Séance du 27 octobre 1999






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Commission mixte paritaire (p. 1 ).

3. Démission d'un membre d'une délégation parlementaire (p. 2 ).

4. Modification de l'ordre du jour (p. 3 ).

5. Candidatures à un organisme extraparlementaire (p. 4 ).

6. Souhaits de bienvenue à une délégation parlementaire d'Ouzbékistan (p. 5 ).

7. Activités physiques et sportives. - Discussion d'une proposition de loi déclarée d'urgence (p. 6 ).
Discussion générale : Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports ; MM. James Bordas, rapporteur de la commission des affaires culturelles ; Aymeri de Montesquiou, Bernard Murat, Serge Lagauche, Mme Hélène Luc.
Clôture de la discussion générale.
Mme le ministre.

8. Nomination de membres d'un organisme extraparlementaire (p. 7 ).

9. Activités physiques et sportives. - Suite de la discussion et adoption d'une proposition de loi déclarée d'urgence (p. 8 ).

Article 1er (p. 9 )

Amendement n° 12 de M. Murat. - MM. Bernard Murat, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 13 de M. Murat. - MM. Bernard Murat, le rapporteur. - Retrait.
Amendements n°s 1 à 3 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption des trois amendements.
Amendement n° 14 rectifié bis de M. Murat. - MM. Bernard Murat, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 4 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 2 (p. 10 )

Amendement n° 5 rectifié de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 15 de M. Murat et 6 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait de l'amendement n° 15 ; adoption de l'amendement n° 6.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 2 (p. 11 )

Amendements n°s 16 à 18 de M. Murat. - MM. Bernard Murat, le rapporteur. - Retrait des trois amendements.

Article 3 (p. 12 )

Amendements n°s 19 et 20 de M. Murat. - Retrait des deux amendements.
Amendement n° 21 de M. Murat. - MM. Bernard Murat, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article.

Article 4. - Adoption (p. 13 )

Article 5 (p. 14 )

Amendement n° 24 de M. Murat. - MM. Bernard Murat, le rapporteur, Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles ; Mme le ministre. - Retrait.
Amendements n°s 25 et 26 de M. Murat. - MM. Bernard Murat, le rapporteur, Mme le ministre, M. le président de la commission. - Retrait des deux amendements.
Adoption de l'article.

Article 6 (p. 15 )

Amendements n°s 28 à 30 de M. Murat et 7 de la commission. - MM. Bernard Murat, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait des amendements n°s 28 à 30 ; adoption de l'amendement n° 7 rédigeant l'article.

Article additionnel après l'article 6 (p. 16 )

Amendement n° 8 de la commission. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Hélène Luc. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 7 (p. 17 )

M. Serge Lagauche.
Amendement n° 9 de la commission. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Hélène Luc, MM. Bernard Murat, Serge Lagauche, le président de la commission. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 7 bis (p. 18 )

Amendement n° 10 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 7 ter (p. 19 )

Amendement n° 11 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Serge Lagauche, Bernard Murat, Mme Hélène Luc. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 8. - Adoption (p. 20 )

Article 9 (supprimé) (p. 21 )

Articles additionnels après l'article 9 (p. 22 )

Amendement n° 31 de M. Lagauche. - MM. Serge Lagauche, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 32 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Vote sur l'ensemble (p. 23 )

MM. Rémi Herment, Bernard Murat, Mme Hélène Luc, M. le président de la commission.
Adoption de la proposition de loi.
Mme le ministre.

10. Dépôt de projets de loi (p. 24 ).

11. Dépôt de rapports (p. 25 ).

12. Dépôt d'un rapport d'information (p. 26 ).

13. Ordre du jour (p. 27 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

COMMISSION MIXTE PARITAIRE

M. le président. M. le président a reçu de M. le Premier ministre la lettre suivante :
« Monsieur le président,
« Conformément à l'article 45, alinéa 2, de la Constitution, j'ai l'honneur de vous faire connaître que j'ai décidé de provoquer la réunion d'une commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la limitation du cumul des mandats électoraux et des fonctions et à leurs conditions d'exercice.
« Je vous serais obligé de bien vouloir, en conséquence, inviter le Sénat à désigner ses représentants au sein de cette commission.
« J'adresse ce jour, à M. le président de l'Assemblée nationale, une demande tendant aux mêmes fins.
« Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma haute considération. »

« Signé : LIONEL JOSPIN »

Il sera procédé à la nomination des représentants du Sénat à cette commission mixte paritaire selon les modalités prévues par l'article 12 du règlement.

3

DÉMISSION D'UN MEMBRE
D'UNE DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE

M. le président. J'informe le Sénat que M. le président du Sénat a reçu une lettre en date du 26 octobre 1999 par laquelle Mme Lucette Michaux-Chevry lui a fait part de sa démission de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre hommes et femmes.
Il sera pouvu au remplacement de Mme Michaux-Chevry à la date fixée par une prochaine conférence des présidents.

4

MODIFICATION DE L'ORDRE DU JOUR

M. le président. J'informe le Sénat que la question orale sans débat n° 599 de M. Guy Vissac est retirée de l'ordre du jour de la séance du mardi 2 novembre à la demande de son auteur.

5

CANDIDATURES A` UN ORGANISME
EXTRAPARLEMENTAIRE

M. le président. Je rappelle au Sénat que M. le Premier ministre a demandé au Sénat de bien vouloir procéder à la désignation de deux sénateurs appelés à siéger au sein d'un organisme extraparlementaire.
La commission des affaires économiques et du Plan a fait connaître qu'elle propose les candidatures de MM. Georges Berchet et Rémi Herment pour siéger au sein du comité local d'information et de suivi du laboratoire souterrain de Bure.
Ces candidatures ont été affichées et seront ratifiées, conformément à l'article 9 du règlement, s'il n'y a pas d'opposition à l'expiration du délai d'une heure.

6

SOUHAITS DE BIENVENUE
A` UNE DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE
D'OUZBÉKISTAN

M. le président. Madame le ministre, mes chers collègues, nous sommes heureux d'accueillir dans nos tribunes Mme Yuldasheva, présidente de la commission des affaires sociales du Parlement d'Ouzbékistan, accompagnée d'une délégation.
Nous la saluons bien cordialement. (Mme le ministre, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent.)

7

ACTIVITÉS PHYSIQUES ET SPORTIVES

Discussion d'une proposition de loi déclarée d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi (n° 443, 1998-1999), adoptée par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, portant diverses mesures relatives à l'organisation d'activités physiques et sportives. [Rapport n° 24 (1999-2000).]
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, comment ne pas avoir aujourd'hui une pensée particulière pour ce grand champion que fut Marcel Cerdan, qui nous quittait voilà tout juste cinquante ans ?
La proposition de loi qui vous est présentée est soutenue par le Gouvernement.
Les dispositions dont nous allons débattre ne sont pas séparables des réformes engagées par le Gouvernement dans le domaine du sport pour préserver l'éthique, pour renforcer la cohésion et la solidarité entre tous les niveaux de pratique à travers la vie associative, pour développer les fonctions sociales, éducatives et citoyennes du sport.
Ces trois objectifs se retrouvent dans trois textes législatifs.
Le premier de ces textes, que vous m'avez fait l'honneur d'adopter à l'unanimité, concerne la lutte pour la santé des sportifs et contre le dopage, une lutte qui repose, bien sûr, sur des principes éthiques et qui porte pleinement les valeurs éducatives du sport.
Le deuxième projet de loi repose sur une modification en profondeur de la loi de 1984. Précédé d'un très large débat avec le monde du sport, il sera présenté au Parlement dès le début de l'année 2000.
Là encore, à travers des mesures comme celles qui visent à la création d'un fonds de mutualisation d'une partie des droits de télévision liés au sport, à la valorisation de l'association sportive, à la féminisation des pratiques et des responsabilités, à la réglementation de la profession d'intermédiaire, à l'adaptation et la modernisation des formations et des qualifications, de quoi est-il question ? D'éthique, de solidarité entre les différents niveaux de pratique, d'éducation, d'association citoyenne.
Enfin, voici le troisième texte législatif lié au sport, un texte d'origine parlementaire, qui vise à modifier le statut juridique des clubs professionnels, à rétablir un véritable lien public avec ce secteur de l'activité sportive et économique, à protéger les sportifs mineurs de risques réels d'abus, à consolider les structures de formation des jeunes.
Là encore, il s'agit donc bien d'éthique, de lien social.
J'ajoute que, depuis l'adoption en première lecture de cette proposition de loi, le 17 juin dernier - comme le souligne à juste raison le rapport de la commission - une actualité aussi riche en milliards qu'en rebondissements est venue conforter notre volonté commune de ne pas accepter la soumission du sport à des règles exclusivement commerciales, la rentabilité du spectacle primant sur toute autre considération. Fort heureusement, nous n'en sommes pas là, mais nous savons que les marchands sont désormais plus attirés par les stades que par les temples. Le défi à relever est exigeant.
C'est ce qui fonde le soutien du Gouvernement à cette proposition de loi.
S'agissant du statut juridique des clubs professionnels, le dispositif proposé est tout à fait pertinent, pour trois raisons qui me semblent essentielles.
En premier lieu, c'est l'association sportive qui garde le rôle pivot dans l'organisation du secteur professionnel, quelle que soit la forme juridique retenue. L'association et la société définissent leurs relations par conventions, ce qui est essentiel.
En deuxième lieu, le dispositif législatif proposé prend parfaitement en compte la très grande diversité du sport professionnel.
Rien n'aurait été plus absurde que de vouloir imposer un cadre juridique unique à des clubs aux situations très différentes, d'un sport à l'autre, mais également à l'intérieur du même sport.
Les quatre types de sociétés sportives proposées maintiennent les situations existantes et apportent un plus, dans des conditions précises.
Cela me conduit à une troisième observation.
Pour certains clubs français de football, de basket ou de rugby, il est incontestable que les formes juridiques actuelles peuvent être un obstacle à l'arrivée de nouveaux investisseurs.
C'est pourquoi la société anonyme sportive professionnelle, la SASP, disposera des mêmes prérogatives qu'une société anonyme de droit commun, à deux exceptions près sur lesquelles je reviendrai.
La création de cette société anonyme n'est pas une concession à une vision rentable du sport. C'est une réponse maîtrisée, dans la mesure où les possibilités nouvelles de développement économique ne vont jamais au-delà des limites qu'impose le respect du sens du sport.
Plusieurs garde-fous sont posés.
Tout d'abord, dès l'article 1er de la proposition de loi, la nouvelle société anonyme garde une relation forte avec l'association sportive.
Ensuite, l'article 4 prévoit d'interdire la possibilité d'être propriétaire de plusieurs clubs. C'est une mesure indispensable si l'on veut préserver l'équité d'une compétition. Que se passerait-il, en effet, si une finale de Coupe de France opposait deux clubs appartenant au même propriétaire ?
Enfin, troisième garde-fou, il sera impossible pour les sociétés anonymes de s'introduire en bourse.
C'est un choix résolument défendu par le Gouvernement. C'est une condition indispensable à la préservation des valeurs que le sport doit porter.
A cette mise en garde on m'a parfois opposé plusieurs arguments.
On m'a dabord dit : votre position est idéologique ! A ce compte-là, il faut classer parmi les idéologues Michel Platini, quand il déclare : « Je suis opposé à l'entrée en bourse. Les résultats du foot, ça ne doit pas se lire au CAC 40 ou à Wall Street. Il y a une éthique sportive à défendre. Le foot a une vocation sociale et doit rester un jeu. »
On m'a dit aussi : « Mais enfin ! tous les pays d'Europe y sont passés, alors pourquoi pas la France ? »
Cette remarque ne correspond en rien à la réalité des faits. Sur les quinze pays de l'Union européenne, cinq ont accepté la cotation en bourse des clubs.
Et dans les cinq pays où l'accès à la bourse est autorisé, combien de clubs ont-ils fait ce choix ? Un seul en Italie, un aux Pays-Bas, deux au Portugal, six au Danemark et vingt-deux en Grande-Bretagne, soit trente-deux clubs sur les cent quatre-vingts clubs professionnels de ces cinq pays.
Enfin, à ceux qui présentent la situation du football britannique comme le modèle de la réussite boursière, il est sans doute utile de rappeler les principales conclusions de l'audit effectué, en 1998, par le cabinet d'expertise Deloitte et Touche.
Je cite : « Depuis l'introduction en bourse, les pertes conjointes des clubs professionnels, toutes divisions confondues, atteignent 1 100 millions de francs. L'écart entre la situation financière des clubs de première ligue et celle des clubs de divisions inférieures est un gouffre qui se transforme en abysse ». On ne peut dire les choses plus clairement.
Oui, mesdames, messieurs les sénateurs, la bourse et le sport reposent sur des logiques opposées. Les mécanismes de la bourse impliquent nécessairement la disparition des plus faibles, alors qu'une compétition sportive suppose certes qu'il y ait un premier et un dernier, mais implique aussi qu'ils soient toujours présents dans la même compétition.
Dans la logique boursière, quelle place reste-t-il pour la glorieuse incertitude du sport ? Aucune.
A partir de tous ces éléments, la création d'une nouvelle société anonyme permettant de développer la taille économique d'un club dans des conditions qui préservent la spécificité du sport est un choix équilibré et responsable.
Le dernier point relatif au statut des clubs concerne les subventions publiques. Je sais que l'article 5 suscite un certain nombre d'interrogations ; c'est bien normal.
Là encore, nous devons partir d'une réalité.
La législation actuelle prévoit l'interdiction des subventions publiques aux clubs professionnels à la fin de cette année. Si ce dispositif était maintenu, je peux vous assurer que de très nombreux clubs de basket, de rugby, de handball, mais également de football disparaîtraient, ou connaîtraient de très grandes difficultés.
Je peux vous dire que, depuis deux ans, de très nombreux élus locaux, en particulier des maires, et quelle que soit leur sensibilité politique, me demandent de revenir sur ce dispositif.
Je comprends leur préoccupation.
Le maintien d'un lien public avec tous les niveaux de pratique sportive, y compris le niveau professionnel, est un élément essentiel de cohésion du mouvement sportif.
A l'inverse, la suppression de toute subvention publique serait une façon de pousser le sport de haut niveau vers une sphère marchande, au détriment de ses fonctions sociales.
Bien évidemment, ce rétablissement de la possibilité de recevoir des subventions publiques n'est pas aveugle. Soyons très clairs : il n'est pas question que des fonds publics alimentent le marché des transferts !
C'est pourquoi l'article 5 propose que les subventions publiques financent exclusivement des missions d'intérêt général, dans le cadre d'une convention entre la collectivité et le club. Elles recouvriront essentiellement la formation des jeunes, la participation du club à des actions sportives à caractère social, l'aide aux bénévoles, la création d'emplois de techniciens, d'éducateurs, d'animateurs sportifs, ou encore le soutien aux équipes de jeunes.
En réalité, cette disposition va introduire une véritable clarté dans les relations avec les clubs.
C'est d'ailleurs pour renforcer cette démarche qu'un décret déterminera le niveau et l'affectation de ces subventions.
J'en viens aux deux articles concernant, d'une part, la protection des sportifs mineurs, d'autre part, la formation des jeunes. Ces deux dispositions sont essentielles et l'actualité vient, hélas ! le souligner.
Nous ne pouvons pas laisser se développer un commerce indigne, qui s'apparente parfois à un véritable trafic d'enfants et peut mettre gravement en cause l'équilibre d'un individu. Nous ne pouvons pas laisser des intermédiaires sans scrupules casser la vie d'un jeune !
Ecoutons le témoignage de David, un jeune footballeur formé dans un club lyonnais à qui l'agent d'un grand club étranger a promis monts et merveilles à l'âge de dix-sept ans et qui n'a jamais vu le début de ce rêve. Voici ce qu'il déclarait à la presse en février dernier : « Un impresario a profité de moi parce que j'étais un gamin et que mes parents ne connaissent pas trop le milieu du foot... Les managers veulent nous faire croire que ça va être tout beau tout rose. Aujourd'hui, je ne suis plus rien. » A dix-neuf ans !
J'ajoute qu'une telle mesure ne mettra pas la France à contre-courant de l'Europe, bien au contraire !
Je rappelle en effet qu'en juin dernier, en Allemagne, les quinze ministres des sports de l'Union européenne, sur proposition de la France ont adopté à l'unanimité la position suivante : « La prise en compte des intérêts spécifiques du sport doit intervenir, en particulier... dans l'action des Etats membres et des organisations sportives sur la protection des sportifs mineurs. »
Enfin, s'agissant de l'article 7, je veux souligner combien la nouvelle relation contractuelle entre un club formateur et un jeune, telle qu'elle est proposée, répond à une demande du mouvement sportif.
Les clubs et les fédérations qui ont fait dans bien des cas le choix d'une politique ambitieuse de formation des jeunes, avec le soutien de l'Etat et des collectivités, en mesurent depuis plusieurs années les effets bénéfiques. Cette politique est certainement devenue le premier atout du sport français. Aujourd'hui, ces acquis sont fragilisés par une véritable déréglementation. C'est l'une des conséquences de l'arrêt Bosman.
Le texte tend à préserver les jeunes en même temps qu'à consolider les structures et la politique de formation, en évitant l'« achat » de jeunes au terme de celle-ci.
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les raisons de fond qui motivent le soutien du Gouvernement à cette proposition de loi.
La commission des affaires culturelles du Sénat propose de préciser et d'enrichir maintes dispositions de ce texte, mais sans remettre en cause ses principales orientations, ce dont je me réjouis.
Cette proposition de loi marque une reconnaissance de l'apport spécifique du sport professionnel à notre pays, une prise en compte de ses besoins et de ses missions.
En refusant tout autant l'immobilisme que la fuite en avant, en adoptant des mesures qui répondent à des besoins réels et renforcent la cohésion et l'éthique sportives, vous poursuivrez le travail que nous avons engagé ensemble depuis deux ans. (Applaudissements.)
M. Michel Sergent. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur de la commission des affaires culturelles. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la proposition de loi qui nous est soumise aujourd'hui en urgence, après avoir été examinée et adoptée un peu rapidement en juin dernier par l'Assemblée nationale, constitue une nouvelle « pièce détachée » du projet de loi modifiant la loi de 1984 que nous examinerons au printemps prochain.
Elle comporte des mesures diverses - pour ne pas dire disparates - relatives au sport professionnel, mesures qui seront d'ailleurs complétées par des dispositions du prochain projet de loi.
Nous vous avons déjà dit en commission, madame la ministre, qu'il ne nous semblait pas de bonne méthode de procéder ainsi. Mais nos objections ne se limitent pas à la méthode. Nous craignons aussi que ces mesures ne soient pas à la hauteur des problèmes qu'elles sont censées traiter.
Cela tient, bien sûr, pour une part, à leur caractère un peu improvisé et à leur rédaction imprécise : à cet égard, nous vous proposerons, mes chers collègues, de leur donner une portée plus concrète.
Mais cela tient surtout au fait qu'elles abordent des questions que nous ne pouvons pas espérer résoudre à l'échelon national. D'ailleurs, comme l'a très justement relevé en commission notre collègue Jean-Luc Miraux, nous devons nous inquiéter des conséquences que pourraient avoir certaines des dispositions de la proposition de loi si des mesures identiques n'étaient pas prises à l'étranger.
Or il nous semble, madame la ministre, que le « bon exemple » que nous avons cherché à donner en matière de lutte contre le dopage tarde à être suivi, et cela nous conduit, vous le comprendrez, à nous interroger sur la bonne volonté de nos partenaires étrangers.
Mes chers collègues, je ne ferai pas à cette tribune l'exposé détaillé des dispositions de la proposition de loi, ne serait-ce que parce que certaines d'entre elles se bornent à reprendre le droit en vigueur ; je pense en particulier à celles qui ont trait aux rôles respectifs des associations et des sociétés ainsi qu'aux conventions qui régissent leurs rapports, ou à celles qui prohibent, uniquement d'ailleurs au niveau national, ce qu'il est convenu d'appeler la « multipropriété » des clubs sportifs.
Je n'insisterai pas non plus sur les dispositions du texte qui rétablissent les subventions publiques aux clubs professionnels, sinon, madame la ministre, pour vous demander si vous pouvez nous préciser aujourd'hui le contenu du décret d'application dont dépendra en fait la portée du nouveau dispositif.
Nous voudrions, à ce sujet, vous faire part d'une inquiétude : même si la présente proposition de loi est adoptée avant le 31 décembre prochain, même si le décret d'application paraît sans délai, cela ne suffira pas pour que ce dispositif puisse être appliqué dès le début de l'an 2000.
Certes, le relèvement des seuils intervenu en juin dernier fera échapper beaucoup d'associations à l'encadrement des subventions publiques. Espérons au moins, mes chers collègues, que ce relèvement des seuils n'incitera aucune association à renoncer à constituer une société et à présenter les garanties que cela implique en matière de transparence et de rigueur dans la gestion de ses activités commerciales, d'autant que la proposition de loi supprime définitivement le régime de l'association à statut renforcé, créé en 1987 pour concilier statut associatif et gestion rigoureuse. Le relèvement des seuils retire en tout cas une grande part de sa portée à la disposition de la proposition de loi qui prévoit de rendre alternatifs, et non plus cumulatifs, les critères retenus pour apprécier l'importance des activités commerciales des associations sportives et leur imposer la constitution d'une société.
Mais là n'est sans doute pas l'essentiel, et je voudrais à présent en venir, mes chers collègues, aux dispositions les plus importantes de la proposition de loi, celles qui concernent, d'une part, le statut des clubs sportifs et, d'autre part, la protection des jeunes sportifs mineurs comme celle des intérêts des clubs formateurs, deux préoccupations qui ne sont d'ailleurs pas très faciles à concilier.
En ce qui concerne le statut des clubs sportifs, la création de la société anonyme sportive professionnelle, la SASP, a largement éclipsé le reste du dispositif, que je présenterai brièvement avant de tenter d'analyser la portée concrète de la « révolution culturelle » que représente cette nouvelle catégorie de société sportive.
La proposition de loi modifie en effet sensiblement la gamme des choix statutaires offerts aux clubs professionnels.
Je l'ai déjà dit, les associations à statut renforcé disparaissent. Mais là ne s'arrêtent pas les innovations.
La plus ancienne des sociétés sportives, la société d'économie mixte sportive locale, qui avait été créée en 1975, est quant à elle « mise en extinction » : les SEM existantes pourront garder leur statut, mais il ne pourra plus en être créé de nouvelles.
Les associations sportives auront donc désormais le choix entre trois formules, dont deux nouvelles : la société anonyme à objet sportif, ou SAOS, seule « survivante » des formules mises en place en 1984, et dont le statut ne change pas ; l'entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée, EUSRL, qui est juridiquement une SARL à associé unique et constitue donc la seule société sportive qui ne relève pas du régime de la société anonyme ; enfin, la société anonyme sportive professionnelle, le plus novateur des régimes proposés aux clubs.
La SASP ne sera pas tout à fait une société anonyme de droit commun. Elle devra, comme les autres sociétés sportives, adopter des statuts conformes à des statuts types. Je rappelle, à ce propos, que c'est actuellement une clause de leurs statuts types, qui interdit en fait aux SAOS et aux SEM sportives d'être cotées sur un marché réglementé.
Elle devra aussi conclure une convention avec l'association, qui disposera à son égard de certains des pouvoirs de contrôle réservés aux actionnaires minoritaires mais ne participera pas obligatoirement, il faut le souligner, à son capital.
La SASP échappe cependant aux autres contraintes imposées jusque-là aux sociétés sportives. En particulier, elle pourra distribuer des bénéfices. Ce sera donc la seule société sportive à être une vraie société commerciale, dont la finalité est la réalisation et le partage d'un profit.
La SASP lève ainsi le tabou interdisant qu'un club professionnel puisse être une entreprise à but lucratif : cela paraît correspondre à un choix réaliste et courageux.
Mais que peut-on attendre, concrètement, de la création de la SASP ? Elle semble susciter beaucoup d'espoirs, comme l'avait d'ailleurs fait, avant elle la SAOS.
Si l'on étudie les débats de l'Assemblée nationale, on a l'impression que, pour nos collègues députés, il ne fait pas de doute que la SASP résoudra les problèmes actuels des clubs professionnels et que la seule question qui se pose est de savoir si cela dépend ou non de son accès au marché financier.
J'avoue que nous avons, pour notre part, envisagé un peu différemment la question. Il faut, nous semble-t-il, relativiser les avantages de la SASP, et la possibilité de faire publiquement appel à l'épargne n'y changerait rien, au moins pour l'instant. J'aborderai successivement ces deux points.
La SASP est, bien sûr, pour les investisseurs privés, une formule nettement plus intéressante que les autres sociétés sportives. Elle leur permettra de toucher des dividendes - du moins quand il y aura des bénéfices ! - et elle sera, en fait, assez largement autonome par rapport à l'association.
Cela dit, les statuts ne sont pas tout, et la situation économique des clubs n'en sera pas changée.
Pour prendre l'exemple des clubs de football - les premiers concernés -, si leur situation s'est globalement améliorée, en partie grâce aux apurements de passif consécutifs à des dépôts de bilan, elle reste très fragile.
Ils n'ont pas d'actifs : ils ne sont pas, sauf exception, propriétaires de leurs stades ni de leurs marques, ni des droits d'exploitation audiovisuelles. En fait, leurs seuls actifs, ce sont leurs joueurs, ce qui est, à tous égards, bien peu satisfaisant.
Par ailleurs, ils ne maîtrisent pas l'évolution de l'essentiel de leurs recettes, les droits de diffusion et le sponsoring, et leur prospérité budgétaire dépend aussi de leurs résultats sportifs, par définition incertains.
Pour transformer un club en une entreprise raisonnablement solide et rentable, pour diversifier, par exemple, ses activités, comme l'ont fait les grands clubs anglais dont on nous parle toujours, il faudrait consentir des investissements très importants et à long terme : ce n'est pas le rêve de l'investisseur moyen...
La SASP n'est donc pas, en elle-même, une solution aux problèmes de financement des clubs sportifs.
C'est là qu'interviennent les partisans de la cotation en bourse, qui pensent que les SASP ne « marcheront » que si elles peuvent faire appel à l'épargne sur les marchés financiers.
L'Assemblée nationale s'y est opposée, en interdisant - par une bien mauvaise rédaction, soit dit en passant - que les titres des SASP soient admis sur les marchés réglementés ou non réglementés.
Nous avons longuement réfléchi à cette question, et les arguments invoqués de part et d'autre nous ont paru également peu convaincants.
Comment imaginer que le recours aux marchés financiers serait une solution miracle pour des entreprises qui ne trouvent pas d'investisseurs ? Mais peut-on dire, d'un autre côté, que le recours aux marchés financiers est moins conforme à l'éthique sportive que les « ventes » de joueurs ou la création de clubs sportifs « à but lucratif » ?
En revanche, deux autres éléments nous paraissent devoir être pris en considération : le premier, c'est que, de toute façon, la question de l'accès à l'épargne publique des clubs ne paraît pas se poser dans l'immédiat et, en tout état de cause, certainement pas avant que nous abordions l'examen du projet de loi réformant la loi de 1984 ; le second, c'est que l'accès des clubs sportifs à l'appel public à l'épargne nous paraît mériter réflexion et justifier que nous pesions nos responsabilités.
Cet appel public à l'épargne pose d'abord un problème spécifique de protection des épargnants. Les actions des clubs de football seront, surtout en l'état actuel, des placements « à risque ». Dans un pays comme le nôtre, où l'actionnariat populaire n'est pas développé, il ne faudrait pas que des personnes vulnérables confondent l'enthousiasme du supporter avec l'attitude plus circonspecte qui doit être celle de l'épargnant.
Il est un peu inquiétant, à cet égard, d'entendre vanter par certains la stabilité qu'assurerait à un club comme Manchester United son actionnariat de supporters, et nous ne voudrions pas que l'on assiste à des démarcharges un peu agressifs des supporters pour les inciter à des « investissements » dont ils ne mesureraient pas les risques.
Et puis, il faut aussi nous interroger sur l'intérêt des clubs sportifs.
D'abord, il n'est pas du tout certain, à supposer qu'ils remplissent les conditions réglementaires, que leur introduction en bourse serait un succès. Le PSG ou l'OM, ce n'est pas France Télécom !
Ensuite, quelles seraient les conséquences de cette introduction sur leur actionnariat ? Les clubs sportifs ont bien du mal à trouver de véritables partenaires : le cas de Canal Plus et du PSG est longtemps resté une exception. Ce n'est que tout récemment que l'on a vu d'autres cas de prise de participation de sociétés dont l'activité peut avoir une certaine « synergie » avec le sport, comme M6, Pathé ou IMG France. Il n'est pas sûr que l'accès à la bourse favoriserait cette évolution. On pourrait plutôt craindre qu'elle n'offre à certains investisseurs une occasion bienvenue de récupérer leur mise.
Cela dit, il n'y a, à nos yeux, aucune raison de manifester une opposition de principe à la cotation des clubs en bourse. Mais peut-être devrions-nous nous demander s'il ne faudrait pas prévoir certains délais ou certaines conditions pour pallier les dangers que je signalais à l'instant.
M. Bernard Murat. Très bien !
M. James Bordas, rapporteur. C'est pourquoi, mes chers collègues, la commission proposera au Sénat de maintenir, à titre conservatoire et dans une rédaction plus cohérente que celle de l'Assemblée nationale, l'interdiction pour les sociétés sportives de faire publiquement appel à l'épargne, en attendant de rouvrir ce dossier lors de l'examen du projet de loi modifiant la loi du 16 juillet 1984. Nous pourrons, d'ici là, recueillir des avis techniques autorisés.
J'en viens à présent aux dispositions concernant la protection des sportifs mineurs et celle des clubs.
L'exploitation des sportifs mineurs est un vrai problème, surtout dans le football. Il trouve son origine dans le système des transferts. Les clubs ont en effet intérêt à recruter des joueurs de plus en plus jeunes parce que, avant qu'ils soient sous contrat, il n'y a pas de « transfert » à payer et parce que lesdits clubs peuvent espérer les « revendre » ultérieurement avec profit.
De telles pratiques ne sont malheureusement pas le monopole des pays étrangers. En France aussi, on cherche à recruter de jeunes adolescents, on voit se multiplier les vocations d'intermédiaires parfois peu scrupuleux. En France aussi on propose quelquefois de l'argent aux parents pour qu'ils signent un contrat, et beaucoup de jeunes sportifs ont été déçus par des promesses qui ne se sont pas concrétisées.
Vous avez donc raison, madame la ministre, de poser ce problème, surtout à l'échelon européen, parce qu'on ne peut évidemment pas le résoudre au seul échelon national.
Nos collègues députés en sont, je crois, conscients ; ils ont néanmoins voulu prendre une position de principe sur le sujet.
Cela procède d'une préoccupation que l'on ne peut que partager, même si cela ne résoudra pas le problème du recrutement de jeunes Français par des clubs étrangers, problème qui est pourtant à l'origine de cette disposition.
Nous avons trouvé cependant que ni le sens ni la portée du texte de l'Assemblée nationale n'étaient très clairs. Nous vous proposerons donc une rédaction différente, qui tend à interdire que des tiers - intermédiaires, clubs ou parents - puissent percevoir une rémunération, une indemnité ou un avantage quelconque à l'occasion d'un contrat relatif à l'activité sportive d'un mineur.
Nous vous proposerons, dans le même esprit, d'étendre aux rémunérations perçues par les jeunes sportifs de moins de seize ans le dispositif prévu par le code du travail, qui impose le blocage partiel, jusqu'à leur majorité, des rémunérations perçues par les jeunes artistes ou mannequins.
Enfin, l'article 7 de la proposition de loi a pour objet de protéger les intérêts des centres de formation. Il entend répondre à une préoccupation exprimée par les clubs sportifs, qui ne reçoivent aucun dédommagement lorsque les sportifs qu'ils ont formés sont, ensuite, engagés dans un autre club. Cela concerne d'ailleurs uniquement les engagements dans des clubs étrangers car, au niveau national, de tels dédommagements existent déjà dans la pratique. Nous nous demandons donc, madame la ministre, s'il est bien utile de vouloir régler cette question, en fait assez marginale, par une loi nationale et s'il ne vaudrait pas mieux tenter de faire prévaloir, comme y semblent prêts aussi bien l'UEFA que la Commission de Bruxelles, une solution européenne.
Ce problème rejoint en effet le problème plus général de la compensation des frais de formation, auquel il faut trouver, pour préserver l'égalité entre les clubs et encourager les efforts de formation, une solution équitable et qui évite les dérives des transferts. C'est une question difficile, car il faut protéger à la fois les jeunes et les clubs formateurs.
Sur ce point, le texte adopté par l'Assemblée nationale n'est pas du tout satisfaisant. Il obligerait un jeune entrant dans un centre de formation à signer « un premier contrat d'engagement professionnel » avec le club.
Ce dispositif appelle plusieurs observations. D'une part, il porte atteinte à la liberté du travail et n'est pas très équilibré : le jeune est obligé de signer un contrat, mais le club n'est pas obligé de lui en proposer un. D'autre part, il est aussi bien peu protecteur des sportifs mineurs ; cet engagement un peu excessif serait en effet contracté par un jeune de quinze ans ou seize ans, ou même moins, puisque la fédération de football prépare actuellement un « statut du joueur en préformation » qui s'adresserait à des jeunes à partir de treize ans ; un jeune pourrait donc être tenu par des engagements successifs de treize ans jusqu'à vingt-trois ans ou vingt-quatre ans !
Ce dispositif s'analyse comme une extension du système des transferts. L'obligation que contracterait le jeune sportif conférerait en effet au club un droit monnayable et le club ne manquerait pas d'exiger une indemnité importante pour le laisser partir.
Enfin, il ne faudrait surtout pas encourager une dérive commerciale des centres de formation. Certains clubs n'ont déjà que trop tendance à se constituer des réserves de joueurs « cessibles ». En outre, la presse a fait état récemment d'informations quelque peu inquiétantes sur les pratiques de certains clubs formateurs, vous l'avez rappelé, madame la ministre.
Nous vous proposerons donc une nouvelle rédaction de cet article, selon une formule qui s'inspire d'ailleurs du « contrat de formation », que serait disposée à admettre la Commission européenne.
Cette rédaction reconnaît le droit du club formateur d'obtenir le remboursement des frais de formation et d'entretien des jeunes qu'il a formés lorsque ceux-ci sont engagés par un autre club après avoir refusé de signer un contrat de travail avec le club qui les a formés. Ce remboursement serait soumis à des conditions tenant notamment au sérieux de la formation, qui devra être agréée, et à la conclusion préalable d'une convention précisant le montant et les conditions d'exigibilité du remboursement.
En somme, mes chers collègues, nous vous inviterons à préférer, à une extension de la détestable pratique internationale des transferts, une nouvelle application du système bien français de la « pantoufle ». (Sourires.)
Telles sont, monsieur le président, mes chers collègues, les principales positions que la commission des affaires culturelles a prises sur le texte qui nous est soumis et qu'elle vous demandera d'adopter sous réserve des amendements qu'elle vous propose et des observations que je viens de formuler. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. de Montesquiou.
M. Aymeri de Montesquiou. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le monde sportif professionnel évolue de manière extrêmement rapide. Dans un contexte communautaire et international où le sport est de plus en plus médiatisé et donc présent dans les esprits, il est important que la France ne reste pas à l'écart de cette évolution : notre législation doit pouvoir donner aux clubs français les moyens de se développer grâce à des finances saines et à un cadre juridique qui permette cette évolution.
Si l'actualité sportive - aujourd'hui la Coupe du monde de rugby - semble donner tout son sens à l'examen de cette proposition de loi portant diverses mesures relatives à l'organisation d'activités physiques et sportives, je souhaite, toutefois, formuler trois réserves.
Premièrement, la procédure d'urgence, largement utilisée depuis juin 1997, ne me semble toujours pas appropriée pour parvenir à un accord et à un texte de qualité, la réflexion et la concertation répétées étant, à mes yeux, indispensables.
Deuxièmement, ce texte intéresse exclusivement les clubs sportifs professionnels. Il eût été utile de le préciser dans son intitulé afin de ne pas laisser croire qu'on légifère sur l'organisation des activités physiques et sportives dans leur ensemble.
Je souhaite, à cette occasion, rendre hommage aux bénévoles des associations sportives, aux petits clubs qui, malgré les difficutés, continuent à se battre pour faire vivre le sport sur l'ensemble du territoire. Ils contribuent non seulement à la diffusion de valeurs qui nous sont chères - l'effort, le respect des autres, le sens de l'équipe - mais également à l'aménagement du territoire et à sa vitalité. Ils sont les acteurs à part entière d'une ruralité vivante et méritent notre confiance comme notre soutien. Madame la ministre, je me réjouis qu'après réflexion vous leur accordiez de nouveau votre confiance par le maintien d'une gestion paritaire du Fonds national pour le développement du sport. Les petits clubs doivent savoir qu'ils ne seront pas oubliés dans le projet de loi modifiant la loi de 1984 qui sera examiné par notre assemblée en 2000.
Troisièmement, si je me réjouis que le sport soit au centre de notre réflexion, je redoute la multiplicité des textes, souvent cause d'incohérences. Il eût été judicieux de fondre dans un même texte les dispositions contenues dans celui-ci et celles que vous nous proposerez prochainement, madame la ministre.
Toutefois, il nous appartient d'apprécier aujourd'hui ce texte, qui se justifie par une concurrence grandissante entre les clubs au niveau communautaire et international.
Les clubs professionnels français subissent trois handicaps : un impôt sur le revenu dissuasif pour nos sportifs professionnels, le niveau élevé des charges sociales et les dispositions de la loi Evin, qui, compte tenu de la médiatisation transfrontalière des épreuves, sont archaïques et non adaptées.
Si la lutte contre l'alcoolisme, qui est à l'origine de cette loi, se justifie pleinement, les dernières statistiques soulignent l'efficacité insuffisante de cette forme de prévention.
Il s'agit, en attendant une réforme profonde sur ces trois points, d'offrir aux clubs un nouveau statut et de permettre aux jeunes professionnels français d'assurer leur avenir tout en reconnaissant les efforts et les investissements de leur club d'origine.
Ce texte comporte plusieurs types de dispositions.
Le premier type de disposition tend à maintenir le versement de subventions publiques aux clubs sportifs professionnels, sous réserve d'un certain nombre de conditions telles que l'intérêt général, le passage d'une convention, l'objet, le plafonnement, le pourcentage du budget. Cette disposition est indispensable pour que perdurent des sports moins médiatiques que d'autres ; elle ne dispensera pas ces clubs de rechercher des modes de financement privés.
Le deuxième type de dispositions vise à remanier la gamme des choix statutaires offerts aux clubs sportifs. Je retiendrai la véritable innovation de ce texte, qui mérite notre plein soutien : la création des sociétés anonymes sportives professionnelles, les SASP.
Mes chers collègues, cette création constitue une véritable avancée pour les clubs sportifs professionnels. Certes, les SASP devront, comme les autres sociétés sportives, adopter des statuts conformes à des statuts types et organiser dans le cadre d'une convention leurs relations avec l'association sportive. Mais elles permettent une gestion réellement comptable, commerciale et fiscale des clubs sportifs professionnels, puisqu'elles pourront distribuer des bénéfices. C'est une révolution culturelle et sportive dont il faut nous réjouir.
Nos collègues députés ont longuement débattu sur l'opportunité de faire appel à l'épargne publique, appel qui se traduirait par une cotation en bourse. Je partage l'avis de la commission sur la nécessité d'étudier toutes les conséquences de l'adoption éventuelle d'une telle mesure. Il n'y a pas d'urgence en la matière.
Toutefois, je récuse l'argument, souvent avancé, selon lequel les supporters seraient moins à même que d'autres Français de juger de l'opportunité d'engager leur épargne dans le financent d'un club sportif dont ils veulent soutenir les efforts. C'est oublier qu'ils connaissent mieux que tout autre cette entreprise que devient leur club. Les clubs sportifs trouveraient là une source de financement et l'actionnariat mériterait le nom de « populaire », ce qui n'est pas souvent le cas dans notre pays. Cela permettrait surtout aux supporters de mieux juger la gestion des clubs auxquels ils donnent leur enthousisame et, souvent, leur dévouement. L'exemple des clubs britanniques est positif quant à leur prospérité, qui les dispense de faire appel aux fonds publics.
Il est donc souhaitable qu'une telle mesure soit adoptée afin que le sport attire également l'épargne. Madame la ministre, d'après vos propos introductifs, il ne semble pas que vous envisagiez de proposer une telle mesure dans le projet de loi que vous préparez.
La question pourra notamment être débattue le 24 janvier 2000 au Sénat lors d'une conférence, débat qui se tiendra sur « l'avenir du rugby professionnel » et qui réunira des responsables français, européens et de l'hémisphère sud.
Dans le contexte d'une concurrence croissante entre les clubs au niveau international, un troisième type de dispositions touche à la protection des sportifs, notamment des plus jeunes, et de leurs structures de formation.
La présente proposition de loi met la protection des sportifs mineurs au premier rang de ses priorités. C'est en effet une priorité et j'espère avec vous, madame la ministre, que, dans ce domaine comme dans celui du dopage, nous parviendrons à convaincre les autres Etats membres de l'Union de légiférer dans ce sens.
La commission a souhaité trouver un moyen concret de limiter les abus dont sont victimes des sportifs de plus en plus jeunes. Elle propose d'étendre aux jeunes sportifs les dispositions relatives au blocage des rémunérations des jeunes artistes. Je me réjouis de cette mesure qui, en assimilant les sportifs à des artistes, reconnaît l'aspect culturel du sport tout en proposant une solution pragmatique. Sur ce point, je partage totalement l'analyse de M. le rapporteur.
Dans cet équilibre à trouver entre l'intérêt financier des clubs qui ont su trouver et former les futurs champions et la libre circulation des sportifs dans un contexte concurrentiel, le Sénat propose une solution satisfaisante : un club pourra obtenir le remboursement des frais de formation - ces remboursements ne pouvant excéder les frais effectivement exposés - si le jeune sportif signe un contrat de travail avec un autre club. Il ne sera plus question de transferts vertigineux ni de « vente » - terme dévalorisant - de jeunes sportifs pour des raisons purement financières. Du point de vue de l'éthique sportive, cette mesure me semble essentielle.
La présente proposition de loi contribue à faire évoluer positivement la situation des clubs et des sportifs professionnels. Nul doute que les discussions se poursuivront sur ce thème et que d'autres propositions seront présentées, notamment au sein du groupe d'études sur les problèmes du sport et des activités sportives.
Au nom du groupe du Rassemblement démocratique et social européen, je suivrai l'avis de la commission des affaires culturelles et voterai donc cette proposition de loi ainsi modifiée. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Madame la ministre, être, comme mon collègue Aymeri de Montesquiou, un ancien joueur de rugby,...
M. Aymeri de Montesquiou. Pourquoi « ancien » ? Nous sommes toujours jeunes !
M. Bernard Murat. ... et un ancien dirigeant de club est certainement un atout pour le maire d'une ville du Sud-Ouest comme Brive-la-Gaillarde, mais constitue également un avantage pour intervenir dans ce débat.
Ma ville a une particularité : voilà quelques années, elle a été sacrée « première ville sportive de France ». Sur 50 000 habitants, 18 000, soit 35 % de la population, sont licenciés dans 145 clubs qui représentent 68 disciplines.
La collectivité que je dirige a mis en place treize écoles municipales des sports, donnant à notre jeunesse le goût de l'activité sportive. Voilà pourquoi, à Brive-la-Gaillarde, le sport est une attitude. Le goût du challenge est une réalité qui se décline dans toutes les activités humaines et économiques.
La locomotive de cet ensemble reste, bien sûr, la section rugby professionnel du Club athlétique briviste, championne d'Europe en 1997 et qui, depuis, est passée en SAOS. Pour une collectivité de la taille de Brive-la-Gaillarde, ce statut pose de réels problèmes. Nous ne savons plus comment aider financièrement ces clubs sans être montrés du doigt par les magistrats des chambres régionales des comptes, comme c'est le cas aujourd'hui pour le CSP-Limoges, alors que leurs budgets explosent compte tenu de la concurrence des grandes villes et des autres pays européens.
J'ajoute qu'un club professionnel a une formidable capacité à structurer un territoire et à fidéliser des femmes et des hommes d'un bassin de vie et bien au-delà. Un club sportif phare dans sa région est un formidable atout pour lutter contre la fracture sociale et pour donner à tous une identité, des repères, le sentiment d'appartenir à une communauté ; c'est un facteur d'intégration.
En d'autres termes, le sport occupe une place privilégiée. A mes yeux, il a une triple dimension : éducative, économique et sociale. Cette proposition de loi ne prend en compte que les clubs professionnels. Mais comment ne pas rappeler ici les mérites des associations de sport amateur et de leurs bénévoles, qui attendent toujours un véritable statut ?
Il devient urgent d'adapter les relations juridiques et financières entre les collectivités locales et les clubs sportifs professionnels en tenant compte de la nature particulière des activités de ces derniers.
Tel devrait être l'objet de la proposition de loi que nous examinons aujourd'hui, pour laquelle l'urgence a été déclarée. Mais, au lieu de prendre en compte l'évolution des législations de nombreux pays européens, elle réduit, semble-t-il, nos activités sportives dans une approche hexagonale, alors que les différentes coupes du monde mettent de plus en plus nos clubs en concurrence avec d'autres logiques, d'autres cultures et d'autres méthodes de financement.
Comme l'a très justement rappelé M. le rapporteur, que je tiens à féliciter pour la qualité de son travail, l'organisation juridique du sport professionnel repose, en France, sur une distinction : d'une part, l'exercice des compétences et des responsabilités proprement sportives sont dévolues aux associations ; d'autre part, la gestion des aspects commerciaux du « sport-spectacle » peut être confiée à des sociétés à statut particulier. Le sport-spectacle est une dérive de notre société, due aux médias, et dont nous devons tenir compte, même si parfois, comme vous, madame la ministre, j'en déplore les excès.
Les clubs comme les collectivités locales ont fini par se satisfaire de cette distinction. Or, madame la ministre, au lieu d'en assurer la pérennité, d'en contrôler mieux les effets, ce texte fragilise ce difficile équilibre.
Au lieu de répondre aux attentes de sécurité juridique formulées par les élus locaux et par les dirigeants, il comporte des déclarations de principe qui n'apportent aucune véritable réponse et laissent les maires en difficulté devant les appréciations des chambres régionales des comptes.
Je ne vous le cache pas, notre attente n'est pas satisfaite. La transformation du sport en activité économique est un processus inévitable. Il est dommageable que le Gouvernement n'ait pas pris la mesure de cette réalité, même si, encore une fois, je déplore que certains aspects mercantiles de l'évolution du sport soient entrés dans les faits.
Aux termes de l'article 1er de la proposition de loi, toute association sportive qui remplit les critères alternatifs de recettes et de rémunérations constitue une société commerciale pour la gestion de ses activités.
En vertu du principe selon lequel tout ce qui n'est pas interdit par la loi est autorisé, cela signifie que les associations sportives qui ne remplissent pas un de ces critères peuvent constituer des sociétés commerciales pour la gestion de leurs activités.
Cette disposition pose, selon moi, trois questions.
Premièrement, les fédérations étant des associations sportives, si elles dépassent un des deux seuils, elles seront dans l'obligation de constituer des sociétés commerciales. Or il ne me paraît ni nécessaire ni opportun de prévoir implicitement cette obligation. Les considérations qui motivent le passage en société anonyme pour les clubs ne sont en effet pas transposables à une fédération. En outre, soumettre les fédérations aux mêmes obligations que les clubs risque d'engendrer des problèmes d'interprétation. A partir de quel moment pourra-t-on considérer qu'une fédération participe habituellement à l'organisation de manifestations sportives ? Pour une fédération, le simple fait de verser des primes de résultat à des sportifs lui confère-t-il la qualité d'employeur ?
C'est pourquoi nous proposons de reprendre les termes de la loi de 1984, de préciser que seules les associations sportives affiliées à une fédération seront soumises à l'obligation de créer une société commerciale.
Ainsi, les fédérations et les associations non affiliées à une fédération ne seront pas obligées de constituer une société commerciale pour la gestion des aspects commerciaux de leurs activités, mais elles en auront la possibilité.
Deuxièmement, les critères de seuil conditionnent l'obligation de constituer une société commerciale. Aux termes du texte adopté par l'Assemblée nationale, ces critères sont alternatifs, alors qu'auparavant ils étaient cumulatifs. Cela me paraît regrettable. En effet, certains clubs qui n'atteignent que l'un des deux seuils se verront dans l'obligation d'adopter le statut de société commerciale sans le souhaiter ou sans y être préparé.
Par conséquent, il me semble préférable de restaurer la distinction établie par la loi de 1984. Ceux qui remplissent les deux critères seront dans l'obligation de constituer une société commerciale ; ceux qui remplissent au plus un critère en auront la possibilité, mais n'y seront pas obligés.
Troisièmement, en ce qui concerne les relations entre les sociétés commerciales et les associations sportives, l'exclusion de la société anonyme sportive professionnelle, la SASP, du champ d'application de l'article 13 de la loi de 1984 répond à une attente exprimée par un certain nombre de clubs professionnels, à savoir pouvoir ouvrir leur capital à des investisseurs privés. Toutefois, cette exclusion pure et simple n'est pas sans risque. Certes, des garanties sont prévues : possibilité pour l'association de demander en justice la récusation du commissaire aux comptes, ou encore possibilité de poser par écrit au président du conseil d'administration ou du directoire des questions sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l'exploitation.
Mais je tiens à rappeler que la loi de 1966 subordonne ces garanties à la condition de détenir au moins 10 % du capital social. Or cette proposition de loi abandonne le principe de la minorité de blocage et de l'obligation pour l'association de détenir au moins une action de la SASP.
Aussi, madame la ministre, je vous remercie de bien vouloir préciser devant la Haute Assemblée que cette proposition de loi donne implicitement la possibilité aux associations d'exercer ces garanties ouvertes par la loi de 1966 quel que soit le montant de leur participation au capital social de la société.
En effet, il me semble important que, en toute hypothèse, l'association puisse conserver un droit de regard sur la société commerciale tout en permettant aux clubs professionnels d'ouvrir en toute liberté leur capital social à des investissements privés.
J'en viens à l'article 5 de la proposition de loi, qui traite des subventions versées par les collectivités territoriales aux clubs sportifs. Madame la ministre, comme j'ai eu l'occasion de vous l'indiquer en juin dernier, il me semble important que les collectivités territoriales puissent continuer à participer financièrement au développement de leurs clubs sportifs.
En effet, ces derniers jouent un rôle irremplaçable en matière d'éducation, d'insertion sociale, de divertissement des jeunes sur le plan local, et de promotion des collectivités locales tant sur le plan régional que sur le plan national ou sur le plan international.
La solution prévue par cette proposition de loi ne me paraît pas pleinement satisfaisante, pour deux raisons au moins.
Premièrement, il me semble indispensable que le législateur précise très clairement les missions d'intérêt général qui pourront faire l'objet d'une subvention publique. C'est pourquoi je propose que l'article 5 mentionne, au sein des activités d'intérêt général, les actions de formation et d'animation locale.
Deuxièmement, nombre de mes collègues et moi-même estimons que la possibilité offerte par la proposition de loi de verser des subventions aux sociétés commerciales n'est guère morale et qu'elle n'est pas conforme aux prescriptions communautaires.
Tout d'abord, aux termes de cet article, les seules sociétés commerciales qui pourraient être subventionnées par une collectivité publique seraient les sociétés sportives.
Ensuite, en principe, les sociétés commerciales n'ont pas pour objet de remplir des missions d'intérêt général.
En outre, et vous le savez, madame la ministre, les instances de la Communauté européenne souhaitent qu'il soit mis fin aux aides publiques à des groupements sportifs professionnels au motif qu'elles faussent le jeu de la concurrence. En effet, l'arrêt Bosman, rendu par la Cour de justice européenne le 15 décembre 1995, a confirmé l'assimilation du sport à une activité économique devant respecter les lois du marché.
C'est pourquoi je propose que seules les associations puissent percevoir des subventions des collectivités locales ; ces subventions seraient versées pour financer des missions d'intérêt général. Cela aurait pour effet de renforcer la distinction entre le rôle des associations et celui des sociétés commerciales. Les associations exerceraient les missions d'intérêt général et les sociétés commerciales se consacreraient totalement à leurs activités économiques.
Cette réflexion m'amène directement à la question de la cotation en bourse des SASP. Je sais que sur ce point, madame la ministre - vous me l'avez confirmé tout à l'heure - vous n'avez pas d'opposition de principe, et encore moins d'opposition idéologique. De ce point de vue, nous allons nous retrouver.
Comme vous, madame la ministre et, j'en suis sûr, comme un grand nombre de mes collègues, j'ai la nostalgie du sport tel que Pierre de Coubertin et Léo Lagrange, notamment, l'ont théorisé. Mais le législateur n'a-t-il pas à tenir compte des réalités économiques, de l'évolution sociale et de la concurrence internationale via les médias ?
Je ne prétends pas que la cotation en bourse constitue l'alpha et l'oméga. Je souhaite simplement ouvrir le débat, car c'est, je crois, notre devoir de législateur.
Dès lors qu'est offerte la possibilité de distribuer des dividendes, les clubs et leurs partenaires principaux peuvent a priori avoir pour objectif la maximalisation des profits. La cotation en bourse, si elle constitue un symbole fort d'une nouvelle logique capitalistique pour les clubs sportifs professionnels, ne change en rien, du moins à travers ce que j'en connais, la nature de leurs objectifs, sauf à ne prévoir aucune disposition particulière en vue de préserver l'équité sportive.
J'ai été sensible à vos arguments, madame la ministre, même si je ne suis pas sûr que vos champions référents soient les mieux placés pour dénoncer l'argent dans le sport.
Je voudrais simplement, pour ouvrir le débat, envisager les raisons qui pourraient justifier cette cotation dans le futur. J'en note au moins six : permettre aux clubs français d'être à égalité avec les autres clubs étrangers ; renforcer les fonds propres des clubs, ce qui pourrait leur permettre à terme, comme l'ont fait les Anglais, d'acquérir ou de construire des équipements sportifs en complément d'équipements municipaux ; créer de nouvelles possibilités d'associer les supporters à la vie du club et d'en faire des actionnaires, et donc des supporters responsables ; permettre une plus grande mobilité du capital et une valorisation plus aisée des investissements des actionnaires ; répondre à une obligation de transparence liée à la procédure d'introduction puis à « l'exigence » des marchés ; obliger à une rigueur de gestion et de planification qui serait bien utile pour les collectivités locales.
Si la question de l'appel public à l'épargne ne se pose pas immédiatement pour toutes les disciplines, un certain nombre de clubs pourraient, toutefois, y accéder à moyen terme. Je pense tout particulièrement à certains clubs de football, de basket ou de rugby qui jouent au niveau européen. Ne rien prévoir n'aura qu'une conséquence : agrandir le gouffre économique qui les sépare des autres clubs européens auxquels ils sont confrontés. Je vous rappelle que le recrutement des clubs étrangers dans nos clubs et nos centres de formation est facilité par une fiscalité pénalisant très largement l'attractivité des clubs français. Il ne faudrait pas persister trop longtemps dans une vision ne tenant pas compte, qu'on le veuille ou non, des évolutions du sport à travers le monde, même si nous pouvons faire valoir une certaine exception française.
Enfin, je souhaite attirer votre attention sur l'article 7 de la proposition de loi. Cet article, issu des travaux de l'Assemblée nationale, a pour objet d'obliger les jeunes accédant à un centre de formation à conclure avec celui-ci « un premier contrat d'engagement sportif » d'une durée maximale de trois ans. Les clubs ne sont cependant pas dans l'obligation de leur proposer un tel contrat.
Madame la ministre, je suis totalement d'accord avec vous sur l'ardente obligation de protéger notre jeunesse, nos « bébés-champions », des malfrats du sport et même, parfois, de leur famille, et une telle mesure se donne pour objectif de freiner le pillage des jeunes joueurs issus des centres de formation français. Toutefois, elle remet totalement en cause l'ensemble de l'architecture de la politique de formation des sportifs français, que vous défendez vous-même. En outre, ce texte est incomplet en cas de non-respect du premier contrat d'engagement sportif.
Ainsi, il est nécessaire de prévoir que le club puisse faire signer un engagement de dédit formation au jeune sportif afin de pouvoir être dédommagé. Mais vous nous proposez, par l'article 6, d'interdire toute démarche dite « commerciale » sur un mineur, faisant fi du fait que de nombreux joueurs professionnels entament leur carrière avant l'âge de dix-huit ans. Madame la ministre, je suis d'accord avec vous sur le fait que nous devons instaurer des dispositifs de protection, mais je crains qu'une solution trop manichéenne n'hypothèque les chances de réussite de nos espoirs français et, à terme, n'appauvrisse notre réservoir de joueurs d'élite, moteur du sport de masse.
Vous avez compris tout l'intérêt que nous portons à cette proposition de loi, que je regrette, comme mes collègues, de voir traitée en urgence. Même si ce texte pose de vrais questions, les réponses apportées à ces dernières ne sont pas encore pleinement satisfaisantes.
C'est pourquoi nous vous proposons des amendements qui répondent réellement aux attentes des sportifs, des clubs et des collectivités locales.
Je ne peux conclure mon intervention, madame la ministre, sans vous poser, au nom de tous les présidents des clubs professionnels - mais ne voyez aucune malice de ma part à cela - la question de l'application des 35 heures aux joueurs français ou étrangers évoluant dans une équipe française. Comment un club devra-t-il gérer, vis-à-vis de l'inspection du travail, les temps d'entraînement, les récupérations, les déplacements et bien sûr les matchs, avec leurs prolongations éventuelles ? Comment voter une loi sur le statut des clubs professionnels sans évoquer cette originalité bien française qui va occasionner nombre de contentieux ?
Madame la ministre, vous serez sans doute d'accord avec moi pour dire bonne chance à l'équipe de France de rugby et pour souhaiter que ces joueurs - ce sont eux, en effet, qui doivent d'abord être pris en compte - connaissent le même bonheur que l'équipe de France de football. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la proposition de loi qui nous est présentée aujourd'hui vise à modifier la loi du 16 juillet 1984. Elle est, en fait, un extrait de quelques articles du projet de loi que vous nous présenterez en 2000, madame la ministre, afin de répondre à plusieurs nécessités plus ou moins pressantes, telles que l'adaptation du statut juridique des clubs sportifs professionnels aux nouvelles exigences financières du sport de haut niveau en Europe, le maintien des subventions des associations sportives par les collectivités territoriales, alors que le décret Pasqua du 24 janvier 1996 les interdit à partir du 1er janvier 2000, la protection des sportifs mineurs et la défense des intérêts des centres de formation, enfin, la clarification des rapports entre le monde du sport et celui de l'audiovisuel, objectif introduit dans le texte à la suite de l'adoption d'un amendement à l'Assemblée nationale.
Cette situation d'urgence s'inscrit dans un contexte général préoccupant. En effet, des disciplines comme le football, le rugby ou le basket-ball sont de plus en plus des sports spectacles : le nombre croissant de téléspectateurs, les sommes énormes et en constante augmentation payées pour les droits de retransmission ou pour l'achat de grands joueurs - par exemple, la cote du célèbre Anelka est passée, en six mois, de 100 millions de francs à 220 millions de francs - l'engouement et la demande croissante du public ne sont pas dus uniquement à l'effet Coupe du monde.
Les investisseurs, s'adaptant facilement à ce climat, ont plutôt tendance à l'amplifier et tentent d'y répondre en faisant prendre le risque que certains sports professionnels, convertis en entreprise d'exhibition, transforment les rencontres en simulacres de combats et les grands joueurs en héros divinisés. La recherche du profit doit être freinée afin de replacer le sport dans sa vocation éducative, sociale et culturelle qui, seule, peut justifier la participation des collectivités publiques dans le financement des clubs petits et grands. La dérive prise par certains clubs européens de football est importante et a entraîné des conséquences souvent inacceptables : ainsi, des petits et moyens clubs ont du mal à survivre, des équipes nationales n'en sont plus, et j'en passe.
Les dispositions prévues dans ce texte reflètent les préoccupations du Gouvernement et des élus en tentant d'y apporter une réponse.
Ainsi, les associations sportives organisant des manifestations qui atteignent un certain niveau budgétaire devront obligatoirement créer une société commerciale selon trois formes possibles : la société anonyme à objet sportif, la SAOS, qui existait déjà, l'entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée, la EUSRL, enfin, la société anonyme sportive professionnelle, la SASP, qui pourra distribuer des dividendes à ses actionnaires.
En revanche - et c'est un impératif - aucun de ces types de société ne pourra être coté en bourse : non seulement trop peu de clubs français pourraient y prétendre, mais on ne peut concevoir qu'un club disparaisse ou soit racheté en raison d'un match important perdu, une coupe ou un titre manqué, comme ce fut le cas, l'an dernier, de la Lazio de Rome dont les actions ont perdu jusqu'à 50 %, des supporters actionnaires du club allant même jusqu'à porter plainte contre l'arbitre du dernier match.
Néanmoins, le Sénat souhaite que cette question soit revue sans précipitation avant de rejeter définitivement cette formule. Je crois, comme tous nos collègues, que votre proposition, monsieur le rapporteur, est sage. Le sport doit respecter une certaine éthique, et il faut éviter son assujettissement à une politique de marché qui lui nuirait grandement.
Favoriser la venue de nouveaux investisseurs dans nos clubs sportifs est peut-être souhaitable, mais pas uniquement en direction d'une élite. Pensons aux milliers de petits clubs animés par des bénévoles qui ont besoin d'être aidés et qui représentent le sport de masse dont notre pays a grand besoin. Mais je sais, madame la ministre, que c'est votre préoccupation majeure.
Si l'apport de nouveaux investisseurs dans le sport est nécessaire, il faut, pour éviter les dérives et préserver l'incertitude des matchs, d'une part, interdire la multipropriété des clubs et, d'autre part, interdire à tout actionnaire d'une société sportive de consentir un avantage à une autre dès lors que son objet social porte sur la même discipline. Que penser, en effet, des groupes tels que les compagnies d'investissement anglaises, déjà majoritaires dans cinq clubs européens de pays différents et dont l'une, cette année, a tenté d'acquérir les Girondins de Bordeaux ? L'UEFA a certes inscrit dans ses règlements une mesure contre cette tendance ; cette disposition devra cependant être renforcée par des règlements de l'Union européenne et, avant cela, être inscrite dans la loi française, ce en quoi la proposition de loi répond par son article 4.
S'agissant des sociétés d'économie mixte sportives locales ayant été créées avant la publication de cette loi, ne serait-il pas opportun de prévoir une date limite pour leur transformation en tout autre société, afin que ne subsiste pas, en quelque sorte, un régime d'exception ?
Autre disposition très attendue par de nombreux acteurs du monde sportif, l'article 5 permet le maintien des subventions publiques aux sociétés commerciales sportives, évitant ainsi un désastre économique pour de nombreux clubs à faibles ressources dépendant de l'aide publique, mais aussi pour les villes, voire les régions, au sein desquelles un club sportif représente une animation sociale certaine.
Qu'on le regrette ou non, cette aide des collectivités territoriales reste indispensable si l'on ne veut pas que le haut niveau soit réservé à cinq ou six clubs.
C'est vous, madame la ministre, qui aurez la lourde charge de fixer la barre et de contrôler les effets. Pourriez-vous nous en dire quelques mots, car il faut à la fois être juste et tenir compte des situations locales qui peuvent rapidement entraîner des catastrophes ?
En effet, plusieurs questions méritent sur ce point une réponse : sur quels critères le pourcentage de limitation sera-t-il fixé ? Dans le cas d'un club sportif qui se voit relégué à la division inférieure, la limitation sera-t-elle maintenue en l'état et, dans l'affirmative, les subventions seront-elles alors suffisantes pour redresser le club ? Enfin, l'achat de places sera-t-il assimilable à une subvention ?
Etant donné la diversité des réalités locales et des actions envisageables, peut-être serait-il utile, madame la ministre, d'associer les élus à la préparation du décret qui précisera le cadre des missions d'intérêt général ?
Quant à la protection des mineurs, deuxième grand axe de cette proposition de loi, l'article 6 pose le principe de l'interdiction de toute transaction commerciale ayant pour objet l'activité ou la formation sportive d'un mineur. Cette disposition répond encore une fois à des exigences éthiques. L'amendement adopté par la commission me paraît excellent.
Un autre sujet qui soulève de nombreuses questions est la protection des centres de formation contre le départ de leurs meilleurs éléments vers des clubs plus riches ; il faut, pour cela, faire asseoir par la loi les règlements des fédérations.
L'article 7 vise ainsi l'obligation pour un mineur de conclure un contrat d'engagement sportif avec son club à l'issue de sa formation.
Sur ce point, l'excellent travail de la commission et de son rapporteur ont révélé des difficultés techniques quant à l'application de ce dispositif, qui porte atteinte à la liberté du travail et, plus généralement, à la protection des libertés individuelles. Mais le dispositif retenu par la commission n'est pas non plus satisfaisant : la plus-value apportée par la formation aux qualités d'un jeune footballeur va au-delà des frais réels de formation.
Il est donc primordial de trouver un équilibre entre l'intérêt des petits clubs et la liberté des joueurs mineurs pour la signature d'un contrat. Sauf explications ou proposition d'un autre dispositif lors de la discussion qui suivra, cet article me semble à ce stade prématuré et devrait être reconsidéré dans le cadre de la grande loi d'orientation sur le sport dont nous aurons à discuter prochainement.
D'autres aspects devront de même être pris en compte. Le jeune Aliadière, parti voilà huit mois vers un grand club de la banlieue londonienne, ne suit en Grande-Bretagne que onze heures de cours d'anglais pas semaine. C'est bien peu lorsqu'on sait qu'il serait, en France, en classe de seconde, qu'une blessure grave peut advenir à tout moment, l'empêchant d'envisager une carrière, ou tout simplement qu'il devra un jour envisager sa reconversion.
Il faudrait ainsi que les jeunes en formation, âgés de plus de seize ans, puissent suivre un cycle scolaire minimum. En effet, il est nécessaire qu'ils possèdent un minimum d'atouts - le baccalauréat, par exemple, ou une formation technique - afin de pouvoir envisager sereinement leur reconversion professionnelle pour le cas où, leur formation achevée, ils ne recevraient aucune proposition de contrat professionnel, que ce soit de leur faute ou de celle de leur club. Il conviendrait alors de prévoir un dispositif se traduisant par une sorte de bourse leur permettant de suivre une formation complémentaire de reclassement suffisante.
Reste un problème grave : celui des nombreux joueurs étrangers issus des pays en voie de développement. Toujours dans le cas où ils ne pourraient accéder au statut de joueur professionnel, il conviendrait de prévoir pour eux un retour décent vers leur pays d'origine ou, pour le cas où ils souhaiteraient rester en France, de leur donner les moyens d'une véritable insertion.
Toutes ces questions, là encore, méritent une réflexion approfondie.
Enfin, je profiterai de la discussion de ce texte pour présenter un amendement visant à répondre aux récentes affaires de dopage dans le football. Il tend à modifier en cela les prérogatives du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage prévues dans l'article 26 de la loi du 23 mars 1999 relative à la lutte contre le dopage.
Le sport connaît donc une évolution rapide qu'il convient de maîtriser pour en éviter les excès. Et, si cette proposition de loi répond à quelques urgences, c'est, madame la ministre, votre projet de loi qui sera l'élément de base de la politique sportive souhaitée par nous tous. On peut d'ailleurs regretter le retard pris, dans la mesure où il aurait été plus pertinent de légiférer sur le monde sportif dans son ensemble.
Mais je sais que ce temps n'a pas été inutile, que les concertations ont été longues, que les enjeux sont importants et que des discussions au niveau européen sont toujours en cours.
Vous avez ainsi rencontré lundi et mardi, à Helsinki, vos homologues européens. Cette nouvelle session de travail faisait suite à la réunion de juin dernier, à Paderborn. Je tiens à vous féliciter de vos interventions vigoureuses afin de trouver une solution qui ne ravale pas le sport, et plus spécialement le football, au rang de spectacle.
L'accent a une nouvelle fois été mis sur les intérêts spécifiques du sport et sur la nécessité d'inverser la tendance induite par l'arrêt Bosman de 1995. La logique de marché ne doit pas entacher le sport !
Nous comptons sur vous, madame la ministre, pour poursuivre vos négociations, tant avec l'Union européenne qu'avec les instances sportives. Seule une position commune de tous les pays d'Europe rendra possible une réflexion constructive à l'échelle internationale.
A ce sujet, les discussions prendront certainement une nouvelle dimension lorsque Mme Reding, nouveau commissaire européen chargé des sports, recevra, le 10 novembre prochain, les représentants de la FIFA et de l'UEFA pour une première prise de contact.
Nous aurons, quoi qu'il en soit, l'occasion de faire un point sur le sport et l'Europe le 24 novembre, avec la discussion de la question orale avec débat de notre collègue M. Haenel.
Mais, surtout, madame la ministre, que le football ne nous fasse pas oublier tous les autres sports et les dizaines de milliers de bénévoles et de participants qui sont le ferment d'une véritable politique sportive ouverte à tous, jeunes et moins jeunes. Mais je sais que nous pouvons compter sur vous.
Soyez en retour assurée de tout le soutien du groupe socialiste du Sénat dans votre action et de tous nos encouragements pour que la loi française continue d'impulser la réglementation européenne qui, dans le domaine sportif, a fait preuve ces dernières années de trop nombreuses carences. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Madame la ministre, je vous sais gré d'avoir rappelé à notre mémoire, cinquante ans après sa disparition, la mémoire du grand champion et du grand boxeur que fut Marcel Cerdan. Le débat d'aujourd'hui s'y prête bien.
Aujourd'hui, la réalité du mouvement sportif professionnel et les enjeux financiers considérables autour du sport de haut niveau sont autant d'éléments qui nous imposent de légiférer rapidement afin de doter les clubs sportifs d'un dispositif juridique adapté.
La proposition de loi que nous examinons oeuvre donc à cette construction nécessaire, même si l'on aurait pu souhaiter voir aborder cette question dans le cadre plus général de la réforme de la loi de 1984. Mais la vie ne nous laisse pas toujours le loisir de choisir !
Moderniser le statut juridique des clubs sportifs, protéger les sportifs mineurs de certaines des dérives du sport de haut niveau, voilà qui doit nous conduire à la plus extrême vigilance vis-à-vis de la question essentielle et incontournable de la relation du sport à l'argent.
A cet égard, nous savons, madame la ministre, votre attachement à une certaine conception du sport et de la compétition sportive et au dévouement des bénévoles, nous ne le dirons jamais assez : vous êtes soucieuse de la défense des valeurs essentielles véhiculées par la pratique sportive.
Le texte qui nous est soumis illustre l'équilibre fragile qu'il convient de trouver entre la dimension économique et financière du sport, d'une part, et l'ensemble des dimensions sociales et culturelles de la pratique sportive - mais aussi du spectacle sportif dans notre pays - d'autre part.
A cet effet, l'article 1er distingue quatre formes juridiques différentes pour les clubs sportifs dont deux, l'entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée et la société anonyme sportive professionnelle, sont des innovations majeures.
Dans ce cadre juridique rénové demeurent des garanties - auxquelles nous sommes, pour notre part, très attachés - afin de ne pas soumettre les clubs sportifs aux seules lois du marché.
Ainsi, la société anonyme sportive professionnelle ne pourra pas être cotée en bourse tout en permettant la distribution de dividendes et la rémunération de ses dirigeants, ce qui était impossible auparavant.
Autre garantie essentielle à nos yeux, l'association sportive demeure le pivot incontournable de la société anonyme créée. Seule l'association reste détentrice de l'affiliation à la fédération sportive. Ce lien essentiel est le seul, selon nous, à garantir l'équilibre que nous évoquions à l'instant entre activité commerciale et éthique sportive.
La pratique sportive et le volet professionnel qui en découle trouvent leurs sources dans les efforts consentis par les milliers de femmes et d'hommes qui y concourent par leurs efforts, souvent fondés sur le bénévolat. L'association régie par la loi de 1901 est la forme juridique adaptée à cette réalité. C'est pourquoi celle-ci doit être conservée et, avec elle, l'ensemble de ses prérogatives face aux sociétés anonymes créées.
Dans le même ordre de mesures destinées à préserver l'éthique du sport, la proposition de loi tend à interdire la multipropriété des clubs. Il s'agit là d'un élément indispensable. Il ne me paraît pas souhaitable, en effet, de voir une finale sportive opposer deux clubs appartenant au même propriétaire.
Vous avez rappelé à de multiples reprises, madame la ministre, votre opposition déterminée à la cotation boursière des clubs sportifs. Nous sommes résolument à vos côtés pour empêcher que le sport de haut niveau soit l'objet de transactions boursières : la logique marchande qui est celle de la Bourse réduirait à néant l'élan collectif d'effort, de générosité, de compétition - au sens de dépassement de soi-même - qui participe à la réussite de tel ou tel club.
Certes, ce n'est pas l'argent en soi qu'il faut diaboliser : le sport, à quelque niveau qu'il se pratique, nécessite des apports financiers souvent importants. Pour autant, cette logique, qui vise à introduire dans le champ du marchand un éventail de plus en plus large de l'activité des hommes, participe de la construction d'une société de plus en plus inégalitaire.
Le sport, à l'instar de la culture, est un fondement essentiel de l'activité de l'homme. A ce titre, nous devons tout mettre en oeuvre pour le soustraire aux appétits financiers croissants de quelques-uns.
Pour autant, nous savons la fragilité de cette position, que vous faites vôtre en la matière. En effet, l'arrêt Bosman, rendu par la Cour de justice des Communautés européennes le 15 décembre 1995, traite l'activité sportive au même titre que l'ensemble des activités économiques auxquelles s'appliquent les règles de la concurrence.
Le second volet de la proposition de loi que nous examinons a trait à la protection des mineurs.
Ainsi, l'article 6 prévoit l'interdiction de toute transaction commerciale dès lors qu'il s'agit des activités physiques d'un mineur. Quant à l'article 7, il permettra aux clubs de bénéficier des effets de la formation qu'ils dispensent en évitant qu'un jeune sportif formé dans un club exerce son activité, les premières années au moins, dans un autre club.
Nous sommes, bien entendu, très favorables à toutes les mesures permettant de condamner l'exploitation éhontée des jeunes sportifs et de leur famille. Cette disposition, qui s'inscrit dans le droit-fil de la défense de l'éthique préconisée lors de l'examen du texte relatif au dopage, a tout notre agrément.
J'appuie, à cet égard, les propos de M. le rapporteur sur la nécessité de traiter ce problème, comme vous l'avez fait avec beaucoup de courage et de ténacité, madame la ministre, en matière de dopage ; il en sera de même pour la cotation boursière des clubs : nous savons que ce sera un combat difficile, mais il faut tenir bon et, s'il est difficile d'être à l'avant-garde en la matière, il en va cependant de l'honneur de la France.
Et, puisque j'ai cité M. le rapporteur, je tiens à le féliciter du bon travail qu'il a accompli avec la commission. Même si quelques divergences subsistent entre nous, je crois que nous parviendrons à élaborer un bon texte.
Enfin, la possibilité pour les clubs sportifs de bénéficier de subventions en provenance des collectivités locales pour les missions d'intérêt général des clubs sportifs constitue une mesure de bon sens, de nature à assurer la survie des clubs les plus modestes. La fixation d'un plafond d'aides permettra, au demeurant, d'éviter tout abus.
Enfin, au-delà de la loi que nous votons, il y a les décrets d'application et l'usage qui en est fait. Aussi devrons-nous rester vigilants, et nous le serons !
En effet, l'immersion au sein du mouvement sportif d'intérêts financiers obéissant à une logique que nous connaissons - vente des joueurs, rapports du sport aux médias - nous incite à penser que les activités financières des sociétés sportives devront être strictement encadrées. Nous veillerons donc - et je me félicite que votre ministère y prenne sa pleine part - à l'évolution du texte que nous examinons.
En conclusion, le groupe communiste républicain et citoyen se prononce pour ce texte tel qu'il est issu des travaux de l'Assemblée nationale, moyennant certains aménagements proposés par la commission et sous réserve, bien sûr, de ce que la Haute Assemblée décidera au cours de la discussion des articles. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je tiens tout d'abord à remercier M. le rapporteur, ainsi que l'ensemble de ceux qui se sont exprimés dans ce débat, de la qualité de leurs interventions et de leur esprit tout à fait constructif.
Certes, monsieur Murat, nous pouvons aborder la question des 35 heures à l'occasion de l'examen de cette proposition de loi, mais il faudrait surtout, car c'est urgent, aborder celle de la mise en place d'une convention collective dans le sport. Les emplois, donc les salariés, sont en effet de plus en plus nombreux dans le sport, mais les droits et les devoirs des employeurs et des salariés ne sont pas aujourd'hui suffisamment définis, ce qui peut entraîner de nombreuses dérives et de nombreux abus. Mais, dans le débat sur la convention collective, l'application des 35 heures pour ces emplois du sport pourra être abordée.
Je suis très attachée à la cohésion du mouvement sportif et à l'unité des différentes pratiques entre le sport amateur et le sport professionnel, entre le sport de loisirs accessible à tous et le sport de très haut niveau, qui conduira nos championnes et nos champions jusqu'aux jeux Olympiques, demain, à Sydney.
Pour préserver cette cohésion, qui est une richesse du mouvement sportif français et européen - ce qui n'est pas toujours le cas dans d'autres continents - il faut écouter les uns et les autres. Par exemple, dès septembre 1997, j'ai souhaité rencontrer les représentants du football professionnel et les responsables des différents secteurs professionnels pour essayer de comprendre les difficultés qu'ils pouvaient rencontrer, voire, parfois, les dérives auxquelles pouvait conduire le sport professionnel. Nous avons essayé ensemble de trouver une réponse à ces difficultés.
Tel est l'objet de cette proposition de loi, et tel sera aussi l'objet de certains articles du projet de loi dont nous discuterons en 2000 concernant les intermédiaires, que certains d'entre vous ont évoqués dans leur intervention.
Mais il faut savoir aussi écouter ceux qui n'ont pas les mêmes porte-parole, à savoir le sport amateur et ses bénévoles. C'est pourquoi je vous soumettrai, en février 2000, l'instauration d'un prélèvement de 5 % sur les droits de retransmission télévisée des manifestations sportives qui sera redistribué au profit des pratiques et des clubs amateurs. Vous serez également amenés à débattre, à cette occasion, des rôles respectifs des associations, des éducateurs, de l'encadrement, du bénévolat, etc.
Ces propositions visent à refléter la cohésion du mouvement sportif.
Je n'ai pas de position de principe : c'est grâce aux expériences qui sont menées, à la concertation avec le mouvement sportif et au débat avec les élus que nous serons à même de trouver les meilleures solutions. J'aurai certainement l'occasion, lors de l'examen des amendements, de revenir sur les questions qui ont été soulevées par les différents orateurs.
Je n'ai pas non plus de nostalgie. Le sport a changé, ses enjeux économiques sont aujourd'hui bien différents de ce qu'ils étaient voilà dix ou vingt ans.
Cependant, le fait de ne pas avoir de nostalgie et de regarder la réalité en face ne doit pas nous amener à nous laisser séduire par certaines visions marchandes. Le fait de prendre en compte le rôle économique et même social du sport professionnel ne doit pas nous conduire à accepter l'apparition d'un sport-spectacle coupé du reste du mouvement sportif et soumis à quelques financiers.
Ce danger a pesé un temps, on l'a vu, sur des sports majeurs comme le football, avec la mise en place d'une « superligue », ou le rugby. Nous devons donc intervenir pour aider le sport à gérer cet afflux d'argent, que celui-ci serve le sport dans toute sa diversité et dans toutes ses composantes.
J'en viens maintenant à la dimension européenne du débat.
En l'espace de deux ans, des transformations profondes sont apparues à l'échelon de l'Union européenne. En effet, nous sommes partis d'une situation où le sport n'était nullement reconnu en tant que tel, où l'on considérait qu'il devait être géré comme une entreprise et, en conséquence, soumis à la loi de la libre concurrence ; mais aujourd'hui deuis Paderborn, sa singularité a été admise, ainsi que la nécessité de prendre en considération ses spécificités. Il n'est pas possible d'appliquer purement et simplement au sport les règles qui valent pour le marché, pour l'entreprise.
Il s'agit d'un progrès considérable, surtout si l'on songe que, lundi dernier, lors de la réunion des ministres des sports européens qui s'est tenue en Finlande, nous en sommes arrivés à discuter des propositions que formulera la Commission européenne, sous l'impulsion de M. Prodi, afin de développer, au sein de l'Union européenne, le rôle social du sport et la lutte contre le dopage. Cette avancée est très importante, bien que je considère, tout comme vous, que les choses ne vont pas assez vite.
Mme Hélène Luc. Eh oui !
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Pour ce qui concerne la lutte contre le dopage, alors que jusqu'à présent la France était en pointe, selon les uns, ou isolée, selon les autres, les quinze ministres des sports européens ont débattu de la création d'une agence internationale, des conditions à réunir pour que celle-ci soit efficace et des modalités de nomination des représentants de l'Union européenne qui seront appelés à y siéger. Nous en sommes même venus à discuter de l'implantation du siège de cet organisme, ce qui m'a paru tout de même un peu prématuré !
Cela étant, est-ce complètement satisfaisant ? Non, et j'ai déjà eu l'occasion de le dire, même si cela ne plaît pas toujours. Il n'est déjà parfois pas facile d'arrêter des résolutions à l'unanimité des quinze pays, mais il est plus difficile encore de rendre les actes conformes à ces résolutions.
En effet, la détermination de mener à bien des actions concrètes dans le domaine de la lutte contre le dopage n'est pas la même partout.
Quoi qu'il en soit, je crois que nous sommes dans la bonne voie.
S'agissant maintenant des décrets nécessaires à la mise en oeuvre de cette proposition de loi, nous avons commencé à examiner de façon très rigoureuse les budgets des clubs et l'apport financier des collectivités territoriales à ceux-ci. Nous sommes désormais en mesure d'élaborer des propositions, et je m'engage ici à associer la Haute Assemblée à ce travail de préparation des décrets portant sur les subventions, les dispositions d'intérêt général et les conventions entre associations et clubs, ou entre collectivités locales et clubs.
Enfin, en ce qui concerne la protection des clubs formateurs et, surtout, celle des futurs sportifs de haut niveau, l'Assemblée nationale et le Sénat me paraissent animés de la même motivation pour rechercher une solution permettant de respecter à la fois les jeunes et l'effort de formation. Je pense donc que nous pourrons trouver ensemble une réponse satisfaisante à cette préoccupation commune. (Applaudissements.)

8

NOMINATION DES MEMBRES
D'UN ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE

M. le président. Je rappelle que la commission des affaires économiques et du Plan a proposé deux candidatures pour un organisme extraparlementaire.
La présidence n'a reçu aucune opposition dans le délai d'une heure prévu par l'article 9 du règlement.
En conséquence, ces candidatures sont ratifiées et je proclame MM. Georges Berchet et Rémi Herment membres du Comité local d'information et de suivi du laboratoire souterrain de Bure.

9

ACTIVITÉS PHYSIQUES ET SPORTIVES

Suite de la discussion
et adoption d'une proposition de loi déclarée d'urgence

M. le président. Nous reprenons la discussion de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, portant diverses mesures relatives à l'organisation d'activités physiques et sportives.
Je rappelle que la discussion générale a été close.
Nous passons à la discussion des articles.

Chapitre Ier

Dispositions relatives aux sociétés sportives
à statut particulier

Article 1er



M. le président.
« Art. 1er. _ L'article 11 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives est ainsi rédigé :
« 1° Le premier alinéa est remplacé par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Toute association sportive qui participe habituellement à l'organisation de manifestations sportives payantes procurant des recettes d'un montant supérieur à un seuil fixé par décret en Conseil d'Etat ou qui emploie des sportifs dont le montant total des rémunérations excède un chiffre fixé par décret en Conseil d'Etat constitue pour la gestion de ces activités une société commerciale régie par la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales.
« Cette société adopte le régime juridique d'une entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée, d'une société anonyme à objet sportif ou d'une société anonyme sportive professionnelle.
« Les sociétés d'économie mixte sportives locales constituées avant la date de publication de la loi n° du portant diverses mesures relatives à l'organisation d'activités physiques et sportives peuvent conserver leur régime juridique antérieur.
« Les sociétés constituées par les associations sportives sont régies conformément à des statuts types définis par un décret en Conseil d'Etat. » ;
« 1° bis Dans le deuxième alinéa, les mots : "et qui poursuit l'objet visé à l'article 12" sont supprimés ;
« 2° Le troisième alinéa est ainsi rédigé :
« L'association sportive et la société qu'elle a constituée définissent leurs relations par une convention approuvée par leurs instances statutaires respectives. Un décret en Conseil d'Etat précise les stipulations que doit comporter cette convention et notamment les conditions d'utilisation par la société de la dénomination, marque ou autres signes distinctifs appartenant à l'association. Cette convention entre en vigueur après son approbation par l'autorité administrative. Elle est réputée approuvée si l'autorité administrative n'a pas fait connaître son opposition dans un délai de deux mois à compter de sa transmission. La participation de la société à des compétitions ou des manifestations inscrites au calendrier d'une fédération sportive agréée relève de la compétence de l'association. » ;
« 3° Le dernier alinéa est ainsi rédigé :
« L'association sportive qui constitue la société anonyme sportive professionnelle est destinataire des délibérations du conseil d'administration de la société. Elle peut exercer les actions prévues aux articles 225 et 226-1 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 précitée. »
Par amendement n° 12, MM. Murat, Bernard, César, Cornu, Courtois, Darcos, Joyandet, Leclerc, Lemaire et Martin proposent, dans le deuxième alinéa du 1° de cet article, après les mots : « Toute association sportive », d'insérer les mots : « affiliée à une fédération sportive régie par le chapitre III de la présente loi ».
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. La rédaction de l'article 11 du texte actuellement en vigueur précise que les groupements sportifs concernés par l'obligation de constituer une société commerciale sont les associations sportives affiliées à une fédération sportive ; la proposition de loi que nous examinons ne fait plus référence à cette notion d'affiliation : sont visées les associations sportives, sans autre précision. Par conséquent, toute fédération, toute association sportive, qu'elle dépende ou non d'une fédération sportive, se trouve soumise à l'obligation susvisée.
Cet amendement a pour objet de limiter le champ de l'obligation de constituer une société commerciale aux seules associations affiliées à une fédération sportive.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Il s'agit d'une précision utile, mais qui figure déjà dans le texte en vigueur. Cela étant, la commission a émis un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 13, MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois Darcos, Joyandet, Lemaire et Martin proposent, dans le deuxième alinéa du 1° de l'article, 1er de remplacer le mot : « ou » par le mot : « et ».
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. La loi de 1984 prévoyait que les seuils relatifs, d'une part, aux recettes procurées à une association sportive par l'organisation de manifestations sportives payantes et, d'autre part, au montant global des rémunérations versées aux sportifs qu'elle emploie devaient être franchis tous les deux pour que l'association en question soit tenue de constituer une société anonyme à objet sportif ou une SEMSL. Or le texte adopté par l'Assemblée nationale impose la constitution d'une société commerciale dès qu'un seul de ces deux seuils a été franchi.
Entériner cette modification aurait pour conséquence d'accélérer notablement le processus permettant aux clubs d'acquérir le statut de sociétés commerciales, ce qui peut sembler peu cohérent avec la position soutenue à l'Assemblée nationale par le Gouvernement et sa majorité, laquelle tendait à refuser la cotation en bourse de ces sociétés.
De plus, certaines structures qui n'atteignent que l'un des deux seuils se verraient dans l'obligation d'adopter le statut de société commerciale sans l'avoir souhaité ou sans y être préparées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Le fait de proposer que le franchissement d'un seul des deux seuils soit suffisant vise le cyclisme professionnel, qui n'organise pas de manifestations payantes. Pour les autres sports, cela ne changera pas grand-chose, car il existe généralement - et heureusement ! - une certaine corrélation entre les recettes encaissées et les salaires versés.
Enfin, je voudrais rappeler que, lors de l'examen par le Sénat de la loi de 1984, la commission des affaires culturelles avait déjà formulé une telle proposition.
Par conséquent, nous demandons aux auteurs de l'amendement n° 13 de bien vouloir le retirer ; dans le cas contraire, je serais amené à émettre un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Murat, l'amendement n° 13 est-il maintenu ?
M. Bernard Murat. Monsieur le rapporteur, je n'ai pas eu le grand honneur de siéger avec vous en 1984 ! (Sourires.)
Cela étant, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 13 est retiré.
Par amendement n° 1, M. Bordas, au nom de la commission, propose de compléter in fine le deuxième alinéa du 1° de l'article 1er par les mots : « et par les dispositions de la présente loi ».
La parole est à M. le rapporteur.
Mme James Bordas, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de précision. Les dispositions de la loi de 1984, relative aux sociétés sportives, comportent en effet de larges dérogations au régime de la société anonyme ou de la SARL défini par la loi de 1966.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 2, M. Bordas, au nom de la commission, propose de remplacer le troisième alinéa du 1° de l'article 1er par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Cette société prend la forme :
« - soit d'une société à responsabilité limitée ne comprenant qu'un associé, dénommée entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée ;
« - soit d'une société anonyme à objet sportif ;
« - soit d'une société anonyme sportive professionnelle. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Cet amendement est rédactionnel, mais il comporte aussi une précision technique nécessaire.
En effet, la notion d'EURL - entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée - ne figure pas dans la loi de 1966. Il faudrait donc préciser que l'EUSRL, l'entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée, est une SARL ne comprenant qu'un associé.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je suis favorable à cet amendement, qui apporte une précision utile.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 3, M. Bordas, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le dernier alinéa du 1° de l'article 1er :
« Les statuts des sociétés constituées par les associations sportives sont conformes à des statuts types définis par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Il s'agit là encore d'un amendement technique : toute société doit en effet adopter des statuts qui lui sont propres, même s'ils sont par ailleurs conformes à des statuts types.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 14 rectifié bis, MM. Murat,Bernard, César, Cornu, Courtois, Darcos, Leclerc, Lemaire et Martin proposent, à la fin de la première phrase du second alinéa du 3° de l'article 1er, de remplacer les mots : « du conseil d'administration de la société » par les mots : « des organes dirigeants de la société ».
Par amendement n° 4, M. Bordas, au nom de la commission, propose, dans la seconde phrase du second alinéa du 3° de l'article 1er, de remplacer les références : « 225 et 226-1 » par les références : « 225 à 226-1 ».
La parole est à M. Murat, pour présenter l'amendement n° 14 rectifié bis.
M. Bernard Murat. Cet amendement a été rectifié à deux reprises, mais je dois dire que je préférais de beaucoup sa version initiale. Cependant, je me conforme à la règle du jeu !
L'amendement n° 14 rectifié bis a pour objet de préciser que les délibérations dont l'association sportive ayant constitué une SASP est destinataire sont celles des organes dirigeants de la société, et non pas seulement celles du conseil d'administration.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. J'indique à M. Murat que je partage son souci de donner des garanties aux associations. C'est pourquoi nous avons veillé à bien préciser les choses au 2° et 3° de l'article 1er.
Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 14 rectifié bis .
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14 rectifié bis , accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 4.
M. James Bordas, rapporteur. Il s'agit ici de donner à l'association sportive, à l'égard de la SASP, certains des pouvoirs de contrôle que la loi de 1966 accorde aux actionnaires détenant au moins 10 % du capital d'une société anonyme.
En effet, l'article 225 de la loi du 24 juillet 1966 permet auxdits actionnaires de saisir la justice pour obtenir la révocation d'un commissaire aux comptes. L'article 226 de la même loi les autorise en outre à poser des questions écrites aux dirigeants de la société. Cependant, le texte issu des travaux de l'Assemblée nationale omet la disposition permettant de demander en justice un rapport d'expert sur une ou plusieurs opérations de gestion.
Nous proposons de réparer cet oubli, afin d'aligner complètement les droits des associations sportives sur ceux des actionnaires possédant 10 % du capital d'une société anonyme.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er, modifié.

(L'article 1er est adopté.)

Article 2



M. le président.
« Art. 2. _ L'article 13 de la loin° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée est ainsi modifié :
« 1° Dans le premier alinéa, les mots : "de ces sociétés" sont remplacés par les mots : "d'une société d'économie mixte sportive locale, d'une entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée ou d'une société anonyme à objet sportif, telles que définies à l'article 11" ;
« 2° Au début du deuxième alinéa, le mot : "Le" est remplacé par le mot : "Leur" ;
« 3° Après l'avant-dernier alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Les titres d'une société anonyme sportive professionnelle, telle que définie à l'article 11, ne sont pas admis sur un marché réglementé ou non réglementé. »
Par amendement n° 5 rectifié, M. Bordas, au nom de la commission, propose :
I. - De rédiger comme suit le 1° de cet article :
« 1° Les trois premiers alinéas sont remplacés par les dispositions suivantes :
« Le capital de la société d'économie mixte sportive locale et de la société anonyme à objet sportif est composé d'actions nominatives.
« Les membres élus des organes de direction de ces sociétés ne peuvent recevoir, au titre de leurs fonctions, que le remboursement de frais justifiés.
« Le bénéfice, au sens de l'article 346 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 précitée, de la société d'économie mixte sportive locale, de l'entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée et de la société anonyme à objet sportif est affecté à la constitution de réserves qui ne peuvent donner lieu à aucune distribution. »
II. - En conséquence, de supprimer le 2° de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. La rédaction de l'Assemblée nationale étend à l'entreprise unipersonnelle sportive l'obligation d'émettre nominativement ses actions et l'interdiction de rémunérer ses dirigeants. Or ces prescriptions n'ont aucun sens s'agissant d'une SARL à associé unique.
En effet, le capital d'une SARL n'est pas composé d'actions, elle n'a d'ailleurs pas le droit d'en émettre. De toute façon, aucune disposition particulière n'est bien sûr nécessaire pour identifier les détenteurs du capital d'une société à associé unique.
Par ailleurs, la SARL n'a pas de dirigeants élus. Son ou ses gérants choisis par ou parmi les associés sont obligatoirement des personnes physiques. L'association sportive à associé unique devra donc nommer un gérant, qu'il n'y a aucune raison de ne pas rémunérer, au même titre que les cadres salariés des autres sociétés sportives.
Cet amendement est essentiellement technique et ne modifie nullement le texte sur le fond.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 15, MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois, Joyandet, Lemaire et Martin proposent de rédiger ainsi le 3° de l'article 2 :
« 3° Après l'avant-dernier alinéa, il est inséré quatre alinéas ainsi rédigés :
« Les actions des sociétés anonymes sportives professionnelles peuvent être admises sur un marché réglementé.
« Le capital de ces sociétés anonymes sportives professionnelles doit être détenu à hauteur de 34 % par un actionnaire de référence choisi par l'association sportive.
« Le capital de ces sociétés anonymes sportives doit être détenu à hauteur de minimum 16 % par les adhérents à une association de supporters ayant passé préalablement une convention avec l'association sportive.
« Au moins 50 % des bénéfices, au sens de l'article 346 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales, sont obligatoirement affectés à la constitution de réserves destinées au financement des investissements sur les équipements nécessaires à la pratique de la discipline sportive, au financement d'activités de formation spécifiques à la discipline sportive et au financement de l'association sportive. Ces réserves ne peuvent donner lieu à distribution. »
Par amendement n° 6, M. Bordas, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le 3° de cet l'article 2 :
« 3° Il est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les sociétés anonymes mentionnées à l'article 11 ne peuvent faire appel publiquement à l'épargne. »
La parole est à M. Murat, pour présenter l'amendement n° 15.
M. Bernard Murat. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 15 est retiré.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 6.
M. James Bordas, rapporteur. Cet amendement porte sur les dispositions du texte de l'Assemblée nationale interdisant aux titres des SASP d'être « admis sur un marché réglementé ou non réglementé ».
Cette rédaction ne nous paraît pas bonne.
D'une part, la notion d'admission à la négociation sur un marché non réglementé n'a pas beaucoup de sens, et celle de « marché non réglementé » est elle-même impossible à cerner.
D'autre part, il ne nous paraît pas possible de dissocier les différents éléments de la notion d'appel public à l'épargne. Il est d'ailleurs sans exemple qu'un texte interdise seulement la négociation de titres sur un marché financier, et non leur placement dans le public, qui peut se faire par des moyens très divers, y compris la vente sur Internet.
Il faut donc, pour être cohérent, faire référence à la notion d'appel public à l'épargne.
Il ne serait pas cohérent non plus de paraître interdire l'appel public à l'épargne à la seule SASP, qui sera pourtant la seule société sportive à être vraiment une société commerciale.
Je vous propose donc de viser aussi la SAOS et la SEM, ce qui, d'ailleurs, ne changera rien à la situation actuelle, comme je l'ai indiqué tout à l'heure.
Enfin, nous vous proposons d'insérer cet alinéa à la fin de l'article 13.
Je vous rappelle, mes chers collègues, que nous vous soumettons cet amendement à titre conservatoire et que nous entendons reprendre cette question au printemps prochain, lors de l'examen du projet de loi modifiant la loi de 1984.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Monsieur le rapporteur, je suis bien sûr favorable à cet amendement.
Je pense que nous pouvons en effet poursuivre le débat sur cette question ; nous serons bien évidemment à votre disposition pour vous apporter tous les éléments que nous détenons concernant les expériences de cotation en bourse de certains clubs.
Un intervenant a rappelé tout à l'heure que les actions de la Lazio di Roma ont baissé à la suite de mauvais résultats sportifs : ce club a perdu 130 millions de francs. La cotation des clubs sur le marché, loin donc d'assurer leur pérennité tend plutôt à les fragiliser.
Mais, je le répète nous travaillerons avec vous et, je l'espère, avec l'Assemblée nationale pour préparer la loi de 2000.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, modifié.

(L'article 2 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 2



M. le président.
Par amendement n° 16, MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois, Joyandet, Lemaire et Martin proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« La société anonyme sportive professionnelle admise sur un marché réglementé ne bénéficie plus de subventions publiques. »
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Monsieur le président, je souhaiterais défendre en même temps les amendements n°s 17 et 18, qui sont complémentaires de cet amendement n° 16.
M. le président. Effectivement, je suis saisi de deux autres amendements tendant à insérer des articles additionnels après l'article 2, également présentés par MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois, Joyandet, Lemaire et Martin.
L'amendement n° 17 tend à insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« Pour être admise sur un marché réglementé, la société anonyme sportive professionnelle doit avoir clôturé ses comptes en équilibre au moins trois exercices consécutifs. »
L'amendement n° 18 vise à insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« Pour être admise sur un marché réglementé, la société anonyme sportive professionnelle doit être propriétaire de son stade et de ses installations sportives ou bénéficier d'un bail emphytéotique portant sur ces biens. »
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Ces trois amendements ont pour objet de renforcer le contrôle des SAOS.
L'amendement n° 16, tend à renforcer les règles applicables aux SAOS ayant opté pour une admission de leurs actions sur un marché réglementé : ces clubs ne pourront plus prétendre au bénéfice de subventions publiques.
L'amendement n° 17 participe de la même logique. Il renforce les conditions devant être remplies par une SAOS pour pouvoir être admise sur un marché réglementé. Une clôture des comptes en équilibre trois exercices consécutifs est une garantie pour les futurs actionnaires. C'est également une garantie pour la commission des inscriptions boursières, qui exige une telle condition dans la majeure partie des inscriptions.
Pour être admise sur un marché réglementé, la société anonyme sportive professionnelle doit être propriétaire de son stade et de ses installations sportives ou bénéficier d'un bail emphytéotique portant sur ces biens. Tel est l'objet de l'amendement n° 18. En effet, un club propriétaire de son stade et de ses installations sportives ou titulaire d'un bail de longue durée portant sur ces biens offre une garantie qui vient conforter son admission à un marché réglementé et qui est de nature à renforcer la décision d'investir des futurs actionnaires.
L'ensemble de ce dispositif pourrait permettre d'éviter, par exemple, la situation qu'a connue la Lazio di Rome.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 16, 17 et 18.
M. James Bordas, rapporteur. Nous avons écouté avec attention les explications de notre collègue M. Murat, et nous en tiendrons compte dans la discussion future. Toutefois, dans l'immédiat, compte tenu du fait que l'amendement n° 6 a été adopté, il semble, aux yeux de la commission, que les amendements n°s 16, 17 et 18 n'ont plus d'objet.
M. le président. Les amendements n°s 16, 17 et 18 sont-ils maintenus, monsieur Murat ?
M. Bernard Murat. J'ai bien noté que nous reprendrions ce débat ultérieurement. Je voulais simplement apporter ma pierre à l'édifice.
Bien entendu, je retire ces trois amendements, monsieur le président.
M. le président. Les amendements n°s 16, 17 et 18 sont retirés.

Article 3



M. le président.
« Art. 3. _ L'article 14 de la loin° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée est ainsi rédigé :
« Art. 14 . _ Toute association sportive qui répond à l'un au moins des critères définis au premier alinéa de l'article 11 à la date de publication de la loi n° ... du ... précitée constitue, dans un délai d'un an à compter de cette date, une société commerciale dans les conditions fixées audit article.
« Toute association sportive qui répond à l'un au moins des critères posés au premier alinéa de l'article 11 postérieurement à la date visée à l'alinéa précédent constitue une société commerciale dans les conditions fixées audit article dans un délai d'un an à compter de la date à laquelle elle satisfait à cette condition.
« Toute association sportive qui ne se conforme pas aux prescriptions des alinéas précédents est exclue, dès l'expiration des délais visés auxdits alinéas, des compétitions organisées par les fédérations mentionnées à l'article 16. »
Par amendement n° 19, MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois, Joyandet, Lemaire et Martin proposent, dans le premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 14 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984, de remplacer les mots : « à l'un au moins des » par le mot : « aux ».
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Cet amendement est retiré.
M. le président. L'amendement n° 19 est retiré.
Par amendement n° 20, MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois, Joyandet, Lemaire et Martin proposent, dans le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 3 pour l'article 14 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984, de remplacer les mots : « à l'un au moins des » par le mot : « aux ».
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Cet amendement est également retiré.
M. le président. L'amendement n° 20 est retiré.
Par amendement n° 21, MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois, Lemaire et Martin proposent, après les mots : « est exclue », de rédiger comme suit la fin du troisième alinéa du texte présenté par ce même article pour l'article 14 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 : « à l'issue de la saison où l'expiration des délais visés auxdits alinéas est constatée, des compétitions organisées par les fédérations mentionnées à l'article 16. »
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Le dirigeant de club qui s'exprime conçoit mal comment un club pourrait se retirer de la compétition en pleine saison. Voilà pourquoi je propose qu'il soit précisé que l'exclusion des associations sportives ne se conformant pas aux obligations de transformation en société commerciale dans les délais fixés par la loi n'intervienne qu'à l'issue de la saison sportive durant laquelle l'expiration de ces délais est constatée. L'objectif est de permettre à un club de participer aux compétitions jusqu'au terme de la saison.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Cet amendement a fait l'objet d'un long débat en commission.
Nous sommes évidemment soucieux d'éviter les risques que mettent en relief les auteurs de cet amendement. Mais ces risques existent-ils vraiment ?
L'article 14 de la loi de 1984 que vise à modifier l'article 3 s'applique depuis 1984, et nous n'avons pas entendu dire que son application posait des problèmes. En outre, la référence à l'issue de la saison ne nous paraît pas très précise.
Nous avons donc décidé, madame la ministre, de vous consulter. C'est votre ministère qui gère l'application de l'article 14 de la loi de 1984 depuis son entrée en vigueur et vous pourrez donc nous dire si elle a posé des problèmes et si l'amendement proposé est justifié ou non. Nous nous en remettrons à votre avis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Il est vrai que, depuis l'entrée en vigueur de cette disposition, il n'y a pas eu de problème.
Je rappelle tout de même que l'article 14 en question prévoit que les clubs disposeront d'un délai d'un an pour se transformer en société commerciale, selon le statut qu'ils auront choisi. Ils n'ont donc pas le couteau sous la gorge !
En outre, le mouvement sportif, que nous avons consulté, ne souhaite pas que des situations que je qualifierai d'anormales - je ne vais pas plus loin : ce sont souvent des difficultés de gestion qui en sont à l'origine - créent une sorte de double niveau dans une compétition. Il souhaite plutôt que les mesures soient prises tout de suite.
C'est pourquoi nous ne sommes pas favorables à cet amendement... pour ne pas dire que nous y sommes défavorables.
M. le président. Monsieur Murat, votre amendement est-il maintenu ?
M. Bernard Murat. Il est exact que je n'ai pas trouvé de cas pour l'instant. Mais, le plus souvent, la saison sportive ne cadre pas avec l'année : dans certaines disciplines, elle débute à l'automne et finit au printemps ; dans d'autres, elle ne recouvre que la période estivale. Cela pose des problèmes en matière de contrôle et d'arrêt des comptes. Il faudrait tenir compte de cette particularité sportive.
Cela étant, je me range à l'avis de Mme le ministre et de M. le rapporteur, et je retire l'amendement n° 21.
M. le président. L'amendement n° 21 est retiré.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3.

(L'article 3 est adopté.)

Article 4



M. le président.
« Art. 4. _ L'article 15-1 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée est ainsi rédigé :
« Art. 15-1 . _ Il est interdit à toute personne privée, directement ou indirectement, d'être porteur de titres donnant accès au capital ou conférant un droit de vote dans plus d'une société constituée conformément aux dispositions du premier alinéa de l'article 11 et dont l'objet social porte sur une même discipline sportive. Toute cession opérée en violation de ces dispositions est nulle.
« Il est interdit à toute personne privée porteur de titres donnant accès au capital ou conférant un droit de vote dans une société constituée conformément aux dispositions du premier alinéa du même article de consentir un prêt à une autre de ces sociétés dès lors que son objet social porterait sur la même discipline sportive, de se porter caution en sa faveur ou de lui fournir un cautionnement. Toute personne physique, ainsi que le président, l'administrateur ou le directeur d'une personne morale, qui aura contrevenu aux dispositions du présent alinéa sera punie d'une amende de 300 000 F et d'un an d'emprisonnement. » - (Adopté.)

Article 5



M. le président.
« Art. 5. _ L'article 19-3 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée est ainsi rédigé :
« Art. 19-3 . _ Pour des missions d'intérêt général, les associations sportives ou les sociétés qu'elles constituent, telles que définies à l'article 11, peuvent recevoir des subventions publiques. Ces subventions font l'objet de conventions passées, d'une part, entre les collectivités territoriales, leurs groupements ainsi que les établissements publics de coopération intercommunale et, d'autre part, les associations sportives ou les sociétés qu'elles constituent.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions dans lesquelles sont versées ces subventions et fixe leur montant maximum. »
Par amendement n° 24, MM. Murat, Bernard, César, Cornu, Courtois, Darcos, Leclerc, Lemaire et Martin proposent, au début du premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 19-3 de la loi du 16 juillet 1984, de remplacer les mots : « Pour des missions d'intérêt général, » par les mots : « Pour les actions de formation et d'animation locale, ou pour toute autre mission d'intérêt général, »
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Avec l'article 5, nous abordons un autre aspect de la proposition de loi.
L'objet de l'amendement n° 24 est de préciser le régime dérogatoire.
Ce régime dérogatoire doit en effet être strictement encadré s'agissant à la fois des montants et des conditions de subventionnement. A cet égard, la référence aux missions d'intérêt général des clubs est un gage de sécurité juridique. Encore faut-il que ces missions soient précisément définies.
S'agissant des associations sportives, deux types d'actions semblent revêtir un caractère d'intérêt général : d'une part, les actions d'animation locale, dans le cadre, par exemple, de la politique de la ville - intervention des joueurs dans les quartiers ou dans les clubs, entrée gratuite ou tarif réduit pour certains publics - d'autre part, les actions de formation, notamment lorsque le centre de formation est géré par l'association sportive.
Ainsi, cet amendement a pour objet de préciser, dès avant la publication du décret d'application, les missions d'intérêt général pouvant recevoir des subventions publiques.
En tant que nouveau sénateur, j'ajoute que je suis assez surpris de constater que les décrets d'application sortent souvent très longtemps après les votes qui sont émis dans cet hémicycle !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Cet amendement ne nous paraît pas préciser vraiment la nature des missions d'intérêt général ; il en donne seulement deux exemples.
Il est prévu que ces missions seront définies par décret. Il nous semble que c'est effectivement la façon la plus à même d'en donner une définition précise.
Par conséquent, nous demandons le retrait de cet amendement. S'il était maintenu, nous émettrions un avis défavorable.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. Je souhaite soutenir la position de notre rapporteur et bien préciser à notre collègue Bernard Murat que la commission n'est pas hostile, bien évidemment, à ce que soient prioritairement pris en compte les deux types d'actions qu'il vient d'énumérer : action de formation et participation à l'animation locale.
D'ailleurs, Bernard Murat vient de préciser que, dans son esprit, cette dernière expression était à rattacher à la politique de la ville, ce qui en fait, en effet, une action d'intérêt public que tous les élus locaux ne peuvent que soutenir et apprécier.
La commission nous a donc mandatés, madame la ministre, pour vous dire que nous souhaitons que ce débat soit l'occasion de bien préciser non seulement à notre collègue Bernard Murat, mais également à l'ensemble de notre assemblée, que ces types d'actions seront pris en compte dans les décrets.
Il nous a néanmoins semblé, mon cher collègue, qu'énumérer deux actions seulement pouvait être dangereux, car on ne sait jamais ce que l'on élimine.
En outre, puisque Mme la ministre nous a donné l'assurance que nous serions associés à la préparation des décrets, il vaut sans doute mieux s'en remettre à ceux-ci.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je partage tout à fait l'avis de M. Gouteyron.
Les deux exemples que vous avez donnés sont tout à fait pertinents, monsieur Murat, mais ne conviendrait-il pas d'en ajouter deux ou trois autres ?
Ainsi, selon moi, l'insertion professionnelle des sportifs est une mission d'intérêt général. La création par le club d'emplois visant à améliorer l'accueil et la sécurité du public peut, elle aussi, entrer dans les missions d'intérêt général. Il en va de même de la surveillance médicale des sportifs en dehors du club, dans des structures agréées... J'oublie peut-être encore un ou deux autres cas.
Dans le décret, nous pourrons dresser la liste des missions de façon très précise. De plus, la convention entre la collectivité et le club nous permettra de veiller mieux encore à ce que l'argent soit bien utilisé sur ces objectifs.
M. le président. Monsieur Murat, maintenez-vous votre amendement ?
M. Bernard Murat. Je le retire.
M. le président. L'amendement n° 24 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements présentés par MM. Murat, Bernard, Leclerc, César, Cornu, Courtois, Darcos, Lemaire et Martin.
L'amendement n° 25 tend, dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 5 pour l'article 19-3 de la loi du 16 juillet 1984, à supprimer les mots : « ou les sociétés qu'elles constituent, telles que définies à l'article 11, ».
L'amendement n° 26 vise, à la fin de la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 5 pour l'article 19-3 de la loi du 16 juillet 1984, à supprimer les mots : « ou les sociétés qu'elles constituent. »,
La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Madame la ministre, pour en revenir à l'amendement n° 24, il me paraît important que les collectivités locales qui subventionnent les clubs leur fassent systématiquement signer des contrats de partenariat mentionnant les items choisis de sorte que les fonds soient alloués ou, éventuellement, majorés conformément à ce contrat. C'est ainsi que nous procédons à Brive-la-Gaillarde, et cela marche très bien.
Cette formule, qui permet de jauger véritablement l'action du club, suppose que soit mise en place, au départ, une pédagogie.
L'amendement n° 25 tend à ne réserver la possibilité de versement des subventions publiques qu'aux seules associations et à supprimer la possibilité ouverte par le texte adopté à l'Assemblée nationale de subventionner les sociétés commerciales constituées par les associations sportives dans les conditions de l'article 1er de la proposition de loi.
Cet amendement permettrait donc de ne voir subventionner sur fonds publics que les seules activités de l'association.
Quant à l'amendement n° 26, il s'inscrit dans la même logique que l'amendement n° 25.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Il serait très difficile, dans certains cas, de distinguer subventions à l'association et subventions à la société, car ces deux entités conduisent de nombreuses actions communes, notamment dans le domaine de la formation.
La règle que ces amendements posent serait donc pratiquement impossible à faire respecter.
En outre, mes chers collègues, nous savons tous que ce n'est pas parce qu'un club est constitué en société qu'il « roule sur l'or » et qu'il peut se passer d'une aide publique. Le texte de 1984 permettait d'ailleurs de verser des subventions aux sociétés comme aux associations.
Ces amendements seraient très restrictifs. Nous demandons donc à leurs auteurs de bien vouloir les retirer.
M. le président. Monsieur Murat, les amendements n°s 25 et 26 sont-ils maintenus ?
M. Bernard Murat. Monsieur le rapporteur, je comprends bien vos arguments, mais on entre là dans le coeur du débat.
Comme je l'ai indiqué à cette tribune, il s'agit de savoir si nous voulons préserver, voire privilégier l'association sportive de type loi de 1901 ou si nous voulons donner les moyens à une société commerciale de devenir un club compétitif dans le professionnalisme. Que chacun prenne ses responsabilités !
Je suis bien placé pour savoir que ce dispositif n'est pas facile à gérer et que cela génère de longues discussions avec les présidents et les responsables des clubs.
Prenons le cas du club professionnel de rugby de Brive-la-Gaillarde : si la ville subventionne le centre de formation, qui participe, selon nous, à la politique voulue par la ville, pour le reste, le club peut, entre autres, signer des contrats publicitaires.
Les responsables des clubs ont décidé de devenir des professionnels du sport. Qu'ils gèrent leur club, leur société, en professionnels du sport !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 25 et 26 ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. L'article 1er ne vise pas que les subventions publiques aux associations ; il maintient des dispositions qui figuraient dans la loi précédente, entre autres la possibilité de verser des subventions aux clubs, et ce pour les raisons données par M. le rapporteur.
Nous sommes bien dans le cadre d'un partenariat fondé sur des conventions extrêmement précises, non seulement entre la collectivité et le club, mais aussi entre l'association et le club.
La convention entre l'association et le club qui aurait pris un statut commercial devra porter sur l'usage de la dénomination, des marques ou des signes distinctifs qui appartiennent à l'association, sur les relations financières entre l'association et le club, sur les modalités de délimitation des responsabilités de chacun, sur les possibilités de l'association de ne plus donner au club qui ne respecterait pas les règles éthiques minimum l'autorisation de participer aux compétitions - c'est en effet l'association qui est compétente en matière d'inscription du club aux manifestations sportives.
Par conséquent, ce système des conventions nous donne des garanties.
J'ajoute que des missions d'intérêt général ont été définies pour l'octroi des subventions publiques.
Maintenons donc le texte en l'état.
M. le président. Après toutes ces explications, monsieur Murat, maintenez-vous les amendements ?
M. Bernard Murat. Compte tenu du véritable consensus qui se dégage cet après midi, je ne voudrais pas être le « vilain petit canard » ! (Sourires.) Je retire les deux amendements.
Il n'en demeure pas moins - et je parle avec mon expérience de président de club et de maire - qu'il est très difficile à une collectivité qui verse une subvention à une association de contrôler la passerelle entre l'association et la société.
Il conviendra de revenir sur cette importante question lors d'un prochain débat. C'est un véritable problème qui ne manquera pas de se poser aux sociétés. Une procédure de contrôle de légalité où les chambres régionales des comptes pourront en effet toujours mettre en exergue les problèmes de passerelle entre la subvention versée à l'association et l'usage qui en aura été fait dans le cadre de la société. Or une collectivité n'a aucune visibilité sur cette passerelle !
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. M. Murat nous a fait part de son expérience, et c'est la raison pour laquelle le Sénat l'a écouté avec beaucoup d'attention.
La commission ne va pas pour autant renoncer à sa position, M. Murat l'a bien compris. Mais nous considérons, et je pense que M. le rapporteur ne me démentira pas, que le débat n'est pas clos sur ce sujet.
M. James Bordas, rapporteur. C'est exact !
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. Nous pensons qu'il faut laisser aux responsables locaux et aux collectivités locales qui apportent leur contribution sous forme de subventions leur pleine responsabilité. Mon cher collègue, vous êtes mieux placé que beaucoup d'autres pour le dire.
M. le président. C'est un renvoi en touche provisoire ! (Sourires.)
Les amendements n°s 25 et 26 sont retirés !
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5.

(L'article 5 est adopté.)

Chapitre II

Dispositions diverses

Article 6



M. le président.
« Art. 6. _ La section 2 du chapitre II du titre Ier de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée est complétée par un article 15-3 ainsi rédigé :
« Art. 15-3 . _ Toute transaction commerciale relative aux activités sportives d'un mineur est interdite, y compris pour l'entrée dans un centre de formation sportif relevant d'une association sportive ou de la société qu'elle a constituée. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 28, MM. Murat, Bernard, César, Cornu, Courtois, Lemaire et Martin proposent de supprimer l'article 6.
Par amendement n° 7, M. Bordas, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit l'article 6 :
« Il est inséré, après l'article 15-2 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée, un article 15-3 ainsi rédigé :
« Art. 15-3. - La conclusion d'un contrat relatif à l'exercice d'une activité sportive par un mineur ne donne lieu à aucune rémunération ou indemnité, ni à l'octroi de quelque avantage que ce soit, au bénéfice :
« - d'une personne exerçant l'activité définie au premier alinéa de l'article 15-2 ;
« - d'une association sportive ou d'une société mentionnée à l'article 11 ;
« - ou de toute personne agissant au nom et pour le compte du mineur.
« Toute convention contraire aux dispositions du présent article est nulle. »
Les amendements n°s 29 et 30 sont présentés par MM. Murat, Bernard, César, Cornu, Courtois, Leclerc, Lemaire et Martin.
Le premier, n° 29, tend à rédiger ainsi le texte présenté par l'article 6 pour l'article 15-3 de la loi du 16 juillet 1984 :
« Art. 15-3. - Toute démarche contractuelle avec un club ou un agent notamment relative aux activités sportives d'un mineur de moins de seize ans ou non libéré des obligations scolaires visant à son transfert dans un autre club que son club formateur est interdite. »
Le deuxième, n° 30, vise à compléter le texte proposé par l'article 6 pour l'article 15-3 de la loi du 16 juillet 1984, par un alinéa ainsi rédigé :
« Quiconque aura enfreint cette interdiction sera puni d'un an d'emprisonnement et d'une amende de 100 000 francs. »
La parole est à M. Murat, pour défendre l'amendement n° 28.
M. Bernard Murat. Vu la tonalité de nos discussions de cet après-midi, je vais retirer l'amendement n° 28. Nous en reparlerons cependant lors de l'examen du projet de loi sur le sport au printemps 2000 parce qu'il me paraît tout à fait essentiel.
M. le président. L'amendement n° 28 est retiré.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 7.
M. James Bordas, rapporteur. Avec cet amendement, nous proposons une nouvelle rédaction de l'article relatif à la protection des sportifs mineurs.
Le texte adopté par l'Assemblée nationale est, de l'avis général, peu compréhensible et inapplicable.
On comprend mal ce qu'il signifie ; certains se sont même demandé s'il interdisait aux sportifs mineurs d'exercer une activité rémunérée en dehors du sport ou d'avoir des sponsors.
En outre, la notion de transaction commerciale n'a aucune portée juridique précise et le texte ne prévoit pas de sanction.
J'ajoute que ce texte légitime a contrario les transactions commerciales relatives aux activités de sportifs majeurs, qui ne sont pas non plus à recommander.
Avec cet amendement n° 7, nous proposons une démarche plus pragmatique : il s'agit en effet d'interdire que la conclusion d'un contrat portant sur l'activité sportive d'un mineur puisse donner lieu à rémunération, à indemnité ou à l'octroi d'un avantage quelconque au profit soit d'un intermédiaire, soit de son club, soit de toute personne agissant au nom ou pour le compte du mineur, ce qui inclut notamment ses parents.
Le texte prévoit en outre une sanction civile : la nullité de toute convention qui enfreindrait ces interdictions.
M. le président. La parole est à M. Bernard Murat, pour défendre les amendements n°s 29 et 30.
M. Bernard Murat. Je souscris tout à fait aux propos que vient de tenir M. le rapporteur.
La formule « transaction commerciale » figurant dans le projet de loi, s'agissant d'un sportif, recouvre les notions de contrat de travail, de contrat d'image ou de mandat avec un intermédiaire. L'amendement n° 29 a pour objet de limiter les transactions commerciales sur mineurs aux transferts entre clubs.
En outre, la carrière des sportifs professionnels commence de plus en plus souvent avant l'âge de dix-huit ans. Et, pour ne pas hypothéquer leurs chances de réussite dans leur carrière sportive, cet amendement a pour objet d'abaisser l'interdiction d'effectuer des démarches, commerciales aux sportifs de moins de seize ans ou non libérés des obligations scolaires.
J'ajoute, et je rejoins ainsi le point de vue exprimé par Mme la ministre lors de son excellente intervention, qu'il importe évidemment de mettre en place tout un arsenal de protections destinées à éviter que le mineur ne soit mis sous la coupe de tous ces Ténardier du sport.
Néanmoins, pour certains sports professionnels - la gymnastique ou le ski nautique - il ne faudrait pas que des jeunes se sentent un peu à l'étroit dans notre hexagone.
L'amendement n° 30, quant à lui, complète le dispositif présenté par notre rapporteur.
L'article 6 de la proposition de loi pose le principe de l'interdiction de toute transaction commerciale sur les mineurs. Toutefois, cette disposition n'est assortie d'aucune sanction pénale, ce qui limite considérablement la portée de l'interdiction. Cet amendement a donc pour objet d'ériger en infraction la violation de l'interdiction de transaction et de punir toute personne qui aura enfreint cette interdiction d'un an d'emprisonnement et d'une amende de 100 000 francs.
M. le président. M. Murat, je vous rappelle que vous avez relevé vos précédents amendements. Convient-il que vous mainteniez ceux-ci ?
M. Bernard Murat. Monsieur le président, je livre ces deux amendements à notre réflexion en vue du prochain débat sur le sport. Il est essentiel que la question des jeunes sportifs soit analysé d'un point de vue à la fois social et pédagogique.
Il faut bien penser aussi que les jeunes sont le réservoir de nos élites. Si les jeunes Français ne peuvent s'exprimer qu'à l'étranger, nous serons obligés de continuer à embaucher des étrangers, qui deviendront des internationaux français, et les médailles d'or françaises seront portées par des sportifs qui auront parfois la double nationalité.
M. le président. Les amendements n°s 29 et 30 sont retirés.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 7 ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 est ainsi rédigé.

Article additionnel après l'article 6



M. le président.
Par amendement n° 8, M. Bordas, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 6, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article L. 211-4 du code du travail est complété par les mots : ", ou d'une activité sportive.". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Je vous ai indiqué tout à l'heure l'objet de cet amendement, qui est d'étendre aux rémunérations perçues par des sportifs de moins de seize ans le dispositif applicable aux rémunérations perçues par de jeunes artistes ou mannequins.
Une commission constituée au sein du conseil départemental de protection de l'enfance est chargée de fixer la part de cette rémunération qui peut être laissée à la disposition des représentants légaux de l'intéressé, le reste étant affecté à la constitution d'un pécule géré par la Caisse des dépôts jusqu'à la majorité de l'intéressé.
Cette disposition pourra notamment s'appliquer à des sportifs pratiquant des disciplines comme le patinage, le tennis ou la gymnastique, qui donnent lieu à des manifestations auxquelles il n'est pas rare que participent des jeunes de moins de seize ans.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Le Gouvernement est tout à fait favorable à cet amendement n° 8, et je veux insister sur ce que vient de dire M. le rapporteur.
De plus en plus de très jeunes sportifs, des préadolescents, perçoivent des primes, des rémunérations, si l'on peut appeler cela ainsi, et ont donc besoin d'être protégés par rapport à leur entourage ou leur encadrement.
Ils ont également besoin, et c'est aussi l'objet de cet amendement, d'être protégés dans leur vie privée. En effet, traiter des enfants de quatorze ou quinze ans comme des adultes, les médiatiser, n'est pas sans entraîner des effets psychologiques qui peuvent avoir des retentissements sur la construction de leur vie d'adulte.
Par conséquent, je trouve positif que la commission ait proposé un tel amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 8.
Mme Hélène Luc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Le groupe communiste républicain et citoyen est favorable à cet amendement, car il étend aux jeunes sportifs mineurs la protection prévue dans le code du travail pour les enfants mineurs. C'est une très bonne chose que nous amendions le texte dans ce sens-là.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 6.

Article 7



M. le président.
« Art. 7. _ La section 2 du chapitre II du titre Ier de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée est complétée par un article 15-4 ainsi rédigé :
« Art. 15-4 . _ L'accès d'un sportif à une formation dispensée par un centre de formation sportif peut être assorti de l'obligation de conclure un premier contrat d'engagement sportif d'une durée maximale de trois ans avec l'association sportive ou la société qu'elle a constituée dont relève ce centre.
« Les modalités de cet engagement sont fixées par les fédérations délégataires ou les ligues professionnelles qu'elles constituent, selon des dispositions précisées par un décret en Conseil d'Etat. »
Sur l'article, la parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. Lors de la discussion générale, j'ai annoncé que j'étais très circonspect sur la proposition de la commission à l'article 7.
J'aurais voté contre l'article 7 tel qu'il venait de l'Assemblée nationale. L'amendement de la commission ne nous donnant pas satisfaction non plus, mon groupe votera également contre.
M. le président. Par amendement n° 9, M. Bordas, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi cet article :
« Il est inséré, après l'article 15-2 de la loin° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée, un article 15-4 ainsi rédigé :
« Art. 15-4. - Toute personne ayant bénéficié d'une formation dispensée par un centre de formation sportif relevant d'une association sportive ou d'une société mentionnée à l'article 11 et agréé par la commission nationale du sport de haut niveau prévue à l'article 26 peut être tenue de rembourser le coût de cette formation :
« - lorsqu'elle a refusé de conclure avec l'association ou la société dont relève le centre de formation un contrat de travail défini au 3° de l'articleL. 122-1-1 du code du travail ;
« - et lorsqu'elle a conclu un tel contrat, en vue de l'exercice professionnel de la même discipline sportive, avec une autre association ou société sportive.
« Le remboursement n'est dû que s'il a été prévu par une convention conclue préalablement à l'accès de l'intéressé au centre de formation. Les stipulations de la convention relatives aux conditions d'exigibilité et au montant de ce remboursement, qui ne peut en aucun cas excéder celui des dépenses d'entretien et de formation effectivement supportées par l'association ou la société, doivent être conformes à des stipulations types définies par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Il s'agit de l'article relatif à la protection des intérêts des clubs formateurs.
Il nous paraît tout à fait légitime de prévoir une compensation des frais de formation lorsqu'un sportif est engagé par un autre club.
L'UEFA a mis en place un « pool de solidarité » qui permet de rémunérer les clubs ayant formé les joueurs amateurs de quatorze à vingt-quatre ans quand ils sont engagés comme professionnels dans un autre pays membre de l'UEFA. Cela s'ajoute aux pratiques qui ont déjà lieu entre clubs.
La commission européenne estimerait quant à elle envisageable la formule d'un contrat de formation prévoyant que le joueur rembourse au club les frais de formation.
C'est une formule de ce type que nous vous proposons, en permettant à un club d'obtenir le remboursement de ces frais sous certaines conditions.
Premièrement, il doit s'agir d'un centre de formation agréé.
Deuxièmement, l'obligation éventuelle de remboursement, le mode de calcul de celui-ci et les conditions d'exigibilité doivent être prévus par un contrat comportant des clauses types.
Enfin, troisièmement, le remboursement ne pourra être envisagé que si le sportif a refusé de signer un contrat de joueur professionnel avec le club formateur et s'il en a signé un avec un autre. C'est donc en fait le club qui l'engagera qui remboursera. Il n'est en tout cas pas question, comme le permet le texte de l'Assemblée nationale, que le jeune puisse être obligé de payer simplement parce qu'il ne veut pas - ou qu'il ne veut plus - devenir joueur professionnel.
Comme je l'ai dit, madame la ministre, il s'agit en quelque sorte d'un système de « pantoufle ».
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, le Sénat comme l'Assemblée nationale ont essayé de résoudre un problème complexe. Nous devons protéger nos clubs formateurs, car la formation de ces jeunes sportifs est un atout pour le sport français.
Aujourd'hui, les clubs formateurs sont dépourvus de toute possibilité juridique de garder un jeune qu'ils ont formé. En revanche, les clubs non formateurs, à l'étranger ou en France, ont toute latitude d' « acheter », si je puis me permettre cette expression, le jeune à la fin de sa formation, et n'auront pas de peine à rembourser le coût de la formation !
Il est vrai que l'article 7, tel qu'il vient de l'Assemblée nationale, ne prend pas vraiment en compte l'intérêt du jeune lui-même, quoiqu'un contrat de trois ans représente, il faut le noter, un progrès pour les jeunes qui sortent de ces centres de formation par rapport à la situation actuelle, qui leur impose des contrats de six ans ou de sept ans.
Il faut certainement engager un travail commun pour aboutir à un article qui non seulement protège les clubs formateurs, mais donne des garanties aux jeunes. Il convient de réfléchir à une forme d'indemnisation pour un jeune à qui, au bout d'un an ou de deux ans de formation, on conseillera de reprendre ses études, ou à qui l'on ne proposera aucun contrat à la sortie de ses années de formation. Bien que je ne sache pas si cela peut figurer dans la loi, il faut prendre en compte la responsabilité morale du club à l'égard du jeune qui pensait devenir un sportif professionnel et qui ne pourra pas faire carrière dans cette voie, parce qu'il n'en est peut-être pas capable d'ailleurs... mais le problème n'est pas là. Il faut l'accompagner au moment de la sortie de sa période de formation au sein d'un club professionnel.
Nous devons par conséquent travailler encore sur la base de ces deux exigences.
Pour ma part, je m'en remettrai à la sagesse du Sénat, en espérant que les deux assemblées trouveront une solution.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 9.
Mme Hélène Luc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. L'amendement n° 9 propose une nouvelle rédaction de l'article 7.
L'article qui nous vient de l'Assemblée nationale prévoit d'assortir la formation d'un sportif de l'obligation de conclure un contrat avec la société dont relève le centre de formation afin d'éviter le transfert des joueurs à l'issue de leur formation vers un club concurrent.
La nouvelle rédaction revient, selon nous, à légitimer le transfert des joueurs moyennant paiement. Même si, nous en convenons, la rédaction initiale de cet article contrevient aux orientations de la Commission européenne, nous la pensons plus favorable aux clubs et - mais cela en découle - plus favorable également à la formation des sportifs, qu'elle encourage. C'est pourquoi nous ne sommes pas contre cet amendement.
Bernard Murat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Je voudrais rebondir sur les propos de Mme la ministre, car elle pose une vraie question, à savoir sur quels critères peut-on juger qu'un jeune, entrant dans un centre de formation à seize ans pour en sortir à dix-huit ou dix-neuf ans, n'est pas apte à accomplir une carrière professionnelle dans le sport auquel il s'est formé ?
Beaucoup d'exemples nous confirment que ces jugements à l'emporte-pièce sont pris pour des raisons qui tiennent plus aux relations entre le jeune et le club, ou l'environnement du club, qu'aux véritables qualités physiques et sportives du jeune.
Puisque nous allons travailler ensemble sur une vraie bonne loi, nous devons faire très attention à cet aspect des choses concernant les jeunes et leur environnement. Parfois, c'est très compliqué.
M. Serge Lagauche. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. La sagesse serait, selon moi, de supprimer l'article 7 car, comme je l'ai dit dans la discussion générale, le problème est extrêmement complexe, ainsi qu'a pu le constater notre groupe. En effet, des tas de critères entrent en ligne de compte. Il en est ainsi des oppositions entre le syndicat des joueurs, en particulier dans le football, et les clubs. Or résoudre ce problème n'est pas facile et je ne pense pas qu'au cours de la navette nous puissions y parvenir.
Je souhaite, comme l'a dit Mme la ministre, que la question soit réexaminée au cours de la discussion du projet de loi qu'elle prévoit de nous présenter en l'an 2000.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. Nous avons bien compris, madame la ministre, mes chers collègues, qu'il s'agit là d'une disposition importante, en ce qu'elle touche non seulement au fonctionnement des clubs et des centres de formation, mais aussi à l'éthique et au respect de la personne humaine - sans vouloir employer de trop grands mots, c'est bien de cela qu'il s'agit.
Je voudrais simplement, pour ma part, appeler l'attention de nos collègues sur la nécessité, si l'on veut que la discussion se poursuive, de voter l'amendement de la commission. En effet, si vous ne votez pas cet amendement, mes chers collègues, c'est la rédaction de l'Assemblée nationale qui sera définitivement adoptée. Or je crois que nous sommes unanimes - du moins m'avait-il semblé que nous l'étions - pour considérer qu'elle ne peut nous satisfaire et qu'elle ne répond pas aux exigences auxquelles nous sommes tous attachés.
J'ai pris la parole uniquement pour vous dire que si vous souhaitez que la discussion se poursuive, il faut que la commission mixte paritaire soit saisie d'un texte, et il vous faut par conséquent voter l'amendement n° 9 de la commission !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 7 est ainsi rédigé.

Article 7 bis



M. le président.
« Art. 7 bis . _ Après le premier alinéa de l'article 18-1 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les fédérations sportives, ou l'organisme doté de la personnalité morale chargé de la gestion du secteur professionnel par délégation de celles-ci, sont seules propriétaires de ce droit. »
Par amendement n° 10, M. Bordas, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Nous nous sommes interrogés sur le sens et la portée de cet article additionnel voté par l'Assemblée nationale.
Son texte s'insère après le premier alinéa de l'article 18-1 de la loi de 1984, alinéa qui prévoit que le droit d'exploitation des manifestations sportives appartient aux fédérations délégataires ou aux organisateurs des manifestations agréées par ces fédérations.
On comprend mal, dès lors, l'objet de cet article additionnel, selon lequel « toutefois, les fédérations sportives ou les ligues professionnelles qu'elles constituent sont seules propriétaires de ce droit ».
On ne sait d'ailleurs pas si les ligues sont automatiquement propriétaires des droits, quand elles existent, ou si elles les exercent par délégation des fédérations.
Je vous propose donc de supprimer cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Cet article a été voté à l'Assemblée nationale dans un certain climat, alors que les revendications de certains clubs faisaient planer une menace sur les droits des fédérations à négocier directement les droits de retransmission télévisée : les députés avaient souhaité renforcer le droit des fédérations.
La loi de 1984 me paraît en fait être plus claire lorsqu'elle donne ce droit aux organisateurs.
Le Gouvernement s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 7 bis est supprimé.

Article 7 ter



M. le président.
« Art. 7 ter . _ Le Conseil supérieur de l'audiovisuel est obligatoirement saisi, sous peine de sanctions prévues aux articles 42-1 et 48-2, de tout projet d'acquisition d'un club sportif, quel qu'en soit le statut juridique, par un exploitant de service de télévision, établi en France, ou par toute personne physique ou morale contrôlant directement ou indirectement un tel service.
« Dans le mois de la saisine, le Conseil supérieur de l'audiovisuel rend un avis motivé, publié au Journal officiel de la République française. Cet avis précise, le cas échéant, les conditions que devra remplir l'opération envisagée pour respecter les principes législatifs et réglementaires applicables. »
Par amendement n° 11, M. Bordas, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Il est proposé à l'article 7 ter que le CSA donne un avis sur les projets d'acquisition d'un club sportif par un service de télévision.
On ne nous dit pas à qui cet avis serait destiné, mais il serait motivé et publié au Journal officiel. Il préciserait les conditions que devrait remplir cette opération pour respecter les principes législatifs et réglementaires applicables.
Comme aucun texte ne précise les principes applicables à l'achat d'un club sportif par une télévision et comme, par ailleurs, une telle opération n'est soumise à aucune autorisation, on ne voit pas sur quoi porterait cet avis, ni surtout, à quoi il servirait.
Nous proposons donc de supprimer purement et simplement cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 11.
M. Serge Lagauche. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. L'article 7 ter, issu d'un amendement adopté par l'Assemblée nationale, apporte une mauvaise réponse à un problème réel, celui de la concentration des activités audiovisuelles et sportives au sein d'un même groupe ayant des activités ou des participations dans le secteur de l'audiovisuel. Il vise à rendre obligatoire la saisine du CSA par tout exploitant de service audiovisuel souhaitant acquérir un club sportif ; le CSA rendra alors un avis motivé publié au Journal officiel et proposera, en cas d'avis défavorable, des solutions de rechange.
Sur la forme, la disposition n'a pas sa place au sein d'une loi modifiant la loi de 1984 sur l'organisation des activités physiques et sportives. Elle devrait plutôt être intégrée dans la loi de 1986 sur la communication audiovisuelle. L'article 7 ter fait, en effet, sans la citer implicitement, référence à la loi du 30 septembre 1986 en renvoyant aux articles 42-1, qui vise les services privés, et 48-2, qui vise les chaînes publiques, pour l'application des sanctions aux services audiovisuels n'ayant pas saisi le CSA, de leur intention d'acquérir un club sportif.
Sur le fond, le dispositif se révèle trop peu contraignant en ne proposant aucune solution concrète pour remédier au constat défavorable du CSA, puisque l'avis rendu par cette instance se bornera à préciser « les conditions que devra remplir l'opération envisagée pour respecter les principes législatifs et réglementaires applicables ».
Enfin, la formulation relative à « l'acquisition d'un club sportif » par « un exploitant de service audiovisuel » mériterait d'être affinée en appréhendant le niveau de participation dans le club du service audiovisuel et les éventuelles possessions ou participations des filiales d'un groupe ayant, entre autres, des activités audiovisuelles.
Pour ces raisons, je voterai l'amendement de suppression proposé par la commission.
Il sera toujours temps de repenser la question d'ici au mois de janvier, lorsque sera débattu le projet de loi sur l'audiovisuel, et de présenter un amendement mieux « ficelé » à cette occasion.
M. Bernard Murat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. Bien sûr, je voterai cet amendement, mais en regrettant, là encore, la précipitation qui préside à nos travaux. En effet, si une chaîne de télévision - je ne ferai évidemment de publicité à aucune ! - appartient à une entreprise de travaux publics dont le logo apparaît sur le maillot des joueurs, quelle est réellement la différence avec la situation que nous voulons éviter ?
En outre, on vise l'audiovisuel, mais tous les autres médias ne sont-ils pas tout autant concernés ? Ce point aussi mérite réflexion.
Surtout, prenons garde à ne pas enfermer nos discussions dans une vision trop hexagonale et teintée d'arrière-pensées politiques, même si j'emploie ce mot dans son sens le plus noble.
Mme Hélène Luc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Tout en étant favorable à la suppression de l'article 7 ter, je dirai qu'il y a un véritable problème, qui devrait faire l'objet d'une discussion lors de l'examen du prochain projet de loi sur le sport.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 7 ter est supprimé.

Article 8



M. le président.
« Art. 8. _ Les articles 11-1, 11-2 et 12 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée sont abrogés. » - (Adopté.)

Article 9



M. le président.
L'Assemblée nationale a supprimé l'article 9.

Articles additionnels après l'article 9



M. le président.
Par amendement n° 31, M. Lagauche et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 9, un article additionnel ainsi rédigé :
« La loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage est ainsi modifiée :
« I. - Au premier alinéa de l'article 15, le mot : "sanctions" est remplacé par le mot : "décisions".
« II. - Dans la première phrase du 3° du I de l'article 26, les mots : "sanctions disciplinaires" sont remplacés par le mot : "décisions".
« III. - Dans la seconde phrase du 3° du I de l'article 26, le mot : "sanctions" est remplacé par le mot : "décisions". »
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. La loi du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage prévoit, en son article 26, que le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage, autorité administrative indépendante, exerce un pouvoir de sanction notamment dans deux cas : tout d'abord, il est saisi d'office pour sanctionner les personnes qui relèvent du pouvoir disciplinaire d'une fédération sportive lorsque celle-ci n'a pas statué dans un délai de quatre mois ; ensuite, il peut, de lui-même, réformer les sanctions prises par les fédérations, après s'être saisi dans les huit jours suivant la date à laquelle il a été informé de ces sanctions.
Or la lecture stricto sensu de ce dernier cas laisse à penser que le conseil n'a pas la possibilité de se saisir du cas d'un sportif relaxé par les organes disciplinaires de la fédération, ce qui crée une lacune dans le dispositif. Il est d'ailleurs paradoxal que le conseil puisse évoquer de lui-même le cas d'un sportif puni d'une sanction très légère, alors qu'il n'est pas autorisé à se saisir en l'absence de sanction.
Le présent amendement a pour objet de remédier à cette situation en proposant que le conseil soit informé des « décisions » et non plus des « sanctions » des fédérations et qu'il puisse, à ce titre, s'en saisir et les réformer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Le président du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage nous avait informés du problème de rédaction auquel cet amendement tend à porter remède. Par conséquent, nous sommes tout à fait favorables à celui-ci.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 31, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 9.
Par amendement n° 32, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 9, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, après l'article 19 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée, un article additionnel ainsi rédigé :
« Art... - Lorsque dans une discipline sportive aucune fédération n'a reçu la délégation prévue à l'article 17, les compétences attribuées aux fédérations délégataires par les articles 17 et 18 peuvent être exercées, pour une période déterminée et avec l'autorisation du ministre chargé des sports, par une commission spécialisée mise en place par le Comité national olympique et sportif français.
« Les compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par une commission spécialisée sont assimilées à celles organisées ou agréées par une fédération sportive pour l'application des dispositions de l'article 17 de la loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage.
« Les dispositions du premier alinéa sont applicables à compter du 1er juin 1998. »
La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Certaines disciplines sportives, soit parce qu'elles ont subi un retrait d'agrément - c'est le cas de l'haltérophilie - soit parce qu'elles n'ont jamais relevé d'une fédération - comme le pentathlon - sont aujourd'hui organisées en commissions sous l'égide du Comité national olympique et sportif français, le CNOSF.
Or la loi relative à la protection de la santé des sportifs ne vise que les fédérations, si bien qu'on ne peut l'appliquer aux sportifs adhérant aux commissions - nous en avons eu un exemple avec certains haltérophiles. C'est la raison pour laquelle le Conseil national de prévention et de lutte contre le dopage nous a appelés à modifier la loi de 1984.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. James Bordas, rapporteur. Nous sommes favorables à cet amendement, qui permet de clarifier la situation.
M. le président. Personne ne demande la parole ?... Je mets aux voix l'amendement n° 32, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 9.

Vote sur l'ensemble



M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Herment pour explication de vote.
M. Rémi Herment. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, nous venons d'examiner une petite partie de la grande réforme du sport que nous attendons depuis longtemps. Nous l'avons fait dans la précipitation, sans réellement prendre en compte tous les paramètres, notamment en ce qui concerne le statut des clubs professionnels et leur accès au marché financier.
L'urgence n'est motivée que par une seule mesure, celle qui est relative au rétablissement des subventions publiques aux clubs professionnels. En effet, en l'absence d'un nouveau texte législatif avant le 1er janvier 2000, de nombreux clubs professionnels risqueraient de se trouver en situation de faillite. C'est le cas de ceux qui ne peuvent trouver des financements privés suffisants, tels que les clubs de basket, de handball, de hockey sur glace.
Dès lors, une question se pose : pourquoi ne pas avoir votée cette disposition au cours de la dernière session ?
En réalité, la présente proposition de loi a pour but sinon d'éluder, tout au moins d'expédier un débat sur l'avenir des clubs professionnels et sur leur éventuelle introduction en bourse. Il est regrettable de traiter un sujet si important de manière aussi rapide et superficielle.
Le sport a besoin d'une grande réforme qui prenne en compte l'évolution du contexte économique et des contraintes financières dans le respect de l'éthique. Je reste persuadé qu'il eût été préférable d'examiner un seul et unique texte traitant de tous les aspects du problème.
En voulant protéger les jeunes sportifs français, notamment en affirmant « l'interdiction de transactions commerciales portant sur les activités sportives d'un mineur », le texte ne répond pas de manière satisfaisante au problème. En effet, ces mesures, qui ne pourront s'appliquer que sur le territoire national ou à des contrats régis par la loi française, ne permettront pas de faire obstacle au débauchage de jeunes sportifs français par des clubs étrangers. Seule une solution européenne serait efficace.
Malgré ces critiques, je tiens à saluer l'excellent travail de notre rapporteur. Je partage ses réserves et adhère totalement à sa position et à sa passion sportive. C'est pourquoi mes collègues du groupe de l'Union centriste et moi-même voterons cette proposition de loi dans le texte résultant des travaux du Sénat.
M. le président. La parole est à M. Murat.
M. Bernard Murat. A l'issue de ce débat, on reste un peu sur sa faim. On en a « encore un peu sous la pédale », pour reprendre une expresssion propre au monde du cyclisme.
En fin de compte, il me semble que nous avons plus posé de problèmes que nous n'avons apporté de réponses véritables.
En tout cas, je pense, madame la ministre, que le Sénat vous aura donné satisfaction en vous permettant de disposer des mesures nécessaires pour avancer dans vos négociations avec vos homologues européens, notamment dans le cadre de la Commission européenne, s'agissant de l'évolution du sport professionnel.
Cela étant, le sport professionnel reste encore aujourd'hui, en France, une expression très limitée du sport en général et de l'action menée par les associations de bénévoles, qui représentent la véritable tradition sportive dans notre pays.
Finalement, madame la ministre, si j'ai le sentiment que nous avons souvent apporté des réponses dans le sens que vous souhaitiez, nous avons sans doute perdu une occasion - momentanément, je l'espère - d'engager l'examen d'une vaste loi d'orientation sur le sport en France, sur le comportement sportif à tous les niveaux.
On peut déplorer de la même façon l'absence d'une grande loi d'orientation sur les problèmes de santé.
Or nos gouvernants vont avoir de plus en plus à débattre d'une harmonisation au niveau européen mais aussi, bien évidemment, au niveau mondial. S'ils ne disposent pas d'une loi d'orientation définissant ce que nous voulons en matière de pratique sportive amateur, professionnelle, voire familiale, ils n'auront pas les outils nécessaires pour défendre ce qui doit être défendu, c'est-à-dire une sorte de spécificité française.
Je crois donc que nous avons fait un bon exercice de style cet après-midi, mais cet exercice de style appelle un travail de fond dans les semaines et les mois à venir. Croyez bien, madame la ministre, que le groupe du RPR, au nom duquel je m'exprime cet après-midi, sera à vos côtés pour oeuvrer dans cette direction.
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, si la proposition de loi que nous nous apprêtons à adopter paraît peu dense de par le nombre des articles qui la composent, elle soulève, nous avons pu l'observer, bien des questions.
L'organisation commerciale des clubs sportifs, notamment, est une nécessité.
Ce qu'il faut « diaboliser », ce n'est pas tant l'argent dans le sport que les conséquences de l'application de la seule loi du marché pour l'ensemble du mouvement sportif.
A ce titre, le texte qui nous était proposé constituait un bon équilibre entre, d'une part, les activités commerciales des clubs et, d'autre part, les missions premières de ceux-ci, à savoir le sport et la compétition.
Outre les méfaits de la cotation boursière des clubs sportifs, méfaits que nous avons dénoncés, cette cotation détournerait, à n'en pas douter, les clubs sportifs de ces missions essentielles.
Pour ce qui est du transfert des joueurs, laisser les choses en l'état, au nom de la libre circulation des joueurs, n'est pas satisfaisant. Quoi qu'il en soit, se pose la question des clubs qui investissent dans la formation des sportifs et voient ensuite réduit à néant leur effort de formation.
Sur ce point, nous pensons qu'il convient d'infléchir la position de la Commission européenne, j'y insiste, madame la ministre, afin de parvenir à la moralisation de cette pratique des transferts.
Par ailleurs, nous sommes, pour notre part, favorables à une protection maximale des sportifs mineurs.
A ce titre, je me félicite de l'adoption, sur la proposition de notre commission, de l'article additionnel après l'article 6, qui vient renforcer encore cette protection.
Certes, nous devrons rester vigilants quant à l'application de cette loi, et nous pensons que le rapport des clubs sportifs à l'argent devra faire l'objet d'une attention toute particulière de la part de votre ministère.
Sous le bénéfice de ces remarques et compte tenu des heureuses modifications qui sont intervenues, notamment à l'article 7, nous voterons la proposition de loi telle qu'elle résulte des travaux du Sénat.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission. Je veux tout d'abord me réjouir, madame la ministre, de la façon dont vous avez abordé ce débat. Au demeurant, nous avions déjà pu apprécier votre attitude très positive lors du débat sur le texte relatif à la lutte contre le dopage.
Je tiens également à remercier notre rapporteur, M. James Bordas, qui est pour beaucoup et dans la qualité du débat qui s'est déroulé ici cet après-midi et dans celle du travail que nous avons accompli.
J'espère que, lors de la rédaction des décrets d'application, l'état d'esprit qui a présidé à nos travaux se prolongera, de manière que lesdits décrets soient bien conformes tant à la lettre qu'à l'esprit des dispositions que nous avons votées. Cet esprit, nos débats ont permis de le préciser.
Cela dit, madame la ministre, de grandes questions restent posées, et au premier chef celle de l'insertion du sport dans la vie économique, notamment le problème de l'appel public à l'épargne, dont nous avons débattu mais que nous n'avons pas, à l'évidence, définitivement tranché. Nous n'aurons pas trop du temps qui nous reste d'ici à l'examen du texte dont vous allez sans doute nous parler tout à l'heure et qui sera soumis au Sénat au printemps prochain pour avancer dans notre réflexion sur ces questions.
Autre sujet que je retiens tout particulièrement : les rapports entre les clubs et leurs centres de formation, d'une part, et les jeunes dont ils ont la charge, d'autre part. Sont là mis en jeu des principes fondamentaux, et nous essaierons, sur ce point, d'aboutir en commission mixte paritaire à un texte qui tienne compte des observations qui ont été formulées dans notre assemblée.
C'est une petite étape qui est franchie aujourd'hui. Nous nous engagerons bientôt dans l'examen d'un texte d'une portée beaucoup plus vaste. Je souhaite que nous retrouvions alors l'esprit qui a prévalu lors de l'examen de la présente proposition de loi.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la proposition de loi.

(La proposition de loi est adoptée.)
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je tiens tout d'abord à remercier le président de la commission des affaires culturelles, M. Adrien Gouteyron, son rapporteur, M. James Bordas, et l'ensemble du Sénat : nous avons en effet, me semble-t-il, travaillé aujourd'hui de façon très constructive.
Même si, sur un certain nombre de points - je pense notamment à l'article 7 - nos approches n'ont pas été convergentes, je crois que l'objectif visé est le même et que nous pourrons trouver une solution.
Loin d'avoir été élaboré dans la précipitation, le texte que vous venez d'adopter est le fruit de plus de deux ans de discussions avec le mouvement sportif, dans l'ensemble de ses composantes, y compris sa composante professionnelle. Je vous laisse imaginer le temps que représentent les forums de concertation que nous avons organisés, pour rencontrer des centaines de dirigeants locaux du mouvement sportif, en particulier les innombrables dirigeants bénévoles des clubs.
Le travail parlementaire va se poursuivre avec l'examen d'un projet de loi portant sur l'association sportive, l'encadrement, les éducateurs, le rôle du mouvement sportif, celui des bénévoles, etc.
Avec ce futur projet de loi et le texte que le Sénat vient d'adopter, c'est l'ensemble de la loi de 1984 qui sera revu. En fait, nous disposerons, lorsque ces deux textes seront définitivement notés, d'une grande loi d'orientation adaptée aux besoins du sport d'aujourd'hui, le sport professionnel comme le sport amateur, le sport de haut niveau comme le sport accessible à tous.
Bien sûr, j'aurais moi aussi souhaité que ces différents textes soient regroupés, mais le calendrier parlementaire ne l'a pas permis, sans compter qu'il y avait des points à régler d'urgence. Cela ne nous a pas empêchés, je pense, de bien travailler.
Je note qu'un grand nombre d'amendements ont été adoptés après avoir recueilli un avis favorable ou un avis de sagesse de la part du Gouvernement. Cela montre que nous voulons tous ensemble non seulement faire avancer le sens du sport et son éthique mais aussi et surtout favoriser le développement du sport en général, à la fois le sport de haut niveau et le sport pour tous.
En effet, ne l'oublions jamais, ces deux aspects du sport sont liés. Nous avons besoin de championnes et de champions qui fassent rêver. Nous l'avons encore constaté tout récemment avec de très beaux résultats dans différents sports. J'ai, en cet instant, une pensée pour Félicia Ballanger, qui a remporté son neuvième titre, et pour Marion Clignet, qui, après avoir été absente des compétitions, a gagné deux médailles d'or.
A n'en pas douter, ces championnes et ces champions, en faisant rêver nos concitoyens, permettent le développement du sport. Inversement, le sport amateur, avec ses bénévoles, permet d'accueillir des enfants qui, demain, peut-être, seront des champions.

Cette cohésion, cette unité portée par le sens du sport et son éthique, je crois que, tous ensemble, nous l'avons bien défendue ajourd'hui. (Applaudissements.) 10

DÉPÔT DE PROJETS DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République orientale de l'Uruguay.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 33, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi autorisant l'approbation de la convention d'extradition entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République orientale de l'Uruguay.

Le projet de loi sera imprimé sous le n° 34, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.11

DÉPÔT DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Louis Souvet un rapport fait au nom de la commission des affaires sociales sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la réduction négociée du temps de travail (n° 22, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 30 et distribué.
J'ai reçu de M. Jean-Paul Amoudry un rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de la législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur la proposition de loi de M. Jean Faure, visant à permettre aux communes d'exiger des intéressés le remboursement des frais de secours qu'elles ont engagés à l'occasion d'accidents consécutifs à la pratique d'une activité sportive ou de loisir (n° 267, 1998-1999.)

Le rapport sera imprimé sous le n° 31 et distribué.12

DÉPÔT D'UN RAPPORT D'INFORMATION

M. le président. J'ai reçu de M. Jacques Baudot un rapport d'information fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur les activités de l'Office national des anciens combattants.

Le rapport d'information sera imprimé sous le n° 32 et distribué.13

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au mardi 2 novembre 1999 :
A dix heures :
1. Questions orales sans débat suivantes :
I. - M. Roland du Luart interroge Mme le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur la lutte contre le tabagisme des jeunes. Différentes mesures ont déjà été prises, à savoir l'interdiction de publicité, la hausse de la fiscalité, des campagnes de sensibilisation et enfin une récente initiative en faveur du remboursement du coût du sevrage. Mais, malgré ces mesures, le tabagisme des jeunes n'est qu'en très léger déclin.
En France, aujourd'hui, n'importe quel jeune peut entrer chez un débitant et acheter du tabac. Ne serait-il pas judicieux d'interdire la vente du tabac aux jeunes ? L'usage des produits du tabac doit être réservé aux adultes informés des risques sanitaires associés à la consommation de ces produits. Aussi il lui demande si elle compte mettre en place un dispositif de limitation de l'accès des jeunes au tabac comme, par exemple, une interdiction au-dessous d'un certain âge et, dans cette perspective, quel serait l'âge retenu pour distinguer un jeune d'un adulte. (N° 570.)
II. - M. Pierre Laffitte attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la libéralisation de la cryptologie, qui facilite le commerce électronique mais qui n'est que partielle.
Le projet de loi sur la signature électronique, pourtant fondamental et urgent d'après les informations données, n'est pas inscrit dans les priorités du débat parlementaire. Ne conviendrait-il pas de l'inscrire avant les débats budgétaires, notamment au Sénat ? Les pouvoirs publics, enfin, devraient donner l'exemple. Ainsi, tous les appels d'offres de l'Etat, des services publics et des collectivités locales ainsi que les réponses devraient se faire par voie de messagerie électronique sécurisée pour les réponses. C'est le sens d'une proposition de loi déposée au Sénat assortie de la mise en place d'un corpus de logiciels libres avec code source public. Le Premier ministre a affirmé à plusieurs reprises que ces questions étaient prioritaires.
La dynamisation de l'économie française, la diminution des dépenses budgétaires pour les services publics et les collectivités locales et le rattrapage du retard français en matière de commerce électronique par rapport à certains pays ne méritent-ils pas que le ministère appuie fortement ces diverses mesures ? (N° 588.)
III. - M. Martial Taugourdeau attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur les réductions d'effectifs prévues dans le budget du ministère de l'équipement pour l'an 2000.
Venant après 1 000 suppressions d'emplois en 1998 et 490 suppressions d'emplois en 1999, cette nouvelle baisse des effectifs aura des conséquences lourdes sur le fonctionnement du service public.
Il craint une nouvelle dégradation du service rendu par les directions départementales de l'équipement aux collectivités locales, notamment pour les communes et les conseils généraux, là où la partition n'est pas encore intervenue.
Il souhaiterait connaître son avis à ce sujet. (N° 601.)
IV. - M. Jean Huchon attire l'attention de M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur la situation des agents contractuels de La Poste en attente de titularisation avec mobilité obligatoire en Ile-de-France.
En 1985, deux circulaires nationales relatives à la titularisation des auxiliaires de droit public mettaient en oeuvre un plan prévoyant une nomination sur place, ou dans le département ou la région, selon les situations. Une des conditions à cette titularisation était l'occupation d'un poste à temps complet.
Un arrêt du Conseil d'Etat du 29 décembre 1993 a annulé l'article 13 de la circulaire du 2 août 1985, supprimant ainsi la condition d'occupation du poste à temps complet. En 1997, de nouvelles procédures de mise en oeuvre furent élaborées au niveau national pour tenir compte de cet arrêt et une phase de titularisation consécutive à ces dispositions s'est déroulée en 1997 et 1998.
Il semble, qu'à ce jour, près de 800 auxiliaires de droit public, remplissant toutes les conditions pour la titularisation, soient encore en attente.
La Poste compte-t-elle procéder à une vague complémentaire de titularisations en qualité de fonctionnaires afin de se conformer à l'arrêt rendu par le Conseil d'Etat ?
De plus, ces agents seront-ils titularisés sur place comme en 1985 ou bien en région Ile-de-France ?
En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui indiquer quelles mesures il entend prendre afin de résoudre ce délicat problème. (N° 602.)
V. - M. Christian Bonnet appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur l'augmentation du nombre d'interventions en mer pour porter secours à des personnes imprudentes et négligentes, avec pour corollaire des coûts très élevés supportés par la collectivité.
Il lui demande si, sans remettre en question l'esprit de la loi n° 67-545 du 7 juillet 1967 qui pose le principe de la gratuité des secours en mer, on ne pourrait en adapter la lettre pour tenir compte du développement très important de la navigation de plaisance, d'une part, de l'évolution des comportements individuels, parfois révoltants d'égoïsme et d'inconscience, d'autre part.
Ainsi, de même qu'aux termes de la loi montagne n° 85-30 du 9 janvier 1985, les communes peuvent organiser le remboursement des opérations de secours pour le ski alpin et le ski de fond, il apparaîtrait logique que les intervenants mis à contribution dans le cas de sauvetage en mer aient la faculté de faire de même, au moins dans les cas où il apparaît de toute évidence que l'intervention aurait pu être évitée par l'observation de la réglementation en vigueur.
Il le remercie donc de bien vouloir lui donner son opinion sur cette suggestion. (N° 606.)
VI. - Alors que s'engage la négociation du contrat de plan Etat-région, M. Rémi Herment indique à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement que les collectivités lorraines et, plus particulièrement le conseil général de la Meuse, ont fait part de leurs vives inquiétudes liées aux décisions du dernier conseil interministériel d'aménagement du territoire. L'examen de ce dossier par les élus concernés apparaît indissociable du futur zonage européen et aides d'Etat en région. Elle partage les éléments de diagnostic et les fondements de l'action proposée sur les sept prochaines années. Cette stratégie nécessite de poursuivre une mobilisation forte de moyens conséquents.
Or force est de constater que les enveloppes disponibles sont très insuffisantes par rapport à la période qui s'achève.
Dans ces conditions, et pour cette raison essentielle, il apparaît difficile aux représentants du département d'envisager une contractualisation avec l'Etat.
De plus, il lui rappelle les réactions engendrées par la réduction des territoires départementaux à la prime d'aménagement du territoire, situation qui aggrave encore l'avenir du développement du département puisque cette décision pénalisante s'ajoute à la menace qui pèse sur les fonds structurels européens et à la baisse des ressources nécessaires à la mise en oeuvre du contrat de plan.
Il lui demande de prendre en compte ces « points noirs » qui rendent impossible toute évolution stratégique cohérente d'aménagement et de développement du territoire en Meuse et la remercie de bien vouloir lui indiquer ce qu'elle entend décider pour lever les légitimes inquiétudes des populations et des élus concernés. (N° 608.)
VII. - Le 1er avril 2000, seule la Caisse des dépôts et consignations pourra collecter et gérer les dépôts des notaires ruraux. La question du devenir du fonds d'allégement des charges des agriculteurs est donc posée. En effet, le Crédit agricole, précédemment chargé de ces fonctions, affectait les produits financiers tirés de la gestion des dépôts à des actions d'intérêt général en faveur de l'agriculture. Le dispositif en place depuis dix ans avait montré son efficacité.
M. Gérard César demande à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie de lui apporter des précisions sur la reconduction de ce dispositif par le nouveau gestionnaire. (N° 611.)
VIII. - M. Michel Charzat attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat au logement relativement au devenir du squat sis 61, rue d'Avron, dans le XXe arrondissement de Paris.
Depuis décembre 1997, l'immeuble, anciennement à usage de bureaux, du 61, rue d'Avron, actuellement propriété du CDR, Consortium de réalisation, est occupé par 75 familles totalisant 400 personnes, dont 280 enfants. Ces familles, qui vivent dans des locaux inadaptés, connaissent des conditions d'insalubrité et d'insécurité inacceptables.
Cet immeuble est destiné à être transformé en logements sociaux. Le programme prévoit 120 logements. A cet effet, un accord a été conclu entre le CDR, propriétaire de l'immeuble, et LOGIREP, promoteur de logements sociaux. Cet accord arrive à échéance fin septembre 1999. La réalisation de ce programme est conditionnée à la libération par les occupants actuels de l'immeuble.
Il est urgent de reloger les familles à la fois pour des raisons sociales évidentes et pour permettre la réalisation du programme de construction de logements sociaux. Malgré les efforts de la mairie du XXe arrondissement, qui a entrepris de nombreuses démarches et organisé trois « tables rondes » regroupant les représentants de la mairie du XXe, de la préfecture de Paris, de la préfecture de police, du CDR, de LOGIREP, la situation reste en l'état.
La solution du problème nécessite : qu'une enquête sociale soit réalisée immédiatement afin de connaître le nombre de familles à reloger et leur composition ; que le relogement des familles soit effectué rapidement.
Ces deux points nécessitent un partenariat actif entre la mairie de Paris et la préfecture de Paris.
La préfecture de Paris s'engage à participer, en partenariat avec la ville de Paris, au financement de l'enquête sociale et au relogement des familles et son effort sera à la hauteur de celui de la ville de Paris. LOGIREP, de son côté, a donné son accord pour participer au relogement des familles. La mairie du XXe participera également à ce relogement à la hauteur de ses capacités.
En revanche, jusqu'à présent, et malgré de nombreuses sollicitations de la mairie du XXe arrondissement, la mairie de Paris refuse de participer au financement de l'enquête sociale et au relogement des familles concernées. Cette attitude de principe ne peut être recevable car elle interdit toute résolution d'un problème dont la ville ne peut, par ailleurs, se désintéresser.
Pour éviter l'enlisement de cette affaire, et compte tenu de l'urgence sociale, il lui demande quelles sont les dispositions qu'il entend prendre pour contribuer au règlement de ce dossier. (N° 612.)
IX - Mme Gisèle Printz interroge Mme le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur le statut des praticiens adjoints contractuels, ou PAC.
La loi n° 99-641 du 27 juillet 1999 portant création d'une couverture maladie universelle a régularisé en partie la situation des médecins étrangers ayant un diplôme hors Communauté européenne et, notamment, celle des praticiens adjoints contractuels. Pourtant, quelques points restent en suspens concernant leur statut, encore précaire.
En effet, alors qu'ils ont les mêmes responsabilités que les praticiens hospitaliers et effectuent le même travail, ils touchent un salaire nettement inférieur à leurs homologues, et leur développement de carrière progresse beaucoup plus lentement. Ce point touche profondément, moralement et matériellement les intéressés.
En outre, la loi du 27 juillet 1999 ne reconnaît la compétence des PAC qu'en médecine générale, alors que la majorité d'entre eux possède des diplômes de spécialistes effectués et validés en France. Cette situation pose également problème aux intéressés qui souhaiteraient que leur spécialité soit reconnue, comme l'est celle de leurs homologues français.
Enfin, malgré le fait qu'ils aient déjà passé un concours complet, ils doivent repasser le même concours pour accéder au statut du praticien hospitalier dans les services publics de santé, ce qui représente un obstacle supplémentaire sur le long parcours que les PAC doivent franchir pour pouvoir exercer leur vocation.
Elle lui demande donc de bien vouloir lui préciser si ces points ont été pris en compte dans la réflexion sur le statut des PAC et, le cas échéant, quelles mesures le Gouvernement entend prendre afin de mettre un terme à ces situations qui lui semblent inéquitables. (N° 614.)
X. - Inquiet devant la montée de la violence et de la délinquance dans son département, M. Christian Demuynck souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur l'incompréhensible dissolution récente de la compagnie départementale d'intervention.
Cet acte sans explications, dans un département synonyme de non-droit, risque fort d'accroître l'insécurité vécue au quotidien par les Séquano-Dyonisiens.
En outre, se pose la délicate question des fonctionnaires de cette compagnie qui, si cette dissolution n'est pas reportée sine die, devront trouver une nouvelle affectation.
Il entend, par conséquent, connaître avec précision les motifs de la suppression de cette compagnie de Seine-Saint-Denis, ainsi que les mesures prévues quant à l'avenir des 88 fonctionnaires concernés.
Au surplus, il souhaite que le ministre présente la politique envisagée par le Gouvernement afin que cette déplorable mesure ne laisse pas la Seine-Saint-Denis désarmée face à l'insécurité quotidienne. (N° 616.)
A seize heures et le soir :
2. Discussion du projet de loi (n° 22, 1999-2000), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la réduction négociée du temps de travail.
Rapport (n° 30, 1999-2000) de M. Louis Souvet, fait au nom de la commission des affaires sociales.
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 2 novembre 1999, à onze heures ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : ouverture de la discussion générale.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à dix-sept heures cinquante-cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





NOMINATION D'UN BUREAU PROVISOIRE
D'UNE DÉLÉGATION

Dans sa séance du mercredi 27 octobre 1999, la délégation du Sénat à l'aménagement et au développement durable du territoire a procédé à la nomination de son bureau provisoire, qui est ainsi constitué :
Président : M. Jean-Pierre Raffarin.
Vice-présidents : MM. Jean François-Poncet, Claude Belot, Gérard Larcher, Jacques Bellanger.
Secrétaire : M. Gérard Le Cam.

NOMINATIONS DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DE LA DÉFENSE ET DES FORCES ARMÉES

M. Aymeri de Montesquiou a été nommé rapporteur du projet de loi n° 15 (1999-2000) autorisant l'approbation des amendements à la convention pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution.
M. Aymeri de Montesquiou a été nommé rapporteur du projet de loi n° 16 (1999-2000) autorisant l'approbation des amendements au protocole relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution d'origine tellurique.
M. Aymeri de Montesquiou a été nommé rapporteur du projet de loi n° 17 (1999-2000) autorisant l'approbation des amendements au protocole relatif à la prévention de la pollution de la mer Méditerranée par les opérations d'immersion effectuées par les navires et les aéronefs.
M. Aymeri de Montesquiou a été nommé rapporteur du projet de loi n° 18 (1999-2000) autorisant l'approbation du protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée (ensemble trois annexes adoptées à Monaco le 24 novembre 1996).

COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES

M. Guy Fischer a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 489 (1998-1999) de Mme Marie-Claude Beaudeau relative à l'amélioration du recouvrement des créances des salariés en cas de défaillance de leur entreprise.

COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LÉGISLATION, DU SUFFRAGE UNIVERSEL, DU RÈGLEMENT ET D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
M. Christian Bonnet a été nommé rapporteur de la proposition de loi organique n° 77 (1998-1999), adoptée par l'Assemblée nationale, relative à l'inéligibilité du médiateur des enfants.
M. Christian Bonnet a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 76 (1998-1999), adoptée par l'Assemblée nationale, instituant un médiateur des enfants.
M. Jean-Paul Delevoye a été nommé rapporteur du projet de loi n° 460 (1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, relatif à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage.

ORGANISMES EXTRAPARLEMENTAIRES
COMITÉ LOCAL D'INFORMATION ET DE SUIVI
DU LABORATOIRE SOUTERRAIN DE BURE

Lors de sa séance du 27 octobre 1999, le Sénat a désigné MM. Georges Berchet et Rémi Herment pour siéger au sein du comité local d'information et de suivi du laboratoire souterrain de Bure.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Révision de la carte judiciaire dans les Bouches-du-Rhône

627. - 27 octobre 1999. - M. André Vallet attire l'attention de Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la révision de la carte judiciaire, notamment quant à ses implications dans les Bouches-du-Rhône. Il lui rappelle, qu'au vu des solutions envisagées par la commission en charge de la révision, l'avenir de la juridiction salonnaise paraît très compromise, alors que la qualité de son activité n'est nullement en cause, tant au plan quantitatif - 1 467 affaires contentieuses ont pris fin en 1997 -, qu'au plan qualitatif - 95 % des jugements sont rendus à moins d'un mois, avec un taux d'appel d'à peine 8 % et une inversion des résultats concernant 2 % des dossiers. Il lui rappelle également que la vitalité du bassin économique placé sous la compétence du tribunal de commerce de Salon-de-Provence justifie pleinement le maintien de cette juridiction, et que la suppression de ce tribunal n'aurait aucune cohérence alors que la chambre de commerce de Marseille vient d'installer une structure à Salon-de-Provence, que la chambre des métiers va prochainement y implanter une partie de ses activités, que cette ville a été la commune ayant créé le plus grand nombre d'emplois en 1998 pour l'ensemble de la région Provence - Alpes-Côte d'Azur. Il lui indique, en outre, que cette éventuelle disparition serait également supportée par le justiciable qui, outre des frais de déplacement supplémentaires, se verrait imposer des délais de traitement des affaires plus longs et que cette situation serait tout à fait contraire à la politique tendant à développer une justice de proximité. Dès lors, il lui demande quelles raisons objectives seraient de nature à justifier la suppression, ou la forte diminution, de l'activité du tribunal de commerce de Salon-de-Provence.

Droits des salariés dans les grandes entreprises

628. - 27 octobre 1999. - M. Michel Duffour appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur les conséquences qu'entraîne pour la vie des salariés l'intransigeance des directions des grandes entreprises. C'est ainsi que Cegelec, filiale d'Alcatel-Alsthom pour le bâtiment, se permet de licencier et de mettre à pied du personnel protégé et non protégé dont la seule faute est d'avoir fait grève pour faire respecter des avantages acquis et d'avoir occupé les locaux de Nanterre, décision prise par la majorité des salariés devant le refus de négocier de la direction. C'est une remise en cause inacceptable du droit de grève. Le groupe entier refuse d'aborder les questions de la réduction du temps de travail avec les représentants du personnel et, en préalable à toute discussion, procède à une remise en cause des avantages acquis dans le cadre des conventions collectives. Ce faisant, le groupe se comporte comme s'il voulait faire payer, par anticipation, les 35 heures en supprimant la prime d'outillage, les temps de pause dans la durée effective du temps de travail. L'émoi est grand parmi les salariés qui ont pris au pied de la lettre les décisions gouvernementales et parlementaires concernant la réduction du temps de travail. Rappelant que des collègues députés l'ont également interpellée sur cette question, il lui demande ce qu'elle compte faire pour ramener à la raison les dirigeants des grandes entreprises et que cesse leur jeu de massacre de vies humaines.

Situation au Timor oriental

629. - 27 octobre 1999. - M. Jean Chérioux se propose d'interroger M. le ministre des affaires étrangères sur la situation au Timor oriental. Il souhaite, en particulier, connaître l'aide qu'apporte la France à ce pays et les conséquences juridiques qu'elle a tirées de l'accession de nouvel Etat à l'indépendance.

Contrat de plan en Haute-Loire

630. - 27 octobre 1999. - M. Adrien Gouteyron attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur les très graves conséquences pour le département de la Haute-Loire du contrat de plan à venir dans l'hypothèse où l'Etat s'en tiendrait à l'enveloppe annoncée de 875 millions de francs pour sept ans. Il lui rappelle que, pour le précédent contrat de plan, une enveloppe de 1,350 milliard de francs avait été prévue. Il tient également à lui rappeler que l'enveloppe annoncée ne permettra pas la réalisation d'opérations routières absolument indispensables : raccordement de Brioude à l'A 75, contournement du Puy-en-Velay, travaux entre Yssingeaux et Le Puy-en-Velay... Il lui demande donc si l'Etat envisage d'abonder ou non l'enveloppe annoncée.