Séance du 16 novembre 1999






HOMMAGE AUX VICTIMES
DES INONDATIONS

M. le président. Madame le ministre, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, avant de passer à la suite de l'ordre du jour, et après une pensée à la mémoire des nombreuses victimes du nouveau séisme en Turquie, j'estime de mon devoir d'évoquer les catastrophes naturelles - le mot n'est pas trop fort - qui se sont abattues sur le grand Sud-Ouest vendredi et samedi derniers.
Selon un bilan encore provisoire, plus d'une trentaine de personnes, parmi lesquelles des enfants, sont mortes ou portées disparues dans les départements du Tarn, de l'Aude, des Pyrénées-Orientales et de l'Hérault.
Outre le nombre considérable de sans-abri, les dégâts matériels s'annoncent très importants. Il nous faut souhaiter que le Gouvernement et les compagnies d'assurance veillent à une mise en oeuvre la plus rapide possible des mécanismes de solidarité et d'assurance, afin que nos compatriotes retrouvent leurs logis et soient indemnisés dans un délai acceptable. J'espère que notre appel sera entendu dans les heures qui viennent.
Vous me permettrez d'exprimer, en votre nom à tous, la sympathie de notre assemblée aux populations des régions sinistrées. A ceux qui déplorent des morts parmi leurs proches, nous adressons nos condoléances vives et émues. A ceux qui ont tout perdu au cours de ces heures terribles, nous manifestons notre soutien.
Pour sa part, le bureau du Sénat a décidé, ce matin même, d'attribuer une aide financière d'urgence au bénéfice des victimes.
Nous saluons enfin le courage et l'abnégation de tous ceux, en particulier pompiers professionnels ou bénévoles, militaires et bien d'autres encore, qui, parfois au péril de leur vie, sont venus en aide aux victimes.
Nos collègues sénateurs des quatre départements concernés voudront bien se considérer comme nos porte-parole auprès des victimes et leur manifester la solidarité des représentants de la nation.
Je vous propose d'observer une minute de silence. (Mme le ministre, Mme le secrétaire d'Etat, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et observent une minute de silence.)
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, au nom du Gouvernement, et comme vient de le faire le Premier ministre à l'Assemblée nationale, je souhaite m'incliner devant la douleur des familles des victimes de cette catastrophe. Nous déplorons, en effet, à l'heure où nous parlons, vingt-neuf morts et quatre disparus.
Le Président de la République et le ministre de l'intérieur se sont rendus sur place. Le Premier ministre vient d'exprimer la solidarité de la nation non seulement envers les familles de ces victimes, mais aussi envers tous les habitants de l'Aude, du Tarn, des Pyrénées-Orientales et de l'Hérault qui ont souffert de ces inondations et qui ont souvent perdu de manière tragique l'ensemble de leurs biens, et parfois des parents.
Il convient de saluer, me semble-t-il, le grand mouvement de solidarité qui se manifeste à travers tout le pays, notamment de la part des collectivités locales, et, bien sûr, de rendre hommage au courage et au travail exemplaire des sauveteurs et de tous ceux, bénévoles ou non, qui ont travaillé pour essayer de rendre la vie un peu plus facile et de sauver des vies, ainsi qu'aux agents des services publics qui ne ménagent pas leurs efforts pour que la situation redevienne à peu près normale dans ces départements.
Comme vous le savez, le Gouvernement a mobilisé tous ses efforts dès le début de la catastrophe. Les plans ORSEC ont été déclenchés dans la nuit de vendredi à samedi par les préfets des départements concernés : mille sept cents sapeurs-pompiers professionnels, huit cents gendarmes, qui ont reçu le renfort de quatre cents militaires et de sept cents militaires des forces armées. Les sauveteurs ont effectué près de cinq mille interventions, dont mille évacuations et cinq cents hélitreuillages.
Bien entendu, le Gouvernement maintient une forte pression, afin que les services publics soient remis en état de marche le plus vite possible. D'ores et déjà, les sapeurs-pompiers et les forces armées apportent leur aide aux collectivités locales pour procéder au déblaiement et au nettoyage indispensables.
Au-delà des premiers secours d'urgence aux personnes les plus démunies qui ont été mis en place par mon ministère et par le ministère de l'intérieur, le Gouvernement a décidé, compte tenu de l'ampleur exceptionnelle des dégâts, d'apporter une aide rapide et importante aux collectivités locales pour la remise en état des voiries et des ouvrages hydrauliques.
Le Premier ministre vient d'annoncer qu'un travail interministériel d'évaluation est en cours. D'ici à quarante-huit heures, nous aurons connaissance des estimations. L'arrêté constatant l'état de catastrophe naturelle sera publié sans délai après la réunion de la commission qui se tiendra demain.
Des instructions ont été données aux services fiscaux et aux trésoriers-payeurs généraux pour que la situation des personnes les plus démunies soit prise en compte.
S'agissant des exploitations agricoles, les directeurs départementaux de l'agriculture se sont mobilisés pour évaluer dans les meilleurs délais les dégâts causés, en vue d'un examen rapide des dossiers par la Commission nationale des calamités agricoles.
Le Premier ministre se rendra jeudi prochain dans l'Aude. Il rencontrera à cette occasion les élus, les responsables économiques et les autorités administratives, et il indiquera les mesures exceptionnelles qui auront été décidées.
Que les populations touchées sachent qu'elles pourront compter sur la mobilisation sans faille du Gouvernement et sur la solidarité de la nation tout entière.

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