angels. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Monsieur le rapporteur général, dans votre première intervention, vous avez reconnu que ces flux de capitaux posaient des problèmes. Qui plus est à un moment donné, vous avez dit qu'il fallait trouver des solutions.
Or l'objectif de ce rapport est précisément de rechercher des solutions !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Bien sûr !
M. Bernard Angels. Je m'étonne d'autant plus de votre refus que vous préconisez sans cesse des rapports pour faire évoluer les débats. J'avoue que votre attitude me laisse perplexe.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Puisque notre collègue M. Bernard Angels m'interroge, je veux lui répondre de la manière la plus concrète possible.
En fait, mon cher collègue, ce rapport, nous sommes en train de le faire ensemble. Il s'agit du rapport du groupe de travail sur la régulation financière et monétaire internationale. Des membres de tous les groupes sont associés à son élaboration.
Nous avons effectué plusieurs missions. Nous nous sommes rendus au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale, à la Banque des règlements internationaux et à la commission de l'Union européenne. Nous avons auditionné de nombreux économistes. Nous nous sommes récemment interrogés sur la situation de la Malaisie, par exemple, et sur les conditions dans lesquelles ce pays a élaboré un système original pour, dans un moment de crise, interrompre des mouvements volatiles de capitaux à court terme.
Au cours du mois de janvier, dès que le débat budgétaire et l'examen du projet de loi de finances rectificative seront achevés, nous comptons reprendre ces travaux. Nous allons nous réunir, étudier cette base de travail afin d'élaborer notre doctrine, notre position.
Je pense pouvoir dire que nous avons accès à autant d'expertises que le Gouvernement et que nous travaillons d'une manière totalement pluraliste. Sur le fond, vous serez en mesure de contribuer à l'élaboration de ce rapport de la commission des finances du Sénat.
Si je me suis peut-être quelque peu enflammé tout à l'heure au cours de mon intervention, c'est sans doute parce que je m'exprimais en présence de Jean-Luc Mélenchon et que nous devons avoir des incompatibilités qui me conduisent à monter le ton plus que je ne devrais le faire.
Je reconnais que, sur le fond, les sujets dont il s'agit sont complexes, qu'ils nécessitent une lente, patiente et persévérante analyse à laquelle nous nous livrons.
Je relève cependant que la présence de cet article en première partie de la loi de finances est superfétatoire. Elle ne fait que refléter les conditions factuelles du débat à l'Assemblée nationale où il fallait bien que le Gouvernement, dans la dynamique de la séance, donne quelque chose à la partie de sa majorité qui était très favorable à la taxe Tobin.
Comme on ne pouvait pas lui donner la taxe, on lui a donné un rapport ! Mais cela n'a rien à voir avec la première partie de la loi de finances. C'est d'ailleurs le motif essentiel sur lequel nous nous sommes fondés, dans le rapport écrit, pour motiver l'amendement de suppression.
Au demeurant, si vous tenez absolument au rapport, monsieur Angels, déposez un amendement sur la seconde partie de la loi de finances. Nous aurons ainsi une loi de finances un peu mieux construite.
M. Philippe Arnaud. Très bien !
M. Roland du Luart. La sagesse triomphe !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-41, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 20:

Nombre de votants 312
Nombre de suffrages exprimés 312157
Pour l'adoption 213
Contre 99

En conséquence, l'article 24 quinquies est supprimé et l'amendement n° I-145 n'a plus d'objet.

Article 24 sexies



M. le président.
« Article 24 sexies . - « I. _ Dans le deuxième alinéa (a) de l'article 1010 du code général des impôts, la somme : "6 800 F" est remplacée par la somme : "7 400 F".
« II. _ Dans le troisième alinéa (b) du même article, la somme : "14 800 F" est remplacée par la somme : "16 000 F".
« III. _ Les dispositions des I et II s'appliquent à compter de la période d'imposition s'ouvrant le 1er octobre 1999. »
Par amendement n° I-42, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous avons déposé cet amendement de suppression car nous estimons qu'il faut cesser de prélever des impôts supplémentaires sur les entreprises. Le tarif de la taxe sur les véhicules de société a déjà été relevé de 15 % en 1997, ce qui a généré un surcroît de recettes de 740 millions de francs. Le Gouvernement voudrait procéder à une nouvelle augmentation de plus de 8 % qui entraînerait un surcroît de recettes estimé à 300 millions de francs. Voilà qui est manifestement déraisonnable et ne peut être accepté.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. L'augmentation des tarifs de la taxe sur les véhicules de société, décidée par l'Assemblée nationale, est suffisamment modérée et raisonnable pour pouvoir être intégrée dans le compte d'exploitation des entreprises.
Je propose donc au Sénat de repousser l'amendement n° I-42 présenté par M. le rapporteur général et, ainsi, de maintenir le texte voté en première lecture par l'Assemblée nationale.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-42, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 24 sexies est supprimé.

Articles additionnels après l'article 24 sexies



M. le président.
Par amendement n° I-259, MM. Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Delong, Joyandet, Ostermann et Trégouët proposent d'insérer, après l'article 24 sexies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le sixième alinéa du I de l'article 151 octies du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Les profits afférents aux stocks ne sont pas imposés au nom de l'apporteur autre qu'un exploitant agricole si la société bénéficiaire de l'apport inscrit ces stocks à l'actif de son bilan à la valeur comptable pour laquelle ils figurent au dernier bilan de l'entreprise apporteuse. »
La parole est à M. Delong.
M. Jacques-Richard Delong. Cet amendement n'a pas l'importance de ceux dont nous venons de discuter jusqu'à présent, mais il revêt un intérêt pratique.
L'apport d'une exploitation individuelle à une société entraîne les conséquences d'une cessation d'activité pour l'exploitant.
Il est possible d'étaler et de reporter la taxation des plus-values dégagées et de reporter l'imposition des bénéfices réalisés lors de l'apport des stocks. Ce dernier mécanisme soulève des difficultés d'application d'ordre juridique et comptable, qui l'ont rendu, dans les faits, inappliqué.
Il convient donc que le bénéfice dégagé lors de l'apport du stock puisse être reporté au moment où la société bénéficiaire de l'apport le liquidera ; ce même stock doit être inscrit en valeur comptable au bilan de la société bénéficiaire.
M. le président. Quel l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. M. Delong semble ne pas avoir vu qu'il s'agit essentiellement d'un amendement de coordination avec l'amendement n° I-260, qui a été retiré.
L'amendement n° I-259, qu'il vient de présenter, devrait donc logiquement connaître le même sort.
M. le président. Monsieur Delong, maintenez-vous votre amendement ?
M. Jacques-Richard Delong. Monsieur le président, j'ai probablement manqué de clairvoyance, comme l'a souligné très aimablement notre rapporteur général, mais l'ayant fait une fois, je ne voudrais pas recommencer l'opération : je maintiens donc mon amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement demande le rejet de l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-259.
M. Jacques-Richard Delong. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delong.
M. Jacques-Richard Delong. Monsieur le président, il est toujours désagréable d'être battu, mais il faut tout de même aller jusqu'au bout. Dès lors, je maintiens toujours mon amendement !
M. le président. Si vous avez la parole pour explication de vote, monsieur Delong, c'est bien parce que votre amendement a été maintenu !
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-259, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-261, MM. Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Delong, Joyandet, Ostermann et Trégouët proposent d'insérer, après l'article 24 sexies , un article additionnel ainsi rédigé :
« Le I. de l'article 151 octies du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les sanctions prévues à l'alinéa précédent s'appliquent aux opérations placées sous le régime de l'article 151 octies et réalisées avant le 1er janvier 1996. »
La parole est à M. Delong.
M. Jacques-Richard Delong. Cet amendement allant dans le même sens que le précédent, le risque qu'il soit également critiqué par la commission des finances existe. Je vais néanmoins faire état de son objet.
La résiliation des baux ou des conventions de mise à disposition, successivement prescrite par l'article 151 octies , peut entraîner deux régimes de sanction qui diffèrent en fonction de la date de conclusion du bail ou de la convention.
Il conviendrait de lever toute ambiguïté sur les conséquences de la rupture des baux et des conventions de mise à disposition en unifiant le régime des remises en cause.
Une telle modification simplifierait grandement la gestion des dossiers.
Il s'agit donc d'un amendement de simplification qui, me semble-t-il, n'a pas d'incidence financière directe et qui, bien entendu, est destiné à faciliter les choses au Gouvernement. M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Notre collègue est trop modeste dans la présentation de cet amendement !
La commission l'a examiné dans un esprit extrêmement constructif, car c'est une suggestion très utile d'amélioration et d'unification du régime de sanction pour résiliation des baux ou des conventions de mise à disposition.
Dans la mesure où il s'agit d'une idée fort utile et opportune de simplification, mon cher collègue, nous avons émis un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Malgré l'amicale sollicitude dont il a fait l'objet de la part de M. Delong, le Gouvernement ne cède pas à ses instances et demande le rejet de son amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-261.
M. Jacques-Richard Delong. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delong.
M. Jacques-Richard Delong. On peut dire que nous sommes passés en quelques minutes du régime de la douche chaude au régime de la douche froide, ou inversement !
Cette fois, M. le rapporteur général, très gentiment et très éloquemment - il convient bien de lui faire des compliments quand il est d'accord avec moi - a estimé que l'amendement n° I-261 non seulement est d'un intérêt capital, mais constitue une simplification opportune.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Absolument !
M. Jacques-Richard Delong. Monsieur le secrétaire d'Etat, malheureusement, tout en faisant preuve d'une sympathie souriante, vous n'avez pas eu la même position.
M. Gérard Braun. C'est une main de fer dans un gant de velours !
M. Jacques-Richard Delong. Bien évidemment, j'en suis désolé. Toutefois, il est normal qu'un membre de la commission des finances se fonde sur la sagesse de la commission à laquelle il appartient. Par conséquent, à mon grand regret, je maintiens, bien entendu, mon amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° I-261, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 24 sexies.
Par amendement n° I-43, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, après l'article 24 sexies , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la première phrase du II de l'article 235 ter YA du code général des impôts, le taux : "25 %" est remplacé par les mots : "50 % la première année, 75 % la deuxième année et 100 % les années suivantes". »
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus est compensée à due concurrence par le relèvement des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement vise à réaffirmer une position constante de la commission des finances s'agissant de la contribution des institutions financières.
Nous avons en effet estimé à plusieurs reprises dans nos travaux qu'elle nuit à l'emploi, qu'elle handicape les banques françaises dans la compétition internationale et qu'elle accroît les distorsions de concurrence à l'intérieur même du système financier français. Pour l'ensemble de ces raisons - que nous avons réaffirmées à chaque occasion et qui sont exprimées, notamment, dans le rapport d'Alain Lambert sur les banques, dans le rapport d'Alain Lambert sur les assurances, dans le rapport de la commission des finances sur le projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière et le rapport sur les propositions de loi relatives à l'épargne retraite - il convient de réitérer notre souhait de voir augmenter progressivement le taux du crédit d'impôt sur la contribution des institutions financières dont bénéficient les établissements en contrepartie de leur cotisation au fonds de garantie des dépôts, des titres, des assurés et des cautions.
Il s'agit donc d'une disposition qui a déjà été votée dans le cadre de la loi relative à l'épargne et à la sécurité financière, et que nous voulons réaffirmer au stade de la loi de finances, par souci de continuité et de cohérence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Si cette contribution des institutions financières était si critiquable, que ne l'a-t-on pas supprimée depuis sa création en 1982 et sa pérennisation en 1984 ?
De nombreux gouvernements se sont succédé, et aucun d'entre eux n'a accédé à la logique du raisonnement que vous venez de développer, même pas ceux que vous avez soutenus il y a quelques années.
Votre proposition ne peut pas être accueillie favorablement dans la mesure où elle conduirait, à terme, à faire supporter aux finances publiques plus de 135 % du chargement du fonds de garantie.
La participation financière de l'Etat dans les termes votés dans le cadre de la loi relative à l'épargne et à la sécurité financière s'élève à plus de 60 %. Les sommes versées au fonds de garantie ouvrent droit au crédit d'impôt de 25 % et sont également déductibles des résultats imposables à l'impôt sur les sociétés de 33,3 % et aux contributions calculées sur cet impôt.
La participation de l'Etat suffit donc à rendre très rapidement opérationnel le fonds de garantie sans grever lourdement la trésorerie des institutions financières, au profit desquelles le système de sécurité a également été mis en place.
Pour ces raisons, je demande le rejet de l'amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-43, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 24 sexies .
Par amendement n° I-296, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 24 sexies , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les tarifs du droit de timbre de dimension prévu à l'article 905 du code général des impôts sont portés respectivement de 38 francs à 40 francs, de 76 francs à 80 francs et de 152 francs à 160 francs. »
« II. - Le tarif du minimum de perception prévu à l'article 907 du même code est porté de 38 francs à 40 francs. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il s'agit de relever les tarifs du droit de timbre de dimension.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit d'une modification essentiellement technique, monsieur le président, sur laquelle la commission émet un avis de sagesse.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-296, pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 24 sexies .

C. - mesures diverses

Article 25



M. le président.
« Art. 25. _ I. _ La loi n° 48-1530 du 29 septembre 1948 réglementant l'intervention des fonctionnaires des ponts et chaussées dans les affaires intéressant les collectivités locales et divers organismes et la loi n° 55-985 du 26 juillet 1955 réglementant l'intervention des fonctionnaires du génie rural dans les affaires intéressant les collectivités locales et divers organismes sont abrogées à compter du 1er janvier 2000.
« II. _ Les recettes inscrites sur les comptes 466-221 "Rémunérations accessoires de certains agents de l'équipement" et 466-225 "Rémunérations accessoires de certains agents du génie rural" à la date du 31 décembre 1999 et celles qui seront perçues ultérieurement au titre des interventions autorisées par le préfet jusqu'à cette même date sur le fondement des lois visées au I sont affectées au budget général à compter du 1er janvier 2000. »
Par amendement n° I-44, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose, dans le II de cet article, de remplacer le mot : « comptes » par le mot : « sous-comptes ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit d'un amendement rédactionnel, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-44, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-45, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de compléter in fine l'article 25 par un paragraphe ainsi rédigé :
« III. - Il en va de même des recettes des autres sous-comptes du compte 466 et des sous-comptes du compte 451 dont l'affectation au budget général reste à entreprendre. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'article 25 prévoit la réintégration, dans le budget général, des compensations versées par les bénéficiaires des prestations de services des ministères de l'équipement et de l'agriculture.
M. Michel Charasse. Enfin !
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est en effet une réforme que beaucoup d'entre nous attendaient depuis d'assez nombreuses années.
M. Michel Charasse. Les fonds de concours du président Lambert !
M. Philippe Marini, rapporteur général. En effet !
Avec cet article, on réduit la part de mystère qui entoure certains régimes indemnitaires et, plus largement, certains moyens consentis à l'administration.
Le Gouvernement nous propose de procéder à la réintégration de deux des sous-comptes du compte 466, mais nous savons, même si ces ressources ne sont pas retracées dans le budget, que d'autres réintégrations s'imposent.
Par exemple, l'examen attentif du budget des services financiers avait amené la commission des finances, dans le passé, à identifier l'existence de comptes extrabudgétaires venant alimenter certains des services du ministère de l'économie et des finances.
La réintégration dans le budget général de ces ressources et des crédits correspondants avait été exigée par le Parlement, qui avait adopté une disposition en ce sens, devenue l'article 110 de la loi de finances de 1996, prévoyant que les recettes et dépenses extrabudgétaires de toutes les administrationss de l'Etat seraient réintégrées au sein du budget général à compter de la loi de finances de 1997.
Si nous pouvons donc nous féliciter de la réintégration proposée par l'article 25, force est de constater que, pour importante qu'elle soit, elle ne permet pas de respecter complètement une prescription qui remonte à trois ans.
L'objet de nos amendements est d'appeler à nouveau au respect de cette prescription et d'aller plus loin dans la voie de la clarification de ces régimes indemnitaires.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Aux termes de la loi de finances de 1999, ont été réintégrées dans le budget de l'Etat - et ce mouvement est nécessaire - de nombreuses recettes et dépenses dites extrabudgétaires.
Une nouvelle étape est franchie avec l'article 25 du projet de loi de finances pour 2000, qui prévoit la budgétisation des recettes des missions d'ingénierie publiques, les fameuses RIP.
Les travaux se poursuivent pour une application complète de l'article 110 de la loi de finances de 1996, qui prévoyait la réintégration au budget général des recettes et des dépenses extrabudgétaires.
Ainsi que l'avait affirmé l'an dernier Christian Sautter, je vous confirme que notre objectif est d'achever cette réintégration en 2001, notamment pour l'ensemble des recettes et des dépenses de l'activité d'épargne du Trésor public.
La mise en oeuvre de cette réintégration est complexe et délicate en raison de la diversité des activités exercées et de la multiplicité des partenaires du Trésor public. C'est pourquoi Christian Sautter a demandé aux services de la direction générale de la comptabilité publique de réaliser une étude approfondie de l'ensemble des voies juridiques et techniques susceptibles de conduire à cette régularisation.
Ce travail d'expertise est en cours et nous attendons ses conclusions très prochainement. Quelle que soit la forme que prendra cette réglementation, l'échéance prévue sera respectée.
C'est pourquoi je vous demande, monsieur le rapporteur général, de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, maintenez-vous votre amendement ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le secrétaire d'Etat, j'accepte l'augure de vos propos. Je vais retirer cet amendement, mais l'intention manifestée par la commission des finances n'en demeure pas moins très claire et très nette : il faut aller plus loin dans la budgétisation de ces dépenses et recettes.
Vous nous indiquez que le Gouvernement va poursuivre ses travaux dans cette direction. Compte tenu de cette assurance, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° I-45 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 25, modifié.

(L'article 25 est adopté.)

Article 26



M. le président.
« Art. 26. _ La contribution des organismes habilités à recueillir la participation des employeurs à l'effort de construction, instituée par l'article 56 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998), est établie pour 2000, dans les conditions prévues au I de cet article, selon les modalités suivantes :
« _ la fraction mentionnée au I dudit article est fixée à 32,5 % ;
« _ les associés collecteurs de l'Union d'économie sociale du logement, mentionnée à l'article L. 313-17 du code de la construction et de l'habitation, sont libérés des versements leur incombant pour 2000 au titre du présent article dès que le versement de cette union à l'Etat, tel qu'il résulte de l'engagement de substitution prévu par l'article 9 de la loi n° 96-1237 du 30 décembre 1996 relative à l'Union d'économie sociale du logement, atteint 5 000 millions de francs. Lorsque l'application de ce plafond conduit à une contribution des associés collecteurs de l'Union d'économie sociale du logement telle que la fraction visée à l'alinéa précédent est inférieure à 32,5 %, la même fraction est alors appliquée pour le calcul de la contribution des organismes non associés de cette union. Sa valeur est établie et publiée au Journal officiel au plus tard le 31 juillet 2000. (Adopté.)

Article additionnel après l'article 26



M. le président.
Par amendement n° I-202 rectifié, Mme Beaudeau, MM. Loridant, Foucaud, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, proposent d'insérer, après l'article 26, un articie additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les dispositions de l'article 302 bis ZC du code général des impôts sont abrogées.
« II. - Les droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts sont relevés à due concurrence de la perte de recettes résultant du I ci-dessus. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement vise à revenir sur l'instauration du supplément de loyer de solidarité.
M. Besson et vous-même, monsieur le secrétaire d'Etat, connaissez nos critiques sur ce dispositif qui avait pour but de permettre l'accès aux habitations à loyer modéré aux personnes disposant de revenus moyens.
Pour atteindre cet objectif, le législateur avait décidé d'autoriser une participation supplémentaire des locataires dépassant les plafonds de ressources déterminant l'accès au logement social.
Depuis 1997, le ministre du logement a procédé à plusieurs revalorisations, ainsi qu'à des réaménagements des plafonds d'accès aux HLM qui ont permis d'améliorer la situation des retraités notamment, lesquels subissaient une réelle injustice avec l'ancien mode de calcul. Nous avions, alors, apprécié de manière positive ces premiers pas.
Cependant, le niveau des plafonds d'accès reste relativement faible et continue, par conséquent, de pénaliser des familles à revenus moyens assujetties au surloyer, qui préfèrent, dès lors, trouver un logement dans le secteur privé.
La seconde raison qui justifie la suppression du surloyer est l'effet néfaste qu'il provoque sur la nécessaire mixité de nos quartiers.
Bien entendu, je n'ignore pas que les quartiers les plus en difficulté ne sont pas concernés par le surloyer de solidarité. Toutefois, dans de nombreux départements, il existe encore des quartiers dans lesquels la mixité sociale est fragile et doit être préservée.
Nous rencontrons toutes et tous des locataires assujettis au SLS qui, souvent, déclarent préférer payer un peu plus cher dans un autre quartier plutôt que de rester dans un secteur très marqué socialement.
Il est donc temps, monsieur le secrétaire d'Etat, d'intervenir, et cela à titre préventif.
Pour les mêmes raisons, nous constatons une augmentation du nombre des vacances. Certains organismes HLM ont même recours aux petites annonces pour louer les logements sociaux de leur parc.
Supprimer le surloyer contribuerait sans nul doute, à la fois, à fidéliser des familles socialement structurantes et à redonner à nos quartiers un peu de mixité nécessaire à la cohésion sociale.
Une telle mesure irait, bien sûr, dans le sens des actions menées par le Gouvernement en matière de politique de la ville.
J'en viens à la dernière raison, et non des moindres, qui justifierait la suppression du surloyer : le coût de l'encaissement dépasse le produit rapporté.
Les bailleurs sont tenus, chaque année, de demander aux locataires leur avis d'imposition sur le revenu, afin de déterminer si les ressources de l'ensemble des personnes vivant au foyer ne dépassent pas les plafonds de ressources. Cette gestion est très lourde pour l'ensemble des organismes et occasionne bien des frais.
La suppression du SLS ayant un effet nul sur le plan financier, étant favorable aux bailleurs, aux locataires et à nos quartiers, nous ne comprendrions pas un rejet de la part du Gouvernement et de la Haute Assemblée.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Avant de se prononcer, la commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. La contribution dont il s'agit rapportera à l'Etat environ 210 millions de francs en l'an 2000. Il faut rappeler qu'elle a un objet auquel peuvent souscrire tous les membres de cette assemblée, sur quelque travée qu'ils siègent, à savoir : réserver le parc social aux ménages modestes et très modestes.
Elle est justifiée par des contreparties : les aides très importantes que l'Etat alloue aux organismes HLM pour la construction de leur parc de logements.
Ces aides ont d'ailleurs été accrues au cours des deux dernières années grâce à la création du prêt locatif à usage social, le PLUS, à la baisse du taux du livret A, qui a entraîné une baisse du coût de la ressource des organismes HLM, ainsi qu'à des allégements de dettes diverses.
Je rappellerai que la contribution n'est due que pour les dépassements supérieurs de plus de 40 % au plafond de ressources, c'est-à-dire pour des dépassements très importants, et qu'elle n'a pas pour effet de réduire les ressources des organismes HLM, puisque ceux-ci sont obligés de répercuter sur les locataires en cause le montant de la contribution au travers du supplément de loyer de solidarité, que vous venez d'évoquer, monsieur le sénateur, et dont le produit est supérieur au montant de la contribution. Les organismes HLM sont donc bénéficiaires nets de l'existence de cette contribution.
Que certains locataires, mesdames, messieurs les sénateurs, grâce à leur activité professionnelle, dépassent le plafond de ressources, on ne peut que les en féliciter, mais il n'est pas anormal qu'ils contribuent un peu plus que les autres locataires aux charges.
Cela étant dit, la vraie question est celle de la mixité sociale des HLM. C'est ainsi que, dans le cadre de la préparation du projet de loi « urbanisme, habitat et déplacements », qui sera présenté au Parlement l'année prochaine et dont la préparation est organisée par mon collègue M. Gayssot, en concertation avec tous les ministères,...
M. Philippe Arnaud. Très bien !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... l'avenir de la taxe sur les logements sociaux fait l'objet d'un examen attentif. Nous aurons donc l'occasion de reparler de cette taxe.
Dans l'attente du projet de loi que prépare M. Gayssot, je propose au Sénat, si l'amendement n'est pas retiré, de bien vouloir le repousser.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est un réel problème qui est soulevé, dont l'acuité varie d'une zone à l'autre en fonction des plafonds de ressources. J'en sais quelque chose en tant que représentant d'un département où les problèmes immobiliers sont ceux de l'Ille-de-France, alors que les plafonds de ressources HLM sont ceux de la province ; c'est la zone 3, comme on dit dans le jargon. Par conséquent, les conditions à remplir pour accéder au logement social y sont particulièrement difficiles et un nombre significatif de personnes peut faire l'objet du supplément de loyer de solidarité alors qu'une appréciation plus réaliste des plafonds les en dispenserait. Je cite cet exemple pour montrer la diversité des cas de figure et la nécessité de mener une réflexion sur le fond.
J'observe que la réponse de M. le secrétaire d'Etat était assez indéterminée. En effet, d'un côté, il a indiqué qu'une étude était menée conjointement avec M. Gayssot, ce qui peut constituer une approche favorable pour le groupe communiste républicain et citoyen, alors que, de l'autre, il a développé une argumentation assez négative à l'encontre de la mesure préconisée par nos collègues.
C'est pourquoi, compte tenu de toutes ces contradictions, la commission s'en remettra à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-202 rectifié.
M. Paul Loridant. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Dans mes fonctions de maire d'une commune de banlieue, jusqu'à une période récente, j'étais partisan du surloyer, considérant qu'il n'était pas anormal de demander une participation supplémentaire à des familles dont les ressources avaient augmenté au gré de leur parcours social et dépassaient dès lors le plafond d'accession à un logement social.
Hélas ! l'évolution du mode de vie dans nos banlieues, la ségrégation qui, progressivement, vient figer nos quartiers, les problèmes sociaux liés à la ghettoïsation, qui s'amplifient chaque jour, m'ont fait changer d'avis. Je fais aujourd'hui partie de ceux qui estiment qu'il est absolument indispensable de supprimer le surloyer pour permettre à des familles, dont la situation matérielle s'est améliorée, de rester dans ces logements. En effet, le départ de ces familles qui, à l'origine, remplissaient les conditions d'accession au logement social et dont la situation professionnelle a évolué, vient perturber les équilibres fragiles qui existent encore dans nos quartiers et dans nos banlieues.
C'est pourquoi, mes chers collègues, j'invite la Haute Assemblée à voter l'amendement n° I-202 rectifié.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je comprends bien l'argumentation développée par M. Loridant, mais je ne pense pas qu'on puisse - au détour d'un amendement à une loi de finances - remettre en cause l'ensemble d'une politique urbaine.
J'ai exprimé la bonne volonté du Gouvernement en matière de mixité sociale. M. Loridant a repris cet argument, et je l'en remercie.
Mais, monsieur le sénateur, ce n'est pas à travers l'existence ou la suppression de cette contribution que nous pourrons redessiner le paysage urbain et la politique sociale en matière de logement. Le sujet mérite une approche d'ensemble ; c'est pourquoi je reitère ma demande de retrait de l'amendement, étant entendu que le message adressé au Gouvernement a été compris et entendu.
Il n'est pas bon de fragmenter la réflexion sur l'urbanisme. Celle-ci doit-être menée à partir d'un projet d'ensemble. Ce sera le cas avec le projet de loi préparé par mon collègue M. Gayssot.
M. Thierry Foucaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Comme Paul Loridant l'a fait voilà quelques instants, c'est surtout en tant que maire que je m'exprimerai ici.
A travers les propos de M. le secrétaire d'Etat, je crois déceler une contradiction dans la politique de la ville qui est menée à l'heure actuelle par le Gouvernement. Cette politique présente certes des aspects positifs mais elle me paraît insuffisamment à l'écoute des nombreux élus locaux qui demandent que soit prises des mesures telles que celle que nous proposons avec l'amendement n° I-202.
Paul Loridant l'a dit : le surloyer contribue à la « ghettoïsation ». Aujourd'hui, on en arrive à parler de « dédensification » dans des quartiers marqués par de forts taux de délinquance et par cette « ghettoïsation ».
M. Hilaire Flandre. C'est à cela qu'il faut s'attaquer !
M. Thierry Foucaud. Bien sûr, mais cela passe précisément par des mesures sociales, notamment par des mesures favorisant la mixité.
Si, dans une cage d'escalier de dix appartements, vivent dix familles « à problèmes », il sera extrêmement difficile d'améliorer les choses. S'il n'y a que cinq familles à problèmes, les cinq autres vont se battre, de façon citoyenne, pour améliorer la situation, et cela amènera peut-être les familles à problèmes à agir également de façon citoyenne sur leur propre vie, sur leur environnement.
C'est pourquoi il faut absolument favoriser la mixité dans nos quartiers, et cet amendement n'a pas d'autre objet.
M. Hilaire Flandre. Ce n'est pas cela qui va régler le problème !
M. Thierry Foucaud. Je rappelle au passage que le surloyer a été institué par l'ancienne majorité.
Mme Hélène Luc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Je connais bien le problème qui est ici posé pour en avoir discuté à plusieurs reprises avec des présidents d'office d'HLM et pour vivre moi-même cette situation dans une cité qu'un certain nombre de familles obligées de payer un surloyer ont finalement quittée. Depuis, on déplore dans cette cité des problèmes de violence qui n'existaient pas auparavant.
Il faut bien comprendre que, dans ces familles à « revenus normaux » - c'est évidemment une façon de parler - il y avait beaucoup de militants d'associations, qu'il s'agisse d'amicales de locataires, d'associations de parents d'élèves ou d'autres encore.
Dans un ensemble de 133 logements, une douzaine de familles ont quitté la cité, et je peux vous affirmer que le climat y a changé.
Alors, monsieur le secrétaire d'Etat, il faut savoir ce que l'on veut. On dit qu'on ne parle pas assez avec les gens, qu'il n'y a pas assez de vie dans nos cités, mais on prend des mesures qui provoquent le départ de ceux qui animent la vie associative, qui font que les gens se parlent, qu'ils agissent, qu'ils organisent des fêtes. Bref, on fait partir ceux qui font le plus vivre ces cités.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez évoqué ce que le surloyer rapportait, mais les présidents d'office m'ont dit, eux, que la gestion du surloyer coûtait à peu près autant qu'il rapportait.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat C'est légèrement bénéficiaire pour les offices !
Mme Hélène Luc. Quoi qu'il en soit, si l'on veut que nos cités vivent, il faut voter cet amendement !
M. Hilaire Flandre. C'est de la foutaise ! Cela ne servirait à rien !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Mes collègues Thierry Foucaud, Paul Loridant et Hélène Luc ont parfaitement exposé les raisons pour lesquelles nous tenons beaucoup à cet amendement. Mais je veux ajouter quelques arguments.
Les familles qui paient le surloyer ne sont pas des familles très riches, monsieur le secrétaire d'Etat, et vous le savez bien. D'ailleurs, leurs revenus ne leur permettent pas toujours de quitter leur logement, alors même que le surloyer a été créé pour que les logements en question soient libérés et attribués à d'autres familles aux revenus encore plus modestes.
M. Hilaire Flandre. Mais non !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Il s'agit souvent de couples de retraités qui prennent sur leur maigre revenu pour rester dans ce logement où ils sont toujours vécu.
Ce qui est sûr, c'est que le surloyer réduit leur pouvoir d'achat. D'ailleurs, les petits centres commerciaux de proximité qui existent dans ces cités s'en ressentent et ils sont de plus en plus nombreux à fermer leurs portes, ce qui accroît encore la désolation de ces quartiers.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez indiqué que cet amendement coûterait 210 millions de francs. C'est peu, surtout en regard du caractère fortement symbolique d'une telle mesure.
Vous nous dites que votre collègue M. Gayssot présentera très rapidement un projet de loi. Ce texte tendra-t-il à supprimer le surloyer ? Si tel est le cas, autant gagner trois ou quatre mois !
M. Hilaire Flandre. C'est vraiment n'importe quoi !
M. Thierry Foucaud. C'est, au contraire, très sérieux !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-202 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)

I. - RESSOURCES AFFECTÉES

Article 27



M. le président.
« Art. 27. _ Sous réserve des dispositions de la présente loi, les affectations résultant de budgets annexes et comptes spéciaux ouverts à la date du dépôt de la présente loi sont confirmées pour l'année 2000. » - (Adopté.)

Article 27 bis



M. le président.
« Art. 27 bis. - A compter du 1er janvier 2000, la taxe prévue aux articles 266 sexies à 266 duodecies du code des douanes cesse de constituer une ressource de l'Etat, pour être affectée, conformément à l'article 2 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 (n° du ), au Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale, créé par ce même article. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° I-46 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances.
L'amendement n° I-68 rectifié est déposé par MM. Richert, Badré, Mme Bocandé, M. Fréville et les membres du groupe de l'Union centriste.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-46.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit là d'un des sujets les plus importants que nous ayons à aborder au cours de la discussion de ce projet de loi de finances puisque cet article 27 bis prévoit l'affectation de la taxe générale sur les activités polluantes, la TGAP, au Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale.
Conformément aux positions déjà prises par le Sénat, notamment lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, la commission préconise la suppression de cet article. En effet, nous sommes hostiles au dispositif proposé par le Gouvernement : il faut refuser le détournement de la fiscalité écologique auquel nous assistons.
La TGAP est utilisée comme une machine à taxer. C'est un pur impôt de rendement, destiné à fournir des recettes fiscales faciles pour financer la seconde loi sur les 35 heures. Sa montée en puissance cette année et les années suivantes est purement et simplement liée aux besoins de financement de la politique de réduction du temps de travail.
Les objectifs que devrait viser toute fiscalité écologique digne de ce nom sont totalement laissés de côté.
On nous propose des assiettes larges avec des taux bas, ce qui conduira à accroître lesdits taux au fil du temps.
Conçues de la sorte, ces nouvelles taxes ne seront absolument pas dissuasives pour les pollueurs visés.
Entre les deux solutions possibles - créer de nouvelles ressources publiques ou réduire les pollutions - le Gouvernement a choisi la logique de financement et rejeté la logique écologique.
C'est pour mettre en valeur les absurdités et les contradictions de ce comportement que nous souhaitons la suppression de l'article 27 bis, en rappelant que la TGAP a été créée par la loi de finances pour 1999 et que, l'année dernière, à la même époque, on se gardait bien de nous annoncer de telles perspectives.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° I-46 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. La mise en oeuvre de la réduction et de l'aménagement du temps du travail se traduit par la création d'un fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale.
Le Gouvernement a souhaité rassembler au sein de ce fonds un certain nombre de recettes pérennes pour financer les allégements de cotisation de sécurité sociale. C'est le cas de cette taxe générale sur les activités polluantes, dont l'affectation audit fonds est prévue par l'article 2 du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000.
Dans un souci de complète transparence et pour répondre à la demande unanime - j'insiste sur ce point - de la commission des finances de l'Assemblée nationale, le Gouvernement a pris l'initiative d'insérer dans le projet de loi de finances pour 2000 une disposition de coordination avec le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000.
Tel est l'objet de l'article 27 bis , qui permet de prendre acte, par une disposition de loi de finances, de ce que la taxe générale sur les activités polluantes ne constituera plus une recette du budget de l'Etat à compter du 1er janvier 2000.
Je dois indiquer ici que M. Carrez, membre du groupe du RPR de l'Assemblée nationale, a longuement plaidé pour l'introduction de cette disposition, de même que MM. Méhaignerie, Barrot et de Courson, au nom du groupe de l'UDF. Je précise également que, sur le plan méthodologique, la mesure qui vous est présentée par le biais de l'article 27 bis a recueilli l'assentiment de l'ensemble des membres de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
Dès lors, je comprends mal l'hostilité de M. le rapporteur général, tout comme je comprendrais mal que des critiques s'adressassent au Gouvernement sur le mode de financement de l'aménagement et de la réduction du temps de travail que permettra la TGAP.
Je précise que l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie instaureront, à partir de 2000 ou 2001, une taxe générale du même type, dont les produits seront considérables : 30 milliards de francs en Allemagne, 15 milliards de francs au Royaume-Uni et, à terme, 40 milliards de francs en Italie.
Ce produit sera affecté, en Allemagne, à la baisse des cotisations sociales patronales, au Royaume-Uni, à la baisse des cotisations sociales et à l'aide aux énergies renouvelables et, en Italie, à la baisse de cotisations sociales patronales pour financer les aménagements de temps de travail et l'emploi.
Il y a donc là une mesure qui, sur le plan méthodologique, nous a été demandée par l'Assemblée nationale et qui, quant au fond, est un bon moyen de financement de l'aménagement et de la réduction du temps de travail.
C'est une logique d'ensemble que je demande au Sénat de bien vouloir conforter, ce dont je le remercie par avance.
M. Jacques Oudin. N'y comptez pas !
M. le président. La parole est Mme Bocandé, pour défendre l'amendement n° I-68 rectifié. Mme Annick Bocandé. Cet amendement tend également à supprimer l'article 27.
Je viens d'entendre les propos tenus par M. le secrétaire d'Etat et je ne peux pas dire qu'ils m'ont complètement convaincue.
La création d'un fonds de financement des 35 heures contribue, tout d'abord, à la grande confusion qui caractérise la présentation des comptes publics en 2000 : les débudgétisations opérées dans le projet de loi de finances atteignent plus de 70 milliards de francs et, désormais, 60 % des prélèvements sont comptabilisés au projet de loi de financement de la sécurité sociale.
A cet égard, un examen consolidé des deux lois de finances et de financement de la sécurité sociale s'impose, afin d'apprécier l'évolution des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires.
En outre, le mode de financement de la réduction du temps de travail par des recettes ou par des concours déplafonnés risque de provoquer une forte croissance des prélèvements sur les entreprises et les particuliers dans les prochaines années : le coût des 35 heures devrait passer de 65 milliards de francs en 2000 à 105 milliards de francs en 2001, voire plus, et ce au prix, notamment, d'une augmentation sensible des taxes sur les entreprises, au travers de la TGAP, de la future écotaxe, de la CSB et de ponctions sur la sécurité sociale, sur le Fonds de solidarité vieillesse et sur la branche famille.
J'avais d'ailleurs posé une question d'actualité au Gouvernement sur ce sujet. Je suis très inquiète, monsieur le secrétaire d'Etat, des conséquences de ces dispositions sur l'emploi en raison, notamment, des délocalisations. J'ai rencontré des chefs d'entreprise dans mon département. Ces alourdissements de charges représenteront, pour les entreprises grandes consommatrices d'énergie, et ce en dépit des efforts qui ont été accomplis, particulièrement en matière d'environnement, l'équivalent d'un quasi-doublement de la taxe professionnelle. J'ai bien entendu les exemples que vous avez cités en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie. Tout en étant une Européenne convaincue, je me dis que tous les exemples ne sont peut-être pas bons à suivre.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est favorable à cet amendement, d'autant qu'elle a présenté un amendement identique.
Monsieur le secrétaire d'Etat, permettez-moi de revenir sur les propos que vous avez tenus tout à l'heure. Vous avez évoqué l'Assemblée nationale, mais, ici, nous sommes au Sénat. Nous avons voté certaines mesures lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Nous nous mettons en conformité avec celles-ci. L'amendement que nous présentons est un amendement de coordination avec les positions prises par le Sénat lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Par ailleurs, nous contestons la conception même de votre système, monsieur le secrétaire d'Etat. C'est la raison pour laquelle nous proposons de supprimer l'article 27 bis .
L'année dernière, nous avons supprimé la TGAP, qui nous semblait être un impôt contestable, ambigu et dangereux...
M. Alain Lambert, président de la commission de finances. C'étaient les prémices ! M. Philippe Marini, rapporteur général. ... et nous n'avions pas tort d'être inquiets pour l'avenir. Cette année, nous supprimons l'affectation de la TGAP du fonds de financement des 35 heures, car nous n'approuvons ni la TGAP ni les 35 heures telles que vous les concevez, avec leurs conséquences. Nous sommes globalement contre toutes ces dispositions.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Qu'on ne se méprenne pas, monsieur le rapporteur général : je ne souhaite absolument pas réduire les contradictions qui existent entre le groupe du RPR et le groupe de l'Union centriste au Sénat et le groupe UDF...
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Il n'y a pas de contradiction !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il n'y en a aucune !
M. Hilaire Flandre. Eux c'est eux, nous c'est nous !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... je ne veux pas, je le répète, m'élever contre les contradictions qui existent entre le groupe du RPR et le groupe de l'Union centriste au Sénat, d'une part...
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Il y en a eu mais, cette fois, ce n'est pas le cas ! Ce n'est pas un bon exemple !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... et le groupe du RPR et le groupe UDF à l'Assemblée nationale, d'autre part.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Ils ne sont pas dans la même configuration que nous !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. En effet, leur position n'est pas du tout celle qui est la vôtre. J'ai indiqué tout à l'heure, par souci d'objectivité, quelle était la position de vos collègues et néanmoins amis, puisqu'ils appartiennent souvent aux mêmes groupes que vous, à l'Assemblée nationale.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Merci de porter le message ! C'est mieux que le télégraphe !
M. Jean Delaneau. Ce ne sont pas forcément eux qui ont raison !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je me félicite qu'il y ait des contradictions entre vous, c'est excellent !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Pas du tout ! Occupez-vous des vôtres !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ils sont l'opposition et nous la majorité !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. En ce qui concerne la débudgétisation, question que vous avez évoquée, madame la sénateur, je dirai avec clarté et véhémence, pardonnez-moi, que c'est nous qui rebudgétisons. Nous avons ainsi rebudgétisé 45,6 milliards de francs en 1999 et, si la loi de finances initiale est votée par le Parlement, nous rebudgétiserons 10 milliards de francs en 2000.
Par souci de contrôle parlementaire et de transparence, nous avons supprimé sept comptes spéciaux du Trésor de 1997 à 2000. Nous permettons ainsi aux sénateurs et aux députés - il convient de le saluer - d'assurer un véritable contrôle parlementaire, lequel sera d'autant plus efficace que nous donnons toujours une plus grande clarté à la présentation de la loi de finances.
Dans ces conditions, madame la sénateur, permettez-moi de vous dire que je n'accepte pas votre amendement. Vos arguments tombent à plat face à la détermination du Gouvernement dont l'objectif - et c'est tout à son honneur, me semble-t-il - est de faciliter à la fois la discussion, au Sénat comme à l'Assemblée nationale, du projet de loi de finances et le contrôle parlementaire. Je demande donc le rejet de votre amendement.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je voudrais aider M. le secrétaire d'Etat...
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Merci !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. ... à comprendre comment on peut être tout à fait cohérent et ne pas se trouver en contradiction avec nos collègues députés.
Le Gouvernement s'est pris les pieds dans le tapis, monsieur le secrétaire d'Etat. Telle est la réalité !
M. Jean-Jacques Hyest. Absolument !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. En effet, vous avez inséré la TGAP dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale et vous avez oublié de la supprimer dans le projet de loi de finances. Le Conseil d'Etat a dû vous le faire remarquer et il vous a donc été rappelé à l'Assemblée nationale qu'il n'était pas inutile de le prévoir dans le projet de loi de finances. Par conséquent, il n'y a strictement aucune contradiction entre eux et nous. Simplement, les députés de l'opposition, qui sont d'excellents députés - nous avons d'ailleurs des relations très étroites avec eux - vous ont rappelé, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous n'aviez pas été rigoureux en matière de droit budgétaire.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et ils avaient raison !
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s I-46 et I-68 rectifié.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole contre les amendements.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Il me paraît important de préciser les raisons pour lesquelles nous ne voterons pas ces amendements tendant à supprimer l'article 27 bis. Bien évidemment, ils procèdent des positions de fond de la commission des finances.
Nous nous interrogeons, pour notre part, sur le sens donné par la loi relative à la réduction négociée du temps de travail comme par le projet de loi de financement de la sécurité sociale à la réforme des cotisations sociales patronales.
Contrairement à une affirmation défendue par certains, l'essentiel des transferts de recettes et de dépenses du budget général vers celui de la sécurité sociale est centré non pas sur le financement de la réduction du temps de travail, mais sur la prise en charge de l'allégement des cotisations sociales sur les bas salaires.
Vous me permettrez donc de trouver pour le moins amusant que ceux-là mêmes qui ont défendu dans le passé ces exonérations soient ceux qui, aujourd'hui, mettent en question leur financement.
La source essentielle de financement de cette réforme des cotisations sociales patronales réside dans l'affectation du produit du droit de consommation sur les tabacs manufacturés.
Nous avons eu l'occasion de souligner que ce choix nous semblait discutable, comme nous semble discutable le fait de ne mettre en oeuvre que des abattements sur cotisations sociales, sans possibilité de modulation ni prise en compte des contraintes financières des entreprises.
S'agissant de la taxe générale sur les activités polluantes, la problématique est un peu la même.
La stricte application du principe pollueur-payeur est, en fait, une version « actualisée » de la taxe sur la valeur ajoutée qui, en dernière instance, retombe sur le consommateur final, sans que nous ayons de garantie quant à la faculté dissuasive de l'impôt sur les activités polluantes.
De surcroît, nous trouvons regrettable que le produit de la taxe ne serve pas la politique environnementale et qu'il soit utilisé dans le cadre de la réforme des cotisations patronales, ce qui en fait un changement d'objet pour le moins assez peu lisible.
Pour autant, nous ne pouvons évidemment suivre la commission des finances pas plus que les parlementaires de la majorité sur leur proposition de suppression de cet article. Celle-ci témoigne purement et simplement de leur volonté de s'opposer, coûte que coûte, à la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail, qui appelle d'ailleurs la plus grande vigilance de la part des salariés.
A ce propos, permettez-moi de souligner une fois de plus que, en cette matière, la loi ayant rouvert le chantier de la négociation collective, à l'inverse de ce qui s'était produit avec l'adoption de la loi quinquennale sur l'emploi en 1993, il est patent que le patronat conjugue ces derniers temps ses efforts pour remettre en question les garanties collectives des salariés et leur faire « payer », en quelque sorte, la réduction du temps de travail, réduction que les salariés ont pourtant déjà largement payée avec la hausse continuelle de la productivité du travail ; et je ne parle pas des problèmes de précarité.
Le véritable problème ne réside donc pas, à notre sens, dans le coût que les 35 heures pourraient avoir pour les comptes publics ou ceux de la protection sociale.
D'ailleurs, les créations d'emplois liées à la première loi et déjà intervenues participent du redressement des comptes sociaux dès cette année et motivent, pour partie, la bonne tenue de la consommation intérieure, source de majoration de recettes fiscales.
Le problème est que l'obstination patronale à remettre en cause les acquis, notamment les conditions de travail des personnels d'encadrement et les renégociations des conventions collectives, est un facteur de dépenses publiques plus importantes encore que celui qui découle de la création d'emplois induite par la réduction du temps de travail. Et vous allez ensuite, mes chers collègues, intéresser les salariés au devenir de leur entreprise en les incitant à prendre des stock-options !
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Je ne peux pas ne pas réagir aux propos qu'a tenus M. le secrétaire d'Etat.
Sur le plan méthodologique, tout d'abord, nous savons tout aussi bien lire les documents budgétaires que vous nous transmettez que les députés, en particulier ceux de l'opposition, monsieur le secrétaire d'Etat ! Nous nous sommes tous aperçus que, dans le fascicule des voies et moyens, 2 milliards de francs étaient transférés au fonds d'allégement des charges sur les cotisations patronales alors qu'aucune disposition ne figurait à cet égard dans le projet de loi de finances, comme le prévoit l'article 18 de l'ordonnance portant loi organique relative aux lois de finances.
Nos collègues de l'Assemblée nationale ont donc fait le travail que nous aurions accompli dans les mêmes conditions s'ils ne s'en étaient pas rendu compte les premiers. Il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre la compétence de la commission des finances du Sénat et celle de la commission des finances de l'Assemblée nationale, et pas plus sur le plan politique par rapport à nos collègues de l'opposition.
Je me permettrai également de vous faire remarquer, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous auriez peut-être pu aller plus loin s'agissant du transfert des droits sur les boissons du fonds de solidarité vieillesse au fonds de financement de la réforme des cotisations patronales. Il s'agit, en effet, d'un ancien impôt d'Etat qui avait été affecté, par une disposition de loi de finances, au fonds de solidarité vieillesse. La règle du parallélisme des formes aurait voulu que cette mesure soit également inscrite dans le projet de loi de finances de cette année.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Tout à fait !
M. Yves Fréville. Par ailleurs, vous comparez les rebudgétisations auxquelles vous procédez dans le cadre du projet de loi de finances aux débudgétisations. Il y a tout de même une différence fondamentale, que nous connaissons tous ! Les comptes spéciaux du Trésor figurent toujours dans la loi de finances ! Ils sont simplement inscrits sur une autre ligne.
Le transfert de quelque 70 milliards de francs à un établissement administratif qui sera dirigé par cinq hauts fonctionnaires et qui sera peut-être doté d'un conseil de surveillance où siégeront un ou deux parlementaires est tout à fait différent de la rebudgétisation, sous le contrôle de notre commission des finances, du fonds forestier national ou du fonds national du livre.
Mais tout cela, c'est du droit, et ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est le sens que nous donnons à cet amendement de suppression de l'article 27 bis, et il est très simple. Pour ce qui est des dépenses, vous ne respectez pas les grands principes d'unité et d'universalité budgétaires qui font que le budget forme un tout. Or le Conseil constitutionnel, s'agissant du fonds de solidarité vieillesse, a bien précisé, en 1994, que les retraites faisaient partie du budget général de l'Etat. J'ose prétendre que les interventions du fonds d'allégement des charges sociales, notamment la ristourne qui, jusqu'à présent, était inscrite au budget de l'emploi, doivent figurer, en tant qu'interventions du budget de l'Etat, dans le budget de l'Etat. Le Conseil constitutionnel tranchera.
Je relève une autre opération de camouflage, qui concerne, cette fois, l'augmentation de la pression fiscale. La TGAP en est un exemple. Si l'on s'en tient uniquement à cette taxe, vous transférez 2 milliards de francs et, dans la loi de financement de la sécurité sociale, vous ajoutez 1,2 milliard de francs. Vous avez fait de même avec les 4,2 milliards de francs de la contribution sociale sur les bénéfices, et vous réitérez avec les 7 milliards de francs de taxation des heures supplémentaires.
J'ai toujours entendu M. Sautter dire que ce n'étaient pas de vrais impôts, puisque, d'un côté, certes, on augmente certains impôts mais, de l'autre, on diminue les cotisations patronales. Mais alors, avec ce raisonnement-là, chaque fois que l'on augmente un impôt pour redistribuer, il n'y a plus d'impôt !
C'est pourquoi, monsieur le président, je voterai avec allégresse l'amendement rationnel de la commission des finances ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Je serai bref et j'abonderai dans le sens de notre collègue Yves Fréville.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous nous dites que vous avez rebudgétisé pour donner plus de clarté au budget, qui devrait donc retrouver ses vertus d'unité et d'universalité. Et que faites-vous de la loi de financement de la sécurié sociale ?
La TGAP, que nous avons examinée l'année dernière ici même, n'est plus cette année de notre compétence : on la retrouve en loi de financement de la sécurité sociale. En tant que rapporteur pour avis de la loi de financement de la sécurité sociale, je constate que, depuis quatre ans, toutes les majorations fiscales, toutes les créations de taxes nouvelles figurent dans la loi de financement de la sécurité sociale. Est-ce cela faire oeuvre de clarté ? Est-ce cela l'unité budgétaire ?
Notre rapporteur général et, derrière lui, l'ensemble de la commission des finances vous ont proposé une solution : faites un compte consolidé des prélèvements publics, tant en recettes qu'en dépenses - pourquoi pas ? A cette condition, oui, on croira à votre volonté de clarté, d'unicité, de pédagogie ! Pour l'instant, nous sommes dans le brouillard, et il s'épaissit d'année en année, comme M. le rapporteur général l'a dit maintes et maintes fois.
On peut dire dans cette assemblée bien des choses, mais les propos que vous venez de tenir ne sont ni à l'honneur des sénateurs ni à l'honneur du Gouvernement. Vous nous engagez sur la voie de la complexification des finances publiques. Nous souhaitons, nous, une meilleure présentation, un retour à l'unité budgétaire. Dites-nous les efforts que vous voulez faire dans ce sens. Pour l'instant, vous allez exactement dans la direction inverse. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. Hilaire Flandre. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Flandre.
M. Hilaire Flandre. Je profite de l'occasion de cette discussion pour dire tout le bien que je pense de la taxe générale sur les activités polluantes. (Sourires.)
Taxer les activités polluantes de façon généralisée peut être une bonne idée, une idée intelligente même, dans la mesure où elle aurait pour double objet d'inciter à la limitation de la pollution et de contribuer à en réparer les dégâts. Or, monsieur le secrétaire d'Etat, vous l'avez dit vous-même, le Gouvernement recherche une ressource pérenne. Cela signifie qu'on prend le parti de taxer en permanence les activités polluantes et donc le parti de laisser perdurer la pollution. On met en place une sorte d'autorisation ou de droit à polluer : en payant la taxe, on a le droit de polluer. C'est inacceptable !
Cette taxe sera par la suite généralisée à un certain nombre d'activités ou d'acquisitions et d'utilisations, notamment en ce qui concerne les engrais, les fertilisants et les produits phyto-sanitaires. Et tout cela pour financer l'allégement des charges sociales au bénéfice des trente-cinq heures !
En clair, on va demander, en particulier aux agriculteurs qui constituent une des catégories professionnelles qui travaillent le plus longtemps, de financer tout simplement la réduction du temps de travail des autres !
M. Philippe Arnaud. Très bien !
M. Hilaire Flandre. Dans ces conditions, il va de soi que je ne peux pas vous suivre et que je voterai l'amendement de la commission des finances.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. Yann Gaillard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. Certains de nos collègues m'ont devancé sur un ou deux points.
Assez curieusement, j'ai été très séduit par une partie de l'argumentation de Mme Beaudeau, même si je n'en tire pas les mêmes conclusions qu'elle. Il est tout de même évident, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous êtes dans une contradiction totale en ce qui concerne la TGAP. Quand on instaure une taxe sur les activités polluantes - M. Hilaire Flandre l'a bien dit - c'est justement pour prévenir le développement desdites activités polluantes. Autrement dit, une telle taxe ne saurait avoir d'autre objet que sa propre disparition, preuve de son efficacité : plus on taxe les activités polluantes, plus polluer coûte cher, et moins on pollue. Or, ce que vous avez dit sur la pérennité de cette ressource, monsieur le secrétaire d'Etat, montre à quel point vous ne croyez pas à la philosophie même de la TGAP. Sinon, comme l'a dit Mme Beaudeau, à supposer même que les activités polluantes, en raison de la dureté des temps et de la méchanceté des hommes, perdureront, le produit de cette taxe devrait être affecté à l'environnement. Comment Mme Voynet a-t-elle pu accepter que l'on distraie une telle ressource potentielle au profit d'une action qui n'a aucun rapport avec l'environnement ?
M. Jean-François Le Grand. Très bien !
M. Jacques Oudin. Tout à fait !
M. Yann Gaillard. Vous vous êtes, de surcroît, lancé dans un véritable dithyrambe faisant l'éloge de la rebudgétisation et du contrôle parlementaire. Vraiment, je vous ai connu plus convaincant ! Tout le monde sait très bien que le financement des 35 heures a été bricolé dans une atmosphère de quasi-drame, compte tenu de l'attitude des partenaires sociaux, et qu'il ne correspond véritablement pas à grand-chose, en tout cas pas à grand-chose qui ressemble à du droit budgétaire.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et ce n'est pas encore bouclé, en plus !
M. Yann Gaillard. Quant à l'effort que vous avez fait depuis quelques années pour diminuer le nombre des comptes d'affectation spéciale, il est vrai que, dans une certaine mesure, c'est une rationalisation. Mais ne dites pas que cela participe d'un renforcement du contrôle parlementaire. Les comptes spéciaux du Trésor font partie de la loi de finances ; ils ont un rapporteur spécial, actuellement M. Loridant, autrefois votre serviteur, et l'on a toujours contrôlé de façon aussi efficace que possible le fonctionnement de ces comptes spéciaux du Trésor.
En revanche, ce qui est tout à fait blâmable, c'est de briser de plus en plus l'unité des lois de finances en transférant une partie très importante du financement public de ces lois de finances vers les lois de financement de la sécurité sociale.
Je crois qu'il serait bon que le Gouvernement fasse preuve d'un peu plus de modestie et d'un peu plus de réserve dans l'autoglorification. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants).
M. Jean Delaneau. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Delaneau.
M. Jean Delaneau. Monsieur le secrétaire d'Etat, il ne vous étonnera pas que le président de la commission des affaires sociales, même s'il a peu à y ajouter à ce qui vient d'être dit, prenne la parole à cette occasion. Nous sommes, de l'aveu de tous ici, au centre d'un vrai problème.
On est en train de tout mélanger, et ce pour tromper. A l'occasion de la loi de financement de la sécurité sociale, on a essayé en effet de nous faire avaler des dispositifs qui n'avaient d'autre objet, finalement, que de ponctionner notamment la Caisse nationale d'assurance maladie. On connaît les réactions que le dispositif a suscitées, raison pour laquelle le Gouvernement s'est ingénié, par des détours successifs, à faire disparaître cet aspect des choses. Autrement dit, on ne ponctionne plus, mais on alimente moins. Mais le résultat est le même ! C'est une farce que vous essayez de nous faire jouer avec vous, monsieur le secrétaire d'Etat, et avec l'opinion publique.
Il est temps que l'on sorte du chaos qu'a causé ce mélange des lois de financement de la sécurité sociale et des lois de finances. J'en parle depuis un certain temps déjà avec le président de la commission des finances.
Il faut davantage de clarté, mais ce que vous nous avez dit, monsieur le secrétaire d'Etat, ne traduit aucune intentinon véritable de sortir de l'opacité. Je puis cependant vous assurer que le Sénat veillera à ce que l'on en sorte ! (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Très bien !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je veux apporter des précisions au Sénat, conformément au légitime souci de clarté qui est le sien et à la volonté de transparence qui est celle du Gouvernement.
M. Fréville et différents orateurs ont mis en cause l'existence même des rebudgétisations. Je veux donc être précis sur ce point.
En 1999, nous avons procédé à des rebudgétisations à hauteur de 45,6 milliards de francs, avec des rubriques qui témoignent de l'effort entrepris. Ainsi, nous avons rebudgétisé les pensions de La Poste pour 14 milliards de francs, les fonds de concours pour 11 milliards de francs.
En 2000, la rebudgétisation s'élèvera à 10 milliards de francs, dont 1,5 milliard de francs pour les rémunérations d'ingénierie à l'agriculture et l'équipement, 5 milliards de francs au titre des pensions de divers organismes dont la Caisse des dépôts et consignations, l'INSERM et le CNRS, 2 milliards de francs de fonds de concours divers destinés, notamment, à l'agriculture et au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, dont 500 millions de francs pour la direction de la sécurité des installations nucléaires. Je n'aurais garde d'oublier les 247 millions de francs de taxes parafiscales correspondant à un allégement des charges des entreprises, avec la rebudgétisation de la taxe du CIRAD, de la fonderie, du papier, du textile, des corps gras, de l'habillement et de l'ameublement, et j'en passe.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Vous nous avez vraiment bien aidés !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il s'agit donc, mesdames, messieurs les sénateurs, d'un véritable axe de rebudgétisation et de clarification pour un meilleur contrôle du Parlement. Je le dis sincèrement, comme je le pense. Il y a là un véritable effort de sincérité qui doit être souligné, parce que c'est une réalité.
Quant à la loi de financement de la sécurité sociale, elle procède également du désir d'une plus grande clarté et d'un meilleur contrôle du Parlement, ainsi que de la volonté politique que la majorité sénatoriale a manifestée ici, au Sénat, en 1996, lorsque le Premier ministre d'alors, M. Alain Juppé, lui a proposé de regrouper l'ensemble de la problématique du financement de la sécurité sociale dans une loi spécifique. N'oublions pas l'origine de cette présentation !
M. Michel Moreigne. Ils ont la mémoire courte !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cette réforme est complètement dévoyée !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. N'oublions pas non plus les vertus de cette présentation : la clarification, le renforcement du contrôle parlementaire,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cette réforme est pervertie !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... l'identification de la charge et des modes de financement de la sécurité sociale,...
M. Jacques Oudin. Vous avez détourné cette loi de son but !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Maintenant, c'est le bonneteau fiscal !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... toutes qualités qui accroissent la capacité du Parlement, notamment de la Haute Assemblée, à se prononcer.
Il était donc nécessaire donc d'avoir ce débat. Il est de bonne qualité, et je vous en remercie. Il est non moins nécessaire de dire que la TGAP résulte de la convergence entre la préoccupation environnementale et, mesdames, messieurs les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen, du financement de l'allégement des charges sociales. La convergence de ces deux préoccupations n'est pas une particularité française mais, comme je l'ai montré tout à l'heure en puisant des exemples chez nos voisins, relève bien de la même démarche que celle qu'ont engagée plusieurs membres, et non des moindres, de l'Union européenne qui se posent les mêmes questions que nous au même moment que nous. Ainsi, comment inciter certaines industries à moins polluer ? (M. Hilaire Flandre s'exclame.) J'y suis sensible et je tiens à le souligner en cet instant.
Comment aussi, devrais-je ajouter car nous aurons ce débat l'année prochaine, faire pour que la compétitivité des secteurs qui auront à supporter la charge fiscale de la TGAP ne soit pas irrémédiablement affectée par cette taxe ? Nous devrons réfléchir, comme nous le faisons aujourd'hui avec les acteurs des secteurs de l'acier, de l'aluminium, de la chimie, du ciment, sur la manière de ne pas désorganiser leur activité en Europe et en France et à ne pas les défavoriser par rapport à leurs concurrents étrangers.
Je suis d'ailleurs rassuré puisque, comme je l'ai dit voilà un instant, les autres pays européens procèdent de la même manière. Le Gouvernement tient à cet équilibre entre ces différents objectifs que sont l'environnement, l'allégement des charges sociales et la compétitivité des industries. Il est bon de pouvoir en discuter aujourd'hui, comme vous l'avez fait, ce dont je vous remercie.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je n'entends pas prolonger les débats. Cependant, puisque vous avez parlé des progrès en matière de transparence et dans la présentation des comptes publics, je voudrais, monsieur le secrétaire d'Etat, vous poser une question que m'inspire l'observation d'un petit secteur du projet de loi de finances, à savoir le compte spécial du Trésor n° 902-24. Ce compte étant relatif au produit de privatisations, pourquoi n'y retrouve-t-on pas le produit de la cession du Crédit lyonnais, pour 32 milliards de francs, et du GAN, pour 34 milliards de francs, soit au total 66 milliards de francs ?
Cela s'explique sans doute par des considérations techniques. Mais ne nous dites pas que des progrès ont été accomplis dans la présentation des comptes publics. En effet, ils sont de plus en plus obscurs, de plus en plus incompréhensibles, que ce soit au sein de la loi de finances ou en raison de la dichotomie entre la loi de finances et la loi de financement de la sécurité sociale. Dès lors qu'il n'y a plus de transparence ni de véritable possibilité d'examen par le Parlement, nous ne sommes plus en régime parlementaire, et demain nous ne serons plus en démocratie ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je veux vous rassurer, monsieur le rapporteur général. Toute bonne question doit recevoir une bonne réponse.
S'agissant du Crédit lyonnais, la procédure est conforme à la loi de 1995 qui prévoyait que l'Etat devait apporter ses titres à l'Etablissement public de financement et de réalisation, l'EPFR.
En ce qui concerne le GAN, c'est en effet parce qu'un certain nombre de certifications devaient être faites. Elles nous permettront de faire remonter les produits de cessions sur le compte n° 902-24 dans les semaines à venir,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ah bon !
M. Jacques Oudin. Après le budget !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Effectivement, monsieur Oudin. C'est particulièrement opportun !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Tout est clair.
M. Jean-Jacques Hyest. Tout sera clair !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Tout est contrôlé. Notre religion, c'est d'abord le Parlement ! (Exclamations sur les mêmes travées.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Alors, communions dans cette religion ! (Sourires.)
M. Michel Charasse. C'est la seule religion que j'accepte !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s I-46 et I-68 rectifié, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 27 bis est supprimé.

Article additionnel après l'article 27 bis



M. le président.
Par amendement n° I-291, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, après l'article 27 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement déposera, sur le bureau des assemblées, dans un délai de neuf mois à compter de la date de publication de la présente loi, un rapport décrivant, pour chaque assiette de la taxe générale sur les activités polluantes, la diminution des pollutions qui aura résulté de l'application de cette taxe. Un développement particulier sera également consacré, pour chaque assiette de la taxe, aux prévisions de diminution de ces pollutions. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Par le présent amendement, nous demandons au Gouvernement de déposer un rapport. Si nous formulons cette demande au cours de l'examen de la première partie du projet de loi de finances, c'est parce qu'il concerne un impôt d'Etat, alors que, tout à l'heure, il s'agissait d'un rapport sur un non-impôt, que vous escomptez bien ne jamais créer. Je le précise pour répondre à une question que l'on ne manquerait sans doute pas de me poser.
Ce rapport décrira, pour chaque assiette de la TGAP, la diminution des pollutions qui aura résulté de l'application de cette taxe. Un développement particulier devra également être consacré, pour chaque assiette de la taxe, aux prévisions de diminution des pollutions. Si c'est une écotaxe, vous devrez pouvoir répondre aux questions.
M. Jean Delaneau. Ça ne va pas être triste !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je comprends la préoccupation que vous exprimez. Ça commence mal. (Sourires.) J'estime néanmoins inopportune la publication d'un rapport décrivant, pour chaque assiette de la TGAP, la diminution des pollutions résultant de l'application de cette taxe, en raison de son caractère prématuré. Les constats contenus dans un tel rapport seraient nécessairement hâtifs et incertains dès lors que l'Assemblée nationale a décidé que la perception de la TGAP due au titre des deux premiers mois de l'année 2000 interviendrait seulement à compter du 15 avril 2000. Il serait vain, en effet, d'attendre un impact environnemental positif et immédiat en termes d'économie de pollution inhérente à cette taxe en l'espace de six mois. Ce serait irréaliste.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-291.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Monsieur le secrétaire d'Etat, le Gouvernement a créé la TGAP au nom du principe pollueur-payeur. En fait, sans le dire, vous avez totalement changé la philosophie du dispositif, car maintenant il s'agit d'une taxe producteur-payeur. C'est le producteur qui paiera. En effet, l'agriculteur qui a des problèmes de production et de rendement ne diminuera pas sensiblement la quantité d'engrais qu'il utilise.
Ce n'est pas comme pour le tabac où une augmentation importante des prix peut entraîner une diminution de la consommation des jeunes. En l'occurrence, vous n'obtiendrez pas un effet du même ordre.
C'est la raison pour laquelle l'amendement proposé par la commission des finances est tout à fait fondé. En effet, nous sommes curieux de voir ce que cela donnera pour les années à venir. S'agissant de l'an 2000, peut-être est-ce prématuré. Mais, sur le principe, vous ne pouvez pas être contre, et cela vous ne l'avez pas dit.
M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Je crois qu'il est bon pour le Parlement et le contrôle parlementaire que nous soyons à même de contrôler, quand il le faut, l'efficacité des mesures, en particulier des mesures de nature fiscale, au regard des objectifs qui sont poursuivis lors de leur institution. Mais ce type de bilan, qu'il appartient au Gouvernement de nous fournir, surtout si on l'exige par un article de loi, doit s'effectuer en tout cas dans une telle matière, celle des pollutions visée par M. le rapporteur général, sur une période raisonnable. Je propose donc à M. le rapporteur général, s'il souhaite que son amendement ait une chance d'être adopté à l'Assemblée nationale, de présenter une nouvelle rédaction lors de l'examen du collectif. D'ailleurs, M. Oudin vient de reconnaître lui-même que, pour 2000, c'était un peu juste. Il serait de beaucoup préférable de demander un tel rapport avant la fin de la législature ou dans deux ou trois ans, parce que ce délai est nécessaire en matière de pollution. L'effet n'est pas toujours immédiat, tout le monde le sait.
Par conséquent, monsieur le rapporteur général, si vous souhaitez, tout comme moi et le groupe socialiste, que le Sénat contribue au contrôle parlementaire dans tous les domaines, y compris dans celui-ci, et si le Gouvernement le souhaite aussi, je vous en prie, revoyez le texte de votre amendement, représentez-le à l'occasion de la nouvelle lecture du présent projet de loi de finances ou lors du collectif. Nous aurons ainsi une chance d'être suivis par l'Assemblée nationale.
La rédaction actuelle est beaucoup trop hâtive. Je n'adresse aucune critique à M. le rapporteur général qui, en période budgétaire, est l'un de ceux qui travaillent le plus dans cette maison et qui est écrasé de tâches, mais il doit revoir sa rédaction car elle ne « colle » pas. Nous qui approuvons l'objectif du contrôle, nous ne pouvons pas le voter. La déposition serait d'ailleurs inopérante. Ce serait un rapport de trois pages dans lequel il n'y aurait rien.
M. Michel Moreigne. C'est le bons sens même !
M. Jean Delaneau. Mettez trois ans au lieu de neuf mois !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je remercie vivement M. Charasse de sa sollicitude et de sa proposition. Si nous avons prévu un délai de neuf mois, c'est non pas parce que c'est le délai normal de gestation d'un rapport, mais parce que nous pouvons ainsi être éclairés par ces éléments avant la discussion de la prochaine loi de finances.
M. Michel Charasse. Mais non !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Si cela arrive après, quelle utilité ?
M. Michel Charasse. La pollution, ça monte et ça descend !
M. Jean-Jacques Hyest. Ça monte !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Attendez, je n'ai pas terminé. La TGAP a déjà été appliquée tout au long de l'année 1999,...
M. Jean-Jacques Hyest. Eh oui !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... puisqu'elle a été créée dans la loi de finances pour 1999. Il y a donc déjà derrière nous une période d'application de cette taxe. Il y aura quelques mois de l'année 2000. Nous aurons un rendez-vous budgétaire en 2000, pour lequel nous aurons besoin d'éléments d'information.
Cet amendement est en effet perfectible.
M. Michel Charasse. Il faut le réécrire !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il devrait d'ailleurs indiquer que le rapport est présenté chaque année.
M. Michel Charasse. Et à partir de 2001 ou de 2002 !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Non, à partir de maintenant, car, je le répète, la TGAP existe depuis le 1er janvier 1999. Si c'est une écotaxe, elle doit avoir des conséquences sur les pollutions dès son premier exercice de mise en oeuvre.
M. Jacques Oudin. Absolument !
M. Michel Charasse. Mais pas immédiatement !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Qu'on examine les choses qui sont en devenir, qu'on les examine de manière expérimentale et qu'on étudie leur évolution dans le temps.
Cet amendement est certainement perfectible, mais, d'ici à la réunion de la commission mixte paritaire ou à la nouvelle lecture, il est tout à fait concevable de le rectifier.
Vous voyez bien, mes chers collègues, dans quel esprit il est présenté. Il fournira de premiers éléments qui pourront être utilisés lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2001, et c'est précisément pour cela que nous avons retenu le délai de neuf mois. On peut naturellement aller plus loin et prévoir, en particulier, que le rapport sera récurrent, chaque année. Il est possible de rectifier cet amendement en ce sens, ce que j'accepterais bien volontiers. Mais si nous voulons essayer de faire progresser nos travaux avant le dîner conformément au souhait de M. le président de la commission des finances,...
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Nous avons encore cinq heures de discussion !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... je suggère que l'on veuille bien voter cet article additionnel en l'état et que l'on se réserve la possibilité de l'améliorer au cours de la navette.
M. Jacques Oudin. Très bien !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je ne vous savais pas aussi écologiste, monsieur le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'ai toujours été écologiste, mais aussi social, chrétien, rural...
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-291, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 27 bis .

Article 28



M. le président.
« Art. 28. - I. - La première phrase du II de l'article 1609 vicies du code général des impôts est remplacée par deux phrases ainsi rédigées :
« Les taux de la taxe sont révisés chaque année au mois de décembre, par arrêté du ministre chargé du budget publié au Journal officiel , en fonction de l'évolution prévisionnelle en moyenne annuelle pour l'année suivante des prix à la consommation de tous les ménages hors les prix du tabac. Les évolutions prévisionnelles prises en compte sont celles qui figurent au rapport économique et financier annexé au dernier projet de loi de finances. »
« II. - A compter du 1er janvier 2000, les taux de la taxe sur les huiles instituée au profit du budget annexe des prestations sociales agricoles par l'article 1609 vicies du code général des impôts sont fixés comme suit :


FRANC

par kilogramme

FRANC

par litre

Huile d'olive 0,981 0,883
Huiles d'arachide et de maïs 0,883 0,804
Huiles de colza et de pépins de raisin 0,453 0,412
Autres huiles végétales fluides et huiles d'animaux marins dont le commerce et l'utilisation ne sont pas soumis aux règles internationales ou nationales relatives aux espèces protégées 0,771 0,672
Huiles de coprah et de palmiste 0,588 -
Huile de palme 0,539 -
Huiles d'animaux marins dont le commerce et l'utilisation sont soumis aux règles internationales ou nationales relatives aux espèces protégées 0,981 -

Par amendement n° I-47, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose :
I. - Après la première phrase du texte présenté par le I de cet article, pour compléter le II de l'article 1609 vicies du code général des impôts, et d'insérer une phrase ainsi rédigée : « Cette révision comporte, le cas échéant, une correction au titre de l'année en cours. »
II. - En conséquence, dans le premier alinéa du I de cet article, de remplacer les mots : « par deux phrases » par les mots : « par trois phrases ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le secrétaire d'Etat, nous souhaitons vous rendre service. En effet, nous proposons de revenir au texte initial, et donc de prévoir la possibilité d'une correction de ce mécanisme de révision systématique des taux de la taxe sur les huiles au titre de l'année en cours. Il s'agit de revenir sur une initiative certainement malencontreuse de l'Assemblée nationale, afin que vous puissiez travailler dans de bonnes conditions.
M. Michel Charasse. On peut se tromper !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je suis assez indifférent, mais pas au fait que M. le rapporteur général de la commission des finances veuille faire plaisir au Gouvernement. Aussi, je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-47, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 28, ainsi modifié.

(L'article 28 est adopté.)

Article 28 bis



M. le président.
« Art. 28 bis. - Par dérogation à l'article L. 651-2-1 du code de la sécurité sociale, les dispositions du premier alinéa du II de l'article 2 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 (n° 98-1114 du 23 décembre 1998) sont reconduites en 2000. »
Par amendement n° I-48, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de rédiger ainsi cet article :
« I. - Dans l'article 1609 septdecies du code général des impôts, le taux "0,70 %" est remplacé par le taux "0,73 %".
« II. - La perte de recettes résultant pour le budget de l'Etat des dispositions du I ci-dessus est compensée à due concurrence par le relèvement des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement concerne le financement de la mesure de revalorisation des petites retraites agricoles pour 2000, que nous considérons comme nom pérenne et, en outre, quelque peu chaotique.
C'est pourquoi nous proposons une autre formule, en vue, d'une part, de réaliser la revalorisation des petites retraites agricoles et, d'autre part, de prendre en charge des exonérations de charges sociales pour les jeunes agriculteurs, exonérations dont le principe a été voté par l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale, mais qui ne sont pas financées.
Nos propositions consistent en un relèvement du taux de la cotisation incluse dans les taux de TVA au profit du BAPSA. Ce taux de cotisation, qui est actuellement de 0,70 %, devrait être porté à 0,73 % pour dégager les recettes supplémentaires affectées au BAPSA.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il s'agit d'augmenter la part de la TVA affectée au BAPSA, comme vient de le dire excellement M. le rapporteur général. Si l'objectif est bien de financer le plan pluriannuel de revalorisation des retraites agricoles, je dois indiquer que ce financement est assuré par la reconduction, au profit du BAPSA, du dispositif de versement d'une fraction du produit de la contribution sociale de solidarité des sociétés.
A mon sens, l'amendement n'a donc plus d'objet.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur général ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oui, bien sûr, monsieur le président.
Nous refusons le transfert de 1 milliard de francs de la C3S au BAPSA. En contrepartie, nous affectons environ 1 280 millions de francs de plus au BAPSA, d'une part, pour financer la revalorisation des petites retraites agricoles, à hauteur de 1 200 millions de francs, et, d'autre par, pour le complément, pour financer la mesure d'exonération de cotisations sociales des jeunes agriculteurs.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Cela va dans le bon sens !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Puisque M. le rapporteur général ne considère pas, comme moi, que l'amendement est sans objet, je suis contraint d'en demander le rejet par le Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-48, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 28 bis est ainsi rédigé.

Article additionnel après l'article 28 bis



M. le président.
Par amendement n° I-263 rectifié, MM. Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Delong, Joyandet et Trégouët proposent d'insérer, après l'article 28 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I - Le premier alinéa de l'article 154 bis -OA du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1°) Dans la première phrase les mots : "dans la limite de 7 % des revenus professionnels qui servent de base, en application de l'article 1003-12 du code rural, aux cotisations dues pour le même exercice au régime social des membres non salariés des professions agricoles" sont supprimés.
« 2°) A la fin de la deuxième phrase, le mot : "due" est remplacé par le mot :"versée".
« II - Les dispositions du I sont applicables pour la détermination du résultat des exercices clos en 1999.
« III - L'éventuelle perte de recettes pour l'Etat résultant de l'application du I et du II ci-dessus est compensée à due concurrence par un relèvement des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. En 1997, un nouveau régime complémentaire facultatif d'assurance vieillesse des exploitants agricoles a été mis en place, dont les cotisations sont déductibles fiscalement dans les conditions qui rendent ce régime d'une application difficile et fastidieuse, voire impossible, surtout lorsque l'exploitant cotise sur une base annuelle de revenus professionnels.
Cet amendement vise à donner au dispositif de 1997 une plus grande simplicité dans sa mise en oeuvre pratique, en supprimant le plafond de déduction fixé à 7 % des revenus professionnels.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Favorable, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-263 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 28 bis.

Article 29



M. le président.
« Art. 29. - Le produit du droit de consommation sur les tabacs manufacturés prévu à l'article 575 du code général des impôts et liquidé par le fournisseur à compter du mois de novembre 1999 est affecté selon les modalités suivantes après prélèvement prévu par l'article 49 de la loi de finances pour 1997 (n° 96-1181 du 30 décembre 1996) :
« - une fraction égale à 85,50 % est affectée au Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale créé par l'article 2 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 (n° du ) ;
« - une fraction égale à 7,58 % est affectée à la Caisse nationale d'assurance maladie ;
« - une fraction égale à 0,43 % est affectée au Fonds de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante, créé par l'article 41 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 (n° 98-1194 du 23 décembre 1998). »
Par amendement n° I-49, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer le deuxième alinéa de cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'ai rappelé il y a un instant que la majorité du Sénat était opposée au dispositif de financement des 35 heures. On ne sera donc pas surpris de cet amendement, qui vise à supprimer l'affectation d'une partie essentielle du produit du droit de consommation sur les tabacs manufacturés au fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale. Cela porte sur 39,5 milliards de francs.
Nous nous devons, en effet, d'être cohérents avec les positions que nous avons prises, notamment lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Nous estimons, par ailleurs, que les affectations proposées comportent des risques et que les droits de consommation sur les tabacs devraient être affectés à la lutte contre les excès du tabagisme,...
M. Jean Delaneau. Tout à fait !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... c'est-à-dire à l'assurance maladie, et pas aux 35 heures.
Le nouveau dispositif du Gouvernement consiste à financer sa réforme par des recettes de poche. Le dispositif global de financement des 35 heures est largement improvisé, très complexe, voire contradictoire. Nous savons que le bouclage n'est pas assuré et qu'il manquera environ 20 milliards de francs à partir de 2002.
Pour l'ensemble de ces raisons, et d'autres encore, que je ne rappelle pas ici, il convient de supprimer le deuxième alinéa de l'article 29.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. C'est le même problème que pour la TGAP, je n'y reviens donc pas. Je suis hostile à l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-49.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Cet amendement vise à supprimer l'affectation d'une part significative des recettes tirées des droits de consommation sur le tabac au financement de la réforme des cotisations sociales patronales.
Nous avons eu l'occasion, depuis le début du débat budgétaire, de souligner notre désaccord avec la démarche suivie par notre commission des finances, démarche dont cet amendement est en quelque sorte le prolongement naturel.
Il est donc tout aussi naturel que nous rejetions cet amendement, comme nous avons rejeté tous ceux qui, répondant aux mêmes attendus, ont été déjà défendus par M. le rapporteur général.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-49, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29, ainsi modifié.

(L'article 29 est adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix neuf heures trente-cinq, est reprise à vingt et une heures quarante-cinq, sous la présidence de M. Jean Faure.)

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale.

Mise au point au sujet d'un vote



M. Emmanuel Hamel.
Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Monsieur le président, je n'étais pas encore revenu de la cérémonie qui a eu lieu aux Invalides lorsque s'est déroulé, vers dix-huit heures, le scrutin public sur l'amendement n° I-158 tendant à instituer une taxe sur les mouvements de capitaux spéculatifs. Si j'avais été présent en séance, je n'aurais pas voté contre cet amendement.
M. le président. Acte vous est donné de cette mise au point, monsieur Hamel.
Monsieur le secrétaire d'Etat, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, j'ai cru comprendre que vous souhaitiez achever cette nuit l'examen des articles de la première partie du projet de loi de finances pour 2000.
J'attire votre attention sur le peu d'intérêt qu'il y a, pour le Sénat, à travailler après une heure du matin, tout dépassement de cet horaire entraînant un décalage d'autant de la séance du lendemain.
Je vous invite donc tous, mes chers collègues, dans l'exercice de votre droit de libre expression, à mettre du vôtre afin que nos travaux puissent se terminer à une heure raisonnable.
Dans la discussion des articles de la première partie du projet de loi de finances, nous en sommes parvenus à l'examen des amendements tendant à insérer des articles additionnels après l'article 29.

Articles additionnels après l'article 29



M. le président.
Par amendement n° I-264 rectifié bis , M. Lauret propose d'insérer, après l'article 29, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le deuxième alinéa du 1. de l'article 268 du code des douanes, les mots : "et à la Réunion" sont supprimés.
« II. - Le même alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Dans le département de la Réunion, le montant du droit de consommation doit être porté à un niveau tel que le prix de vente public soit égal à un pourcentage du prix de vente public pratiqué en France continentale. A compter du 1er janvier 2000, ce pourcentage est de 70 %. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° I-116 rectifié bis , M. Loridant propose d'insérer, après l'article 29, un article additionnel rédigé comme suit :
« I - Dans le deuxième alinéa de l'article 575 A du code général des impôts, les sommes « 515 F » et « 435 F » sont respectivement remplacées par les sommes « 530 F » et « 470 F ».
« II - Dans l'avant-dernier alinéa de l'article 575 A du code général des impôts, la somme « 240 F » est remplacée par la somme « 250 F ».
« III - Les dispositions du présent article s'appliquent à compter du 3 janvier 2000. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° I-297 rectifié, présenté par M. Charasse et tendant :
A. - Dans la première phrase du texte proposé par le 1° de l'amendement n° I-116 pour le deuxième alinéa de l'article 575 A du code général des impôts, à remplacer la somme : « 540 » par la somme « 530 ».
B. - Après les mots : « est fixé à », à rédiger comme suit la fin de la seconde phrase du même alinéa : « 470 francs à compter du 4 janvier 2000 ».
C. - A rédiger ainsi le 2° de l'amendement n° I-116 :
« 2° A l'avant dernier alinéa, la somme : "240" est remplacée par la somme : "250". »
La parole est à M. Loridant, pour défendre l'amendement n° I-116 rectifié bis .
M. Paul Loridant. Le rapport de notre collègue de l'Assemblée nationale M. Alfred Recours a mis en évidence la nécessité d'accentuer la lutte contre le tabagisme, en particulier chez les jeunes. Les conséquences de ce fléau ne sont plus à démontrer.
En outre, la charge financière que fait peser le tabagisme sur les comptes de la sécurité sociale, notamment pour le traitement des malades, implique que des mesures fortes soient prises pour lutter contre ce fléau.
Le présent amendement vise à rendre plus efficace la lutte contre le tabagisme en relevant le minimum de perception qui s'appliquent sur les cigarettes blondes et brunes. Le relèvement de 515 francs à 530 francs du minimum de perception pour les tabacs blonds et de 435 francs à 470 francs pur les tabacs bruns correspond à une augmentation d'environ 5 %.
Cet amendement aurait pour effet de contrecarrer la mise sur le marché de cigarettes à bas prix et de réduire le différentiel de prix entre les cigarettes les moins chères et les autres.
Ce relèvement d'environ 5 % serait conforme aux engagements pris par le Gouvernement lors de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il viendrait ainsi compléter et renforcer utilement le dispositif de lutte contre le tabagisme.
J'ajoute qu'il se situe dans un contexte européen d'harmonisation de la fiscalité dans ce domaine et qu'il a pour vertu d'apporter quelques recettes supplémentaires au budget de la nation.
M. le président. La parole est à M. Charasse, pour défendre le sous-amendement n° I-297 rectifié.
M. Michel Charasse. M. Loridant ayant rectifié son amendement dans le sens que je souhaitais, ce sous-amendement n'a plus d'objet, et je le retire donc, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° I-297 rectifié est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° I-116 rectifié bis ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Compte tenu des rectifications apportées par M. Loridant, la commission émet un avis favorable.
M. Emmanuel Hamel. Très bien ! Elle a raison !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je tiens à rendre hommage à la conscience tant de M. Loridant et du groupe communiste républicain et citoyen que de M. Charasse, qui connaît bien les problèmes de tabac. (Sourires.)
M. Gérard Braun. C'est vrai !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Cet amendement est conforme aux objectifs du Gouvernement en matière de santé publique, notamment pour la protection des jeunes, et j'émets donc un avis favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-116 rectifié bis , accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 29.

Article 30



M. le président.
« Art. 30. _ I. _ Les articles L. 314-1 à L. 314-14 et L. 531-2 du code forestier ainsi que l'article 1609 sexdecies du code général des impôts sont abrogés.
« II. _ Le quatrième alinéa de l'article 1609 undecies du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Le produit de ces deux redevances est affecté au Centre national du livre. »
« III. _ L'article L. 4414-7 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 2000, une fraction de la taxe annuelle sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et les locaux de stockage, régie par l'article 231 ter du code général des impôts, est affectée à la région d'Ile-de-France. Cette fraction est fixée à 50 % dans la limite de 720 000 000 F en 2000, 840 000 000 F en 2001, 960 000 000 F en 2002, 1 080 000 000 F en 2003 et 1 200 000 000 F en 2004 et les années suivantes. »
Par amendement n° I-50, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer le II de cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement de suppression vise à éviter une débudgétisation. Il s'agit du Centre national du livre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-50, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° I-51 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances.
L'amendement n° I-69 est déposé par MM. Badré, Hyest, Poirier et les membres du groupe de l'Union centriste.
Tous deux tendent à supprimer le III de l'article 30.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-51.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement relève du même esprit que le précédent. Il vise à rejeter un aménagement du dispositif de compensation de la dotation globale de fonctionnement de la région d'Ile-de-France, susceptible de réduire la portée du dispositif existant.
C'est un sujet assez technique sur lequel le Sénat a passé un certain temps lors de la discussion du projet de budget pour 1999. La suppression du fonds pour l'aménagement de la région d'Ile-de-France, le FARIF, ici proposée, semble présenter de nombreux risques, de l'avis de la commission des finances. Cette dernière, tout à fait défavorable à une telle disposition, propose donc de supprimer le III de l'article 30.
M. le président. La parole est à M. Hyest, pour présenter l'amendement n° I-69.
M. Jean-Jacques Hyest. Comme l'a indiqué M. le rapporteur général, cette disposition pose un problème de principe, en dehors des considérations locales.
Aux termes de la loi de finances de 1999, il a été procédé à un réaménagement de la taxation sur les locaux à usage de bureaux en Ile-de-France en l'étendant aux locaux commerciaux et aux locaux de stockage, ainsi qu'en augmentant ses tarifs. La justification avancée par le Gouvernement était alors la « préservation de la capacité d'intervention financière de l'Etat en Ile-de-France ». Je rappelle d'ailleurs que le conseil général d'Ile-de-France, dont la majorité relative est pourtant issue de la majorité plurielle, était défavorable à cette disposition.
Or l'article 30 du projet de loi de finances pour 2000 vise à présent à clore le compte d'affectation spéciale FARIF et à en reverser le montant au budget général de l'Etat, qui lui-même ne reversera que 50 % des sommes au maximum à la région d'Ile-de-France. C'est une bonne aubaine pour l'Etat, mais la région d'Ile-de-France ne bénéficiera plus des sommes, pourtant prélevées en Ile-de-France et qui devaient servir à financer des équipements structurants. Je trouve que c'est une manière tout à fait spéciale d'envisager la transparence.
Il paraît anormal que la région d'Ile-de-France vienne ainsi alimenter le budget de l'Etat pour n'en tirer aucun bénéfice supplémentaire, d'autant que l'élargissement en 1999 de l'assiette de la taxe sur les bureaux, à laquelle le groupe de l'Union centriste s'est opposé l'année dernière, a eu pour conséquence immédiate un ralentissement de l'activité dans un certain nombre de communes de la région, ce qui n'est certainement pas souhaitable.
C'est pourquoi nous proposons, à l'instar de la commission des finances, de supprimer le III de l'article 30.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-51 et I-69 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est défavorable à ces amendements dont l'adoption priverait la région d'une ressource importante, par l'affectation en totalité de la taxe sur les bureaux à l'Etat, en contradiction avec les engagements pris par l'Etat lors du vote de la loi d'orientation sur l'aménagement et le développement du territoire, en 1995, dite « loi Pasqua ».
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s I-51 et I-69, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 30, modifié.

(L'article 30 est adopté.)

Article 31



M. le président.
« Art. 31. _ I. _ L'intitulé du compte d'affectation spéciale n° 902-00 "Fonds national de développement des adductions d'eau", créé par le décret n° 54-982 du 1er octobre 1954, devient " Fonds national de l'eau. »
« Ce compte comporte deux sections :
« La première section, dénommée "Fonds national de développement des adductions d'eau", retrace les opérations relatives au financement des adductions d'eau conformément aux dispositions des articles L. 2335-9 et suivants du code général des collectivités territoriales. Le ministre chargé de l'agriculture est l'ordonnateur principal de cette section.
« La deuxième section, dénommée "Fonds national de solidarité pour l'eau", concerne les opérations relatives aux actions de solidarité pour l'eau. Le ministre chargé de l'environnement est l'ordonnateur principal de cette section. Il est assisté par un comité consultatif dont la composition est fixée par décret.
« La deuxième section retrace :
« En recettes :
« _ le produit du prélèvement de solidarité pour l'eau versé à l'Etat par les agences de l'eau dont le montant est déterminé chaque année en loi de finances ;
« _ les recettes diverses ou accidentelles.
« En dépenses :
« _ les investissements relatifs à la restauration des rivières et des zones d'expansion des crues, à la réduction des pollutions diffuses, à l'assainissement outre-mer, à l'équipement pour l'acquisition de données ;
« _ les subventions d'investissement relatives à la restauration des rivières et des zones d'expansion des crues, à la réduction des pollutions diffuses, à l'assainissement outre-mer, à la restauration de milieux dégradés, aux économies d'eau dans l'habitat collectif social, à la protection et à la restauration des zones humides ;
« _ les dépenses d'études relatives aux données sur l'eau, les frais de fonctionnement des instances de concertation relatives à la politique de l'eau, les actions de coopération internationale ;
« _ les subventions de fonctionnement au Conseil supérieur de la pêche ainsi qu'aux établissements publics, associations et organismes techniques compétents pour leurs interventions au titre de la politique de l'eau ;
« _ les interventions relatives aux actions d'intérêt commun aux bassins et aux données sur l'eau ;
« _ les restitutions de sommes indûment perçues ;
« _ les dépenses diverses ou accidentelles.
« II. _ Il est institué à partir du 1er janvier 2000 un prélèvement de solidarité pour l'eau versé à l'Etat par les agences de l'eau, dont le montant est déterminé chaque année en loi de finances.
« Le prélèvement est versé au comptable du Trésor du lieu du siège de chaque agence de l'eau, sous la forme d'un versement unique intervenant avant le 15 février de chaque année.
« Ce prélèvement est recouvré selon les modalités s'appliquant aux créances de l'Etat étrangères à l'impôt, au domaine, aux amendes et autres condamnations pécuniaires.
« Le montant du prélèvement de solidarité pour l'eau est inscrit comme dépense obligatoire dans le budget primitif des agences de l'eau.
« Pour 2000, le montant de ce prélèvement est fixé comme suit :





Agence de l'eau Adour - Garonne 46,0 millions de francs
Agence de l'eau Artois - Picardie 38,3 millions de francs
Agence de l'eau Loire - Bretagne 79,7 millions de francs
Agence de l'eau Rhin - Meuse 42,3 millions de francs
Agence de l'eau Rhône - Méditerranée - Corse 115,2 millions de francs
Agence de l'eau Seine - Normandie 178,5 millions de francs


« III. _ A l'article L. 2335-9 du code général des collectivités territoriales, les mots : "compte d'affectation spéciale ouvert dans les écritures du Trésor sous le titre de" sont supprimés. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. L'article 31 institue un prélèvement de solidarité pour l'eau. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler l'origine et les modalités d'évolution de la politique française de l'eau.
En 1964 et en 1972, le Parlement a voté à la quasi-unanimité de ses membres deux projets de loi qui ont créé notre système français de l'eau. C'est un système qui a fait école, puisque la directive cadre de l'Union européenne sur les problèmes de l'eau se réfère à notre dispositif, lequel a d'ailleurs été cité en exemple sur le plan mondial lors de la conférence mondiale de l'eau qui s'est tenue à l'UNESCO en mars 1998.
Il s'agit d'une gestion qui repose sur trois principes.
Le premier est la gestion par bassin. Six agences de l'eau, aidées de comités de bassins, gèrent ce dispositif.
Le deuxième principe est la démocratie locale : chaque agence est gérée par un comité de bassin regroupant tous les usagers.
Le troisième principe est la mutualisation : des taxes sont perçues sur les consommateurs d'eau, et le produit est redistribué à ceux qui doivent investir en ce domaine.
Tels sont les trois grands principes.
L'article 31 est l'avatar de la tentative du Gouvernement de supprimer certains des principes que le Parlement avait votés par le biais de la création de la fameuse TGAP, la taxe générale sur les activités polluantes, dont le budget n'a plus à connaître puisqu'elle est désormais instituée par la loi de financement de la sécurité sociale.
La première TGAP que nous avons votée, par l'article 30 du projet de loi de finances pour 1999, prévoyait un premier prélèvement sur les matières premières affectée à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, l'ADEME. Ensuite, en 2000, la TGAP devait être étendue au domaine de l'eau.
Le Sénat, puis tous les acteurs de l'eau, ont émis une vigoureuse protestation qui a abouti à une manifestation dans cette maison en octobre 1998. Celle-ci a permis au Gouvernement de comprendre l'erreur qu'il était en train de commettre. La TGAP n'a donc pas été étendue au domaine de l'eau et elle porte actuellement sur les produits polluants.
Partant de là, le Gouvernement n'a pas renoncé à recentraliser une partie des crédits décentralisés des redevances des agences. Les redevances ont augmenté dans un certain contexte, puisque le cinquième programme des agences s'élevait à 40 milliards de francs d'investissements sur cinq ans, le sixième programme à 90 milliards de francs et le septième programme, que nous finissons de réaliser actuellement, à 105 milliards de francs d'investissements dans l'eau, soit 21 milliards de francs par an. Bien entendu, quand les redevances représentent 11 milliards de francs de recettes tous les ans, le budget, dont chacun connaît le déficit, est gourmand ou envieux à l'égard de cette recette. La TGAP avait d'ailleurs en partie pour objet de recapter dans le budget des recettes que le Parlement avait voulu décentraliser.
Avec cet article 31, le Gouvernement réussit à ponctionner sur l'ensemble du budget des agences 500 millions de francs. Ce n'est pas grand-chose, me direz-vous. Une première ponction de 150 millions de francs a été opérée voilà deux ans, une autre de 250 millions de francs a eu lieu cette année ; la nouvelle ponction, l'année prochaine, s'élèvera à 500 millions de francs.
Où va-t-on s'arrêter, me direz-vous ? L'objectif des ministères de l'environnement et du budget c'est d'atteindre les 2 milliards de francs. Telle a été la demande formulée par Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
L'article 31 prévoit la création d'un compte d'affectation spéciale intitulé fonds national de l'eau, composé de deux sous-sections. L'une, le FNDAE, le fonds national pour le développement des adductions d'eau, fait suite à un organisme créé en 1954 et l'autre, le fonds national de solidarité pour l'eau, est nouvelle. Tout cela me paraît parfaitement illogique, manque de cohérence et, de surcroît, viole directement les principes que le Parlement avait voté à l'unanimité au moment de l'examen des lois relatives à l'eau.
Nous amorçons ainsi une nouvelle orientation, que Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a annoncée le 27 octobre...
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.
M. Jacques Oudin. ... avec la discussion d'une nouvelle loi.
Je regrette que les principes de décentralisation et de concertation soient désormais grignotés par cet article 31, contre lequel je m'élève.
M. le président. Sur cet article, je suis saisi de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° I-52 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances.
L'amendement n° I-104 rectifié est déposé par MM. Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Delong, Joyandet, Ostermann, Trégouët et Doublet.
Tous deux tendent à supprimer l'article 31.
Par amendement n° I-161, MM. Joly et Bimbenet proposent de rédiger ainsi l'article 31.
« Il est créé un compte d'affectation spéciale intitulé le fonds national de solidarité pour l'eau.
« Il est géré par le ministre chargé de l'environnement, assisté par un comité consultatif dont la composition sera fixée par décret. Ce fonds permettra de gérer les opérations relatives aux actions de solidarité de l'eau.
« Ce fonds a pour missison parallèlement de couvrir le risque de développement lié à la valorisation agricole des boues.
« L'Etat garantit au nom du risque social les propriétaires, exploitants ou toute autre victime contre les conséquences dommageables imprévisibles liées à la valorisation pédologique agricole et forestière des boues de stations d'épuration intégrées ou non à des composts issus des déchets ménagers.
« Cette garantie s'applique aux faits en liaison avec l'activité des services publics communaux ou intercommunaux gérés en régie ou délégués, lorsque par le jeu d'une déchéance, la responsabilité de la collectivité locale ou de son délégataire ne peut plus être recherchée. »
Par amendement n° I-265, MM. Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Delong, Joyandet, Ostermann, Trégouët proposent :
A. - De compléter in fine le I de l'article 31 par un alinéa ainsi rédigé :
« - les dépenses engagées au titre de la garantie par l'Etat des conséquences dommageables imprévisibles liées à la valorisation pédologique agricole et forestière des boues de stations d'épuration intégrées ou non à des composts issus des déchets ménagers. Les conditions d'engagement de cette garantie sont déterminées par décret ».
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, de compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'accroissement des dépenses inscrites au fonds national de solidarité pour l'eau est compensée par la majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° I-156, MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, de Rocca Serra, Torre, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent de compléter l'article 31 par trois paragraphes ainsi rédigés :
« ... L'Etat garantit au nom du risque social les propriétaires, exploitants ou toute autre victime contre les conséquences dommageables imprévisibles liées à la valorisation pédologique agricole et forestiers des boues de stations d'épuration intégrées ou non à des composts issus des déchets ménagers.
« Cette garantie s'applique aux faits en liaison avec l'activité des services publics communaux ou intercommunaux gérés en régie ou délégués, lorque par le jeu d'une déchéance, la responsabilité de la collecte locale ou de son délégataire ne peut plus être recherchée.
« Les sommes nécessaires sont prélevées sur le fonds national de solidarité pour l'eau, sous-section du fonds national de l'eau. »
Par amendement n° I-285, MM. Souplet, Arnaud, Branger, Dulait, Bécot, Huchon, Deneux et Fréville proposent :
I. - De compléter in fine l'article 31 par un paragraphe ainsi rédigé :
« - L'Etat garantit au nom du risque social les propriétaires, exploitants ou toute autre victime contre les conséquences dommageables imprévisibles liées à la valorisation pédologique agricole et forestière des boues de stations d'épuration intégrées ou non à des composts issus des déchets ménagers.
« Cette garantie s'applique aux faits en liaison avec l'activité des services publics communaux ou intercommunaux gérés en régie ou délégués, lorsque par le jeu d'une déchéance la responsabilité de la collectivité locale ou de son délégataire ne peut plus être recherchée.
« Les sommes nécessaires sont prélevées sur le fonds national de solidarité eau, sous-section du fonds de solidarité eau. »
II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, de compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la garantie du risque social contre les conséquences dommageables imprévisibles liées à la valorisation pédologique agricole et forestière des boues de stations d'épuration est compensée par la majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-52.
M. Philippe Marini, rapporteur général. M. Jacques Oudin a présenté, fort bien et très opportunément, les motifs des amendements de suppression.
Pour la commission des finances, il n'est pas souhaitable de créer un compte d'affectation spéciale regroupant deux sections aux objectifs, aux modalités d'intervention et aux ministres de rattachement diffférents.
Par ailleurs, des dépenses du fonds national de solidarité pour l'eau relèvent des missions régaliennes de l'Etat pour autant que nous comprenions ce que l'on veut faire de ce fonds. Sans doute aurait-il mieux valu les intégrer tout simplement au budget de l'environnement.
Il y avait donc deux solutions claires entre lesquelles le Gouvernement aurait pu choisir : soit la budgétisation intégrale, soit un compte d'affectation spéciale autonome pour le fonds national de solidarité pour l'eau. Le Gouvernement n'a pas choisi et il nous propose une troisième solution, qui est bâtarde et qui n'est pas opportune.
Nous proposons donc de supprimer l'article 31 pour mettre le Gouvernement devant ses responsabilités dans le contexte qui a été évoqué par M. Oudin. Le Gouvernement doit aller plus loin et proposer un dispositif cohérent et acceptable. Le dispositif figurant dans le projet de loi ne répondant à aucun de ces deux qualificatifs, il faut l'annuler.
M. le président. La parole est à M. Oudin, pour présenter l'amendement n° I-104 rectifié.
M. Jacques Oudin. Monsieur le président, je retire cet amendement et je me rallie à l'amendement n° I-52 de la commission des finances.
M. le président. L'amendement n° I-104 rectifié est retiré.
La parole est à M. Joly, pour défendre l'amendement n° I-161.
M. Bernard Joly. Auparavant, il y avait le FNDAE. Le Gouvernement propose de le modifier pour faire un compte d'affectation spéciale composé de deux sections dont l'une est la réplique de l'ancien fonds et l'autre, le fonds national de solidarité pour l'eau. La commission est opposée à cette modification car elle considère que, au pire, il faut budgéter deux comptes d'affectation spéciale. Elle propose donc de supprimer l'article 31.
Pour ma part, je propose un compte d'affectation spéciale supplémentaire, le fonds national de solidarité pour l'eau, et ce pour deux raisons. La première, c'est que ce fonds prend en charge les conséquences dommageables sur le long terme de l'épandage des boues. La seconde, c'est que je réponds ainsi à une demande de l'Association des maires de France.
M. le président. La parole est à M. Oudin, pour défendre l'amendement n° I-265.
M. Jacques Oudin. Cet amendement se situe dans la même ligne que celui que vient de défendre M. Joly.
La nouvelle réglementation relative à l'épandage agricole des boues de stations d'épuration n'a pas permis de lever tous les obstacles à la pérennisation de cette filière, qui s'inscrit pourtant clairement dans une perspective de développement durable.
Il convient donc, d'une part, d'assurer une indemnistion rapide pour les dommages ordinaires, d'autre part, de garantir le risque environnemental à long terme, au-delà du jeu normal de la responsabilité civile de la collectivité locale.
Le jeu des assurances commerciales classiques couvre parfaitement, dans un délai de dix ans à partir de l'épandage, les dommages ordinaires imputables à une qualité des boues qui se révélerait défectueuse.
En revanche, le risque imprévisible majeur à long terme, c'est-à-dire le risque de développement, n'est pas ouvert.
Les sommes affectées au Fonds national de solidarité pour l'eau, sous-section du Fonds national pour l'eau, permettent, sans constituer de réserves, donc sans augmenter le prix de l'eau, de couvrir le risque de développement lié à la valorisation agricole des boues.
Cela étant, monsieur le président, comme j'ai retiré mon amendement de suppression, je retire également celui-ci.
M. le président. L'amendement n° I-265 est retiré.
La parole est à M. Bourdin, pour présenter l'amendement n° I-156.
M. Joël Bourdin. Cet amendement a le même objet que celui que vient de défendre excellemment M. Oudin.
M. le président. La parole est à M. Arnaud, pour défendre l'amendement n° I-285.
M. Philippe Arnaud. Cet amendement va exactement dans le même sens que les précédents.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-161, I-156 et I-285.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le président, tous ces amendements reflètent exactement les mêmes préoccupations bien qu'ils ne les expriment pas, techniquement, d'une manière totalement identique.
Par exemple, M. Joly, dans l'amendement n° I-161, préconise l'une des solutions concevables, à laquelle j'ai fait allusion tout à l'heure, c'est-à-dire créer un nouveau compte d'affectation spéciale clairement dédié aux actions que le Gouvernement souhaite financer grâce au fonds national de solidarité pour l'eau. C'était l'un des choix possibles.
S'agissant des autres amendements, ils mettent l'accent sur un point important : la prise en charge du risque à long terme des boues des stations d'épuration. Et, sur cet aspect, il serait bon que M. le secrétaire d'Etat puisse nous dire quelles sont les intentions du Gouvernement.
Sous le bénéfice de ces observations et des explications que M. le secrétaire d'Etat donnera, je demande aux auteurs des différents amendements de bien vouloir se rallier à l'amendement n° I-52 de la commission.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-52, I-161, I-156 et I-285 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Ce qui est proposé à travers l'article 31 par le Gouvernement est bien le renforcement des dispositifs de solidarité nationale dans le domaine de l'eau, d'où notre proposition de transformer le compte spécial du Trésor FNDAE en un nouveau compte spécial composé de deux sections.
La première section reprendra l'intitulé du fonds national de développement des adductions d'eau ainsi que ses caractéristiques sans remettre en cause les financements attribués dans ce cadre, la gestion de cette section continuant d'être assurée par le ministre de l'agriculture et de la pêche.
La seconde section, intitulée fonds national de solidarité pour l'eau, sera rattachée au ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, et ses recettes seront alimentées par un prélèvement annuel sur les agences financières de bassin, à hauteur de 500 millions de francs en l'an 2000. Ce montant a été arrêté en concertation avec les différentes agences de bassin. Celles-ci ont d'ailleurs adopté leur budget sans aucune difficulté en intégrant le prélèvement. Tout a été fait en concertation et en accord avec elles.
M. Philippe Marini rapporteur général. Ce sera combien l'année prochaine ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Cette section aura pour vocation de financer des actions d'intérêt commun aux bassins ainsi que des actions d'intérêt général ou de connaissance dans le domaine de l'eau, réseaux de mesure, restauration de rivières, actions d'assainissement, toutes questions qui ont été cruellement et tragiquement à l'ordre du jour de ces dernières semaines dans le sud de la France.
Les agences de l'eau contribuent par ailleurs à un certain nombre d'actions au nom de la solidarité nationale. Ces actions et d'autres besoins, lorsqu'ils ne sont pas satisfaits, notamment en matière d'assainissement dans les départements et territoires d'outre-mer, de gestion de la ressource, d'amélioration de la qualité, de restauration des zones humides, requièrent de notre part une véritable mobilisation.
Ce sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement propose au Parlement cette modification dont je rappelle, en résumant notre objectif, qu'elle constitue un élan nouveau, élan exécuté dans la transparence et la clarté. C'est pourquoi je propose au Sénat de rejeter l'ensemble des amendements qui viennent d'être excellemment présentés.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-52.
M. Paul Loridant. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Monsieur le secrétaire d'Etat, ès qualités de rapporteur des comptes spéciaux du Trésor et donc du compte spécial qu'est le fonds national pour le développement des adductions d'eau, lequel est transformé en Fonds national de l'eau, j'exprime non pas un doute, mais un demi-doute sur les propos que vous avez tenus.
Tout d'abord, je vous signale, monsieur le secrétaire d'Etat, que, dans la rédaction du texte issu des travaux de l'Assemblée nationale, le lien unissant le FNDAE au code des collectivités territoriales est coupé. Or il me semble important de souligner que, quoi qu'il advienne dans la politique du Gouvernement, le Sénat ne peut admettre que le FNDAE n'ait plus de lien avec les collectivités territoriales. Dans ce cas, en effet, on en arriverait à terme, peut-être pas aujourd'hui mais demain ou après-demain, à ce qu'il n'y ait plus étanchétité entre le FNDAE ancien modèle et le FNE nouveau modèle.
Par ailleurs, je crains, monsieur le secrétaire d'Etat, et je le dis en conscience, que la dualité de tutelle, au sein de ce fonds nouveau, entre le ministère de l'agricuture et celui de l'environnement, ne soit à terme une source de conflits graves qui viennent perturber la gestion.
Dans ces conditions, ès qualités de rapporteur et non pas en tant que membre du groupe communiste républicain et citoyen, j'approuve la position de la commission.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Notre ami M. Paul Loridant a exprimé un demi-doute. Vous me permettrez, mes chers collègues, d'exprimer le demi-doute complémentaire, ce qui fera un doute complet ! (Sourires)
M. Roland du Luart. Auquel je m'associe !
M. Jacques Oudin. M. le secrétaire d'Etat a cité deux arguments. Selon le premier, il s'agit d'un nouvel élan. Or, où est le nouvel élan ? Aucune ressource supplémentaire n'est prévue pour le FNDAE, et je vais d'ailleurs déposer un amendement à ce sujet.
Et en ce qui concerne la deuxième section, vous ponctionnez les agences au mépris des principes, que je rappelais tout à l'heure, de décentralisation, de concertation et de mutualisation.
Notre deuxième argument concerne les événements malheureux et dramatiques du sud de la France. Monsieur le secrétaire d'Etat, il ne faut jamais avoir la mémoire courte.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je viens d'en parler.
M. Jacques Oudin. Nous avons connu Vaison-la-Romaine, les digues de Camargue, l'inondation de Nîmes et celle du sud de la France ! Pour quelles raisons ? Nous n'avons pas suffisamment de moyens pour avoir une politique cohérente en matière d'eau superficielle, de rivière et d'eau pluviale. Disons les choses clairement !
Alors vous avez créé la TGAP, d'un montant de 3,5 milliards de francs. On aurait pu penser qu'une partie des recettes de cette taxe serait consacrée à l'environnement. Non ! Pas un centime ne sera destiné à l'environnement ! Tout sera affecté aux 35 heures ! Dès lors, monsieur le secrétaire d'Etat, ne mettez pas en avant les inondations de l'Aude et leurs victimes. Vous n'avez rien fait pour prévenir ces inondations, et ce n'est pas avec cette politique que vous remédierez à cette lacune dans l'avenir !
M. Michel Charasse. Le Gouvernement est responsable du mauvais temps, qu'on se le dise !
M. Jacques Oudin. De son incompétence !
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le président, selon vos souhaits, mon intervention sera brève sur les amendements déposés à cet article.
M. le président. Je vous en remercie !
M. Jean-Marc Pastor. Je dois l'avouer, un certain nombre d'interrogations sont légitimes. Je fais allusion notamment à l'épandage des boues et aux garanties des collectivités au-delà de dix ans. C'est effectivement sur le long terme que se posent un certain nombre de questions.
Comment le Gouvernement compte-t-il répondre à cette interrogation forte des collectivités sur cette question de garanties ? Un certain nombre d'amendements visent à créer un fonds spécial. Je ne sais pas, honnêtement, si c'est la réponse qu'il convient d'apporter à cette question de fond, qui mérite, me semble-t-il, un travail plus approfondi.
Je retiens sur ce point les propos de M. Oudin. Pour préserver la transparence du budget de la nation, il ne faut pas créer, comme il est proposé dans certains amendements, une section de plus au Fonds national de l'eau pour servir de fonds de garantie spécifique. Je ne suis personnellement pas favorable, pas plus que mon groupe, à ces « sous-comptes » multiples pour tenter de résoudre cette question.
M. Philippe Marini, rapporteur. Très bien !
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le secrétaire d'Etat, à défaut d'une réponse immédiate de votre part, cette question mérite d'être intégrée dans vos réflexions.
En revanche, monsieur Oudin, je ne peux pas accepter les propos que vous venez de tenir. Comme d'autres collègues dans cet hémicycle, je suis élu d'un département du Sud qui a subi, voilà quinze jours, la catastrophe que vous connaissez.
M. Michel Charasse. Pauvre Tarn !
M. Jean-Marc Pastor. Quand il tombe cinquante centimètres d'eau par mètre carré en sept heures, face à une telle catastrophe, même tous les moyens possibles et imaginables que la République pourrait mettre en oeuvre ne suffiraient pas. Rien n'arrête la force de l'eau !
M. Roland du Luart. C'est vrai !
M. Jean-Marc Pastor. Sachez que même des ponts romains qui avaient résisté jusqu'à maintenant aux nombreuses inondations ont été emportés voilà quinze jours !
Alors ne comparons pas des choses qui ne peuvent pas, qui ne méritent pas d'être comparées. Il est des situations naturelles exceptionnelles qu'aucun fonds de garantie ne pourrait prévenir.
Nous pouvons tenter d'apporter des garanties à des situations « normales », qui font partie de la vie de tous les jours, mais face à des situations naturelles exceptionnelles, nous ne pourrons jamais rien. Aucune des assurances que nous pourrions mettre en place ne permettrait d'assurer à 100 % face à de telles situations !
Aujourd'hui, nous avons une réflexion de sagesse et nous essayons de voir comment nous pourrions apporter un minimum de garanties pour des dégâts causés, entre autres, par les boues, qui font partie du quotidien et qui engagent la responsabilité des collectivités. Mais cette question mérite incontestablement une réflexion de fond, car il est impossible de la résoudre par un simple débat au sein de cet hémicycle.
Nous nous prononçons donc contre l'ensemble des amendements tendant à instituer un tel fonds, car nous ne voulons pas faire de l'improvisation dans ce domaine-là !
M. Emmanuel Hamel. Une grande voix du Tarn !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-52, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 31 est supprimé et les amendements n°s I-161, I-156 et I-285 n'ont plus d'objet.

Article additionnel après l'article 31



M. le président.
Par amendement n° 1-105 rectifié, MM. Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Delong, Doublet, Hérisson, Joyandet, du Luart, Ostermann, Trégouët et Vasselle proposent d'insérer, après l'article 31, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le tarif de la redevance du compte d'affectation spéciale n° 902-00 "Fonds national de développement des adductions d'eau", institué par l'article 2 du décret n° 54-982 du 1er octobre 1954 et modifié par l'article 46 de la loi n° 93-1352 du 30 décembre 1993 de finances pour 1994, est porté pour l'eau tarifée au mètre cube utilisé pour les besoins domestiques, de 14 centimes par mètre cube à 16 centimes par mètre cube au 1er janvier 2000.
« II. - Les tarifs de la redevance par tranche de consommation pour l'eau tarifée au mètre cube utilisé pour les besoins industriels ou agricoles sont uniformément relevés dans les mêmes proportions de 2 centimes par mètre cube au cours de la prochaine année.
« III. - Les tarifs de la redevance selon les diamètres de branchement pour l'eau tarifée suivant d'autres systèmes ou ne faisant l'objet d'aucune tarification, quel qu'en soit l'usage, sont relevés dans les mêmes proportions que le tarif au mètre cube de la redevance pour les besoins domestiques.
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Je voudrais préalablement dire à notre collègue Pastor que je fais amende honorable. Les événements exceptionnels ne sont effectivement pas maîtrisables. Je suis l'élu d'un canton dont les deux tiers de la surface sont situés au-dessous du niveau des hautes eaux de la mer. Je sais par conséquent ce qu'est une catastrophe naturelle.
Je dis simplement qu'il nous faudrait une politique plus cohérente et plus large en matière d'eaux fluviales et de gestion des rivières, avec l'établissement de barrages notamment. Paris n'a plus connu de crue après celle de 1910, précisément grâce aux barrages qui ont été réalisés en amont de la Seine et aux immenses réservoirs qui amortissent les conséquences des crues. Il est vrai que la construction de tels barrages coûte des centaines de millions de francs !
Par conséquent, s'il est exact qu'on ne peut pas tout prévoir, on peut néanmoins, grâce à une politique cohérente et développée, atténuer les conséquences des catastrophes. Pour le reste, si mes propos ont dépassé ma pensée, je vous prie d'accepter mes excuses.
J'en viens à l'amendement n° I-105 rectifié, relatif au Fonds national pour le développement des adductions d'eau.
Le Sénat est, je crois, la seule assemblée qui accepte, depuis longtemps, de défendre les ressources de ce fonds, créé en 1954. Il deviendrait désormais une section du Fonds national de l'eau, section dont l'ordonnateur principal serait le ministre de l'agriculture. Comme l'ont dit un certain nombre de collègues, il y aurait dorénavant deux cagnottes, l'une pour l'environnement, l'autre pour l'agriculture.
Comment les choses vont se passer, nous ne le savons toujours pas.
Quoi qu'il en soit, le FNDAE est le partenaire privilégié des collectivités locales. Il a passé des contrats et apporte une aide importante aux collectivités rurales. De plus, il assure, c'est vrai, une péréquation entre le milieu urbain et le milieu rural, ce qui n'est pas une mauvaise chose.
Nous avons été nombreux sur ces travées, qu'elles que soient d'ailleurs nos opinions, à défendre la réactualisation des ressources du FNDAE. Actuellement, le tarif de la redevance s'élève à 14 centimes le mètre cube. S'il avait suivi l'inflation, il s'établirait aujourd'hui à 25 centimes par mètre cube, soit quasiment le double. Avec notre amendement, nous proposons une hausse de 2 centimes par mètre cube, sachant que 1 centime représente 45 millions de francs de ressources qui ne seront perçues que deux ans plus tard, car il faut d'abord percevoir la recette sur les consommations d'eau.
Cette réactualisation des ressources du FNDAE est d'autant plus nécessaire pour assurer le financement des nombreux investissements des collectivités locales que l'Etat a opéré sur le FNDAE une ponction de 150 millions de francs, destinés au financement du programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole, le PMPOA. Voilà pourquoi nous proposons, certains collègues et moi-même, cette actualisation.
Les services du ministère de finances nous rétorqueront que cela va entraîner une inflation. Je voudrais les rassurer sur ce point. Si inflation il y a, non seulement elle sera de la moitié de ce qu'elle aurait dû être, mais j'ajouterai qu'une augmentation de un centime de la redevance pour les usagers qui ont l'assainissement et qui acquittent un prix moyen de 17 francs par mètre cube d'eau en France correspondrait à une augmentation de 0,059 %.
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est beaucoup !
M. Jacques Oudin. Pour les abonnés qui n'ont pas l'assainissement, l'augmentation serait de 0,125 %. Voilà pourquoi nous plaidons en faveur d'une augmentation de 2 centimes du tarif de la redevance pour accroître les ressources du FNDAE, soit 90 millions de francs supplémentaires dans deux ans sur 900 millions de francs, alors que nous avons perdu, nous, collectivités rurales, 150 millions de francs. Ce serait, je crois, une modeste et une juste compensation ! (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendant, et de l'Union centriste.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ? M. Philippe Marini, rapporteur général. Une fois n'étant pas coutume, je crains d'évoquer des arguments que notre collègue Jacques Oudin va peut-être estimer un peu trop proches de ceux qu'il entend à Bercy !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Excellente référence !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je ne sais pas, mais je me dois de rappeler l'analyse qui a été faite en commission.
Le FNDAE fait l'objet, d'année en année, d'importants reports de crédits en autorisations de programme comme en crédits de paiement. Le prix de l'eau ne cesse d'augmenter. Donner un signal supplémentaire d'augmentation, même pour deux centimes, peut paraître contestable.
Bien sûr, cela n'enlève rien à l'objectif visé d'un meilleur équipement des communes rurales. Mais je me dois de rappeler que la commission des finances a souhaité le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement donne un avis négatif sur l'amendement de M. Oudin.
En effet, doté de 938 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 2000, le FNDAE ne connaît pas de difficultés de financement et il répond correctement aux besoins des communes rurales, qui bénéficient par ailleurs d'autres systèmes généreux, quoique bien dimensionnés, issus de l'action des agences de l'eau.
Un éventuel relèvement des ressources du FNDAE par une augmentation des centimes additionnels contribuerait à une hausse des prélèvements obligatoires. Horresco referens !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Horresco !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il entraînerait également un renchérissement du prix de l'eau, prix auquel l'opinion publique se montre de plus en plus sensible compte tenu de l'augmentation constatée au début de la décennie. En effet, le prix moyen par mètre cube, qui était en 1990 de neuf francs, s'élève aujourd'hui à dix-sept francs.
Une nouvelle augmentation serait contraire au souci du Gouvernement, récemment réaffirmé et partagé par l'ensemble des acteurs de la gestion des bassins, de stabiliser le prix de l'eau. Ce souci s'est manifesté dans la définition du nouveau Fonds national de l'eau, notamment de la deuxième section, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, dont la création n'aura aucun effet sur le prix de l'eau.
Il serait d'ailleurs paradoxal d'augmenter ses tarifs pour accroître les ressources du FNDAE, qui constitue la première section du compte spécial du Trésor ; je m'en suis expliqué.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous n'avons point encore voté cette disposition !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Si elle ne figure plus dans le projet, le Gouvernement proposera de la rétablir au cours de la navette !
Je précise que les ressources disponibles du FNDAE, soit 938 millions de francs, donneront une certaine aisance grâce aux nouveaux moyens ouverts dans le projet de loi de finances pour 2000. Les missions assignées à ce fonds peuvent être parfaitement satisfaites, monsieur Oudin, sans une augmentation, laquelle aurait un effet néfaste sur les objectifs de la politique de l'eau, ce que nous ne souhaitons pas. C'est pourquoi je demande au Sénat de repousser l'amendement n° I-105 rectifié.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-105 rectifié.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Nous avons assisté à un débat étonnant. D'un côté, M. le secrétaire d'Etat fait mention d'un nouvel élan pour la politique de l'eau. Quelles sont les ressources supplémentaires pour cette politique ? Aucune !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Parce qu'il y a assez de ressources !
M. Jacques Oudin. Comment, monsieur le secrétaire d'Etat ? Tous les contrats entre le FNDAE et le département ont été réduits de 15 %. Le prix de l'eau, dites-vous a augmenté. Pourquoi est-il passé de 9 francs à 17 francs ?
Vous pourriez faire des comparaisons. Le prix du mètre cube d'eau en Allemagne, par exemple, est de 25 francs et aux Pays-Bas de 20 francs. Il faut savoir ce qui se passe ailleurs. Pourquoi a-t-on augmenté le prix de l'eau ? Parce qu'on a investi !
J'ai investi 200 millions de francs en quinze ans. Le prix du mètre cube d'eau dans mon département s'élève à 30 francs, je le reconnais. Personne n'en est mort. J'habite dans une contrée éloignée. Il faut amener l'eau de quatre-vingts kilomètres et l'épurer. Il y a des bassins ostréicoles le long des rivages et des plages. C'est vital.
A-t-on, oui ou non, une politique de l'eau ? Dans l'affirmative, avec quoi allez-vous la financer ? Vous disposez du FNDAE, qui est modeste et qui s'élève à 900 millions de francs. Notons 11 milliards de francs de redevance des agences. Quand on vous demande une actualisation, vous rétorquez que tout va bien. Ce n'est pas vrai ! Combien de collectivités rurales ne peuvent pas investir en raison d'un coût élevé ? Le premier investissement n'est pas rentable. En effet, lorsque vous faites une station d'épuration et que vous installez 300 mètres de tuyaux, vous n'avez aucune recette.
Il faut aider les collectivités locales. Votre refus est totalement en contradiction avec l'élan que vous avez souligné.
Quant à l'inflation, n'en parlons pas, j'ai cité les chiffres. Je regrette d'être en contradiction de pensée avec M. le rapporteur général...
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est rare !
M. Jacques Oudin. C'est la seule fois ! Mais sur ce point, mes convictions sont faites. Cela fait longtemps que je me bats pour l'eau, avec d'autres membres de cet hémicycle. Nous devons peut-être réformer le Fonds national pour le développement des adductions d'eau ou le Fonds national de l'eau. Mais alors que nous avons décidé de stabiliser les redevances qui n'ont pas augmenté depuis trois ans dans les comités de bassin, nous devons ajuster la redevance du FNDAE. C'est pourquoi, je voterai cet amendement.
M. Roland du Luart. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. du Luart.
M. Roland du Luart. Pendant plus de dix ans, j'ai été rapporteur du budget de l'agriculture et, à ce titre, j'ai siégé au sein du comité du Fonds national pour le développement des adductions d'eau. Je suis tout à fait solidaire avec le point de vue que vient de défendre mon collègue M. Oudin.
Le double mécanisme que l'on veut instituer contient en lui-même les germes de frictions entre les ministères de l'agriculture et de l'aménagement du territoire et de l'environnement chacun gérant un fonds différent et concurrentiel. Il ne peut y avoir que des blocages.
Je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a dit notre collègue Pastor tout à l'heure : personne ne peut prévoir les calamités naturelles telles celles qu'a malheureusement subies le sud de la France, mais ce qui est certain, c'est que les collectivités territoriales, les conseils généraux, doivent avoir les moyens d'exécuter dans des délais rapides les grands ouvrages qui sont indispensables pour pallier les effets de très grandes calamités.
Or, depuis plusieurs années, on réduit les dotations dont bénéficient les conseils généraux en provenance du FNDAE. Les programmations entre le ministère de l'agriculture et les collectivités territoriales permettaient de résoudre pragmatiquement les problèmes se posant sur le terrain en réalisant les ouvrages indispensables. C'est donc faire aujourd'hui aux collectivités une très mauvaise manière que de refuser de les doter des moyens dont elles ont besoin pour aller plus loin.
Pour ce qui est de l'inflation, permettez-moi de vous dire, monsieur le secrétaire d'Etat, que nous nous battons tous pour limiter les prélèvements obligatoires, mais que le Gouvernement s'en charge avec une louche assez grosse en matière de fiscalité directe ! Ce ne sont pas les 2 centimes de M. Oudin qui vont vraiment charger la barque des prélèvements obligatoires. Ou alors cela fera sourire beaucoup de gens dans cet hémicycle.
M. Alain Lambert président de la commission des finances. Ce n'est pas la goutte d'eau qui fera déborder le vase ! (Sourires.)
M. Roland du Luart. Par ailleurs, le FNDAE travaille bien mais les gouvernements successifs ont confisqué une partie de ses moyens au profit des programmes de maîtrise des pollutions d'origine agricole. Moi, je considère qu'il faut rétablir les moyens du fonds pour qu'il puisse fonctionner de la façon la plus efficace possible.
Voilà la raison pour laquelle je soutiens, avec la plus ferme détermination, l'amendement que j'ai cosigné avec mon collègue Jacques Oudin. C'est pour notre pays la seule façon de mettre en oeuvre, autour de l'eau, une véritable solidarité entre le milieu urbain et le milieu rural et, surtout, de réaliser des projets qui ne peuvent aboutir qu'avec ce concours spécifique.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-105 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 31.

Article 31 bis



M. le président.
« Art. 31 bis . _ I. _ Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 302 bis ZE ainsi rédigé :
« Art. 302 bis ZE . _ Il est institué une contribution sur la cession à un service de télévision des droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives.
« Cette contribution est due par toute personne mentionnée aux articles 7, 11, 16 ou 18 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, ainsi que par toute personne agissant directement ou indirectement pour son compte.
« La contribution est assise sur les sommes hors taxe sur la valeur ajoutée perçues au titre de la cession des droits de diffusion.
« Son exigibilité est constituée par l'encaissement de ces sommes.
« Le taux de la contribution est fixé à 5 % du montant des encaissements.
« La contribution est constatée, recouvrée et contrôlée selon les mêmes procédures et sous les mêmes sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée.
« Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les règles applicables à cette même taxe. »
« II. _ Le produit de cette contribution est affecté au compte d'affectation spéciale n° 902-17 " Fonds national pour le développement du sport".
« III. _ Les dispositions des I et II sont applicables à compter du 1er juillet 2000. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-53, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer cet article.
Par amendement n° I-101, MM. Sergent, Charasse, Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM. Demerliat, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit les trois premiers alinéas du texte présenté par le I de l'article 3 bis pour l'article 302 bis ZE du code général des impôts :
« Il est institué une contribution sur les droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives payés par un service de communication audiovisuelle.
« Cette contribution est due par tout organisateur d'une manifestation ou d'une compétition sportive retransmise par un service de communication audiovisuelle, ainsi que par toute personne agissant directement ou indirectement pour son compte.
« La contribution est précomptée par le service de communication audiovisuelle au moment où il verse les droits de diffusion. »
Par amendement n° I-60, M. Bordas, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, dans le deuxième alinéa du texte présenté par le I de l'article 31 bis pour l'article 302 bis ZE du code général des impôts, après la référence : « 16 » d'insérer la référence : « , 17 ».
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-53.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ce sujet est important car, pour le coup, il s'agit d'un nouveau prélèvement, et qui n'est pas de 2 centimes.
Je rappellerai d'abord que les rapporteurs spéciaux des crédits de la jeunesse et des sports et des comptes spéciaux du Trésor viennent de conduire, pour le compte de la commission de finances, une mission de contrôle du Fonds national du développement du sport, le FNDS. Les conclusions de cette mission ont permis de souligner la transparence insuffisante des mécanismes d'affection des ressources et une tendance fâcheuse à la confusion des missions du FNDS avec celles qui doivent être menées par le ministère de tutelle.
Sur le fond de l'article 31 bis , qui tend à instituer un prélèvement sur certaines catégories de ressources, la commission ne conteste pas, cela va de soi, la nécessité d'une augmentation des ressources des clubs amateurs, mais elle ne peut approuver les modalités choisies.
Le Gouvernement nous dit qu'une loi sur le sport devrait être présentée au Parlement au printemps prochain. Or il nous invite à prendre dès maintenant des dispositions très significatives sans que le débat puisse avoir lieu dans de bonnes conditions.
Il faut conduire une réflexion sur les missions du FNDS, et une modification de sa gestion constitue, en tout état de cause, un préalable indispensable à l'affection des sommes qu'il s'agit de prélever, selon la proposition faite ici par le Gouvernement, sur les droits de retransmission télévisée.
C'est pourquoi la commission propose la suppression de cet article.
Je voudrais, sur ce point, livrer quelques informations complémentaires.
La taxe qu'il est proposé d'instituer paraît critiquable au regard du principe constitutionnel d'égalité devant l'impôt.
On peut relever au moins une double discrimination. D'abord, entre les différents fournisseurs de services de télévision : pourquoi taxer les titulaires de droits d'exploitation d'une manifestation sportive et non les titulaires de droits sur d'autres spectacles qui ont également vocation à être cédés aux services de télévision ? Ensuite, entre les entreprises sportives et les autres : pourquoi le mouvement sportif serait-il assujetti à une taxe spéciale sur son chiffre d'affaires en plus des impôts et taxes normalement exigibles de toute entreprise ?
En réalité, l'idée de cette taxation a pour origine l'importance du contrat négocié par la ligue nationale de football avec Canal Plus et TPS au cours de l'été 1999. Mais, lorqu'un organisme économique obtient de l'un de ses clients un important contrat, va-t-on créer une taxe spécifique lui imposant de reverser 5 % à l'Etat ?
Nous nous interrogeons, en outre, sur la compatibilité avec la sixième directive de l'Union européenne du 19 mai 1977, car les Etats membres ne sont plus en droit d'imposer sur les livraisons de biens ou les prestations de services soumis à la TVA des impôts directs ou taxes ayant le caractère de taxe sur le chiffre d'affaires. Or le prélèvement envisagé a bien le caractère d'une taxe sur la partie du chiffre d'affaires des organismes sportifs professionnels en provenance des services de télévision.
Du point de vue de la constitutionnalité, nous tenons donc à faire toutes réserves sur la mesure proposée, laquelle nous paraît soulever par ailleurs des objections nombreuses et sérieuses.
Pour l'ensemble de ces raisons, la commission préconise la suppression de ce dispositif.
M. le président. La parole est à M. Sergent, pour défendre l'amendement n° I-101.
M. Michel Sergent. L'article 31 bis instaure une taxe de 5 % sur la vente des droits de retransmission des manifestations sportives, taxe destinée à mutualiser le financement des activités sportives locales et gérée par le FNDS.
La contribution est due par les groupements sportifs constitués sous forme d'association ou de société anonymes, les fédérations sportives ou toute personne physique ou morale de droit privé qui organise une manifestation sportive.
En effet, certains sports - qui pourrait le nier ? - drainent aujourd'hui des sommes colossales, notamment par l'inflation des droits de retransmission de manifestations sportives, alors que l'essentiel de la pratique sportive bénéficie de bien peu de moyens. Une légère redistribution apparaît donc comme une initiative très intéressante, et nous la soutenons.
Nous ne voterons donc évidemment pas l'amendement de suppression déposé pa la commission des finances. Je ne comprends d'ailleurs pas son argumentation : la commission reconnaît les besoins des clubs amateurs mais, à cette légère péréquation des ressources, elle préférerait une augmentation des dépenses de l'Etat, ce qui est, je crois, contraire à sa philosophie.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il faut procéder par redéploiement !
M. Michel Sergent. Si le principe de cet article est donc très bon, il demeure une interrogation.
Nous craignons que cette contribution ne concerne pas des sociétés étrangères détentrices des droits sur un événement français. Il y aurait alors une certaine pénalisation des sociétés françaises et un risque de délocalisation fictive.
C'est pourquoi nous proposons que la contribution soit due par tout organisateur d'une manifestation ou d'une compétition sportive retransmise par un service de communication audiovisuelle ainsi que par toute personne agissant directement ou indirectement pour son compte.
En outre, pour s'assurer que tous les organisateurs seront concernés, il convient que la contribution soit précomptée par le service de communication audiovisuelle au moment où sont versés les droits de diffusion.
M. le rapporteur général a fait un certain nombre de remarques sur le FNDS.
Monsieur le président, vous le savez mieux que quiconque, vous qui animez le groupe Sport du Sénat, notre Haute Assemblée a toujours tenu à faire en sorte que le FNDS soit correctement doté, pour le plus grand intérêt des clubs sportifs et de la grande masse des sportifs.
Aujourd'hui, les ressources du FNDS, qui viennent de la Française des jeux, sont menacées. En effet, en vertu d'une directive européenne, le monopole de la Française des jeux pourrait être remis en cause. Ainsi, demain, le FNDS, ne disposant plus des 1,05 milliard de francs de ressources que nous nous sommes toujours honorés de voter, sur toutes les travées de cette assemblée, pourrait se trouver en difficulté.
Dans ces conditions, ajouter cette manne - encore qu'il ne s'agisse que de 150 millions de francs en année pleine, soit fort peu par rapport aux colossaux droits de retransmission audiovisuelle -, ne pourrait, à mon sens, que conforter le FNDS.
M. le président. La parole est à M. Bordas, pour présenter l'amendement n° I-60. M. James Bordas, au nom de la commission des affaires culturelles. Je tiens tout d'abord à préciser que la commission des affaires culturelles s'associe entièrement aux remarques de M. le rapporteur général relative aux conditions dans lesquelles l'article 31 bis a été proposé et adopté à l'Assemblée nationale. On voit mal, en effet, ce qui justifiait le dépôt aussi tardif d'un amendement, qui semble par ailleurs un peu improvisé. Le Gouvernement ne pouvait ignorer que cette mesure, présentée et annoncée comme un élément important de la future loi sur le sport, devait nécessairement être insérée dans une loi de finances.
Si notre commission, plus indulgente que M. le rapporteur général, propose seulement une modification de cet article, c'est essentiellement pour deux raisons.
En premier lieu, nous n'avons pas voulu décevoir l'attente des petits clubs, dont les besoins et les préoccupations n'ont été pris en compte dans aucun des textes qui nous ont été présentés depuis deux ans, avant le projet de loi qui a enfin été déposé en septembre dernier.
En second lieu, nous avons souhaité attirer l'attention sur un défaut de rédaction de l'article 31 bis . En effet, le texte adopté par l'Assemblée nationale ne mentionne pas, parmi les débiteurs de la contribution prévue, les fédérations délégataires, qui sont pourtant les principales détentrices de droits de diffusion télévisée de manifestations sportives.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n° I-101 et I-60 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est défavorable à l'amendement n° I-101, qui est contraire à l'orientation que nous avons retenue.
Les propos de notre collègue James Bordas reflètent naturellement le souci de la commission des affaires culturelles, souci que nous partageons, de voir la pratique sportive encouragée, notamment dans les petits clubs et dans l'ensemble des clubs d'amateurs. Ceux-ci sont des éléments essentiels de la vie locale, et nous y tenons particulièrement les uns et les autres, notamment dans l'exercice de nos reponsabilités locales.
Cela dit, eu égard à la convergence d'analyse manifeste existant entre la commission des finances et la commission des affaires culturelles, peut-être notre collègue accepterait-il, en cet instant, de nous rejoindre, étant entendu que ce sujet devra être abordé au fond lors de l'examen du projet de loi sur le sport que l'on nous annonce. M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-53, I-101 et I-60 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je me dois d'abord de citer deux chiffres qui permettront à chacun d'avoir une vision plus objective de l'évolution des moyens consacrés à la jeunesse et aux sports dans notre pays. Les crédits alloués au budget de la jeunesse et des sports et au FNDS ont diminué de 1,5 % de 1993 à 1997 et augmenté de 9,7 % de 1997 à 2000. Il y a donc bien, à partir de 1997, une rupture favorable au développement du sport.
Quant à la taxe qu'il est proposé d'instituer, elle est bien une source de moyens supplémentaires dans la mesure où il est clair que son assiette connaît une véritable explosion puisqu'il s'agit des droits de retransmission télévisée.
S'agissant, plus précisément, de l'amendement n° I-53 de M. le rapporteur général, l'objectif du Gouvernement est de mieux répartir la ressource qui, en 2000, représentera environ 3,5 milliards de francs. A défaut d'une meilleure répartition, cette somme profiterait surtout à quelques sports, essentiellement le football, voire à quelques clubs, parce qu'ils sont plus exposés aux médias que les autres.
Nous voulons instaurer une plus grande solidarité entre les clubs et mieux répartir ce que plusieurs d'entre vous ont appelé la « manne » financière non seulement entre les différents sports, pour éviter des concentrations sur l'un ou l'autre de ces sports, mais aussi au sein d'une même fédération entre les grands clubs professionnels et les petites associations.
Pour organiser ce que l'on peut appeler une mutualisation horizontale et verticale, le Gouvernement propose de créer une contribution sur la cession des droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives et d'en affecter le produit au FNDS. Ce dispositif, qui comporte une mesure d'affectation de recettes à un compte d'affectation spéciale, pouvait être créé dans le cadre non pas d'une loi ordinaire mais d'une loi de finances.
Tel est l'objet de l'article 31 bis qui, je dois le dire, a été adopté à l'unanimité par l'Assemblée nationale. Fort de cette unanimité et du soutien à l'Assemblée nationale de ce qui est, à la Haute Assemblée, la majorité, je demande à M. Marini de bien vouloir retirer son amendement. A défaut, j'émettrai un avis défavorable.
En ce qui concerne l'amendement n° I-101, je relève que la proposition de M. Sergent ne permettrait plus de taxer les droits de diffusion versés par des services de télévision établis hors de France au titre de manifestations ou de compétitions sportives qui se déroulent sur le territoire. Elle rendrait les services de télévision, qui doivent d'ores et déjà acquitter trois taxes fiscales ou parafiscales, redevables d'une nouvelle taxe.
Cette mesure serait en contradiction avec la volonté du Gouvernement de rationaliser les prélèvements à la charge du secteur, comme je viens de l'indiquer. Aussi l'article 16 du présent projet de loi de finances supprime-t-il la taxe forfaitaire annuelle sur les services de communication audiovisuelle.
M. Sergent serait bien inspiré de mesurer avec moil'effort considérable qui est accompli en faveur du sport. Ainsi, après avoir donné le signal qu'il faut toujours aller plus loin dans cette direction, il pourrait retirer son amendement.
L'amendement n° I-60 défendu par M. Bordas prévoit d'instituer également comme redevables de la contribution les fédérations sportives délégataires visées à l'article 17 de la loi de 1984, c'est-à-dire les fédérations qui reçoivent délégation du ministre de la jeunesse et des sports pour organiser les compétitions sportives. Le texte actuel répond à ces préoccupations, dès lors que l'article 16 vise l'ensemble des fédérations, qu'elles soient titulaires ou non de cette délégation. Dans ces conditions, les fédérations sportives délégataires qui perçoivent des droits de diffusion seront bien redevables de la contribution.
Cela étant, si la référence à l'article 17 vous semble de nature à éviter toute ambiguïté, monsieur le sénateur, je n'y suis pas opposé. Par conséquent, je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-53.
M. Philippe Marini, rapporteur génal. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Si la commission des finances demande la suppression de l'article 31 bis , c'est aussi, un peu, pour des raisons d'ordre général concernant les principes qui doivent régir nos finances publiques : nous considérons que nous en sommes, parmi d'autres, les gardiens.
Quel est l'objet de l'article 31 bis ? Il vise à mettre en oeuvre une solidarité spécifique dans un domaine particulier. Si l'on suivait ce principe, qu'impliquerait-il dans d'autres domaines ? L'enseignement de la musique ou des arts plastiques et la diffusion de leur pratique étant des objectifs du plus grand intérêt, il serait concevable, par exemple, d'instituer une taxe spécifique sur le chiffre d'affaires des virtuoses, des musiciens professionnels, pour financer les conservatoires municipaux. On pourrait également imaginer que les artistes qui vendent très cher leurs oeuvres d'art contemporain pourraient être taxés pour offrir des couleurs aux aquarellistes dominicaux dans les petits clubs municipaux.
Naturellement, ces exemples sont destinés à faire réagir. Mais je demande que l'on réfléchisse un peu sur la signification de la solidarité nationale et du principe d'universalité budgétaire, qui en est la traduction en matière de finances publiques.
Je ne conteste pas, bien entendu, les besoins qui existent dans le domaine sportif. Mais, prendre en otage, en quelque sorte, un contrat, qui est en effet tout à fait substantiel sur le plan financier, pour prélever une dîme une fois ce contrat conclu, sans avoir annoncé la couleur avant qu'il soit négocié, pour la redistribuer dans un domaine spécifique, est un procédé qui me choque sur le plan de la gestion des finances publiques. Par conséquent, je ne peux vraiment pas y souscrire.
En outre, il est des conséquences de ce dispositif que l'on n'a pas nécessairement bien mesurées compte tenu de la hâte avec laquelle on l'a élaboré. Je prendrai l'exemple de la Fédération française de hand-ball, qui a négocié pour 2 millions de francs des droits cédés à la chaîne Eurosport : en application de cet amendement, elle devrait payer 100 000 francs par an. C'est une fédération qui n'est pas très riche compte tenu du sport qu'elle représente. Avec quelles ressources versera-t-elle sa contribution ?
Monsieur le secrétaire d'Etat, tout à l'heure - et l'on pourrait, si l'on en avait le temps, multiplier des objections de cette nature - vous nous parliez de l'unanimité à l'Assemblée nationale. Bravo pour l'unanimité, mais encore faut-il savoir dans quelles conditions les textes sont examinés !
Permettez-moi de citer le Journal officiel des débats de l'Assemblée nationale du 22 octobre 1999 :
« M. Didier Migaud, rapporteur général. Cet amendement n'a pas été examiné par la commission. Il aurait pourtant mérité de l'être, monsieur le secrétaire d'Etat.
« M. Gilles Carrez. Tout à fait !
« M. Jean-Jacques Jégou. Cela aurait été intéressant !
« M. Didier Migaud, rapporteur général. Il était sans doute prêt suffisamment tôt pour pouvoir être examiné par la commission des finances au cours de l'une de ses dernières réunions. Il n'est jamais bon d'attendre le dernier moment pour déposer ce type d'amendement.
« M. le secrétaire d'Etat au budget. C'est vrai ! »
L'unanimité dans ces conditions est touchante, monsieur le secrétaire d'Etat !
Tout le monde est favorable aux petits clubs ! Nous les soutenons tous ! Mais est-ce la bonne méthode du point de vue des finances publiques ? A-t-on suffisamment approfondi le sujet ? Pourquoi, sur un sujet aussi important et aussi lourd de conséquences -, peut-être au cours d'une séance de nuit, d'ailleurs, car nos collègues de l'Assemblée nationale travaillent dans les mêmes conditions que nous -, avoir voulu provoquer une décision sans avoir vraiment eu les moyens ni le temps d'en approfondir les effets ? Une unanimité obtenue dans de telles conditions mérite d'être quelque peu relativisée.
M. Paul Loridant. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Tout à l'heure, M. le rapporteur général a fait référence à la mission que nous avons menée en commun avec M. Sergent, es qualité de rapporteur spécial du budget des sports et des comptes spéciaux du Trésor, au sujet du FNDS.
Si je suis d'accord avec M. le rapporteur général sur le fait que la gestion du FNDS mérite d'être améliorée, amélioration qui a été au demeurant engagée par Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, je désapprouve sa proposition de supprimer l'article 31 bis .
En effet, je partage avec mon collègue Michel Sergent l'appréciation selon laquelle il est absolument nécessaire de diversifier les ressources du FNDS pour, à terme, les pérénniser. Je ne reviens pas sur ce qu'il a dit à propos des prélèvements sur la Française des Jeux, du monopole de cette dernière et des risques, dans le cadre d'une harmonisation européenne, de mettre en cause ce monopole.
Pai ailleurs, compte tenu de ce qu'est devenue une partie du mouvement sportif qui, employons le mot, est « gangrenée » par l'argent qui vient, en quelque sorte, pervertir un milieu naturellement appelé à se dépasser physiquement et à faire abstraction de choses matérielles - cet esprit est en train, hélas ! de se déliter progressivement - l'une des ressources actuellement possibles pour financer le milieu sportif réside bien dans les droits de retransmission télévisée.
Dans ces conditions, il n'est pas illégitime de la part du ministre de la jeunesse et des sports et du Gouvernement de vouloir prélever une partie de ces sommes pour abonder le FNDS, d'autant que Mme Buffet a bien l'intention d'en modifier les modes de gestion. J'indique à la Haute Assemblée qu'elle a demandé à M. Sergent et à moi-même de participer, le 14 décembre prochain, à la mise en place de la réforme du FNDS.
La suppression de l'article 31 bis proposée par la commission me semble quelque peu prématurée. Il est bien certain qu'il ne faut pas faire n'importe quoi dans ce domaine. Peut-être cette mesure a-t-elle été introduite trop rapidement à l'Assemblée nationale, mais il ne faut pas la supprimer pour autant compte tenu des règles strictes concernant les lois de finances rectificatives ou les DDOEF, car on reporterait ainsi la nouvelle source de financement que peut constituer un prélèvement sur les droits de retransmission télévisée.
Dans ces conditions, j'indique à la Haute Assemblée qu'à titre personnel je voterai contre l'amendement de suppression présenté par M. le rapporteur général.
M. Alain Joyandet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet. J'avoue être excessivement gêné par la position de la commission.
Les responsables d'associations, notamment des petites associations, manifestent un profond désir d'être aidés, d'une manière ou d'une autre. En effet, ces associations subissent de plein fouet la concurrence des événements télévisés, alors même que le mouvement sportif de base fournit, grâce à la formation très importante qu'il met en place vis-à-vis des jeunes, un certain nombre de champions ; ceux-ci génèrent ensuite les recettes des grands clubs et les grands contrats que l'on propose aujourd'hui de taxer pour apporter une manne supplémentaire au mouvement sportif amateur.
Je me permettrai d'ajouter que j'ai été, pendant près de dix ans, président d'un club de sport. J'ai donc connu de très près ces problèmes. Je suis en total accord avec ce qu'a dit M. le rapporteur général à propos de la technique et de la façon dont cette disposition a été prise. J'aurais préféré, et de loin, que la commission nous propose non pas la suppression de l'article 31 bis mais une nouvelle rédaction.
En effet, la mesure est opportune, mais la surabondance de taxations n'est pas judicieuse. Je suis entièrement d'accord avec M. le rapporteur général lorsqu'il dit qu'il aurait mieux valu procéder par redéploiement. Mais, dans le même temps, je serais très gêné que le Sénat supprime cette avancée en direction du mouvement sportif.
Bien entendu, je ne veux pas voter contre l'amendement de la commission, d'autant que je n'ai pas suffisamment participé à ses travaux sur ce thème pour me permettre de le faire. Mais je ne veux pas non plus m'associer à la suppression de l'article 31 bis . Par conséquent, je m'abstiendrai.
M. Thierry Foucaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Je voudrais tout d'abord soutenir notre collègue qui, par ses propos, montre son écoute au pays réel ; j'y reviendrai.
Qu'il me soit permis de marquer quelque peu notre étonnement par rapport à cet amendement de la commission des finances qui vise à supprimer l'article 31 bis du projet de loi de finances.
Les motivations de cette suppression sont de divers ordres.
D'une part, on nous renvoie à la prochaine discussion de la loi d'orientation sur le sport sans souligner que la mesure dont il est question revêt un caractère fiscal et qu'elle a donc toute sa place dans le cadre de la discussion d'une loi de finances.
D'autre part, on évoque également le fait que ce nouveau prélèvement compliquerait un peu plus la gestion du Fonds national pour le développement du sport, compte d'affectation spéciale dont nous avons déjà eu l'occasion de souligner toute l'importance pour le milieu sportif.
Nous avons certes, et ce par principe, une certaine interrogation devant la multiplication des comptes d'affectation spéciale, mais nous sommes aussi en droit de constater que, dans un certain nombre de cas, leur gestion peut répondre à des attentes fortes exprimées sur le terrain. C'est le cas avec le FNDS.
Je n'insisterai pas inutilement sur certains des errements passés en la matière, qui ont notamment consisté à confondre moyens du FNDS et budget de la jeunesse et des sports, comme l'avait montré, pour peu que je me souvienne, le financement de l'opération Grand Stade.
Il est clair que nous sommes aujourd'hui dans une démarche quelque peu différente et qu'il est acquis que le Gouvernement, comme les fédérations sportives et les membres du comité de gestion du fonds, est attaché à une rationalisation de l'allocation des ressources et à un retour à l'objet fondamental du compte.
Pour mémoire, je rappellerai que l'article 37 de la loi de finances pour 1976, qui décrivait les missions du FNDS - il est vrai que le mode d'alimentation a ensuite évolué - spécifiait que les dépenses essentielles du fonds résidaient dans les « subventions versées aux associations sportives pour l'aide au sport de haut niveau » et dans les « avances consenties aux associations sportives ».
On peut d'ailleurs souhaiter que le second terme de la démarche soit amené à croître et embellir dans la prochaine période, et c'est d'ailleurs ce qui est prévu pour l'an 2000, année olympique.
Cette démarche de rationalisation de l'allocation des ressources du FNDS est pleinement inscrite dans la proposition qui nous est faite au travers de l'article 31 bis .
Elle vient en effet utilement compléter les ressources actuelles et créer une solidarité entre les fédérations sportives les plus à même de dégager d'importantes ressources liées à la diffusion des manifestations qu'elles organisent.
Il n'est donc pas scandaleux pour nous que le football ou le tennis, sports hautement médiatisés, participent à l'effort collectif de développement d'autres pratiques sportives, dont on peut d'ailleurs simplement regretter qu'elles ne soient pas plus connues de nos compatriotes, alors qu'elles sont souvent d'un apport utile à la vie sociale de la nation.
Le fonds de mutualisation, créé par cet article 31 bis , est une disposition attendue et largement approuvée par le mouvement sportif dans son ensemble, par les éducateurs et par les acteurs. Il nous apparaît donc plus que dommageable que certains nous proposent de renoncer à sa création.
Nous ne voterons donc pas - sans la moindre hésitation, parce que nous savons écouter ce que nous dit le « pays réel » - l'amendement de suppression de l'article 31 bis proposé par la commission des finances. Qu'il me soit permis d'indiquer que notre collègue James Bordas nous propose, lui, un utile amendement de précision.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Monsieur le président, je ne veux pas prolonger un débat déjà long. Il est vingt-trois heures. Certes, ces sujets sont extrêmement importants, mais nous avons pris l'engagement collectif, Gouvernement compris, de ne pas prolonger les travaux du Sénat au-delà d'une heure raisonnable.
Je veux simplement répondre aux propos pleins d'élan de M. le rapporteur général.
Le sport n'est pas le seul à faire l'objet d'une mutualisation de ressources qu'on pourrait appeler « mutualisation infrasectorielle », destinée à mieux répartir des ressources au nom d'un concept de solidarité. Il s'agit, dans le cas présent, de mieux répartir les ressources à l'intérieur de chaque sport et entre les différents sports. Je citerai, par exemple, un impôt sur les spectacles sportifs qui, perçu au profit des communes, doit leur permettre d'améliorer l'action qu'elles mènent en faveur des sports. Il y a aussi une redevance « édition » perçue par le Conseil national du livre. Il existe également une taxe sur les cinémas perçue par le Centre national de la cinématographie pour des actions de promotion en direction de certains publics défavorisés et des jeunes. Un même dispositif existe pour le théâtre ainsi que pour les spectacles de variété.
Bref, dans nombre de secteurs culturels, le même dispositif que celui dont nous discutons aujourd'hui a déjà été mis en oeuvre avec un certain succès. Pour ce qui est du cinéma, en effet, le système fonctionne bien.
Alors, de quoi parlons-nous ici, si ce n'est, pour recourir à des termes « aseptisés », d'une rationalisation de la gestion de ces organismes et de leurs ressources ? C'est sur ce point en effet qu'il faut faire porter l'effort.
Le Sénat a déjà réalisé une étude dont Mme Marie-George Buffet a tenu compte. Elle a engagé une concertation avec le mouvement sportif pour réformer les modalités de gestion de l'ensemble de ces ressources. Il y a certainement là, monsieur le rapporteur général, je pense que vous en serez d'accord avec moi, une convergence d'efforts qui pourrait amener une meilleure gestion au profit du sport, au profit de tous les sports et, plus précisément, au profit de tous les pratiquants, qu'ils appartiennent à des clubs placés sur le devant de la scène ou au contraire à de plus modestes structures.
Ce qu'il faut retenir de ce dispositif, c'est que le Gouvernement propose une solidartié interclubs et une solidarité intersports. Voilà ce qui est décisif et qui, à juste titre, notamment aux yeux de Marie-George Buffet, fait progresser le sport français.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je veux appeler l'attention du Sénat sur la responsabilité qui est la sienne.
Si le Parlement souhaite servir à quelque chose, il doit veiller à être le garant d'une utilisation de l'argent public décidée et contrôlée par la représentation nationale.
Mes chers collègues, vous êtes en présence d'un dispositif qui a été improvisé, sans doute voté à l'Assemblée nationale après trois heures du matin, et ce sans aucun examen parlementaire. Nous nous retrouvons aujourd'hui prêts à voter dans les mêmes conditions. Nous sommes quasiment conviés au festival de la bonne conscience !
Mes chers collègues, non, ne faites pas cela avec l'argent public !
Si nous avons besoin de moyens supplémentaires pour le mouvement sportif, accordons-lui des crédits budgétaires. Mais, pour ce qui est de l'article 31 bis , songez que l'on nous propose aujourd'hui d'accroître les moyens d'un fonds que voilà quelques semaines encore le ministère des finances envisageait de supprimer.
M. Jean Bernard. Exactement !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Il est vrai qu'il y avait tant à faire pour améliorer sa gestion !
Donc, mes chers collègues, en adoptant l'amendement de M. le rapporteur général, vous ne contrariez pas le mouvement sportif, vous assumez pleinement votre responsabilité de représentants de la nation ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR.
M. Jacques Oudin. Très bien !
M. Jean Bernard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bernard.
M. Jean Bernard. Ce débat, important, me semble improvisé.
Il faut tout de même rappeler les chiffres : cette taxe rapportera, selon les estimations, 150 millions de francs, c'est-à-dire, après ventilation, 380 francs par club ! Certes, je me réjouis que l'on veuille aujourd'hui abonder le FNDS, car, comme vient de le dire M. le président de la commission des finances, il était question, voilà quelques mois, de le supprimer, le fondre au sein du budget des sports. Pourquoi pas ?
Par ailleurs, Mme la ministre de la jeunesse et des sports, dont on a évoqué l'action positive, répondant à une question que nous lui avions posée, a indiqué que 57 % des ressources du FNDS allaient aux clubs et 43 % aux fédérations ou aux ligues, pour financer l'amélioration des installations, par exemple. A cet égard, la mission que le Sénat a diligentée est importante, car il est nécessaire de savoir exactement si les clubs profitent directement de cette manne. Autrefois existait la taxe Mazeaud, qui a été supprimée lorsque l'on a créé le FNDS. Aujourd'hui, on pense instaurer une nouvelle taxe. Cette idée de solidarité entre les sports - des sports plus ou moins médiatiques - peut paraître séduisante, mais il faut en mesurer les conséquences. Les responsables de la ligue nationale de football, par exemple, doivent s'interroger pour savoir si la répartition se fera bien entre tous les sports. Tout à l'heure M. Marini évoquait le handball, une fédération peu riche. Le problème est donc de savoir comment sera opérée cette ventilation.
Evidemment, je me réjouis que l'on donne des moyens supplémentaires au sport. Tel est d'ailleurs notre souhait unanime. Cependant, improviser à cette heure-ci une discussion sur cette affaire sans avoir pris attache des fédérations intéressées, notamment de celles qui organisent ces matches, cela me paraît prématuré.
Prenons donc le temps d'examiner toutes ces questions à l'occasion de la discussion du prochain projet de loi d'orientation sur le sport. Nous aurons une meilleure approche.
M. Louis Boyer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Louis Boyer.
M. Louis Boyer. Je ne voterai pas l'amendement de la commission, car je désirerais voter celui de notre collègue James Bordas qui, s'il n'est pas parfait, offre toutefois une ouverture dans la perspective de la prochaine et importante loi d'orientation sur le sport.
Reconnaissons que, depuis vingt-cinq ou trente ans, la France n'a jamais eu de politique sportive. Je l'ai signalé régulièrement à l'occasion de l'examen et du vote des différents budgets, la France a ignoré le sport depuis des années. Or, aujourd'hui, le sport rapporte tellement d'argent qu'il suscite des sollicitudes désordonnées.
Il nous faut une loi sur le sport très solide pour éviter les dérives que l'on a connues avec le FNDS, quand, pour certaines opérations que je ne nommerai pas, on a détourné la moitié des fonds.
M. Michel Charasse. Les fonds n'ont pas été « détournés » ! Il n'y a pas eu de délit.
M. Louis Boyer. En effet, mais ils ont été utilisés à des fins qui n'étaient pas celles du FNDS. Mais je vous remercie, monsieur Charasse, de m'avoir fait remarquer que mon expression ne correspondait pas à ma pensée ! (Sourires.)
M. Michel Charasse. Voilà !
M. Louis Boyer. L'amendement de M. Bordas constitue une ouverture dans la perspective de la loi d'orientation sur le sport, et il faudra en tenir compte. Celui de la commission est trop négatif et on pourrait l'interpréter comme une opposition du Sénat au développement du sport. Je voterai l'amendement de M. Bordas, si c'est possible, c'est-à-dire si l'amendement de la commission des finances n'est pas adopté.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-53, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 31 bis est supprimé et les amendements n°s I-101 et I-60 n'ont plus d'objet.

Article additionnel après l'article 31 bis



M. le président.
Par amendement n° I-102, M. Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 31 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 2000, toute personne ou organisme, y compris La Poste, qui distribue ou fait distribuer dans les boîtes à lettres ou sur la voie publique des documents publicitaires et journaux gratuits non adressés, est tenu de contribuer à l'élimination des déchets ainsi produits, conformément aux dispositions de la loi n° 75-663 du 15 juillet 1975 modifiée relative à l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux.
« Cette contribution est fixée à un franc par kilo.
« En sont exonérés les organismes non commerciaux à vocation culturelle, religieuse, politique, syndicale, éducative, ainsi que l'Etat et les collectivités territoriales. La contribution est versée aux organismes agréés pour la valorisation des emballages au titre du décret du 1er avril 1992, qui compensent les coûts de collecte, valorisation et élimination engagés par les collectivités locales chargées de la gestion des déchets ménagers. Le statut et les compétences de ces organismes agréés seront modifiés en conséquence par décret. »
La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. De nombreux documents publicitaires et journaux gratuits sont distribués dans les boîtes à lettres et sur la voie publique.
M. Michel Charasse. Quelle horreur !
M. Bernard Angels. Leur poids est de l'ordre de cinquante kilogrammes par boîte aux lettres et par an en milieu urbain. Ces documents deviennent des déchets ménagers dont la collecte, la valorisation et l'élimination sont à la charge des collectivités locales, donc financés par les contribuables locaux soumis à la taxe ou à la redevance d'enlèvement des ordures ménagères. Le coût de collecte, valorisation et élimination à la charge des ménages est supérieur à 1 000 francs par tonne.
M. Michel Charasse. Très bien !
M. Bernard Angels. Il serait judicieux d'appliquer à ces déchets le principe pollueur-payeur, qui est déjà en vigueur pour la valorisation des emballages ménagers. Une contribution de un franc par kilogramme payée par les sociétés qui commandent la distribution de ces publicités, pourrait être redistribuée aux collectivités locales chargées de la gestion des déchets. Afin d'éviter de créer un nouvel organisme, la gestion de cette contribution pourrait être assurée par les organismes agréés par l'Etat pour la valorisation des emballages. L'agrément et le statut de ces organismes seraient élargis en conséquence.
M. Michel Charasse. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous nous interrogeons sur le lien réel avec les finances de l'Etat de cet amendement. Ne s'agit-il pas d'un petit cavalier budgétaire ? La commission est plutôt défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. L'article 23 de la loi de finances pour 1998, qui est devenu l'article 302 bis MA du code général des impôts, institue, à compter du 1er janvier 1998, une taxe sur certaines dépenses de publicité assises sur les dépenses de réalisation et de distribution d'imprimés publicitaires ainsi que sur les annonces et insertions dans les journaux gratuits. Nous avons déjà évoqué cette question hier, à propos de la formation professionnelle.
Cette taxe paraît d'ores et déjà de nature à limiter le développement des imprimés et prospectus distribués dans les boîtes à lettres. Si nous voulions suivre les auteurs de cet amendement, nous devrions, d'abord, évaluer les effets de cette taxe sur les volumes distribués et, ensuite, tenir compte des conclusions du groupe de travail constitué sur cette question concernant la publicité par mon excellent collègue, la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Dans ces conditions, il ne semble pas possible de créer une nouvelle taxe dans l'immédiat, d'autant que le Gouvernement propose de supprimer diverses taxes dans le cadre de la limitation - et, je l'espère, de la baisse - des prélèvements obligatoires et au titre de la simplification du système fiscal.
M. le président. Monsieur Angels, l'amendement n° I-102 est-il maintenu ?
M. Bernard Angels. Compte tenu de l'heure et pour participer à la bonne ambiance qui règne dans l'hémicycle, je retire cet amendement.
M. Michel Charasse. Il faudra le reprendre !
M. Bernard Angels. Cependant, il faudra oeuvrer pour trouver une solution à ce problème.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Peut-être pas sous la forme d'une taxe !
M. le président. L'amendement n° I-102 est retiré.

Article 32



M. le président.
« Art. 32. - Le II de l'article 51 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) est ainsi rédigé :
« II. - A compter du 1er janvier 2000, les quotités du produit de la taxe d'aviation civile affectées respectivement au budget annexe de l'aviation civile et au compte d'affectation spéciale intitulé "Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien" sont de 77,7 % et de 22,3 %. » - (Adopté.)

Article 33



M. le président.
« Art. 33. - Au deuxième alinéa de l'article 302 bis ZB du code général des impôts, les mots : "4 centimes" sont remplacés par les mots : "4,5 centimes". »
Sur l'article, la parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Cet article 33 prévoit le relèvement du taux de la taxe due par les concessionnaires d'autoroutes.
Tout à l'heure, nous avons débattu sur l'augmentation des ressources du FNDAE. En l'occurrence, il s'agit d'augmenter les ressources du Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables, le FITTVN. Or, je suis contre et je m'en explique.
L'augmentation prévue, à savoir 0,5 centime, produira la bagatelle de 300 millions de francs. Cela participe à l'accroissement des prélèvements sur le système autoroutier concédé.
Permettez-moi de citer quelques chiffres pour fixer les idées. Les recettes des péages des sociétés d'autoroutes représentent plus de 28 milliards de francs par an et elles croissent de 10 % chaque année. Actuellement, l'Etat ponctionne sur le système autoroutier entre 7 milliards et 8 milliards de francs par an, c'est-à-dire environ le quart des recettes.
Dès lors, on peut critiquer le Gouvernement sur la politique de désinformation qu'il a menée à l'égard du Parlement.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. C'est un peu excessif !
M. Jacques Oudin. Bien entendu, monsieur le secrétaire d'Etat, ce n'est pas vous qui êtes en cause, ce sont certains de vos collègues.
Selon le Gouvernement, « le système autoroutier est en danger, il est financièrement menacé ». Comment un système qui serait financièrement menacé peut-il générer 7 milliards à 8 milliards de francs de recettes pour l'Etat et, de surcroît, supporter une ponction supplémentaire de 300 millions de francs ?
Je me souviens de M. Gayssot disant à cette tribune : « En prenant mes fonctions, j'ai trouvé un système autoroutier déficitaire de 130 milliards de francs. » Il avait tout simplement confondu l'endettement et le déficit, ce qui n'est pas rien.
Il y a, c'est vrai, environ 150 milliards de francs de dettes, mais, en face, il y a des recettes. Si l'on se réfère à un autre système de transport, la SNCF, où il y a autant de dettes, à savoir 150 milliards de francs, il y a, en face, 62 milliards de déficit comblés par des redevances et des participations publiques. D'ailleurs, la SNCF, ce sont 45 milliards de francs de chiffre d'affaires et 45 milliards de francs de masse salariale. C'est éloquent !
Notre système autoroutier est équilibré et excédentaire. On veut le ponctionner davantage au moment même où la politique gouvernementale tend à supprimer le schéma directeur des autoroutes et à réduire les investissements dans le secteur autoroutier. Cela est particulièrement contradictoire.
J'en viens à ma dernière observation. Avec le FITTVN, il s'agit de ponctionner un mode de transport, les autoroutes, pour financer, comme cela est indiqué dans le projet de loi de finances,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. La SNCF !
M. Jacques Oudin. ... l'intermodalité, en un mot pour financer les autres modes de transports, je dis bien « les autres », en particulier le fer et les voies navigables.
Dans le même temps, on nous a dit que l'adossement est désormais interdit à l'échelon européen, que l'on ne peut plus faire d'autoroutes nouvelles qui seraient adossées à des autoroutes anciennes.
Mes chers collègues, je vous demande de suivre le raisonnement : notre système permet de ponctionner l'argent d'un mode de transport pour le transférer sur d'autres modes de transport, alors qu'il est interdit, nous dit-on, de ponctionner un même mode de transport, les autoroutes, pour financer toujours le même mode de transport, le système autoroutier. Nous sommes en totale incohérence !
Il est nécessaire maintenant de mettre à plat le système de financement de nos infrastructures de transport. On ne peut pas continuer à plaider pour l'intermodalité alors que certains systèmes sont excédentaires et d'autres déficitaires. Le tout forme quelque chose qui est bancal.
Dans ces conditions, la mesure qui sera proposée dans un instant et qui vise à supprimer cette disposition est bonne. Cependant, elle est transitoire. Nous avons le devoir d'éclairer non seulement le Parlement mais également l'ensemble de nos concitoyens sur la réalité du financement des transports tous modes confondus car leur utilité est quotidienne en milieu urbain et interurbain. Une grande politique doit être menée en ce domaine. Or ce n'est pas la voie qui a été choisie.
M. le président. Par amendement n° I-54, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer l'article 33.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je remercie M. Oudin de m'avoir facilité la tâche. Je me contenterai donc d'indiquer que cet amendement vise à supprimer le relèvement de la taxe sur les sociétés concessionnaires d'autoroutes.
Ce relèvement est inopportun car il intervient à un mauvais moment. En effet, la situation financière des autoroutes est délicate et les résultats des négociations avec la Commission européenne sur le prolongement des concessions sont attendus.
Par ailleurs, cette augmentation ne résout pas le problème de l'insuffisance des moyens d'investissement en faveur des infrastructures routières. Cela a été brillamment démontré. Pour 2000, ne l'oubliez pas, mes chers collègues, les moyens accordés au réseau routier diminuent de 3,9 %. Quant aux crédits de paiement sur le budget des routes, ils chutent fortement, de 9,5 %. Ces informations justifient à elles seules cet amendement de suppression.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. La nécessité d'avoir une optique intermodale est une évidence. Le développement du transport combiné doit maintenant être à l'ordre du jour et assorti des moyens adéquats. Le transfert du trafic de la route vers le rail me paraît être l'une des priorités nationales, si nous voulons éviter l'engorgement de nos transports.
Il est nécessaire de mesurer le chemin parcouru. Les autorisations de programme concernant les routes vont augmenter de 18 % en 2000. Il est nécessaire d'équilibrer cette évolution.
Je veux toutefois apporter une précision. La hausse prévue par l'article 33 de 0,5 centime par kilomètre parcouru représente moins de 1 % des recettes des sociétés concessionnaires d'autoroutes. Elle n'est donc vraiment pas de nature à mettre en cause leur équilibre financier. De plus, compte tenu de la bonne tenue actuelle du trafic autoroutier, le relèvement de la taxe sera sans doute très facilement absorbé.
Il convient de maintenir l'article 33, et donc de s'opposer à l'amendement de la commission.
M. Jacques Oudin. Ce n'est pas le même raisonnement que pour le FNDAE !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-54.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous le dis très respectueusement, ce que vous venez d'affirmer contribue à la désinformation du Parlement.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Le Parlement est tellement scandalisé par ce qui est fait en ce qui concerne les autoroutes !
M. Jacques Oudin. Y a-t-il un pays qui a pu transférer une part de trafic de la route vers le chemin de fer ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Oui !
M. Jacques Oudin. Lequel ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. La Suisse !
M. Jacques Oudin. Globalement, non ! On a simplement transformé quelques camions. Aucun pays n'y est parvenu.
On va transférer le trafic de la route vers le rail, dites-vous. Comment allez-vous financer le rail ? Vous connaissez le TGV-Est : on a réussi à en financer les deux tiers. Regardez le programme des investissements de la SNCF jusqu'en 2010. Nombre d'entre eux vont être commencés, mais aucun ne sera terminé. Les corridors de fret sont le grand échec.
La France a tout misé sur le TGV, remarquable évolution technologique pour les voyageurs. Pouvez-vous mettre un camion de marchandises sur un TGV ? Non !
M. Emmanuel Hamel. Il faut utiliser la voie d'eau !
M. Jacques Oudin. S'agissant des vois navigables, un certain nombre d'investissements importants viennent d'être supprimés.
Vous êtes incapables de transférer du trafic de la route vers le rail. Le rail perd du fret tous les ans. Le président de la SNCF le dit : « Je ne sais pas faire en matière de fret. » Et grâce à cette ponction de 300 millions de francs vous révolutionneriez les transports ? Je regrette de vous le dire : c'est de la désinformation !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-54, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 33 est supprimé.

Article additionnel après l'article 33



M. le président.
Par amendement n° I-266, MM. Le Grand, Oudin, Braun, Cazalet, Chaumont, Joyandet, Trégouët et Gérard proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le quatrième alinéa de l'article L. 1615-2 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "travaux de défense contre la mer", sont insérés les mots : "et des travaux de construction ou de reconstruction de cales d'accès à la mer".»
La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. L'an dernier, au titre de l'article 60 de la loi de finances, on avait introduit un régime dérogatoire en faveur des collectivités territoriales pour qu'elles puissent bénéficier du FCTVA lorsqu'elles intervenaient sur des biens dont elles n'avaient pas la proprété et s'agissant d'ouvrages d'intérêt général.
Je n'énumererai pas la liste des dérogations qui avaient été introduites. Je citerai simplement la lutte contre les avalanches, les glissements de terrain, les inondations ainsi que les travaux de défense contre la mer présentant un caractère d'intérêt général ou d'urgence.
Nous avions pensé benoîtement que la notion de travaux de défense contre la mer concernait la défense des biens mais aussi des personnes. Pour descendre sur l'estran, il faut des accès. Nous avions considéré que mutatis mutandis, les cales d'accès à la mer faisaient partie du dispositif dérogatoire. Or, il faut le reconnaître, chaque fois qu'on a eu l'occasion d'interroger des administrations de l'Etat elles nous ont répondu qu'elles ne pouvaient pas procéder à une lecture interprétative des dispositions concernées. C'est la raison pour laquelle, s'agissant des cales d'accès à la mer, il nous a été répondu qu'elles n'étaient pas éligibles au FCTVA.
Or cet éligibilité serait logique. Je prendrai simplement l'exemple du département que j'ai l'honneur de présider. Il compte 330 kilomètres de côtes. Nous avons cinq canots de sauvetage le long de la côte. Mais nous devons procéder à un certain nombre de petites interventions, comme celles de la Société nationale de sauvetage en mer. Pour descendre les bateaux à la mer, il faut des cales d'accès, et il convient d'améliorer celles qui existent.
existantes.
Il est tout à fait logique, je crois, que l'on puisse bénéficier du FCTVA à cette occasion. C'est la raison pour laquelle je fais appel à vous, monsieur le secrétaire d'Etat, pour que cette disposition fasse l'objet d'une lecture fondée sur le bon sens, afin d'obtenir satisfaction. Je vous remercie à l'avance de faire preuve du bon sens dont vous ne manquez pas, comme j'ai pu le remarquer à plusieurs reprises. J'espère simplement une décision positive.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Notre collègue M. Le Grand nous présente une proposition très bien motivée. A la vérité, il a plus besoin d'une sécurité d'interprétation que d'une innovation. Sa suggestion est tout à fait opportune. Il faut introduire cette précision dans la loi fiscale, comme le prévoit son amendement. La commission y est très favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Après autant d'éloges de la part de M. Le Grand, j'ai vraiment le très grand regret de lui dire que j'émets un avis défavorable sur cet amendement (Oh ! sur plusieurs travées.) .
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Vous gâchez la fête ! (Sourires.)
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il existe déjà dans la loi de finances de 1999 une dérogation très importante aux règles d'éligibilité du FCTVA en faveur des travaux d'intérêt général et d'urgence contre les avalanches, les incendies, les inondations, les avancées de la mer dans le cadre de conventions passées entre l'Etat et les collectivités concernées. Je ne pense pas qu'il faille aller au-delà.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-266.
M. Jean-François Le Grand. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand. Monsieur le secrétaire d'Etat, comme quoi on peut se tromper : je pensais que vous faisiez toujours preuve de bon sens ; force est de constater que ce bon sens a des limites !
Cela étant, vous voudrez bien m'expliquer comment il faut faire pour descendre sur l'estran quand on n'a pas de cale d'accès !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° I-266, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 33.

Article additionnel avant l'article 34 ou après l'article 34



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-55, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, avant l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa du I de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998), les mots : ", 25 % en 2000 et 33 % en 2001" sont remplacés par les mots : "et à 50 % en 2000 et en 2001".
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus est compensée par la majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° I-207, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la dernière phrase du paragraphe I de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) remplacer les mots : "25 % en 2000 et 33 % en 2001" par les mots : "50 % à partir de 2000".
« II. - Pour compenser les pertes de recettes résultant du I ci-dessus, le taux prévu au 2 de l'article 200 A du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-55.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement, qui concerne le contrat de croissance et de solidarité, reprend une proposition de notre commission déjà adoptée par le Sénat l'année dernière.
Pour 2000, le Gouvernement et l'Assemblée nationale ont retenu une indexation calculée à partir de 25 % du taux de croissance du PIB. Le Sénat avait considéré que, au regard de l'évolution des charges des collectivités locales, cette fraction était insuffisante et avait proposé de retenir 50 %.
A présent, nous demandons au Sénat de réaffirmer cette proposition et de rétablir, par conséquent, la prise en compte de 50 % du taux de croissance du PIB. Cette revalorisation permettra d'enrayer la diminution du montant de la variable d'ajustement de l'enveloppe normée - je parle sous le contrôle de M. le président Hoeffel - la dotation de compensation de la taxe professionnelle, la DCTP.
De plus, comme les baisses de DCTP des communes éligibles à la DSU et à la DFSR sont compensées par le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle et par le FNP, cet amendement, en évitant que la variable d'ajustement ne baisse, préserve également les ressources de ces deux fonds.
M. le président. La parole est à M. Foucaud, pour défendre l'amendement n° I-207.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement vise à porter à 50 % le taux du PIB à retenir pour l'évolution de l'enveloppe normée à partir de l'année 2000.
Comme M. le rapporteur général, je précise que, l'année dernière, nous avons voté l'application du pacte de croissance et de solidarité. Si ce pacte est plus favorable aux collectivités locales, il est encore loin, cependant, d'assurer un partage équitable des fruits de la croissance.
Pourtant, au regard du taux d'investissements publics qu'elles réalisent, les collectivités locales s'avèrent être des maillons essentiels du développement économique de notre pays.
Le taux d'évolution de l'enveloppe normée, fixé par l'article 57 de la loi de finances pour 1999, est de 25 %. Nous souhaitons le porter à 50 %, comme le demandent d'ailleurs de nombreuses associations, dont la nôtre, l'Association nationale des élus communistes républicains, mais également l'Association des maires de France, dont nous avons, dans notre enceinte, d'éminents membres.
Monsieur le rapporteur général, nous nous réjouissons, après vous avoir entendu, de constater que nous avons réussi à vous convaincre du bien-fondé d'une répartition équitable des fruits de la croissance entre l'Etat et les collectivités locales, tout en sachant que, si l'on avait continué à appliquer le pacte Juppé, les collectivités auraient déjà perdu, jusqu'en 1997, 3,7 milliards de francs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° I-207 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-55 et I-207 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est défavorable aux deux amendements.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oh !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je rappelle au Sénat que les concours de l'Etat aux collectivités locales ont été maintenus en francs constants sur l'ensemble de la période 1996-1998.
Je lui rappelle également que, après avoir mené une très importante concertation avec les associations représentatives des élus locaux - j'ai été moi-même trésorier national de l'Association des maires de France, M. Hoeffel le sait - le Gouvernement a décidé de faire participer les collectivités locales aux fruits de la croissance en leur attribuant une fraction croissante du PIB : 20 % en 1999, 25 % en 2000, 33 % en 2001.
Par rapport à la situation de référence correspondant à la reconduction du dispositif antérieur, cette indexation sur une fraction de la croissance a donné aux collectivités locales un supplément de ressources de près de 1 milliard de francs, en 1999, et de près de 2 milliards de francs en 2000.
A ces sommes, il convient d'ajouter les abondements que nous avons décidés : ceux qui ont été mis en oeuvre l'année dernière avec la loi de finances initiale pour 1999, soit 500 millions de francs pour la dotation de solidarité urbaine et 150 millions de francs d'abondement du fonds national de péréquation sur chacune des années d'application du contrat ; ceux qui ont été décidés cette année par M. le Premier ministre, soit 500 millions de francs pour la dotation globale de fonctionnement au titre de l'intercommunalité, 500 milllions de francs pour la DSU, 200 millions de francs pour la dotation d'aménagement au titre du recensement général de la population.
Au total, mesdames, messieurs les sénateurs, le supplément de ressources pour les collectivités par rapport à l'ancien pacte est de 3,8 milliards de francs.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et le supplément de dépenses ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Vous souhaitez accroître encore l'effort en faveur des collectivités locales - on est un peu dans une logique du « toujours plus » ! - en portant les taux retenus pour le calcul de l'indexation de l'enveloppe normée en 2000 et en 2001, soit 25 % et 33 %, à 50 %.
Cette mesure aurait, évidemment, un coût considérable pour les finances publiques. Elle se traduirait en effet par une augmentation des prélèvements sur les recettes de 946 millions de francs, en 2000, et de 1,740 milliards de francs en 2001.
Cet accroissement significatif de l'effort en faveur des collectivités locales ne serait ni justifié sur le plan économique ni compatible - je pense que vous reconnaîtrez avec moi que c'est important - avec la réduction du déficit public.
Je rappelle que les dotations aux collectivités locales progresseront de 4,3 % entre 1999 et 2000, soit un rythme très supérieur à l'inflation et à l'effet des mesures de revalorisation, par exemple, des charges des collectivités locales.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Pas des salaires !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-55.
M. Bernard Angels. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Voter l'amendement de la commission des finances est, bien sûr, tentant pour tout élu local.
Néanmoins, cet amendement n'est pas acceptable, et ce pour deux raisons, que l'on pourrait synthétiser par cette formule un peu triviale : pas vous et pas maintenant ! (M. le rapporteur général s'exclame.)
Première raison : si l'acte de contrition permet peut-être de sauver le pécheur, il n'efface pas le souvenir.
Le pacte de stabilité imposé aux collectivités locales par M. Juppé a été adopté par la majorité sénatoriale.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Si vous n'aviez pas Juppé, que diriez-vous ?
M. Bernard Angels. La prise en compte de la croissance dans ce pacte n'était pas de 50 %, ni de 25 %, ni même de 20 % ; elle était de 0 % !
Le contrat de croissance et de solidarité, lui, prend en compte la croissance : 25 % l'année prochaine, ce qui permet une augmentation de 1,5 % des dotations sous enveloppe, après 1,8 % en 1999, soit des évolutions largement supérieures à l'inflation. Cela représente, cumulé, 3,8 milliards de francs de plus pour nos collectivités locales, en 2000, et 6,6 milliards de francs de plus en 2001.
Deuxième raison - et je m'adresse là également à nos amis du groupe communiste républicain et citoyen : le Gouvernement a accepté d'ajouter hors pacte plusieurs dotations, renforcées encore par les députés de la majorité à l'Assemblée nationale. Le total de ces ajouts représente 2 milliards de francs.
Il n'est pas sage de demander toujours plus et de trop charger la barque, d'autant que, dans le même temps, la droite sénatoriale demande que l'on diminue le déficit public.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Question de priorité !
M. Thierry Foucaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Je tiens d'abord à dire à mon collègue et ami du groupe socialiste qu'il ne faut pas confondre la majorité sénatoriale et le groupe communiste républicain et citoyen.
M. Gérard Braun. Non, en effet !
M. Thierry Foucaud. Pour nous, cette revendication n'est pas nouvelle, comme je l'ai d'ailleurs souligné tout à l'heure en me félicitant que M. le rapporteur général l'ait reprise aujourd'hui à son compte.
M. Roland du Luart. Autres temps, autres moeurs !
M. Thierry Foucaud. Je tiens également à rappeler notre opposition au pacte de stabilité de M. Juppé, sous le gouvernement duquel les collectivités ont perdu des ressources.
Mais ce n'est pas parce que la droite a mené une politique néfaste, voire scandaleuse, à l'égard des collectivités locales qu'il faut aujourd'hui se situer en retrait par rapport à la croissance, par rapport au produit qu'engendrent les collectivités locales, par rapport à leurs besoins, alors que l'on demande de plus en plus aux élus d'être des élus de proximité, ce qui suppose un certain nombre de moyens.
L'heure tardive ne me permet pas de m'étendre longuement sur cette question. Sans doute y reviendrons-nous. En tout cas, je vous rappelle, monsieur Angels, que l'Association des maires de France, tout comme d'autres associations, dont la nôtre, l'Association nationale des élus communistes et républicains, soutient notre proposition.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-55, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 34, et l'amendement n° I-207 n'a plus d'objet.

Articles additionnels avant l'article 34



M. le président.
Par amendement n° I-204, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 1613-2 du code général des collectivités est ainsi rédigé :
« Art. L. 1613-2. - A compter de 1999, il est procédé, au plus tard le 31 juillet, à la régularisation du montant de la dotation afférente à l'exercice précédent lorsque l'indice, calculé sur la base du taux d'évolution de la moyenne annuelle du prix de la consommation des ménages (hors tabac) relatif à cet exercice et, le cas échéant, sur la base du taux d'évolution du produit intérieur brut total en volume relatif au pénultième exercice tels qu'ils sont constatés à cette date, appliqué au montant de la dernière dotation définitive connue, entraîne un produit supérieur au montant prévisionnel de la dotation inscrite en loi de finances.
« Il est alors réparti selon les modalités adoptées pour la répartition de la dotation inscrite. »
« II. - Le taux prévu à l'article 158 bis du code général des impôts est réduit à due concurrence. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement est similaire à celui que le groupe communiste républicain et citoyen a déposé après l'article 14 ter. La rédaction en est cependant quelque peu différente.
Il est proposé de réécrire l'article L. 1613-2 du code général des collectivités territoriales, afin de ne permettre que la régularisation positive de la dotation de compensation de la taxe professionnelle sur la dotation globale de fonctionnement.
Cette année, la réfaction a, certes, été anéantie du fait de l'adoption de plusieurs majorations. Nous proposons de résoudre le problème à sa base afin de ne pas avoir, d'année en année, à adopter des solutions ponctuelles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission n'est pas convaincue par le dispostif de cet amendement.
De plus, elle observe que, dans sa rédaction actuelle, on ne modifierait pas le montant total des ressources des collectivités locales puisque l'augmentation de la DGF qui en résulterait réduirait d'autant le montant de la variable d'ajustement, la DCTP, qu'il aurait sans doute fallu neutraliser.
Pour ces raisons, sachant que ce sujet mérite d'être un peu plus approfondi, la commission souhaite le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement souhaite également le retrait de cet amendement. Je me suis déjà expliqué sur ce dispositif dans un débat précédent à cette même tribune.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Foucaud ?
M. Thierry Foucaud. Oui, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-204, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements, présentés par M. Diligent, qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Le premier, n° I-70, vise à insérer, avant l'article 34, un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - Le II de l'article L. 2334-7-2 du code général des collectivités territoriales est complété par l'alinéa suivant :
« Lorsque, dans le cadre de négociations entre les villes et les départements, les critères de répartition ou le poids de chaque critère ont été révisés par délibération du conseil général intervenue avant le 31 décembre 1999 avec une mise en place progressive des modifications, le mécanisme prévu à l'article L. 2334-7-2-1 est calculé sur la participation que la commune aurait supportée en 1999 en cas d'application immédiate des modifications. »
« II. - La perte de recettes pour les collectivités territoriales est compensée par une majoration à due concurrence de la dotation globale de fonctionnement. »
Le second, n° I-71, tend à insérer, avant l'article 34, un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - Le II de l'article L. 2334-7-2 du code général des collectivités territoriales est complété par l'alinéa suivant :
« Lorsque, dans le cadre de négociations entre les villes et les départements, les critères de répartition ou le poids de chaque critère ont été révisés par délibération du conseil général intervenue avant le 31 décembre 1999 avec une mise en place progressive des modifications, le mécanisme prévu à l'article L. 2334-7-2-1 s'étalera sur la durée prévisionnelle de leur mise en oeuvvre. »
« II. - La perte de recettes pour les collectivités territoriales est compensée par une majoration à due concurrence de la dotation globale de fonctionnement. »
La parole est à M. Diligent, pour défendre ces deux amendements.
M. André Diligent. La loi relative à la couverture maladie universelle a, vous le savez, supprimé les contingents d'aide sociale versés par les villes aux départements. Dans le même temps, les villes verront, bien entendu, la DGF amputée du même montant, avec une petite réduction, d'ailleurs, pour les villes bénéficiaires de la DSU.
Ce faisant, en figeant les situations, la loi a également figé les inégalités qui existaient entre communes. Globalement, les grandes villes paient 22 % de plus que la moyenne nationale par habitant. Ainsi, la ville de Roubaix paie 27 %, soit 9 millions de francs par an.
Il y a quelques mois, le conseil général du Nord - on voudra bien m'excuser de mettre en avant des situations locales, mais ces situations se retrouvent aussi ailleurs - avait enfin réussi à faire accepter par la majorité, essentiellement rurale, de son assemblée, une modification des critères, dont la mise en oeuvre était étalée sur trois ans et qui permettait de réduire la participation annuelle de la ville de Roubaix d'environ 5 millions de francs. Hélas ! - c'est ainsi ! - la loi relative à la couverture maladie universelle a empêché la mise en oeuvre de cette mesure.
D'où le dépôt de cet amendement, qui vise à demander soit l'application anticipée des critères dont le conseil général avait décidé la mise en place progressive, ce qui me paraîtrait logique, soit l'application étalée de la réduction de la dotation globale de fonctionnement pour se caler sur le contingent réduit.
D'autres départements et grandes villes, certes peu nombreux, avaient aussi des discussions en cours sur ce sujet, semble-t-il. La même logique pourrait s'appliquer à eux.
Cet amendement a le mérite de respecter l'esprit de la loi. Les discussions aboutissent dans certains départements. C'est une façon élégante de pratiquer la politique de décentralisation.
Quand un consensus a été trouvé entre la commune et le département, il ne faut surtout pas le troubler.
Telle est la raison pour laquelle, dans la mesure où le dispositif proposé ne coûterait pas un centime à l'Etat, je suis sûr que ni le M. le secrétaire d'Etat ni M. le rapporteur général ne s'opposeront à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. M. André Diligent a fort bien exposé le problème qui se pose.
La commission des finances s'en remet, dans un esprit tout à fait favorable, à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° I-71.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. M. Diligent a raison d'indiquer combien sont inégales, avec l'ancien système du contingent d'aide sociale, les situations. Ainsi, peuvent connaître des traitements différents des communes de même importance ou de même type situées dans des départements distincts ou, au sein d'un même département, des villes et des communes du monde rural, par exemple.
Je connais ainsi un département où la cotisation des deux plus grandes villes au titre de ce contingent d'aide sociale est exactement le double par habitant de ce qu'elle est dans les communes immédiatement voisines ou dans la moyenne des communes rurales. Il y a donc là une grande iniquité. Il y a souvent, d'ailleurs, des appréciations différentes entre collectivités territoriales.
L'article 13 de la loi du 27 juillet 1999 portant création de la couverture maladie universelle permet de mettre fin à ce système complexe de financements croisés en supprimant, ce qui est une bonne chose - M. Diligent en sera certainement d'accord - le contingent communal d'aide sociale.
Les élus et leurs associations - l'association des maires de France, l'assemblée des départements de France, les maires des grandes villes, et d'autres encore - ont souhaité cette clarification, que nous avons réalisée.
En contrepartie de la suppression de cette charge pour les communes, la loi a prévu de minorer à due concurrence leur dotation forfaitaire. Mais dans un souci de péréquation, cette réduction doit être modulée pour tenir compte des inégalités engendrées par les modes de répartition des contingents dont je parlais tout à l'heure.
Ainsi, les communes éligibles à la DSU ou à la DSR, dont la participation au contingent était supérieure de 30 % au contingent national moyen par habitant, bénéfient de cet abattement.
Cette réforme paraît donc équilibrée, monsieur Diligent, parce qu'elle repose sur le principe d'une supression, au franc le franc, des contingents et qu'elle prend en compte par ailleurs certaines disparités antérieures, dont Roubaix était peut-être la victime, les départements ayant accepté de prendre en charge le coût de cette modulation en faveur des communes éligibles à la DSU ou à la DSR les plus pénalisées par les modes de répartition des contingents.
L'amendement n° I-70 bouleverserait peut-être cet équilibre. Je n'y suis donc pas favorable. Je n'évoque même pas le fait qu'il constitue un cavalier budgétaire, car j'ai souhaité entendre votre argumentation et pouvoir développer celle du Gouvernement, qui - vous le voyez - fait franchir un pas très positif dans la recherche de l'égalité des communes.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Dans un souci de précision juridique, je voudrais suggérer à M. Diligent de remplacer les mots : « Lorsque dans le cadre de négociations entre les villes et les départements » par les mots : « Lorsque dans le cadre d'accords entre les communes et les départements ». Cette formulation serait juridiquement plus précise.
M. le président. Monsieur Diligent, que pensez-vous de la suggestion de M. le rapporteur général ?
M. André Diligent. J'y suis favorable, et je modifie donc mon amendement en ce sens.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° I-70 rectifié, présenté par M. Diligent, et tendant à insérer, avant l'article 34, un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - Le II de l'article L. 2334-7-2 du code général des collectivités territoriales est complété par l'alinéa :
« Lorsque dans le cadre d'accords entre les communes et les départements, les critères de répartition ou le poids de chaque critère ont été révisés par délibération du conseil général intervenue avant le 31 décembre 1999 avec une mise en place progressive des modifications, le mécanisme prévu à l'article L. 2334-7-2-1 est calculé sur la participation que la commune aurait supportée en 1999 en cas d'application immédiate des modifications.
« II. - La perte de recettes, pour les collectivités territoriales, est compensée par une majoration à due concurrence de la dotation globale de fonctionnement. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-70 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 34, et l'amendement n° I-71 n'a plus d'objet.
Par amendement n° I-212, MM. Arnaud et de Richemont proposent d'insérer, avant l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le quatrième alinéa de l'article L. 2334-33 du code général des collectivités territoriales, est ainsi rédigé :
« Les établissements publics de coopération intercommunale de plus de 20 000 habitants dans les départements de métropole et de plus de 35 000 habitants dans les départements d'outre-mer, dont le potentiel fiscal par habitant est inférieur à 1,3 fois le potentiel fiscal moyen par habitant de l'ensemble des établissements publics de coopération intercommunale de même nature. »
La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud. Cet amendement pose le problème de la DGE dans les communautés de communes de plus de 20 000 habitants. Je serai bref, car il est uniquement technique et ne constitue pas une innovation. Le débat politique a eu lieu ici même à l'occasion de l'examen du projet de loi relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale, présenté par M. Chevènement. Je rappelle que nous avons décidé à l'unanimité de corriger un effet que nous avions qualifié de pervers.
Or il apparaît que l'application du dispositif que nous avons adopté pour des motifs rédactionnels n'a nullement résolu le problème puisque, dans la réalité, il suffit qu'une seule des communes membres d'une communauté de communes de plus de 20 000 habitants ne soit pas éligible à la DGE du fait de son potentiel fiscal pour faire perdre le bénéfice de la DGE à l'ensemble de la communauté de communes.
L'amendement n° I-212 tend donc à prendre comme référence le seul potentiel fiscal communautaire et, ainsi, à résoudre le problème comme nous souhaitions le faire lors des débats sur la coopération intercommunale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Elle s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il est défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-212, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 34.
(M. Christian Poncelet remplace M. Jean Faure au fauteuil de la présidence.)

PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET

Article 34



M. le président.
« Art. 34. - Pour l'année 2000, le montant du solde de la dotation d'aménagement, tel que défini au quatrième alinéa de l'article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, est majoré d'un montant de 200 millions de francs.
« Le montant des ressources attribuées respectivement à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de solidarité rurale, y compris l'abondement prévu à l'alinéa précédent est, en 2000, au moins égal au montant des ressources attribuées respectivement à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de solidarité rurale en 1999.
« La majoration prévue au premier alinéa du présent article n'est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998). »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-205, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent :
I. - A la fin du premier alinéa de cet article, de remplacer la somme : « 200 millions » par la somme « 1 milliard ».
II. - De compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Pour compenser la perte de recettes résultant de la majoration du solde de la dotation d'aménagement, le taux prévu à l'article 219 du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
L'amendement n° I-56, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, et l'amendement n° I-157, déposé par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, de Rocca Serra, Torre, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, sont identiques.
Tous deux tendent :
A. - Dans le premier alinéa de l'article 34, à remplacer la somme : « 200 millions de francs » par la somme « 450 millions de francs ».
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, à compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'accroissement de l'abondement de dotation globale de fonctionnement est compensée par la majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Beaudeau, pour présenter l'amendement n° I-205.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le Gouvernement nous propose, dans cet article 34, de majorer de 200 millions de francs la dotation d'aménagement.
Entre 1990 et 1999, la population française a augmenté de près de deux millions d'habitants.
Ces variations de population influent de manière très significative sur les dépenses des collectivités locales. Le comité des finances locales a estimé le coût de l'augmentation de la population à 1,6 milliard de francs pour les collectivités territoriales.
L'amendement n° I-157 a pour objet de majorer de un milliard de francs la dotation d'aménagement afin de mieux tenir compte de l'augmentation de population constatée par le recensement de 1999.
Nous savons également que la prise en compte du recensement pour le calcul des dotations d'Etat aux collectivités locales doit se faire, selon le projet de loi que nous examinerons dans quelques jours, sur trois ans. Nous pensons obtenir confirmation d'une meilleure prise en compte par les prochains projets de loi de finances pour 2001 et 2002 de l'estimation du coût de l'augmentation de la population.
Force est cependant de constater que le montant alloué cette année ne permettra pas d'aider suffisamment les collectivités locales.
C'est pourquoi les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen souhaitent que la majeure partie du coût de l'augmentation soit prise en compte dès l'an 2000.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-56.
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est un amendement d'anticipation qui concerne les modalités de prise en compte des résultats du recensement dans le calcul des dotations de l'Etat aux collectivités locales.
Cet amendement a pour objet de faire passer de 200 millions de francs à 450 millions de francs le montant de l'abondement réalisé par l'article 34, et ce de manière à concilier deux objectifs : d'une part, la progression de la dotation de solidarité urbaine et de la dotation de solidarité rurale en 2000 et, d'autre part, un étalement sur deux ans de la prise en compte des résultats du recensement, conformément aux préconisations du comité des finances locales et à l'état des réflexions, d'après ce qu'il m'en a dit, du rapporteur, au nom de la commission des finances, du projet de loi sur les effets du recensement, Michel Mercier. Je précise, mes chers collègues, que, si nous n'adoptions pas la disposition présentée dans l'amendement n° I-56, qui doit figurer dans une loi de finances, il ne nous serait pas possible, le 10 décembre, lors de l'examen de ce texte, de proposer un étalement sur deux ans de la prise en compte des résultats du recensement.
M. le président. La parole est à M. du Luart, pour défendre l'amendement n° I-157.
M. Roland du Luart. Cet amendement, qui m'a été inspiré par le débat du comité des finances locales auquel j'ai participé récemment, a pour objet de porter de 200 millions de francs à 450 millions de francs le montant de la dotation d'aménagement de la dotation globale de fonctionnement prévu par le présent article. En effet, un abondement de 200 millions de francs seulement ne suffirait pas à stabiliser en francs constants le montant de la dotation de solidarité urbaine et de la dotation de solidarité rurale en l'an 2000.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-205 et I-157 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Le sentiment de la commission est favorable tant sur l'amendement n° I-205 que sur l'amendement n° I-157.
La commission invite néanmoins les auteurs de ces amendements à se rallier à l'amendement n° I-56, dont l'objet est identique.
M. le président. Madame Beaudeau, l'amendement n° I-205 est-il maintenu ?
Mme Marie-Claude Beaudeau. L'amendement n° I-205 vise à une majoration du montant du solde de la dotation d'aménagement de un milliard de francs dès cette année, alors que M. le rapporteur général, dans son amendement n° I-56, limite sa demande à 450 millions de francs. Nous maintenons donc notre amendement n° I-205 ; en cas de rejet de ce dernier, nous serions naturellement amenés à voter l'amendement n° I-56.
M. le président. Monsieur du Luart, l'amendement n° I-157 est-il maintenu ?
M. Roland du Luart. J'exauce bien évidemment le souhait de M. le rapporteur général, et je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° I-157 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-205 et I-56 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Comme vous le savez, mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement souhaite soutenir les collectivités locales pour leur permettre de faire face aux charges qui leur incombent, pour fournir aux populations des services de qualité et pour mener une politique ambitieuse de péréquation. Aussi a-t-il prévu - je l'ai indiqué tout à l'heure, mais il faut le répéter à cet endroit de notre débat - d'une part, d'abonder le solde de la dotation d'aménagement de 200 millions de francs, et, d'autre part, d'abonder la DSU de 500 millions de francs au-delà de l'abondement exceptionnel de 500 millions de francs prévu pour trois ans dans la loi de finances initiale pour 1999.
Ces deux abondements conduisent à un effort cumulé de l'Etat de 700 millions de francs au titre de la prise en compte des effets du recensement. Ils permettent d'assurer une progression significative de la DSU et de la DSR.
La DSR, de son côté, connaît un abondement de 150 millions de francs par prélèvement sur la fraction de la fiscalité de France Télécom et de La Poste versée au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle.
Par ailleurs, le Gouvernement a souhaité que les communes connaissant une baisse de population ne soient pas pénalisées. Un montant de dotation forfaitaire égal à celui qu'elles ont perçu en 1999 leur est donc garanti.
L'Etat a accompli un effort exceptionnel et fait preuve d'une compréhension remarquable de la situation des collectivités locales, je vais le prouver par quelques chiffres que je puis révéler ce soir au Sénat. L'effet mécanique du recensement aurait dû se traduire, en 2000, par une diminution de 3 % de la DSU et de 4 % de la DSR ; or l'effet du recensement après l'abondement de 200 millions de francs et les abondements exceptionnels de la DSU et de la DSR dont je viens de parler se traduit par une augmentation de plus de 15 % de la DSU et de plus de 7 % de la DSR.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Combien en valeur ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. S'il ne s'agit pas là d'un traitement particulièrement favorable des collectivités locales, c'est que les chiffres n'ont plus de signification !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Les pourcentages parlent moins que les valeurs !
M. le président. Monsieur le secrétaire d'Etat, quel est, en fin de compte, l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-205 et I-56 ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je propose de repousser l'amendement n° I-56 de M. Marini et je demanderai aux auteurs de l'amendement n° I-205 de bien vouloir le retirer dans la mesure où je viens de démontrer qu'il était amplement satisfait.
M. le président. Mme Beaudeau, l'amendement n° I-205 est-il toujours maintenu ?
Mme Marie-Claude Beaudeau. Nous le maintenons, monsieur le président.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je tiens à préciser que la commission est défavorable à l'amendement n° I-205 en raison du gage qu'il prévoit.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-205, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-56.
M. Gérard Miquel. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Le groupe socialiste votera contre cet amendement pour les mêmes raisons que celles qui ont prévalu pour l'amendement précédent de la commission des finances.
Selon les dispositions de l'article 6 de la loi du 31 décembre 1993 portant réforme de la dotation globale de fonctionnement, la dotation forfaitaire, en cas d'augmentation de la population, doit être augmentée de 50 % du taux de la croissance constatée. Cela représenterait une hausse de la dotation forfaitaire de 1,5 milliard de francs, d'où une baisse de la dotation d'aménagement de 11 %, une baisse de la DSU de 23 % et une baisse de la DSR de 28 %.
Pour éviter une telle évolution, et après consultation du comité des finances locales, le Gouvernement a transmis au Parlement, le 22 septembre 1999, un projet de loi permettant de tenir compte de l'impact sur la dotation globale de fonctionnement des futures variations de population, projet de loi que nous examinerons le 10 décembre.
En outre, afin que la prise en compte des augmentations de population n'entraîne aucune pénalisation de la DSU et de la DSR, plusieurs mesures ont été adoptées lors de l'examen du projet de loi de finances à l'Assemblée nationale, en plus de l'abondement de 200 millions de francs prévu initialement par l'article 34.
Sur proposition du Gouvernement, la DSU a été majorée de 500 millions de francs. Sur proposition de la commission des finances de l'Assemblée nationale, la fraction « bourg-centres » de la DSR a été majoré de 150 millions de francs grâce à un prélèvement sur le produit des impositions directes locales de La Poste et de France Télécom versé au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle.
Ainsi la DSU progressera l'année prochaine de 16 %, ce qui la portera à 3,83 milliards de francs. Quant à la DSR, elle connaîtra une hausse de 4,5 % et atteindra 2,3 milliards de francs.
Il nous faut rester réaliste et considérer que la position du Gouvernement sur la prise en compte du recensement est équilibrée, et donc voter contre l'amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-56, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 34, ainsi modifié.

(L'article 34 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 34



M. le président.
Par amendement n° I-162 rectifié, MM. Soucaret et Bimbenet proposent d'insérer, après l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa de l'article L. 2334-7-2 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque les sommes restant dues par les communes aux départements, en application de l'article 93 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 précitée, correspondent à la totalité du montant du contingent du au titre de 1999, la diminution ne s'applique pas en 2000. Les dispositions du présent alinéa ne sont pas prises en compte pour l'application du premier alinéa de l'article L. 3334-7-1. »
« II. - La dotation globale de fonctionnement est majorée à due concurrence.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions des I et II ci-dessus est compensée par un relèvement, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Soucaret.
M. Raymond Soucaret. A l'occasion de l'examen de l'amendement n° I-70 de M. Diligent, M. le secrétaire d'Etat a évoqué les bienfaits de la loi du 27 juillet 1999 portant sur la création d'une couverture maladie universelle. Or celle-ci a laissé des oubliés sur le bord de la route.
Cet amendement a donc pour objet de remédier à cette situation.
L'article 13 de la loi portant sur la création de la couverture maladie universelle n'a pas pris en compte le cas particulier des départements dans lesquels les communes acquittaient leurs contingents d'aide sociale avec une année entière de décalage.
Dans ces départements, les communes supporteront en 2000 à la fois une baisse de la DGF d'un montant égal au contingent dû au titre de 1999 et l'obligation de rembourser leur dette afférente à 1999.
Il est nécessaire que les départements puissent recouvrer leur dette, mais la charge imposée aux communes est trop lourde. Par conséquent, mon amendement vise à ne pas diminuer en 2000 la DGF correspondant à la dette des communes se trouvant dans cette situation et à pallier cet oubli à l'occasion du vote de ce projet de loi de finances.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission des finances a étudié avec beaucoup d'attention les préoccupations de notre collègue M. Soucaret.
Il est vrai que la mise en oeuvre de la loi instaurant la couverture maladie universelle peut entraîner des effets pervers et d'ailleurs complexes dans les relations financières entre départements et communes. J'ai compris que, dans certains départements, selon les pratiques en vigueur, certaines communes pouvaient se trouver dans des situations extrêmement difficiles, voire dans des impasses financières. C'est bien ce qu'il s'agit de corriger ici, sur l'initiative de notre collègue M. Soucaret.
Après avoir examiné cette question et considérant que cette approche est tout à fait légitime, la commission a toutefois noté qu'il pouvait en résulter un coût immédiat important pour les finances publiques. Aussi, en vue de réduire ce coût, je vais suggérer à notre collègue de bien vouloir accepter une rectification.
A la troisième ligne du troisième alinéa de l'article additionnel, il conviendrait de remplacer le membre de phrase : « la diminution ne s'applique pas en 2000 » par le membre de phrase : « la diminution est réduite des trois quarts en 2000. »
Je pense qu'ainsi on rendrait l'amendement plus supportable en termes de finances publiques, tout en lui permettant d'atteindre son objectif.
Si notre collègue accepte cette rectification, la commission sera favorable à l'amendement.
M. le président. Monsieur Soucaret, acceptez-vous la modification proposée par la commission des finances ?
M. Raymond Soucaret. Lorsque l'on parle de diminution des trois quarts de la dette en 2000, est-ce que cela signifie que les communes se verront attribuer les trois quarts de ce qu'elles ont à rembourser aux départements ?
Pour éviter toute confusion, prenons un exemple concret : des communes doivent un million de francs, dites-moi, monsieur le rapporteur général, combien elles verseront au département.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, pouvez-vous rassurer M. Soucaret ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je rassure M. Soucaret : nous nous sommes efforcés de trouver les modalités les meilleures possibles et respectant la loi récemment votée sur la création de la CMU.
Cette loi a fait l'objet de négociations relativement complexes avec l'association des départements de France. Il ne faut pas porter atteinte aux résultats de cette négociation ; mais, dans le même temps, il faut trouver des modalités qui puissent vous permettre de gérer sur le plan départemental un problème que vous nous avez décrit à juste titre, monsieur Soucaret, comme difficile et conflictuel.
Je crois donc que notre proposition traduit notre bonne volonté et constitue un compromis raisonnable qui montrera que nous avons vraiment essayé de seconder l'intérêt que vous portez à la bonne santé financière des collectivités de votre département.
M. le président. Monsieur Soucaret, après ces explications acceptez-vous la proposition de M. le rapporteur général ?
M. Raymond Soucaret. J'accepte la modification proposée par M. le rapporteur général.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° I-162 rectifié bis , présenté par MM. Soucaret et Bimbenet, et tendant, après l'article 34, à insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa de l'article L. 2334-7-2 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque les sommes restant dues par les communes aux départements, en application de l'article 93 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 précitée, correspondent à la totalité du montant du contingent dû au titre de 1999, la diminution est réduite des trois quarts en 2000. Les dispositions du présent alinéa ne sont pas prises en compte pour l'application du premier alinéa de l'article L. 3334-7-1.
« II. - La dotation globale de fonctionnement est majorée à due concurrence.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions des I et II ci-dessus est compensée par un relèvement, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
Celui-ci est certes amélioré par la rectification apportée par M. le rapporteur général : nous passons ainsi d'un coût de 1,7 milliard de francs à la charge de l'Etat, à 1,2 milliard de francs toujours à la charge de l'Etat ... !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Vous avez la cagnotte !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il est vrai que l'on constate des décalages budgétaires dans quelques départements. Ces décalages pourraient conduire à ce qu'en 2000 des communes subissent tout à la fois un abattement de leur DGF et le règlement des contingents d'aide sociale. C'est à cela que vous vous attaquez, au titre de 1999 et des années précédentes. Mais l'Etat n'a pas à être l'arbitre des différences d'appréciation éventuelles entre les communes et les départements.
Ces situations doivent pouvoir être réglées, monsieur le sénateur, en recourant au dispositif conventionnel d'entente entre départements et communes, dispositif prévu par l'article 13-X de la loi de 1999, qui permet d'étaler la charge des communes concernées.
Votre amendement reviendrait à faire payer en 2000 à l'Etat, compte tenu de la majoration de la DGF que vous proposez, des accords intervenus localement entre communes et départements pour décaler le paiement des contingents d'aide sociale. Ce n'est pas le travail de l'Etat de se substituer ainsi à la liberté des départements et des communes de conventionner leurs relations. Ce serait peu cohérent avec le principe d'autonomie des collectivités locales, et encore moins avec le principe de responsabilité des collectivités locales.
Toutes ces raisons emportent, je crois, la conviction. Ce sont des raisons de bon sens, et je demande au Sénat de repousser l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-162 rectifié bis.
M. Daniel Hoeffel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. Il y a effectivement un nombre relativement important de départements où le problème soulevé par cet amendement se pose.
Si les communes devaient régler le contingent d'aide sociale dans l'année, la charge qui pèserait sur elles serait importante. En conséquence, on ne peut que recommander la conclusion d'un accord entre les associations départementales des maires et le conseil général pour convenir d'un étalement sur un nombre raisonnable d'années.
C'est parfaitement réalisable. Je l'ai pratiqué et je ne puis qu'inciter les départements qui ne l'ont pas encore fait à s'engager dans cette voie conventionnelle. La libre administration des collectivités locales, c'est aussi cela ! (Très bien ! sur diverses travées.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-162 rectifié bis, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 34.
Par amendement n° I-206, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La dernière phrase du premier alinéa de l'article L. 134-1 du code de la sécurité sociale est abrogée.
« II. - Pour compenser les pertes de recettes résultant du I ci-dessus, l'impôt sur les sociétés est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Nous souhaitons que le problème global de la solidarité entre les régimes spéciaux soit réglé à la base et nous considérons qu'il ne revient pas aux contribuables locaux de financer les régimes spéciaux, lesquels relèvent à l'évidence de la solidarité nationale.
Nous notons également que le Gouvernement de la majorité plurielle a fait des propositions pour rééquilibrer la CNRACL. Le taux de la surcompensation va être réduit de 38 % à 30 % sur deux ans, alors que l'Etat augmentera les ressources de la caisse de 1 milliard de francs en 2000 et de 2 milliards de francs en 2001.
Ces mesures sont à la fois satisfaisantes, car elles constituent un mieux, et - excusez-moi, monsieur le secrétaire d'Etat ! - insuffisantes, car elles ne permettent pas, pour autant, la stagnation de la cotisation employeur. Effectivement, celle-ci va augmenter de 0,5 %, ce qui équivaut à 500 millions de francs. Cette augmentation reste à nos yeux aussi inadmissible pour les collectivités locales, même si elle est moindre que si la surcompensation était restée au même niveau.
Je ne pouvais manquer de rappeler qu'entre 1985 et 1997 la CNRACL a contribué pour 83,5 milliards de francs à l'équilibre des régimes spéciaux déficitaires.
Soucieux de ne pas proposer que des solutions d'attente, les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen souhaitent mettre fin au mécanisme de surcompensation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaite que le Gouvernement s'exprime, donne les garanties nécessaires et nous dise s'il entend enfin prendre des mesures structurelles en faveur de la CNRACL. C'est un sujet qui préoccupe tous les élus locaux.
M. Roland du Luart. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. M. le Premier ministre, lors du récent congrès de l'Association des maires de France, s'est engagé très clairement sur un effort de l'Etat de 3 milliards de francs au total sur les années 2000 et 2001 et - au nom du principe d'égalité de l'effort en faveur de la surcompensation -, il a demandé aux collectivités locales, après concertation avec celles-ci et leurs associations, un effort équivalent à 3 milliards de francs sur 2000 et 2001.
L'effort de l'Etat et des collectivités locales est donc équilibré.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-206.
M. Gérard Miquel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Cet amendement de nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen est intéressant, car il nous permet de débattre de la CNRACL. Il me semble cependant qu'il s'insérerait mieux dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Les difficultés financières de la CNRACL sont croissantes, du fait de la surcompensation et de la dégradation naturelle du ratio démographique. Le rapport entre les cotisants et les retraités devrait en effet passer de 3,3 cotisants par retraité en 1995, à 1,4 en 2015. Le déficit prévu pour 2000 est de 2 milliards de francs et de 6 milliards de francs cumulés à la fin de 2001.
Deux mesures ont cependant été prises : le taux de cotisation des employeurs sera augmenté de 0,5 point en 2000 et en 2001 ; il sera ainsi porté de 25,1 % à 26,1 %. Cela représente un abondement de 3 milliards de francs, dont 550 millions de francs l'an prochain pour les collectivités locales. Mais, en contrepartie, le Gouvernement a décidé de baisser le taux de surcompensation de 38 % à 34 % en 2000 et de 34 % à 30 % en 2001.
Cette demande, formulée depuis plusieurs années par le groupe socialiste, a été entendue, et nous ne pouvons qu'apprécier cette répartition des efforts et cette prise en compte des équilibres financiers des collectivités. Tel n'avait pas été le cas voilà cinq ans. Le dispositif paraît ainsi équilibré et la suppression totale de la surcompensation semble par conséquent prématurée.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix de l'amendement n° I-206, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 34 bis



M. le président.
« Art. 34 bis. - Le 2° bis du II de l'article 1648 B du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Une deuxième part qui sert à verser :
« 1. En 1999, en 2000 et en 2001 : » ;
« 2° Après le dernier alinéa, il est inséré cinq alinéas ainsi rédigés :
« 2. En 2000 et en 2001 :
« a) Une compensation aux communes éligibles en 1999 à la dotation de solidarité urbaine prévue à l'article L. 2334-15 du code général des collectivités territoriales et aux communes bénéficiaires, en 1999, de la première fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l'article L. 2334-21 du même code, et qui connaissent en 2000 une baisse de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986). Les attributions qui reviennent aux communes bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque commune, entre 1999 et 2000, de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 précitée ;
« b) Une compensation aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre dont un membre au moins est éligible, en 1999, soit à la dotation de solidarité urbaine, soit à la première fraction de la dotation de solidarité rurale. Les attributions qui reviennent aux groupements bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque groupement, entre 1999 et 2000, de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986), à hauteur du pourcentage que représente la population des communes éligibles, soit à la dotation de solidarité urbaine, soit à la première fraction de la dotation de solidarité rurale, membres du groupement dans la population totale du groupement ;
« c) Une compensation aux communes bénéficiaires en 1999 de la seconde fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l'article L. 2334-22 du code général des collectivités territoriales et dont le potentiel fiscal par habitant, tel qu'il est défini à l'article L. 2334-4 du même code est inférieur à 90 % du potentiel fiscal moyen par habitant des communes appartenant au même groupe démographique, et qui connaissent en 2000 une baisse de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986). Les attributions qui reviennent aux communes bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque commune entre 1999 et 2000 de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 précitée.
« Lorsque la somme qui doit être attribuée au titre de la compensation pour une commune ou un établissement public de coopération intercommunale est inférieure à 500 francs, le versement de cette somme n'est pas effectué ; ».
Par amendement n° I-57, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de compléter cet article par cinq alinéas ainsi rédigés :
« 3. En 2001.
« a) Une compensation aux communes éligibles en 2000 à la dotation de solidarité urbaine prévue à l'article L. 2334-15 du code général des collectivités territoriales et aux communes bénéficiaires, en 1999, de la première fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l'article L. 2334-21 du même code, et qui connaissent en 2000 une baisse de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986). Les attributions qui reviennent aux communes bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque commune, entre 2000 et 2001, de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances précitée.
« b) Une compensation aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre dont un membre au moins est éligible, en 2000, soit à la dotation de solidarité urbaine, soit à la première fraction de la dotation de solidarité rurale. Les attributions qui reviennent aux groupements bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque groupement, entre 2000 et 2001, de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986), à hauteur du pourcentage que représente la population des communes éligibles, soit à la dotation de solidarité urbaine, soit à la première fraction de la dotation de solidarité rurale, membres du groupement dans la population totale du groupement.
« c) Une compensation aux communes bénéficiaires en 2000 de la seconde fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l'article L. 2334-22 du code général des collectivités territoriales et dont le potentiel fiscal par habitant, tel qu'il est défini à l'article L. 2334-4 du même code est inférieur à 90 % du potentiel fiscal moyen par habitant des communes appartenant au même groupe démographique, et qui connaissent en 2001 une baisse de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986). Les attributions qui reviennent aux communes bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque commune entre 2000 et 2001 de la dotation prévue au IV de l'article 6 de la loi de finances précitée.
« Lorsque la somme qui doit être attribuée au titre de la compensation pour une commune ou un établissement public de coopération intercommunale est inférieure à 500 francs, le versement de cette somme n'est pas effectué. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement a pour objet de redonner un peu de sens au contrat de croissance et de solidarité qui devrait, en théorie, déterminer pour trois ans l'évolution des concours de l'Etat aux collectivités territoriales.
L'année dernière, le Gouvernement avait décidé de compenser totalement en 1999, 2000 et 2001 les baisses de dotation de compensation de la taxe professionnelle enregistrées entre 1998 et 1999 par les communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de solidarité rurale, ainsi que, après une initiative du président de la commission des finances du Sénat, par les groupements auxquels elles appartiennent.
Cette compensation s'effectue par la voie du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle.
Cette année, on nous propose de compenser totalement en 2000 et 2001 les baisses enregistrées entre 1999 et 2000.
Mais le problème ne doit pas être réglé de manière ponctuelle et au cas par cas, afin d'éviter que la question de la compensation des baisses de DCTP ne se renouvelle chaque année. C'est pourquoi, avec cet amendement, nous vous proposons de prévoir, dès maintenant, qu'en 2001 les baisses de DCTP enregistrées entre 2000 et 2001 par les communes éligibles à la DSU et à la DSR seront intégralement compensées. C'est un besoin de visibilité financière pour les communes en question et de stabilité de la règle du jeu.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Nous nous sommes toujours déclarés favorables à la poursuite de l'effort de péréquation entre les collectivités locales. Le Gouvernement l'a montré avec l'abondement de la DSU, dont j'ai parlé tout à l'heure - abondement exceptionnel - et du Fonds national péréquation à l'occasion de la loi de finances pour 1999 ainsi qu'avec les abondements du solde de la dotation d'aménagement de la DSU et de la DSR dans la loi de finances pour 2000 dont nous discutons.
C'est la même raison qui nous a poussés à être favorables à l'amendement présenté par la commission des finances de l'Assemblée nationale visant à soutenir les collectivités les moins favorisées par la reconduction du dispositif de compensation par le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle de la baisse de la dotation de compensation de la taxe professionnelle des collectivités les plus défavorisées, dispositif qui avait été mis en place à l'occasion de la loi de finances pour 1999.
Vous prévoyez un dispositif identique pour l'année 2001. Il m'apparaît prématuré.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oh !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je pense que nous aurons tout loisir d'en étudier l'opportunité éventuelle lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2001.
M. Philippe Marini, rapporteur général. On peut avoir des doutes !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Nous ne savons même pas, à la date d'aujourd'hui, si une baisse de la DCTP interviendra en 2001. Comment pouvons-nous trancher sur le problème que vous posez dans votre amendement, monsieur le rapporteur général ?
Je vous demande par conséquent, au nom d'un simple bon sens temporel, de retirer votre amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. On peut penser qu'il y aura baisse !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Oh non !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Prenons rendez-vous !
M. le président. Nous ne sommes pas là pour gérer les rendez-vous entre sénateurs et ministres ! (Rires.)
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-57, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-58, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose
A. - De compléter in fine l'article 34 bis par deux paragraphes ainsi rédigés :
« II. - Le montant de la dotation de l'Etat prévue au 2° du II de l'article 1648 A bis du code général des impôts est majoré, en 2000, de 150 millions de francs et, en 2001, de 250 millions de francs. Ces majorations ne sont pas prises en compte dans le montant de la dotation de l'Etat au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle pour l'application du I de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998).
« III. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant de la majoration en 2000 et en 2001 de sa dotation au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle prévue au II sont compensées par un relèvement, à due concurrence, des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
B. - En conséquence, de faire précéder le début de cet article de la mention : « I. - ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement a pour objet de majorer les ressources du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle de 150 millions de francs en 2000 et de 100 millions de francs supplémentaires en 2001.
Cette majoration est destinée à faire en sorte que la prise en charge par ce fonds des compensations de baisses de DCTP enregistrées par les communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de solidarité rurale ne réduise pas le solde du FNPTP, lequel constitue la principale ressource, comme chacun le sait, du fonds national de péréquation, le FNP.
Il est absolument nécessaire de préserver les ressources du FNP, qui est le principal instrument de péréquation en faveur des très petites communes. Monsieur le secrétaire d'Etat, comme vous ne pouvez être défavorable aux très petites communes, j'ai confiance par avance en votre avis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le FNPTP connaît une croissance naturelle de ses ressources qui est suffisante pour faire face aux responsabilités qui sont les siennes et qui resteront les siennes dans l'année à venir. C'est pourquoi je ne suis pas favorable à votre amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-58, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 34 bis, modifié.

(L'article 34 bis est adopté.)

Article additionnel après l'article 34 bis



M. le président.
Par amendement n° I-146, M. Charasse propose d'insérer, après l'article 34 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A compter du 1er janvier 2000, le conseil d'administration des services départementaux d'incendie et de secours vote chaque année à son profit les taux applicables aux bases des taxes directes locales, visées aux articles 1380, 1393, 1407 et 1447 du code général des impôts, des communes qui lui sont affiliées.
« II. - Le vote des taxes directes locales visées au I ci-dessus s'effectue dans les mêmes conditions et délais que pour les communes. Ces taxes sont assises, recouvrées et versées aux bénéficiaires selon les mêmes règles que pour les communes.
« III. - A compter du 1er janvier 2000, il est interdit aux collectivités locales et à leurs groupements de participer sous quelque forme que ce soit au financement des dépenses mises à la charge des services départementaux d'incendie et de secours en vertu de la loi n° 96-369 du 3 mai 1996 relative aux services d'incendie et de secours.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Monsieur le président, il est tard. Répondant à l'appel du président et du rapporteur général de la commission des finances, je m'exprimerai donc en style télégraphique.
La situation créée dans les départements du fait de la départementalisation des services d'incendie et de secours est devenue insupportable, tout le monde le sait. Les pompiers professionnels se livrent à un véritable assaut contre les élus et les contribuables, et la progression des charges qui résulte de leurs exigences ne peut plus être acceptée.
Les citoyens sont largement indifférents, car la profession est sympathique, beaucoup confondant professionnels, minoritaires mais très onéreux, et volontaires, beaucoup plus nombreux, modestes, désintéressés et peu exigeants. Il est temps de mettre nos compatriotes devant la réalité d'aujourd'hui et de demain. Il n'y a pas d'autre solution que de faire apparaître le coût réel du corporatisme égoïste des pompiers professionnels sur la feuille d'impôt du contribuable.
Je propose donc que les actuelles contributions des collectivités locales financées en cachette par l'impôt local - puisque cela ne figure clairement nulle part - soient remplacées par l'impôt direct local voté par le SDIS, de façon à apparaître clairement aux yeux de tous et à permettre ainsi aux élus responsables d'être compris et soutenus par la population face aux troupes de manifestants en tenue qui vont jusqu'à s'en prendre aux bâtiments publics, comme on l'a vu hier à Lyon ! (Très bien ! sur divers travées.)
M. Roland du Luart. Vous allez faire éclater votre majorité plurielle !
M. le président. Voilà un amendement qui participe de la volonté de tous pour la transparence, si j'ai bien compris !
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le président, vous m'avez devancé ! Il s'agit effectivement d'un amendement de transparence. Il faut dire aux gens la vérité : le coût d'un service qui ne peut qu'être financé par l'impôt, un impôt spécifique, afin que chacun sache exactement ce que représente la charge de ce service public indispensable.
M. Michel Charasse. Exactement !
M. Philippe Marini, rapporteur général. En ce qui me concerne, je suis favorable à l'objectif ainsi défini, et je veux croire que le Gouvernement n'est pas contre la transparence, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Bien sûr que nous sommes pour la transparence ! Bien sûr que la situation évoquée avec vivacité et brio par M. Charasse se présente en différents points du territoire ! Bien sûr qu'une lassitude se fait jour dans un certain nombre de communes face à cette situation !
Toutefois, monsieur Charasse, le mode actuel de financement des SDIS apparaît conforme à leur mission.
Votre système alourdirait la pression fiscale sur les contribuables puisque je ne crois pas que vous prévoyiez de réduire à due concurrence les taux d'imposition des collectivités qui seraient ainsi déchargées du financement des SDIS.
M. Michel Charasse. Les collectivités les réduiront automatiquement !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Il faudrait donc compléter votre amendement par sa conséquence pour les collectivités locales, faute de quoi il y aurait un alourdissement des prélèvements obligatoires auquel je ne pourrais souscrire.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-146.
M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez plaidé très brillamment tout à l'heure pour dire que nous n'avions pas à dicter leur conduite aux collectivités locales.
Les élus qui votent l'impôt savent parfaitement ce qu'ils ont à faire. Seulement, quand on leur demande tous les ans 30 % d'augmentation des contributions au service départemental d'incendie et de secours, pour l'instant, ils sont condamnés à augmenter les impôts locaux.
Il est bien évident que si, demain, cela passe directement par l'impôt, les collectivités locales n'auront plus à contribuer et il en résultera une détente sur la fiscalité locale au niveau des départements et des communes qui contribuent aujourd'hui. Les élus locaux en tireront les conséquences, soit en affectant les sommes disponibles à des actions auxquelles ils ne peuvent pas aujourd'hui consacrer suffisamment d'argent, soit en réduisant les taux. Ils n'ont pas besoin qu'on leur tienne la main !
Mais je pense qu'au moment où les foyers français vont recevoir la visite des pompiers pour les fameux calendriers (Murmures d'approbation sur de nombreuses travées), au moment où l'on mélange allègrement, dans le sentiment populaire, le pompier professionnel, qui est un fonctionnaire payé pour la tâche qu'il assume, et le pompier volontaire qui, lui, ne réclame rien...
M. Guy Fischer. Il est payé aussi !
M. le président. Monsieur Fischer, s'il vous plaît !
M. Michel Charasse. Notre collègue ne doit pas gérer de SDIS !
M. Guy Fischer. Vous croyez que, dans l'agglomération lyonnaise, nous ne connaissons pas le problème ?...
M. Michel Charasse. ... je dis simplement que les Français doivent savoir ce que leur coûtent leur « chers » pompiers ! (Très bien ! sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Guy Fischer. Il fallait y penser en 1996 !
M. le président. Monsieur Fischer, voulez-vous la parole pour explication de vote ?
M. Guy Fischer. Non, monsieur le président !
M. le président. Alors, taisez-vous ! (Sourires.) M. Jean Delaneau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delaneau.
M. Jean Delaneau. Je soutiens totalement l'amendement de notre collègue Michel Charasse, sans pour autant faire entièrement mienne son argumentation.
Pour ma part, j'ai déjà pris publiquement position dans ce sens, avant même que n'aient été perpétrées les exactions auxquelles M. Charasse a fait allusion.
M. le secrétaire d'Etat, vous avez des arguments assez curieux. Tout d'abord, vous prenez les collectivités territoriales pour ce qu'elles ne sont pas.
M. Michel Charasse. Des vaches à lait !
M. Jean Delaneau. Il serait heureux que les collectivités territoriales puissent être dispensées d'acquitter cette contribution au SDIS.
Certes, les sommes en cause viendraient des mêmes contribuables, mais au moins tous ceux qui réclament en permanence davantage de protection et de sécurité sauraient bien à quoi correspond ce qu'ils paient. J'ai, pour ma part, prévenu les habitants de mon département qu'ils devaient s'attendre à des augmentations de 10 % à 15 % pendant quatre ou cinq ans afin que l'on puisse faire face aux besoins.
Je pense que les collectivités territoriales, départements ou communes, tireraient elles-mêmes les conséquences sur l'appel à l'impôt local.
Par ailleurs, monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez dit que cette mesure accroîtrait la pression fiscale. Mais qu'avez-vous fait, tout à l'heure, en nous expliquant qu'il était très bien que les collectivités territoriales relèvent de 0,5 % leur contribution à la CNRACL ? C'est pourquoi j'ai voté tout à l'heure l'amendement qui était présenté par nos collègues du groupe communiste républicain citoyen. Chaque année, nous sommes finalement conduits à augmenter notre contribution à la caisse. S'agissant des SDIS, il en va de même.
Dans ces conditions, cet argument ne me paraît pas recevable, et je voterai donc aussi l'amendement de M. Charasse.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-146, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 34 bis.
M. Guy Fischer. Quelle démagogie !
M. Michel Charasse. Et les pompiers, ce n'est pas de la démogogie ?

Article 34 ter



M. le président.
« Art. 34 ter. - Au titre de 2000, le montant de la dotation de solidarité urbaine, tel qu'il résulte de l'article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, est majoré de 500 millions de francs. Cette majoration exceptionnelle n'est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998). »
Par amendement n° I-211, Mme Bardou, MM. Faure, Descours,Vissac, Lesbros, Braun, Natali, de Rocca-Serra, Jourdain, Besse, Fournier, Humbert, Puech et Jarlier proposent de rédiger ainsi cet article :
« Pour l'année 2000, la dotation de solidarité rurale visée à l'article L. 2334-20 du code général des collectivités territoriales est majorée de 340 millions de francs, prélevés sur la somme prévue au 5° du II de l'article 1648 A bis du code général des impôts. »
La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou. Cet amendement vise à majorer de 340 millions de francs la dotation de solidarité rurale.
Il s'inscrit en cohérence avec la proposition de l'Assemblée nationale. Toutefois, la rédaction de l'article 34 ter ici proposée se distingue sur deux points de celle qui a été adoptée par l'Assemblée nationale. D'une part, elle fixe l'abondement à 340 millions de francs, au lieu de 150 millions de francs. D'autre part, elle affecte cet abondement à la dotation de solidarité rurale dans son ensemble, aussi bien sur sa fraction bourgs-centres que sur sa fraction péréquation et non pas seulement, comme le prévoit l'article voté à l'Assemblée nationale, à la seule fraction bourgs-centres.
Le souci de porter l'abondement de 150 à 340 millions de francs résulte de la volonté de permettre, autant que faire se peut, une évolution équilibrée des dotations de péréquation respectivement destinées aux communes urbaines défavorisées et aux communes rurales défavorisées.
Sur la base des dispositions votées en première lecture par l'Assemblée nationale, la dotation de solidarité urbaine bénéficierait d'un abondement de 500 millions de francs et la dotation de solidarité rurale de 150 millions de francs. Or, l'an passé déjà, la dotation de solidarité urbaine a progressé près de deux fois plus vite que la dotation de solidarité rurale : respectivement de 45 % et de 24 %.
Cette tendance à la déconnexion des rythmes d'évolution des deux dotations de péréquation n'est pas acceptable. Initialement, leurs poids étaient voisins. En 1994, la dotation de solidarité urbaine et la dotation de solidarité rurale pesaient respectivement 51 % et 49 % des dotations de péréquation ; en 1999, les poids respectifs sont de 60 % et 40 % et le déséquilibre en défaveur de la dotation de solidarité rurale va s'accentuer en 2000.
Cela étant, la majoration proposée par le présent amendement est limitée : les ressources sont exclusivement prises sur l'accroissement du produit de la fiscalité locale de France Télécom et de La Poste affecté au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle.
Le souci d'affecter l'abondement à la dotation de solidarité rurale dans son ensemble résulte d'une double volonté. Tout d'abord, elle participe au refus de voir stagner la dotation de solidarité rurale pour la très grande majorité des bénéficiaires ; seules 4088 communes parmi les 33 653 percevant la dotation de solidarité rurale sont éligibles à la première fraction, c'est-à-dire à la fraction bourgs-centres.
Ensuite, elle permet de préserver la latitude d'arbitrage du comité des finances locales entre les deux fractions de la dotation de solidarité rurale. M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les propos que vient de tenir Mme Bardou en faveur des communes bénéficiaires de la dotation de solidarité rurale sont extrêmement pertinents, et la commission des finances partage naturellement les préoccupations qu'elle a exprimées.
Cela étant, le libellé de l'amendement nous gêne sur le plan technique. En effet, madame Bardou, en réécrivant l'article consacré à la majoration de la dotation de solidarité urbaine, la DSU, vous supprimez la majoration de 500 millions de francs allouée aux communes bénéficiaires de ladite DSU.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Absolument !
M. Philippe Marini, rapporteur général. D'autre part, vous financez la majoration de la dotation de solidarité rurale, la DSR, par une réduction des ressources du Fonds national de péréquation, ce qui vient contrarier votre objectif puisque ce fonds est un instrument indispensable au financement des petites communes rurales.
Toutefois, madame Bardou, je pense que votre souci est largement satisfait par les initiatives de la commission des finances. Nous avons en effet voté tout à l'heure une majoration du Fonds national de péréquation qui va donc bénéficier aux très petites communes. En outre, si le Sénat veut bien nous suivre, dans quelques instants, nous allons supprimer le financement de la majoration de dotation de solidarité rurale par le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, ce qui aura pour effet d'accroître les dotations du Fonds national de péréquation de 300 millions de francs, quand vous prévoyez une majoration de 340 millions de francs de la DSR.
Sachant que les bénéficiaires de la DSR et ceux du Fonds national de péréquation sont, dans une large mesure, les mêmes petites communes rurales, je pense que vous avez satisfaction et que vous pouvez retirer cet amendement, qui demeure néanmoins extrêmement utile à la réflexion de la Haute Assemblée.
M. le président. Madame Bardou, l'amendement n° I-211 est-il maintenu ?
Mme Janine Bardou. Etant donné les apaisements que vient de nous donner M. le rapporteur général, je retire cet amendement.
Je souhaite simplement souligner que l'on perçoit actuellement un certain déséquilibre entre les dotations aux communes urbaines et les dotations aux communes rurales. Il conviendra donc de s'efforcer de compenser ce déséquilibre dans l'avenir. (Très bien ! sur plusieurs travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Jean-Marc Pastor. Vous avez raison !
M. le président. L'amendement n° I-211 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 34 ter .

(L'article 34 ter est adopté.)

Article 34 quater



M. le président.
« Article 34 quater. - Pour l'année 2000, la première fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l'article L. 2334-21 du code général des collectivités territoriales est majorée de 150 millions de francs prélevés sur la somme prévue au 5° du II de l'article 1648 A bis du code général des impôts. »
Par amendement n° I-59, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose :
A. - A la fin de cet article, de remplacer les mots : « prélevés sur la somme prévue au 5° du II de l'article 1648 A bis du code général des impôts » par la phrase : « Cette majoration exceptionnelle n'est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998). »
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du A ci-dessus, de compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - La perte de recettes pour l'Etat résultant de la majoration du montant de la dotation de solidarité rurale est compensée par un relèvement à due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
C. - En conséquence, de faire précéder le début de cet article de la mention : « I. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit précisément de l'amendement auquel je faisais allusion voilà un instant.
L'article 34 quater a pour objet de majorer de 150 millions de francs la fraction bourgs-centres de la DSR. Toutefois ces 150 millions de francs seront prélevés sur les ressources du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, le FNPTP. Cela va conduire à minorer de 150 millions de francs, par un mécanisme lumineux, les ressources du FNP en l'an 2000. Etant donné l'importance des attributions du FNP pour les petites communes rurales, cet amendement a pour objet de prévoir que l'augmentation de la DSR en l'an 2000 sera financée par l'Etat et non pas par les crédits consacrés à la péréquation.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je ne veux pas croire que vous ne soutiendrez pas l'intérêt de la Haute Assemblée pour les petites communes rurales.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est hostile à cet amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oh ! (Sourires.)
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je me suis longuement expliqué tout à l'heure sur l'équilibre entre les différentes dotations. Je ne veux pas allonger le débat à cette heure avancée. J'y reviendrai à l'occasion de la présentation de l'article d'équilibre.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-59, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 34 quater, ainsi modifié.

(L'article 34 quater est adopté.)

Article additionnel après l'article 34 quater

M. le président. Par amendement n° I-216, M. Braye propose d'insérer, après l'article 34 quater, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 1615-7 du code général des collectivités territoriales est complété, in fine, par un alinéa ainsi rédigé :
« Les investissements relatifs aux installations de traitement des déchets ménagers et assimilés, réalisés par les communes et les groupements, bénéficient d'une attribution du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée à hauteur de la fraction pour laquelle la valeur ajoutée n'a pas été déduite fiscalement, et ce quelle que soit la part de l'installation consacrée à l'activité de valorisation imposable à la TVA. »
Cet amendement est-il soutenu ?...

Article 35

M. le président. L'article 35 a été examiné le mercredi 1er décembre.

Article additionnel après l'article 35



M. le président.
Par amendement n° I-286 rectifié, MM. Othily et Bimbenet proposent d'insérer, après l'article 35, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 9 de la loi n° 74-1114 de finances rectificative pour 1974 du 27 décembre 1974 est abrogé. »
La parole est à M. Bimbenet.
M. Jacques Bimbenet. Instituée pour une période de quatre ans environ, cette mesure dérogatoire n'est plus justifiée aujourd'hui. Le présent amendement a donc pour objet de l'abroger.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Sur ce sujet assez spécifique, la commission souhaiterait entendre l'avis du Gouvernement avant de se prononcer.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Les recettes fiscales tirées par le département de la Guyane du droit de consommation sur les tabacs manufacturés représentent 11 millions de francs environ sur l'ensemble du département, dont le budget est de 900 millions de francs. Elles sont donc considérables puisqu'elles représentent plus de 1 % des recettes.
En revanche, si ce montant était affecté comme en métropole, il ne modifierait que de façon très marginale le montant global des recettes tirées de la fiscalité sur le tabac. En effet, je vous rappelle que celles-ci seront majoritairement affectées, à partir de 2000, au Fonds de compensation des allégements des cotisations sociales dans la limite de 39,5 milliards de francs, à la caisse nationale d'assurance maladie pour 8,1 milliards de francs au plus, ainsi qu'au Fonds de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante dans la limite de 200 millions de francs.
Par conséquent, compte tenu des montants en jeu, il est préférable de ne pas modifier les équilibres actuels.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'avoue ne pas être tellement éclairé. Il s'agit, en effet, d'une question très spécifique concernant le traitement de la Guyane et M. le secrétaire d'Etat nous répond par les grands équilibres macrobudgétaires. Il n'apporte donc pas d'éléments particuliers à la question posée par nos collègues.
Cela étant dit, n'ayant guère le moyen d'approfondir le sujet à cette heure, je ne peux que m'en remettre à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-286 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Monsieur le président, avant que nous abordions l'examen de l'article d'équilibre, je demande une supension de séance afin de tirer les conséquences des amendements qui ont été adoptés par le Sénat.
M. le président. Nous allons donc interrompre nos travaux pour permettre au Gouvernement de faire ses comptes.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue le jeudi 2 décembre 1999 à zéro heure cinquante, est reprise à une heure trente-cinq.)

M. le président. La séance est reprise.
Nous en sommes parvenus à l'article d'équilibre.

TITRE II

DISPOSITIONS RELATIVES À L'ÉQUILIBRE
DES RESSOURCES ET DES CHARGES

Article 36 et état A annexé



M. le président.
« Art. 36. - I. - Pour 2000, les ressources affectées au budget évaluées dans l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui en résulte sont fixés aux montants suivants :

(En millions de francs.)


RESSOURCES

DÉPENSES
ordinaires

civiles

DÉPENSES
civiles

en capital

DÉPENSES

militaires

DÉPENSES
totales
ou plafond

des charges


SOLDES



A. - Opérations à caractère définitif
Budget général Montants bruts
1 794 346 1 689 180 . . . .
A déduire : remboursements et dégrèvements d'impôts 331 230 331 230 . . .

.
Montants nets du budget général 1 463 116 1 357 950 80 752 242 833 1 681 535 .
Comptes d'affectation spéciale 42 979 20 201 22 777 » 42 978 .
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale 1 506 095 1 378 151 103 529 242 833
1 724 513

Budgets annexes
Aviation civile 8 718 6 633 2 085 . 8 718 .
Journaux officiels 1 222 926 296 . 1 222 .
Légion d'honneur 124 107 17 . 124 .
Ordre de la Libération 5 4 1 . 5 .
Monnaies et médailles 1 396 1 356 40 . 1 396 .
Prestations sociales agricoles 94 692 94 692 » . 94 692

.
Totaux pour les budgets annexes 106 157 103 718 2 439 . 106 157 .
Solde des opérations définitives (A) . - 218 418

B. - Opérations à caractère temporaire

Comptes spéciaux du Trésor

Comptes d'affectation spéciale » . . . 1 .
Comptes de prêts 6 307 . . . 4 350 .
Comptes d'avances 381 083 . . . 379 400 .
Comptes de commerce (solde) . . . . 46 .
Comptes d'opérations monétaires (solde) . . . . 555 .
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) . . . . 40 .
Solde des opérations temporaires (B) . 2 998
Solde général (A + B) . - 215 420



« II. - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est autorisé à procéder, en 2000, dans des conditions fixées par décret :
« 1. A des emprunts à long, moyen et court terme libellés en euros pour couvrir l'ensemble des charges de trésorerie ou pour renforcer les réserves de change ;
« 2. A des conversions facultatives, à des opérations de pension sur titres d'Etat, à des opérations de dépôts de liquidités sur le marché interbancaire de la zone euro et auprès des Etats de la même zone, des rachats, des échanges d'emprunts, à des échanges de devises ou de taux d'intérêt, à l'achat ou à la vente d'options ou de contrats à terme sur titres d'Etat.
« III. - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est autorisé à donner, en 2000, la garantie de refinancement en devises pour les emprunts communautaires.
« IV. - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est, jusqu'au 31 décembre 2000, habilité à conclure, avec des établissements de crédit spécialisés dans le financement à moyen et long terme des investissements, des conventions établissant pour chaque opération les modalités selon lesquelles peuvent être stabilisées les charges du service d'emprunts qu'ils contractent en devises étrangères. »
Je donne lecture de l'état A annexé :

É T A T A

Tableau des voies et moyens applicables au budget de 2000

I. - BUDGET GÉNÉRAL

(En milliers de francs)




NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES RECETTES

ÉVALUATIONS

pour 2000

A. - Recettes fiscales 1. Impôt sur le revenu

0001 Impôt sur le revenu
337 790 000


2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles
0002 Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles
55 300 000

3. Impôt sur les sociétés
0003 Impôt sur les sociétés
267 150 000

4. Autres impôts directs et taxes assimilées
0004 Retenues à la source sur certains bénéfices non commerciaux et de l'impôt sur le revenu 2 200 000
0005 Retenues à la source et prélèvements sur les revenus de capitaux mobiliers, prélèvement sur les bons anonymes 11 200 000
0006 Prélèvements sur les bénéfices tirés de la construction immobilière (loi n° 63-254 du 15 mars 1963, art. 28-IV) 5 000
0007 Précompte dû par les sociétés au titre de certains bénéfices distribués (loi n° 65-566 du 12 juillet 1965, art. 3) 6 000 000
0008 Impôt de solidarité sur la fortune 13 610 000
0009 Taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et de stockage 1 520 000
0010 Prélèvements sur les entreprises d'assurance 210 000
0011 Taxe sur les salaires 50 000 000
0012 Cotisation minimale de taxe professionnelle 2 000 000
0013 Taxe d'apprentissage 210 000
0014 Taxe de participation des employeurs au financement de la formation professionnelle continue 190 000
0015 Taxe forfaitaire sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art, de collection et d'antiquité 250 000
0016 Contribution sur logements sociaux 210 000
0017 Contribution des institutions financières 3 000 000
0018 Prélèvement sur les entreprises de production pétrolière »
0019 Recettes diverses 10 000
0020 Contribution de France Télécom au financement du service public de l'enseignement supérieur des télécommunications
»

. Totaux pour le 4
90 615 000

5. Taxe intérieure sur les produits pétroliers
0021 Taxe intérieure sur les produits pétroliers
167 140 000

6. Taxe sur la valeur ajoutée
0022 Taxe sur la valeur ajoutée
858 246 000

7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes
0023 Mutations à titre onéreux de créances, rentes, prix d'offices 2 100 000
0024 Mutations à titre onéreux de fonds de commerce 1 580 000
0025 Mutations à titre onéreux de meubles corporels 5 000
0026 Mutations à titre onéreux d'immeubles et droits immobiliers 15 000
0027 Mutations à titre gratuit entre vifs (donations) 6 160 000
0028 Mutations à titre gratuit par décès 34 500 000
0031 Autres conventions et actes civils 1 950 000
0032 Actes judiciaires et extrajudiciaires »
0033 Taxe de publicité foncière 350 000
0034 Taxe spéciale sur les conventions d'assurance 27 000 000
0036 Taxe additionnelle au droit de bail »
0039 Recettes diverses et pénalités 750 000
0041 Timbre unique 2 370 000
0044 Taxe sur les véhicules des sociétés 3 750 000
0045 Actes et écrits assujettis au timbre de dimension 3 050 000
0046 Contrats de transport »
0047 Permis de chasser 100 000
0051 Impôt sur les opérations traitées dans les bourses de valeurs 1 900 000
0059 Recettes diverses et pénalités 2 500 000
0061 Droits d'importation 8 500 000
0062 Prélèvements et taxes compensatoires institués sur divers produits »
0064 Autres taxes intérieures 1 200 000
0065 Autres droits et recettes accessoires 400 000
0066 Amendes et confiscations 400 000
0081 Droits de consommation sur les tabacs 3 000 000
0086 Taxe spéciale sur les débits de boissons »
0089 Taxe sur les installations nucléaires de base 829 000
0091 Garantie des matières d'or et d'argent 200 000
0092 Amendes, confiscations et droits sur acquits non rentrés 4 000
0093 Autres droits et recettes à différents titres 55 000
0094 Taxe spéciale sur la publicité télévisée 70 000
0096 Taxe spéciale sur certains véhicules routiers 1 140 000
0097 Cotisation à la production sur les sucres 1 500 000
0098 Taxes sur les stations et liaisons radioélectriques privées 83 000
0099 Autres taxes
318 000

. Totaux pour le 7
105 779 000


B. - Recettes non fiscales
1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier
0107 Produits de l'exploitation du service des constructions aéronautiques au titre de ses activités à l'exportation »
0108 Produits de l'exploitation du service des constructions et armes navales au titre de ses activités à l'exportation »
0109 Produits de l'exploitation du service des fabrications d'armements au titre de ses activités à l'exportation »
0110 Produits des participations de l'Etat dans des entreprises financières 3 662 000
0111 Contribution de la Caisse des dépôts et consignations représentative de l'impôt sur les sociétés 1 881 000
0114 Produits des jeux exploités par La Française des jeux 7 200 000
0115 Produits de la vente des publications du Gouvernement »
0116 Produits des participations de l'Etat dans des entreprises non financières et bénéfices des établissements publics non financiers 7 826 000
0129 Versements des budgets annexes 247 000
0199 Produits divers
»

. Totaux pour le 1
20 816 000

2. Produits et revenus du domaine de l'Etat
0201 Versement de l'Office national des forêts au budget général »
0202 Recettes des transports aériens par moyens militaires 5 000
0203 Recettes des établissements pénitentiaires 54 000
0207 Produits et revenus du domaine encaissés par les comptables des impôts 2 000 000
0208 Produit de la cession de biens appartenant à l'Etat réalisée dans le cadre des opérations de délocalisation »
0210 Produit de la cession du capital d'entreprises appartenant à l'Etat »
0299 Produits et revenus divers
98 000

. Totaux pour le 2
2 157 000

3. Taxes, redevances et recettes assimilées
0301 Redevances, taxes ou recettes assimilées de protection sanitaire et d'organisation des marchés de viandes 425 000
0302 Cotisation de solidarité sur les céréales et graines oléagineuses »
0309 Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes 19 333 000
0310 Recouvrement des frais de justice, des frais de poursuite et d'instance 67 000
0311 Produits ordinaires des recettes des finances 12 000
0312 Produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation 2 040 000
0313 Produit des autres amendes et condamnations pécuniaires 3 350 000
0314 Prélèvements sur le produit des jeux dans les casinos régis par la loi du 15 juin 1907 5 200 000
0315 Prélèvements sur le pari mutuel 2 200 000
0318 Produit des taxes, redevances et contributions pour frais de contrôle perçues par l'Etat 583 000
0323 Droits d'inscription pour les examens organisés par les différents ministères, droits de diplômes et de scolarité perçus dans différentes écoles du Gouvernement 3 000
0325 Recettes perçues au titre de la participation des employeurs à l'effort de construction 5 320 000
0326 Reversement au budget général de diverses ressources affectées 2 730 000
0328 Recettes diverses du cadastre 171 000
0329 Recettes diverses des comptables des impôts 620 000
0330 Recettes diverses des receveurs des douanes 40 000
0331 Rémunération des prestations rendues par divers services ministériels 2 249 000
0332 Pénalité pour défaut d'emploi obligatoire des travailleurs handicapés et des mutilés de guerre 20 000
0335 Versement au Trésor des produits visés par l'article 5, dernier alinéa, de l'ordonnance n° 45-14 du 6 janvier 1945 70 000
0337 Redevances versées par les entreprises dont les emprunts bénéficient de la garantie de l'Etat »
0339 Redevance d'usage des fréquences radioélectriques 720 000
0399 Taxes et redevances diverses
138 000

. Totaux pour le 3
45 291 000

4. Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital
0401 Récupération et mobilisation des créances de l'Etat 370 000
0402 Annuités diverses 2 000
0403 Contribution des offices et établissements publics de l'Etat dotés de l'autonomie financière et des compagnies de navigation subventionnées, sociétés d'économie mixte, entreprises de toute nature ayant fait appel au concours financier de l'Etat 10 000
0404 Intérêts des prêts du Fonds de développement économique et social 150 000
0406 Intérêts des prêts consentis aux organismes d'habitation à loyer modéré et de crédit immobilier »
0407 Intérêts des dotations en capital et des avances d'actionnaire accordées par l'Etat 1 930 000
0408 Intérêts sur obligations cautionnées 15 000
0409 Intérêts des prêts du Trésor 3 800 000
0410 Intérêts des avances du Trésor 3 000
0411 Intérêts versés par divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics au titre des avances »
0499 Intérêts divers
200 000

. Totaux pour le 4
6 480 000

5. Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat
0501 Retenues pour pensions civiles et militaires (part agent) 27 950 000
0502 Contributions aux charges de pensions de France Télécom 8 903 000
0503 Retenues de logement effectuées sur les émoluments de fonctionnaires et officiers logés dans des immeubles appartenant à l'Etat ou loués par l'Etat 7 000
0504 Ressources à provenir de l'application des règles relatives aux cumuls des rémunérations d'activité 250 000
0505 Prélèvement effectué sur les salaires des conservateurs des hypothèques 1 826 000
0506 Recettes diverses des services extérieurs du Trésor 30 000
0507 Contribution de diverses administrations au Fonds spécial de retraite des ouvriers des établissements industriels de l'Etat 79 000
0508 Contributions aux charges de pensions de La Poste 15 350 000
0509 Contributions aux charges de pensions de divers organismes publics ou semi-publics 5 026 000
0599 Retenues diverses
»

. Totaux pour le 5
59 421 000

6. Recettes provenant de l'extérieur
0601 Produits des chancelleries diplomatiques et consulaires 300 000
0604 Remboursement par les Communautés européennes des frais d'assiette et de perception des impôts et taxes perçus au profit de son budget 1 050 000
0606 Versement du Fonds européen de développement économique régional »
0607 Autres versements des Communautés européennes 185 000
0699 Recettes diverses provenant de l'extérieur
39 000

. Totaux pour le 6
1 574 000

7. Opérations entre administrations et services publics
0702 Redevances et remboursements divers dus par les compagnies de chemins de fer d'intérêt local et entreprises similaires 1 000
0708 Reversements de fonds sur les dépenses des ministères ne donnant pas lieu à rétablissement de crédits 450 000
0709 Réintégration au budget général des recettes des établissements dont l'autonomie a été supprimée par le décret du 20 mars 1939 »
0712 Remboursement de divers frais de gestion et de contrôle 7 000
0799 Opérations diverses
165 000

. Totaux pour le 7
623 000

8. Divers
0801 Recettes en contrepartie des dépenses de reconstruction 10 000
0802 Recouvrements poursuivis à l'initiative de l'Agence judiciaire du Trésor. Recettes sur débets non compris dans l'actif de l'administration des finances 105 000
0803 Remboursements de frais de scolarité, de pension et de trousseau par les anciens élèves des écoles du Gouvernement qui quittent prématurément le service de l'Etat 15 000
0804 Pensions et trousseaux des élèves des écoles du Gouvernement 15 000
0805 Recettes accidentelles à différents titres 3 895 000
0806 Recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie 17 168 000
0807 Reversements de la Banque française du commerce extérieur »
0808 Remboursements par les organismes d'habitation à loyer modéré des prêts accordés par l'Etat »
0809 Recettes accessoires sur les dépenses obligatoires d'aide sociale et de santé 1 000
0810 Ecrêtement des recettes transférées aux collectivités locales (loi du 7 janvier 1983) »
0811 Récupération d'indus 900 000
0812 Reversements de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur 8 000 000
0813 Rémunération de la garantie accordée par l'Etat aux caisses d'épargne 8 100 000
0815 Rémunération de la garantie accordée par l'Etat à la Caisse nationale d'épargne 4 100 000
0816 Versements de la Caisse d'amortissement de la dette sociale au budget de l'Etat 12 500 000
0817 Recettes en atténuation de trésorerie du Fonds de stabilisation des changes »
0818 Versements de l'établissement public prévu à l'article 46 de la loi de finances pour 1997 (n° 96-1181 du 30 décembre 1996) 1 331 000
0899 Recettes diverses
7 860 000

. Totaux pour le 8
64 000 000


C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales
0001 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation globale de fonctionnement 112 035 919
0002 Prélèvement sur les recettes de l'Etat du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation
2 040 000
0003 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs 2 353 372
0004 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle 3 575 093
0005 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation de compensation de la taxe professionnelle 11 899 436
0006 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds de compensation pour la TVA 21 820 000
0007 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale 12 578 200
0008 Dotation élu local 275 666
0009 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse 107 800
0010 Compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle
22 850 000

. Totaux pour le 1
189 535 486


2. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes
0001 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du budget des Communautés européennes
98 500 000


D. - Fonds de concours et recettes assimilées 1. Fonds de concours et recettes assimilées
1100 Fonds de concours ordinaires et spéciaux »
1500 Fonds de concours. - Coopération internationale
»

. Totaux pour le 1
»


RÉCAPITULATION GÉNÉRALE A. - Recettes fiscales
1 Impôt sur le revenu 337 790 000
2 Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles 55 300 000
3 Impôts sur les sociétés 267 150 000
4 Autres impôts directs et taxes assimilées 90 615 000
5 Taxe intérieure sur les produits pétroliers 167 140 000
6 Taxe sur la valeur ajoutée 858 246 000
7 Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes
105 779 000

. Totaux pour la partie A
1 882 020 000

B. - Recettes non fiscales
1 Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier 20 816 000
2 Produits et revenus du domaine de l'Etat 2 157 000
3 Taxes, redevances et recettes assimilées 45 291 000
4 Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital 6 480 000
5 Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat 59 421 000
6 Recettes provenant de l'extérieur 1 574 000
7 Opérations entre administrations et services publics 623 000
8 Divers
64 000 000

. Totaux pour la partie B
200 362 000

C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat
1 Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales - 189 535 486
2 Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes
- 98 500 000

. Totaux pour la partie C
- 288 035 486

D. - Fonds de concours et recettes assimilées
1 Fonds de concours et recettes assimilées
»

. Total général 1 794 346 514

II. - BUDGETS ANNEXES

(En francs)

NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES RECETTES

ÉVALUATIONS

pour 2000

Aviation civile 1re SECTION. - EXPLOITATION

7001 Redevances de route 4 908 000 000
7002 Redevances pour services terminaux de la circulation aérienne pour la métropole 1 059 000 000
7003 Redevances pour services terminaux de la circulation aérienne pour l'outre-mer 107 000 000
7004 Autres prestations de service 71 489 900
7006 Ventes de produits et marchandises 8 629 000
7007 Recettes sur cessions 402 800
7008 Autres recettes d'exploitation 24 795 853
7009 Taxe de l'aviation civile 1 258 394 802
7100 Variation des stocks »
7200 Productions immobilisées »
7400 Subvention du budget général 210 000 000
7600 Produits financiers 7 000 000
7700 Produits exceptionnels 1 440 000
7800 Reprises sur provisions
221 930 000

. Total des recettes brutes en fonctionnement
7 878 082 355

. Total des recettes nettes de fonctionnement
7 878 082 355

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Autofinancement (virement de la section Exploitation) 1 244 915 000
9201 Recettes sur cessions (capital) 9 650 000
9202 Subventions d'investissement reçues »
9700 Produit brut des emprunts 830 000 000
9900 Autres recettes en capital
»

. Total des recettes brutes en capital
2 084 565 000

.
A déduire :
. Autofinancement (virement de la section Exploitation)
- 1 244 915 000

. Total des recettes nettes en capital
839 650 000

. Total des recettes nettes
8 717 732 355


Journaux officiels 1re SECTION. - EXPLOITATION
7000 Vente de produits fabriqués, prestations de services, marchandises 1 210 900 000
7100 Variation des stocks (production stockée) »
7200 Production immobilisée »
7400 Subventions d'exploitation »
7500 Autres produits de gestion courante 5 000 000
7600 Produits financiers »
7700 Produits exceptionnels 6 000 000
7800 Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
1 221 900 000

.
A déduire :
. Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes nettes de fonctionnement
1 221 900 000

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation 247 155 654
9300 Diminution des stocks constatée en fin de gestion »
9800 Amortissements et provisions 48 972 000
9900 Autres recettes en capital
»

. Total des recettes brutes en capital
296 127 654

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation - 247 155 654
. Amortissements et provisions
- 48 972 000

. Total des recettes nettes en capital
»

. Total des recettes nettes
1 221 900 000


Légion d'honneur 1re SECTION. - EXPLOITATION
7001 Droits de chancellerie 1 466 000
7002 Pensions et trousseaux des élèves des maisons d'éducation 5 864 152
7003 Produits accessoires 832 840
7400 Subventions 105 750 841
7800 Reprises sur amortissements et provisions 10 000 000
7900 Autres recettes
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
123 913 833

. Total des recettes nettes de fonctionnement
123 913 833

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9800 Amortissements et provisions 16 437 000
9900 Autres recettes en capital
»

. Total des recettes brutes en capital
16 437 000

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions
- 16 437 000

. Total des recettes nettes en capital
»

. Total des recettes nettes
123 913 833


Ordre de la Libération 1re SECTION. - EXPLOITATION
7400 Subventions 4 959 598
7900 Autres recettes
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
4 959 598

. Total des recettes nettes de fonctionnement
4 959 598

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9800 Amortissements et provisions
850 000

. Total des recettes brutes en capital
850 000

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions
- 850 000

. Total des recettes nettes en capital
»

. Total des recettes nettes
4 959 598


Monnaies et médailles 1re SECTION. - EXPLOITATION
7000 Vente de produits fabriqués, prestations de services, marchandises 1 383 792 245
7100 Variations des stocks (production stockée) »
7200 Production immobilisée »
7400 Subvention »
7500 Autres produits de gestion courante 9 700 000
7600 Produits financiers »
7700 Produits exceptionnels »
7800 Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
1 393 492 245

.
A déduire :
. Reprises sur amortissements et provisions
»

. Total des recettes nettes de fonctionnement
1 393 492 245

2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement 2 050 000
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9300 Diminution de stocks constatée en fin de gestion »
9800 Amortissements et provisions 37 750 000
9900 Autres recettes en capital
»

. Total des recettes brutes en capital
39 800 000

.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions
- 37 750 000

. Total des recettes nettes en capital
2 050 000

. Total des recettes nettes
1 395 542 245


Prestations sociales agricoles 1re SECTION. - EXPLOITATION
7031 Cotisations prestations familiales (art. 1062 du code rural) 2 060 000 000
7032 Cotisations AVA (art. 1123 a et 1003-8 du code rural) 1 627 000 000
7033 Cotisations AVA (art. 1123 b et c et 1003-8 du code rural) 4 361 000 000
7034 Cotisations AMEXA (art. 1106-6 du code rural) 4 140 000 000
7035 Cotisations d'assurance veuvage 49 000 000
7036 Cotisations d'assurance volontaire et personnelle 1 000 000
7037 Cotisations de solidarité (art. 15 de la loi n° 80-502 du 4 juillet 1980 d'orientation agricole) 236 000 000
7038 Cotisations acquittées dans les départements d'outre-mer (art. 1106-20, 1142-10 et 1142-20 du code rural) 13 000 000
7039 Imposition additionnelle à l'impôt foncier non bâti »
7040 Taxe sur les céréales »
7041 Taxe sur les graines oléagineuses »
7042 Taxe sur les betteraves »
7043 Taxe sur les farines 344 000 000
7044 Taxe sur les tabacs 483 000 000
7045 Taxe sur les produits forestiers »
7046 Taxe sur les corps gras alimentaires 665 000 000
7047 Prélèvement sur le droit de consommation sur les alcools 118 000 000
7048 Cotisations assises sur les polices d'assurance automobile 379 000 000
7049 Cotisation incluse dans la taxe sur la valeur ajoutée 32 241 000 000
7051 Remboursement de l'allocation aux adultes handicapés 422 000 000
7052 Versements à intervenir au titre de la compensation des charges entre les régimes de base de sécurité sociale obligatoires 35 303 000 000
7053 Contribution de la Caisse nationale des allocations familiales au financement des prestations familiales servies aux non-salariés agricoles 1 318 000 000
7054 Subvention du budget général : contribution au financement des prestations familiales servies aux non-salariés agricoles »
7055 Subvention du budget général : solde 3 536 000 000
7056 Versements à intervenir au titre de l'article L. 651-1 du code de la sécurité sociale 1 000 000 000
7057 Versements à intervenir au titre de l'article L. 139-2 du code de la sécurité sociale 4 239 000 000
7059 Versements du Fonds de solidarité vieillesse 1 981 000 000
7060 Versements du Fonds spécial d'invalidité 96 000 000
7061 Recettes diverses 80 000 000
7062 Prélèvement sur le fonds de roulement
»

. Total des recettes brutes en fonctionnement
94 692 000 000

. Total des recettes nettes de fonctionnement
94 692 000 000

. Total des recettes nettes 94 692 000 000

III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE

(En francs)

ÉVALUATION DES RECETTES POUR 2000





NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES COMPTES

Opérations à

caractère définitif

Opérations à

caractère temporaire


Total Fonds national de l'eau
01 Produit de la redevance sur les consommations d'eau 501 000 000 » 501 000 000
02 Annuités de remboursement des prêts » » »
03 Prélèvement sur le produit du Pari mutuel 457 000 000 » 457 000 000
04 Recettes diverses ou accidentelles du Fonds national pour le développement des adductions d'eau » » »
05 Prélèvement de solidarité pour l'eau 500 000 000 » 500 000 000
06 Recettes diverses ou accidentelles du Fonds national de solidarité pour l'eau » »

»

. Totaux 1 458 000 000 »
1 458 000 000


Soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie audiovisuelle
01 Produit de la taxe additionnelle au prix des places dans les salles de spectacles cinématographiques 629 000 000 » 629 000 000
04 Prélèvement spécial sur les bénéfices résultant de la production, de la distribution ou de la représentation de films pornographiques ou d'incitation à la violence 200 000 » 200 000
05 Taxe spéciale sur les films pornographiques ou d'incitation à la violence produits par des entreprises établies hors de France » » »
06 Contributions des sociétés de programme » » »
07 Taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision au titre de la redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements 680 400 000 » 680 400 000
08 Taxe sur les encaissements réalisés au titre de la commercialisation des vidéogrammes 76 500 000 » 76 500 000
09 Recettes diverses ou accidentelles 13 000 000 » 13 000 000
10 Contribution du budget de l'Etat » » »
11 Taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision au titre de la redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements 1 209 600 000 » 1 209 600 000
12 Taxe sur les encaissements réalisés au titre de la commercialisation des vidéogrammes 13 500 000 » 13 500 000
14 Recettes diverses ou accidentelles » » »
99 Contribution du budget de l'Etat » »
»

. Totaux 2 622 200 000 »
2 622 200 000



Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée
au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision
01 Produit de la redevance 13 602 189 600 » 13 602 189 600
02 Recettes diverses ou accidentelles » » »
03 Contribution du budget de l'Etat 900 000 000 »
900 000 000

. Totaux 14 502 189 600 »
14 502 189 600

Fonds national pour le développement du sport
03 Partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes et hors les hippodromes 18 000 000 » 18 000 000
04 Excédent du produit de la taxe spéciale sur les débits de boissons et sur les dépenses d'indemnisation » » »
05 Remboursement des avances consenties aux associations sportives » » »
06 Recettes diverses ou accidentelles » » »
07 Produit de la contribution sur la cession à un service de télévision des droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives 75 000 000 » 75 000 000
08 Produit du prélèvement sur les sommes misées sur les jeux exploités en France métropolitaine par La Française des jeux 996 000 000 »
996 000 000

. Totaux 1 089 000 000 »
1 089 000 000

Fonds national des haras et des activités hippiques
01 Produit du prélèvement élevage sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes 26 700 000 » 26 700 000
02 Produit du prélèvement élevage sur les sommes engagées au Pari mutuel urbain 698 600 000 » 698 600 000
03 Produit des services rendus par les haras nationaux » » »
04 Produit des ventes d'animaux, sous-produits et matériels » » »
05 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 725 300 000 »
725 300 000


Fonds national pour le développement de la vie associative
01 Partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes et hors les hippodromes 40 000 000 » 40 000 000
02 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 40 000 000 »
40 000 000


Actions en faveur du développement des départements, des territoires et des collectivités territoriales d'outre-mer
01 Bénéfices nets de l'Institut d'émission des départements d'outre-mer » » »
02 Bénéfices nets de l'Institut d'émission d'outre-mer 11 000 000 » 11 000 000
03 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 11 000 000 »
11 000 000


Compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de sociétés
01 Produit des ventes par l'Etat de titres, de parts ou de droits de sociétés ainsi que le reversement par l'ERAP, sous toutes ses formes, du produit de cession des titres de la société Elf-Aquitaine 16 945 000 000 » 16 945 000 000
02 Reversement d'avances d'actionnaires ou de dotations en capital et produits de réduction du capital ou de liquidation » » »
03 Versements du budget général ou d'un budget annexe » »
»

. Totaux 16 945 000 000 »
16 945 000 000


Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien
01 Encaissements réalisés au titre de l'ex-taxe de péréquation des transports aériens » » »
02 Part de la taxe de l'aviation civile affectée au Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien 361 000 000 » 361 000 000
03 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 361 000 000 »
361 000 000


Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables
01 Produit de la taxe sur les titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés 1 680 000 000 » 1 680 000 000
02 Produit de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes 2 655 000 000 » 2 655 000 000
03 Participations des collectivités territoriales et de leurs établissements publics » » »
04 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 4 335 000 000 »
4 335 000 000


Indemnisation au titre des créances françaises sur la Russie
01 Versements de la Russie 730 000 000 »
730 000 000


Fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale
01 Produit de la taxe sur certaines dépenses publicitaires 160 000 000 » 160 000 000
02 Remboursement par les bénéficiaires des avances consenties par le fonds » » »
03 Recettes diverses ou accidentelles » »
»

. Totaux 160 000 000 »
160 000 000

. Totaux pour les comptes d'affectation spéciale 42 978 689 600 » 42 978 689 600

IV. - COMPTES DE PRÊTS

(En francs)

NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES COMPTES

ÉVALUATION
des recettes

pour 2000

Prêts du Fonds de développement économique et social
01 Recettes 130 000 000

Prêts du Trésor à des Etats étrangers et à l'Agence française de développement en vue de favoriser le développement économique et social

01 Remboursement de prêts du Trésor 2 182 400 000
02 Remboursement de prêts à l'Agence française de développement
493 000 000

. Total
2 675 400 000




Avances du Trésor consolidées par transformation en prêts du Trésor
01 Recettes 1 000 000

Prêts du Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de dettes envers la France
01 Recettes
3 500 000 000

. Total pour les comptes de prêts 6 306 400 000

V. - COMPTES D'AVANCES DU TRÉSOR

(En francs)

NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES COMPTES

ÉVALUATION
des recettes

pour 2000

Avances aux départements sur le produit de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur

01 Recettes 16 300 000 000

Avances aux collectivités et établissements publics, territoires, établissements et Etats d'outre-mer
01 Avances de l'article 70 de la loi du 31 mars 1932 et de l'article L. 2336-1 du code général des collectivités territoriales 20 000 000
02 Avances de l'article 14 de la loi du 23 décembre 1946 et de l'article L. 2336-2 du code général des collectivités territoriales »
03 Avances de l'article 34 de la loi du 31 décembre 1953 (avances spéciales sur recettes budgétaires) »
04 Avances au territoire de la Nouvelle-Calédonie (fiscalité Nickel)
»

. Total
20 000 000





Avances sur le montant des impositions revenant aux départements, communes, établissements et divers organismes
01 Recettes 364 700 000 000

Avances à divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics
01 Avances aux budgets annexes »
02 Avances à l'Agence centrale des organismes d'intervention dans le secteur agricole au titre des besoins temporaires de préfinancement des dépenses communautaires »
03 Avances aux autres établissements publics nationaux et services autonomes de l'Etat »
04 Avances à des services concédés ou nationalisés ou à des sociétés d'économie mixte »
05 Avances à divers organismes de caractère social
»

. Total
»




Avances à des particuliers et associations
01 Avances aux fonctionnaires de l'Etat pour l'acquisition de moyens de transport 35 000 000
02 Avances aux agents de l'Etat pour l'amélioration de l'habitat 13 000 000
03 Avances aux associations participant à des tâches d'intérêt général »
04 Avances aux agents de l'Etat à l'étranger pour la prise en location d'un logement
15 000 000

. Total
63 000 000




. Total pour les comptes d'avances du Trésor 381 083 000 000


Je suis saisi d'un amendement n° I-299, présenté par le Gouvernement, et tendant :
« I. - Dans l'état A, à modifier les évaluations de recettes comme suit :
« I. - BUDGET GÉNÉRAL
« A. - Recettes fiscales
« 1. Impôt sur le revenu.
« Ligne 0001 : "Impôt sur le revenu", minorer de 12 204 000 000 francs.
« 3. Impôt sur les sociétés.
« Ligne 0003 : "Impôt sur les sociétés", minorer de 7 502 000 000 francs.
« 4. Autres impôts directs et taxes assimilées.
« Ligne 0008 : "Impôt de solidarité sur la fortune", minorer de 1 160 000 000 francs.
« Ligne 0009 : "Taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et de stockage", majorer de 720 000 000 francs.
« Ligne 0011 : "Taxe sur les salaires", minorer de 620 000 000 francs.
« Ligne 0015 : "Taxe forfaitaire sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art, de collection et d'antiquité", minorer de 80 000 000 francs.
« Ligne 0017 : "Contribution des institutions financières", minorer de 900 000 000 francs.
« 6. Taxe sur la valeur ajoutée.
« Ligne 0022 : "Taxe sur la valeur ajoutée", minorer de 25 880 000 000 francs.
« 7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes.
« Ligne 0023 : "Mutations à titre onéreux de créances, rentes, prix d'offices", minorer de 2 000 000 000 francs.
« Ligne 0027 : "Mutations à titre gratuit entre vifs (donations)", majorer de 40 000 000 francs.
« Ligne 0028 : "Mutations à titre gratuit par décès", minorer de 250 000 000 francs.
« Ligne 0041 : "Timbre unique", majorer de 70 000 000 francs.
« Ligne 0044 : "Taxe sur les véhicules des sociétés", minorer de 300 000 000 francs.
« Ligne 0045 : "Actes et écrits assujettis au timbre de dimension", majorer de 200 000 000 francs.
« Ligne 0067 rétablie : "Taxe sur les activités polluantes", majorer de 2 000 000 000 francs.
« Ligne 0081 : "Droits de consommation sur les tabacs et taxe sur les allumettes et les briquets", majorer de 97 167 000 000 francs.
« Ligne 0089 : "Taxe sur les installations nucléaires de base", minorer de 37 000 000 francs.
« Ligne 0099 : "Autres taxes", majorer de 114 000 000 francs.
« B. - Recettes non fiscales
« 1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier.
« Ligne 0110 : "Produits des participations de l'Etat dans des entreprises financières", majorer de 150 000 000 francs.
« 3. Taxes, redevances et recettes assimilées.
« Ligne 0309 : "Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes", minorer de 8 000 000 000 francs.
« C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat
« 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales.
« Ligne 0001 : "Prélèvements sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation globale de fonctionnement", majorer de 1 525 000 000 francs.
« Ligne 0004 : "Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle", majorer de 359 853 000 francs.
« Ligne 0005 : "Prélèvements sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation de compensation de la taxe professionnelle", majorer de 861 574 000 francs.
« Ligne 0010 : "Compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle", majorer de 300 000 000 francs.
« II. - BUDGETS ANNEXES
« Prestations sociales agricoles.
« Première section. - Exploitation.
« Ligne 7049 : "Cotisation incluse dans la taxe sur la valeur ajoutée", majorer de 1 280 000 000 francs.
« Ligne 7056 : "Versements à intervenir au titre de l'article L. 651-1 du code de la sécurité sociale", minorer de 1 000 000 000 francs.
« III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
« Fonds national de développement des adductions d'eau.
« Ligne 01 : "Produit de la redevance sur les consommations d'eau", majorer de 72 000 000 francs.
« Fonds national de l'eau (supprimé) .
« Ligne 05 : "Prélèvement de solidarité pour l'eau", minorer de 500 000 000 francs.
« Fonds national pour le développement du sport.
« Ligne 07 : "Produit de la contribution sur la cession à un service de télévision des droits de diffusion", minorer de 75 000 000 francs.
« Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables.
« Ligne 02 : "Produit de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes", minorer de 295 000 000 francs.
« II. - A remplacer le I de l'article 36 ainsi que l'état A annexé par les dispositions suivantes :
« I. - Pour 2000, les ressources affectées au budget, évaluées dans l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui en résultent sont fixés aux montants suivants :

(En millions de francs.)


RESSOURCES

DÉPENSES
ordinaires

civiles

DÉPENSES
civiles

en capital

DÉPENSES

militaires

DÉPENSES
totales
ou plafond

des charges


SOLDES



A. - Opérations à caractère définitif
Budget général Montants bruts
1 832 828 1 690 111 . . . .
A déduire : remboursements et dégrèvements d'impôts 331 530 331 530 . . .

.
Montants nets du budget général 1 501 298 1 358 581 80 752 242 833 1 682 166 .
Comptes d'affectation spéciale 42 181 19 918 22 190 » 42 108 .
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale 1 543 479 1 378 499 102 942 242 833
1 724 274

Budgets annexes
Aviation civile 8 718 6 633 2 085 . 8 718 .
Journaux officiels 1 222 926 296 . 1 222 .
Légion d'honneur 124 107 17 . 124 .
Ordre de la Libération 5 4 1 . 5 .
Monnaies et médailles 1 396 1 356 40 . 1 396 .
Prestations sociales agricoles 94 972 94 692 » . 94 692

.
Totaux pour les budgets annexes 106 437 103 718 2 439 . 106 157 .
Solde des opérations définitives (A) . - 180 515

B. - Opérations à caractère temporaire

Comptes spéciaux du Trésor

Comptes d'affectation spéciale » . . . 1 .
Comptes de prêts 6 307 . . . 4 350 .
Comptes d'avances 381 083 . . . 379 400 .
Comptes de commerce (solde) . . . . 46 .
Comptes d'opérations monétaires (solde) . . . . 555 .
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) . . . . 40 .
Solde des opérations temporaires (B) . 2 998
Solde général (A + B) . - 177 517

Je donne lecture de l'état A annexé :

É T A T A

Tableau des voies et moyens applicables au budget de 2000

I. - BUDGET GÉNÉRAL

(En milliers de francs)




NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES RECETTES

ÉVALUATIONS

pour 2000

A. - Recettes fiscales 1. Impôt sur le revenu

0001 Impôt sur le revenu
325 586 000


2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles
0002 Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles
55 300 000

3. Impôt sur les sociétés
0003 Impôt sur les sociétés
259 648 000

4. Autres impôts directs et taxes assimilées
0004 Retenues à la source sur certains bénéfices non commerciaux et de l'impôt sur le revenu 2 200 000
0005 Retenues à la source et prélèvements sur les revenus de capitaux mobiliers, prélèvement sur les bons anonymes 11 200 000
0006 Prélèvements sur les bénéfices tirés de la construction immobilière (loi n° 63-254 du 15 mars 1963, art. 28-IV) 5 000
0007 Précompte dû par les sociétés au titre de certains bénéfices distribués (loi n° 65-566 du 12 juillet 1965, art. 3) 6 000 000
0008 Impôt de solidarité sur la fortune 12 450 000
0009 Taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et de stockage 2 240 000
0010 Prélèvements sur les entreprises d'assurance 210 000
0011 Taxe sur les salaires 49 380 000
0012 Cotisation minimale de taxe professionnelle 2 000 000
0013 Taxe d'apprentissage 210 000
0014 Taxe de participation des employeurs au financement de la formation professionnelle continue 190 000
0015 Taxe forfaitaire sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art, de collection et d'antiquité 170 000
0016 Contribution sur logements sociaux 210 000
0017 Contribution des institutions financières 2 100 000
0018 Prélèvement sur les entreprises de production pétrolière »
0019 Recettes diverses 10 000
0020 Contribution de France Télécom au financement du service public de l'enseignement supérieur des télécommunications
»

. Totaux pour le 4
88 575 000

5. Taxe intérieure sur les produits pétroliers
0021 Taxe intérieure sur les produits pétroliers
167 140 000

6. Taxe sur la valeur ajoutée
0022 Taxe sur la valeur ajoutée
832 366 000

7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes
0023 Mutations à titre onéreux de créances, rentes, prix d'offices 100 000
0024 Mutations à titre onéreux de fonds de commerce 1 580 000
0025 Mutations à titre onéreux de meubles corporels 5 000
0026 Mutations à titre onéreux d'immeubles et droits immobiliers 15 000
0027 Mutations à titre gratuit entre vifs (donations) 6 200 000
0028 Mutations à titre gratuit par décès 34 250 000
0031 Autres conventions et actes civils 1 950 000
0032 Actes judiciaires et extrajudiciaires »
0033 Taxe de publicité foncière 350 000
0034 Taxe spéciale sur les conventions d'assurance 27 000 000
0036 Taxe additionnelle au droit de bail »
0039 Recettes diverses et pénalités 750 000
0041 Timbre unique 2 440 000
0044 Taxe sur les véhicules des sociétés 3 450 000
0045 Actes et écrits assujettis au timbre de dimension 3 250 000
0046 Contrats de transport »
0047 Permis de chasser 100 000
0051 Impôt sur les opérations traitées dans les bourses de valeurs 1 900 000
0059 Recettes diverses et pénalités 2 500 000
0061 Droits d'importation 8 500 000
0062 Prélèvements et taxes compensatoires institués sur divers produits »
0064 Autres taxes intérieures 1 200 000
0065 Autres droits et recettes accessoires 400 000
0066 Amendes et confiscations 400 000
0067 Taxe sur les activités polluantes 2 000 000
0081 Droits de consommation sur les tabacs 100 167 000
0086 Taxe spéciale sur les débits de boissons »
0089 Taxe sur les installations nucléaires de base 792 000
0091 Garantie des matières d'or et d'argent 200 000
0092 Amendes, confiscations et droits sur acquits non rentrés 4 000
0093 Autres droits et recettes à différents titres 55 000
0094 Taxe spéciale sur la publicité télévisée 70 000
0096 Taxe spéciale sur certains véhicules routiers 1 140 000
0097 Cotisation à la production sur les sucres 1 500 000
0098 Taxes sur les stations et liaisons radioélectriques privées 83 000
0099 Autres taxes
432 000

. Totaux pour le 7
202 783 000


B. - Recettes non fiscales
1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier
0107 Produits de l'exploitation du service des constructions aéronautiques au titre de ses activités à l'exportation »
0108 Produits de l'exploitation du service des constructions et armes navales au titre de ses activités à l'exportation »
0109 Produits de l'exploitation du service des fabrications d'armements au titre de ses activités à l'exportation »
0110 Produits des participations de l'Etat dans des entreprises financières 3 812 000
0111 Contribution de la Caisse des dépôts et consignations représentative de l'impôt sur les sociétés 1 881 000
0114 Produits des jeux exploités par La Française des jeux 7 200 000
0115 Produits de la vente des publications du Gouvernement »
0116 Produits des participations de l'Etat dans des entreprises non financières et bénéfices des établissements publics non financiers 7 826 000
0129 Versements des budgets annexes 247 000
0199 Produits divers
»

. Totaux pour le 1
20 966 000

2. Produits et revenus du domaine de l'Etat
0201 Versement de l'Office national des forêts au budget général »
0202 Recettes des transports aériens par moyens militaires 5 000
0203 Recettes des établissements pénitentiaires 54 000
0207 Produits et revenus du domaine encaissés par les comptables des impôts 2 000 000
0208 Produit de la cession de biens appartenant à l'Etat réalisée dans le cadre des opérations de délocalisation »
0210 Produit de la cession du capital d'entreprises appartenant à l'Etat »
0299 Produits et revenus divers
98 000

. Totaux pour le 2
2 157 000

3. Taxes, redevances et recettes assimilées
0301 Redevances, taxes ou recettes assimilées de protection sanitaire et d'organisation des marchés de viandes 425 000
0302 Cotisation de solidarité sur les céréales et graines oléagineuses »
0309 Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes 11 333 000
0310 Recouvrement des frais de justice, des frais de poursuite et d'instance 67 000
0311 Produits ordinaires des recettes des finances 12 000
0312 Produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation 2 040 000
0313 Produit des autres amendes et condamnations pécuniaires 3 350 000
0314 Prélèvements sur le produit des jeux dans les casinos régis par la loi du 15 juin 1907 5 200 000
0315 Prélèvements sur le pari mutuel 2 200 000
0318 Produit des taxes, redevances et contributions pour frais de contrôle perçues par l'Etat 583 000
0323 Droits d'inscription pour les examens organisés par les différents ministères, droits de diplômes et de scolarité perçus dans différentes écoles du Gouvernement 3 000
0325 Recettes perçues au titre de la participation des employeurs à l'effort de construction 5 320 000
0326 Reversement au budget général de diverses ressources affectées 2 730 000
0328 Recettes diverses du cadastre 171 000
0329 Recettes diverses des comptables des impôts 620 000
0330 Recettes diverses des receveurs des douanes 40 000
0331 Rémunération des prestations rendues par divers services ministériels 2 249 000
0332 Pénalité pour défaut d'emploi obligatoire des travailleurs handicapés et des mutilés de guerre 20 000
0335 Versement au Trésor des produits visés par l'article 5, dernier alinéa, de l'ordonnance n° 45-14 du 6 janvier 1945 70 000
0337 Redevances versées par les entreprises dont les emprunts bénéficient de la garantie de l'Etat »
0339 Redevance d'usage des fréquences radioélectriques 720 000
0399 Taxes et redevances diverses
138 000

. Totaux pour le 3
37 291 000

4. Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital
0401 Récupération et mobilisation des créances de l'Etat 370 000
0402 Annuités diverses 2 000
0403 Contribution des offices et établissements publics de l'Etat dotés de l'autonomie financière et des compagnies de navigation subventionnées, sociétés d'économie mixte, entreprises de toute nature ayant fait appel au concours financier de l'Etat 10 000
0404 Intérêts des prêts du Fonds de développement économique et social 150 000
0406 Intérêts des prêts consentis aux organismes d'habitation à loyer modéré et de crédit immobilier »
0407 Intérêts des dotations en capital et des avances d'actionnaire accordées par l'Etat 1 930 000
0408 Intérêts sur obligations cautionnées 15 000
0409 Intérêts des prêts du Trésor 3 800 000
0410 Intérêts des avances du Trésor 3 000
0411 Intérêts versés par divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics au titre des avances »
0499 Intérêts divers
200 000

. Totaux pour le 4
6 480 000

5. Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat
0501 Retenues pour pensions civiles et militaires (part agent) 27 950 000
0502 Contributions aux charges de pensions de France Télécom 8 903 000
0503 Retenues de logement effectuées sur les émoluments de fonctionnaires et officiers logés dans des immeubles appartenant à l'Etat ou loués par l'Etat 7 000
0504 Ressources à provenir de l'application des règles relatives aux cumuls des rémunérations d'activité 250 000
0505 Prélèvement effectué sur les salaires des conservateurs des hypothèques 1 826 000
0506 Recettes diverses des services extérieurs du Trésor 30 000
0507 Contribution de diverses administrations au Fonds spécial de retraite des ouvriers des établissements industriels de l'Etat 79 000
0508 Contributions aux charges de pensions de La Poste 15 350 000
0509 Contributions aux charges de pensions de divers organismes publics ou semi-publics 5 026 000
0599 Retenues diverses
»

. Totaux pour le 5
59 421 000

6. Recettes provenant de l'extérieur
0601 Produits des chancelleries diplomatiques et consulaires 300 000
0604 Remboursement par les Communautés européennes des frais d'assiette et de perception des impôts et taxes perçus au profit de son budget 1 050 000
0606 Versement du Fonds européen de développement économique régional »
0607 Autres versements des Communautés européennes 185 000
0699 Recettes diverses provenant de l'extérieur
39 000

. Totaux pour le 6
1 574 000

7. Opérations entre administrations et services publics
0702 Redevances et remboursements divers dus par les compagnies de chemins de fer d'intérêt local et entreprises similaires 1 000
0708 Reversements de fonds sur les dépenses des ministères ne donnant pas lieu à rétablissement de crédits 450 000
0709 Réintégration au budget général des recettes des établissements dont l'autonomie a été supprimée par le décret du 20 mars 1939 »
0712 Remboursement de divers frais de gestion et de contrôle 7 000
0799 Opérations diverses
165 000

. Totaux pour le 7
623 000

8. Divers
0801 Recettes en contrepartie des dépenses de reconstruction 10 000
0802 Recouvrements poursuivis à l'initiative de l'Agence judiciaire du Trésor. Recettes sur débets non compris dans l'actif de l'administration des finances 105 000
0803 Remboursements de frais de scolarité, de pension et de trousseau par les anciens élèves des écoles du Gouvernement qui quittent prématurément le service de l'Etat 15 000
0804 Pensions et trousseaux des élèves des écoles du Gouvernement 15 000
0805 Recettes accidentelles à différents titres 3 895 000
0806 Recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie 17 168 000
0807 Reversements de la Banque française du commerce extérieur »
0808 Remboursements par les organismes d'habitation à loyer modéré des prêts accordés par l'Etat »
0809 Recettes accessoires sur les dépenses obligatoires d'aide sociale et de santé 1 000
0810 Ecrêtement des recettes transférées aux collectivités locales (loi du 7 janvier 1983 modifiée) »
0811 Récupération d'indus 900 000
0812 Reversements de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur 8 000 000
0813 Rémunération de la garantie accordée par l'Etat aux caisses d'épargne 8 100 000
0815 Rémunération de la garantie accordée par l'Etat à la Caisse nationale d'épargne 4 100 000
0816 Versements de la Caisse d'amortissement de la dette sociale au budget de l'Etat 12 500 000
0817 Recettes en atténuation de trésorerie du Fonds de stabilisation des changes »
0818 Versements de l'établissement public prévu à l'article 46 de la loi de finances pour 1997 (n° 96-1181 du 30 décembre 1996) 1 331 000
0899 Recettes diverses
7 860 000

. Totaux pour le 8
64 000 000


C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales
0001 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation globale de fonctionnement 113 560 919
0002 Prélèvement sur les recettes de l'Etat du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation
2 040 000
0003 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs 2 353 372
0004 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle 3 934 946
0005 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation de compensation de la taxe professionnelle 12 761 010
0006 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds de compensation pour la TVA 21 820 000
0007 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale 12 578 200
0008 Dotation élu local 275 666
0009 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse 107 800
0010 Compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle
23 150 000

. Totaux pour le 1
192 581 913


2. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes
0001 Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du budget des Communautés européennes
98 500 000


D. - Fonds de concours et recettes assimilées 1. Fonds de concours et recettes assimilées
1100 Fonds de concours ordinaires et spéciaux »
1500 Fonds de concours. - Coopération internationale
»

. Totaux pour le 1
»


RÉCAPITULATION GÉNÉRALE A. - Recettes fiscales
. 1. Impôt sur le revenu 325 586 000
. 2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles 55 300 000
. 3. Impôts sur les sociétés 259 648 000
. 4. Autres impôts directs et taxes assimilées 88 575 000
. 5. Taxe intérieure sur les produits pétroliers 167 140 000
. 6. Taxe sur la valeur ajoutée 832 366 000
. 7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes
202 783 000

. Totaux pour la partie A
1 931 398 000

B. - Recettes non fiscales
. 1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier 20 966 000
. 2. Produits et revenus du domaine de l'Etat 2 157 000
. 3. Taxes, redevances et recettes assimilées 37 291 000
. 4. Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital 6 480 000
. 5. Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat 59 421 000
. 6. Recettes provenant de l'extérieur 1 574 000
. 7. Opérations entre administrations et services publics 623 000
. 8. Divers
64 000 000

. Totaux pour la partie B
192 512 000

C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat
. 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales - 192 581 913
. 2. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes
- 98 500 000

. Totaux pour la partie C
- 291 081 913

D. - Fonds de concours et recettes assimilées
. 1. Fonds de concours et recettes assimilées
»

. Total général 1 832 828 087


II. - BUDGETS ANNEXES

(En francs)

NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES RECETTES

ÉVALUATIONS

pour 2000

Aviation civile 1re SECTION. - EXPLOITATION

7001 Redevances de route 4 908 000 000
7002 Redevances pour services terminaux de la circulation aérienne pour la métropole 1 059 000 000
7003 Redevances pour services terminaux de la circulation aérienne pour l'outre-mer 107 000 000
7004 Autres prestations de service 71 489 900
7006 Ventes de produits et marchandises 8 629 000
7007 Recettes sur cessions 402 800
7008 Autres recettes d'exploitation 24 795 853
7009 Taxes de l'aviation civile 1 258 394 802
7100 Variation des stocks »
7200 Productions immobilisées »
7400 Subvention du budget général 210 000 000
7600 Produits financiers 7 000 000
7700 Produits exceptionnels 1 440 000
7800 Reprises sur provisions 221 930 000
. Total des recettes brutes en fonctionnement 7 878 082 355
. Total des recettes nettes de fonctionnement 7 878 082 355
2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Autofinancement (virement de la section Exploitation) 1 244 915 000
9201 Recettes sur cessions (capital) 9 650 000
9202 Subventions d'investissement reçues »
9700 Produit brut des emprunts 830 000 000
9900 Autres recettes en capital »
. Total des recettes brutes en capital 2 084 565 000
.
A déduire :
. Autofinancement (virement de la section Exploitation) - 1 244 915 000
. Total des recettes nettes en capital 839 650 000
. Total des recettes nettes 8 717 732 355

Journaux officiels 1re SECTION. - EXPLOITATION
7000 Vente de produits fabriqués, prestations de services, marchandises 1 210 900 000
7100 Variation des stocks (production stockée) »
7200 Production immobilisée »
7400 Subventions d'exploitation »
7500 Autres produits de gestion courante 5 000 000
7600 Produits financiers »
7700 Produits exceptionnels 6 000 000
7800 Reprises sur amortissements et provisions »
. Total des recettes brutes en fonctionnement 1 221 900 000
.
A déduire :
. Reprises sur amortissements et provisions »
. Total des recettes nettes de fonctionnement 1 221 900 000
2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation 247 155 654
9300 Diminution des stocks constatée en fin de gestion »
9800 Amortissements et provisions 48 972 000
9900 Autres recettes en capital »
. Total des recettes brutes en capital 296 127 654
.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation - 247 155 654
. Amortissements et provisions - 48 972 000
. Total des recettes nettes en capital »
. Total des recettes nettes 1 221 900 000

Légion d'honneur 1re SECTION. - EXPLOITATION
7001 Droits de chancellerie 1 466 000
7002 Pensions et trousseaux des élèves des maisons d'éducation 5 864 152
7003 Produits accessoires 832 840
7400 Subventions 105 750 841
7800 Reprise sur amortissements et provisions 10 000 000
7900 Autres recettes »
. Total des recettes brutes en fonctionnement 123 913 833
. Total des recettes nettes de fonctionnement 123 913 833
2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9800 Amortissements et provisions 16 437 000
9900 Autres recettes en capital »
. Total des recettes brutes en capital 16 437 000
.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions - 16 437 000
. Total des recettes nettes en capital »
. Total des recettes nettes 123 913 833

Ordre de la Libération 1re SECTION. - EXPLOITATION
7400 Subventions 4 959 598
7900 Autres recettes »
. Total des recettes brutes en fonctionnement 4 959 598
. Total des recettes nettes de fonctionnement 4 959 598
2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement »
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9800 Amortissements et provisions 850 000
. Total des recettes brutes en capital 850 000
.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions - 850 000
. Total des recettes nettes en capital »
. Total des recettes nettes 4 959 598

Monnaies et médailles 1re SECTION. - EXPLOITATION
7000 Vente de produits fabriqués, prestations de services, marchandises 1 383 792 245
7100 Variations des stocks (production stockée) »
7200 Production immobilisée »
7400 Subvention »
7500 Autres produits de gestion courante 9 700 000
7600 Produits financiers »
7700 Produits exceptionnels »
7800 Reprises sur amortissements et provisions »
. Total des recettes brutes en fonctionnement 1 393 492 245
.
A déduire :
. Reprises sur amortissements et provisions »
. Total des recettes nettes de fonctionnement 1 393 492 245
2e SECTION. - OPÉRATIONS EN CAPITAL
. Prélèvement sur le fonds de roulement 2 050 000
9100 Reprise de l'excédent d'exploitation »
9300 Diminution de stocks constatée en fin de gestion »
9800 Amortissements et provisions 37 750 000
9900 Autres recettes en capital »
. Total des recettes brutes en capital 39 800 000
.
A déduire :
. Reprise de l'excédent d'exploitation »
. Amortissements et provisions - 37 750 000
. Total des recettes nettes en capital 2 050 000
. Total des recettes nettes 1 395 542 245

Prestations sociales agricoles 1re SECTION. - EXPLOITATION
7031 Cotisations prestations familiales (art. 1062 du code rural) 2 060 000 000
7032 Cotisations AVA (art. 1123 a et 1003-8 du code rural) 1 627 000 000
7033 Cotisations AVA (art. 1123 b et c et 1003-8 du code rural) 4 361 000 000
7034 Cotisations AMEXA (art. 1106-6 du code rural) 4 140 000 000
7035 Cotisations d'assurance veuvage 49 000 000
7036 Cotisations d'assurance volontaire et personnelle 1 000 000
7037 Cotisations de solidarité (art. 15 de la loi n° 80-502 du 4 juillet 1980 d'orientation agricole) 236 000 000
7038 Cotisations acquittées dans les départements d'outre-mer (art. 1106-20, 1142-10 et 1142-20 du code rural) 13 000 000
7039 Imposition additionnelle à l'impôt foncier non bâti »
7040 Taxe sur les céréales »
7041 Taxe sur les graines oléagineuses »
7042 Taxe sur les betteraves »
7043 Taxe sur les farines 344 000 000
7044 Taxe sur les tabacs 483 000 000
7045 Taxe sur les produits forestiers »
7046 Taxe sur les corps gras alimentaires 665 000 000
7047 Prélèvement sur le droit de consommation sur les alcools 118 000 000
7048 Cotisations assises sur les polices d'assurance automobile 379 000 000
7049 Cotisation incluse dans la taxe sur la valeur ajoutée 33 521 000 000
7051 Remboursement de l'allocation aux adultes handicapés 422 000 000
7052 Versements à intervenir au titre de la compensation des charges entre les régimes de base de sécurité sociale obligatoires 35 303 000 000
7053 Contribution de la Caisse nationale des allocations familiales au financement des prestations familiales servies aux non-salariés agricoles 1 318 000 000
7054 Subvention du budget général : contribution au financement des prestations familiales servies aux non-salariés agricoles »
7055 Subvention du budget général : solde 3 536 000 000
7056 Versements à intervenir au titre de l'article L. 651-2-1 du code de la sécurité sociale »
7057 Versements à intervenir au titre de l'article L. 139-2 du code de la sécurité sociale 4 239 000 000
7059 Versement du Fonds de solidarité vieillesse 1 981 000 000
7060 Versement du Fonds spécial d'invalidité 96 000 000
7061 Recettes diverses 80 000 000
7062 Prélèvement sur le fonds de roulement »
. Total des recettes brutes en fonctionnement 94 972 000 000
. Total des recettes nettes de fonctionnement 94 972 000 000
. Total des recettes nettes 94 972 000 000

III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE

(En francs)

ÉVALUATION DES RECETTES POUR 1998





NUMÉRO

de la ligne


DÉSIGNATION DES COMPTES

Opérations à

caractère définitif

Opérations à

caractère temporaire


Total

Fonds national pour le développement des adductions d'eau

01 Produit de la redevance sur les consommations d'eau 573 000 000 » 573 000 000
02 Annuités de remboursement des prêts » » »
03 Prélèvement sur le produit du Pari mutuel 457 000 000 » 457 000 000
04 Recettes diverses ou accidentelles du Fonds national pour le développement des adductions d'eau » » »
. Totaux 1 030 000 000 » 1 030 000 000

Soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie audiovisuelle
01 Produit de la taxe additionnelle au prix des places dans les salles de spectacles cinématographiques 629 000 000 » 629 000 000
04 Prélèvement spécial sur les bénéfices résultant de la production, de la distribution ou de la représentation de films pornographiques ou d'incitation à la violence 200 000 » 200 000
05 Taxe spéciale sur les films pornographiques ou d'incitation à la violence produits par des entreprises établies hors de France » » »
06 Contributions des sociétés de programme » » »
07 Taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision au titre de la redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements 680 400 000 » 680 400 000
08 Taxe sur les encaissements réalisés au titre de la commercialisation des vidéogrammes 76 500 000 » 76 500 000
09 Recettes diverses ou accidentelles 13 000 000 » 13 000 000
10 Contribution du budget de l'Etat » » »
11 Taxe et prélèvement sur les sommes encaissées par les sociétés de télévision au titre de la redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements 1 209 600 000 » 1 209 600 000
12 Taxe sur les encaissements réalisés au titre de la commercialisation des vidéogrammes 13 500 000 » 13 5000 000
14 Recettes diverses ou accidentelles » » »
99 Contribution du budget de l'Etat » » »
. Totaux 2 622 200 000 »
2 622 200 000

Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée
au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision
01 Produit de la redevance 13 602 189 600 » 13 602 189 600
02 Recettes diverses ou accidentelles » » »
03 Contribution du budget de l'Etat 900 000 000 » 900 000 000
. Totaux 14 502 189 600 » 14 502 189 600
Fonds national pour le développement du sport
03 Partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes et hors les hippodromes 18 000 000 » 18 000 000
04 Excédent du produit de la taxe spéciale sur les débits de boissons et sur les dépenses d'indemnisation » » »
05 Remboursement des avances consenties aux associations sportives » » »
06 Recettes diverses ou accidentelles » » »
07
Produit de la contribution sur la cession d'un service de télévision des droits de diffusion, de manifestations ou de compétitions sportives (ligne supprimée).
08 Produit du prélèvement sur les sommes misées sur les jeux exploités en France métropolitaine par La Française des jeux 996 000 000 » 996 000 000
. Totaux 1 014 000 000 » 1 014 000 000
Fonds national des haras et des activités hippiques
01 Produit du prélèvement élevage sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes 26 700 000 » 26 700 000
02 Produit du prélèvement élevage sur les sommes engagées au Pari mutuel urbain 698 600 000 » 698 600 000
03 Produit des services rendus par les haras nationaux » » »
04 Produit des ventes d'animaux, sous-produits et matériels » » »
05 Recettes diverses ou accidentelles » » »
. Totaux 725 300 000 » 725 300 000

Fonds national pour le développement de la vie associative
01 Partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel sur les hippodromes et hors les hippodromes 40 000 000 » 40 000 000
02 Recettes diverses ou accidentelles » » »
. Totaux 40 000 000 » 40 000 000

Actions en faveur du développement des départements, des territoires et des collectivités territoriales d'outre-mer
01 Bénéfices nets de l'Institut d'émission des départements d'outre-mer » » »
02 Bénéfices nets de l'Institut d'émission d'outre-mer 11 000 000 » 11 000 000
03 Recettes diverses ou accidentelles » » »
. Totaux 11 000 000 » 11 000 000

Compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de sociétés
01 Produit des ventes par l'Etat de titres, de parts ou de droits de sociétés ainsi que le reversement par l'ERAP, sous toutes ses formes, du produit de cession des titres de la société Elf-Aquitaine 16 945 000 000 » 16 945 000 000
02 Produit des ventes par l'Etat de titres, de parts ou de droits de sociétés à l'exclusion des ventes réalisées à l'occasion d'opérations comportant une cession au secteur privé d'une participation au capital social d'une entreprise du secteur public » » »
03 Versements du budget général ou d'un budget annexe » » »
. Totaux 16 945 000 000 » 16 945 000 000

Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien
01 Encaissements réalisés au titre de l'ex-taxe de péréquation des transports aériens » » »
02 Part de la taxe de l'aviation civile affectée au Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien 361 000 000 » 361 000 000
03 Recettes diverses ou accidentelles » » »
. Totaux 361 000 000 » 361 000 000

Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables
01 Produit de la taxe sur les titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés 1 680 000 000 » 1 680 000 000
02 Produit de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes 2 360 000 000 » 2 360 000 000
03 Participations des collectivités territoriales et de leurs établissements publics » » »
04 Recettes diverses ou accidentelles » » »
. Totaux 4 040 000 000 » 4 040 000 000

Indemnisation au titre des créances françaises sur la Russie
01 Versements de la Russie 730 000 000 » 730 000 000

Fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale
01 Produit de la taxe sur certaines dépenses publicitaires 160 000 000 » 160 000 000
02 Remboursement par les bénéficiaires des avances consenties par le fonds » » »
03 Recettes diverses ou accidentelles » » »
. Totaux 160 000 000 » 160 000 000
. Total pour les comptes d'affectation spéciale 42 180 689 600 » 42 180 689 600



La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. C'est, en effet, un exercice classique pour le Gouvernement que de présenter l'amendement qu'il dépose à l'article d'équilibre. Celui-ci, d'une part, vise à prendre en compte tous les amendements adoptés par le Sénat et, d'autre part, permet d'intégrer dans l'équilibre les charges que le Gouvernement vous propose d'ajouter pour répondre notamment aux souhaits de la commission des finances.
S'agissant tout d'abord des corrections apportées par le Sénat aux recettes du projet de loi de finances pour 2000, elles ont globalement un impact positif de 38,16 milliards de francs. Cependant, cette présentation que retrace le tableau d'équilibre est trompeuse. Elle traduit une somme de corrections très diverses : des réductions d'impôts ou de recettes non fiscales de l'Etat pour 62,3 milliards de francs. Les gages qui n'ont pas été levés constituent une recette totale de 57,7 milliards de francs...
M. Michel Charasse. Sur le tabac !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... ce qui, je le dis en passant, doit porter le prix du paquet de cigarettes blondes à plus de 60 francs. (Exclamations diverses.)
Le rapatriement dans les recettes de l'Etat de la taxe générale sur les activités polluantes et de la majeure partie des droits sur le tabac augmente les recettes du budget général de 41,5 milliards de francs.
Les amendements du Sénat qui reviennent sur diverses opérations de budgétisation améliorent les recettes du budget général de 797 millions de francs et ils réduisent de 870 millions de francs les recettes des comptes spéciaux du Trésor.
Enfin, des mesures permettant de financer les voeux de votre assemblée ont été votées pour 350 millions de francs et sont complétées dans le présent amendement par un relèvement de 150 millions de recettes attendues du produit des participations de l'Etat.
L'exposé des motifs de cet amendement à l'article d'équilibre détaille ligne par ligne ces modifications. Je ne vous rappellerai donc que les principales mesures fiscales.
Les recettes au titre de l'impôt sur le revenu sont réduites de près de 12,2 milliards de francs, dont 1,6 milliard de francs au titre de l'accélération de la suppression du droit de bail et 6,2 milliards de francs au titre de corrections apportées aux tranches, seuils et abattements du barème.
Les recettes au titre de l'impôt sur les sociétés sont réduites de 7,6 milliards de francs, dont 802 millions au titre de l'accélération de la réforme du droit de bail.
Le rendement de l'impôt de solidarité sur la fortune serait au total réduit de 1 160 millions de francs au titre des trois amendements votés par le Sénat.
Les amendements votés en matière de taxe sur les salaires réduisent son produit de 620 millions de francs.
Les mesures adoptées par le Sénat en matière de TVA réduisent son rendement de 25,9 milliards de francs, dont 22 milliards de francs au titre de l'abaissement du taux appliqué à la restauration et 1 280 millions de francs au titre d'un basculement d'une part du produit de la taxe au profit du BAPSA.
En matière de droits d'enregistrement, les modifications ont également été nombreuses. La taxation des cessions de parts a été harmonisée pour un coût de 2 milliards de francs, tandis que plusieurs dispositions en matière de droits de succession, de donations et de droits de mutation à titre gratuit pèseraient pour 210 millions de francs sur le niveau des recettes.
Je vous rappelle que la correction apportée à la réforme du droit de bail accroît automatiquement les remboursements et dégrèvements d'impôts de 300 millions de francs.
Le rétablissement du droit de timbre sur les cartes de séjour rapporte 70 millions de francs.
La réduction des frais d'assiette perçus par l'Etat pour le recouvrement des impôts locaux réduit de 8 milliards de francs le niveau des recettes non fiscales.
J'en termine avec les amendements votés en matière de fiscalité locale, qui augmentent le prélèvement sur les recettes de l'Etat de 3,071 milliards de francs.
La modification des paramètres du pacte de stabilité et de croissance coûtera 946 milliards de francs à l'Etat, via l'accroissement des prélèvements sur les recettes de l'Etat.
La majoration du solde de la dotation d'aménagement pèsera, quant à elle, pour 250 millions de francs.
L'amendement voté sur l'initiative de M. Soucaret et modifié par la commission des finances accroît la dotation globale de fonctionnement de 1,275 milliard de francs.
L'extension de la réforme de la taxe professionnelle aux bénéfices non commerciaux des sociétés employant moins de cinq salariés conduit à augmenter le prélèvement sur les recettes de l'Etat de 300 millions de francs.
Les deux amendements adoptés sur l'initiative de la commission des finances à l'article 34 bis accroissent de 300 millions de francs le prélèvement au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle.
La modification apportée au mode de compensation de la baisse des droits de mutation conduit à relever le plafond des dépenses de 119 millions de francs.
S'agissant du niveau de dépenses, j'ai compris que le Sénat rejetterait certains budgets lors de l'examen de la seconde partie du projet de loi de finances. Il nous faudra donc y revenir au terme de l'examen du projet de loi.
Mais, dès maintenant, et en accord avec la commission des finances du Sénat, le Gouvernement vous propose de relever le niveau des dépenses de 486,9 millions de francs au-delà de ce que je viens d'évoquer en matière de compensation des droits de mutation à titre onéreux, soit un relèvement total des dépenses du budget général de 605,9 millions de francs.
Cette majoration est destinée à financer deux types de mesures : d'une part, les voeux de votre commission des finances et certains ajustements de crédits souhaités par le Gouvernement à hauteur de quelques millions de francs ; d'autre part, le relèvement des crédits de fonctionnement des assemblées pour 147 millions de francs, dont 82 millions de francs pour le Sénat. Ces crédits sont destinés à financer des dépenses de fonctionnement diverses.
Je vous indique également que, en matière de dépenses, le Gouvernement augmentera les capacités d'engagement de l'ADEME de 300 millions de francs, et celle du FAC, géré par le ministère des affaires étrangères, pour 210 millions de francs. S'agissant d'autorisations de programme, il n'y a pas lieu de modifier l'équilibre du projet de loi de finances à ce stade.
S'agissant des opérations de clarification que le Gouvernement avait proposé de réaliser cette année et de l'évolution globale des comptes spéciaux du Trésor, elles ont été remises en causes par le Sénat et, pour certaines d'entre elles, avec un impact sur l'équilibre.
Votre amendement en matière de redevances versées à l'ex-fonds national du livre conduit ainsi à augmenter les recettes de l'Etat de 114 millions de francs.
L'amendement relatif à l'ex-fonds pour l'aménagement de la région d'Ile-de-France conduit à augmenter les recettes de l'Etat de 720 millions de francs.
Le rejet de l'augmentation de 295 millions de francs de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes au profit du fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables, le FITTVN, conduit le Gouvernement à réduire d'autant les dépenses de ce compte du Trésor, afin de respecter le principe d'équilibre de ces comptes.
Votre proposition concernant le nouveau fonds national de l'eau réduit ses recettes de 500 millions de francs. Comme pour le FITTVN et pour le même objectif d'équilibre, les dépenses du fonds sont réduites par coordination. En revanche, les centimes additionnels permettent d'ajouter 72 millions de francs aux recetes du FNDAE.
Le même raisonnement doit être appliqué au FNDS, puisque la suppression de la nouvelle taxe sur les retransmissions réduit de 75 millions de francs sa capacité d'engagement.
Enfin, s'agissant des budgets annexes, l'amendement voté sur l'initiative de la commission des finances conduit à remplacer l'affectation du CSSS par 1 280 millions de francs de TVA en provenance de l'Etat. Là encore, cette mesure est gagée par le relèvement de la fiscalité sur le tabac.
Toutes ces corrections apportées aux recettes de l'Etat conduisent à corriger respectivement les montants du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, de la dotation de compensation de la taxe professionnelle et du fonds national de péréquation.
Au total, le niveau de déficit correspondant à l'ensemble de ces corrections atteint 177,5 milliards de francs. Il sera amené à évoluer dans la suite de la discussion compte tenu de ce que nous annonce M. le rapporteur général pour la suite des débats.
Avec le vote de cet amendement puis de l'article d'équilibre se termine notre débat. Je crois, monsieur le président, que le vote sur l'ensemble de la première partie devrait intervenir immédiatement après.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Monsieur le président, je souhaite une brève suspension de séance afin de réunir la commission des finances.
M. le président. Nous comprenons votre demande, monsieur le président. Elle traduit le sérieux avec lequel la commission des finances travaille.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à une heure quarante-cinq, est reprise à une heure cinquante.)

M. le président. La séance est reprise.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° I-299 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission émet un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-299, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.).
M. le président. Je constate que ce texte a été adopté à l'unanimité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'ensemble de l'article 36 et de l'état A annexé.

(L'article 36 et l'état A annexé sont adoptés.)

Vote sur l'ensemble de la première partie



M. le président.
Nous avons terminé l'examen des articles constituant la première partie du projet de loi de finances pour 2000.
Avant de mettre aux voix l'ensemble de la première partie, je vais donner la parole à ceux de nos collègues qui me l'ont demandée pour expliquer leur vote.
J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat, décidée le 2 novembre 1999 par la conférence des présidents, chacun des groupes dispose de dix minutes - ce qui ne veut pas dire qu'il y a obligation de les consommer - à l'exception de la réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe, qui ne dispose que de cinq minutes.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je voudrais tout d'abord, comme il est habituel de le faire, remercier très vivement tous les participants à ces longues séances et, en premier lieu, la présidence qui, avec beaucoup de bienveillance, nous a permis de franchir les différentes étapes. Je remercie M. le secrétaire d'Etat Christian Pierret qui, par sa connaissance intime des rouages parlementaires et budgétaires, par sa disponibilité et par sa gentillesse, nous a été d'un concours très précieux. Je remercie également le président Lambert, qui a bien voulu soutenir avec beaucoup d'efficacité la commission et son rapporteur général, et qui a pris une part décisive dans le débat.
Je voudrais aussi remercier l'ensemble de nos collègues, les groupes de la majorité, bien entendu, de leur soutien amical, mais également les groupes de l'opposition, car je crois pouvoir dire que, comme il est habituel de le faire dans cette enceinte, nous nous sommes efforcés de confronter nos vues dans un respect mutuel.
Mes chers collègues, nous achevons donc la discussion des articles fiscaux de cette première partie du projet de loi de finances : plus de trente heures de débat, quelque 300 amendements. La commission des finances et le Sénat ont été en mesure, durant ce long exercice, de présenter et de faire adopter un certain nombre d'idées et de préconisations qui nous paraissent importantes.
Pour nous, le premier aspect, le plus essentiel, c'est la baisse des prélèvements obligatoires, qui est un impératif. Dans ce cadre, nous avons fait des avancées significatives. Certaines d'entre elles ont même rencontré un écho positif auprès tant du Gouvernement que de l'opposition sénatoriale.
Lorsque je regarde l'inventaire des mesures qui nous ont été présentées tout à l'heure, avant la suspension, par M. Christian Pierret, j'observe que tout cela a un sens et que les diverses réductions de fiscalité portant sur les différents impôts peuvent fort bien esquisser ce que serait l'orientation d'une nouvelle politique fiscale.
Certes, en termes d'ordre de grandeur, vous avez pu noter que nous avions adopté un amendement qui est plus significatif encore que les autres, du moins par son volume : c'est l'amendement instaurant le taux réduit de TVA pour la restauration, dont le coût s'élève à 22 milliards de francs. Il s'agit d'un vote auquel nous avons voulu donner une portée publique, en insérant cette disposition dès l'examen de la première partie du projet de loi de finances. Si nous mettons à part ces 22 milliards de francs, je puis dire, monsieur le secrétaire d'Etat, que tout ce que nous avons voté est réalisable si nous voulons assurer une meilleure maîtrise des dépenses publiques.
L'impact budgétaire de toutes ces mesures a donc été matérialisé par l'amendement du Gouvernement sur l'article d'équilibre, que nous venons d'adopter.
Vous le savez, cet exercice est parfois un peu difficile à présenter ou à saisir compte tenu des contraintes juridiques issues de l'ordonnance portant loi organique relative aux lois de finances. En effet, nous devons gager toute baisse d'un impôt par la hausse équivalente d'un autre impôt.
Au-delà de ces obstacles formels ou de ces difficultés d'interprétation liées aux textes, tels qu'ils s'imposent à nous, je voudrais exprimer une obsession qui nous a hantés tout au long de ces débats : la clarté. Nous sommes attachés à un budget lisible et compréhensible autant que faire se peut. C'est pourquoi nous avons notamment refusé le transfert de près de 40 milliards de francs de droits sur les tabacs vers le fonds de compensation des 35 heures dont le contenu et les objectifs nous paraissent très flous. Nous avons insisté sur le caractère souvent très artificiel de la délimitation entre la loi de finances et la loi de financement de la sécurité sociale.
Mais plus que les montants arithmétiques exacts résultant de nos votes et tels qu'ils figurent dans l'amendement du Gouvernement que nous avons examiné tout à l'heure, c'est l'orientation générale qu'il faut retenir. Nous avons choisi de faire diminuer les charges pesant sur les Français et sur l'économie. Nous avons essayé, en nous inspirant de cette orientation et avec la volonté de réduire les prélèvements obligatoires, de corriger la copie du Gouvernement, sans avoir ni l'ambition ni la possibilité de la réécrire. Mais, à lui, s'il le souhaite, de retenir de nos idées celles qui lui sembleront aller dans le sens de l'intérêt général ; à lui, en somme, de prendre ses responsabilités.
L'adoption des crédits de la première partie interviendra dans quelques instants. Tout à l'heure, à la fin de la matinée, nous commencerons l'examen des dépenses budgétaires fascicule par fascicule. Là aussi, nous avons émis des recommandations. Nous avons adopté des critères permettant d'opérer une certaine classification parmi la gestion des différents ministères. Ces critères sont simples et clairs. Je les rappelle en quelques mots : qualité de la gestion publique, soin apporté à maîtriser les dépenses de fonctionnement, prise en compte des observations formulées par le Sénat et par les différents corps de contrôle, diminution des dépenses courantes, priorité aux dépenses régaliennes - qui sont au coeur des compétences et des responsabilités éternelles de l'Etat - et effort pour préparer l'avenir par le moyen des dépenses d'investissement.
Toutes ces orientations, que la commission des finances vous proposera de traduire en actes lors de l'examen des différents fascicules budgétaires, nous conduiront soit à approuver, soit à rejeter des budgets.
Ces budgets qui ne répondent pas à nos critères et que nous serons amenés à rejeter, si vous suivez la commission, représentent globalement, en mesures nouvelles, près de 41 milliards de francs.
Mes chers collègues, il convient, et c'est une conviction forte de la commission, de mettre fin à cette triste exception française marquée par un niveau historiquement élevé de prélèvements destinés à financer des dépenses sans cesse plus rigides et dont la baisse est de plus en plus difficile.
Grâce à ces discussions, malgré les arcanes que nous devons traverser et en dépit de la technique qui ne facilite pas toujours la communication, il s'agit d'adresser à l'opinion publique un signal clair concernant notre détermination et notre volonté de moderniser l'Etat, son fonctionnement et son mode de gestion, et ainsi de préparer les enjeux de l'avenir. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Monsieur le rapporteur général, soyez assuré que la présidence a été très sensible aux compliments que vous avez cru devoir lui adresser.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je serai bref.
Je souhaite, d'abord, m'associer aux compliments et aux remerciements que vient d'adresser M. le rapporteur général. A l'évidence, il n'a oublié qu'une personne : lui-même. Aussi, je veux me faire l'interprète de la Haute Assemblée pour lui dire à quel point le travail qu'il a accompli a été remarqué et combien sa compétence, qui était déjà bien connue dans cette assemblée, a été utile aux délibérations du Sénat. Je souhaite lui renouveler très chaleureusement tous mes compliments, tous mes remerciements et aussi toute ma confiance.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je veux également vous remercier. Vous avez fait en sorte que ce lieu soit un lieu de démocratie. Vous avez respecté les points de vue des uns et des autres, quand bien même vous ne les partagiez pas. Vous avez contribué à faire de ce lieu non pas un lieu de spectacle, oserai-je dire, mais un lieu où, avec l'Assemblée nationale, se décide l'avenir de la France.
Faisons en sorte, mes chers collègues, que les décisions engageant l'avenir du pays se prennent dans ces lieux, car c'est là que souffle l'esprit de la démocratie en France, c'est là que siège la représentation des Français.
Faisons en sorte que ce soit ici, au Sénat, et à l'Assemblée nationale que se décide l'avenir de la France, et pas ailleurs, pas dans les studios de télévision, pas dans les journaux, quels qu'ils soient.
M. Michel Charasse. Et pas dans les palais de justice !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. monsieur le secrétaire d'Etat, ce qui nous sépare, c'est la conception que nous avons de la bonne utilisation de cette chance - nous nous en réjouissons, parce qu'elle sert le pays - que nous offre la croissance.
Faites en sorte que les réformes de structure qui sont indispensables pour que la France gagne puissent être engagées le plus rapidement possible, car, lorsque vous analyserez ce que vous aurez fait au Gouvernement, ce dont vous serez le plus fier, c'est d'avoir fait accomplir à notre pays les progrès qui sont indispensables, et ces progrès ne seront possibles que lorsque le soutien de la croissance le permettra.
Ce soutien de la croissance est au rendez-vous. Profitez-en, car la France en a besoin et, encore une fois, cela peut passer vite !
Le véritable message du Sénat, c'est que ces réformes de structure sont urgentes et que, même s'il est dans l'opposition, vous le trouverez toujours à vos côtés pour mener à bien les réformes indispensables pour le bien de la France et des Français. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Braun.
M. Gérard Braun. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, comme le rappelait M. Josselin de Rohan la semaine dernière, une bonne loi de finances doit obéir à certains principes : la baisse des prélèvements obligatoires, le meilleur contrôle de la dépense publique, la réduction du déficit budgétaire et de l'endettement. Or, le projet du budget pour 2000 ne manifeste pas la volonté du Gouvernement de tout mettre en oeuvre pour atteindre ces objectifs.
Nous avons regretté, lors de la discussion générale, que le Parlement ne soit pas en mesure d'exercer dans de bonnes conditions sa mission de contrôle de l'action du Gouvernement par le biais d'un état consolidé des recettes issues des prélèvements obligatoires et de leur affectation.
Sur l'initiative de notre commission des finances, sous l'impulsion de son président et du rapporteur général, auxquels j'adresse mes plus vives félicitations pour l'ampleur et la qualité du travail accompli, le texte qui résulte de nos votes, sur le volet recettes du budget, se trouve dépouillé de toutes les dispositions malencontreuses qu'il recelait.
En matière d'impôt sur le revenu, les amendements que nous avons défendus ont un point commun, celui d'alléger la charge fiscale supportée par nos concitoyens assujettis à cet impôt.
Ainsi, nous avons mis fin à l'anomalie constituée par le plafonnement, à un niveau trop bas, de la déductibilité du salaire du conjoint d'artisan ou de commerçant.
Nous nous félicitons que le Sénat ait adopté notre proposition favorable aux familles dont les deux parents travaillent et dont les enfants n'ont pas de place en crèche. Ces familles bénéficieront d'une réduction d'impôt plus importante pour l'emploi d'un salarié à domicile chargé exclusivement de la garde des enfants de moins de trois ans.
Nous avons constaté, à l'occasion de l'examen de cet amendement, que le Gouvernement et sa majorité s'étaient retrouvés pour s'opposer à cette mesure pourtant favorable aux familles qui ne sont pas les plus aisées, contrairement à ce que pensent certains de nos collègues.
Parce qu'il faut ouvrir de nouvelles pistes en faveur des investissements dans les PME, nous avons proposé de mettre en adéquation les risques pris par les investisseurs et l'avantage en impôt qui résulte de cette prise de risques.
Ainsi, les plafonds de la réduction d'impôt pour les souscripteurs au capital des PME ont été doublés. Sur cette proposition, comme sur celle tendant à relever les taux, que nous représenterons sur les articles non rattachés de la deuxième partie, le Gouvernement a manifesté son hostilité.
Notre collègue Jacques Oudin s'est donc légitimement interrogé sur la volonté du Gouvernement de mettre en place les conditions d'un bon développement des PME.
Pour la TVA, le Sénat a obtenu des avancées importantes. Ainsi, sur la mesure relative à la baisse du taux de TVA sur les travaux dans les logements, de notables précisions ont été apportées ce qui permettra plus d'efficacité dans l'application de cette mesure, sans aucun risque d'interprétation.
Il en va ainsi, notamment, des travaux réalisés dans les parties communes d'immeubles d'habitation, des travaux d'enlèvement des flocages contenant de l'amiante et des réparations et installations de meubles meublants.
Notre débat sur la TVA applicable au secteur de la restauration a été à la hauteur des enjeux en cause en termes d'emplois et d'activité. Sur ce dossier, la position du Gouvernement n'a pas été clarifiée, et les intérêts du secteur de la restauration ont été bien mal défendus, au niveau européen, par nos ministres, en dépit de tous les discours.
Le vote que le Sénat a exprimé sur l'amendement de Joseph Ostermann, visant à baisser le taux de TVA sur les prestations de restauration à consommer sur place, doit être analysé comme un soutien à l'engagement pris par le Gouvernement de faire de ce dossier une priorité absolue.
Je rappelle ici que deux autres priorités ont d'ores et déjà été inscrites par le Gouvernement pour le prochain budget : l'impôt sur le revenu et la taxe d'habitation.
La multiplication des priorités fiscales aura pour conséquence évidente d'en limiter l'impact sur nos compatriotes ; il convient de s'en inquiéter dès maintenant et d'être vigilants dans l'avenir.
Nous avons souhaité accélérer la suppression complète du droit de bail payé par les locataires, en l'instituant dès l'imposition des revenus de 2000 et non sur deux ans, comme le voulaient le Gouvernement et sa majorité plurielle. Sur le même sujet, la double imposition subie par les propriétaires bailleurs en 1998 sera intégralement compensée dès l'an prochain, grâce au Sénat.
Notre groupe a tenu à alerter le Sénat sur la situation des professions libérales, trop souvent oubliées ces dernières années, dans le cadre de la réforme de la taxe professionnelle, par exemple. Nous aurons l'occasion de revenir sur la situation de ces professionnels en deuxième partie, à l'occasion de l'examen du déjà célèbre article 57.
Les épargnants ne seront plus soumis à l'ostracisme qui touchait les titulaires de PEA et de contrats d'assurance « DSK » en les empêchant d'investir dans ce cadre dans des sociétés ayant leur siège hors de France. Désormais, cette possibilité d'investissement est ouverte sur des sociétés ayant leur siège dans l'Union européenne.
Sur l'initiative de notre collègue Yann Gaillard, spécialiste des questions relatives au marché de l'art, le régime de l'art ancien sera calqué sur celui qui est applicable à l'art contemporain, pour inciter les entreprises à constituer de véritables collections. La contrainte d'exposition des oeuvres, qui jouait le rôle de frein pour les investissements, serait remplacée par une obligation de prêt limitée à trois ans.
Sur le dossier très important de la fiscalité agricole, nous ne pouvons que regretter le renvoi qui a été opposé à nombre de nos amendements vers un futur projet de loi sur ce sujet, après que le tant attendu rapport de Mme Marre sera rendu. Nous en sommes maintenant à deux lois de finances, deux collectifs budgétaires et une loi d'orientation agricole sans évolution de fond de la fiscalité agricole. Nous ne saurions attendre plus longtemps.
Notre collègue René Trégouët nous a proposé de réduire sensiblement le coût de l'accès au réseau Internet dans les zones rurales, où sa présence est souhaitable et nécessaire.
Les débats qui nous ont retenus sur les transferts massifs de ressources entre le budget de l'Etat et celui de la sécurité sociale ont permis de stigmatiser l'attitude du Gouvernement, qui, en agissant ainsi, brouille la vision que le Parlement devrait avoir des finances publiques et remet en cause les règles de l'annualité et de l'universalité du budget.
Sur les finances locales, enfin, les propositions de notre commission des finances ont permis d'améliorer sensiblement les choses et de rendre ce projet de loi de finances plus acceptable pour les collectivités locales, ce que, à l'évidence, il n'était pas au début.
Le groupe du Rassemblement pour la République votera les articles de la première partie tels qu'ils résultent de nos votes. Nous poserons ainsi les fondements d'une politique alternative. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous voici donc parvenus au terme de l'examen des articles de cette première partie de la loi de finances, et le moins que l'on puisse dire est que le texte qui nous est parvenu de l'Assemblée nationale a subi quelques modifications.
Toutefois, avant de revenir sur ces modifications et le sentiment qu'elles m'inspirent, comme aux autres membres de notre groupe, vous me permettrez d'inscrire les termes de cette discussion budgétaire dans un contexte économique et social qui nous impose d'y revenir.
Ce projet de loi de finances s'inscrit dans un contexte de croissance économique qui a d'ailleurs comme prolongement naturel de voir déposés des collectifs budgétaires autrement moins négatifs que ceux que nous avons connus entre 1993 et 1996.
Cette situation est intéressante à plus d'un titre.
La philosophie générale des lois de finances des gouvernements Balladur et Juppé, accordant la priorité à l'offre et multipliant les dispositions fiscales favorables aux plus hauts revenus comme aux entreprises, accompagnées d'une remise en question de la qualité de la protection sociale, des droits des salariés, d'une définition étroite de l'aménagement du territoire, a conduit, dans son exécution, à des moins-values fiscales, à des déficits sans cesse plus importants, qui continuent d'ailleurs de peser sur la capacité de la dépense publique à répondre aux besoins collectifs.
En effet, la croissance n'a jamais été au rendez-vous des politiques que vous avez menées et soutenues, chers collègues de la majorité sénatoriale.
Nous avons connu les prélèvements arbitraires, les annulations de crédits, les déficits cumulés et la hausse des prélèvements obligatoires, notamment des plus injustes. Exactement tout le contraire de ce que vous affichez dans votre expression et vos amendements !
Le contexte est donc, aujourd'hui, tout à fait différent et la croissance est au rendez-vous.
Est-ce à dire, pour autant, que tout est parfait ?
Pour notre part, malgré quelques avancées positives dans le texte initial et au cours du débat, nous pensons qu'il y a nécessité de travailler encore et toujours dans un certain nombre de directions que chacun connaît : justice fiscale, amélioration de la redistribution et renforcement de l'efficacité économique de notre système de prélèvements.
Il importe de se demander si d'autres priorités ne peuvent être fixées à l'allocation des ressources publiques, comme d'ailleurs à la définition même de nos taxes et impôts, qui doivent, plus encore qu'avant, favoriser les comportements vertueux des agents économiques et pénaliser les gâchis de richesses réelles.
Car les besoins demeurent forts.
Malgré la croissance, malgré les créations d'emplois, notre pays compte encore plus de deux millions et demi de chômeurs et des millions de travailleurs précaires, confrontés à l'incertitude du lendemain.
Notre pays recèle tant de pauvreté, tant de précarité, tant de misère qu'il importe d'oeuvrer à une plus juste répartition des fruits de la croissance, qui sont, soit dit en passant, les fruits du travail des femmes et des hommes salariés, des créateurs de richesses de ce pays.
Nous pensons d'ailleurs qu'il est plus que temps que cette croissance profite au plus grand nombre, et non, comme cela est apparemment trop le cas, d'abord aux actionnaires des entreprises, qui surfent sur cette vague de prospérité économique relative.
Notre point de vue est qu'il n'y a pas d'opposition irréductible entre croissance de la dépense publique et réduction du déficit public, la réponse aux besoins collectifs permettant de pousser aussi la croissance économique.
La meilleure observation en est d'ailleurs fournie par cette année 1999, où il suffit que la croissance soit soutenue pour que le collectif budgétaire enregistre une nouvelle réduction de ce déficit.
Dépenser plus et mieux, messieurs de la majorité sénatoriale, pour répondre aux besoins collectifs forts qui s'expriment, par exemple parmi les gens privés d'emploi, peut participer à la réduction du déficit en créant un levier pour les recettes fiscales.
Dans ce contexte, permettez-moi donc de dire ici à quel point il m'est apparu indécent que les groupes de la majorité, rapporteur général et ancien ministre des finances en tête, nous justifient encore aujourd'hui l'existence du dispositif d'options d'achat d'actions, qui est l'une des démonstrations les plus choquantes de cette confiscation de la richesse créée.
Les sommes astronomiques qu'a touchées M. Jaffré après avoir échoué dans le licenciement des salariés d'Elf-Aquitaine demeurent un scandale pour nos concitoyens.
Qu'on le veuille ou non, l'intérêt des actionnaires, dans une société anonyme par actions, est irréductiblement contradictoire avec celui des salariés, et c'est un état de fait qui alimentera encore quelque temps le débat.
En jetant un regard rétrospectif sur ce qui a été voté par la Haute Assemblée, ou plutôt par sa majorité, on est quelque peu étonné de la dimension qu'ont prise les choses. Je ne résiste pas à l'envie de les citer.
Vous avez décidé de supprimer le droit de bail en totalité dès 2000, faisant ainsi gagner plus de 3 milliards de francs aux propriétaires immobiliers,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Aux locataires !
M. Thierry Foucaud. ... et aux professionnels de la location industrielle et commerciale.
Vous avez modifié l'impôt sur le revenu en adoptant des mesures de réduction de la cotisation des revenus les plus élevés au travers du relèvement du quotient familial ou de la réduction des taux d'imposition. C'est bien entendu le taux marginal qui vous intéresse le plus.
Vous avez opté pour la pérennisation du dispositif des options d'achat d'actions. Je ne reviendrai pas sur cette question et ne ferai que souligner l'exemplarité de votre sollicitude pour les plus hauts revenus.
Que dire encore de votre position sur l'impôt de solidarité sur la fortune ? Il est d'ailleurs toujours remarquable de constater le caractère intarissable, dans cette assemblée, des propositions concernant cet impôt, que nombre d'entre vous voudraient purement et simplement faire disparaître.
Sur cette question, il est clair que les parlementaires les plus attentifs de la majorité parlent d'expérience et souhaitent nous faire partager la souffrance des 175 000 contribuables de cet impôt qui gagnerait à voir s'accroître son rendement.
Pour cet impôt, on n'est jamais, au sein de la majorité sénatoriale, à un ou deux milliards de francs de réduction près !
Je peux encore souligner que la démarche de la majorité sénatoriale intègre aussi une volonté de favoriser toujours plus les revenus du capital.
C'est ce que montre d'ailleurs à bon escient le débat important que nous avons eu sur la taxe Tobin, débat qu'il faudra bien prendre en compte, comme il faut écouter toutes celles et tous ceux qui ont manifesté samedi dernier contre la logique libérale de l'OMC et qui le font encore à Seattle.
En définitive, l'examen de cette première partie de la loi de finances nous offre une première opportunité : celle de constater, une fois de plus, que le débat d'idées n'a pas encore tout à fait disparu de notre assemblée et que les préoccupations existentielles que l'on pourrait avoir sur le sens de l'engagement politique n'ont pas lieu d'être.
Si être de droite, dans cette assemblée, a un sens, être de gauche et attaché à des valeurs de progrès en a aussi un. Le fait est que cette discussion a abondamment montré que la conception qui animait la commission des finances était somme toute assez simple : faire bénéficier des fruits de la croissance ceux qui en profitent déjà beaucoup, tandis que le plus grand nombre doit attendre le bon vouloir des premiers pour voir sa vie quotidienne s'améliorer.
Les moins-values fiscales qui sont enregistrées au terme de la discussion ont un coût : celui de la réduction des dépenses publiques - au niveau des engagements de 1999 - qui permettra de maintenir l'objectif de réduction des déficits inscrit dans l'article d'équilibre.
Comment allez-vous vous en sortir, une fois sacrifiées les 35 heures sur l'autel de l'allégement de l'ISF ou de la taxation des plus values ?
Où allez-vous encore opérer des réductions, mesdames, messieurs de la majorité sénatoriale ? Sur le revenu minimum d'insertion ? Sur la construction de logements neufs ? Sur les emplois de fonctionnaires ?
Qu'il me soit cependant permis de faire état de la contribution de notre groupe à la discussion, puisque certains de nos amendements ont été retenus.
Je tiens, en conclusion, à remercier non seulement M. le secrétaire d'Etat pour la qualité de ses interventions et pour sa franchise dans le débat, mais aussi le personnel du Sénat.
Mesdames, messieurs de la majorité, je me permets de vous souhaiter bien du courage et du plaisir pour votre exercice de rééquilibrage du projet de loi de finances ! Nous ne voterons pas cette première partie de la loi de finances, modifiée par la droite sénatoriale, qui nous paraît injuste, inéquitable et inefficace. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Emmanuel Hamel. Mauvais jugement !
M. le président. La parole est à M. Bimbenet.
M. Jacques Bimbenet. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous voici parvenus à la conclusion de l'examen de la première partie du projet de budget pour 2000. A la suite d'un long débat, où chacun a pu librement exprimer son opinon, nous avons tous constaté l'incompatibilité notoire entre la position gouvernementale et les propositions apportées par la majorité sénatoriale.
Ainsi, deux philosophies se sont affrontées : d'une part, celle du Gouvernement, selon laquelle on peut poursuivre sur la voie de l'aggravation des prélèvements fiscaux ; d'autre part, celle de la majorité sénatoriale et de la commission des finances selon laquelle il ne peut y avoir de hausse des impôts quand la conjoncture économique est favorable à leur diminution.
Monsieur le secrétaire d'Etat, il faut s'interroger sur le fait que la France est l'un des pays de l'Union européenne où la dépense publique et la pression fiscale sont les plus élevées.
Voilà quelques jours, notre collègue Paul Girod n'avait pas hésité à parler de « budget en trompe-l'oeil ». L'opposition quasi constante entre vos propositions et celles de la commission des finances illustre parfaitement les divergences de points de vue.
Or, nous le craignons, l'occasion va être manquée de ne pas utiliser la manne des recettes supplémentaires pour remettre à flot la compétitivité globale de notre pays. En majorant ses dépenses prévues dans la seconde partie du projet de loi de finances, la France risquerait de faire exception pour caracoler toujours en tête des grands pays pour la dépense publique et la lourdeur des prélèvements obligatoires.
C'est pourquoi on peut d'ores et déjà se féliciter de l'action du Sénat en faveur d'une diminution générale du poids fiscal. La discussion au sein de la Haute Assemblée a permis d'alimenter la réflexion et le débat sur l'ensemble des domaines de la fiscalité : que ce soit celle des personnes ou celle des entreprises, il nous incombait d'attirer l'attention de tout un chacun sur l'exception fiscale française.
Mais, en dépit des quelques améliorations apportées par le Sénat, l'urgence de la situation préconise d'autres réformes, telles que la réduction des cotisations sociales des employeurs sur les bas salaires, la valorisation de l'activité, l'incitation au travail et à l'investissement, etc. La liste des nouvelles mesures fiscales est loin d'être exhaustive.
Pour 2000, les dispositions fiscales ont fait l'objet d'appréciations différentes entre la majorité sénatoriale et le Gouvernement.
Pour ce qui concerne l'impôt sur le revenu, le Sénat s'est appliqué à ne pas réduire les capacités financières des familles, qui demeurent le véritable socle de la solidarité dans notre pays.
En matière de fiscalité des entreprises, le Sénat a su montrer sa détermination à diminuer la pression fiscale qu'elles subissent.
En matière de fiscalité du patrimoine, le Sénat s'est opposé à toute mesure qui tendrait à accentuer ses aspects confiscatoires.
Ces divergences ont conduit les membres du groupe du Rassemblement démocratique et social européen à s'exprimer différemment : d'un côté, les sénateurs radicaux socialistes entendent donner la priorité aux options gouvernementales ; à l'opposé, la majorité du groupe approuve les propositions de la commission des finances, très bien présentées par son président et par son rapporteur général, ainsi que les modifications apportées par la majorité sénatoriale.
Certes, on peut redouter que, lors d'une prochaine lecture, l'Assemblée nationale ne soit tentée de balayer certaines de nos modifications. Néanmoins, la majorité sénatoriale, en exerçant pleinement son droit d'amendement sur les mesures nouvelles, s'en tiendra, j'imagine, au vote positif selon les propositions de la commission des finances.
Nous souhaitons sincèrement que le Gouvernement comprenne, avant qu'il ne soit trop tard, que la hausse excessive des prélèvements ne constitue qu'une fausse solution. C'est tout le contraire qu'attendent nos concitoyens. S'ils peuvent comprendre qu'en période de crise ou de récession ce n'est guère possible, ils n'accepteront plus, à l'avenir, de se sentir dépossédés. Sans changement de mentalité, il ne peut y avoir de véritable réforme. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Sergent.
M. Michel Sergent. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, à l'issue de ce long débat sur la partie recettes du projet de loi de finances pour 2000, il nous appartient de nous prononcer par un vote sur l'acte politique majeur qu'est le budget.
Auparavant, je tiens à m'associer aux remerciements déjà exprimés à l'endroit tant de M. le président de la commission des finances et de M. le rapporteur général que de l'ensemble du personnel, de la présidence, de tous nos collègues qui sont intervenus dans ce débat toujours courtois et de haut niveau et, bien sûr, de M. le secrétaire d'Etat, qui a toujours répondu avec la plus grande attention à toutes nos demandes d'où qu'elles viennent et qui a ainsi montré une compétence et un brio que nous connaissions depuis longtemps. L'important était que nous soyons le mieux informés possible au moment d'aborder cet acte politique dont je parlais voilà quelques instants.
Le budget pour 2000 présenté par le Gouvernement est un bon budget. Il se caractérise en effet par la poursuite de la baisse du déficit budgétaire, par une dépense publique maîtrisée, par des allégements d'impôts conséquents - 40 milliards de francs. En cela, il poursuit la mise en oeuvre de la nouvelle politique économique menée depuis l'été 1997.
Cette politique, comme l'a bien montré notre collègue Bernard Angels, repose sur le tryptique croissance, confiance, activité, conditions indispensables pour accompagner l'emploi. Elle a permis à notre économie de sortir des années de marasme et de retrouver une croissance soutenue, supérieure à celle de ses principaux partenaires européens, alors qu'avant 1997 elle était inférieure. Cette réussite a été saluée de toute part - il suffit d'ailleurs de lire la presse ces jours-ci - et les derniers résultats sur l'évolution du chômage - 26 000 demandeurs d'emploi en moins le mois dernier - confirment une fois de plus le bien-fondé de cette politique.
Il n'y a guère que nos collègues de la majorité sénatoriale pour croire, ou sembler croire, que la croissance n'est pas là et que ce gouvernement ne serait pour rien dans ces excellents résultats économiques. Que n'avons-nous pas entendu l'an dernier à cette même époque lorsque Dominique Strauss-Kahn avait affiché un taux de croissance de 2,7 % pour cette année. Eh bien ! constatons que, pour la deuxième année consécutive, le Gouvernement avait raison et que, chers collègues, vous avez tort. La croissance, cette année, devrait finalement atteindre les 2,7 % prévus, alors même que le Gouvernement n'avait pu intégrer dans ses prévisions le ralentissement mondial de l'hiver dernier, le fameux trou d'air.
Cette politique a également permis de remettre nos comptes publics sur de bons rails. La meilleure preuve en est que, l'année prochaine, les charges de la dette baisseront de 2,5 milliards de francs. Il faut remonter à de très nombreuses années en arrière pour retrouver un résultat semblable. Avec 1,8 % de déficit public l'année prochaine, nous serons toujours en phase avec notre programme pluriannuel de réduction des déficits.
Cette réduction du déficit a pourtant été jugée insuffisante par M. le rapporteur général. Je crois, pour ma part, que cette critique oublie que la France est partie d'un niveau de déficit élevé par rapport à de nombreux pays européens qui avaient maîtrisé mieux qu'elle leurs comptes publics dans les années 1993-1996.
De plus, cette critique m'étonne au vu de l'ensemble des propositions de M. le rapporteur général ou de la majorité sénatoriale qui ont été adoptées par la Haute Assemblée et qui entraîneront une forte aggravation du déficit.
Je rappellerai les principales dispositions : modification de l'indexation de l'impôt sur le revenu ; augmentation du plafond de l'avantage fiscal résultant d'une demi-part de quotient familial ; doublement du plafond de la réduction d'impôt pour les souscriptions au capital des PME ; passage au taux réduit de TVA de plusieurs nouveaux produits ; exonération nouvelle des droits de mutation ; suppression de la réduction du taux de l'avoir fiscal ; rétablissement de l'indexation de l'ISF ; et j'en passe.
Si j'ai bien compris votre chiffrage, monsieur le secrétaire d'Etat, il s'agit là de près de 40 milliards de francs de dépenses supplémentaires ou de recettes en moins.
Quant au paquet de cigarettes à 60 francs, je crois que c'est particulièrement significatif.
Cette année, la majorité sénatoriale a abandonné son idée de proposer des réductions de dépenses. Il est vrai que cela mettait trop en lumière l'absence des propositions économiques alternatives ou, plutôt, en soulignait trop certaines !
Toutefois, pour garder un minimum de sérieux, la majorité sénatoriale a supprimé le financement des exonérations de charges sociales afin de compenser une partie de cette aggravation. Monsieur le rapporteur général, cela réduit le déficit budgétaire, mais pas le déficit public. Cela ne change donc rien.
Cette position m'étonne. Mais vous n'êtes plus, mes chers collègues, à une contradiction près.
En revanche, vos propostions sont moins surprenantes : il s'agit, dans la plupart des cas, d'une forte réduction des impôts pour les Français les plus aisés. C'est là un choix clair, mais ce n'est pas le nôtre.
Les baisses d'impôts doivent concerner tous les ménages, en premier lieu les plus modestes, afin de soutenir la demande et la croissance.
Vos positions démagogiques, pour reprendre votre expression, monsieur le rapporteur général, vous les avez également défendues à propos des finances locales. Alors que ce gouvernement fait largement plus que les précédents en faveur de nos collectivités locales - rappelons-nous, mes chers collègues, du pacte dit « de stabilité » de M. Juppé - la majorité sénatoriale a souhaité se lancer dans le « toujours plus », encore une fois en totale contradiction avec ses positions sur la maîtrise des finances publiques.
Cette première partie de loi de finances n'a donc désormais plus rien à voir avec le projet équilibré voté par l'Assemblée nationale. Le groupe socialiste votera donc contre cette première partie, certain toutefois que l'Assemblée nationale, grâce à sa majorité plurielle, saura rétablir ce budget dans ses équilibres et ses priorités qui sont celles dont la France a besoin. Les résultats économiques le démontrent un peu plus chaque jour, ces résultats économiques qui sont au service de l'emploi et du bien-être de nos concitoyens. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Monsieur Sergent, il m'est agréable de vous adresser mes plus vifs remerciements pour les propos aimables que vous avez cru devoir adresser à la présidence.
La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, tout d'abord, je tiens à féliciter, au nom de mon groupe, la commission des finances, son président M. Alain Lambert, et son rapporteur général, M. Philippe Marini, pour la très grande qualité de leur travail. J'ai pu également apprécier la courtoisie de M. le secrétaire d'Etat.
La discussion sur la partie fiscale du budget a été particulièrement dense. Des débats très approfondis et de qualité se sont engagés sur des sujets divers.
Beaucoup traduisaient des réactions à des propositions du Gouvernement : évolution de la TVA dans le cadre européen, statut fiscal des associations, taxe professionnelle ou fiscalité de l'environnement. D'autres résultaient d'initiatives du Sénat, que ce soit à propos d'impératifs de clarification fiscale, de l'indispensable réforme de l'impôt sur le revenu ou de l'épargne salariale.
La majorité sénatoriale, de concert avec la commission des finances, a de nouveau fait preuve, cette année, d'un incontestable sens des responsabilités et d'une vision prospective de ce que doit être la fiscalité de demain, à savoir « une fiscalité compétitive au service de l'emploi », comme l'indique le titre d'un excellent rapport de notre collègue et ami, le président Alain Lambert.
Les principales propositions adoptées par le Sénat ont effectivement pour objet de lutter contre le chômage, un chômage qui touche encore dans notre pays 11 % de la population active, ne l'oublions pas. Je pense en particulier aux amendements de la commission des finances encourageant la transmission des entreprises ou diminuant la fiscalité sur les activités libérales.
D'une manière générale, les prélèvements obligatoires restent trop élevés en France, et c'est le devoir de notre Haute Assemblée d'indiquer des voies de réforme.
Du fait que 60 % des prélèvements obligatoires figurent dans la loi de financement de la sécurité sociale, une vision consolidée des deux budgets, budget de l'Etat et budget social, est une nécessité. Elle a été rappelée à plusieurs reprises par notre majorité.
D'importantes évolutions sont possibles dans le sens de la simplification et de l'allégement, par exemple pour la TVA, dont les règles sont trop complexes et souvent arbitraires. J'espère à ce propos que le Gouvernement entendra enfin l'appel du Sénat en faveur des activités de restauration et agira concrètement dans le sens d'une adaptation de la dernière directive européenne définissant les activités à haute intensité de main-d'oeuvre bénéficiaires du taux réduit.
La modernisation de la fiscalité ainsi que la réduction des dépenses doivent être les deux priorités de notre pays. C'est ce qui ressort du récent rapport du FMI sur la situation économique de la France. Ce document déplore pour notre Etat « une maîtrise insuffisante de la croissance des dépenses publiques » et « le caractère trop gradualiste de la stratégie des réformes ».
Effectivement, si la France veut réduire de façon significative le chômage et se rapprocher de la situation de nos partenaires hollandais ou britanniques, il lui faut insuffler plus de liberté dans l'économie. Tel est et sera l'objectif majeur de la majorité sénatoriale au cours du débat budgétaire.
J'évoquerai pour conclure les problèmes qui intéressent tout particulièrement les élus locaux : d'une part, la tentation forte de laisser les collectivités locales à l'écart du partage des fruits de la croissance, et, d'autre part, la place exorbitante que prennent, par rapport à la fiscalité locale, les dotations de l'Etat, dont les taux de progression et la pérennité ne manquent pas de susciter des inquiétudes légitimes.
Le Sénat a proposé des améliorations sensibles. Nous avons notamment obtenu le vote d'un amendement présenté par notre collègue M. Michel Mercier et tendant à réévaluer de façon substantielle la compensation de la baisse des taux des droits de mutation.
Plusieurs amendements concernant les groupements de communes à taxe professionnelle unique et défendus par M. Yves Fréville ont également été adoptés. Ces dispositions, et bien d'autres encore, viennent utilement corriger des lacunes existantes et, je l'espère, devraient être définitivement adoptées à l'issue de la navette.
Le groupe de l'Union centriste votera donc la première partie du projet de budget pour l'année 2000, ainsi amendée. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Delaneau.
M. Jean Delaneau. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, en écho à l'intervention de notre collègue M. Alain Lambert, président de la commission des finances, dans la discussion générale du projet de loi de financement de la sécurité sociale, j'interviens à l'occasion des explications de vote sur la première partie du projet de loi de finances, à la fois en tant que président de la commission des affaires sociales du Sénat et au nom du groupe des Républicains et Indépendants du Sénat.
Le projet de loi de finances pour 2000 porte en effet la marque du projet de loi de financement de la sécurité sociale, du moins dans la mouture présentée par le Gouvernement pour ces deux textes.
Je ne rappellerai pas les différents transferts financiers, en dépenses comme en recettes, qui s'opèrent ainsi, non pas tant entre l'Etat et la sécurité sociale qu'entre le budget de l'Etat et un fonds qui est lui-même un « intrus » dans les lois de financement : le fonds de financement des 35 heures.
Je comprends dans ces conditions que M. le rapporteur général et M. le président de la commission des finances aient insisté l'un et l'autre dans la discussion générale, comme l'avait fait M. Jacques Oudin, rapporteur pour avis du projet de loi de financement, sur la nécessité d'une forme de consolidation ou d'une agrégation des comptes publics.
C'est un excercice difficile, comme le note l'excellent rapport de notre collègue M. Philippe Marini.
Il faut toutefois prendre garde aux conséquences que pourrait entraîner une telle démarche si elle devait conduire le Parlement à voter les comptes des différentes caisses de sécurité sociale ou, pire encore, au nom de l'unité ou de l'universalité, à faire de la protection sociale un tout indéterminé.
Ce serait en effet marcher à grand pas vers une étatisation de la sécurité sociale alors même que nous avons voulu affirmer récemment notre attachement au paritarisme et notre confiance dans la démarche conventionnelle.
L'exercice deviendrait encore plus délicat s'il s'agissait d'y inclure les finances locales, car nous ne sommes pas moins attachés à l'autonomie de nos collectivités locales. J'observe d'ailleurs sur ce dernier point que, dans le domaine fiscal, cette autonomie se réduit comme une peau de chagrin. Nous en avons eu des exemples tout à l'heure.
En réalité, il faut avant tout mettre l'accent sur la cohérence entre les deux projets de loi et les moyens de la garantir. Je me réjouis, à ce stade du débat, que les votes du Sénat, sur proposition de ses deux commissions, y soient finalement bien parvenus.
Les comptes sociaux ont existé avant les lois de financement, la dérive des dépenses aussi, de même que l'affectation d'impositions diverses. Ainsi, la taxe sur les contrats d'assurance automobile créée en 1967 et la contribution sociale de solidarité sur les sociétés créée en 1970, rapporteront près de 25 milliards de francs en 2000, ce qui n'est pas négligeable.
Avant les lois de financement, il n'y avait pas de fractionnement de l'examen des comptes publics, car il n'y avait guère d'examen public des comptes sociaux.
Les lois de financement de la sécurité sociale constituent donc un progrès décisif, un acquis essentiel et elles facilitent grandement cette vue exhaustive des comptes publics que chacun souhaite.
Elles sont ainsi un instrument de transparence dont il convient de s'inquiéter qu'il soit aujourd'hui dévoyé, quatre ans seulement après sa mise en place.
Quelle est en effet la vraie question qui se pose et que révèle la coexistence de deux textes financiers ?
Elle est simple : qui fait quoi et avec quel argent ?
La réponse aujourd'hui est pour le moins confuse, elle échappe à toute logique et relève parfois du bricolage financier. Je ne citerai que quelques exemples.
Côté dépenses, quelle est la frontière entre la solidarité et l'assurance ? Vaste et délicate question s'il en est, dont le Gouvernement s'attache à brouiller la réponse.
Pourquoi l'allocation de parent isolé relève-t-elle du budget de l'Etat ? Tout simplement parce que le Gouvernement - un an après l'avoir décidée - a dû renoncer à la mise sous condition de ressources des allocations familiales au profit d'un plafonnement du quotient familial.
Il fallait donc, par la budgétisation de l'allocation de parent isolé, neutraliser cette recette supplémentaire dont l'Etat bénéficiait tout d'un coup et ce rétablissement de charge pour la branche famile. C'était en 1999.
Pour 2000, pourquoi le Gouvernement s'aperçoit-il que la majoration de l'allocation de rentrée scolaire doit relever désormais de la branche famille et qu'il importe de débudgétiser cette prestation ? C'est bien sûr parce que la branche famille fait apparaître des excédents qu'il convient de ponctionner.
Quelle logique préside à ces deux décisions prises à une année d'intervalle ? Aucune à l'évidence, sinon l'appréciation que porte le Gouvernement sur l'état des fonds de tiroir.
Côté recettes, la sécurité sociale - par opposition à l'unité du budget de l'Etat - est le domaine par excellence des affectations, précisément parce qu'il existe non pas un budget social mais des caisses et des branches ; je crois d'ailleurs que c'est bien ainsi.
Encore faut-il que ces affectations aient un sens.
Il y aurait ainsi une logique forte à affecter les droits sur les tabacs et les alcools - on a vu tout à l'heure que, grâce aux décisions du Sénat, ils allaient prospérer - à l'assurance maladie. Je dis bien à l'assurance maladie et pas aux 35 heures. L'assurance maladie supporte en effet le coût du tabagisme et de l'alcoolisme, et je ne serais pas peiné de voir l'Etat cesser, pour boucler ses fins de mois, de compter sur les « pratiques addictives » de nos concitoyens.
Y a-t-il une logique à affecter au fonds de réserve pour les retraites, comme vient de le faire le Gouvernement, un prélèvement sur les revenus de l'épargne ? Je n'en vois aucune, et je n'ai d'ailleurs pas entendu le Gouvernement prétendre qu'il y en avait une, je ne l'ai pas non plus entendu défendre les mérites de la taxation de l'épargne individuelle au profit d'une forme d'épargne collective obligatoire.
Côté recettes et côté dépenses, on cherchera vainement la logique du fonds de financement des 35 heures. Il s'agit de débudgétiser la compensation de la ristourne dégressive, d'affecter parallèlement au fonds de financement les droits sur les tabacs, d'y ajouter, côté dépenses, le coût du projet de loi 35 heures, et d'y affecter, côté recettes, des droits sur les alcools, la taxe générale sur les activités polluantes, majorée et étendue pour l'occasion, une contribution sur le bénéfice des sociétés et la taxation des heures supplémentaires, et ... de mélanger le tout !
Il faut que votre majorité fasse preuve de beaucoup de bonne volonté, monsieur le secrétaire d'Etat, pour voir là une réforme « d'ampleur » de l'assiette des cotisations patronales ou même, simplement, pour prétendre qu'il y a une logique à débudgétiser les exonérations de charges sociales décidées par l'Etat et à prévoir pour leur financement une collection d'impôts nouveaux et de recettes de poche.
Le Gouvernement a trouvé au Sénat une commission des affaires sociales et une commission des finances parfaitement unanimes pour condamner cette machine déréglée, car je crois que nos deux commissions sont avant tout soucieuses de la cohérence des deux projets de loi.
Il serait heureux que nos deux commissions organisent conjointement, au printemps, un débat d'orientation sur les finances publiques dans leur ensemble.
Il faudra bien alors que le Gouvernement, par la voix conjointe des ministres compétents, présente et justifie, dans un document que je n'hésiterai pas à qualifier cette fois de « consolidé », la cohérence des orientations retenues pour nos finances publiques, ainsi que l'a demandé la majorité du Sénat par un amendement déposé par notre groupe.
Approuvant pleinement les modifications substantielles apportées à la première partie du projet de loi de finances sur proposition, notamment, de notre commission des finances, dont je tiens à saluer le travail remarquable, le groupe des Républicains et Indépendants votera cette première partie ainsi amendée.
Je remercie toutes celles et tous ceux, de M. le président et M. le secrétaire d'Etat à tous les collaborateurs et personnels de cette assemblée qui ne pourrait fonctionner sans eux, du travail qu'ils ont accompli. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Monsieur Delaneau, la présidence vous remercie de vos amabilités, auxquelles elle a été sensible.
Monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la discussion de la première partie du projet de loi de finances pour 2000 s'achève. Nos débats ont été particulièrement denses et riches. S'ils furent parfois passionnés, ils sont toujours restés courtois et empreints de sérieux.
Je crois être l'interprète de tous les sénateurs et de toutes les sénatrices, monsieur le secrétaire d'Etat, en disant que vous avez grandement contribué à l'excellent déroulement de cette discussion. Au-delà de la performance technique, vous avez toujours manifesté de réelles capacités d'écoute, en dépit des divergences, normales dans une démocratie, qui vous ont opposé à la majorité sénatoriale. Mes collègues et moi-même avons été sensibles à vos évidentes qualités de tolérance, qualités que nous apprécions beaucoup dans cette enceinte.
Les parfaites conditions de déroulement de cette première étape du budget sont également à mettre au crédit de toutes celles et tous ceux qui sont intervenus dans le débat, au premier rang desquels je tiens à saluer M. le rapporteur général et M. le président de la commission des finances, dont il convient de souligner, pour l'un comme pour l'autre, la compétence, la combativité et la disponibilité.
Le Sénat s'apprête à adopter, au terme d'un dialogue républicain qui l'honore, une première partie raisonnable et responsable. Il a ainsi entendu apporter sa contribution à une meilleure gestion de nos finances publiques.
Les délais que nous nous étions fixés ont été respectés. Souhaitons qu'il en soit de même pour l'examen des fascicules budgétaires que nous allons entamer dès ce matin.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens tout d'abord, par des remerciements très sincères et des compliments sur la qualité du travail auquel j'ai participé au nom du Gouvernement, qualité dont l'honneur vous revient tout entier, à vous dire combien j'ai apprécié de présenter, pour la première fois dans ma vie publique, le texte précis des articles de la loi de finances devant la Haute Assemblée. Ce fut pour moi un moment privilégié, moi qui suis un habitué du travail parlementaire et qui, voilà quelques années, ai eu l'occasion de présenter devant une autre assemblée trente-six projets de loi de finances, projets de loi de finances rectificative ou projets de loi de règlement.
Je dois dire que jamais - le mot n'est pas trop fort, je le ressens comme tel - je n'ai éprouvé autant de satisfactions intellectuelles qu'ici, au cours de ces trois jours devant la Haute Assemblée. Je vous le dis parce que j'y ai trouvé expertise, sens de l'écoute, volonté d'un travail parlementaire approfondi, capacité d'opposer des idées sans jamais se départir de la courtoisie. J'ai trouvé en vous-même, monsieur le rapporteur général, en vous-même, monsieur le président de la commission des finances, en vous tous, mesdames, messieurs les membres du Sénat, des interlocuteurs avec qui j'ai, pour certains, de nombreuses divergences et, pour d'autres - je pense aux groupes de la majorité plurielle qui sont ici la minorité - beaucoup de convergences et une communauté de projets. Jamais je n'ai rencontré cette qualité ni cette capacité à travailler vraiment pour la République et pour la démocratie ; je tiens à vous en remercier.
J'adresse avec déférence mes remerciements à la présidence pour la bienveillance et la cordiale autorité avec laquelle elle a exercé ses fonctions. Je tiens tout particulièrement à souligner combien il m'a été agréable de trouver ce soir, pour présider cette séance si tardive et malgré ses charges si lourdes, un Vosgien au perchoir de la Haute Assemblée. Je tiens à vous remercier. (Très bien ! sur de nombreuses travées.)
Je sais que les remerciements que vous avez adressés, au nom de vos groupes respectifs, tout comme M. le rapporteur général et M. le président de la commission des finances, aux collaborateurs du Sénat valent également pour les collaborateurs du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie,...
Mme Marie-Claude Beaudeau. Tout à fait !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... qui ont aussi, avec une grande conscience professionnelle, une grande probité intellectuelle et une très grande capacité d'expertise,...
M. Michel Charasse. Absolument !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... aidé le Gouvernement et donc accompagné le travail collectif que nous avons mené les uns et les autres. (Applaudissements.) Ils méritent effectivement vos applaudissements.
Monsieur le président, monsieur le rapporteur général, je tiens à dire combien votre expertise remarquable, exceptionnelle, a permis que se déroule dans cet hémicycle un débat d'une très grande qualité.
Mesdames, messieurs les sénateurs, l'adoption du projet de budget est un acte majeur de la vie politique. C'est l'occasion pour moi d'un rappel - rassurez-vous, il sera très cursif à cette heure tardive - de la politique menée par le Premier ministre, Lionel Jospin, depuis 1997.
En cette dernière année du xxe siècle, une politique budgétaire doit d'abord être, je crois, une politique au service de l'emploi et de la justice sociale. Le socle de cette politique, c'est la croissance, une croissance durable. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes attachés à mettre en oeuvre le fameux « 4 C » de Dominique Strauss-Kahn, à savoir confiance, consommation, croissance et création d'emplois.
La dynamique de notre politique, c'est d'abord le partage des fruits de la croissance. Ce pari, mesdames, messieurs les sénateurs, est en train de réussir. L'économie française a créé 650 000 emplois marchands depuis l'été 1997. Nous avons pris appui sur cette croissance pour faire reculer le chômage, dont le taux, qui s'établissait à 12,6 % au mois de juin 1997, est aujourd'hui de 11 %. On a compté 28 000 chômeurs en moins au cours du dernier mois.
Dans le même temps, nous avons accru significativement le pouvoir d'achat des ménages, en particulier des plus modestes.
Le projet de budget pour 2000 s'inscrit dans cette logique de solidarité. Les deux tiers des marges de manoeuvre sont affectés à des baisses d'impôt, il faut le redire : 40 milliards de francs au total, dont une trentaine en faveur des ménages.
Avec la baisse de la TVA sur les travaux concernant les logements, la baisse de ce qu'on appelle les frais de notaire, les allégements décidés ont pour objectif premier la création d'emplois.
Les dépenses sont, pour leur part, stabilisées en volume et font l'objet de redéploiements importants - 34 milliards de francs, c'est courageux - au profit de nos priorités : l'emploi, la justice sociale, les dépenses d'avenir que sont l'éducation, la recherche, les services publics, la justice et la sécurité, priorités auxquelles tous nos concitoyens doivent avoir un égal accès.
Le déficit budgétaire - c'est très significatif - baisse de 20 milliards de francs, comme les années précédentes, soit un besoin de financement associé des administrations publiques, les APU, de 1,8 % du produit intérieur brut. La baisse importante réalisée depuis 1997, 1,7 point du PIB, l'une des plus fortes de l'Union européenne - j'insiste sur ce point - se traduit par un résultat essentiel : le poids de la dette publique dans la richesse nationale sera en légère baisse l'an prochain pour la première fois depuis vingt ans, diminuant ainsi les charges qui pèseront sur nous et sur nos enfants dans le futur.
Le budget adopté par le Sénat révèle une approche très différente de celle que je viens de résumer à grands traits et qui est l'approche du Gouvernement. Je voudrais souligner la différence qui existe entre le Gouvernement et sa majorité, d'une part, et la majorité du Sénat, d'autre part.
Celle-ci a cru devoir remettre en cause des mesures phares, de celles qui donnent un sens à une loi de finances. Je songe, par exemple, au fonds d'allégement des charges sur les bas salaires : vous avez refusé l'affectation de la TGAP et des droits sur les tabacs aux allégements de cotisation sociale. Je pense aussi aux mesures destinées à rééquilibrer la fiscalité des sociétés, en particulier la baisse de l'avoir fiscal à 40 %, adoptée sur l'initiative du groupe communiste républicain et citoyen à l'Assemblée nationale.
A l'inverse, vous avez adopté des mesures tous azimuts, imprudentes à mon sens au regard des règles européennes en matière de TVA, éloignées de la logique claire du Gouvernement, logique ciblée, elle, sur la création d'emplois.
En matière d'impôts sur le revenu, vous avez indexé le barème sur la croissance économique, ce qui constitue un avantage accordé aux contribuables les plus aisés.
J'ajoute que nos débats de ce soir peuvent paraître incomplets, car nous n'avons pas, à ce stade, modifié le plafond des dépenses. Or le compte rendu des débats de votre commission des finances fait apparaître que celle-ci a rejeté un nombre important de budgets, parmi les plus prioritaires aux yeux du Gouvernement, en particulier ceux qui concernent l'emploi et la solidarité, l'éducation nationale et la recherche, l'environnement et l'aménagement du territoire, l'innovation industrielle.
L'effet de ces rejets serait, par exemple, l'impossibilité de financer 100 000 emplois-jeunes supplémentaires prévus en 2000, la remise en cause de la réforme de la couverture maladie universelle, le blocage des moyens de la prévention des risques, alors que nous sommes tous très sensibles à ce qui vient de se passer dans le sud de la France.
Au total, les propositions adoptées sur l'initiative de la commission des finances du Sénat me paraissent aller à l'encontre des priorités que le Gouvernement met en oeuvre depuis deux ans et demi avec l'assentiment des Français et auxquelles vous continuez à vous opposer.
Cependant, nos débats - et ce sera ma conclusion - auront permis d'éclairer la teneur et la profondeur de nos divergences. Mais permettez-moi de me féliciter de leur qualité, qui doit beaucoup à votre compétence et à la précision de vos interventions, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général. (Applaudissements.)
M. le président. Merci, monsieur le secrétaire d'Etat, des félicitations amicales que vous avez adressées au Sénat, aux sénatrices et aux sénateurs.
Permettez-moi de vous demander de bien vouloir faire partager à tous les membres du Gouvernement les appréciations élogieuses et justifiées que vous portez sur les travaux de la Haute Assemblée. Vous venez de confirmer que notre institution est bien indispensable à l'équilibre des pouvoirs publics. Vous en avez été un excellent avocat, et je vous en remercie. (Applaudissements.)
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances pour 2000.
Je rappelle que, en application des articles 47 bis et 59 du règlement, il est procédé de droit à un scrutin public ordinaire lors du vote sur l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances de l'année.
Il va y être procédé dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 21:

Nombre de votants 319
Nombre de suffrages exprimés 318
Majorité absolue des suffrages 160219
Contre 99

La suite de la discussion du projet de loi de finances est renvoyée à la prochaine séance.

10

COMMUNICATION DE L'ADOPTION DÉFINITIVE
DE TEXTES SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre une communication, en date du 1er décembre 1999, l'informant de l'adoption définitive des six textes soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution suivants :
N° E 1251. - Proposition de décision du Conseil modifiant la décision 97/132/CE concernant la conclusion de l'accord entre la Communauté européenne et la Nouvelle-Zélande relatif aux mesures sanitaires applicables au commerce d'animaux vivants et de produits animaux, adoptée au Conseil agriculture du 15 novembre 1999 ;
N° E 1271. - Proposition de règlement (CE) du Conseil portant modification du règlement (CE) n° 1628/96 relatif à l'aide à la Bosnie-Herzégovine, à la Croatie, à la République fédérale de Yougoslavie et à l'ancienne République yougoslave de Macédoine et création de l'Agence européenne pour la reconstruction (version provisoire), adoptée au Conseil affaires générales du 15 novembre 1999 ;
N° E 1299. - Proposition de décision du Conseil portant attribution d'une aide macrofinancière supplémentaire à la Bulgarie, adoptée au Conseil ECOFIN du 8 novembre 1999 ;
N° E 1300. - Proposition de décision du Conseil portant attribution d'une aide macrofinancière supplémentaire à l'ancienne République yougoslave de Macédoine, adoptée au Conseil ECOFIN du 8 novembre 1999 ;
N° E 1301. - Proposition de décision du Conseil portant attribution d'une aide macrofinancière supplémentaire à la Roumanie, adoptée au Conseil ECOFIN du 8 novembre 1999 ;
N° E 1315. - Proposition de règlement du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 2505/96 portant ouverture et mode de gestion de contingents tarifaires communautaires autonomes pour certains produits agricoles et industriels (huiles tropicales), adoptée au Conseil consommateurs du 8 novembre 1999.

11

DÉPÔT D'UN PROJET DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi autorisant l'adhésion du Gouvernement de la République française à la convention internationale de 1989 sur l'assistance.
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 107, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

12

TEXTES SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
Proposition de règlement du Conseil concernant une interdiction des vols et un gel des capitaux en relation avec les taliban d'Afghanistan.
Ce texte sera imprimé sous le n° E-1352 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
Proposition de règlement (CE) du Conseil modifiant le réglement (CEE) n° 404/93 du Conseil portant organisation commune des marchés dans le secteur de la banane.
Ce texte sera imprimé sous le n° E-1353 et distribué.

13

DÉPÔT DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Charles Descours un rapport fait au nom de la commission des affaires sociales sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture (n° 105, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 106 et distribué.
J'ai reçu de M. James Bordas, rapporteur pour le Sénat, un rapport, fait au nom de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi portant diverses mesures relatives à l'organisation d'activités physiques et sportives.
Le rapport sera imprimé sous le n° 108 et distribué.

14

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au jeudi 2 décembre 1999 :
A douze heures :
1. Suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale (n°s 88 et 89, 1999-2000). M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Deuxième partie. - Moyens des services et dispositions spéciales :
Services du Premier ministre :
I. - Services généraux (à l'exclusion des crédits relatifs à la fonction publique, à l'audiovisuel et à la presse) ; M. Roland du Luart, rapporteur spécial (rapport n° 89, annexe n° 35).
II. - Secrétariat général de la défense nationale ; M. Michel Moreigne, rapporteur spécial (rapport n° 89, annexe n° 36).
III. - Conseil économique et social ; M. Claude Lise, rapporteur spécial (rapport n° 89, annexe n° 37).
IV. - Plan ; M. Claude Haut, rapporteur spécial (rapport n° 89, annexe n° 38) ; Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan (avis n° 91, tome XII) ;
Budget annexe des Journaux officiels ; M. Thierry Foucaud, rapporteur spécial (rapport n° 89, annexe n° 39).
Fonction publique et réforme de l'Etat ; M. Gérard Braun, rapporteur spécial (rapport n° 89, annexe n° 29).
A quinze heures ;
2. Discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 (n° 105, 1999-2000), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture.
Rapport (n° 106, 1999-2000) de M. Charles Descours, fait au nom de la commission des affaires sociales.
Aucune inscription de parole dans la discussion générale de ce projet de loi n'est plus recevable.
Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.
3. Suite de l'ordre du jour du matin.
Le soir :
4. Suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale (n°s 88 et 89, 1999-2000). (M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.)
Deuxième partie. - Moyens des services et dispositions spéciales :
Emploi et solidarité :
III. - Ville ; M. Alain Joyandet, rapporteur spécial (rapport n° 89, annexe n° 20) ; M. Gérard Larcher, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan (avis n° 91, tome XXIII) ; M. Paul Blanc, rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales (avis n° 93, tome III).

Délai limite pour les inscriptions de parole
dans les discussions précédant l'examen des crédits
de chaque ministère

Le délai limite pour les inscriptions de parole dans les discussions précédant l'examen des crédits de chaque ministère est fixé à la veille du jour prévu pour la discussion, à dix-sept heures.

Délai limite pour le dépôt des amendements
aux crédits budgétaires pour le projet
de loi de finances pour 2000

Le délai limite pour le dépôt des amendements aux divers crédits budgétaires et articles rattachés du projet de loi de finances pour 2000 est fixé à la veille du jour prévu pour la discussion, à dix-sept heures.

Délai limite pour le dépôt des amendements aux articles de la deuxième partie, non joints à l'examen
des crédits du projet de loi de finances pour 2000

Le délai limite pour le dépôt des amendements aux articles de la deuxième partie, non joints à l'examen des crédits, du projet de loi de finances pour 2000 est fixé au vendredi 10 décembre 1999, à seize heures.

Délai limite pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements

Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, modifiant le code général des collectivités territoriales et relatif à la prise en compte du recensement général de population de 1999 pour la répartition des dotations de l'Etat aux collectivités locales (n° 56, 1999-2000).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : jeudi 9 décembre 1999, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 9 décembre 1999, à seize heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à trois heures.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





ERRATUM
Au compte rendu intégral de la séance du 18 novembre 1999
FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE POUR 2000

Page 6095, 2e colonne, 6e alinéa :
Au lieu de : « III. - Il est inséré ».
Lire : « II. - Il est inséré ».

NOMINATION DU BUREAU DÉFINITIF
D'UNE DÉLÉGATION

Dans sa séance du mardi 30 novembre 1999, la délégation du Sénat aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes a procédé à la nomination de son bureau définitif qui est ainsi constitué :
Président : Mme Dinah Derycke.
Vice-présidents : Mme Paulette Brisepierre, M. Jean-Louis Lorrain, Mme Janine Bardou, M. Guy Cabanel, Mmes Danièle Pourtaud, Odette Terrade.
Secrétaires : MM. Lucien Neuwirth, Jean-Guy Branger, André Ferrand.

NOMINATION DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DE LA DÉFENSE ET DES FORCES ARMÉES

M. Bertrand Delanoë a été nommé rapporteur du projet de loi n° 95 (1999-2000), adopté par l'Assemblée nationale, autorisant la ratification de l'accord euro-méditerranéen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et l'Etat d'Israël, d'autre part.
COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LÉGISLATION, DU SUFFRAGE UNIVERSEL, DU RÈGLEMENT ET D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
M. Alex Türk a été nommé rapporteur des propositions de loi suivantes :
- proposition de loi n° 28 (1999-2000) de M. Michel Pelchat relative à l'attribution de la nationalité française à l'étranger qui a combattu dans une unité de l'armée française ;

- proposition de loi n° 74 (1999-2000) de M. Jean-François Picheral et les membres du groupe socialiste et apparentés relative à l'attribution de la nationalité française à tout étranger engagé dans les armées françaises qui a été blessé en mission, au cours ou à l'occasion d'un engagement opérationnel et qui en fait la demande ;

- proposition de loi n° 104 (1999-2000), adoptée par l'Assemblée nationale, modifiant les conditions d'acquisition de la nationalité française par les militaires étrangers servant dans l'armée française.

M. Jean-Paul Amoudry a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 84 (1999-2000) de M. Jacques Oudin et plusieurs de ses collègues tendant à réformer les conditions d'exercice des compétences locales et les procédures applicables devant les chambres régionales des comptes.
M. Charles Jolibois a été nommé rapporteur de la proposition de résolution n° 475 (1998-1999), présentée en application de l'article 73 bis par M. René Trégouët, au nom de la délégation pour l'Union européenne, sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil européen relative à certains aspects juridiques du commerce électronique dans le marché intérieur (n° E 1210).

COUR DE JUSTICE DE LA RÉPUBLIQUE

Au cours de sa séance du mercredi 1er décembre 1999, le Sénat a élu M. Marcel Charmant juge suppléant à la Cour de justice de la République, en remplacement de M. Claude Saunier, devenu juge titulaire.

OFFICE PARLEMENTAIRE D'ÉVALUATION
DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES
(Article 6 ter de l'ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958
relative au fonctionnement des assemblées parlementaires)

Dans sa séance du mercredi 1er décembre 1999, le Sénat a nommé M. Bernard Piras membre titulaire de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, en remplacement de M. Franck Sérusclat, démissionnaire de son mandat de sénateur. M. Claude Saunier, précédemment suppléant de M. Sérusclat, demeure suppléant de M. Piras.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON

ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mercredi 1er décembre 1999


SCRUTIN (n° 19)



sur l'amendement n° I-158, présenté par M. Jean-Luc Bécart et plusieurs de ses collègues, tendant à insérer un article additionnel avant l'article 24 quinquies du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale (institution d'une taxe sur les mouvements de capitaux spéculatifs).

Nombre de votants : 268
Nombre de suffrages exprimés : 260
Pour : 53
Contre : 207

Le Sénat n'a pas adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Pour : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 5. - MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Gérard Delfau.
Contre : 18.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (98) :

Contre : 93.
Abstentions : 4. - MM. Jacques Chaumont, Jacques Delong, Charles Descours et Hilaire Flandre.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (78) :

Pour : 28. - MM. Bertrand Auban, Jean-Pierre Bel, Mme Maryse Bergé-Lavigne, M. Marcel Bony, Mme Yolande Boyer, MM. Jean-Louis Carrère, Michel Charzat, Roland Courteau, Marcel Debarge, Mme Dinah Derycke, M. Rodolphe Désiré, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Michel Dreyfus-Schmidt, Claude Haut, Philippe Labeyrie, Serge Lagauche, Louis Le Pensec, André Lejeune, François Marc, Jean-Luc Mélenchon, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Jean-Marc Pastor, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Mmes Danièle Pourtaud, Gisèle Printz et M. Claude Saunier.
N'ont pas pris part au vote : 50, dont M. Guy Allouche, qui présidait la séance.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Contre : 50.
Abstentions : 2. - MM. Philippe Arnaud et André Diligent.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Contre : 46.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (8) :

Pour : 4.
Abstentions : 2. - MM. Philippe Darniche et Bernard Seillier.
N'ont pas pris part au vote : 2. - MM. Jacques Donnay et Paul Dubrule.

Ont voté pour


François Abadie
Philippe Adnot
Bertrand Auban
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Maryse Bergé-Lavigne
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Jean-Louis Carrère
Michel Charzat
Yvon Collin
Roland Courteau
Marcel Debarge
Gérard Delfau
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Hubert Durand-Chastel
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Alfred Foy
Claude Haut
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Paul Loridant
Hélène Luc
François Marc
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Bernard Piras

Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Ivan Renar
Claude Saunier
Odette Terrade
Alex Türk
Paul Vergès

Ont voté contre


Nicolas About
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy

Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Abstentions


MM. Philippe Arnaud, Jacques Chaumont, Philippe Darniche, Jacques Delong, Charles Descours, André Diligent, Hilaire Flandre et Bernard Seillier.

N'ont pas pris part au vote


Bernard Angels
Henri d'Attilio
François Autain
Robert Badinter
Jacques Bellanger
Jean Besson
Pierre Biarnès
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Gérard Collomb
Raymond Courrière
Bertrand Delanoë
Jean-Pierre Demerliat
Claude Domeizel
Jacques Donnay
Paul Dubrule
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Marc Massion
Pierre Mauroy
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Paul Raoult
Roger Rinchet
Gérard Roujas

André Rouvière
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat et Guy Allouche, qui présidait la séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.

SCRUTIN (n° 20)



sur l'amendement n° I-41, présenté par M. Philippe Marini au nom de la commission des finances, tendant à supprimer l'article 24 quinquies du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale (dépôt d'un rapport d'information).


Nombre de votants : 311
Nombre de suffrages exprimés : 311
Pour : 213
Contre : 98

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 18.
Contre : 5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Gérard Delfau.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (98) :

Pour : 97.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (78) :

Contre : 77.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Guy Allouche, qui présidait la séance.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Pour : 46.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (8) :

N'ont pas pris part au vote : 8.

Ont voté pour


Nicolas About
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy

Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Ont voté contre


François Abadie
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
Yvon Collin
Gérard Collomb
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne

Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade

Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Paul Raoult
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent

René-Pierre Signé
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Philippe Adnot, Philippe Darniche, Jacques Donnay, Paul Dubrule, Hubert Durand-Chastel, Alfred Foy, Bernard Seillier et Alex Türk.

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat et Guy Allouche, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 312
Nombre de suffrages exprimés : 312
Majorité absolue des suffrages exprimés : 157
Pour l'adoption : 213
Contre : 99

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 21)



sur l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale.


Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 316
Pour : 217
Contre : 99

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 17.
Contre : 5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Gérard Delfau.
Abstention : 1. _ M. Lylian Payet.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (98) :

Pour : 97.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (78) :

Contre : 78.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Pour : 44.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ MM. Jean Puech et Jean-Pierre Raffarin.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (8) :

Pour : 7.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Dubrule.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Jacques Donnay
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk

Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac


Ont voté contre


François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
Yvon Collin
Gérard Collomb
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Paul Raoult
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent

René-Pierre Signé
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber


Abstention


M. Lylian Payet.

N'ont pas pris part au vote


MM. Paul Dubrule, Jean Puech et Jean-Pierre Raffarin.

N'a pas pris part au vote


M. Christian Poncelet, président du Sénat.



Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 319
Nombre de suffrages exprimés : 318
Majorité absolue des suffrages exprimés : 160
Pour l'adoption : 219
Contre : 99

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.