SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Saisine du Conseil constitutionnel (p. 1 ).

3. Amélioration des relations entre les administrations et le public. - Discussion d'un projet de loi (p. 2 ).
Discussion générale : MM. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation ; Jean-Paul Amoudry, rapporteur de la commission des lois ; Guy Cabanel, James Bordas, Jean-Patrick Courtois, Jacques Mahéas, Robert Pagès.

4. Souhaits de bienvenue à une délégation parlementaire du Mexique (p. 3 ).

5. Amélioration des relations entre les administrations et le public. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi (p. 4 ).
Discussion générale (suite) : MM. René Régnault, Pierre Laffitte.
Clôture de la discussion générale.
M. le ministre.

Intitulé du titre Ier (p. 5 )

Amendement n° 2 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Jacques Mahéas. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Article 1er (p. 6 )

Amendement n° 37 de M. Mahéas. - MM. Jacques Mahéas, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 1er (p. 7 )

Amendement n° 33 rectifié de M. Laffitte. - MM. Pierre Laffitte, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 3 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 2 (p. 8 )

Amendements n°s 4 et 5 de la commission. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 38 de M. Mahéas. - MM. Jacques Mahéas, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendements n°s 6 de la commission et 29 de M. Vasselle. - MM. le rapporteur, Alain Vasselle, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 29 ; adoption de l'amendement n° 6.
Adoption de l'article modifié.

Article 3 (p. 9 )

M. Jacques Mahéas.
Amendements n°s 7 à 9 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des trois amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 4 (p. 10 )

Amendement n° 10 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 5 (p. 11 )

Amendement n° 30 de M. Vasselle. - M. Alain Vasselle. - Retrait.
Amendements n°s 11 à 14 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des quatre amendements.
Amendement n° 39 de M. Mahéas. - MM. Jacques Mahéas, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
M. Jacques Mahéas.
Adoption de l'article modifié.

Article 6 (p. 12 )

Amendements n°s 40 de M. Mahéas et 15 de la commission. - MM. Jacques Mahéas, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle. - Rejet de l'amendement n° 40 ; adoption de l'amendement n° 15 rédigeant l'article.

Article 7 (p. 13 )

Amendements n°s 16 et 17 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 7 (p. 14 )

Amendement n° 34 de M. Laffitte. - M. Guy Cabanel. - Retrait.
Amendement n° 31 de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Article 8 (p. 15 )

Amendements identiques n°s 18 de la commission et 41 de M. Mahéas. - MM. le rapporteur, Jacques Mahéas, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Amendements n°s 19 et 20 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 9 (p. 16 )

MM. Jacques Mahéas, le ministre.
Amendement n° 21 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 42 de M. Mahéas. - MM. Jacques Mahéas, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Amendement n° 32 de M. Vasselle - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 43 de M. Mahéas. - MM. Jacques Mahéas, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Amendements n°s 27 et 28 de M. Pagès. - MM. Robert Pagès, le rapporteur, le ministre. - Rejet de l'amendement n° 27 et, par scrutin public, de l'amendement n° 28.
Amendement n° 35 de M. Laffitte. - MM. Guy Cabanel, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
MM. Jacques Mahéas, Philippe de Bourgoing, Michel Rufin, Guy Cabanel, le ministre.
Adoption, par scrutin public, de l'article modifié.

Article additionnel avant l'article 10 A (p. 17 )

Amendement n° 1 du Gouvernement et sous-amendement n° 44 de la commission. - MM. le ministre, le rapporteur, Jacques Mahéas. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement, modifié, insérant un article additionnel.

Article 10 A. - Adoption (p. 18 )

Article 10 B (p. 19 )

Amendement n° 22 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 10 B (p. 20 )

Amendement n° 23 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 24 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 10 (p. 21 )

Amendement n° 25 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 11. - Adoption (p. 22 )

Intitulé du projet de loi (p. 23 )

Amendement n° 26 de M. Cabanel. - MM. Guy Cabanel, le rapporteur, le ministre, Emmanuel Hamel. - Rejet.

Vote sur l'ensemble (p. 24 )

MM. Jacques Machet, Robert Pagès, Jacques Mahéas, Jean-Patrick Courtois, Guy Cabanel.
Adoption du projet de loi.

6. Dépôt de rapports (p. 25 ).

7. Ordre du jour (p. 26 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures cinq.)

1

PROCE`S-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

SAISINE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

M. le président. M. le président a reçu de M. le président du Conseil constitutionnel une lettre par laquelle il informe le Sénat que le Conseil constitutionnel a été saisi le 25 février 1997, en application de l'article 61, alinéa 2, de la Constitution, par plus de soixante sénateurs, d'une demande d'examen de la conformité à la constitution de la loi créant les plans d'épargne retraite.
Acte est donné de cette communication.
Le texte de la saisine du Conseil constitutionnel est disponible au bureau de la distribution.

3

AMÉLIORATION DES RELATIONS ENTRE
LES ADMINISTRATIONS ET LE PUBLIC

Discussion d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 181, 1996-1997), adopté par l'Assemblée nationale, relatif à l'amélioration des relations entre les administrations et le public [Rapport n° 218 (1996-1997).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, la réforme de l'Etat constitue l'un des grands chantiers de ce septennat et l'une des deux principales priorités fixées par le Président de la République pour l'année 1997. J'ai pu en évoquer les principes devant vous à l'occasion du débat budgétaire ; mais vous n'avez pas eu encore à vous prononcer sur un texte. En effet, l'organisation de l'Etat et son fonctionnement relevant principalement du domaine réglementaire, les premières réformes engagées par le Gouvernement n'avaient pas à se traduire par des mesures législatives immédiates.
Le projet de loi qui vous est soumis constitue donc le premier support législatif de la réforme de l'Etat.
Depuis plus de vingt ans, un certain nombre de réformes importantes ont été mises en oeuvre pour faciliter le contact entre l'administration et le public, pour rendre l'administration plus transparente et plus ouverte aux préoccupations du citoyen. La création du Médiateur et l'extension de ses pouvoirs, les dispositions prises pour conduire l'administration à communiquer ses décisions et à mieux les motiver, la protection des individus contre les déviations possibles des nouvelles technologies, notamment l'informatique, ou encore l'amélioration des conditions d'accès au juge, toutes ces mesures et d'autres encore, comme la décentralisation, ont modifié la relation traditionnelle d'autorité et ont contribué à faire évoluer les esprits.
Mais, parallèlement, pour répondre à la demande de nos concitoyens, l'intervention de l'Etat et des collectivités publiques s'est considérablement développée. Alors que le rythme des évolutions technologiques s'amplifie, que le monde, la France et les Français évoluent, l'Etat doit pourvoir aux besoins de plus en plus variés des citoyens sur l'ensemble du territoire : l'enseignement primaire, secondaire et supérieur, la protection sociale, le logement, la sécurité, etc. A l'évidence, il est l'un des principaux recours dans une société qui se cherche des repères.
Dans ce contexte, il faut bien reconnaître que trop peu a été entrepris ces dix dernières années pour faire progresser les droits des citoyens dans leur rapports avec l'administration. Or, l'Etat doit non seulement suivre, mais également anticiper les évolutions sociales. Dans une société et une économie de plus en plus complexes, les pouvoirs doivent être plus répartis, plus équilibrés. Les partenaires sociaux, les associations, les entreprises aspirent légitimement à participer davantage et plus librement à la vie de la nation.
Les forces d'initiative sont formidables sur le terrain. Pourtant, l'impression qui prévaut est celle d'un blocage, tout au moins d'une série d'entraves qui viendraient de l'Etat. L'image de ce dernier s'est quelque peu brouillée et, de fait, on lui impute toutes les difficultés traversées par la société française.
Sans doute faut-il mieux tirer parti de la compétence remarquable de notre fonction publique. Il est de la responsabilité de l'Etat de donner aux fonctionnaires des instructions claires et efficaces, de mobiliser leurs énergies sur les enjeux essentiels.
La réforme de l'Etat vise précisément à libérer la capacité créatrice de l'administration pour la mettre à disposition des forces vives de notre pays. Elle concourt ainsi à la grande ambition de modernisation et d'adaptation de la France aux défis de notre temps, en rendant à l'administration sa vocation première : placer le citoyen au coeur du service public.
Avant de vous indiquer l'économie et la portée du projet de loi, sur lequel la commission des lois et M. le rapporteur ont effectué un travail remarquable, je souhaite tracer la perspective de la réforme de l'Etat dont ce texte sera la première pièce législative.
La réforme de l'Etat a été lancée par une circulaire du Premier ministre en date du 26 juillet 1995, fixant les grands axes de cette réforme et une méthodologie. Puis, ont été mis en place le comité interministériel pour la réforme de l'Etat et le commissariat à la réforme de l'Etat, créé par le décret du 13 septembre 1995.
Un intense travail interministériel a ensuite été conduit dès le dernier trimestre 1995, avec l'appui technique du commissariat à la réforme de l'Etat. Il a permis l'élaboration d'un document de travail esquissant des pistes de réforme, document qui a été soumis à une très large concertation au début de l'année 1996.
L'ensemble des partenaires de l'Etat a ainsi été associé durant plusieurs mois à sa réforme, et les organisations représentant les personnels, les usagers des services publics, les organisations patronales, les institutions consulaires, les associations d'élus et plusieurs centaines de personnalités qualifiées nous ont apporté leur point de vue. J'ai moi-même conduit le plus souvent ces discussions qui, à Paris comme en province, ont été enrichissantes et passionnantes. Chaque membre du Gouvernement y a impliqué l'administration dont il a la responsabilité, et les préfets ont effectué à ma demande un travail considérable. Plus de 10 000 personnes ont été associées à ce travail.
Ainsi, le comité interministériel du 29 mai 1996 a pu, à partir de l'ensemble des propositions, arrêter le programme de réforme de l'Etat. Depuis, nous travaillons activement à sa mise en oeuvre.
Quels sont les principes et les objectifs de la réforme ?
Je tiens à rappeler, en premier lieu, que la réforme de l'Etat n'a ni pour objet ni pour effet de toucher au statut de la fonction publique ou de porter atteinte aux principes fondamentaux qui constituent le socle de la conception française du service public et auxquels le Président de la République a, encore récemment, rappelé notre attachement.
En France, c'est autour de l'Etat que s'est construite l'unité nationale. Depuis plus de cent vingt ans, le régime républicain est le garant de la cohésion sociale, de l'accès de tous aux grands services publics, du respect du droit et de la défense des intérêts de la France dans le monde.
Pour défendre ce modèle, auquel nos concitoyens sont attachés, il faut faire en sorte que l'Etat s'adapte pour être toujours plus performant. C'est un impératif majeur face aux fléaux qui, tels le chômage et l'exclusion, nous frappent durement, menacent la cohésion sociale et font le lit des extrémismes que, dans leur immense majorité, les Français repoussent.
Cette régénération est le sens profond de la réforme de l'Etat. Les mesures engagées à cette fin peuvent être regroupées autour de trois objectifs prioritaires : un Etat plus simple et plus rapide, un Etat plus proche, un Etat plus moderne et plus responsable.
En ce qui concerne l'objectif de simplicité et de rapidité, je tiens à souligner le fait que nos concitoyens sont trop souvent rebutés par l'extrême complexité des structures et des procédures publiques.
Simplifier l'Etat, c'est, d'abord, lutter contre l'inflation des textes et la complexité des procédures.
Un programme général de codification a été adopté voilà près d'un an, afin de codifier d'ici au 31 décembre 2000 la totalité des textes applicables. Plusieurs codes sont parus ou en voie de parution. L'année dernière, le code général des collectivités territoriales est entré en vigueur.
Dans la même perspective de simplification, une étude d'impact des formalités nouvelles et des coûts accompagne depuis le 1er janvier 1996 chaque projet de loi transmis au Parlement. Un bilan de cette procédure est en cours afin d'en renforcer l'efficacité.
Par ailleurs, après un considérable travail de recensement, qui a permis de dénombrer plus de 4 200 régimes d'autorisations administratives préalables, la simplification a démarré : les textes permettant la suppression ou la simplification de 300 procédures, avec le passage au régime déclaratif ou à la règle de l'accord tacite, sont prêts. Un projet de loi portant diverses mesures de simplification administrative sera présenté au Sénat dans les prochaines semaines : il vient d'être soumis au Conseil d'Etat.
Avec le concours des ministres responsables, d'autres mesures de simplification seront réalisées ou expérimentées au cours de l'année 1997, en matière de formalités d'état civil ou de permis de construire, par exemple.
Simplifier l'Etat, c'est, en second lieu, accélérer les décisions et le fonctionnement de l'administration.
J'évoquerai, à cet égard, quelques mesures effectives depuis le 1er janvier 1997.
Tout d'abord, toute entreprise ayant une créance non contestée sur l'Etat et non payée dans le délai normal de quarante-cinq jours peut, sur simple réclamation auprès du préfet ou du ministre, être payée dans les quinze jours.
Ensuite, dans une vingtaine de préfectures, des passeports et des cartes grises sont délivrés immédiatement : c'est le service « titre-express ». Cette procédure rapide devrait être étendue à toutes les préfectures d'ici à la fin de l'année.
Enfin, dans une centaine de sites administratifs - préfectures, sous-préfectures, services fiscaux et perceptions - il est possible de payer une somme due à l'Etat par carte bancaire. Un millier de sites seront équipés avant la fin de cette année.
Le deuxième objectif prioritaire de la réforme de l'Etat est l'instauration d'un Etat plus proche des citoyens.
La décentralisation a conféré des responsabilités éminentes aux collectivités locales. L'Etat a cependant maintenu une procédure excessivement centralisée à laquelle se heurtent à la fois le citoyen et l'élu local. Elle ralentit les décisions et empêche parfois leur adaptation fine aux situations concrètes. Aussi la déconcentration est-elle une exigence impérieuse. Il importe que les décisions soient prises au plus près des personnes concernées.
Plusieurs décisions majeures ont déjà été arrêtées pour rapprocher l'Etat des Français.
Tout d'abord, en application du décret du 15 janvier 1997, à compter du 1er janvier 1998, la totalité des décisions administratives individuelles seront prises par les autorités locales de l'Etat, en principe le préfet. Les ministres et les administrations centrales pourront ainsi se concentrer sur leur rôle : fixer la stratégie et les orientations des politiques publiques, les évaluer, élaborer les textes législatifs et réglementaires nécessaires à leur mise en oeuvre. Cette évolution radicale du service public viendra utilement compléter, je crois, les dispositions du projet de loi, notamment de son titre Ier, que je vous présenterai dans un instant.
En deuxième lieu, toujours en matière de déconcentration, les autorités locales de l'Etat disposeront de crédits plus importants, d'utilisation plus souple et délégués plus rapidement. Elles pourront ainsi s'engager plus vite vis-à-vis des entreprises ou des associations.
En troisième lieu, la gestion des ressources humaines de l'Etat et le dialogue social vont être largement déconcentrés.
Les décrets permettant cette déconcentration devraient être applicables avant la fin du premier trimestre 1997. Ainsi, la mobilité territoriale pour les membres des corps issus de l'ENA s'appliquera dès la promotion sortant le 1er avril prochain. Enfin, la mise en place d'un congé « formation-mobilité » permettra de donner satisfaction aux fonctionnaires qui souhaitent changer de métier, au sein de la fonction publique.
Nous entendons - c'est notre troisième objectif - créer un Etat plus moderne et plus responsable.
Pour mieux mettre l'Etat en adéquation avec la société, il faut alléger ses structures et donner à ses fonctionnaires plus de responsabilités, leur faire en quelque sorte davantage confiance. Ainsi, la réforme deviendra à la fois une réalité et un état d'esprit.
Plusieurs grands chantiers sont engagés à cette fin, et tout d'abord la réforme des services centraux et des services régionaux et départementaux.
Afin de mieux répondre aux besoins là où ils existent, il convient de modifier la structure et le fonctionnement de ces services, qui regroupent environ 400 000 des 2 100 000 agents de l'Etat. En effet, la majorité des fonctionnaires travaillent dans des services de proximité, en contact direct avec le public : établissements d'enseignement, commissariats, tribunaux, perceptions.
A cette fin, je vous confirme que la mise en oeuvre effective de la réorganisation des administrations centrales s'effectuera d'ici à l'été 1997. Elle se traduira par une baisse sensible des effectifs grâce, d'une part, au transfert des fonctions opérationnelles aux services déconcentrés et aux services à compétence nationale et, d'autre part, grâce à des gains de productivité.
Par ailleurs, nous mettrons en place une nouvelle organisation des services départementaux et régionaux de l'Etat. Sur la base d'un décret d'expérimentation en cours de préparation, celle-ci pourrait commencer au printemps, dans une dizaine de départements et de régions, avec quelques priorités : l'aménagement de l'espace, la sécurité de l'alimentation, la lutte contre l'exclusion, le développement économique.
La réforme de la gestion publique passera d'abord par la poursuite de la modernisation de la procédure de préparation du budget de la nation, entamée en mai 1996 avec le débat d'orientation budgétaire au Parlement.
J'ajouterai que plusieurs orientations ont été prises pour la préparation du budget de 1998. Les crédits gérés de façon déconcentrée seront inscrits sur des chapitres spécifiques, ce qui les « protégera » plus efficacement. Le taux de déconcentration des crédits de chaque ministère sera ainsi indiqué au Parlement, et il devra augmenter significativement de 1997 à 1998.
Nous moderniserons également les modalités d'exécution du budget en allégeant le contrôle financier central et en expérimentant les contrats de service. Ces contrats conféreront un budget global à un service déconcentré et pourront prévoir un mécanisme d'intéressement du service et de ses agents aux économies réalisées : une dizaine de services départementaux ou régionaux seront bientôt concernés, notamment au ministère de l'équipement, à l'éducation nationale et au ministère de l'industrie.
Nous instaurerons, par ailleurs, une véritable gestion du patrimoine de l'Etat, grâce à la création d'une comptabilité patrimoniale. Des expérimentations portant sur la gestion du patrimoine immobilier vont être lancées avant la fin de l'année dans quelques départements.
Enfin, les nouvelles technologies de l'information s'introduisent chaque jour davantage dans le fonctionnement des administrations : elles y facilitent le travail des fonctionnaires et améliorent les services rendus aux usagers. Les formations seront développées dans ce domaine pour aider les fonctionnaires à s'adapter à ces nouvelles technologies.
Ainsi, le premier semestre 1997 verra la réalisation ou l'engagement décisif de la totalité des réformes prévues, qu'il s'agisse de changements simples et concrets intéressant la vie quotidienne de nos concitoyens ou de chantiers de réformes de structures de plus longue haleine.
D'ici au printemps prochain, une charte des citoyens et des services publics rappellera les droits traditionnels ou nouveaux des citoyens vis-à-vis des administrations et des services publics.
Mesdames, messieurs les sénateurs, venons-en maintenant à l'économie et à la portée de ce projet de loi, qui correspond, je le disais tout à l'heure, à l'une des toutes premières préoccupations du Gouvernement, à savoir la situation des usagers des différents services publics administratifs.
En effet, lorsqu'on interroge aujourd'hui nos concitoyens sur leur perception de l'Etat, on s'aperçoit que, globalement, les administrations leur paraissent lointaines et souvent indifférentes. Il leur est reproché de ne pas répondre aux demandes ou de le faire très lentement, d'être trop cloisonnées, enfin de ne pas être suffisamment à l'écoute de leurs usagers.
Aussi l'idée majeure inspirant le projet de loi qui vous est soumis est-elle de rapprocher les administrations du citoyen, de rendre celles-là à celui-ci en réformant les procédures, en développant la médiation et en aménageant les services.
Cette volonté sous-tend les trois volets du texte, qu'il s'agisse des dispositions du titre Ier sur le régime des décisions administratives, de celles du titre suivant relatives au Médiateur de la République, ou enfin de celles du titre III concernant les « maisons des services publics ».
Les dispositions du titre Ier prévoient un régime des décisions administratives largement amélioré par rapport à l'état du droit existant.
En effet, à l'heure actuelle, ce régime n'est pas satisfaisant, essentiellement de deux points de vue. D'une part, le droit n'est pas unifié ; il est donc une source de complexité supplémentaire. D'autre part, un certain nombre de principes et de délais sont désuets.
Aussi le régime des décisions administratives doit-il être simplifié par une harmonisation des règles applicables.
Le projet de loi prévoit de le faire par trois dispositions simples.
En premier lieu, il s'agit d'étendre à tous les cas où elle n'existe pas l'obligation pour les autorités administratives d'accuser réception des demandes ou des réclamations qu'elles reçoivent. L'objectif est de garantir le citoyen contre l'inertie administrative, la complexité des procédures ou l'insuffisance des moyens, et d'exiger de l'administration qu'elle fasse son affaire de ses propres difficultés d'organisation et de fonctionnement.
Actuellement, l'obligation d'accuser réception ne s'impose qu'aux services de l'Etat et à ses établissements publics, par l'effet du décret du 28 novembre 1983, ou lorsqu'un texte spécial l'a prévue dans un domaine particulier, comme c'est le cas en matière de permis de construire.
Dans tous les autres cas, et pour les autorités administratives autres que celles qui relèvent de l'Etat, l'accusé de réception n'est pas obligatoire. Or cette formalité présente un intérêt évident pour le demandeur, car il sait ainsi que sa demande est bien parvenue au service compétent. Grâce aux mentions qui figurent dans l'accusé de réception, il obtiendra très rapidement un certain nombre d'informations qu'il est légitimement en droit d'attendre : quel service traite le dossier, quel est le régime applicable en cas de non-réponse, quels sont les délais de recours.
Si vous suivez le Gouvernement, il n'y aura plus de demande ou de réclamation adressée à une autorité administrative qui ne soit suivie de la délivrance d'un accusé de réception.
Le projet de loi prévoit, ensuite, que, lorsqu'une autorité administrative est saisie à tort d'une demande ou réclamation, elle doit la transmettre à l'autorité compétente et en aviser l'intéressé. Cette règle élémentaire de bon fonctionnement n'est pas exigée par les textes pour l'ensemble des décisions des autorités administratives, ce qui revient à faire peser sur nos concitoyens la responsabilité de la complexité administrative.
Enfin, troisième mesure d'harmonisation et d'amélioration du droit applicable aux décisions administratives, le projet de loi instaure l'obligation pour les autorités administratives de respecter une procédure contradictoire avant que puissent être prises certaines décisions administratives. Il s'agit des décisions défavorables qui doivent être motivées et qui sont prises unilatéralement par les autorités administratives, sans que la personne intéressée ait formulé une demande.
L'autorité administrative aura l'obligation, sauf exceptions énumérées dans le projet de loi, de recueillir les observations écrites de la personne intéressée et, si cette dernière le demande, ses observations orales. Cette obligation n'existe, pour l'instant, que très ponctuellement. Sur ce point aussi, le projet de loi contribuera donc à harmoniser et à simplifier le droit.
L'effort d'adaptation sera concentré sur deux axes prioritaires : d'une part, développer le nombre de cas dans lesquels le silence de l'autorité administrative vaut acceptation de la demande et, d'autre part, raccourcir le délai imparti à l'administration pour répondre.
Sur le premier point, le droit commun actuel repose sur le principe selon lequel le silence de l'administration vaut, sauf exceptions prévues par les textes, décision de rejet. Ce principe est vieux de plus d'un siècle. Certes, depuis une trentaine d'années, un certain nombre d'exceptions ont été instaurées dans des domaines comportant souvent des enjeux importants, comme le permis de construire. Mais ces exceptions restent en nombre limité, - environ 200 - eu égard aux 4 200 régimes d'autorisation administrative existants.
Désormais, chaque fois que cela sera possible, le silence gardé par l'administration sur une demande vaudra acceptation.
Soucieux de réalisme et afin d'éviter tout effet pervers de la réforme, le Gouvernement ne souhaite toutefois pas renverser le principe traditionnel du silence valant rejet de la demande. Pour de multiples motifs légitimes, il faudrait, aussitôt, assortir ce nouveau principe de plusieurs centaines d'exceptions difficiles à recenser. Cela différerait l'entrée en vigueur de la loi et créerait une situation ambigüe. La démarche que je vous propose est à la fois plus pragmatique, plus sûre et plus efficace.
Il s'agit de prévoir que les cas dans lesquels le silence de l'administration vaudra acceptation de la demande seront instaurés par le décret proposé à l'article 5 du projet.
De cette manière, seront conciliées les exigences résultant de la jurisprudence du Conseil constitutionnel en vertu de laquelle le principe général du silence valant rejet a valeur législative et la position du Conseil d'Etat qui admet que le pouvoir réglementaire instaure des régimes d'accord implicite.
Cette démarche est opérationnelle immédiatement, puisqu'il résulte des travaux déjà réalisés que, très rapidement après la publication de la loi, un premier train de plus d'une centaine de nouveaux régimes d'autorisation relèvera de l'accord implicite. Les textes sont prêts pour cette première série et d'autres mesures seront arrêtées très rapidement.
L'Assemblée nationale a accepté cette démarche pragmatique en inversant seulement les articles 4 et 7 du projet initial du Gouvernement, afin de bien afficher le principe avant ses exceptions.
Le Gouvernement souhaite également une adaptation significative de l'état du droit en ce qui concerne les délais de réponse de l'administration.
Il existe actuellement une grande diversité de situations, du délai de quatre mois valant rejet implicite à l'acceptation implicite dans des délais variables selon les cas.
A l'heure de la communication en temps réel, il est nécessaire que le délai au terme duquel le silence gardé sur une demande vaudra rejet soit ramené de quatre à deux mois. C'est ce que prévoit le projet. Le traitement des demandes ne pourra que s'en trouver accéléré, dans l'intérêt de nos concitoyens.
Ce même délai de deux mois est prévu pour les hypothèses dans lesquelles des décrets en Conseil d'Etat instaureront un régime d'accord implicite.
Ainsi, sauf exceptions limitées dues à l'urgence ou à la complexité de la procédure, nos concitoyens sauront qu'au terme d'un délai de deux mois leur demande sera acceptée ou rejetée. Il en résultera inéluctablement une transformation profonde des méthodes de travail et de l'organisation administrative.
Le titre II du projet de loi concourt au même objectif. Il s'agit de rapprocher les services publics des citoyens et de conduire l'administration à prendre davantage en considération ses usagers.
La concertation conduite en la matière a démontré que les Français sont très attachés aux mécanismes de médiation, qui permettent d'éviter toute situation de blocage dans leur relation avec les administrations.
C'est pourquoi le Gouvernement vous propose de modifier la loi du 3 janvier 1973 relative au Médiateur.
Le succès de l'institution est incontestable et vous y avez largement contribué, comme parlementaires, en lui transmettant les réclamations de nos concitoyens.
Mais, afin que le Médiateur de la République soit mieux connu des Français et que ceux-ci puissent le saisir plus facilement, le projet de loi prévoit d'élargir sa saisine à de nouvelles catégories d'élus : les parlementaires européens, les présidents des conseils régionaux et généraux.
Après des débats approfondis, l'Assemblée nationale a préféré écarter la saisine du Médiateur par les parlementaires européens. Par ailleurs, elle n'a pas retenu l'amendement de son rapporteur tendant à prévoir une faculté de saisine du Médiateur par l'ensemble des maires.
M. Pierre Fauchon. C'est dommage !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Votre commission des lois se situe plus en retrait par rapport aux dispositions du projet puisqu'elle propose de maintenir, sur ce point, l'état du droit existant, à savoir la saisine par les seuls députés et sénateurs. Nous reviendrons sans doute sur ce point dans le cours de la discussion.
Quoi qu'il en soit, si l'on veut que l'administration prenne davantage en compte les préoccupations des usagers, il est utile de renforcer les pouvoirs du Médiateur, observateur privilégié de ses dysfonctionnements.
A ce titre, il vous est proposé de reconnaître au Médiateur de la République le pouvoir de se saisir lui-même des sujets sur lesquels il pourra proposer des réformes et de déclencher lui-même, vis-à-vis d'un service public défaillant, les procédures d'inspection et de contrôle.
L'Assemblée nationale a souhaité également que le Médiateur puisse s'exprimer publiquement devant les assemblées à l'occasion de la remise de son rapport annuel.
Ces pouvoirs nouveaux conférés au Médiateur de la République ne pourront qu'aider l'administration à se réformer.
Le titre III du projet de loi vise à faciliter la mise en place de structures plus proches des citoyens et prenant davantage en compte la polyvalence aujourd'hui indispensable à toute politique de service public.
Depuis plusieurs années, des structures polyvalentes ont été expérimentées. Des « points publics » ont été créés en milieu rural depuis 1994 et, dans le cadre de la politique de la ville, des « plates-formes de services publics » ont été mises en place, ces derniers mois, dans les quartiers urbains en difficulté.
Pour développer et consolider ces expériences, le Gouvernement a décidé d'encourager la création de « maisons des services publics ». Elles regrouperont des services publics de nature différente, auxquels les usagers auront ainsi plus facilement accès. Ils y trouveront un service allant au-delà de l'accueil et de l'information et assurant une prise en charge globale et personnalisée de leurs démarches.
Des maisons des services publics ont d'ores et déjà été créées, ou sont en voie de l'être, dans une vingtaine de départements. Le projet de loi vise à les doter du cadre juridique nécessaire à leur développement et, si ces expériences s'avèrent positives, à leur extension progressive sur le territoire.
Sont ainsi prévues la conclusion de conventions entre les personnes publiques concernées et les règles permettant au responsable d'une maison des services publics de prendre certaines décisions simples par délégation des autorités compétentes.
Par ailleurs, pour le cas où il apparaîtrait utile de disposer de structures plus importantes, le texte prévoit que les groupements d'intérêt public pourront créer ou gérer des maisons des services publics, selon le régime de la loi du 15 juillet 1982 ayant institué la catégorie des groupements d'intérêt public.
Ensuite, le titre IV du projet prévoit, outre des dispositions de procédure relatives à l'entrée en vigueur et à l'applicabilité de la loi dans les territoires d'outre-mer, deux dispositions introduites par la commission des lois de l'Assemblée nationale avec l'avis favorable du Gouvernement.
Elles concernent l'article 1er de la loi du 16 juillet 1980, qui fixe les délais d'ordonnancement des sommes d'argent que les personnes morales de droit public ont été condamnées à payer par décision juridictionnelle.
En premier lieu, l'article 10 A du texte vise à réduire de quatre à deux mois ce délai d'ordonnancement. Il est tout à fait conforme aux objectifs généraux du projet du Gouvernement, à savoir réduire les délais opposés aux citoyens. De plus, l'exécution rapide des décisions de justice comportant des conséquences pécuniaires est un élément essentiel du respect de l'état de droit.
En second lieu, l'article 10 B du texte a pour objet d'étendre les dispositions de l'article 1er de la loi du 16 juillet 1980 aux décisions de justice prises en forme de référé-provision.
Cette disposition nouvelle permettra aux bénéficiaires d'un référé-provision, c'est-à-dire d'une décision de justice, condamnant une personne publique à leur verser une provision, d'utiliser la procédure d'exécution des décisions de justice prévue à l'article 1er de la loi du 16 juillet 1980, alors que ce n'était pas le cas auparavant.
En effet, lorsque le juge des référés accorde une provision, il est important que celle-ci soit effectivement et rapidement versée à son bénéficiaire, comme l'avait d'ailleurs signalé le Médiateur de la République dans une proposition transmise au Gouvernement.
Enfin, le Gouvernement souhaite amender son propre texte pour l'enrichir d'une disposition supplémentaire importante et significative pour nos concitoyens ; il s'agit d'offrir aux particuliers, lorsqu'ils déménagent, une formalité unique de déclaration de changement d'adresse auprès de la poste. Cette simplification leur évitera les multiples démarches qu'ils sont actuellement tenus d'effectuer auprès des différentes administrations avec lesquelles ils sont en relation.
Cette mesure a été accueillie favorablement par la commission des lois, qui a proposé d'en améliorer l'encadrement juridique. Je n'insiste pas davantage sur ce point ; nous aurons l'occasion d'y revenir lors de la discussion des amendements.
Voilà, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, l'ensemble des raisons qui ont conduit le Gouvernement à présenter au Parlement ce projet de loi, qui a reçu l'accueil favorable de l'Assemblée nationale.
Encore une fois, il ne constitue que l'un des aspects de la réforme de l'Etat, dont le Président de la République a récemment rappelé qu'elle est la pierre angulaire de l'oeuvre de redressement et de modernisation du pays.
Cette réforme, que j'ai l'honneur de conduire sous l'autorité de M. le Premier ministre et avec le concours de chacun des membres du Gouvernement, est attendue avec impatience par tous les Français, y compris - et peut-être surtout - par les fonctionnaires.
Je ne doute pas que, dans son souci d'approfondissement des principes démocratiques et républicains, le Sénat aura à coeur de développer les droits que le citoyen peut légitimement attendre de l'Etat à l'aube du XXIe siècle. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. la président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du réglement et d'administration générale. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, adapter les règles qui régissent les relations entre le corps social et ses représentants, d'une part, et le citoyen, d'autre part, est, en démocratie, une exigence posée par l'évolution naturelle de la société.
En d'autres termes, réformer nos méthodes d'administration s'impose aux pouvoirs publics comme une nécessité et constitue pour eux un chantier quasi permanent.
Cette relation entre l'évolution de la société et l'adaptation du droit est soumise aujourd'hui à des contraintes très spécifiques.
En effet, l'évolution rapide et en profondeur de nos modes de vie, l'élévation du niveau d'exigence des citoyens dans leurs rapports avec l'administration, le contexte de mutations accélérées dans lequel vivent la plupart de nos entreprises nous conduisent à un effort particulier d'imagination, de conception et de méthode afin d'adapter aussi rapidement que possible nos institutions publiques pour ce qui est de leur relation avec le citoyen.
Nous sommes loin du temps où l'homme acceptait sa condition de sujet d'une administration centralisée et toute puissante ; la personne, physique ou morale, revendique aujourd'hui d'être considérée comme citoyenne et partenaire d'une vaste entreprise collective.
Pour autant, cette nécessaire amélioration du sort de l'usager, et plus largement du public, dans son rapport avec l'administration ne doit affecter ni nos collectivités publiques, en charge de l'intérêt général, ni la légitimité de l'Etat, elle-même garante des libertés fondamentales de la personne. Jean-Jacques Rousseau ne disait-il pas qu'« il n'y a pas de libertés sans loi » ?
Ainsi se présentent les raisons et les objectifs de la « réforme de l'Etat », voulue par le Président de la République et mise en oeuvre par le Gouvernement, en même temps que le cadre qui doit lui servir d'équilibre.
Cette réforme, qui doit en permanence maintenir le cap entre la satisfaction des deux objectifs précités, a, dans un premier temps, à répondre très concrètement aux deux questions suivantes : comment rendre l'administration plus accessible aux citoyens, plus proche et plus efficace ? Comment préserver simultanément les droits de l'administration, ceux de ses interlocuteurs et ceux des tiers ?
C'est à ces deux questions que s'efforce de répondre le projet de loi dont nous débattons, qui réalise, dans son titre Ier consacré au régime des décisions des autorités administratives, un juste et difficile équilibre entre les deux niveaux d'interrogation.
En effet, les articles du titre Ier ouvrent des obligations nouvelles à la charge de l'administration, destinées à simplifier et à alléger les relations avec le public ; parallèlement, ces articles prévoient des mesures de sauvegarde afin de faire prévaloir, quand cela est nécessaire, l'intérêt général comme la défense des libertés publiques.
Ainsi, après avoir défini, à l'article 1er, les autorités administratives dont les décisions seront soumises au nouveau régime juridique, on crée, à l'article 2, pour l'ensemble de ces autorités, une obligation d'accuser réception au demandeur, en prévoyant les cas dérogatoires dans lesquels l'administration peut être exonérée de l'obligation de se plier à cette exigence, ces cas relevant du bon sens ou de l'excès dans lequel pourrait tomber le demandeur.
De la même manière, l'article 3, qui instaure l'obligation de transmission à l'autorité compétente d'une demande initialement « mal aiguillée », prévoit, pour les décisions implicites d'acceptation, une garantie de délai suffisant pour que l'administration puisse assurer l'instruction du dossier.
Permettez-moi, à ce sujet, monsieur le ministre, de me faire ici le porte-parole des maires pour vous demander confirmation de votre intention de confier aux services déconcentrés de l'Etat, préfectures et sous-préfectures, le soin d'assister dans leur obligation de transmission les maires des plus petites communes qui ne disposeraient pas de services suffisamment étoffés.
M. René-Georges Laurin, vice-président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Très bien !
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. L'article 4 est également très éclairant : il instaure une des grandes innovations de ce texte en réduisant, comme vous l'avez dit, monsieur le ministre, de quatre à deux mois le délai imparti à l'administration pour se prononcer. Il constitue donc une réelle avancée en faveur des droits des administrés.
Pour autant, il rappelle et précise deux garanties fondamentales pour la puissance publique : d'une part, le droit commun qui demeure la règle selon laquelle le silence gardé par l'administration vaut décision de rejet d'autre part, la possibilité de délais plus longs ou plus courts reconnus à l'administration par décret en Conseil d'Etat lorsque « la complexité ou l'urgence de la procédure le justifie ».
L'article 5 ouvre en faveur du demandeur la perspective de décisions implicites d'acceptation de plus en plus fréquentes, sous condition, bien sûr, qu'elles soient prévues par décret en Conseil d'Etat. A cet égard, la Haute Assemblée apprécierait, monsieur le ministre, que vous précisiez vos intentions sur les mesures réglementaires qui pourraient intervenir prochainement sur la base de cette disposition nouvelle.
Il me paraît essentiel de souligner qu'en élevant au niveau de la loi la règle de l'autorisation implicite, dont les domaines d'application devraient s'élargir progressivement ce projet de loi porte le germe d'une ère nouvelle dans notre droit et notre pratique administratifs.
Mais cette règle du silence valant acceptation se voit imposer par le même article 5 l'impossibilité d'envisager un accord implicite sur des sujets où l'intérêt général comme les libertés fondamentales doivent prévaloir : l'ordre public, les engagements internationaux de la France, les principes à valeur constitutionnelle, les dettes et créances de l'administration.
L'article 6 offre un exemple subtil de cet équilibre, en même temps qu'il organise une évolution dans notre droit.
Revenant sur la jurisprudence « Eve », qui interdisait à l'administration de retirer une décision implicite d'acceptation dans les cas où des mesures de publicité ne sont pas exigées, l'article 6 donne à l'administration un droit de « repentir ».
Cette mesure est voulue pour tenir compte de la perspective d'accroissement des cas d'autorisation implicite, et donc de l'utilité qu'il y aura à retirer pour illégalité telle ou telle décision.
Toutefois, pour éviter que cette prérogative de la puissance publique ne puisse s'exercer indéfiniment et, ainsi, créer une instabilité juridique et nuire aux administrés, notamment aux bénéficiaires des mesures, la commission des lois propose d'encadrer cette prérogative en limitant à deux mois le délai pendant lequel l'administration pourra retirer, de sa propre initiative, une décision implicite d'acceptation illégale n'ayant pas fait l'objet des mesures d'information requises, étant précisé que, sur requête d'un tiers, cette faculté est ouverte à l'administration sans limitation de délai.
Ainsi, la proposition de la commission des lois constitue une voie moyenne entre la position antérieure, issue de la jurisprudence « Eve », et le texte du projet de loi.
Enfin, l'article 7, qui instaure une procédure contradictoire en faveur de l'usager dans tous les cas de décision individuelle devant être motivée, non consécutive à une demande, assortit cette amélioration de diverses dispositions dispensant l'administration de se plier à cette exigence dans certains cas, telle l'urgence ou la sauvegarde des intérêts supérieurs de la puissance publique.
Comme les précédents, cet article illustre la volonté d'améliorer les droits du citoyen, tout en veillant à défendre l'intérêt général.
J'en viens aux titres II, III et IV du projet.
Ceux-ci ne sont pas soumis à la dialectique des dispositions du titre Ier et constituent purement et simplement autant de mesures en faveur des administrés. Ils instaurent, en effet, un certain nombre de dispositions pour renforcer les pouvoirs du Médiateur de la République et, par là même, améliorer le fonctionnement de l'administration, pour rapprocher les services publics des citoyens avec les « maisons des services publics », pour réduire la durée des délais pendant lesquels l'administration doit s'acquitter d'un certain nombre d'obligations pécuniaires et, enfin, sur proposition de la commission des lois pour simplifier la procédure du permis de démolir dans les communes de plus de 10 000 habitants et dans celles qui sont situées à l'intérieur d'un rayon de cinquante kilomètres par rapport aux anciennes fortifications de Paris.
J'en arrive au Médiateur de la République.
Lors de son audition par la commission des lois, le 28 janvier 1997, le Médiateur a dressé un bilan de l'activité de ses services. Il a indiqué que, en 1996, 43 000 réclamations lui avaient été adressées. Il a précisé que, sur les quelque 60 % de celles qui avaient été déclarées recevables, son intervention avait abouti dans 85 % des cas et qu'au cours des deux dernières années le délai de réponse moyen avait été ramené de six à quatre mois.
Reconnaissant l'efficacité de cette institution qui, à l'écoute des citoyens et grâce à sa bonne connaissance des rouages administratifs, a acquis une autorité morale incontestable et a contribué activement à l'amélioration des relations entre les administrations et les usagers, la commission se félicite du renforcement proposé des pouvoirs du Médiateur de la République.
Toutefois, elle vous propose de ne pas modifier les modalités de saisine en vigueur, celles-ci demeurant une faculté ouverte aux députés et aux sénateurs.
Elle considère en effet que ces modalités ont été éprouvées et ont permis le développement de l'action du Médiateur : le nombre de réclamations qui lui sont annuellement adressées, est, en effet, passé de 3 500 en 1973 à 43 000 en 1996. De surcroît, la commission pense que toute extension des possibilités de saisine à d'autres catégories d'élus pourrait créer entre eux d'inévitables et regrettables disparités.
En ce qui concerne les maisons des services publics, les quelques expériences de regroupements de services, lancées sur la base d'une circulaire d'août 1996 de M. le ministre Perben, prouvent, s'il en était besoin, que ces initiatives répondent à un besoin réel de rapprochement entre l'usager et les services publics, en particulier dans certaines zones rurales et dans certains quartiers urbains périphériques.
La commission des lois du Sénat a admis l'utilité de tracer un cadre légal à ce type nouveau de regroupements.
Les échanges que nous avons eus sur ce sujet ont cependant permis de recenser un certain nombre d'interrogations.
En conséquence, la commission vous proposera un amendement tendant à distinguer clairement le niveau de l'accueil et de la préparation de la décision, d'une part, et celui de la prise de décision, d'autre part, qui ne saurait relever, sur délégation, que du responsable de la maison.
En tout état de cause, les délégations ne pourront concerner dans le cadre limité de l'objet restreint et précis des maisons des services publics que des actes de simple exécution qui seront définis par la convention et feront l'objet d'un acte spécifique de délégation.
S'agissant du contenu de la convention qui pourra servir de base au fonctionnement de la future maison des services publics, l'Assemblée nationale a précisé que la convention répartit les responsabilités à l'égard des tiers et des usagers.
Ces diverses dispositions nous paraissent de nature à répondre aux soucis exprimés en particulier par les maires quant au contenu des délégations et au dégré des responsabilités qui pourraient être déléguées.
D'autres préoccupations nous ont été exprimées sur le risque que les maisons des services publics puissent, dans certains cas, conduire à des distorsions de concurrence favorisant de manière irrégulière certains services exerçant une partie de leurs activités dans le domaine concurrentiel.
Il convient à ce sujet de rappeler que l'approbation par le préfet de la convention s'exercera à l'égard des modalités conventionnelles et permettra la mise en oeuvre des mesures de publicité. Le cadre et la transparence ainsi établis par la loi sont de nature à assurer l'information des tiers sur les modalités de fonctionnement et de financement des maisons des services publics.
Ce dispositif permettra notamment de vérifier que cette structure est neutre au regard des règles de la concurrence que doivent respecter les services publics qui exercent en outre des activités dans le secteur concurrentiel.
Enfin, d'aucuns peuvent s'interroger sur le risque de désertification de services que pourrait induire le regroupement de ceux-ci en un même lieu.
Il convient de rappeler ici que les maisons des services publics ne sont qu'une faculté et non pas une obligation, et qu'à nos yeux personne mieux que les responsables locaux - autorités décentralisées et déconcentrées - ne pourra, dans l'avenir, apprécier l'opportunité de regrouper ou de ne pas regrouper tel ou tel service.
Permettez-moi enfin de souligner que la simplification proposée au titre IV dans la procédure d'instruction du permis de démolir est une mesure de simplification tout à fait opportune et en parfaite cohérence avec l'esprit et les objectifs du texte qui nous est proposé.
Pour conclure, je tiens, monsieur le ministre, à saluer la qualité et la pertinence de vos initiatives.
M. René-Georges Laurin, vice-président de la commission. Très bien !
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Je voudrais en particulier souligner que la concertation que vous avez instaurée depuis environ un an au sein des services de l'Etat - des services déconcentrés en particulier - est à nos yeux une voie courageuse et, en même temps, la seule garante d'une réforme fondée sur le « possible », tant il est vrai que la capacité de l'administration - comme de la société française du reste - à porter des réformes n'est pas illimitée.
Nul doute en effet que ce sont bien les résultats de cette concertation qui ont permis de fixer le niveau adéquat des mesures, c'est-à-dire d'une ambition réaliste.
Il ne fait aucun doute non plus que cette concertation a fait évoluer les esprits et qu'elle permet aux administrations d'afficher aujourd'hui une plus grande capacité d'accepter et de faire leur ce mouvement de réformes, au point même que de nombreux responsables sur le terrain - nous en sommes témoins - attendent ces mesures nouvelles comme parfois autant de défis à relever et autant de marques de confiance dans leur capacité à assumer les nécessaires mutations.
Je voudrais également, monsieur le ministre, saluer votre action de relance de la déconcentration : elle est présente dans l'esprit de ce texte et elle est, en même temps, une condition de réussite de la réforme que porte ce projet de loi. Je ne prendrai qu'un exemple : la réduction du délai de réponse de droit commun de quatre à deux mois ne pourra, nous en avons bien conscience, entrer dans la pratique qu'à la condition de déconcentrer très largement le pouvoir de décision auprès des responsables et des représentants locaux de la puissance publique.
La déconcentration apparaît ainsi véritablement essentielle pour concilier le principe d'unité nationale et l'aspiration du citoyen à pouvoir traiter localement avec l'Etat. Loin d'être un quelconque obstacle à la décentralisation, comme on pourrait le craindre, la déconcentration se révèle, de toute évidence, comme un moyen moderne d'administration avant tout au service du citoyen.
Telles sont, brièvement résumées, monsieur le ministre, les réflexions qui ont conduit la commission des lois à approuver le projet de loi que vous nous avez soumis et qui a le mérite à nos yeux de constituer, d'une part, une nouvelle étape significative dans l'amélioration des relations entre les administrations et le public, et, d'autre part, le premier acte législatif de la nécessaire réforme de l'Etat. (« Très bien ! » et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et de Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :
Groupe du Rassemblement pour la République, 44 minutes ;
Groupe socialiste, 37 minutes ;
Groupe de l'Union centriste, 31 minutes ;
Groupe des Républicains et Indépendants, 26 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 18 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 15 minutes.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de réforme qui est soumis au Sénat aujourd'hui a pour objet de rendre l'administration plus efficace, plus accessible à l'usager et plus apte à répondre à ses attentes, donc plus moderne, en replaçant le citoyen au coeur du service public.
Chacun reconnaîtra qu'il était indispensable de redéfinir ses missions, en recherchant plus spécialement une amélioration des relations avec les usagers. Certes, par le passé, cette préoccupation s'était déjà manifestée.
Je rappellerai très brièvement, à cet égard, la création, dès 1973, de la fonction de Médiateur de la République, le vote, en 1978, de la loi sur la liberté d'accès aux documents administratifs et, l'année suivante, de celle sur le droit à motivation de ces mêmes actes. L'on se souvient également qu'une circulaire du Premier ministre en date du 23 février 1989 tendait à associer les fonctionnaires à l'amélioration du fonctionnement de leur administration.
Mais, aujourd'hui, il s'agit de simplifier réellement les relations, de faciliter les démarches, de clarifier et d'accroître la polyvalence des services au contact des usagers. A l'évidence, c'est un véritable changement des mentalités qui est ainsi proposé, et je m'en rejouis.
A cet égard, il m'a semblé que l'esprit du projet de loi n'était qu'insuffisamment reflété par son intitulé, « loi relative à l'amélioration des relations entre les administrations et le public », qui a une connotation passéiste. Ce titre paraît presque en contradiction avec le contenu du texte. Peut-on en effet parler encore de « public », s'agissant d'une loi tendant à moderniser l'administration ? La société concurrentielle à laquelle le service public doit aujourd'hui s'adapter impose une modification subtile des relations avec les administrés. Sans aller jusqu'à souhaiter que soit retenue l'appellation de « clients », je proposerai donc à notre assemblée un amendement visant à remplacer le terme de « public » par celui, plus approprié me semble-t-il, d'« usagers ».
M. François Lesein. Très bien !
M. Guy Cabanel. Ce détail n'a d'autre intérêt que celui de rester fidèle à l'esprit de changement insufflé par le texte en discussion.
Pour résumer ma pensée en abordant l'examen de votre projet de loi, monsieur le ministre, je dirai qu'il faut essentiellement, d'abord simplifier l'Etat, ensuite le réorganiser encore et, surtout, le moderniser.
Il convient de simplifier, car l'inflation des textes législatifs et réglementaires, la multiplication des procédures administratives préalables, en un mot la complexité, pèsent sur l'ensemble des interlocuteurs de l'Etat. Il faut rompre ce cycle décourageant et paralysant. Votre projet de loi, s'y emploie, monsieur le ministre. Il s'agit d'une oeuvre de longue haleine, mais l'application du principe de simplicité est impérative.
Il faut aussi réorganiser encore l'Etat, car les administrations de l'Etat et des collectivités territoriales sont souvent trop nombreuses et, parfois, concurrentes. Comment, dès lors, rendre cohérente la conduite des politiques publiques et préserver la capacité d'arbitrage de l'Etat ? Cette réforme des administrations centrales et déconcentrées devrait permettre de réelles améliorations, qui sont très attendues.
Enfin, moderniser l'Etat, c'est mieux gérer ses moyens financiers, humains et patrimoniaux et, surtout, utiliser les possibilités offertes par le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication, pour accroître son efficacité et améliorer la qualité des services rendus. Je reviendrais ultérieurement sur ce point.
J'en viens maintenant au fond du projet de loi. Pour mettre en oeuvre l'amélioration de l'administration, le titre Ier, en son article 2, prévoit tout d'abord l'obligation d'accuser réception des demandes déposées par les usagers. Cela n'est que l'extension d'une disposition figurant dans le décret du 28 novembre 1983. Si son principe paraît louable, il m'apparaît que les exceptions prévues par cet article sont insuffisamment caractérisées.
Le texte est complexe. Nous attendons le décret en Conseil d'Etat qui permettra, certes, de le préciser, mais il eût été souhaitable que les termes de cette disposition fussent mieux cernés dans la loi.
L'article 3, relatif au dépôt d'une demande auprès d'une administration incompétente, oblige cette dernière à transmettre ladite demande à l'autorité administrative compétente et prévoit les conséquences de ce dispositif en termes de délais.
Cette disposition a le mérite d'être pragmatique : en rendant à l'administration son efficacité, elle respecte la démarche entreprise par l'usager. Nous ne pouvons donc que l'approuver. Il était temps et important d'unifier le droit en cette matière. Le poids de la complexité administrative ne doit plus peser sur l'usager.
Le principe de décision implicite de rejet de l'administration est conservé - il figure à l'article 4 - mais ses modalités et exceptions sont remaniées.
En premier lieu, le délai opposable est réduit et passe de quatre à deux mois, ce qui va dans le sens d'une meilleure efficacité de l'administration et ne peut qu'être favorable aux usagers.
En second lieu, les exceptions tendraient à être généralisées par voie de décrets en Conseil d'Etat, dans les limites prévues à l'alinéa 2 de l'article 5. En conséquence, à terme, pour un nombre non négligeable de domaines, le silence de l'administration vaudrait désormais acceptation tacite. On ne peut que se féliciter d'une telle avancée.
Toutefois, le risque d'illégalité de certaines décisions obtenues du seul fait d'une négligence ou d'un retard paraît accru. Il entraînerait alors une incertitude juridique pour tous les administrés dont la demande a été accordée dans de telles conditions.
Avec l'article 6 se pose donc la question de savoir si une décision délivrée tacitement par l'administration est juridiquement fondée et si elle ne risque pas d'être retirée. Toutefois, les conséquences fâcheuses de cette disposition semblent un mal nécessaire, les avantages à retirer de l'acceptation implicite paraissant plus importants que les inconvénients.
Efficacité, rapidité, le projet de loi, en son article 7, fait également appel à des exigences de justice. Il prévoit que l'administration doit entendre l'usager ou lire ses observations préalablement à toute motivation de décision individuelle le concernant. On doit se réjouir de cette procédure, tout en reconnaissant les lourdeurs qu'elle risque d'engendrer.
Le titre II de projet de loi est consacré aux dispositions relatives au Médiateur de la République. Il vise à compléter utilement les attributions qui lui sont actuellement dévolues.
L'alinéa relatif à la faculté de provoquer une inspection ou un contrôle au sein d'une administration défaillante paraît assez novateur pour être souligné. Il en va de même du principe, introduit par l'Assemblée nationale, de la communication devant le Parlement du rapport annuel de la Médiature, qui permettra d'informer publiquement les députés et les sénateurs des actions menées par le Médiateur et, plus généralement, des problèmes rencontrés par les usagers de l'administration.
Dans le titre III, la création officielle des maisons des services publics, à la suite de certaines expérimentations sur le terrain, paraît constituer un élément de simplification et d'efficacité globalement favorable aux usagers. Le projet de loi fournit le cadre juridique qui leur fait encore défaut.
Il faut souhaiter que ces moyens nouveaux permettent de conserver, voire d'assurer une présence coordonnée et donc de développer l'implantation de l'administration, comme l'a très justement souligné M. le rapporteur, dans les secteurs difficiles urbains comme dans les secteurs les moins peuplés du monde rural.
Toutefois, le mode de financement de ces maisons des services publics mériterait d'être éclaici en ce qui concerne tant leurs installations que leur fonctionnement sous le régime de la convention ou du groupement d'intérêt public. Il serait souhaitable, autant que faire se peut, d'utiliser des locaux qui sont déjà propriété de l'Etat ou des collectivités territoriales, et ce dans un souci d'économie.
Après avoir ainsi fait connaître mon approbation des différents articles du présent projet de loi, je voudrais maintenant vous faire part de ma perplexité à l'égard d'une lacune fort surprenante de ce texte. Nulle part en effet n'y sont mentionnés les nouveaux outils de communication dont notre société dispose. L'informatique ne pourrait-elle pas participer à l'amélioration des relations avec les administrations ? Ne représente-t-elle pas aujourd'hui le moyen le plus performant de transmission des données ?
L'exemple en la matière vient de nous être fourni par les Etats-Unis qui ont tout récemment décrété, par la voix du vice-président Al Gore, que désormais tous les actes administratifs courants pourraient être réalisés par voie informatique, et notamment par Internet.
Nous n'irons pas jusque-là, mais mon collègue M. Pierre Laffitte et moi-même vous proposerons un certain nombre d'amendements pour tenter de combler l'absence d'un véritable grand chapitre consacré aux technologies nouvelles qui seraient un élément efficace de modernisation de l'administration.
M. René-Georges Laurin, vice-président de la commission. Avec quel argent ?
M. Guy Cabanel. Avec celui que nous tirerons des économies que l'utilisation de l'informatique nous permettra de réaliser en matière de papier. L'informatique ne coûte pas plus cher que les autres moyens.
Je ne conteste pas que le Gouvernement ait facilité la mise en place d'équipements informatiques qui ont induit d'incontestables gains de productivité. Cependant, cette modernisation est souvent caractérisée par une centralisation et une complexité excessives. Il convient de fournir un effort supplémentaire ; nous en débattrons à l'occasion de la discussion des amendements.
En conclusion, l'intérêt de ce projet de loi est indiscutable. Toutefois, me vient à l'esprit le problème des difficiles rapports des contribuables avec les services fiscaux. Seront-ils améliorés par l'application de ce texte ? Les Français cesseront-ils de se plaindre d'une fiscalité qu'ils considéraient jusqu'ici comme confiscatoire ?
Certes, la nouvelle politique budgétaire de limitation des dépenses, de réduction du déficit et de baisse de l'imposition sur les revenus amènera peut-être nos concitoyens à formuler un jugement différent, mais ce qui les gêne le plus, c'est le caractère aléatoire de cette fiscalité compte tenu des modifications réglementaires trop fréquentes et délicates à interpréter. Je n'ai pas noté d'éléments de nature à donner un éclairage nouveau en ce domaine.
Au-delà de cette objection, monsieur le ministre, avec la majorité du groupe du Rassemblement démocratique et social européen, je voterai le projet de loi que vous nous présentez opportunément aujourd'hui. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RDSE, de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Bordas.
M. James Bordas. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est aujourd'hui soumis est la première traduction législative de la réforme de l'Etat engagée par le Gouvernement. Réformer l'Etat, c'est-à-dire l'ensemble de l'administration de notre pays, est un défi très ambitieux.
Depuis trente-cinq ans, divers textes législatifs et réglementaires ont contribué à l'effritement du modèle bureaucratique que l'administration avait hérité du XIXe siècle et au développement des droits des usagers. De considérables progrès ont été réalisés. Néanmoins, il faut aller beaucoup plus loin.
L'administration est une structure lourde, ce qui rend son évolution et sa modernisation malaisées. C'est pourquoi je tiens à saluer la volonté et la détermination du Gouvernement dans son actuelle action de réforme.
Améliorer les relations entre les administrations et le public est l'un des objets essentiels de cette réforme, et je suis particulièrement favorable à ce chantier tant dans son impact humain et relationnel que dans sa dimension technique.
Concernant, tout d'abord, l'impact humain, je rappellerai l'adage formulé voilà quelques années : « A usager satisfait, fonctionnaire heureux. » Il me semble que cette formule est toujours d'actualité et montre combien le fonctionnaire joue un rôle fondamental dans la relation entre l'administration et le public.
Cette affirmation semble une évidence et, pourtant, on a trop tendance à sous-estimer l'importance des qualités d'accueil, d'amabilité, de patience et de disponibilité dans les services administratifs. L'attitude du fonctionnaire en contact avec le public est primordiale. Il doit savoir écouter et montrer à son interlocuteur l'intérêt qu'il lui témoigne.
On ne saurait trop rappeler que le fonctionnaire sert l'Etat, c'est-à-dire qu'il est « au service » des citoyens. Il faut donc le sensibiliser plus et le responsabiliser en conséquence.
La première action à engager, afin d'améliorer les relations entre l'administration et le public, est de combattre l'absence de sens de l'accueil au sein de l'administration. Mais aucun texte législatif ne peut intervenir en ce domaine.
Parallèlement à cette démarche, il faut souligner l'importance de la formation des personnels. Les administrés se comportent de plus en plus en consommateurs exigeants et la « paperasse » administrative - pardonnez-moi le terme, monsieur le ministre - est de plus en plus complexe.
Il faut donc non seulement simplifier les procédures administratives, mais aussi assurer une formation, une qualification des agents plus adéquates et polyvalentes.
S'agissant de l'impact relationnel, je tiens aussi à souligner l'enjeu que peuvent constituer les « maisons des services publics », objet du titre III du projet de loi que nous examinons aujourd'hui.
Telles qu'elles sont définies, ces maisons seront un point de rencontre privilégié pour le citoyen avec différents services administratifs. Elles seront des carrefours de services qui faciliteront l'information du public ainsi que ses démarches.
De telles structures seront fonctionnelles et particulièrement utiles pour les administrés en situation difficile. Je pense notamment aux chômeurs et aux « exclus ».
Les maisons des services publics auront un rôle social d'autant plus marqué qu'elles seront situées en zone rurale ou en zone urbaine en difficulté. Elles développeront donc une administration de proximité, polyvalente, et participeront activement à la politique d'aménagement du territoire.
Cependant, je veux insister sur le fait qu'en aucun cas la mise en place de ces regroupements de services ne doit aboutir à un retrait des administrations existantes dans le monde rural. Une telle évolution serait désastreuse.
M. Robert Pagès. Exact !
M. James Bordas. Pour conclure ces remarques sur l'enjeu social que constitue l'amélioration des relations entre l'administration et le public, je dirai que c'est tout un état d'esprit qui doit être changé et un véritable dialogue qui doit être instauré.
S'agissant maintenant de la dimension technique et pratique du projet de loi, il est peut-être bon de garder à l'esprit l'article XV de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui dispose : « La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration ». Que de progrès sont à accomplir ! Mais je crois que le texte proposé par le Gouvernement va vraiment dans ce sens.
La réduction des délais au terme desquels interviennent des décisions implicites, l'obligation d'accuser réception de toute demande ou réclamation adressée à une autorité administrative, l'instauration du principe de transmission des demandes au service compétent et l'élargissement des cas dans lesquels le silence de l'administration pendant deux mois vaudra acceptation sont des mesures qui engendreront une certaine révolution au sein même de l'administration et dans ses rapports avec le public.
Ces dispositions ouvrent de nouvelles perspectives pour les administrés, qui auront moins à subir les conséquences de la lenteur ou des insuffisances des services administratifs.
D'un autre côté, la vigilance de la hiérarchie et la célérité des fonctionnaires devront s'en trouver accrues. Tous deux devront être encore plus attentifs aux effets et aux implications de ces nouvelles règles.
Dans le même temps, la simplification des régimes d'autorisation a été engagée. Il est indispensable que, parallèlement à cette politique, qui doit être poursuivie et amplifiée, on veille à ce que les textes législatifs et réglementaires soient eux-mêmes rédigés en des termes abordables et compréhensibles par tous.
Nul n'est censé ignorer la loi, mais encore faut-il la comprendre ! (MM. Pierre Fauchon et Jacques Machet acquiescent.) Or, à la complexité des textes s'ajoute celle de la juxtaposition de toutes les réglementations. Il est donc de notre devoir, à nous élus, de s'assurer de la lisibilité de la législation.
Le second enjeu technique du projet de loi que je souhaite aborder est celui que constituent les « maisons des services publics ». Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, ces structures seront fonctionnelles et donc bien pratiques pour le public.
Toutefois, du point de vue de l'administration, ces maisons pourraient être l'occasion de développer une mobilité intra-administrative des personnels. On a souligné la polyvalence de ces groupements. Il me paraît donc pertinent d'offrir aux personnels une chance, une opportunité supplémentaire dans leur carrière, tout en permettant une meilleure organisation de l'administration, par une gestion plus souple des agents.
L'idée de constituer des corps interministériels devrait donc être approfondie. En outre, afin de permettre une meilleure adéquation entre les besoins locaux et les potentialités humaines, la gestion de ces personnels devrait être déconcentrée.
Avant d'achever mon intervention, je souhaite aussi souligner le rôle technique du Médiateur de la République dans les relations entre l'administration et le public.
D'autres orateurs l'ont certes indiqué avant moi, mais je tiens à le rappeler, le Médiateur a été saisi de 3 500 réclamations en 1973 et de 43 000 en 1996. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. Ils montrent à quel point le Médiateur a su s'imposer comme un véritable et efficace intermédiaire. Je m'en félicite tout en émettant des réserves quant à l'extension de la possibilité de saisine à différents élus, dont les parlementaires européens.
Pour finir, j'ajouterai simplement que l'économie générale du projet de loi relatif à l'amélioration des relations entre les administrations et le public me semble bonne. Mais c'est surtout la volonté et le mouvement plus général de réforme de l'Etat qui sont positifs.
Cet élan est nécessaire pour tous les acteurs de notre pays. Dynamiser, simplifier l'administration dans son ensemble est un pari audacieux mais il ne tient qu'à chacun de s'y atteler et de contribuer à sa réussite.
C'est ce que les sénateurs du groupe des Républicains et Indépendants feront en soutenant votre action, monsieur le ministre, et en votant le présent projet de loi. (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Courtois.
M. Jean-Patrick Courtois. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la réforme de l'Etat, voulue ardemment par le Président de la République, trouve, dans le projet de loi que nous examinons aujourd'hui, sa première consécration législative et vise à améliorer les relations entre les administrations et le public.
Les objectifs sont multiples : l'Etat doit être plus simple, plus proche, plus efficace et plus moderne si l'on veut éviter que l'administration ne soit une entrave à l'initiative privée et ne décourage ceux qui ont besoin d'y recourir.
Initiée en juillet 1995 par M. le Premier ministre, la réforme de l'Etat a déjà fait l'objet de nombreux textes réglementaires.
Ainsi, un comité interministériel pour la réforme de l'Etat a été mis en place et, dans les départements, cette démarche est complétée par celle des préfets, qui consultent les élus locaux dans le cadre de l'élaboration de schémas départementaux d'organisation et d'amélioration des services publics.
Sans revenir en détail sur l'excellente analyse de notre rapporteur, je rappellerai simplement que les relations entre les administrations et les usagers sont devenues extrêmement complexes. Les citoyens demandent toujours plus à l'Etat ; pourtant, leur administration, souvent, ne les satisfait pas.
Cela tient à plusieurs raisons : la complexité des procédures en est une, l'éparpillement des services en est une autre ; l'inflation législative et réglementaire, comme la multiplication des circulaires toujours plus longues et plus complexes, n'y est pas étrangère non plus.
Le projet de loi qui nous est soumis prévoit une série de mesures qui faciliteront les relations entre les usagers et l'administration et rendront cette dernière plus humaine.
Ainsi, l'article 2 du projet de loi impose à l'ensemble des autorités administratives énumérées à l'article 1er la délivrance d'un accusé de réception aux auteurs des demandes ou des réclamations qui leur sont adressées dans des limites, bien entendu, fixées par décret en Conseil d'Etat, afin de ne pas substituer aux procédures existantes un régime uniforme qui se révélerait inadapté.
De plus, afin de compléter le décret du 28 novembre 1983, qui prévoit déjà que l'autorité administrative destinataire d'une demande qui n'est pas de sa compétence doit la retransmettre vers l'administration compétente, l'article 3 prévoit que l'autorité saisie à tort doit aviser le demandeur de la réorientation de son dossier.
Enfin, et cela est important pour la simplification des rapports entre l'usager et l'administration, lorsque cette dernière entend prendre une décision défavorable, le délai pendant lequel elle doit se prononcer sera réduit de quatre à deux mois et, dans un certain nombre de cas, le silence vaudra non plus rejet - ce qui est une règle ancienne du droit - mais au contraire acceptation.
Cependant, il n'est nullement question que cette règle du « silence-consentement » s'applique sans nuance. Elle devra tenir compte de la position du Conseil constitutionnel, qui a érigé en principe général du droit la règle selon laquelle le silence gardé par l'administration vaut rejet.
L'article 5 donne d'ailleurs un cadre législatif à l'intervention des décrets en Conseil d'Etat qui prévoiront les cas dans lesquels le silence gardé par l'administration vaudra acceptation. Nous ne pouvons qu'approuver ces dispositions pleines de bons sens.
Les articles 4 et 5 vont vers une simplification administrative. Ils seront complétés par voie réglementaire au cours de l'année 1997 puisqu'un décret en Conseil d'Etat permettra, dans des cas d'ailleurs souvent très techniques, de substituer au régime de l'autorisation administrative préalable un régime déclaratif. M. le rapporteur a rappelé le nombre d'autorisations préalables nécessaires, qui s'élève à quelque 4 200. Un Etat moderne ne peut fonctionner efficacement dans ces conditions.
Vous me permettrez d'évoquer également l'article 6, qui concerne le retrait pour illégalité d'une décision implicite d'acceptation. Je partage tout à fait le souci de la commission de limiter dans le temps - deux mois - cette possibilité de repentir ouverte à l'administration.
Toutefois, je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous puissiez nous indiquer quelles procédures pourront dans l'avenir être soumises à ce régime.
Par ailleurs, toujours dans un esprit de simplification, ce dont je me réjouis, les pouvoirs du Médiateur, ainsi que l'a fort bien expliqué M. le rapporteur, sont renforcés.
L'Etat doit être plus simple, mais il doit être également plus proche. Plusieurs décisions importantes relatives à la déconcentration sont déjà intervenues : les autorités locales vont notamment disposer de crédits plus importants et leur utilisation deviendra plus souple.
La gestion des ressources humaines de l'Etat et le dialogue social vont être largement déconcentrés. Une formation mieux assurée, une mobilité plus grande sont les gages d'un meilleur fonctionnement de l'administration.
Enfin, le rapprochement de l'Etat se traduira également par la création de « maisons des services publics » regroupant sur un même lieu les différents services de l'Etat. Mises en place à l'heure actuelle à titre expérimental, ces maisons des services publics éviteront à l'usager des démarches inutiles et permettront de rationaliser l'action administrative.
Au demeurant, monsieur le ministre, je crois qu'il sera nécessaire de veiller très précisément aux conséquences des décisions d'implantation de ces maisons des services publics, qui ne doivent en aucun cas aboutir à accélérer la désertification de nos cantons, je sais que vous y êtes sensible.
De même, les maisons des services publics devront fonctionner dans le respect des règles de la concurrence sans porter tort aux services proposés par les acteurs économiques du monde rural. Je sais que ce point suscite une certaine inquiétude.
En effet, en milieu rural, tout le monde comprend et souhaite que les maisons des services publics permettent le maintien des services publics. Mais, s'agissant de leurs éventuelles activités commerciales, il conviendra de veiller à ce qu'elles soient permises lorsqu'elles seront en quelque sorte le complément naturel et nécessaire des missions de service public.
L'administration deviendra plus efficace si les décisions peuvent être prises au bon échelon. Cette évidence a peut-être été oubliée pendant de trop nombreuses années. Les administrations centrales doivent se consacrer pleinement à la définition des grandes stratégies et des orientations politiques, alors que les administrations déconcentrées sont plus à même de prendre des décisions rapides et d'être proches des citoyens. Je sais que c'est dans ce sens que s'oriente toute votre action.
L'administration française a toujours été un modèle pour l'étranger et les agents publics montrent chaque jour leur dévouement au service public et aux citoyens. Mais l'administration doit évoluer et s'adapter.
Ce projet de loi, dont nous débutons l'examen cet après-midi, contribuera à la modernisation de l'administration. Nous vous en savons gré, monsieur le ministre. C'est pourquoi le groupe du RPR le votera. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est proposé est présenté comme la première traduction législative de la réforme de l'Etat. Cette réforme de l'Etat doit constituer l'un des chantiers majeurs du septennat présidentiel.
Avec elle, se joue l'avenir de la fonction publique et des services publics. Or, force est de constater que ce projet de loi s'inscrit dans un contexte de tensions et de rupture du dialogue social sur fond de restrictions budgétaires.
Tous les fonctionnaires expriment leur profond mécontentement, que ce soit dans la fonction publique d'Etat, dans la fonction publique hospitalière ou dans la fonction publique territoriale.
Dire que cette fameuse réforme doit être nécessairement et prioritairement conduite avec les fonctionnaires est une évidence à laquelle ne semble pas souscrire le Gouvernement. A cet égard, votre politique, monsieur le ministre, est en parfaite contradiction avec vos discours et vos promesses.
Pour réussir, la réforme de l'Etat devrait commencer par s'appuyer sur les fonctionnaires, leur faire confiance et, de surcroît, les encourager à s'adapter au changement. Ils constituent la première richesse de l'Etat. C'est de leur compétence, de leur mobilisation que dépend la capacité des services publics à répondre aux besoins du pays. Or, la qualification de « mauvaise graisse » utilisée par le Premier ministre reste présente à l'esprit.
Le Gouvernement ne cesse effectivement d'appeler de ses voeux la réduction du nombre de fonctionnaires, et les négociations salariales viennent d'être rompues. Il réclame une administration plus moderne et plus responsable, mais impose des coupes claires dans les budgets publics, supprime des emplois, fait du fonctionnaire un bouc-émissaire et décide, unilatéralement, d'accorder une augmentation des salaires de 2,8 % sur deux ans pour 1997-1998, soit 1 % en 1997 appliqué en deux étapes - un demi-point au 1er mars, puis un demi point au 1er octobre - sans aucun rattrapage pour compenser le gel de 1996. La négociation salariale attendue depuis le mois de juin 1995 n'a pas eu lieu.
Repoussée dans un premier temps au printemps 1996 par Jean Puech, votre prédecesseur, puis par vous-même, à la fin de l'année 1996, cette négociation est mort-née en ce début de mois de février 1997.
Chacun connaissait la faible marge de manoeuvre budgétaire dont disposait le Gouvernement. La provision de 1,5 milliard de francs constituée dans le cadre du budget pour 1997 présageait une négociation sans grain à moudre. Le dénouement est encore plus expéditif qu'on aurait pu l'imaginer. Les fonctionnaires se voient donc sacrifiés. La revalorisation dérisoire de leurs traitements, inférieure à l'inflation prévisionnelle pour 1997, se traduira par une nouvelle amputation de leur pouvoir d'achat.
En ne donnant aucune indication sur le calendrier des augmentations en 1998, mais en reportant celles-ci à la fin de l'année prochaine, le Gouvernement pourra sans encombre réussir l'examen de passage des comptes de la France pour 1998 et, en cas d'alternance, laisser à d'autres le soin de résoudre cette question. N'est-ce pas, monsieur le ministre ?
Merci pour vos successeurs, vous leur laissez une situation très explosive !
M. Michel Rufin. On en a trouvé une bien pire !
M. James Bordas. Il ne faut pas croire au père Noël !
M. Jacques Mahéas. C'est tout à fait bien joué.
Votre politique se résumerait donc ainsi : moins de fonctionnaires, moins payés, plus compétents et plus disponibles.
Comment demander aux agents publics de se mobiliser davantage quand on gèle leurs salaires, qu'on coupe dans le budget de leurs services et dans leurs effectifs et qu'on leur fait si peu confiance ?
Le service hospitalier ne fait-il pas également les frais de votre incapacité à équilibrer le budget de la sécurité sociale, avec un déficit de 35,2 milliards de francs au lieu des 30,4 milliards de francs versés pour 1997 ? Les compressions budgétaires, les menaces de licenciement et les restructurations sont bien les trois piliers de la contestation sociale des centres hospitaliers universitaires de Strasbourg, de Lyon, de Nice, de Béziers et de Caen, sans oublier la région parisienne et l'hôpital psychiatrique de Maison-Blanche à Neuilly-sur-Marne, en Seine-Saint-Denis. En tant que maire de Neuilly-sur-Marne, je puis vous assurer que l'ensemble du personnel de cet hôpital a bien compris la manoeuvre gouvernementale : sous prétexte de restructuration, mille emplois sur les deux mille que compte cet établissement devraient être supprimés en cinq ans. Voilà cinq semaines que le personnel est en grève et demande le maintien des emplois !
Les mouvements de protestations se multiplient et les assurés sociaux s'inquiètent.
La fonction publique territoriale n'est pas non plus épargnée. En particulier, les agents recrutés après le 26 janvier 1984 ont de quoi être mécontents : inutile de vous dire combien ils apprécient le « cadeau » de fin d'année qui leur est réservé au travers de l'article 70 de la loi relative à l'emploi dans la fonction publique du 16 décembre 1996, lequel prévoit pour eux la suppression des compléments de rémunération, puisque le bénéfice des avantages collectivement acquis se limitent aux seuls fonctionnaires recrutés au moment de l'entrée en vigueur de la loi de 1984.
Je vous demande, monsieur le ministre, de nous donner rapidement des explications sur ce sujet, et je suis persuadé que vous nous en fournirez à l'occasion de votre réponse.
La volonté de réformer l'Etat n'est pas nouvelle : elle s'inscrit en particulier dans la continuité du renouveau du service public mis en oeuvre le 23 février 1989 par Michel Rocard, alors Premier ministre, et confirmé, en mars 1992, par l'adoption de la charte des services publics, qui a été conçue comme un instrument permettant la modernisation de l'administration.
Toutefois, au-delà des objectifs que vous affichez, monsieur le ministre, votre démarche et surtout la philosophie qui régit ce vaste chantier sont aux antipodes de notre conception de l'Etat et du service public. Votre démarche s'inscrit davantage dans une logique de désengagement de l'Etat et de remise en cause de la décentralisation.
Trois grands chantiers de cette réforme suscitent notamment l'inquiétude des fonctionnaires et de leurs syndicats.
Il semble, par exemple, indispensable d'associer étroitement les intéressés à la mise en oeuvre, puis à l'évaluation des contrats de service dans leurs différents stades d'expérimentation.
Je prendrai un autre exemple, celui du redéploiement des administrations centrales. Il soulève, à juste titre, des craintes si votre politique se contente de fixer mécaniquement un objectif de réduction des effectifs de 10 % et de diminution des services de 30 %. Chacun comprend, sans qu'il soit besoin d'explication supplémentaire !
Qu'en est-il, enfin, de la réorganisation des services déconcentrés, dont les expériences débuteront prochainement, à la fin du mois de mars ou au début du mois d'avril ? Ne répond-elle pas aussi à l'objectif inavoué d'intégrer à certaines directions départementales des services qui gênent ? Il suffit de penser à la protection judiciaire de la jeunesse, à la jeunesse et aux sports, destinées à être agrégées à une direction départementale de la santé, de la population et de la solidarité ou à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales, la DDASS.
Le peu de considération pour les fonctionnaires et la pénurie de moyens vous conduisent à nous faire débattre aujourd'hui sur ce « petit » projet de loi relatif à l'amélioration des relations public-administration.
Si son objet est assez pragmatique, il masque en vérité bien mal la réelle pénurie de l'accueil au guichet.
Si, d'autre part, il s'inscrit dans le cadre d'une administration modernisée, il ne se situe pas au centre de l'action gouvernementale comme on aurait pu l'espérer eu égard au battage médiatique dont il a été l'objet.
Vous aviez annoncé, monsieur le ministre, une « petite révolution » administrative. En fait, ce texte ne comporte aucune innovation marquante. Ce n'est, à bien des égards, qu'un texte d'ajustement qui relève plus de la circulaire ministérielle que de la loi. Il est avant tout réglementaire et très peu législatif.
Il s'articule autour de trois grands principes, qui appellent un certain nombre d'observations.
Le titre Ier a pour objet essentiel d'élargir aux collectivités territoriales la portée du décret du 28 novembre 1983 et de généraliser le principe de décision implicite d'acceptation.
On peut difficilement s'opposer à des propositions qui visent à simplifier la vie des administrés et à assurer une meilleure transparence en matière de traitement des dossiers. Encore faut-il connaître les attentes des usagers et reconnaître les risques de confusion et d'incertitude concernant la règle du silence de l'administration. Le simple citoyen aura du mal à s'y retrouver, tandis que les services seront confrontés à des contraintes accrues, notamment du fait de l'insuffisance de leurs effectifs.
Vous comprendrez, en outre, la crainte d'un surcroît de travail et d'un surcoût financier pour les collectivités territoriales. Certains élus s'interrogent sur les conséquences que pourraient avoir ces nouvelles obligations : accusé de réception, transmission à l'autorité compétente. La mairie étant l'administration de proximité par excellence, certains redoutent d'être envahis par les dossiers et craignent des dépenses supplémentaires ; elles seront d'autant plus mal venues que la franchise postale a été supprimée.
En conséquence, si nous approuvons l'effort d'amélioration de la vie quotidienne des administrés, nous nous interrogeons sur les moyens humains, matériels et financiers qui devraient l'accompagner, ainsi que sur les critères de gestion et de contrôle qu'impliquent ces dispositions mais qui ne sont jamais mentionnés dans ce texte. On parle d'une première vague de 280 décrets soumis au Conseil d'Etat. Pouvez-vous nous informer à ce sujet, monsieur le ministre ?
Le Médiateur lui-même, lors de son audition par la commission des lois, le 28 janvier dernier, a mis en garde sur le risque de voir une idée intéressante détournée au détriment des administrés. L'extension du régime de décision implicite d'acceptation, combinée à la réduction des délais de réponse, lui a paru être de nature à inciter les services à rejeter des demandes faute d'avoir les moyens et le temps de les examiner correctement. Cette pratique pourrait d'ailleurs engendrer une insatisfaction des usagers, qui demandent une réponse rapide.
L'objet du titre II est d'élargir la saisine du Médiateur de la République à de nouvelles catégories d'élus, d'étendre ses compétences et de renforcer son rôle.
Autant il paraît fondé d'étendre les compétences du Médiateur, autant le choix des nouveaux élus qui pourraient le saisir prête à discussion.
Le président du conseil général a des prérogatives exécutives, par exemple en matière d'aide sociale ou d'agrément d'établissement, qui lui confèrent une responsabilité importante. Il est peu probable qu'il s'empresse de transmettre au Médiateur une réclamation d'un citoyen qui s'estime lésé par une décision qu'il a prise en ces domaines.
Le même problème se pose pour un président de conseil régional, en matière de bourses, de formation professionnelle, ou pour le maire de Paris, qui est amené à prendre des décisions en matière de logement. Par ailleurs, pourquoi le président du conseil exécutif de Corse aurait-il plus de poids que les élus des grandes villes ? Vous établissez là une discrimination entre les élus.
Si l'on veut améliorer les relations entre les institutions et le public, ne vaudrait-il pas mieux élargir la saisine directe du Médiateur à tous les citoyens ? Certes le filtrage effectué actuellement par les parlementaires, indépendants à l'égard de l'administration, évite que le Médiateur ne soit saisi de trop nombreuses réclamations irrecevables. Nous y reviendrons lors de la discussion des articles.
Enfin, le titre III de votre projet, qui définit le cadre juridique des maisons des services publics, suscite de multiples réflexions.
On est d'ailleurs en droit de se demander si le projet que vous nous soumettez n'est pas un simple prétexte pour poser les fondements législatifs d'une autre administration, constituée de services polyvalents, relevant d'ailleurs du public ou du privé, dotés de personnels dont les garanties statutaires ne sont pas évoquées.
Je me contenterai, dans l'immédiat, de formuler quelques questions qui alimenteront éventuellement le débat.
S'agira-t-il simplement de transferts de services ou de la création de nouveaux services avec création de postes ?
Quels établissements publics et organismes chargés d'une mission de service public s'associeront ?
N'y a-t-il pas contradiction entre la mise en place de maisons des services publics et les projets de suppression et de regroupement de services ou la fermeture, dans de nombreuses régions et localités, de services publics de proximité ? La création des maisons des services publics est-elle conçue pour mieux faire accepter la suppression de services publics en certains points du territoire ?
M. René Régnault. Très bonne question !
M. Jacques Mahéas. Les « maisons » proposées se réduiront-elles à quelques agents derrière des guichets, renvoyant ailleurs le traitement effectif du dossier ? Quelles garanties l'usager aura-t-il en ce domaine ? Comment pourra-t-il être assuré de la compétence du fonctionnaire auquel il aura affaire ? S'agira-t-il d'un service public minimal ?
Comment les agents de ces « maisons » pourront-ils être informés de toutes les réglementations en vigueur ? Or ils devront l'être pour assumer les missions polyvalentes qui leur sont dévolues.
Quel est l'intérêt du groupement d'intérêt public ?
L'Etat n'organise-t-il pas un transfert de charges vers les collectivités territoriales, auxquelles reviendra une part importante du financement ? Cette crainte est d'autant plus légitime que le fonds pour la réforme de l'Etat n'apporte qu'un complément dérisoire dans le financement du démarrage des expériences.
La formule de la maison des services publics peut être séduisante, mais elle risque de nuire à la lisibilité, pour les citoyens, des responsabilités de chacun et elle ne répond pas à l'attente des usagers.
Les usagers attendent des services publics de proximité qu'ils soient capables de traiter pleinement leurs demandes, avec des agents formés et compétents. Encore faudrait-il disposer d'un personnel assez nombreux et formé à la polyvalence, et octroyer les crédits nécessaires aux ministères concernés.
Votre projet de loi, monsieur le ministre, a certes pour objet d'améliorer les relations entre l'administration et le public. Mais comment prétendre rapprocher l'administration de ses usagers quand les effectifs sont en baisse et quand on ne se donne pas les moyens financiers d'une véritable réforme ? (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Pagès.
M. Robert Pagès. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui est le premier volet législatif de la réforme de l'Etat. Cependant, comme nous l'a d'ailleurs rappelé à juste titre M. le ministre, il ne concerne qu'une partie de celle-ci.
J'ajouterai qu'il s'agit d'une partie bien modeste. Non que l'amélioration des relations entre l'administration et les usagers soit un objectif mineur, bien au contraire, mais les mesures contenues dans ce texte ne sont vraiment pas à la hauteur de l'objectif ; j'y reviendrai.
Pourtant, M. Chirac, lors de sa campagne présidentielle, puis M. Juppé nous ont successivement annoncé leur intention de mener une réforme de l'Etat ambitieuse et de grande ampleur pour répondre aux changements de la société française, et ils n'ont cessé d'insister sur la nécessité de faciliter les démarches administratives en simplifiant les procédures et en les rendant plus rapides.
Or, aujourd'hui, que voyons-nous ?
Les dispositions concernant les rapports entre l'administration et les usagers sont plus que décevantes. Quant aux autres mesures tendant à la réforme de l'Etat, dont certaines sont véritablement déterminantes pour l'avenir de notre société, elles sont ou seront prises en dehors du Parlement.
Vous me répondrez, monsieur le ministre, que vous n'y êtes pour rien, et il est vrai que, si l'organisation de l'Etat et son fonctionnement relèvent du domaine réglementaire, c'est en vertu de la Constitution.
Cependant, je ne suis pas sûr que, face à l'enjeu de cette réforme, l'argument constitutionnel explique à lui seul la situation.
Derrière les intentions du Gouvernement, qui sont résumées dans le triptypque sans cesse rappelé : « Un Etat plus proche, plus simple et plus moderne », une formule dans laquelle on peut mettre tout et son contraire, c'est en fait un véritable effacement de l'Etat qui est programmé.
Les différents documents de travail élaborés par vos services, monsieur le ministre, sont à cet égard fort clairs : l'idée directrice qui sous-tend toute cette réforme est celle d'un Etat minimal, adapté aux exigences de Maastricht, c'est-à-dire d'un Etat qui se soucie peu de répondre aux besoins de la population pourvu que ses comptes ne soient pas dans le « rouge ».
Ce n'est certainement pas ainsi que la France sortira de la crise.
Il faut, au contraire, selon nous, un Etat volontariste, qui impulse une dynamique nouvelle, et non un Etat amenuisé, qui laisse à la dérive un nombre croissant d'individus. Il faut une fonction publique correctement rémunérée, formée et respectée. Vous n'avez pas, je le crains, choisi cette politique.
Compte tenu de l'importance du sujet au regard du devenir de notre société, il aurait été utile d'organiser un vrai débat, large et contradictoire, au Parlement. Rien ne vous en empêchait, monsieur le ministre.
Il me semble que cette mise hors jeu du Parlement n'est pas sans vous convenir : les mesures délicates restent ainsi dans une semi-confidentialité, tandis que le volet a priori le plus consensuel, celui qui touche directement les citoyens, nécessite le vote d'une loi.
Cela est d'autant plus choquant que le présent projet de loi est lui-même une sorte d'artifice : non seulement il n'innove guère, mais il renvoie systématiquement chaque mesure à des décrets pris en Conseil d'Etat.
Ne serions-nous là que pour vous donner carte blanche ?
Examinons maintenant les différentes mesures qui nous sont proposées.
Le titre Ier du projet a pour objet d'accélérer le processus de décision des administrations.
Je constate tout d'abord que nombre de ces dispositions ne sont ni plus ni moins que la reprise du décret du 28 novembre 1983 relatif aux relations entre l'administration et les usagers.
Il en est ainsi de l'obligation pour les autorités administratives d'accuser réception des demandes des usagers, de leur obligation de transmettre au service compétent les demandes dont elles sont saisies à tort et de la possibilité, pour tout citoyen, de présenter des observations écrites ou orales sur les décisions individuelles les concernant.
Le seul apport du texte consiste en fait dans l'extension du champ d'application de ces obligations aux collectivités territoriales, aux organismes de sécurité sociale et aux organismes chargés de la gestion d'un service public administratif. Cette extension est, certes, une bonne chose mais, de grâce, que l'on ne nous parle pas de nouveaux droits fondamentaux !
Quant aux deux autres mesures du titre Ier, celle qui vise à réduire de quatre à deux mois le délai de réponse de l'administration et celle qui tend à ce que le silence de l'administration vaille acceptation tacite, on nous dit qu'il s'agit des plus innovantes. Permettez-moi quelques remarques à ce sujet.
Le principe selon lequel le silence de l'administration vaut rejet demeure le droit commun puisque les décisions individuelles échappant au principe seront établies au cas par cas dans une liste prise par décret en Conseil d'Etat. Il est donc pour le moins difficile d'évaluer la portée de cette mesure.
Quant au délai de deux mois, la rapidité est certes un élément appréciable, mais j'ai bien peur que l'application de ce principe ne pose un sérieux problème aux administrations : comment être plus rapide quand aucun moyen supplémentaire n'est prévu et que, chaque année, les budgets publics sont réduits, des postes de fonctionnaires supprimés ?
Si l'administration souffre de lenteur, ce n'est pas parce que ses agents ne font pas leur travail ; c'est parce que, faute de moyens et d'effectifs suffisants, ils manquent de temps.
Ils sont les premiers à souhaiter pouvoir rendre un meilleur service à l'usager, et certains propos gouvernementaux tendant à les rendre responsables de l'inefficacité et des lourdeurs de l'administration sont pour le moins déplacés.
S'agissant du Médiateur de la République, dont je veux saluer l'efficacité et la compétence, vous proposez deux changements qui vont dans le sens d'un renforcement de cette institution. Nous ne nous y opposerons pas, mais je doute fort que cela change en profondeur les relations des usagers avec l'administration.
Avec les dispositions du titre III, relatif aux maisons des services publics, le projet de loi vise à donner un cadre législatif à diverses expériences menées depuis plusieurs années ou en cours de mise en place.
Ces expériences pourraient, dans une certaine mesure, être positives si les emplois et les services étaient systématiquement au moins maintenus.
L'objectif visé est en apparence fort louable puisqu'il s'agit de réunir en un seul lieu différents services publics afin de faciliter les démarches des usagers. Cependant, aucun moyen supplémentaire sérieux n'est prévu. Or de tels regroupements nécessitent des locaux, du personnel et des moyens de fonctionnement.
J'ai bien peur que, en fait, cette mesure ne soit qu'un paravent, destiné à dissimuler des suppressions de services publics, notamment dans les zones rurales, où la présence administrative est déjà bien ténue.
Je crains encore que les mairies de nos villages ne se trouvent surchagées, voire obligées de servir des organismes privés, du type Compagnie générale des eaux.
L'urgence aujourd'hui porte moins sur les regroupements de services publics que sur le renforcement de la présence de l'Etat et des services publics dans les zones rurales et dans les zones urbaines dites sensibles.
Or, toute la politique du Gouvernement vise, au contraire, au désengagement de l'Etat et au démantèlement de la fonction publique.
La nouvelle carte scolaire, approuvée dans le cadre du budget de 1997, supprime près de 3 000 postes d'instituteur, et entraînera donc autant de fermetures de classe.
Autre exemple, encore plus concret, la poste des Minguettes a été récemment rénovée et modernisée. Eh bien, contrairement aux engagements qui avait été pris, cela s'est traduit par la suppression de deux emplois, ensuite remplacés par des postes attribués à des titulaires de contrats emploi-solidarité !
Cet exemple vous paraît peut-être dérisoire, mais, hélas ! il est loin d'être isolé.
La volonté du Gouvernement de développer les maisons des services publics semble surtout destinée à opérer des regroupements supracantonaux. Elle s'inscrit dans le prolongement direct de la politique d'aménagement du territoire où le « pays » doit devenir l'espace d'organisation des services publics.
Il s'agit donc moins de rapprocher l'administration des usagers, comme l'affirme le Gouvernement, que d'imposer des rationnements et de faire accepter un partage de la pénurie conduisant à une offre de service public minimale.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Voilà la vérité !
M. Robert Pagès. Nombreux ont été les gouvernements qui ont voulu simplifier les procédures, rapprocher les citoyens des administrations, et, plus largement, réformer l'Etat. Loin de moi, l'idée de leur en faire grief, bien au contraire.
Toutefois, ce que le Gouvernement entreprend aujourd'hui est non pas une réforme de l'Etat, mais une réforme contre l'Etat.
Aussi le groupe communiste républicain et citoyen ne votera-t-il pas ce texte. (Applaudissements sur les travées du groupe communistes républicain et citoyen.)

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SOUHAITS DE BIENVENUE
À UNE DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE
DU MEXIQUE

M. le président. Mes chers collègues, il m'est particulièrement agréable de saluer la présence, dans notre tribune officielle, d'une délégation de sénateurs de la République du Mexique, conduite par le président du groupe d'amitié Mexique-France, M. Gustavo Carvajal Moreno.
Nos collègues effectuent un séjour à Paris, à l'invitation du groupe sénatorial d'amitié France-Mexique que préside M. Charles Descours, à l'occasion d'un colloque qui s'est tenu ce jour salle Médicis sous le haut patronage de M. le président René Monory, sur le développement des relations économiques entre le Mexique et la France.
Au nom du Sénat de la République, je souhaite la bienvenue à nos collègues mexicains, et je forme des voeux pour que leur visite conforte l'amitié entre nos deux assemblées et, à travers elles, entre nos deux nations. (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent.)

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AMÉLIORATION DES RELATIONS
ENTRE LES ADMINISTRATIONS ET LE PUBLIC

Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à l'amélioration des relations entre les administrations et le public.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Régnault.
M. René Régnault. Ce projet de loi, monsieur le ministre, est très attendu.
D'une part, il est censé répondre à l'obligation de déconcentration de l'Etat prévue par la loi de décentralisation du 2 mars 1982. La déconcentration doit se poursuivre : le mouvement de rapprochement des services de l'Etat vers le citoyen-administré est le pendant indispensable de la décentralisation des services vers des élus territoriaux reconnus responsables.
D'autre part, ce projet de loi doit aussi traduire une des orientations de la loi du 4 février 1995 sur l'aménagement et le développement du territoire.
En écho à son annonce, avec force et solennité, par la plus haute autorité de l'Etat - le Président de la République - dès 1995, le Gouvernement exprime dans ce projet de loi ses intentions.
Vous aviez soumis à la concertation des élus, entre autres choses, une sorte de mémorandum qui nous avait autorisés à croire à un projet de loi fort, exhaustif, adapté aux nécessités de la décentralisation et répondant mieux aux exigences de sa réussite, monsieur le ministre.
Force est tout de même de constater que le projet de loi que vous nous soumettez a perdu de ses ambitions ! Sa portée est limitée, et c'est parfois d'ailleurs significatif, notamment sur le plan législatif, puisque, pour les quatre cinquièmes, il s'agit de dispositions de caractère réglementaire plus que de dispositions de nature nécessairement législative. Une fois encore, monsieur le ministre, le décalage entre les promesses et les propositions est important. Il en est même inquiétant.
Autant je crois à la nécessité de se plier aux obligations nées des deux lois essentielles que j'ai rappelées, autant je déplore l'insuffisance des solutions proposées. La volonté de l'Etat ne s'exprime pas avec force et, s'il y a un objectif affirmé, celui-ci manque de clarté ; il y a aussi matière à lire entre les lignes !
J'ajoute que le Gouvernement aborde ce débat sous des auspices peu rassurants : les services publics ont besoin de moyens humains - les fonctionnaires - suffisants et adaptés pour assurer leur présence et leur pérennité. Mais, les fonctionnaires, c'est la feuille d'impôt, selon le chef de l'Etat. M. Alain Madelin, lui, dénonçait leurs salaires. Quant au Premier ministre, il parlait il y a peu encore de « mauvaise graisse » !
Les négociations salariales que vous aviez entamées voilà quelques semaines ont d'ailleurs tourné court, le Gouvernement ayant fait des propositions dont je ne veux pas croire qu'il ignorait qu'elles étaient inacceptables.
J'indique, pour que les choses soient claires, que la France, avec 5,73 agents publics pour 100 habitants, n'est qu'en neuvième position dans l'Union européenne. Il faut donc cesser de répéter à tout va que la France est d'abord et avant tout constituée d'une armée de fonctionnaires !
Mon collègue Jacques Mahéas a analysé les dispositions relatives au régime des décisions administratives. Je n'y reviens pas.
Il a aussi, fort remarquablement, argumenté notre position en ce qui concerne la saisine du Médiateur. Je veux à mon tour insister sur le fait que cette saisine est bien aujourd'hui ouverte à tous nos concitoyens. Ils doivent, certes, faire transiter leurs demandes par des parlementaires nationaux, mais le système n'en est pas moins satisfaisant et doit en conséquence demeurer en l'état. Vous avez eu la sagesse, monsieur le rapporteur, de proposer et de faire adopter en commission un amendement allant dans ce sens.
Plus importantes, plus novatrices et plus intéressantes sont les dispositions relatives aux maisons des services publics.
Les services de l'Etat sont parfois difficilement accessibles, voire inaccessibles à certains de nos concitoyens vivant dans les secteurs ruraux ou les périphéries urbaines. D'ordre administratif, ils ont parfois un caractère commercial, comme La Poste, la SNCF, EDF, GDF, ou encore sont des institutions sous tutelle de l'Etat, comme la sécurité sociale, les caisses d'allocations familiales, etc. Ils doivent donc être offerts, sans discrimination, à tous nos compatriotes. Je crois pouvoir dire que c'est un devoir constitutionnel, nos compatriotes étant eux-mêmes en droit d'en demander l'égal accès sans que les distances et les délais pour s'y rendre ne dépassent les limites que la loi du 4 février 1995 a posées.
On ne peut considérer la gestion d'un service public, c'est-à-dire d'un service d'intérêt général, à la seule aune de son coût, sous son seul aspect financier.
M. Robert Pagès. Très juste !
M. René Régnault. La cohésion sociale dépend de la réduction des fractures sociales et, des inégalités de traitement entre nos concitoyens par les services de l'Etat. La cohérence territoriale dépend, elle aussi, de la garantie d'offre de services publics, services, je le répète, d'intérêt général.
La seule arithmétique des normes est inacceptable et ne peut répondre aux exigences des milieux ruraux ou des périphéries en mal d'insertion et d'intégration.
Je veux encore préciser que ce ne sont pas, ou bien rarement, les services des collectivités territoriales qui font le plus défaut. Les maires veillent et s'organisent pour répondre aux nécessités des populations. Il eût d'ailleurs été intéressant pour les maires que vous indiquiez, monsieur le ministre, comment s'établira la carte des pays et, surtout, ce que recouvriront ces entités. Les maisons des services publics, sur lesquelles tout le monde s'interroge, préfigureraient-elles une nouvelle organisation administrative ?
En revanche, ce sont les services publics de l'Etat, les services publics à caractère commercial ainsi que certaines institutions sociales ou professionnelles qui font défaut ; au fil des années, ils se sont éloignés du public.
Pour répondre aux attentes nées de l'adoption de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, je peux croire à l'utilité des maisons des services publics, mais à quelques conditions fortes, simples et essentielles que je présenterai maintenant sous forme de questions. Vos réponses, monsieur le ministre, seront déterminantes et orienteront le vote du groupe socialiste.
En premier lieu, ces maisons des services publics ont-elles pour objet de maintenir, voire de rétablir le service public de l'Etat, ou le service public institutionnel, afin de porter remède à la désertification des territoires ruraux et aux difficultés rencontrées par les populations déracinées des banlieues ?
En second lieu, ces services publics, relevant essentiellement de l'Etat ou placés sous sa tutelle, doivent, au nom de la solidarité nationale découlant de son pouvoir régalien, être placés sous sa responsabilité. L'Etat devrait donc doter les maisons des services publics de fonctionnaires d'Etat, préparés à assumer des missions et des responsabilités spécifiques. Cette proposition, monsieur le ministre, est fondamentale, et votre réponse sera ici essentielle.
S'il est permis de ne pas écarter l'idée de transfert de quelques services territoriaux sous convention, il est clair qu'il ne saurait être question de déstabiliser nos mairies ou nos services municipaux en les affaiblissant.
Les collectivités territoriales, par la voix notamment de l'Association des maires de France qui a formulé un avis en ce sens, mettent en garde l'Etat contre toute nouvelle tentative de transferts de charges et de responsabilités de lui incombant.
Etablir ou rétablir des services publics de l'Etat, ou sous le contrôle de l'Etat, reçoit mon adhésion. Que l'Etat assure sa charge et sa responsabilité est indispensable. Celles-ci doivent être clairement exprimées pour être durablement assurées et garanties.
La suite du débat, vos réponses, l'examen des articles et des amendements retiendront notre attention et conditionneront notre vote final qui, d'une abstention bienveillante, pourrait devenir un refus catégorique si j'en juge par le sort qui a été réservé à quelques-uns de nos amendements lors de leur examen par la commission, il y a quelques heures. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques vient de diffuser un rapport : La France et la société de l'information, un cri d'alarme et une croisade nécessaire.
Un cri d'alarme, pourquoi ? Parce que la France prend du retard en ce domaine. Le Président de la République en est bien conscient et le Premier ministre a lui-même affirmé récemment la nécessité de la présence de l'Etat sur le Net.
A deux pas de l'hémicycle, monsieur le ministre, une démonstration est d'ailleurs en cours, exposant tout ce qui est disponible non seulement sur l'Intranet, mais aussi sur le site Internet du Sénat.
Les résultats de nos missions d'information, au-delà des cercles traditionnels, sont désormais consultés par le public et rencontrent un large succès. Un constat toutefois : ni les départements ministériels, ni les collectivités locales ne participent à ces consultations, ce qui est préoccupant, surtout eu égard au rôle du Sénat par rapport aux collectivités locales.
Les autorités administratives, en la matière, ne donnent pas l'exemple de la modernité, d'où, à mon sens, la nécessité de les y inciter. Je ne doute pas, monsieur le ministre, que, dans le cadre de la réforme de l'Etat, vous vous y prépariez.
Vous avez vous-même évoqué à cette tribune, il y a quelques instants, la communication en temps réel. Toutefois, je crains, monsieur le ministre, que, aux yeux du public, le texte que les services vous ont préparé et que l'Assemblée nationale a modifié légèrement ne fasse penser que le Gouvernement ignore les progrès de la société de l'information et à quel point celle-ci bouleversr les habitudes, les structures, les hiérarchies et les comportements, et permet à chacun d'avoir accès à toutes les sources d'information. Je sais qu'il n'en est rien et je pense que vous avez à coeur de placer dans la réforme de l'Etat les nouvelles possibilités d'information et de communication, moyens d'une démocratie moderne.
Mais ce serait une erreur de ne pas le dire dans une loi. La plus grande puissance du monde, lors d'une élection présidentielle datant de quelque cinq ans et au cours de laquelle MM. Clinton et Al Gore ont fait campagne en grande partie sur les autoroutes de l'information, n'a pas craint de le dire. Depuis lors, toutes les autorités administratives de l'Amérique du Nord s'informatisent ; les citoyens en bénéficient et cela diminue notablement les frais de fonctionnement des administrations.
A l'intérieur d'une administration, un système de réseau interne, par exemple de type Intranet, permet d'activer la communication et d'annihiler les délais prohibitifs.
A l'extérieur, un Extranet interministériel, protégé et fermé, donc confidentiel, permet de gagner un temps considérable.
L'accord de douze directeurs peut être obtenu en un quart d'heure et la négociation des points délicats peut s'effectuer en quelques heures. Par la voie dite « normale », cela nécessite des semaines ou des mois. Bien sûr, cela change la nature du travail et nécessite le reformatage des fonctions de chacun - ce qui prend du temps - mais, au total, l'administration s'en trouve bien, et les usagers de l'administration et le public également.
Je prendrai plusieurs exemples.
Le premier concerne le domaine de la justice. La population française admet très difficilement que plusieurs mois s'écoulent avant qu'une décision de justice soit transmise par les greffiers. En effet, une informatisation systématique permettrait de le faire le jour même de la décision, puisque la plupart des attendus correspondent non pas à des innovations, mais à des références assez classiques et des coupés-collés informatisés permettent en quelques minutes de rédiger une conclusion. La relecture et la signature ne durent pas des semaines. J'évoque la justice parce que c'est tout de même une priorité pour nos compatriotes, qui sont très sensibles à la durée des délais.
Le deuxième exemple concerne la comptabilité M 14, que mes collègues sénateurs connaissent bien et que la plupart des collectivités locales implantent, mais à quel coût ! Sur Internet, il existe un site, émanant d'une entreprise privée, qui propose un forum traitant de la manière d'implanter cette comptabilité. Il est relativement peu actif parce que les collectivités n'ont pas acheté, pour quelque mille francs, un modem et ne sont pas connectées. Elles dépensent beaucoup plus d'argent pour obtenir les formations et les informations qu'elles pourraient avoir en se connectant sur Wanadoo ou tout autre fournisseur d'accès. Cette absence de modernité coûte cher.
De la même manière, la préparation des réunions intersyndicales et même leur tenue peuvent très bien se faire sous forme de forum Intranet ou Internet. Je prends volontiers des exemples qui ne concernent pas directement l'Etat, parce que le présent projet de loi traite de l'Etat et de ses services, mais aussi des administrations en général.
Le troisième exemple concerne l'Association des maires de France. Je suis convaincu que cette association serait encore plus active, plus utile et plus dynamique si elle privilégiait une action par le biais d'Internet. Encore faut-il que les mairies soient connectées, donc qu'elles y soient incitées.
Un message que je viens de recevoir sur Internet par l'intermédiaire du serveur du Sénat me cite de nombreux exemples du cercle vicieux que représente le fait que les choses ne se font pas parce que les mairies ne sont pas suffisamment connectées. Dans notre groupe, nous avons la possibilité de faire des visio-conférences sur Numéris.
Nous l'utilisons avec la Guyane, mais relativement peu avec nos collègues de la métropole, parce qu'ils ne sont pas connectés, n'ont pas de système visio-conférence sur Numéris. Pourtant, cela ne coûte pratiquement rien : l'investissement est tout à fait négligeable et le prix de l'abonnement vient encore de baisser.
Autre exemple : je viens de déposer une proposition de loi qui sera présentée par notre collègue M. Othily. Elle vise à permettre aux parents de déclarer la naissance d'un enfant à la mairie de leur lieu de résidence, et non pas à celle du lieu de naissance. Apparemment, cela était impossible jusqu'à présent, faute d'une centralisation des fichiers de l'état civil par le ministère compétent. Désormais, grâce aux transmissions de données, cela est possible. On peut même maintenant effectuer une centralisation virtuelle, sans qu'il soit nécessaire d'y procéder matériellement.
Le problème est majeur. Le développement informatique des administrations reste, selon moi, limité. C'est pourquoi nous proposons, par amendement, la création de cellules au sein de chacune des autorités administratives et d'un observatoire chargé de suivre la mise en réseau de ces cellules. En effet, pour le moment, les différents ministères ne sont pas connectés et règne un certain flou. Une connexion entre ces cellules, avec un observatoire qui en rendrait compte et qui viserait la connexion, serait très utile.
Un deuxième amendement tend à ce que les services décentralisés de l'Etat puissent veiller à ce que les réclamations adressées par voie électronique soient traitées de la même façon et dans les mêmes conditions. Si vous considérez, monsieur le ministre, que cette disposition relève du domaine réglementaire et si vous nous indiquez que cela pourrait être mis en place par cette voie, nous pourrons retirer cet amendement.
M. le président. Mon cher collègue, je vous prie de conclure.
M. Pierre Laffitte. Je conclus, monsieur le président.
Un autre de nos amendements vise les maisons des services publics. Il persuadera peut-être nos collègues de la gauche que les quelques craintes qu'ils peuvent ressentir en ce qui concerne ces maisons sont injustifiées.
Les usagers devraient pouvoir être aidés dans leur utilisation des guichets électroniques installés dans ces maisons.
Monsieur le ministre, nous voterons votre projet de loi parce qu'il va dans le bon sens, surtout si vous acceptez nos amendements. En effet, aux termes de ce texte, les usagers sont considérés un peu moins comme des assujettis et un peu plus comme des partenaires au coeur des services publics. (Applaudissements sur les travées du RDSE et de l'Union centriste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je souhaiterais apporter un certain nombre de précisions à la suite des réflexions et des interrogations qui viennent d'être exprimées.
J'ai d'abord entendu la confirmation de ce que nous disions, les uns et les autres, c'est-à-dire une attente forte vis-à-vis de la réforme de l'Etat dans ses différents objectifs, qu'il s'agise de la simplification, comme l'a dit M. Cabanel, de la déconcentration, comme l'ont souligné M. le rapporteur et M. Courtois, ou de la nécessité de s'appuyer sur les ressources humaines et peut-être de mieux développer la déconcentation de la gestion des personnels. M. Bordas a insisté sur ce point et je voudrais lui dire que nous avançons dans ce domaine.
En effet, j'ai présenté au Conseil supérieur de la fonction publique de l'Etat, au mois de décembre, un certain nombre de projets de textes qui ont été adoptés depuis et qui vont dans ce sens : ils vont permettre à la fois de déconcentrer la gestion des personnels et de nouer le dialogue social, car on ne peut pas faire l'un sans l'autre. Cela constituera, selon moi, un élément de cette mobilité que vous avez appelée de vos voeux. A cet égard, je citerai un seul exemple : la mise à disposition, d'une administration à une autre, d'un agent dans les services déconcentrés sera dorénavant décidée par les préfets. Cela pourra donner à certains agents, qui, bien souvent, le souhaitent, des possibilités pour diversifier leur carrière et, donc, leur expérience professionnelle.
S'agissant de la nécessité d'améliorer les relations entre les administrations et le public, tous les orateurs sont d'accord, notamment sur le raccourcissement des délais de réponse, sur la question des accusés de réception ou encore sur l'obligation de transmettre la demande d'un usager si celui-ci se trompe car, au fond, c'est à l'administration d'assumer sa propre complexité.
Cela étant, un certain nombre de craintes ou d'interrogations ont été exprimées, et je voudrais y revenir.
Plusieurs d'entre vous, en particulier M. le rapporteur, ont évoqué la capacité des petites communes à faire face, ce qui provoque quelques craintes, à la transmission de dossiers qui leur auraient été adressés par erreur.
J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur ce point à l'Assemblée nationale. C'est une question que nous devrions régler de manière pragmatique, en particulier en utilisant les bonnes relations qui existent entre les petites communes et les sous-préfectures. Le plus simple sera effectivement que nous veillions à ce que les sous-préfets, d'une manière très claire, reçoivent la demande qui serait arrivée dans une petite commune par erreur et se fassent fort de l'acheminer dans la bonne direction. Cela évitera ainsi au maire d'une petite commune de rechercher quel peut bien être le service destinataire de la demande. Les sous-préfets, qui ont l'habitude des relations avec les maires des petites communes, pourront assumer cette tâche, afin qu'elle ne constitue pas un surcroît de travail pour les maires de ces communes.
J'en viens aux décrets d'application. J'ai évoqué à plusieurs reprises leur nécessité. C'est notre Constitution elle-même, en ses articles 34 et 37, monsieur Pagès, qui prévoit les choses ainsi. Cela étant, il est bien normal que vous souhaitiez savoir ce qui va se passer après le vote du projet de loi.
D'abord, seront pris deux décrets généraux d'application : l'un concernera les modalités de mise en oeuvre de l'obligation d'accuser réception des demandes, avec les mentions obligatoires, les exceptions et un certain nombre d'éléments précis ; l'autre sera relatif aux maisons des services publics.
Par ailleurs, comme je l'ai indiqué à propos des articles 4 et 5, des décrets interviendront pour la mise en oeuvre de ces articles.
Pour les articles 4 et 5, il s'agira en premier lieu de prévoir, par décret en Conseil d'Etat, les délais de refus ou d'accord implicite dérogatoires au droit commun de deux mois, pour un motif tiré de l'urgence ou de la complexité de la procédure. Les administrations procèdent en ce moment même au balayage des différentes situations et, dans le délai d'entrée en vigueur de la loi, je pense que les textes concernés pourront être pris.
Pour l'article 5 du projet de loi, des décrets seront pris afin de développer les cas dans lesquels le silence vaut acceptation. J'ai eu l'occasion de le dire tout à l'heure. Tout cela étant très théorique et un peu abstrait, je citerai quelques exemples. Ce sera un peu un inventaire à la Prévert, et je vous prie de m'en excuser à l'avance.
Les accords implicites pourraient concerner des sujets relatifs aux professions, comme l'autorisation de poursuite d'activité pour les agriculteurs retraités, ou encore l'autorisation de commercialisation de certains gibiers, le visa du contrat d'engagement maritime, la licence annuelle d'agent artistique, l'approbation des programmes d'exploitation des services aériens intracommunautaires, l'autorisation des concours de pêche et l'agrément des associations intermédiaires traitant des publics en difficulté.
Il s'agit de situations variées, mais elles reflètent la vie de tous les jours. Pour revêtir un aspect insolite ici, à cette tribune, cette énumération n'en correspond pas moins à la vie concrète. Cela procurera donc en fait autant de simplifications dans la vie quotidienne des citoyens et dans le travail des fonctionnaires.
Je vais donner quelques exemples de simplification administrative par suppression pure et simple des régimes d'autorisation administrative. Certains concernent les domaines de la vie économique et sociale. C'est le cas de la suppression de la carte professionnelle de coiffeur ou de VRP, ou de la déclaration de colportage. C'est aussi le cas de la transformation de l'autorisation des manifestations commerciales en régime déclaratif, de la suppression de l'autorisation de télétransmission des factures, de la suppression de l'obligation de déclaration des services privés de transport, de la simplification des procédures de gestion des espèces piscicoles ou des régimes de la pisciculture. Il s'agit là encore d'une multitude d'éléments.
Les suppressions énumérées visent des procédures qui encombrent très franchement à la fois l'esprit de nos concitoyens et les services administratifs. Ces derniers seront ainsi libérés de tâches pour lesquelles ils n'apportent pas une valeur ajoutée considérable. Cela se traduira par un gain de temps.
Je voudrais revenir maintenant sur les maisons des services publics, point évoqué par tous les orateurs.
Si nous avons souhaité prévoir un cadre juridique pour ces maisons des services publics dans un texte de loi, c'est bien parce que l'autorisation du législateur était nécessaire. En effet, la loi permettra de prévoir les conditions dans lesquelles les différentes autorités administratives concernées pourront déléguer leur signature au responsable d'une maison des services publics, alors que ce ne serait pas possible sans texte de loi.
De plus, grâce à ce support législatif, un groupement d'intérêt public pourra être mis en place dans tous les cas où cela paraîtra souhaitable.
Enfin, il est également normal que la création de maisons des services publics impliquant les collectivités locales passe par une habilitation législative.
Je voudrais revenir sur la problématique maisons des services publics/maintien des services publics en zones rurales, soulignée en particulier par M. Régnault.
Bien évidemment, la mise en place de maisons des services publics doit s'inscrire dans la politique globale de maintien des services publics en milieu rural ; sinon, en effet, la situation confinerait à l'absurde.
Comme je l'ai indiqué dans mon propos liminaire, et comme l'a d'ailleurs très justement rappelé M. le rapporteur, il y a, au fond, deux types de zones géographiques où il nous paraît intéressant de développer des maisons des services publics, et c'est d'ailleurs dans ces sites qu'ont été menées les expériences : d'une part, le secteur rural menacé de désertification et, d'autre part, les quartiers difficiles, où le type de population résidente implique une simplification de l'accès à l'administration. Il y a, notamment dans l'Est lyonnais, des exemples tout à fait intéressants à cet égard.
Il s'agit donc non pas de créer un échelon supplémentaire d'administration, mais d'ouvrir en quelque sorte des guichets polyvalents et plus proches des gens.
Pour faire référence à la politique définie par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, je dirai qu'il est bien évident que la mise en place des maisons des services publics devra s'insérer dans le cadre des schémas départementaux des services publics sur lesquels les élus locaux sont consultés ; ces derniers pourront donc donner leur avis sur ces perspectives.
Le problème de la relation entre l'Etat et les collectivités locales a été abordé de manière indirecte, mais il me paraît néanmoins intéressant d'y revenir : bien que cela figure dans le texte, je tiens à réaffirmer très clairement que, s'il doit y avoir implication à la fois de l'Etat et des collectivités locales, ce sera sur une base contractuelle. S'il y a participation des collectivités locales, c'est parce qu'il en sera ainsi décidé par elles et qu'il apparaîtra donc qu'une maison des services publics présente un intérêt dans le département considéré. Par ailleurs, il est bien clair que contrat et tutelle sont tout à fait antinomiques.
La contribution de chacun des services prendra bien sûr une forme financière, qui sera définie par la convention ; c'est d'ailleurs l'un des intérêts de cette dernière de permettre d'établir clairement les choses dès le départ et de prévoir qui finance et dans quelle proportion. Bien entendu, l'Etat apportera sa part et, comme il ne sera pas seul, il faudra bien définir la contribution de chacun.
L'Etat apportera dans les années qui viennent une aide particulière à la mise en place de ces structures dans le cadre du fonds pour la réforme de l'Etat évoqué par un certain nombre d'orateurs.
M. Courtois a craint, m'a-t-il semblé, que la concurrence ne soit perturbée si La Poste participait à une maison des services publics en y développant ses services financiers.
Que les choses soient claires ! Le dispositif concernant les maisons des services publics est neutre par rapport à la problématique de la concurrence entre les services financiers de La Poste et les autres structures bancaires ; cette dernière préexiste d'ailleurs aux maisons des services publics, lesquelles n'apportent pas d'élément nouveau à cet égard.
Il faudra donc bien entendu veiller à ne pas introduire dans le cadre de la convention de distorsion de concurrence du fait de la mise en place de cette structure. Les choses devraient, me semble-t-il, se clarifier dans la pratique encore plus facilement que sur un plan théorique.
J'ajoute que ces règles du droit de la concurrence, s'agissant de La Poste, sont toujours soumises au contrôle du juge. Il en sera de même, bien entendu, dans le cadre des maisons des services publics.
J'en viens maintenant à la question des statuts des personnels, qui a effectivement suscité quelques interrogations.
Sur ce sujet, les choses sont maintenant parfaitement claires. Nous en avons d'ailleurs beaucoup discuté avec les organisations syndicales. J'aurai probablement encore l'occasion dans les prochaines semaines de le faire dans le cadre des différents rendez-vous que j'ai avec ces dernières, en particulier sur ces sujets.
Le Gouvernement prévoit de conserver intégralement aux agents qui travailleront dans les maisons des services publics le statut qui était le leur dans leur administration d'origine. Lorsque la structure fonctionnera sur la base d'une convention, ces agents continueront d'appartenir à leur administration. Dans le cadre d'un groupement d'intérêt public, s'il est créé, le projet de décret que nous préparons prévoit que les agents du groupement seront soit mis à disposition par leur administration d'origine - c'est une position bien connue - soit en position de détachement ; mais ce sont là deux positions statutaires prévues par le statut général du fonctionnaire. Par conséquent, aucun risque n'est à craindre s'agissant de la position des fonctionnaires.
S'il est vrai, par ailleurs, que des organismes de droit privé pourront participer à une maison des services publics, ce sera uniquement dans les cas où de tels organismes seront chargés d'une mission de service public. Chacun sait que, dans le droit français, l'une des façons d'exercer une mission de service public est de le faire à travers une structure de droit privé.
Mais, dans la plupart des cas, ce sont l'Etat et les collectivités locales qui auront un rôle majeur dans le fonctionnement de ces structures. C'est pourquoi nous avons demandé que les préfets soient pilotes de la création des maisons des services publics. Il n'est pas question, bien entendu, de confier la responsabilité d'une telle maison des services publics à des agents qui ne relèveraient pas de l'une de ces personnes morales de droit public. Il faut que les choses soient claires à cet égard.
Telles sont les quelques mises au point qu'il me paraissait nécessaire de faire.
Je voudrais maintenant indiquer à M. Mahéas qu'il n'y a pas de rupture du dialogue social ; simplement, certains sujets sont plus faciles à traiter que d'autres, monsieur le sénateur. Depuis que j'ai la responsabilité du ministère de la fonction publique, j'ai signé trois accords avec six organisations syndicales sur sept, ce qui ne s'était jamais vu au cours des dix ou quinze dernières années. Nous battons donc aussi des records en matière de dialogue social !
S'agissant des questions salariales, le fait que le Gouvernement ne soit pas revenu sur le gel de l'indice décidé pour 1996 n'a étonné personne, en tout cas pas mes interlocuteurs : voilà au moins un an, en effet, que j'en avais prévenu ces derniers. Il ne faut pas demander au Gouvernement de faire un jour une politique et le lendemain son contraire ! J'avais informé les organisations syndicales voilà bien longtemps, et je regrette que nous n'ayons pas pu aller plus loin.
M. Jacques Mahéas. Elles ne sont pas satisfaites pour autant !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Sans doute, mais, en tout cas, l'information n'a pas été une surprise !
Les mesures nouvelles en matière de masse salariale s'élèvent, pour 1997, à 15 milliards de francs, chiffre significatif, comme chacun le sait bien : 3,5 milliards de francs au titre de l'évolution de l'indice et le reste au titre des évolutions catégorielles.
Monsieur Mahéas, vous m'avez reproché, quasiment dans la même phrase, de mettre à mal la décentralisation et d'affaiblir l'Etat. Il serait tout à fait étonnant que je parvienne à faire les deux à la fois !
Ces deux reproches sont en vérité contradictoires. Je souhaite, monsieur le sénateur - je vous le dis avec franchise - un Etat plus efficace et plus proche de nos concitoyens. Ma conviction, que je tire de mon expérience tant au service de l'administration de l'Etat que comme élu local, c'est que les deux vont de pair : nous n'aurons une décentralisation sereine et efficace que si, de son côté, l'Etat se déconcentre.
Il faut que les collectivités territoriales puissent avoir avec les représentants de l'Etat dans les départements un partenariat efficace ; pour qu'il le soit, les représentants de l'Etat dans le département doivent avoir une marge de liberté, une autonomie financière, une autonomie de décision. Les décisions doivent être prises sur le terrain, et vous verrez que cela ne fera que renforcer la décentralisation.
M. Laffitte a évoqué un certain nombre de questions liées aux nouvelles technologies.
Je suis tout à fait convaincu que l'administration doit utiliser ces nouvelles technologies. Toutefois, le projet de loi qui vous est soumis et qui vise à établir des normes législatives ne traite pas des moyens. Les règles nouvelles que nous établissons en termes de délais, d'accusés de réception, de déclarations se substituant à des autorisations sont indépendantes du support tant de la demande que de la réponse. D'ailleurs, comme vous le savez bien, des choses se sont produites depuis un certain nombre d'années dans ce domaine sans que les textes dont nous parlons aujourd'hui aient été modifiés. Ainsi, la jurisprudence accepte maintenant, dans certaines conditions, l'utilisation du fax pour accomplir des démarches administratives ou juridiques, et cette évolution n'est pas due à l'adoption d'un projet de loi relatif aux procédures administratives.
Je pense qu'il en ira de même, s'agissant des nouvelles technologies. C'est par l'acceptation de celles-ci en matière juridique que nous avancerons, mais non pas au travers d'un texte sur les relations entre l'administration et les usagers.
Cela étant, nous devons effectivement encourager les administrations à s'équiper de ces nouveaux outils. A cet égard, je vous indique que nous avons inauguré, voilà quelques semaines, un site Internet de la direction générale de l'administration et de la fonction publique, et que nous avons en particulier ouvert à nos concitoyens la possibilité d'adresser du courrier électronique : ils peuvent ainsi saisir le ministre chargé de la réforme de l'Etat. Je crois donc que vous avez eu raison, monsieur Laffitte, de dire que l'Etat doit être attentif à son niveau d'investissement en matière de nouvelles technologies.
Voilà les éléments de réponse que je voudrais apporter aux interrogations soulevées par les différents orateurs. Je voudrais souligner à nouveau, en conclusion, la qualité du travail qui a été accompli par la commission des lois du Sénat, laquelle a sensiblement amélioré le texte que nous lui avions transmis. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Nous passons à la discussion des articles.

TITRE Ier

DISPOSITIONS RELATIVES AU RÉGIME
DES DÉCISIONS ADMINISTRATIVES

M. le président. Par amendement n° 2, M. Amoudry, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit l'intitulé du titre Ier :

« Dispositions relatives au régime des décisions prises par les autorités administratives. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Cet amendement vise à mettre en cohérence l'intitulé du titre Ier avec le contenu de celui-ci.
En effet, le régime juridique résultant des dispositions du titre Ier n'a pas vocation à s'appliquer aux seules décisions administratives. Certains organismes de sécurité sociale visés à l'article 1er comme entrant dans le champ d'application organique du titre Ier prennent des décisions de droit privé ; c'est en particulier le cas des caisses primaires de sécurité sociale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 2.
M. Jacques Mahéas. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Je voudrais demander quelques précisions au Gouvernement.
Les offices d'HLM, qui sont des établissements publics administratifs gérant des services publics administratifs mais qui, avec les usagers, c'est-à-dire avec les locataires, ont des rapports relevant du droit privé, entrent-ils dans le champ du dispositif du titre Ier ? Sont-ils soumis à l'exigence d'un accusé de réception et à la règle des décisions implicites, ou, au contraire, relèvent-ils des dérogations prévues au dernier alinéa de l'article 2 ?
Celui-ci prévoit, en effet, des dérogations à l'exigence d'un accusé de réception des demandes ou réclamations adressées à l'administration dès lors que des modalités spécifiques sont prévues par des dispositions spéciales. C'est le cas des demandes de logement adressées par un candidat à un organisme d'HLM, qui sont régies par des dispositions spéciales prévues par le code de la construction et de l'habitation.
Nous aimerions vous entendre, monsieur le ministre, nous confirmer que les organismes d'HLM seront bien exclus, d'autant que, dans le projet de loi dit « de cohésion sociale », il serait prévu que chaque demande de logement ferait l'objet d'un numéro d'enregistrement au moment de son dépôt. Ces dispositions sont beaucoup plus protectrices des droits des intéressés !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Il n'y aura en tout cas pas, monsieur Mahéas, accord tacite, et une réponse explicite de la part des administrations sera nécessaire. C'est la meilleure des protections que l'on pourra accorder aux demandeurs de logement !
Quant au projet de loi contre l'exclusion sociale, il est tout à fait cohérent avec le présent texte : le fait de bénéficier d'un numéro d'enregistrement est une forme particulière d'accusé de réception !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du titre Ier est ainsi rédigé.

Article 1er

M. le président. « Art. 1er. - Sont considérés comme autorités administratives au sens du présent titre les administrations de l'État, les collectivités territoriales, les établissements publics à caractère administratif, les organismes de sécurité sociale et les autres organismes chargés de la gestion d'un service public administratif.
« A l'exception de celles de l'article 4, les dispositions des articles 2 à 7 ne s'appliquent pas aux relations entre les autorités administratives et leurs agents. »
Par amendement n° 37, MM. Mahéas et Régnault, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, à la fin du premier alinéa de cet article, de remplacer les mots : « chargés de la gestion d'un service public administratif » par les mots : « chargés d'une mission de service public administratif ».
La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Il s'agit d'obtenir une clarification et des précisions sur ce que recouvre l'expression « organismes chargés de la gestion d'un service public administratif ».
Le rapport de notre commission des lois, ainsi que celui de l'Assemblée nationale, procèdent par la négative : on sait ce qu'ils ne sont pas, mais on ignore ce qu'ils sont ! En effet, en sont écartés les services publics industriels et commerciaux et les personnes de droit privé, telles que les associations comme l'ARRCO ou l'AGIRC. En revanche, aucun exemple concret n'est donné pour illustrer les services en question.
Quelle limite y a-t-il, au demeurant, entre les services publics industriels et commerciaux et les services publics administratifs ? Dans quelle catégorie entre La Poste, par exemple ?
Par ailleurs, il me semble que le terme de « mission » est préférable à celui de « gestion », puisque la mission recouvre notamment la gestion du service.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Défavorable : la modification rédactionnelle proposée ne change pas substantiellement le champ d'application du titre Ier. Celui-ci repose sur un critère organique et il paraît préférable de se référer à la notion de « gestion » plutôt qu'à celle de « mission », qui est un critère matériel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
La rédaction du projet de loi me semble plus protectrice : en effet, certains organismes peuvent exercer temporairement une mission de service public sans pour autant se voir confier la gestion d'un service public. Vous élargissez les exceptions au lieu de les restreindre, monsieur Mahéas, ce qui me paraît aller à l'encontre de votre souhait.
M. Jacques Mahéas. Avez-vous des exemples ?
M. Pierre Laffitte. Une société de distribution d'eau !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 37.
M. Jacques Mahéas. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Monsieur le ministre, je souhaiterais que vous me citiez quelques exemples d'organismes exerçant une mission de service public sans en assurer la gestion. Cela me permettrait d'éclairer mon vote.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Les ordres professionnels, les fédérations de chasse, les fédérations sportives, ou encore les sociétés d'HLM, que vous évoquiez tout à l'heure, se voient confier la gestion d'un service public.
Il ne me vient pas à l'esprit d'exemples de mission,...
M. Pierre Laffitte. La Générale des eaux !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. ... mais la notion ne peut être que plus large.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.

(L'article 1er est adopté.)

Articles additionnels après l'article 1er

M. le président. Par amendement n° 33 rectifié, MM. Laffitte, Cabanel, Joly, Demilly, Vigouroux, Lesein et Vallet proposent d'insérer, après l'article 1er, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le citoyen étant au coeur du service public, les autorités administratives doivent utiliser les moyens les plus efficaces en termes de coûts et de délais pour aller au devant des usagers.
« Compte tenu des progrès des nouvelles techniques d'information et de communication, une cellule chargée de préparer des modifications réglementaires nécessaires afin de faciliter l'utilisation effective de ces nouvelles technologies est mise en place au sein de certaines autorités administratives. Un observatoire comportant notamment des représentants du Parlement est créé. Il suivra l'évolution des différentes cellules, leur mise en réseau et présentera au Parlement un rapport annuel.
« Un décret en Conseil d'Etat précisera les conditions de cette mise en place. »
La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Cet amendement s'inscrit dans la logique que j'ai développée au cours de la discussion générale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Sur le fond, la commission estime que la préoccupation de modernisation des méthodes de travail de l'administration est au coeur de la réforme de l'Etat. L'informatisation est d'ailleurs généralement en cours, ainsi que M. le ministre l'a rappelé voilà quelques instants.
Sur la forme, elle considère que le premier alinéa de l'amendement proposé est purement déclaratif et non normatif. Quant au deuxième alinéa, il paraît être partiellement de nature réglementaire. Or il n'appartient pas au législateur de s'immiscer dans l'organisation administrative.
Pour ces raisons, la commission des lois a émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur Laffitte, effectivement, ce que vous proposez ne relève pas du domaine de la loi. Pas plus que le Gouvernement, le Parlement ne doit faire de la « fausse législation », car ce n'est pas ainsi, en principe, que l'on établit des normes.
Cela étant, chaque administration est actuellement dotée d'un service informatique, qui est également chargé du développement des nouvelles technologies.
Par ailleurs, par le biais de la réforme de l'Etat, nous avons l'intention de mettre au point un schéma directeur des téléprocédures pour définir les modalités de dématérialisation des procédures administratives. Il s'agit d'une question dont nous pourrions débattre avec les parlementaires que cela intéresse, afin de recueillir leur avis dans le cadre de l'élaboration de ce schéma.
En revanche, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de constituer une nouvelle structure, qui viendrait alourdir nos procédures. Nous avons beaucoup parlé de simplification cet après-midi, il faut rester sur cette ligne.
M. le président. Monsieur Laffitte, l'amendement est-il maintenu ?
M. Pierre Laffitte. Monsieur le ministre, je vous remercie de l'information que vous venez de me donner, mais je tiens à préciser que je visais aussi les collectivités locales. Comment peut-on, en la matière, agir sans légiférer ?
Dans la mesure où l'on pourrait inciter par d'autres voies les collectivités locales à ces techniques, je serais prêt à retirer mon amendement, mais je souhaite être éclairé sur ce point.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Il me paraît difficile d'aller dans votre sens, monsieur Laffitte. En effet, vous me reprocheriez - en particulier dans cette enceinte - de vouloir expliquer aux collectivités locales comment elles doivent s'organiser.
Autant je crois de mon devoir, en tant que ministre chargé de la réforme de l'Etat, d'être un aiguillon auprès de mes collègues et auprès de l'ensemble des administrations pour qu'elles s'engagent résolument dans la mise en place de nouveaux moyens de communication, autant, la Constitution ayant établi une fois pour toutes le principe de l'autonomie de gestion des collectivités locales, je considère que c'est à celles-ci qu'il appartient de décider de leur gestion. Au demeurant, j'ai la faiblesse de penser qu'un certain nombre d'entre elles sont plutôt en avance dans ce domaine. Je crois que c'est par l'émulation, la concurrence et la comparaison des initiatives que tout cela va se mettre en place.
Cela étant, nous serons, bien sûr, à la disposition des collectivités locales. Je peux ainsi étudier avec la direction générale des collectivités locales un éventuel transfert, sinon de technologie, du moins de savoir-faire, pour mettre à la disposition de ces collectivités les réflexions que nous allons mener au sein de l'administration de l'Etat.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Compte tenu des explications que vient de me donner M. le ministre, notamment de l'information très importante selon laquelle la direction générale des collectivités locales pourra jouer un rôle d'incitation, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 33 rectifié est retiré.
Par amendement n° 3, M. Amoudry propose, au nom de la commission, d'insérer, après l'article 1er, un article additionnel ainsi rédigé :
« Sont considérées comme des demandes au sens du présent titre les demandes et les réclamations, y compris les recours gracieux ou hiérarchiques, adressées aux autorités administratives. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Pour une meilleure lisibilité des dispositions du titre Ier, nous proposons l'utilisation du vocable générique de « demande », figurant dans le décret du 28 novembre 1983, en en explicitant la définition pour indiquer qu'il s'agit aussi bien des demandes initiales et des réclamations que des recours gracieux ou hiérarchiques.
Dans son arrêt « SA Laboratoire L. Lafon » du 29 mars 1991, le Conseil d'Etat avait en effet donné une interprétation stricte de la notion de demande adressée à l'administration au sens du décret du 28 novembre 1993, en excluant les recours gracieux et hiérarchiques.
La définition que nous proposons permettra sans doute d'éviter que des erreurs liées à la multiplicité des termes utilisés ne se glissent dans la rédaction des textes d'application et ne suscitent des interprétations débouchant sur des contentieux inutiles.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er.

Article 2

M. le président. « Art. 2. - Toute demande ou réclamation adressée à une autorité administrative doit faire l'objet d'un accusé de réception délivré dans des conditions définies par décret en Conseil d'Etat. Ce décret détermine les cas dans lesquels il n'est pas accusé réception des demandes ou réclamations en raison de la brièveté du délai imparti à l'autorité pour répondre ou lorsque la demande ou réclamation n'appelle pas d'autre réponse que le service d'une prestation ou la délivrance d'un document prévus par les lois et les règlements.
« Les délais opposables à l'auteur d'une demande ou réclamation ne courent qu'à compter de la transmission à celui-ci d'un accusé de réception dans les cas et selon les modalités fixés par la présente loi et par le décret prévu à l'alinéa premier.
« L'autorité administrative n'est pas tenue d'accuser réception des demandes ou réclamations abusives, notamment par leur nombre, leur caractère répétitif ou systématique.
« Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux demandes ou réclamations dont l'accusé de réception est régi par des dispositions spéciales. »
Par amendement n° 4, M. Amoudry, au nom de la commission, propose :
I. - Dans la première et la seconde phrases du premier alinéa et dans le deuxième alinéa de cet article, de supprimer les mots : « ou réclamation ».
II. - Dans la seconde phrase du premier alinéa et dans les troisième et quatrième alinéas de cet article, de supprimer les mots : « ou réclamations ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination,
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 5, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du premier alinéa de l'article 2, de remplacer les mots : « doit faire » par le mot : « fait ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. C'est un amendement d'ordre rédactionnel : dans les textes juridiques, le présent de l'indicatif vaut obligation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 38, MM. Mahéas et Régnault, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent :
I. - Après la première phrase du premier alinéa de l'article 2, d'insérer une phrase ainsi rédigée : « Celui-ci précise notamment les mentions devant figurer sur l'accusé de réception et parmi lesquelles le service chargé du dossier ou l'agent à qui l'instruction du dossier a été confiée, le délai à l'expiration duquel à défaut d'une décision expresse la demande sera réputée acceptée ou rejetée, s'il y a lieu les délais et les voies de recours contre la décision implicite de rejet, l'indication de la date de réception par l'autorité compétente, le délai dans lequel l'accusé de réception est émis, et le cas échéant les pièces manquantes. »
II. - En conséquence, de rédiger ainsi le début de la seconde phrase du premier alinéa de cet article : « Ce décret détermine en outre les cas... ».
La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Il s'agit de préciser dans la loi les principaux points que devra mentionner l'accusé de réception, afin d'avoir l'assurance qu'il y aura réellement information suffisante et simplification pour l'usager.
Je sais bien que cet amendement est d'ordre réglementaire, mais il ne l'est pas plus, en tout cas, que bon nombre des dispositions de ce texte.
En particulier, il paraît utile de mentionner que l'accusé de réception précisera notamment le délai à l'expiration duquel, à défaut d'une décision expresse, la demande sera réputée acceptée ou rejetée.
C'est un moyen parmi d'autres de faire apparaître dans la loi que l'administration peut, bien évidemment, prendre une décision expresse avant que naisse une décision implicite.
Comme le souligne le rapport de la commission des lois, à la page 7, il faut « éviter de pénaliser une administration qui s'attacherait à répondre rapidement et explicitement à une demande et assurer la sécurité des situations juridiques. »
En outre, en ce qui concerne le troisième alinéa de l'article 2, qui prévoit des dérogations à l'exigence d'accusé de réception, je tiens à souligner que l'application aux collectivités locales du dispositif prévu par le décret du 28 novembre 1983 risque d'entraîner la multiplication des recours lorsque les accusés de réception n'auront pas été émis sur la base de cet alinéa.
Pourriez-vous, enfin, nous éclairer, monsieur le ministre, sur ce qu'il faut entendre par « demandes ou réclamations abusives, notamment par leur nombre, leur caractère répétitif ou systématique ». En effet, on remplace la formule que les collectivités locales et l'Etat se contentaient d'utiliser, à savoir : « Je ne peux que vous confirmer mon courrier du... », ce qui était tout de même une forme de réponse, par une non-réponse.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission émet un avis défavorable, au motif essentiel que les mentions visées dans cet amendement étant de nature réglementaire, elles relèvent du décret et non pas du texte de loi.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement émet également un avis défavorable, pour la même raison que la commission.
J'ajoute simplement que le projet de décret, sous réserve de vérification, car je ne l'ai pas sous les yeux, est rédigé, pour l'essentiel, d'une manière qui devrait vous donner satisfaction, monsieur Mahéas.
Quand au caractère « abusif » de la demande, c'est une affaire d'appréciation. Nous connaissons tous, dans les collectivités dont nous dirigeons l'exécutif, des « maniaques » du courrier qui écrivent mille fois sur le même sujet. Quand il y a manifestement abus, dont acte ! la jurisprudence appréciera. Ce sont ces cas limites qui sont visés et, bien sûr, rien d'autre.
M. Jacques Mahéas. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Puisque M. le ministre m'assure que les mentions en cause figureront dans le décret, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 38 est retiré.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 6, M. Amoudry, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le deuxième alinéa de l'article 2 :
« Les délais de recours contre une décision implicite ne sont pas opposables à l'auteur d'une demande lorsque l'accusé de réception prévu au premier alinéa ne lui a pas été transmis. »
Par amendement n° 29, M. Vasselle propose, dans le deuxième alinéa de l'article 2, après les mots : « accusé de réception », d'insérer les mots : « dès lors que la demande ou réclamation comporte toutes les pièces nécessaires à son instruction ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Cet amendement tend, tout d'abord, à clarifier la portée du deuxième alinéa de l'article 2. En effet, le point de départ du délai de recours contentieux est bien la date de notification à l'intéressé de la décision, et non la date de transmission de l'accusé de réception, comme pourrait le laisser supposer la rédaction initiale.
Par ailleurs, l'amendement prévoit que, lorsque l'administration aura fait diligence et aura pris une décision expresse en réponse à la demande dans le délai au terme duquel, à défaut de décision explicite, une décision implicite intervient, la possibilité d'attaquer la décision sera limitée au délai de recours contentieux, même si aucun accusé de réception n'a été délivré.
Le dispositif du projet de loi permet, au contraire, de contester la décision à tout moment, dès lors que l'accusé de réception n'a pas été délivré, ce qui est préjudiciable à la stabilité des situations juridiques.
La modification proposée, qui n'a pas vocation à dispenser l'administration de délivrer l'accusé de réception, tend simplement à éviter que, lorsque celle-ci a fait diligence et s'est efforcée de répondre rapidement sur le fond de la demande, cette réponse puisse être attaquée à toute époque du simple fait que la formalité requise n'aurait pas été accomplie.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 29.
M. Alain Vasselle. Cet amendement est tout à fait dans l'esprit du projet.
Il tend à faire en sorte qu'un administré n'ait pas à souffrir de l'opposabilité dans les délais dans la mesure où le dossier qui fait l'objet de l'instruction par l'administration compétente n'est pas complet. Autrement dit, le délai ne court qu'à partir du moment où l'administration a bien reçu la totalité des pièces qui permettent d'établir le dossier.
De deux choses l'une : ou bien le texte ne le prévoit pas parce que le décret d'application ne pourra pas le prendre en considération ou bien, monsieur le ministre, vous considérez - il suffit que vous m'apportiez toutes assurances sur ce point - que la rédaction du texte permettra d'insérer dans le décret les dispositions qui permettront à l'administré de ne pas souffrir de l'application du texte tel qu'il est rédigé aujourd'hui.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 29 ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission tient à bien souligner la distinction qu'il y a lieu d'effectuer entre les délais qui font naître une décision éventuelle de rejet ou d'acceptation et le délai de recours.
Les pièces du dossier doivent, bien entendu, être rassemblées par l'administration avant que ne coure le délai de deux mois qui fera naître une décision de rejet ou d'acceptation.
De ce point de vue, toutes assurances sont apportées par la rédaction que propose la commission.
En revanche, le délai de recours ne débute qu'à partir du moment où la notification de la décision est intervenue.
L'amendement n'ayant pas d'utilité, compte tenu des garanties qui sont ainsi apportées, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 6 et 29 ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur Vasselle, l'exigence que vous avez formulée, à juste titre, correspond effectivement à la jurisprudence actuelle du Conseil d'Etat. C'est également notre point de vue, et c'est ce qui sera clairement explicité dans le décret d'application du titre Ier du projet de loi, auquel j'ai fait allusion tout à l'heure.
Sur le second point, je partage tout à fait l'analyse de la commission des lois, qui a très bien explicité la distinction à opérer entre le délai de constitution d'une décision implicite ou explicite et le délai de recours.
Les choses étant tout à fait claires, j'émets un avis défavorable sur l'amendement n° 29, tout en étant persuadé d'avoir répondu à la question posée par M. Vasselle.
En revanche, j'accepte l'amendement n° 6, qui améliore la rédaction du texte.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 6.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Monsieur le président, mon amendement devenant sans objet au cas où l'amendement n° 6 serait adopté, je veux prendre acte des précisions qui m'ont été apportées à la fois par M. le rapporteur et par M. le ministre.
Je souhaite également attirer l'attention de M. le ministre sur un point. Il m'était apparu, à la lecture de l'article 2, que la référence au décret, au premier alinéa, était restrictive. C'est la raison pour laquelle j'avais pensé que, dans le cadre de la préparation du décret, s'il s'en tenait à la lettre du texte du premier alinéa de l'article 2, les dispositions que je souhaitais voir apparaître pouvaient ne pas êtres prises en considération.
Mais puisque M. le ministre m'affirme que tel ne sera pas le cas, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 29 est retiré.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, modifié.

(L'article 2 est adopté.)

Article 3

M. le président. « Art. 3. - Lorsqu'une demande ou réclamation est adressée à une autorité administrative incompétente, cette dernière doit la transmettre à l'autorité administrative compétente et en aviser l'intéressé.
« Le délai au terme duquel est susceptible d'intervenir une décision implicite de rejet court à compter de la date de réception de la demande ou réclamation par l'autorité initialement saisie.
« Le délai au terme duquel est susceptible d'intervenir une décision implicite d'acceptation ne court qu'à compter de la date de réception de la demande par l'autorité compétente. Cette dernière délivre l'accusé de réception prévu à l'article 2 et ce document mentionne cette date. »
Sur l'article, la parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Monsieur le ministre, à propos de cet article, je m'interroge sur le surcroît de travail et le surcoût financier que la transmission à l'autorité compétente pourra entraîner pour les collectivités locales, notamment pour les petites communes, même s'il est vrai que, pour ces dernières, vous nous avez rassurés.
Ce qui risque de se produrie sur le terrain, c'est que des administrés voient dans leur mairie une boîte à lettres, qui, effectivement, « dispatchera » le courrier à telle ou telle administration. Il faudra ainsi accuser réception de quasiment tous les courriers.
S'il y a un tel dévoiement, je ne vois pas comment ces collectivités pourront répondre à la demande, même si l'on considère qu'ainsi l'administration sera plus proche du citoyen, étant entendu que ceux qui sont les plus proches des citoyens sont les fonctionnaires territoriaux.
De plus, je me permets de vous rappeler, monsieur le ministre, que ce surcroît de travail, est, hélas ! entaché par l'existence de l'article 70 de la loi du 16 décembre 1996, qui supprime l'avantage que l'on appelait le treizième mois aux fonctionnaires territoriaux qui n'ont pas été employés par les collectivités locales avant 1984.
Vous ne m'avez pas répondu sur ce point précédemment, malgré ma demande instante. S'il vous était possible de le faire, je vous en saurais gré.
M. le président. Par amendement n° 7, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans les premier et deuxième alinéas de l'article 3, de supprimer les mots : « ou réclamation ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. C'est un amendement de conséquence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 8, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa de l'article 3, de remplacer les mots : « doit la transmettre » par les mots : « la transmet » et le mot : « aviser » par le mot : « avise ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel. L'indicatif présent valant obligation, c'est, là encore, une simplification.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Avant de donner l'avis du Gouvernement sur cet amendement, permettez-moi, monsieur le président, de répondre à l'observation et à la question de M. Mahéas sur l'article.
Monsieur le sénateur, il faut savoir ce que nous voulons. Nous avons tous eu l'expérience du guichet dit incompétent qui nous envoie à un deuxième, lequel nous dirige vers un troisième, et ainsi de suite.
Voulons-nous mettre un terme à cet état de choses, oui ou non ? La réponse du Gouvernement est « oui ». Nous voulons que cela cesse et que la complexité de l'administration soit assumée par elle-même et non par les citoyens.
M. Alain Vasselle. Très bien !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Si l'administration est compliquée, si elle est incompréhensible, c'est à elle de corriger ce défaut et non au citoyen de courir d'un guichet à l'autre, éventuellement d'un quartier à l'autre, voire d'une cité administrative à l'autre. C'est la raison pour laquelle je suis très attaché à cet article du projet de loi ; c'est le seul moyen d'en sortir.
Par ailleurs, il ne faut pas croire les Français moins intelligents qu'ils ne le sont. S'ils sont demandeurs auprès de l'administration, par exemple, d'un remboursement d'assurance maladie ou d'une autorisation quelconque, a priori, parce qu'ils ont envie d'obtenir ce qu'ils souhaitent, ils s'adresseront au service qui est susceptible de leur donner satisfaction. Il peut y avoir des erreurs de bonne foi, mais, pour l'essentiel, nos concitoyens iront là où ils ont le plus de chances d'avoir une réponse, et une réponse rapide.
Donc, je ne m'inquiète pas trop, à cet égard, sous réserve, je l'ai dit tout à l'heure à la tribune, du cas, notamment en milieu rural, des personnes âgées ou de faible mobilité. Mais si la mairie joue effectivement son rôle en liaison avec la sous-préfecture, je suis convaincu que nous trouverons des dispositifs pratiques satisfaisants.
Enfin, il est vrai que, du fait d'une rédaction imprécise du texte de loi de décembre 1996, le problème des fonctionnaires territoriaux engagés après 1984 n'a pas été réglé.
C'est la raison pour laquelle, m'en étant aperçu, j'ai donné des instructions aux centres de gestion pour qu'ils adoptent une interprétation large.
Par ailleurs, nous proposerons, probablement, dans le prochain projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, en avril, une rédaction sans ambiguïté qui permettra de régler définitivement le problème.
M. Gérard Braun. Très bien !
M. Jacques Mahéas. Il faut donner des instructions d'interprétation aux préfets !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Cela a été fait voilà seulement quelques jours.
En conclusion, le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 8.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 9, M. Amoudry, au nom de la commission, propose :
I. - De supprimer la dernière phrase du dernier alinéa de l'article 3.
II. - De compléter l'article 3 par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans tous les cas, l'accusé de réception est délivré par l'autorité compétente. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Cet amendement apporte une clarification rédactionnelle destinée à éviter que, par un raisonnement a contrario, on puisse penser qu'il revient à l'autorité incompétente initialement saisie, dans l'hypothèse d'une décision implicite de rejet, de délivrer l'accusé de réception.
L'amendement prévoit donc de supprimer la dernière phrase de l'article 3 et précise que l'accusé de réception est délivré par l'autorité compétente.
Lorsqu'une autorité administrative a été saisie à tort et doit transmettre, l'accusé de réception est dans tous les cas, que la décision implicite soit de rejet ou d'acceptation, délivré par l'autorité compétente, seule à même de remplir toutes les mentions qui doivent y figurer.
La commission des lois souhaite enfin attirer votre attention, monsieur le ministre, sur la nécessité de prévoir par voie réglementaire que soit mentionnée, sur l'avis de transmission de la demande, la date à laquelle l'autorité saisie par erreur a reçu celle-ci, afin que, en cas de silence prolongé de l'administration qui aboutirait à l'intervention d'une décision implicite de rejet, le demandeur puisse connaître le délai pendant lequel il lui sera possible de former un recours contentieux.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 9, qui permet, lui aussi, d'améliorer le texte.
En réponse à M. le rapporteur, je dirai que nous veillerons à ce que le décret d'application soit suffisamment précis pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté dans ce type de circonstances.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3, modifié.

(L'article 3 est adopté.)

Article 4

M. le président. « Art. 4. - Sauf dans les cas où un régime de décision implicite d'acceptation est institué dans les conditions prévues à l'article 5, le silence gardé pendant plus de deux mois par l'autorité administrative sur une demande vaut décision de rejet.
« Il en est de même pour les recours gracieux ou hiérarchiques.
« Lorsque la complexité ou l'urgence de la procédure le justifie, des décrets en Conseil d'État prévoient un délai différent. »
Par amendement n° 10, M. Amoudry, au nom de la commission, propose de supprimer le deuxième alinéa de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit, là encore, d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4, ainsi modifié.

(L'article 4 est adopté.)

Article 5

M. le président. « Art. 5. - Le silence gardé pendant deux mois par l'autorité administrative sur une demande fait naître une décision implicite d'acceptation dans les cas prévus par décrets en Conseil d'État. Lorsque la complexité ou l'urgence de la procédure le justifie, ces décrets peuvent fixer une durée différente au terme de laquelle la décision implicite intervient. Ils définissent, lorsque cela est nécessaire, les mesures destinées à assurer l'information des tiers.
« Toutefois, ces décrets ne peuvent instituer un régime de décision implicite d'acceptation dans les domaines où les engagements internationaux de la France, l'ordre public, la protection des libertés ou la sauvegarde des principes de valeur constitutionnelle s'y opposent, ou lorsque la demande porte directement sur une dette ou une créance de l'autorité administrative à qui elle est adressée. »
Par amendement n° 30, M. Vasselle propose d'insérer, dans la première phrase du premier alinéa de l'article 5, après les mots : « l'autorité administrative », le mot : « compétente ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je retire cet amendement, qui est satisfaisant en raison de l'adoption de l'amendement n° 9 de la commission, à l'article 3.
M. le président. L'amendement n° 30 est retiré.
Par amendement n° 11, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du premier alinéa de l'article 5, de remplacer les mots : « fait naître une décision implicite d'acceptation » par les mots : « vaut décision d'acceptation ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. C'est un amendement d'harmonisation rédactionnelle avec l'article 4.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 12, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 5, de remplacer les mots : « peuvent fixer une durée différente au terme de laquelle la décision implicite intervient », par les mots : « prévoient un délai différent ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit également d'une harmonisation rédactionnelle avec l'article 4.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 13, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans le second alinéa de l'article 5, de remplacer les mots : « dans les domaines où » par le mot : « lorsque ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit d'une simplification rédactionnelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 14, M. Amoudry, au nom de la commission, propose d'insérer dans le second alinéa de l'article 5, après les mots : « ou la sauvegarde des », le mot : « autres ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Cet amendement tend à apporter une précision.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adoptée.)
M. le président. Par amendement n° 36, M. Cabanel et les membres du groupe du Rassemblement démocratique et social européen proposent, à la fin du second alinéa de l'article 5, de supprimer les mots : « ou lorsque la demande porte directement sur une dette ou une créance de l'autorité administrative à qui elle est adressée ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 39, MM. Mahéas et Régnault, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter in fine le second alinéa de l'article 5 par les mots : « ou encore lorsqu'elle porte sur des domaines pouvant nuire à la sécurité ou à la santé. »
La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Le dernier alinéa de l'article 5 prévoit que l'acceptation tacite ne peut être établie par décret lorsque « les engagements internationaux de la France, l'ordre public, la protection des libertés ou la sauvegarde des principes de valeur constitutionnelle s'y opposent ». Il l'exclut également pour les demandes portant sur une dette ou une créance de l'autorité administrative. Le champ du règlement reste très large malgré tout, même s'il existe par ailleurs de nombreuses dispositions législatives ; je pense ici aux installations classées. Néanmoins, il me semble que le pouvoir réglementaire devrait être mieux encadré.
En effet, il est d'autres domaines, qui ne sont pas énumérés dans le projet de loi, pour lesquels le pouvoir réglementaire ne doit pas pouvoir instituer de décision implicite d'acceptation.
Une demande émanant, par exemple, d'une société ou d'une industrie polluante doit être dans tous les cas exclue de cette réglementation. Toutes les demandes relevant du domaine de l'environnement et pouvant avoir des conséquences nuisibles sur la sécurité et la santé des consommateurs doivent être exclues.
Nous proposons de mentionner explicitement cette précision dans le projet de loi. Nous voulons être tout à fait sûrs que des secteurs aussi importants ne seront pas soumis à cette règle, d'autant qu'en matière d'environnement le dispositif juridique repose certes sur la loi, mais aussi sur le règlement.
C'est un domaine où l'on ne peut courir le risque d'une décision implicite de l'administration parce qu'une demande n'aurait pas pu être examinée à fond dans le délai qui, je le rappelle, passe de quatre à deux mois, ce qui est, en soi, une bonne chose.
Je me demande également, monsieur le ministre, si l'autorisation implicite d'acceptation ne devrait pas être exclue explicitement pour les interventions portant atteinte à l'intégrité du domaine public routier.
Enfin, s'agissant des limites aux décisions implicites d'acceptations, j'aimerais connaître votre avis sur l'extension de cette règle aux relations entre l'Etat et les collectivités territoriales.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission rappelle que la protection de la santé et de la sécurité des personnes et des biens est, suivant la jurisprudence du Conseil constitutionnel, un principe de valeur constitutionnelle que devra respecter le décret, sous le contrôle du Conseil d'Etat, compte tenu de la rédaction de l'article 5. En conséquence, la commission émet un avis défavorable sur l'amendement n° 39, puisque toutes les garanties qu'il souhaite sont déjà prévues.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement, non pas pour des raisons de fond, monsieur le sénateur, mais parce qu'une énumération fait courir le risque de l'ambiguïté. Or, la rédaction très juridique qui a été proposée par la commission des lois nous protège complètement, compte tenu des jurisprudences tant du Conseil constitutionnel que du Conseil d'Etat. Il est donc préférable de s'en tenir à cette rédaction.
M. Jacques Mahéas. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Compte tenu des explications de M. le ministre, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 39 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'article 5.
M. Jacques Mahéas. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. La plupart des demandes des usagers étant acceptées par l'administration - l'étude d'impact sur le présent projet de loi indique en effet que, sur 1000 régimes d'autorisations, 5 % à 15 % seulement des demandes sont rejetées - on comprend tout à fait la logique qui pousse à vouloir accroître le nombre des décisions d'acceptation tacites en l'absence de réponse de l'administration dans un délai de deux mois.
Il est cependant regrettable qu'à aucun moment l'étude d'impact dont je viens de parler - cela figurait pourtant au menu de la réforme de l'Etat - ne fasse mention des délais moyens de réponse de l'administration par grandes catégories de problèmes. Cela nous aurait permis d'apprécier au mieux la portée de ce projet de loi, notamment à l'égard des usagers. J'espère, monsieur le ministre, que vous pourrez éclairer le Parlement sur ce point, car cette étude d'impact ne va guère au-delà de l'exposé des motifs. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je fais ce constat.
Sans méconnaître la portée positive de la disposition en cause, il convient de souligner les inconvénients qu'elle risque d'engendrer.
La plupart des demandes sont acceptées car, généralement, l'usager remplit toutes les conditions requises. Néanmoins, avec la généralisation de la déclaration d'aliéner, par exemple, il y a de fortes chances pour que l'usager doive, dans la majorité des cas, attendre deux mois pour jouir de ses droits, ce qui ne va pas obligatoirement dans le sens de ce que devrait être l'amélioration des relations de l'administration avec les usagers. Ainsi, comme mes collègues je pense, lorsque je reçois, en qualité de maire de Neuilly-sur-Marne, une déclaration d'intention d'aliéner et qu'aucun problème n'est manifeste, je réponds, bien évidemment, dans les quarante-huit heures ; désormais, du fait de l'acceptation tacite, ce délai sera porté à deux mois ! En outre, les dispositions prévues exigent de l'administré une meilleure connaissance des lois et des règlements ; celui-ci doit prendre ses précautions. Même si nul n'est censé ignorer la loi, chacun sait à quoi s'en tenir sur cet adage... d'autant que les textes sont multiples et trop souvent inaccessibles au citoyen lambda de par leur formulation.
En l'occurrence on nous annonce déjà plus de 280 décrets d'application. Bonjour la simplification ! A priori, l'usager ne saura pas si la réponse à sa demande fera l'objet d'une réponse explicite ou si elle entrera dans le régime d'une décision implicite de rejet ou d'acceptation. Pour le savoir, il devra attendre d'avoir reçu l'accusé de réception, dont les formules vont être multiples.
Un autre problème est posé du fait du développement des décisions implicites.
Il y a une forte probabilité pour que l'administration se contente de lui adresser un accusé de réception et ne lui réponde pas formellement pour les demandes classées comme relevant du régime de décision implicite d'acceptation, notamment.
L'administration examinera-t-elle, même de manière sommaire, le dossier ? Si elle ne le fait pas, ce sera non par mauvaise volonté, mais faute de temps.
Elle est sommée de faire plus et mieux, de s'adapter. Avec des effectifs réduits, des salaires en baisse, on exige plus des fonctionnaires. En cas de recours contentieux, ne risquent-ils pas de voir leur responsabilité engagée ? Comment pourront-ils justifier qu'ils n'ont pas eu le temps d'examiner à fond la demande dont la réponse est mise en cause ?
Autre point négatif : si cette proposition peut être globalement et statistiquement satisfaisante, puisque un plus grand nombre de demandes seront satisfaites, et ce plus rapidement, nous dit-on, il n'en demeure pas moins que le développement du système de la non-réponse, qu'elle vaille acceptation ou rejet, n'est pas de bonne méthode. Une non-réponse induit toujours un doute, suscite une interprétation. La non-réponse « généralisée » n'est pas la bonne façon de procéder avec les usagers ; elle n'incite pas au respect des lois et des règlements elle ne constitue pas, me semble-t-il, le meilleur moyen de rapprocher l'administration de l'usager.
Je crains qu'il ne s'agisse, sous couvert de simplification, de justifier la baisse des effectifs et de pallier l'insuffisance des moyens donnés à l'administration.
Les usagers vont être mieux et plus rapidement satisfaits alors que, dans le même temps, les services qui disposeront de moins de moyens, verront leurs tâches substantiellement allégés. Je ne crois pas que l'amélioration de relations entre l'administration et les usagers puisse se faire au détriment des fonctionnaires, qui sont d'ailleurs eux-mêmes, des usagers des services publics. L'amélioration ne peut avoir lieu que grâce à une administration de qualité.
Malgré ces réserves, on ne peut néanmoins qu'être d'accord avec l'objectif de ces dispositions. Elles vont dans le bons sens, mais leur mise en forme me paraît extrêmement délicate.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, modifié.

(L'article 5 est adopté.)

Article 6

M. le président. « Art. 6. - Pendant le délai de recours contentieux, l'autorité administrative peut retirer, pour illégalité, toute décision implicite d'acceptation née du silence par elle gardé.
« Au cas où un recours contentieux a été formé, le retrait peut s'exercer pendant la durée de l'instance. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 40, MM. Mahéas et Régnault, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de supprimer cet article.
Par amendement n° 15, M. Amoudry, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit cet article :
« Une décision implicite d'acceptation peut être retirée, pour illégalité, par l'autorité administrative :
« 1° Pendant le délai du recours contentieux ouvert aux tiers, lorsque les mesures prévues pour assurer leur information ont été mises en oeuvre ;
« 2° Pendant un délai de deux mois à compter de la date à laquelle est intervenue la décision ou, sans délai, à la demande d'un tiers intéressé, lorsque les mesures d'information prévues n'ont pas été mises en oeuvre ;
« 3° Pendant un délai de deux mois à compter de la date à laquelle est intervenue la décison, lorsqu'aucune mesure d'information n'est prévue ;
« 4° Pendant la durée de l'instance au cas où un recours contentieux a été formé.
La parole est à M. Mahéas pour défendre l'amendement n° 40.
M. Jacques Mahéas. Je propose de supprimer l'article 6. Actuellement, l'administration ne peut reprendre une décision implicite d'acceptation illégale que si celle-ci a fait l'objet d'une publicité, et pendant le délai de recours contentieux.
Dans l'hypothèse où la décision n'a pas fait l'objet d'une mesure d'information des tiers et qu'elle ne peut plus être retirée - en effet, la jurisprudence exclut toute possibilité de retrait, même pendant le délai de recours contentieux - le texte qui a été adopté par l'Assemblée nationale fait naître une insécurité juridique pour le bénéficiaire d'une décision dans la mesure où il autorise l'administration à retirer pour illégalité des décisions implicites d'acceptation dans le délai de recours contentieux ou pendant la durée de l'instance en cas de recours, que ces dispositions aient fait ou non l'objet de mesures de publicité.
Le droit et la jurisprudence actuels nous paraissent plus protecteurs des droits des usagers et plus responsabilisants pour l'administration. Telles sont les raisons qui motivent notre amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 40 et pour présenter l'amendement n° 15.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission est défavorable à l'amendement n° 40, car il est contraire à la position qu'elle a adoptée à travers l'amendement n° 15, dont je vais exposer l'objet.
L'article 6 définit le régime applicable au retrait d'une décision implicite d'acceptation entachée d'illégalité.
Lorsqu'une décision implicite d'acceptation illégale n'a pas fait l'objet des mesures d'information requises, la commission propose que la possibilité de repentir ouverte à l'administration soit limitée dans le temps.
En effet, dans le projet de loi initial, comme dans le texte adopté par l'Assemblée nationale, le retrait de la décision reste, dans ce cas, possible à tout moment. Or un tel dispositif est préjudiciable à la stabilité de la situation juridique du bénéficiaire de la décision et permettrait à l'administration de s'exonérer de la mise en oeuvre des mesures d'information pour se ménager la possibilité de retirer, à tout moment, une décision entachée d'illégalité.
L'amendement n° 15 prévoit ainsi la possibilité pour l'administration de retirer spontanément la décision pendant un délai de deux mois à compter de la date à laquelle elle est intervenue. Au-delà de cette date, le retrait ne serait possible sans délai qu'à la seule demande d'un tiers intéressé qui estimerait ses intérêts lésés.
Cette solution permet de concilier trois impératifs. Il s'agit, tout d'abord, d'assurer le respect de l'ordre public en offrant à l'administration la possibilité de retirer de sa propre initiative une décision entachée d'illégalité pendant un certain laps de temps seulement.
Il s'agit, ensuite, de préserver les droits des tiers. Ceux-ci disposent d'une possibilité de recours illimité dans le temps et ils conservent la faculté de demander le retrait de la décision à tout moment pour éviter une procédure contentieuse.
Il s'agit, enfin, de garantir la stabilité de la situation juridique du bénéficiaire de la décision, sous réserve du respect des droits des tiers.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 40 et 15 ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 15.
En effet, l'Assemblée nationale avait préféré une rédaction synthétique qui posait le principe du retrait des décisions implicites d'acceptation entachées d'illégalité alors que le projet de loi visait à expliciter un domaine qui est, d'un point de vue juridique, assez complexe.
A cet égard, l'amendement n° 15 pousse cette logique d'explicitation jusqu'au bout et envisage les différentes hypothèses qui peuvent survenir.
En outre, sur le fond, cet amendement tend à limiter dans le temps la faculté de retrait offerte à l'administration lorsqu'elle n'a pas mis en oeuvre les mesures d'information des tiers prévues par les textes. Il s'agit ainsi d'éviter que l'administration ne se ménage un droit de repentir illimité dans le temps au détriment de la sécurité juridique. Tel est l'objet du troisième alinéa de l'amendement n° 15. A cet égard, le projet de loi ne prévoyait pas cette limitation, qui est légitime. Telle est la raison pour laquelle le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 15 de la commission.
En conséquence, il émet un avis défavorable sur l'amendement n° 40 dans la mesure où il est indispensable de rééquilibrer le droit existant en faveur du respect de la légalité. Il faut aussi préserver celle-ci en donnant à l'administration la possibilité, pendant une période limitée, de revenir sur des décisions implicites d'acceptation illégales qu'elle aurait pu laisser naître à tort.
Ainsi, l'amendement n° 15 de la commission me semble finalement répondre au souci exprimé par M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Il s'agit effectivement d'une amélioration.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 15.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je me félicite de l'amendement n° 15 de la commission. Je me demande toutefois s'il résoudra tous les problèmes auxquels peuvent être confrontés certains de nos concitoyens.
J'ai personnellement vécu dans mon département une situation un peu similaire, qui a eu des conséquences dramatiques pour le chef d'une entreprise de transport. La préfecture lui ayant indiqué que le renouvellement de son permis de conduire « super-lourds » ne posait pas de problème, il a aussitôt investi afin de développer son activité. Or, quelques mois plus tard, l'administration préfectorale l'a informé par écrit qu'il ne pouvait pas bénéficier de ce renouvellement. Certes, ce cas de figure est peut-être marginal, mais il montre bien que le comportement de l'administration peut parfois avoir des conséquences dramatiques pour certaines entreprises.
Qu'est-il advenu ? En dépit de nos interventions, le préfet, dont le rôle est de faire appliquer la loi, n'a pas pu donner satisfaction à ce transporteur.
Les dispositions proposées par la commission permettront de résoudre des situations de ce type, mais peut-être pas toutes. Je voulais donc attirer votre attention sur ce point, monsieur le ministre, en vous citant cet exemple que j'ai vécu. Il faudra être vigilant, notamment en ce qui concerne l'attitude des différentes administrations à l'égard de nos administrés.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 est ainsi rédigé.

Article 7

M. le président. « Art. 7. - Exception faite du cas où il est statué sur une demande présentée par l'intéressé lui-même, les décisions individuelles qui doivent être motivées ne peuvent légalement intervenir qu'après que la personne intéressée a été mise à même de présenter des observations écrites et, le cas échéant, sur sa demande, des observations orales. Cette personne peut se faire assister ou représenter par un mandataire de son choix. L'autorité administrative n'est pas tenue de satisfaire les demandes d'audition abusives, notamment par leur nombre, leur caractère répétitif ou systématique.
« Les dispositions de l'alinéa précédent ne sont pas applicables :
« 1° En cas d'urgence ou de circonstances exceptionnelles ;
« 2° Lorsque leur mise en oeuvre serait de nature à compromettre l'ordre public ou la conduite des relations internationales ;
« 3° Aux décisions pour lesquelles des dispositions législatives spéciales ont instauré une procédure contradictoire particulière et aux décisions régies par l'article L. 80 D du livre des procédures fiscales.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées en tant que de besoin par décret en Conseil d'État. »
Par amendement n° 16, M. Amoudry, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le début de la première phrase du premier alinéa de cet article :
« Exception faite des cas où il est statué sur une demande, les décisions individuelles qui doivent être motivées n'interviennent qu'après que la personne... »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Cet amendement tend à simplifier la rédaction de l'article 7.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 17, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans le cinquième alinéa (3°) de l'article 7, de supprimer le mot : « spéciales ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Cet amendement tend à supprimer une précision inutile : une procédure contradictoire particulière ne peut résulter que d'une disposition législative spéciale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 7, modifié.

(L'article 7 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 7

M. le président. Par amendement n° 34, MM. Laffitte, Cabanel, Vallet, Joly et Demilly proposent d'insérer, après l'article 7, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les services décentralisés de l'Etat veilleront à ce que toute demande ou réclamation adressée sous forme de courrier électronique soit relevée et traitée dans les mêmes conditions que le courrier traditionnel.
« Le décret visé à l'article 2 précise les modalités d'application du présent article. »
La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel. Cet amendement est relativement satisfait par les propos qui ont été tenus tout à l'heure par M. le ministre et que M. Laffitte m'a consciencieusement rapportés. Une démarche ayant donc été engagée dans le sens souhaité par les signataires de cet amendement, je la retire.
MM. Jean-Jacques Hyest et Pierre Fauchon. Très bien !
M. le président. L'amendement n° 34 est retiré.
Par amendement n° 31, M. Vasselle propose d'insérer, après l'article 7, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les charges nouvelles que représentent les dispositions précédentes pour les communes de moins de deux mille habitants peuvent être compensées par l'Etat après avis du comité des finances locales visé à l'article L. 1211-1 du code général des collectivités territoriales.
« II. - Les pertes de recettes éventuelles entraînées par l'application des dispositions du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par l'augmentation des droits sur les tabacs prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement tend à prévoir une compensation par l'Etat des charges nouvelles qui résulteront, notamment, des dispositions de l'article 33. Notre collègue socialiste est déjà intervenu sur ce sujet.
En réponse aux orateurs qui se sont exprimés dans la discussion générale, vous avez, monsieur le ministre, apaisé les inquiétudes qui s'étaient manifestées. Si j'ai bien compris ce qui m'a été rapporté, vous vous proposez de faire jouer un rôle aux sous-préfets en la matière. Ainsi, lorsqu'un administré de l'une de nos communes déposera à la mairie un dossier qui relève d'une autre administration, le maire transmettra celui-ci à la sous-préfecture, laquelle l'enverra à l'administration compétente. Cette disposition limite fortement la charge qu'aura à supporter la collectivité locale, dans son rôle de service de proximité.
Le coût ne sera toutefois pas complètement nul. En effet, vous le savez, monsieur le ministre, la franchise postale a été supprimée pour nos collectivités et la compensation de l'Etat à cet égard n'est pas complète. Certaines communes doivent aujourd'hui supporter des frais postaux non négligeables, notamment pour les envois en recommandé des cartes d'identité.
J'ose espérer que certaines administrations n'exigeront pas de nos collectivités des envois en recommandé, car le coût ne serait pas négligeable pour les petites collectivités.
Je me pose cependant une question. Si, par hypothèse, un courrier envoyé par une mairie ne parvenait pas, pour telle ou telle raison, à son destinataire, en l'occurrence la sous-préfecture, que se passerait-il ? N'assisterions-nous pas à des contentieux entre l'administré et la collectivité locale qui aura reçu le document ? Quelle attitude devrons-nous adopter dans une telle situation ?
Sous réserve des compléments d'information que vous pourrez m'apporter, monsieur le ministre, je suis prêt à retirer cet amendement, tout en reconnaissant que les informations que vous nous avez déjà fournies constituent un pas en avant important.
En tout état de cause, monsieur le ministre, un point devra être fait après la première année d'application de la loi afin de mesurer les conséquences qui pourraient en résulter pour nos collectivités territoriales.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission a, tout d'abord, pris en compte les assurances apportées par M. le ministre, en particulier en faveur des petites communes qui, de fait, pourraient se voir soumises à de nouvelles charges. Ce n'est toutefois pas l'existence du présent texte qui doit, a priori, comme M. le ministre le soulignait tout à l'heure, rendre les Français moins capables devant les procédures administratives.
Le terme « peuvent » ouvre, en outre, une simple faculté, source d'inégalités qui, faute de définition de critères légaux, serait inconstitutionnelle.
Par ailleurs, il n'y a pas, à proprement parler, de transfert de compétences. En conséquence, la notion de compensation paraît ici inappropriée.
Pour toutes ces raisons, la commission est défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement est également défavorable à cet amendement, mais je tiens à rappeler les propos que j'ai tenus tout à l'heure.
A l'évidence, pour les toutes petites communes, la question peut se poser. C'est la raison pour laquelle j'ai indiqué tout à l'heure que les sous-préfets d'arrondissement devaient, à cet égard, pouvoir jouer un rôle. En effet, ils sont très fréquemment en contact avec les maires des petites communes. Si l'un d'entre eux reçoit un dossier dont il ne sait que faire, il le remettra à la sous-préfecture qui se chargera de l'acheminer vers le service compétent.
Vous avez également soulevé un problème de responsabilité, monsieur le sénateur. En fait, c'est la règle générale qui s'imposera. Si un courrier ordinaire se perd, il n'y a pas de responsable. S'il s'agit d'un courrier recommandé, c'est La Poste qui est responsable. La mairie ne peut donc en aucun cas être mise en cause à la suite de la disparition d'un dossier.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 31.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je vais retirer cet amendement, monsieur le président. D'ici à l'examen de ce texte en deuxième lecture, je pourrais réfléchir sur cette question et peut-être m'en entretenir avec vous, monsieur le ministre. Il faudra songer au cas où une personne vient déposer elle-même un document à la mairie et pas uniquement à celui où l'administré envoie un courrier à la mairie. A cet égard, les propos que vous avez tenus me paraissent justifiés.
Compte tenu des remarques formulées par M. le rapporteur, la rédaction de ce texte pourrait sans doute être améliorée puisqu'un problème constitutionnel a été évoqué. Toutefois, il n'est pas dans mon rôle de compliquer la vie à la fois du rapporteur et celle du Gouvernement. J'attire simplement l'attention sur les difficultés auxquelles pourraient être confrontés les maires des petites communes.
La mairie, nous le savons, assure un service de proximité. Nos administrés seront tentés d'en user sans en abuser. Il est plus facile pour un administré de déposer un document à la mairie de sa commune sachant qu'il pourra être transmis à l'administration compétente plutôt que de se rendre au chef-lieu du département qui est parfois situé à plusieurs dizaines de kilomètres de son domicile.
Cela dit, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 31 est retiré.

TITRE II

DISPOSITIONS RELATIVES
AU MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE

Article 8

M. le président. « Art. 8. - La loi n° 73-6 du 3 janvier 1973 instituant un Médiateur de la République est ainsi modifié :
« 1° Le deuxième alinéa de l'article 6 est ainsi rédigé :
« La réclamation est adressée à un député, un sénateur, un président de conseil régional, au président du conseil exécutif de Corse, à un président de conseil général ou au maire de Paris, président du Conseil de Paris. Celui-ci la transmet au Médiateur de la République après avoir vérifié qu'elle relève de sa compétence et qu'elle mérite son intervention. » ;
« 2° Le premier alinéa de l'article 9 est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Lorsqu'une réclamation lui paraît justifiée, le Médiateur de la République fait toutes les recommandations qui lui paraissent de nature à régler les difficultés dont il est saisi et notamment recommande à l'organisme mis en cause toute solution permettant de régler en équité la situation de l'auteur de la réclamation.
« Lorsqu'il apparaît au Médiateur de la République qu'un organisme mentionné à l'article premier n'a pas fonctionné conformément à la mission de service public qu'il doit assurer ou que l'application de dispositions législatives ou réglementaires aboutit à des situations inéquitables, il peut proposer à l'autorité compétente toutes mesures qu'il estime de nature à y remédier et suggérer les modifications qu'il lui paraît opportun d'apporter aux textes législatifs ou réglementaires. » ;
« 3° L'article 9 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque le Médiateur de la République constate le mauvais fonctionnement d'un service public, il peut provoquer une inspection ou un contrôle de ce service par les autorités compétentes. » ;
« 4° La seconde phrase de l'article 14 est complétée par les mots : "et fait l'objet d'une communication du Médiateur de la République devant chacune des deux assemblées". »
Sur cet article, je suis d'abord saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 18 est déposé par M. Amoudry, au nom de la commission.
L'amendement n° 41 est présenté par MM. Mahéas et Régnault, les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous deux visent à supprimer les deuxième et troisième alinéas de l'article 8.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 18.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Par cet amendement, la commission a souhaité maintenir le dispositif actuel de saisine du Médiateur de la République. Elle estime en effet que la saisine par les seuls députés et sénateurs n'a pas constitué un frein au développement de l'activité du Médiateur. Rappelons que le nombre de réclamations qui lui sont annuellement soumises est passé d'environ 4 000 à l'origine à 43 000 en 1996.
Elle considère, en outre, qu'il existe un lien naturel de confiance entre le citoyen et le parlementaire. Dans les cas où la réclamation porterait sur une décision prise par un exécutif local ou mettrait en cause le fonctionnement d'un service public local, il serait délicat, comme certains l'ont souligné tout à l'heure, pour le président du conseil général ou le président du conseil régional de saisir le médiateur, car l'autorité investie du pouvoir de saisine serait alors juge et partie.
Enfin, la logique du système proposé par le projet de loi voudrait que la faculté de saisine soit étendue à l'ensemble des exécutifs locaux. Pourquoi, dès lors, exclure en particulier les maires des grandes villes ?
M. Jacques Mahéas. Tout à fait !
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Or il paraît difficile de fixer une limite.
La commission n'est pas favorable à une extension à l'ensemble des maires, cette solution présentant le double inconvénient d'imposer aux maires de trop lourdes sujétions et de modifier la nature même de l'institution du Médiateur, lequel se verrait alors, à l'évidence, submergé de réclamations. Cet avis est d'ailleurs partagé par la quasi-unanimité des maires.
M. le président. La parole est à M. Mahéas, pour défendre l'amendement n° 41.
M. Jacques Mahéas. En ce qui concerne la saisine, le texte adopté par l'Assemblée nationale nous paraît un peu « bancal », et ce pour deux raisons essentielles : d'une part, il introduit une discrimination entre les exécutifs locaux ; d'autre part, il dénaturerait l'institution du Médiateur, car il est peu probable que les exécutifs locaux s'empressent de transmettre la réclamation d'un citoyen qui s'estime lésé par une décision qu'ils ont prise.
En revanche, nous ne sommes pas aussi affirmatifs que la commission pour dire que la saisine du Médiateur doit demeurer de la seule responsabilité des parlementaires. Nous pensons que, dans le cadre du présent texte, mieux vaut s'en tenir au statu quo ; sinon, on risquerait de bloquer l'institution.
Cependant, pour l'avenir, il convient de réfléchir à l'élargissement de la saisine à tout citoyen, comme cela se pratique dans de nombreux pays européens. Dans cette perspective, il faut préalablement repenser le statut de cette institution et lui donner les moyens de son fonctionnement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 18 et 41 ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je m'en remets à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 18 et 41, pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Par amendement n° 19, M. Amoudry, au nom de la commission, propose :
I. - De remplacer le second alinéa du texte présenté par le 2° de l'article 8 pour remplacer le premier alinéa de l'article 9 de la loi n° 73-6 du 3 janvier 1973 par trois alinéas ainsi rédigés :
« Lorsqu'il apparaît au Médiateur de la République qu'un organisme mentionné à l'article 1er n'a pas fonctionné conformément à la mission de service public qu'il doit assurer, il peut proposer à l'autorité compétente toutes mesures qu'il estime de nature à y remédier.
« Lorsqu'il constate que le fonctionnement d'un service public est défaillant, il peut provoquer une inspection ou un contrôle de ce service par les autorités compétentes.
« Lorsqu'il lui apparaît que l'application de dispositions législatives ou réglementaires aboutit à des situations inéquitables, il peut suggérer les modifications qui lui paraissent opportunes. »
II. - En conséquence, dans le premier alinéa du 2° de l'article 8, de remplacer le mot : « deux » par le mot : « quatre ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de clarification, qui tend à distinguer les pouvoirs du Médiateur relatifs au fonctionnement des services publics du rôle qui lui est imparti en matière de modification des textes législatifs et réglementaires.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Par amendement n° 20, M. Amoudry, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le 3° de l'article 8 :
« 3° La deuxième phrase du second alinéa de l'article 9 est complétée par les mots : "et ses propositions". »

La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de cohérence.
Dans tous les cas visés précédemment, le Médiateur doit être tenu informé des suites données à ses interventions, et non pas seulement lorsqu'il formule des recommandations consécutives à une réclamation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 8, modifié.

(L'article 8 est adopté.)

TITRE III

DISPOSITIONS RELATIVES
AUX MAISONS DES SERVICES PUBLICS

Article 9

M. le président. « Art. 9. - I. - Une maison des services publics réunit des services publics relevant de l'État et de ses établissements publics, des collectivités territoriales et de leurs établissements publics, des organismes de sécurité sociale ou d'autres organismes chargés d'une mission de service public, afin de faciliter les démarches des usagers et d'améliorer la présence de ces services publics sur le territoire.
« Elle peut, pour le compte des services publics qui y participent, recevoir les demandes des usagers, en accuser réception, les transmettre à l'autorité compétente, en faciliter ou en assurer l'instruction et, par délégation de l'autorité compétente, prendre les décisions ou délivrer les prestations correspondantes.
« II. - Les maisons des services publics peuvent être créées par convention entre les services publics mentionnés au I.
« Cette convention définit les missions dévolues à la maison des services publics, les modalités de désignation de son responsable, les prestations qu'elle peut délivrer et les décisions que son responsable peut prendre ou signer ainsi que le cadre géographique dans lequel elle exerce son activité. Cette convention prévoit également les conditions dans lesquelles les personnels relevant des services publics qui y participent exercent leurs fonctions. Elle définit la répartition des responsabilités tant à l'égard des usagers que des tiers. Elle règle les modalités financières et matérielles de fonctionnement de la maison des services publics. Elle est approuvée par le représentant de l'État dans le département.
« III. - Des groupements d'intérêt public dotés de la personnalité morale et de l'autonomie financière peuvent être constitués entre deux ou plusieurs personnes morales de droit public ou de droit privé, dont au moins une personne morale de droit public, pour créer des maisons des services publics et exercer ensemble, pendant une durée déterminée, les activités mentionnées au I, conformément aux dispositions de l'article 21 de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France. La convention constitutive comporte les éléments mentionnés au second alinéa du II du présent article.
« IV. - Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'État. »
Sur l'article, la parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Cet article, qui traite des maisons des services publics,...
M. Pierre Fauchon. Des maisons ouvertes ! (Sourires.)
M. Jacques Mahéas. ... nous paraît constituer le coeur du présent projet de loi.
Ce terme de « maisons » semble se prêter à certains jeux de mots. Il est vrai que l'on pourrait préférer l'expression « antennes de services publics », ce qui permettrait d'inclure l'idée d'un déplacement possible d'une commune à une autre, par exemple dans un autocar aménagé à cette fin. Il y a là, me semble-t-il, une idée à creuser.
Quoi qu'il en soit, les maisons des services publics suscitent, je l'ai déjà indiqué, beaucoup d'interrogations de notre part. Je voudrais revenir plus en détail sur quelques aspects afin que vous puissiez mieux éclairer le Parlement, monsieur le ministre.
Je souhaite tout d'abord soulever la question de l'articulation entre les présentes dispositions et la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 5 février 1995, dont l'article 22 a créé les pays et préconisé, en son dernier alinéa, la réorganisation des services de l'Etat.
Se pose également le problème de l'articulation avec la commission départementale d'organisation et de modernisation des services publics, prévue par la loi du 9 janvier 1985 et chargée par l'article 28 de la loi du 5 février 1995 de faire des propositions au préfet et au président du conseil général pour améliorer l'organisation et la présence sur le territoire des services publics qui relèvent de la compétence respective de l'Etat et du département, ainsi que de donner son avis sur le schéma départemental d'organisation des services publics.
Nous faisons nôtre l'argument selon lequel les maisons des services publics sont conçues pour répondre aux besoins des citoyens désireux de bénéficier d'une présence plus proche. Nous sommes donc favorables à une implantation de proximité des services publics.
Toutefois, si le groupement des services a lieu à l'échelon des pays, nous craignons qu'il n'accentue la désertification rurale, qu'il ne serve à justifier l'absence de moyens et la réduction des effectifs, ce qui irait totalement à l'encontre de l'objectif affiché.
Les services de proximité pourraient être les vecteurs d'une redéfinition économique et sociale, mais il ne faudrait pas, par le biais des maisons des services publics, vouer des régions entières au déclin. Il ne faudrait pas non plus que vous encouragiez le développement de ces maisons - vous en prévoyez 150 d'ici à la fin de l'année - pour mieux faire accepter la suppression de services publics en de nombreux points du territoire.
Bien sûr, les maisons des services publics ne sont pas totalement nouvelles. Sous des appellations différentes, de nombreuses expériences de même nature ont été lancées : points d'information multiservices, guichets uniques, points publics.
Cela étant, je crains que ces maisons des services publics ne servent à justifier le regroupement des services là où ils existent encore, ce qui se traduirait finalement par un éloignement dont nos concitoyens feraient les frais.
Ne conviendrait-il pas plutôt, pour véritablement rapprocher l'administration de ses usagers, de favoriser la mobilité du service public, en particulier dans les zones rurales ? Je m'explique : chaque service représenté dans une maison des services publics peut disposer d'un correspondant chargé d'aller au-devant des usagers en fonction de leurs besoins et de leurs demandes. C'est pourquoi le terme « antenne » me paraît plus approprié, plus judicieux que celui de « maison », qui évoque trop une structure figée. Les notions de mobilité et d'adaptabilité aux usagers me semblent plus conformes à l'objet même de votre projet de loi, monsieur le ministre.
Dans l'immédiat, il faudrait avant tout se donner les moyens de conserver ce qui existe.
En tant que maire de Neuilly-sur-Marne, je ne peux qu'être effrayé par le désengagement des services publics, notamment dans les quartiers difficiles. Dernièrement, sans crier gare, en tout cas sans me prévenir, on a supprimé brutalement la PAIO, la permanence d'accueil, d'information et d'orientation. Je dois aussi me battre avec l'administration de la justice pour garder un fonctionnaire chargé de s'occuper des personnes qui sortent de prison, par exemple. Voilà mon expérience, vécue quotidiennement sur le terrain.
Ne serait-il pas plus simple d'attribuer les crédits et moyens nécessaires au bon fonctionnement des services de l'Etat dans les départements, pour les inciter à se moderniser ?
Dans chaque mairie, des permanences assurent déjà ces services de proximité. Est-ce à dire qu'elles ne remplissent pas correctement leur rôle ? Est-il envisagé de les insérer à ces pôles administratifs et de les transférer, sous forme de mairie annexe, vers les sites qui abriteront ces regroupements ? Qu'adviendra-t-il des permanents qui assument ces missions de conseil, d'information et d'orientation, qui sont à l'écoute des administrés et leur apportent des réponses individualisées en vue de faciliter leurs démarches...
M. le président. Je dois vous demander de conclure, mon cher collègue.
M. Jacques Mahéas. ... et de rendre compréhensibles les multiples réglementations auxquelles tous nos concitoyens sont soumis ?
Par ailleurs, la création des maisons des services publics va se traduire par un nouveau transfert de charges vers les collectivités locales. J'aurai l'occasion d'y revenir dans la suite de la discussion, n'ayant pu développer ici tous mes arguments.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je souhaite répondre à M. Mahéas, car je ne veux pas que subsistent des incompréhensions sur nos objectifs.
Je résumerai ma pensée en une formule : faisons confiance aux hommes.
M. Emmanuel Hamel. « Et par ce terme d'hommes, j'embrasse toutes les femmes », disait un célèbre prédicateur à Notre-Dame de Paris !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Nous mettons en place un dispositif législatif qui permettra de développer des initiatives à l'échelon local. Il ne s'agira pas d'une politique mise en place depuis Paris. Ce sont les élus locaux et le préfet - c'est déjà ainsi que cela se passe pour la mise au point des schémas directeurs des services publics - qui vont proposer de créer ensemble une structure dans un site déterminé.
Le dispositif législatif que nous proposons vise seulement à permettre de prendre, au niveau départemental, des initiatives de ce type. Il ne s'agit aucunement de proposer une formule toute faite qui serait la même pour l'ensemble du territoire. Ce sont au contraire les idées de souplesse et d'adaptation au terrain qui nous guident. Cela va donc tout à fait dans le sens de ce qu'avaient souhaité l'ensemble de ceux qui ont participé à l'élaboration de la loi sur l'aménagement du territoire.
M. Alain Vasselle. Très bien !
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Soutenons les initiatives locales en leur donnant un support législatif et quelque moyens. Il ne s'agit que de cela, mais c'est déjà beaucoup.
C'est dans cet esprit que nous devons aider à l'aménagement du territoire et à une bonne adéquation entre les moyens publics et les besoins de la population.
M. le président. Par amendement n° 21, M. Amoudry, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le second alinéa du I de l'article 9 :
« Pour le compte des services publics qui y participent, la maison des services publics peut recevoir les demandes des usagers, en accuser réception, les transmettre à l'autorité compétente, en faciliter ou en assurer l'instruction. Son responsable ne peut prendre les décisions ou délivrer les prestations répondant à ces demandes que sur délégation de l'autorité compétente. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de clarification rédactionnelle.
En effet, les décisions ne peuvent être prises et les prestations délivrées que par le responsable de la maison des services publics et non par la maison elle-même, car, lorsque celle-ci est constituée par une convention simple, elle n'a pas la personnalité morale.
Au demeurant, le responsable ne peut prendre les décisions que sur délégation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 21, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 42, MM. Mahéas et Régnault, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase du second alinéa du paragraphe II de l'article 9, après le mot : « responsable », d'insérer les mots : « obligatoirement choisi parmi les agents de la fonction publique ».
La parole est à M. Mahéas. M. Jacques Mahéas. Les maisons des services publics ayant pour objet de réunir des services publics, il paraît utile de préciser dans la loi que leur responsable doit émaner de la fonction publique. Tel est l'objet de notre amendement.
En effet, si l'amendement n° 21, qui vient d'être adopté, contribue à établir une utile distinction entre les différentes tâches qui incomberont aux personnels des maisons des services publics et précise que la prise de décision ou la délivrance de prestations ne pourra être déléguée qu'au seul responsable de la « maison », il ne résout absolument pas les questions fondamentales qui se posent à ce sujet.
On s'en remet à la convention pour définir les modalités de désignation de ce responsable ainsi que les missions dévolues à la maison des services publics. Or aucun garde-fou n'est mis aux délégations que peut consentir l'administration-mère, et nous n'avons aucune garantie certifiant que le responsable ne sera pas un agent relevant du droit privé ; le texte laisse même, me semble-t-il, cette possibilité tout à fait ouverte.
Cela me gêne quelque peu, même si la tendance est de plus en plus au développement de la gestion de services publics par des organismes privés.
Compte tenu de la diversité des services publics et privés et des organismes pouvant s'associer au sein des maisons des services publics, il est parfaitement possible que le responsable soit un agent privé. Nous y sommes fermement opposés.
Dans cette éventualité, quel sera son rôle, son autorité, son pouvoir hiérarchique sur les personnels fonctionnaires, détachés ou mis à disposition ?
S'agissant des personnels, précisément, nous avons aussi de multiples questions à vous poser, monsieur le ministre.
Qui seront ces personnels relevant des services publics participant à ces « maisons » ? Dans quelle position statutaire seront-ils placés : en détachement ou en mise à disposition ? Seront-ils choisis sur la base du volontariat ou selon d'autres critères, qu'il conviendrait de déterminer ? S'agira-t-il, par exemple, en priorité de personnels « en mal d'affectation » ?
L'expérience des « points publics » n'est, à cet égard, pas toujours convaincante. Les personnels qui y travaillant sont des contractuels, souvent des CES. Quelles garanties l'usager peut-il avoir quant à la compétence de ces agents ?
Si l'on suppose que les maisons des services publics ont un personnel suffisant mis à leur disposition, comment vont-ils pouvoir, compte tenu de la diversité de leurs statuts, s'organiser collectivement pour défendre leurs droits ?
Pour accueillir, aider, conseiller et orienter les usagers, il faut du temps, des effectifs et des moyens financiers. Quelles seront les conditions de travail des personnels concernés ?
Ces services de proximité doivent être dotés de personnels formés aux compétences polyvalentes, capables de traiter rapidement les demandes. Le projet de loi n'aborde nullement ce problème.
Comment un fonctionnaire peut-il être ne serait-ce qu'informé des multiples réglementations en vigueur ? Comment imaginer des fonctionnaires à la fois compétents et polyvalents, susceptibles d'intervenir dans de nombreux domaines du service public ?
Quant aux maisons des services publics constituées sous la forme de groupement d'intérêt public, quelle garantie avons-nous qu'elles ne recruteront pas directement du personnel privé ? J'y reviendrai.
Bien d'autres interrogations subsistent mais, dans l'immédiat, monsieur le ministre, je vous serais fort reconnaissant de nous apporter des précisions sur tous les points que je viens d'évoquer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission tient à souligner que les maisons des services publics pourront n'avoir à regrouper, dans certains cas, sans doute limités mais concevables, que des organismes privés chargés de missions de service public. Par conséquent, leurs agents ne relèveraient pas de la fonction publique. Une caisse primaire de sécurité sociale, une URSSAF, une caisse d'allocations familiales pourraient ainsi se regrouper. Cette hypothèse, certes, ne se rencontrera pas fréquemment, mais pourquoi l'exclure aujourd'hui ?
Il faut donc, selon la commission, conserver au dispositif toute sa souplesse et rappeler en outre que le préfet chargé d'approuver la convention veillera à ce que le responsable désigné ait les compétences requises.
Pour ces raisons, la commission est défavorable à l'amendement n° 42.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement est également défavorable à cet amendement, pour les raisons évoquées par M. le rapporteur.
Au-delà, je veux répondre aux interrogations de M. Mahéas, ce que j'ai d'ailleurs déjà fait en partie au terme de la discussion générale, mais je tiens à ce que les choses soient claires.
Les personnels des services publics seront, soit en position de mise à disposition, soit en position de détachement. Ces positions sont prévues dans le statut général des fonctionnaires et ne soulèvent donc pas de difficulté particulière.
Les délégations de signatures, elles, peuvent en effet susciter une interrogation, et je l'ai d'ailleurs déjà dit moi-même. Cependant, lorsque l'Etat, les collectivités territoriales, de manière générale les représentants de l'exécutif délégueront leur signature, ils le feront bien sûr à des personnels de la fonction publique. Sur ce point, les choses sont donc tout à fait claires.
Pour le reste, je renvoie aux explications de M. le rapporteur : il ne faut pas en effet écarter l'hypothèse d'un regroupement d'organismes de droit privé gérant des missions de service public.
C'est la raison pour laquelle l'amendement n° 42 me semble inopportun.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 42, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 32, M. Vasselle propose de rédiger ainsi la quatrième phrase du second alinéa du paragraphe II de l'article 9 :
« Elle détermine les modalités financières en précisant le niveau de contribution de chacun des services mentionnés au I, et règle les modalités matérielles de fonctionnement de la maison des services publics. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement repose sur la modeste expérience que j'ai pu acquérir à travers la polyvalence des services publics que, pendant un certain nombre d'années, certains départements ruraux ont tenté d'organiser à partir de l'administration publique, en particulier de La Poste, qui a souvent servi de point d'appui.
La région dont je suis l'élu a elle-même tenté l'expérience pendant plusieurs années, conjointement avec les sous-préfets qui s'y sont succédé. La tentative s'est soldée par un constat d'échec, certaines administrations n'ayant pas, pour des raisons purement financières, voulu jouer le jeu.
Mettre en place des maisons des services publics me paraît une excellente idée, mais encore faudra-t-il s'assurer que les administrations auxquelles nous souhaitons faire appel leur consentiront les moyens d'offrir un véritable service de proximité aux populations.
Certes, l'article 9 prévoit qu'une convention réglera les modalités financières, mais je souhaite, monsieur le ministre, que vous m'apportiez des assurances quant au niveau des contributions des administrations publiques de l'Etat.
Lorsque nous avons voulu instaurer la polyvalence des services publics, La Poste était prête à remplir les missions d'autres administrations, par exemple l'ANPE ou l'administration fiscale, mais si ces administrations acceptaient de se décharger de leurs tâches sur La Poste, elles se refusaient à dédommager cette dernière du surcroît de charges ainsi occasionné.
C'est la raison de l'échec de la polyvalence, et je ne voudrais pas que les maisons des services publics soient confrontées à cette même difficulté.
A l'époque, les préfets eux-mêmes n'avaient pas le pouvoir d'arbitrer entre les différentes administrations et d'imposer à l'une d'elles d'apporter sa contribution financière, ce qui aurait permis à des services de proximité d'exister et de fonctionner.
Cette faiblesse a motivé le dépôt de l'amendement n° 32. Puisque les modalités d'application de l'article 9 devront être prévues par décret, vous pourrez sans doute y porter remède par la voie réglementaire, monsieur le ministre. Si j'en recevais l'assurance, je retirerais cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission souhaiterait d'abord entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le souci exprimé par M. Vasselle est tout à fait légitime.
Le texte de la loi prévoit cependant lui-même la mise en place de dispositions financières.
Quant au décret en préparation, il reprend pratiquement le texte de votre amendement, monsieur Vasselle, car il faut en effet, pour nous préserver des difficultés d'application, doter les préfets d'un outil réglementaire qui évite les discussions interminables, dont nous avons tous pu être témoins : on veut bien confier le travail à d'autres, mais, ensuite, on discute indéfiniment, par exemple du nombre d'heures supposé, pour retarder ou même éviter le paiement.
Il faut donc, et j'y veillerai, que le décret soit suffisamment précis pour donner au préfet le moyen de couper court aux discussions de « marchands de tapis », qui porteront d'ailleurs probablement sur des sommes assez modestes.
M. le président. Monsieur Vasselle, l'amendement n° 32 est-il maintenu ?
M. Alain Vasselle. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 32 est retiré.
Par amendement n° 43, MM. Mahéas et Régnault, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de supprimer la paragraphe III de l'article 9.
La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Le GIP est souvent présenté comme une formule de souplesse donnant toutes les garanties de transparence pour exercer des activités ou gérer des équipements, des personnes morales de droit public et de droit privé.
Néanmoins, dans le cas présent, nous sommes très perplexes quant aux conséquences qu'impliquerait la constitution de maisons des services publics sous cette forme.
Nous craignons que cette formule ne tire toute la gestion vers une gestion privée - le GIP a une comptabilité privée - et que cet organisme, à terme, recrute directement des personnels de droit privé. Je ne reviens pas sur les problèmes qui en résulteraient.
Le GIP ne nous paraît donc pas adapté aux missions qui seront confiées aux maisons des services publics. Comment pourrait-il être compatible avec la continuité du service public, puisqu'il est indiqué dans cet article 9 que des personnes publiques et des personnes privées pourront se regrouper dans le cadre de maisons des services publics, « pendant une durée déterminée » - c'est-à-dire, en réalité, indéterminée ?
Permettez-moi par ailleurs d'insister sur le problème de la désignation et de la qualité du responsable d'une maison des services publics constituée sous forme de GIP.
Voilà quelque temps on faisait du vin sans vin ; on va bientôt faire du service public sans fonctionnaires ! Pourquoi avoir prévu cette formule, puisqu'on nous dit qu'elle sera rarement utilisée ? Pouvez-vous nous indiquer dans quels cas précis il pourrait être indispensable d'y recourir ?
En fait, on devrait s'en tenir à la formule de la convention, qui nous paraît présenter moins de dangers malgré le peu de garanties apportées par le texte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission a émis un avis défavorable sur cet amendement, estimant que la constitution sous forme de GIP est une simple faculté mais qu'elle doit être prévue par la loi, qui seule peut créer cette nouvelle forme de groupement d'intérêt public.
M. Jacques Mahéas. Quelle utilité ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. De plus, des maisons des services publics pourraient souhaiter la personnalité morale. A la différence de la formule proposée par la convention, le GIP offre cette faculté, qui, j'y insiste après M. le ministre, n'est bien qu'une faculté.
Enfin, cette disposition est cohérente avec l'ensemble du dispositif prévu pour les maisons des services publics.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. L'avis du Gouvernement est également défavorable.
Je le répète aussi, il s'agit seulement d'une faculté. Le GIP apporte l'autonomie juridique et financière ainsi que la personnalité morale, et j'imagine que cette formule pourra davantage convenir aux partenaires locaux, plus probablement en milieu urbain difficile qu'en milieu rural, où les structures seront relativement légères. Si les responsables locaux envisagent des structures assez lourdes de rapprochement des services et de mise en commun des moyens, ils pourront être conduits à choisir une formule un peu plus élaborée qu'une simple convention de moyens.
Cette formule juridique est, certes, un peu lourde. Je suis d'ailleurs conscient de sa complexité puisqu'il m'est arrivé, en tant que maire, de mettre en place un GIP. C'est la raison pour laquelle le recours à cette formule ne vaut la peine que si l'enjeu est de taille et le support purement conventionnel insuffisant.
A mon avis, elle restera assez marginale mais il serait dommage de se priver de cette possibilité.
M. Jacques Mahéas. Qu'au moins le responsable du GIP soit un fonctionnaire !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune et qui sont présentés par M. Pagès, Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Le premier, n° 27, vise à insérer, après le paragraphe III de l'article 9, un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Au sein du périmètre géographique concernant une maison des services publics, aucun emploi public existant au 1er janvier 1997 n'est supprimé. »
Le second, n° 28, tend à insérer, après le paragraphe III de cet article, un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Au sein du périmètre géographique concernant une maison des services publics, aucune structure administrative ou établissement exerçant, au 1er janvier 1997, une ou plusieurs activités de service public, ne peut être supprimé.
« Il peut être dérogé à cette disposition lorsqu'il s'agit d'un regroupement au sein d'une commune. »
La parole est à M. Pagès, pour défendre ces deux amendements.
M. Robert Pagès. L'amendement n° 27 a pour objet de poser une condition essentielle au développement des maisons des services publics en évitant qu'elles ne soient un trompe-l'oeil dissimulant en fait une réduction du nombre des agents des services publics.
Pour cela, il est indispensable que la loi pose comme principe qu'au sein du périmètre géographique d'une maison des services publics aucun emploi public existant au 1er janvier 1997 ne sera supprimé.
Réunir en un seul lieu différents services publics et organiser une prise en charge personnalisée de chaque usager pour les aider dans leurs démarches est un objectif que l'on ne saurait contester. Toutefois, la rapidité, l'efficacité, la disponibilité, la proximité demandent du personnel.
Le regroupement de services ne doit donc en aucun cas se traduire par une diminution des emplois publics, si l'on veut atteindre ces objectifs. Or, l'absence de toute précision concernant les conditions dans lesquelles s'opèrent les regroupements de services publics nous fait sérieusement craindre le pire, d'autant plus que toute la politique du Gouvernement vise à réduire chaque année un peu plus les budgets publics et le nombre de fonctionnaires.
Nous vous demandons donc, monsieur le ministre, de clarifier vos intentions.
Ne va-t-on pas regrouper plusieurs services en confiant les missions à un nombre plus réduit d'agents publics ?
Pour que soit écarté tout malentendu, nous vous demandons, mes chers collègues, d'adopter cet amendement n° 27, garantie fondamentale d'un développement harmonieux des maisons des services publics.
L'amendement n° 28, lui, a pour objet d'empêcher toute suppression de structure administrative ou d'établissement exerçant au 1er janvier 1997 une ou plusieurs missions de service public dans le périmètre géographique d'une maison des services publics, sauf dans le cas où il s'agit d'un regroupement au sein d'une commune.
Comme vous l'aurez compris, cet amendement est sous-tendu par le même état d'esprit que le précédent et il est tout aussi essentiel.
Le Gouvernement nous dit que les maisons des services publics permettront de rapprocher l'administration des usagers, et M. le rapporteur, dont je dois d'ailleurs saluer l'excellent travail, affirme qu'elles sont destinées « tant à assurer l'implantation auprès des usagers qu'à faciliter leurs démarches et à rationaliser l'action administrative ».
Dans l'état actuel du dispositif, je ne vois pas en quoi ces maisons seront un élément de proximité, bien au contraire.
J'ai bien peur en effet qu'elles ne visent surtout à opérer des regroupements, par exemple cantonaux, c'est-à-dire à réunir au chef-lieu de canton plusieurs services publics et à supprimer ceux de même nature qui existaient à l'échelon communal.
Des communes risquent ainsi de se trouver privées de toute présence de l'Etat, si ce n'est leur mairie, à laquelle on demandera de remplir des fonctions de plus en plus importantes et hétérogènes.
Est-ce à la mairie de pallier toutes les carences de l'Etat ? Je ne le pense pas.
L'important aujourd'hui est moins le regroupement de services publics que leur développement et leur présence au plus près des usagers.
Pour éviter que la création des maisons des services publics n'aille à l'encontre de l'intérêt des administrés, nous vous prions, mes chers collègues, d'adopter l'amendement n° 28. Compte tenu de son importance, nous demandons qu'il soit mis aux voix par scrutin public.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 27 et 28 ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Je voudrais tout d'abord vous remercier, monsieur Pagès, du compliment que vous avez bien voulu adresser à la commission des lois pour son rapport.
Il ne paraît pas possible d'imposer dans la loi l'interdiction de toute restructuration et de toute réorganisation, qu'elle concerne les structures ou les ressources humaines. Aussi, la commission émet-elle un avis défavorable sur les amendements n°s 27 et 28, même si le souci que vous exprimez, monsieur Pagès, est, je crois pouvoir l'affirmer, très largement partagé par ses membres.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement émet, lui aussi, un avis défavorable, et pour la même raison.
Monsieur Pagès, il s'agit de deux problèmes différents : d'une part, la mise en place de maisons des services publics et, d'autre part, la nécessité constante de tenir compte, au fil du temps, des évolutions géographiques, démographiques et techniques dans le fonctionnement des services, ce qui aboutit nécessairement à des restructurations, dans un sens ou dans un autre, d'ailleurs, car on parle toujours des diminutions d'effectifs mais jamais des augmentations et il y en a aussi, notamment en milieu urbain. Figer les choses serait le plus mauvais service à rendre à l'administration.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 109:

Nombre de votants 317
Nombre de suffrages exprimés 317
Majorité absolue des suffrages 159
Pour l'adoption 94
Contre 223

Par amendement n° 35, MM. Laffitte, Cabanel, Demilly, Lesein, Othily et Vigouroux proposent de rédiger ainsi le paragraphe IV de l'article 9 :
« IV. - Les maisons des services publics encouragent l'usage par les particuliers et les services publics eux-mêmes des outils et ressources offerts par les nouvelles technologies de l'information et de communication.
« A cette fin, elles sont dotées de guichets électroniques et de tout nouveau moyen de communication.
« Des agents spécialisés facilitent en tant que de besoin l'utilisation par les usagers des informations administratives en ligne et des réseaux interactifs avec les diverses administrations.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel. Avant de quitter le Sénat, notre collègue Pierre Laffitte m'a donné pour consigne, compte tenu des déclarations de M. le ministre sur les nouvelles technologies, de faire preuve de souplesse et donc de retirer les amendements qui seraient satisfaits par les mesures réglementaires que M. le ministre est susceptible de prendre dans l'organisation de l'administration.
En l'occurrence, le cas est un peu différent. Cet amendement vise à faire en sorte que, dès leur création, les maisons des services publics soient dotées des nouvelles technologies, afin de ne pas avoir à combler ensuite un retard. Sur ce point, j'aimerais connaître l'avis de M. le ministre.
Si cet effort peut être accompli en ce domaine lors de la création des maisons des services publics, je ferai peut-être, moi aussi, un effort, pour simplifier le débat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Elle souhaiterait également entendre M. le ministre.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur Cabanel, je ne prendrai pas d'engagement pour l'avenir, je vous rendrai compte de la circulaire que j'ai adressée aux préfets le 13 février dernier sur ce sujet et dans laquelle je leur ai demandé de faire une place importante au développement des nouvelles technologies dans les maisons des services publics, en particulier dans les relations entre les services, partenaires, et le public, et entre les différents services.
C'est ainsi que nous incitons à la mise en place de messageries interservices, de bornes interactives, de visio-stations et de systèmes de délivrance d'informations ou de titres à distance. Tout cela est inscrit dans la circulaire qui a d'ores et déjà été diffusée. Sans le savoir, nous avons eu la même pensée.
M. le président. Monsieur Cabanel, l'amendement n° 35 est-il maintenu ?
M. Guy Cabanel. Compte tenu des propos de M. le ministre, je retire bien volontiers cet amendement.
J'ajouterai simplement que, s'agissant des nouvelles technologies de l'information et de la communication, monsieur le ministre, nous n'avons pas trouvé entre nous la bonne communication. En effet, si M. Laffitte et moi-même avions eu connaissance de cette circulaire, nous ne vous aurions pas posé la question, nous vous aurions félicité lors de notre intervention dans la discussion générale.
M. le président. L'amendement n° 35 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'article 9.
M. Jacques Mahéas. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Nous craignons un nouveau transfert de charges vers les collectivités locales. En effet, l'Etat participe à la mise en place des maisons des services publics, mais qu'adviendra-t-il ensuite ?
Nous redoutons d'autant plus ces nouveaux transferts de financement, sous prétexte de proximité, que déjà, pour leur simple lancement, la contribution du Fonds pour la réforme de l'Etat et les autres subventions de l'Etat ne constituent qu'un complément dérisoire de financement.
Certes, la convention devra prévoir les modalités financières et matérielles de fonctionnement de la maison des services publics, mais rien n'empêchera l'Etat de fermer ces services publics. On le voit très bien avec les agences postales.
Enfin, il n'est guère évident que ces « maisons » concourent au rapprochement de l'administration et de l'usager, ni qu'elles soient un facteur d'amélioration du fonctionnement de celle-ci.
Je crains aussi que la formule des maisons des services publics, qui présente en elle-même des aspects positifs, ne nuise à la lisibilité des responsabilités de chacun. Les usagers risquent de ne plus être en mesure de faire la distinction entre les différents services. Il est fort probable que ces « maisons » soient une source supplémentaire de confusion.
Si elles se résument à un service public minimal, elles n'ont pas grand intérêt. Si elles se substituent aux services existants, elles vont à l'encontre de l'attente des usagers et masquent la grande pénurie de l'accueil au guichet.
De plus, la porte est ouverte à une gestion privée des services publics. C'est inadmissible. La responsabilité de maisons de ce type doit bien évidemment appartenir à un fonctionnaire de la fonction publique, qu'elle soit d'Etat, territoriale ou hospitalière. Nous voterons donc contre cet article et nous demandons au Sénat de se prononcer par scrutin public.
M. Philippe de Bourgoing. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Bourgoing.
M. Philippe de Bourgoing. A l'origine, je m'interrogeais un peu sur ces maisons des services publics. Or, je me suis aperçu, au cours de l'examen en commission et en séance publique, que j'en connais une qui fonctionne très bien. Dans une petite commune que M. Ambroise Dupont connaît, une agence postale allait être supprimée. Le maire a passé une convention avec La Poste. Désormais, cette agence est gérée par le secrétariat de la mairie. Ainsi, le service postal est maintenu et le service de mairie est prolongé.
Je voterai donc en faveur de ces maisons des services publics puisqu'un exemple que je connais bien fonctionne convenablement à petite échelle. (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Michel Rufin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Rufin.
M. Michel Rufin. Faciliter les démarches des usagers et maintenir des services publics de proximité sur l'ensemble du territoire, ce sont indubitablement les objectifs des maisons des services publics, et nous les partageons pleinement.
Il faut faire une différence fondamentale, à travers les amendements qui ont été exposés, entre, d'une part, les maisons des services publics situées en milieu urbain, surtout en banlieue, et celles qui se trouvent dans un département comme le mien, lequel compte 6 300 kilomètres carrés, 180 000 habitants et 498 communes, dont certaines ont moins de 50 habitants, et où elles ont indéniablement une utilité.
D'ailleurs, une maison de ce type a été implantée à Souilly et elle fonctionne très bien. Souilly est le centre du département. Je rappelle que c'était là que le général Pétain avait installé son poste de commandement pendant la guerre de 1914-1918. Le maire, qui est d'ailleurs un général, a développé cette maison des services publics dans des conditions particulièrement intéressantes et à la satisfaction des usagers. C'est pourquoi je voulais vous dire, monsieur le ministre, combien ces maisons sont utiles.
Toutefois, je voudrais appeler votre attention sur un point qui concerne particulièrement les petites communes rurales. Il faudrait veiller à ce que les maisons des services publics, si on admet qu'elles peuvent assumer certaines activités commerciales, fonctionnent sans créer des distorsions de concurrence. En effet, si tel n'était pas le cas, les communes seraient exposées à un risque juridique et elles pourraient être entraînées dans des contentieux que nous ne souhaitons pas. Je parle de la rivalité ou des problèmes commerciaux qui pourraient survenir entre des activités privées et les maisons des services publics.
Les choses qui vont sans dire vont souvent mieux en les disant, surtout lorsqu'elles suscitent des interrogations ou des inquiétudes. Il est donc important de dire, même si cela peut paraître évident, que le rôle des maisons des services publics n'est pas de concurrencer les activités privées existantes. Les élus locaux que nous sommes devront par conséquent être attentifs à la nature des activités commerciales ou de service public qui seront exercées par les maisons des services publics.
Mais nous apprécierions aussi, monsieur le ministre, que vous puissiez vous engager à donner aux préfets toutes les instructions nécessaires pour que le contrôle qu'ils seront chargés d'exercer sur les conventions établies porte tout spécialement sur ce point. Ainsi, la sécurité juridique du dispositif sera parfaitement assurée.
M. Guy Cabanel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel. Soucieux d'aller au fond des choses, je voudrais évoquer une inquiétude qui se fait jour.
Je suis très favorable aux maisons des services publics partout où elles sont nécessaires ; disant cela, je pense en particulier aux zones urbaines denses et difficiles, où le service public, même s'il n'est pas très éloigné à vol d'oiseau, est néanmoins d'accès complexe pour la population ; je pense également aux zones rurales, où l'accès au service public, compte tenu du maillage du territoire, nécessite des déplacements longs et d'autant plus difficiles que les personnes prennent de l'âge.
Monsieur le ministre, j'ai entendu des bruits circulant ici ou là, et je crois préférable de les évoquer au cours de ce débat : à en croire certains, les maisons des services publics combinées avec les pays, pourraient déboucher sur une organisation territoriale légèrement différente de celle que nous connaissons actuellement, avec les arrondissements et les cantons, et constituer ainsi une source d'aménagement du territoire.
Pour ma part, sans éprouver réellement de craintes à cet égard, je vous avoue m'interroger : les maisons des services publics sont-elles faites selon un plan d'organisation territoriale ou seront-elles en quelque sorte laissées à l'initiative des élus locaux, assistés par les services préfectoraux, en vue de combler des lacunes du maillage administratif français ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Je voudrais répondre aux deux derniers orateurs.
S'agissant de la concurrence entre La Poste et le Crédit agricole, vous me permettrez de dire les choses clairement.
J'ai rencontré les dirigeants du Crédit agricole pour lever un certain nombre d'ambiguïtés : je savais qu'ils prenaient beaucoup de contacts, et j'ai donc pensé qu'il était tout aussi simple que je prenne l'initiative de discuter avec eux. Nous avons à mon avis clarifié les choses à cette occasion.
La maison des services publics n'ajoute et n'enlève rien au débat. S'il y a, effectivement, un risque de concurrence déloyale entre les services financiers de La Poste et le réseau bancaire, ce risque est néanmoins préexistant aux maisons des services publics. C'est à chacun de faire la part des choses.
Comme je l'ai indiqué aux dirigeants du Crédit agricole, le risque de concurrence déloyale est d'ailleurs beaucoup plus réel dans les arrangements discrets et parfois très anciens existant, comme nous le savons, entre certaines mairies et La Poste qu'il ne le sera avec les maisons des services publics, où, grâce à la convention, un document sera porté à la connaissance des tiers et où la clarté et la transparence régneront.
En effet, certaines communes financent les bureaux de poste, sur le plan immobilier, voire parfois sur le plan des personnels, alors même que ceux-ci réalisent dans l'agence postale des opérations financières. C'est d'ailleurs, je pense, très marginal en parts de marché ; mais c'est leur affaire, et pas la mienne !
Les maisons des services publics présenteront l'avantage de la transparence ; il y aura un règlement explicite, et chacun pourra venir regarder comment les choses se mettent en place.
S'agissant de ce qui se tramerait autour de la notion de pays, débat qui revient sans cesse, je voudrais vous rassurer tout à fait, monsieur le sénateur : comme je l'ai déjà dit, la maison des services publics sera d'initiative locale. Elle s'intégrera, sur l'initiative des préfets et des élus locaux, dans les schémas directeurs des services publics départementaux. Il n'y a donc aucune stratégie de mise en place de structures nouvelles pour un nouveau découpage territorial.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'indiquer au Sénat que la démarche institutionnelle en matière de collectivités territoriales, démarche sur laquelle nous avons beaucoup travaillé avec nombre d'entre vous, est celle de l'intercommunalité, du volontariat et de la réponse aux initiatives locales. La réflexion sur les pays a un caractère d'aménagement du territoire et n'a pas nécessairement de correspondance sur le plan institutionnel.
Par conséquent, je crois pouvoir vous rassurer tout à fait sur la signification de ces maisons des services publics.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 9, modifié.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe socialiste.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 110:

Nombre de votants 317
Nombre de suffrages exprimés 317
Majorité absolue des suffrages 159
Pour l'adoption 223
Contre 94

TITRE IV

DISPOSITIONS DIVERSES

Article additionnel avant l'article 10 A

M. le président. Par amendement n° 1, le Gouvernement propose d'insérer, avant l'article 10 A, un article additionnel ainsi rédigé :
« Lorsqu'une personne physique doit communiquer à l'une des autorités administratives mentionnées à l'article 1er sa nouvelle adresse en application d'une des dispositions législatives et réglementaires en vigueur lui faisant obligation de signaler un changement d'adresse, de résidence ou de domicile, cette formalité est réputée accomplie par la déclaration du changement à l'établissement La Poste, selon des modalités définies par une convention, approuvée par décret, entre La Poste et l'autorité administrative concernée. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 44, présenté par M. Amoudry, au nom de la commission, et tendant :
I. - Dans le texte proposé par l'amendement n° 1, à remplacer les mots : « d'une des dispositions législatives et réglementaires en vigueur », par les mots : « des dispositions législatives et réglementaires », et, après les mots : « la déclaration du changement à », à supprimer les mots : « l'établissement ».
II. - A compléter le texte proposé par l'amendement n° 1 par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, cette déclaration ne dispense pas l'intéressé d'indiquer son adresse lorsque celle-ci lui est demandée dans le cadre d'une procédure administrative prévue par une disposition législative ou réglementaire. »
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 1.
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Cet amendement a pour objet le changement d'adresse, point que j'ai évoqué tout à l'heure dans mon propos liminaire. Le dispositif n'était pas prêt lors de l'élaboration du projet de loi. Il l'est maintenant, compte tenu du travail effectué par les différentes administrations, et il me paraît donc intéressant de l'inclure dans le texte : il est en effet tout à fait dans son esprit, et il facilitera la vie de millions de Français, dans la mesure où, du fait de l'évolution non seulement de la vie administrative, mais aussi de la vie des entreprises, le changement de domicile n'est plus aujourd'hui un phénomène marginal.
Le but est donc de permettre aux personnes qui changent de domicile d'effectuer une seule démarche auprès de La Poste, laquelle transmettra l'information aux différentes administrations ayant besoin de connaître ce changement d'adresse.
Je voudrais également apporter deux précisions suite aux discussions que nous avons eues très légitimement avec M. le rapporteur.
La première, c'est que le dispositif proposé ne modifie en rien les garanties et les procédures prévues par la loi du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés. Il était à mon avis très important que cela soit bien clair. Le fichier des adresses constitué par La Poste pour mettre en oeuvre les déclarations de changement d'adresse devra faire l'objet des procédures définies par la loi, qui exige que le traitement de ces données soit décidé par un acte réglementaire pris après avis motivé de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, la CNIL.
La seconde précision tient au fait que la déclaration unique ne sera pas applicable lorsque l'obligation faite à une personne de déclarer son changement d'adresse résulte non seulement d'un texte de portée générale, mais aussi de l'application d'une décision individuelle, comme c'est le cas pour certaines mesures de contrôle ou de suivi prises en application de décisions de justice pénale. Si cela va peut-être sans dire, cela va encore mieux en le disant.
Voilà les deux éléments d'information que je souhaitais apporter pour la clarté du débat.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter le sous-amendement n° 44 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 1.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Ce sous-amendement prévoit deux modifications rédactionnelles et apporte surtout une précision nécessaire.
Si l'amendement n° 1 offre aux administrés une commodité, cette dernière ne doit cepenant pas avoir pour effet d'exonérer les administrés des déclarations exigées par des dispositions législatives ou réglementaires, telles que le renouvellement d'une carte grise ou une déclaration annuelle de revenu.
Il s'agit, par cette précision, de prévenir les tentatives de fraude et les comportements de mauvaise foi.
Pour répondre au voeu exprimé ce matin par la commission des lois, j'aimerais, monsieur le ministre, que vous vouliez bien nous préciser les cas dans lesquels un changement d'adresse doit être obligatoirement signalé par un citoyen, en vertu d'une disposition législative ou réglementaire. D'avance, je vous en remercie, monsieur le ministre.
Sous cette réserve, la commission émet un avis favorable sur l'amendement n° 1.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur le sous-amendement n° 44 ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Le Gouvernement est favorable à ce sous-amendement, qui précise bien les choses.
J'en viens à la question posée par M. le rapporteur.
Un certain nombre de démarches sont obligatoires, et l'absence de déclaration du changement d'adresse comporte une sanction dans certains cas : il en est ainsi en matière de carte grise - une sanction pour défaut de déclaration est même prévue dans le code de la route - et de détention d'armes ; de plus, les hommes soumis aux obligations du service national doivent également déclarer leur changement d'adresse.
D'autres démarches sont, en pratique, nécessaires sans être obligatoires. Dans ces cas, le particulier pourra demander à La Poste de les faire. Il faut ainsi déclarer son changement d'adresse aux organismes qui versent les prestations familiales, et c'est important. Les personnes voulant s'inscrire sur la liste électorale de leur nouveau domicile doivent également faire connaître leur nouvelle adresse.
Voilà ce qui, en pratique, sera à mon avis très utile pour les particuliers.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 44, accepté par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 1.
M. Jacques Mahéas. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Cette idée nous paraît bonne, mais nous souhaitons que les choses soient établies très précisément.
Vous évoquiez, monsieur le ministre, la possibilité offerte à l'administré de dire ou de ne pas dire si, changeant de domicile, il voulait s'inscrire sur la liste électorale de sa nouvelle commune.
C'est une question importante parce que, contribuable dans la ville, il peut très bien ne pas y résider et souhaiter y voter. Nous allons donc rencontrer des difficultés. C'est pourquoi je demande que cette question soit étudiée de façon très précise.
Par ailleurs, je voudrais que vous nous précisiez dans quelles conditions vous allez négocier cette disposition avec La Poste. En effet, vous êtes le spécialiste des économies, et vous en avez réalisé d'importantes lorsque les collectivités locales se sont vu supprimer la franchise postale dont elles bénéficiaient autrefois grâce à une redevance importante versée par l'Etat : en échange de la suppression de la franchise postale, vous avez donné une obole aux collectivités locales. Je ne voudrais pas que vous soyez le spécialiste du fait et que La Poste se retrouve en difficulté pour qu'elle devrait supporter des charges supplémentaires !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 1, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 10 A.

Article 10 A

M. le président. « Art. 10 A. - I. - A la fin du premier alinéa du I de l'article 1er de la loi n° 80-539 du 16 juillet 1980 relative aux astreintes prononcées en matière administrative et à l'exécution des jugements par les personnes morales de droit public, le mot : "quatre" est remplacé par le mot : "deux" ».
« II. - Dans la dernière phrase du deuxième alinéa du I de cet article, le mot : "six» est remplacé par le mot : "quatre" ».
« III. - Dans la première phrase du premier alinéa du II de cet article, le mot : "quatre" est remplacé par le mot : "deux". » - ( Adopté. )

Article 10 B

M. le président. « Art. 10 B. - Il est inséré, après l'article 1er de la loi n° 80-539 du 16 juillet 1980 précitée, un article 1er-1 ainsi rédigé :
« Art. 1er-1 . - Les dispositions de l'article 1er sont applicables aux décisions du juge des référés accordant une provision dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 22, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, à la fin du texte proposé par cet article pour l'article 1er de la loi n° 80-539 du 16 juillet 1980, de supprimer les mots : « dans les conditions fixées par décret en Conseil d'Etat ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Nous vous proposons de supprimer une précision inutile. En effet, l'application des modalités d'ordonnancement prévues par l'article 1er de la loi du 16 janvier 1980 ne nécessite pas l'intervention d'un décret en Conseil d'Etat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10 B, ainsi modifié.

(L'article 10 B est adopté.)

Articles additionnels après l'article 10 B

M. le président. Par amendement n° 23, M. Amoudry, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 10 B, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa a) de l'article L. 430-1 du code de l'urbanisme est abrogé. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. L'article L. 430-1 du code de l'urbanisme prévoit les cas dans lesquels un permis de démolir est exigé.
Outre les cas liés à la nature des bâtiments concernés ou à la zone dans laquelle ils sont situés, le a) de cet article prévoit cette obligation pour les bâtiments dans les communes situées dans un rayon de 50 kilomètres de l'emplacement des anciennes fortifications de Paris, ou dans les communes de plus de 10 000 habitants.
Dans les communes dotées d'un POS approuvé, le maire est compétent pour prendre, au nom de la commune, la décision de délivrer le permis de démolir selon les règles de droit commun prévues pour la délivrance du permis de constuire. La décision du maire ne devient exécutoire que quinze jours après qu'il a été procédé à sa notification et à sa transmission au représentant de l'Etat.
En outre, l'absence de notification de la décision de l'administration dans le délai de quatre mois à compter de la réception de la demande équivaut à l'octroi du permis de démolir.
Pour les communes mentionnées au a de l'article L. 430-1, le code de l'urbanisme impose une transmission de la demande au représentant de l'Etat dans les quinze jours suivant sa réception. Le représentant de l'Etat dispose de deux mois pour faire connaître son avis, celui-ci étant reputé favorable passé ce délai. Le représentant de l'Etat agit, en l'espèce, par délégation du ministre chargé du logement.
Une telle procédure se traduit inévitablement par un allongement des délais de réponse pour les demandes de permis de démolir, sans justification par la protection de la qualité du bâtiment ou de la zone.
Le présent amendement a donc pour objet de supprimer la mention de ces communes à l'article L. 430-1 précité. Elles seraient désormais concernées par le régime du permis de démolir dans les autres cas visés par le même article, c'est-à-dire pour les secteurs sauvegardées, les monuments historiques, les périmètres sensibles, le patrimoine architectural. Les règles de droit commun fixées par l'article L. 430-4 leurs seraient applicables.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 10 B.
Par amendement n° 24, M. Amoudry, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 10 B, un article additionnel ainsi rédigé :
« La première phrase du premier alinéa de l'article L. 430-5 du code de l'urbanisme est ainsi rédigée :
« Lorsque le permis de démolir tient lieu, en application de l'article L. 430-7, de l'autorisation prévue à l'article 11 de la loi n° 48-1360 du 1er septembre 1948, il peut être refusé si, dans un intérêt social, il est nécessaire de sauvegarder le patrimoine immobilier bâti. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement précédent, dont l'objet est de maintenir les dispositions de l'article L. 430-5 du code de l'urbanisme qui permettent de refuser le permis de démolir lorsqu'il est nécessaire, dans un intérêt social, de sauvegarder le patrimoine immobilier bâti.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 10 B.

Article 10

M. le président. « Art. 10. - Les dispositions du titre Ier entreront en vigueur le premier jour du sixième mois suivant celui de la publication de la présente loi. »
Par amendement n° 25, M. Amoudry, au nom de la commission, propose, dans cet article, de remplacer le mot : « publication » par le mot : « promulgation ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. Il paraît préférable de choisir la date de promulgation de la loi et non celle de sa publication au Journal officiel comme point de départ pour l'application des dispositions du titre Ier.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10, ainsi modifié.

(L'article 10 est adopté.)

Article 11

M. le président. « Art. 11. - Les articles 1er à 7 et 10 de la présente loi sont applicables dans les territoires d'outre-mer et dans la collectivité territoriale de Mayotte aux administrations de l'Etat et à ses établissements publics administratifs.
« L'article 9 de la présente loi est applicable à la collectivité territoriale de Mayotte. » - (Adopté.)

Intitulé du projet de loi

M. le président. Par amendement n° 26, M. Cabanel propose, à la fin de l'intitulé du projet de loi, de remplacer les mots : « le public » par les mots : « leurs usagers ».
La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel. Comme je l'ai indiqué dans la discussion générale, l'intitulé qui nous est proposé souffre, selon moi, d'une certaine faiblesse et ne donne peut-être pas tout l'élan qu'elle mérite à cette réforme de l'administration.
Je vois à cela des arguments de forme, avec la symbolique du mot « public », et des arguments de fond, avec l'évolution de la société. Enfin, je m'interroge sur le risque juridique éventuel de l'utilisation du terme « usager ».
Avec l'intitulé du projet tel qu'il nous est proposé, nous sommes dans une symbolique quelque peu passéiste : après les sujets et les assujettis, le public connut son heure de gloire dans les années 1900 : les administrations étaient « ouvertes au public », « fermées au public », « interdites au public ». Aujourd'hui, la société est très différente : les citoyens sont conscients, organisés, ils veulent bénéficier de tous les avantages que l'Etat peut leur offrir et effectuer leurs démarches dans les meilleures conditions possible.
J'avais imaginé introduire dans cet intitulé le terme « citoyens », mais les administrations n'ont pas en face d'elles que des citoyens. J'ai donc préféré viser les usagers, qui, pour moi, jouent un grand rôle dans ce que devrait être la transformation de l'administration et des services publics à la française. Les administrations vivent en effet un peu leur vie propre, et le service public à la française, si nous n'y prenions garde, risquerait de préserver son efficacité alors même qu'il n'aurait pas à s'occuper des usagers. Si nos services publics sont moins fréquentés, c'est souvent parce qu'ils n'ont pas su s'organiser autour de leurs usagers, dialoguer avec eux.
C'est la raison pour laquelle l'expression « usagers » me semble préférable à l'expression passive de « public ».
Reste la grande question : existe-t-il un risque juridique à l'utilisation de ce terme ? Je vous interroge, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, et j'aviserai sur la conduite à tenir - maintien ou retrait de cet amendement - en fonction de votre réponse.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jacques Mahéas. Voyons si nous allons être bon public ! (Sourires.)
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur. La commission estime que le terme « public » paraît plus large et mieux adapté que le terme « usagers ».
Par ailleurs, je rappelle que le terme « public » figurait et dans l'intitulé de la loi du 17 juillet 1978 concernant - déjà ! - les relations entre l'administration et le public et dans celui de la loi du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes administratifs.
Toutefois, le décret du 28 novembre 1983, auquel nous avons beaucoup fait référence aujourd'hui, retient le terme d'« usagers ».
Dans ces conditions, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Perben, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur Cabanel, le terme « usager » ne couvre pas l'ensemble du problème. En effet, certaines personnes peuvent être concernées par des décisions de l'administration sans pour autant être des usagers. Les tiers intéressés ne sont pas nécessairement des usagers de ces services !
C'est la première raison pour laquelle je ne suis franchement pas favorable à ce changement d'intitulé, tout en comprenant très bien votre volonté, monsieur Cabanel, de trouver un mot qui symbolise davantage la relation positive qui doit exister entre l'administration et les administrés.
Par ailleurs - et cela me gêne davantage - les deux lois fondamentales en matière de relations entre l'administration et les administrés, la loi du 17 juillet 1978 et celle du 11 juillet 1979, visent bien - et c'est la raison pour laquelle nous avons repris cet intitulé - l'amélioration des relations entre l'administration et le public.
Telles sont les deux raisons qui me conduisent à donner un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 26.
M. Emmanuel Hamel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Je partage l'avis de M. le ministre. Je trouve que le terme « public » sonne mieux : ce mot a une résonnance qui nous ressource dans un passé qu'il ne nous faut pas oublier.
Avec le mot « usager » la suggestion qui nous est faite est intéressante - comme le sont toutes celles de M. Cabanel - mais, personnellement et viscéralement, je reste attaché au mot « public », comme à celui de « République ». (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Vote sur l'ensemble

M. le président. Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Machet, pour explication de vote.
M. Jacques Machet. Monsieur le ministre, l'intitulé du présent projet de loi contient, et je tiens à vous en remercier, un mot très important, le mot « relations ». Ce mot a une portée très large. Vous l'avez souligné à plusieurs reprises cet après-midi, il ne signifie pas simplement avoir une personne en face de soi, il suppose un contact de personne à personne.
Le groupe de l'Union centriste votera ce texte parce qu'il permet une avancée importante dans les relations entre les administrations et le public. Nous avons tous des efforts à faire, tant le personnel des services publics que les usagers qui se rendent dans un service public pour se renseigner ou demander des services, mais je crois qu'il était important de ne pas perdre de vue qu'il s'agit toujours de problèmes humains.
Certes, avec notre collègues M. Laffitte, nous n'avons pas oublié les avancées technologiques qui font progresser la rapidité des communications dans le monde, et les maisons des services publics nous permettront d'intégrer les secteurs ruraux et de rester proche des gens.
En tout état de cause, il faut préserver la valeur de l'homme. Il importe de savoir écouter lorsqu'on se trouve derrière un guichet, il importe de savoir se parler, de savoir accueillir, de reconnaître l'autre, de se respecter. Ce sont là des qualités qui font beaucoup défaut en ce moment dans notre pays. Si l'ensemble de nos concitoyens se respectaient davantage, cela irait beaucoup mieux !
Dans cet esprit, notre groupe, je le confirme, votera le présent texte, monsieur le ministre.
M. le président. La parole est à M. Pagès.
M. Robert Pagès. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la discussion de ce projet de loi tire à sa fin, et, hélas ! celle-ci n'a fait que confirmer les différentes craintes que j'avais émises dans mon intervention générale au nom du groupe communiste républicain et citoyen.
Je le regrette d'autant plus que ce projet de loi aurait pu, malgré sa modestie, apporter certaines réponses aux attentes des administrés.
Mais, alors que la plupart des mesures contenues dans ce projet de loi créent de nouvelles obligations pour les administrations, il n'est prévu de mettre à leur disposition aucun moyen humain ou matériel supplémentaire.
Comment voulez-vous, dans ces conditions, que les administrations soient en mesure de respecter, par exemple, le délai de réponse de deux mois qui leur est imposé ?
Qu'il s'agisse d'une décision implicite de rejet ou d'acceptation ne change rien : les agents publics doivent traiter l'ensemble des demandes et examiner l'ensemble des dossiers.
Quant aux maisons des services publics, le rejet des amendements que nous avions déposés confirme l'ambiguïté de ce dispositif.
Cette ambiguïté est d'autant plus préjudiciable que la philosophie d'un Etat amenuisé qui sous-tend l'ensemble de la réforme de l'Etat ne peut que renforcer encore un peu plus nos inquiétudes quant à l'utilisation qui serait faite de ces maisons des services publics.
Derrière les bonnes intentions affichées par le Gouvernement, c'est, en fait, toujours le même leitmotiv qui prévaut : celui d'un désengagement de l'Etat.
Face au désarroi d'une partie croissante de nos concitoyens devant la crise économique dans laquelle le pays s'enfonce, il serait temps que le Gouvernement cesse d'en appeler à la logique de marché et à la déréglementation comme solution miracle.
Le nombre des chômeurs et des RMIstes prouve que cette voie est une impasse.
La population elle-même n'est plus dupe, et les manifestations se multiplient.
L'Etat doit plus que jamais assumer ses responsabilités. Or, la réforme de l'Etat va dans le sens inverse, et ce projet en est une illustration. Aussi le groupe communiste républicain et citoyen votera-t-il contre.
M. le président. La parole est à M. Mahéas.
M. Jacques Mahéas. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, bien évidemment, nous avons été tentés d'apporter notre contribution aux titres Ier et II, sur ce récépissé, qui est une avancée, sur ces décisions implicites d'acceptation, même si nous nous interrogeons sur le contenu des centaines et des centaines de décrets à venir pour la mise en forme effective de la loi.
Toutefois, pour le service public, nous conservons toujours la même philosophie : mieux vaut répondre dès que possible au public et ne pas laisser, faute de décision, les dossiers s'empiler jusqu'à aboutir à des décisions implicites d'acceptation. Cela étant, nous aurions, à la limite, je le répète, considéré qu'il y avait une certaine avancée.
En revanche, le titre III nous inquiète. Nous ne voyons pas ce qu'il ajoute, d'autant qu'il existe déjà des points d'information multiservices, des guichets uniques, des points publics et même des mairies ou des mairies annexes où un certain nombre de fonctionnaires d'Etat, d'associations, d'acteurs qui participent au service public tiennent permanence.
Voilà pourquoi il ne nous paraît pas bienvenu de créer ces « maisons » - le terme, je le redis, prêtera à sourire - et, surtout, de faire en sorte qu'elles soient éventuellement soumises à une autorité privée. Nous avons très peur de cette dérive, car vous savez combien nous sommes attachés, nous socialistes, au service public.
Si vous aviez modifié un tant soit peu votre projet, monsieur le ministre, en donnant la responsabilité de ces maisons des services publics à un fonctionnaire, à défaut de le voter, nous l'aurions regardé de façon bienveillante et nous nous serions abstenus.
Malheureusement, vous vous y êtes refusé. C'est donc parce que nous craignons que ce texte ne définisse une autre philosophie du service public, et seulement pour cela, que nous voterons contre.
M. le président. La parole est à M. Courtois.
M. Jean-Patrick Courtois. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le texte dont nous venons de terminer l'examen est la première consécration législative de la réforme de l'Etat voulue par le Président de la République.
Il permettra, par une série de dispositions, de faciliter les relations entre les usagers et l'administration. En un mot, il rendra cette dernière plus humaine.
Comme vous nous l'avez rappelé, monsieur le ministre, l'Etat doit être plus simple ; mais il doit également être plus proche du citoyen.
Cette proximité se traduit notamment dans votre texte par la création des maisons des services publics, qui permettront - nous ne pouvons que nous en réjouir - le maintien, en milieu rural, des services publics nécessaires à la survie de ce milieu.
Pour ces raisons, le groupe du Rassemblement pour la République vous apportera, monsieur le ministre, son entier soutien dans l'action que vous menez pour que notre administration reste un modèle pour les autres pays. Il votera donc ce projet de loi. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la question de l'intitulé a été tranchée ; je n'y reviens donc pas. Je m'incline devant le choix des mots « le public », non sans regret, mais très volontiers, me pliant à la loi de la démocratie.
Avec la majorité des membres de mon groupe, je voterai ce texte parce qu'il comporte indiscutablement des avancées.
D'abord, il s'agit, c'est vrai, d'une tâche importante à laquelle M. le Président de la République nous a conviés. Cette tâche s'impose. En effet, à un contexte économique difficile, peut-être à un manque d'ambition ou de volonté des Français, s'ajoute leur lassitude face à un système administratif sans doute trop contraignant, trop compliqué, trop inaccessible.
Vous essayez d'y remédier, monsieur le ministre, et nous vous suivons. Le titre Ier, je l'ai dit, nous convient. Le titre II, en ce qu'il étend - prudemment ! - les possibilités d'action du Médiateur, m'apparaît raisonnable et utile. Il en va de même du titre III, qui porte création des maisons des services publics.
Il faut, indiscutablement, prendre en compte cette France qui change, notamment dans l'organisation de son espace. Les concentrations urbaines exigent que l'on réponde aux défis d'une administration qui doit se rapprocher des citoyens.
Le fait que le tissu rural soit plus lâche et moins bien irrigué qu'autrefois, le fait que nos communes rurales perdent leur population, le fait que l'on ne puisse maintenir partout les services publics - il est des réalités devant lesquelles il faut bien s'incliner ! - amènent à penser que les maisons des services publics seront utiles, elles aussi, dans l'espace rural pour maintenir l'activité à laquelle ont droit tous les citoyens français, pour faciliter leurs contacts avec les administrations ou, au moins, un organisme polyvalent d'administration.
Donc, sur ce point encore, nous vous suivrons, et ce d'autant plus, monsieur le ministre, que le débat a éclairé les membres de mon groupe qui s'inquiétaient au sujet de la pénétration des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans l'administration.
Les éléments objectifs que vous nous avez apportés nous ont rassurés. Ils nous ont permis de retirer nos amendements. Le seul que je n'ai pas retiré m'a conduit à l'échec. Mais peut-être, un jour, serons-nous amenés à y réfléchir de nouveau, mes chers collègues, car les citoyens français ont vraiment envie d'être de vrais usagers et d'être traités comme tels par l'administration ! (Sourires.)
C'est une étape. Peut-être faut-il aller plus loin. En l'instant, je vous apporte les voix de la majorité de mon groupe, monsieur le ministre. (Applaudissements sur les travées du RDSE, de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
M. Robert Pagès. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
M. Jacques Mahéas. Le groupe socialiste également.

(Le projet de loi est adopté.)

6

DÉPÔT DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Jean-Jacques Hyest un rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur le projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, portant réforme de la réglementation comptable et adaptation du régime de la publicité foncière (n° 189, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 230 et distribué.
J'ai reçu de M. Serge Vinçon un rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, portant réforme du service national (n° 205, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 231 et distribué.
J'ai reçu de M. Louis Souvet, un rapport fait au nom de la commission des affaires sociales sur le projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, relatif au renforcement de la lutte contre le travail illégal (n° 228, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 232 et distribué.
J'ai reçu de M. Emmanuel Hamel un rapport fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur le projet de loi autorisant l'approbation de l'avenant à la convention du 9 janvier 1976 entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République des Philippines tendant à éviter les doubles impositions et à prévenir l'évasion fiscale en matière d'impôts sur le revenu (n° 492, 1995-1996).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 233 et distribué.
J'ai reçu de M. Emmanuel Hamel un rapport fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Jamaïque en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu (n° 171, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 234 et distribué.
J'ai reçu de M. Emmanuel Hamel un rapport fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant la ratification de la convention entre la République française et le Royaume d'Espagne en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole) (n° 203, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 235 et distribué.

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ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au jeudi 27 février 1997, à quinze heures :
Discussion du projet de loi (n° 501, 1995-1996) portant extension partielle et adaptation du code minier aux départements d'outre-mer.
Rapport (n° 216, 1996-1997) de M. Jean Huchon, fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan.
Aucun amendement n'est plus recevable.

Délais limites

Projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, relatif au renforcement de la lutte contre le travail illégal (n° 228, 1996-1997) ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 3 mars 1997, à dix-sept heures.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, portant réforme du service national (n° 205, 1996-1997) ;
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : lundi 3 mars 1997, à dix-sept heures ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 3 mars 1997, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à dix-neuf heures cinquante-cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





NOMINATIONS DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES

M. Marcel Deneux a été nommé rapporteur du projet de loi n° 224 (1996-1997) relatif à la qualité sanitaire des denrées destinées à l'alimentation humaine ou animale.
M. Jean-Marc Pastor a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 210 de M. Jean-Marc Pastor relative à la traçabilité de la viande bovine.
M. Henri Revol a été nommé rapporteur de la proposition de résolution n° 211 de M. Jacques Oudin sur la proposition de directive du Conseil concernant les règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel (n° E-211).

COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES

M. Jean-Louis Lorrain a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 194 (1996-1997) de M. Louis Souvet tendant à diminuer les risques de lésions auditives lors de l'écoute de baladeurs et de la fréquentation des discothèques.

COMMISSION DES FINANCES

Mme Marie-Claude Beaudeau a été nommée rapporteur de la proposition de loi n° 40 (1996-1997) de M. Franck Sérusclat modifiant le plafond institué à l'article 754-A du code général des impôts et relative à l'acquisition des biens en clause de tontine.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Modalités de transport des malades
en véhicules sanitaires légers

574. - 20 février 1997. - M. René-Pierre Signé rappelle à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale que les responsables de l'assurance maladie ont engagé une série de réformes dans le but louable de parvenir à des économies et qu'en particulier, ils ont décidé d'exiger que tout transport de malade assis soit effectué en véhicule sanitaire léger (VSL) et non en taxi. Il souhaite faire quelques remarques : tout d'abord, les chauffeurs de taxi qui pratiquent ce transport ont une obligation de formation de secouriste qui équivaut à celle des conducteurs de VSL. Ensuite, les malades transportés assis ne sont pas des malades en phase aiguë de maladie mais sont véhiculés, la plupart du temps, pour subir des examens prévus depuis longtemps. Le risque généré par le transport est donc très atténué, voire nul. Enfin, les taxis ruraux, qui exercent dans les régions les plus désertifiées oû depuis longtemps tout service de transport public a disparu, se voient privés d'une grosse part de leur clientèle, amputation qui peut se révéler catastrophique et mettre en péril leur modeste entreprise. Par ailleurs, le service par taxi est moins onéreux que le service par VSL. D'ailleurs, pourquoi ne pas appliquer la tarification la moins élevée ? Il comprend mal cette mesure injustifiée sur le plan médical et pénalisante sur le plan économique pour des régions défavorisées qui peuvent perdre un service de transport indispensable. Il considère qu'il serait souhaitable, dans l'intérêt de beaucoup, que cette mesure soit revue et rapportée.

Manque de cadres dans l'enseignement catholique
du ressort de l'académie de Strasbourg

586. - 26 février 1997. - M. Francis Grignon attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation déficitaire en encadrement que connaît l'enseignement catholique en Alsace et en particulier dans l'académie de Strasbourg. Il souhaite, en effet, souligner que le ministre, dans sa réponse à la question écrite n° 19064 du 28 novembre 1996 relative à ce sujet, ne s'est référé qu'à l'enseignement privé dans sa globalité qui souffrirait d'une situation, selon lui « légèrement déficitaire dans l'académie de Strasbourg ». Or, l'objet de la question était d'attirer son attention sur l'enseignement catholique en particulier qui, lui, souffre d'une situation véritablement déficitaire. Il souhaite lui préciser que parmi les quatre postes supplémentaires accordés pour l'année scolaire 1996/1997 à l'ensemble de l'enseignement privé alsacien, un poste et demi était déjà réservé avant les négociations académiques, réduisant d'autant le nombre de postes à attribuer. Il lui fait ainsi remarquer que puisqu'une des composantes de l'enseignement privé avait préalablement fait connaître les besoins d'un de ses établissements, il aurait été souhaitable d'ajouter cette dotation particulière à la dotation générale, évitant ainsi son amputation. Il lui demande par conséquent si cette méthode ne lui semblerait pas envisageable pour les années à venir.

Réorganisation de La Poste dans le département de la Somme

587. - 26 février 1997. - M. Pierre Martin interroge M. le ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications sur la réorganisation que la poste envisage pour son réseau de l'ouest du département de la Somme, et sur l'inquiétude des élus du département sur les conséquences qui en découleraient pour les petites communes rurales.

Situation des maîtres auxiliaires

588. - 26 février 1997. - M. Pierre Martin interroge M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les mesures qu'il envisage de prendre pour régler la situation précaire dans laquelle se trouvent les maîtres auxiliaires.

Politique de l'école

589. - 26 février 1997. - M. Pierre Martin interroge M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche d'une part, sur les mesures qu'il envisage à terme de prendre pour remplacer le moratoire, qui ne constitue qu'une solution transitoire, pour pallier la fermeture des classes en milieu rural et, d'autre part, sur les réponses qu'il pense pouvoir fournir pour mettre fin à l'inégalité des communes en matière d'accueil scolaire des élèves, scolarisés par dérogation dans une commune différente de leur commune de résidence.

Plafonnement de la taxe professionnelle

590. - 26 février 1997. - M. Michel Mercier attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur le plafonnement de la taxe professionnelle en fonction de la valeur ajoutée pour l'année 1996. En effet, depuis 1996, la cotisation à retenir pour déterminer le montant du plafonnement pour les entreprises dont le siège se situe dans une communauté de communes créée en 1996 n'est pas la cotisation due au titre de l'année 1996, mais une cotisation de référence calculée avec les bases de 1996 et les taux d'imposition de 1995 ou de 1996 s'ils sont inférieurs. L'article 34 de la loi de finances rectificative qui supprime cet effet pervers ne paraît applicable qu'à compter de 1997, alors qu'il avait précisément pour objet de supprimer cette conséquence de la loi de finances pour 1996. Aussi il lui demande s'il n'estime pas opportun que soit remédié à cette situation afin que le texte voté atteigne totalement son objectif.



ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance du mercredi 26 février 1997


SCRUTIN (n° 109)



sur l'amendement n° 28, présenté par M. Robert Pagès et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, à l'article 9 du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à l'amélioration des relations entre les administrations et le public (coexistence des structures administratives avec les maisons de services publics).

Nombre de votants : 316
Nombre de suffrages exprimés : 316
Pour : 94
Contre : 222

Le Sénat n'a pas adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.
Contre : 17.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Contre : 93.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Emmanuel Hamel.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Pour : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Contre : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Contre : 44.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Contre : 9.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Vergès.

Ont voté pour


François Abadie
Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Félix Leyzour
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet


André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

Ont voté contre


Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

N'ont pas pris part au vote


MM. Emmanuel Hamel, Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 317
Majorité absolue des suffrages exprimés : 158
Pour l'adoption : 94
Contre : 223

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 110)



sur l'article 9 du projet de loi relatif à l'amélioration des relations entre les administrations et le public (maisons de services publics).

Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 317
Pour : 223
Contre : 94

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Contre : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 17.
Contre : 5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Contre : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Pour : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Pour : 44.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Pour : 9.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Vergès.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk


Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

Ont voté contre


François Abadie
Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Félix Leyzour
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.

Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.