Séance du 3 juin 1998






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Dépôt du rapport d'une commission d'enquête (p. 1 ).

3. Dépôt de rapports du Gouvernement (p. 2 ).

4. Polices municipales. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi (p. 3 ).

Article 1er (p. 4 )

Amendement n° 9 de la commission. - MM. Jean-Paul Delevoye, rapporteur de la commission des lois ; Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 1er (p. 5 )

Amendement n° 71 rectifié de M. Pépin. - MM. François Trucy, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Article 2 (p. 6 )

M. Christian Demuynck.
Amendements n°s 61 rectifié de M. About et 10 de la commission. - MM. Nicolas About, le rapporteur, le ministre, Christian Bonnet. - Rejet de l'amendement n° 61 rectifié ; adoption de l'amendement n° 10.
Amendements n°s 11 de la commission et 50 de M. Gélard. - MM. le rapporteur, Patrick Gélard, le ministre, Jean-Claude Peyronnet. - Adoption de l'amendement n° 11, l'amendement n° 50 devenant sans objet.
Amendements n°s 12 de la commission et 1 de M. Ceccaldi-Raynaud. - MM. le rapporteur, Charles Ceccaldi-Raynaud, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 12, l'amendement n° 1 devenant sans objet.
Amendements n°s 13 de la commission, 51 de M. Gélard, 63 rectifié de M. About, et 76 de M. Othily. - MM. le rapporteur, Patrice Gélard, le ministre, Jean-Claude Peyronnet. - Retrait des amendements n°s 51, 63 rectifié et 76 ; adoption de l'amendement n° 13.
Amendement n° 14 de la commission. - Adoption.
Amendements n°s 90 de M. Demuynck, 15 de la commission et 2 de M. Ceccaldi-Raynaud. - MM. Christian Demuynck, le rapporteur, Charles Ceccaldi-Raynaud, le ministre, Nicolas About. - Adoption de l'amendement n° 90, les amendements n°s 15 et 2 devenant sans objet.
Amendements n°s 16 de la commission et 62 rectifié de M. About. - Retrait de l'amendement n° 62 rectifié ; adoption de l'amendement n° 16.
Adoption de l'article modifié.

Article 3 (p. 7 )

Amendements n°s 91 à 93 rectifié de M. Demuynck, 17 à 19 rectifié de la commission et 77 de M. Othily. - MM. Christian Demuynck, le rapporteur, Georges Othily, le ministre. - Rejet des amendements n°s 91 à 93 rectifié et 77 ; adoption des amendements n°s 17 à 19 rectifié.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 3 (p. 8 )

Amendement n° 78 rectifié de M. Othily. - Retrait.

Article 4 (p. 9 )

Amendements n°s 20 de la commission, 79, 81 de M. Othily, 64 rectifié de M. About, 52 de M. Gélard et 94 de M. Demuynck. - MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait des amendements n°s 79, 81, 64 rectifié, 52 et 94 ; adoption de l'amendement n° 20.
Amendement n° 21 de la commission et sous-amendement n° 110 du Gouvernement ; amendements n°s 80 et 82 de M. Othily. - MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait des amendements n°s 80 et 82 ; rejet du sous-amendement n° 110 ; adoption de l'amendement n° 21.
Adoption de l'article modifié.

Article 5 (p. 10 )

Amendement n° 22 de la commission et sous-amendement n° 104 du Gouvernement. - MM. le rapporteur, le ministre, Jean-Jacques Hyest, Jean-Claude Peyronnet. - Rejet du sous-amendement ; adoption de l'amendement.
Amendements n°s 23 de la commission et 53 de M. Gélard. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 23, l'amendement n° 53 étant devenu sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 5 (p. 11 )

Amendement n° 98 de M. Türk. - MM. Alex Türk, le rapporteur, le ministre, Maurice Lombard. - Retrait.
Amendement n° 102 rectifié de M. Seillier. - MM. François Trucy, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 103 rectifié de M. Seillier. - MM. François Trucy, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 59 rectifié de M. Chérioux. - MM. Jean Chérioux, le rapporteur, le ministre, Jean-Claude Peyronnet. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 6 (p. 12 )

Amendement n° 24 de la commission et sous-amendement n° 105 du Gouvernement ; amendements n°s 65 rectifié ter de M. About et 54 rectifié de M. Gélard. - MM. le rapporteur, le ministre, François Trucy, Jean-Claude Peyronnet. - Retrait de l'amendement n° 65 rectifié ter ; rejet du sous-amendement n° 105 ; adoption de l'amendement n° 24, l'amendement n° 54 rectifié étant devenu sans objet.
Amendement n° 25 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 26 de la commission, 109 rectifié du Gouvernement, 66 rectifié de M. About et 60 de M. Gélard. - Retrait de l'amendement n° 66 rectifié ; adoption de l'amendement n° 26, les amendements n°s 109 rectifié et 60 étant devenus sans objet.
Amendement n° 27 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 7 (p. 13 )

Amendement n° 28 de la commission et sous-amendement n° 83 de M. Othily ; amendement n° 55 de M. Gélard. - MM. le rapporteur, Georges Othily, le ministre, Philippe Marini, Jean-Claude Peyronnet, Michel Duffour. - Rejet du sous-amendement n° 83 ; adoption de l'amendement n° 28, l'amendement n° 55 devenant sans objet.
Amendement n° 29 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 30 et 31 de la commission. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 8 (p. 14 )

Amendement n° 32 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Jean-Claude Peyronnet, Philippe Marini, Maurice Lombard. - Adoption.
Amendement n° 33 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 96 de M. Demuynck. - MM. Christian Demuynck, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.

Article 8 bis (p. 15 )

Amendement n° 34 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 9 (p. 16 )

Amendement n° 35 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 10 (p. 17 )

Amendement n° 72 de M. Hoeffel. - MM. Daniel Hoeffel, le rapporteur, le ministre, Hubert Haenel, Philippe Marini. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 11 (p. 18 )

Amendement n° 58 de M. Amoudry. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 73 de M. Hoeffel. - MM. Daniel Hoeffel, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 12 (p. 19 )

Amendement n° 36 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 67 rectifié de M. About, 85 de M. Othily, 101 de M. Demuynck, 37 de la commission et 4 de M. Ceccaldi-Raynaud. - MM. François Trucy, le rapporteur, Charles Ceccaldi-Raynaud, le ministre. - Retrait des amendements n°s 85, 101 et 4 ; rejet de l'amendement n° 67 rectifié ; adoption de l'amendement n° 37.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 12 (p. 20 )

Amendement n° 84 de M. Othily. - MM. Georges Othily, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Suspension et reprise de la séance (p. 21 )

Article 13. - Adoption (p. 22 )

Article 14 (p. 23 )

Amendement n° 5 de M. Ceccaldi-Raynaud. - MM. Charles Ceccaldi-Raynaud, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 86 de M. Othily. - Retrait.
Amendements n°s 68 rectifié de M. About, 87 de M. Othily, 99 de M. Türk, 38 à 40 de la commission et 6 de M. Ceccaldi-Raynaud. - MM. François Trucy, Alex Türk, le rapporteur, Charles Ceccaldi-Raynaud, le ministre. - Retrait des amendements n°s 87, 68 rectifié, 99 et 6 ; adoption des amendements n°s 38 à 40.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 14 (p. 24 )

Amendement n° 100 de M. Türk. - MM. Alex Türk, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 15 (p. 25 )

Amendements n°s 41 à 43 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des trois amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 15 bis. - Adoption (p. 26 )

Article 16 (p. 27 )

Amendement n° 44 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 16 (p. 28 )

Amendements n°s 88 et 89 de M. Othily. - MM. Georges Othily, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 88 insérant un article additionnel ; retrait de l'amendement n° 89.

Article 17. - Adoption (p. 29 )

Article 18 (p. 30 )

Amendements n°s 45 de la commission, 69 rectifié, 70 rectifié de M. About et 57 de M. Gélard. - Retrait des amendements n°s 69 rectifié, 57 et 70 rectifié ; adoption de l'amendement n° 45.
Amendement n° 46 rectifié de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 19 (p. 31 )

Amendement n° 48 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 20 (p. 32 )

Amendements n°s 49 de la commission, 106, 107 du Gouvernement ; amendements identiques n°s 8 de M. Eckenspieller et 97 rectifié de M. Duffour ; amendement n° 108 rectifié du Gouvernement. - MM. le rapporteur, le ministre, Daniel Eckenspieller, Michel Duffour. - Adoption de l'amendement n° 49 supprimant l'article, les amendements n°s 106, 107, 8, 97 rectifiéet 108 rectifié devenant sans objet.

Vote sur l'ensemble (p. 33 )

MM. Jean-Jacques Hyest, Jean-Claude Peyronnet, Michel Duffour, Daniel Eckenspieller, Alex Türk, François Trucy, Georges Othily, le ministre.
Adoption du projet de loi.

5. Communication de l'adoption définitive de propositions d'acte communautaire (p. 34 ).

6. Dépôt de propositions de loi (p. 35 ).

7. Dépôt de propositions d'acte communautaire (p. 36 ).

8. Dépôt d'avis (p. 37 ).

9. Ordre du jour (p. 38 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JEAN DELANEAU
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures dix.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

DÉPÔT DU RAPPORT
D'UNE COMMISSION D'ENQUÊTE

M. le président. M. le président a reçu de M. José Balarello un rapport fait au nom de la commission d'enquête chargée de recueillir des informations sur les régularisations d'étrangers en situation irrégulière opérées depuis le 1er juillet 1997, créée en vertu d'une résolution adoptée par le Sénat le 11 décembre 1997.
Ce dépôt a été publié au Journal officiel - édition des lois et décrets d'aujourd'hui, mercredi 3 juin. Cette publication constitue, conformément au paragraphe III du chapitre V de l'instruction générale du bureau, le point de départ du délai de six jours nets pendant lequel la demande de constitution du Sénat en comité secret peut être formulée.
Ce rapport sera imprimé sous le n° 470 et distribué, sauf si le Sénat, constitué en comité secret, décide, par un vote spécial, de ne pas autoriser la publication de tout ou partie du rapport.

3

DÉPÔT DE RAPPORTS DU GOUVERNEMENT

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre, en application de l'article 38 de l'ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959, portant loi organique relative aux lois de finances, le rapport sur l'évolution de l'économie nationale et des finances publiques, accompagné du rapport pour le débat d'orientation budgétaire.
Acte est donné du dépôt de ces rapports.

4

POLICES MUNICIPALES

Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 414, 1997-1998), adopté par l'Assemblée nationale, relatif aux polices municipales. [Rapport (n° 455, 1997-1998).]
Je rappelle que la discussion générale a été close.
Nous passons donc à la discussion des articles.

TITRE Ier

DISPOSITIONS MODIFIANT LE CODE GÉNÉRAL
DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
ET LE CODE DES COMMUNES

Article 1er



M. le président.
« Art. 1er. _ L'article L. 2212-5 du code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
« 1° Le deuxième alinéa est ainsi rédigé :
« Ils sont chargés d'assurer l'exécution des arrêtés de police du maire et de constater par procès-verbaux les contraventions auxdits arrêtés. Sans préjudice des compétences qui leur sont dévolues par des lois spéciales, ils constatent également par procès-verbaux les contraventions aux dispositions du code de la route dont la liste est fixée par décret en Conseil d'Etat. » ;
« 2° Supprimé . »
Par amendement n° 9, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de compléter le texte présenté par le 1° de cet article pour le deuxième alinéa de l'article L. 2212-5 du code général des collectivités territoriales par une phrase ainsi rédigée : « Ils exercent leurs fonctions sur le territoire communal. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Cet amendement a surtout pour objet de préciser que les policiers municipaux exercent leurs fonctions sur le territoire de la commune.
Il est important de rappeler ce principe, même si nous engagerons ultérieurement une discussion sur la mise en commun des moyens des communes en matière de polices municipales.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. La précision apportée par cet amendement est-elle bien utile puisqu'elle figure déjà à l'article L. 2212-5 du code général des collectivités territoriales ? Cet article précise en effet que les agents des polices municipales exercent leurs fonctions sur le territoire communal.
J'incline donc à penser que cet amendement est quelque peu redondant. Je m'en remets néanmoins à la sagesse du Sénat.
M. le président. Monsieur le rapporteur, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Oui, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er, ainsi modifié.

(L'article 1er est adopté.)

Article additionnel après l'article 1er



M. le président.
Par amendement n° 71 rectifié, MM. Pépin et Trucy proposent d'insérer, après l'article 1er, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2212-2 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« 9° Le soin de contrôler la vitesse des véhicules circulant sur les routes nationales, les routes départementales et les voies de communication à l'intérieur des agglomérations. »
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Il s'agit de tenir compte des réalités, dans les grandes villes comme dans les régions rurales, et d'accorder aux policiers municipaux une nouvelle compétence en matière de sécurité : le contrôle du respect du code de la route.
M. Patrice Gélard. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Nous comprenons certes la demande de MM. Trucy et Pépin, mais M. le ministre a bien voulu d'ores et déjà indiquer que les policiers municipaux pourraient constater par procès-verbal les infractions pouvant engendrer un retrait de quatre points du permis de conduire, ce qui englobe le dépassement de la vitesse maximale autorisée.
Dans mon rapport écrit, j'ai d'ailleurs précisé que les polices municipales devront être dotées des équipements adéquats pour constater ces infractions.
La commission est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
Sur le fond, je voudrais cependant dire à MM. Trucy et Pépin que le décret prévoira le contrôle de la vitesse, cette disposition étant de toute évidence de nature réglementaire.
Compte tenu de l'aquiescement que je viens d'apporter sur le fond, je vous demande, monsieur Trucy, de retirer l'amendement.
M. le président. Monsieur Trucy, accédez-vous à la demande de M. le ministre ?
M. François Trucy. En raison des deux avis qui viennent d'être émis, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 71 rectifié est retiré.

Article 2



M. le président.
« Art. 2. _ Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 2212-6 ainsi rédigé :
« Art. L. 2212-6 . _ Dès lors qu'un service de police municipale comporte au moins trois emplois d'agent de police, le représentant de l'Etat dans le département et le maire de la commune édictent conjointement, après avis du procureur de la République, un règlement de coordination conforme à un règlement type approuvé par décret en Conseil d'Etat.
« Ce règlement précise la nature des missions confiées aux agents de police municipale, en particulier en ce qui concerne les tâches administratives, la circulation, le stationnement, l'ordre et la tranquillité publique. Il fixe également l'organisation des relations et les modalités de transmission d'informations entre la police municipale et la police nationale ou la gendarmerie nationale.
« A défaut d'un accord entre le maire et le représentant de l'Etat dans le département au terme d'un délai de six mois à compter de la date de la délibération du conseil municipal créant au moins trois emplois d'agent de police municipale ou portant à trois au moins le nombre des emplois créés, le représentant de l'Etat dans le département peut édicter seul le règlement, après avis du procureur de la République et de la commission consultative des polices municipales prévue à l'article L. 2212-7.
« Tant que le règlement n'a pas été établi, les missions de police municipale ne peuvent s'exercer qu'entre 6 heures et 23 heures, à l'exception des gardes statiques des bâtiments communaux et de la surveillance des cérémonies, fêtes et réjouissances organisées par l'autorité communale.
« Un règlement de coordination peut également être édicté, à la demande de la commune, lorsqu'un service de police municipale compte moins de trois emplois d'agent de police municipale. »
La parole est à M. Demuynck.
M. Christian Demuynck. Monsieur le ministre, en évoquant hier après-midi la bonne tenue des interventions, en affirmant votre volonté de favoriser un esprit partenarial et de trouver un consensus entre le Gouvernement et les parlementaires, vous avez naturellement recueilli l'adhésion de notre assemblée.
Mais, à la lecture de ce projet de loi, notamment de l'article 2, on peut se demander si c'est bien le même homme qui est à l'origine de cette déclaration et de l'article concerné !
L'essence même de cette loi consiste, en effet, à recentraliser les pouvoirs de police des maires. Cet article 2 en est la preuve irréfutable puisque le préfet détient le pouvoir, en dernier ressort, de rédiger seul le règlement de coordination des polices municipales.
Le maire n'a donc plus de possibilité, en cas de désaccord, de modifier la rédaction de ce règlement. Vous comprendrez, monsieur le ministre, que les maires concernés par ces mesures ne peuvent être d'accord avec cette mainmise de l'Etat sur la gestion des polices municipales.
Car, en fait, il s'agit bien de cela dans l'article et dans l'ensemble de votre projet. Votre texte est clair : ce règlement a pour objet de préciser la nature et les lieux des interventions des agents de la police municipale. Si c'est le préfet qui édicte finalement ce règlement, c'est donc lui qui décidera purement et simplement de l'utilisation des forces de police municipale, forces de police qui, au demeurant, comme je l'ai déjà précisé hier, sont rémunérées par l'argent de la commune, donc par les impôts locaux et, par voie de conséquence, les contribuables.
J'avais déposé moi-même un amendement visant à supprimer cet article, mais j'approuve la position de notre excellent rapporteur, Jean-Paul Delevoye, et, évidemment, je voterai les amendements de la commission.
M. le président. Sur l'article 2, je suis d'abord saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion.
Par amendement n° 61 rectifié, MM. About et Trucy proposent, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « trois emplois » par les mots : « dix emplois ».
Par amendement n° 10, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour insérer un article L. 2212-6 dans le code général des collectivités territoriales, de remplacer le mot : « trois » par le mot : « cinq ».
La parole est à M. About, pour présenter l'amendement n° 61 rectifié.
M. Nicolas About. Le seuil de trois agents de police municipale ne nous paraît pas pertinent car, pour mettre en place des équipes de nuit et une coordination intelligente et efficace avec la police nationale, nous pensons qu'il faut plus de trois, voire plus de dix agents. L'amendement de la commission ramenant ce chiffre à cinq me paraît encore bien insuffisant.
Pour m'occuper aujourd'hui d'une police municipale de plus de vingt-cinq agents, je sais combien il est difficile, même à vingt-cinq, d'agir. Alors, par pitié, laissez-nous au moins ce seuil de dix !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 10 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 61 rectifié.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. La commission des lois a bien entendu les arguments de M. About et partage son analyse sur le fait que le seuil de trois impose une contrainte trop lourde.
La commission a donc souhaité rétablir le seuil de cinq agents qui était prévu par le projet initial et à partir duquel une convention de coordination est obligatoire.
Il convient de réfléchir à une complémentarité avec les services de l'Etat, car il s'agit bien d'un problème de complémentarité et de moyens et non pas de pouvoirs supplémentaires.
Le seuil de cinq agents ne nous paraissant nullement contraignant, la commission est défavorable à l'amendement n° 61 rectifié et demande au Sénat d'adopter son amendement n° 10.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ces deux amendements ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je m'en étais remis à la sagesse de l'Assemblée nationale. En effet, le texte initial du projet de loi fixait le seuil à cinq agents. L'Assemblée nationale a voulu abaisser ce seuil à trois. Cela peut se discuter, mais il est vrai que, d'une certaine manière, le chiffre de cinq peut paraître plus raisonnable. Celui de dix serait en revanche trop élevé, car seulement 246 polices municipales sur plus de 3 000 comptent plus de dix agents.
Je partage donc l'avis de M. le rapporteur et je me rallie à l'amendement n° 10 de la commission. Par voie de conséquence, je ne suis pas favorable à l'amendement n° 61 rectifié, qui va un peu trop loin.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 61 rectifié.
M. Nicolas About. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. About.
M. Nicolas About. C'est justement parce que les communes qui ont plus de dix agents sont minoritaires que je souhaite maintenir cet amendement.
Ces communes ont eu le courage d'assumer leur sécurité. Au moment où de nombreuses communes ont fait de grands efforts en matière de police municipale, l'Etat entend réintégrer par le biais de conventions tous ces moyens de sécurité pour pallier sa propre carence !
M. Christian Bonnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bonnet.
M. Christian Bonnet. Je voudrais poser une question au Gouvernement.
Monsieur le ministre, ce seuil de cinq que vous venez d'accepter s'applique-t-il également aux policiers municipaux saisonniers ?
M. Alain Gournac. Pour la période des vacances !
M. Christian Bonnet. Je parle au nom d'une commune qui a trois policiers municipaux permanents et qui en recrute saisonnièrement trois. Devra-t-elle satisfaire à cette procédure ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le cas des policiers municipaux saisonniers n'est pas envisagé par le projet de loi. Aussi ne puis-je répondre d'emblée à votre question. Je n'y ai pas suffisamment réfléchi.
Il est prévu une mise en commun en cas d'afflux touristique. Je pense donc qu'il peut y avoir une tolérance.
Très franchement, on ne va pas imposer un règlement de coordination à une commune qui travaille avec d'autres communes pour la durée de la saison touristique.
Cela dit, monsieur About - je le précise en toute bonne foi - il existe des polices municipales dans de très petites communes, là où on est même en zone de gendarmerie ! Quelquefois, on y trouve encore un commissariat de police, mais avec un très faible effectif. A neuf, je pense qu'un règlement de coordination est souhaitable. Il faut toujours être en mesure d'éviter de mauvaises rencontres.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Nous voudrions ajouter à l'intention de M. le ministre une précision qui mérite d'être apportée : d'après la lecture que nous avons faite en commission des lois de ce texte, il s'agit de cinq équivalents plein-temps, à partir desquels la convention de coordination proposée serait obligatoire et en dessous desquels elle ne serait que facultative.
Il serait peut-être bon, monsieur le ministre, de le préciser. En effet, le fait de laisser subsister un doute - emplois statutaires, pourvus, non pourvus, à mi-temps, trois quarts de temps, multi-employeurs... - risquerait de faire naître des contentieux entre les maires et les préfets, ce qui irait à l'encontre de l'esprit de coordination que vous souhaitez instaurer.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Dans un esprit de pragmatisme, je me rallie à la proposition de M. le rapporteur.
M. le président. La précision figurera dans les débats et évitera les contentieux.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 61 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 11, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, après les mots : « d'agent de police », de rédiger comme suit la fin du premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour insérer un article L. 2212-6 dans le code général des collectivités territoriales : « une convention de coordination est conclue entre le maire de la commune et le représentant de l'Etat dans le département, après avis du procureur de la République. Un décret en Conseil d'Etat détermine les clauses d'une convention type. »
Par amendement n° 50, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « représentant de l'Etat dans le département » par le mot : « préfet ».
Par amendement n° 3, M. Ceccaldi-Raynaud propose, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales, après les mots : « après avis », d'insérer le mot : « conforme ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 11.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Cet amendement est important.
Nous souscrivons à la volonté du ministre de tout mettre en oeuvre pour favoriser l'instauration d'une relation efficace entre le préfet et le maire afin d'assurer une complémentarité entre les moyens des municipalités et ceux de l'Etat.
Nous avons auditionné de nombreuses personnalités, beaucoup écouté et beaucoup analysé. La lecture du vécu sur le terrain nous a montré que de nombreuses conventions ont été conclues entre les préfets - les représentants de l'Etat - et les maires. C'est la raison pour laquelle la commission a proposé une convention de coordination plutôt qu'un règlement.
Cela correspond d'ailleurs à la volonté des élus locaux, qui craignent un pouvoir trop contraignant du préfet. En effet, dans l'esprit de la loi, le réglement étant unilatéral, le préfet pourrait donc l'élaborer seul. La logique de partenariat pourrait ainsi être abandonnée au profit d'une logique de réglementation.
Nous avons souhaité favoriser ce que j'appellerai une obligation de résultat, que nous avons constatée sur le terrain, et la convention de coordination, bien évidemment, oblige les deux acteurs à s'entendre.
Nous suggérons que la convention soit conclue après avis du procureur de la République, convention qui s'appuiera sur les clauses d'une convention type déterminées par un décret en Conseil d'Etat. Mais nous laissons donc, comme vous l'avez d'ailleurs indiqué lors de votre audition devant la commission des lois, la référence à la convention type tout en donnant une place à la contractualisation locale.
Nous supprimons, bien évidemment, la faculté donnée au préfet d'édicter seul une convention de coordination et nous précisons qu'à défaut d'une telle convention il ne pourra pas y avoir d'armement - on y reviendra tout à l'heure - et que la plage horaire sera restreinte.
Telles sont les raisons pour lesquelles la commission des lois est très attachée à cette convention de coordination, qui correspond à l'esprit de partenariat existant sur le terrain entre les polices municipales et les polices de l'Etat ou la gendarmerie.
M. le président. La parole est à M. Gélard, pour défendre l'amendement n° 50.
M. Patrice Gélard. Je vais prendre en faute M. le rapporteur, qui, depuis le début de cette séance, a déjà cité cinq fois le mot « préfet » et une seule fois les mots « représentant de l'Etat dans le département ».
La question que je me pose à cet instant et à travers la dizaine d'amendements que j'ai déposés est la suivante : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? (Sourires.) Pourquoi ne pas utiliser le mot « préfet », que tout le monde comprend, que tout le monde reconnaît, et pourquoi vouloir à tout prix, parce que le code des collectivités territoriales a fait une erreur, utiliser ce terme incompréhensible du grand public, et de surcroît objet d'erreurs, à savoir « représentant de l'Etat dans le département » ?
D'abord, une telle formulation est en contradiction avec l'article 13 de la Constitution, qui précise que le Président de la République nomme en conseil des ministres les « préfets », et non pas « les représentants de l'Etat dans les départements ».
De surcroît, une dénomination voisine existe, mais il s'agit des « représentants du Gouvernement dans les territoires d'outre-mer ». Dans les autres cas, on parle du « préfet », et non pas du « représentant de l'Etat dans le département. » Je me demande d'ailleurs en quoi nos chers préfets (Sourires) auraient démérité. Ils méritent bien, au contraire, d'être explicitement désignés, ou alors pourquoi n'appelle-t-on pas le maire : « représentant de la commune élu par le conseil municipal » ? Je trouve qu'il faut simplifier les textes et rendre nos lois compréhensibles par tous.
M. Jacques Machet. Très bien !
M. Patrice Gélard. De plus, il n'y a pas un représentant unique de l'Etat dans le département, il en existe des dizaines : le recteur, qui est le représentant de l'Etat pour l'enseignement, le général commandant la région militaire et tous les directeurs des administrations centrales déconcentrées. La dénomination proposée risque donc de prêter à confusion.
En outre, le terme « préfet » a fait le tour du monde, et je me félicite que les nouvelles démocraties d'Europe de l'Est aient réinstitué le système des préfets. Dans ces pays, la Constitution retient l'appellation « préfets », et non pas « représentants de la République dans la province ou dans la région ».
Je demande donc tout simplement que l'on en revienne au terme de « préfet ». D'ailleurs le Conseil d'Etat me suit sur ce point puisque, dans l'avis qu'il a donné au Gouvernement sur ce texte, il a maintenu ce terme.
Enfin, je ferai un peu d'humour en soulignant l'économie de papier que l'on fera en supprimant à chaque fois sept mots pour n'en garder qu'un seul. (Sourires.)
Il s'agit à mon avis de la bonne formule, celle qui relève de la sagesse. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Jacques Machet. Très bien !
M. le président. L'amendement n° 3 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 50 ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. La commission apprécie beaucoup le talent de notre collège Patrice Gélard. Si le Gouvernement veut apporter une réponse au problème qui lui est posé ici, libre à lui de le faire, mais je ne pense pas que ce soit opportun dans un tel texte.
En effet, tout au long du code général des collectivités territoriales, seule l'expression : « représentant de l'Etat dans le département » est utilisée. J'ai, par ailleurs, sous les yeux l'article 34 de la loi du 2 mars 1982 qui précise : « Le représentant de l'Etat dans le département est nommé par décret en conseil des ministres. » On peut lire plus loin : « Le représentant de l'Etat dans le département a la charge des intérêts nationaux, du respect des lois, de l'ordre public et, dans les conditions fixées par la présente loi, du contrôle administratif. »
La commission est donc défavorable à cet amendement, même s'il est évident que, dans l'esprit de chacun, il s'agit bien du préfet.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 11 et 50 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je ferai la même observation que M. le rapporteur au sujet de l'amendement n° 50.
Il est nécessaire de rester en harmonie avec le code général des collectivités territoriales. Quand nous en viendrons aux territoires d'outre-mer, autant parler du « représentant de l'Etat », sinon, à chaque fois, il nous faudra préciser : « le haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie ». L'économie de papier à laquelle vous faisiez allusion tout à l'heure, monsieur Gélard, est donc un peu illusoire. Il vaut mieux utiliser une expression qui vaille partout.
J'en viens à l'amendement n° 11.
Entendons-nous bien : l'utilisation de l'expression « règlement de coordination » ne s'inscrit nullement dans une logique de réglementation des services communaux par le préfet. Celui-ci doit trouver un terrain d'entente en vue d'assurer la complémentarité des missions de police municipale avec celles des services de l'Etat en charge de la sécurité.
C'est dans cette unique finalité que le préfet peut édicter seul le règlement lorsque cet acte ne peut être pris conjointement avec le maire de la commune concernée. C'est un cas rarissime, mais il faut envisager toutes les hypothèses possibles et imaginables : si l'on se bornait à prévoir le cas contractuel, peut-être se trouverait-on parfois confronté à une impossibilité.
Je tiens donc à préciser : que la coordination est impérative, qu'il faut des règles stables qui ne puissent être changées tous les six ans, que le préfet n'a pas à édicter unilatéralement le règlement de coordination, sauf cas tout à fait rarissime, que le règlement type fixera les rubriques à traiter, que le mot « règlement » n'est pas à prendre dans le sens d'un acte unilatéral s'imposant à tous puisque c'est un acte bilatéral.
Ce mot a un sens précis : il désigne un texte signé conjointement et dont la vocation est permanente. Il s'agit pas de l'équivalent du contrat local de sécurité, mais bien réellement d'un règlement, et toutes les directives nécessaires seront données pour qu'un terrain d'entente soit recherché avec les maires. Je ne suis donc pas favorable à l'amendement n° 11, mais, comme le M. Delevoye lui-même, nous sommes à Byzance ! (Sourires.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 11.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Comme M. le ministre, je préfère le terme « règlement », quoique, c'est vrai, la différence soit bien mince entre les deux mots.
Je comprends le souci de préciser que la coordination intervient à partir de cinq équivalents plein-temps. Je rappelle toutefois que, s'il s'agissait d'emplois temporaires de deux mois, trente personnes pourraient être concernées, soit une petite armée : il serait d'autant plus important de réglementer.
Comme je l'ai expliqué dans la discussion générale, je ne crois pas qu'il y ait une quelconque suspicion à l'égard du maire. Le préfet exerce ses pouvoirs, qui sont des pouvoirs de police et de contrôle. Compte tenu des relations habituelles entre les préfets et les collectivités locales, il n'y a aucune raison pour que les choses se passent mal.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 50 n'a plus d'objet.
M. Patrice Gélard. Non, monsieur le président !
M. le président. Si, mon cher collègue, puisque, dans le texte de l'amendement n° 11 qui vient d'être adopté, figurent les termes « représentant de l'Etat dans le département ».
M. Patrice Gélard. J'aurais dû le sous-amender.
M. le président. Toujours sur l'article 2, je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 12, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le deuxième alinéa du texte présenté par cet article pour insérer un article L. 2212-6 dans le code général des collectivités territoriales :
« Cette convention précise la nature et les lieux des interventions des agents de police municipale. Elle détermine les modalités selon lesquelles ces interventions sont coordonnées avec celles de la police et de la gendarmerie nationales. »
Par amendement n° 1, M. Ceccaldi-Raynaud propose de compléter la première phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales par les mots : « et la sécurité ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 12.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Dans le texte adopté par l'Assemblée nationale, le règlement - désormais la convention - devait préciser les missions confiées aux agents de police municipale. Or les missions résultent de la loi elle-même.
Par ailleurs, pour éviter toute confusion, la commission a souhaité définir plus rigoureusement le contenu du document de coordination.
Par conséquent, elle propose une nouvelle rédaction du deuxième alinéa du texte présenté pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales.
La convention répondrait ainsi à un double objectif : d'une part, préciser la nature et les lieux des interventions des agents de police municipale et, d'autre part, déterminer les modalités selon lesquelles ces interventions seront coordonnées avec celles de la police et de la gendarmerie nationales. Comme l'a dit notre collègue M. Peyronnet, il s'agit de réfléchir à la mise en complémentarité des moyens des unes et des autres.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Sur le fond, cet amendement revient plutôt à la rédaction initiale du projet de loi, mais j'observe qu'il contient le mot : « convention ». Je ne puis donc l'approuver.
M. le président. La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud, pour défendre l'amendement n° 1.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je voudrais attirer l'attention de M. le ministre sur la distinction entre la notion de tranquillité et celle de sécurité.
La tranquillité est une sorte d'immobilité - Descartes a dit : la tranquillité, c'est le repos - tandis que le mot « sécurité » exprime l'activité, la mobilité, le dynamisme. Ces termes qui paraissent très voisin, ne recouvrent pas très exactement la même idée. Il a été créé des compagnies républicaines de sécurité. Il ne viendrait à l'idée de personne de créer des compagnies républicaines de tranquillité. (Sourires.)
M. le ministre a dit que la sécurité est une compétence régalienne, ce que nul ne conteste, mais que plusieurs acteurs peuvent y concourir.
Il est donc dans la logique du projet de loi de compléter les compétences de la police municipale en lui faisant obligation non seulement d'assurer la tranquillité mais également de concourir à la sécurité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 1 ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je vais essayer de tranquilliser mon collègue M. Ceccaldi-Reynaud. (Sourires.) Je comprends tout à fait son souci, mais, à partir du moment où, par l'amendement n° 12, nous suggérons que ne soient plus précisées les missions de la police municipale, il est évident que nous ne pouvons qu'émettre un avis défavorable sur son amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendemant n°1 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je partage l'avis de la commission.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 1 n'a plus d'objet.
Toujours sur l'article 2, je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 13, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de supprimer le troisième alinéa du texte présenté par cet article pour incérer un article L. 2212-6 dans le code général des collectivités territoriales.
Par amendement n° 51, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le troisième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales, de remplacer deux fois les mots : « représentant de l'Etat dans le département » par le mot : « préfet ».
Par amendement n° 63 rectifié, MM. About et Trucy proposent, après les mots : « du conseil municipal », de rédiger comme suit la fin du troisième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales : « créant au moins dix emplois d'agent de police municipale ou portant à dix au moins le nombre des emplois créés, la création du dixième poste de policier municipal est annulée ».
Par amendement n° 76, M. Othily propose, dans le troisième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « le représentant de l'Etat dans le département peut édicter seul » par les mots : « la commission régionale des polices municipales prévue à l'article L. ... peut édicter ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 13.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Le texte qui nous est soumis prévoyait qu'en l'absence d'accord le préfet pouvait édicter le règlement de coordination.
Bien évidemment, dans le souci de favoriser le partenariat et convaincus, comme l'indiquait M. le ministre, qu'il y aura forcément accord sur le terrain parce qu'il le faut, nous proposons de supprimer l'alinéa concerné.
Au demeurant, je rappelle que nous sommes favorables aux restrictions prévues à défaut de convention, à savoir le non-armement et la réduction de la plage horaire d'intervention.
Le texte nous semble ainsi plus équilibré et mieux correspondre à l'esprit de partenariat qui doit prévaloir.
M. le président. La parole est à M. Gélard, pour défendre l'amendement n° 51.
M. Patrice Gélard. Monsieur le président, je ne suis pas convaincu du bien-fondé de votre décision de déclarer sans objet l'amendement n° 50 en raison de l'adoption de l'amendement n° 11. Il n'y avait pas de rapport direct entre les deux.
Par ailleurs, je constate que, depuis la discussion de mon amendement, c'est le terme « préfet » qui a été constamment utilisé.
J'ajoute que la Constitution a opéré une distinction entre les préfets et les représentants de l'Etat dans les territoires d'outre-mer puisque l'article 13 fait référence à la fois aux préfets et aux représentants du Gouvernement dans les territoires d'outre-mer. Je le répète, il aurait été beaucoup plus logique d'employer le terme « préfet » que les termes « représentant de l'Etat dans le département », qui ne sont jamais utilisés.
Cela dit, je retire l'amendement n° 51.
M. le président. L'amendement n° 51 est retiré.
Mon cher collègue, si je ne porte pas de jugement sur les propos que vous avez tenus sur votre amendement, en revanche je conteste le fait qu'il ait été déclaré sans objet de façon abusive.
M. Patrice Gélard. Je n'ai pas employé ce terme.
M. le président. L'amendement n° 50 est devenu automatiquement sans objet du fait de l'adoption de l'amendement n° 11.
La parole est à M. About, pour présenter l'amendement n° 63 rectifié.
M. Nicolas About. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 63 rectifié est retiré.
La parole est à M. Othily, pour défendre l'amendement n° 76.
M. Georges Othily. Je le retire également, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 76 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 13 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Si la commission ne manque pas de logique, le Gouvernement non plus. Il ne peut donc être favorable à cet amendement, qui s'inscrit dans l'optique de la convention.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 13.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Cet amendement tend à supprimer la possibilité donnée au préfet d'édicter seul un règlement de coordination lorsque des blocages apparaissent, malgré les bonnes relations habituelles entrepréfet et maire.
De tels blocages pouvant effectivement se produire, je suis hostile à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 14, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le début de l'avant-dernier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour insérer un article L. 2212-6 dans le code général des collectivités territoriales : « A défaut de convention, les missions de police municipale... ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. C'est un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Cette coordination intervenant avec des dispositions que le Gouvernement n'a pas souhaitées, cet avis ne peut être que défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 90, M. Demuynck propose, après les mots : « missions de police municipale », de rédiger comme suit la fin du quatrième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales : « ne sont pas modifiés ».
Par amendement n° 15, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans l'avant-dernier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour insérer un article L. 2212-6 dans le code général des collectités territoriales, de remplacer le nombre : « 23 » par le nombre : « 21 ».
Par amendement n° 2, M. Ceccaldi-Raynaud propose, dans le quatrième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales, après les mots : « des bâtiments communaux », d'insérer les mots : « et immeubles de l'office public d'HLM rattachés administrativement à la commune ».
La parole est à M. Demuynck, pour présenter l'amendement n° 90.
M. Christian Demuynck. Le quatrième alinéa de l'article 2 de votre projet de loi, monsieur le ministre, réduit, lui aussi, considérablement les pouvoirs du maire et bouscule vos intentions d'esprit partenarial.
Il oblige en effet, en attendant la rédaction conjointe d'un règlement de coordination des polices agissant sur le territoire de la commune, par le préfet et par le maire, à supprimer les services mis en place la nuit.
Pouvez-vous m'expliquer, monsieur le ministre, les raisons pour lesquelles, du jour au lendemain, on supprimerait un service de police municipale qui fonctionne, dans l'attente de la rédaction d'un règlement de coordination ?
Cet alinéa induit de plus une notion de chantage...
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Eh oui !
M. Christian Demuynck. ... car il contraint les maires à rédiger rapidement ce règlement, sous peine de suppression des horaires de nuit prévus dans certaines communes.
Les missions de ces hommes restent pourtant identiques. Il n'existe donc pas de raison valable qui permette d'expliquer à nos administrés pourquoi, du jour au lendemain, les horaires d'intervention des policiers municipaux sur le territoire de la commune exluront les heures de nuit.
Ainsi que je l'ai déjà indiqué hier dans la discussion générale, à Neuilly-Plaisance, les personnes âgées sont reliées au service de police municipale par un système de téléalarme. Lorsqu'il y a un problème, les policiers municipaux sont sur les lieux en trois à quatre minutes et, dans de nombreux cas, sauvent ainsi des personnes âgées qui sont en grande détresse.
Je ne vois vraiment pas pour quelle raison il faudrait subitement supprimer ce service à la population qui est éminemment utile.
En conséquence, je propose de supprimer la limitation horaire imposée par le projet, afin de laisser les policiers municipaux poursuivre leurs missions habituelles dans l'attente de la mise en oeuvre d'un règlement de coordination.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 15 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 90.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Nous comprenons parfaitement la position exprimée par M. Demuynck, qui consiste à réaffirmer la possibilité pour un maire de disposer de sa police municipale et à ne pas accepter ce qu'il considère comme une forme de chantage telle que, en l'absence d'un règlement de coordination, cette police municipale se voie interdire, notamment, de travailler la nuit.
C'est la raison pour laquelle nous avons transformé le règlement de coordination en convention de coordination et supprimé la faculté pour le préfet d'édicter seul le document de coordination.
Notre conviction - et, bien sûr, on peut ne pas la partager - est que ces conventions seront effectivement signées parce que les deux partenaires y auront intérêt.
Dans la cohérence de la proposition de la commission des lois, qui réinstaure le principe de l'armement sous conditions, il convient de veiller à ce que, notamment la nuit, des membres de la police nationale ou de la gendarmerie ne puissent se retrouver face à face avec des membres de la police municipale, les uns ignorant totalement ce que font les autres. Il y a évidemment là un souci bien compréhensible de sécurité pour le personnel municipal.
La proposition de la commission des lois consiste donc à encourager très fortement ce que souhaitait le ministre, à savoir l'établissement d'un partenariat conventionnel.
La commission propose par conséquent que, à défaut de convention - mais personne ne veut croire qu'il puisse ne pas y en avoir - l'horaire d'action des policiers municipaux soit celui qui figure à l'article 59 du code de procédure pénale : entre 6 heures et 21 heures.
Dès lors, la commission est défavorable à l'amendement n° 90.
M. le président. La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud, pour présenter l'amendement n° 2.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je me permets de relever tout d'abord que M. le rapporteur aggrave le texte par rapport à ce qu'avait prévu l'Assemblée nationale : celle-ci autorisait la police municipale à sortir jusqu'à 23 heures et la commission propose 21 heures. C'est bien un recul. Mais soit !
Quoi qu'il en soit, M. le ministre a tout de même considéré qu'on ne pouvait laisser la ville sans un minimum de « tranquillité », préférant ce terme à celui de « sécurité ». Le projet prévoit donc que la police municipale pourra continuer à surveiller les bâtiments municipaux.
Fort bien ! Mais il n'est d'aucun intérêt que la police municipale surveille les écoles maternelles, qui ferment à 17 heures, ou les crèches, qui ferment à 19 heures. En revanche, il est très important qu'elle puisse surveiller d'autres bâtiments qui n'ont pas, au sens juridique strict, le caractère de bâtiments communaux, mais qui sont tout de même rattachés à la commune : il en est ainsi des immeubles appartenant à l'office public d'HLM communal.
Monsieur le ministre, n'est-il pas possible d'assimiler les immeubles HLM à des bâtiments communaux, pour ce qui concerne les compétences que nous évoquons ?
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 2 ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Cet avis est défavorable, car il est très difficile de distinguer les immeubles qui relèvent des offices d'HLM de ceux qui relèvent de sociétés d'économie mixte ou de différents organismes de financement du logement social.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je ne parle que des offices !
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. De toute façon, je le répète, nous sommes convaincus que la proposition de la commission des lois permettra d'aboutir à la signature d'une convention de coordination, sauf raisons profondes, liées aux hommes ou à des dysfonctionnement qui appelleraient des réponses spécifiques. Autrement dit, nous sommes convaincus que le dispositif prévu en cas de non-signature ne jouera pas.
Sans doute des problèmes de sécurité peuvent se poser dans des immeubles HLM de manière plus aiguë que dans les bâtiments communaux. Mais nous voyons là une incitation supplémentaire pour le maire et le préfet à s'asseoir autour d'une table et à signer une convention de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 90, 15 et 2 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Contrairement à ce que croit M. Demuynck, ce n'est pas de but en blanc, « du jour au lendemain », pour reprendre son expression, que l'interdiction du travail de nuit s'appliquerait. En effet, l'article 18 du projet de loi, dans son dernier alinéa, institue un délai de six mois à compter de la publication de la loi pour l'adoption d'un règlement de coordination.
Vous comprendrez aisément, monsieur le sénateur, que ne pas prévoir de dispositions pour réglementer le travail nocturne de la police municipale, ce serait, au regard des missions de la police nationale, aller au-devant de risques que nous ne devons pas prendre. Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 90.
S'agissant de l'amendement n° 2, à partir du moment où l'on viserait les immeubles de l'office public d'HLM rattachés administrativement à la commune, il faudrait sans doute aller plus loin. M. Delevoye a fait, à cet égard, des observations que je rejoins pleinement. Je suis donc également défavorable à l'amendement n° 2.
En revanche, je donne un avis favorable sur l'amendement n° 15.
Le projet de loi initial avait retenu 20 heures. Dans sa sagesse, l'Assemblée nationale avait porté cette limite à 23 heures.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Avec votre accord !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Certes ! Mais je suis sensible à l'argument selon lequel la limite de 21 heures figure déjà dans le code de procédure pénale.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 90.
M. Nicolas About. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. About.
M. Nicolas About. Je voterai, bien sûr, l'amendement n° 90.
Je suis effaré ! Des communes ont fait des efforts considérables pour essayer de pallier les carences en matière de sécurité et les insuffisances d'effectifs de la police nationale. Peut-on véritablement croire que, tant que la convention n'aura pas été signée, les effectifs de police nationale vont être gonflés, ce qui permettra d'assurer la sécurité ? A moins que, pour une mystérieuse raison, les voyous ne décident de ne plus sortir la nuit ! On pourrait alors supprimer le droit, pour les polices municipales, de travailler !
En fin de compte, cela signifie que les pouvoirs de police du maire eux-mêmes sont levés pendant la période de latence.
Cela veut dire aussi que, pour essayer à nouveau de pallier la carence de l'Etat, nous devrons nommer nos policiers municipaux « agents de tranquillité nocturne », afin qu'ils ne tombent pas sous le coup des textes relatifs à la police municipale ! Ce faisant, nous leur permettrons d'exercer la prérogative prévue à l'article 73 du code de procédure pénale, qui stipule que tout citoyen a qualité à se saisir et à amener devant la police judiciaire toute personne qui commet un crime ou un délit.
Ou alors il faut considérer que, désormais, la nuit, les citoyens, notamment ceux qui sont payés par les communes pour assurer la sécurité, n'ont plus le droit d'exercer la qualité prévue à l'article 73 du code de procédure pénale !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 90, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 15 et 2 n'ont plus d'objet.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 16, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le dernier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour insérer un article L. 2212-6 dans le code général des collectivités territoriales :
« Une convention de coordination peut également être conclue, à la demande du maire, lorsqu'un service de police municipale compte moins de cinq emplois d'agents de police municipale. »
Par amendement n° 62 rectifié, MM. About et Trucy proposent, dans le dernier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « trois emplois », par les mots : « dix emplois ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 16.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. Monsieur About, je pense que l'amendement n° 62 rectifié est retiré ?...
M. Nicolas About. Oui, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 62 rectifié est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 16 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, modifié.

(L'article 2 est adopté.)

Article 3



M. le président.
« Art. 3. _ Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 2212-7 ainsi rédigé :
« Art. L. 2212-7. _ Une commission consultative des polices municipales est créée auprès du ministre de l'intérieur. Elle est composée pour un tiers de représentants des maires, pour un tiers de représentants de l'Etat et pour le dernier tiers de représentants des agents de police municipale choisis par les organisations syndicales représentatives des fonctionnaires territoriaux. Elle est présidée par un maire élu en son sein.
« Un décret en Conseil d'Etat définit les modalités d'application du présent article. »
Je suis saisi de sept amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les trois premiers sont présentés par M. Demuynck.
L'amendement n° 91 vise à supprimer cet article.
L'amendement n° 92 rectifié tend à rédiger comme suit la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 3 pour l'article L. 2212-7 du code général des collectivités territoriales : « Elle est composée pour un quart de maires de communes employant des agents de police municipale, pour un quart de représentants de l'Etat, pour un quart d'agents de police municipale et pour le dernier quart d'agents de la police nationale. »
L'amendement n° 93 rectifié a pour objet de rédiger comme suit la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 3 pour l'article L.2212-7 du code général des collectivités territoriales : « Elle est composée pour moitié de maires de communes employant des agents de police municipale et de représentants de l'Etat. »
Les trois amendements suivants sont déposés par M. Delevoye, au nom de la commission.
L'amendement n° 17 vise, dans la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 3 pour insérer un article L. 2212-7 dans le code général des collectivités territoriales, à remplacer les mots : « représentants des maires » par les mots : « maires de communes employant des agents de police municipale ».
L'amendement n° 18 tend, dans la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 3 pour insérer un article L. 2212-7 dans le code général des collectivités territoriales, à remplacer les mots : « de représentants des agents » par les mots : « d'agents ».
L'amendement n° 19 a pour objet, de compléter le premier alinéa du texte proposé par l'article 3 pour insérer un article L. 2212-7 dans le code général des collectivités territoriales par les mots : « , qui a voix prépondérante en cas de partage des voix ».
Par amendement n° 77, M. Othily propose, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 3 pour l'article L. 2212-7 du code des collectivités territoriales, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Elle est consultée avant l'élaboration de projets de loi ou de textes réglementaires concernant les services de police municipale. Elle est en outre consultée sur l'organisation des recrutements et la formation des policiers municipaux. »
La parole est à M. Demuynck, pour défendre les amendements n°s 91, 92 rectifié et 93 rectifié.
M. Christian Demuynck. Monsieur le ministre, la France est certainement le seul pays au monde à créer autant de commissions, de comités Théodule et autres structures, qui ne satisfont que ceux qui y sont nommés, mais dont les décisions ne sont que peu appliquées et qui, en conséquence, ne servent à rien.
Au demeurant, la plupart de ces commissions, à l'instar de celle dont il est ici question, sont purement consultatives.
En l'occurrence, même si un décret doit intervenir pour préciser le rôle de cette commission, on peut d'ores et déjà prédire qu'il ne sera pas déterminant puisqu'elle traitera surtout de problèmes tels que les tenues ou le code de déontologie : le ministère pourrait parfaitement régler cela tout seul.
Pour ce qui est du contrôle des polices municipales, il n'est pas nécessaire d'avoir l'avis d'une commission qui n'est pas au fait de ce qui se passe.
Je suggère donc de supprimer purement et simplement cette commission consultative.
Avec les amendements n°s 92 rectifié et 93 rectifié, je me suis un peu amusé.
La création de cette commission me paraît machiavélique, monsieur le ministre.
A l'origine, elle devait être composée, pour moitié, de représentants de l'Etat et, pour moitié, de représentants des agents de la police nationale et de représentants des maires.
Il est vrai que, aujourd'hui, les syndicats de policiers municipaux sont plutôt favorables aux maires, car ils soutiennent les polices municipales. Mais, ultérieurement, dans la mesure où ce sont des syndicats - d'ailleurs, c'est leur rôle ! -, ils formuleront un certain nombre de revendications.
On a donc prévu dans le projet de loi que la participation des représentants des maires et celle des représentants des agents de la police municipale seraient respectivement portées au tiers.
Par l'amendement n° 93 rectifié, je vous propose que cette commission ne soit composée que d'« exécutifs », c'est-à-dire de maires de communes employant des agents de police municipale et de représentants de l'Etat.
Par ailleurs, il faut aller jusqu'au bout de la logique ! Dans la mesure où cette commission comprendrait des représentants de l'Etat, des maires et des représentants de la police municipale et que vous avez un souci de coordination entre la police nationale et la police municipale, monsieur le ministre, pourquoi ne pas y ajouter la police nationale ? Tel est l'objet de l'amendement n° 92 rectifié.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre les amendements n°s 17, 18 et 19.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. L'amendement n° 17 a pour objet de préciser que les représentants des maires siégeant à la commission consultative seraient des maires de communes employant des agents de police municipale.
L'amendement n° 18 prévoit que les représentants des policiers municipaux seraient effectivement des agents de police municipale.
S'agissant de l'amendement n° 19, il tend à donner, en cas de partage des voix, voix prépondérante au maire qui présidera la commission.
M. le président. La parole est à M. Othily, pour défendre l'amendement n° 77.
M. Georges Othily. Cet amendement a pour objet de faire en sorte que, en cas de déconcentration, une commission consultative régionale puisse être en mesure de donner un avis sur des textes qui concerneraient la nomination, le recrutement ou la formation des policiers municipaux.
Ce matin, en commission des lois, il nous a été dit que cela alourdirait le dispositif. Mais ma crainte est la suivante : comment les maires des communes d'outre-mer et leurs policiers municipaux pourraient-ils être membres des commissions consultatives ?
Certaines communes d'outre-mer appartiennent-elles déjà à une association des maires des grandes villes, des villes moyennes ou des petites villes ? Au moment où je parle, je ne crois pas que ce soit le cas, et cela me fait dire qu'il faut adapter le dispositif au cas particulier des communes d'outre-mer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 91, 92 rectifié, 93 rectifié et 77 ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. En ce qui concerne les amendements n°s 91, 92 rectifié et 93 rectifié, M. Demuynck s'est interrogé sur l'intérêt de la création d'une commission. Il est vrai qu'il existe déjà de nombreuses commissions dans notre pays, lesquelles, en général, ne se réunissent pas.
L'intérêt, de cette commission réside, me semble-t-il, dans le fait d'avoir une instance où l'on puisse débattre et émettre un avis. La commission des lois est donc favorable à la création d'une commission consultative.
Elle n'a pas retenu la proposition formulée en première lecture par le Gouvernement, qui consistait à attribuer 50 % des sièges aux représentants de l'Etat, mais elle a suivi l'Assemblée nationale, qui proposait une répartition par tiers entre les représentants de l'Etat, les maires et les policiers municipaux.
La question soulevée par M. Demuynck ne nous a pas échappé. En effet, nous n'étions pas opposés à ce que cette commission ne comprenne que des décideurs, à savoir 50 % de représentants de l'Etat et 50 % de maires, avec avis consultatif des policiers municipaux. Toutefois, dès lors que cette commission n'a pas de pouvoir de décision et ne joue qu'un rôle consultatif, nous estimons qu'il n'est pas choquant de répartir les sièges par tiers, sous réserve de l'adoption des amendements n°s 17 et 18 de la commission : seuls doivent être membres de la commission consultative les maires de communes disposant d'une police municipale et les agents de police municipale.
S'agissant de l'amendement n° 77, présenté par M. Othily, il tend à rapprocher le plus possible les instances de consultation et de décision des lieux d'application des décisions. L'objectif est tout à fait pertinent. Cependant, nous n'avons pas retenu sa proposition de commission régionale.
Effectivement, dans la mesure où se poserait un problème particulier en ce qui concerne les polices des départements et territoires d'outre-mer, il faudrait que les organisations consultées laissent une place aux représentants de ces policiers des départements et territoires d'outre-mer au sein de la commission consultative.
Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur les amendements n°s 91, 92 rectifié, 93 rectifié et 77, tout en saluant la grande imagination de M. Demuynck.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'ensemble de ces amendements ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je fais miens les avis exprimés par M. le rapporteur. Il faut éviter de compliquer à l'excès l'édifice en multipliant les consultations au niveau régional.
En ce qui concerne l'amendement n° 92 rectifié, la proposition de M. Demuynck est originale : il s'agit d'introduire les syndicats de la police nationale dans la commission consultative des polices municipales ! Cela vous paraît-il vraiment souhaitable, mesdames, messieurs les sénateurs ? Pensez-vous que ce soit une proposition raisonnable ? N'est-il pas légitime que les agents de police municipale soient représentés au sein de la commission consultative des polices municipales ? Poser la question, c'est y répondre !
Je me suis rallié à la proposition de l'Assemblée nationale. Initialement, vous le savez, cette commission était composée, pour moitié, de représentants de l'Etat et pour moitié, de représentants des maires et des agents de police municipale. Nous sommes arrivés à une composition tripartite : un tiers, un tiers, un tiers, avec l'indication que cette commission serait présidée par un maire.
Il s'agit, me semble-t-il, d'une composition équilibrée et suivre M. Demuynck sur la voie glissante qu'il nous propose d'emprunter ne serait pas véritablement digne de la sagesse de la Haute Assemblée.
Pour ce qui est de l'amendement n° 17, le Gouvernement émet un avis favorable.
En ce qui concerne l'amendement n° 18, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
J'en viens à l'amendement n° 19.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Monsieur le président, je souhaiterais modifier l'amendement n° 19, afin d'y apporter une précision : il s'agit, bien évidemment, d'accorder une voix prépondérante au maire qui présidera la commission en cas de partage « égal » des voix. En effet, la formulation « en cas de partage des voix » ne signifie pas forcément « en cas de partage égal des voix ».
M. le président. Je suis saisi d'un amendement n° 19 rectifié, présenté par M. Delevoye, au nom de la commission, et tendant à compléter le premier alinéa du texte proposé par l'article 3 pour insérer un article L. 2212-7 dans le code général des collectivités territoriales par les mots : « , qui a voix prépondérante en cas de partage égal des voix ».
Quel est donc l'avis du Gouvernement sur cet amendement n° 19 rectifié, ainsi que sur l'amendement n° 77 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il s'agit d'une disposition de caractère réglementaire qu'il faudrait soumettre au Conseil d'Etat. C'est complexifier un peu les choses. J'y suis donc défavorable, mais sans passion excessive. (Sourires.)
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. La passion est excessive par définition !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Enfin, sur l'amendement n° 77, je me range à l'avis de la commission.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 91, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 92 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 93 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 77, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3, modifié.

(L'article 3 est adopté.)

Article additionnel après l'article 3



M. le président.
Par amendement n° 78 rectifié, M. Othily propose d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, après l'article L. 2212-7, un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Une commission régionale des polices municipales est créée auprès du représentant de l'Etat dans la région qui en désigne le président. Sa composition est identique à celle de la commission consultative prévue à l'article L. 2212-7. Elle veille à l'application des dispositions législatives et réglementaires concernant les polices municipales de son ressort. En outre, elle a pour mission de veiller au bon déroulement des concours de recrutement et de la formation initiale et continue des agents.
« Les travaux des commissions régionales des polices municipales sont transmis à la commission consultative des polices municipales.
« Un décret en Conseil d'Etat définit les modalités d'application du présent article. »
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 78 rectifié est retiré.

Article 4



M. le président.
« Art. 4. _ Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 2212-8 ainsi rédigé :
« Art. L. 2212-8 . _ La vérification de l'organisation et du fonctionnement d'un service de police municipale peut être demandée par le maire, le représentant de l'Etat dans le département ou le procureur de la République. Le ministre de l'intérieur décide de cette vérification, après avis de la commission consultative des polices municipales et en arrête les modalités après consultation du maire. Il a recours, en tant que de besoin, aux services d'inspection générale placés sous son autorité. Il transmet une copie des conclusions de la vérification au maire de la commune concernée. »
M. le président. Sur cet article, je suis saisi de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 20, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi les deux premières phrases du texte présenté par l'article 4 pour insérer un article L. 2212-8 dans le code général des collectivités territoriales :
« A la demande du maire, du représentant de l'Etat dans le département ou du procureur de la République, et après avis de la commission consultative des polices municipales, ou, à la demande de cette commission, le ministre de l'intérieur peut décider de la vérification de l'organisation et du fonctionnement d'un service de police municipale. Il en fixe les modalités après consultation du maire. »
Par amendement n° 79, M. Othily propose, dans la première phrase du texte présenté par l'article 4 pour l'article L. 2212-8 du code général des collectivités territoriales, après les mots « par le maire, » d'insérer les mots : « la commission consultative des polices municipales, ».
Par amendement n° 81, M. Othily propose, dans la première phrase du texte présenté par l'article 4 pour l'article L. 2212-8 du code général des collectivités territoriales, après les mots : « par le maire, » d'insérer les mots : « la commission régionale des polices municipales, ».
Par amendement n° 64 rectifié, MM. About et Trucy proposent, dans la première phrase du texte présenté par l'article 4 pour l'article L. 2212-8 du code général des collectivités territoriales, de supprimer les mots : « le représentant de l'Etat dans le département ».
Par amendement n° 52, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans la première phrase du texte présenté par l'article 4 pour l'article L. 2212-8 du code général des collectivités locales, de remplacer les mots : « représentant de l'Etat dans le département » par le mot : « préfet ».
Par amendement n° 94, M. Demuynck propose, dans la deuxième phrase du texte présenté par l'article 4 pour l'article L. 2212-8 du code général des collectivités territoriales, après les mots : « cette vérification » de supprimer les mots : « après avis de la commission consultative des polices municipales et ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 20.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Cet amendement a un double objet : d'une part, clarifier la rédaction proposée et, d'autre part, permettre à la commission consultative de demander elle-même la vérification de l'organisation et du fonctionnement d'un service de police municipale.
Je rappelle que le projet de loi de M. Pasqua en 1995 avait confié à ladite commission cette mission de vérification. Le texte est donc en retrait par rapport à ce projet de loi de 1995.
M. le président. La parole est à M. Othily, pour présenter les amendements n°s 79 et 81.
M. Georges Othily. Je les retire, monsieur le président.
M. le président. Les amendements n°s 79 et 81 sont retirés.
La parole est à M. About, pour défendre l'amendement n° 64 rectifié.
M. Nicolas About. Je le retire également, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 64 rectifié est retiré.
La parole est à M. Gélard, pour présenter l'amendement n° 52.
M. Patrice Gélard. Sans passion excessive, je le retire, monsieur le président ! (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 52 est retiré.
La parole est à M. Demuynck, pour défendre l'amendement n° 94.
M. Christian Demuynck. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 94 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 20 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
En effet, pour demander la vérification, il faut être au contact du terrain : c'est le cas du maire, du préfet et du procureur de la République. Si l'on donne la possibilité à la commission, qui est habilitée à donner des avis, de demander également une vérification, on risque de la placer dans une situation où elle agira surtout par ouï-dire.
Le maire, le préfet et le procureur de la République peuvent demander la vérification. Cela me paraît suffisant, d'autant que la commission est consultée.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 21, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit les deux dernières phrases du texte présenté par l'article 4 pour insérer un article L. 2212-8 dans le code général des collectivités territoriales : « Cette vérification peut être opérée par les services d'inspection générale de l'Etat. Ses conclusions sont transmises au maire de la commune concernée et, si elle n'a pas été demandée par le maire, à la commission consultative des polices municipales, au représentant de l'Etat dans le département et au procureur de la République. »
Par amendement n° 80, M. Othily propose de compléter la dernière phrase du texte présenté par l'article 4 pour l'article L. 2212-8 du code général des collectivités territoriales par les mots : « et à la commission consultative des polices municipales. »
Par amendement n° 82, M. Othily propose de compléter la dernière phrase du texte présenté par l'article 4 pour l'article L. 2212-8 du code général des collectivités territoriales par les mots : « et à la commission régionale des polices municipales. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 21.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Les situations des polices municipales sont diverses puisque certaines sont entourées par la police nationale et d'autres par la gendarmerie nationale. Aussi convient-il de permettre aux services d'inspection générale de l'Etat - sans les préciser - d'être mobilisés par le ministre de l'intérieur.
Dans le respect des dispositions prévues pour la vérification qui peut intervenir à la demande du maire, du représentant de l'Etat dans le département ou du procureur de la République, ou de la commission consultative, cet amendement permet d'adapter la réponse à la situation du terrain.
M. le président. La parole est à M. Othily, pour défendre les amendements n°s 80 et 82.
M. Georges Othily. Je les retire, monsieur le président.
M. le président. Les amendements n°s 80 et 82 sont retirés.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 21 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Peut-on envisager que la vérification du service de police municipale puisse être effectuée par les services d'inspection générale de l'Etat n'ayant pas de compétence dans le domaine de la police ? La question mérite d'être posée. Mieux vaut s'en tenir aux services naturellement compétents.
Par ailleurs, je suis surpris de la proposition visant à étendre la transmission des conclusions de la vérification à la commission consultative des polices municipales, au représentant de l'Etat dans le département et au procureur de la République. Je rappelle que le Gouvernement a accepté, à l'Assemblée nationale, un amendement qui prévoit la transmission de la copie des conclusions de la vérification au maire. J'ai bien précisé qu'il appartenait au maire de prendre les mesures qu'il jugera utiles sur la base des conclusions de la vérification. C'est donc le maire qui décidera. Aller au-delà serait inutile, transformerait la vérification en inspection. Telle n'est pas l'intention du Gouvernement.
Enfin, n'étant pas favorable à un pouvoir d'initiative de la commission consultative des polices municipales en matière de vérification, je ne suis pas favorable non plus à l'extension projetée.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. L'expression « les services d'inspection générale de l'Etat » ne correspond pas, dites-vous, monsieur le ministre, à la capacité de ceux-ci d'exercer ce contrôle.
Or, nous avons repris le texte du projet de loi initial, qui visait le recours par le ministre de l'intérieur, le cas échéant, aux services d'inspection générale de l'Etat.
Nous pensions donner plus de souplesse à votre capacité d'intervention, car l'Assemblée nationale avait limité strictement cette capacité à la mobilisation de l'inspection générale de la police nationale. Nous, nous estimions que, lorsque des polices municipales sont dans des zones uniquement entourées de gendarmeries, il convenait de vous donner la possibilité de choisir l'inspection générale de la gendarmerie ou l'inspection générale de la police nationale.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. J'essaie de comprendre les raisons de la commission. Pour retrouver exactement le texte initial du projet de loi, il manque les mots : « services d'inspection de l'Etat placés sous son autorité ». Autrement dit, si vous voulez demander l'avis de l'inspection générale de l'administration, c'est possible. Mais si vous voulez demander celui de l'inspection générale de la jeunesse et des sports, vous vous éloignez quelque peu du sujet. En conséquence, si vous reprenez les termes « placés sous son autorité », je ne m'opposerai pas à cet amendement.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il existe une différence d'appréciation. A priori, il me semble que les services d'inspection de la gendarmerie nationale ne sont pas placés sous votre autorité. L'essentiel est que la loi habilite un service à mener la vérification. Nous n'avons donc pas la même position quant à la capacité de mobiliser les forces de vérification à la demande du procureur de la République, du représentant de l'Etat dans le département ou du maire.
La commission des lois vous offre, nous en sommes convaincus, une souplesse d'adaptation plus forte que la rédaction que vous nous proposez, qui semblerait revenir au texte de l'Assemblée nationale. Si vous souhaitez, monsieur le ministre, contrairement à la commission, uniquement pouvoir vous référer aux services d'inspection générale de la police nationale, dites-le. Pour notre part, nous pensons que ce n'est pas une bonne réponse.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le projet de loi initial dispose : « et, en accord avec le ministre chargé de la défense, à ceux placés sous l'autorité de ce dernier », c'est-à-dire l'inspection des services de la gendarmerie nationale. Nous serons donc sur la même longueur d'onde si nous en revenons au texte initial. Il s'agit à la fois des services de l'inspection générale de l'Etat placés sous l'autorité du ministère de l'intérieur et, si le ministre de la défense en est d'accord, de l'inspection générale de la gendarmerie nationale.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Nous maintenons le texte de notre amendement car nous ne souhaitons pas nous immiscer dans le fonctionnement interne de l'Etat.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je souhaite sous-amender l'amendement de la commission, en rétablissant le texte initial, à savoir « placés sous son autorité, et, en accord avec le ministre chargé de la défense, à ceux placés sous l'autorité de ce dernier. »
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 110, présenté par le Gouvernement, et tendant, après les mots : « de l'Etat », à compléter la première phrase de l'amendement n° 21 par les mots : « placés sous son autorité, et, en accord avec le ministre chargé de la défense, à ceux placés sous l'autorité de ce dernier. »
Quel est l'avis de la commission sur ce sous-amendement ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Ne voulant pas vivre Byzance en 1453, nous en restons à notre amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 110, repoussé par la commission.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
MM. Georges Othily et Marcel Debarge. Il y a doute !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Laissez le président présider !
M. le président. Je ne suis pas seul à procéder au comptage des voix et je puis vous dire qu'il n'y a pas doute. De toute façon, n'ayez pas d'inquiétude, les doutes seront levés par la commission mixte paritaire.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Faisons appel aux services d'inspection générale de l'Etat pour vérifier le scrutin ! (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 21, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Ce qui lève éventuellement les doutes sur le vote précédent !
MM. Marcel Debarge et Georges Othily. Ah non !
M. le président. Le sous-amendement précédent et le présent amendement étaient antinomiques.
M. Marcel Debarge. Il y a doute sur l'antinomie !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4, modifié.

(L'article 4 est adopté.)
M. Marcel Debarge. Là, il n'y a pas de doute !
M. le président. En effet !

Article 5



M. le président.
« Art. 5. _ Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 2212-9 ainsi rédigé :
« Art. L. 2212-9 . _ A l'occasion d'une manifestation exceptionnelle à caractère culturel, récréatif ou sportif, ou en cas de catastrophe naturelle, les maires de communes limitrophes ou appartenant à une même agglomération peuvent mettre en commun, sur le territoire d'une ou plusieurs communes, pour un délai déterminé et uniquement pour l'exercice de missions de police administrative, tout ou partie des moyens et des effectifs de leurs services de police municipale.
« Cette faculté est subordonnée à un arrêté du représentant de l'Etat dans le département qui en détermine les conditions et les modalités. »
Par amendement n° 22, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par cet article pour insérer un article L. 2212-9 dans le code général des collectivités territoriales :
« Lors d'une manifestation exceptionnelle, notamment à caractère culturel, récréatif ou sportif, à l'occasion d'un afflux important de population ou en cas de catastrophe naturelle, les maires de communes limitrophes ou appartenant à une même agglomération peuvent être autorisés à utiliser en commun, sur le territoire d'une ou plusieurs communes, pour un délai déterminé, tout ou partie des moyens et des effectifs de leurs services de police municipale. Cette faculté s'exerce exclusivement en matière de police administrative. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 104, présenté par le Gouvernement, et tendant, dans la première phrase du texte proposé par l'amendement n° 22 pour le premier alinéa de l'article L. 2212-9 du code général des collectivités territoriales, après les mots : « à l'occasion d'un afflux important de population », à insérer les mots : « lié à la saison touristique ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 22.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit d'une situation très difficile vécue par les collectivités locales. L'Assemblée nationale a supprimé la notion d'« afflux important de population lié à la saison touristique » et a inclus la notion de « catastrophe naturelle », que nous soutenons. La commission des lois du Sénat a réintroduit la notion d'afflux important de population, mais sans la limiter exclusivement à la saison touristique. Cela correspond à une attente très importante des élus locaux.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter le sous-amendement n° 104 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 22.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement accepte l'amendement n° 22, sous réserve de l'adoption du sous-amendement n° 104 tendant à insérer, après les mots « afflux important de population », les mots « lié à la saison touristique ». Il importe de bien préciser, en effet, les hypothèses dans lesquelles les moyens effectifs de police municipale peuvent être mis en commun, et, dans l'esprit du Gouvernement, c'est bien cette hypothèse qui est visée dans l'article L. 2212-9 du code général des collectivités territoriales.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 104 ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. La commission émet un avis défavorable sur ce sous-amendement. En effet, un certain nombre d'élus nous ont fait part d'afflux importants de population, quelquefois non souhaités, qui créent une véritable contrainte et appellent une réponse momentanée. Certains ont évoqué, notamment, les rave parties , qui nécessitent, à l'évidence, la mobilisation d'un certain nombre de forces de police.
M. Alain Gournac. Et pas seulement pendant la saison touristique !
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Par conséquent, il est important que l'afflux important de population ne soit pas limité à la saison touristique.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 104.
M. Jean-Jacques Hyest Je demande la parole contre le sous-amendement.
M. le président. La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest. Le sous-amendement du Gouvernement est trop limitatif. La saison touristique peut se prolonger et, pour certains, il peut même y avoir plusieurs saisons. Des manifestations locales comme les grandes foires ou les pélerinages, notamment, peuvent donner lieu à de grands rassemblements de population qui ne sont pas liés à la saison touristique.
Dans ces cas-là également, monsieur le ministre, et conformément à l'esprit même de votre texte, ne peut-on admettre de renforcer les moyens et d'instaurer une coopération ? Cela me paraît possible.
Les rave parties ne me semblent pas être un bon exemple, pour en avoir connu une superbe dans notre département ! En effet, police municipale, police nationale et gendarmerie nationale ont vite été dépassées devant un afflux de 12 000 personnes dans un champ le 1er mai. De toute façon, les autorités n'ont pas le temps de réunir et de coordonner les forces de police.
En revanche, il existe d'autres manifestations qui sont de caractère culturel ou autres et qui réunissent une population importante. Dans ce cas, la coordination entre les polices municipales est souhaitable.
La définition que vous proposez, monsieur le ministre, est un peu trop restrictive. C'est pourquoi la commission des lois du Sénat préfère l'expression « afflux important de population », sans autre précision.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je suis favorable au sous-amendement du Gouvernement.
Les rassemblements de polices municipales de commune à commune provoquent chez moi, sans que je puisse en préciser la raison, une vague inquiétude. Aussi me semble-t-il souhaitable de bien préciser les cas dans lesquels ces rassemblements peuvent s'opérer.
Le texte adopté par l'Assemblée nationale est déjà large puisqu'il vise, notamment, les rassemblements à caractère culturel, récréatif ou sportif. Il convient de délimiter de façon précise, d'une part, les cas dans lesquels l'Etat peut intervenir en priorité et presque exclusivement, et, d'autre part, les cas dans lesquels il appartient aux polices municipales d'intervenir.
Lorsqu'il s'agit d'un rassemblement occasionnel imprévisible, ou que personne ne souhaitait - les rave parties par exemple - le maintien de l'ordre doit être assuré par l'Etat. Lorsqu'il s'agit, au contraire, d'un évènement prévisible qui intervient à titre annuel ou exceptionnel mais en présentant un caractère répétitif, le maintien de l'ordre revient aux polices municipales.
Je suis donc favorable à l'ajout proposé par le Gouvernement et concernant la référence à la saison touristique.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Si je conçois les interrogations de M. Peyronnet, je crois néanmoins que le sous-amendement du Gouvernement n'a plus d'objet. En effet, la commission des lois vise les cas dans lesquels les maires peuvent proposer au préfet d'accepter la mise en commun de leurs polices municipales. Cela signifie que, à l'évidence, l'autorisation du préfet est nécessaire.
Nous multiplions donc les possibilités de concertation entre les maires et l'Etat en vue d'apporter les meilleures réponses en matière de sécurité. Mais il appartient bien évidemment à l'Etat d'éviter les dérapages qui nourrissent la crainte, très légitime, que vous exprimez et que jepartage.
Nous estimons - M. Hyest l'a fortement indiqué tout à l'heure - que la formulation : « à l'occasion d'un afflux important de population lié à la saison touristique » pose bien évidemment un problème aux maires, qui vont se tourner vers le préfet pour proposer la mise en commun de moyens en vue d'apporter la réponse la plus efficace.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 104, repoussé par la commission.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je trouve cette rédaction un peu trop large. Le projet de loi adopté par l'Assemblée nationale vise expressément les manifestations exceptionnelles à caractère culturel, récréatif ou sportif, ou les catastrophes naturelles. S'agissant de l'« afflux important de population », prévu par l'amendement n° 22, j'avais souhaité qu'il soit « lié à la saison touristique ». Si tout cela ne suffit pas, c'est que l'on vise encore d'autres hypothèses. Lesquelles ? Que les bouches s'ouvrent !
Il me semble donc qu'il faut cadrer un peu l'action des préfets. Eux aussi ont besoin que la loi leur fixe un chemin, même s'ils peuvent naviguer un peu.
S'agissant des rave parties, c'est un problème difficile, même pour la police nationale.
M. Jean-Jacques Hyest. Ça, oui !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 22, qui est beaucoup trop général.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 23, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le second alinéa du texte présenté par l'article 5 pour insérer un article L. 2212-9 dans le code général des collectivités territoriales :
« Cette utilisation en commun des moyens et effectifs est autorisée par arrêté du représentant de l'Etat dans le département qui en fixe les conditions et les modalités au vu des propositions des maires des communes concernées. »
Par amendement n° 53, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le second alinéa du texte présenté par l'article 5 pour l'article L. 2212-9 du code général des collectivités locales, de remplacer les mots : « représentant de l'Etat dans le département » par le mot : « préfet ».
Je vous informe qu'en raison des votes intervenus l'amendement n° 53 n'a plus d'objet.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 23.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Cet amendement de clarification rédactionnelle vise à prendre en compte les propositions des maires. Il reprend d'ailleurs une disposition du projet de loi initial qui avait été supprimée par l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, modifié.

(L'article 5 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 5



M. le président.
Par amendement n° 98, M. Türk propose d'insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré dans le code général des collectivités territoriales un article L. 2212-10 ainsi rédigé :
« Art. L. 2212-10. - Les maires de communes limitrophes ou appartenant à une même agglomération peuvent être autorisés, par arrêté du représentant de l'Etat dans le département, à utiliser en commun, sur le territoire d'une ou plusieurs communes des moyens et des effectifs de leurs services de police municipale pour les missions liées à la prévention et à la surveillance du bon ordre, de la tranquillité et de la sécurité publique dans les transports en commun. Le cas échéant, les agents de police municipale signalent les infractions aux agents de police municipale territorialement compétents ou, à défaut, à l'officier de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie territorialement compétent.
« Une convention de coopération, conclue par les maires des communes concernées, précise les modalités de cette mise en commun. »
La parole est à M. Türk.
M. Alex Turk. Cet amendement vise une hypothèse non plus exceptionnelle, mais permanente. Il existe en effet un paradoxe que soulèvent les maires concernés par le problème des transports en commun.
Prenons le cas de plusieurs communes limitrophes ou appartenant à une même agglomération et confrontées à des difficultés identiques dans les mêmes transports en commun. Il est quelque peu curieux que le problème puisse être traité en cas d'hypothèse exceptionnelle et qu'il n'y ait pas de solution quand le mal est lancinant et permanent.
Pourquoi donc ne pas imaginer un système dans lequel les polices municipales pourraient être liées par une convention de coopération sur le territoire où s'exerce l'activité de transport en commun ? Cela permettrait d'éviter certaines situations absurdes : je pense, notamment, à cet égard, au cas d'un policier d'une commune qui doit descendre au prochain arrêt et ne peut donc intervenir en cas d'incident, et n'a qu'à espérer qu'un collègue de la commune voisine montera à l'arrêt suivant... Telle est exactement la situation actuelle !
Tout récemment, à l'occasion d'une réunion, quelques maires me faisaient observer que, compte tenu de l'accord de Schengen, il serait bientôt plus facile d'organiser la coopération entre les polices des différents pays - la police allemande pourra intervenir en France, et la police française en Italie, par exemple - que la coopération entre les polices municipales de plusieurs communes limitrophes dans une même agglomération.
Certes, cette remarque est peut-être un peu exagérée sur le plan juridique. Néanmoins, monsieur le ministre, ne serait-il pas possible de résoudre ce problème une fois pour toutes, en adoptant l'amendement n° 98 ? Ce dernier comporte d'ailleurs un certain nombre de conditions : une autorisation doit être accordée par le préfet représentant l'Etat dans le département ; une coopération doit être instaurée entre les communes ; enfin, les agents de police municipale n'interviendraient pas directement et saisiraient l'officier de police judiciaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. M. Türk a posé un vrai problème sur lequel la commission des lois souhaiterait entendre l'avis du Gouvernement.
Nous ne pouvons retenir cet amendement, qui dépasse le cadre de l'article 5 et qui, en outre, pose quelques problèmes rédactionnels, notamment en ce qui concerne l'exercice du pouvoir de police judiciaire et le renvoi à une convention.
Mais M. Türk nous a interpellés sur la capacité, pour les maires, de mettre en commun leurs effectifs de policiers municipaux, notamment pour assurer la surveillance dans les transports en commun, lesquels partent d'une commune pour arriver dans une autre. Faute d'unité de traitement, la territorialisation du pouvoir de police est mise à mal.
Alors que l'on évoque l'émergence de contrats locaux de sécurité, il paraît important de réfléchir à la possibilité, pour les maires, de mettre des effectifs à la disposition des services de transport en commun, scolaires ou autres, pour assurer la sécurité.
Certes, et nous le comprenons, un tel amendement ne peut être adopté en l'état. Toutefois, il paraît nécessaire, monsieur le ministre, soit que vous puissiez apporter une réponse à M. Türk et à l'ensemble du Sénat, soit que vous lanciez une réflexion pour tenter de remédier à cette question qui préoccupe nombre d'élus locaux.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Si l'amendement n° 98 pose certes un problème réel, il n'apporte cependant pas, à mon sens, la réponse qui convient.
En effet, on ne peut pas constituer des polices intercommunales permanentes. La sécurité dans les transports en commun ne peut pas relever du pouvoir de police du maire. Si plusieurs maires sont concernés, il faut alors, pour répondre au problème légitime posé, recruter des emplois-jeunes, trouver, en liaison avec les compagnies de transport en commun, des dispositions permettant une présence effective au sein des véhicules. Il faut qu'un certain nombre d'agents recrutés par les compagnies de transport en commun se tiennent en liaison étroite - le téléphone portable existe, que je sache - avec la police nationale.
Mais, en tout état de cause, ce problème ne relève pas des polices municipales.
Le Gouvernement ne peut donc pas vous suivre, monsieur le sénateur, bien que vous posiez un problème intéressant. Je vous invite par conséquent à explorer d'autres voies pour trouver les solutions adaptées. C'est possible.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Monsieur le ministre, votre réponse nous laisse sur notre faim. Si l'on prend l'exemple des transports scolaires départementaux, on s'aperçoit qu'un certain nombre d'associations de parents d'élèves, voire quelquefois de services de l'éducation nationale, sollicitent les collectivités locales pour qu'elles tentent d'apporter des réponses en matière de sécurité.
La solution - c'était tout l'intérêt de l'amendement déposé par M. Türk - consiste-t-elle à mettre à disposition du personnel municipal sous couvert de l'autorité organisatrice des transports ? Si oui, avec quelle forme de convention ? En tout cas, à l'évidence, placer des titulaires d'emplois-jeunes dans une situation qui est probablement la plus redoutable - c'est là, notamment la nuit, que la concentration des problèmes est quelquefois la plus forte - ne nous paraît pas répondre à l'exigence de sécurité du professionnalisme...
M. Alain Gournac. Tout à fait !
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. ... et aboutirait au contraire à mettre en difficulté ces jeunes, qui risqueraient d'être quelque peu brisés. (M. Gournac fait un signe d'assentiment.)
Un vrai problème est posé par M. Türk. Ne serait-il pas judicieux de réfléchir ensemble aux réponses que nous pourrions proposer aux élus locaux, afin de satisfaire des exigences qui sont aujourd'hui formulées non seulement par ceux-ci, mais aussi par les parents d'élèves, les associations d'usagers et un certain nombre de nos concitoyens ?
Votre réponse, monsieur le ministre, est certes conforme aux règles actuelles, mais elle ne me paraît pas satisfaisante.
M. François Trucy. Tout à fait !
M. Alain Gournac. Très bien !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je suis ouvert à toute suggestion permettant de résoudre le problème soulevé, mais pas au mépris d'un certain nombre de principes ! En particulier, les pouvoirs de police des maires doivent être clairement affirmés et défendus. Il me semble donc que cet amendement pourrait être retiré : nous essaierons de trouver une formulation satisfaisante au cours de la deuxième lecture.
M. le président. L'amendement n° 98 est-il maintenu, monsieur Türk ?
M. Alex Türk. Je veux bien le retirer, à condition que s'engage réellement par la suite une réflexion commune.
Je voudrais simplement indiquer que je partage l'avis de M. le rapporteur : il ne faut absolument pas confier ce travail de surveillance des transports en commun à des titulaires d'emplois-jeunes.
M. Alain Gournac. Surtout pas !
M. Alex Türk. Cela me paraît évident !
La seconde remarque que je voudrais faire est d'ordre général : le jour où la police municipale disparaîtra, c'est que tout ira bien. Je ne connais pas un seul maire qui crée une police municipale pour le plaisir de la passer en revue ! A chaque fois que la police municipale intervient quelque part, c'est parce qu'il y a un problème, une carence. Lorsque des maires, tels ceux de l'agglomération de Lille-Roubaix-Tourcoing, demandent à leurs policiers municipaux de se rendre régulièrement dans le métro, dont les lignes parcourent une dizaine de communes, c'est parce que de vrais problèmes se posent, que personne ne traite. La police municipale s'en charge parce que personne d'autre ne le fait.
M. Alain Gournac. Voilà la réalité !
M. Alex Türk. C'est la raison pour laquelle nous sommes confrontés à un problème pratique qu'il nous faut impérativement résoudre.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 98.
M. Maurice Lombard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lombard.
M. Maurice Lombard. J'ai malheureusement une certaine expérience de la sécurité dans les transports publics. Dans ce domaine, la solution proposée par M. Türk me paraît complètement inadaptée.
Les chauffeurs, que j'interroge souvent sur ce sujet, sont affirmatifs : lorsqu'un ivrogne monte dans un bus par erreur et insiste ensuite pour qu'on le dépose à son domicile, il ne s'agit pas d'une agression et, par conséquent, les chauffeurs n'ont besoin de personne pour les aider.
En revanche, lorsqu'il y a une réelle agression, ce délit échappe à l'autorité de la police municipale pour relever de la police d'Etat qui, seule, dans ce cas-là, peut procéder éventuellement à une arrestation ou à l'établissement d'un procès-verbal.
M. Alex Türk. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Türk.
M. Alex Türk. Comme je l'avais laissé entendre, je retire l'amendement n° 98.
M. le président. L'amendement n° 98 est retiré.
Par amendement n° 102 rectifié, MM. Seillier et Trucy proposent d'insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2213-17 du code général des collectivités territoriales est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Lorsque plusieurs communes ont en commun un ou plusieurs gardes champêtres, ceux-ci peuvent être suspendus ou révoqués conjointement par les maires des communes concernées. La suspension ne peut excéder la durée d'un mois.
« Lorsqu'un groupement de communes ou un établissement public ont recruté, dans les conditions fixées à l'alinéa 2, un ou plusieurs gardes champêtres, ceux-ci peuvent être révoqués ou suspendus conjointement par le maire de la commune concernée et le président du groupement ou de l'établissement public. La suspension ne peut excéder la durée d'un mois. »
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. L'article L. 414-23 du code des communes donne au maire le pouvoir de révoquer et de suspendre les gardes champêtres. Pour éviter d'introduire une incompatibilité entre ces dispositions et celles de l'article L. 2213-17 du code général des collectivités territoriales, il vous est proposé un article additionnel en deux alinéas.
Le premier vise à prévoir que, lorsque plusieurs communes ont en commun un ou plusieurs gardes champêtres, ceux-ci peuvent être suspendus ou révoqués conjointement par les maires des communes concernées.
Le second alinéa envisage la même solution dans le cas où un groupement de communes ou d'établissements public recrutent un ou plusieurs gardes champêtres.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 102 rectifié qui, à l'évidence, établit une correspondance entre le pouvoir de nomination prévu à l'article L. 2213-17 du code général des collectivités territoriales et le pouvoir de révocation ou de suspension, omis par ce même article.
Au nom de la cohérence et de l'équilibre, cet amendement paraît donc recevable à la commission des lois.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Nous traitons des polices municipales, et non des gardes champêtres ! En tout état de cause, en tant que fonctionnaires territoriaux, ces derniers sont régis par la loi du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale ainsi que par la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires. Ces deux textes prévoient les conditions dans lesquelles les mesures de suspension et de révocation peuvent être exercées par les autorités d'emploi.
Il n'y aurait donc, à mon avis, nul avantage à vouloir introduire ici des dispositions concernant les gardes champêtres.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 102 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.
Par amendement n° 103 rectifié, MM. Seillier et Trucy proposent d'insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 2213-19 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - La police des campagnes peut être exercée conjointement par le président du groupement de communes ou le président de l'établissement public et les maires des communes adhérentes. »
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Il s'agit d'organiser le pouvoir de police pour un groupement de communes ou un établissement public.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable : encore une fois, même si l'on se place dans la perspective de l'intercommunalité, le pouvoir de police appartient au maire et il ne peut être délégué à une structure intercommunale qui, comme vous le savez, est élue au deuxième degré.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Très bien !
M. le président. L'amendement n° 103 rectifié est-il maintenu ?
M. François Trucy. Il est retiré, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 103 rectifié est retiré.
Par amendement n° 59 rectifié, MM. Chérioux, Caldaguès et de La Malène proposent d'insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2512-16 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 2512-16. - Les personnels du service des parcs et jardins et les inspecteurs du service de sécurité de la ville de Paris sont autorisés à constater les infractions au règlement des parcs et promenades et au règlement général sur les cimetières de la ville de Paris. Les dispositions de l'article 48 du code de la santé publique sont applicables aux inspecteurs de salubrité ainsi qu'aux inspecteurs du service de sécurité de la ville de Paris commissionnés à ce titre. »
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Cet amendement a pour objet de combler un vide juridique dans la définition des pouvoirs de police de certains personnels de la Ville de Paris.
Le texte de l'article 9 de la loi de 1975 est rédigé comme suit : « Les personnels du service des parcs et jardins de la Ville de Paris sont autorisés à constater les infractions au règlement départemental sur les parcs et jardins de la Ville de Paris. Les dispositions de l'article 48 du code de la santé publique sont applicables aux inspecteurs de salubrité de la Ville de Paris. »
Mais une réforme est intervenue dans l'organisation des personnels de la Ville de Paris. Ainsi, les inspecteurs de sécurité, depuis 1996, relèvent de la direction de la prévention et de la protection. Ils ne sont donc plus habilités à constater ces infractions, puisqu'ils ne relèvent plus de la direction des parcs, jardins et espaces verts.
Par ailleurs, aucun agent de la Ville de Paris n'est habilité à dresser un procès-verbal pour infraction au règlement général sur les cimetières.
Enfin, dernier vide juridique, les inspecteurs de sécurité ne sont pas habilités à constater les infractions au règlement sanitaire départemental.
En conséquence, comme je viens de le dire, l'amendement n° 59 rectifié a pour objet d'adapter la législation aux besoins de police de la Ville de Paris.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. M. Chérioux reprend un argument qui avait été avancé par Mme de Panafieu à l'Assemblée nationale.
Nous avons étudié cette question avec beaucoup d'intérêt, notamment en relisant la réponse qu'avait alors apportée à notre collègue, M. le ministre de l'intérieur : « Je ne suis pas insensible à l'argumentation de Mme de Panafieu. S'agissant de la police de Paris, je tiens à réaffirmer clairement ma position : je suis pour le maintien de la responsabilité et de l'unité de la préfecture de police. »
C'était aussi la position de la commission des lois de l'Assemblée nationale, il faut que les choses soient claires !
Toutefois, vous ajoutiez, monsieur le ministre, que l'amendement présenté contribuait à améliorer l'entretien des espaces verts et que vous souhaitiez donc vous en remettre à la sagesse de l'Assemblée nationale.
La commission des lois du Sénat a pris acte du vide juridique dans lequel se trouvait une partie du personnel de la Ville de Paris. Elle a clairement affirmé qu'il était hors de question d'imaginer un seul instant que l'on pourrait remettre en cause l'unité de la préfecture de police et que, à l'évidence, compte tenu de la délinquance de proximité qui avait tendance à exploser dans les parcs et jardins, la réponse proposée par M. Chérioux dans son amendement n° 59 rectifié lui paraissait tout à fait appropriée.
C'est la raison pour laquelle la commission des lois a émis un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. J'avais été un moment séduit, je dois le dire, par l'argumentation de Mme de Panafieu.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Ce n'est pas la même séduction ! (Sourires.)
M. Jean Chérioux. Et pas par la mienne ? (Nouveaux sourires.)
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Toutefois, entre l'intervention de Mme de Panafieu et celle de M. Chérioux, il s'est écoulé un certain temps et, à la réflexion, il m'est apparu que l'on tentait peut-être de réintroduire la notion de police municipale à Paris par la petite porte du square ou du cimetière !
Il faut être très clair, car je ne veux pas introduire un élément d'ambiguïté dans ce débat : je ne suis pas favorable à cet amendement.
Je prix M. Chérioux de bien vouloir excuser ma réponse, qui lui paraîtra en retrait par rapport à celle que j'avais faite à Mme de Panafieu. Mais cette différence est essentiellement due au fait que j'ai eu le temps de la réflexion !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 59 rectifié.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Il y a des parcs partout, il y a même des cimetières partout : à Limoges, nous avons même l'un des plus grands de France. Si nous y faisons parfois du cinéma avec de grands cinéastes - Chéreau, en particulier - nous n'y créons cependant guère de troubles !
Quoi qu'il en soit, c'est un problème général, et je comprends bien qu'il soit soulevé par un représentant de la Ville de Paris.
Cependant, l'objet du texte que nous examinons est autre et cet amendement me paraît constituer un cavalier. La question devrait plutôt être traitée dans un projet de loi type « PLM », voire dans un projet de loi portant diverses dispositions concernant la fonction publique territoriale.
Cela étant, je suis un peu irrité par le fait que Paris ait voulu un statut particulier et dérogatoire pour son personnel : c'est ainsi que le maire de Paris peut, notamment, embaucher des énarques, contrairement aux maires des autres grandes villes. On ne peut pas tout avoir : vouloir être traité à part et profiter des textes de droit commun pour avancer des propositions constituant des avancées dans un statut pourtant dérogatoire. Je suis donc contre la proposition de M. Chérioux.
En tout cas, la disposition que nous propose M. Chérioux est tout à fait marginale par rapport au sujet qui nous occupe aujourd'hui.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Monsieur le ministre, je comprends tout à fait que vous soyez plus sensible au charme de Mme de Panafieu qu'au mien - j'en suis même très content - mais il n'en reste pas moins que la réflexion que vous avez menée entre le moment où ce texte a été discuté à l'Assemblée nationale et aujourd'hui va à l'encontre de ce que je recherche au travers de cet amendement.
Vous craignez que, par le biais d'une disposition telle que celle que je vous propose, nous fassions un pas vers la création d'une police municipale pour la Ville de Paris, retirant ainsi des pouvoirs au préfet de police. N'ayez pas d'inquiétude : ce n'est absolument pas ce que nous visons. Au demeurant, si tel était le cas, soyez assuré que, compte tenu de mes convictions personnelles, jamais je n'aurais défendu cet amendement, parceque je suis opposé à l'instauration d'une police municipale à Paris.
Cet amendement, je l'ai défendu parce qu'il correspond à un besoin et parce qu'il n'est que la conséquence d'une modification intervenue dans l'organisation de la Ville de Paris : la loi de 1975 autorisait les personnels des services des parcs et jardins de Paris à constater les infractions, mais ces personnels ne dépendent plus aujourd'hui de la même direction et ils n'ont donc, de ce fait, plus le droit de constater lesdites infractions. Cette situation, reconnaissez-le, est quand même anormale ! C'est justement pour mettre un terme à cette anomalie que j'ai défendu l'amendement n° 59 rectifié.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 59 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Article 6



M. le président.
« Art. 6. _ L'article L. 412-49 du code des communes est ainsi rédigé :
« Art. L. 412-49 . _ Les fonctions d'agent de police municipale ne peuvent être exercées que par des fonctionnaires territoriaux recrutés à cet effet dans les conditions fixées par les décrets en Conseil d'Etat prévus à l'article 6 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale.
« Ils sont nommés par le maire après avoir été agréés par le représentant de l'Etat dans le département et le procureur de la République, puis assermentés.
« L'agrément peut être retiré temporairement ou définitivement par le représentant de l'Etat dans le département ou le procureur de la République après consultation du maire. »
Je suis d'abord saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 24, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le deuxième alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 412-49 du code des communes :
« Ils sont nommés par le maire, agréés par le procureur de la République, puis assermentés. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 105, présenté par le Gouvernement, et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° 24 pour le deuxième alinéa de l'article L. 412-49 du code des communes, après le mot : « agréés », à insérer les mots : « par le représentant de l'Etat dans le département et ».
Par amendement n° 65 rectifié ter , MM. About et Trucy proposent, dans le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, de supprimer les mots : « le représentant de l'Etat dans le département ».
Par amendement n° 54 rectifié, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, de remplacer les mots : « représentant de l'Etat dans le département » par le mot : « préfet ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 24.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Cet amendement a trait à l'agrément.
Le Gouvernement, dans le projet de loi initial, a proposé un double agrément pour les agents de police municipale, dans la mesure où ils exercent à la fois des activités de police administrative, ce qui implique, à ses yeux, l'agrément du préfet, et des activités de police judiciaire, ce qui implique celui du procureur de la République.
Actuellement, les policiers municipaux n'ont besoin que d'un seul agrément, celui du procureur de la République. L'Assemblée nationale l'avait d'ailleurs elle-même souhaité en 1982, au moment de la discussion des lois de décentralisation. A l'époque, le rapporteur de ces lois, M. Alain Richard, qui défendait au Palais-Bourbon cette proposition, avait justifié l'agrément du procureur de la République comme la garantie à la fois de l'honorabilité des agents concernés et de l'impartialité du contrôle. Il ne s'agissait donc pas de vérifier la capacité professionnelle des intéressés à exercer des fonctions de police municipale !
La commission a bien évidemment accepté l'assermentation. Mais, à partir du moment où nous donnons au préfet le pouvoir de négocier la convention de coordination - et c'est bien le rôle du représentant de l'Etat que de veiller à ce que les moyens de police sur le territoire dont il a la charge soient le mieux coordonnés possible - je ne vois pas au nom de quoi il conviendrait d'ajouter l'agrément du préfet, à celui du procureur de la République, qui, encore une fois, ne porte que sur l'honorabilité.
Le Gouvernement a d'ailleurs été sensible à notre argument : plutôt que de redemander un nouvel agrément pour les 13 000 agents actuellement en place - c'est-à-dire plutôt que de solliciter 13 000 fois le préfet, qui aurait dû lui-même à nouveau solliciter le procureur alors que l'agrément avait été accordé par ce dernier - il nous paraît préférable de faire prévaloir le bon sens et de respecter ce qui fonctionne bien actuellement.
C'est la raison pour laquelle la commission vous propose d'adopter cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter le sous-amendement n° 105 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 24.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n° 24, à moins que M. Delevoye accepte le sous-amendement n° 105 qui rétablit le double agrément par le procureur de la République et par le représentant de l'Etat dans le département.
Les missions de police administrative des agents de police municipale sont fortement affirmées par le projet de loi. Il s'agit de consacrer leur participation à la sécurité générale, en particulier à la sécurité de proximité, comme je vous l'ai dit dans la discussion générale.
L'agrément par le préfet se justifie donc pleinement, cependant que l'agrément du procureur de la République doit être maintenu, compte tenu de l'extension des compétences de police judiciaire de ces agents.
J'ajoute que ce double agrément sera un élément de la reconnaissance de la fonction et qu'il conférera une légitimité renforcée aux agents de police municipale.
Ai-je besoin d'insister sur le fait qu'en matière d'ordre public c'est le préfet qui assume en dernier ressort la responsabilité ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je maintiens la position de la commission des lois. J'ai d'ailleurs oublié d'avancer un argument en faveur de l'amendement n° 24 : l'Assemblée nationale a cru bon de préciser - et son intention était louable - que l'agrément interviendrait après la nomination des agents, estimant qu'il ne fallait pas engager des frais de formation inutiles et qu'il fallait d'abord solliciter l'agrément, puis nommer, puis former, puis assermenter. Mais, juridiquement, ce n'est pas possible car on ne peut pas donner un agrément à un fonctionnaire inscrit sur une liste d'aptitude nationale puisqu'on ne sait pas sur quel territoire il exercera sa profession.
La commission des lois réaffirme donc que l'agrément du préfet apparaît inutile par rapport à la situation actuelle, qu'à l'évidence la loi réalise surtout une extension de pouvoir en matière de police judiciaire et que, bien évidemment, il convient de revenir à ce qui est la seule solution juridiquement acceptable, à savoir d'abord la nomination, puis l'agrément, puis l'assermentation.
La commission des lois, dans un autre amendement, proposera d'ailleurs de fixer le délai d'agrément à deux mois, de façon qu'il intervienne à une date la plus proche possible de la nomination et d'une formation par le CNFPT et afin qu'il n'y ait ni frustration pour les agents qui se verraient refuser l'agrément ni formation inutile.
M. le président. L'amendement n° 65 rectifié ter est-il maintenu ?
M. François Trucy. A l'instar de M. About, qui a retiré l'amendement n° 64, je le retire, ainsi que, par avance, l'amendement n° 66 rectifié.
M. le président. L'amendement n° 65 rectifié ter est retiré.
Par ailleurs, compte tenu des votes déjà intervenus, l'amendement n° 54 rectifié n'a plus d'objet.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 105.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je suis favorable à ce sous-amendement et, par voie de conséquence, défavorable à l'amendement n° 24, qu'il faut d'ailleurs relier, pour bien le comprendre, à l'amendement n° 25. En effet, d'une part, on supprime le double agrément et, d'autre part, on prévoit un agrément tacite par le procureur dans un délai fixé à trois mois.
Comme je l'ai dit dans mon intervention liminaire, c'est très dangereux. En effet, compte tenu de l'encombrement bien connu des juridictions, dans certains cas les maires seront appelés à prendre des décisions sans avoir vraiment de proposition du préfet ni même du procureur.
Voilà pourquoi on ne peut qu'approuver le sous-amendement du Gouvernement, c'est-à-dire le retour au texte initial.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 105, repoussé par la commission.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 25, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, après le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« L'agrément est délivré par le procureur de la République dans un délai de deux mois à compter de la demande du maire. Passé ce délai, ou à l'issue d'un délai de trois mois si le procureur de la République demande un délai supplémentaire d'un mois, l'agrément est réputé délivré. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Monsieur Peyronnet, à l'évidence, nous souhaitons que la nomination du fonctionnaire soit la plus proche possible de la formation, mais aussi que l'agrément soit délivré par le procureur de la République dans un délai de deux mois.
Le procureur de la République doit cependant avoir la faculté, notamment en cas de transfert d'un département à un autre, de demander un délai supplémentaire.
Je rappelle que le procureur de la République dispose toujours de la faculté de retirer l'agrément, même en cas d'accord tacite au bout de trois mois. Mais nous sommes convaincus, les uns et les autres, que l'efficacité de l'Etat est telle que les délais seront respectés !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Toujours sur l'article 6, je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 26, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans le dernier alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, de remplacer les mots : « temporairement ou définitivement par le réprésentant de l'Etat dans le département ou » par le mot : « par ».
Par amendement n° 109 rectifié, le Gouvernement propose, dans le troisième alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, de supprimer les mots : « temporairement ou définitivement ».
Par amendement n° 66, rectifié, MM. About et Trucy proposent, dans le troisième alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, de supprimer les mots : « le représentant de l'Etat dans le département ».
Par amendement n° 60, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le dernier alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, de remplacer les mots : « représentant de l'Etat dans le département » par le mot : « préfet ».
L'amendement n° 66 rectifié a été précédemment retiré.
Quant à l'amendement n° 60, il n'a plus d'objet.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 26.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Cet amendement a deux objets : supprimer la possibilité du retrait temporaire de l'agrément pour éviter les confusions avec les procédures disciplinaires et, par coordination, prendre en compte la suppression de l'agrément par le préfet.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 109 rectifié et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 26.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. La commission voit bien, tout comme moi-même, la difficulté du retrait temporaire : un agrément est ou n'est pas retiré. Bien que je partage le point de vue de la commission à cet égard, je ne peux cependant pas accepter son amendement dès lors que le double agrément n'est pas rétabli.
Dans ce domaine, c'est le préfet qui assume la responsabilité de l'ordre public. Un agrément tacite au niveau du procureur ne saurait suffire en matière d'ordre public.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 109 rectifié n'a plus d'objet.
Par amendement n° 74, MM. Vasselle et Ostermann proposent, dans le dernier alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes, de remplacer le mot : « consultation » par le mot : « avis ».
L'amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 27, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de compléter le dernier alinéa du texte présenté par l'article 6 pour l'article L. 412-49 du code des communes par une phrase ainsi rédigée : « Le maire peut alors proposer un reclassement dans un autre cadre d'emplois dans les mêmes conditions que celles prévues à la section III du chapitre VI de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée, à l'exception du second alinéa de l'article 81. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Permettez-moi, tout d'abord, de revenir sur ce que vous disiez à l'instant, monsieur le ministre.
Comme en témoigne l'article 20, vous souhaitez ne pas rappeler l'ensemble des policiers municipaux pour solliciter un nouvel agrément. Cela signifie donc que vous donnez force à l'actuel agrément, qui est donné par le procureur. La commission des lois a simplement souhaité garder cette logique, en reconnaissant au procureur la capacité d'agréer les policiers municipaux.
J'en viens à l'amendement n° 27.
L'Assemblée nationale a supprimé la faculté pour le maire de proposer un reclassement. Nous avons estimé que c'était rendre la situation plus difficile et pour le personnel, et pour le maire, qui se retrouve avec un fonctionnaire qu'il ne peut absolument pas reclasser dans un autre service.
D'où cet amendement, qui vise à offrir une troisième voie entre l'obligation de garder dans le même emploi un agent qui ne pourrait plus continuer à exercer ses fonctions et la révocation ou la mise à la retraite d'office. Cette mesure, qui nous paraît sage et raisonnable, est conforme à l'intérêt du fonctionnaire.
Par ailleurs, nous avons ajouté une clause visant à ce que ce reclassement ne soit pas subordonné à la demande de l'intéressé, contrairement à ce qui est prévu par la loi du 26 janvier 1984 en cas d'inaptitude physique.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 6, modifié.

(L'article 6 est adopté.)

Article 7



M. le président.
« Art. 7. _ La sous-section 1 de la section 5 du chapitre II du titre Ier du livre IV du code des communes est complétée par un article L. 412-51 ainsi rédigé :
« Art. L. 412-51 . _ Les agents de police municipale ne sont pas armés. Toutefois, lorsque la nature de leurs missions et des circonstances particulières le justifient, le représentant de l'Etat dans le département peut les autoriser nominativement, sur demande motivée du maire, à porter une arme de quatrième ou sixième catégorie sous réserve de l'existence d'un règlement de coordination mentionné à l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales.
« Un décret en Conseil d'Etat précise, par type de mission, les circonstances et les conditions dans lesquelles les agents de police municipale peuvent porter une arme. Il détermine, en outre, les types d'armes susceptibles d'être autorisés, leurs conditions d'acquisition et de conservation par la commune, les conditions de leur utilisation par les agents et les modalités de la formation que ces derniers reçoivent à cet effet. »
Je suis d'abord saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 28, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par cet article pour insérer un article L. 412-51 dans le code des communes :
« Lorsque la nature de leurs interventions ou les circonstances le justifient, les agents de police municipale peuvent être autorisés nominativement par le représentant de l'Etat dans le département, sur demande motivée du maire, à porter une arme, sous réserve de l'existence d'une convention prévue par l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 83, présenté par M. Othily, et qui a pour objet, dans le texte proposé par l'amendement n° 28 pour le premier alinéa de l'article L. 412-51 du code des communes, de supprimer les mots : « Lorsque la nature de leurs interventions ou les circonstances le justifient, ».
Par amendement n° 55, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le premier aliéna du texte présenté par l'article 7 pour l'article L. 412-51 du code des communes, de remplacer les mots : « représentant de l'Etat dans le département », par le mot : « préfet ».
Compte tenu des votes précédemment intervenus, l'amendement n° 55 n'a plus d'objet.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 28.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. La commission, compte tenu de l'équilibre qu'elle a voulu instaurer dès le départ entre le préfet et le maire, a souhaité, bien évidemment, que les moyens dont disposeraient les policiers municipaux soient conformes aux missions qui leur seraient confiées.
Cet amendement a quatre objets : premièrement, éviter de poser le principe du désarmement ; deuxièmement, lier de manière très pragmatique l'armement à la nature des interventions des polices municipales et aux circonstances ; troisièmement - nous l'avions évoqué lors de la discussion générale - supprimer la référence aux catégories d'armes, dont la classification actuelle est obsolète et doit être, selon nous, adaptée aux normes européennes ; quatrièmement, continuer à affirmer le principe qui figurait dans le projet initial, selon lequel, à défaut de convention de coordination, l'armement n'est pas possible.
M. le président. La parole est à M. Othily, pour défendre le sous-amendement n° 83.
M. Georges Othily. Les agents de police municipale pourront être autorisés nominativement par le représentant de l'Etat à porter une arme lorsque, bien évidemment, la nature de leur intervention ou les circonstances le justifieront. Mais il ne faut pas que cette condition soit posée, de prime abord, comme un principe.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 83 ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Dans la discussion générale, M. le ministre a indiqué que la marge entre la position de la commission des lois et la sienne était très faible, bien que le problème de la frontière entre non-armement et armement ait été largement médiatisé.
En effet, chacun se plaît à reconnaître qu'on ne pourra pas revenir sur les situations actuelles et qu'il convient donc de doter les policiers municipaux d'un matériel susceptible de leur permettre de faire face à leurs missions et aux dangers qu'elles comportent.
Notre amendement nous paraît correspondre à l'esprit de la convention de coordination et à la délivrance de l'accord par le représentant de l'Etat d'armer sur demande motivée du maire.
Je signale d'ailleurs, à cet égard, que le pourcentage, évoqué par M. le ministre, selon lequel 37 % seulement des polices municipales seraient armées est à relativiser. En effet, sur quelque 3 000 communes, 1 400 ont un seul agent. Ne sont donc concernées par l'armement qu'une catégorie de brigades de police, pour lesquelles le pourcentage est, dès lors, beaucoup plus élevé.
Quant au sous-amendement, il affiche un principe beaucoup plus large puisque les agents de police municipale pourraient être armés quelles que soient les circonstances et les interventions, c'est-à-dire en toute circonstance. Ce serait déséquilibré par rapport à notre position.
D'où un avis défavorable de la commission.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 28 et sur le sous-amendement n° 83 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 83, qui vide complètement le texte de sa substance en posant le principe d'un armement sans condition.
Quant à la commission, par son amendement, elle renverse en quelque sorte le principe du non-armement, auquel il était immédiatement apporté la possibilité de déroger, sur demande du maire, dès lors que des missions particulières le justifiaient.
Le texte posait un principe et il définissait une responsabilité. Si je puis dire : il « tenait la route ».
L'amendement n° 28 ne tient pas compte de la réalité, qui est que, dans les deux tiers des cas, les polices municipales ne sont pas armées. Certains sénateurs-maires ont expliqué, à cette tribune les raisons pour lesquelles ils n'armaient pas leur police municipale. C'est toujours un risque que prend un maire que d'armer des policiers municipaux.
Il n'est qu'à voir ce qui s'est passé, hier, dans un département du sud-est que je ne nommerai pas. Un policier municipal est intervenu, en dehors de la commune où il avait été recruté, pour effectuer une interpellation. Peut-être parce qu'il se sentait en état de légitime défense - je veux bien le croire - il a, faisant usage de son arme, blessé un passager. Celui-ci n'était peut-être pas un saint, c'est fort possible, mais n'en est pas moins posé ainsi le problème de la responsabilité des maires.
La rédaction proposée initialement dans le projet tenait davantage compte de la réalité. Donc, même si l'on peut arriver à des résultats sans doute voisins, mieux vaut en rester au principe qui correspond le mieux à la réalité, en prévoyant la possibilité de dérogations.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 28.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. En l'état actuel de la législation, il est possible d'armer la police. Le fait que cette faculté soit utilisée dans une proportion de 37 %, est, à mes yeux, probant. On peut faire confiance à la sagesse des élus locaux, sagesse que la convention de coordination renforcera encore.
Telle est la raison pour laquelle nous maintenons l'amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 83, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 28.
M. Philippe Marini. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. J'ai écouté avec une grande attention les propos de M. le rapporteur et la réponse de M. le ministre et j'avoue ne vraiment pas comprendre quel est le raisonnement suivi par le Gouvernement dans cette affaire.
Vous nous avez dit, monsieur le ministre, que certaines polices municipales ne sont pas armées et que tel est le cas dans un très grand nombre de communes. Par conséquent - c'est le second terme de votre raisonnement - il faut poser le principe du non-armement des polices municipales. Voilà ce que j'ai entendu, et j'avoue que je ne comprends pas ce raisonnement.
Vous avez appuyé vos arguments par la relation d'un événement récent, extrêmement regrettable certes, mais que vous avez un peu monté en épingle à ce moment du débat.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Pas du tout !
M. Philippe Marini. Monsieur le ministre, alors qu'un certain nombre de polices municipales étaient armées, puisque vous avez dit que c'était le cas de 37 % d'entre elles - mais encore faudrait-il savoir quelle est cette proportion en milieu urbain - combien d'incidents de cette nature a-t-on dénombrés ces dix dernières années ?
Dieu merci, les polices municipales, dans l'infinie majorité des situations, sont bien encadrées, bien commandées et ne se livrent pas à ce type de débordements.
J'ajouterai encore qu'il serait souhaitable qu'une réflexion de fond soit menée avant que ne soient armés des personnels jeunes, dénommés auxiliaires de sécurité, qui seront affectés dans tous nos commissariats de police. En effet, on pourrait vous demander à quel titre ces auxiliaires de sécurité seraient nécessairement armés alors que le principe du non-armement des polices municipales serait inscrit dans la loi.
Pour ma part, je suis loin, vous le savez, d'être un jusqu'au-boutiste sur ce point. La ville dont je suis maire est d'ailleurs dotée d'une police municipale qui n'est pas armée, car cela ne me semble pas nécessaire eu égard aux circonstances locales. Néanmoins, je préfère infiniment la rédaction proposée par notre rapporteur. En effet, je souhaite que l'on ne pose pas le principe du non-armement avant d'énoncer qu'il pourra y être dérogé.
La démarche de la commission ne me semble pas, au fond, vraiment très éloignée de la vôtre, monsieur le ministre, mais sa rédaction est beaucoup plus claire, puisqu'elle précise : « Lorsque la nature de leurs interventions ou les circonstances le justifient, les agents de police municipale peuvent être autorisés... à porter une arme... ». Voilà une formulation législative très correcte. C'est un bon texte, ce qui ne m'étonne pas, car la commission des lois a une vision très cohérente du sujet et ce qui se conçoit bien s'énonce clairement.
En tout cas, la proposition qui nous est faite, très claire, va droit au but, contrairement au texte du Gouvernement.
M. Christian Demuynck. Très bien !
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Ma position est tout à fait l'opposé de celle de M. Marini, et à pour des raisons qui tiennent également à la clarté de la rédaction. Prévoir que les polices municipales ne sont pas armées, c'est poser un principe tout aussi clair !
M. Marini nous dit, et on peut très bien le comprendre, qu'il a une police municipale, mais qu'elle n'est pas armée. La rédaction du Gouvernement est plus rigoureuse et freine la course à l'armement, ne serait-ce que parce que le Gouvernement au lieu de : « ou les circonstances » proposait : « et les circonstances », ce qui ajoute une condition supplémentaire.
Le texte du Gouvernement protège les maires. Si, en effet, dans une police municipale, un, deux ou trois agents poussent, par leur organisation, à l'armement, ils pourront s'appuyer plus facilement sur un texte qui pose en principe que l'armement est autorisé. Ils auront au contraire plus de mal à convaincre le maire de les armer si le droit commun est le non-armement, l'armement étant dérogatoire. C'est pourquoi je suis défavorable à l'amendement n° 28.
M. Michel Duffour. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Duffour.
M. Michel Duffour. La position de M. le ministre me paraît aussi plus convaincante que celle de M. le rapporteur.
Nous disposons de données indiquant que près des deux tiers des polices municipales ne sont pas armées ; elles doivent constituer le point de départ de notre réflexion.
Si, dans une commune, le besoin d'armer la police municipale se fait sentir, le texte proposé par le Gouvernement, qui est un texte ouvert et d'apaisement, permettra une réflexion supplémentaire avant qu'il soit procédé à l'armement. Je crois donc que la voie de la sagesse est de suivre M. le ministre.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 29, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans la seconde phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 7 pour insérer un article L. 412-51 dans le code des communes, après les mots : « en outre », d'insérer les mots : « les catégories et ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit de rétablir le texte du projet de loi initial, qui renvoyait au décret la détermination des catégories d'armes autorisées.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il faut être cohérent avec l'amendement n° 28. Or, introduire les catégories ne l'est pas. Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 29.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 30, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, après les mots : « conservation par la commune » de rédiger ainsi la fin de la seconde phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 7 pour insérer un article L. 412-51 dans le code des communes : « et les conditions de leur utilisation par les agents ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit d'un amendement formel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 31, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de compléter in fine le second alinéa du texte présenté par l'article 7 pour insérer un article L. 412-51 dans le code des communes par une phrase ainsi rédigée : « Il précise les modalités de la formation que ces derniers reçoivent à cet effet. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de clarification rédactionnelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 31, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 7, modifié.

(L'article 7 est adopté.)

Article 8



M. le président.
« Art. 8. _ La sous-section 1 de la section 5 du chapitre II du titre Ier du livre IV du code des communes est complétée par un article L. 412-52 ainsi rédigé :
« Art. L. 412-52 . _ La carte professionnelle, la tenue, la signalisation des véhicules de service et les types d'équipement dont sont dotés les agents de police municipale sont identiques dans toutes les communes et de nature à n'entraîner aucune confusion avec ceux utilisés par la police nationale et la gendarmerie nationale. Leurs caractéristiques ainsi que les catégories et les normes techniques des équipements sont fixées par décret après avis de la commission consultative des polices municipales prévue à l'article L. 2212-7 du code général des collectivités territoriales.
« Le port de la carte professionnelle et celui de la tenue sont obligatoires pendant le service. »
Par amendement n° 32, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par cet article pour insérer un article L. 412-52 dans le code des communes, de remplacer les mots : « sont identiques dans toutes les communes et de nature à n'entraîner » par les mots : « présentent des caractéristiques telles qu'elles ne peuvent entraîner ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. L'article 8 a fait l'objet d'une réflexion approfondie en commission. Au lieu de l'obligation, prévue par le projet de loi initial et soutenue par l'Assemblée nationale, d'imposer une tenue et des équipements identiques à toutes les polices municipales, la commission a retenu un principe très clair : tout mettre en oeuvre pour éviter toute confusion entre polices municipales, police nationale et gendarmerie.
En conséquence, elle s'est prononcée contre l'obligation d'une uniformisation sur tout le territoire des équipements et des tenues des polices municipales. Sans être identiques, car il y a quelquefois quelques critères d'identification communale, ces tenues et équipements devront néanmoins présenter des caractéristiques communes permettant une claire identification des polices municipales ; cela fera d'ailleurs l'objet de l'avis rendu par la commission consultative.
Tel est l'objet de l'amendement n° 32.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
En effet, nous pensons qu'il est nécessaire de pouvoir identifier facilement les uniformes dont sont dotés les agents de police municipale et que la normalisation de leurs équipements est également souhaitable. Quitte à prévoir des délais, il faut tendre vers une identification aisée des policiers municipaux.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 32.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. J'ai déjà expliqué, au cours de la discussion générale, pourquoi j'étais hostile à la proposition de la commission.
En effet, je crois qu'il est très important, même si cela paraît un détail en apparence, que l'on puisse savoir très facilement sur l'ensemble du territoire par qui l'on est contrôlé, s'il s'agit de la police nationale, de la police municipale ou de la gendarmerie. Il me semble donc indispensable de prévoir, plus qu'un insigne ou une casquette, une tenue spécificique et identique pour toutes les polices municipales afin qu'il n'y ait aucune ambiguïté.
Nous sommes là non pas devant un problème de centralisation, mais devant un problème d'identification, et donc de liberté publique.
J'ajoute que les raisons qui ont été avancées, notamment, outre la centralisation, le coût, semblent de fausses raisons. Je ne sais pas de combien de tenues les policiers municipaux sont annuellement dotés, mais les chauffeurs en reçoivent au moins deux. Le renouvellement des tenues sera donc très rapide et le coût pour les communes assez peu élevé.
M. Philippe Marini. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. Je ne suis pas convaincu par ce que je viens d'entendre. Peut-être relève-t-on parfois, en certains endroits, quelques pratiques contestables, mais, d'une manière générale, nos concitoyens savent très bien à quoi s'en tenir : les véhicules sont identifiés « police municipale », les insignes figurent sur les uniformes et il ne me semble pas que, dans l'esprit des gens, il y ait de réelles confusions ou de risques de confusion là où la police municipale est active sur le terrain.
La commission se borne à proposer des caractéristiques telles qu'elles ne prêtent pas à confusion. Cela est suffisant ; la « nationalisation » des uniformes des policiers municipaux ne s'impose pas.
En outre, je ne suis pas de l'avis de l'orateur précédent s'agissant du coût de la mesure. En effet, pour les communes petites ou moyennes, le renouvellement de ces dotations est certainement loin d'être négligeable. Je ne crois pas que ce soit une bonne chose que d'inciter les élus locaux à gaspiller des fonds publics.
M. Maurice Lombard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lombard.
M. Maurice Lombard. Mon premier souci, que je souhaite faire partager au plus grand nombre de mes collègues, est que les policiers municipaux puissent être identifiables dans toute la France au premier coup d'oeil.
J'ai toujours craint que des truands mal informés, ne sachant pas que les policiers municipaux sont sans armes, ne les tirent comme des pigeons à l'issue d'un braquage ou au cours de la réalisation d'un autre acte de banditisme.
Par ailleurs, les malfaiteurs n'étant pas forcément impliqués dans la vie locale, ils ne connaissent pas nécessairement l'uniforme retenu par le maire de la commune dans laquelle ils opèrent.
Par conséquent, il faut que l'identification de ces personnels soit nationale.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Nous donnons satisfaction à M. Lombard. En effet, la commission des lois propose que les tenues des agents de police municipale « présentent des caractéristiques telles qu'elle ne peuvent entraîner aucune confusion » avec celles des personnels nationaux. Il reviendra à la commission consultative de fixer les critères communs, de façon à renforcer ces caractéristiques d'uniformisation.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 32, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 95, M. Demuynck propose, après les mots : « fixées par décret », de supprimer la fin de la seconde phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 8 pour l'article L.412-52 du code des communes.
Par amendement n° 33, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans la seconde phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 8 pour insérer un article L.412-52 dans le code des communes, après le mot : « décret », d'insérer les mots : « en Conseil d'Etat ».
L'amendement n° 95 n'a plus d'objet, compte tenu des votes précédemment intervenus.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 33.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Nous proposons de revenir au texte initial du projet de loi qui prévoit le renvoi à un décret en Conseil d'Etat plutôt qu'à un décret simple.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 96, M. Demuynck propose, dans le second alinéa du texte présenté par l'article 8 pour l'article L. 412-52 du code des communes, après les mots : « carte professionnelle », de remplacer les mots : « et celui de la tenue sont obligatoires », par les mots : « est obligatoire ».
La parole est à M. Demuynck.
M. Christian Demuynck. Avant de défendre cet amendement, je souhaiterais formuler une observation. M. le ministre a déclaré tout à l'heure que suivre M. Demuynck ne serait pas véritablement digne du Sénat. Je n'ai pas voulu lui répondre tout de suite car je voulais vérifier auprès des services. Ayant eu confirmation de ces propos, je tiens à vous dire, monsieur le ministre, que mes propositions sont au moins aussi dignes que les vôtres.
Pour en revenir à l'amendement n° 96, comme vous le savez, monsieur le ministre, les policiers municipaux effectuent de nombreuses missions de natures très différentes. Certaines d'entre elles, dans un souci d'efficacité, doivent être pratiquées en civil, notamment lorsqu'il s'agit de problèmes de voisinage ou d'aller à la rencontre de familles, de jeunes qui habitent dans des quartiers difficiles.
Vous en conviendrez, j'en suis certain, il est très difficile pour un policier municipal d'aller enquêter en tenue dans de tels cas. C'est la raison pour laquelle je propose de supprimer l'obligation qui est faite aux policiers municipaux d'exercer toujours leurs fonctions en tenue.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. La commission est défavorable à cet amendement, car les agents de police municipale n'ont pas un pouvoir d'enquête judiciaire et n'ont donc pas à exercer en civil.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur Demuynck, votre proposition m'étonne. L'exercice de l'autorité implique une tenue de service. Mais j'ai bien entendu l'argument de certains orateurs concernant notamment le coût des uniformes.
A Belfort, j'ai créé une police municipale. L'uniforme des agents est gris perle. Je devrais certainement harmoniser cette tenue avec celle qui sera retenue par la commission consultative dont nous solliciterons l'avis.
Lors de l'examen de ce projet de loi à l'Assemblée nationale, nous avons envisagé un bleu qui ne se confondrait ni avec le bleu roi des uniformes de la gendarmerie nationale, ni avec le bleu de ceux de la police nationale, encore moins avec le bleu très sombre des membres du RAID ou des unités spécialisées de la police.
Faire intervenir les policiers municipaux en civil me paraît très dangereux et je ne peux qu'être défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 96, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'article 8, modifié.

(L'article 8 est adopté.)

Article 8 bis



M. le président.
« Art. 8 bis. _ Une dotation exceptionnelle de premier équipement est attribuée aux communes pour faire face aux dépenses consécutives à l'application de l'article L. 412-52 du code des communes, prélevée sur le montant global de la fraction des amendes de police attribuée aux communes. »
Par amendement n° 34, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. C'est un amendement de cohérence.
A partir du moment où nous ne retenons pas l'obligation de l'uniformisation des tenues des policiers municipaux, l'effort financier qu'évoquait M. Marini disparaît. Nous proposons donc la suppression de l'article 8 bis qui a pour objet d'instituer une dotation exceptionnelle de premier équipement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 8 bis estsupprimé.

Article 9



M. le président.
« Art. 9. _ La sous-section 1 de la section 5 du chapitre II du titre Ier du livre IV du code des communes est complétée par un article L. 412-53 ainsi rédigé :
« Art. L. 412-53 . _ Un code de déontologie des agents de police municipale est établi par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 35, M. Delevoye, au nom de la commission des lois, propose de compléter le texte présenté par l'article 9 pour insérer un article L. 412-53 dans le code des communes par les mots : « après avis de la commission consultative des polices municipales. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Monsieur le président, monsieur le ministre, il s'agit de la consultation de la commission consultative des polices municipales sur le projet de décret portant code de déontologie des agents de police municpale.
Nous avons donné notre accord total à ce code de déontologie et nous estimons que la consultation de cette commission ne ferait pas double emploi avec celle du futur conseil supérieur de déontologie, dont l'institution est prévue par un projet qui est en cours de discussion à l'Assemblée nationale, puisque ce dernier ne serait composé que de parlementaires et de magistrats.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le code de déontologie de la police nationale a été adopté, non pas sans concertation, mais après avis du Conseil d'Etat sans consultation des instances consultatives de la fonction publique. Selon moi, il faut garder le parallélisme des formes.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de concertation ! Au contraire, et j'en prends l'engagement. Mais il n'y a pas lieu de soumettre ce code à l'avis de la commission consultative des polices municipales, qui a une vocation essentiellement technique.
Le Gouvernement donc émet un avis défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?... Je mets aux voix l'amendement n° 35, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?... Je mets aux voix l'article 9, ainsi modifié.

(L'article 9 est adopté.)

Article 10



M. le président.
« Art. 10. _ L'article L. 441-1 du code des communes est ainsi rédigé :
« Art. L. 441-1 . _ Les dispositions du présent livre sont applicables dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle sous réserve des dispositions prévues au présent chapitre. »
Par amendement n° 72, MM. Hoeffel, Bohl, Haenel, Grignon, Ostermann et Richert proposent de rédiger comme suit la fin du texte présenté par l'article 10 pour l'article L. 441-1 du code des communes : « ... et de la Moselle à l'exception des deuxième à quatrième alinéas de l'article L. 412-49 et sous réserve des dispositionsci-après ».
La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. S'agissant de l'agrément des policiers municipaux, les communes d'Alsace et de Moselle sont soumises à un droit local spécifique, d'ailleurs repris par le code des communes.
L'amendement se fonde à la fois sur des considérations d'ordre pratique et sur des considérations de principe.
S'agissant, tout d'abord, de ces considérations d'ordre pratique, dans les trois départements, les polices municipales existent depuis très longtemps.
Dans une ville comme Strasbourg, cela existe depuis plus de deux siècles. Et, depuis toujours, les policiers municipaux sont nommés par le maire. Ils sont assermentés sans aucun agrément, et cette situation n'a jusqu'à présent jamais soulevé de problèmes dans la pratique...
M. Hubert Haenel. C'est vrai !
M. Daniel Hoeffel. ... parce que ces polices municipales ont toujours agi dans l'intérêt général et avec un très grand souci du respect de nos institutions.
J'en viens maintenant aux raisons de principe. Les nouvelles dispositions ajoutent à la nomination des policiers municipaux par le maire et à l'assermentation, l'agrément délivré par le préfet et le procureur de la République. Sur le plan du principe même de la décentralisation et de la libre administration des collectivités locales, ces mesures apparaissent plutôt comme un recul. Or, nous sommes nombreux à être profondément attachés à la décentralisation...
M. Hubert Haenel. Tout à fait !
M. Daniel Hoeffel. ... et à souhaiter des avancées nouvelles plutôt qu'un recul.
Telles sont les deux raisons pour lesquelles, au nom de mes collègues d'Alsace et de Moselle, en particulier de MM. Haenel et Eckenspieller, je défends cet amendement n° 72.
Pour conclure ce plaidoyer, je rappelle qu'il est des circonstances dans lesquelles ce droit local, souvent surprenant pour nos collègues des autres régions, apparaît non pas comme une survivance du passé - vous le savez, monsieur le ministre - mais souvent comme une législation d'avant-garde et un élément précurseur...
M. Hubert Haenel. Voyez le Concordat !
M. Daniel Hoeffel. ... dont nous souhaitons qu'il puisse dans l'avenir inspirer notre législation nationale. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et indépendants.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il suffit d'entendre M. Hoeffel plaider pour se convaincre de la différence très positive qui existe entre l'Est et le reste de la France. (Sourires.)
M. Georges Othily. Sans oublier l'outre-mer !
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. En effet, monsieur le sénateur !
Nous estimons néanmoins qu'il convient de ne pas suivre la proposition de M. Hoeffel.
Selon lui, l'agrément constitue un recul par rapport à la décentralisation. Mais le Sénat vient de voter la suppression de l'agrément par le préfet.
Notre Haute Assemblée a certes conservé l'agrément par le procureur de la République. Mais cela n'a rien de choquant, puisque ce projet de loi accorde aux policiers municipaux des pouvoirs supplémentaires en matière de police judiciaire. En leur qualité d'agents de police judiciaire adjoints, ils doivent être soumis à un certain pouvoir hiérarchique.
Si les élus de la Moselle...
M. Hubert Haenel. Et de l'Alsace !
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. ... acceptent l'augmentation des compétences des policiers municipaux en matière judiciaire, ils refusent l'agrément qui serait appliqué sur le reste du territoire.
Il s'agira certes d'un alignement par le bas pour ces trois départements... Il n'en demeure pas moins que nous souhaitons en rester au projet initial du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. J'ai entendu M. Hoeffel évoquer une vieille tradition. Je ne suis pas contre la tradition. La République a néanmoins dépassé le raisonnement fondé sur la seule tradition et préfère l'échange raisonné des arguments.
Par ailleurs, je ne saurais rejoindre M. Hoeffel sur sa conception des éléments précurseurs, le non-agrément étant un régime d'avant-garde auquel il faudrait promettre la France tout entière !
Ayant été longtemps député d'une partie de l'Alsace restée française après 1871, je préfère, si vous le permettez, que les choses évoluent en sens inverse et que l'on se rapproche à pas menus du régime de bon sens que semble être celui de l'agrément, tacite il est vrai, par le procureur de la République et explicite, selon moi, du préfet.
La République n'a pas voulu remettre en cause le Concordat.
M. Hubert Haenel. C'est exact, et vous avez récemment intronisé l'archevêque de Strasbourg !
M. Philippe Marini. Cela vous permet d'être ministre des cultes !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je ne veux pas entrer dans le détail de ces affaires complexes, mais le bon sens voudrait que l'on aille vers une harmonisation sur un certain nombre de plans.
Je sais que M. Haenel comprend mon argumentation. Parce qu'il est un homme d'ordre, comme le sont souvent les gens de l'Est - ce qui explique peut-être que l'on ait pu se passer aussi longtemps d'agrément dans cette région ! - il comprendra ce que je veux dire : il faut qu'ordre et progrès aillent de pair. Telle est ma devise, c'était d'ailleurs celle d'Auguste Comte.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 72.
M. Hubert Haenel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Haenel.
M. Hubert Haenel. Monsieur le ministre, je me demande si, à l'avenir, lorsqu'une modification du droit général peut avoir des conséquences sur notre droit local, vous ne pourriez pas en confier l'examen à vos services. Auparavant, au ministère de la justice et au ministère de l'intérieur ainsi qu'au Conseil d'Etat, on veillait à signaler tout problème à l'égard du droit local d'Alsace et de Moselle.
En tant que président de la commission d'harmonisation du droit local d'Alsace-Moselle, je vous demande par ailleurs de ne pas oublier que de nombreuses dispositions nationales s'inspirent du droit local.
Monsieur le ministre, vous avez fait allusion au Concordat. Je me souviens que l'un de vos prédécesseurs, M. Joxe, était venu nous dire : « Non seulement on n'y touchera pas - comme vous l'avez d'ailleurs vous-même déclaré lorsque vous avez intronisé le nouvel archevêque de Strasbourg, monseigneur Doré, au début du mois de décembre dernier - mais on pourrait s'en inspirer, notamment vis-à-vis des musulmans. »
Je demande donc à M. le ministre et à M. le rapporteur de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur cet amendement, la navette nous laissant le temps de la réflexion.
M. Philippe Marini. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. Monsieur le ministre, je ne suis ni Alsacien ni Mosellan, mais je voudrais néanmoins évoquer brièvement cette question.
D'après ce que nous comprenons, tout se passe bien dans les communes du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle qui ont des polices municipales, et ce depuis des lustres, des générations ! De mémoire d'Alsacien ou de Mosellan, toujours d'après ce que l'on nous explique, dans ces départements où, comme vous l'avez dit, monsieur le ministre, on trouve beaucoup de gens sérieux et d'hommes d'ordre, aucun incident ne se produit et la police municipale n'abuse pas de ses pouvoirs. Le fait que le procureur ne délivre pas d'agrément ne gêne pas le fonctionnement des services publics.
M. Hubert Haenel. D'autant qu'il y a la prestation de serment !
M. Philippe Marini. Prestation de serment, mais pas d'agrément. Cette situation semble donc donner satisfaction à la fois aux maires, aux usagers et aux partenaires du service public.
Monsieur le ministre, je voudrais vous poser une simple question : si la situation est satisfaisante, pourquoi faudrait-il la modifier ? Qu'est-ce qui impose la modification de cet état de chose, sinon une vision quelque peu abstraite, centralisatrice et plaquée de Paris sur une réalité diverse ? C'est un peu le sentiment que j'ai de l'extérieur en vous entendant les uns et les autres.
C'est pourquoi, tout en étant moi-même attaché aux principes de la République, je voterai tout à fait sincèrement l'amendement de notre collègue M. Hoeffel.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 72, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10, ainsi modifié.

(L'article 10 est adopté.)

Article 11



M. le président.
« Art. 11. _ Les articles L. 412-49-1, L. 414-24 et L. 441-3 du code des communes sont abrogés. »
Par amendement n° 58, M. Amoudry propose, dans cet article, de supprimer la référence : « L. 412-49-1, ».
La parole est à M. Amoudry.
M. Jean-Paul Amoudry. L'article 11 du projet de loi abroge l'article 75 de la loi du 16 décembre 1996 relatif à l'emploi dans la fonction publique, qui est devenu l'article L. 412-49-1 du code des communes.
Mon amendement a pour objet de rétablir ce texte, qui permet, dans les communes touristiques, de délivrer des agréments temporaires soit à des agents titulaires habituellement affectés à des emplois autres que ceux de la police municipale, soit à des agents non titulaires chargés d'assister temporairement les agents de la police municipale. Il est précisé dans le texte que les bénéficiaires de ces agréments temporaires ne peuvent porter aucune arme.
Ce dispositif permet de répondre aux fortes attentes des communes touristiques qui, nous le savons, connaissent des variations saisonnières faisant passer leur population de quelques centaines d'habitants à parfois plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers de résidents.
Nous avons, je le crois, le devoir d'apporter une réponse à cette situation que, malheureusement, le projet de loi ignore en très grande partie.
L'article 75 de la loi du 16 décembre 1996 constitue une solution satisfaisante. S'il est exact qu'il ne fut pas appliqué, c'est le moment, je le crois, de le rétablir dans sa pleine efficacité, afin, d'une part, que les nombreuses collectivités intéressées disposent, dans ce domaine, des moyens indispensables pour faire face à leurs charges et responsabilités et, d'autre part, sans bien entendu dispenser les agents concernés de l'exigence de formation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Le Gouvernement abroge l'amendement dit « Bussereau », à l'origine d'une disposition qui permet de délivrer un agrément à des agents non armés et chargés d'assister temporairement les policiers municipaux dans les communes touristiques. Mais il faut savoir que cette disposition n'a jamais été appliquée. Le problème évoqué par M. Amoudry est pourtant réel.
Par conséquent, en supprimant cet amendement, le Gouvernement n'apporte pas pour autant de réponse aux communes touristiques. La commission émet donc un avis de sagesse positive dans l'attente de la réponse du Gouvernement au problème posé par M. Amoudry.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 73, MM. Hoeffel, Bohl, Haenel, Grignon, Ostermann et Richert proposent, dans l'article 11, de remplacer les mots : « , L. 414-24 et L. 441-3 » par les mots : « et L. 414-24 ».
La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. Cet amendement ressemble au précédent, et je suppose que les argumentaires seront les mêmes.
J'ai fait mon devoir en présentant le premier amendement. Je l'ai fait, je pense, en respectant le sens d'homme d'ordre que je tiens à rester. (M. Jacques Machet applaudit.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Nous ne voudrions pas apparaître en désordre par rapport à l'homme d'ordre. (Sourires.) Nous restons donc sur la position que nous avions adoptée tout à l'heure en émettant un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 73, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 11, modifié.

(L'article 11 est adopté.)

TITRE II

DISPOSITIONS MODIFIANT
LE CODE DE PROCÉDURE PÉNALE

Article 12



M. le président.
« Art. 12. _ Il est inséré, dans le code de procédure pénale, un article 21-2 ainsi rédigé :
« Art. 21-2 . _ Sans préjudice de l'obligation de rendre compte au maire qu'ils tiennent de l'article 21, les agents de police municipale rendent compte immédiatement à tout officier de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent de tous crimes, délits ou contraventions dont ils ont connaissance.
« Ils adressent sans délai leurs rapports et procès-verbaux simultanément au maire et au procureur de la République par l'intermédiaire des officiers de police judiciaire mentionnés à l'alinéa précédent. »
Par amendement n° 36, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par cet article pour insérer un article 21-2 dans le code de procédure pénale, de remplacer les mots : « tout officier » par les mots : « l'officier ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Sans vouloir faire de la grammaire, je note néanmoins que l'article défini ne peut être employé que pour autant que l'objet est déjà défini ou unique.
Dans l'hypothèse présente, il s'agit bien de « tout », c'est-à-dire de n'importe lequel des officiers de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent, parce qu'il n'y en a pas qu'un seul et que l'on ne sait pas a priori, à la lecture du code, duquel il s'agit.
Telle est la raison pour laquelle le Gouvernement préfère la rédaction initiale et émet un avis défavorable sur l'amendement n° 36.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 36, repoussé par le Gouvernement.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, adopte l'amendement.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 67 rectifié, MM. About et Trucy proposent de rédiger comme suit le second alinéa du texte présenté par l'article 12 pour l'article 21-2 du code de procédure pénale :
« Ils adressent sans délai leurs rapports et leurs procès-verbaux au procureur de la République par l'intermédiaire du maire. Ils en transmettent copie aux officiers de police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent. »
Par amendement n° 85, M. Othily propose, après les mots : « procès-verbaux », de rédiger ainsi la fin du second alinéa du texte présenté par l'article 12 pour l'article 21-2 du code de procédure pénale : « au maire qui les transmet au procureur de la République ».
Par amendement n° 101, M. Demuynck propose, après les mots : « procès-verbaux », de rédiger comme suit la fin du second alinéa du texte présenté par l'article 12 pour l'article 21-2 du code de procédure pénale : « au procureur de la République par l'intermédiaire du maire ».
Par amendement n° 37, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, après les mots : « maire et », de rédiger ainsi la fin du second alinéa du texte présenté par l'article 12 pour insérer un article 21-2 dans le code de procédure pénale : « , par l'intermédiaire des officiers de police judiciaire mentionnés à l'alinéa précédent, au procureur de la République. »
Par amendement n° 4, M. Ceccaldi-Raynaud propose, à la fin du second alinéa du texte présenté par l'article 12 pour l'article 21-2 du code de procédure pénale, de remplacer les mots : « des officiers de police judiciaire mentionnés à l'alinéa précédent » par les mots : « du maire ».
La parole est à M. Trucy, pour défendre l'amendement n° 67 rectifié.
M. François Trucy. En matière de transmission des rapports et des procès-verbaux, le texte que nous vous proposons semble respecter davantage que le texte initial la responsabilité et le rôle du maire.
En effet, le maire est le « patron » des employés municipaux, fussent-ils des policiers, et c'est par son intermédiaire que les rapports et les procès-verbaux doivent être transmis au procureur de la République, avec transmission simultanée aux officiers de police nationale ou de gendarmerie suivant le cas.
Il nous paraît donc que la rédaction proposée par l'amendement n° 67 rectifié respecte davantage les prérogatives du maire, en même temps que sa responsabilité et son information.
M. le président. La parole est à M. Othily, pour défendre l'amendement n° 85.
M. Georges Othily. L'amendement n° 85 est satisfait par l'amendement n° 67 rectifié. Je le retire donc.
M. le président. L'amendement n° 85 est retiré.
La parole est à M. Demuynck, pour défendre l'amendement n° 101.
M. Christian Demuynck. Je suis tout à fait satisfait par l'amendement déposé par M. Trucy et je retire donc le mien.
M. le président. L'amendement n° 101 est retiré.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 37.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. C'est un amendement rédactionnel.
M. le président. La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud, pour défendre l'amendement n° 4.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Cet amendement est aussi similaire à l'amendement n° 67 rectifié. Il appartient, en effet, au maire de transmettre le rapport qui lui a été adressé par une personne placée sous son autorité et non pas de le recevoir, alors qu'il est rédigé par un de ses employés, d'une personne appartenant à une autre hiérarchie.
Je me rallie donc aussi à l'amendement n° 67 rectifié, quitte à mériter, encore une fois, les foudres de M. le rapporteur ! (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 4 est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 67 rectifié.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Sans vouloir nuire à la sécurité ou à la tranquillité de mon collègue, M. Ceccaldi-Raynaud, je dois dire que la commission des lois a accepté le principe de la transmission simultanée des procès-verbaux au procureur de la République et au maire !
La distinction entre rapports et procès-verbaux n'a pas de véritable conséquence juridique. Le premier peut être corrigé par le supérieur hiérarchique alors que le procès-verbal relève de la compétence même de son auteur. Ils ont néanmoins l'un et l'autre la même force probante et entrent dans la chaîne judiciaire.
Il apparaît donc logique, à partir du moment où l'agent de police municipale est un agent de police judiciaire adjoint, qu'il transmette ses rapports et procès-verbaux au procureur de la République, et qu'en même temps - c'est l'apport de l'Assemblée nationale - il y ait une transmission simultanée au maire.
Bien évidemment, à partir du moment où la commission a accepté cette disposition, elle ne peut être que défavorable aux amendements qui vont dans le sens contraire.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Cela ne me surprend guère !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 67 rectifié et 37 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement a la même position que la commission. Le code de procédure pénale précise clairement que les rapports ou procès-verbaux doivent être transmis au procureur de la République. Par conséquent, les agents de la police municipale ne peuvent lui envoyer une copie. C'est d'ailleurs un élément essentiel si vous voulez revaloriser le statut de ces agents.
Le Gouvernement ne s'oppose pas à ce que cette transmission au procureur de la République se fasse par l'intermédiaire des officiers de police judiciaire. C'est ce que prévoit l'amendement n° 37 de la commission auquel le Gouvernement est donc favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 67 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 12, modifié.

(L'article 12 est adopté.)

Article additionnel après l'article 12



M. le président.
Par amendement n° 84, M. Othily propose d'insérer, après l'article 12, un article ainsi rédigé :
« Le début du deuxième alinéa de l'article 62-1 du code de procédure pénale est ainsi rédigé : "Les personnels visés aux articles 16 à 29 concourant à la procédure..." (Le reste sans changement). »
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Il est apparu que les représailles exercées à l'encontre des policiers municipaux ayant agi dans le cadre de leurs fonctions sont de plus en plus fréquentes. Il appartient donc au législateur de prendre les mesures nécessaires à la protection de la vie privée de ces derniers.
Une solution simple consiste à permettre aux agents participant à la procédure d'être domiciliés au siège de leur service plutôt qu'à leur domicile personnel.
Cet amendement a donc pour objet d'étendre le bénéfice des dispositions de l'article 62-1 du code de procédure pénale, créé par la loi relative à la sécurité de 1995, non seulement aux agents de police municipale, mais aussi à l'ensemble des fonctionnaires chargés de fonctions de police judiciaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole?...
Je mets aux voix l'amendement n° 84, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 12.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, je sollicite une brève suspension de séance.
M. le président. Le Sénat va, bien entendu, accéder à votre demande.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures, est reprise à dix-huit heures trente.)

M. le président. La séance est reprise.
Nous en sommes parvenus à l'article 13.

Article 13



M. le président.
« Art. 13. _ L'intitulé du chapitre III du titre II du livre Ier du code de procédure pénale est ainsi rédigé : "Des contrôles, des vérifications et des relevés d'identité". » - (Adopté.)

Article 14



M. le président.
« Art. 14. _ Il est inséré, dans le code de procédure pénale, un article 78-6 ainsi rédigé :
« Art. 78-6 . _ Les agents de police mentionnés au 2° de l'article 21 sont habilités à relever l'identité des contrevenants pour dresser les procès-verbaux concernant des contraventions aux arrêtés de police du maire, des contraventions au code de la route que la loi et les règlements les autorisent à verbaliser ou des contraventions qu'ils peuvent constater en vertu d'une disposition législative expresse.
« Si le contrevenant refuse ou se trouve dans l'impossibilité de justifier de son identité, l'agent de police municipale remet un récépissé à l'intéressé mentionnant l'heure du relevé d'identité puis en rend compte immédiatement à tout officier de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent, qui peut alors lui ordonner sans délai de lui présenter sur-le-champ le contrevenant. A défaut de cet ordre, l'agent de police municipale ne peut retenir le contrevenant. Lorsque l'officier de police judiciaire mentionné au présent alinéa décide de procéder à une vérification d'identité, dans les conditions prévues à l'article 78-3, le délai prévu au troisième alinéa de cet article court à compter du relevé d'identité. »
Par amendement n° 5, M. Ceccaldi-Raynaud propose, dans le premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 78-6 du code de procédure pénale, après les mots : « aux arrêtés de police du maire, », d'insérer les mots : « des contraventions pour tapage nocturne, ».
La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. La victoire est faite de défaites, disait Aragon. Pour ma part, je vais livrer mon dernier combat...
M. Henri de Raincourt. Aujourd'hui !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. ... sur ce sujet en tout cas.
Je vous propose, mes chers collègues, de conférer à la police municipale le droit de dresser des contraventions pour tapage nocture.
C'est une des grandes nuisances ressenties dans les villes, dans les campagnes aussi, peut-être, mais moi, je parle de ce que je connais. Cette contravention pour tapage nocturne, qui est de nature à apporter quelque apaisement au problème, relève de la seule compétence de la police nationale. Nous avons désormais donné à la police municipale le droit de dresser des contraventions non seulement pour stationnement illégal mais également pour erreur de conduite, nous pouvons bien l'autoriser à dresser contravention pour assurer la sécurité de nos concitoyens !
M. le ministre nous a dit que la sécurité était une valeur de gauche : alors, ayons le souci de garantir cette valeur de gauche dans la loi !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je rends une nouvelle fois hommage à M. Ceccaldi-Raynaud, qui sait transformer ses défaites en victoires. (Sourires.) Mais la commission des lois ne peut qu'émettre un avis défavorable sur l'amendement n° 5. En effet, la précision qu'il apporte est inutile dans la mesure où la police municipale doit assurer l'exécution des arrêtés municipaux. Or il appartient au maire de réprimer les atteintes à la tranquillité publique, notamment les rassemblements nocturnes qui troublent le repos des habitants, aux termes de l'article L. 2212-2 du code général des collectivités territoriales.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je demande la parole.
M. le président. Je ne peux pas vous la donner maintenant, monsieur Ceccaldi-Raynaud. Je dois d'abord demander l'avis du Gouvernement.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je souhaite simplement demander à M. le ministre si, actuellement, un policier municipal peut dresser une contravention pour tapage nocturne.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 5 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Aujourd'hui, un agent de police municipale ne peut pas verbaliser pour tapage nocturne mais, grâce à l'adoption du projet de loi, il le pourra.
L'amendement n° 5 est donc tout à fait inutile, monsieur le sénateur. En tout cas, je souhaite qu'à force de défaites vous vous rapprochiez enfin de la victoire.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je vais à la victoire ; par conséquent je retire mon amendement.
M. le président. Ce n'est pas une défaite, c'est une reddition !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. C'est une petite victoire !
M. le président. L'amendement n° 5 est retiré.
Par amendement n° 86, M. Othily propose de compléter le premier alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 78-6 du code de procédure pénale par les mots : « ou pour établir les rapports concernant les infractions qu'ils ne sont pas autorisés à constater par procès-verbal. »
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 86 est retiré.
Je suis maintenant saisi de huit amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune. Pour la clarté du débat, je les appellerai successivement.
Par amendement n° 68 rectifié, MM. About et Trucy proposent de rédiger comme suit le second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 78-6 du code de procédure pénale :
« Si le contrevenant refuse ou se trouve dans l'impossibilité de justifier de son identité, l'agent de police municipale le conduit immédiatement vers un officier de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent afin que ce dernier procède à une vérification d'identité. »
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Selon le texte actuel, dans le cas où, sur la voie publique, un contrevenant refuse de justifier de son identité auprès d'un policier municipal, celui-ci est tenu de lui remettre un récépissé et d'avertir un officier de police judiciaire. Cela nous paraît moins efficace qu'un carton jaune sur un stade de football !
Notre amendement tend donc à placer le policier municipal dans une position un peu plus forte et, ainsi, à mieux asseoir son autorité. La procédure que nous proposons est à la fois plus rapide et plus valorisant pour les policiers municipaux.
M. le président. Par amendement n° 87, M. Othily propose de rédiger ainsi le second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 78-6 du code de procédure pénale :
« Si le contrevenant refuse ou se trouve dans l'impossibilité de justifier de son identité, l'agent de police municipale présente l'intéressé sur-le-champ à l'officier de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent. Le délai prévu au troisième alinéa de l'article 78-3 court à compter du relevé d'identité. »
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 87 est retiré.
Par amendement n° 99, M. Türk propose de rédiger ainsi le second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 78-6 du code de procédure pénale :
« Si le contrevenant refuse ou se trouve dans l'impossibilité de justifier son identité, il est présenté immédiatement à l'officier de police judiciaire de la police nationale ou de la gendarmerie territorialement compétent. Lorsque ce dernier décide de procéder à une vérification d'identité, le délai prévu au troisième alinéa de l'article 78-3 court à compter du relevé d'identité. »
La parole est à M. Türk.
M. Alex Turk. Par cet amendement, je veux avant tout inciter chacun à réfléchir sur ce qui va se passer précisément dans l'hypothèse qui vient d'être évoquée, celle où un contrevenant refuse ou est dans l'impossibilité de produire la preuve de son identité.
Au fond, le policier municipal se trouve maintenant un peu au milieu du gué : il a la possibilité d'intervenir dans certains cas, et c'est un progrès, mais demeure la question de la conduite qu'il doit tenir face à une personne qui refuse de justifier de son identité, alors qu'il n'a pas la possibilité de prendre immédiatement contact avec un officier de police judiciaire.
Si cette question n'est pas résolue, il y aura là une source de complications éventuellement graves.
De plus, il est évident que, s'il ne peut pas joindre un officier de police judiciaire ou si celui-ci, finalement, ne réagit pas, le policier municipal se trouvera en quelque sorte discrédité.
En vérité, ce qui est préoccupant, c'est le caractère aléatoire de la réponse de l'officier de police judiciaire, qui « peut » seulement ordonner au policier de lui présenter le contrevenant. Je souhaite que le policier municipal ait la certitude de voir l'officier de police judiciaire se saisir du problème et de pouvoir mener instantanément avec lui une action commune.
Dans l'état actuel du texte, je crains qu'il n'y ait une sorte de loterie, et que cela ne soit source de bavures.
M. le président. Par amendement n° 38, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour insérer un article 78-6 dans le code de procédure pénale, de supprimer les mots : « remet un récépissé à l'intéressé mentionnant l'heure du relevé d'identité puis ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye rapporteur. La commission propose de supprimer la disposition, ajoutée par l'Assemblée nationale, relative au récépissé, cette procédure lui étant apparue aussi lourde qu'inutile.
M. le président. Par amendement n° 75, MM. Vasselle et Ostermann proposent, dans la première phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 78-6 du code de procédure pénale, de remplacer les mots : « un récépissé à l'intéressé mentionnant l'heure du relevé d'identité puis en rend compte immédiatement à tout officier de police judiciaire de la police nationale » par les mots : « à l'intéressé un récépissé mentionnant l'heure du relevé d'identité, en rend compte immédiatement au maire en sa qualité d'officier de police judiciaire ou à tout autre officier de police judiciaire de la police nationale ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 39, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour insérer un article 78-6 dans le code de procédure pénale, de remplacer les mots : « tout officier » par les mots : « l'officier ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Par amendement n° 6, M. Ceccaldi-Raynaud propose, après la première phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 14 pour l'article 78-6 du code de procédure pénale, d'insérer une phrase ainsi rédigée : « En cas de refus de présentation du contrevenant, l'officier de policier judiciaire devra rendre compte au procureur de la République des motifs de son refus. »
La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je souhaite que ne soit pas laissée à l'officier de police judiciaire la possibilité de ne pas répondre à l'appel de la police municipale sans avoir à se justifier. A mon sens, tout le monde doit justifier les décisions qu'il prend.
M. le président. Par amendement n° 40, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit la dernière phrase du texte présenté par l'article 14 pour insérer un article 78-6 dans le code de procédure pénale : « Lorsque l'officier de police judiciaire décide de procéder à une vérification d'identité, le délai prévu au troisième alinéa de l'article 78-3 court à compter du relevé d'identité. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye rapporteur. Cet amendement tend à une simplification rédactionnelle.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 68 rectifié, 99 et 6 ?
M. Jean-Paul Delevoye rapporteur. Le problème que soulèvent les amendements n°s 68 rectifié et 99, qui sont très voisins, a été évoqué au sein de la commission des lois : que doit faire un policier municipal devant le refus d'un contrevenant de justifier de son identité ?
Les auteurs de ces deux amendements se demandent si ce policier municipal est certain, par les moyens de communication habituels, d'entrer en contact avec un officier de police judiciaire, qui lui permettra de déterminer la conduite à tenir.
Nous sommes là, monsieur le ministre, devant un véritable problème, sur lequel il sera intéressant d'entendre votre position.
La Chancellerie comme vos services nous ont clairement indiqué que la convention de coordination devait en quelque sorte inclure une obligation de résultat, telle que tout policier municipal soit efficacemment sûr de contacter l'officier de police judiciaire territorialement compétent. Cela signifie concrètement que la convention de coordination doit préciser les numéros de téléphone et les fréquences radio prioritaires, de façon que la crainte exprimée par M. Trucy et par M. Turk soit dissipée et que le policier municipal ne se trouve pas dans une situation terriblement embarrassante.
Pour autant, la commission des lois n'a pas cru possible d'accepter les amendements n°s 68 rectifié et 99, car ils laissent aussi certains problèmes non résolus. Comment le policier minicipal devra-t-il s'y prendre pour amener le contrevenant devant l'officier de policie judiciaire ? Devra-t-il recourir à la force ?
Cela dit, MM. Trucy et Turk soulèvent fort justement la question de la crédibilité du policier municipal qui, devant une réaction négative, se verrait contraint d'abandonner, de baisser les bras.
En vérité, monsieur le ministre, il faut faire en sorte que les conventions de coordination soient rédigées de telle manière qu'elles privent a posteriori ces deux amendements d'objet : il faut que la coordination pratique entre services de l'Etat et services municipaux garantisse que le problème clairement posé par MM. Trucy et Turk ne se posera pas.
En conséquence, la commission des lois, confiante dans la volonté des services de l'Etat - dont vous l'avez assurée, monsieur le ministe - d'apporter les meilleures réponses dans les conventions de coordination, ne donne pas un avis favorable sur ces deux amendements.
S'agissant de l'amendement n° 6, à partir du moment où l'officier de police exerce une autorité judiciaire, pourquoi serait-il obligé de rendre compte au procureur de la République des motifs de son refus ? En effet, l'officier de police judiciaire a, à l'évidence, la faculté de procéder ou de ne pas procéder à la vérification d'identité.
Il est non moins évident que le maire aura toujours la faculté de demander au procureur de la République ou au préfet les raisons qui ont motivé cette décision.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendemens n°s 68 rectifié, 99, 38, 39, 6 et 40 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement obéit essentiellement à deux considérations : d'une part, un souci d'efficacité et de simplicité, d'autre part, le respect des libertés individuelles.
L'adoption de dispositions telles que celles qui sont prévues dans les amendements n°s 68 rectifié et 99 allongerait le délai de la retenue, alors que les moyens modernes - je pense notamment aux téléphones portables - permettent de prendre très rapidement contact avec un officier de police judiciaire territorialement compétent. Il est très facile pour le policier municipal de joindre le commissariat ou la brigade de gendarmerie afin de savoir ce qu'il doit faire dans le cas évoqué, sans avoir à y conduire le contrevenant, ce qui alourdirait considérablement sa tâche et porterait de surcroît, à mon avis, un préjudice certain à la liberté individuelle.
Je suis donc défavorable aux amendements n°s 68 rectifié et 99.
L'amendement n° 38 vise à supprimer la nécessité de remettre à l'intéressé un récépissé mentionnant l'heure du relevé d'identité. Je crois, en effet, que ce dispositif est source de paperasserie, lourd à mettre en oeuvre et, finalement, inutile. Par conséquent, je suis favorable à cet amendement.
En revanche, je suis défavorable à l'amendement n° 39, essentiellement pour des raisons d'ordre grammatical.
S'agissant de l'amendement n° 6, je constate que M. Ceccaldi-Raynaud vole de plus en plus vite vers la victoire ! (Sourires.)
Je rappelle que l'officier de police judiciaire n'a pas à rendre compte au procureur de la République des motifs de son refus, car, en refusant, il n'outrepasse nullement les limites de sa compétence.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Reconnaissez que ma proposition n'emporte aucune atteinte aux libertés individuelles !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Non, mais c'est le souci de simplicité et d'efficacité qui doit guider ici le législateur.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Mon amendement vise simplement à éviter que l'officier de police judiciaire ne soit tenté de ne pas agir.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Franchement, je ne pense pas qu'il faille craindre la généralisation d'une telle attitude. De toute façon, tout maire est habilité à saisir le procureur de la République.
Quant à l'amendement n° 40, que M. le rapporteur a qualifié de rédactionnel, il présente l'inconvénient de ne pas indiquer que la vérification d'identité s'effectue dans les conditions de l'article 78-3 du code de procédure pénale. Or cette précision est nécessaire, même si elle alourdit un peu le texte. En l'occurrence, il est clair que l'article 78-6 n'institue pas une procédure de vérification d'identité sui generis. La vérification d'identité s'effectue dans le cadre des dispositions qui sont actuellement prévues par le code de procédure pénale.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 68 rectifié.
M. François Trucy. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Je ne suis pas très sensible à l'interprétation de M. le ministre tenant à une restriction de la liberté individuelle s'agissant d'un contrevenant qui refuserait de décliner son identité ou qui se trouverait dans l'incapacité de le faire.
Je suis beaucoup plus sensible à ce qui a été dit par la suite. Je retiens la perspective d'une réflexion sur les problèmes ordinaires qui se posent sur le terrain et je fais mien le souhait de M. le rapporteur de voir M. le ministre inciter la police nationale à assurer la meilleure coordination possible.
Pour toutes ces raisons, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 68 rectifié est retiré.
Monsieur Turk l'amendement n° 99 est-il maintenu ?
M. Alex Türk. Je me range à la position de M. Trucy, et je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 99 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Monsieur Ceccaldi-Raynaud, l'amendement n° 6 est-il maintenu ?
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je le retire, monsieur le président, puisque je peux faire plaisir tout à la fois à M. le ministre et à M. le rapporteur, qui m'a été si hostile pendant cette séance. (Sourires.).
Toutefois, en ma qualité d'avocat, je souhaite indiquer à M. le ministre que l'officier de police judiciaire est sous l'autorité permanente du procureur de la République.
M. Jean-Jacques Hyest. Eh oui !
M. le président. L'amendement n° 6 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

Article additionnel après l'article 14



M. le président.
Par amendement n° 100, M. Türk propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, dans le code de procédure pénale, un article 78-7 ainsi rédigé :
« Art. 78-7 . - Les agents de police municipale peuvent relever l'identité des personnes surprises en état de flagrance ainsi que de celles présentes sur les lieux d'un crime ou d'un délit. Ils en avisent aussitôt l'officier de police judiciaire territorialement compétent. »
La parole est à M. Türk.
M. Alex Turk. Il s'agit à nouveau, monsieur le président, d'un amendement en forme de question.
A la lumière, d'une part, des articles 73 et 78-3 du code de procédure pénale et, d'autre part, du projet de loi dans sa rédaction actuelle, pourriez-vous nous indiquer, monsieur le ministre, comment les choses se passeraient dans l'hypothèse où des agents de police municipale surprendraient en état de flagrance des individus qui se livreraient à un cambriolage ou, pire encore, à une attaque à main armée ?
Est-ce que je fais une bonne lecture de ces trois textes conjugués si j'affirme qu'ils auraient la possibilité de les appréhender, mais que, pendant le laps de temps qui s'écoulerait nécessairement entre le moment où ils les auraient appréhendés et celui où ils auraient pu entrer en contact avec l'officier de police judiciaire territorialement compétent, soit par téléphone portable, soit directement, ils ne pourraient pas vérifier leur identité ?
Est-il possible d'appréhender des individus aussi dangereux sans pouvoir vérifier leur identité, de façon à mieux connaître la conduite à tenir ? On ne traite probablement pas de la même manière un repris de justice, un familier de ce genre d'activités, et un jeune qui en est à son « premier coup », si vous me permettez cette expression. Dans ces conditions, il y va autant de l'intérêt de la police municipale que de celui de la police nationale d'être informée de la situation précise, afin de pouvoir utiliser les moyens appropriés et agir de la manière la plus judicieuse possible.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. M. Türk expose une situation vécue. La commission est défavorable à cet amendement, mais elle attend du Gouvernement la réponse à la question posée.
Les mesures prévues dans le projet de loi ont pour objet de limiter la procédure du relevé d'identité aux cas où les policiers municipaux sont habilités à dresser un procès-verbal.
L'article 73 du code de procédure pénale permet à toute personne, en cas de crime ou de flagrant délit, d'en appréhender l'auteur et de le conduire devant l'officier de police judiciaire.
A l'évidence, l'identité du contrevenant ne peut être relevée, mais le contrevenant peut être conduit devant l'officier de police judiciaire le plus proche.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement a souhaité limiter la procédure du relevé d'identité aux seuls cas où les agents de police municipale disposent du pouvoir de verbaliser. L'amendement présenté par M. Türk va au-delà.
En cas de flagrance, les agents de police municipale sont, bien entendu, habilités à intervenir, comme tout citoyen, d'ailleurs, ainsi que M. le rapporteur l'a fait remarquer, à juste titre.
Faut-il étendre cette possibilité de contrôle d'identité à toutes les personnes présentes sur les lieux d'un crime ou d'un délit ? Très franchement, il s'agit d'une conception beaucoup trop extensive. Dans la mesure où la loi permettra de relever l'identité de tout contrevenant à un arrêté de police municipale, par exemple pour tapage nocturne, la limite a été suffisamment reculée pour que l'on n'aille pas au-delà.
Je suis donc partisan de ne retenir, dans l'amendement, que la formulation : « Les agents de police municipale peuvent relever l'identité des personnes surprises en état de flagrance », ou bien de revenir à la rédaction initiale du projet de loi : « Les agents de police municipale peuvent être requis par le procureur de la République, le juge d'instruction et les officiers de police judiciaire afin de leur prêter assistance. »
Cela permettait, me semble-t-il, d'aller dans le sens souhaité par M. Türk.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Dans le cas évoqué par M. Türk, monsieur le ministre, le procureur ne peut pas requérir les forces de police municipale avant le flagrant délit.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. J'ai dit que j'étais d'accord s'agissant du flagrant délit ! Mais la procédure ne peut être étendue à toutes les personnes qui sont présentes sur le lieu d'un délit ; ce serait trop général. Il n'y aurait plus de limite et, quand les bornes sont franchies... (Sourires.)
M. Alex Turk. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Türk.
M. Alex Turk. Je souhaite circonscrire très exactement l'objet de mon intervention.
Je ne comprends pas comment des agents de police municipale pourraient appréhender manu militari , parce qu'il s'agit de cela, et en flagrant délit, des individus qui commettent une attaque à main armée sans vérifier leur identité !
Comment pourraient-ils, dans les minutes qui vont suivre, adopter tel ou tel type d'attitude ? Il faut bien qu'il sachent à qui ils ont affaire en attendant la police nationale, qui interviendra au bout de cinq minutes ou d'une heure ! Je ne vois pas comment on peut faire autrement ! J'attends une explication.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Dans cette hypothèse, l'intérêt du policier municipal est d'appréhender le contrevenant et de le conduire devant l'officier de police judiciaire qui, lui, engagera une procédure judiciaire. Il n'y a donc pas lieu de vérifier l'identité. C'est tout simplement le code de procédure pénale qui s'applique.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je suis tout fait d'accord avec M. le rapporteur ! Il est évident qu'en cas de flagrance les agents de police municipale sont habilités, comme tout citoyen d'ailleurs, à appréhender le contrevenant et à le conduire à l'officier de police judiciaire.
S'ils disposent d'un moyen de communication, ils peuvent agir encore plus efficacement.
Il n'est donc pas utile de relever l'identité en cas de flagrance.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. La question que pose M. Türk soulèverait un problème d'une toute autre nature et mériterait un autre débat : dans les cas de flagrance, il faudrait donner aux agents de police municipaux le statut d'officier de police judiciaire. On voit bien toute la difficulté de l'exercice auquel nous nous livrerions !
En réalité - et on revient au problème précédent - l'important est d'assurer une bonne coordination entre les services de l'Etat et les services municipaux : l'officier de police judiciaire doit être à la disposition des services de police municipale, afin que ceux-ci puissent leur présenter le contrevenant qu'ils auraient appréhendé.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 100, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

TITRE III

DISPOSITIONS STATUTAIRES

Article 15



M. le président.
« Art. 15. _ I. _ La sous-section 1 de la section 5 du chapitre II du titre Ier du livre IV du code des communes est complétée par un article L. 412-54 ainsi rédigé :
« Art. L. 412-54 . _ Outre la formation initiale dont ils bénéficient en application des dispositions de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 et de la loi n° 84-594 du 12 juillet 1984, les fonctionnaires mentionnés à l'article L. 412-49 reçoivent une formation continue dispensée en cours de carrière et adaptée aux besoins des services, en vue de maintenir ou parfaire leur qualification professionnelle et leur adaptation aux fonctions qu'ils sont amenés à exercer.
« Cette formation est organisée et assurée par le Centre national de la fonction publique territoriale. Le centre peut à cet effet passer convention avec les administrations et établissements publics de l'Etat chargés de la formation des fonctionnaires de la police nationale et de la gendarmerie nationale.
« Un décret fixe les conditions d'application du présent article. »
« II. _ La perte de recettes pour le Centre national de la fonction publique territoriale est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés à l'article 575 du code général des impôts. »
Sur cet article, je suis saisi de trois amendements présentés par M. Delevoye, au nom de la commission.
L'amendement n° 41 tend à compléter le deuxième alinéa du texte proposé par le paragraphe I de l'article 15 pour insérer un article L. 412-54 dans le code des communes par une phrase ainsi rédigée : « Il perçoit à ce titre une redevance due pour prestations de service, versée par les communes bénéficiant des actions de formation et dont le montant est lié aux dépenses réellement engagées à ce titre. »
L'amendement n° 42 a pour objet, dans le dernier alinéa du texte présenté par le paragraphe I de l'article 15 pour insérer l'article L. 412-54 dans le code des communes, après le mot : « décret » d'insérer les mots : « en Conseil d'Etat ».
L'amendement n° 43 vise à supprimer le paragraphe II de cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre ces trois amendements.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit du financement de la formation continue, droit qui est instauré par le projet de loi.
Le président de la commission des finances du CNFPT a suffisamment attiré l'attention de la commission des lois sur l'incapacité dans laquelle se trouvait le CNFPT de faire face à cette dépense supplémentaire. Plusieurs hypothèses ont été émises : celle de la redevance, qui était prévue par le projet de loi initial, ou celle d'une contribution provenant des amendes de police ou gagée sur les tabacs.
Il a paru légitime à la commission des lois que la formation continue soit imputée sur le budget des communes qui disposent d'une police municipale, d'autant plus que cette formation est estimée à dix journées à mille francs sur cinq ans, ce qui représente une dépensse de deux mille francs par an et par agent. Cette dépense est tout à fait supportable par les communes qui ont une police municipale.
C'est la raison pour laquelle la commission des lois vous propose, mes chers collègues, d'adopter l'amendement n° 41.
S'agissant de l'amendement n° 42, il constitue un retour au projet de loi initial, qui renvoyait à un décret en Conseil d'Etat plutôt qu'à un décret simple.
Enfin, pour ce qui est de l'amendement n° 43, il s'agit d'un amendement de coordination qui supprime le gage sur les tabacs qui avait été instauré par l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ces trois amendements.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est favorable à ces trois amendements.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 41, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 42, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.).
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 15 modifié.

(L'article 15, est adopté.)

Article 15 bis



M. le président.
« Art. 15 bis . - Il est inséré, après le quatrième alinéa de l'article 11 de la loi n° 84-594 du 12 juillet 1984 relative à la formation des agents de la fonction publique territoriale et complétant la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, un cinquième alinéa ainsi rédigé :
« _ définir et assurer la formation continue des fonctionnaires mentionnés à l'article L. 412-49 du code des communes, dans les conditions fixées par l'article 15 de la loi n° ... du ... relative aux polices municipales. » - (Adopté.)

Article 16



M. le président.
« Art. 16. _ Le total des pensions et rentes viagères d'invalidité attribuables aux conjoints et aux orphelins des fonctionnaires mentionnés à l'article L. 412-49 du code des communes tués au cours d'une opération de police ou décédés en service et cités à l'ordre de la Nation est porté au montant cumulé de la pension et de la rente viagère d'invalidité dont le fonctionnaire aurait pu bénéficier.
« Ces fonctionnaires font l'objet à titre posthume d'une promotion au grade ou, à défaut, à l'échelon immédiatement supérieur à celui qu'ils avaient atteint.
« La promotion prononcée en application des dispositions de l'alinéa précédent doit, en tout état de cause, conduire à attribuer un indice supérieur à celui que détenaient ces fonctionnaires avant cette promotion.
« Pour le calcul des pensions et des rentes viagères d'invalidité attribuées aux ayants cause de ces fonctionnaires dans les conditions fixées ci-dessus, les émoluments de base sont ceux afférents à l'indice correspondant aux grade et échelon résultant de cette promotion posthume.
« Ces dispositions prennent effet au profit des ayants cause des fonctionnaires décédés après l'entrée en vigueur de la présente loi, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 44, M. Delevoye, au nom de la commission, propose :
« I. - Avant le premier alinéa de cet article, d'ajouter un alinéa ainsi rédigé :
« La sous-section 1 de la section 5 du chapitre II du titre Ier du livre IV du code des communes est complétée par un article L. 412-55 ainsi rédigé :
« II. - En conséquence, de rédiger ainsi le début du premier alinéa de cet article :
« Art. L. 412-55. - Le total... ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Cet amendement vise à la codification d'articles dans le code des communes et permet de regrouper l'ensemble des dispositions statutaires relatives aux agents de police municipale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 44, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 16, ainsi modifié.

(L'article 16 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 16



M. le président.
Par amendement n° 88, M. Othily propose d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« A compter de l'âge de cinquante-cinq ans et dans la limite de cinq annuités, les fonctionnaires des cadres d'emplois d'agents de police municipale et de gardes champêtres bénéficient d'une bonification du temps de service accompli pour la liquidation de leur pension de retraite à la condition, d'une part, qu'ils aient effectué une durée minimale de service susceptible d'être prise en compte dans la constitution de leurs droits à pension du régime de retraite des agents des collectivités territoriales et, d'autre part, qu'ils aient effectué une durée de quinze ans de service effectif en qualité de fonctionnaire des cadres d'emplois d'agents de police municipale et de gardes champêtres.
« Cette bonification est également accordée aux fonctionnaires des cadres d'emplois d'agents de police municipale et de gardes champêtres radiés des cadres pour invalidité imputable au service.
« Elle ne peut avoir pour effet de porter à plus de trente-sept annuités et demie la durée des services effectifs pris en compte dans la pension, sans préjudice des dispositions communes relatives aux bonifications de service sous un plafond global de quarante annuités.
« Ces dispositions prennent effet au 1er janvier 1999, dans les conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Cet amendement a pour objet de permettre aux policiers municipaux et aux gardes champêtres de bénéficier, sous certaines conditions, des mêmes dispositions que celles qui sont applicables aux sapeurs-pompiers professionnels en matière de pensions de retraite.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Dans le rapport que j'ai présenté lors de la discussion générale, au nom de la commission, j'ai indiqué que, pour les policiers municipaux, deux dispositions statutaires étaient importantes : la première concerne la bonification d'une année tous les cinq ans, qui fait l'objet de l'amendement n° 88 de notre collègue M. Othily ; la seconde a trait à l'intégration, dans les pensions de retraite, de l'indemnité de 18 %, qui fait l'objet de l'amendement suivant n° 89.
La commission est favorable à l'amendement n° 88 mais j'indique d'ores et déjà qu'elle émet un avis défavorable sur l'amendement n° 89.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je ne veux pas défendre les finances locales contre le président de l'Association des maires de France, mais, sur ce point, la position du Gouvernement a toujours été très réservée.
J'émets donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 16.
Par amendement n° 89, M. Othily propose d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1999 et dès l'âge de cinquante-cinq ans, les fonctionnaires des cadres d'emplois de police municipale et de gardes champêtres, non radiés des cadres et en activité, bénéficient de la prise en compte de l'indemnité spéciale mensuelle de fonction pour le calcul de la pension de retraite, ainsi que pour les retenues pour pension dans les conditions fixées par décret en Conseil d'Etat.
« L'octroi de la majoration de pension résultant de l'intégration de cette indemnité est subordonné à l'accomplissement d'une durée de service de quinze ans dans les cadres d'emplois des agents de police municipale et de gardes champêtres.
« Pour permettre la prise en compte de l'indemnité spéciale de fonction dans leur pension, la retenue pour pension actuellement supportée par les intéressés est majorée dans les conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. Les collectivités employeurs supportent pour les mêmes personnels une contribution supplémentaire fixée dans les mêmes conditions. Ces taux pourront être majorés par décret en Conseil d'Etat pour couvrir les dépenses supplémentaires résultant des dispositions de la présente loi pour la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales.
« La prise en compte de cette indemnité sera réalisée progressivement du 1er janvier 1999 au 1er janvier 2004. Les pensions concédées avant le 1er janvier 1999 aux policiers municipaux, gardes champêtres et à leurs ayants cause seront révisées dans les mêmes conditions. »
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 89 est retiré.

TITRE IV

DISPOSITIONS DIVERSES ET TRANSITOIRES

Article 17



M. le président.
« Art. 17. _ Au 1° de l'article L. 116-2 du code de la voirie routière, après les mots : "les voies de toutes catégories", sont insérés les mots : "les agents de police municipale". » - (Adopté.)

Article 18



M. le président.
« Art. 18. _ Dans les communes où, à la date d'entrée en vigueur de la présente loi, existe un service de police municipale comptant au moins trois emplois d'agent de police municipale, le règlement de coordination prévu à l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales est établi dans un délai de six mois à compter de la publication du décret portant règlement type mentionné par le même article. Au terme de ce délai, à défaut d'un accord entre le maire et le représentant de l'Etat dans le département, ce dernier peut édicter seul le règlement après avis du procureur de la République et de la commission consultative des polices municipales.
« Dans ces communes, si le règlement n'est pas établi, il est fait application, au terme du délai mentionné à l'alinéa précédent, des dispositions prévues au quatrième alinéa de l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales. »
Je suis d'abord saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 45, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, après les mots : « comptant au moins », de rédiger comme suit la fin du premier alinéa de cet article : « cinq emplois d'agent de police municipale, la convention prévue à l'article L. 2212-6 du code général des collectivités territoriales est conclue dans un délai de six mois à compter de la publication du décret en Conseil d'Etat déterminant les clauses d'une convention type mentionnée au même article. »
Par amendement n° 69 rectifié, MM. About et Trucy proposent, dans la première phrase du premier alinéa de l'article 18, de remplacer les mots : « trois emplois » par les mots : « dix emplois ».
Par amendement n° 57, M. Gélard et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans la seconde phrase du premier alinéa de l'article 18, de remplacer les mots : « représentant de l'Etat dans le département » par le mot : « préfet ».
Par amendement n° 70 rectifié, MM. About et Trucy proposent, après les mots : « dans le département, », de rédiger comme suit la fin de la seconde phrase du premier alinéa de l'article 18 : « la création du dixième poste d'agent de police municipale est annulée. »
Enfin, par amendement n° 7, M. Ceccaldi-Raynaud propose, dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 18, après les mots : « après avis », d'insérer le mot : « conforme ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 45.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. La parole est à M. Trucy, pour défendre l'amendement n° 69 rectifié.
M. François Trucy. Je retire cet amendement ainsi que l'amendement n° 70 rectifié, par coordination avec les votes précédemment intervenus.
M. le président. Les amendements n°s 69 rectifié et 70 rectifié sont retirés.
L'amendement n° 57 n'a plus d'objet, compte tenu des votes intervenus précédemment.
L'amendement n° 7 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 45 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement, par cohérence avec les propos que j'ai tenus sur le règlement de coordination.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 45, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 46 rectifié, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de supprimer le second alinéa de l'article 18.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de conséquence, pour tenir compte du vote intervenu à l'article 2, le Sénat n'ayant pas admis les restrictions au travail de nuit en l'absence d'une convention de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Par voie de conséquence, le Gouvernement émet un avis défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 46 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 18, modifié.

(L'article 18 est adopté.)

Article 19



M. le président.
« Art. 19. _ Les dispositions de l'article L. 412-52 du code des communes entreront en vigueur six mois après la publication du décret prévu par cet article. »
Par amendement n° 48, M. Delevoye, au nom de la commission, propose, dans le texte de cet article, de remplacer les mots : « six mois après la publication du décret » par les mots : « dix-huit mois à compter de la publication du décret en Conseil d'Etat ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Il s'agit de porter à dix-huit mois après la publication du décret en Conseil d'Etat le délai qui permet aux communes d'adapter les tenues et l'équipement des polices municipales.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 48, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 19, ainsi modifié.

(L'article 19 est adopté.)

Article 20



M. le président.
« Art. 20. _ Il doit être statué sur l'agrément des agents de police municipale en fonction à la date d'entrée en vigueur de la présente loi dans les conditions prévues à l'article L. 412-49 du code des communes dans un délai de six mois à compter de la publication de la présente loi. Jusqu'à la délivrance, le cas échéant, de ce nouvel agrément, ils conservent les compétences qu'ils tenaient de la législation antérieure.
« En cas de refus de cet agrément, ils peuvent être reclassés dans un autre cadre d'emplois dans les mêmes conditions que celles qui sont prévues par la section 3du chapitre VI de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984précitée. »
Je suis saisi de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 49, M. Delevoye, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
Par amendement n° 106, le Gouvernement propose, dans la première phrase du premier alinéa de l'article 20, après les mots : « Il doit être statué », d'insérer les mots : « par le représentant de l'Etat dans le département ».
Par amendement n° 107, le Gouvernement propose, dans la seconde phrase du premier alinéa de l'article 20, de remplacer les mots : « de ce nouvel agrément, ils » par les mots : « de l'agrément du représentant de l'Etat dans le département, ces agents ».
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° 8 est présenté par M. Eckenspieller.
L'amendement n° 97 rectifié est déposé par MM. Duffour et Pagès, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent, dans le second alinéa de l'article 20, à remplacer les mots : « peuvent être reclassés » par les mots : « sont reclassés ».
Par amendement n° 108 rectifié, le Gouvernement propose de compléter in fine le second alinéa de l'article 20 par les mots : « à l'exception du second alinéa de l'article 81. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 49.
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. L'article 20 est relatif au nouvel agrément. Puisque le Sénat n'a pas retenu l'agrément des agents par le préfet, il convient de supprimer cet article.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter les amendements n°s 106 et 107.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. L'amendement n° 106 a pour objet de préciser que les agents de police municipale en fonction à la date de publication de la loi n'ont pas à faire l'objet d'un nouvel agrément par le procureur de la République. Seul le préfet aura à les agréer, conformément à l'article 6. Le Gouvernement reste dans sa logique.
J'ajoute que cette rédaction permet aussi la coordination avec l'amendement n° 27, présenté par M. Delevoye, au nom de la commission des lois.
L'amendement n° 107 vise à préciser que les agents de police municipale en fonction à la date de publication de la loi n'ont pas à faire l'objet d'un nouvel agrément par le procureur de la République - bis repetita placent . Seul le préfet aura à les agréer, conformément à l'article 6.
M. le président. La parole est à M. Eckenspieller, pour défendre l'amendement n° 8.
M. Daniel Eckenspieller. Plus de 12 000 policiers municipaux actuellement en exercice seront soumis à la procédure de l'agrément par le préfet. Ils ont été engagés à bon escient ou à moins bon escient ; il n'est donc pas déraisonnable de penser qu'un refus sera opposé à certains d'entre eux. Si tel n'était pas le cas, la disposition envisagée serait sans objet.
Il convient, dès lors, de garantir aux personnels concernés leur reclassement dans la collectivité de rattachement. La formulation du projet de loi ne précise pas cette obligation d'une manière suffisamment contraignante. Il y aurait donc lieu de la modifier en conséquence.
Il ne faudrait pas, en effet, que les agents concernés paient de leur emploi l'adoption du projet de loi que nous examinons aujourd'hui. Par ailleurs, il convient que les maires assument jusqu'au bout les décisions qu'ils ont prises. Enfin, il s'agit d'épargner à nos centres de gestion départementaux le risque de devoir prendre à leur charge les agents privés d'emploi. Aussi la formulation « ils sont reclassés », qui se substituerait à l'expression « ils peuvent être reclassés », nous paraît-elle plus opportune.
M. le président. La parole est à M. Duffour, pour défendre l'amendement n° 97 rectifié.
M. Michel Duffour. Cette question a déjà été traitée dans l'amendement n° 27, présenté à l'article 6. Par ailleurs, le Gouvernement a présenté un amendement n° 108 rectifié, très voisin du nôtre. Tout cela devrait sans doute aboutir à une position commune. En tout cas, notre souci est évidemment de faire en sorte que les personnes concernées puissent être reclassées normalement.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter l'amendement n° 108 rectifié.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement n° 27, présenté par M. Delevoye, au nom de la commission des lois. Il vise à compléter in fine le second alinéa de l'article 20 par les mots : « à l'exception du second alinéa de l'article 81.» Dès lors que l'agrément serait refusé, le maire aurait la faculté de reclasser le fonctionnaire concerné dans un autre cadre d'emploi par la voie du détachement mais sans qu'il soit toutefois nécessaire que l'agent en ait fait préalablement la demande.
Il convient de préciser que, s'agissant des fonctionnaires reclassés pour inaptitude physique, auxquels les dispositions de la section 3 du chapitre VI de la loi du 26 janvier 1984 s'appliquent intégralement, le reclassement est subordonné à une demande formelle de l'intéressé.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 106, 107, 8, 97 rectifié et 108 rectifié ?
M. Jean-Paul Delevoye, rapporteur. Dans la mesure où le Sénat a supprimé l'agrément par le représentant de l'Etat, la commission propose la suppression de l'article 20 et émet, en conséquence, un avis défavorable sur les amendements n°s 106 et 107.
J'en viens aux amendements n°s 8, 97 rectifié et 108 rectifié. La commission des lois a certes réinstauré la possibilité du reclassement, mais elle émet un avis défavorable sur ces amendements, par souci de cohérence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 49, 8 et 97 rectifié ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 49, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 20 est supprimé et les amendements n°s 106, 107, 8, 97 rectifié et 108 rectifié n'ont plus d'objet.

Vote sur l'ensemble



M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Hyest, pour explication de vote.
M. Jean-Jacques Hyest. Au terme de ce débat qui, à en croire certains journalistes qui s'étaient focalisés sur des aspects un peu secondaires de la police municipale, devait être passionné, je crois que le Sénat aboutit à un texte équilibré. Celui-ci respecte les compétences des maires et assure une meilleure coordination avec la police nationale, ce qui était indispensable car on ne concevrait pas une police municipale totalement autonome. Ses compétences sont donc clarifiées.
Sur un certain nombre de sujets techniques, la police municipale, de par son statut, sa formation et les règles déontologiques qui présideront désormais à son action, devrait pouvoir remplir ses fonctions, auxquelles sont attachés nos concitoyens et nombre de maires, qui ont créé une police municipale parce que cela leur a semblé un moyen indispensable pour assurer la sécurité dans leur commune.
La plupart du temps, ce n'est pas de gaieté de coeur que les communes ont créé des polices municipales. Il fallait cependant tenir compte de leur développement et aboutir à un texte qui concilie les libertés et le code de procédure pénale, qui préserve l'efficacité et assure la coordination nécessaire.
Le groupe de l'Union centriste votera donc le projet de loi tel qu'il vient d'être modifié.
M. le rapporteur, par ailleurs président de l'Association des maires de France, connaît bien toutes les questions que nous avons examinées. Je le remercie du travail remarquable qu'il a effectué. Celui-ci nous a permis de cheminer entre des écueils contre lesquels certains voulaient nous voir nous fracasser. Cela démontre, une fois encore, la sagesse du Sénat. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Les réticences que j'éprouvais à l'égard des propositions de la commission retenues par le Sénat demeurent. Elles portent, pour l'essentiel, sur des nuances concernant les relations entre les maires et les préfets, et donc sur l'appréciation de l'effectivité de la décentralisation.
Le travail accompli avait été excellent. Le climat dans lesquel nous avons oeuvré était, lui aussi, excellent, et il l'est demeuré : je m'en félicite. Le travail de M. le rapporteur a été remarquable et des progrès ont été accomplis.
Cependant, pour les raisons que j'ai exprimées, j'avais quelque scrupule à voter ce projet de loi. Mes scrupules sont levés car, au cours de la discussion et contre l'avis de M. le rapporteur, un certain nombre d'ajouts ont été opérés par le Sénat. Cela me conduit à souhaiter que nous aboutissions à un texte qui se rapproche le plus possible du projet de loi initial. J'espère que la commission mixte paritaire y parviendra. Aussi, je voterai contre le texte tel qu'il vient d'être modifié.
M. le président. La parole est à M. Duffour.
M. Michel Duffour. Lors de la discussion générale, nous avions indiqué que le projet de loi tel qu'il nous parvenait de l'Assemblée nationale nous semblait équilibré et positif, tout en précisant que nous lui préférions le projet de loi initial.
Aujourd'hui, nous avons examiné les amendements retenus par la commission des lois et présentés par M. le rapporteur. Il s'agit d'amendements mesurés, qui ne m'ont jamais paru excessifs. Cependant, ils ont tout de même infléchi le texte dans un sens que je ne souhaite pas.
Notre assemblée a aussi adopté certains articles et des amendements qui, en revanche, vont bien au-delà de la discussion que nous avions eue en commission des lois. Ainsi, au cours du présent débat, a été évoqué, par exemple, le chantage que pourraient exercer les préfets à l'égard des magistrats municipaux.
M. Christian Demuynck. Eh oui !
M. Michel Duffour. Par ailleurs, j'ai entendu certaines caricatures concernant le travail de la police nationale. Je le regrette profondément. Je voterai donc contre le texte tel qu'il a été modifié par le Sénat, en souhaitant que nous revenions le plus possible au projet de loi initial.
M. le président. La parole est à M. Eckenspieller.
M. Daniel Eckenspieller. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la mise en place et le développement des polices municipales dans le paysage policier français sont liés à la conjonction de plusieurs phénomènes :
Il s'agit, en premier lieu, de l'aggravation de la petite et moyenne délinquance et de la multiplication de certains comportements, qui concourent au sentiment d'insécurité.
Il s'agit, en second lieu, de l'insuffisance réelle ou supposée des forces nationales de sécurité, notamment en milieu urbain et périurbain.
Or, en l'état actuel, la loi ne décrit ni l'organisation ni les fonctions des polices municipales, en dépit d'une amélioration rédactionnelle en 1995. Elle ne fixe pas précisément les attributions de ces agents.
Une nécessaire remise en ordre de l'environnement juridique dans lequel s'exercent les fonctions d'agent de police municipale s'imposait donc. Mais cette remise en ordre ne saurait en aucun cas remettre en cause les prérogatives régaliennes de l'Etat en matière de sécurité.
M. Jean-Jacques Hyest. Très bien !
M. Daniel Eckenspieller. En effet, rappelons une nouvelle fois, au terme de ce débat, que la sécurité est de la seule compétence de l'Etat et que la mise en place des polices municipales découle uniquement de la situation décrite voilà quelques instants.
Aussi nous réjouissons-nous de la démarche pragmatique de la commission des lois, qui a cherché à instaurer un véritable partenariat équilibré entre l'Etat et les communes pour promouvoir l'efficacité des polices municipales.
Dans cet esprit, nous ne pouvons qu'approuver les modifications apportées par la Haute Assemblée en vue de substituer une convention librement négociée entre le maire et le préfet, sur la base d'une convention type nationale au règlement de coordination pouvant être établi unilatéralement par le préfet, que le prévoyait le texte adopté par l'Assemblée nationale.
Nous approuvons, par ailleurs, le dispositif relatif à l'armement des agents de police municipale selon la nature de leur mission et les risques auxquels ils sont exposés, qu'a adopté le Sénat.
En effet, il eût été paradoxal d'introduire un principe de non-armement des polices municipales, alors même que les adjoints de sécurité, qui sont, je le rappelle, titulaires d'emplois-jeunes, sont autorisés à porter une arme après seulement une formation de deux mois.
Le port d'une arme constitue un attribut de la force publique qui - nous en sommes persuadés - peut avoir, dans certains cas, un effet dissuasif.
Bien entendu, nous approuvons les autres dispositions introduites par la commission des lois, mais nous voulions rappeler ces deux points qui nous paraissent essentiels.
Les membres du groupe du Rassemblement pour la République voteront donc ce projet de loi, tel qu'il ressort des travaux de la Haute Assemblée.
Avant de conclure, je voudrais rendre un hommage appuyé au remarquable travail accompli par notre éminent collègue Jean-Paul Delevoye, qui a su par ses propositions, ses explications et ses interrogations, d'une part, répondre aux légitimes préoccupations de nos concitoyens en matière de sécurité et, d'autre part, relever le défi posé par l'évolution des relations entre l'Etat et nos communes. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Turk.
M. Alex Turk. Au nom des sénateurs non inscrits, je veux tout d'abord rendre hommage au travail de M. le rapporteur qui, si vous me permettez l'expression, a réussi, à certains moments difficiles, à « passer entre les gouttes » et à concilier les positions des maires, titulaires du pouvoir de police, et du ministre de l'intérieur.
Les sénateurs non inscrits tiennent à rappeler à M. le ministre de l'intérieur leurs préoccupations s'agissant de la convention de coordination. Ils souhaitent tout d'abord qu'il s'agisse bien d'une convention et non pas d'un règlement ; par ailleurs, ils mettent l'accent sur l'importance du contenu de cette convention : après le vote du texte, on se rendra compte, en effet, que l'essentiel se trouve bien là. Il s'agit donc d'être très prudent sur ce point.
Je profite de cette intervention pour rappeler à M. le ministre les quelques engagements qu'il a bien voulu prendre vis-à-vis de nous, à l'occasion de la discussion de divers amendements.
M. le ministre s'est ainsi engagé à rechercher une solution adaptée en ce qui concerne les problèmes de territorialité pour les polices municipales en matière de transports en commun.
Par ailleurs, s'agissant des problèmes de relations entre la police municipale et la police nationale, on a pu vérifier à quel point tout était possible à la seule condition que la police municipale trouve un interlocuteur face à elle et que les officiers de police judiciaire soient assez nombreux, assez disponibles et soient dotés des moyens nécessaires pour pouvoir répondre, dans un bon esprit, aux préoccupations de la police municipale. A cette condition, le projet de loi peut représenter un progrès.
Les sénateurs non inscrits voteront donc ce texte.
M. le président. La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'insécurité, la montée des petites et moyennes délinquances, les violences urbaines sont les préoccupations de tous et constituent un problème majeur de société.
La police municipale de proximité constitue une réponse aux attentes de nos concitoyens en cette matière. Son utilité et son efficacité ne sont plus à démontrer.
Pour autant, il faut bien reconnaître que le cadre juridique dans lequel ses agents exercent leurs fonctions était particulièrement flou. Différents projets de loi qui abordaient ce problème ont été présentés par des gouvernements successifs, mais leur examen n'a pas été mené à son terme, et ils n'ont rien résolu.
Ce texte a donc le premier mérite d'exister. En effet, il était très attendu. Il vise à définir le statut des agents municipaux concernés, de définir le champ d'action, les missions et les moyens des polices municipales.
Dans ce souci de clarification, les amendements adoptés par la Haute Assemblée complètent et améliorent à notre avis très utilement le dispositif prévu. Nous tenons à cet égard à saluer le travail et les avis éclairés de notre excellent rapporteur, M. Delevoye. Nous souhaitons également remercier M. le ministre, qui nous a toujours écoutés, quelquefois entendus et parfois approuvés, et nous retenons qu'il a, sur certains points, accepté le principe d'une poursuite de la réflexion.
S'agissant de la controverse relative au port d'armes par les agents de police municipale, je me félicite de la pondération du débat qui s'est tenu dans notre assemblée sur ce sujet un peu sensible, ainsi que de l'adoption de la rédaction proposée par la commission pour cette disposition.
Tout en supprimant le principe du désarmement des policiers municipaux, la commission a mis en place un cadre précis pour l'armement.
Maire de Toulon pendant dix ans, j'ai désarmé la police muncipale. Je ne pense pas que de nombreux maires en aient fait autant. J'ai pris cette décision parce que, à la suite d'incidents mineurs, j'ai estimé que les conditions d'encadrement et de sécurité n'étaient pas suffisantes à Toulon, pour les policiers municipaux. J'ai pensé que, en attendant que l'encadrement et la formation continue soient mis en place et qu'un certain nombre de critères soient réunis, mieux valait désarmer la police municipale.
M. Jean-Jacques Hyest. Très bien !
M. François Trucy. En revanche, monsieur le ministre, je n'aurais jamais pris la responsabilité de mettre en situation de danger ou de difficulté, sur la voie publique ou dans des quartiers difficiles, à certaines heures, des policiers municipaux désarmés.
C'est dire que le problème n'est jamais résolu et qu'il faudra en reparler longtemps.
Le dispositif ainsi élaboré me paraît donc pouvoir recueillir l'assentiment général et faire l'objet d'un consensus avec l'Assemblée nationale.
Dans le prolongement de la question de l'armement, la formation continue des personnels est particulièrement essentielle. L'accent mis dans le texte sur ce problème est responsable et indéniablement positif.
Pour toutes ces raisons, le groupe des Républicains et Indépendants votera le texte amendé par la Haute Assemblée. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et du RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le groupe du Rassemblement démocratique et social européen s'associe bien évidemment aux remerciements adressés à M. le rapporteur pour l'excellence du travail qu'il a fourni.
Alors que le projet de loi adopté par l'Assemblée nationale posait comme principe que « les agents de police municipale ne sont pas armés », le texte qui résulte de nos travaux traduit une position différente, que nous avions tous souhaitée.
Si le fait de légiférer en matière de police municipale aurait pu porter atteinte au pouvoir des maires, l'équilibre trouvé par le Sénat montre bien qu'il est le Grand conseil des communes de France.
Pour cette raison, le groupe du Rassemblement démocratique et social européen votera ce texte qui a été amélioré par nos travaux.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je tiens à remercier le Sénat de son travail, et notamment M. le rapporteur qui a fait un gros effort pour rapprocher les points de vue.
Bien évidemment, s'il importe de saluer un certain nombre d'avancées - le Gouvernement s'est d'ailleurs rallié à plusieurs des propositions de la commission des lois - il ne faut cependant pas dissimuler les points de divergence : le principe retenu en matière d'armement, l'agrément, le règlement de coordination.
Mais peut-être sera-t-il possible, dans la suite de la procédure, de poursuivre dans la voie d'un rapprochement des positions. C'est en tout cas ce que je souhaite sincèrement, car la question des polices municipales doit être traitée, du point de vue de l'intérêt public, sans conflits excessifs.
A cet égard, je crois que le débat qui, certes, a maintenu des oppositions parfaitement légitimes, et sur certains points tranchées, a néanmoins fait avancer la compréhension d'un sujet que nous avons intérêt à traiter sérieusement tant les polices municipales ont pris une place importante : si elles peuvent jouer un rôle utile - je suis le premier à le dire - encore faut-il que leur statut soit parfaitement clarifié. Il y va, je crois, de l'intérêt de tous, des agents de police municipale, comme des maires, des citoyens et de l'Etat. Par conséquent, il nous faut continuer à travailler.
Je conclurai en remerciant pour leur contribution les différents intervenants, notamment ceux qui ont soutenu le Gouvernement dans les positions minoritaires qu'il pouvait, sur un certain nombre de points, avoir à défendre.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

5

COMMUNICATION DE L'ADOPTION DÉFINITIVE DE PROPOSITIONS D'ACTE COMMUNAUTAIRE

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre une communication, en date du 2 juin 1998, l'informant :
- que la proposition d'acte communautaire E 757 - « proposition de décision du Parlement européen et du Conseil établissant un programme d'action pour l'amélioration de la sensibilisation des professions juridiques au droit communautaire. Action Robert Schuman » a été adoptée définitivement par les instances communautaires par décision du Conseil du 18 mai 1998.
- et que la proposition d'acte communautaire E 948 - « proposition de règlement CE du Conseil relatif à la mise en oeuvre des régimes spéciaux d'encouragement à la protection des droits des travailleurs et à la protection de l'environnement prévus par les articles 7 et 8 des règlements CE n° 3281/94 et CE n° 1256/96 du Conseil portant application des schémas pluriannuels de préférences tarifaires généralisées pour certains produits industriels et agricoles originaires de pays en développement » a été adoptée définitivement par les instances communautaires par décision du Conseil du 25 mai 1998.

6

DÉPÔT DE PROPOSITIONS DE LOI

M. le président. J'ai reçu de MM. Josselin de Rohan, Louis Althapé, Jean Bernard, Jean Bizet, Gérard Braun, Dominique Braye, Mme Paulette Brisepierre, MM. Robert Calmejane, Jean-Pierre Camoin, Auguste Cazalet, Charles Ceccaldi-Raynaud, Gérard César, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Jacques Delong, Michel Doublet, Alain Dufaut, Hilaire Flandre, Bernard Fournier, Alain Gérard, François Gerbaud, Daniel Goulet, Alain Gournac, Georges Gruillot, Roger Husson, Lucien Lanier, Gérard Larcher, Edmond Lauret, Maurice Lombard, Philippe Marini, Paul Masson, Paul d'Ornano, Alain Pluchet, Michel Rufin, Jean-Pierre Schosteck et René Trégouët une proposition de loi tendant à modifier les conditions d'exercice de certains mandats électoraux par les fonctionnaires.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 474, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu de MM. Gérard Braun et Jean-Patrick Courtois une proposition de loi tendant à rendre inéligible de façon définitive tout élu ayant manqué à son devoir de probité.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 475, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

7

DÉPÔT DE PROPOSITIONS
D'ACTE COMMUNAUTAIRE

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil portant approbation de la conclusion, par la Commission, de protocoles additionnels :
a) A l'accord entre les Etats non dotés d'armes nucléaires membres de la Communauté européenne de l'énergie atomique, la Communauté européenne de l'énergie atomique, et l'Agence internationale de l'énergie atomique en application des paragraphes 1 et 4 de l'article III du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ;
b) A l'accord entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, la Communauté européenne de l'énergie atomique, et l'Agence internationale de l'énergie atomique relatif à l'application de garanties au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord dans le cadre du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et
c) A l'accord entre la France, la Communauté européenne de l'énergie atomique, et l'Agence internationale de l'énergie atomique relatif à l'application de garanties en France.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le n° E-1082 et distribuée.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- avant-projet de budget général des communautés européennes pour l'exercice 1999 - section III - Commission - Document de travail - Crédits opérationnels - Partie B - Sous-section BO garanties, réserves et compensations.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le n° E-1083 et distribuée.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
Règlement (CE) du Conseil concernant la réduction de certaines relations économiques et financières avec la République fédérale de Yougoslavie et la République de Serbie.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le n° E-1084 et distribuée.

8

DÉPÔT D'AVIS

M. le président. J'ai reçu de M. Gérard Braun un avis présenté au nom de la commission des affaires économiques et du Plan sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions (n° 445, 1997-1998).
L'avis sera imprimé sous le n° 471 et distribué.
J'ai reçu de M. Philippe Richert un avis présenté au nom de la commission des affaires culturelles sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions (n° 445, 1997-1998).
L'avis sera imprimé sous le n° 472 et distribué.
J'ai reçu de M. Paul Girod un avis présenté au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions (n° 445, 1997-1998).
L'avis sera imprimé sous le n° 473 et distribué.

9

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au jeudi 4 juin 1998 :
A neuf heures trente :
1. Discussion du projet de loi (n° 424, 1997-1998), autorisant la ratification de la convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.
Rapport (n° 454, 1997-1998) de M. Daniel Goulet, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
2. Discussion de la proposition de loi (n° 410, 1997-1998), adoptée par l'Assemblée nationale, tendant à l'élimination des mines antipersonnel.
Rapport (n° 451, 1997-1998) de M. Daniel Goulet, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Aucun amendement n'est plus recevable.
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux textes.
3. Discussion en deuxième lecture du projet de loi (n° 405, 1997-1998), modifié par l'Assemblée nationale, relatif à l'application de la convention du 13 janvier 1993 sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction.
Rapport (n° 461, 1997-1998) de M. Francis Grignon, fait au nom de la commission des affaires économiques et du plan.
Aucun amendement n'est plus recevable.
A quinze heures :
4. Discussion des conclusions du rapport (n° 435, 1997-1998) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu'à la protection des mineurs.
M. Charles Jolibois, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire.
5. Discussion des conclusions du rapport (n° 426, 1997-1998) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme.
M. Claude Huriet, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire.

Délais limites pour les inscriptions de parole
dans la discussion générale
et pour le dépôt des amendements

- Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions (n° 445, 1997-1998) :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : lundi 8 juin 1998, à dix-sept heures ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 9 juin 1998, à douze heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à dix-neuf heures dix.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Effectif des personnels pénitentiaires

290. - 22 mai 1998. - En 1995, les personnels pénitentiaires ont obtenu du Gouvernement, à l'initiative de l'une de leurs organisations syndicales, la bonification dite du 1/5. Cette ancienne revendication entraîne depuis, et pour quelques années encore, des départs en retraite plus nombreux que prévus initialement. La pleine applicabilité de la mesure sera atteinte en l'an 2000. Au total, le déficit prévisionnel par rapport à l'effectif théorique d'ici cette date atteindra deux mille personnels. Or, il faut seize mois pour former un agent, au total. Pour compenser ce déficit, c'est dès maintenant qu'il faut augmenter le nombre de postes offerts dans les différents concours. En conséquence, M. Jean-Paul Delevoye demande à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, de bien vouloir lui indiquer précisément et de façon chiffrée les mesures qu'elle compte prendre, ou a déjà prises, pour que les effectifs réels et les effectifs théoriques ne connaissent pas un écart important en l'an 2000, en raison de la bonification du 1/5. Il lui demande également si elle a effectivement signé une note permettant aux directeurs d'établissement d'utiliser sur des missions de surveillance des élèves-surveillants seuls, non encore formés, qui n'ont pas encore suivi les cours, à l'issue seulement d'une à deux journées de doublure.

Plan Natura 2000

291. - 22 mai 1998. - M. André Vallet attire l'attention de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur les conséquences du plan Natura 2000 dans son application locale. Il rappelle que la réglementation en vigueur a déjà permis la sauvegarde et la protection des sites naturels européens et que Natura 2000 s'y superpose souvent sans apporter plus de clarté dans la gestion de ces sites. Il regrette que ce plan ait pour objectif de geler un pourcentage de surface territoriale sans se soucier du développement local harmonieux que les instances communales, départementales et régionales s'accordent à mettre en oeuvre. Il s'inquiète enfin du démembrement du pouvoir exécutif local dans sa maîtrise foncière. Il demande dans quelles mesures ce plan est « concerté » avec les élus locaux.

Autorisation d'exploitation du centre d'enfouissement technique
de Beauchêne à Saint-Fromond (Manche)

292. - 22 mai 1998. - M. Jean-François Le Grand rappelle à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement qu'en application de l'article 23-3 du décret du 20 septembre 1997 et de la circulaire n° 97-103 du 18 juillet 1997, l'ouverture d'un centre d'enfouissement technique (CET) de classe II oblige l'exploitant du site à fournir, lors de la publication de l'arrêté du préfet donnant autorisation d'exploiter, une garantie financière concernant le montant des travaux à exécuter en cas de défaillance de l'exploitant pour la remise en état partielle ou définitive du site en cas de sinistre. Aucune banque, aucune société d'assurance consultées, ni même l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, n'ont accepté de donner une garantie financière ou une caution bancaire (toutes les grandes compagnies, ainsi que la fédération française des sociétés d'assurance, ont été consultées), estimant qu'elles pouvaient être entraînées en cas de pollution à supporter des frais dépassant le montant de la caution donnée et dont la durée pourrait être allongée par jurisprudence des tribunaux. Les services du ministère de l'aménagement du territoire ainsi que la direction du Trésor ont été informés, sinon alertés, de ce refus des compagnies d'assurance de participer à ce dispositif de garanties financières sans qu'aucune solution ait été apportée à ce problème. La difficulté d'application du décret susvisé risque de nous priver de l'autorisation d'exploiter dès septembre 1998 le centre d'enfouissement technique de Beauchêne à Saint-Fromond et exploité par le syndicat intercommunal à vocations multiples du Point-Fort alors que toutes les contraintes réglementaires ont été parfaitement respectées pour autoriser l'ouverture de cette nouvelle installation de stockage des déchets ménagers et assimilés, parfaitement indispensable pour la ville de Saint-Lô et sa région. Il lui demande donc d'apporter aux intervenants associés à ce projet de constitution d'un CET, SIVOM du Point-Fort et département de la Manche, les réponses nécessaires afin que la procédure d'autorisation ne soit pas bloquée par cette impossibilité.

Tribunaux du contentieux de l'incapacité

293. - 25 mai 1998. - M. Jean-Marc Pastor attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur les tribunaux du contentieux de l'incapacité. Depuis la loi n° 94-43 du 18 janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale, les anciennes commissions régionales de l'incapacité ont effectivement pris le nom de « Tribunaux du contentieux de l'incapacité ». Toutefois, en l'absence de décret d'application, ces tribunaux continuent à fonctionner conformément à l'ancienne législation qui régissait les commissions précitées (1975). Or, la loi de 1994 en modifait la composition et prévoyait notamment que des magistrats de l'ordre administratif ou judiciaire y siègent. Des associations locales assurant la défense des handicapés ou invalides l'ont interpellé sur le fonctionnement de ces commissions dont l'une des conséquences serait que les particuliers concernés interjettent appel de plus en plus fréquemment auprès de la Cour nationale de l'incapacité, ce qui retarde la gestion des dossiers et la prise de décision. C'est pourquoi, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître sa position sur de tels fonctionnements ainsi que l'état d'avancement des tests réglementaires d'application de la loi précitée.

Mesures en faveur de l'amélioration
de la situation matérielle des conjoints

294. - 25 mai 1998. - M. Alfred Foy appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur la nécessité d'améliorer les conditions matérielles d'existence des conjoints survivants. A cet effet, il serait souhaitable d'adopter rapidement un certain nombre de mesures destinées à faire évoluer leurs droits. Tout d'abord, dans le domaine de l'assurance-veuvage, qui telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, n'apparaît plus adaptée aux besoins urgents d'une population en proie à l'aggravation de ses difficultés. Versée aux conjoints survivants âgés de moins de cinquante-cinq ans à condition qu'ils ne dépassent pas un plafond de ressources, l'assurance-veuvage doit permettre, selon l'esprit de la loi n° 80-546 du 17 juillet 1980 qui l'a instituée, de leur assurer une aide financière temporaire dans l'attente d'une amélioration de leur situation à l'issue de laquelle ils percevront soit une retraite personnelle, soit une pension de réversion. Cette allocation, d'un montant de 3 073 francs par mois la première année, passe à 2 019 francs la deuxième année et à 1 537 francs la troisième. Elle est notoirement insuffisante dès la deuxième année, puisque inférieure au montant du revenu minimum d'insertion. Par conséquent, il s'avère primordial de la revaloriser et d'attribuer également, ce qui n'est pas le cas actuellement, une majoration pour tout enfant à charge. Celle-ci paraît d'autant plus justifiée que l'allocation-veuvage est dévolue à des personnes relativement jeunes, et donc susceptibles d'élever des enfants. Concernant le système en vigueur des pensions de réversion, il apparaît indispensable d'en augmenter le taux, compte tenu du nouveau régime d'assurance vieillesse. En effet, le calcul de la retraite, qui s'établiera désormais sur la base des salaires moyens des vingt-cinq meilleures années et le relèvement du nombre de trimestres requis, aura, pour effet, une diminution du montant de la réversion. Parallèlement à la majoration du taux actuel de 54 %, il convient, dans un souci d'équité, d'aligner le taux des régimes spéciaux sur celui du régime général. Le Gouvernement l'a fait, à juste titre, pour les marins et les mineurs, et il convient, à présent, de généraliser cette mesure.

Exonération de taxe professionnelle pour les micro-entreprises

297. - 28 mai 1998. - M. François Gerbaud attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les difficultés des micro-entreprises, qui doivent supporter la taxe professionnelle, au titre des différentes communes où elles exercent ; le montant de cette taxe devient ainsi hors de proportions avec leur chiffre d'affaires modeste. L'objectif de la loi Madelin n° 93-121 du 27 janvier 1993 était de faciliter la création et le développement de l'entreprise individuelle, notamment en l'exonérant du poids de certaines taxes. Il semble que, dans certains départements, l'administration fiscale ait choisi d'imposer aux-micro-entreprises la lourde charge de la taxe professionnelle, ne respectant ainsi plus l'esprit de la loi. Elle ne fait que dissuader la création de ces très petites entreprises, pourtant porteuses d'emplois ou préparant à la création de nouvelles entreprises. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir donner des instructions pour éviter cet excès de charges.