Séance du 31 mars 1999






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Aménagement et développement durable du territoire. - Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 1 ).

Article 35 (priorité) (p. 2 )

Amendements n°s 304 de M. Le Cam, 89 rectifié et 90 de la commission. - Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Gérard Larcher, rapporteur de la commission spéciale ; Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement ; M. Jacques Bellanger. - Rejet de l'amendement n° 304 ; adoption des amendements n°s 89 rectifié et 90.
Adoption de l'article modifié.

Article 25 (p. 3 )

Amendement n° 319 de M. Désiré. - MM. Jacques Bellanger, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 320 de M. Désiré. - MM. Jacques Bellanger, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 314 de M. Désiré et sous-amendement n° 350 de Mme Michaux-Chevry. - MM. Jacques Bellanger, Philippe François, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Adoption de l'article modifié.

Article 26 et article 20 (suite) (p. 4 )

Amendement n° 77 de la commission. - M. Charles Revet, rapporteur de la commission spéciale ; Mme le ministre, M. Jacques Bellanger. - Adoption.
Amendement n° 192 rectifié de M. Cornu. - MM. Bernard Fournier, Charles Revet, rapporteur. - Retrait.
Amendement n° 127 rectifié (précédemment réservé) de M. Arnaud. - MM. Philippe Arnaud, Charles Revet, rapporteur. - Retrait.
Adoption de l'article 20 modifié.
Amendement n° 223 rectifié de Mme Bardou. - Mme Janine Bardou. - Retrait.
Adoption de l'article 26 modifié.

Articles additionnels après l'article 26 (p. 5 )

Amendement n° 193 de M. Lassourd. - MM. Patrick Lassourd, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Retrait.
Amendement n° 194 rectifié de M. Cornu. - MM. Bernard Fournier, Gérard Larcher, rapporteur. - Retrait.
Amendement n° 195 de M. Cornu. - MM. Bernard Fournier, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 27. - Adoption (p. 6 )

Article 28 (p. 7 )

Amendement n° 78 de la commission. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 29 (p. 8 )

M. Pierre Lefebvre.
Amendements n°s 79 de la commission, 299 et 300 de M. Le Cam. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Pierre Lefebvre, Mme le ministre, MM. Jacques Bellanger, Gérard Delfau. - Adoption de l'amendement n° 79 supprimant l'article, les amendements n°s 299 et 300 devenant sans objet.

Article 30 (p. 9 )

Amendement n° 80 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, MM. Jacques Bellanger, Daniel Hoeffel, Jean François-Poncet, président de la commission spéciale ; Jacques Oudin, Jean-Paul Emorine. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 30 (p. 10 )

Amendement n° 301 de M. Le Cam et sous-amendement n° 351 du Gouvernement. - Mmes Odette Terrade, le ministre, M. Gérard Larcher, rapporteur. - Rejet du sous-amendement et de l'amendement.

Article 31 (p. 11 )

Amendement n° 81 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, M. Jacques Bellanger. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 32 (p. 12 )

MM. Michel Teston, Jacques Oudin.
Amendements n°s 82 de la commission, 302, 303 de M. Le Cam et 315 de M. Désiré. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Guy Fischer, Jacques Bellanger, Mme le ministre, MM. le président de la commission, Jacques Oudin ; Jacques Bellanger. - Adoption de l'amendement n° 82 supprimant l'article, les autres amendements devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 32 (p. 13 )

Amendement n° 85 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 83 rectifié de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, M. Jacques Bellanger, Mme Odette Terrade, MM. Jacques Oudin, Adrien Gouteyron. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article additionnel après l'article 32
ou après l'article 33 (p. 14 )

Amendement n° 84 de la commission et sous-amendements n°s 344 à 348 de M. Oudin et 349 de M. Raffarin ; amendement n° 1 rectifié de M. Oudin. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Jacques Oudin, Jean-Pierre Raffarin, Charles Revet, rapporteur ; Mmes le ministre, Hélène Luc, MM. François Gerbaud, Jacques Bellanger. - Adoption des sous-amendements n°s 344 à 349 et de l'amendement n° 84 modifié insérant un article additionnel après l'article 32, l'amendement n° 1 rectifié devenant sans objet.

Article 16 (précédemment réservé) (p. 15 )

M. Michel Teston.
Amendements n°s 50 de la commission, 17 de M. Gouteyron, 122 rectifié de M. Arnaud et 175 rectifié de M. Cornu. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Guy Vissac, Pierre Jarlier, Bernard Fournier, Mme le ministre. - Retrait des amendements n°s 122 rectifié, 17 et 175 rectifié ; adoption de l'amendement n° 50 supprimant l'article.

Articles additionnels après l'article 32 (p. 16 )

Amendements n°s 86 et 87 de la commission. - Adoption des amendements insérant deux articles additionnels.

Article 33 (p. 17 )

Amendement n° 88 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Suspension et reprise de la séance (p. 18 )

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE

M. Gérard Larcher, rapporteur.

Suspension et reprise de la séance (p. 19 )

Article additionnel après l'article 16
(précédemment réservé) (p. 20 )

Amendements n°s 138 rectifié de M. de Rohan et 332 rectifié du Gouvernement. - M. François Gerbaud, Mme le ministre, MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Jean-Pierre Raffarin, Jacques Bellanger. - Adoption de l'amendement n° 138 rectifié insérant un article additionnel, l'amendement n° 332 devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 33 (p. 21 )

Amendements n°s 2 rectifié à 15 rectifié bis de M. Oudin. - MM. Jacques Oudin, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre ; MM. Jacques Bellanger, Gérard Le Cam, Serge Lagauche. - Retrait des amendements n°s 5 rectifié, 9 rectifié bis, 10 rectifié, 13 rectifié et 14 rectifié ; adoption des amendements n°s 2 rectifié à 4 rectifié, 6 rectifié bis à 8 rectifié, 11 rectifié bis, 12 rectifié ter et 15 rectifié bis insérant neuf articles additionnels.

Article 34. - Adoption (p. 22 )

Articles additionnels après l'article 34 (p. 23 )

Amendements n°s 219 et 220 de M. Gournac. - MM. Alain Gournac, Gérard Larcher, rapporteur. - Retrait des deux amendements.

Article 34 bis. - Adoption (p. 24 )

Article additionnel après l'article 34 bis (p. 25 )

Amendement n° 212 rectifié ter de M. Gruillot. - MM. Georges Gruillot, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, M. Gérard Delfau. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
L'article 35 a été appelé en priorité après l'article 24.

Articles additionnels après l'article 35 (p. 26 )

Amendement n° 91 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 92 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, M. Jean-Pierre Raffarin. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 36 (p. 27 )

M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, MM. Georges Gruillot, Michel Mercier.
Rejet de l'article.

Article 37 (p. 28 )

Amendements n°s 93 de la commission et 204 de M. François. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Philippe François, Mme le ministre, MM. Gérard Delfau, Charles Revet, Mme Janine Bardou, M. Georges Gruillot. - Retrait de l'amendement n° 204 ; adoption de l'amendement n° 93 supprimant l'article.

Article 38 (p. 29 )

Amendement n° 128 de M. Louis Mercier. - MM. Louis Mercier, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
M. le président.

Suspension et reprise de la séance (p. 30 )

M. le président de la commission ; Mme le ministre.

Articles additionnels après l'article 38 (p. 31 )

Amendements n°s 94 et 95 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, MM. Gérard Delfau, Jacques Bellanger. - Adoption des amendements insérant deux articles additionnels.
Amendement n° 96 de la commission et sous-amendement n° 352 rectifié du Gouvernement. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, MM. Gérard Delfau, Jacques Bellanger, Mme Odette Terrade. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel.
Amendement n° 97 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 98 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Renvoi de la suite de la discussion.

3. Dépôt d'un projet de loi (p. 32 ).

4. Transmission d'un projet de loi (p. 33 ).

5. Dépôt d'une proposition de loi (p. 34 ).

6. Retrait d'une proposition de loi (p. 35 ).

7. Dépôt de rapports (p. 36 ).

8. Dépôt d'un rapport d'information (p. 37 ).

9. Ordre du jour (p. 38 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

AMÉNAGEMENT ET DÉVELOPPEMENT
DURABLE DU TERRITOIRE

Suite de la discussion d'un projet de loi
déclaré d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 203, 1998-1999) d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire et portant modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence. [Rapport n° 272 (1998-1999).]
Mes chers collègues, quatre-vingt-dix amendements restent à examiner. Je ne peux que vous inviter à être le plus complets possible dans la concision. Car le temps passe et nous presse !
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 35, pour lequel la priorité a été ordonnée.

Article 35 (priorité)



M. le président.
« Art. 35. - Après le premier alinéa de l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme, il est inséré deux alinéas ainsi rédigés :
« Le schéma directeur de la région d'Ile-de-France a pour objectif de maîtriser la croissance urbaine et démographique et l'utilisation de l'espace tout en garantissant le rayonnement international de cette région. Il précise les moyens cohérents à mettre en oeuvre pour corriger les disparités spatiales, sociales et économiques de la région, coordonner l'offre de déplacement et préserver les zones rurales et naturelles afin d'assurer les conditions d'un développement durable de la région.

« A titre transitoire, ces nouvelles dispositions ne prendront effet qu'à la prochaine révision du schéma directeur de la région d'Ile-de-France selon les modalités prévues au huitième alinéa du présent article. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 304, M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit cet article :
« Après le premier alinéa de l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Le schéma directeur de la région d'Ile-de-France a pour objectif de permettre une croissance équilibrée du territoire tout en garantissant le rôle national, européen et le rayonnement mondial. Il précise les moyens cohérents à mettre en oeuvre pour corriger les disparités spatiales, sociales, économiques et culturelles de la région, faciliter le développement de l'ensemble des activités économiques et notamment industrielles, coordonner et améliorer l'offre de déplacement urbain, notamment de banlieues à banlieues, promouvoir l'habitat social, et préserver les zones rurales, naturelles et agricoles afin d'assurer les conditions d'un développement durable de la région. »
Par amendement n° 89, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par l'article 35 pour être inséré après le premier alinéa de l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme :
« Le schéma directeur de la région d'Ile-de-France précise les moyens cohérents à mettre en oeuvre pour renforcer la position de Paris comme métropole européenne, conforter le rayonnement international de la région d'Ile-de-France et assurer son développement qualitatif tout en maîtrisant sa croissance urbaine et démographique et l'utilisation de l'espace. Il précise les moyens cohérents à mettre en oeuvre pour réduire les disparités spatiales, sociales et économiques de la région et celles permettant de préserver les territoires ruraux et espaces naturels afin d'assurer les conditions d'un développement durable de la région. »

Par amendement n° 90, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent :
I. - De compléter in fine l'article 35 par un paragraphe ainsi rédigée :
« B. - La seconde phrase du deuxième alinéa est ainsi rédigée : "Il doit également prendre en compte les orientations des schémas directeurs d'équipements et de services, du schéma directeur des territoires ruraux et des espaces naturels et du schéma directeur du bassin parisien institués par la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire". »

II. - En conséquence, de remplacer le premier alinéa de cet article par deux alinéas ainsi rédigés :
« L'article L. 141-1 du code de l'urbanisme est ainsi modifié :
« A. - Après le premier alinéa sont insérés deux alinéas ainsi rédigés : ».
La parole est à Mme Beaudeau, pour présenter l'amendement n° 304.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, notre amendement vise à modifier l'expression des objectifs du schéma directeur de la région d'Ile-de-France, le SDRIF.
Tout d'abord, l'article 35 précise que le SDRIF doit « maîtriser la croissance urbaine et démographique ». Nous proposons de corriger cette expression, que nous trouvons étroite et restrictive, et de lui substituer les termes : « permettre une croissance équilibrée », que nous trouvons plus mobilisateurs, plus complets, plus riches en potentialité et, surtout, excluant toute limitation.
L'article 35 précise également que le SDRIF « garantit le rayonnement international de cette région ». Nous trouvons le terme : « international » trop vague ; le rôle européen de l'Ile-de-France comme complément du rôle national ne peut pas être oublié. Une étude réalisée récemment par une firme anglaise, Hesley et Baker, montre en effet que Paris est, après Londres, la ville la plus intéressante d'Europe pour les entreprises ; c'est également la deuxième cité du continent en termes d'accès aux marchés, que ce soit pour les fournisseurs ou les clients.
Quant au rayonnement mondial, de notre point de vue, il englobe des acquis, des réalités, mais aussi de fortes potentialités à développer.
Nous proposons donc d'écrire que le SDRIF garantit « le rôle national, européen et le rayonnement mondial ». Cette formulation nous semble plus fine et plus mobilisatrice.
Nous proposons également de retenir comme objectif la correction des disparités non seulement spatiales, sociales et économiques de la région, comme il est précisé dans le texte, mais aussi « culturelles ». C'est peut-être même dans le domaine culturel que les disparités sont les plus fortes.
Nous proposons par ailleurs d'ajouter à la coordination de l'offre de déplacements urbains un autre objectif : l'amélioration de cette même offre. C'est d'ailleurs l'objectif des plans de déplacement urbain actuellement fixés au cours des nombreuses réunions qui ont lieu dans les départements, sur l'initiative des préfets.
Je crois que notre proposition est réaliste, étant précisé que le SDRIF doit prévoir cette amélioration des transports en commun, notamment de banlieue à banlieue.
Deux autres objectifs doivent être également ajoutés : le développement du logement social, qui est une condition essentielle à un développement démographique de l'Ile-de-France, ainsi que la préservation des zones rurales et naturelles, qui doit donc s'accompagner de la préservation des zones agricoles.
Vous le voyez, mes chers collègues, nos propositions visent à rendre plus crédibles et plus percutants les objectifs donnés au SDRIF. En fait, notre amendement vise à apporter plus de finesse et d'efficacité à l'article 141-1 du code de l'urbanisme.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter les amendements n°s 89 et 90 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 304.
M. Gérard Larcher, rapporteur de la commission spéciale. Trois des articles de la loi du 4 février 1995 étaient consacrés à l'Ile-de-France : l'article 39, qui insistait sur la nécessité de renforcer le rôle de Paris comme métropole européenne et le rayonnement de l'Ile-de-France ; l'article 40, qui déterminait le contenu du schéma directeur de la région d'Ile-de-France, et l'article 41, qui prévoyait un agrément pour le développement d'installations économiques.
Le projet de loi voté par l'Assemblée nationale a abrogé l'article 39, qui portait d'ailleurs sur le lien entre schéma directeur et schéma national d'aménagement et de développement du territoire.
Il a complété l'article 40 et il ne touche pas l'article 41, article qui prévoit un agrément pour le développement d'installations économiques dans le souci de rééquilibrage du territoire. Je rappelle que nous avions longuement débattu en décembre 1994 de ce rééquilibrage entre l'Ile-de-France et le reste de la France, notamment du fait de l'attractivité économique propre à cette région.
La commission propose de conserver les apports de l'article 40 en termes de maîtrise de la croissance, qu'elle soit économique, avec ses conséquences urbaines, ou démographique. Elle reprend les dispositions ambitieuses de l'article 39 sur la nécessité de renforcer Paris comme métropole européenne et sur le rayonnement international de l'Ile-de-France.
J'en viens à l'amendement n° 89, que je souhaite rectifier pour y mentionner les disparités culturelles. Il nous semble nécessaire - et nous partageons cette préoccupation avec Mme Beaudeau - de les viser, parce qu'il existe de véritables disparités entre certaines parties du territoire de la région Ile-de-France.
Quant à l'amendement n° 90, il est purement rédactionnel et de coordination.
Comme l'amendement n° 89, l'amendement n° 304 vise à réécrire l'article en faisant référence au rôle européen de l'Ile-de-France, en affirmant la nécessité d'équilibrer, y compris au sein de la région, les disparités spatiales, sociales, culturelles et économiques. Il répond en partie aux préoccupations traduites dans l'amendement de la commission.
Toutefois, celle-ci préfère la rédaction de son propre amendement. Elle a donc émis un avis défavorable sur l'amendement du groupe communiste républicain et citoyen.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 89 rectifié, présenté par MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, et tendant à rédiger comme suit le premier alinéa du texte proposé par l'article 35 pour être inséré après le premier alinéa de l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme :
« Le schéma directeur de la région d'Ile-de-France précise les moyens cohérents à mettre en oeuvre pour renforcer la position de Paris comme métropole européenne, conforter le rayonnement international de la région d'Ile-de-France et assurer son développement qualitatif tout en maîtrisant sa croissance urbaine et démographique et l'utilisation de l'espace. Il précise les moyens cohérents à mettre en oeuvre pour réduire les disparités spatiales, sociales, culturelles et économiques de la région et celles permettant de préserver les territoires ruraux et espaces naturels afin d'assurer les conditions d'un développement durable de la région. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 304, 89 rectifié et 90 ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je vais, monsieur le président, m'efforcer à la brièveté que vous avez appelée de vos voeux.
L'amendement n° 304 tient peu compte du poids économique considérable de l'Ile-de-France, poids qui a d'ailleurs tendance à s'accroître. Je rappelle que cette région représentait 29 % du produit intérieur brut national en 1996, contre 27 % en 1982. Ces chiffres semblent bien indiquer que, année après année, l'écart avec la province continue de se creuser.
Dès lors, il ne me paraît guère souhaitable d'inscrire dans ce projet de loi un objectif de renforcement économique de cette région.
L'enjeu, en l'occurrence, c'est le rééquilibrage territorial et le polycentrisme d'une région qui ne peut axer sa dynamique uniquement sur Paris.
J'émets, par conséquent, un avis défavorable.
L'amendement n° 89 rectifié ne me semble pas apporter quoi que ce soit de fondamental par rapport à la rédaction actuelle de l'article 35, pour laquelle j'éprouve, je l'avoue, une tendresse toute particulière. (Sourires.)
Quant à l'amendement n° 90, il me paraît redondant. En effet, le schéma directeur de la région d'Ile-de-France tient bien lieu de schéma directeur régional aux termes de l'article L. 141-1 du code de l'urbanisme. Il doit donc être compatible avec les schémas de services collectifs.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 304.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Afin de faire gagner du temps, je m'exprimerai sur les trois amendements en discussion.
L'amendement n° 304 nous laisse quelque peu hésitants. Nous pensons qu'il n'apporte pas grand-chose par rapport à la rédaction qui nous vient de l'Assemblée nationale. Par conséquent, nous nous abstiendrons.
En revanche, nous sommes franchement défavorables à l'amendement n° 89 rectifié, auquel nous préférons nettement la rédaction de l'Assemblée nationale. En effet, cet amendement renverse complètement les priorités : il commence par affirmer le rôle de Paris comme métropole européenne, puis insiste sur la nécessité de conforter le rayonnement de la région parisienne, pour évoquer enfin la maîtrise de la croissance urbaine et démographique ainsi que de l'utilisation de l'espace.
Quant à l'amendement n° 90, il fait référence au schéma directeur du bassin parisien, que nous avons refusé hier ; nous ne pourrons donc, par cohérence, le voter.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. J'ai bien entendu ce que nous ont dit M. le rapporteur, puis Mme la ministre.
Je croyais que le constat et l'analyse des conditions de vie de la grande majorité des Franciliens étaient partagés.
Mme la ministre a rappelé le poids économique de la région d'Ile-de-France dans le pays. Mais il ne faut pas oublier qu'il existe, dans cette région, des territoires - c'est M. le préfet de région lui-même qui emploie ce terme pour montrer que le phénomène ignore les frontières départementales et que, notamment, certains arrondissements de l'est et du centre sont également touchés - dans lesquels le taux de chômage dépasse 30 %, voire 40 %.
Certes, cette région est riche, mais elle comprend aussi des secteurs en très grande difficulté. De nombreuses familles sont mal logées et bien d'autres problèmes sont loin d'être réglés. Or, comme je l'ai indiqué lors de la discussion générale, lorsqu'on règle les problèmes que connaît l'Ile-de-France, on entraîne le pays tout entier,
Les amendements n°s 89 rectifié et 90 ne prennent pas en compte les modifications que je souhaite apporter avec l'amendement n° 304.
Ainsi, M. le rapporteur nous propose de conserver la notion de « maîtrise ».
Par ailleurs, monsieur le rapporteur, vous nous présentez Paris comme une métropole européenne, mais il n'est pas question de son rôle à la fois national et européen. J'ajoute que, accolé à l'idée de rayonnement, l'adjectif « international » nous paraît bien neutre par rapport à « mondial » ; je le trouve même inadapté et, en tout cas, très imprécis.
Vous reconnaissez que les disparités culturelles doivent être prises en compte, mais vous ne faites pas expressément référence à une préservation des zones agricoles.
Vous faites disparaître le rôle du schéma directeur de la région d'Ile-de-France dans le domaine de la coordination et de l'aménagement des transports urbains, notamment de banlieue à banlieue, alors que ces liaisons constituent un grave problème dans cette région.
Non seulement votre texte n'est pas plus complet que celui qui nous est présenté dans le projet de loi, mais il est plus imprécis, voire plus désordonné.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. M. Bellanger nous reproche d'affirmer d'emblée le rôle de Paris comme métropole européenne. Cette affirmation est simplement le constat d'une réalité, celle de la place de Paris, non pas par rapport au reste de la région d'Ile-de-France ou de la France, mais au sein de l'Europe.
Je me permets de le renvoyer au classement établi quant au nombre de quartiers généraux entre le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et la France. Nous fûmes longtemps les premiers et nous sommes maintenant, à cet égard, les cinquièmes de la classe !
Ce n'est en rien aller contre l'aménagement et l'équilibre du territoire que d'affirmer le rôle de Paris comme métropole européenne et de dire qu'il s'agit là d'un véritable enjeu pour l'ensemble du pays. Je n'inverse pas l'ordre des priorités : je tiens compte d'une réalité qui, dès 1994, nous préoccupait.
M. Alain Gournac. Tout à fait !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Me voilà déjà surprise à manquer à la règle de conduite que, à votre invitation, monsieur le président, je m'étais fixée. Mais je me sens obligée de répondre à M. le rapporteur.
En effet, il y a bien une différence entre nous. Dès l'article 2, nous avions souhaité affirmer que la politique d'aménagement et de développement durable du territoire reposait notamment sur le choix stratégique suivant : « renforcer les pôles de développement à vocation européenne et internationale, susceptibles d'offrir des alternatives à la région parisienne ». Nous nous situons bien dans une logique d'équilibre et de promotion de plusieurs pôles métropolitains d'équilibre.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous sommes d'accord sur ce point !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Dès lors, le fait de préciser seulement le rôle de Paris comme métropole européenne dans un article qui vise à proposer une planification pour vingt ans, donc à long terme, s'agissant d'une région aussi étendue que l'Ile-de-France nous paraît extrêmement dangereux.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 304, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 89 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 90, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 35, modifié.

(L'article 35 est adopté.)

Article 25



M. le président.
« Art. 25. - I. - L'article 42 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est ainsi modifié :
« 1° La première phrase du deuxième alinéa est ainsi rédigée :
« Ces zones comprennent les zones d'aménagement du territoire, les territoires ruraux de développement prioritaire, les zones urbaines sensibles et les zones prioritaires ultra-périphériques. » ;
« 2° Il est ajouté un 4 ainsi rédigé :
« 4. Les zones prioritaires ultra-périphériques recouvrent les départements d'outre-mer. »
« II. - Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement proposera, dans le cadre d'un projet de loi d'orientation pour les départements d'outre-mer, des dispositions visant à l'adapter aux spécificités de chaque département d'outre-mer. Ce projet complétera notamment les mesures prévues par la présente loi en faveur des zones prioritaires ultra-périphériques, en vue de garantir leur développement économique et culturel.
« Il contribuera à assurer aux habitants des zones prioritaires ultra-périphériques des conditions de vie équivalentes à celles ayant cours sur les autres parties du territoire.
« III. - Le B de l'article 42 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Tous les trois ans, à compter de la promulgation de la loi n°dud'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, un rapport d'évaluation de l'impact des politiques visées au premier alinéa sera remis au Parlement. »
Par amendement n° 319, MM. Désiré, Larifla, Lise et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit la fin du troisième alinéa du paragraphe I de cet article : « ..., les zones urbaines sensibles et les régions ultra-périphériques françaises. »
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Le projet de loi d'orientation et de développement durable du territoire a intégré dans l'article 42 de la loi du 4 février 1995, qui traite des zones prioritaires d'aménagement du territoire, la notion de « zones prioritaires ultra-périphériques », d'une part, pour signifier la nécessité de mettre en oeuvre des politiques renforcées et différenciées de développement dans les départements d'outre-mer, compte tenu de leurs handicaps, géographiques, économiques et sociaux, d'autre part, pour reconnaître en droit français le concept européen d'« ultra-périphicité ».
Cependant, la notion de « zones prioritaires ultra-périphériques » ne correspond pas à celle qui est mentionnée en droit européen, et plus exactement par le traité d'Amsterdam. Celui-ci fait référence, dans son article 299-2, à la notion de « régions ultra-périphériques » et non à celle de « zones prioritaires ultra-périphériques ».
En conséquence, par symétrie avec la terminologie européenne, cet amendement vise à remplacer la notion de « zones prioritaires ultra-périphériques » par celle de « régions ultra-périphériques françaises ».
Par ailleurs, il donne un contenu à ce concept en reprenant la définition figurant à l'article 299-2 du traité d'Amsterdam.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'article 25 du projet de loi est notamment relatif aux départements d'outre-mer.
Je voudrais ici souligner la nécessité de prendre en compte la spécificité de ces départements : Guadeloupe, Martinique, Réunion et Guyane. Ils constituent un héritage de notre histoire et appellent des dispositions spécifiques.
C'est pourquoi la commission spéciale a approuvé le dispositif de cet article qui consacre la notion d'« ultrapériphéricité » et prévoit l'intervention d'une loi d'orientation en faveur des départements d'outre-mer ; le Gouvernement s'est engagé à déposer au mois de novembre prochain le projet de loi d'orientation relatif à ces départements.
Pour ce qui est de l'amendement n° 319, nous souhaiterions connaître d'abord l'avis du Gouvernement.
Le traité d'Amsterdam, que vient d'évoquer M. Ballanger, fait explicitement référence aux départements d'outre-mer, qui comptent effectivement parmi les régions ultrapériphériques communautaires. Cet amendement vise donc plus qu'à un simple alignement sur la rédaction du traité d'Amsterdam : il y a là comme une avancée sémantique.
En cohérence avec sa position sur l'amendement n° 260 rectifié, à l'article 2, la commission spéciale souhaite, avant de donner son avis, obtenir du Gouvernement confirmation de l'engagement auquel j'ai fait allusion.
M. le président. Quel est, donc, l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je ferai d'abord une petite mise au point. M. le secrétaire d'Etat à l'outre-mer a confirmé devant les parlementaires l'engagement, qui figure dans la rédaction actuelle de l'article 25, de présenter un projet de loi d'orientation dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, et non pas au mois de novembre.
Quant à l'amendement n° 319, il reprend une formulation qui n'est pas seulement celle du traité d'Amsterdam mais qui est d'usage commun au sein des institutions européennes, et ce depuis longtemps.
Ainsi, les régions ultrapériphériques françaises retenues au titre de l'objectif 1 sont bien les départements d'outre-mer. Il s'agit du langage communément employé, et il me semble tout à fait intéressant de mettre en accord notre vocabulaire et celui qui est usité dans les cénacles européens.
Par conséquent, le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 319.
M. le président. Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 319, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 320, MM. Désiré, Larifla, Lise et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit le dernier alinéa du I de l'article 25 :
« 4. Les régions ultrapériphériques françaises recouvrent les départements d'outre-mer. Elles se caractérisent par les handicaps structurels suivants : éloignement, insularité, faible superficie, relief et climat difficiles, dépendance économique vis-à-vis d'un petit nombre de produits, dont la permanence et la combinaison nuisent gravement à leur développement et entraînent un retard économique et social important. Les mesures prises au regard de ces handicaps tiennent compte des domaines tels que les politiques douanières et commerciales, la politique fiscale, les zones franches, les politiques dans les domaines de l'agriculture et de la pêche, les conditions d'approvisionnement en matières premières et en biens de consommation de première nécessité et les conditions d'accès aux avantages destinés aux zones prioritaires d'aménagement du territoire tels que définis aux autres alinéas de cet article et à l'article 61 de la présente loi. »
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Cet amendement, qui se justifie par son texte même, vise à préciser les conditions spécifiques des régions ultrapériphériques.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Cet amendement reprend les termes de l'article 299, paragraphe 2, du traité sur l'Union européenne tel qu'il a été modifié par le traité d'Amsterdam. La commission y a donc émis un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'article 25 du présent texte prévoit que le Gouvernement proposera un projet de loi d'orientation consacré exclusivement aux questions de l'outre-mer. L'amendement n° 320 relève plus de l'exposé des motifs de la loi annoncée que de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire.
L'article 42 de la loi du 4 février 1995 énumère les différentes catégories de zonage qui relèvent des politiques d'aménagement et de développement du territoire. Aucune des zones mentionnées dans l'article ne fait l'objet d'un rappel détaillé de leur situation ni des catégories de mesures à mettre en oeuvre, ces points étant abordés dans les articles spécifiques à chaque zonage.
Ces questions devront, me semble-t-il, être traitées dans le projet de loi annoncé par le Gouvernement au II de l'article 25. Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Puisque nous traitons de l'outre-mer, pardonnez-moi, madame le ministre, mais, dans le domaine des déclarations d'intention, les articles 1er et 2 vont plus loin que la proposition de rédaction qui est reprise du traité d'Amsterdam.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 320, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 314, MM. Désiré, Larifla, Lise et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la seconde phrase du premier alinéa et dans le deuxième alinéa du II de l'article 25, de remplacer les mots : « zones prioritaires ultrapériphériques » par les mots : « régions ultrapériphériques françaises ».
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 350, présenté par Mme Michaux-Chevry et M. François, et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 314 par les mots : « en prenant en compte leur caractère insulaire et archipélagique, ».
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. La parole est à M. François, pour défendre le sous-amendement n° 350.
M. Philippe François. Ce sous-amendement, que Mme Michaux-Chevry, empêchée, souhaite voir adopté, vise à préciser, dans le texte proposé par l'article 25, que la politique d'aménagement et de développement du territoire prend en compte le caractère insulaire et archipélagique - ce mot est bien français ; il figure dans le Littré - de ces départements.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 314 et sur le sous-amendement n° 350 ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 314. Elle n'a pas examiné le sous-amendement n° 350, mais elle avait donné un avis favorable à l'amendement n° 264 déposé par Mme Michaux-Chevry, que ce sous-amendement reprend. La commission est donc favorable à ce sous-amendement, car il précise l'une des spécificités de certains de nos départements d'outre-mer. La Guyane, par exemple, n'a pas un caractère archipélagique mais elle est aussi au coeur des préoccupations du Gouvernement à travers ce projet de loi. Le mot « archipélagique » figure certes dans le dictionnaire, et j'épargnerai au Sénat la lecture d'un joli texte de Victor Hugo sur les archipels, qui aurait permis d'illustrer parfaitement les préoccupations des auteurs de l'amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 314 et le sous-amendement n° 350 ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le sous-amendement n° 350 paraît partiellement inexact. En effet, la Guyane n'est ni insulaire ni archipélagique.
M. Gérard Larcher, rapporteur. A l'exception des îles du Salut !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Il est aussi redondant par rapport à la définition des régions ultrapériphériques, qui est usitée à l'échelon européen et précisée dans le traité d'Amsterdam. Cet ajout semble donc inutile. En conséquence, le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 350 mais il est favorable à l'amendement n° 314.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 350.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Nous ne voulons pas nous prononcer sur le fond de ce sous-amendement. J'ai dit tout à l'heure que l'amendement n° 314 était un texte de coordination avec les dispositions précédemment votées. Nous ne pouvons donc pas être favorable à un texte qui n'est pas de stricte coordination. Par ailleurs, je rejoins les propos de M. le rapporteur. Ce texte exclut le territoire de la Guyane.
Enfin, nous sortons ainsi, et c'est ce qui me gêne, de la stricte définition du traité d'Amsterdam. Voilà qui est regrettable. Nous sommes donc défavorables à ce sous-amendement non sur le fond, mais eu égard à la méthode utilisée.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 350, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 314, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'article 25.

(L'article 25 est adopté.)

Article 26 et article 20 (suite)



M. le président.
« Art. 26. - L'article 61 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est ainsi rédigé :
« Art. 61 . - L'existence des zones de revitalisation rurale est prise en compte dans les schémas de services collectifs et dans les schémas régionaux d'aménagement et de développement du territoire prévus à l'article 34 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat.
« Ces zones constituent un territoire de référence pour l'organisation des services rendus aux usagers prévue à l'article 29 de la présente loi.
« L'Etat met en place les moyens nécessaires pour que ces zones puissent bénéficier des politiques contractuelles prévues à l'article 22. »
Par amendement n° 77, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent :
A. - De remplacer le premier alinéa de l'article 26 par deux alinéas ainsi rédigés :
« L'article 61 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est ainsi modifié :
« I. - Avant le premier alinéa, sont insérés trois alinéas ainsi rédigés : ».
B. - De rédiger comme suit le deuxième alinéa de cet article :
« L'existence de zones de revitalisation rurale est prise en compte dans les schémas directeurs prévus par l'article 2 de la présente loi et dans les schémas régionaux d'aménagement et de développement du territoire prévus à l'article 34 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat. »
C. - De compléter cet article par trois alinéas ainsi rédigés :
« II. - Dans le premier alinéa, les mots : "et la loi de modernisation agricole, sont supprimés.
« III. - Après le septième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Elle prévoira une modernisation du droit de l'urbanisme. »
La parole est à M. Revet, rapporteur.
M. Charles Revet, rapporteur de la commission spéciale. Nous abordons l'article 26 relatif aux zones de revitalisation rurale.
La loi d'orientation de 1995 avait fixé, parmi ses priorités, la revitalisation des zones rurales. La poursuite de cet objectif s'est traduite par un ensemble de dispositions institutionnelles, fiscales et financières, telles que la création de zones de revitalisation rurale.
Afin de renforcer ces dispositions et de les insérer dans un plan global en faveur du développement rural, l'article 61 de la loi de 1995 prévoyait également l'intervention d'une loi relative aux zones de revitalisation rurale.
Cette loi devait prévoir des mesures de nature à « développer les activités économiques, le logement locatif, la vie culturelle, familiale et associative, la pluriactivité en milieu rural, la valorisation du patrimoine rural, les activités pastorales, de chasse et de pêche ».
Cette loi devait, en outre, contribuer « à assurer aux habitants de zones de revitalisation rurale des conditions de vie équivalentes à celles ayant cours sur les autres parties du territoire. »
Dans cette perspective, le gouvernement précédent avait commencé à préparer un « plan pour le monde rural » dont les grandes orientations avaient été fixées en avril 1997, quelque temps avant la dissolution de l'Assemblée nationale. L'article 26 du projet de loi abroge ces dispositions. La commission spéciale estime qu'une loi en faveur du développement du monde rural est toujours attendue par l'ensemble des acteurs présents sur le terrain.
Aussi vous propose-t-elle par cet amendement, d'une part, de maintenir la rédaction de l'article 61 en vigueur et de le compléter par les dispositions proposées par l'article 26 du projet de loi et, d'autre part, d'insérer dans cet article la modernisation du droit de l'urbanisme.
En effet, comme l'ont montré les travaux de la commission spéciale, bon nombre de communes rurales, faute de disposer de moyens financiers suffisants pour élaborer des plans d'occupation des sols, restent soumises au droit commun de l'urbanisme tel qu'il était avant le vote des lois de 1982 relatives à la décentralisation.
Je précise, car c'est un sujet qui revient très souvent et qui tient particulièrement à coeur au président de la commission spéciale, que nous sommes confrontés à des demandes d'attribution de permis de construire et que les documents qui nous sont demandés actuellement sont, au regard des problèmes à résoudre, complexes et coûteux à élaborer. Un groupe de travail, présidé par notre collègue Pierre Hérisson, a été mis en place. Il se rendra dans les prochains mois sur le terrain et sera amené à formuler des propositions. Cette démarche s'inscrit pleinement dans ce projet de loi d'aménagement et de reconquête du territoire, notamment du territoire rural.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 77 ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Comme vous l'avez indiqué, monsieur le rapporteur, le gouvernement de M. Juppé avait commencé de préparer une loi spécifique concernant les zones de revitalisation rurale. Ce gouvernement avait alors constaté que, mis à part des mesures relevant de la loi de finances, peu de dispositions étaient de nature législative. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ce projet de loi rurale avait été transformé en « plan pour l'avenir du monde rural ». En tout état de cause, ce plan n'avait fait l'objet d'aucun arbitrage interministériel favorable, ce qui explique que le sujet n'avait pas été abordé lors du CIADT tenu à Auch en avril 1997.
Le Gouvernement est conscient de l'attente des acteurs locaux, qui souhaitent des dispositions en faveur des zones rurales les plus sensibles. Il y répond à travers ce projet de loi, qui prévoit une organisation du territoire, facteur majeur de développement, à travers le projet de loi d'orientation agricole, qui consacre la multifonctionnalité des espaces ruraux, à travers les dispositifs arrêtés lors du CIADT de décembre 1998 sur les services publics, mais aussi à travers les futurs contrats de plan et les dispositifs communautaires. Il est, par ailleurs, en train de rénover le dispositif de zonage national.
Nous serons donc amenés à préciser, avant la fin de l'année, les engagements pris au titre des zones de revitalisation rurale et des territoires ruraux de développement prioritaire.
La nécessité d'une loi rurale ne paraît donc pas démontré. Aussi le Gouvernement est-il défavorable à l'amendement n° 77.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 77.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Cet amendement se situe parfaitement dans la logique de la majorité sénatoriale et de l'ensemble des amendements qui ont été jusqu'à présent proposés. Etant en désaccord avec cette logique, nous serons bien évidemment hostiles à cet amendement. Nous avons deux logiques différentes. Ce point établi, il en est un autre sur lequel je veux intervenir.
Nous aurons, je crois, bientôt à examiner un projet de loi de modernisation de l'urbanisme, mais, telle que cette modernisation nous est présentée aujourd'hui, nous y sommes opposés. En effet, la réforme du droit de l'urbanisme doit être une réforme d'ensemble. Elle ne doit pas seulement porter sur les zones rurales.
M. Charles Revet, rapporteur. Absolument !
M. Jacques Bellanger. Or, la manière dont vous la présentez revient à viser surtout les zones rurales.
Telles sont les raisons pour lesquelles nous voterons contre l'amendement n° 77.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 77, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 192 rectifié, MM. Cornu, Fournier, Lassourd et Taugourdeau proposent de rédiger comme suit le dernier alinéa du texte présenté par l'article 26 pour l'article 61 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 :
« Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la loi n°... du... d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire et portant modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, le Gouvernement proposera, dans le cadre d'un projet de loi, des dispositions nécessaires pour que ces zones puissent bénéficier des politiques contractuelles prévues à l'article 22. »
La parole est à M. Fournier.
M. Bernard Fournier. Cet amendement a pour objet de rétablir, dans le texte de la loi d'orientation, les dispositions prévoyant l'adoption d'une loi contribuant à assurer aux habitants des zones de revitalisation rurale des conditions de vie équivalentes à celles que connaissent les habitants des autres parties du territoire.
Les dispositions prévues par l'article 61 de la loi d'orientation de 1995 et connues sous l'intitulé de « plan pour le monde rural », qui permettent notamment de développer dans ces zones « les activités économiques, le logement locatif, la vie culturelle, familiale et associative, la pluriactivité en milieu rural, la valorisation du patrimoine rural, les activités pastorales, de chasse et de pêche », doivent en effet être mises en oeuvre à travers un prochain projet de loi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Charles Revet, rapporteur. S'agissant du fond, la commission spéciale est d'accord avec l'objectif visé par cet amendement. Cependant cet amendement est satisfait par celui que la commission a présenté et qui a été adopté. Aussi, je vous demande, monsieur Fournier, de retirer cet amendement, sinon la commission émettra un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Fournier, l'amendement n° 192 rectifié est-il maintenu ?
M. Bernard Fournier. Non, monsieur le président, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 192 rectifié est retiré.
Nous revenons à l'amendement n° 127 rectifié, qui a été précédemment réservé, à la demande de la commission spéciale.
Je rappelle que l'article 20 a déjà été modifié par les amendements n°s 237, 198 rectifié, 126 rectifié, 57, 58, 59, 60, 254, 61, 62, 63 et 64.
Cet amendement n° 127 rectifié, présenté par MM. Arnaud, Jarlier, Herment, Deneux, Souplet, Moinard, Louis Mercier et Hérisson, vise :
A. - à compléter in fine l'article 20 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Dans un délai de dix-huit mois à compter de la publication de la présente loi, une loi complétera les mesures prévues en faveur des zones de revitalisation rurale afin notamment d'y développer :
« Les activités économiques ;
« Le logement locatif ;
« La vie culturelle, familiale et associative ;
« La pluriactivité en milieu rural ;
« La valorisation du patrimoine rural ;
« Les activités pastorales, de chasse et de pêche.
« Elle contribuera à assurer aux habitants des zones de revitalisation rurale des conditions de vie équivalentes à celles ayant cours sur les autres parties du territoire. »
B. - En conséquence, à faire précéder cet article de la mention : « I. - ».
La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud. Il convient de prévoir que, dans un délai de dix-huit mois à compter de la publication du présent texte, une loi complètera les mesures en faveur des zones de revitalisation rurale, afin notamment d'y développer les activités économiques, le logement locatif, la vie culturelle, familiale et associative, la pluriactivité en milieu rural, la valorisation du patrimoine rural, les activités pastorales, de chasse et de pêche. Compte tenu de la présence de l'adverbe « notamment », cette liste n'est pas exhaustive.
Cet amendement vise à demander au Gouvernement de déposer un projet de loi afin de donner du corps au projet de loi d'orientation que nous examinons aujourd'hui. En effet, il est urgent de prévoir pour le secteur rural, notamment les zones fragiles, des dispositions particulières.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Charles Revet, rapporteur. Cet amendement, qui concerne l'article 20, a été réservé jusqu'à l'examen de l'article 26. Les dispositions qu'il prévoit ont été reprises dans l'amendement n° 77, que nous avons adopté voilà un instant. Donc, la commission est d'accord sur le fond. Cependant, l'amendement que vous avez présenté, monsieur Arnaud, étant satisfait, je vous demande de bien vouloir le retirer, sinon la commission émettra un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Arnaud, l'amendement n° 127 rectifié est-il maintenu ?
M. Philippe Arnaud. Compte tenu de la confirmation que vient d'apporter M. le rapporteur, je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 127 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 20, modifié.

(L'article 20 est adopté.)
M. le président. Nous en revenons à l'article 26.
Par amendement n° 223 rectifié, Mme Bardou, MM. Althapé, Barnier, Besse, Faure, Ferrand, Hérisson, Jarlier, Michel Mercier, Ostermann et Jourdain proposent de compléter le texte présenté par l'article 26 pour l'article 61 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 par un alinéa ainsi rédigé :
« Le Gouvernement présentera, d'ici à la fin de 1999, des dispositions spécifiques visant à faciliter le développement durable dans ces territoires. »
La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou. Cet amendement tend demander au Gouvernement de présenter, d'ici à la fin de 1999, des dispositions spécifiques visant à faciliter le développement durable dans les territoires concernés. Par conséquent, il vise à inscrire dans la loi d'orientation le principe de mise en oeuvre de mesures de discrimination positive adaptées aux territoires ruraux les plus défavorisés.
Pour éviter à M. le rapporteur d'intervenir, je retire cet amendement, puisqu'il est satisfait par celui qui a été présenté par la commission.
M. le président. L'amendement n° 223 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 26, modifié.

(L'article 26 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 26



M. le président.
Par amendement n° 193, M. Lassourd propose d'insérer, après l'article 26, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les zones du territoire qui réunissent deux des quatre critères suivants :
« - revenu net imposable par habitant inférieur à la moyenne nationale ;
« - taux de chômage supérieur à la moyenne nationale ;
« - niveau faible de développement économique ;
« - insuffisance du tissu industriel ou tertiaire, bénéficient par dérogation des dispositions fiscales prévues aux articles 1465, 1465 B, 1464 B, 44 sexies, 44 septies, 39 quaterdecies, au 10 de l'article 39 et aux articles 239 sexies D, 244 quater B, 697, 721 et 1383 A du code général des impôts.
« II. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du I est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Madame le ministre, il ne peut pas y avoir d'aménagement du territoire sans développement, si minime soit-il.
Or, dans notre pays, certains territoires sont sans infrastructure, sans tradition d'entreprise. S'ajoute à cette situation le fait qu'ils seront probablement exclus des futurs zonages de la prime d'aménagement du territoire, que l'on connaît officieusement. S'y ajoute également le fait qu'ils seront vraisemblablement exclus des futurs zonages européens, puisqu'ils seront en diminution par rapport à la situation précédente. Dès lors, que fait-on pour ces territoires ? Les laisse-t-on passer à côté de l'évolution ?
S'il n'y a pas de développement, comment aménager ces territoires ? Ils seront peut-être habités, mais n'auront pas de vie.
Je reviens à ce que dit souvent M. Revet : remettons l'homme au coeur de ce projet.
M. Charles Revet, rapporteur. Merci de le répéter !
M. Patrick Lassourd. Confortons les rares activités qui sont exercées dans ces territoires et favorisons-les. Ils ne doivent pas devenir le jardin public de nos concitoyens, notamment des Parisiens, lorsqu'ils sont en vacances. Ces territoires méritent mieux !
Quels critères doit-on retenir ? Je propose de recourir à ceux qui ont été retenus pour le zonage de la prime d'aménagement du territoire, à savoir le revenu net imposable par habitant, le taux de chômage, le développement économique insuffisant et une carence du tissu industriel ou tertiaire.
Aux termes de cet amendement, je propose que, lorsque deux au moins de ces quatre critères sont réunis, les territoires concernés bénéficient des dispositions fiscales prévues aux articles 1465 et suivants du code général des impôts, afin de favoriser l'implantation d'entreprises, si petites soient-elles. Certes, il s'agira de petites entreprises artisanales, mais elles créeront un peu de développement, et ainsi vous pourrez aménager le territoire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Cet amendement vise à étendre l'octroi d'exonérations fiscales prévues par la loi Pasqua-Hoeffel, notamment par le pacte de relance pour la ville, ou par d'autres textes législatifs, aux territoires qui réunissent deux critères sur quatre parmi les critères suivants : le revenu net imposable inférieur à la moyenne, le taux de chômage supérieur à la moyenne, le faible niveau de développement économique et l'insuffisance du tissu industriel ou tertiaire.
Je ne le cache pas, cet amendement soulève un problème de cohérence par rapport à l'application de l'article 42 de la loi du 4 février 1995 et pose un certain nombre de principes qui ont été largement débattus au sein de notre commission spéciale.
A la fin de notre débat, des mesures économiques vous seront présentées par M. Claude Belot. Elles résultent du travail de la commission spéciale, à partir des données du groupe de travail présidé par M. Jean-Pierre Raffarin et dont le rapporteur était M. Francis Grignon. Ces mesures ciblent une partie du territoire sur certains critères : la zone de revitalisation rurale, le territoire rural de développement prioritaire et la ZDRU, la zone dynamisation et de revitalisation urbaine.
Nous voyons dans le présent amendement le risque - nous avons évoqué ce point avec nos collègues - de ne pas cibler suffisamment, et donc de diluer ce qui doit être un élément de la redynamisation. A cet égard, je m'inspirerai du rapport de notre collègue M. Besse lors de l'examen du fascicule budgétaire sur l'aménagement du territoire. Il affirmait alors que la dilution des mesures enlevait toute pertinence et toute force à une politique d'aménagement du territoire.
Nous comprenons le bien-fondé d'un certain nombre de critères et les préoccupations auxquelles répond cet amendement. Cependant, pour des raisons de fond, nous considérons qu'il importe de disposer de leviers ciblés et forts sur des territoires bien définis. Aussi, nous ne pouvons qu'émettre un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La disposition proposée vise à créer un nouveau zonage, sans simplifier les zonages existants, qu'il s'agisse des zonages définis à l'article 42 ou des autres zonages nationaux ou communautaires. La quasi-totalité du territoire national est couverte par plusieurs zonages. Les critères que vous avez proposés, monsieur le sénateur, sont d'ailleurs largement repris dans la définition de ces zonages préexistants. Je pense par exemple au travail que nous sommes en train de mener sur la prime d'aménagement du territoire et dans lequel le revenu net imposable par habitant et le taux de chômage sont évidemment pris en compte.
Le Gouvernement n'entend pas rendre plus complexe un dispositif qui est déjà confus et inefficace. Je note d'ailleurs que, lors du CIADT d'Auch, le précédent gouvernement avait décidé d'engager la simplification du dispositif. C'est un travail que nous avons prolongé et qui sera soumis à une concertation étroite avec les élus et les membres du Conseil national d'aménagement et de développement du territoire au cours des mois à venir.
Le Gouvernement entend conduire cette réforme d'ensemble dans un calendrier qui lui permettra d'assurer la cohérence et la complémentarité des différents instruments concernés, c'est-à-dire une fois que sera défini très précisément le règlement communautaire résultant des négociations de l'Agenda 2000 ; ces règles apparaissent aujourd'hui encore incertaines. Il nous faudra donc quelques semaines supplémentaires pour procéder à cette réforme d'ensemble. Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Monsieur Lassourd, l'amendement n° 193 est-il maintenu ?
M. Patrick Lassourd. J'ai bien entendu les arguments de M. le rapporteur et de Mme la ministre. Je prends acte de la volonté du Gouvernement et du Sénat de cibler davantage les territoires fragiles et de mettre en place un système efficace et cohérent.
Je voudrais toutefois attirer votre attention sur deux points.
D'abord, les critères de définition des zones de revitalisation rurale ou des territoires ruraux de développement prioritaire étant assez sévères, le nombre de ces derniers est limité.
Ensuite, dans la plupart des cas, ces zonages ont été calqués sur les zonages européens. Dans la mesure où ceux-ci vont être réduits d'une façon très importante, il convient de déconnecter ces zones fragiles des futurs zonages européens. Sinon, seul un nombre très limité de territoires sera effectivement concerné.
Compte tenu des précisions qui m'ont été apportées, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 193 est retiré.
Par amendement n° 194 rectifié, MM. Cornu, Fournier, Lassourd et Taugourdeau proposent d'insérer, après l'article 26, un article additionnel ainsi rédigé :
« A l'occasion de la présentation du projet de loi de finances de l'année, un rapport est fait au Parlement sur le coût pour le budget de l'Etat des mesures d'exonération de taxes et de cotisations sociales existantes à l'intérieur des zones de revitalisation rurale et des zones prioritaires d'aménagement du territoire. »
La parole est à M. Fournier.
M. Bernard Fournier. En matière de « dépenses dites fiscales », il convient d'inciter le Gouvernement à déposer chaque année au Parlement un rapport détaillé sur ces « dépenses », sur le modèle du rapport sur le fonctionnement du FNADT transmis aux parlementaires.
Une telle disposition permettra de mesurer précisément l'efficacité pour le développement économique des zones prioritaires d'aménagement du territoire et le coût pour les finances publiques des dispositifs de zones d'exception fiscale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'amendement n° 194 rectifié tend à prévoir qu'une évaluation annuelle du coût des mesures d'exonération applicables, notamment celles que prévoit l'article 42, sera transmise au Parlement.
Naturellement, nous souhaitons que le Parlement soit informé. Mais, mon cher collègue, les dispositions de l'article 25 du projet de loi visant à modifier l'article 42 de la loi du 4 février 1995 semblent répondre à votre préoccupation dans la mesure où son paragraphe III prévoit une évaluation tous les trois ans des politiques mises en oeuvre dans le cadre de l'article 42.
J'ajoute que, mis à part un amendement qui sera examiné à la fin de cette discussion, la commission est assez réservée sur la multiplication des rapports, qui pourrait être source d'alourdissement. En outre, ces rapports, nous le savons, sont rarement rendus en temps et en heure.
M. Bernard Fournier. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Fournier.
M. Bernard Fournier. Compte tenu des explications fournies par notre excellent rapporteur, je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 194 rectifié est retiré.
Par amendement n° 195, MM. Cornu, Fournier, Joyandet, Lassourd et Taugourdeau proposent d'insérer, après l'article 26, un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - Dans la première phrase de l'article 1465 du code général des impôts, après les mots : "d'informatique", insérer les mots : "et de services en matière de télétravail".
« II. - La perte des recettes pour l'Etat résultant du I est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. Fournier.
M. Bernard Fournier. Les mesures d'exemption de taxe professionnelle au bénéfice des activités industrielles, de recherche scientifique, d'études et d'ingénierie et, depuis l'an dernier, des activités artisanales s'implantant en zones de rénovation rurale, les ZRR, doivent être complétées par d'autres dispositifs en faveur de création d'activités économiques sur nos territoires.
Pourquoi ne pas étendre le bénéfice de ces exonérations à l'implantation d'activités liées aux nouvelles technologies de la communication, notamment aux entreprises de services en matière de télétravail, propres à développer leurs activités dans les territoires ruraux fragiles ?
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. La rédaction proposée vise à élargir les possibilités d'exonération de taxe professionnelle des entreprises de la part des collectivités locales en y incluant les services en matière de télétravail.
La commission émet un avis très favorable sur cet amendement, car la disposition proposée lui paraît particulièrement importante pour le territoire.
M. Charles Revet, rapporteur. Il est très bon !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Pour ma part, je ne peux accepter cet amendement, et ce pour plusieurs raisons. (Exclamations sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Charles Revet, rapporteur. C'est dommage, parce qu'il est très bon !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. En effet, d'une part, les entreprises nouvelles qui viendraient à se créer dans les ZRR bénéficient déjà, actuellement, d'une possibilité d'exonération de la taxe professionnelle de deux ans.
D'autre part, les entreprises de services en matière de télétravail ne répondent à aucune définition juridique précise.
L'amendement n° 195 vise explicitement, me semble-t-il, les centres d'appel. Peut-être faudrait-il nommer ces derniers et, à ce moment-là, retenir éventuellement votre amendement ? Ou alors cet amendement est beaucoup plus large, et il se heurtera à la définition précise de l'objet auquel il s'intéresse.
Il sera particulièrement difficile pour une entreprise qui peut jouer de la localisation virtuelle de ses salariés de démontrer que l'ensemble de ses activités et de ses moyens d'exploitation sont implantés en zone éligible.
Le Gouvernement examine actuellement, notamment dans le cadre de la réforme de la politique d'aménagement du territoire, la possibilité d'intervenir au profit des centres d'appel. Il pourrait être envisagé d'étendre l'exonération de la taxe professionnelle. Toutefois, comme je vous l'ai déjà indiqué, ce dispositif s'inscrirait dans le cadre de la stratégie d'ensemble et de la réforme de la politique des zonages, dont je vous ai déjà dit quelques mots tout à l'heure.
Par conséquent, le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 195, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 26.

Article 27



M. le président.
« Art. 27. - L'article 86 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est abrogé. » - ( Adopté. )

Article 28



M. le président.
« Art. 28. - L'article 1er de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est ainsi rédigé :
« Le système de transports intérieurs doit satisfaire les besoins des usagers dans les conditions économiques, sociales et environnementales les plus avantageuses pour la collectivité. Il concourt à l'unité et à la solidarité nationales, à la défense du pays, au développement économique et social, à l'aménagement équilibré et au développement durable du territoire ainsi qu'à l'expansion des échanges internationaux, notamment européens. » ;
« 2° Au deuxième alinéa, après les mots : "Ces besoins sont satisfaits", sont insérés les mots : "dans le respect des objectifs de limitation ou de réduction des risques, accidents, nuisances, notamment sonores, émissions de polluants et de gaz à effet de serre". »
Par amendement n° 78, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent, dans le dernier alinéa de cet article, après le mot : « accidents », d'insérer les mots : « de la route ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de précision, qui tend à indiquer que les accidents visés sont des accidents de la circulation. Même si cela peut paraître évident, il me paraît bon, cependant, de le préciser, compte tenu des préoccupations qui vont suivre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Ce sont bien les accidents des transports qui sont visés ici. Les accidents concernent, certes, d'abord le mode routier. Les chiffres qui ont été récemment annoncés par M. Gayssot viennent, hélas ! nous le rappeler pour 1998. Cela dit, accidents ferroviaires, catastrophes aériennes ou maritimes sont sans doute plus rares, mais ils frappent l'esprit par leur nombre important de victimes. Je m'en remets cependant à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 78, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 28, ainsi modifié.

(L'article 28 est adopté.)

Article 29



M. le président.
« Art. 29. - L'article 3 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "des coûts sociaux" sont complétés par les mots : "et environnementaux" ;
« 2° Le troisième alinéa est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés :
« Elle favorise leur complémentarité et leur coopération, notamment dans les choix d'infrastructures et par la coordination de l'exploitation des réseaux d'infrastructures, la coopération entre les opérateurs, l'aménagement des lieux d'échanges et de correspondances, l'encouragement à une tarification combinée et à une information multimodale des usagers.
« Elle optimise en priorité l'utilisation des réseaux et équipements existants par des mesures d'exploitation et des tarifications appropriées.
« Elle permet la desserte des territoires de faible densité démographique, à partir des grands réseaux de transport. »
Sur l'article, la parole est à M. Lefebvre.
M. Pierre Lefebvre. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, en entamant la discussion des articles 16, 28, 29, 30, 31 et 32, relatifs aux schémas multimodaux de services collectifs de transport, nous touchons l'un des aspects les plus déterminants des conditions de l'aménagement et du développement de notre territoire.
Il s'agit de remplacer les cinq schémas sectoriels de la loi Pasqua par deux schémas multimodaux, l'un pour les voyageurs, l'autre pour les marchandises.
Nous regrettons que la commission spéciale et son rapporteur n'aient vu que des aspects positifs à la loi du 4 février 1995 sans par ailleurs reconnaître ses failles, notamment celles qui consistent à vouloir modeler le territoire selon des schémas cartographiques préétablis et imposés.
Le groupe communiste républicain et citoyen pourrait, dans un premier temps, souscrire au principe affiché par la loi Pasqua de mettre en place de nouvelles infrastructures pour contribuer à l'occupation et au désenclavement du territoire.
Pour autant, un tel principe n'est pas crédible si l'on n'est pas à même de créer les conditions de la réalisation de tels investissements.
Il n'est pas de bonne politique, en effet, de faire miroiter aux acteurs locaux des projets ambitieux sans prévoir les moyens de les financer !
Or - force est bien de le constater - les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années ont eu le souci plus de proclamer de belles intentions à des fins électoralistes que d'aménager le territoire en vue de répondre aux besoins des populations en termes d'environnement, de qualité de vie ou de sécurité.
J'évoquais, voilà quelques jours, les financements mobilisés en faveur du schéma directeur des lignes à grande vitesse. En juin 1997, seuls 500 millions de francs étaient réellement programmés sur les 200 milliards de francs qui étaient nécessaires.
N'en déplaise à certains, ici, ce même gouvernement a augmenté plus que n'importe quel autre les dotations en faveur du transport ferroviaire. Il revient à l'actuel ministre de l'équipement, des transports et du logement d'avoir consacré les moyens nécessaires pour réaliser le TGV-Est, alors que le projet semblait dans l'impasse, faute de financements.
De la même façon, les gouvernements de droite n'ont pas su, en leur temps, créer les conditions juridiques de la réalisation du schéma directeur routier national, notamment en ne respectant pas les nouvelles réglementations en matière de concessions autoroutières.
Aujourd'hui, la majorité sénatoriale a beau jeu de faire des procès d'intention au gouvernement actuel, s'agissant du développement des équipements, alors que les gouvernements précédents ont plus aménagé les cartes que le territoire.
Enfin, ce projet de loi tranche avec les politiques anciennes en proposant de passer d'une planification technocratique et centralisée à une planification démocratique reposant sur les besoins des populations et prenant mieux en compte les effets externes de la politique des transports que sont non seulement les nuisances sonores, les pollutions, l'insécurité des infrastructures, mais aussi les mauvaises conditions de vie découlant des modes de transports inadaptés aux évolutions de l'emploi.
Alors que la commission spéciale nous suggère de revenir aux schémas directeurs de la loi Pasqua qui auraient pour conséquence de segmenter les stratégies de développement et d'exploitation des réseaux de transport, nous préférons une approche multimodale qui considère de façon globale et transversale les modes de transports resitués dans leur contexte économique, social, environnemental et territorial.
En voulant diviser, cloisonner la politique des transports alors que cette dernière a besoin, à l'inverse, de cohérence et de possibilités de coopérations nouvelles, la majorité sénatoriale souhaite favoriser, d'une part, la compétition intramodale et, d'autre part, la concurrence intermodale. Les conclusions du rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur le devenir des grands projets d'infrastructures terrestres étaient sur ce point sans équivoque.
Ces observations étant faites, nous voterons contre les amendements de suppression de la commission spéciale.
M. le président. Sur l'article 29, je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 79, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent de supprimer l'article 29.
Par amendement n° 299, M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le cinquième alinéa de l'article 29, après le mot : « exploitation », d'insérer les mots : « de rénovation ».
Par amendement n° 300, M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter le cinquième alinéa de l'article 29 par les mots : « et prévoit la réalisation d'infrastructures nouvelles ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 79.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Il s'agit, dans cet article, de la définition de la politique globale des transports. Malgré les déclarations de principe sur les avancées que sanctionnerait ce texte, l'Assemblée nationale a, en fait, tenté de limiter en pratique la portée du texte initial qui lui était proposé, en souhaitant prendre en compte des besoins existants ou en soulignant la nécessité d'une politique volontariste de l'Etat en faveur des territoires à faible densité de population.
Cela constitue un progrès, qui ne nous est pas cependant apparu suffisant. En effet, nous avons posé comme principe que les territoires enclavés à faible densité de population ne se développeraient pas si une politique volontariste d'équipement et de réalisation d'infrastructures n'y était pas menée.
En outre, la référence aux coûts environnementaux prévue par le projet de loi nous semble superfétatoire. En effet, c'est l'article 14 de la loi 1982, modifiée en 1996 par la loi Barnier, qui répond aux préoccupations environnementales.
Enfin, plusieurs dispositions du texte n'auront aucune portée pratique, parce qu'elles ne prévoient pas de sanctions.
Voilà pourquoi nous souhaitons revenir au texte fondateur de la loi d'orientation des transports intérieurs du 30 décembre 1982, enrichi des préoccupations environnementales introduites par la loi du 30 décembre 1996, dite loi Barnier.
Nous avons là tous les éléments. La suppression de cet article est donc fondée sur la nécessité de ne pas répéter dans ce texte ce qui figure déjà, ailleurs, qui plus est dans une base législative reconnue.
M. le président. La parole est à M. Lefebvre, pour présenter les amendements n°s 299 et 300.
M. Pierre Lefebvre. Ces deux amendements ont pour objet de préciser qu'une politique de transport ambitieuse pour notre pays doit savoir conjuguer valorisation et optimisation de l'existant, d'une part, création de nouvelles infrastructures, d'autre part.
Il s'agit, à notre sens, de sortir d'une vision manichéenne qui distinguerait une logique d'aménagement d'une logique de développement, de même qu'il ne suffit plus d'opposer systématiquement le qualitatif et le quantitatif.
S'il suffisait seulement, comme le laissent entendre nombre de nos collègues de la majorité sénatoriale, d'ajouter toujours plus de kilomètres d'autoroutes pour aménager le territoire, nous ne serions pas là aujourd'hui pour en discuter !
Pour autant, il est évident que de nouveaux équipements sont nécessaires, notamment dans le domaine ferroviaire, pour développer les liaisons province-province, tant il est vrai que nos infrastructures s'articulent trop, aujourd'hui, à partir de la capitale.
De ce point de vue, notre pays connaît un retard important sur ses voisins européens, qui ont développé un maillage plus équilibré - bien que moins dense - de leur territoire.
D'autre part, sur les grands axes, il doit être possible de mieux utiliser ce qui existe par un meilleur entretien du matériel roulant, par le développement du transport combiné, par la rénovation des lignes classiques en prolongement des lignes de TGV, mais aussi - nous aurons l'occasion d'y revenir en défendant un autre amendement - grâce à de meilleures conditions de travail du personnel des transports.
Enfin, la priorité donnée dans ce texte à l'intermodalité, la complémentarité entre les différents modes de transport appelle de nouveaux moyens pour adapter les équipements existants à cette nouvelle exigence, notamment en facilitant l'accès des transporteurs routiers aux gares SNCF, ou encore en développant la desserte des ports maritimes.
Là où la commission spéciale n'envisage l'intermodalité que comme un aspect marginal et résiduel dans la politique des transports, nous pensons, au contraire, que celle-ci peut contribuer à revoir notre façon d'appréhender l'aménagement du territoire en réalisant des économies d'échelle à partir de ce qui existe, sans pour autant exclure les infrastructures nouvelles sur les parties de territoire les plus éloignées des grands axes de communication.
C'est pourquoi nous vous invitons, chers collègues, à adopter ces deux amendements.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 299 et 300 ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Sur le fond, la commission spéciale partage tout à fait l'analyse des auteurs de ces deux amendements, que j'invite à se reporter au texte de l'article additionnel que nous proposons d'insérer après l'article 32 avec l'amendement n° 84 : ils constateront alors que notre préoccupation en matière d'intermodalité n'est pas marginale, mais qu'elle revient au contraire comme un refrain par rapport au chant principal qui prévoit les équipements et services.
Nous constatons que le groupe communiste républicain et citoyen partage notre préoccupation de voir doter notre pays de nouvelles infrastructures, dans leur diversité, là où elles sont nécessaires, pour à la fois désenclaver le territoire et assurer la cohésion par rapport à l'espace européen.
Cela étant, nous sommes défavorables à ces deux amendements, parce que nous proposons la suppression de l'article, mais nous sommes certains que vous apporterez votre soutien à la commission spéciale quand nous aborderons l'ensemble de ces questions.
M. Alain Gournac. Ah oui !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 79, 299 et 300 ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'amendement n° 79 vise à supprimer l'article 29. Pourtant, dans son rapport, votre commission spéciale estime « nécessaire de souligner que le développement durable est l'un des objectifs auxquels doit tendre la politique des transports ». Elle approuve également l'idée selon laquelle il faut satisfaire les besoins de transport dans le respect des objectifs de limitation des risques - accidents et nuisances, notamment sonores - ainsi que des émissions de polluants et de gaz à effet de serre. Je m'en réjouis personnellement.
Il serait donc logique - et pas du tout superfétatoire - que les coûts environnementaux apparaissent au même titre que les autres coûts visés dans l'article 3 de la LOTI, parce que c'est bien dans la déclinaison concrète de ces nobles ambitions de la politique durable des transports que sera jugée l'efficacité de cette politique.
L'article 3 de la LOTI est un article fondateur de la politique des transports dans le cadre législatif de notre pays. Comme les autres coûts développés à l'article 14 du présent projet de loi, les coûts environnementaux doivent apparaître ici, comme ils apparaissent, d'ailleurs, à l'article 28, modifié marginalement par votre commission.
Il est bien précisé qu'il s'agit de satisfaire les besoins des usagers dans les conditions économiques, sociales et environnementales les plus avantageuses pour la collectivité ! Ce qui est intéressant ici, ce n'est donc pas tant l'ajout de cette mention que l'insistance de M. le rapporteur à la supprimer.
Le second paragraphe de l'article 29 précise et complète les orientations de la politique des transports. Le Gouvernement n'avait pas songé - c'est vrai - à affirmer dès l'article 3 de la LOTI l'importance de la desserte des territoires à faible densité démographique, et je regrette que votre commission spéciale n'ait pas utilisé cette opportunité de l'examen de l'article 29 pour insister sur ce point.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 79.
En revanche, il est favorable aux amendements n° 299 et 300.
Son avis est sans réserve à propos de l'amendement n° 299, qui se justifie par son texte même. Quant à l'amendement n° 300, il introduit quand même une redondance. En effet, l'article 3 de la LOTI insiste à plusieurs reprises sur la réalisation d'infrastructures nouvelles. Il n'est pas question d'opérer une mutation malthusienne en matière de transports ! Ainsi, l'article 3 de la LOTI évoque bien le « développement harmonieux et complémentaire des divers modes de transports individuels et collectifs » et insiste un peu plus loin sur la complémentarité et sur la coopération dans « les choix d'infrastructures et par le développement rationnel des transports combinés ». Ce sont autant de préoccupations qui ont été détaillées par M. Lefebvre.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je vais me répéter, mais j'ai l'impression de ne pas être très bien compris quand je dis que les préoccupations environnementales sont reprises dans la loi Barnier et que, d'autre part, nous préférons la rédaction de l'amendement n° 83, qui permet de prendre en compte d'une manière plus précise la desserte des territoires de faible densité à partir des grands réseaux de transport.
Quant au principe selon lequel, en 2020, aucune partie du territoire français ne sera située à plus de cinquante kilomètres ou quarante-cinq minutes en automobile, il n'est pas né dans la tête du président de la commission spéciale ni dans celle des rapporteurs de 1994, pas plus que dans celle des rapporteurs de 1999, il résulte d'un débat qui s'est instauré en 1994 entre le Gouvernement français et le conseil des ministres de la Communauté.
M. Adrien Gouteyron. Absolument !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Cela nous a été confirmé lors d'une visite que la commission d'enquête créée à cet effet au sein de notre assemblée a faite en février dernier auprès de la Commission européenne.
Nous préférons donc l'amendement n° 83, qui précise les choses, plutôt que de poser une pétition de principe supplémentaire.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 79.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Contrairement à vous, monsieur le rapporteur, nous croyons que l'article 29 est un article important du projet de loi, puisque c'est là que nous définissons les principes fondamentaux de la politique globale des transports.
M. Gérard Larcher, rapporteur. C'est ce que nous avons dit !
M. Jacques Bellanger. Que tend à supprimer votre amendement ?
Je vais me borner à deux citations.
Cette politique « favorise la complémentarité et la coopération des modes de transport, notamment dans les choix d'infrastructures et par la coordination de l'exploitation des réseaux d'infrastructures, la coopération entre les opérateurs, l'aménagement des lieux d'échanges et de correspondances ».
Par ailleurs, cette politique « permet la desserte des territoires de faible densité démographique, à partir des grands réseaux de transport ».
Cet article 29 définissant les principes, nous voterons contre l'amendement n° 79, qui tend à le supprimer.
M. Gérard Delfau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Monsieur le rapporteur, vous comprendrez bien - car vous êtes fort expérimenté - que la proposition de suppression de l'article 29, qui sera d'ailleurs suivie d'une proposition de suppression de l'article 30, a forcément un sens au-delà des mots.
Ce qui est en cause ici, c'est que l'opinion publique constate avec nous que la politique globale de transport est aujourd'hui insuffisante. Il est évident pour tout le monde que l'accélération vertigineuse du transport de marchandises par la route conduit à des catastrophes nationales. Nous souhaitons donc, avec le Gouvernement, qu'il soit clairement établi que, désormais, il n'y aura plus cinq schémas de transport sectoriel, comme le prévoyait la loi de 1995, mais bien deux schémas, qui auront chacun leur cohérence et qui devront être mis en relation l'un avec l'autre, l'un pour les voyageurs et l'autre pour les marchandises.
Nous souhaitons que, dans le principe, l'intermodalité devienne la priorité et non pas une possibilité parmi d'autres.
Par ailleurs, l'opinion publique a constaté qu'au coût social possible des grands équipements s'ajoutait un coût sérieux, parfois dommageable au point de devenir irréparable, en matière d'environnement.
Nous souhaitons donc que cette priorité soit inscrite à cet endroit du texte. Si vous nous proposez de l'inscrire ailleurs, pourquoi pas, mais c'est dès le départ que cette priorité doit être marquée.
Cela étant, il ne faudrait pas déclencher une guerre de religion entre ceux qui défendent les équipements existants et ceux qui souhaitent de nouveaux équipements parce qu'à l'évidence, ici ou là - et j'en parle en connaissance de cause -, de nouveaux équipements sont nécessaires.
Dans ces conditions, je voterai contre l'amendement n° 79 et pour l'amendement n° 300.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 79, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 29 est supprimé et les amendements n°s 299 et 300 n'ont plus d'objet.

Article 30



M. le président.
« Art. 30. - L'article 4 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée est ainsi modifié :
« 1° a) La deuxième phrase du premier alinéa est ainsi rédigée :
« Cette politique globale donne lieu à l'établissement de schémas de services de transport tels que définis à l'article 14-1 de la présente loi. » ;
« b) Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« En tenant compte des orientations nationales et locales d'aménagement, les autorités compétentes pour l'organisation des transports et la gestion des infrastructures coordonnent leurs actions à partir d'une analyse globale et prospective des besoins de déplacements et harmonisent leur politique dans les aires urbaines et au niveau régional. » ;
« 2° La deuxième phrase du deuxième alinéa est ainsi rédigée :
« Pour les marchandises, le développement de l'usage du transport fluvial, ferroviaire, du transport et plus particulièrement du cabotage maritimes, notamment au moyen du transport combiné, revêt un caractère prioritaire. Ces usages doivent être encouragés. »
Par amendement n° 80, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous l'avons dit depuis le début de ce débat, nous ne sommes pas hostiles à la notion de services, mais nous pensons que le territoire doit être équipé. Nous ne pouvons donc qu'être défavorables à l'adoption des dispositions qui en tirent la conséquence.
Nous estimons qu'une analyse globale des besoins de déplacement est nécessairement prospective. Cet adjectif n'enrichit donc pas particulièrement le texte.
Par ailleurs, je m'étonne que, alors que le Premier ministre avait annoncé, dans sa déclaration de politique générale, l'abandon du canal Rhin-Rhône, le Gouvernement se propose désormais de développer de manière forte l'usage du transport fluvial de marchandises !
M. Alain Gournac. C'est bizarre !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Avec un certain nombre de nos collègues, nous ne voyons là qu'un effet d'annonce par rapport à des réalités vécues. Je tenais à le rappeler à ce moment de nos débats.
M. Alain Gournac. C'est très bizarre ! N'est-ce pas une contradiction ?
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'article 30 du projet de loi modifie sur trois points l'article 4 de la loi d'orientation des transports intérieurs, relatif à l'élaboration et à la mise en oeuvre de la politique globale des transports.
Premièrement, il substitue logiquement les schémas de services collectifs aux schémas de développement de transport.
Deuxièmement, il promeut la coordination de l'action des autorités compétentes en matière de transport de voyageurs au niveau régional. Cette coordination apparaît en effet comme l'une des clés du développement de l'usage des transports en commun, en particulier dans les espaces métropolitains. Les progrès réalisés grâce à l'Agence des déplacements des Alpes-Maritimes, par exemple, en témoignent. L'amélioration de cette coordination devrait figurer parmi les critères de la contractualisation prévue à la fin de l'article 4 de la LOTI.
Troisièmement, cet article institue, par parallélisme avec l'encouragement aux transports collectifs de voyageurs déjà prévu dans le texte, un encouragement au mode de transport non routier pour les marchandises. Les plaidoyers que l'on trouve dans le rapport du Sénat Fleuve, rail, route : des choix nationaux ouverts sur l'Europe en faveur du développement du fret par les modes ferroviaires ou fluviaux, l'inquiétude manifestée dans ce même rapport, comme dans le rapport de la commission spéciale, sur l'ouverture du corridor de fret contournant la France, me font penser que cet objectif est largement partagé par le Sénat.
Dans ces conditions, j'aurais pu comprendre que votre commission tire logiquement les conséquences de ces réserves sur les schémas de services pour refuser le premier point. Elle a toutefois déposé un autre amendement, l'amendement n° 86, pour ce faire.
Cet amendement de suppression constitue donc bien un rejet des deux autres points, qui apparaît plus comme une position de principe que comme le résultat d'un examen sur le fond.
La lecture du rapport de la commission l'illustre bien, le seul argument opposé à la coordination de l'autorité organisatrice se réduit à trouver l'adjectif « prospectif » inutile.
Quant au développement du fret ferroviaire et fluvial, nous avons tous en mémoire les paroles enthousiastes de M. Gérard Larcher, qui nous invitait au début de ce débat à suivre l'exemple des Pays-Bas, qui ont investi 25 milliards de francs dans la Betuvelijn.
Permettez-moi de vous rappeler qu'en France, pour ce qui est du fret, le contournement de Lyon coûte 7 milliards de francs et celui de Nîmes et de Montpellier, 4 milliards de francs.
Je m'étonne de votre refus, monsieur le rapporteur, de voir figurer cette priorité dans la loi. Il me semble que, ce faisant, vous ne mettez pas votre vote en adéquation avec vos discours. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen. - Exclamations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
Pour l'ensemble de ces raisons, le Gouvernement est défavorable à l'amendement de suppression.
Monsieur le rapporteur, vous me permettrez de ne pas insister trop lourdement sur la nécessité de l'approche intermodale.
Dans un premier temps, le précédent gouvernement avait souhaité confier cette approche intermodale à la sagesse des acteurs publics, invités à travailler d'abord sur des schémas monomodaux. Cela n'a pas marché.
Cela a tellement peu marché que le précédent gouvernement, en tirant la leçon, a confié à M. Daubresse un rapport destiné à examiner la faisabilité d'un sixième schéma, celui des plates-formes multimodales.
Pour ce qui est de ma position sur le canal Rhin-Rhône, ne tombons pas dans la caricature ! On peut être favorable à des aménagements autoroutiers et estimer qu'il n'est pas absolument indispensable qu'ils relient le mont Blanc et le mont Rose ! On peut être favorable à la voie fluviale, considérer, dès lors, que la priorité c'est la modernisation du réseau Freycinet,...
M. Hilaire Flandre. Il y a du travail !
M. Louis Althapé. C'est vrai, il y a à faire !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. ... c'est l'équipement en canaux de gabarit européen de zones où les flux et le relief le justifient, et ne pas trouver normale la réalisation coûteuse d'une infrastructure dont il est quasiment prouvé qu'elle aurait manqué d'eau pendant une bonne partie de l'année et qu'elle n'aurait pas permis de remédier à la tendance lourde, qui est l'utilisation du fluvio-maritime pour le transport des marchandises entre des ports aussi importants que Marseille et Rotterdam.
Par conséquent, soyons soucieux d'utiliser chaque mode de transport pour ce qu'il fait le mieux et de ne pas réagir de façon caricaturale.
Je vous ai épargné, monsieur le rapporteur, l'illustration des leçons à tirer de l'accident du tunnel sous le Mont-Blanc parce que nous sommes tous sous le choc de cet accident d'une gravité exceptionnelle.
Il faut pourtant bien reconnaître que le refus de prendre en compte les coûts environnementaux ne nous aide pas à réorienter un certain nombre de nos choix vers le mode ferroviaire.
Il faut prendre en compte les effets négatifs de la route de manière sérieuse, et ce n'est pas Michel Charlet, maire de Chamonix, qui me contredira, conscient qu'il est des coûts humains et environnementaux de ce mode de transport. En effet, la vallée de Chamonix subit des nuisances tout à fait exceptionnelles, qui portent d'ailleurs préjudice à d'autres activités sur lesquelles se fonde le potentiel de la vallée.
Il me semble que le moment est venu d'internaliser l'ensemble des coûts et de faire en sorte que nos choix fiscaux et d'infrastructures tiennent compte à la fois de l'utilité sociale et de l'impact social, au sens large, des équipements. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Mme le ministre n'ayant manifestement pas lu - ou alors elle l'a caricaturé ! - l'amendement n° 84 de la commission, je lui rappelle les termes de son paragraphe III : « Le schéma directeur d'équipements et de services ferroviaires révise et prolonge jusqu'en 2020 le schéma directeur national des liaisons ferroviaires à grande vitesse, qui comprend aussi les liaisons par train pendulaire. Il définit les liaisons ferrées de transport d'intérêt national, les liaisons de transport de type autoroute ferroviaire et les liaisons ferrées régionales, de telle sorte que soient assurées la continuité et la complémentarité des réseaux, aussi bien pour les personnes que pour les marchandises. » J'arrête là ma citation pour ne pas allonger les débats.
Essayer de faire croire que, après avoir cité l'exemple néerlandais, nous l'aurions oublié au troisième jour de nos débats est une caricature que je ne peux accepter. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 80.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Au travers de cet amendement, la majorité du Sénat affirme une orientation totalement différente de celle du Gouvernement.
Monsieur le rapporteur, il ne faut caricaturer les positions ni des uns ni des autres,...
M. Alain Gournac. Très bien ! Voilà un homme sage !
M. Jacques Bellanger. ... en particulier pas celle du Gouvernement.
L'article 30 du projet vise à modifier la LOTI ; c'est le principe, c'est la fondation. Je donne lecture de son dernier paragraphe : « Pour les marchandises, le développement de l'usage du transport fluvial, ferroviaire, du transport et plus particulièrement du cabotage maritimes, notamment au moyen du transport combiné, revêt un caractère prioritaire. Ces usages doivent être encouragés. » N'est-il pas important que ce texte demeure ? La commission veut le mettre ailleurs. Nous tenons, nous, à ce que cela figure dans les principes.
Par ailleurs, il y a un refus de la référence au schéma de services collectifs. Là encore, on va additionner des secteurs sectoriels - cinq, me semble-t-il. Or, lorsqu'on fait cela, qu'on le veuille ou non, on met automatiquement en retrait l'intermodalité.
Je ne suspecte pas la commission d'être contre l'intermodalité. Je dis simplement que, par ce qu'elle propose, elle la remet automatiquement en cause. Elle s'en tient, en fait, à une logique de l'offre et non à une logique des besoins.
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. Jacques Bellanger. Le rééquilibrage en faveur des transports autres que la route est pour nous un impératif, mes chers collègues.
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. Jacques Bellanger. Un certain nombre d'amendements qui vont nous être présentés tendent à favoriser ce rééquilibrage. Nous verrons bien les positions des uns et des autres !
Met-on dans la balance le coût des accidents de la route ? Aucun gouvernement ne l'a fait. Le reproche s'adresse donc à tous.
Je souhaite rappeler quelques chiffres. Au cours des dix dernières années, les investissements de l'Etat dans les transports ont représenté 61 milliards de francs par an, dont 25 milliards de francs en faveur du réseau routier national, contre seulement 17,5 milliards de francs pour le chemin de fer. Mais à cela s'ajoutent les 30 milliards de francs destinés à la voirie départementale et communale, si bien que l'on a accordé, en fait, 55 milliards de francs à la route et 17,5 milliards de francs au chemin de fer.
Ce n'est pas acceptable. Voilà pourquoi, sans caricaturer la position de qui que ce soit, nous sommes contre cet amendement de suppression. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Daniel Hoeffel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. L'intervention de Mme la ministre, tout à l'heure, sur les différents modes de transport me conduit à intervenir très brièvement pour dire que la plurimodalité des transports ne doit négliger aucun mode de transport.
De plus en plus, en Europe, et dans notre pays en particulier, la voie routière, la voie ferroviaire, classique et à grande vitesse, mais aussi la voie fluviale doivent participer de manière équilibrée à l'acheminement des marchandises.
Contrairement à ce qui a été affirmé - on voudra bien m'excuser de redire, à ce propos, ce que j'ai déjà indiqué dans la discussion générale - je considère moins que jamais la voie fluviale comme une voie désuète.
M. Charles Revet, rapporteur. Très bien !
M. Daniel Hoeffel. Plus l'espace européen s'élargit, plus la voie fluviale permet d'« amarrer » dans de bonnes conditions notre territoire national aux grands réseaux de transport d'Europe occidentale et centrale.
M. Alain Gournac. Très bien.
M. Daniel Hoeffel. De surcroît, les exemples que nous connaissons dans les pays voisins démontrent que le développement du transport de marchandises par voie d'eau dépasse les prévisions les plus optimistes.
C'est la raison pour laquelle je me devais, en cet instant du débat, et en sachant que ma position ne correspond pas nécessairement à celle de certains de nos collègues, d'exprimer un acte de foi en faveur de la voie fluviale, élément essentiel d'un aménagement du territoire inscrit dans une perspective européenne. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR.)
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je ne vous infligerai pas, bien que j'en aie la tentation, des citations issues du travail des commissions thématiques consacrées au transport et présidées par M. François-Poncet à l'époque de la discussion préalable aux tentatives d'élaboration d'un schéma national. M. Hoeffel connaît ces textes par coeur, car c'est sans doute un sujet sur lequel vous avez abondamment discuté dans le passé.
Nous n'allons pas non plus, monsieur Hoeffel, reproduire un jeu de rôles bien convenu.
Je souhaite vous convaincre que je suis extrêmement soucieuse d'utiliser chaque mode de transport pour ce qu'il fait de mieux. C'est indispensable. Cela suppose notamment, pour que l'on puisse calculer l'efficacité économique de chaque mode de transport, que l'on ne développe pas des infrastructures concurrentes pour les mêmes usages sur les mêmes axes et que l'on cherche à optimiser les équipements.
Cela suppose également que l'on aille au-delà de la formule que vous avez utilisée. En effet, dire que l'on va faire en sorte que chaque mode de transport participe de manière équilibrée sans se donner les moyens d'internaliser les coûts, c'est donner une priorité quasi permanente à la route.
Je me préoccupe de la rénovation du réseau fluvial existant. Je constate d'ailleurs que la part du fluvial dans le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables, le FITTVN, a augmenté de façon singulière depuis quelques années, passant de 300 millions de francs à 450 millions de francs cette année.
Je souhaite aussi que l'on utilise au mieux le cabotage maritime et qu'il y ait une bonne articulation entre le maritime et le ferroviaire.
A cet égard, je prendrai l'exemple de Port 2000. C'est là un projet de grande ampleur que certains écologistes ont contesté, notamment parce qu'il provoquera la disparition d'une zone de reproduction d'oiseaux migrateurs relativement intéressante. Il nous a toutefois semblé fondamental d'encourager ce projet, qui permettrait de ne pas avoir de rupture de charge trop importante pour les conteneurs, qui passeraient directement, sur un même lieu, du bateau qui a traversé l'Atlantique à la plate-forme ferroviaire qui les emporterait sur leur lieu de destination.
Vous me direz qu'il n'y a rien là de nouveau, que vous connaissez ce genre de sujet par coeur. Je constate tout de même que, quand on ne se donne pas les moyens de faire une discrimination positive en faveur du rail, avec notamment une approche qui internalise l'ensemble des problèmes - les accidents, la pollution, les emplois, l'impact sur les milieux, la contribution à l'effet de serre - on choisit quasi systématiquement la route, et ce dans un contexte social que l'on connaît bien et qui nous apparaît moyenâgeux à bien des égards.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission spéciale.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. S'agissant du transport fluvial, Mme la ministre a bien voulu se référer à mes propos. Je constate toutefois que ses références sont sélectives,...
M. Alain Gournac. Ah !
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. ... qu'elle recherche dans les textes à l'élaboration desquels j'ai participé les citations qui, par hasard, vont dans son sens. (Sourires.)
Après tout, c'est un péché véniel, et qui ne le commet pas ?
M. Bernard Piras. Vous savez de quoi vous parlez !
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Pas du tout !
Je souhaite simplement faire deux observations.
Pour ce qui est de la liaison Rhin-Rhône, il est vrai que la commission thématique mise en place pour préparer le schéma national avait émis des doutes. Elles n'avait pas pris position contre, elle s'était interrogée.
Nous avions en effet entendu un très grand nombre de techniciens qui, uniquement pour des raisons de rentabilité, étaient extrêmement restrictifs. Nous avions donc le sentiment qu'il fallait nous donner un temps de réflexion supplémentaire. Nous n'étions pas allés au-delà.
En l'espèce, le problème est très simple : en dehors de Rhin-Rhône, il n'y a pas, exception faite de Seine-Nord, d'autre axe qui représente un potentiel de navigation fluviale important.
Il faut bien se rendre à l'évidence : les crédits accordés au transport fluvial en France sont tout simplement dérisoires. Mme la ministre signalait qu'au sein du FITTVN le transport fluvial avait vu ses crédits passer de 300 millions à 450 millions de francs. Je me permets de faire observer qu'en Allemagne, sur dix ans, c'est 105 milliards de francs.
Cette augmentation de crédits, c'est une goutte d'eau dans la mer ! Que l'on ne nous dise donc pas qu'on s'intéresse au transport fluvial en France, car ce n'est pas vrai.
Et qu'on ne nous dise pas non plus, comme je l'ai entendu tout à l'heure, que la priorité est aux plates-formes multimodales.
Je veux bien, mon cher collègue, que vous l'érigiez en principe - j'y suis tout à fait favorable - mais je vous renvoie aux crédits que le FITTVN y consacre comparés à ceux qu'il accorde aux autoroutes !
Mes chers collègues, nous pouvons ici, pour faire plaisir aux uns et aux autres, ou pour sacrifier à une mode parler tout son soûl, mais ensuite il faut voir les faits !
M. Alain Gournac. Eh oui !
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. J'ai assisté, madame le ministre, pas plus tard qu'avant-hier, à la conférence régionale préparatoire au contrat de plan que le président du conseil régional, d'ailleurs socialiste, avait fort opportunément organisée. Nous avons examiné à la fois le schéma de services pour les universités et le schéma de services pour les routes.
S'agissant des infrastructures routières, nous avions à notre disposition un document élaboré par le directeur régional de l'équipement et apparaissant comme une longue litanie de tout ce qu'il fallait faire en matière d'équipements ; in fine il était écrit que, si tout cela ne suffisait pas, il faudrait bien envisager de construire des équipements. (Rires.)
Personnellement, je considère que la démarche consistant à donner la priorité aux services sur les équipements est une bonne démarche, elle n'est pas critiquable, au contraire.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Oui !
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Quand les présidents de conseils généraux - de toutes tendances politiques - sont intervenus, de quoi ont-ils parlé ?... Ils n'ont parlé que d'équipements !
M. Charles Revet, rapporteur. Bien sûr !
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. C'est la seule chose dont ils ont parlé !
M. Charles Revet, rapporteur. Ils avaient raison !
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Nous n'avons parlé que de cela avec le préfet de région, car ce sont les vraies préoccupations des élus sur le terrain.
M. Charles Revet, rapporteur. Il faut aller sur le terrain pour le voir !
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Je veux bien que l'on dise tout ce que l'on veut ; on peut ici raconter des histoires pour se faire plaisir, mais la réalité un jour saute au visage ! (Applaudissements sur les travées du RDSE et de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Gournac. Très bien !
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, nous avons tous entendu les excellents développements qui ont traité de l'intermodalité. Faut-il faire de l'intermodalité avant de faire les infrastructures ? Faut-il faire des services sans infrastructures ? Faut-il uniquement utiliser l'existant et ne pas développer les infrastructures ? Tout cela me paraît un peu irréel !
On nous a reproché d'avoir conduit une politique de l'offre sans nous occuper des besoins. Croyez-vous réellement que, de 1960, époque à laquelle nous avions 63 kilomètres d'autoroute, à 1999, où nous en avons pas loin de 9 000, lorsque nous avons créé des sections autoroutières, des TGV, nous ne nous sommes pas occupés des besoins que nous devions satisfaire ?
Les propos que j'ai entendus sont hors de la réalité.
J'ai entendu certains collègues prétendre que l'accélération vertigineuse des transports de marchandises par routes conduisait à une catastrophe nationale.
Je veux bien que l'on dise cela dans cet hémicycle, mais je voudrais quand même aussi recueillir l'avis des opérateurs économiques, qu'ils soient des particuliers ou des entreprises : 75 % des voyageurs uilisent la route ; 95 % des marchandises en valeur, 85 % des marchandises en volume transitent par la route.
Ne pourrait-on pas s'interroger pour savoir pourquoi le particulier, le voyageur, prend sa voiture plutôt qu'un autre moyen de transport ?
Ne pourrait-on pas s'interroger pour savoir pourquoi le chef d'entreprise qui souhaite installer son usine à la campagne, dans une petite ville, utilise le camion plutôt que le chemin de fer ?
On parle beaucoup d'intermodalité. Mais qu'est-ce qui est en train de tuer l'intermodalité ? Ce sont les grèves tournantes de la SNCF !
D'un côté, vous avez la route, moyen de transport fiable, rapide, et qui couvre tout le territoire. De l'autre, vous avez le rail, qui ne vous garantit pas une desserte fiable et qui a fait en outre un choix stratégique erroné majeur.
Nous sommes les champions de la technologie. Nous avons le TGV : c'est formidable, c'est fabuleux. Mais lorsque vous arrivez avec votre camion de marchandises dans une gare de TGV, vous avez du mal à mettre votre marchandise sur le TGV. Il ne la prend pas ; il a pris la ligne, mais il ne prend pas la marchandise.
Nous avons fait le choix, voilà vingt-cinq ans, du TGV voyageurs quand d'autres ont fait le choix du transport fret par rail parce que chaque mode de transport a son objectif, sa clientèle.
Parler d'intermodalité sous prétexte que cela peut nous satisfaire intellectuellement est une vue de l'esprit. Interrogez les opérateurs économiques pour savoir quel type d'intermodalité ils veulent, quel mode de transport ils vont utiliser pour acheminer leur marchandise ou pour se rendre eux-mêmes d'un endroit à un autre ? Connaître leur opinion est important.
A nous, élus, une question importante se pose : comment financer tout cela ?
J'ai entendu un de nos collègues dire que nous avions investi - collectivités locales et Etat - 50 milliards de francs dans la route. Alors, parlons du financement de l'aménagement du territoire et faisons les additions.
Je citerai quelques chiffres. Vous avez dit, mon cher collègue, que nous avons investi 17 milliards de francs pour le chemin de fer et 50 milliards de francs pour la route. Dans les 50 milliards de francs - laissons de côté les collectivités locales - 15 milliards de francs ont été consacrés aux autoroutes.
Je vous signale que le système autoroutier s'autofinance complètement : 1 milliard de francs investi dans les autoroutes, c'est, dix ans plus tard, 1 milliard de franc d'équilibre.
Le financement du rail est tout à fait différent. Quel est le déficit annuel du système français à l'heure actuelle ? Vaste débat ! Les chiffres sont mal connus ; ils évoluent entre 50 milliards et 70 milliards de francs, selon que l'on prend ou non en compte les retraites des cheminots.
En gros, le chiffre annoncé par le ministère des transports est de 58 milliards de francs, moins 13 ou 14 milliards de francs pour les retraites des cheminots, soit 45 milliards de francs ; moins 5 milliards de francs pour la région parisienne, plus 10 milliards de francs de contribution des collectivités locales : résultat 50 milliards de francs de déficit annuel.
Mes chers collègues, le déficit annuel des chemins de fer est de 50 milliards de francs et il faudrait investir encore 17 milliards de francs ! Soit, mais il faut savoir que lorsqu'on investit - c'est un choix - 1 milliard de francs dans le chemin de fer, cela génère 1 milliard de francs de déficit en dix ans de fonctionnement. (Murmures.)
Oui, ce sont des chiffres qui ne font pas plaisir à entendre.
M. François Gerbaud. Vous n'avez pas le droit de dire cela ; ce n'est pas correct !
M. Jacques Oudin. Malheureusement, c'est la réalité. Je suis le seul membre de la commission des finances actuellement en séance : les chiffres font mal quand on les annonce mais il se trouve qu'ils reflètent la réalité !
Dès lors, on peut bien parler d'intermodalité mais, moi, je pose les questions suivantes : qui financera et comment ? Nous en débattrons tout à l'heure d'ailleurs à l'occasion de la discussion des nombreux amendements que j'ai déposés. Quel sera le bilan financier avec un budget - excusez-moi du peu - qui affiche un déficit de 240 milliards de francs par an ? Je veux bien que nous fassions des promesses sur l'avenir en recommandant de financer l'intermodalité, mais je veux vous dire qu'il faut savoir quelles sont les recettes en face. Qui va payer ? Certaines recettes peuvent autofinancer certains modes de transports ; mais d'autres sont à comptabiliser au titre du déficit public.
Alors, mes chers collègues, madame le ministre, regardons la façon dont nous pourrons financer l'aménagement du territoire : vous verrez, au bout du compte vous aurez certaines surprises. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Denis Badré. C'est du bon sens !
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Je tiens à réfuter un certain nombre d'arguments qui ont été avancés.
Je ne veux pas ouvrir le débat sur la question du déficit de la SNCF, mais les comptes de M. Oudin ont été un peu rapides...
M. Alain Gournac. C'est quand même un déficit !
M. Jacques Bellanger. Il faudra qu'on mette un jour les comptes à plat. Franchement, tout ce qui est excessif à ce point n'est pas très recevable comme argument !
M. Jean Chérioux. La réputation de la SNCF n'est pas très nette !
M. Jacques Oudin. Les chiffres sont là : ce sont quand même des déficits !
M. Jacques Bellanger. Je note toutefois, monsieur Oudin, que vous avez le courage de remettre en cause l'intermodalité, et là, vous m'intéressez. En effet, sans vouloir mettre en cause les orientations retenues par les rapporteurs, j'ai souvent l'impression que l'intermodalité est certes approuvée dans cette assemblée mais sur le mode de la prière, comme s'il fallait affirmer son soutien à l'intermodalité.
Monsieur Oudin, merci ! Au moins, nous savons que vous, qui votez régulièrement les textes proposés par la commission, vous êtes contre l'intermodalité. C'est bien ! Nous avons des différences ! Vous venez de le dire, en tout cas...
M. Charles Revet, rapporteur. C'est de la caricature !
M. Jacques Bellanger. Enfin, je voudrais faire allusion aux voies d'eau.
Je comprends parfaitement que l'on soit attaché au développement des voies d'eau, mais je crois - là aussi, c'est la notion de service - qu'on ne peut pas développer une infrastructure si celle-ci n'est pas dotée d'un exploitant crédible.
Or nous avons à notre disposition une structure qui est en cours de remise en ordre et qui est un outil, de ce point de vue, inégalé. Je veux parler de la SNCF. Il reste encore des progrès à faire, notamment, en ce qui concerne la couverture du territoire et la reconquête d'un certain nombre d'espaces...
M. Hilaire Flandre. Et la reconquête de la clientèle !
M. Jacques Bellanger. ... mais nous avons un outil qui est crédible.
S'agissant de la route, les outils dont nous disposons sont beaucoup moins nombreux. Vous conviendrez que nos transporteurs routiers manquent trop souvent d'expérience en matière de développement des services avancés à forte rentabilité ; je vise, pour l'essentiel, toute la logistique. A cet égard, nous sommes en déficit par rapport à d'autres concurrent étrangers.
Quant à la voie d'eau, notre situation est dramatique. Si nous accroissions brutalement nos capacités de transport par voie d'eau - c'est une vue de l'esprit ! - nous ne trouverions pratiquement aucune entreprise française capable de développer le trafic correspondant. Quand nous parlons voies d'eau, nous devons donc parler à la fois structures et constitution d'entreprises de services.
Telles sont les objections que je voulais faire. Bien évidemment, tout ce débat ne fait que nous encourager à voter contre l'amendement n° 80.
M. Jean-Paul Emorine. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Emorine.
M. Jean-Paul Emorine. Comme nombre de nos concitoyens, je suis très préoccupé par l'environnement. J'avais cru comprendre, à une époque, que le transport par voie d'eau nécessitait trois fois moins d'énergie que par la route et deux fois moins que par le rail.
J'habite près du val de Saône, et j'étais très sensible à la liaison Rhin-Rhône. Que, pour des raisons que je peux comprendre, on annule un certain tracé de la liaison Rhin-Rhône, je le conçois. En revanche, que le pays ne dispose pas de projet alternatif pour tout ce qui concerne la liaison entre la Méditerranée et l'Europe centrale me déçoit beaucoup. Vous verrez que l'histoire nous donnera raison sur ce point.
Mme la ministre parlait des canaux Freycinet. Il faut être sérieux ! Ils ont été creusés il y a un siècle, ils ne peuvent pas être adaptés aujourd'hui !
Pour répondre à M. Bellanger, certaines régions françaises sont prédisposées à la voie d'eau. Il suffit d'aller en Allemagne pour constater que des transporteurs seraient prêts à relier la Méditerranée à l'Europe centrale ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 80, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 30 est supprimé.

Article additionnel après l'article 30



M. le président.
Par amendement n° 301, M. Le Cam, Mme Beaudeau, M. Lefebvre et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 30, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article 9 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs est complété in fine par une phrase ainsi rédigé :
« Il assure l'harmonisation des conditions de travail de leurs salariés. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 351, présenté par le Gouvernement et qui est ainsi rédigé :
« I. - Dans le texte proposé par l'amendement n° 301, remplacer les mots : "Il assure", par les mots : "il veille également à".
« II. - Dans ledit texte, remplacer les mots : "de leurs salariés", par les mots : "et d'emploi".
La parole et à Mme Terrade, pour défendre l'amendement n° 301.
Mme Odette Terrade. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, si ce projet de loi vise à mieux prendre en considération la dimension sociale de la politique d'aménagement du territoire, il ne fait que très peu référence explicitement aux conditions de travail des salariés des différents modes de transport.
Depuis bientôt deux ans, le ministre des transports, M. Jean-Claude Gayssot, tente de réorienter l'Europe des transports vers l'harmonisation sociale des conditions de travail des salariés européens, notamment dans le secteur routier, où la concurrence est particulièrement vive.
Les derniers mouvements sociaux, que ce soient ceux des chauffeurs routiers ou ceux qui ont été organisés au niveau européen par les cheminots, sont révélateurs de la dégradation des conditions de travail de salariés soumis au flux tendu et au dumping social.
Les politiques de libération dans les différents secteurs, tout en organisant la mise en concurrence des salariés des transports, ont eu pour effet, de favoriser l'émergence de grands axes européens qui traversent le territoire français sans pour autant contribuer à le développer.
Tout au contraire, la déréglementation a fortement contribué à la politique du « tout-autoroute » et du « tout-TGV » que les gouvernements précédents ont mis en place au détriment des règles sociales, de la sécurité des travailleurs et de l'ensemble des usagers de la route.
Or, la régulation des trafics de voyageurs et de fret, comme s'y emploie le ministre des transports, suppose, au préalable, une réglementation renforcée des conditions de travail et le maintien des acquis sociaux.
En outre, si nous souhaitons développer les complémentarités entre les différents modes de transport, il paraît essentiel à nos yeux d'assurer parallèlement une harmonisation par le haut des normes sociales, par delà les secteurs de transport concernés.
A cette fin, nous vous proposons d'intégrer explicitement cet objectif dans le volet social de la loi d'orientation des transports intérieurs de 1982.
M. le président. La parole est à Mme le ministre - pour présenter le sous-amendement n° 351 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 301.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le Gouvernement a eu l'occasion de préciser à l'Assemblée nationale qu'il partageait la préoccupation exprimée dans l'amendement n° 301.
En revanche, j'avais dû préciser à l'Assemblée nationale que ce n'était pas l'Etat qui assurait seul l'organisation du travail et que les partenaires sociaux étaient concernés au premier chef.
Par conséquent, le Gouvernement est d'accord pour réaffirmer le rôle de veille de l'Etat, notamment dans cet article de la LOTI , en précisant que l'Etat veille à l'harmonisation des conditions de travail « et d'emploi », ce qui couvre l'ensemble du champ d'application.
Sous réserve de l'adoption de son sous-amendement, le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 301.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 301 et sur le sous-amendement n° 351 ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. La commission spéciale est sensible au principe d'harmonisation des conditions de travail des salariés. D'ailleurs, la commission d'enquête fleuve-rail-route, comparant les conditions en Europe dans le domaine de la battellerie et du transport routier a mis l'accent sur la différence extrêmement importante qui existe et sur la nécessaire harmonisation.
Mais soyons clairs : comme l'a dit Mme Terrade tout à l'heure, c'est d'abord à l'échelon européen qu'il faut obtenir cette harmonisation car les règles d'ouverture et de concurrence jouent à ce niveau-là.
Notre collègue M. Bellanger nous disait tout à l'heure que l'entreprise batellerie n'existait plus chez nous. Mais, mon cher collègue, l'entreprise batellerie n'existe pas chez les Néerlandais ! C'est l'addition d'entreprises familiales qui fait la batellerie néerlandaise.
Nous sommes allés enquêter sur place en 1998, nous avons alors rencontré les représentants des bateliers, et nous avons appris que ce sont d'abord des entreprises artisanales qui bénéficient des affrètements. Les membres de la commission d'enquête se souviennent sans doute des auditions auxquelles nous avons procédé.
Mme Odette Terrade. Nous avions mis en cause les conditions sociales !
M. Gérard Larcher, rapporteur. La réponse doit être apportée à l'échelon européen. Il est nécessaire d'en apporter une, et nous l'avons écrit, mais pas dans ce texte.
Si nous partageons les préoccupations des auteurs des amendements, nous savons bien qu'il s'agit là d'un enjeu d'harmonisation sociale à caractère européen. Voilà pourquoi nous ne sommes pas favorables à cet amendement et à ce sous-amendement.
M. Hilaire Flandre. Il y a ce qui est écrit et il y a ce que l'on pense !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 351, repoussé par la commission.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 301, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 31



M. le président.
« Art. 31. - L'article 14 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée est ainsi modifié :
« 1° A. - La première phrase du deuxième alinéa est ainsi rédigée :
« Les grands projets d'infrastructures et les grands choix technologiques sont évalués sur la base de critères homogènes intégrant les impacts des effets externes des transports relatifs notamment à l'environnement, à la sécurité et à la santé et permettant de procéder à des comparaisons à l'intérieur d'un même mode de transport et entre différents modes ou combinaisons de modes. » ;
« 1° Le troisième alinéa est supprimé ;
« 2° Au dernier alinéa, les mots : ", le domaine d'application et le contenu des schémas directeurs ainsi que les règles de procédure qui leur sont applicables" sont supprimés. »
Par amendement n° 81, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Il s'agit, et je ne reviendrai pas sur les débats que nous avons eus, d'un amendement de coordination. La commission spéciale est défavorable aux schémas de services, et favorable aux schémas directeurs, elle propose donc de supprimer l'article 31.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Votre commission prend à nouveau prétexte de ses réserves sur les schémas de services, de transport en l'occurrence, pour demander la suppression d'un article. En pratique, elle refuse donc, malgré tous les beaux discours, l'introduction des impacts des effets externes des transports - environnement, sécurité, santé - au même titre que les critères économiques et sociaux dans l'évaluation des grands projets d'infrastructures et des grands choix technologiques.
Cette suppression vise à retirer de la loi les mesures qui permettent de donner un peu de contenu pratique à l'objectif de développement durable que vous prétendez soutenir. Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 81.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Bien évidemment, pour des raisons qui ont déjà été développées, nous sommes très défavorables à cet amendement de suppression de l'article 31.
Madame la ministre, permettez-moi cependant de vous poser une question sur le texte même de cet article.
Cet article supprime les références au schéma directeur d'infrastructures dans la LOTI, pour les remplacer, au plus tard au 31 décembre 1999, par des schémas de services collectifs. Mais, en l'absence de services collectifs, ne pouvons-nous pas craindre un vide juridique ? N'aurait-il pas fallu prévoir une disposition transitoire afin d'éviter les risques de contentieux ? Je pense tout particulièrement aux projets de TGV actuellement en cours d'étude ou de réalisation : le TGV-Est européen, qui fait l'objet d'une déclaration d'utilité publique, le TGV Aquitaine, le TGV Rhin - Rhône, le TGV Sud européen, dont le fondement juridique est constitué par l'actuel article 14 de la LOTI.
Madame la ministre, je crois qu'il était nécessaire de vous poser cette question. Je vous prie de m'en excuser, monsieur le rapporteur, mais je crains que l'article 31 ne soit rétabli par l'Assemblé nationale après avoir été supprimé par la Haute Assemblée.
M. Hilaire Flandre. Le craignez-vous vraiment ?
M. Alain Gournac. Est-ce une crainte ?
M. Jacques Bellanger. En termes diplomatiques !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur Bellanger, l'article 14-1 de la LOTI créé à l'article 32 du projet de loi prévoit in fine un dispositif transitoire jusqu'à l'approbation définitive du schéma multimodal de services de transport de voyageurs et du schéma multimodal de services de transport de marchandises, ce qui devrait répondre à votre question.
Je m'aperçois cependant qu'il s'agit, pour l'essentiel, de schéma directeur routier national et non point de schéma TGV. Il faudra donc compléter cette disposition si, par miracle, l'amendement de M. Larcher n'était pas adopté.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° 81, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 31 est supprimé.

Article 32



M. le président.
« Art. 32. - Après l'article 14 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée, sont insérés deux articles 14-1 et 14-2 ainsi rédigés :
« Art. 14-1 . - I. - De façon coordonnée et dans le cadre des choix stratégiques d'aménagement et de développement durable du territoire définis par l'article 2 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, l'Etat établit selon les modalités prévues par l'article 10 de ladite loi un schéma multimodal de services de transport de voyageurs et un schéma multimodal de services de transport de marchandises. Le schéma multimodal de services de transport de marchandises permet de définir les infrastructures de contournement ou de délestage des noeuds de trafic nécessaires pour fluidifier l'usage des réseaux de transport pour le transport de marchandises.
« Tout grand projet d'infrastructures de transport doit être compatible avec ces schémas.
« II. - La région, dans le respect des compétences des départements, des communes et de leurs groupements, élabore un schéma régional de transport coordonnant un volet "transport de voyageurs" et un volet "transport de marchandises". Celui-ci doit être compatible avec les schémas de services collectifs prévus à l'article 2 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée. Il constitue le volet "transport" du schéma régional d'aménagement et de développement du territoire prévu à l'article 34 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat.
« III. - Les schémas définis aux I et II précédents ont pour objectif prioritaire d'optimiser l'utilisation des réseaux et équipements existants et de favoriser la complémentarité entre les modes de transport et la coopération entre les opérateurs, en prévoyant, lorsque nécessaire, la réalisation d'infrastructures nouvelles. Dans ce but :
« - ils déterminent, dans une approche multimodale, les différents objectifs de services de transport aux usagers, leurs modalités de mise en oeuvre ainsi que les critères de sélection des actions préconisées, notamment pour assurer la cohérence à long terme entre et à l'intérieur des réseaux définis pour les différents modes de transport et pour fixer leurs priorités en matière d'exploitation, de modernisation, d'adaptation et d'extension ;
« - ils évaluent les évolutions prévisibles de la demande de transport ainsi que celles des besoins liés à la mise en oeuvre du droit au transport tel que défini à l'article 2 et définissent les moyens permettant d'y répondre dans des conditions économiques, sociales et environnementales propres à contribuer au développement durable du territoire, et notamment à la lutte contre l'effet de serre ;
« - ils comprennent notamment une analyse globale des effets des différents modes de transport et, à l'intérieur de chaque mode de transport, des effets des différents équipements, matériels et mesures d'exploitation utilisés sur l'environnement, la sécurité et la santé ;
« - ils récapitulent les principales actions à mettre en oeuvre dans les différents modes de transport pour permettre une meilleure utilisation des réseaux existants, l'amélioration de leurs connexions et de la qualité du matériel et la création d'infrastructures nouvelles. Ils prennent en compte les orientations de l'Union européenne en matière de réseaux de transports.
« A titre transitoire, jusqu'à l'approbation définitive du schéma multimodal de services de transport de voyageurs et du schéma multimodal de services de transport de marchandises, le schéma directeur routier national peut faire l'objet par décret, après consultation des régions directement intéressées, des modifications nécessaires à la réalisation des grands projets d'infrastructures.
« Art. 14-2 . - Les schémas multimodaux de services de transport prévus au I de l'article 14-1 visent à améliorer l'accès aux échanges mondiaux. A cet effet, ils favorisent le développement des liaisons aériennes à partir des aéroports d'importance interrégionale et le renforcement de la compétitivité des ports d'importance internationale.
« Dans les zones concernées, ils développent les possibilités offertes par les transports maritimes.
« Ils visent aussi à poursuivre l'amélioration de l'accès aux diverses parties du territoire français par le développement d'axes reliant les grandes aires urbaines entre elles et aux grands pôles européens et à améliorer les liaisons entre, d'une part, les zones d'accès difficile et, d'autre part, les grandes villes et les réseaux rapides.
« Ils incitent les collectivités territoriales à mettre en oeuvre des services de transport à la demande.
« Ils localisent les principales plates-formes multimodales de voyageurs et de marchandises.
« Dans les grandes aires urbaines, ils favorisent les modes de transport alternatifs à l'automobile, les transports collectifs, l'interconnexion des réseaux, en tenant compte notamment de la desserte des territoires urbains cumulant des handicaps économiques et sociaux et, au besoin, les infrastructures de contournement.
« Dans les zones à environnement fragile, ils peuvent prévoir des orientations particulières pouvant notamment conduire les autorités compétentes à édicter des restrictions d'accès, afin de limiter l'impact des transports. En particulier, les schémas multimodaux de services de transport donnent la priorité au transport ferroviaire pour le transit international franchissant les Alpes et les Pyrénées.
« Ils visent également à améliorer l'accès maritime aux différentes parties du territoire, notamment par le renforcement de l'accessibilité terrestre et maritime des ports d'importance nationale ou régionale. »
Sur l'article, la parole est à M. Teston.
M. Michel Teston. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, j'ai noté que deux nouveautés essentielles apparaissent dans cet article 32.
Il s'agit, d'une part, de l'optimisation des réseaux et des équipements existants. En effet, il est souhaitable de réfléchir d'abord à la valorisation de ces équipements, plutôt que de réaliser systématiquement de nouvelles constructions, dont la pertinence, le rapport du coût sur la rentabilité et l'efficacité laissent souvent songeur.
Il s'agit, d'autre part, de la revalorisation du transport ferroviaire. En matière de ferroutage, la France enregistre un retard considérable par rapport à ses partenaires européens. Il est urgent de le combler. J'attire néanmoins l'attention sur le fait que cet engagement devra se traduire par des investissements importants, notamment parce que notre réseau ferroviaire n'est pas adapté à ce mode de transport de fret, par exemple en raison du gabarit de certains tunnels.
Des moyens financiers importants seront nécessaires pour créer des plates-formes de transport combiné, pour créer et améliorer des dessertes régionales, pour électrifier, bien sûr, certaines lignes, pour créer des contournements d'agglomérations, dont les lignes sont souvent saturées, et pour réaliser des corridors de fret européen, de manière à faire en sorte que des corridors de fret ne se développent pas uniquement dans d'autres pays de l'Union européenne.
Les paroles devront être suivies d'actes.
Il faut d'ailleurs noter que la loi de finances pour 1998 a d'ores et déjà prévu une augmentation de plus de 50 % des crédits consacrés au ferroviaire et que, dans le cadre du XIIe Plan, l'Etat a proposé de porter sa participation au financement des investissements ferroviaires à hauteur de 500 millions de francs par an au moins, ce qui représente un doublement de l'engagement précédent. Ces mesures sont très positives et les parlementaires de la majorité nationale ont largement contribué à leur adoption.
Enfin, j'ai pris bonne note de votre volonté, madame la ministre, d'engager un effort tout particulier afin de répondre aux problèmes qui se posent dans les agglomérations et les secteurs urbains.
Néanmoins, il ne faut pas que cet effort se fasse au détriment des zones rurales...
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. Michel Teston... qui, si nous voulons assurer un aménagement équilibré et durable de l'ensemble du territoire français, méritent, elles aussi, d'être accompagnées dans leur effort de développement. Leur désenclavement doit donc rester aussi une priorité.
M. Charles Revet, rapporteur. Très bien !
M. Michel Teston. Pour maintenir des habitants en zone rurale et, pourquoi pas, comme cela se dessine actuellement, en faire venir de nouveaux, nous devons être en mesure de leur proposer des réseaux et des équipements de qualité.
M. Charles Revet, rapporteur. Nous partageons complètement cette opinion !
M. Michel Teston. Nous ne réglerons pas les problèmes qui se posent dans les grandes agglomérations si nous continuons à laisser les zones rurales se dépeupler au profit des zones urbaines. (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur certaines travées des Républicains et indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Nous allons poursuivre le débat portant sur la suppression des schémas sectoriels et leur remplacement par des schémas de services et, en l'occurrence, par un mot un peu magique que tout le monde met en avant : l'intermodalité.
Selon moi, il n'est pas possible d'harmoniser les services, de mettre en place l'intermodalité s'il n'y a pas des modes à coordonner.
Je viens d'entendre dire que la voie ferrée a été la grande déshéritée des investissements en France par le passé. Au risque de décevoir, j'affirme que c'est en France que le mode ferré est le plus développé. Ainsi, selon les statistiques d'Eurostat 1995, malheureusement en tonnes-kilomètre, et non en valeur ajoutée, dans l'Union européenne 14,4 % des marchandises sont transportées par le rail et 72 % par la route alors que, en France, 23 % sont transportées par le rail, soit pas loin de neuf points de plus, et 63 % par la route.
Je crois donc que c'est une erreur profonde de dire que la France a totalement négligé son réseau ferroviaire, qui comporte des milliers de lignes de kilomètres.
M. Bernard Piras. Sur le fret !
M. Jacques Oudin. Je parle des marchandises, mais on pourrait aussi parler des voyageurs !
Je voudrais très rapidement relever un certain nombre des arguments qui ont été avancés pour, en fait, supprimer les schémas sectoriels, notamment le schéma routier et autoroutier, puisque c'est lui qui est visé.
Tout d'abord, il est totalement incohérent d'oppposer infrastructures et développement durable - M. le président de la commission spéciale l'a fort bien dit - car il n'y a pas de développement économique sans développement des infrastructures et, contrairement à ce que vous pensez, ce n'est pas la politique de l'offre qui fait le développement des infrastructures, c'est la demande.
M. Gayssot a fait apparaître en octobre 1998 un document intitulé : La demande de transport, perspectives d'évolution à l'horizon 2020, que j'ai en main et auquel vous pouvez vous référer. De cette analyse prospective, il ressort que, dans une société de plus en plus motorisée, de plus en plus mobile, la demande d'échange est systématiquement supérieure à la croissance. Cela se double de la construction d'un espace européen qui a pour objectif de multiplier les échanges entre pays européens.
Il existe une conjonction de phénomènes qui vont tous dans le même sens. La croissance intérieure d'un pays entraîne un développement supérieur des échanges ; la construction européenne entraîne un développement supérieur des échanges ; la mondialisation, ne l'oublions pas, entraîne aussi un accroissement supplémentaire des échanges.
Au niveau national, pour 1996-2020, si la croissance augmente de 2,9 % - il y a trois hypothèses : 2,9 %, 2,3 % et 1,9 % - systématiquement le mode routier se développera plus vite. Je veux bien que vous veuillez inverser cette tendance, mais j'aimerais bien aussi que vous m'indiquiez comment ! L'intermodalité ou l'utilisation d'équipements existants ne suffiront pas !
Entre 1970 et 1996, la croissance moyenne du réseau routier national a été de 4,4 % par an, alors que, pour l'ensemble des transports, elle était de 3,6 %. La croissance du trafic des autoroutes s'élevait à 9,7 % et celle du ferroviaire à 1,6 % pour toute cette période.
Pour l'avenir, les mêmes tendances existent. J'en veux pour preuve ces tableaux extrêmement évocateurs publiés par le ministère de l'équipement. Vous voyez que la source est bonne ! Mme la ministre en dispose, ses conseillers aussi ; vous pouvez donc vous les procurer.
Les courbes de croissance, dans les vingt prochaines années, grimperont de façon considérable. Ainsi, pour le trafic de marchandises et le trafic routier, en partant d'un niveau en 1970 de 90 milliards de tonnes kilomètre nous en sommes actuellement à 210, soit 230 % d'augmentation. Quels que soient les rythmes de croissance de notre économie - parce qu'ils influent sur le développement des transports - nous atteindrons en 2020 soit 330, soit 470 millions de tonnes kilomètre.
Nous constaterons des évolutions analogues pour le trafic des passagers : nous passerons de 250 milliards de kilomètres passager à 420 ou à 500.
Quelle sera l'évolution du mode ferroviaire ? Pour les marchandises, elle restera totalement stable ; pour les voyageurs, elle connaîtra une légère augmentation due au trafic urbain.
J'observe donc qu'il n'existe pas d'antinomie entre la politique d'une offre idéale et celle de la demande idéale. L'offre suit la demande. Nous sommes en économie de marché, marché où la demande et l'offre doivent se rencontrer.
Les approximations, les simplifications excessives me paraissent, dans le domaine économique comme dans le domaine financier, extrêmement dangereuses quand il s'agit de l'avenir.
On a dit du réseau autoroutier tout le mal que l'on pouvait en penser, notamment qu'il ne tenait pas compte de l'environnement. N'oublions pas que, dans cette assemblée, nous avons adopté, en 1992, une loi sur l'eau extrêmement contraignante pour l'ensemble des ouvrages publics, qu'ils soient ferroviaires ou routiers, en 1994, une loi sur les paysages et, en 1996, une loi sur l'air. Tous ces textes ont majoré le kilomètre d'autoroute de 40 % en cinq ans.
Un kilomètre d'autoroute coûte à l'heure actuelle 50 millions de francs. Mille kilomètres d'autoroute coûtent donc 50 milliards de francs, soit une année de déficit de la SNCF ! (Applaudissements sur les travées du RPR ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste.)
M. le président. Sur l'article 32, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 82, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent de supprimer l'article 32.
Les deux amendements suivants sont présentés par M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 302 vise à rédiger comme suit le premier alinéa du III du texte présenté par l'article 32 pour l'article 14-1 à insérer dans la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 :
« III. - Les schémas définis aux I et II précédents ont pour objectif prioritaire la desserte et le désenclavement du territoire français en optimisant l'utilisation des réseaux et équipements existants, en favorisant la complémentarité entre les modes de transport et la coopération entre les opérateurs, et en prévoyant la réalisation d'infrastructures nouvelles. Dans ce but : ».
L'amendement n° 303 tend, dans le dernier alinéa du III du texte présenté par l'article 32 pour l'article 14-1 à insérer dans la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982, à remplacer les mots : « des régions directement intéressées » par les mots : « des régions et des départements directement intéressés ».
Par amendement n° 315, MM. Désiré, Larifla et Lise et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, avant le dernier alinéa du texte présenté par l'article 32 pour l'article 14-2 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982, d'insérer un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Dans les régions ultrapériphériques françaises, ils tiennent compte de leurs handicaps structurels, à savoir leur éloignement, leur insularité, leur faible superficie, leur relief et leur climat difficiles, ainsi que de leurs pratiques culturelles. Les choix opérés en matière de transport terrestre, maritime et aérien sont établis en fonction de ces particularités. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 82.
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'article 32 détermine le régime juridique des schémas de services collectifs. A côté de l'optimisation de celui qui existe, il nous a paru indispensable d'accroître un certain nombre d'équipements. En effet, nous croyons à l'augmentation de la demande de transport.
Il est nécessaire de conserver, nous semble-t-il, des schémas modaux.
Je rappelle que nous avons adopté le principe de schémas directeurs d'équipements et de services, qui traduisent la cohérence de chaque mode de transport sur le plan national.
Il est souhaitable d'élaborer cinq schémas sectoriels d'équipements et de services : routiers et autoroutiers, ferroviaires, aéroportuaires, fluviaux, maritimes et portuaires. Nous évoquons trop peu ici ce dernier alors que le premier port « français » s'appelle Rotterdam !
Il est nécessaire - je le rappelle parce que j'ai cru entendre certains procès émanant de personnes méconnaissant nos propositions - d'avoir une forte approche multimodale dans une logique de programmation temporelle comme en Allemagne.
Tout à l'heure, M. François-Poncet comparait les 100 milliards de francs cumulés sur un peu plus d'une décennie en Allemagne aux 400 millions de francs par an du FITTVN. Au sein de ce fonds, ce sont 74 millions de francs qui ont été affectés l'an passé aux chantiers de l'intermodalité. Nous sommes réellement loin du compte, quand on sait qu'un certain nombre de chantiers sont déjà saturés, notamment dans le Nord de la France !
Cette approche intermodale est une nécessité que nous inscrivons bien dans nos préoccupations et que nous retrouverons dans nos amendements suivants. Voilà pourquoi nous proposons la suppression de l'article 32.
M. le président. La parole est à M. Fischer, pour défendre les amendements n°s 302 et 303.
M. Guy Fischer. L'amendement n° 302 tend à mieux distinguer, d'une part, l'objectif à atteindre, qui doit être la desserte équilibrée de l'ensemble du territoire français, et, d'autre part, les moyens que l'on se donne pour y parvenir, c'est-à-dire l'optimisation des infrastructures existantes, mais aussi la réalisation d'équipements nouveaux dont notre pays a besoin.
Je pense, pour ma part, qu'il convient d'échapper à deux interprétations des schémas de transport ; la première consiste à annoncer de vastes projets aussi démagogiques qu'impossibles à financer et la seconde se limite à vivre sur nos acquis sans nous donner les moyens d'anticiper sur les nouveaux besoins.
L'objectif prioritaire des futurs schémas multimodaux est donc de faciliter l'accès de tous les citoyens aux voies de communication dans les meilleures conditions. Ce peut être par la création d'une nouvelle route ou bien la réhabilitation d'une voie ferrée délaissée, voire abandonnée.
C'est pourquoi nous estimons préférable de permettre aux populations elles-mêmes et à l'ensemble des acteurs locaux, des élus, d'exprimer quels sont les besoins, quels sont les projets les plus efficaces, voire les plus économes, plutôt que redessiner de façon technocratique les infrastructures sans évaluation préalable de leur utilité sociale et économique ni de leurs effets sur l'environnement et le paysage.
Or le fait de raisonner en termes de schéma directeur imposant d'en haut une carte des infrastructures pensée et mise en oeuvre par quelques technocrates parisiens correspond à une vision passéiste de notre société.
Dans l'agglomération lyonnaise, nous avons un exemple fameux et, je crois, unique à l'heure actuelle de cisaillement à niveau de plusieurs autoroutes, notamment autour de Lyon. C'est certainement le point de circulation le plus dangereux de la région Rhône-Alpes.
Pour nous, une vraie politique d'aménagement du territoire adaptée aux nouvelles exigences quantitatives et qualitatives des populations ne peut plus exclusivement considérer le territoire comme une variable économique sur laquelle on peut agir sans discernement.
L'amendement n° 303 tend uniquement à préciser que les départements, au même titre que la région, seront consultés sur la mise en oeuvre du schéma directeur routier national jusqu'à la mise en place définitive des schémas de services.
M. le président. La parole est à M. Bellanger, pour défendre l'amendement n° 315.
M. Jacques Bellanger. Tel qu'il est rédigé, l'article 32 du projet de loi, qui définit dans la loi d'orientation des transports intérieurs les conditions et les objectifs des schémas de services collectifs des transports, ne fait aucune référence aux régions ultrapériphériques françaises telles que nous les avons redéfinies tout à l'heure, à savoir les DOM, même si certaines des orientations qu'elles ont prises, notamment en matière de transport aérien et de transport maritime, devraient permettre une meilleure desserte de ces régions et, ainsi, participer à leur développement économique.
Cet amendement a donc pour objet de préciser le cadre dans lequel les schémas de services collectifs des transports doivent être élaborés dans les régions ultrapériphériques françaises. Ils devront tenir compte des handicaps structurels de ces régions, à savoir leur éloignement, leur insularité, leur faible superficie, leur relief et leur climat difficiles, ainsi que de leurs pratiques culturelles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 302, 303 et 315 ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Monsieur Fischer, la commission ayant proposé la suppression de l'article 32, votre préoccupation de desserte et de désenclavement sera satisfaite par nos amendements n°s 83 et 84. La commission est donc défavorable à votre amendement n° 302.
Le dernier alinéa du texte proposé pour l'article 14-1 prévoit qu'à titre transitoire, jusqu'à l'approbation définitive du schéma multimodal de services de transport, les régions intéressées seront consultées. Avec votre amendement n° 303, vous souhaitez étendre la consultation aux départements. L'idée semble intéressante, mais une telle disposition ne peut s'inscrire dans la rédaction que nous proposerons dans un autre article. La commission est donc défavorable à cet amendement, monsieur Fischer.
Monsieur Bellanger, la préoccupation relative aux régions ultrapériphériques exprimée dans l'amendement n° 315 mérite d'être intégrée dans le projet. Mais je vous propose, pour ce faire, de l'introduire sous forme de sous-amendement à notre amendement n° 83, qui sera appelé ultérieurement et qui tend à insérer un article additionnel après l'article 32.
Nous avons déjà abordé cette question des régions ultrapériphériques, et nous sommes convaincus par votre préoccupation. C'est pourquoi, si vous ne le faisiez pas, nous rectifierions nous-mêmes l'amendement n° 83. Mais la commission est défavorable à l'amendement n° 315.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 82, 302, 303 et 315 ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'amendement n° 82 vise à supprimer l'article qui définit les schémas multimodaux de services de transport. Ces deux schémas ont vocation à se substituer aux cinq schémas sectoriels définis par la loi de 1995 et, plus généralement, au schéma directeur d'infrastructures établi par l'Etat et défini par l'article 14 de la LOTI.
Afin d'assurer la cohérence entre les différents textes législatifs régissant la politique des transports, le Gouvernement a décidé d'en définir le régime juridique et les principaux objectifs territoriaux dans deux nouveaux articles de cette loi, les articles 14-1 et 14-2, proposés par l'article 32 du projet de loi.
La forme de planification retenue par le Gouvernement permettra une évolution substantielle de la planification en matière de transports pour pallier les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre des schémas d'infrastructures de la LOTI : cloisonnement entre les modes pouvant conduire à un empilement des priorités sectorielles ; approche exclusive en termes de projets d'infrastructures, alors que la qualité du service offert est liée à bien d'autres éléments comme les horaires, les fréquences, les correspondances, le suivi logistique ; approche qui privilégie trop le transport des voyageurs alors que voyageurs et marchandises ne procèdent pas exactement des mêmes logiques, même s'ils utilisent les mêmes infrastructures.
Deux éléments forts caractérisent la planification proposée par le Gouvernement.
Elle se caractérise en effet par une approche multimodale, qui avait déjà été introduite dans la loi du 4 février 1995, mais n'avait jamais connu d'application. Il s'agit de privilégier le service rendu, c'est-à-dire le besoin, et non pas les projets d'infrastructures, c'est-à-dire l'offre.
Cette approche permettra une élaboration déconcentrée et concertée régulée par des priorités et des critères de choix.
Ainsi, à partir des orientations générales de l'Etat, elle consiste à identifier sur les différents territoires concernés les axes, liaisons ou pôles de transport pour lesquels une amélioration des services de transport apparaît prioritaire ; à proposer, pour chacun d'entre eux, les objectifs d'amélioration de services de transport souhaitables ; à évaluer les avantages et les inconvénients des différentes actions envisageables pour y répondre et à classer les projets par ordre de priorité.
Deuxième élément : la planification bénéficiera d'un contenu enrichi.
Les deux schémas de services de transport doivent contribuer à la lisibilité de l'action publique en termes d'investissements, mais aussi d'incitation, de régulation et d'accompagnement des initiatives régionales. Ils comporteront, notamment, des cartes indiquant les modalités de développement prévues pour chacun des modes de transport, mais auront une ambition plus large que de simples schémas d'infrastructures, d'une part, en enrichissant le champ des actions dont ils ont vocation à assurer la cohérence et, d'autre part en fixant le cadre et les critères pour les choix ultérieurs, compte tenu des aléas techniques et économiques et des délais d'études préalables et de concertation.
Ainsi, les schémas de services de transport présenteront la stratégie à suivre sur chaque axe, liaison ou pôle, pouvant combiner des mesures de réglementation institutionnelles, réglementaires ou tarifaires ; le lancement d'études de grands projets ou la réservation de leur faisabilité le moment venu, dès lors que celle-ci est conditionnée par l'évolution de la demande ou par une autre évolution du contexte ; des mesures techniques d'exploitation ou d'amélioration des réseaux existants, y compris l'aménagement des infrastructures existantes ; la réalisation d'infrastructures nouvelles jugées nécessaires pour répondre aux besoins à long terme ; enfin, les problèmes qu'il n'est pas indispensable de résoudre dans l'immédiat, mais pour lesquels il faut préparer l'avenir - je pense par exemple à des réservations sur des sites aéroportuaires ou portuaires.
Les études menées sur la liaison voyageurs Lyon-Saint-Etienne, à la suite du CIADT du 15 décembre 1997, préfigurent cette approche.
En effet, nous avons choisi d'étudier les améliorations de service que pouvaient apporter les modes routiers et ferroviaires en portant attention à leur complémentarité. Cela a permis de proposer une stratégie d'action pour l'amélioration des relations entre Lyon et Saint-Etienne, fondée sur une amélioration des services ferroviaires touchant à la fois les infrastructures et les matériels, sur des aménagements de sécurité et de confort sur l'autoroute A 47 existante, enfin sur la création à plus long terme d'une nouvelle infrastructure autoroutière.
Quel a été l'avis de la commission spéciale sur ce projet du Gouvernement ? Il peut se résumer par le titre qu'elle a retenu dans son rapport : « Des infrastructures doivent être réalisées ». Nous en sommes tous d'accord, des infrastructures doivent être réalisées là où elles sont nécessaires. L'exemple que je viens de mentionner entre Lyon et Saint-Etienne le démontre. Mais ce n'est évidemment pas le seul exemple que je pourrais vous citer. J'aurais pu parler du TGV Est, du TGV Rhin - Rhône, des liaisons Perpignan-Barcelone, Lyon-Turin, Bretagne-Pays de la Loire, Paris-Toulouse, Paris-Clermont-Ferrand, Lyon-Clermont-Ferrand, et j'en passe...
Sur la forme que doit revêtir la planification en matière de transport, nous avons choisi deux schémas multimodaux, l'un portant sur les voyageurs, l'autre sur les marchandises.
La commission ne contredit pas cette approche. Elle se dit favorable à une approche multimodale en matière de transports pour favoriser l'intermodalité. Mais, d'un autre côté, elle rétablit des schémas monomodaux qui ne permettront manifestement pas de mettre son souhait en pratique, puisque tous les gouvernements qui se sont succédé depuis trente ans ont agi de même sans jamais réussir à concrétiser l'objectif d'une utilisation optimale de chacun des modes avec une excellente coordination entre les équipements et les infrastructures sur chacun de ces modes.
Pour l'ensemble de ces raisons, le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 82.
L'amendement n° 302 me permettra d'élargir un peu ma réflexion.
En effet, il est mieux rédigé que le texte initial du Gouvernement, mais il utilise un concept que j'appréhende pour ma part avec une extrême prudence.
M. Oudin, tout à fait involontairement sans doute, a tout à l'heure illustré ma démonstration. En effet, les schémas collectifs de transports ont pour objectif prioritaire la desserte du territoire français en optimisant l'utilisation des réseaux. En revanche, le désenclavement est un concept qui me cause quelques inquiétudes.
On l'utilise en général pour insister sur la nécessité de construire rapidement des infrastructures dans une zone a priori considérée comme isolée et enclavée, en faisant le pari que l'arrivée rapide de l'infrastructure est le seul élément sur lequel on pourra fonder le développement économique.
Pourtant, de nombreux exemples montrent qu'une infrastructure de transport ne peut pas tenir lieu de stratégie de développement. C'est un élément d'une stratégie. Si la stratégie de développement fait défaut, l'infrastructure ne désenclave pas, elle désertifie.
M. Adrien Gouteyron. Et inversement !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Hier, je discutais à voix basse - j'avais tort bien sûr (sourires) - avec M. le rapporteur, qui plaidait pour la prise en compte de son idée de schéma du Grand Bassin parisien. Il disait que, sur les liaisons entre Le Mans et Paris, Lille et Paris, Saint-Pierre-des-Corps et Paris, il y a chaque jour des trains entiers qui circulent dans les deux sens. Mais, M. le rapporteur le sait bien, ces mouvements pendulaires quotidiens permettent en réalité à un plus grand nombre de cadres de prendre le train pour aller travailler à Paris qu'à de chefs d'entreprises de s'installer au Creusot ou à Vendôme.
Les maires des villes TGV en avaient dressé le constat, en soulignant que le développement économique n'avait pas toujours été au rendez-vous. En revanche, ils avaient enregistré le départ de leurs cadres et de leurs jeunes, qui s'intensifiait d'autant plus que les projets de développement n'étaient pas suffisamment séduisants pour fixer ces populations à haut niveau de formation et à haute exigence.
Soyons clairs et évitons de caricaturer ! Je ne prétends absolument pas que le TGV ne sert à rien, loin s'en faut ! Certes, il a été fondamental pour répondre aux besoins de déplacements rapides d'une partie réduite de la population, mais ne nous racontons pas d'histoires ! Comme vous, mesdames et messieurs les sénateurs, quand je voyage en TGV, c'est plutôt en première classe. Or je constate que peu nombreux sont ceux qui paient leur billet dans cette classe. Pour l'essentiel, il s'agit de cadres de sexe masculin. Par conséquent, soyons extrêmement lucides sur l'utilisation de ce type d'infrastructure.
Sans doute a-t-on négligé la desserte des villes moyennes. Le TGV ne s'arrête pas partout et les autoroutes n'ont de sortie que tous les cinquante ou soixante kilomètres, ce qui n'assure pas la desserte des villes moyennes. De ce fait, ont continué à coexister des réseaux nationaux ou départementaux concurrents et le développement économique de ces villes s'en est trouvé handicapé.
Je voudrais que soient bien pris en compte non seulement la réponse aux besoins de déplacements, mais aussi l'impact sur l'aménagement du territoire des régions desservies. Je voudrais être certaine que la desserte à laquelle je tiens ne s'accompagne pas, parce qu'elle aurait été pensée de façon dissociée des autres enjeux du développement économique, d'une désertification.
Je constate d'ailleurs que le problème se pose à peu près dans les mêmes termes dans les zones rurales isolées et dans les quartiers déshérités de nos grandes villes, qui sont, eux aussi, extrêmement mal lotis en matière d'infrastructures.
Je m'en remettrai à la sagesse du Sénat pour l'amendement n° 302, dont le sort me paraît, hélas ! extrêmement sombre, pour des motifs que nous connaissons tous.
J'émets le même avis sur l'amendement n° 303.
Enfin, en ce qui concerne l'amendement n° 315, je partage évidemment le souci qui anime ses auteurs, mais nous étions convenus, avec les députés et certains sénateurs de l'outre-mer, que nous renverrions à l'examen du projet de loi sur l'outre-mer toutes les dispositions spécifiques, afin de ne pas donner l'impression que l'on traite en général d'autres choses et que l'on insère, pour faire plaisir aux intéressés, des mesures qui ne s'inscriraient pas dans une réflexion bien approfondie, transversale et cohérente sur l'ensemble des problèmes de développement posés par ces régions françaises ultrapériphériques.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission spéciale.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Je voudrais revenir brièvement sur l'un des points que Mme le ministre a soulevé et qu'elle avait d'ailleurs déjà abordé auparavant. Je m'étais alors retenu d'intervenir, mais j'espère que vous ne m'en voudrez pas si je ne m'en abstiens pas cette fois-ci.
J'admets tout à fait qu'une infrastructure autoroutière ne suffit pas, à elle seule, à engendrer le développement. Que l'on ne nous fasse surtout pas dire le contraire ! On peut même affirmer qu'il existe probablement des exemples qui montrent que certaines liaisons autoroutières ont l'effet inverse. Je crois, en particulier, que, dans la grande région parisienne, certaines liaisons ferroviaires ou autoroutières peuvent inciter plus les provinciaux à venir vers Paris que les entreprises à aller s'installer où l'on souhaiterait qu'elles s'installent. C'est vrai, je ne conteste pas ce point.
Simplement, le contraire est tout aussi vrai, c'est-à-dire que, sans désenclavement, sans liaisons autoroutières, il n'est pas de projet de développement qui voie le jour. Les deux sont vrais : on a besoin à la fois du désenclavement et d'initiatives qui, s'appuyant sur le désenclavement, engendrent une dynamique de développement.
Dans ma région, toutes les villes moyennes ont connu cela. Pendant assez longtemps, nous avons vécu avec l'autoroute Toulouse - Bordeaux, qui s'est faite « spontanément ». Il était inimaginable que les villes de Toulouse et de Bordeaux ne soient pas reliées par une autoroute - sans qu'il se passe rien parce que, à l'époque avant la décentralisation, les initiatives n'ont pas été prises par les préfets.
Est venue la décentralisation, et nous avons lancé deux réalisations à la sortie de l'autoroute.
La première est un agropôle, qui ne fonctionne que parce qu'il est en liaison avec les installations de recherche et d'enseignement supérieur de Toulouse et de Bordeaux. Il est à l'origine de la création de 600 emplois en sept ans.
La seconde réalisation est un parc récréatif - c'est un Belge qui est venu le créer - qui reçoit 250 000 visiteurs venant pour la moitié de Toulouse, pour l'autre moitié de Bordeaux.
Ces deux investissements, générateurs d'activités et d'emplois, étaient impensables sans autoroute, c'est tout à fait évident. Mais il est vrai que, si nous n'avions pas pris ces deux initiatives, l'autoroute ne nous aurait sans doute rien apporté. Donc, qu'on ne cherche pas à caricaturer la position des uns et des autres.
L'autoroute seule, Mme la ministre a raison, n'engendre pas le développement. Mais, sans autoroute, à peu près aucun développement ne peut avoir lieu. Interrogez les villes moyennes, vous verrez bien !
Mes chers collègues, qui peut citer le nom d'une ville moyenne qui aurait refusé d'être desservie par l'autoroute ? Je suis sûr que vous n'en trouverez aucune.
Il y a des initiatives qu'on ne peut prendre, des services publics qu'on ne peut développer sans infrastructure autoroutière correspondante.
Pour ma part, dans une ville moyenne, j'ai voulu trouver une solution avec l'université thématique. Alors je me suis fait « flinguer » par l'université avant de l'être par le ministre. (Sourires.) Le ministre, en l'occurrence, n'était, c'est vrai, que le porte-parole de l'université ! Donc, il faut chercher autre chose.
C'est ce qu'on est en train de faire dans l'académie de Toulouse, avec la création d'une université en réseau. On peut très bien développer un pôle universitaire entre Périgueux, Bergerac, Agen et Auch, mais à condition que la route soit carrossable. Si elle n'est pas carrossable, ce n'est pas la peine. Or elle ne l'est pas !
M. André Jourdain. Bravo, c'est parfait !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur François-Poncet, la démonstration ne manque pas de sel ! Mais il ne faut pas oublier que les étudiants n'ont pas tous une voiture ; bien souvent même, ils n'en ont pas, notamment les plus modestes d'entre eux.
C'est pourquoi il serait préférable de faire en sorte que les pôles universitaires et les villes moyennes soient reliés par des réseaux ferrés de voyageurs, et que les conditions de transport ainsi offertes soient séduisantes, comme elles le sont dans certaines des régions qui se sont livrées à l'expérimentation proposée par la SNCF ; je pense ici notamment à la région Nord - Pas-de-Calais, où a été instauré un abonnement spécial pour les étudiants.
En procédant ainsi, on ferait oeuvre utile à la fois en matière d'environnement, puisqu'on allégerait la circulation routière, et aussi, certainement, en matière sociale parce que de tels abonnements, financièrement très avantageux, s'adressent non seulement aux étudiants qui disposent d'une voiture et qui sont invités à s'en passer, mais également à ceux qui ne peuvent pas s'offrir ce luxe et qui constituent encore une écrasante majorité.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission spéciale.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Je ne suis pas du tout contre de telles liaisons ferroviaires, madame le ministre, surtout si elles permettent de voyager rapidement, confortablement et pour un prix modique. Je ne suis pas a priori pour les autoroutes.
Cela dit, on ne peut pas se voiler la face et ignorer tout ce qui se passe autour de nous. Or, à cet égard, l'expérience de l'Allemagne est très éclairante.
L'Allemagne est, de tous les pays européens, celui qui a fait le plus grand effort d'investissement en faveur du chemin de fer et de la voie fluviale. Elle l'a fait pour une raison très simple : elle a le premier réseau autoroutier d'Europe et il est totalement saturé, de A à Z ! On peut évidemment, dans ces conditions, envisager de se développer autrement. L'Allemagne l'a fait.
L'Allemagne a donc accompli un immense effort en se donnant des objectifs extrêmement ambitieux puisqu'il s'agissait de réduire, et non pas seulement de stabiliser, la part de la route dans le trafic.
Lorsque, quinze ans plus tard, nous sommes venus voir ce qu'il en était de cette expérience, que nous ont dit nos interlocuteurs allemands ? « Avec les énormes efforts que nous avons consentis, avec les investissements massifs que nous avons réalisés, nous avons simplement maintenu au chemin de fer et à la voie fluviale la part qu'ils détenaient auparavant. Nous n'avons rien fait de plus et nous avons dû revoir nos objectifs. »
Par conséquent, à mon avis, il est faux de croire que le chemin de fer désenclavera une région. On a probablement besoin et du fer et de la route, mais ce n'est pas en établissant une liaison ferroviaire, avec l'idée de faire faire des économies aux étudiants, qu'on résoudra le problème du désenclavement. J'en suis d'autant plus persuadé, que le désenclavement doit, selon moi, nous amener beaucoup plus vers le nord et vers le sud.
Par conséquent, essayons de garder les pieds sur terre, essayons de laisser l'idéologie à la porte et regardons ce que les populations demandent !
On nous dit qu'on va prendre en compte les besoins. Qui n'est pas d'accord ? Bien sûr qu'il faut les prendre en compte ! Mais pouvez-vous me dire qui interprète les besoins ? Qui peut dire ce que la population souhaite ? Sont-ce les occupants d'un bureau parisien ou les élus de la base ? Interrogez donc les élus de la base ! Vous allez voir ce qu'ils vont vous dire !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je constate que nous sommes vraiment au coeur du débat, et sur un sujet qui intéresse traditionnellement beaucoup les élus. C'est sans doute pourquoi nous avons du mal à avancer.
Ne tombons pas à nouveau dans des simplifications choquantes ! Personne ne prétend ici que la voie ferrée est la panacée. Si elle était la solution miracle, cela fait longtemps que nous l'aurions adoptée !
Nous savons qu'il faudra une action vigoureuse pour améliorer l'offre intermodale, pour établir une tarification équitable, pour moderniser la réglementation sociale du transport routier et, au total, pour espérer maintenir les parts du transport ferroviaire et du transport fluvial.
Au demeurant, tout scénario qui remettrait à sa juste place l'automobile, que ce soit en ville, dans les liaisons interurbaines ou en zone rurale, supposerait, me semble-t-il, un bouleversement des mentalités bien plus encore que des efforts financiers.
En tout cas, nous sommes bien au coeur de la discussion politique. Tant qu'on opposera le rail et la route, on sera inutilement caricatural et on ne dira pas de façon précise à quoi peut idéalement répondre chacun des modes de transport.
Personne n'imagine que l'on va assurer la desserte terminale des marchandises chez les consommateurs à l'aide de conteneurs ferroviaires. Mais personne n'imagine non plus qu'il soit raisonnable de continuer à faire transiter par camion toutes les marchandises à acheminer entre Rotterdam et Naples, en saturant l'axe Nord-Sud.
Il me semble que nous devrions, avec le souci d'« internaliser » les coûts dans l'ensemble des secteurs et de prendre en compte les besoins exprimés par la population - et pas seulement par les élus - nous rapprocher de notre responsabilité, et notre responsabilité consiste à faire des choix.
Je ne crois pas que l'on puisse continuer à faire croire aux élus que l'on va réaliser autant de routes que par le passé et construire, en plus, des voies ferrées régionales ou internationales, encourager le transport maritime, le cabotage, les voies fluviales, les aéroports, les ports, etc. Il convient de faire des choix, de hiérarchiser les priorités, c'est-à-dire de savoir ce qui est le plus utile, en consentant des investissements maîtrisés.
Force m'est de le constater, dès lors qu'il s'agit de formuler des propositions concrètes, nous nous heurtons aux plus grandes difficultés. Comme vous, sur le terrain, j'observe que les élus soutiennent la démarche du développement durable, plaident pour le rail, puis, aussitôt qu'on en vient aux projets concrets qui intéressent leur canton, font très souvent le choix de la route.
Je voudrais donc qu'on soit très rigoureux quant à l'appréciation de l'efficacité économique de différentes solutions.
M. Oudin a longuement parlé tout à l'heure du déficit du système ferroviaire. Je ne partage évidemment pas son analyse concernant les causes, mais je rappelle que la SNCF, puis RFF ont assumé des investissements que la route est loin d'assumer pour son propre compte.
Je précise également que la tarification, sur les autoroutes, est loin de prendre en compte les dégâts causés à la voirie par les camions. Je m'étonne du différentiel touchant les carburants. Je m'interroge sur l'ampleur du déficit des sociétés autoroutières, qui est du même ordre que l'endettement de RFF. Ce sont des endettements monstrueux.
Dans le passé, tous les problèmes de développement étaient résolus par des choix d'instrastructures supplémentaires. Aujourd'hui, nous sommes confrontés - c'est le principe de réalité ! - à des approches plus subtiles, plus intelligentes, plus complexes, peut-être plus difficiles à « vendre » à nos électeurs en période électorale, mais, finalement, nos neurones s'en porteront sans doute bien mieux.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 82.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Je crois que, comme l'a dit Mme le ministre, nous sommes au coeur du problème, et la discussion est d'une grande intensité. Je m'en réjouis, car cela témoigne de la qualité des débats qui se déroulent à la Haute Assemblée.
Mais il y a des choses qu'on ne peut laisser dire.
Madame le ministre, vous nous expliquez que vous êtes sidérée devant l'ampleur du déficit du système autoroutier. Quand j'entends cela, les bras m'en tombent ! Voilà en effet le seul système de transport qui soit non seulement équilibré mais excédentaire.
En face de 120 milliards de francs d'emprunts, il y a 27 milliards de francs de recettes annuelles de péage. Le système concédé autoroutier enregistre un trafic moyen de 25 000 véhicules par jour. Or le seuil de rentabilité du système autoroutier se situe à 23 000 véhicules par jour.
Non seulement le système est équilibré, mais il génère en outre 6,2 milliards de francs de recettes pour les caisses de l'Etat, dont 2,2 milliards de francs sont versés au fonds d'intervention des transports terrestres et des voies navigables.
De surcroît, la part de ces prélèvements est passée de 8 % des recettes de péage voilà une dizaine d'années à 23 % aujourd'hui.
Expliquez-moi donc comment un système qui génère 6,2 milliards de francs de recettes au profit de l'Etat pourrait être déficitaire !
Je rappelle en passant que les emprunts du système ferroviaire se montent, eux, à 200 milliards de francs.
Vous dites, madame le ministre, que les deux systèmes ne supportent pas les mêmes charges. Indiquez-moi, alors, en quoi elles différent !
Vous dites également que les poids lourds ne paient pas les infrastructures qu'ils utilisent. Je vous ferai remarquer que la seule infrastructure qui est payée à son coût marginal, c'est l'autoroute.
Après que nous vous eussions entendu tenir toute une série de propos tendant à démontrer la nécessité de réduire la part de la route et d'augmenter celle du rail, - ce qui est certainement tout à fait louable - le président de la commission spéciale, en évoquant l'exemple allemand, a démontré qu'aucun pays développé au monde n'avait réussi à opérer des transferts d'un mode à l'autre, ou du moins à accroître la part du transport ferroviaire. C'est effectivement impossible !
Vous avez alors admis que des infrastructures devaient être réalisées. Fort bien ! Mais permettez-moi de vous indiquer pourquoi il faut que ces infrastructures soient notamment routières ou autoroutières : simplement parce que le développement économique l'impose quasiment.
Vous avez sondé les particuliers et les entreprises pour connaître leurs besoins. Madame la ministre, il n'y a plus une entreprise qui accepte de s'installer ou de se développer en province - et a fortiori en milieu rural - si elle ne trouve pas à proximité une autoroute ou des accès rapides à l'autoroute.
Par ailleurs, le système de production des entreprises a lui-même changé : elles travaillent maintenant à flux tendu.
M. Adrien Gouteyron. Bien sûr !
M. Jacques Oudin. Comme certains économistes l'ont souligné, l'essentiel de la chaîne de production ne se trouve plus dans l'usine, elle est souvent sur l'autoroute. En effet, c'est par celle-ci qu'arrivent les pièces de rechange, les pièces d'assemblage, et par celle-ci que repartent les produits à livrer.
M. François-Poncet parlait tout à l'heure des réseaux. Il est évident que, en raison du développement des réseaux de ville, nous assistons à un accroissement des déplacements entre le domicile et le travail : c'est que les gens qui vont demeurer dans les endroits calmes, en dehors des villes, doivent parfois se rendre dans les villes pour y travailler.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Elles sont précisément devenues invivables à cause des bagnoles !
M. Jacques Oudin. Les infrastructures, on ne les réalise pour le plaisir de les réaliser. Elles sont avant tout destinées à répondre une demande, celle-ci émanant soit des particuliers, soit des entreprises.
Bien sûr, tout le monde souhaite harmoniser et coordonner les diverses infrastructures de transport. Mais un constat s'impose : aucun mode de transport - et notamment pas le transport ferroviaire - ne sauvera la route. La route se sauvera par elle-même ! Je l'ai dit lors de la discussion générale : seule la route peut sauver la route.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La fuite en avant, ce n'est pas se sauver, c'est se tuer !
M. Jacques Oudin. Je sais bien que vous n'aimez pas la route, mais il faudra encore réaliser des infrastructures autoroutières !
Vous dites aussi, madame le ministre, qu'il faut faire des choix. Bien sûr, mais à condition qu'ils soient financièrement supportables !
Sachez que, dans ma région, nous avons essayé de remettre en service une ligne ferroviaire reliant deux petites villes. Nous nous sommes malheureusement aperçus que le coût de fonctionnement de la remise en service de cette ligne entraînait un déficit annuel de 36 millions de francs. Si, pour une même somme, vous pouvez faire un autre investissement, par exemple routier, le choix est relativement vite fait !
Lorsqu'il s'agit, en matière de transport, de peser son choix en termes financiers, il n'y a qu'une question à se poser : avec un million de francs d'investissement, combien d'usagers seront desservis ?
Un jour, le directeur régional de la SNCF nous a proposé un arrêt dans telle ville. Nous avons fait un essai pendant un mois ; chaque jour, à cet arrêt, il est descendu vingt passagers, et il en est monté autant ! Nous avons ainsi constaté qu'il valait mieux songer à un autre type d'infrastructure.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Nous ne saurions accepter la suppression de l'article 32. Mon collègue Michel Teston a parfaitement expliqué les raisons pour lesquelles nous sommes très favorables aux schémas de services collectifs multimodaux de transports. Pour nous, c'est fondamental. Nous voterons donc l'amendement n° 82.
Pour ce qui est de notre amendement n° 315, nous préférons le laisser en l'état. La probable adoption de l'amendement n° 82 le rendra, certes, sans objet mais nous pouvons espérer que la suite des travaux parlementaires permettra d'y revenir.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 82, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 32 est supprimé, et les amendements, n°s 302, 303 et 315 n'ont plus d'objet.

Articles additionels après l'article 32



M. le président.
Par amendement n° 85, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 32, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 18 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, sont insérés une division et un intitulé ainsi rédigés :

« Section 5

« Des schémas directeurs d'équipements et de services de transports. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'insertion de deux nouveaux schémas directeurs d'équipements et de services nous conduit à créer une section 5 dans les schémas de transport antérieurement visés à la sous-section 1 de la section 3.
Tel est l'objet du présent amendement qui n'est qu'un texte de coordination par rapport à la rédaction que nous proposons.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement pour les motifs que j'ai déjà longuement expliqués la semaine dernière.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 85, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 32.
Par amendement n° 83 rectifié, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 32, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 19 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 est ainsi rédigé :
« Art. 19-I. - En 2020, aucune partie du territoire français métropolitain continental ne sera située à plus de cinquante kilomètres ou de quarante-cinq minutes d'automobile soit d'une autoroute ou d'une route expresse à deux fois deux voies en continuité avec le réseau national, soit d'une gare desservie par le réseau ferroviaire à grande vitesse.
« II. - Dans un délai de dix-huit mois à compter de la publication de la présente loi, sont établis à l'échéance de 2020 : un schéma directeur d'équipements et de services routiers, un schéma directeur d'équipements et de services fluviaux, un schéma directeur d'équipements et de services ferroviaires, un schéma directeur d'équipements et de services maritimes et un schéma directeur d'équipements et de services aéroportuaires.
« III. - Les schémas directeurs d'équipements et de services visés au II prennent en compte les choix stratégiques visés à l'article 2, les trafics constatés n'étant pas le seul critère de choix. Ils prennent en compte les orientations des schémas européens d'infrastructures et l'objectif d'établissement de liaisons européennes à travers le territoire français.
« Ces schémas veillent notamment à poursuivre l'amélioration de l'accessibilité à toute partie du territoire français, particulièrement dans les zones d'accès difficile. Ils devront notamment prévoir des modes de transport adaptés pour le trafic des marchandises dans les zones à l'environnement fragile.
« Ces schémas favorisent une approche intermodale, intégrant le mode étudié dans une chaîne de transport et prenant en compte les capacités retenues pour les autres modes de transport.
« Ils se composent d'une carte définissant la nature et la localisation des travaux d'entretien, d'extension ou de création des équipements et d'un échéancier qui précise le montant des investissements et leurs modalités de financement.
« IV. - Ces schémas tiennent compte des handicaps structurels, des spécificités telles que l'éloignement, l'insularité, la superficie, le relief et le climat dans les départements d'outre-mer - régions ultrapériphériques françaises. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous avons recti- fié notre amendement n° 83 après avoir entendu M. Bellanger. En effet, face à la logique de l'offre, il y a celle du flux.
Cet amendement a pour objet de fixer le régime juridique des schémas directeurs d'équipements et de services des transports. Il reprend le texte de l'article 17 de la loi du 4 février 1995 tout en opérant plusieurs changements.
Il modifie, tout d'abord, le nom des schémas visés à cet article. Ce nouvel intitulé traduit la volonté de voir prises en compte tant la notion d'équipement que celle de service.
Il remplace la référence aux « orientations nationales de développement du territoire » par une référence aux « choix stratégiques » visés à l'article 2.
Il reporte à 2020 l'échéance de ces schémas et souligne que ceux-ci favorisent une approche « intermodale ».
Enfin, en retenant l'une des conclusions du rapport de la commission d'enquête Fleuve, Rail, Route, il ajoute au III de cet article un quatrième et dernier alinéa qui précise que ces schémas se composent, d'une part, d'une carte définissant la nature et la localisation des travaux d'entretien, d'extension ou de création des équipements et, d'autre part, d'un échéancier qui précise le montant des investissements et leurs modalités de financement. Ces dispositions s'inspirent directement, je le rappelle, de celles qui sont en vigueur en Allemagne.
Nous avons eu tout à l'heure un débat fort riche. Mais je ne voudrais pas que l'on caricature la position de la commission en laissant croire qu'elle serait plus favorable à un mode de transport qu'à un autre.
Comme nous l'avons déjà dit, il est nécessaire d'avoir une approche à la fois « multimodale » et « intermodale » de l'ensemble des modes de transport. Cette approche nécessite des choix en matière d'investissement qui permettent de remédier à un certain nombre de déséquilibres introduits dans notre pays.
Comme l'a rappelé M. François-Poncet, nos voisins allemands ont évité, en quinze ans, la dégradation de la part du rail sans pour autant empêcher la croissance de la part de la route. Si nous voulons que le rail reconquière des parts de marché, il faut réaliser des investissements dans ce secteur. Dans notre rapport, comme dans notre amendement n° 84, nous soulignons d'ailleurs la nécessité d'investir à des horizons pas trop lointains.
Madame le ministre, vous évoquiez le contournement de Lyon. Je rappelle que le pont Saint-Jean à Bordeaux nécessite un milliard de francs. N'oublions pas non plus, alors qu'on parle d'ancrage dans l'Union européenne, le problème posé par la liaison ferroviaire le long de la côte languedocienne ainsi que le contournement de Paris pour redonner des chances au Havre par rapport à Rotterdam.
M. Charles Revet, rapporteur. Absolument !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Ces réalités-là, nous les avons définies comme des priorités. Par conséquent, laisser accroire que la commission spéciale aurait fait le choix d'un mode de transport plutôt qu'un autre serait inexact.
Par ailleurs, nous avons travaillé à partir d'un rapport en date de 1994 intitulé Réseau routier transeuropéen sur le développement spatial, régional et économique. Nous nous sommes d'ailleurs demandé en février dernier s'il était toujours considéré comme valable à l'échelon européen. Toute ville moyenne, dont la définition varie selon le pays concerné, devrait être située à trente minutes au maximum d'un point d'entrée sur le réseau routier transeuropéen.
Par ailleurs, madame le ministre, si le même groupe de travail reconnaît que ce n'est pas l'infrastructure qui, à elle seule, crée l'activité, il considère, lui aussi, qu'une bonne accessibilité aux espaces ruraux est la seule manière de permettre le repeuplement des campagnes, donc leur revitalisation. Je vous renvoie, à cet égard, à la page 23 du rapport. Si la condition n'est pas suffisante, elle paraît nécessaire. Voilà pourquoi nous nous inscrivons dans une logique d'équipement du territoire qui ne doit pas nous conduire à des affrontements idéologiques sur ce sujet. Nous devons raisonner en termes de complémentarité d'équipement.
Si nous prenons comme référence la France et l'Allemagne, nous voyons bien que le rail et les voies navigables ont, par exemple, des valeurs « tutélaires » moyennes en général sept fois inférieures en termes de pollution atmosphérique à celles de la route.
M. Roland Courteau. C'est vrai !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Mais nous savons aussi qu'il y a la réalité. Le combat pour améliorer les caractéristiques techniques des moteurs à explosion, notamment en matière de rejet de CO2, de CO et de SO2, est l'une de nos préoccupations. L'approche intermodale et multimodale fait partie des réalités de l'aménagement et du développement du territoire.
Permettez-moi de rappeler que l'expérimentation de la régionalisation des transports ferroviaires est une initiative due à M. Haenel et non à la SNCF, car l'aménagement du territoire fait partie des préoccupations de cette assemblée.
M. Alain Gournac. Un peu beaucoup !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 83 rectifié ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le Gouvernement en pense beaucoup de mal, monsieur le président !
M. le président. Tel était mon sentiment, madame la ministre, mais je préférais vous l'entendre dire !
M. Charles Revet, rapporteur. Mais non ! Cet amendement est très bon !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je me suis exprimée déjà longuement à l'occasion de l'examen de l'article 32 sur l'intérêt que présentent, pour la planification à long terme des transports, les deux schémas de services multimodaux que le Gouvernement propose. Je me limiterai donc à commenter deux points particuliers, à savoir, d'une part, le rétablissement de la règle des cinquante kilomètres ou des quarante-cinq minutes et, d'autre part, l'introduction d'une programmation au sein de ces schémas.
Le Gouvernement partage bien évidemment l'objectif d'améliorer la desserte des zones d'accès difficile ou de moindre densité démographique dans un but de développement local et de rapprochement de nos concitoyens des services qui se trouvent, pour nombre d'entre eux, dans les villes.
Le Gouvernement a ainsi souhaité que cet objectif soit mentionné dès l'article 3 de la LOTI, article fondateur de la politique des transports. Je n'ai pas eu l'occasion de souligner à quel point cette loi était et reste une grande loi. En effet, en cherchant à la « toiletter » dix-sept ans plus tard, on se rend compte que presque toutes les dispositions qu'elle contient sont bonnes. Il n'y a pas grand-chose à jeter, tout au plus certaines dispositions doivent être rénovées.
De même, cet objectif est également clairement mentionné dans le cahier des charges des schémas de service de transports aux articles 14-1 et 14-2 de la LOTI. En tout cas, tel serait le cas si M. le rapporteur n'avait pas souhaité la suppression de cet objectif.
Fallait-il pour autant maintenir la règle des cinquante kilomètres ou des quarante-cinq minutes telle qu'elle figure dans la loi de 1995 ?
Est-il sérieux de promettre de réaliser partout en montagne des équipements autoroutiers à 120 millions de francs le kilomètre, pour desservir quelques centaines ou quelques milliers d'habitants ? Ce n'est pas faire insulte au monde rural que de dire qu'une telle règle est un mythe, une vue de l'esprit, une façon un peu chaotique et rigide de manifester son intérêt pour la desserte de ces populations ou un pari sinon sur l'éternité, du moins sur un avenir non prévisible.
Cette disposition pèche non seulement par irréalisme, mais aussi par rigidité. La commission spéciale s'est élevée contre cette accusation d'irréalisme, et pourtant elle interprète cette obligation législative comme « un objectif à atteindre, indiquant le sens de l'évolution graduelle que le législateur entendait voir suivre ». On ne peut qu'être surpris d'une telle interprétation lorsqu'on connaît l'importance que le Sénat attache à la rigueur des textes législatifs. La langue française offre pourtant bien des possibilités pour exprimer ces nuances.
On les comprend mieux quelques pages plus loin, lorsque la commission spéciale propose de reconduire cette obligation en repoussant son échéance à 2020. Cinq années après le vote de la loi, la commission spéciale propose donc de repousser cette échéance de cinq années. Ainsi, plus de 80 milliards de francs dépensés en travaux autoroutiers et plus de 1 000 kilomètres d'autoroutes ouverts de 1995 à 1999 n'auraient pas permis de se rapprocher de l'objectif ! Quelle meilleure preuve donner à l'irréalisme de l'article adopté en 1995 ?
Est-on au moins certain que, pour cette seconde tentative, l'échéance avancée est crédible ? On peut en douter quand on se souvient que la directive européenne « Travaux » et la loi Sapin ont modifié fondamentalement les règles de fonctionnement du système de concession des nouvelles sections autoroutières, amenant l'Etat et les collectivités territoriales à payer de fait la majeure partie du coût d'infrastructures à faible trafic. Je pense que nous y reviendrons, monsieur Oudin.
M. Jacques Oudin. Certainement, madame le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Mais il ne s'agit pas simplement d'une question d'échéance calendaire. Une règle aussi rigide me paraît dangereuse par ses effets pervers. En effet, la planification qui en résulterait accumulerait les projets en zones rurales, pour répondre aux critères législatifs, et les projets en zones urbaines, pour répondre aux besoins qui s'y font sentir en raison, notamment, de la saturation des grands itinéraires, sans aucun rapport avec les moyens que l'Etat est en mesure de consacrer à leur réalisation, lui laissant donc toute liberté de piocher dans un stock irréalisable de projets, au gré des opportunités politiques ou financières.
Une telle planification reviendrait à un non-choix, alors que le Gouvernement entend bien définir une politique des transports arrêtant des priorités concertées.
Enfin, un tel critère part de l'hypothèse que l'amélioration de la desserte des zones d'accès difficile ou de faible densité démographique passe nécessairement par la réalisation d'autoroutes ou de routes express à deux fois deux voies, excluant, par exemple, les nouveaux projets routiers que le rapport que vous avez cité tout à l'heure appelait de ses voeux pour les liaisons à plus faible trafic.
Nous devons ici faire preuve de pragmatisme. Sur certaines liaisons, l'amélioration de la desserte passera par la création d'infrastructures nouvelles, mais pas forcément d'une autoroute ; sur d'autres, il s'agira d'améliorer la sécurité, la qualité du service offert en période hivernale ou la fréquence et le confort des transports en commun. Il ne peut y avoir, en la matière, une règle générale. Nous devons examiner, liaison par liaison, en fonction des besoins réels, des coûts et du contexte géographique, ce qui est nécessaire et possible.
J'en viens à la distinction que vous opérez entre la planification et la programmation.
J'ai bien compris qu'il s'agissait de corriger en partie l'effet pervers induit par l'exercice que j'ai précédemment décortiqué. Je ne peux que partager ce souci de voir une planification régulée par les contraintes budgétaires qui s'imposent à tous. Cette nécessité est affirmée dans les documents de cadrage national qui serviront de guide à l'élaboration des schémas. Elle passe également par la hiérarchisation des priorités d'action. Faut-il aller plus loin ? Faut-il pour autant que la planification s'accompagne de cartes et d'échéanciers définissant la nature et la localisation des travaux d'entretien, d'extension ou de création ainsi que des modalités de financement de ces opérations ? Mener un tel exercice à un horizon de vingt ans relève de la gageure et dépasse de beaucoup l'exemple allemand qui inspire l'amendement.
Le Gouvernement préfère, quant à lui, s'attacher à un horizon de programmation réaliste, celui des contrats de plan. La négociation de ces derniers lui paraît l'occasion privilégiée non seulement pour discuter de la programmation des opérations qui devront figurer au contrat, mais plus généralement pour préciser la programmation de l'ensemble des opérations qui, même si elles ne figurent pas au contrat, en constituent la toile de fond.
Je vous propose, puisque j'ai omis de le faire, de consulter un document, émanant de la direction des routes ainsi que de la direction de la sécurité routière, de la circulation intitulé « Services offerts par le réseau routier national ». Il illustre bien la difficulté de respecter des dispositions prévoyant la construction d'autoroutes pour desservir toutes les communes situées à plus de quarante-cinq minutes ou à plus de cinquante kilomètres d'un échangeur.
Ce document comporte des éléments intéressants, notamment une carte qui permet de se rendre compte que même les zones qui ne sont pas actuellement desservies par une autoroute le sont par des routes nationales très modernes. C'est notamment le cas des zones qui ne sont pas situées en haute montagne.
En revanche, si on exclut ces routes nationales qui ont un gabarit très satisfaisant et qui ont été régulièrement entretenues et améliorées, je pense par exemple à toutes les routes nationales qui desservent le grand Sud-Ouest ou la Bretagne, on est confronté à une difficulté particulière. En effet, les zones qui sont concernées par cet amendement, monsieur le rapporteur, sont des zones de haute montagne ou de très haute montagne. Aussi, le montant que j'ai cité tout à l'heure, à savoir 120 millions de francs par kilomètre, est sans doute très en deçà de la réalité.
Enfin, je dirai quelques mots sur les caractéristiques des véhicules. Vous me faites plaisir. En effet, le Gouvernement a dynamisé fortement la réflexion du Conseil européen qui concernait les directives « auto-oil », lesquelles prévoient l'amélioration des caractéristiques techniques des moteurs et des caractérisitiques des carburants. On devrait ainsi réduire d'un tiers la pollution pour les véhicules neufs en 2000 et d'un autre tiers en 2005 ; c'est considérable !
Cela ne résoudra pas, hélas ! les problèmes liés à l'engorgement urbain et aux accidents de la route. Il me semble donc nécessaire de réaffirmer que nos choix devraient en priorité s'attacher à la maîtrise de la circulation automobile en ville. C'était l'un des enjeux des plans de déplacement urbain, dont j'ai cru comprendre, hier, que vous souteniez le principe.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Madame le ministre, nous partageons les préoccupations liées aux phénomènes de pollution mais vos propositions manquent singulièrement d'ambition.
Je m'étonne que nous ayons moins d'ambition que l'Irlande, la Grèce ou le Portugal en matière de desserte, par rapport à ce que ces pays ont décidé depuis en termes de proximité.
Je rappelle que ce principe existe aux Etats-Unis depuis la seconde moitié des années cinquante. Le plan présenté par le président Eisenhower a permis de relier chaque pôle rassemblant 50 000 habitants, et a joué un rôle dans la relance du territoire.
Tous ces éléments ont été repris. On ne mène pas de politique d'aménagement et de développement du territoire sans une certaine ambition, une ambition réaliste : c'est l'objet de notre amendement.
Enfin, madame le ministre, vous nous demandez de regarder le territoire à une perspective de vingt ans, mais vous nous proposez une programmation d'équipement à cinq ans : là aussi, nous tirons à courte vue. Les Allemands ont une programmation à dix-neuf ans. En l'occurrence, nous ferions bien de nous inspirer de cette perspective, pas simplement dans l'article 1er ou l'article 2 du texte, mais aussi lorsque nous abordons concrètement les schémas directeurs d'équipements et de services.
Voilà pourquoi je souhaite que vous souteniez cet amendement, mes chers collègues. Cet amendement n'est pas un rêve ; il repose sur ce qui pourra devenir une réalité, à condition que nous le voulions. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Gournac. Voilà !
M. Charles Revet, rapporteur. C'est une volonté ! Or, c'est ce qui manque le plus !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 83 rectifié.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Dans un premier temps, il nous a semblé que la Haute Assemblée voulait adopter une attitude constructive sur ce projet de loi,...
M. Charles Revet, rapporteur. Nous ne faisons que cela !
M. Jacques Bellanger. ... en souhaitant donner plus de corps à un texte déjà bien charpenté par l'Assemblée nationale.
Or, au fil de la discussion, qui s'achèvera peut-être bientôt, le Sénat, article après article, procède méthodiquement à la destruction du texte, de ses innovations les plus majeures. Que nous propose-t-il en remplacement ? En l'occurrence, un retour à la loi de 1995, c'est-à-dire à un texte qui n'a même pas pu être appliqué par la majorité qui l'avait voté.
M. Roland Courteau. C'est exact !
M. Jacques Bellanger. Cela étant dit, je veux expliquer clairement les raisons de fond sur lesquelles reposent notre position. Des raisons de fond, ce n'est déshonorant ni pour les uns ni pour les autres. De plus, si on les qualifie d'« idéologiques », c'est un compliment. Nous avons le droit, les uns et les autres, d'avoir des opinions auxquelles nous croyons.
M. Charles Revet, rapporteur. Heureusement !
M. Jacques Bellanger. J'expliquerai donc clairement les raisons de fond pour lesquelles nous sommes résolument opposés au rétablissement des cinq schémas unimodaux de la loi Pasqua, même légèrement modifiés.
Tout d'abord, parce qu'il s'agit de schémas unimodaux. Ces schémas sont aujourd'hui révolus. Ils correspondent à une vision passée, je dirai même passéiste de l'aménagement du territoire : l'époque où les grands corps de l'Etat, les grands services de l'équipement faisaient la loi, au sens le plus littéral du terme ; l'époque où la politique d'aménagement du territoire était déterminée d'en haut.
Cette logique, une logique de l'offre, une logique « équipementière », le Gouvernement et sa majorité ont voulu la casser pour lui substituer une logique de la demande, une logique qui part de l'analyse des besoins exprimés, notamment sur le plan régional. Je m'étonne que notre assemblée refuse cette démarche, pourtant plus conforme à l'esprit de la décentralisation.
Je crois qu'en revenant aux schémas unimodaux nous allons droit dans le mur.
Droit dans le mur, parce que nous n'avons pas les moyens pour réaliser tous les projets énoncés dans les actuels schémas directeurs.
Si mes souvenirs sont exacts, la commission thématique « Réseaux et territoires », chargée de réfléchir au contenu du schéma national d'aménagement du territoire prévu par la loi Pasqua, reconnaissait, en 1996, que les mesures déjà arrêtées en matière de réalisation d'infrastructures, si elles n'étaient pas remises en cause, ne laisseraient aucune marge de manoeuvre dans les choix d'ici à 2005 ! Parallèlement, et malgré cette contrainte, cette même loi, posait comme principe qu'en 2015, soit dix ans plus tard, aucune partie du territoire ne serait située à plus de 50 kilomètres ou de 45 minutes d'automobile soit d'une autoroute ou d'une voie expresse à deux fois deux voies, soit d'une gare TGV. Qui pourrait être contre ? Mais est-ce bien raisonnable ? Est-ce ainsi que nous allons crédibiliser l'action publique ?
Droit dans le mur aussi, parce que la démarche que vous proposez ne présente pas une vision cohérente, une conception d'ensemble de l'organisation des déplacements des hommes et des marchandises.
Nous voulons, pour notre part, mener une politique responsable et réaliste en matière de transports. Cela ne signifie pas, comme vous tentez de le faire croire, que nous refusons toute construction de nouvelles infrastructures. Nous voulons simplement que cette solution soit envisagée seulement dès lors que toutes les autres alternatives d'amélioration du service à rendre à l'usager - car c'est bien en termes de service que nous voulons agir - ont été étudiées au regard de trois objectifs : le développement durable, la rentabilité économique et sociale et le gain pour l'usager. Je prendrai un seul exemple : le TGV Est. Nous avons pris la décision de le réaliser, mais nous nous sommes assurés que nous en avions les moyens. Bref, nous voulons placer l'homme au coeur de nos projets. (Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean Chérioux. D'autres l'ont dit avant vous !
M. Gérard Le Cam. Les communistes !
M. Jacques Bellanger. Il est vrai que nous voulons clairement créer une alternative à la politique du tout-routier qui a sévi jusqu'à présent, avec les conséquences que l'on sait. C'est une alternative responsable : il ne s'agit pas de repousser toute politique routière ; il s'agit d'opérer un rééquilibrage.
Je crois sincèrement que vos options ne le permettent pas. Vous prônez la multimodalité mais, en réalité, vous refusez de la mettre en oeuvre, en maintenant les schémas sectoriels.
Nous voterons donc contre cet amendement, mais aussi contre les autres amendements que vous nous proposez et qui visent à insérer des articles additionnels après l'article 32. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Alain Gournac. Très belle déclaration ! (Sourires.)
M. Serge Lagauche. Vous le reconnaissez !
Mme Odette Terrade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade. Prétendre qu'en 2015, voire en 2020, aucune partie du territoire français ne serait située à plus de cinquante kilomètres ou quarante-cinq minutes d'automobile d'une autoroute, d'une route à deux fois deux voies ou d'une gare desservie par le TGV est certes un objectif louable, mais c'est ignorer complètement les particularismes de nos territoires et les besoins réels de la population.
En outre, un tel projet n'a de véritable signification qu'à la mesure des moyens financiers et humains que l'on déploie pour le mettre en oeuvre.
Or, de ce point de vue, la loi Pasqua est restée muette et les gouvernements Balladur et Juppé n'ont eu de cesse, entre 1993 et 1997, de diminuer sans retenue les crédits d'équipements pour se conformer aux critères de Maastricht et ont procédé à des réductions de personnels, que ce soit à la SNCF ou dans les services déconcentrés de l'équipement, en prévoyant notamment un plan triennal de 1 000 suppressions d'emplois par an dans les directions départementales de l'équipement.
Dès lors, que la majorité sénatoriale, qui fustige par ailleurs sans cesse les dépenses excessives de l'Etat, nous explique avec quel argent elle veut financer les projets qu'elle défend aujourd'hui !
Faut-il rappeler, mes chers collègues, que la majorité sénatoriale a amputé le budget de l'équipement pour 1999 de 100 millions de francs et le budget des transports de près de 600 millions de francs ?
M. Roland Courteau. Eh oui !
Mme Odette Terrade. Peut-on, dès lors, mes chers collègues, vouloir équiper le pays et se priver des moyens de le faire ?
Lors de la discussion du prochain projet de loi de finances, j'ose espérer que vous n'aurez pas oublié vos promesses d'aujourd'hui. En tout cas, vous pourrez compter sur nous pour vous les rappeler le moment venu.
Pour l'heure, nous voterons contre les amendements n°s 83 rectifié à 87.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Comme l'a pertinemment rappelé M. le rapporteur, l'une des grandes avancées de la loi Pasqua est précisément la notion selon laquelle aucune partie du territoire ne doit être éloignée d'un grand équipement de transport. Cette grande avancée a été réalisée après une consultation qui a duré deux ans. Le Premier ministre et le ministre de l'aménagement du territoire se sont rendus dans toutes les régions pour consulter les professionnels, les élus et les usagers.
Je rappelle que la loi du 4 février 1995 a été votée à la quasi-unanimité par le Parlement. Aujourd'hui, vous argumentez sur le fait qu'elle a été votée par notre majorité ou par l'ancienne majorité. Examinez le décompte des voix de l'époque : ce texte a bien été voté à la quasi-unanimité du Parlement, après une consultation qui a duré deux ans.
Mme Odette Terrade. C'est la droite qui réduit les crédits !
M. Jacques Oudin. J'entends certains collègues dire que cette loi est rétrograde. J'en prends note mais je ne partage pas leur appréciation car vouloir remplacer un schéma de structures par un schéma de services dont personne n'est en mesure de nous donner le contenu exact, c'est regarder l'avenir dans le rétroviseur !
Aucun pays industriel n'a renoncé à disposer de schémas de structures, que ce soit pour les routes, les autoroutes, les ports, les aéroports, les chemins de fer, les voies fluviales, etc. Nous serions les seuls à vouloir innover en la matière.
J'ai entendu des propos quelque peu caricaturaux. On nous dit qu'il faut rompre avec une logique de l'offre. On évoque une logique de l'offre qui ne correspondrait pas à des besoins. Il faudrait rompre avec une logique équipementière. Ce sont des mots. La réalité, s'agissant du développement économique et social, c'est que les individus ont besoin de se déplacer et ils doivent pouvoir disposer d'équipements adaptés à cet effet.
On a parlé de rééquilibrage. A cet égard, je voudrais revenir sur ce que j'ai déjà eu l'occasion de dire à votre collègue ministre de l'équipement, des transports et du logement. Nous disposons de routes nationales qui sont parfaites et qui desservent certains points du territoire, avez-vous dit, madame la ministre. Certes, mais une route nationale est cinq fois plus dangereuse qu'une autoroute !
M. Jean Chérioux. Eh oui !
M. Jacques Oudin. Vous avez réduit nos ambitions autoroutières de 1 500 kilomètres. Or, en termes de sécurité routière, et ce pour la première fois depuis des années, 1998 a, hélas ! été une année catastrophique. En effet, le nombre de tués a augmenté de 5 %, le nombre de blessés également, puisqu'il est passé de 8 000 à plus de 8 400.
Je le répète : on est responsable de ce que l'on fait, mais également de ce que l'on ne fait pas. Tout kilomètre d'autoroute en moins, ce sont des morts en plus ! Chacun prendra ses responsabilités ! (Applaudissements sur les travées du RPR. - Exclamations sur les travées socialistes.)
M. Serge Lagauche. C'est honteux !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.

M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Vous devriez faire attention à ne pas aller trop loin, monsieur Oudin. Je ne pense pas que vous puissiez imputer à qui que ce soit ici la responsabilité des milliers de morts sur la route. On n'a pas dit un mot de l'alcoolisme, de la vitesse, de l'entretien des véhicules, des défauts de formation de certains trop jeunes conducteurs. Imputer au Gouvernement, qui aurait pris des décisions actives de suppression d'infrastructures, des milliers de morts, c'est scandaleux ! (Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Jean Chérioux. Votre propos est un peu excessif ! C'est une déformation de ce que M. Oudin a dit !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. S'il est une chose à laquelle je tiens, c'est à une politique qui « colle » autant que possible avec les actes que l'on est capable d'assumer sur le terrain. Je ne veux pas une fois de plus faire de la politique bavarde et impuissante, dont j'ai des dizaines d'exemples à votre disposition !
Voilà peu de temps, j'ai été auditionnée par un groupe de parlementaires du Massif central qui me sommaient de réaliser dans les meilleurs délais les équipements dont ils avaient absolument besoin sur le court terme, en tout cas avant la fin du prochain contrat de plan : deux autoroutes verticales, trois autoroutes horizontales, l'aménagement, évidemment, de la route Centre Europe-Atlantique, de la RN 88, et j'en passe.
Je me suis rendu compte qu'il s'agissait, très précisément, du projet de premier plan pour le Massif central proposé par Valéry Giscard d'Estaing en 1976.
Vingt-trois ans plus tard, on en est toujours au même point, malgré des discours guerriers, virils, conquérants ! Cela n'a pas été fait !
M. Jean-Pierre Raffarin. Valéry Giscard d'Estaing a fait l'autoroute !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Ce que deux présidents de la République directement concernés par ces régions, plus un troisième qui n'y était pas indifférent - vous pouvez en convenir avec moi - n'ont pas fait (M. Raffarin s'exclame), va-t-on véritablement le réaliser simplement parce qu'il aura été affirmé dans un projet de loi que c'est la priorité du court terme, pour répondre aux besoins des populations ?
Je souhaite que l'on soit lucide, que l'on me dise quelles sont les priorités, que l'on ne renouvelle pas ce qui s'est fait trop souvent dans le passé, à savoir du consensus politique par addition des projets de chacun, et que l'on dise vraiment ce que l'on souhaite.
Aujourd'hui, la priorité des priorités, c'est non pas le discours sur l'aménagement du territoire, mais le développement local et la création d'emplois. J'entends bien, dans les contrats de plan, m'en tenir aux équipements et aux infrastructures qui seront riches en emplois et qui permettront d'entraîner, d'accompagner, de stimuler le développement économique.
Je ne nie pas l'intérêt des infrastructures, monsieur Oudin, mais j'aimerais que l'on dépasse ces accusations de principe.
Je suis consciente d'être allée un peu au-delà du ton qu'il aurait fallu adopter ici, mais j'ai été très choquée de vous entendre recourir à l'argument des accidents de la route et accuser le Gouvernement d'être responsable de ce qui s'est passé cette année sur les routes. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 83 rectifié.
M. Adrien Gouteyron. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gouteyron.
M. Adrien Gouteyron. Madame la ministre, je voudrais dire qu'à mon tour je suis choqué par votre ton et par le contenu de votre discours. (Protestations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.) Vous avez pris l'exemple d'un groupe de parlementaires du Massif central qui venaient, légitimement sans doute, défendre leurs dossiers. Vous avez cité l'ancien Président de la République à qui, implicitement, et même explicitement d'ailleurs, vous reprochez de n'avoir pas respecté les objectifs qu'il s'était fixés.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je ne lui ai pas reproché !
M. Adrien Gouteyron. Madame la ministre, si vous venez un jour sur le terrain (M. Lejeune s'exclame), vous constaterez alors que l'autoroute A 75 entre Paris et Clermont-Ferrand est construite et que la réalisation du tronçon reliant Clermont-Ferrand à la Méditerranée est plus qu'annoncée. Vous constaterez que cette autoroute est un atout pour notre région et vous verrez que la RN 88 que vous avez bien voulu citer - apparemment, les demandes faites à cet égard vous ont choquée ou blessée - est absolument nécessaire dans le département que Guy Vissac et moi-même représentons, et que, pourtant, les travaux sur cette route nationale ont été singulièrement ralentis depuis quelque temps.
Permettez-moi de vous dire que la baisse des crédits routiers qui, cette année, devrait être supérieure à 10 %, nous inquiète beaucoup.
Madame la ministre, vous avez déclaré ne pas vouloir d'un consensus par addition des demandes. Nous, nous ne voulons pas d'un consensus par réduction des ambitions, dangereux pour notre pays et pour les territoires concernés. Nous ne pouvons pas accepter que l'idéologie et la politique s'introduisent dans des dossiers aussi sérieux que l'équipement de nos régions et de nos départements ! (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. On a fait cela tout l'après-midi !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 83 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 32.

Article additionnel après l'article 32
ou après l'article 33



M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 84, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 32, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, après l'article 19 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée, un article 19 bis ainsi rédigé :
« Art. 19 bis. - I. - Le schéma directeur d'équipement et de services routiers définit les grands axes du réseau autoroutier et routier national dans un objectif de desserte équilibrée et de désenclavement de l'ensemble du territoire, quels que soient les trafics constatés. Il prend en compte la nécessité d'assurer les liaisons internationales, notamment pour le franchissement des Pyrénées et des Alpes, et de développer des modes d'exploitation permettant une gestion optimale des trafics.
« Il prévoit la construction d'autoroutes évolutives, à haut niveau de service et à spécifications simplifiées, adaptées à un trafic automobile inférieur à 10 000 véhicules par jour.
« II. - Le schéma directeur d'équipements et de services fluviaux définit les axes destinés à relier entre eux les différents bassins économiques, afin de favoriser le report du trafic de marchandises sur la voie d'eau dans le cadre d'une chaîne intermodale de transport. Il prévoit la mise en réseau des voies fluviales à grand gabarit et assure leur raccordement avec les grands sites portuaires français et européens dans le respect de la préservation des espaces et milieux naturels.
« III. - Le schéma directeur d'équipements et de services ferroviaires révise et prolonge jusqu'en 2020 le schéma directeur national des liaisons ferroviaires à grande vitesse qui comprend aussi les liaisons par train pendulaire. Il définit les liaisons ferrées de transport d'intérêt national, les liaisons de transport de type autoroute ferroviaire et les liaisons ferrées régionales, de telle sorte que soient assurées la continuité et la complémentarité des réseaux, aussi bien pour les personnes que pour les marchandises.
« Il tend à accroître les capacités du transport ferroviaire de marchandises et à remédier à la saturation des noeuds ferroviaires stratégiques.
« Il favorise le développement du transport combiné, notamment par la réalisation de plates-formes intermodales.
« Il détermine les liaisons ferroviaires transalpines et transpyrénéennes.
« Il prévoit également les liaisons dédiées au transport de fret sur l'axe Nord-Sud et sur l'axe Est-Ouest afin d'améliorer la desserte des ports français et leur insertion dans l'Union européenne.
« IV. - Le schéma directeur d'équipements et de services maritimes définit les grandes orientations de l'organisation portuaire, eu égard à leurs différentes vocations, et conforte le développement à moyen terme des sites portuaires, en intégrant leur desserte intermodale par rapport à leur arrière-pays afin de favoriser les échanges transeuropéens, de développer le cabotage maritime et de renforcer la compétitivité des ports.
« V. - Le schéma directeur d'équipements et de services aéroportuaires prévoit le développement international des aéroports situés en dehors de la région d'Ile-de-France. Il prévoit l'adaptation des aéroports commerciaux installés dans la région d'Ile-de-France aux évolutions du trafic aérien civil. Il précise l'articulation des différents niveaux d'aéroports.
« Il détermine également les caractéristiques des dessertes aériennes intérieures réalisées dans l'intérêt de l'aménagement et du développement durable du territoire. »
Cet amendement est assorti de six sous-amendements.
Les quatre premiers sous-amendements sont présentés par M. Oudin.
Le sous-amendement n° 344 vise, dans la première phrase du premier alinéa du I du texte proposé par l'amendement n° 84 pour l'article 19 bis de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après les mots : « grands axes du réseau autoroutier », à remplacer le mot : « et » par les mots : « concédé et non concédé ainsi que du réseau ».
Le sous-amendement n° 348 tend, dans le second alinéa du I du texte proposé par l'amendement n° 84 pour l'article 19 bis de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après les mots : « Il prévoit la construction », d'insérer les mots : « d'un réseau complet de liaisons autoroutières y compris des ».
Le sous-amendement n° 345 a pour objet, après les mots : « sites portuaires français et européens », de supprimer la fin du II du texte proposé par l'amendement n° 84 pour l'article 19 bis de la loi n° 95-115 du 4 février 1995.
Le sous-amendement n° 346 vise, dans la seconde phrase du premier alinéa du III du texte proposé par l'amendement n° 84 pour l'article 19 bis de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, à remplacer les mots : « les liaisons de transport de type autoroute ferroviaire » par les mots : « les liaisons de transport combiné de fret ».
Le sous-amendement n° 349, présenté par MM. Raffarin et Revet et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, tend à compléter in fine le III du texte proposé par l'amendement n° 84 pour insérer un article 19 bis dans la loi n° 95-115 du 4 février 1995, par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans le cadre de la démarche de reconquête du territoire et de développement des transports collectifs, les collectivités territoriales ont la faculté de conclure des conventions avec Réseau ferré de France pour assurer la revitalisation de lignes ferroviaires partiellement ou totalement inutilisées. Ces conventions précisent les modalités de gestion de la ligne, et le cahier des charges que devra respecter l'opérateur chargé du service par la ou les collectivités intéressées. »
Le sous-amendement n° 347, déposé par M. Oudin, a pour objet de compléter le texte proposé par l'amendement n° 84 pour l'article 19 bis de la loi du 4 février 1995 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Les schémas directeurs d'équipement et de services sont élaborés dans le souci de respecter au mieux la préservation des espaces et milieux naturels. »
Par amendement n° 1 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calmejane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent, après l'article 33, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le dernier alinéa de l'article 14 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les schémas directeurs d'infrastructures sont approuvés par le Parlement.
« Des décrets en Conseil d'Etat précisent les modalités des études prévues au deuxième alinéa du présent article. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 84.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Cet amendement vise à définir le régime applicable à chacun des schémas directeurs d'équipement et de services des transports. Il est composé de cinq paragraphes qui reprennent les textes issus notamment des articles 18 et 19 du projet de loi d'orientation du 4 février 1995, sous réserve de certaines modifications.
Le paragraphe I, qui concerne le schéma directeur d'équipement et de services routiers, tend à définir les grands axes du réseau autoroutier et routier national. Il prend en compte la nécessité d'assurer les liaisons internationales, qui constituent une ouverture sur l'Europe et une chance pour la France, et de développer les modes d'exploitation qui optimisent la gestion des trafics.
Ce schéma vise un objectif de desserte équilibrée et de désenclavement du territoire quels que soient les trafics constatés, dont l'importance a été soulignée en première lecture à l'Assemblée nationale.
A ces dispositions s'ajoute l'idée que ce schéma prévoit la construction d'autoroutes évolutives à haut niveau de services et à spécification simplifiée, adaptées à un trafic dont le seuil sera fixé par décret.
Ces dispositions procèdent directement des conclusions de la commission d'enquête du Sénat sur les grandes infrastructures d'aménagement du territoire. Sur ce sujet, nous avons auditionné, depuis longtemps d'ailleurs, les représentants de la direction des routes, et nous savons qu'une réflexion est en cours.
Ce paragraphe I affirme aussi la nécessité d'assurer à la fois le franchissement des Pyrénées et des Alpes ; la traversée des Pyrénées que l'on oublie souvent est un axe important qui est notre greffe sur l'Europe du Sud et sur l'Afrique du Nord.
Le paragraphe II concerne le schéma directeur d'équipements et de services fluviaux, qui définit les axes destinés à relier entre eux les différents bassins économiques pour favoriser le report d'une partie du trafic de marchandises sur la voie d'eau. Nous avons tous en tête les chiffres de l'effondrement de la part modale de la voie d'eau en France, qui a diminué de plus de moitié entre 1980 et 1995.
Le schéma directeur d'équipements et de services fluviaux « prévoit la mise en réseau des voies fluviales à grand gabarit et assure leur raccordement » - ce point est tout à fait essentiel - « avec les grands sites portuaires français et européens dans le respect de la préservation des espaces et milieux naturels ».
Ce paragraphe doit servir de charte à la création de la liaison Seine-Nord, qui est réellement - nous avons évoqué tout à l'heure Rhin-Rhône - notre dernière chance de mettre en réseau une partie de notre système fluvial.
De plus, il est précisé que ce schéma favorise « le report du trafic de marchandises sur la voie d'eau dans le cadre d'une chaîne intermodale de transport ». Comme je l'ai déjà dit, la préoccupation de l'intermodalité est bien présente dans notre texte.
Le paragraphe III vise, quant à lui, le schéma d'équipements et de services ferroviaires. Il révise et prolonge le schéma directeur national des liaisons ferroviaires à grande vitesse et définit les liaisons ferrées de transport d'intérêt national, ainsi que les liaisons de transport de type autoroute ferroviaire, les liaisons ferrées régionales, et - c'est une innovation par rapport à la loi de 1995 - les liaisons de type pendulaire, lesquelles permettent, dans la logique des services - et vous l'avez indiqué, madame le ministre, lorsque vous avez été entendue, en novembre dernier, par la commission des affaires économiques et du Plan - de mieux utiliser l'existant, en l'améliorant et en apportant une meilleure qualité de service.
Ce schéma doit permettre d'assurer « la continuité et la complémentarité des réseaux, aussi bien pour les personnes que pour les marchandises ». Nous insistons sur le volet marchandises puisque nous savons que, à la différence de nos voisins allemands, nous n'avons pu maintenir la part modale du trafic : cette partie du trafic a régressé de près de 25 % entre 1980 et 1995.
M. André Lejeune. On l'a déjà dit !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Les trois derniers alinéas de ce paragraphe III reprennent les conclusions de la commission d'enquête du Sénat, puisqu'ils tendent à accroître les capacités du transport ferroviaire de marchandises et à remédier à la saturation des infrastructures sur les noeuds ferroviaires stratégiques.
Ils tendent également à favoriser le développement du transport combiné, notamment par la réalisation de plates-formes intermodales, à déterminer les liaisons ferroviaires transalpines et transpyrénéennes, à déterminer les liaisons dédiées au transport de fret sur l'axe Nord-Sud et l'axe Est-Ouest afin d'améliorer la desserte des ports français et leur insertion dans l'Union européenne. Il faut rappeler ce que font nos voisins néerlandais - je l'avais déjà évoqué dans la discussion générale - et citer le Rhin-Rhône d'acier prévu par les Belges et les Allemands. Il faut enfin définir les modalités du développement du transport combiné pour remédier à la saturation des équipements existants.
Le paragraphe IV vise le schéma directeur d'équipements et de services maritimes. Ce dernier « définit les grandes orientations de l'organisation portuaire, eu égard à leurs différentes vocations, et conforte le développement à moyen terme des sites portuaires ».
La nouvelle rédaction que nous vous proposons met en avant la nécessité d'intégrer la desserte multimodale des ports par rapport à leur arrière-pays, afin de favoriser les échanges transeuropéens, de développer le cabotage maritime et, d'un point de vue général, de renforcer la compétitivité des ports français.
Le paragraphe V concerne le schéma directeur d'équipements et de services aéroportuaires. Il reprend un texte voté en 1994 et « prévoit le développement international des aéroports situés en dehors de la région d'Ile-de-France. Il prévoit l'adaptation des aéroports commerciaux installés dans la région d'Ile-de-France aux évolutions du trafic aérien civil. Il précise l'articulation des différents niveaux d'aéroports ».
Enfin, « il détermine les caractéristiques des dessertes aériennes intérieures réalisées dans l'intérêt de l'aménagement et du développement durable du territoire ».
Cet amendement n° 84 résume à lui seul les éléments dont il nous a parfois été fait reproche, antérieurement, de les avoir négligés. Ces éléments sont rassemblés dans le principe de multimodalité et d'intermodalité. Ils visent à montrer que le Sénat, loin de ne penser qu'aux routes, se soucie aussi du réseau ferré, du schéma aéroportuaire, des ports et de l'importance d'une desserte multimodale de nos ports indispensables.
Et l'une des conséquences de l'abandon par le Gouvernement de la réalisation du canal Rhin-Rhône, décision que le Parlement n'aura à ratifier que près de deux ans plus tard - c'est une méthode de travail assez peu respectueuse du Parlement -...
M. Philippe François. Tout à fait !
M. Gérard Larcher, rapporteur. ... est que, si nous ne sommes pas capables de greffer le port de Marseille à une ouverture sur l'Europe du Nord et l'Europe du Centre, je ne doute pas que, demain, les ports d'Europe du Nord seront définitivement les premier et second ports français. Il y a là un enjeu pour savoir si, oui ou non, la France joue bien cette cohérence. Nous voyons bien, en effet, que les corridors de transport nous contournent ; nous avons la responsabilité de développer ce corridor-là. Je rappelle que la commission d'enquête avait proposé un « Rhin-Rhône d'acier » nous permettant, par l'intermodalité, de nous greffer sur l'Europe du Nord et sur l'Europe Centrale.
Tel est donc cet amendement n° 84, qui reprend bien à la fois la notion de service et la volonté d'équipement dans la multimodalité et l'intermodalité. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Oudin, pour défendre les sous-amendements n°s 344, 348, 345, 346 et 347, ainsi que l'amendement n° 1 rectifié.
M. Jacques Oudin. Les divers sous-amendements visent, par des détails, à améliorer l'excellent texte que vient de présenter M. le rapporteur. Ce dernier a parfaitement décrit toute la logique qui sous-tend le travail de la commission spéciale et de la Haute Assemblée.
Le sous-amendement n° 344 vise simplement à préciser que notre réseau autoroutier est composé de deux parties totalement distinctes en ce qui concerne leur financement : le réseau concédé et le réseau non concédé. Ne pas l'indiquer aboutirait à amputer la réalité de quelque chose ; en effet, on ne finance pas de la même manière le réseau concédé et le réseau non concédé.
Le sous-amendement n° 348 tend à compléter la rédaction proposée par la commission spéciale. Il est en effet nécessaire d'indiquer que les autoroutes évolutives font partie intégrante d'un réseau complet qui doit desservir l'ensemble du territoire afin que toutes les parties dudit territoire soient situées à moins de quarante-cinq minutes ou de cinquante kilomètres d'un noeud autoroutier.
J'en arrive au sous-amendement n° 345 et j'attire l'attention de M. le rapporteur : pourquoi n'est-il indiqué que dans le paragraphe II de son amendement que les schémas d'équipements devront être établis dans le respect de la préservation des espaces et milieux naturels ? A mon avis, une telle précision doit être de règle pour tout équipement d'infrastructures !
Vous le constatez, madame le ministre, la Haute Assemblée a le souci de préserver l'environnement, même lors de la construction des équipements. Je considère qu'il n'y a pas antinomie entre développement durable et infrastructures, et je propose donc qu'un paragraphe spécial précise que tout équipement d'infrastructures doit se faire dans le respect de la préservation des espaces et milieux naturels. Tel sera l'objet du sous-amendement n° 347, qui rend donc inutile cette précision à la fin du paragraphe II de l'amendement n° 84.
Enfin, le sous-amendement n° 346 vise à remplacer les mots : « les liaisons de transport de type autoroute ferroviaire ». Il s'agit là, en effet, d'un langage trop technocratique, trop technique et peu adapté. Après consultation de divers spécialistes, je propose d'y substituer les mots : « les liaisons de transport combiné de fret ». Quant à l'amendement n° 1 rectifié, il n'a ni les mêmes dimensions ni la même portée. Il tend à préciser que les schémas directeurs d'infrastructures sont approuvés par le Parlement. Ce n'est pas une mince affaire !
Mme le ministre nous a indiqué, au début de ce débat, qu'il n'appartient pas au Parlement d'approuver ces schémas, mais au Gouvernement de les élaborer. Nous avons une divergence profonde sur le rôle du Parlement !
Permettez-moi à cet égard, madame le ministre, mes chers collègues, de procéder à un rapide rappel. Voilà quelques années, nous nous sommes battus - et quand je dis « nous », c'était le Parlement tout entier, et plus particulièrement la Haute Assemblée - pour que le Parlement puisse examiner et voter les lois de financement de la sécurité sociale. J'avais moi-même déposé une proposition de loi constitutionnelle en 1993, qui avait été rejetée en 1994 - il est vrai qu'il y avait eu changement de majorité ! - avant que le principe en soit accepté, avec le plan Juppé, en 1995. Tel a été l'objet de la révision constitutionnelle de 1996, qui a constitué une grande victoire du Parlement, désormais habilité à voter les lois de financement de la sécurité sociale. La nation s'en réjouit.
Une deuxième victoire pour le Parlement a été l'adoption de l'article 88-4 de la Constitution : désormais, le Parlement peut donner son avis au Gouvernement sur les textes européens ayant une valeur législative. C'est une avancée tout à fait significative !
Maintenant, nous sommes au coeur d'un nouveau débat.
Le Parlement doit-il jouer un rôle dans les choix des grands équipements d'infrastructures ? Vous dites non, madame le ministre ; nous, nous disons oui.
Mais vous me permettrez peut-être de vous prendre à vos propres contradictions : j'ai sous les yeux le compte rendu d'une conférence de presse que vous avez faite le mercredi 20 mai 1998. Le premier paragraphe en est ainsi rédigé : « Mieux associer le Parlement à la définition de la politique de l'eau. Le contrôle du Parlement sur les agences de l'eau sera renforcé par le vote d'une loi de programmation définissant leurs programmes d'intervention quinquennaux, en dépenses comme en recettes. Cette disposition s'appliquera dès 2001 dans le cadre de l'approbation du septième programme d'action de ces agences ». Le vendredi 11 décembre 1998, à Orléans, vous avez par ailleurs fait une intervention tout à fait remarquée davant la conférence des comités de bassin. Là encore, que disiez-vous ? Je vous cite : « La démocratisation du secteur de l'eau passe d'abord par une meilleure association du Parlement à la définition de la politique de l'eau. C'est une des principales politiques dans le domaine de l'environnement. Elle mobilise plusieurs dizaines de milliards de franc par an. Il me paraît donc légitime que la représentation nationale l'examine et, en dernier ressort, la décide. C'est le but de la loi de programmation quinquennale qui devra être présentée devant le Parlement à partir du prochain programme des agences de bassins. Elle sera donc discutée au cours du premier semestre 2001. »
Je pose donc la question, mes chers collègues : pourquoi ce qui est valable pour la politique de l'eau ainsi que pour le programme d'investissement et le développement des agences de bassin ne le serait-il pas pour le développement de nos infrastructures portuaires, aéroportuaires, fluviales, ferroviaires et, bien entendu, routières et autoroutières ? Je crois qu'il faut rester cohérent et affirmer le rôle du Parlement en la matière.
A l'appui de ma démonstration, je pourrais même citer la déclaration de politique générale prononcée par le Premier ministre en juin 1997, dans laquelle il estimait qu'il était de son devoir de revaloriser le rôle du Parlement.
Alors, j'attends, madame le ministre, les arguments que vous pourrez nous opposer pour considérer que le Parlement ne doit pas être compétent pour examiner les grands schémas d'infrastructures qui conditionnent le développement et l'avenir de notre pays. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.) M. le président. La parole est à M. Raffarin, pour défendre le sous-amendement n° 349.
M. Jean-Pierre Raffarin. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je sais que notre collègue Charles Revet, l'un des rapporteurs de ce texte, est très motivé par ce sous-amendement. Je mexprime donc sous son contrôle.
Nous proposons que les collectivités territoriales aient la possibilité de conclure des conventions avec RFF, Réseau ferré de France, pour assurer la revitalisation de lignes ferroviaires qui seraient partiellement ou totalement inutilisées. Bien sûr, la SNCF y serait associée en cas de transport de personnes, ou d'autres partenaires s'il s'agit, par exemple, d'initiatives touristiques. Pourraient ainsi être relancées des initiatives de transports, des initiatives d'aménagement du territoire.
Cette possibilité contractuelle était offerte dans le schéma précédent avec la SNCF. Maintenant que nous avons aussi pour partenaire RFF, pourquoi ne pas étendre cette possibilité à cet établissement et, éventuellement, à d'autres partenaires ?
M. le président. Il est vrai que vous êtes un spécialiste de ces questions, mon cher collègue !
M. Jean-Pierre Raffarin. Si cela ne vous a pas échappé, j'en suis très heureux, monsieur le président !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 344, 348, 345, 346, 349 et 347, ainsi que sur l'amendement n° 1 rectifié ?
M. Gérard Larcher rapporteur. Le sous-amendement n° 344 n'ayant pas été examiné par la commission, je donnerai uniquement un avis personnel : s'agissant d'une précision qui vise explicitement le réseau concédé et le réseau non concédé, j'y suis favorable.
Le sous-amendement n° 348 vise les liaisons autoroutières sur l'ensemble du territoire. J'y suis également favorable, comme au sous-amendement n° 345, qui tend à réintroduire le principe de protection de l'environnement à titre général.
Le sous-amendement n° 346 n'a pas non plus été examiné par la commission. Je me suis cependant renseigné : les autoroutes ferroviaires sont bien comprises dans les liaisons de transport combiné. Je suis donc également favorable à ce sous-amendement.
Le sous-amendement n° 349, institue une dérogation au monopole du transport ferroviaire. Les auteurs de cette proposition prennent en compte la réalité de l'organisation nouvelle et de la séparation entre celui qui possède l'infrastructure et celui qui l'exploite. Ce sous-amendement doit être examiné à la lumière du succès, évoqué sur toutes ces travées, de l'expérimentation arrêtée par le précédent gouvernement à la suite d'un rapport de notre collègue M. Haenel sur la régionalisation des transports, lequel rapport a montré tout l'intérêt de la participation et de l'intervention des collectivités territoriales. Mais nous y reviendrons tout à l'heure lors de l'examen de l'amendement n° 138.
Sur ce sous-amendement n° 349, la commission spéciale a exprimé une sagesse favorable, et je sais que notre collègue M. Revet y tient beaucoup. Il nous a d'ailleurs éclairés, aux côtés de notre collègue M. Raffarin, sur certains aspects très concrets de ce que doit être le pragmatisme de l'aménagement du territoire. Au demeurant, madame le ministre, en parlant tout à l'heure des liaisons réalisées autour de Toulouse en faveur des étudiants, vous avez vous-même illustré cet aspect pragmatique.
M. Charles Revet, rapporteur. Absolument !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Voilà qui rend encore plus favorable la sagesse positive de la commission spéciale !
Enfin, la commission spéciale est favorable au sous-amendement n° 347, qui étend explicitement à tous les schémas directeurs l'objectif de préservation de l'environnement.
En revanche, sur l'amendement n° 1 rectifié, la commission est défavorable. Notre collègue M. Oudin doit cependant être, au moins partiellement, satisfait par la rédaction de l'article 9 tel qu'il résulte des travaux du Sénat, puisque nous y avons réintroduit, dans un rapport annexé à la loi, la place et le rôle du Parlement dans l'adoption des schémas.
M. Charles Revet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Revet, rapporteur.
M. Charles Revet, rapporteur. Tout à l'heure, mon collègue et ami Jean-Pierre Raffarin a bien voulu dire que je tenais au sous-amendement n° 349.
Je tiens à indiquer, tout d'abord, que j'ai été satisfait d'entendre nos collègues MM. Bellanger et Teston. M. Bellanger a ainsi parlé de reconquête du territoire, en insistant sur la place que doit y tenir l'homme. Quant à M. Teston - qui a été applaudi sur l'ensemble de nos travées - il a considéré que le fait que 80 % des habitants vivent sur 20 % du territoire n'était pas une fatalité et il nous a dit qu'il fallait penser l'aménagement du territoire en termes de logements, de services de proximité, publics et privés, et de communication.
Puisque nous évoquons ici la communication, madame le ministre, permettez-moi de vous poser une question au sujet des réseaux secondaires. Il n'y a pas, en effet, que les grandes infrastructures, il y a aussi les communications de proximité. Or, si l'on sillonne la France, on constate que, partout, des lignes ont été abandonnées depuis parfois des décennies, entraînant de nombreuses atteintes à l'environnement. En effet, il y pousse des broussailles, des herbes folles, au grand bonheur des chasseurs, d'ailleurs, parce qu'il y a effectivement sur ces anciennes voies beaucoup de lapins et de renards.
Cela étant, madame le ministre, lorqu'on parle d'aménagement du territoire, de voies de communication, on pense à toutes les possibilités de déplacement, notamment en matière de transports collectifs.
A cet égard, l'utilisation du réseau ferré secondaire, peut faire l'objet de trois hypothèses.
La première serait de faire ce qui se fait actuellement dans de nombreuses villes de France, à Rouen par exemple, où l'on voit apparaître des métrobus, alors qu'on y avait supprimé les tramways voilà cinquante ans. Or, qu'est-ce qu'un métrobus, sinon un tramway nettement amélioré ?
Pourquoi, dès lors, ne pas imaginer, madame le ministre, de réutiliser des lignes secondaires qui ont été abandonnées, mais qui existent toujours ?
Et puisque je vous ai entendue, tout à l'heure, parler des transports scolaires, je veux citer l'exemple tout à fait précis de la ligne Le Havre-Fécamp, que je connais parfaitement bien.
Etant, en tant que président du conseil général, en charge du transport scolaire, j'ai parcouru la ligne : tous les collèges et lycées sont à moins de 300 mètres de la ligne, l'université du Havre est à moins de 500 mètres de la gare, l'hôpital Monod du Havre est à moins de 100 mètres de la ligne, et il en est de même de bien d'autres équipements.
De telles infrastructures mériteraient d'être reconsidérées, de faire l'objet d'un conventionnement entre les collectivités territoriales, RFF et la SNCF, à laquelle on ferait un mauvais procès en voulant l'écarter. Les agents de la SNCF que je rencontre sur le terrain sont très intéressés par le projet.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'un TGV ; les modalités d'utilisation devront être différentes. Il faut, en tout cas, explorer cette possibilité.
La deuxième hypothèse, c'est la réutilisation des lignes à des fins touristiques. Pourquoi, dans certaines régions, ne pas passer une convention, plutôt que de voir les lignes laissées à l'abandon, ne serait-ce que pour préserver l'avenir ? En effet, qui peut dire ce qui se passera dans dix, quinze ou vingt ans ? Un conventionnement avec RFF permettrait cette utilisation des lignes à des fins touristiques.
Enfin, il y a toutes les lignes qui, effectivement, ne serviront plus jamais parce qu'elles sont abandonnées depuis cinquante ou cent ans. Plutôt que de les laisser à l'abandon, peut-être pourrait-on - c'est la dernière hypothèse - trouver un moyen des les transférer ! Mais c'est là un autre débat.
Le sous-amendement n° 349 nous invite à être imaginatifs, à autoriser que soient menées sur le terrain des expériences. En effet, l'aménagement du territoire et la revitalisation de certaines zones rurales, que nous appelons de nos voeux, passent par la mise en place, nous l'avons dit, du logement et des services sur le terrain, mais aussi par la mise en place de moyens de communication de qualité, et donc par la réutilisation éventuelle de certains réseaux abandonnés, mais qui peuvent être réhabilités.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 84, sur les sous-amendements n°s 344, 348, 345, 346, 349 et 347 et sur l'amendement n° 1 rectifié ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Sur l'amendement n° 84, tout, ou presque, a été dit. J'ajouterai simplement pour mémoire que la formulation initiale de l'article donnait priorité au transport ferroviaire pour les franchissements alpins et pyrénéens, ce que votre rédaction ne fait pas apparaître, monsieur le rapporteur.
En effet, pour ce qui concerne le franchissement de ces massifs, vous traitez de la même façon le mode routier et le mode ferroviaire. Je le regrette car, plus encore après l'accident du tunnel du Mont-Blanc, il est nécessaire de marquer une priorité forte en faveur du rail pour le transport du fret au travers de ces massifs.
Le Gouvernement - vous l'aurez compris, après le long débat que nous venons d'avoir - émet donc un avis défavorable.
Le sous-amendement n° 344 tend à ajouter une précision qui, me semble-t-il, n'apporte rien au texte de l'amendement. L'avis du Gouvernement est donc, là encore, défavorable.
S'agissant du sous-amendement n° 348, je ne perçois pas bien l'apport du mot : « complet » dans l'expression : « Un réseau complet de liaisons autoroutières ». Je ne vois pas bien à quoi cela fait référence, et je crains, après bien des interventions entendues aujourd'hui, que le réseau ne soit jamais tout à fait complet !
Je partage l'avis de l'auteur du sous-amendement n° 345 : cet impératif devrait être mis en facteur commun dans un paragraphe spécial. Toutefois, la rédaction du sous-amendement n° 347 me paraissant ambigu, je ne peux donner un avis favorable au sous-amendement n° 345.
Le Gouvernement est favorable au sous-amendement n° 346. La formulation proposée est en effet plus claire.
Je remercie M. Revet de son plaidoyer en faveur des petites lignes, dont M. Oudin nous avait dit quelles seraient forcément lourdement déficitaires. Je ne peux toutefois accepter le sous-amendement n° 349, car l'objet de Réseau ferré de France est d'assurer la maîtrise d'ouvrage des travaux d'infrastructure et non pas de conclure des conventions de services avec les collectivités territoriales.
En outre, je m'interroge sur la notion de « lignes partiellement inutilisées ». S'agit-il de lignes bucoliques abandonnées comme vous les avez décrites, monsieur Revet, ou de lignes où circuleraient quelques trains régionaux chaque jour, voire quelques trains internationaux ?
M. Charles Revet, rapporteur. Il y a les deux !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je ne crois pas que la formulation puisse être retenue en l'état.
J'ai été agréablement surprise par l'argumentaire du sous-amendement n° 347, qui insiste sur la nécessité d'élaborer les infrastructures dans le souci constant de respecter et de préserver le milieu environnant afin de le rendre acceptable et supportable par nos concitoyens.
Malheureusement, dans l'amendement lui-même, on ne respecte plus, on ne préserve plus, on respecte « au mieux », et cela, je ne sais pas très bien ce que cela veut dire. Si donc M. Oudin acceptait de supprimer ces deux mots ambigus, je serais favorable au sous-amendement n° 347.
Sur l'amendement n° 1 rectifié, je crois n'avoir rien à ajouter, tant je me suis exprimée longuement lors de l'examen d'articles précédents. L'avis du gouvernement est défavorable.
M. le président. Répondez-vous favorablement à la suggestion de Mme le ministre sur le sous-amendement n° 347, monsieur Oudin ?
M. Jacques Oudin. Si nous disons « au mieux », madame la ministre, c'est simplement parce que la perfection n'est pas de ce monde. Si donc nous ne précisons pas qu'on fera tout ce qu'il est possible de faire - c'est tout de même une ambition louable ! - vous pourrez toujours dire que, ça et là, il y a peut-être un petit quelque chose qui n'est pas respecté et qui fait que l'équipement ne peut pas être accepté.
Dans ces conditions, je crois, en accord avec la commission qu'il vaut mieux, par honnêteté intellectuelle, maintenir les mots « au mieux ».
M. le président. Je vais d'abord mettre aux voix les sous-amendements portant sur l'amendement n° 84.
Mme Hélène Luc. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Dans le droit fil de l'amendement adopté par la majorité sénatoriale concernant l'intervention économique des collectivités territoriales dans le secteur des télécommunications, nos collègues du groupe des Républicains et Indépendants nous proposent à présent, au travers du sous-amendement n° 349, de donner la possibilité aux collectivités locales - sans préciser d'ailleurs lesquelles - de passer des conventions avec Réseau ferré de France en vue d'assurer la gestion de certaines lignes ferroviaires.
J'avoue m'interroger sur les motivations profondes de cet amendement qui, tout en soulevant un vrai problème posé au service public - la gestion de lignes ferroviaires peu utilisées - prépare, en réalité, le démantèlement de notre réseau ferroviaire.
S'il s'agit d'associer plus étroitement les régions à la politique ferroviaire, il est préférable que l'expérimentation engagée au niveau des régions françaises soit menée à son terme. Il est dès lors prématuré d'anticiper sur des choix qui mèneraient, le cas échéant, à la déstructuration et à la privatisation de l'opérateur public.
S'il s'agit, en revanche, de pallier les insuffisances de RFF et de la SNCF, j'y vois, mes chers collègues, un aveu d'échec de la loi Pons-Idrac, qui, loin de résoudre le problème de l'endettement du service public ferroviaire, a en quelque sorte déplacé la plus grande partie de la charge de la dette sur le gestionnaire des infrastructures, lequel a, parmi ses obligations de service public, l'entretien et la rénovation des lignes à faible trafic.
Par ailleurs, votre volonté de continuer dans la politique du tout TGV, dont les effets financiers continuent de se faire sentir - cette question importante et fort intéressante a été discutée, ce matin, au forum de la SNCF, auquel j'ai assisté - ne peut qu'acculer RFF et la SNCF à délaisser encore davantage l'utilisation et l'exploitation des lignes dites secondaires.
Peut-on, dès lors, mes chers collègues, d'une part, favoriser l'endettement du service public par des décisions qui ont d'ailleurs montré leurs limites en termes d'aménagement du territoire et, d'autre part, préparer le désengagement et la déresponsabilisation de l'Etat en sollicitant davantage les collectivités territoriales ?
Cette démarche est inverse à celle qui est engagée par l'actuel gouvernement, menée par M. le ministre Gayssot, et qui vise à reconstituer l'unicité et la cohérence du service public ferroviaire. C'est d'ailleurs l'objectif, affiché dans son article 1er, du décret, paru le 23 mars dernier, portant création du conseil supérieur du service public ferroviaire.
Nous préférons, quant à nous, une politique qui consiste à donner les moyens aux services publics, RFF et SNCF, d'accomplir leurs missions à celle qui tend à organiser le désengagement de l'Etat.
Aussi, nous voterons contre l'amendement de la commission.
M. François Gerbaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gerbaud
M. François Gerbaud. Je souhaite faire part à M. Revet d'une expérience personnelle.
Dans le département que je représente au Sénat, s'est présentée un jour l'opportunité de réactiver une ligne entre Châteauroux et Tours en matière de transport de fret. Cette ligne a été réouverte avec l'appui du conseil régional, du conseil général et de l'Etat.
Le constat est le suivant : la ligne relie des silos importants à La Pallice, port en eau profonde, et l'année dernière, cela s'est traduit par le transport de 98 000 tonnes de céréales, ce qui a épargné à la route, d'ailleurs extrêmement mauvaise entre Châteauroux et Tours, le va-et-vient de 8 000 camions.
Ces initiatives doivent être regardées à l'aune de l'intérêt local. Chaque cas est un cas d'espèce. On ne peut pas systématiquement rejeter le principe, même si, comme le dit Mme Luc, les collectivités locale peuvent effectivement être sollicitées.
Voilà ce que je voulais dire sur le sous-amendement n° 349, en ne mêlant pas RFF à l'affaire puisque c'est effectivement la SNCF qui est responsable de la gestion du réseau.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets au voix le sous-amendement n° 344, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets au voix le sous-amendement n° 348, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets au voix le sous-amendement n° 345, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets au voix le sous-amendement n° 346, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets au voix le sous-amendement n° 349, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets au voix le sous-amendement n° 347, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 84.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Nous sommes totalement opposés au schéma sectoriel et nous avons déjà largement expliqué pourquoi. Nous voterons donc contre l'amendement comme nous avons voté contre l'ensemble des sous-amendements. Je relève d'ailleurs que le sous-amendement n° 349 est tout à fait contraire à la loi que le Sénat a adopté le 13 février 1993 lors de la création de Réseau ferré de France.
M. François Gerbaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est M. Gerbaud.
M. François Gerbaud. Je veux rendre hommage à M. le rapporteur d'avoir déposé l'amendement n° 84. C'est un bon carrefour, un carrefour dangereux, si j'en crois les propos que j'ai entendus ; nous sommes au carrefour d'autoroutes et de canaux.
J'annonce dès maintenant que je ne voterai pas l'article 36, mais pour une autre raison : le Sénat, voilà quatre ans - le texte n'a pas trop vieilli - a décidé par 230 voix de réaliser le canal Rhin-Rhône. Mais peu importe !
J'en reviens à l'amendement n° 84. J'y adhère pleinement parce je suis convaincu que privilégier l'optimisation de l'existant n'est pas suffisant et qu'il est indispensable de mettre au même niveau de préoccupation la construction de nouveaux équipemements, dans la mesure où l'effet d'offre - je crois qu'on n'en a pas assez parlé - joue un rôle capital pour la réalisation de notre système de transport. Je crois que, du même coup, nous apportons ainsi une réponse réaliste à l'attente des élus locaux. En effet, pour près de 70 % d'entre eux, l'aménagement du territoire, ce sont d'abord des infrastructures adaptées et nouvelles pour des transports mieux organisés, combinant la route, le fer et naturellement l'aérien.
Me tenant volontairement à l'écart des groupes de pression modaux, et instruit de ma double expérience de responsable d'un aéroport et de rapporteur de la loi portant création de Réseau ferré de France, je souhaite l'adhésion du Sénat à l'amendement n° 84, en l'accompagnant de quelques suggestions.
Il est désormais évident, et cet avis n'est peut-être pas partagé par tout le monde, que le rail jouera dans le siècle prochain, en France et en Europe, le même rôle économique et social qu'il s'est acquis dans le siècle qui s'achève et dans la moitié du siècle précédent. Je dois dire, sans faire de mauvais jeu de mots, que j'y crois dur comme fer ! (Sourires.)
De ce fait, plusieurs objectifs d'aménagement du territoire s'imposent, et je remercie M. le rapporteur et la commission spéciale, à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir, d'en avoir suggéré et rédigé les besoins.
C'est d'abord la construction de nouvelles lignes TGV dans une vision nationale et européenne.
C'est aussi la régénération du réseau existant, type Paris - Toulouse, avec l'arrivée des matériels nouveaux comme le TGV pendulaire : c'est un des éléments importants du désenclavement des régions peu favorisées et abandonnées par le futur zonage européen.
C'est, après le constat exigé par la loi mais repoussé à deux ans par un amendement, l'élargissement à d'autres régions que les six régions expérimentales des responsabilités en matière de transports collectifs. Mais c'est aussi, et je le crois, une nécessaire coordination avec les objectifs nationaux. C'est enfin la reconquête du trafic de fret ferroviaire par l'extension du transport combiné, le ferroutage, la mise en place de plates-formes multimodales, qui ont été critiquées - et je regrette de ne pas avoir été suivi dans ce domaine - le contournement des grandes villes et la création de couloirs européens, par le biais de coopérations entre les entreprises gestionnaires d'infrastructures ferroviaires en Europe.
Nous n'échapperons pas aux règles de la concurrence. Comme je l'avais proposé en 1996, la France s'y est préparée avec la réforme portant création de Réseau ferré de France par la mise en place de ce qui est aujourd'hui le Conseil supérieur du ferroviaire. Ce dernier garantit, ce que j'avais souhaité, l'unicité du ferroviaire, ainsi que son efficacité au niveau européen.
Dans le domaine aérien, c'est une meilleure utilisation de l'existant, notamment des plates-formes de province, qui me semblent être une des premières priorités.
A l'heure actuelle, Roissy et Orly traitent plus de 60 % du trafic national passagers. Pour rester l'indispensable grand hub international, ce qui est leur principale vocation, il est clair que ces deux grands aéroports devront collaborer avec d'autres plates-formes de province.
Puis-je me permettre de vous rappeler que le fret aérien augmente de 7 % par an ?
C'est notamment vrai pour le fret tout cargo, qui semble être une orientation nouvelle, ainsi que l'illustre la convention qu'Aéroports de Paris vient de passer avec l'aéroport de Châteauroux, dont je suis le responsable. Châteauroux devient ainsi la cinquième piste des aéroports parisiens, dans le cadre du sud parisien ; cela dit, bien sûr, à titre d'exemple.
C'est au terme de l'utilisation optimale des plates-formes existantes que, à mon sens, se définira le schéma aéroportuaire de demain. Nul ne pourra échapper à cette obligation de planifier les développements aéroportuaires futurs. Ils seront marqués par la croissance du trafic aérien, dont je viens de parler, et par le respect de l'environnement. S'il n'est pas raisonnable de construire aujourd'hui le troisième aéroport parisien, il est cependant raisonnable de se rendre, dès que possible, maître des réserves foncières nécessaires à cet éventuel projet qui, sans doute, verra le jour en 2020.
Pour l'heure, l'avion et le rail peuvent utilement jouer, je le crois, la carte de l'intermodalité comme première réponse aux besoins actuels.
Rien n'interdit de penser et, pourquoi pas, de rêver, que, à terme, des TGV pourront, sur certaines liaisons - comme c'est le cas pour Paris-Lyon, Paris-Nantes et, demain, Paris-Marseille et Paris-Bordeaux - être plus attractifs que l'avion.
C'est là un des aspects de la politique d'aménagement du territoire, pour peu que l'on veuille bien la conduire à son terme, ce qui, hélas ! n'a pas été - à torts partagés ! - le cas hier. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 84, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 32, et l'amendement n° 1 rectifié n'a plus d'objet.

Article 16 (précédemment réservé)



M. le président.
Nous en revenons à l'article 16, qui a été précédemment réservé.
J'en rappelle les termes :
« I. - Après l'article 18 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée, il est inséré un intitulé ainsi rédigé : "Section 5. - Des schémas multimodaux de services collectifs de transport".
« II. - L'article 19 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 19 . - Le schéma multimodal de services de transport de voyageurs et le schéma multimodal de services de transport de marchandises sont établis dans les conditions prévues par l'article 14-1 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs. »
Sur l'article, la parole est à M. Teston.
M. Michel Teston. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, tout d'abord, je veux souligner que le principal intérêt de la proposition de substituer deux schémas multimodaux de services collectifs de transport, concernant, l'un, les personnes, l'autre, les marchandises, aux cinq schémas sectoriels de transport prévus par la loi du 4 février 1995, réside bien dans le fait que cette proposition reconnaît la multimodalité. Nous avons examiné le contenu de ces schémas lors de la discussion de l'article 32.
Ce nouveau concept permet, en effet, de mettre l'accent sur le service attendu des usagers et sur leurs besoins, contrairement aux anciens schémas qui définissaient des choix d'infrastructure à construire, sans aucune cohérence d'ensemble.
Cet article 16 permet aussi de mettre sur un pied d'égalité les schémas collectifs de transports de voyageurs et de transports de marchandises.
Cela démontre la place que nous accordons au développement multimodal des transports de fret. N'oublions pas que cet aspect est primordial pour l'organisation du fret dans les années à venir, dans la mesure où la saturation routière et autoroutière est une réalité que nous déplorons tous.
L'intérêt de cette approche est évident : en utilisant la voie d'eau ou le chemin de fer pour les acheminements de longue distance, tout en assurant les enlèvements et les livraisons par la route, on allie les avantages de productivité et de respect de l'environnement des modes dits « lourds » aux capacités de desserte fine du territoire du mode routier.
Parmi les diverses catégories de transports de fret, le transport combiné montre, depuis une dizaine d'années, un dynamisme remarquable. Le transport combiné rail-route est actuellement le seul segment du trafic ferroviaire à connaître une nette croissance. C'est pourquoi nous devons marquer notre volonté politique d'accentuer encore plus cette tendance.
Ma deuxième remarque a trait à la méthode de planification.
Alors que la loi de 1995 prévoyait de réviser sous dix-huit mois les schémas prévus, rien n'a été fait. Pourtant, de nombreux projets ont été validés par les gouvernements de MM. Balladur et Juppé, dont l'inscription au futur schéma routier d'une demi-douzaine d'autoroutes concédées. Cette façon de procéder n'a permis aucune cohérence enter les différents schémas, et a même posé de gros problèmes juridiques, puisque des dispositions européennes prévoient désormais l'interdiction de poursuivre un recours à l'adossement des contrats d'infrastructures. Cette pratique ne permet pas une véritable concurrence.
C'est donc la méthode de planification qu'il fallait changer.
La nouvelle approche sectorielle qui nous est proposée permettra de mettre en cohérence les projets, qu'ils soient une route, une ligne ferroviaire à grande vitesse ou un axe de ferroutage, et de mieux utiliser les réseaux existants. Cette approche multimodale permet d'assurer une complémentarité des transports, dans un souci de répondre très concrètement aux besoins des usagers.
Enfin, cette approche multimodale permettra d'assurer une cohérence entre les schémas de services collectifs, dont celui des transports, et les schémas régionaux.
Je constate tous les jours dans le département de l'Ardèche, qui n'est traversé par aucune autoroute et qui ne dispose pas de gares de voyageurs, que mes concitoyens demandent à pouvoir bénéficier d'infrastructures de qualité pour assurer la liaison avec les principaux axes routiers ou de chemin de fer, et pas forcément la construction d'une autoroute. C'est pourquoi, à mon sens, l'Etat devra s'engager avec force pour répondre à cette attente, en Ardèche comme ailleurs, en particulier dans le prochain contrat de plan.
M. le président. Sur l'article 16, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 50, MM. Gérard Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent de supprimer l'article 16.
Par amendement n° 17, MM. Gouteyron et Vissac proposent de compléter l'article 16 in fine par un nouveau paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Il est inséré après l'article 19 de la même loi un article additionnel ainsi rédigé :
« Art... - Les zones rurales les plus fragiles de notre territoire doivent être desservies dans des conditions permettant de favoriser leur développement économique.
« En 2015, aucune partie du territoire français ne sera située à plus de cinquante kilomètres ou de quarante-cinq minutes d'automobile, soit d'une autoroute ou d'une route expresse à deux fois deux voies en continuité avec le réseau national, soit d'une gare desservie par le réseau ferroviaire à grande vitesse. »
Par amendement n° 122 rectifié, MM. Arnaud, Jarlier, Herment, Deneux, Souplet, Moinard, Louis Mercier et Hérisson proposent de compléter in fine l'article 16 par un nouveau paragraphe ainsi rédigé :
« Il est inséré après l'article 19 de la même loi un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. - Les zones rurales les plus fragiles du territoire national doivent être desservies dans des conditions permettant de favoriser leur développement économique.
« En 2015, aucune partie du territoire français ne sera située à plus de cinquante kilomètres ou de quarante-cinq minutes d'automobile, soit d'une autoroute ou d'une route expresse à deux fois deux voies en continuité avec le réseau national, soit d'une gare desservie par le réseau ferroviaire à grande vitesse. »
Par amendement n° 175 rectifié, MM. Cornu, Fournier, Lassourd et Taugourdeau proposent de compléter in fine l'article 16 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les zones rurales les plus fragiles de notre territoire doivent être desservies dans des conditions permettant de favoriser leur développement économique.
« En 2015, aucune partie du territoire français ne sera située à plus de cinquante kilomètres ou de quarante-cinq minutes d'automobile, soit d'une autoroute ou d'une route expresse à deux fois deux voies en continuité avec le réseau national, soit d'une gare desservie par le réseau ferroviaire à grande vitesse. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 50.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Monsieur Teston, permettez-moi de vous rappeler que l'amendement n° 83 rectifié, adopté par le Sénat, répond à la préoccupation des Ardéchois, car il ne se limite pas à l'aspect routier et autoroutier.
Mes chers collègues, l'amendement n° 50, portant suppression de l'article, s'inscrit dans la logique des modifications que nous avons adoptées et que nous vous proposerons, puisque nous avons rattaché l'élaboration des schémas multimodaux des services de transport de voyageurs et de marchandises dans une autre écriture.
M. le président. La parole est à M. Vissac, pour défendre l'amendement n° 17.
M. Guy Vissac. L'aménagement du territoire ne peut se concevoir évidemment sans les infrastructures de voies de communication qui irriguent l'ensemble du territoire.
Cet objectif fixé dans le schéma directeur routier national de 1992 et figurant expressément à l'article 17 de la loi d'orientation de 1995 témoigne de la volonté des pouvoirs publics de mener une vraie politique de désenclavement en matière de transports au profit des zones rurales fragiles de notre pays.
Il convient de le rétablir dans le texte, car de trop nombreux territoires ruraux, largement classés en zone de revitalisation rurale, restent trop éloignés des grands axes de transport, voyant ainsi leur développement économique freiné voire entravé.
M. le président. La parole est à M. Jarlier, pour défendre l'amendement n° 122 rectifié.
M. Pierre Jarlier. Cet amendement est presque identique à celui qui vient d'être défendu par M. Vissac. La disposition qu'il prévoit présente une extrême importance pour le développement et le désenclavement de très nombreux départements ruraux. Mais, comme il a été satisfait par l'amendement n° 83 de la commission spéciale, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 122 rectifié est retiré.
La parole est à M. Fournier, pour présenter l'amendement n° 175 rectifié.
M. Bernard Fournier. L'objectif fixé par le schéma directeur routier national de 1992 et figurant expressément à l'article 17 de la loi d'orientation de 1995 témoigne de la volonté des pouvoirs publics de mener une vraie politique de désenclavement en matière de transports au profit des zones rurales fragiles de notre pays.
Il convient de le rétablir dans le projet de loi, car de trop nombreux territoires ruraux, largement classés en zone de revitalisation rurale, restent trop éloignés des grands axes de transport, voyant ainsi leur développement économique freiné, voire entravé.
C'est la raison pour laquelle nous proposons de compléter in fine l'article 16 par un paragraphe ainsi rédigé :
« Les zones rurales les plus fragiles de notre territoire doivent être desservies dans des conditions permettant de favoriser leur développement économique. »
En effet, comme l'ont déjà dit d'autres intervenants, en 2015, aucune partie du territoire français ne sera située à plus de cinquante kilomètres ou de quarante-cinq minutes d'automobile soit d'une autoroute ou d'une route express à deux fois deux voies en continuité avec le réseau national, soit d'une gare desservie par le réseau ferroviaire à grande vitesse.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 17 et 175 rectifié ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Sur l'ensemble de ces amendements, y compris de l'amendement n° 122 rectifié que M. Jarlier vient de retirer mais qui procédait du même esprit, nous pensons que la préoccupation que nous avons est réaliste et pragmatique, comme nous avons eu l'occasion de le dire antérieurement dans le débat.
Nos collègues expriment ici le souci qu'aucun point du territoire ne soit à l'écart des potentialités de développement. Or ils ont satisfaction avec la rédaction que nous avons proposée à l'amendement n° 83.
Je leur demande donc de bien vouloir retirer leurs amendements.
M. le président. Monsieur Vissac, l'amendement n° 17 est-il maintenu ?
M. Guy Vissac. Compte tenu des explications qu'a fournies M. le rapporteur, nous retirons l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 17 est retiré. Monsieur Fournier, l'amendement n° 175 rectifié est-il maintenu ?
M. Bernard Fournier. Compte tenu des explications de notre excellent rapporteur, je retire également l'amendement n° 175 rectifié.
M. le président. L'amendement n° 175 rectifié est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 50 ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'avis du Gouvernement est défavorable, bien sûr.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Par coordination !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Par conviction !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 50, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 16 est supprimé.

Articles additionnels après l'article 32



M. le président.
Par amendement n° 86, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 32, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans la seconde phrase du premier alinéa de l'article 4 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée, les mots : "schémas de développement" sont remplacés par les mots : "schémas directeurs d'équipements et de services". »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Il s'agit de coordination convaincue, monsieur le président !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 86, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 32.
Par amendement n° 87, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 32, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans la première phrase du troisième alinéa de l'article 14 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée, les mots : "schémas directeurs d'infrastructures" sont remplacés par les mots : "schémas directeurs d'équipements et de services de transports". »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 87, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 32.

Article 33



M. le président.
« Art. 33. - A l'article 39 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 précitée, les mots : "un schéma directeur des voies navigables établi dans les conditions prévues à l'article 14 de la présente loi" sont remplacés par les mots : "des éléments des schémas multimodaux de services de transport prévus au I de l'article 14-1 de la présente loi". »
Par amendement n° 88, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent de supprimer l'article 33.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Là aussi, il s'agit d'une proposition de suppression. L'article 39 de la loi du 30 décembre 1982 prévoit en effet l'établissement d'un schéma de développement du transport fluvial comprenant un schéma directeur des voies navigables et des mesures économiques et sociales propres à faire participer le transport fluvial à la réalisation des objectifs de la politique des transports intérieurs.
Tirant les conséquences de la création des schémas multimodaux de services collectifs de transport par les articles 16 et 32 du projet de loi, l'article 33 du projet de loi tend, par coordination, à faire référence non plus au schéma directeur des voies navigables, mais « aux éléments des schémas directeurs de services de transport ».
C'est pourquoi, pour rester dans la logique qui a été celle de nos débats depuis une bonne partie de cet après-midi, nous proposons de supprimer cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 33 est supprimé.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures quarante, est reprise à vingt et une heures cinquante, sous la présidence de M. Jean Faure.)

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire.
M. Gérard Larcher, rapporteur de la commission spéciale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Il est des moments, madame le ministre, où le silence est le seul message digne.
La semaine passée, le drame du tunnel sous le Mont-Blanc nous a tous touchés. J'ai le souvenir de nos collègues élus des départements savoyards apprenant le drame et venant nous en informer les uns après les autres.
Dans un communiqué de presse, que vos services avaient élaboré cet après-midi et dont nous avons eu connaissance à vingt heures trente, vous me paraissez manquer singulièrement au respect de ce silence qui donne le temps aux vivants de porter en terre leurs morts.
Vous laissez croire que la rédaction adoptée cet après-midi par le Sénat ne prenait pas en compte l'alternative ferrée pour les traversées alpine et pyrénéenne. Je n'ose même pas, madame le ministre, vous renvoyer aux pages 287 et 459 de notre rapport, où tout est écrit.
Ce n'est pas digne, madame le ministre ! Qu'auriez-vous dit si, l'an passé, dans le tunnel sous la Manche, tunnel ferroviaire, le système de sécurité n'avait pas fonctionné ? Comment pouvez-vous faire croire, au motif d'un tout routier qui n'est nullement notre position, que nous serions peu sensibles à la sécurité ? Nous, à la commission spéciale, nous avons eu la pudeur de ne pas utiliser ces malheureuses victimes.
J'ai le souvenir cet après-midi, madame le ministre, de votre réaction aux propos d'un de nos collègues sur la sécurité routière. Non, ce n'est pas digne ! Ce soir, ces morts-là ne peuvent venir à l'appui ni de ni à l'argumentation des uns ni de la justification des autres.
Je laisse à la disposition de la présidence ce communiqué de presse, que je trouve scandaleux et qui tend à faire croire que les sénateurs seraient des êtres irresponsables, au motif qu'ils ne prendraient pas en compte l'aternative route-rail pour les traversées alpine et pyrénéenne.
Monsieur le président, en signe de protestation, je demande une suspension de séance de quelques minutes. Nous n'allons pas, ce soir, devant la douleur des familles, nous lancer des morts au visage. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. En signe de protestation, le Sénat va interrompre ses travaux jusqu'à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt et une heures cinquante-cinq, est reprise à vingt-deux heures.)

M. le président. La séance est reprise.
Nous reprenons la discussion du projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire.

Article additionnel après l'article 16
(précédemment réservé)



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 138 rectifié, MM. de Rohan, Raffarin, Gerbaud et Haenel proposent d'insérer, après l'article 16, un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - L'article 67 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est complété par un alinéa rédigé comme suit :
« Pour préparer dans les meilleures conditions la loi prévue au premier alinéa, les dispositions prévues au troisième alinéa continuent à s'appliquer jusqu'au 31 décembre 2001 au plus tard. »
« II. - Le cinquième alinéa de l'article L. 4332-5 du code général des collectivités territoriales est complété par une seconde phrase, ainsi rédigée :
« Ces dispositions continuent à s'appliquer au-delà du 31 décembre 1999 pendant la période transitoire prévue au quatrième alinéa de l'article 67 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée. »
Par amendement n° 332 rectifié, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 67 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour préparer la loi prévue au premier alinéa, les dispositions prévues au troisième alinéa continuent à s'appliquer au-delà du 31 décembre 1999, pour une période transitoire d'au moins un an et qui prendra fin au plus tard le 31 décembre 2001. »
« II. - Le cinquième alinéa de l'article L. 4332-5 du code général des collectivités territoriales est complété par une seconde phrase ainsi rédigée :
« Ces dispositions continuent à s'appliquer au-delà du 31 décembre 1999 pendant la période transitoire prévue au quatrième alinéa de l'article 67 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée. »
La parole est à M. Gerbaud, pour défendre l'amendement n° 138 rectifié.
M. François Gerbaud. Cet amendement est signé de deux présidents de région, MM. Jean-Pierre Raffarin et Josselin de Rohan, et de ceux que je pourrais considérer comme les deux cheminots du Sénat, à savoir M. Hubert Haenel et votre serviteur, l'un et l'autre portant beaucoup d'intérêt, comme vous le savez, au ferroviaire. Je rappelle que, pour ma part, j'ai été le rapporteur de la loi du 4 février 1995.
Aux termes d'un amendement que j'avais fait adopter par le Sénat, l'article 67 de la loi du 4 février 1995 prévoit qu'après une phase d'expérimentation une loi définira les modalités d'organisation et de financement des transports collectifs d'intérêt régional et les conditions dans lesquelles ces tâches seront attribuées aux régions.
L'article 15 de la loi n° 97-135 du 13 février 1997 portant création de Réseau ferré de France, en vue du renouveau du transport ferroviaire, a complété l'article 67 de la loi du 4 février 1985 et a fixé les conditions de cette expérimentation, qui sera close le 31 décembre 1999.
L'article 17 de cette même loi a prévu que, dans un délai de quatre mois à compter de la fin de l'expérimentation, le Gouvernement déposera un rapport au Parlement portant notamment évaluation de cette expérimentation.
La dynamique de renouveau du transport de voyageurs sur le plan régional, excellemment définie par notre collègue M. Hubert Haenel, dans son rapport de 1994, est assurément, nul ne le conteste, une authentique réussite.
Le renouvellement de l'offre régionale conforte un transport ferroviaire de proximité, où la prise en compte plus fine des attentes de la clientèle se traduit par un accroissement significatif du trafic et des recettes. La mobilité intrarégionale gagne du terrain au profit du rail, alors même que 43 % des clients des TER - train express régional - possèdent une voiture. Le transport express régional draine 500 000 voyageurs par jour.
Un nouveau cadre de partenariat se met donc en place, dans lequel les responsabilités sont mieux identifiées entre la région, la SNCF et l'Etat. Deux ans après le lancement de cette expérimentation, les régions expérimentales ont les trafics par habitant les plus élevés, ce qui traduit une plus juste efficacité de leur offre.
Il convient, par conséquent, de préparer dès à présent les conditions d'une mise en oeuvre progressive de la généralisation de la régionalisation. C'est la raison pour laquelle cet amendement vise à instaurer une période transitoire de deux ans au maximum, afin d'effectuer une évaluation fine du dispositif, d'ajuster les conditions de la future contractualisation et de permettre, enfin, l'entrée éventuelle de nouvelles régions dans le dispositif.
Par ailleurs, je souhaiterais obtenir deux engagements de la part du Gouvernement concernant la contribution de l'Etat aux services régionaux des transports voyageurs, d'une part, et la possibilité pour toutes les régions qui le souhaitent de pouvoir rentrer dans la régionalisation, d'autre part.
S'agissant tout d'abord de la contribution de l'Etat, celle-ci avait été estimée à 4,2 milliards de francs en 1995. Or, aujourd'hui, il semble qu'une enveloppe supplémentaire de 1,8 milliard de francs soit nécessaire pour que l'Etat s'engage, de façon pérenne, au côté de ses deux partenaires que sont la SNCF et les régions. Cette somme comprend 1 milliard de francs pour la remise à niveau du matériel roulant et 800 millions de francs pour la remise à niveau de l'exploitation.
Ce sont donc bien 6 milliards de francs par an qui sont nécessaires pour que la régionalisation du transport ferroviaire régional, associant l'Etat, la SNCF et les régions, soit un dispositif efficace et pérenne.
Pour ce qui est de l'entrée de nouvelles régions dans le processus, il est, en effet, impératif que l'Etat mette tous les moyens en oeuvre afin de permettre à chaque région de bénéficier du dispositif et de lancer définitivement la régionalisation du transport ferroviaire régional.
Je souhaite que le Gouvernement puisse nous répondre sur ces deux points fondamentaux pour la réussite de cette réforme importante du transport ferroviaire français.
Je me permettrai de conclure en disant que la route du fer n'est pas coupée. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre l'amendement n° 332 rectifié.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Comme vous le savez, à la suite des travaux d'une commission d'enquête du Sénat présidée par M. Haenel, une expérimentation a été mise en place, qui tend à confier aux régions la responsabilité des services régionaux de voyageurs pour adapter le service public de transport aux attentes des populations d'une façon plus satisfaisante.
Cette expérimentation, prévue par des dispositions introduites dans les lois du 4 février 1995 et du 13 février 1997 portant création de Réseau ferré de France, a débuté au 1er janvier 1997 dans six régions volontaires : Alsace, Centre, Nord - Pas-de-Calais, pays de la Loire, Provence-Côte d'Azur et Rhône-Alpes.
On a d'ores et déjà pu constater une croissance du trafic supérieure à celle des autres régions. Une septième région, le Limousin, s'est jointe à cette expérimentation depuis le 1er janvier, ce qui permettra d'étendre la variété des situations rencontrées et des dessertes.
Or l'expérimentation, prévue pour trois ans, se termine au 31 décembre 1999. Je vous rappelle que mon collègue M. Gayssot et moi-même avons eu l'occasion de nous exprimer dans un colloque tenu au Sénat il y a quelques semaines, au cours duquel nous avions eu l'occasion de saluer la contribution de M. Haenel.
Il a été indiqué que le Gouvernement était favorable à une généralisation progressive de la régionalisation. Les modalités sont en cours de préparation à partir des évaluations en cours, en liaison bien sûr avec les régions expérimentatrices.
L'amendement n° 332 rectifié du Gouvernement et l'amendement n° 138 rectifié de MM. de Rohan, Raffarin, Gerbaud et Haenel sont très proches. En effet, le Gouvernement s'est rapproché des régions et des présidents de région intéressés pour mettre au point les dispositifs proposés.
L'amendement du Gouvernement prévoit une période transitoire d'au moins un an pendant laquelle continueront à s'appliquer les dispositions de la période d'expérimentation. Cette période prendra donc fin au plus tard au 31 décembre 2001.
Les rédactions des deux amendements étant très voisines, je laisse à votre sagacité, mesdames, messieurs les sénateurs, le soin de voter l'un ou l'autre de ces textes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 138 rectifié et 332 rectifié ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous avons déjà évoqué cet après-midi le succès de l'expérimentation de la régionalisation des transports. C'est à notre collègue Hubert Haenel, chacun le sait, que nous devons cette initiative, qui a été reprise par le gouvernement précédent.
En notre collègue François Gerbaud, administrateur du Réseau ferré de France, qui vient de défendre l'amendement n° 138 rectifié, nous avons, au sein de notre assemblée l'un des avocats de ce mode de transport.
L'article 67 de la loi d'orientation prévoit l'expérimentation. Celle-ci prélude à l'adoption d'une loi, toujours à venir, qui définira les modalités d'organisation et de financement des transports collectifs d'intérêt régional et les conditions dans lesquelles ces tâches seront attribuées aux régions, sous réserve du respect de l'égalité des charges imposées aux citoyens et de l'égalité des aides apportées par l'Etat aux régions.
Sept régions ont d'ores et déjà entamé cette expérimentation. Il s'agit de l'Alsace, du Centre, du Nord - Pas-de-Calais, des Pays de la Loire, de la région PACA, de Rhône-Alpes et du Limousin.
Comme l'a souligné le ministre de l'équipement, des transports et du logement, lors du colloque de la fédération des industries ferroviaires, qui s'est tenu le 4 mars dernier, le bilan de la régionalisation est positif. Le trafic et les recettes ont respectivement progressé de 4,6 % et 4,9 % dans les six premières régions expérimentales contre une croissance de 1,5 à 2 % maximum dans les autres régions.
Les deux amendements procèdent du même esprit. Mais l'amendement n° 138 rectifié prévoit une prolongation de deux ans de l'expérimentation, et ce délai nous paraît nécessaire compte tenu des transferts de charges qu'il convient de mesurer.
C'est la raison pour laquelle, même si les deux amendements procèdent de la même démarche et traduisent le même résultat positif des expériences de régionalisation, nous préférons l'amendement n° 138 rectifié à l'amendement n° 322 rectifié, présenté par le Gouvernement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 138 rectifié.
M. Jean-Pierre Raffarin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin. Ces deux amendements très voisins sont importants. Ils prévoient la prolongation d'au moins une année encore de la période d'expérimentation, nécessité à laquelle se rallient toutes les personnes raisonnables. Il s'agit d'être prévoyant, et l'échéance de 2001 me paraît raisonnable.
Dans le sens des propos de M. Gerbaud, je voudrais rappeler la position qu'a prise l'Assemblée des régions de France, en réponse aux propositions de RFF et de la SNCF. Elle s'est prononcée en faveur de la généralisation de la régionalisation et a proposé de s'engager dans cette démarche avec confiance, mais sous trois conditions majeures.
La première était de demander la prolongation de l'expérimentation. Pour le moment, nous n'avons qu'une année d'expérience. Si nous voulons vraiment que l'expérimentation soit utile, il faut prévoir cette prolongation.
La deuxième condition, c'est que la SNCF garantisse la transparence financière et présente une comptabilité analytique opposable aux partenaires.
En effet, tant que l'opacité régnera dans les comptes, il ne pourra pas y avoir de véritable partenariat. Le contrat implique la transparence financière, et, pour qu'une régionalisation générale puisse être instaurée, il faudra absolument que la SNCF assume ce changement de culture. Le président Galois s'y est engagé, la porte est donc ouverte.
La troisième condition, c'est que soit mise en oeuvre une régionalisation à la carte. Toutes les régions n'ont pas les mêmes besoins, et les TER et les TGV y jouent des rôles variables dans l'offre de transport. Chacune d'entre elles souhaite donc que cette régionalisation soit adaptée à ses caractéristiques propres.
Voilà pourquoi cet amendement est très important.
Je le voterai parce qu'il ouvre la voie à la généralisation de la régionalisation du transport ferroviaire. Bien entendu, il restera un certain nombre de conditions à remplir, mais il s'agit là d'un préalable nécessaire.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Nous sommes assez favorables à ces amendements, même si, pour des raisons que l'on comprendra aisément, nous donnons la préférence à celui du Gouvernement.
Je crois me souvenir que le rapport Haenel, fait assez rare dans les annales du Sénat, avait été adopté à l'unanimité des groupes. Nous ne renions en rien la position que nous avions adoptée à l'époque et, logiques avec nous-mêmes, nous sommes favorables à ces deux amendements. Préférant cependant celui du Gouvernement, nous nous abstiendrons sur l'amendement 138 rectifié.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 138 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 16, et l'amendement n° 332 rectifié n'a plus d'objet.

Articles additionnels après l'article 33



M. le président.
Par amendement n° 2 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calmejane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 122-4 du code de la voirie routière est ainsi rédigé :
« Art. L. 122-4. - Les autoroutes de liaison prévues au schéma directeur national autoroutier sont construites et exploitées sous le régime de la concession.
« La convention de concession et le cahier des charges sont approuvés par décret en Conseil d'Etat.
« Le cahier des charges définit notamment les modalités de perception des péages, y compris les tarifs de ceux-ci, les catégories de véhicules auxquels ils s'appliquent, ainsi que les conditions dans lesquelles il peut être recouru au télépéage.»
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. La Haute Assemblée a adopté deux principes : premièrement, il y aura des schémas directeurs, notamment un schéma directeur du réseau autoroutier ; deuxièmement, ce schéma directeur sera voté par le Parlement.
Il est évident que nous ne pouvons que nous inscrire dans une logique européenne, la France étant la plaque tournante non seulement autoroutière mais aussi ferroviaire et aérienne de l'Europe.
Ce contexte physique européen nous amène, à l'évidence, à adapter l'ancien schéma autoroutier national, celui de 1992, qui faisait 12 120 kilomètres et qui était lui-même l'héritier des schémas antérieurs de 1988, de 1986, de 1978 et de 1972.
Pour montrer qu'il n'était pas impossible d'élaborer un schéma directeur autoroutier, nous avons, en concertation avec des régions, des départements et les professionnels de la route, entrepris un exercice.
Nous avons ainsi constitué un dossier, comprenant notamment une carte, qui fait apparaître un schéma national regroupant 17 984 kilomètres d'autoroutes.
Il est donc possible d'avoir un schéma de cette nature, que le Parlement sera amené à voter.
Contraitement à ce que certains ont affirmé, s'agissant du contexte européen, les principes édictés par l'Union sont parfaitement clairs, et ils sont au nombre de trois.
C'est, premièrement, une règle européenne de publicité, de transparence et de concurrence, qu'on voit apparaître dans la directive « Travaux » du 18 juillet 1989 et qui a été d'ailleurs confirmée par une communication interprétative du 24 février 1999. C'est un principe de non-discrimination, de transparence, de reconnaissance mutuelle et de proportionnalité.
C'est, deuxièmement, le principe de l'affectation des produits aux charges de la concession. C'est la directive « Péage » du 25 octobre 1993, sur laquelle nous aurons peut-être l'occasion de revenir.
C'est, troisièmement, le principe de l'utilisateur-payeur et de la tarification équitable, recherchée par les autorités bruxelloises et approuvée, bien entendu, par notre gouvernement.
L'amendement n° 2 rectifié consacre le principe de l'utilisateur-payeur.
L'amendement n° 3 rectifié bis , que je présenterai tout à l'heure, vise à appliquer les règles européennes relatives aux concessions de travaux.
L'amendement n° 5 rectifié tend à appliquer le principe de l'affectation des produits aux charges de concession.
L'amendement n° 6 rectifié bis prévoit, conformément à la directive européenne « TVA », la soumission des sociétés d'économie mixte de concession autoroutière au régime fiscal de droit commun.
L'amendement n° 13 rectifié répond aux orientations européennes en prévoyant la mise en place progressive du péage électronique.
Les amendements n°s 7 rectifié et 8 rectifié tendent à appliquer le principe européen de transparence et de concurrence.
L'ensemble de ces amendements est donc très exactement conforme aux principes européens.
Plus précisément, l'amendement n° 2 rectifié énonce le principe selon lequel toutes les nouvelles autoroutes de liaison sont concédées et mises à péage.
La loi n° 55-435 du 18 avril 1955 portant statut des autoroutes, et dont les dispositions sont insérées dans l'article L. 122-4 du code de la voirie routière, stipule que l'usage de l'autoroute est, en principe, gratuit mais que l'Etat peut toutefois décider de les concéder et autoriser le concessionnaire à percevoir un péage.
Or, dans la pratique, et pour des raisons financières que vous comprendrez, l'exception est devenue la règle, tout au moins pour les autoroutes de liaison.
C'est pourquoi cet amendement n° 2 rectifié tend à modifier l'article L. 122-4 du code de la voirie routière en établissant le principe de la concession des autoroutes de liaison, permettant ainsi d'harmoniser le droit avec la pratique constante suivie depuis quarante ans, ce qui n'enlève rien, d'ailleurs, aux autoroutes financées sur fonds budgétaire.
Le principe du péage doit effectivement être affirmé, tant pour des raisons pragmatiques liées à la nécessité de financer la construction, l'entretien et l'exploitation des nouvelles autoroutes, dans un contexte de maîtrise des dépenses publiques, que pour des raisons d'équité.
En effet, le péage permet le financement de l'aménagement et de l'entretien du niveau requis par le développement régulier de la circulation automobile.
Il constitue également un système équitable qui met à contribution, non pas le contribuable national, mais seulement l'usager des infrastructures autoroutières, y compris, notamment, les voyageurs et transporteurs étrangers - je vous rappelle que 20 % de nos recettes proviennent de véhicules immatriculés à l'étranger - et cela conformément au droit européen de tarification des infrastructures supportée par les usagers au coût social marginal.
Cet amendement permet en outre de dégager des marges de manoeuvre pour construire éventuellement les nouvelles autoroutes jugées nécessaires, tant pour l'écoulement du trafic que dans un souci d'aménagement du territoire et, bien entendu, de renforcement de la sécurité routière.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 2 rectifié ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'usage des autoroutes est en principe gratuit, aux termes du premier alinéa de l'article 122-4 du code de la voirie routière.
Le deuxième alinéa de ce même article prévoit que peuvent être concédées par l'Etat soit la construction et l'exploitation d'une autoroute, soit l'exploitation d'une autoroute et la construction et l'exploitation de ses installations annexes.
En pratique, les autoroutes de liaison prévues au schéma directeur sont toutes à péage, à l'exception des autoroutes de liaison gratuites en service lors de la publication du schéma directeur de 1992, soit, aujourd'hui, 1 200 kilomètres.
Le label « autoroute de liaison » est donc devenu synonyme d'autoroute concédée. Il existe 9 540 kilomètres, sans doute augmentés de 55 kilomètres depuis avant-hier, d'autoroutes de liaison.
Dès lors, cet amendement met le droit en accord avec le fait. Notre commission d'enquête avait recommandé cette mesure dans son rapport consacré au fleuve, au rail et à la route.
Le péage est nécessaire, car il faut financer le haut niveau d'entretien et l'aménagement du réseau. Il fait contribuer à ce financement les usagers étrangers, et non le seul contribuable national ; je rappelle qu'un tiers des péages perçus par la SANEF sont libellés en devises.
Le secteur concédé représente en outre 15 000 emplois et dégage des marges de manoeuvre qui permettent de construire d'autres kilomètres d'autoroute.
Voilà pourquoi nous sommes favorables à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Si vous le permettez, monsieur le président, je formulerai un avis général sur l'ensemble des amendements présentés par M. Oudin et tendant à insérer des articles additionnels après l'article 33.
Ces amendements portent sur des propositions de réforme du financement des routes et des autoroutes. Ils concernent notamment les concessions d'autoroutes, les péages, les SEMCA - sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes - et le FITTVN, autant de thèmes qui sont à l'ordre du jour et sur lesquels le Gouvernement travaille.
Notre objectif est de mettre en place un système de financement pérenne des infrastructures, qui permette d'apporter des solutions aux dysfonctionnements mis en évidence ces dernières années.
Il ne saurait être question pour le Gouvernement de critiquer le recours aux concessions autoroutières ; il s'agit simplement d'en constater aujourd'hui les limites.
Ces dysfonctionnements ou ces limites sont connus.
La relative facilité de financement a incité, dans certains cas, à la réalisation d'autoroutes là où un aménagement routier moins coûteux, mais plus difficilement finançable, aurait suffi. Je pense, par exemple, à l'autoroute A 29, entre Amiens et Saint-Quentin, et à l'autoroute A 89, entre Bordeaux et Clermont-Ferrand.
Il faut donc rechercher une plus grande neutralité des financements par rapport aux choix d'investissement.
Par ailleurs, un écart important, et difficilement acceptable, peut être constaté dans les services rendus aux usagers en matière d'entretien, d'exploitation et de sécurité entre les autoroutes et la voirie non concédée.
En outre, la dette des sociétés concessionnaires s'est considérablement accrue à la suite des programmes d'accélération décidés en 1993-1994. On a eu l'occasion de le dire cet après midi déjà, cette dette est aussi élevée que celle de Réseau ferré de France. Un seul exercice, l'exercice 1993-1994, au cours duquel l'évolution du trafic n'a pas été conforme aux attentes, a suffi à mettre en évidence la fragilité de certaines sociétés ; je pense, par exemple, à la société d'autoroutes Paris-Normandie.
En matière comptable, la pratique des charges différées ramène artificiellement le résultat d'exploitation à l'équilibre, ce qui n'incite pas les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoute à une gestion rigoureuse et les affranchit de la contrainte des fonds propres.
Je m'arrête là dans cette énumération, qui a conduit le Gouvernement à mettre en chantier la réforme du financement des sociétés concessionnaires d'autoroute.
A ces difficultés s'est ajoutée la nécessité de rendre le système autoroutier conforme au droit européen, notamment aux prescription de la directive « Travaux ». Je ne vous rappelle que pour mémoire la décision du 20 février 1998 du Conseil d'Etat sur l'A 86, qui a montré que nos prédécesseurs avaient tardé à se mettre en conformité.
La réforme que nous avons à faire est complexe tant au regard de la technicité de la matière que de la sensibilité du sujet dans l'opinion publique.
Il s'agit en effet de réformer le régime comptable et fiscal des SEMCA et d'améliorer le niveau de leurs fonds propres de manière que ces sociétés puissent affronter la concurrence dans le respect des principes d'égalité et de transparence posés par le traité. Il s'agit en même temps de trouver des solutions pérennes au financement des infrastructures, sans accroître à l'excès l'endettement des sociétés. Il s'agit enfin de mettre en place les modalités des ressources nouvelles dégagées par cette réforme.
Cette réforme nécessite un allongement de la durée des concessions existantes, qui soit plus conforme aux durées d'amortissement réelles des ouvrages.
Les discussions menées avec la Commission européenne sur l'allongement des concessions ne sont pas encore totalement achevées. Leur aboutissement, initialement prévu en mars, a connu un certain décalage avec la démission récente du collège des commissaires. Cette étape est pourtant indispensable car, sur certains points, notamment les aides d'Etat, les matières concernées relèvent directement des compétences de la Commission ; sur d'autres, relatifs aux marchés et concessions de travaux ou au droit de la concurrence, la Commission se montre particulièrement intéressée.
Les amendements présentés par M. Oudin permettent d'alimenter les réflexions en cours. Si certains peuvent rejoindre les orientations du Gouvernement, d'autres passent sous silence plusieurs difficultés majeures d'organisation du système : par exemple, la comptabilité des offres adossées.
D'autres encore n'entrent pas dans les objectifs du Gouvernement. C'est le cas, notamment, de l'amendement relatif à l'ouverture du capital des SEMCA. C'est également le cas de la suppression du caractère intermodal de la taxe aménagement du territoire, la TAT, perçue sur les péages autoroutiers, ou qui serait affectée aux seuls travaux routiers.
Ces amendements semblent prématurés au regard des discussions engagées avec la Commission et, pour certains d'entre eux, contraires aux objectifs du Gouvernement.
C'est pourquoi j'émets, sur chacun de ces amendements, un avis défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 2 rectifié.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Je suis au regret de dire que les propos de Mme le ministre recèlent des incohérences et des contradictions tout à fait flagrantes.
On a bien compris que notre dispositif autoroutier appelait une réforme. Bien entendu, cette réforme doit prendre en compte les exigences des directives européennes.
Il est clair que je n'aurais jamais proposé l'un quelconque de ces amendements sans avoir préalablement pris l'attache des autorités européennes. J'y suis allé trois fois, et d'abord au nom de la délégation du Sénat pour l'Union européenne.
Comme j'ai pris le soin de le dire d'emblée, tous ces amendements sont conformes aux orientations et aux principes édictés par les autorités européennes.
Quand je me suis rendu à Bruxelles, j'ai constaté l'intérêt que les autorités européennes portent à notre système autoroutier, car nous appliquons le principe utilisateur-payeur, nous facturons au coût marginal et nous autofinançons notre système autoroutier.
Vous avez dit que certaines autoroutes auraient pu être remplacées par des liaisons à deux fois deux voies, alors que vous êtes incapables de financer ces dernières. Tout cela relève d'une certaine incohérence.
La commission a bien souligné que ces amendements sont dans le droit-fil des conclusions de la commission d'enquête sénatoriale qui a publié son rapport le 6 juin 1998. Je crois que la Haute Assemblée est cohérente avec elle-même en examinant puis en votant ces amendements.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Dans un souci de concision et de simplification, je m'exprimerai sur l'ensemble des amendements.
Certes, se pose un problème d'adossement. Après tout, le Gouvernement va essayer de résoudre ce qu'un gouvernement précédent a posé comme fait. Il s'y emploie dans la négociation avec Bruxelles. C'est une bonne chose. Laissons-le faire !
Selon moi, ces amendements, quels qu'ils soient, n'ont pas leur place dans le projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire. Il s'agit d'un autre problème. Pour ma part, je fais confiance au Gouvernement pour le régler.
Ces amendements comportent tout de même des éléments incroyables. Ainsi, prévoir que les dispositions de la loi Sapin relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques ne s'appliqueront plus aux concessions autoroutières, c'est franchement inacceptable ! En conséquence, le groupe socialiste votera contre l'ensemble de ces amendements.
M. Gérard Le Cam. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Avec cette série assez remarquable d'amendements présentés par M. Oudin, nous sommes placés devant un ensemble de propositions pour le moins digne d'intérêt et qui appelle plusieurs observations.
Notre collègue ne nous tiendra probablement pas rigueur de présenter ici un avis général sur l'ensemble du dispositif qu'il a soumis à l'appréciation de notre assemblée.
Permettez-moi une première remarque : cette série d'amendements est la première à avoir été déposée dans le cadre de ce débat. Aussi, on peut, de manière rétrospective, se demander ce qui a pu motiver le fait que l'un de nos collègues traduise, en quelque sorte au premier abord, « aménagement du territoire » par « mise en oeuvre d'un schéma autoroutier ».
Cela signifie-t-il qu'il s'agit d'une question, en quelque sorte, prioritaires, qui passe avant toute autre ?
La discussion de ces amendements permettra peut-être de trouver la réponse à cette question, qui n'est pas mineure.
Pour en revenir au fond, les diverses propositions de M. Oudin sont marquées par un certain sentiment d'angoisse.
Il est à peu près évident, aujourd'hui, que la situation des sociétés concessionnaires d'autoroutes est pour le moins critique. Une telle affirmation ne signifie pas nécessairement que l'on adopte l'orientation générale des amendements qui nous sont proposés. Cependant, cette réalité, vous le comprenez aisément, est assez difficilement perceptible pour les usagers mêmes du réseau.
Que nous propose donc notre collègue ? Il nous suggère d'accroître les ressources propres des sociétés concessionnaires. Cela va de la mise en place de péages urbains - c'est bien comme cela qu'il faut appeler cette volonté de taxer les usagers des autoroutes de liaison - à l'appel au financement des investissements par les collectivités locales - tel est l'objet de l'amendement n° 15 rectifié bis - en passant par la suppression de la taxe alimentant le Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables, ce qui reviendrait à faire financer certaines opérations exclusivement par Electricité de France.
Pour aller plus loin, M. Oudin nous propose de mettre en place également des dispositions dérogatoires au droit commun en matière de publicité ou d'attribution de concessions de service public.
On notera, par exemple, le caractère assez étonnant de l'amendement n° 4 rectifié, qui prévoit, par exemple, que les concessions autoroutières pourront être prolongées sans appel d'offres - M. Messier et Monod apprécieront - selon plusieurs conditions que je me permets de rappeler.
Au point 2 de cet amendement figurent les conséquences éventuelles de modifications réglementaires ou environnementales. Cela signifie-t-il qu'une campagne de plantation d'arbres ou d'aménagement d'aires de repos est susceptible, à elle seule, de motiver une prolongation de concession ?
On évoque ensuite, au point 3 et au point 4, le cas de l'évolution du trafic, et, quasiment, la mise en oeuvre du schéma du réseau autoroutier.
Enfin, le point 5 précise pratiquement que la mise en place généralisée de télépéage serait de nature à motiver une prolongation de concession. Et tant pis pour l'emploi des receveurs de péage !
Même s'il appuie son argumentation sur le fondement du droit communautaire, qui a souvent le dos large dans ce genre de situation, M. Oudin nous invite pratiquement à faire de notre réseau autoroutier une zone de non-droit.
Enfin, j'observerai que les mesures diversement proposées ici ont un coût particulièrement important pour la collectivité, même si les amendements nous invitent à développer la vente des parts sociales des sociétés concessionnaires d'autoroute.
Nous ne voterons donc aucun de ces amendements.
Pour conclure rapidement sur ce chapitre du présent projet de loi, nous sommes enclins à penser, pour notre part, que les difficultés essentielles des sociétés autoroutières proviennent précisément de la mise en oeuvre de schémas autoroutiers insuffisamment soumis aux règles d'évaluation aujourd'hui admises, et qui ne peuvent et ne pourront d'ailleurs peut-être jamais s'équilibrer.
Enfin, si l'on devait suivre M. Oudin dans sa démarche, on pourrait se demander s'il serait disposé à faire preuve de la même attention pour le développement des modes de transport alternatifs au développement d'un réseau autoroutier, dont il y a tout lieu de considérer qu'il n'a pas été réellement pensé.
Nous demandons donc le rejet de ces quinze amendements, dans lesquels nous percevons d'ailleurs, en définitive, une volonté de polémique un peu gratuite à l'encontre du Gouvernement et, notamment, de Mme la ministre.
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 3 rectifié bis, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calmejane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 122-4, il est inséré dans le code de la voirie routière un article ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Les conventions de concession mentionnées à l'article L. 122-4 doivent, préalablement à leur conclusion, donner lieu à la publication d'un avis dans les conditions et selon les modalités prévues par les articles 11 et 15 de la directive n° 93-97 du Conseil de la Communauté européenne.
« Cet avis indique, le cas échéant, les conditions dans lesquelles le pouvoir adjudicateur envisage de préciser ses intentions concernant les modalités de comparaison des offres dans le respect des règles de transparence et de concurrence. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. D'abord, je voudrais rassurer M. Le Cam : je ne suis absolument pas angoissé.
Si le réseau autoroutier a fait l'objet de ces amendements - les chiffres ont tout de même leur importance - c'est parce qu'il regroupe 75 % du trafic des voyageurs, 85 % du tonnage des marchandises et 95 % du tonnage en valeur.
Si on ne trouve pas une solution pour financer le développement de ce mode de transport - il a sa place et ne pèse pas sur les finances publiques, qui peuvent être affectées aux autres modes de transport, et notamment à l'intermodalité - nous faillirons à notre tâche.
A M. Bellanger, je voudrais dire que ses collaborateurs n'ont pas dû lire complètement les amendements. En effet, si les dispositions de la loi Sapin ne s'appliquaient plus au système autoroutier, c'est parce qu'y seraient substituées des règles encore plus contraignantes et des règles européennes. C'est tout l'objet des amendements.
Nous entrons de plain-pied dans le droit européen. On nous a dit pendant un temps que le système autoroutier français ne pouvait pas se développer à cause des contraintes européennes. Il est vrai qu'elles existent. Par conséquent, mettons en conformité notre droit avec le droit européen, ce qui nous conduit à proposer ces différents amendements.
L'amendement n° 3 rectifié bis vise à appliquer les règles européennes relatives aux concessions de travaux. On ne peut donc pas nous dire que nous essayons d'instaurer une zone de non-droit.
Il s'agit au contraire d'une zone de droit européen parfaitement claire.
Cet amendement tend à reconnaître de façon explicite que les concessions autoroutières doivent respecter les règles européennes applicables aux concessions de travaux.
La directive « Travaux » du 14 juin 1993 impose uniquement que l'attribution de concession soit précédée d'une publicité communautaire.
Toutefois, les principes de transparence et d'égalité de traitement inscrits dans le traité des Communautés européennes et dégagés par la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes sont également applicables aux concessions autoroutières.
Le deuxième alinéa de l'amendement prévoit que le pouvoir adjudicateur doit préciser les aides qu'il envisage éventuellement d'accorder au concessionnaire ; je réponds par là très exactement à l'une des observations de Mme la ministre.
La rédaction de cet alinéa implique que les sociétés déjà titulaires de concessions autoroutières peuvent se porter candidates à la concession d'une nouvelle autoroute, au même titre que celles qui n'en exploitent pas encore, et qu'elles peuvent éventuellement intégrer cette nouvelle concession à l'une des concessions dont elles sont déjà attributaires.
En effet, une exclusion des sociétés qui exploitent déjà une concession du même type, au motif que le « fonds de commerce » qu'elles détiennent constituerait pour elles une aide trop importante, représenterait à leur encontre une discrimination abusive. Cette exclusion serait par ailleurs contreproductive, puisque les sociétés ayant déjà l'expérience des concessions d'un certain type, sont a priori les mieux armées pour en gérer d'autres.
De plus, l'intégration d'une concession nouvelle à une concession existante se justifie non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan technique puisqu'elle permet d'organiser de manière optimale l'exploitation d'un réseau cohérent.
Cette formule constitue d'ailleurs, parfois, la solution la plus raisonnable pour financer des investissements utiles à la collectivité, mais financièrement non rentables en eux-mêmes.
Cependant, le respect des principes de transparence et d'égalité de traitement signifie que l'autorité concédante - je réponds à votre observation, madame la ministre - doit comparer équitablement les offres des candidats déjà titulaires de concessions autoroutières et les offres des candidats qui n'en possèdent pas encore.
L'autorité concédante doit, en premier lieu, conformément à la réglementation européenne, préciser dans l'appel d'offres selon quels critères elle comparera les offres faisant appel à l'une des solutions d'aides envisageables.
Ainsi, les principes de transparence et d'égalité de traitement, auxquels les instances européennes accordent la plus grande importance, sont pleinement respectés.
Je crois avoir ainsi répondu à toutes les craintes exprimées par Mme la ministre.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Par cet amendement, il s'agit de tout autre chose, c'est-à-dire de la directive portant coordination des marchés publics de travaux, dite directive « Travaux ».
Je rappelle que notre commission d'enquête sénatoriale sur les grandes infrastructures avait recommandé d'appliquer la directive tout en défendant l'adossement. Nous savons que le Gouvernement a commencé des négociations à Bruxelles, notamment en ce qui concerne l'adossement des concessions.
L'adossement comprend la faculté d'assurer le financement d'une section à construire par un allongement de la concession préexistante. La modification des dispositions actuelles n'apporte-t-elle de « l'eau au moulin » des tenants de la thèse selon laquelle notre pratique de l'adossement serait contraire à la directive ?
La commission d'enquête a estimé que l'adossement n'était pas en lui-même contradictoire avec l'application de la directive, sous réserve qu'une attribution de concession soit précédée d'un appel d'offres européen, que la mise en concurrence soit faite au stade de la concession, et pas seulement au stade des travaux, que l'aide publique, si elle existe, soit égale pour tous les concurrents et que l'attribution porte à la fois sur un ouvrage rentable et sur un ouvrage non rentable, l'un et l'autre pouvant faire l'objet d'une mutualisation.
La commission spéciale a donc été partagée. En effet, l'amendement de M. Oudin recouvre largement les recommandations de la commission d'enquête, mais nous savons aussi qu'une négociation difficile a été engagée sur ce principe par le Gouvernement.
Voilà pourquoi nous avons émis un avis de sagesse interrogative à l'adresse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3 rectifié bis , repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 4 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calmejane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain.
Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 122-4, il est inséré dans le code de la voirie routière un article ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Les concessions mentionnées à l'article L. 122-4 doivent être limitées dans leur durée. Celle-ci est déterminée en fonction des prestations demandées aux concessionnaires.
« Les concessions peuvent être prolongées selon les modalités prévues à l'article L. ... ( cf. amendement n° 3).
« Toutefois, les concessions mentionnées à l'article L. 122-4 peuvent être prolongées sans publicité préalable, ni appel d'offres, par avenant passé entre l'autorité concédante et le concessionnaire, dans les cas suivants :
« 1. Décision de l'Etat conduisant à changer les règles comptables ou fiscales propres aux sociétés concessionnaires d'autoroutes.
« 2. Evolutions réglementaires, environnementales, ou fiscales, entaînant un changement notable de l'équilibre du contrat.
« 3. Evolution du trafic nécessitant une augmentation de la capacité de l'ouvrage par élargissement des chaussées, création de chaussées parallèles, ou construction d'autoroutes parallèles proches.
« 4. Evolution du trafic ou des besoins des usagers nécessitant de compléter les autoroutes du réseau concédé, par des bretelles, antennes, ou barreaux autoroutiers, destinés à relier des autoroutes déjà concédées, à en améliorer l'accès, ou à assurer la cohérence et l'homogénéité de l'exploitation du réseau existant.
« 5. Modifications importantes dans le traitement des usagers, telles que le bouleversement des catégories tarifaires, un changement complet des techniques de péage ou l'équipement des autoroutes pour la conduite automatique.
« Dans tous les cas où l'autorité concédante décide de modifier par avenant le contrat de concession, elle doit négocier avec le concessionnaire la durée de la prolongation éventuelle, ainsi que les hausses tarifaires autorisées, de telle sorte que l'avantage économique en résultant pour lui équilibre strictement la contrainte ou la perte économique qui lui est imposée. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Cet amendement concerne la durée des concessions. Il y est implicitement reconnu, conformément au droit communautaire, que la prolongation de la durée d'une concession équivaut à l'attribution d'une nouvelle concession, et qu'elle est donc justiciable des mêmes procédures que celle-ci.
Cet amendement répond tout à fait aux souhaits de la commission d'enquête, ce que vient de rappeler M. le rapporteur. Nous sommes animés par un souci de transparence, et je me réfère ici à ce que j'ai dit tout à l'heure à propos de la « loi Sapin » en réponse à M. Bellanger. Nous nous conformons exactement aux dispositions prévues par les directives européennes et nous nous inscrivons dans une logique d'efficacité pour l'attribution des nouvelles concessions et la fixation de leur durée.
J'ajoute que le Gouvernement négocie en effet actuellement un allongement des concessions, qui arrivent en moyenne à échéance entre 2017 et 2019. La négociation porte sur une prolongation qui repousserait le terme de ces concessions jusqu'en 2035 ou en 2040. Ce n'est pas rien ! Il est évident que, dans une telle hypothèse, la réalisation et le financement de la totalité de notre réseau ne poseraient guère de problème.
En l'occurrence, nous ne faisons qu'apporter plus de transparence à notre système. Mes chers collègues, je vous invite bien sûr à voter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. En reconnaissant implicitement que la prolongation de la durée d'une concession équivaut à l'attribution d'une nouvelle concession, l'amendement n° 4 rectifié se situe dans le droit-fil de la jurisprudence communautaire.
L'idée selon laquelle la durée actuelle des concessions autoroutières nécessite des aménagements était une préoccupation de notre commission d'enquête sénatoriale, qui écrivait à l'époque, et nous le revendiquons encore : « La prolongation des contrats actuels jusqu'en 2035-2040 pour garantir l'équilibre du système par des durées conformes à l'amortissement des ouvrages et la suffisance de ces ressources en vue de l'achèvement du schéma, l'allongement des concessions actuelles permettant un allongement corrélatif des amortissements et, par voie de conséquence, la suppression du système des charges différées. »
Néanmoins, je dois attirer l'attention du Sénat sur le fait que les points 1, 2 et 3 de l'article qu'il s'agit d'insérer par cet amendement introduisent un certain nombre de dérogations au principe de la publicité préalable posé par la directive « Travaux », et d'ailleurs reconnu dans l'amendement n° 3 rectifié bis . Voilà pourquoi la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 5 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Une concession d'autoroutes comprend une ou plusieurs autoroutes, interconnectées ou non, qui peuvent avoir été concédées simultanément ou successivement et dont la date de fin de concession est la même.
« Une même société d'autoroutes peut détenir plusieurs concessions distinctes, s'achevant à des dates distinctes.
« Les produits tirés d'une concession conclue en application des articles L. 122-4 et suivants du code de la voirie routière sont exclusivement affectés aux charges liées à cette concession et aux aménagements routiers et autoroutiers susceptibles de faciliter l'accès et d'accroître la fréquentation des autoroutes concédées. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. L'amendement n° 5 rectifié vise à clarifier et à expliciter les notions relatives au périmètre financier et comptable des concessions autoroutières en formalisant et en synthétisant les principes posés par la loi de 1955 et par la loi du 20 janvier 1993, dite loi Sapin. Là, je réponds de nouveau à notre collègue Jacques Bellanger, car ses critiques étaient parfaitement infondées et injustifiées à l'égard de ces amendements.
Cette règle d'affectation des produits aux charges de la concession est conforme à une jurisprudence constante du Conseil d'Etat ainsi qu'aux dispositions de la directive 93/89/CEE qui précise en son article 7 que « les taux des péages sont liés aux coûts de construction, d'exploitation et de développement du réseau d'infrastructures concerné ».
Cet amendement permet donc de transcrire la directive européenne 93/89 sur les péages qui remet en cause les prélèvements de natures diverses pesant aujourd'hui sur les péages et ne répondant pas à ces critères.
Dans l'esprit de cette directive, il paraît toutefois logique de permettre que les produits de la concession financent des aménagements qui, tout en étant extérieurs au domaine public autoroutier concédé, bénéficient aux riverains de l'autoroute, renforcent le confort des usagers ou, encore, sont susceptibles d'accroître les recettes de la concession.
Cet amendement rend donc possible le financement des aménagements permettant une meilleure intégration de l'autoroute aux réseaux routiers et au milieu environnant - ce serait un bénéfice pour les départements et les réseaux départementaux - ainsi que de ceux qui facilitent l'accès et peuvent accroître la fréquentation des autoroutes concédées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'amendement n° 5 rectifié vise à expliciter un certain nombre de principes posés par la loi de 1955 créant le système des concessions ainsi que par la loi du 20 janvier 1993, dite loi Sapin. Ce faisant, il tend à formaliser les pratiques existantes.
Il n'existe malheureusement pas d'alternative à cette institution, qui assure malgré tout une solidarité multimodale et apporte sa contribution.
Dans l'attente d'une réforme, notamment par rapport à la règle européenne et donc à la taxe d'aménagement du territoire sur les péages due par les concessionnaires d'autoroutes, dont le produit, qui se situe chaque année entre 2 et 2,5 milliards de francs, serait, de même que le FITTVN, remis en question, la commission ne peut émettre un avis favorable sur cet amendement. Elle a, en effet, posé comme principe de ne pas remettre en cause les fonds tels qu'ils existent, même si ces derniers devront un jour évoluer ; mais, tout à l'heure, notre ami Claude Belot s'exprimera peut-être globalement sur ce problème des fonds.
M. le président. Monsieur Oudin, l'amendement n° 5 rectifié est-il maintenu ?
M. Jacques Oudin. Nous sommes au coeur d'un problème extrêmement difficile, et je comprends la remarque de M. le rapporteur.
Cet amendement vise, en clair, à l'application stricte du droit européen : le produit du péage perçu sur un utilisateur doit être affecté exclusivement au service autoroutier. Cela signifie donc que le service autoroutier doit recevoir la totalité du produit du péage institué à cet effet.
Actuellement, la France, dans ce domaine comme dans d'autres, ne respecte pas le droit européen : nous avons parlé, à cet égard, de l'adossement, de l'utilisation d'un mode de transport pour d'autres ; on peut parler de solidarité multimodale mais, théoriquement, c'est le budget qui fait la solidarité multimodale. Si l'on demande à un utilisateur d'une autoroute de payer pour une autoroute, il n'y a pas de raison qu'il paye pour les voies navigables ou pour le réseau ferroviaire. Tout le problème est là.
L'amendement n° 5 rectifié est strictement conforme au droit européen, à la différence du système appliqué en France. Peut-être y a-t-il un problème d'adaptation ? Je veux bien l'admettre.
Souhaitant être en harmonie avec la commission spéciale, j'accepte de retirer cet amendement. Je dis simplement qu'il nous faut regarder les choses en face, car nous serons obligés, dans un terme rapproché, de nous conformer au droit européen et donc de trouver une autre solution. Mais nous reverrons cela lors de l'examen d'autres amendements.
M. le président. L'amendement n° 5 rectifié est retiré.
Par amendement n° 6 rectifié bis , M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A compter du 1er janvier 2001, les sociétés d'autoroutes sont soumises au régime fiscal de droit commun, notamment en ce qui concerne la TVA.
« II. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'application des dispositions du I ci-dessus sont compensées par un relèvement à due concurrence de la taxe intérieure sur les produits pétroliers prévue à l'article 298 du code général des impôts. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Nous sommes, là encore, dans un cas où la France ne respecte pas les directives européennes. Une telle situation nécessite des changements auxquels il faut avoir le courage de procéder.
Cet amendement prévoit que le régime fiscal de droit commun, en ce qui concerne la TVA, s'imposera aux sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes.
L'application de cette disposition permettra de mettre fin à la procédure d'infraction - je dis bien « d'infraction » - que la commission européenne a engagée contre la France pour le non-respect du droit communautaire relatif à l'application de la TVA.
Cela signifie que nos sociétés d'autoroutes doivent acquitter la TVA selon la règle commune et non pas de manière « irrégulière », ce qui va d'ailleurs nous valoir prochainement une condamnation par la Cour de justice européenne.
Cet amendement, vous le voyez, est parfaitement cohérent avec le précédent.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Actuellement, les concessionnaires d'autoroutes ne sont soumis à la TVA que pour la partie des péages qui correspond à la rémunération de l'exploitation.
Il est vrai, comme l'a dit M. Oudin, qu'une procédure a été engagée devant la Cour de justice de Luxembourg pour non-respect de la deuxième directive TVA. Mais, monsieur Oudin, la France n'est pas seule à cet égard puisque la Grèce, l'Irlande, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas l'accompagnent devant la Cour de justice, la Commission considérant que les activités des concessionnaires entrent de plein droit dans le champ de la TVA.
Selon les informations dont nous disposons, la procédure écrite devant la Cour de justice est terminée, en ce qui concerne au moins la France. La date de la première audience pour les observations orales n'a pas encore été fixée. Selon les renseignements que nous avons obtenus par fax, tout nous laisse penser que nous pourrions être inquiets.
Il importe vraisemblablement d'appliquer la sixième directive. La commission d'enquête l'avait d'ailleurs recommandé dans son rapport. Elle avait également souhaité que soit substitué à l'ensemble des prélèvements actuels, qui ne tiennent pas compte de la situation des sociétés, un impôt sur le résultat d'exploitation associé au versement de dividendes dont elle estimait qu'ils rapporteraient d'ailleurs plus à l'Etat que les prélèvements actuels.
Toutefois, l'amendement n'évoque pas cet impôt nouveau. C'est pourquoi la commission ne peut que s'en remettre à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6 rectifié bis , repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 7 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes (SEMCA) sont soumises au régime ordinaire des sociétés anonymes notamment en ce qui concerne leurs règles financières et comptables.
« En particulier, elles doivent, avant le 1er janvier 2001 :
« 1. Supprimer leurs charges différées ainsi que les pratiques comptables correspondantes ;
« 2. Se recapitaliser au niveau nécessaire pour faire face à leurs engagements.
« En outre, les concessions des sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes sont prolongées jusqu'au 31 décembre 2040, et les sociétés doivent avoir remboursé la totalité de leurs dettes, au plus tard trois ans avant. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Cet amendement s'inscrit dans la même logique que mes amendements précédents. Il faut avoir le courage de réformer notre système autoroutier. Les enjeux sont immenses. Les objectifs sont à très long terme.
Nous avons élaboré depuis 1955 un système efficace qui nous a permis d'atteindre un niveau autoroutier confortable, respectable mais insuffisant. Il faut aller plus avant. Pour cela, il nous faut des instruments à la fois performants et conformes au droit européen.
L'amendement n° 7 rectifié a pour objectif de soumettre les sociétés d'économie mixte d'autoroutes à l'orthodoxie financière et comptable, en d'autres termes, au régime juridique de droit commun.
La réforme des SEMCA est un sujet qui fait l'objet, depuis plusieurs années, d'études juridiques et financières approfondies et de débats multiples entre le ministère de l'économie et des finances, le ministère de l'équipement et les dirigeants des SEMCA. Ces derniers n'ayant pu se mettre d'accord, autant que le Parlement intervienne. Ce sera, à mon avis, un bien pour tous !
Peu à peu, d'ailleurs, un consensus s'est dégagé sur la nécessité de placer progressivement les SEMCA dans l'orthodoxie financière, comptable, ce qui implique notamment la disparition progressive des charges différées, la recapitalisation des sociétés.
Les études révèlent toutefois que ces réformes sont globalement défavorables à l'équilibre financier des sociétés et nécessitent que l'amortissement des investissements soit étalé sur une période plus longue que la durée actuelle des concessions. Le Gouvernement - je l'ai dit à l'instant - a engagé des négociations sur des allongements d'une durée de plus de vingt ans.
C'est pourquoi ledit article précise la durée de la concession afin de rétablir les équilibres financiers en donnant aux investissements qui restent à réaliser une durée d'amortissement davantage en rapport avec leur durée technique réelle.
Je dirai juste un mot sur les charges différées, mes chers collègues. Comme vous le savez, nous finançons des investissements qui vont durer cent, cent cinquante ans ou deux cents ans avec des emprunts à quinze ans. Comment voulez-vous que, après quelques années, ne survienne pas un petit blocage, une petite difficulté financière ? La technique comptable ancienne a voulu que l'on inscrive au compte des sociétés des charges différées - il y a eu d'ailleurs des avances de l'Etat - qui sont ensuite remboursées.
Simplement, ayons le courage de réformer notre système de façon à mettre tout au net, dans le respect des règles comptables normales et des directives européennes. Ces directives, nous les avons votées, nous les avons acceptées ; alors, ayons le courage de nos engagements !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. La commission est favorable à cet amendement. Je rappelle que la commission d'enquête avait proposé de doter de fonds propres véritables les sociétés d'économie mixte par dotation en capital et ouverture éventuelle de ce capital.
En contrepartie, cet amendement prévoit la prolongation des concessions en précisant que les sociétés devront avoir remboursé la totalité de leurs dettes au plus tard trois ans avant cette échéance.
Cet amendement s'inscrit véritablement dans la logique de la philosophie de la commission d'enquête. Voilà pourquoi la commission spéciale a émis en l'occurrence un avis favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 8 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé.
« L'Etat et l'Etablissement public Autoroutes de France (ADF) peuvent ouvrir le capital des sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes en vendant progressivement au public tout ou partie de leurs actions. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Mes chers collègues, sans doute avez-vous remarqué que M. le rapporteur et moi-même faisons très souvent référence à deux grandes tables de la loi.
Nous évoquons tout d'abord l'excellent rapport de la commission d'enquête présidée par M. Jean François-Poncet, commission dont le rapporteur était d'ailleurs M. Gérard Larcher. Dans les amendements que je présente après l'article 33, je ne fais en aucun cas oeuvre d'imagination débridée. En effet, je reprends simplement les suggestions de la commission d'enquête, ce qui n'avait pas été fait jusqu'à présent.
Par ailleurs, j'intègre les principes du droit européen qui avaient d'ailleurs été analysés par la commission d'enquête.
Il n'y a donc là rien de révolutionnaire. Je le dis à nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen et du groupe socialiste. D'ailleurs, ne vous y trompez pas : ces propositions seront retenues par le Gouvernement dans quelques mois ou dans quelques années, sauf certaines d'entre elles comme l'ouverture du capital visée par l'amendement n° 8 rectifié, que je défends.
Cet amendement prévoit une ouverture progressive du capital des SEMCA, les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes.
Pourquoi ne pas ouvrir le capital des SEMCA, alors qu'on l'a fait pour Air France, pour Renault et pour France Télécom ? Il y a là, manifestement, une logique que l'on peut continuer à suivre.
L'établissement public Autoroutes de France, ADF, est actuellement actionnaire des trois sociétés mères à hauteur de 45 %, à parité avec l'Etat.
La réforme proposée prévoit que l'Etat et ADF, qui appartient à l'Etat, ouvriront partiellement le capital des SEMCA en vendant dans le public tout ou partie de leurs actions et que le produit de ces ventes servira, d'une part, à ADF pour recapitaliser les sociétés d'autoroutes, d'autre part, à alimenter le fonds de péréquation autoroutier, fonds indispensable pour assurer la solidarité de l'ensemble du système autoroutier.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'auteur de l'amendement a parfaitement repris les conclusions de la commission d'enquête, laquelle proposait d'ouvrir le capital des sociétés concessionnaires en permettant à l'Etat et à l'établissement public Autoroutes de France de vendre tout ou partie de leurs actions.
La commission émet donc un avis favorable sur l'amendement n° 8 rectifié.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 9 rectifié bis , M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé.
« L'article 37 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire est ainsi rédigé :
« Art. 37. - I. - Le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables est composé de trois sections :
« 1. Un fonds de péréquation autoroutier (FPA) géré par Autoroutes de France qui concourt à assurer les conditions de réalisation des nouvelles sections autoroutières ou d'aménagement des sections existantes ;
« 2. Un fonds d'aide aux transports ferroviaires ;
« 3. Un fonds d'aide aux voies navigables.
« II. - Le fonds de péréquation autoroutier est alimenté par la taxe d'aménagement du territoire institué par l'article 302 bis du code général des impôts.
« III. - Dans la limite de ses ressources, le fonds d'intervention autoroutier contribue au financement :
« 1. Des avances remboursables accordées aux sociétés d'autoroutes attributaires de concessions temporairement déficitaires,
« 2. Des travaux de construction, d'élargissement, d'aménagement et d'entretien des autoroutes qui constituent des prolongements ou des itinéraires d'accès aux autoroutes concédées et qui ne sont ni parallèles ni concurrentes à celles-ci,
« 3. Des aménagements faisant l'objet de contrats entre les sociétés d'autoroutes et les collectivités territoriales traversées.
« IV. - L'affectation et l'attribution des crédits du fonds d'intervention autoroutier font l'objet de décisions de l'Etat. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Souvenez-vous en, mes chers collègues, nous avons souvent entendu dans cette enceinte, et lu dans les réponses aux questions écrites que, selon le ministre de l'équipement, des transports et du logement, le système de l'adossement est interdit par Bruxelles. Or, nous avons constaté qu'il n'est pas interdit mais qu'il nécessite des adaptations.
Nous avons également entendu dire que, si les nouvelles concessions d'autoroutes ne sont pas immédiatement rentables, l'Etat devra verser des subventions.
Evidemment, avec un budget connaissant un déficit de 240 milliards de francs, il est difficile de prévoir un accroissement des subventions de l'Etat !
Comment peut-on, dans ces conditions, mettre en équilibre une concession nouvelle qui ne serait pas immédiatement rentable ? Simplement par un système de solidarité au sein du système autoroutier.
Ce système de solidarité serait alimenté en partie par la vente des actions mises dans le public, ainsi que par des prélèvements sur les autres sociétés.
L'ensemble du système alimenterait ce fonds, lequel pourrait compenser, pendant un temps limité, les nouvelles concessions qui ne seraient pas immédiatement équilibrées.
Cet amendement vise donc à doter le système autoroutier d'un fonds de péréquation destiné à garantir l'équilibre entre les sections excédentaires et les sections déficitaires dans l'intérêt de l'aménagement du territoire et le respect des principes républicains et de solidarité nationale. On ne peut pas mieux dire !
Ce fonds, géré par ADF, ne pourra être débité que par décision de l'Etat, qui autorise, au cas par cas, le versement des avances au concessionnaire qu'il a choisi. Ce sont les fameuses subventions que Mme le ministre évoquait.
Ces avances remboursables permettront à l'Etat de concéder certaines nouvelles autoroutes, financièrement déficitaires mais rentables sur les plans économique et social, qu'il n'aura pas pu intégrer dans une concession plus globale.
Le fonds de péréquation autoroutier sera également un instrument financier au service des collectivités locales - et non pas l'inverse, monsieur Le Cam, vous vous êtes trompé ! - qui, dans le cadre de contrats à conclure avec les SEMCA, désireront améliorer le réseau autoroutier départemental pour assurer une meilleure desserte des échangeurs autoroutiers ou encore pour renforcer les protections acoustiques et environnementales à proximité des zones habitées.
Une telle disposition permettra alors de développer une politique de péréquation et de mutualisation entre sections excédentaires et sections déficitaires, au nom des principes, je le répète, de solidarité nationale et d'aménagement du territoire.
Dans ce contexte, notre système autoroutier pourra donc s'autofinancer de façon équilibrée. Ainsi, la solution est trouvée !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous l'avons dit, le FITTVN répond à un principe de solidarité modale.
Même si nous n'ignorons pas la fragilité du système, nous n'avons pas souhaité, en l'état actuel de nos connaissances et compte tenu des négociations qui sont en cours, le remettre en cause.
C'est la raison pour laquelle nous émettons un avis défavorable sur cet amendement.
Pour le jour où se posera le problème du remplacement éventuel, du système, nous avons ouvert, entre autres, trois pistes de réflexion.
La première, c'est une vignette sur le modèle suisse, dont le produit est affecté au réseau national non concédé.
La deuxième, c'est une contribution des bénéficiaires indirects des dessertes autoroutières : aux Etats-Unis, les entreprises qui sont dans un certain périmètre autour des autoroutes versent une contribution particulière de solidarité pour le territoire, notamment le territoire économique qui n'est pas à proximité de l'autoroute,
Troisième piste de réflexion : une partie de la taxe additionnelle sur les carburants - aux Etats-Unis, cela représente moins de six centimes français - est affectée au réseau routier non concédé.
Mais, en l'état actuel, je le répète, nous gardons la solidarité modale.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. On l'aura remarqué, il y a une divergence d'appréciation entre M. le rapporteur et moi.
M. Philippe François. Il n'est pas gentil avec vous !
M. Jacques Oudin. Ce n'est pas une question de gentillesse ! Nous traitons de principes.
Je comprends parfaitement la position de la commission, qui est de dire que l'on ne touche pas au dispositif financier. Malheureusement, le coeur du système, ce sont les finances !
Moi, je ne touche d'ailleurs pas au FITTVN puisque - on le verra à l'occasion d'un amendement ultérieur - j'intègre le fonds de péréquation au FITTVN.
Je comprends les objections de la commission, mais je ne les partage pas. Dans le domaine financier, il faut avoir le courage de faire à temps les réformes qui s'imposent. Or, cette réforme est urgente et nécessaire. Je vois bien, d'ailleurs, comment les choses vont se passer : un jour, Bruxelles nous imposera la réforme. Il faudra alors soit casser le système, soit mettre en oeuvre des dispositifs qui ne pourront pas être très différents de ceux que je propose aujourd'hui.
Bien entendu, pour faire plaisir à la commission et ne pas mettre mes collègues dans l'embarras, je vais retirer l'amendement, non sans avoir dit que ce n'est que partie remise puisqu'on évite de traiter ce qui est le coeur du problème du financement du système autoroutier.
M. le président. L'amendement n° 9 rectifié bis est retiré.
Par amendement n° 10 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est créé un conseil de surveillance du fonds de péréquation autoroutier composé de deux députés et de deux sénateurs, de représentants élus des collectivités territoriales, de représentants de l'Etat, des membres des sociétés d'autoroutes, des usagers et des professionnels.
« Les membres du conseil de surveillance sont désignés dans des conditions fixées par décret en conseil d'Etat.
« Le conseil de surveillance est présidé par un parlementaire.
« II. - Le conseil de surveillance formule des avis et des suggestions sur l'attribution et l'affectation des fonds décidées par l'Etat.
« Il peut être consulté et recevoir des propositions des sociétes d'autoroutes et des collectivités territoriales quant à la gestion du fonds de péréquation autoroutier par Autoroutes de France.
« Il peut se saisir des questions relatives à la gestion du fonds de péréquation autoroutier qui lui paraissent nécessiter son avis.
« Les avis qu'il formule sont publics.
« Il établit un rapport annuel au Parlement. »
Monsieur Oudin, compte tenu du sort qui a été réservé à l'amendement précédent, maintenez-vous celui-ci ?
M. Jacques Oudin. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 10 rectifié est retiré.
Par amendement n° 11 rectifié bis , M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les sections d'autoroutes de liaison dont la construction a été engagée sur fonds budgétaires peuvent être concédées et mises à péage par l'Etat sous réserve de l'accord des régions et départements traversés, lorsqu'elles nécessitent des travaux de renforcement, de parachèvement, d'entretien, d'élargissement, la création de chaussées parallèles ou d'une autoroute parallèle proche.
« Les dispositions des deuxième et troisième alinéas de l'article L. 122-4 du code de la voirie routière sont applicables.
« Toutefois, pour les autoroutes qui ne nécessitent que des travaux de renforcement et d'entretien, le péage n'est perçu que sur les véhicules les plus lourds ou les plus volumineux.
« Dans ce cas, des décrets en Conseil d'Etat réservent l'usage de certaines sections d'autoroutes concédées ou de certains échangeurs aux utilisateurs titulaires d'abonnement et munis de dispositifs permettant d'acquitter le péage en mode automatique ou par télétransmission. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Cet amendement donne la possibilité à l'Etat de mettre à péage certaines sections, construites sur ressources budgétaires, qui nécessitent des travaux de parachèvement, de renforcement, d'entretien ou des aménagements importants de capacité, sous réserve d'un accord favorable - j'y insiste - des collectivités locales traversées.
On le sait, certaines sections ne peuvent plus être entretenues ou ne le sont guère. Cela pose des problèmes évidents, notamment en matière de sécurité.
Cette mise à péage éventuelle faite de façon sélective est activement étudiée par la Commission de Bruxelles sous la forme d'un télépéage. Actuellement, il y a l'eurovignette ; le télépéage permettrait notamment à ceux qui accepteraient de le mettre en oeuvre de faire payer les poids lourds étrangers qui traversent leur pays et qui encombrent les réseaux autoroutiers.
C'est la raison pour laquelle cet amendement me semble parfaitement à sa place dans la réforme de notre dispositif autoroutier.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. C'est un vrai sujet, qui mériterait qu'on y passe un peu de temps.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La nuit !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Non, pas la nuit, madame ! C'est un vrai sujet, dis-je, sur lequel vos amis en Europe sont en pointe et sur lequel je vous trouve singulièrement timide.
Il s'agit des problèmes de l'engorgement et de la réalité du coût de l'aménagement routier, dix fois plus élevé en milieu intra-urbain et péri-urbain que lorsqu'il s'agit d'une autoroute de liaison.
Dans ce pays, nous faisons payer les liaisons d'aménagement du territoire alors que nous rendons gratuit ce qui coûte le plus cher.
M. Philippe François. Exactement !
M. Charles Revet, rapporteur. Eh oui !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je rappelle que, courageusement, le Sénat, en 1994, avait voté ce dispositif. Puis, en commission mixte paritaire, dans un souci d'équilibre entre les propositions des uns et des autres, nous l'avions retiré.
Le sujet mérite réflexion. Un certain nombre de parlements, dont ceux des Pays-Bas et de la Suède, ont arrêté pour 2002-2003 un dispositif visant à maîtriser les flux automobiles.
Madame la ministre, il ne suffit pas de dire qu'il faut limiter les flux entrants dans les villes et éviter les engorgements. Il faut réfléchir aux moyens - là, ce n'en est qu'un - de maîtriser ces flux entrants et, dans le même temps, éviter de faire peser de manière trop lourde sur l'ensemble du territoire les coûts très élevés d'aménagement de ces autoroutes en secteur péri-urbain et intra-urbain.
Bien sûr, il y a d'autres outils : les transports collectifs, le rapprochement domicile-travail, la gestion de la périphérie des grandes agglomérations avec le souci de la durabilité et de l'économie du territoire.
Sur ce sujet, nous aurions souhaité entendre le Gouvernement. Nous nous en sommes remis, nous, à la sagesse du Sénat, pensant qu'au travers de ce texte nous ne pouvions que rouvrir le débat sans lui apporter une conclusion dès aujourd'hui.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11 rectifié bis , repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 12 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le schéma directeur national des autoroutes de liaison, joint en annexe, est approuvé.
« Des conventions conclues entre l'Etat, Autoroutes de France et les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes précisent les modalités de mise en oeuvre du schéma directeur national des autoroutes de liaison. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Monsieur le président, je souhaite supprimer le premier alinéa du texte proposé par cet amendement pour ne conserver que le second.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 12 rectifié bis, présenté par M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet, et tendant à insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Des conventions conclues entre l'Etat, Autoroutes de France et les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes précisent les modalités de mise en oeuvre du schéma directeur national des autoroutes de liaison. »
Veuillez poursuivre, monsieur Oudin.
M. Jacques Oudin. Chacun aura compris qu'il s'agit ici de prendre acte du fait que l'Etat a la maîtrise de la mise en oeuvre du schéma national autoroutier, qui est voté par le Parlement et qui représente une carte des listes d'opérations, et que, ensuite, des conventions sont conclues entre l'Etat, Autoroutes de France et les sociétés d'économie mixte concessionnaires pour préciser les délais et les échéanciers de mise en oeuvre de ce schéma.
On retrouvera d'ailleurs cette contractualisation dans un autre amendement par le biais duquel les sociétés d'autoroutes sont invitées à contracter également avec les départements pour aider ceux-ci à financer les réseaux départementaux qui alimentent les échangeurs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous ne pouvons accepter cet amendement dans sa rédaction actuelle, même modifiée, car nous y retrouvons encore le schéma directeur national des autoroutes de liaison, qui n'a pas été créé puisque nous avons nous-mêmes mis en place un schéma directeur d'équipements et de services routiers.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Oudin ?
M. Jacques Oudin. Peut-être M. le rapporteur acceptera-t-il l'amendement si je le rectifie en tenant compte de ses observations, c'est-à-dire si je remplace les termes : « du schéma directeur national » par la formule que la commission a retenue et que le Sénat a adoptée aux articles précédents !
Le principe, c'est la conclusion d'une convention entre l'Etat et les sociétés. Si nous modifions le titre du schéma, nous revenons dans l'orthodoxie !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Monsieur Oudin, il faudrait donc lire : « Des conventions conclues entre l'Etat, Autoroutes de France et les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes précisent les modalités de mise en oeuvre du schéma directeur d'équipements et de services routiers. »
M. Jacques Oudin. Tout à fait !
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 12 rectifié ter , présenté par M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet, et tendant à insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Des conventions conclues entre l'Etat, Autoroutes de France et les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes précisent les modalités de mise en oeuvre du schéma directeur d'équipements et de services routiers. »
Quel est l'avis de la commission sur cet amendement n° 12 rectifié ter ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 12 rectifié ter .
M. Serge Lagauche. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. Au stade où nous sommes de la discussion, je suggère que nous suspendions la séance, que M. Larcher aille voir M. Oudin pour qu'ils règlent ensemble leurs problèmes, pour qu'en fait M. Larcher puisse rectifier l'ensemble des amendements de M. Oudin afin de les rendre conformes au nouveau titre du schéma, et qu'ensuite nous reprenions la séance pour passer au vote.
M. le président. Je vous remercie de votre conseil, monsieur Lagauche, mais j'avais cru entendre que M. le rapporteur avait rappelé, dans une formulation très précise, les termes de l'amendement n° 12 rectifié ter , qui a été « tripoté » à plusieurs reprises, je le reconnais, mais qui a été lu d'une voix claire et intelligible.
Mais, monsieur Lagauche, si vous n'avez pas compris le texte, peut-être M. le rapporteur sera-t-il d'accord pour le lire de nouveau ?
Plusieurs sénateurs sur les travées du RPR. Oh non !
M. Alain Gournac. Cela fait avancer le débat !
M. le président. Tout le monde a droit à l'information, même ceux qui sont sourds, comme moi. (Sourires.)
M. Serge Lagauche. Vous pouvez diriger les débats différemment.
M. le président. Difficilement, monsieur Lagauche, car moi aussi je dois entendre. C'est pourquoi je serais très heureux que M. Larcher nous relise l'amendement.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Monsieur le président, je crois qu'il est de pratique courante, dans cet hémicycle, de rectifier les amendements en séance.
Cela étant dit, je relis le texte de l'amendement : « Des conventions conclues entre l'Etat, Autoroutes de France et les sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes précisent les modalités de mise en oeuvre du schéma directeur d'équipements et de services routiers », étant précisé à nos collègues que « services routiers » est au pluriel.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12 rectifié ter , repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 13 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calmejane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet, proposent d'insérer, après l'article 33 d'un article additionnel ainsi rédigé :
« Un rapport, rendant compte de l'état de l'avancement de la construction des autoroutes du schéma directeur national des autoroutes de liaison, est présenté tous les cinq ans par le Gouvernement au Parlement.
« Le Gouvernement doit rendre compte à cette occasion :
« 1° Des ventes des actions des sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes ;
« 2° Des dividendes des actions des sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes ;
« 3° de la taxe sur les sociétés concessionnaires d'autoroutes calculée sur la base de 4 centimes par kilomètre parcouru ;
« 4° De la gestion du fonds de péréquation autoroutier. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 13 rectifié est retiré.
Par amendement n° 14 rectifié, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calméjane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 41 de la loi n° 93-122 du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Elles ne s'appliquent pas non plus aux concessions régies par les articles L. 122-4 et suivants du code de la voirie routière. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Nous proposons, en insérant un nouvel alinéa à l'article 41 de la loi du 29 janvier 1993, que, désormais, les dispositions de la loi Sapin ne s'appliquent plus aux concessions autoroutières.
Je le dis tout de suite à notre collègue Bellanger, il ne s'agit pas de couvrir quelconques turpitudes, mais simplement d'acter que les règles européennes s'appliquent désormais aux concessions autoroutières. Nous nous calons complètement sur les dispositifs de transparence, de clarté et de concurrence qui sont prévus par les directives européennes : en conséquence, l'article 41 de la loi de 1993 n'a plus de raison d'être. Maintenir les deux dispositifs, le dispositif national et le dispositif européen, serait superfétatoire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Devenant prudents - ce n'est pas une absence de courage de la part de la commission spéciale et de son rapporteur - pour éviter que le Sénat n'abatte le sapin la nuit, et par ailleurs considérant qu'un certain nombre de dispositions de la directive doivent être prises en compte, nous avons émis un avis défavorable sur l'amendement n° 14 rectifié.
M. le président. Monsieur Oudin, votre amendement est-il maintenu ?
M. Jacques Oudin. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 14 rectifié est retiré.
Par amendement n° 15 rectifié bis, M. Oudin, Mme Heinis, MM. Baudot, Braye, Calmejane, Carle, Delong, Demilly, Doublet, Fournier, Gérard, Hérisson, Husson, Jourdain, Lachenaud, Lemaire, Lepeltier, Marini, Mathieu, de Raincourt, Robert et Vallet proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :

« Les sociétés concessionnaires d'autoroutes peuvent conclure des conventions avec les départements traversés afin d'assurer, en commun, une meilleure intégration de liaisons autoroutières au réseau routier départemental et au milieu environnant, une meilleure desserte des échangeurs ou un renforcement des protections acoustiques et environnementales.
« A cet effet, les sociétés concessionnaires d'autoroutes apporteront leur soutien financier aux départements pour la réalisation de ces voiries de desserte et de ces aménagements. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Cet amendement est le complément de celui que nous avons voté voilà quelques instants.
Il s'agit d'encourager la contractualisation entre les sociétés d'autoroutes et les départements et, à cette fin, d'apporter à ces derniers un soutien financier adapté pour une meilleure harmonisation entre le réseau autoroutier, plus particulièrement les échangeurs, et la voirie départementale qui dessert ces équipements.
Ce partenariat financier entre les sociétés est, en effet, souhaitable, en premier lieu pour le cofinancement éventuel d'échangeurs supplémentaires ainsi que pour l'amélioration du réseau routier départemental appelé à desservir les échangeurs. Un tel dispositif permettrait d'élargir, dans un rayon de cinq à dix kilomètres, les zones d'implantation d'activités industrielles et commerciales.
En effet, vous le savez, mes chers collègues, nos entreprises ont une fâcheuse tendance à se regrouper autour des échangeurs. La contractualisation devrait permettre d'élargir le champ d'activité des échangeurs en améliorant la voirie départementale.
Le partenariat financier est, en second lieu, souhaitable pour l'insertion des tracés dans les paysages, facteur d'amélioration de l'acceptabilité de l'autoroute par les riverains ; chacun l'aura compris.
Le partenariat est souhaitable, enfin, pour la mise en place de dispositifs de protection environnementale ou acoustique d'un niveau supérieur à celui qui est prévu par la réglementation, notamment pour la traversée des zones urbanisées.
Cet amendement devrait développer et institutionnaliser la pratique de contrats conclus entre les sociétés d'autoroute et les départements.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Cet amendement doublement rectifié ne correspond que pour partie à celui qui a été examiné par la commission. Son objet est de permettre aux sociétés d'autoroute d'aider les départements, nous l'avons bien compris.
Le premier alinéa de l'amendement n° 15 rectifié bis tend à renforcer la coopération entre départements et sociétés concessionnaires d'autoroute.
Le second prévoit que les sociétés d'autoroute apporteront leur soutien financier aux départements pour réaliser des échangeurs en liaison avec la voirie départementale. C'est bien cela ?
M. Jacques Oudin. C'est tout à fait cela !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous aurions aimé avoir l'avis de nos collègues qui ont l'expérience de président de conseil général sur ce second alinéa car, si nous sommes heureux, nous sommes également perplexes. Il conviendrait sans doute d'approfondir la réflexion en concertation avec l'association des présidents de conseils généraux et l'ensemble des sociétés concessionnaires d'autoroutes.
Voilà pourquoi nous ne pouvons exprimer sur cet amendement qu'une sagesse un peu interrogative et un peu affective.
M. Charles Revet, rapporteur. Et un peu positive !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15 rectifié bis, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 33.

Article 34



M. le président.
« Art. 34. - L'article L. 111-1-1 du code de l'urbanisme est ainsi modifié :
« 1° Le troisième alinéa est ainsi rédigé :
« Les directives territoriales d'aménagement sont élaborées sous la responsabilité de l'Etat, à son initiative ou, le cas échéant, sur la demande d'une région, après consultation du conseil économique et social régional. » ;
« 2° Après la deuxième phrase du quatrième alinéa, il est inséré une phrase ainsi rédigée :
« Les projets de directives territoriales d'aménagement assortis des avis des conseils régionaux et des conseils généraux intéressés sont mis à la disposition du public pendant deux mois. » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 34



M. le président.
Par amendement n° 219, M. Gournac propose d'insérer, après l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 123-9 du code de l'urbanisme est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Si la commune ou l'établissement public intercommunal, après avoir acquis un terrain par l'application du présent article, modifie son plan d'occupation des sols, supprime l'emplacement réservé, modifie les coefficients de constructibilité applicables au terrain concerné et procède à sa vente, l'ancien propriétaire ou ses ayants droit, en cas de décès, bénéficie d'un droit de rétrocession. »
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Monsieur le président, m'autorisez-vous à présenter en même temps les deux amendements que j'ai déposés ?
M. le président. Je vous en prie, mon cher collègue.
Je suis en effet saisi par M. Gournac d'un amendement n° 220, tendant à insérer, après l'article 34, un article additionnel ainsi rédigé :
« Avant le dernier alinéa de l'article L. 123-1 du code de l'urbanisme, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La servitude résultant de l'inscription au plan d'occupation des sols d'emplacements réservés au bénéfice d'une commune ou d'un établissement public intercommunal, en application du 8° du présent article, a une durée maximale de dix ans. Au terme de ce délai, le propriétaire retrouve le plein usage de ladite parcelle si la réalisation du projet motivant l'inscription de l'emplacement réservé au plan d'occupation des sols n'a pas été engagée. »
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Il s'agit, par ces deux amendements, de respecter le droit de propriété.
Les droits, que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qualifie de naturels et d'imprescriptibles, sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.
Aujourd'hui, les communes peuvent, en application de l'article L. 123-1 du code de l'urbanisme, fixer des emplacements réservés aux voies et ouvrages publics, aux installations d'intérêt général ainsi qu'aux espaces verts. Ce dispositif permet de programmer dans le temps la réalisation de projet d'intérêt général.
L'affectation à la réserve est faite sans limitation de durée, sauf lorsque le POS et modifié ou révisé ou quand le propriétaire de la parcelle concernée demande son acquisition par la collectivité bénéficiaire de la réserve selon les modalités prévues par l'article L.123-9 du code de l'urbanisme.
La nécessité d'inscrire dans le long terme l'aménagement des communes impose ce type de dispositions, qui répondent en effet à un souci d'intérêt général, mais elle ne peut justifier certains recours abusifs à ce droit, sinon c'est le propriétaire qui est injustement pénalisé.
Ainsi, dans le cas de l'article L.123-1 du code précité, des communes peuvent modifier la destination des emplacements réservés plusieurs fois sans engager la réalisation concrète des projets en question. La justification de la réserve perd alors son sens. Il serait juste que le propriétaire puisse de nouveau user pleinement de son terrain.
C'est pourquoi je propose de prévoir un délai de validité de la réserve au terme duquel le propriétaire de la parcelle peut retrouver le plein usage de son bien. Cette prescription pourrait intervenir au bout de dix ans, cette période étant suffisamment longue pour permettre l'engagement des ouvrages publics prévus.
Quant à l'article L. 123-9 du code de l'urbanisme, mon amendement répond à un vide juridique déjà signalé en 1992 par le Conseil d'Etat dans son rapport relatif au droit en matière d'urbanisme. Il s'agit de prévoir un droit de rétrocession pour le propriétaire qui se serait séparé d'une parcelle en raison de son inscription dans la réserve foncière, si la collectivité qui a acquis ce terrain, revenant sur ses projets ou les abandonnant, vend la parcelle. Cette disposition permettrait d'éviter que les communes ou des établissements intercommunaux ne réalisent des opérations spéculatives au détriment d'un propriétaire privé.
Ces deux dispositions répondent à un vide juridique qu'il me semble nécessaire et urgent de combler. Elles ne remettent nullement en cause les capacités des communes de gérer leur croissance en programmant leurs aménagements futurs. En revanche, elles offrent à nos concitoyens une sûreté juridique supplémentaire dans un domaine essentiel.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 219 et 220 ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Le problème des emplacements réservés, objet de l'amendement n° 219, mérite d'être traité au sein du groupe de travail chargé de préparer la modernisation de la législation en matière d'urbanisme. Monsieur Althapé, je crois qu'il y a là matière à une réflexion approfondie.
Cette observation vaut également pour l'amendement n° 220.
Voilà pourquoi la commission demande à M. Gournac de bien vouloir accepter de retirer ses amendements.
M. le président. Monsieur Gournac, maintenez-vous les amendements n°s 219 et 220 ?
M. Alain Gournac. Aux termes de la réponse de M. le rapporteur, mes deux propositions seront prises en compte dans la réflexion du groupe de travail qu'il a évoqué.
Mon souhait aujourd'hui était d'attirer l'attention du Gouvernement sur deux problèmes importants : je ne vois pas pourquoi un propriétaire perdrait son bien lorsqu'une collectivité ne réalise pas le projet qu'elle a prévu.
Cela étant, je retire mes deux amendements.
M. le président. Les amendements n°s 219 et 220 sont retirés.

Article 34 bis



M. le président.
« Art. 34 bis . - Il est rétabli, dans le code de l'urbanisme, un article L. 121-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 121-3 . - Les communes, les établissements publics de coopération intercommunale et les collectivités territoriales peuvent créer avec l'Etat et les établissements publics ou autres organismes qui contribuent à l'aménagement et au développement de leur territoire des organismes de réflexion et d'études appelés "agences d'urbanisme". Ces agences ont notamment pour mission de suivre les évolutions urbaines, de participer à la définition des politiques d'aménagement et de développement et de préparer les projets d'agglomérations dans un souci d'harmonisation des politiques publiques. Elles peuvent prendre la forme d'association. » - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 34 bis



M. le président.
Par amendement n° 212 rectifié ter , MM. Gruillot, Barnier, Belot, Besse, Delevoye, Oudin, Raffarin, Revet et Hoeffel proposent d'insérer, après l'article 34 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 1511-2, il est inséré dans le code général des collectivités territoriales un article ainsi rédigé :
« Art. L.... - Les comités d'expansion et les agences de développement économiques, associations de la loi du 1er juillet 1901, créés à l'initiative des collectivités territoriales, élaborent et mettent en oeuvre les stratégies et les actions de développement économique de ces collectivités. »
La parole est à M. Gruillot.
M. Georges Gruillot. Voilà deux semaines que nous entendons souvent dire dans cet hémicycle qu'il ne saurait y avoir d'aménagement du territoire sans développement économique.
Vous-même, madame le ministre, vous nous avez rappelé en fin d'après-midi votre profond attachement à la création d'emplois chaque fois que l'on raisonne en termes d'aménagement du territoire.
Je crois savoir que la commission nous soumettra tout à l'heure un article additionnel qui va beaucoup enrichir le texte en fournissant un certain nombre de solutions empruntées aux travaux qui avaient été conduits au Sénat sous la houlette de nos collègues MM. Raffarin et Grignon.
L'amendement n° 212 rectifié ter, qui procède un peu du même esprit, s'intéresse aux agences de développement économique et aux comités d'expansion.
Il est vrai que, depuis les lois de décentralisation, les collectivités territoriales ont été amenées, pour travailler à l'amélioration de l'économie sur leur territoire, à créer ou à participer à la création, en général sous la forme associative, de comités d'expansion ou d'agences de développement économique.
Je rappellerai qu'elles sont aujourd'hui quelque cent vingt en France. Elles emploient environ mille deux cents salariés, dont huit cents cadres.
Je rappellerai également qu'elles ont des résultats intéressants, certes souvent difficiles à apprécier, mais intéressants et reconnus, de sorte qu'on vient maintenant d'autres pays européens voisins chez nous pour copier un certain nombre de systèmes français et les transposer.
Avec le temps, ces agences ont acquis de l'efficacité et du sérieux. C'est ainsi qu'aujourd'hui quinze d'entre elles ont la certification ISO 9002. Très souvent, elles sont reconnues, sur le terrain, par les pouvoirs publics.
J'en ai un exemple dans mon propre département où, en 1997, à partir des fonds déconcentrés pour l'emploi des jeunes, nous avons mis en place avec le préfet un dispositif de prêts d'honneur pour les jeunes créateurs d'entreprises de moins de vingt-six ans, prêts cofinancés par ce fonds d'Etat et par des fonds départementaux : c'est bien cette agence qui a été chargée d'instruire tous les dossiers.
Malheureusement, jusqu'à ce jour, ces structures n'ont pas obtenu de véritable reconnaissance juridique. A ce titre, la Cour des comptes a publié en novembre 1996 un intéressant rapport sur les interventions des collectivités territoriales en faveur des entreprises, qui relève bien que tout cela est relativement incohérent sur le plan juridique et peut donner lieu à nombre de difficultés et de contentieux. D'ailleurs, nos chambres régionales des comptes, lorsqu'elles sont amenées à aborder ces problèmes, livrent des interprétations souvent divergentes d'une région à l'autre. Tout cela n'est donc pas clair.
Devant l'inquiétude de tous les élus responsables de collectivités territoriales - et même de leur regroupement national au sein des agences de développement des comités d'expansion qu'est le comité national des économies régionales, le CNER, présidé, je vous le rappelle, par M. Martin Malvy - nous souhaitons préciser dans la loi les missions de ces comités, agences et associations, à l'instar des comités régionaux et départementaux de tourisme, comme cela a été fait dans la loi du 23 décembre 1992.
De même que nous venons d'adopter un article 34 bis qui reconnaît dans la loi les agences d'urbanisme, il me semble que nous pourrions utilement accepter cet amendement.
M. Philippe François. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous avons beaucoup parlé de développement économique pour vitaliser le territoire. Nous avons également évoqué, tout au long de ces journées, le problème de la sécurité juridique des élus locaux. Souvenez-vous à cet égard de la position que nous avons adoptée par rapport au groupement d'intérêt public, le GIP.
L'amendement n° 212 rectifié ter à reconnaître le rôle des comités d'expansion et des agences de développement économique. L'intervention de ces organismes est essentielle, mais elle n'est pas reconnue par le code général des collectivités territoriales.
Je vous renvoie au rapport de la Cour des comptes paru en novembre 1996, dans lequel il est écrit : « l'Etat n'est fréquemment plus capable de dégager en face des crédits des fonds structurels européens qu'il doit mettre en oeuvre les contreparties nationales requises par le principe d'additionnalité. »
M. Charles Revet, rapporteur. Eh oui ! C'est ce qui se passe !
M. Gérard Larcher, rapporteur. « Celles-ci sont alors négociées auprès des collectivités territoriales. Un contrôle strict de la légalité priverait notre pays d'un certain nombre de financements communautaires. »
Cet amendement tend à inscrire dans le droit la notion de comité d'expansion et d'agence de développement économique. Il apporte donc la sécurité juridique indispensable aux développeurs locaux.
Il s'inscrit dans la démarche tendant à améliorer l'exercice des compétences des élus. Voilà qui répond à un souhait des élus, comme en témoignent les états généraux de la décentralisation. Cette démarche rejoint par ailleurs les préoccupations de nos collègues MM. Raffarin et Grignon et de leur groupe de travail « Nouvelle entreprise et territoire ».
C'est pourquoi la commission a émis un avis favorable sur l'amendement n° 212 rectifié ter . (Très bien ! sur les travées du RPR.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. M. Gruillot a dit l'essentiel. Le Gouvernement considère qu'il est opportun de reconnaître le rôle de plus en plus important que prennent les comités d'expansion et les agences de développement dans la mise en oeuvre des stratégies de développement économique des collectivités territoriales. L'assise législative sera en effet de nature à offrir une plus grande sécurité juridique et un cadre d'intervention officiel à ces organismes qui sont investis par les collectivités territoriales de missions essentielles dans la bataille de l'emploi.
Je n'éprouve donc aucune difficulté sur le fond et le Gouvernement est favorable à cet amendement, sous réserve de la levée d'un petit problème de codification.
Il semblerait que la codification de cet alinéa au sein du livre V du code général des collectivités territoriales ne soit pas idéale. Le livre V est en effet composé de deux titres relatifs, d'une part, aux aides aux entreprises et, d'autre part, aux sociétés d'économie mixte. Ce sont des textes très ciblés, qui conditionnent des financements ou qui décrivent les modalités de fonctionnement d'une société. Ce cadre n'est donc pas parfait.
Il y aurait lieu soit de créer un titre III dans le code général des collectivités territoriales, après les SEM, soit, le cas échéant, d'attendre la codification du droit des associations et fondations prévue par le programme annexé à la circulaire du 30 août 1996.
Vous l'avez compris, monsieur le sénateur, il s'agit là d'un problème mineur, et l'avis du Gouvernement est bien favorable sur le fond.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Très bien !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 212 rectifié ter.
M. Gérard Delfau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Je suis favorable à l'adoption de cet amendement qui reconnaîtra une réalité juridique plus forte aux comités d'expansion et aux agences de développement économique.
Ces structures, qui sont chargées de mobiliser les acteurs de terrain pour le développement économique, et ce à la demande des collectivités locales, sont souvent des opérateurs directs d'actions ciblées.
Je rappelle au Sénat et à Mme la ministre que d'autres organismes remplissent des missions similaires. Je pense par exemple aux comités de bassin d'emploi. Nés d'un décret de 1982, confirmés par un décret de 1992, ils ont toujours été appuyés par les différents gouvernements, notamment par les ministres du travail qui se sont succédé ces dernières années.
Je suis le responsable national de ces structures depuis 1990. J'ai donc pu constater que ce type de développement local faisait l'objet d'un réel intérêt par-delà les clivages politiques.
D'ailleurs plusieurs de nos collègues sont eux-mêmes à la tête de telles structures ou en sont les inspirateurs et y sont très impliqués.
C'est pourquoi je suggère que, si cet amendement était voté, il puisse être modifié en insérant la notion de comité de bassin d'emploi que je vais définir dans un instant. Si tel ne pouvait être le cas, je souhaite qu'un accord s'instaure avec le Sénat et en concertation avec Mme la ministre pour conférer une légitimité juridique plus forte de ces instructions dans un prochain texte.
Je n'insiste pas davantage sur ma demande pour éviter toute interférence ; en effet, ces comités de bassin d'emploi sont sous la tutelle de Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité, et je souhaite qu'elle puisse prendre la responsabilité de cette modification.
Mais il se trouve aussi que le réseau des comités de bassin d'emploi travaille quotidiennement avec le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement et avec la DATAR. Ces structures sont donc « à cheval » entre les deux ministères. C'est la raison pour laquelle j'interviens.
Ces structures ont une particularité : elles sont créées sur ce petit territoire à échelle humaine que nous appelons les uns et les autres un pays, le plus souvent sur l'initiative des collectivités locales, mais leur composition doit être tripartite, associant les élus, les socio-économiques, chefs d'entreprises et chambres consulaires, et les représentants des salariés chaque fois que c'est possible, et, ainsi que le secteur associatif si du moins il s'implique dans le développement local.
C'est une façon de faire vivre la démocratie participative. Il existe à l'heure actuelle sur l'ensemble du territoire national, environ 150 structures locales coiffées par un comité de liaison et mobilisant plusieurs milliers de bénévoles.
Voilà ce que je voulais ajouter à cette discussion, en me réjouissant que des structures de type associatif qui oeuvrent pour le développement économique territorialisé, fassent enfin l'objet d'un débat dans notre assemblée. J'attendais ce moment depuis à peu près une décennie, et il est heureux qu'il soit venu.
M. Philippe François. Tout vient à point pour qui sait attendre !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 212 rectifié ter, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 34 bis.
Je rappelle que l'article 35 a été appelé en priorité après l'article 24.

Articles additionnels après l'article 35



M. le président.
Par amendement n° 91, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 35, un article additionnel ainsi rédigé :
« Au début de l'intitulé de la section II du chapitre Ier du titre IV du livre premier du code de l'urbanisme, sont ajoutés les mots : "Schémas directeurs et". »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Sans nous y attarder, nous allons maintenant aborder la question des espaces périurbains. Comme vous le savez, mes chers collègues, il s'agit là d'un point important de notre réflexion car, si un amendement n'avait pas été déposé à l'article 20 par notre collègue de l'Assemblée nationale, Mme Bricq, ce thème n'aurait pas été évoqué avant l'examen du projet de loi au Sénat.
Nous souhaitons faire progresser cette discussion.
Il nous paraît souhaitable de prévoir que les schémas directeurs intercommunaux et les plans d'occupation des sols doivent comporter, dans l'espace soumis notamment aux dispositions du schéma directeur de la région d'Ile-de-France, le SDRIF, des dispositions spécifiques aux espaces à vocation agricole. Cette mesure fera l'objet d'un amendement tendant à insérer un article additionnel présenté ci-après.
Par coordination, il est donc nécessaire de modifier l'intitulé de la section II du chapitre Ier du titre IV du livre premier du code de l'urbanisme afin d'y mentionner, outre les plans d'occupation des sols, les schémas directeurs. C'est donc une coordination anticipée !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. C'est uniquement parce que le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 92 qu'il n'est pas favorable à l'insertion de l'article additionnel prévu par l'amendement n° 91 dans cette section du code de l'urbanisme.
Le Gouvernement est défavorable également sur l'amendement n° 91.

M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 91, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 35.
Par amendement n° 92, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 35, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans la section II du chapitre Ier du titre IV du livre Ier du code de l'urbanisme, il est inséré un article L.141-4 ainsi rédigé :
« Art. L. 141-4. - Les schémas directeurs et les plans d'occupation des sols doivent prévoir des espaces à vocation agricole présentant le caractère d'une coupure d'urbanisation. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Dans les espaces périurbains, l'agriculture représente 52 % du territoire, mais la fragilité de ces espaces est reconnue. Une étude très intéressante conduite par la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique montre qu'autour de Nantes une exploitation d'élevage sur cinq dont le chef a plus de cinquante-trois ans n'a pas de repreneur.
Voilà pourquoi il nous est apparu nécessaire de contribuer à la pérennité de l'agriculture et de permettre aux exploitations agricoles de s'étendre. En effet, le problème de la continuité territoriale est un problème essentiel dans l'espace périurbain, le morcellement étant un facteur d'affaiblissement.
Au cours de ses travaux, votre rapporteur a ainsi rencontré des exploitants, notamment un qui cultivait les terres de quarante et un propriétaires différents dans un espace périurbain. Ce chiffre n'a rien d'exceptionnel. Il reflète parfaitement les difficultés qu'occasionnent le morcellement des parcelles dans les espaces périurbains, l'impossibilité d'un remembrement agricole, puisque chaque propriétaire, ou du moins un grand nombre d'entre eux, rêve de l'urbanisation future qui ne manquera pas de se produire.
Il faut définir un système qui concilie le droit des communes à élaborer leurs documents d'urbanisme et la protection d'espaces de production agricole.
Je propose donc, notamment dans l'espace couvert par le SDRIF, mais nous verrons que nous allons bien au-delà, l'obligation de prévoir dans les schémas directeurs et dans les plans d'occupation des sols les espaces à vocation agricole présentant le caractère d'une coupure d'urbanisation.
Cela permettra d'éviter la multiplication de nouveaux zonages la « zonite » et de laisser aux communes le soin de définir les modalités concrètes qui permettront d'atteindre l'objectif général fixé par le législateur.
Mes chers collègues, en matière d'espaces périurbains, s'il n'y a pas de volonté d'agir sur les documents d'urbanisme et sur le foncier, il ne se passera rien. Les discours, les grandes déclaration d'intention les promesses électorales n'ont aucun effet sur les réalités de l'espace périurbain. Madame la ministre, le Sénat, préoccupé à la fois de l'espace rural, de l'espace urbain et de l'espace périurbain, vous propose donc un rendez-vous.
M. Philippe François. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Cet amendement me paraît inutile, monsieur le sénateur, compte tenu des dispositions déjà prévues par le SDAURIF en matière de protection et de continuité des espaces à vocation agricole et paysagère, ainsi que le développement modéré pour les communes rurales de la seconde couronne. Ces dispositions s'imposent normalement aux schémas directeurs locaux et aux POS.
Il risque, dans certains cas, de faire obstacle aux dispositions du SDAURIF qui définit les zones urbanisables. Il ne peut s'appliquer dans les communes de la zone centrale agglomérée d'Ile-de-France, risquant d'entraîner des procédures d'annulation de POS devant les tribunaux pour non-respect de la loi. De plus, la notion de coupure d'urbanisation reste floue juridiquement. Il y a donc risque d'insécurité.
Le Gouvernement a émis un avis défavorable.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je suis tout à fait étonné par vos propos, madame le ministre, mais nous aurons une réponse toute trouvée dans notre territoire d'Ile-de-France après avoir entendu que Mme le ministre partage les opinions de certains qui sont favorables à la fructification foncière du terroir agricole d'Ile-de-France.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 92.
M. Jean-Pierre Raffarin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin. Je voterai bien volontiers l'amendement n° 92 de la commission. J'aimerais toutefois que, pour l'avenir, il me précise si les terroirs périurbains sont des sous-ensembles de terroirs urbains paysagers ou si c'est l'inverse.
J'ai besoin d'une clarification car, vue de mon Poitou, la situation est complexe ! (Sourires.)
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. La périurbanité est définie par le rapport de la Société d'études géographiques, économiques et sociologiques appliquées, la SEGESA, rapport qui va être réactualisé, notamment à la suite de l'enquête INSEE actuellement en cours.
Le terroir urbain et paysager est un sous-ensemble défini qui partage une charte et un projet.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 92, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi après l'article 35.

Article 36



M. le président.
« Art. 36. - Les articles 1er, 2 et 4 de la loi n° 80-3 du 4 janvier 1980 relative à la Compagnie nationale du Rhône sont abrogés à compter du 1er janvier 1999. »
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'objet de l'article 36 est de tirer les conséquences de l'abandon du projet « Rhin-Rhône ».
C'est la loi d'orientation du 4 février 1995, qui, la première, a prévu un financement. A l'instar de ce qui avait été imaginé pour le canal Main-Danube, la loi a prévu d'affecter le montant de la rente du Rhône au financement du canal. Tel était l'objet des articles 2 et 4 de la LOTI, modifiés par l'article 36 de la loi Pasqua de février 1995. Ce sont ces dispositions que l'article 36 du projet tend à abroger.
La commission spéciale n'a pas voulu supprimer cet article. Elle a cependant des observations à émettre sur la procédure d'abandon du projet Saône-Rhin.
Ce projet a été déclaré d'utilité publique par un décret de 1978, renouvelé en 1998. Les grands ouvrages tels que le canal relèvent d'une déclaration d'utilité publique prise par le plus haut acte réglementaire de portée normative : le décret.
Nous ne contestons pas le pouvoir du Gouvernement sur ce point.
Cependant, l'abandon de Rhin-Rhône, annoncé par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale en juin 1997, est devenu effectif par un décret de novembre 1998.
Or la loi Pasqua prévoit que : « L'ensemble des travaux devra être achevé au plus tard en l'an 2010 ».
C'est donc avec un an et demi de retard que le Gouvernement demande au Parlement de ratifier la décision qu'il a prise ! Est-ce là respecter la majesté de la norme législative ?
D'autres pays s'intéressent à la voie d'eau. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été évoqué brillamment et éloquemment par Daniel Hoeffel.
En définitive, vous supprimez le canal, mais que proposez-vous pour le remplacer, et notamment pour permettre à Marseille, à la vallée du Rhône, à la région lyonnaise d'avoir cette ouverture sur l'Europe du Nord et sur l'Europe centrale ?
Je rappelle notre attachement à la réalisation du projet Seine-Nord, dernière chance de sauver ce qui peut l'être encore du transport fluvial français.
Telle est la déclaration que je tenais à faire au nom de la commission spéciale.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur le rapporteur, vous le savez très bien, une partie importante du transport fluvial concerne non pas les transports à longue distance, mais des transports sur des distances de l'ordre de 150 kilomètres à 200 kilomètres, comme l'ont très bien montré les travaux de l'Observatoire économique et statistique des transports, notamment un rapport rendu par M. Bonnafous, quelques mois à peine avant la décision du Gouvernement.
Pour les longues distances, la vraie voie à grand gabarit est la mer, et le port de Marseille dispose évidemment de cette capacité.
Vous avez cité le canal Rhin-Main-Danube. La vérité est que cette réalisation est aujourd'hui un désastre. Les habitants de la vallée d'Altmühl ont recours, depuis plusieurs années déjà - quelques mois seulement après la mise en service du canal - à une alimentation en eau potable qui vient d'une vallée située à plus de 50 kilomètres, parce que l'eau qu'ils buvaient jusque-là n'était plus potable.
En outre, les compagnies qui avaient choisi d'utiliser en priorité la voie d'eau pour le transport de leurs conteneurs ont renoncé à ce choix, quelques mois à peine après la mise en service de l'infrastructure, pour en revenir au mode ferroviaire. En effet, les ruptures de charges modales étaient telles que le temps de transport excessif ruinait les perspectives de rentabilité du recours à cette voie d'eau.
Vous savez également que, compte tenu du volume d'eau disponible, un nombre réduit d'éclusées est possible sur ce canal Rhin-Main-Danube. En effet, le facteur limitant n'est pas la taille de l'infrastructure ; c'est la quantité d'eau disponible, qu'on repompe pour s'en servir à nouveau, ce qui n'est pas d'une logique exemplaire, du point de vue tant économique qu'écologique !
Je ne crois pas que le canal Rhin-Main-Danube soit un bon exemple. Je signale qu'il n'est toujours pas vraiment à grand gabarit. En effet, seule une portion très réduite est au gabarit de 4 400 tonnes. Le tracé qui relie le Rhin à cette portion à grand gabarit, le Main, n'est qu'au gabarit européen de 1 350 tonnes, ce qui est très loin des perspectives tout à fait euphoriques qui avaient été décrites au moment où cet équipement avait été pensé voilà maintenant près de trente ans.
Aujourd'hui, c'est l'utilisation optimale des capacités portuaires de Marseille et de Lyon, et la synergie avec la voie ferroviaire qui doivent être exploitées au mieux. J'ai toujours été très étonnée par l'état du port de Lyon. Les équipements de la CNR sur le port Edouard-Herriot sont assez exceptionnels. Je constate qu'il n'y a pas de flux de marchandises disponibles - cela a été bien décrit par M. Oudin -, notamment parce que la nature des marchandises transportées a beaucoup évolué depuis une cinquantaine d'années.
On ne transporte plus de pondéreux sur de très longues distances. En revanche, on transporte de plus en plus souvent des pièces détachées et des produits finis, qui circulent selon la pratique des flux tendus et qui doivent arriver en temps et en heure sur leur lieu de livraison.
Manifestement, la voie d'eau - et cela d'autant plus qu'il existe de très nombreux passages d'écluses gourmands en temps - ne constitue pas le moyen le plus adapté à cette évolution des trafics, que, pour ma part d'ailleurs, je déplore. Je considère en effet que le flux tendu n'est pas autre chose que le fait de faire payer à la collectivité - sur le mode de transport financé collectivement - les choix de stockage de l'entreprise.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'article 36.
M. Georges Gruillot. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gruillot.
M. Georges Gruillot. Je ne veux pas relancer un débat grand canal, qui serait un débat entre nous, locaux régionaux !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Et Marseille ?
M. Georges Gruillot. Mais je ne peux pas assister à cet enterrement - peut-être non définitif - sans me prononcer et sans qu'il en soit pris acte.
Je suis le responsable de la collectivité départementale la plus touchée, et en première ligne, par la décision de ne pas achever cette liaison à grand gabarit. Je vous rappelle que, sur les quelque deux cents kilomètres qui restaient à creuser, 75 % se situent sur le territoire de mon propre département.
J'ai toujours été très favorable à ce grand canal. Je passe peut-être d'autant plus pour un « archéo » que bon nombre de politiques, même localement, ont commis l'erreur de retourner leur veste. Mais, comme on l'a vu, au niveau électoral, cela ne leur a pas rapporté beaucoup !
Si je suis fanatique de la réalisation de ce grand canal, ce n'est pas tellement pour des raisons d'intérêt local, comme on pourrait l'imaginer ; c'est parce que je pense qu'on est en train de commettre la grande erreur de cette fin de siècle en termes de géopolitique et de manquer un arrimage au bloc central allemand, qui restera vraisemblablement très fort dans la construction européenne, lequel bloc se déplace petit à petit en direction de l'Est.
Nous, les Français, comme d'habitude, nous allons nous laisser marginaliser au sein de cette Europe qui est en train de se construire. Nous avions l'opportunité de nous arrimer aux réseaux fluviaux en direction du Danube. Nous ne le ferons pas ; je considère que c'est très dommage.
Voilà pourquoi je ne voulais pas laisser passer cet enterrement sans me prononcer haut et fort, et dire ce que je pense. Je suis persuadé que nous commettons l'erreur du siècle, mais cette erreur est tellement énorme que nous ferons assez rapidement marche arrière ! (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Michel Mercier. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Michel Mercier.
M. Michel Mercier. Représentant ce soir avec M. Fischer le département qui a été à l'origine de la création de la Compagnie nationale du Rhône, je voudrais vous dire, à propos de cet article 36, que la suppression sèche des dispositions de la loi du 4 janvier 1980 nous interpelle au regard de la position générale des transports.
Madame la ministre, les propos que vous venez de tenir nous laissent quelque peu interloqués. On peut être pour ou contre le canal Rhin-Rhône. On trouvera des arguments dans un sens comme dans l'autre.
Vous avez cité le professeur Bonnafous, directeur du Laboratoire d'économie des transports à l'université Lumière - Lyon 2, qui a toujours été ce canal Rhin-Rhône. En l'occurrence, il est resté constant dans sa position. Il y a heureusement, dans le même laboratoire, des gens qui ont été tout aussi constants et qui sont favorables à la popsition contraire !
Vous venez de déclarer qu'aujourd'hui les transports s'effectuent à flux tendus. Sachez qu'en la matière le meilleur des transports reste le transport routier, parce que c'est quand même le meilleur moyen d'aller d'un point à un autre !
Il faudrait véritablement savoir ce que l'on veut ! En conservant le même type de transport, on ne fera que développer le transport routier, et notre collègue M. Oudin a eu raison, ce soir, de présenter les arguments qu'il a développés.
Je voudrais aussi dire quelques mots de la Compagnie nationale du Rhône, qui a été créée pour aménager le Rhône. Elle est concessionnaire de l'Etat, et ses actionnaires sont les collectivités locales, de la ville de Paris à l'ensemble des collectivités traversées par le Rhône ou par le futur canal.
Aujourd'hui, en abrogeant les articles de la loi relatifs à la concession du canal à grand gabarit Rhin-Rhône, on ne fait que donner une base juridique plus sûre à la décision prise par le Gouvernement de supprimer ce canal. Mais on ne dit pas ce que l'on fera des terrains que la CNR a achetés. Doivent-ils revenir à l'Etat ? A quel prix ? Qui va financer cela ?
On ne dit rien non plus du devenir de la Compagnie nationale du Rhône, qui, je le rappelle, est le premier bureau d'études de Lyon et de la région. Que fera-t-elle demain ? Que deviendront les collectivités locales actionnaires de cette grande compagnie, qui est un outil d'aménagement du territoire tout à fait remarquable ? Fallait-il véritablement se contenter de régler une petite question aujourd'hui sans prévoir l'avenir de la CNR ni son rôle ?
Nous aurons l'occasion d'en reparler lors de l'examen du projet de loi qui transposera la directive européenne sur l'électricité dans notre droit interne : se borner simplement, par cet article 36, à supprimer la concession, c'est ne répondre à aucune des questions qui se posent. (Bravo ! et applaudissement sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je dirai encore un mot, qui s'ajoute peut-être au requiem, mais qui est un élément de réflexion supplémentaire.
Comme le suggérait Daniel Hoeffel, il faudrait faire la comparaison avec les investissements allemands sur le Mittellandkanal et sur cette ouverture jusqu'en Pologne.
Vous dites, madame le ministre, que la voie d'eau stimule l'abaissement des coûts de transport. La commission d'enquête chargée d'examiner le devenir des grands projets d'infrastructures terrestres et d'aménagement du territoire s'est rendue sur place avec le président François-Poncet, et nous avons naturellement rencontré tous les acteurs concernés.
Le coût du transport d'un conteneur de 40 pieds de Rotterdam à Berne est de 17 500 francs par la route et de 4 500 francs par la voie fluviale. Les informations qui nous ont été données par les acteurs tant de la voie fluviale que de la voie ferrée, notamment en Allemagne, ont toujours démontré qu'après la canalisation, notamment de la Moselle, du canal latéral à l'Elbe, à chaque fois, les tarifs ferroviaires se sont alignés et ont baissé de 30 % !
Nous l'avons vu, la multimodalité et l'intermodalité stimulent, notamment par le fleuve, le développement du rail pour le trafic de fret. Pardonnez-moi, madame le ministre, mais c'est ainsi que la route devient moins concurrentielle.
Alors que vous appelez des alternatives à la route, en choisissant de faire disparaître le transport fluvial vous allez renforcer le transport routier !
Je souhaitais souligner ces éléments qui ressortent d'une étude économique que nous avons empruntée à nos amis allemands et d'un exposé qui a été fait devant le conseil autrichien des transports. Voilà les réalités économiques !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur le rapporteur, c'est un dossier sur lequel j'ai travaillé pendant des années. Il est parfaitement exact que les industriels étaient, en général, favorables au projet de canal, parce qu'ils avaient ainsi un argument de poids pour contraindre la SNCF à baisser ses tarifs et à les aligner sur ceux de la voie d'eau. Ils n'entendaient pas spécialement utiliser le canal, puisqu'ils bénéficiaient déjà, à proximité, de voies ferrées qui arrivaient en général dans leurs entreprises.
C'était le cas de Peugeot, qui ne s'est jamais déclarée pour le canal, parce que la desserte fine du territoire national était évidemment assurée de façon beaucoup plus satisfaisante par le réseau ferroviaire que par un réseau fluvial, qui n'a de réseau que le nom, puisque en réalité il n'y a pas de réseau fluvial.
C'est le cas aussi de Solvay, grande entreprise qui se situait sur le tracé du canal et qui n'a jamais été favorable à ce projet.
Par ailleurs, je ne crois pas qu'il y ait une concurrence entre la voie d'eau et la route ; elle existe plutôt entre le rail et la voie d'eau, qui transportent le même type de marchandises aux mêmes rythmes. Pour le flux tendu, dans l'écrasante majorité des cas, c'est la route qui est préférée, qu'on le veuile ou non, pour des motifs évidents.
En revanche, pour les pondéreux, les céréales, les déchets, les grumes, etc., le risque d'inefficacité économique et de déficits, à la fois sur le rail et la voie fluviale, existait vraiment. Cela a bien été démontré par M. Bonnafous, que je suis heureuse que vous ayez cité, même si c'était pour contester la solidité de sa position hostile à cette voie à grand gabarit.
Je n'ai pas souhaité, cet après-midi, intervenir à chaque instant pour ne pas tomber dans un péché qui est largement commis ici - j'ai moi-même succombé à la tentation - celui de beaucoup parler et de se répéter. Mais il est vrai que le réseau Freycinet a un siècle et qu'il n'a pas été entretenu depuis.
Je constate aujourd'hui que la petite batellerie familiale est largement handicapée dans sa survie même par cet état de fait, car il est très rare que les bateaux puissent charger le fret maximum possible, qui est en général de 350 à 400 tonnes.
Dans ma région, par exemple, on ne peut plus charger au-delà de 200 tonnes, et l'efficacité économique n'est pas au rendez-vous.
M. Georges Gruillot. Les péniches râclent le fond. C'est la raison pour laquelle elles ne chargent plus.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. J'insiste sur ce point car la réhabilitation de ce réseau à petit gabarit coûterait beaucoup moins cher, y compris avec une mise au gabarit européen sur les tronçons qui le méritent, que la réalisation du canal à grand gabarit telle qu'elle a été prévue. Pour contraindre la SNCF à baisser ses tarifs d'un tiers, investir 30 milliards de francs, c'est beaucoup trop !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 36.

(L'article 36 n'est pas adopté.)

Article 37



M. le président.
« Art. 37. - I. - Le premier alinéa de l'article L. 161-2 du code rural est ainsi rédigé :
« L'affectation à l'usage du public est présumée. Elle peut s'établir notamment par la destination agricole ou de promenade du chemin, ou par une circulation générale et continue, ou par des actes réitérés de surveillance et de voirie de l'autorité municipale. »
« II. - L'article L. 161-2 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les dépositions du public lors de l'enquête préalable à sa suppression sont prises en compte pour déterminer l'affectation du chemin. »
« III. - Il est inséré, dans le même code, un article L. 161-10-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 161-10-1 . - Lorsqu'un chemin appartient à deux ou plusieurs communes, il est statué sur la vente après enquête unique par délibérations concordantes des conseils municipaux.
« Il en est de même quand ces chemins appartenant à deux ou plusieurs communes constituent un même itinéraire entre deux intersections de voies ou de chemins.
« En cas de désaccord, il est statué par le représentant de l'Etat dans le département. Ce dernier fixe, s'il y a lieu, la proportion dans laquelle chacune des communes contribuent aux travaux et à l'entretien. »
« Les modalités d'application de l'enquête préalable à l'aliénation, qui prévoient une large publicité de l'enquête, sont fixées par décret. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 93, MM. Larcher, Belot et Revet. au nom de la commission spéciale, proposent de supprimer cet article.
Par amendement n° 204, MM. François, Blanc et Joyandet proposent de supprimer le paragraphe I de cet article.
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 93.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous abordons, avec l'aménagement des chemins ruraux et des chemins de randonnée, un sujet important pour la vie et pour la valorisation du territoire rural.
La protection des sentiers de randonnée est une priorité patrimoniale mais aussi économique, car les chemins de randonnée sont un élément essentiel du patrimoine rural et naturel dans les territoires ruraux et dans l'espace naturel.
Des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle aux chemins des colporteurs tracés, vers 1850, entre Bourg-Saint-Maurice et le Piémont, des chemins de halage qui traversent la Bourgogne aux Tro Breiz, aux sentiers douaniers qui ont été redécouverts par le GR 4-400, qui traverse la chaîne des Puys, des sentiers bleus de Fontainebleau au sentier des grands crus, notre histoire, notre économie, notre culture sont liées à tous ces chemins.
Protéger les chemins et sentiers de France est également un pari économique, notamment sur le développement du tourisme vert.
Les 31 millions de randonneurs occasionnels sont devenus des vecteurs du développement économique local.
La randonnée répond à une demande nouvelle. La France dispose, avec les 800 000 kilomètres de chemins existant, d'une richesse et d'une variété à la hauteur de la diversité de son territoire. Il nous faut donc protéger ces 800 000 kilomètres de chemins qui existent aujourd'hui et qui, comme le soulignent les auteurs de cet amendement, sont menacés par plusieurs facteurs.
Certains sont transformés en routes impropres à la randonnée. D'autres sont purement et simplement annexés par les propriétaires riverains. Un grand nombre d'entre eux, simplement abandonnés, sont envahis par la végétation. N'oublions pas non plus tous ceux qui, à proximité des villes en expansion sont « grignotés » par l'urbanisation, qu'ils soient futurs terroirs urbains ou paysagers, cher Jean-Pierre Raffarin, ou, tout simplement, espaces définis dans un périmètre autour des villes.
Les plans départementaux des itinéraires de promenades et de randonnée ainsi que les liens entre les parcs nationaux, les parcs naturels régionaux et les plus beaux sentiers de grande randonnée nous semblent être le symbole des efforts qui ont été déjà faits et qu'il faut poursuivre.
La commission spéciale a souscrit à cet objectif, que le texte qui nous est soumis ne semble pas pouvoir atteindre. En effet, les modifications du code rural proposées, si elles sont motivées par des objectifs louables, sont techniquement discutables.
Le paragraphe I dispose que l'affectation d'un chemin rural à l'usage public est présumée, alors même que, selon les termes de l'article L. 161-1 du code rural, un chemin rural est, par définition, affecté au public.
Le paragraphe II de cet article précise que les dépositions du public lors de l'enquête préalable à la suppression d'un chemin rural sont prises en compte. Mais la raison d'être de l'enquête publique relative à la désaffectation d'un chemin rural étant de prendre en compte les dépositions du public, cette précision ne me semble pas tout à fait nécessaire. On voit mal comment une enquête publique pourrait ne pas prendre en compte les dépositions du public !
Plus grave, le paragraphe III nous paraît méconnaître l'une des spécificités des chemins ruraux, à savoir que leur entretien n'est pas une dépense obligatoire des communes. Il habilite le préfet à fixer le montant de la contribution des communes à cet entretien, alors même que cette dépense relève de la libre administration des communes. C'est donc celle-ci qui est mise en cause par le biais de cet amendement.
Pour ces raisons, la commission a estimé que ces modifications devraient s'inscrire, d'une part, dans une réflexion plus approfondie sur les régimes juridiques respectifs des chemins ruraux et des voiries communales, et, d'autre part, dans un plan global de protection des chemins et des sentiers de randonnée.
Voilà pourquoi elle propose la suppression de cet article.
M. le président. La parole est à M. François, pour présenter l'amendement n° 204.
M. Philippe François. Mon amendement est presque identique à celui de la commission, et je veux simplement appuyer les propos que vient de tenir M. le rapporteur.
Il est quand même étonnant de lire - c'est le passage essentiel de l'article - que l'affectation d'un chemin rural à l'usage du public est présumée.
Cette précision est très grave, parce que cela signifie que le chemin appartient à la commune. On a indiqué qu'il existait 800 000 kilomètres de chemins de cette nature en France.
Ce serait très grave que ces chemins deviennent propriété de la commune, non pas tellement parce que la commune aurait alors la charge de leur entretien, mais surtout parce que ce serait une atteinte au droit de propriété et, par conséquent, une atteinte au droit des Français.
Je ne suis pas certain d'ailleurs qu'un tel texte échapperait à la censure du Conseil constitutionnel.
Par conséquent, compte tenu de ce qu'a dit M. le rapporteur, qui rejoint parfaitement ma propre position, je retire l'amendement n° 204 au profit du sien.
M. le président. L'amendement n° 204 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 93 ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. S'il n'y avait pas l'urgence, quel bon travail nous ferions !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Nous travaillons dans une urgence toute relative, monsieur le rapporteur ! (Sourires.)
L'article 37 a pour objet non pas de transférer des propriétés...
M. Philippe François. C'est pourtant le cas !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. ... et des charges aux communes mais de favoriser un bon entretien de ces chemins qui appartiennent au domaine privé de celles-ci.
L'amendement n° 93 a essentiellement pour objet d'éviter le changement d'usage de ces chemins qui disparaissent. Le code rural, en son article L. 161-1, précise que « les chemins ruraux sont les chemins appartenant aux communes ». Le même code prévoit, en son article L. 161-3, que « tout chemin affecté à l'usage du public est présumé, jusqu'à preuve du contraire, appartenir à la commune sur le territoire de laquelle il est situé. »
La précision « jusqu'à preuve du contraire » garantit les propriétaires privés de tout risque de spoliation. Nous n'avons pas redit autre chose dans cette proposition de reformulation de l'article L. 161-2 du même code rural.
Je ne nie pas qu'il puisse exister un problème. Je suis prête à envisager des modifications, mais elles devront avoir lieu ultérieurement, monsieur le rapporteur, car je ne suis pas en état, aujourd'hui, de vous faire une proposition qui prenne en compte les remarques que vous avez formulées.
De plus, je dois l'avouer, j'ai accepté cette rédaction de bon coeur à l'Assemblée nationale, et il me semble difficile de me déjuger sans avoir approfondi la réflexion comme vous m'y avez appelée. Pour l'instant, je vous assure de ma disponibilité pour poursuivre cette réflexion dans des phases ultérieures.
M. Philippe François. Très bien ! En deuxième lecture !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 93.
M. Gérard Delfau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Madame la ministre, je suis moi-même, comme j'imagine nombre d'entre nous, un randonneur passionné, et il m'arrive d'être très malheureux quand je m'aperçois qu'un chemin porté sur une carte a été affecté à une propriété privée, qu'il s'agisse d'ailleurs d'une exploitation agricole, d'un jardin ou d'un enclos.
Au demeurant, madame la ministre, je voudrais appeler votre attention sur le fait que nous traitons en l'occurrence de communes rurales dont les ressources budgétaires sont infiniment modestes ; leur imputer, sans y avoir regardé de près, des charges supplémentaires risque de mettre nombre d'entre elles dans une situation très difficile. Je pense aux plus hauts cantons de mon département, à une commune de 50 habitants dont 4 000 hectares sont en zone boisée : qu'adviendra-t-il si ce texte est voté en l'état ?
Comme je partage l'intention louable des auteurs de l'amendement qui ont introduit cet article dans le texte, je voudrais vous suggérer que, sous votre autorité, l'on inverse la démarche et l'on décide - je sais bien qu'il va falloir batailler avec Bercy, mais ce serait une belle bataille - d'introduire un critère dans la DGF qui permette l'entretien des zones vertes réservées au public et, sous inventaire d'un classement, des chemins destinés à la randonnée.
Nous ferions ainsi, madame la ministre, grandement plaisir aux citadins qui ont besoin d'oxygène et nous réglerions, en même temps, un problème crucial qui se pose à nombre de municipalités. C'est à mon sens la seule façon de sortir de la situation actuelle.
Alourdir les charges unilatéralement, madame la ministre, je vous le dis comme je le pense, va être ressenti comme un geste cavalier par une partie de la population qui entend bien, le dimanche et les jours de vacances, se promener là où elle le veut, quand elle en a envie et sans rien payer.
M. Charles Revet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet. Il s'agit là d'enjeux importants.
Bien sûr, je comprends qu'on souhaite disposer de chemins bien entretenus, où tout un chacun pourra se promener. Cela étant, j'approuve tout à fait ce que vient de dire notre collègue M. Delfau : il faut savoir ce que sont, dans nos communes, la longueur des chemins ruraux et celle des chemins vicinaux !
On risque, avec cette disposition, de placer les communes rurales, qui n'ont pas des moyens importants, devant de graves difficultés financières. Elles seront confrontées à des demandes réitérées d'associations de marcheurs, par exemple, qui, légitimement, réclameront l'application de ce qui aura été voté. Or certaines d'entre elles seront totalement incapables d'assumer cette charge.
Madame le ministre, vous avez indiqué que vous acceptiez le principe d'un réexamen de cette disposition. Il me paraît effectivement très important que, avant de prendre une décision à cet égard, nous allions au fond des choses.
Mme Janine Bardou. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou. Les chemins dont il est ici question se trouvent bien souvent dans des régions déjà largement désertifiées.
Il est aujourd'hui très difficile d'entretenir ces chemins précisément parce que presque plus personne n'y passe. C'est une charge qui incombe aux communes, lesquelles s'en acquittent pour le bien-être des gens qu'elles accueillent.
Comme M. Delfau l'a indiqué, il faudrait éventuellement envisager d'accorder, à ce titre, une aide à ces communes.
Au long de ce débat, je m'aperçois que les espaces ruraux fragiles, ce que nous appelons les zones de revitalisation rurale, ont été un peu oubliés dans les propositions du Gouvernement.
On ne peut pas à la fois souhaiter que des chemins soient bien entretenus et demander aux communes, qui ont déjà de lourdes charges, d'y veiller.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Madame Bardou, me permettez-vous de vous interrompre ?
Mme Janine Bardou. Je vous en prie, madame le ministre.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, avec l'autorisation de l'orateur.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Cet article ne concerne pas seulement les chemins à vocation touristique. M. le rapporteur a peut-être donné un exemple un peu trompeur en évoquant les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
En réalité, dans l'écrasante majorité des cas, ces chemins ruraux ne sont pas utilisés exclusivement par des touristes qui refuseraient de payer pour leur usage. Ce sont souvent des chemins agricoles, des dessertes du territoire communal, utilisés principalement par les habitants de la commune considérée.
M. le président. Veuillez poursuivre, madame Bardou.
Mme Janine Bardou. Je suis tout à fait d'accord, madame le ministre. Au demeurant, je ne refuse nullement de payer pour les personnes qui empruntent les chemins de randonnée.
Il reste que, en raison des nombreux abandons de terres, sur ces chemins agricoles ne passent plus ni bêtes ni tracteurs, et ils sont fatalement envahis par la végétation, ce qui les rend terriblement difficiles à entretenir.
M. Georges Gruillot. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gruillot.
M. Georges Gruillot. Dans ce dossier, il y a un élément qui n'est pas pris en compte. Du fait des aménagements fonciers et du remembrement, dans de nombreuses communes, on a fait refaire la voirie de desserte des exploitations agricoles et les chemins agricoles par les associations foncières locales. Dès lors, les communes n'ont plus la maîtrise de ces chemins, qui sont souvent maintenant la propriété d'associations foncières regroupant tous les propriétaires du territoire.
Cela pose un problème juridique sans doute plus délicat qu'on ne l'imaginait. Il me paraît donc nécessaire d'y réfléchir plus avant.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 93, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 37 est supprimé.

Article 38



M. le président.
« Art. 38. - Après l'article 88 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée, il est inséré un article 89 ainsi rédigé :
« Art. 89 . - Les informations localisées issues des travaux topographiques ou cartographiques réalisés par l'Etat, les collectivités locales, ou pour leur compte, doivent être rattachées au système national de référence de coordonnées géographiques, planimétriques et altimétriques défini par décret et utilisable par tous les acteurs participant à l'aménagement du territoire. »
Par amendement n° 128, MM. Louis Mercier, Herment, Huchon, Moinard proposent, dans le texte présenté par cet article pour l'article 89 à insérer dans la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après les mots : « les collectivités locales, », d'insérer les mots : « les entreprises chargées de l'exécution d'une mission de service public, ».
La parole est à M. Louis Mercier.
M. Louis Mercier. Il convient que les entreprises chargées de l'exécution d'une mission de service public contribuent à la cohérence des données topographiques et cartographiques, au même titre que l'Etat et les collectivités locales.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'avis de la commission est tout à fait favorable. Il est souhaitable que les entreprises chargées d'une mission de service public contribuent à l'élaboration du référentiel cartographique ainsi créé.
M. Jacques Machet. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 128, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 38, ainsi modifié.

(L'article 38 est adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, je dois vous indiquer que le Gouvernement m'a fait part de son souhait de voir le Sénat poursuivre l'examen de ce projet de loi au cours de la matinée du jeudi 1er avril. Cependant, M. le président de la commission spéciale et M. Larcher m'ont fait savoir qu'ils ne seraient pas disponibles.
Je pense qu'il conviendrait donc d'interrompre nos travaux pendant quelques instants afin que les uns et les autres puissent se mettre d'accord sur la manière dont devra se dérouler la suite de la présente discussion.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue le 1er avril 1999 à zéro heure vingt, est reprise à zéro heure vingt-cinq.)

M. le président. La séance est reprise.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean François-Poncet, président de la commission spéciale. Monsieur le président, après nous être mutuellement consultés, nous sommes tombés d'accord sur une solution dans laquelle certains retrouveront peut-être les caractères d'un jugement de Salomon. (Sourires.) Cette solution, la voici : nous siégerions jusqu'à une heure et nous reprendrions la discussion de ce projet de loi, pour l'examen des derniers amendements et le vote sur l'ensemble, dans la matinée du mardi 6 avril, avant la conférence des présidents.
M. le président. Madame le ministre, la proposition de M. le président de la commission spéciale recueille-t-elle votre assentiment ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La proposition de M. le président de la commission spéciale me convient, monsieur le président.
M. le président. Nous reprenons donc le cours de nos travaux.

Articles additionnels après l'article 38



M. le président.
Par amendement n° 94, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 38, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'intitulé du titre IV du livre II du code rural est complété par les mots : "et périurbains". »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Si vous le permettez, monsieur le président, je présenterai en même temps l'amendement n° 95.
M. le président. Je suis en effet saisi d'un amendement n° 95, présenté par MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, et tendant à insérer, après l'article 38, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 244-2, il est inséré dans le code rural un chapitre V ainsi rédigé :
« Chapitre V.
« Terroirs urbains et paysagers.
« Art. L. 244-3. - Les terroirs urbains et paysagers contribuent à l'aménagement du territoire en favorisant l'équilibre foncier et urbanistique, économique, agricole et industriel, paysager et environnemental des espaces situés entre villes et campagnes.
« Ils permettent aux collectivités publiques qui le souhaitent de mener des politiques de développement durable, pour requalifier les espaces dégradés, améliorer le cadre de vie, protéger les terres agricoles et embellir les paysages.
« La charte qui unit les collectivités appartenant à un terroir urbain et paysager détermine les modalités de mise en oeuvre des objectifs fixés à l'alinéa précédent. Elle comporte, outre un plan indiquant les diverses zones du terroir, un document détailllant les engagements que prennent les collectivités signataires.
« Cette charte est élaborée par la région avec l'accord de l'ensemble des collectivités locales concernées, en concertation avec les partenaires intéressés. Elle est adoptée par décret portant classement en terroir urbain et paysager pour une durée maximale de dix ans. Sa révision est assuré par l'organisme de gestion du terroir urbain et paysager.
« L'Etat et les collectivités territoriales adhérentes appliquent les dispositions de la charte, dans l'exercice de leurs compétences respectives, sur le territoire qu'elle vise. Ils assurent la cohérence de leurs actions et des moyens qu'ils y consacrent. Les documents d'urbanisme doivent être compatibles avec le contenu de la charte.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article. »
Cet amendement est assorti de deux sous-amendements déposés par M. Vasselle.
Le sous-amendement n° 328 tend, dans le premier alinéa du texte présenté par l'amendement n° 95 pour l'article L. 244-3 du code rural, après le mot : « paysager », à insérer le mot : « , biologique ».
Le sous-amendement n° 329 vise, dans la première phrase du quatrième alinéa du texte présenté par l'amendement n° 95 pour l'article L. 244-3 du code rural, après les mots : « avec les partenaires » à remplacer le mot : « intéressés » par le mot : « concernés ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter les amendements n°s 94 et 95.
M. Gérard Larcher, rapporteur. L'amendement n° 94 tend à introduire la référence aux espaces périurbains, sur lesquels nous nous sommes déjà expliqués tout à l'heure.
Par l'amendement n° 95, la commission souhaite insérer un nouveau chapitre consacré aux terroirs urbains et paysagers. Il s'agit d'encourager une démarche volontaire des collectivités locales, dans un esprit de coopération, tout en conduisant une politique nationale des espaces périurbains cohérente avec la politique de la ville.
Il convient, en même temps, de répondre à cette multiplication des demandes de création de parcs naturels au voisinage immédiat des villes, mais en quelque sorte en opposition à la ville. Notre volonté est de concilier la ville et l'espace rural qui l'entoure, non d'entériner un cloisonnement entre l'une et l'autre.
Les terroirs urbains et paysagers ont pour vocation de contribuer à l'aménagement du territoire, d'y conduire, en même temps, une politique foncière et urbanistique et d'y concilier les activités agricoles avec un développement harmonieux. Il s'agit donc d'un dispositif souple et consensuel.
S'agissant des modalités de constitution, il y a la charte, ce qui est assez comparable à ce que l'on peut imaginer pour la création d'un parc ou d'un pays. D'ailleurs, ces terroirs pourraient constituer, avec l'agglomération, des formes d'association que nous avons déjà beaucoup évoquées et sur lesquelles je ne reviendrai pas.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 94 et 95 ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 94.
L'amendement n° 95 soulève davantage de problèmes. Tout d'abord, comme j'ai déjà eu l'occasion de dire, l'appellation retenue pour ce nouveau type d'espace ne me semble pas très heureuse, mais j'ai compris que M. le rapporteur éprouvait à son égard une certaine tendresse.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Cornélienne ! (Sourires.)
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La procédure me paraît intéressante. Il me semble que la rédaction de l'amendement donne plus de précisions au dispositif qui a été introduit par l'Assemblée nationale sous les termes d'« espaces de reconquête paysagère ».
Toutefois, j'aurais préféré que l'on définisse ces espaces de reconquête paysagère ou ces terroirs urbains et paysagers plutôt comme une catégorie de pays que comme une catégorie juridique nouvelle. Par ailleurs, il me semble que l'on devrait préciser quels documents d'urbanisme devraient être compatibles aves les chartes prévues par cet amendement.
Bref, je considère que cette formulation constitue une avancée réelle par rapport au dispositif retenu par l'Assemblée nationale, mais j'émettrai néanmoins un avis défavorable, car il subsiste bien des zones d'ombre, qui devraient être dissipées avant que l'on arrête un dispositif.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 94, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 38.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 95.
M. Jean-Pierre Raffarin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin. Il s'agit en effet d'une avancée, madame la ministre. Pour ma part, j'apporte mon soutien aux TUP et je leur souhaite bon vent !
M. Gérard Larcher, rapporteur. Merci, monsieur le président ! En l'occurrence, un TUP, ce n'est pas encore le titre universel de paiement (Sourires), car il n'y a pas de moyens financiers !
M. Gérard Delfau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Je voudrais poser une question aux auteurs de cet amendement. Dans l'expression « terroirs urbains et paysagers », l'adjectif « urbains » est-il entendu au sens de l'INSEE ? En d'autres termes, les communes de plus de 2 000 habitants pourront-elles conclure une convention ? Je serai encore plus explicite : cette possibilité sera-t-elle réservée aux conurbations urbaines ou concernera-t-elle aussi les territoires semi-urbains ou néo-ruraux ? Cette démarche me paraît en effet très intéressante.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Il s'agit d'une formule souple. Nous trouvons la diversité communale dans l'espace périurbain. En examinant un autre projet de loi relatif à la représentation périurbaine, qui n'a pas de lien avec le présent projet de loi, nous avons constaté que nombre de communes, dont la population est inférieure à 3 500 habitants et correspondant à des définitions qui amènent à d'autres modes de scrutin, sont constituantes d'une agglomération dans laquelle la ruralité joue un rôle important. C'est pourquoi toutes les formules sont possibles, qu'elles soient mi-rurales ou mi-urbaines. C'est cela la construction et la tenue du territoire !
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. L'objectif visé par cet amendement est intéressant. Il est traité de manière assez complète. Toutes les activités qui peuvent se développer dans ces zones sont énumérées, de même, pour une fois, que le principe fort de développement durable.
Néanmoins, les modalités d'adoption de la charte soulèvent quelques problèmes. Celle-ci est élaborée par la région, et non par les communes intéressées, même si leur accord est bien sûr requis. Elle est très contraignante pour la collectivité, puisque les documents d'urbanisme doivent être compatibles avec le contenu de la charte. Elle est aussi très centralisatrice, puisqu'elle est adoptée par décret. En fait, elle s'apparente, sans le dire, à une directive territoriale d'aménagement.
Nous sommes un peu perplexes. Aussi, nous nous abstiendrons lors du vote sur cet amendement.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je renvoie mon collègue M. Bellanger à l'article R. 244-1 du code rural relatif aux PNR, méthode que nous proposons d'appliquer pour la charte. Elle est comparable, bien précise et connue pour avoir été appliquée à trente-sept reprises.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 95, repoussé par le Gouvernement.
M. Jacques Bellanger. Le groupe socialiste s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 38.
Par amendement n° 96, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 38, un article additionnel ainsi rédigé :

« Après le premier alinéa de l'article L. 123-4 du code de l'urbanisme, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Sauf circonstances particulières résultant de la nécessité de satisfaire un intérêt public, les plans d'occupation des sols ne peuvent être révisés au cours des dix années qui suivent leur entrée en vigueur que dans les communes sur le territoire desquelles s'applique un schéma directeur. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 352, présenté par le Gouvernement, et tendant, dans le texte présenté par l'amendement n° 96 pour l'alinéa à insérer après le premier alinéa de l'article L. 123-4 du code de l'urbanisme :
A. A remplacer les mots : « circonstances particulières résultant de la nécessité de satisfaire un intérêt public » par les mots : « pour les mettre en compatibilité en application des articles L. 123-1, dernier alinéa, et L. 123-8 » ;
B. - A remplacer le chiffre : "dix" par le chiffre : "cinq".
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 96.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Nous abordons là un vrai problème de durabilité. En effet, chacun en convient, qu'il s'agisse des élus soucieux de l'économie au sens de la durabilité du territoire ou des exploitants agricoles, et nous avons consulté l'ensemble de leurs représentants, le problème de la durabilité des POS, les plans d'occupation de sols, est essentiel. J'ai entendu un directeur d'un grand service le dire lors des auditions en commission spéciale et aussi à l'occasion d'un colloque. Voilà pourquoi nous avons souhaité, sauf circonstances particulières résultant de la nécessité de satisfaire un intérêt public, prévoir un délai de dix ans avant que le POS puisse être révisé au cours des dix années qui suivent leur entrée en vigueur quand il s'agit de communes sur le territoire desquelles ne s'applique pas un schéma directeur. En effet, quand celui-ci existe, il offre bien entendu un cadre, et cela doit donc être pris en compte.
C'est pourquoi nous avons souhaité mettre ces dispositions en compatibilité avec les articles L. 123-1 et L. 123-8 du code de l'urbanisme.
Je voudrais simplement souligner que si des circonstances particulières surviennent la révision est alors possible. Les communes qui le souhaiteront auront toujours la faculté de modifier les POS, et les communes dotées d'un schéma directeur pourront réviser leur POS comme elles le souhaitent, sous réserve du respect de ce schéma directeur.
Telles sont les conditions d'une vraie durabilité du territoire et l'économie d'une proposition assez osée, je le reconnais, mais qui répond à une véritable problématique. Nous connaissons tous un certain nombre de territoires dont les POS sont sans cesse révisés, ce qui prive de toute crédibilité les documents d'urbanisme. Nous avons constaté que, dans l'évaluation foncière notamment, les juges prennent en compte le futur document imaginé, et non le document existant. Nous en sommes parvenus au point où plus personne ne croit à la valeur des traités. Je crois qu'il est temps de redonner un peu de force et de durée à nos documents d'urbanisme, sous réserve du respect des schémas directeurs, qui offrent une plus grande liberté et qui poussent de fait à une gestion intercommunale du territoire, donc à une gestion plus rationnelle, équilibrée et économe.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 352.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Osons ! puisque c'est à cela que nous invite M. le rapporteur.
Ce sous-amendement tend à apporter deux corrections à l'amendement n° 96.
Premièrement, il s'agit de définir de façon plus précise, plus stricte les exceptions qui ouvriraient droit à une révision au motif de la nécessité de satisfaire un intérêt public. Cette notion apparaît en effet trop imprécise. D'ailleurs, M. le rapporteur a précisé qu'il s'agirait de situations prévues par les articles L. 123-1 et L. 123-8 du code de l'urbanisme. Puisque c'est à cela que l'on pense, le préciser ne devrait pas susciter de difficulté.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Tout à fait d'accord !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Deuxièmement, le Gouvernement suggère de réduire la durée de la période pendant laquelle la révision est interdite, en la fixant à cinq ans, au lieu de dix ans. Figer un POS sur une période excessivement longue paraît difficile ; cinq ans, c'est parfois déjà bien long !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 352 ?
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je l'ai dit en présentant l'amendement : il s'agit d'une mise en comptabilité avec les articles L. 123-1 et L. 123-8 du code de l'urbanisme. Aussi, je suis favorable à cette partie du sous-amendement.
En revanche, j'avoue être beaucoup plus réservé s'agissant de la durée. En effet, statistiquement, il ressort des études que nous avons conduites qu'une durée de cinq ans, c'est finalement assez peu durable ! (Sourires.) Ne pourrait-on imaginer une durée intermédiaire, entre cinq ans et dix ans, à laquelle nous pourrions nous rallier ? Pourquoi pas une durée de sept ans ? C'est une moyenne. A cette heure, il n'est pas question, ici, d'entrer dans le débat entre septennat et quinquennat. (Sourires.) La durée de sept ans est d'ailleurs une durée observée dans d'autres pays, notamment aux Pays-Bas qui ont institué la notion de durabilité. Et comme c'est la parité entre le florin et le franc français, cela nous permet d'avoir un ratio à 3,50. (Nouveaux sourires.)
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. En fait, le mi-chemin, c'était sept ans et demi. Donc, je remercie M. le rapporteur des six mois de délai qu'il m'a accordés. (Sourires.)
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 352 rectifié, présenté par le Gouvernement, et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° 96 pour l'alinéa à insérer après le premier alinéa de l'article L. 123-4 du code de l'urbanisme :
A. - A remplacer les mots : « circonstances particulières résultant de la nécessité de satisfaire un intérêt public » par les mots : « pour les mettre en compatibilité en application du dernier alinéa de l'article L. 123-1 et de l'article L. 123-8 » ;
B. - A remplacer le chiffre « dix » par le chiffre « sept ».
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 352 rectifié, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 96.
M. Gérard Delfau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Je sais bien qu'il est tard, mais, pardonnez-moi de le dire, on traite « à la sauvette » un sujet qui, pourtant, donne lieu à de nombreuses difficultés dans la quasi-totalité des communes.
Je voudrais déjà faire une réflexion de fond : il ne me semble pas raisonnable de traiter de dispositions fondamentales du POS dans ce cadre-là et à cette heure.
Vous le savez, monsieur le rapporteur, une réflexion d'ensemble sur l'urbanisme est nécessaire. Il est nécessaire de protéger les maires par rapport à la pression des propriétaires fonciers. Une explication est nécessaire entre les maires et les magistrats chargés de faire respecter les POS quand il y a contentieux, et on voit bien - je le dis en respectant la magistrature - que ce n'est pas toujours le cas.
Ce sont autant de sujets qui méritent d'être traités au fond, et non par une disposition sur laquelle on se met d'accord, comme des maquignons, en retenant une durée comprise entre cinq ans et dix ans.
De surcroît, madame la ministre, ceux qui ont exercé un mandat de maire savent que si l'on ne peut pas faire une révision, on fera une modification du POS.
M. Gérard Le Cam. Très juste !
M. Gérard Delfau. Donc, nous légiférons pour rien.
M. Charles Revet, rapporteur. Tout de même pas !
M. Gérard Delfau. Je ne comprends pas que sur des sujets aussi sérieux on puisse se prononcer à la sauvette. Aussi, je m'abstiendrai lors du vote sur cet amendement.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Je dirai à notre collègue M. Delfau que nous ne légiférons pas à la sauvette. La commission a discuté et voté sur un rapport et, parmi les conclusions de ce rapport, figure cette disposition. La transaction résulte d'un approfondissement de la connaissance et du débat que nous avons eu avec un certain nombre de services. Nous n'agissons donc pas à la sauvette. Voilà quelques semaines, au Sénat, a eu lieu un colloque sur ce sujet. Par ailleurs, nous avons eu un long débat sur ce point en commission spéciale.
Mais, je le rappelle, des dispositions portant sur la désaffectation de terrains agricoles ne peuvent pas intervenir au travers d'une modification du POS. Et nous avons besoin de cet instrument de durabilité. Voilà pourquoi je pense que, quand on parle de durabilité, il y a la nécessité d'en passer par là.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger. L'amendement n° 96 modifié par le sous-amendement n° 352 nous paraît bon, et nous le voterons donc.
En effet, j'ai vécu, dans le département des Yvelines, comme mon collègue M. Gérard Larcher, des POS en perpétuelle révision. Une telle situation n'est pas possible !
Cependant, je comprends aussi ce qu'a expliqué mon collègue M. Delfau : il est nécessaire de revoir les lois d'urbanisme. En effet, nous allons traiter de la durée du POS ; mais nous n'allons rien faire s'agissant de l'application anticipée des POS en révision, qui est tout aussi scandaleuse.
Une mise à jour des lois d'urbanisme est vraiment nécessaire pour faire disparaître un certain nombre de dispositions inutiles, obsolètes, et pour en introduire d'autres. Il est vrai que nous procédons de façon trop décousue. A un moment donné, nous renvoyons la question à une commission spéciale que nous avons créée et qui, d'ailleurs - j'en ai l'impression - va s'occuper essentiellement des zones les plus rurales, alors que les grandes agglomérations en ont tout autant besoin.
Vraiment, j'appelle le Gouvernement - mais je crois savoir qu'il y songe - à mettre en chantier une vraie modernisation du droit de l'urbanisme.
M. Jean-Pierre Raffarin. Nous ne ferons pas cela ce soir !
Mme Odette Terrade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, à l'inverse des révisions incessantes auxquelles M. le rapporteur vient de faire référence, nous nous interrogeons.
Faut-il substituer à l'ancienne tutelle préfectorale une nouvelle tutelle, plus insidieuse, qui procéderait d'une sorte de hiérarchisation des collectivités locales au travers de compétences transférées depuis les communes vers des structures intercommunales ou autres ?
C'est un peu le sens de la question qui est soulevée par cet amendement n° 96 de la commission spéciale.
Interdire, sous certaines conditions, à des communes de procéder à la révision d'un plan d'occupation des sols durant dix ans revient en particulier à dénier aux élus locaux l'une des compétences naturelles qui leur est dévolue par la loi !
Dans cette hypothèse, et une fois appliqué l'essentiel des dispositions du projet de loi sur l'intercommunalité, que restera-t-il aux communes ?
Quid de la liberté de gestion quand un POS, voté par une équipe municipale, ne pourrait être remis en question, et souvent à bon droit, par une autre équipe municipale de sensibilité différente ?
Si certains documents de planification urbaine sont aujourd'hui remis en question, c'est bien souvent parce que les équipes qui les ont portés ont été battues et que les orientations qu'ils avaient imprimées à cette planification négligeaient par trop les équilibres nécessaires à la maîtrise du développement urbain.
De surcroît, on peut d'autant plus s'en étonner que nous avons déjà fait l'expérience de l'aménagement urbain prétendument homogène et que le mal des banlieues, dont on nous parle fréquemment, procède bien souvent de directives d'aménagement autoritaires, totalement intégrées dans une démarche de vassalisation de la politique d'aménagement urbain aux évolutions du marché.
L'amendement n° 96, en mettant en exergue certaines pratiques que l'on peut condamner, ne permet pas autre chose que de reconduire cette vassalisation, alors même que la raison d'être d'une commune est bien souvent de regrouper des habitants autour de l'aménagement d'un espace de vie collective et sociale.
Nous nous interrogeons donc sur cet amendement dont nous pouvons douter de l'efficacité, compte tenu de la possibilité laissée aux communes de modifier leur POS et non de le réviser.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 96, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est donc inséré dans le projet de loi, après l'article 38.

Par amendement n° 97, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent, après l'article 38, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article L. 142-1 du code de l'urbanisme est complété par les mots : "et une politique de protection et de mise en valeur des biens situés dans les zones naturelles des plans d'occupation des sols". »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.

M. Gérard Larcher, rapporteur. Cet amendement dispose que le département est compétent pour élaborer et mettre en oeuvre une politique de protection, de gestion et d'ouverture au public des espaces naturels sensibles. C'est là un rappel de l'article 142-1 du code de l'urbanisme.
La commission spéciale juge souhaitable d'étendre explicitement cette compétence des départements en la matière à la protection et à la mise en valeur des biens situés dans les zones naturelles des POS. En effet, actuellement, la politique conduite par les départements ne prend pas suffisamment en compte un certain nombre de difficultés qui sont rencontrées dans l'espace périurbain, notamment quant à la pérennité des activités agricoles. C'est pourquoi il serait utile que le département puisse en tant que de besoin intervenir ponctuellement pour favoriser le maintien de l'agriculture par l'achat de terrains ou de constructions à vocation agricole.
Dans l'espace périurbain, il existe un certain nombre d'exemples de terrains rachetés dans le cadre d'espaces sensibles qu'il faut ouvrir au public, alors que ces terrains devraient garder une vocation agricole et pourraient d'ailleurs être attribués à des agriculteurs qui, du fait des infrastructures, voient leur surface réduite et la pérennité de leur entreprise agricole mise en cause.
Un arrêt célèbre sur ce sujet, l'arrêt Ponchartrain, lié d'ailleurs à la déviation de Ponchartrain, a obligé à ouvrir au public et, en fait, à laisser en friche un terrain qui aurait eu et aurait permis une vocation agricole à des exploitants de retrouver une surface qu'ils avaient perdue du fait de la création d'une infrastructure.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur le rapporteur, avec l'amendement précédent, nous avons entamé l'examen d'une série d'amendements anticipant quelque peu sur le travail que le Gouvernement se propose de mener au cours des semaines à venir ; en effet, Jean-Claude Gayssot et Louis Besson ont annoncé une vaste concertation sur les questions d'urbanisme au cours des prochaines semaines, avec des temps forts dans plusieurs grandes villes de France. Ces consultations devraient associer non pas seulement des acteurs institutionnels mais aussi des acteurs socio-économiques, associatifs et élus.
Ces amendements anticipent donc un peu sur cet effort de réflexion qui devrait conduire à une rénovation et à une simplification des dispositifs en matière d'urbanisme. Du moins est-ce l'ambition des ministres concernés. Mais on sait que, de ces ambitions de simplification - telle était aussi mon ambition en voulant réviser la loi Pasqua - il ressort parfois plus de complexité qu'on ne l'avait imaginé. (Sourires.) Qu'importe !
M. Gérard Larcher, rapporteur. C'est intéressant !
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'amendement n° 97 vise, selon M. le rapporteur, à casser la spéculation foncière, en particulier dans les zones périurbaines. C'est bien sûr intéressant.
Sachez cependant que des outils spécifiquement agricoles, tels le Fonds d'installation de l'agriculture et le nouvel instrument d'intervention créé par la loi d'orientation agricole, permettent de répondre à cet objectif consistant à soustraire les terrains agricoles à la spéculation dans les zones agricoles protégées.
La taxe départementale sur les espèces naturelles sensibles qui n'existe pas dans tous les départements - seuls soixante-trois d'entre-eux l'ont instituée - constitue une ressource modeste prélevée sur le logement. Elle semblerait détournée de son objet, qui est l'acquisition et l'aménagement des espaces naturels ouverts au public, si elle servait à l'acquisition de terrains agricoles sans ouverture au public.
Voilà pourquoi le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n° 97.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 97, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 38.
Par amendement n° 98, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission spéciale, proposent d'insérer, après l'article 38, un article additionnel ainsi rédigé : «
« L'article L. 142-10 du code de l'urbanisme est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« En cas d'acquisition auprès d'une société d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) de biens situés dans les zones naturelles des plans d'occupation des sols, l'obligation d'ouverture au public peut être remplacée par une obligation de location par bail à des exploitants agricoles agrées par cette société et s'engageant à respecter un cahier des charges. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher, rapporteur. Cet amendement concerne l'achat amiable de terrains ou d'immeubles à vocation agricole situés dans les zones naturelles des plans d'occupation des sols par l'intermédiaire des SAFER. Il prévoit la location à bail de ces terrains à des exploitants agréés par la SAFER. C'est la même logique : il s'agit de permettre l'exploitation agricole de ces terrains, et non pas, dirais-je, leur simple ouverture au public.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Même logique et même sanction : le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. Gérard Larcher, rapporteur. C'est quand même intéressant !
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 98, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 38.
La suite de la discussion du projet de loi d'orientation est renvoyée à une prochaine séance.

3

DÉPÔT D'UN PROJET DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi relatif aux volontariats civils institués par l'article L. 111-2 du code du service national.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 293, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

4

TRANSMISSION D'UN PROJET DE LOI

M. le président. J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi adopté par l'Assemblée nationale renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 291, distribué et renvoyé à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

5

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. Ivan Renar, Mme Hélène Luc, M. Jack Ralite, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Jean-Luc Bécart, Mmes Danielle Bidard-Reydet, Nicole Borvo, MM. Robert Bret, Michel Duffour, Guy Fischer, Thierry Foucaud, Gérard Le Cam, Pierre Lefebvre, Paul Loridant et Mme Odette Terrade une proposition de loi portant création d'établissements publics à caractère culturel.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 288, distribuée et renvoyée à la commission des affaires culturelles, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

6

RETRAIT D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu une lettre par laquelle M. Ivan Renar déclare retirer la proposition de loi portant création d'établissements publics à caractère culturel (n° 305, 1996-1997) qu'il avait déposée avec plusieurs de ses collègues au cours de la séance du 27 mars 1997.
Acte est donné de ce retrait.

7

DÉPÔT DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Lucien Neuwirth un rapport fait au nom de la commission des affaires sociales sur la proposition de loi de MM. Lucien Neuwirth, Jean Delaneau, Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Henri de Richemont, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet et Guy Vissac tendant à favoriser le développement des soins palliatifs et de l'accompagnement (n° 223, 1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le n° 287 et distribué.
J'ai reçu de M. Aymeri de Montesquiou un rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi autorisant la ratification de la convention sur la sécurité du personnel des Nations unies et du personnel associé (n° 23, 1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le n° 289 et distribué.
J'ai reçu de M. Jean-Patrick Courtois un rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur la proposition de résolution (n° 263, 1998-1999) présentée en application de l'article 73 bis du règlement par M. Paul Masson sur le projet de décision du Conseil déterminant les bases juridiques pour l'acquis de Schengen qui a été révisé à la suite de la réunion du groupe « Acquis de Schengen » des 14 et 15 mai (n° E-1219).
Le rapport sera imprimé sous le n° 290 et distribué.

8

DÉPÔT D'UN RAPPORT D'INFORMATION

M. le président. J'ai reçu de M. Gérard Larcher un rapport d'information fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan sur l'avenir des espaces périurbains.
Le rapport d'information sera imprimé sous le n° 292 et distribué.

9

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, jeudi 1er avril 1999 :
A dix heures :
1. Discussion du projet de loi (n° 229, 1998-1999) autorisant la ratification du protocole établissant, sur la base de l'article K 3 du traité sur l'Union européenne et de l'article 41, paragraphe 3, de la convention Europol, les privilèges et immunités d'Europol, des membres de ses organes, de ses directeurs adjoints et de ses agents.
Rapport (n° 282, 1998-1999) de M. Paul Masson, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
2. Discussion du projet de loi (n° 220, 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale.
Rapport (n° 281, 1998-1999) de M. Daniel Hoeffel, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Avis (n° 283, 1998-1999) de M. Michel Mercier, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Aucune inscription de parole dans la discussion générale de ce projet de loi n'est plus recevable.
Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.
A quinze heures :
3. Questions d'actualité au Gouvernement.
4. Suite de l'ordre du jour du matin.
A dix-neuf heures :
5. Discussion des conclusions du rapport (n° 265, 1998-1999) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif aux polices municipales.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée le jeudi 1er avril 1999, à zéro heure cinquante-cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





NOMINATION DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DE LA DÉFENSE ET DES FORCES ARMÉES

M. Xavier Pintat a été nommé rapporteur du projet de loi n° 277 (1998-1999) autorisant l'approbation de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Colombie.
M. Xavier Pintat a été nommé rapporteur du projet de loi n° 278 (1998-1999) autorisant l'approbation de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume de Thaïlande.

COMMISSION DES FINANCES

M. Philippe Marini a été nommé rapporteur du projet de loi n° 273 (1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à l'épargne et à la sécurité financière.
M. Bernard Angels a été nommé rapporteur de la proposition de résolution n° 271 (1998-1999) de M. Bernard Angels, présentée en application de l'article 73 bis du règlement, sur la proposition de directive du Conseil visant à garantir un minimum d'imposition effective des revenus de l'épargne sous forme d'intérêts à l'intérieur de la Communauté (n° E 1105).

COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LÉGISLATION, DU SUFFRAGE UNIVERSEL, DU RÈGLEMENT ET D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
M. José Balarello a été nommé rapporteur du projet de loi n° 179 (1998-1999) modifiant le code pénal et le code de procédure pénale et relatif à la lutte contre la corruption.
M. René Garrec a été nommé rapporteur du projet de loi n° 269 (1998-1999) relatif au référé devant les juridictions administratives.
M. Jean-Paul Amoudry a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 267 (1998-1999) de M. Jean Faure visant à permettre aux communes d'exiger des intéressés le remboursement des frais de secours qu'elles ont engagés à l'occasion d'accidents consécutifs à la pratique d'une activité sportive ou de loisir.
M. Charles Jolibois a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 264 (1998-1999) de M. Xavier Dugoin visant à filmer et à enregistrer les gardes à vue.

Délai limite pour le dépôt des amendements
à une proposition de résolution

En application de l'article 73 bis, alinéa 7, du règlement, la commission des lois a fixé au mardi 6 avril 1999, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à la proposition de résolution qu'elle a adoptée sur le projet de décision du Conseil déterminant les bases juridiques pour l'acquis de Schengen, qui a été révisé à la suite de la réunion du groupe « Acquis de Schengen » des 14 et 15 mai (n° E 1219).
Le rapport n° 290 (1998-1999) de M. Jean-Patrick Courtois sera mis en distribution le jeudi 1er avril 1999.
Les amendements devront être déposés directement au secrétariat de la commission des lois et seront examinés par la commission lors de sa réunion du mercredi 7 avril 1999, à 9 h 30.