SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Candidature à un organisme extraparlementaire (p. 1 ).

3. Institution d'une prestation spécifique dépendance. - Suite de la discussion, après déclaration d'urgence, des conclusions du rapport d'une commission (p. 2 ).
Discussion générale (suite) ; MM. Yvon Collin, Claude Huriet, Jean-Louis Lorrain, Mme Annick Bocandé.
Clôture de la discussion générale.
MM. Alain Vasselle, rapporteur de la commission des affaires sociales ; Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales.

Division et articles additionnels
avant le titre Ier (p. 3 )

Amendement n° 3 de M. Michel Mercier. - Réservé.
Amendement n° 4 de M. Michel Mercier et sous-amendement n° 72 rectifié de M. Neuwirth. - MM. Michel Mercier, Neuwirth, le rapporteur, le ministre, Mmes Dusseau, Dieulangard, MM. Peyronnet, Fischer. - Adoption du sous-amendement n° 72 rectifié et de l'amendement n° 4, modifié, insérant un article additionnel.
Amendement n° 3 (précédemment réservé) de M. Michel Mercier. - Adoption de l'amendement insérant une division additionnelle.

Article 1er (p. 4 )

M. Bernard Joly, Mme Joëlle Dusseau, M. Alain Gournac.
Amendements n°s 27 à 30 de Mme Demessine. - Mme Demessine, MM. Fischer, le rapporteur, le ministre. - Rejet, par scrutin public, de l'amendement n° 27 ; rejet des amendements n°s 28 à 30.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Adoption de l'article.

Article 2 (p. 5 )

Amendements n°s 31, 32 de Mme Demessine, 5 de M. Michel Mercier et 54 rectifié de Mme Dieulangard. - MM. Michel Mercier, le rapporteur, le ministre, Mme Dieulangard, M. Peyronnet, Mme Demessine. - Retrait de l'amendement n° 31 ; rejet des amendements n°s 32 et 54 rectifié ; adoption de l'amendement n° 5.
Adoption de l'article modifié.
MM. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires sociales ; le ministre.

Article 3 (p. 6 )

Amendements n°s 33 de Mme Demessine et 55 à 57 de Mme Dieulangard. - M. Fischer, Mme Dieulangard, MM. le rapporteur, le ministre, Peyronnet. - Rejet des amendements n°s 33, 55 et 57 ; adoption de l'amendement n° 56.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 3 (p. 7 )

Amendement n° 58 de Mme Dieulangard. - Mme Dieulangard, MM. le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 4 (p. 8 )

Amendements n°s 59 de Mme Dieulangard et 34 de Mme Demessine. - Mme Dieulangard, MM. le rapporteur, le ministre, Mme Demessine, M. Peyronnet. - Rejet des deux amendements.
Adoption de l'article.

Article 5 (p. 9 )

Amendements n°s 35 de Mme Demessine et 60 de Mme Dieulangard. - MM. Fischer, le rapporteur, le ministre, Mme Dieulangard. - Rejet des deux amendements.
Adoption de l'article.

Articles 6 et 7. - Adoption (p. 10 )

Article 8 (p. 11 )

Amendements n°s 36 à 41 rectifié de Mme Demessine et 61 rectifié de Mme Dieulangard. - Mmes Demessine, Dieulangard, MM. Fischer, Bécart, le rapporteur, le ministre, le président de la commission, Seillier, Peyronnet, Ballayer. - Rejet, par scrutin public, des amendements identiques n°s 36 et 61 rectifié ; rejet des amendements n°s 37 à 41 rectifié.
Adoption de l'article.

Article 9. - Adoption (p. 12 )

Articles additionnels après l'article 9 (p. 13 )

Amendement n° 10 de M. de Raincourt. - MM. Michel Mercier, le rapporteur, Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 26 de M. Girod. - MM. Michel Mercier, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article additionnel avant l'article 10 (p. 14 )

Amendement n° 42 de Mme Demessine. - MM. Fischer, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet.

Article 10. - Adoption (p. 15 )

Article 11 (p. 16 )

Amendements n°s 6 de M. Michel Mercier et 68 rectifié de M. Collard. - MM. Michel Mercier, le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Huguet. - Retrait de l'amendement n° 68 rectifié ; adoption de l'amendement n° 6 supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 11 (p. 17 )

Amendement n° 1 de M. Gournac. - Retrait.

Article 12 (p. 18 )

Amendements n°s 63, 64 de Mme Dieulangard, 43 de Mme Demessine et 18 rectifié bis de M. Huriet. - MM. Huguet, Bécart, le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Mme Dusseau, M. le président de la commission. - Retrait de l'amendement n° 64 ; rejet des amendements n°s 63 et 43 ; adoption de l'amendement n° 18 rectifié bis.
Adoption de l'article modifié.

Article 13 (p. 19 )

Amendements n°s 66 rectifié de Mme Dieulangard, 44, 45 de Mme Demessine et 22 de Mme Dusseau. - MM. Huguet, le rapporteur, le ministre d'Etat, Mmes Dusseau, Demessine, MM. Fischer, Peyronnet. - Retrait de l'amendement n° 22 ; rejet des amendements n°s 66 rectifié, 44 et 45.
Adoption de l'article.

Article 14. - Adoption (p. 20 )

Articles additionnels après l'article 14 (p. 21 )

Amendement n° 11 de M. de Raincourt. - MM. Michel Mercier, le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Mme Dusseau, M. Huguet. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 23 rectifié de Mme Dusseau. - Mme Dusseau, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 12 de M. de Raincourt. - MM. Michel Mercier, le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Mme Dieulangard. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 7 de M. Michel Mercier. - MM. Michel Mercier, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Renvoi de la suite de la discussion.

4. Nomination d'un membre d'un organisme extraparlementaire (p. 22 ).

5. Dépôt d'un projet de loi (p. 23 ).

6. Dépôt d'une proposition de loi (p. 24 ).

7. Dépôt d'une résolution (p. 25 ).

8. Dépôt d'un rapport (p. 26 ).

9. Dépôt d'un avis (p. 27 ).

10. Ordre du jour (p. 28 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures dix.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

CANDIDATURE
À UN ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE

M. le président. Je rappelle au Sénat que M. le Premier ministre a demandé au Sénat de bien vouloir procéder à la désignation d'un sénateur appelé à siéger au sein d'un organisme extraparlementaire.
La commission des affaires économiques et du Plan a fait connaître qu'elle propose la candidature de Mme Lucette Michaux-Chevry pour siéger au sein du conseil d'administration de l'établissement public de la Cité des sciences et de l'industrie.
Cette candidature a été affichée et sera ratifiée, conformément à l'article 9 du règlement, s'il n'y a pas d'opposition à l'expiration du délai d'une heure.

3

INSTITUTION D'UNE
PRESTATION SPÉCIFIQUE DÉPENDANCE

Suite de la discussion, après déclaration d'urgence,
des conclusions du rapport d'une commission

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion des conclusions du rapport (n° 14, 1996-1997) de M. Alain Vasselle, fait au nom de la commission des affaires sociales, sur la proposition de loi (n° 486,1995-1996) de MM. Jean-Pierre Fourcade, Alain Vasselle, Henri de Raincourt, Maurice Blin, Guy Cabanel, Josselin de Rohan, Jacques Larché, Christian Poncelet, Paul Girod, Jacques Oudin, Jean Puech, Jean-Paul Delevoye, Michel Mercier, Jean Chérioux et Lucien Neuwirth tendant, dans l'attente du vote de la loi instituant une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique dépendance.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Collin.
M. Yvon Collin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous voici enfin réunis depuis hier pour examiner une proposition de loi relative à l'institution d'une prestation spécifique dépendance.
Je dis « enfin », car nous sommes bien placés ici, mes chers collègues, pour savoir que cette loi a beaucoup de difficulté à aboutir : alors que certains de nos voisins européens ont déjà mis en place ce type d'aide sociale, dans notre pays, le chemin pour y parvenir est parsemé d'embûches, la dernière étant, je vous le rappelle, l'interruption par le Gouvernement en novembre dernier de l'examen du projet de loi instaurant la prestation d'autonomie.
Néanmoins, comme le dit le célèbre adage, « mieux vaut tard que jamais ». Réjouissons-nous donc de cette échéance inespérée, même si le texte aujourd'hui proposé, à mon grand regret, n'a qu'un caractère transitoire.
En outre, on peut finalement trouver quelque avantage à ces tergiversations : elles permettent, avec le recul, de mieux tirer parti des enseignements des expérimentations en cours dans douze départements.
Ensuite, le débat parlementaire de l'année dernière n'a pas été sans utilité puisque, visiblement, les auteurs de la proposition de loi puis la commission des affaires sociales ont remanié certaines des dispositions initialement contenues dans le projet de loi en fonction de quelques-unes des observations que nous avions formulées lors de son examen.
Je pense notamment, à propos de la gestion de la prestation, aux conventions entre départements et organismes de sécurité sociale, qui, de facultatives, sont devenues obligatoires.
La mise en oeuvre de façon concomitante de l'allocation dépendance à domicile et en établissement me paraît une bonne chose.
Je citerai un autre point positif : la possibilité de disposer de la prestation pour des dépenses autres que les dépenses en personnel.
Enfin, la commission des affaires sociales a introduit une mesure qui devrait satisfaire la plupart d'entre nous qui sommes maires : ces derniers auront la possibilité de donner leur avis sur le dossier du demandeur et d'exercer, le cas échéant, un recours contre une décision auprès des commissions d'aide sociale.
Ces quelques dispositions que je viens d'évoquer constituent donc, selon moi, des avancées qui enrichissent le nouveau texte par rapport à l'ancien.
Maintenant, je souhaiterais, monsieur le ministre, mes chers collègues, d'abord vous faire part de mon sentiment général, ensuite formuler un certain nombre de remarques qui me conduisent in fine à demeurer sceptique sur la présente proposition de loi.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Très bien !
M. Yvon Collin. Sur le principe de l'instauration d'une prestation dépendance, je n'émettrai aucune réserve. L'Allemagne, l'Autriche, la Belgique et quelques autres pays ont intégré la notion de dépendance dans leur législation. Pourquoi pas nous ?
Nous sommes censés le faire aujourd'hui. Toutefois, M. le rapporteur l'a rappelé et l'intitulé de la proposition est clair : ce texte a pour objet d'assurer une transition dans l'attente du vote de la loi instituant une prestation autonomie. Quel dommage de devoir, une nouvelle fois, attendre pour l'instauration d'une prestation pérenne ! L'argument qui justifie ce report est d'ordre budgétaire, nous dit-on.
Certes, puisque le Gouvernement, monsieur le ministre, a fait le choix d'une politique de rigueur, le désengagement de l'Etat sur le problème de la dépendance est logique. Toutefois, dans ces conditions, on peut continuer longtemps à pratiquer un risque zéro en matière sociale. Il est plus facile de ne rien faire ou d'accepter des roues de secours, comme c'est, malheureusement, le cas aujourd'hui, plutôt que de chercher à répondre aux besoins de nos concitoyens.
Par ailleurs, nos voisins européens connaissent les mêmes difficultés économiques que nous. Cela n'a pas empêché certains d'entre eux de trouver des solutions adaptées.
Vous en êtes conscient, personne ne peut en douter, monsieur le ministre, la dépendance constitue un véritable problème de société, et malheureusement des facteurs démographiques et sociologiques devraient, dans les années à venir, aggraver ce phénomène. C'est pourquoi nous devons y répondre de manière forte, et non par des demi-mesures.
L'isolement, la gêne, la perte de son indépendance physique peuvent guetter chacun d'entre nous. Le fait de ne plus pouvoir exercer seul, pour partie ou en totalité, les actes essentiels de la vie quotidienne constitue un risque réel, dont l'ampleur croissante justifie pleinement la mise en place d'une prestation légale.
Or, aujourd'hui, nous sommes condamnés à nous prononcer sur une solution d'attente. Dans ces conditions, il aurait peut-être été plus judicieux d'étendre les expérimentations en cours aux autres départements, quitte à réorienter le système à la lumière des difficultés financières actuelles.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Effectivement !
M. Yvon Collin. Mais puisque nous avons l'occasion de débattre sur une proposition de loi d'origine sénatoriale, je ne ferai pas la fine bouche, et ce d'autant plus que mes collègues sénateurs ont fait, on peut le reconnaître en toute honnêteté, un travail de qualité, comme d'habitude serais-je tenté de dire. Je l'ai précisé tout à l'heure, ils ont apporté des modifications significatives au texte initial.
D'une façon générale, si la prestation dépendance voyait le jour, outre le fait qu'elle répondrait à un besoin humain très important, elle pourrait, d'une part, mettre fin à la dérive de l'allocation compensatrice attribuée à toute personne de plus ou de moins de soixante ans et elle permettrait, d'autre part, de différencier les personnes handicapées des personnes âgées dépendantes, créant ainsi - nous sommes tous d'accord - un système d'aide mieux adapté à ces dernières.
Toutefois, permettez-moi de vous faire part de quelques-uns de mes regrets sur cette version remaniée.
Tout d'abord, il est dommage d'avoir qualifié l'allocation de « prestation dépendance ». La dénomination « prestation autonomie » a le mérite de gommer l'aspect assistanat que recouvre le terme « dépendance » et ainsi de conforter la dignité des bénéficiaires. Pourquoi ne pas avoir conservé l'intitulé du projet de loi initial puisque ce dernier a été abandonné et que le présent texte est transitoire. Dans tous les cas, quelles que soient les modalités d'application de l'aide, nous parlons toujours finalement de la même chose. Pourquoi donc un tel changement qui singularise inutilement les difficultés que rencontrent des personnes âgées ?
Ensuite, je reviendrai sur un problème que nous avions déjà évoqué l'année dernière. Il faut souligner que, sur des points aussi fondamentaux que la condition d'âge et le montant de l'aide, la proposition de loi renvoie à des mesures réglementaires. La représentation nationale est ainsi contrainte de garder le silence à propos de mesures essentielles, qui, en outre, peuvent conditionner la réussite du dispositif.
Je m'inquiète également du choix que les auteurs du texte ont fait de laisser le financement totalement à la charge des départements. En effet, en l'absence de moyens nouveaux, les départements vont seulement redéployer le volume de crédits correspondant aux aides existantes. Dans ces conditions, où sont la progression et l'adaptation à des besoins croissants ? Le conseil général, qui est à la fois le payeur et le principal gestionnaire de la prestation autonomie, risque de se prononcer sur certains dossiers en fonction de ses possibilités de financement. Le danger est alors grand de voir s'installer des inégalités entre les départements. C'est pourquoi il serait juste, monsieur le ministre, d'instaurer un système de péréquation ou, plus simplement, comme le prévoyait le précédent texte, d'intégrer dans le financement un concours de l'Etat ajusté aux différents besoins départementaux.
Enfin, je relèverai un autre problème que nous avions déjà évoqué en novembre 1995 et qui n'a pas été pris en compte. Si ce texte a pour vocation première de répondre à l'attente des personnes âgées, il devrait en outre permettre de créer des emplois et d'atteindre ainsi, paraît-il, un autre objectif. Toutefois, le texte ne prévoit aucune garantie en ce qui concerne la qualification de ces emplois. Or les personnes âgées privées d'autonomie attendent non seulement une aide matérielle, mais aussi un soutien médico-social qui suppose un minimum de formation. Si les associations ne sont pas incitées à dispenser cette formation, qui s'en chargera ?
Quoi qu'il en soit, si l'on compte sur la prestation dépendance pour infléchir la courbe du chômage, il serait préférable de rester prudent et de ne pas avancer de chiffres...
Mme Michelle Demessine. Bien sûr !
M. Yvon Collin. ... car, plutôt que de créer des emplois, le dispositif pourrait surtout, monsieur le ministre, aboutir à salarier des bénévoles.
Je souhaite, bien entendu, que ce ne soit pas le cas et, sur ces dernières remarques, je conclurai en vous disant, monsieur le ministre, mes chers collègues, que le principe de l'instauration d'une prestation autonomie - je dis bien « autonomie » car je préfère ce terme - est une perspective qui me réjouit. Néanmoins, en raison des quelques observations que je viens de formuler, je reste pour le moment réservé sur ce texte. (Applaudissements sur les travées du RDSE et sur certaines travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Huriet.
M. Claude Huriet. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, voilà un an, à quelques jours près, beaucoup d'entre nous ont connu une désillusion qui faisait suite aux espérances suscitées par le texte présenté à l'époque par le Gouvernement. Désillusion, parce que certains se sont rendu compte, sans doute un peu tard, que le président de notre assemblée avait raison de dire que les moyens dont on pouvait disposer n'étaient pas à la hauteur des ambitions du texte défendu à l'époque.
Mais loin de céder à la passivité, à la désillusion, la Haute Assemblée, à travers la commission des affaires sociales, et son président, a décidé de poursuivre le travail qu'elle avait engagé plusieurs années auparavant. C'est dans ces conditions que nous est soumise la présente proposition de loi.
Il s'agit, dit-on, d'une première étape. On doit reconnaître que ce texte est une sorte d'étape préalable, qui n'a de sens que dans la mesure où d'autres étapes suivront. Cette position a été parfaitement expliquée hier après-midi par M. Fourcade.
Doit-on pour autant dire que cette démarche est inutile ? Notre réponse est non : cette démarche est utile et nécessaire ; et je voudrais examiner l'intérêt que revêt la présente proposition de loi.
D'abord, la dépendance - faut-il le rappeler ? - apparaît d'ores et déjà comme un enjeu extraordinairement important pour l'équilibre de nos sociétés développées et vieillissantes, et on ne peut rester passif face à une telle évolution.
Ensuite, beaucoup d'entre nous, et pas seulement ceux qui président un conseil général, considérons que le système actuel est tout à fait inadapté. L'inadaptation ne réside pas dans son coût, car chacun sait que l'adoption du dispositif qui nous est proposé ne modifiera en rien le coût financier qui pèse sur les assemblées départementales. Elle réside dans le fait que les conseils généraux, financeurs principaux ou exclusifs, n'ont pas les moyens de mener leur propre politique.
Selon un adage bien connu, « qui paie commande ». Or, en l'état actuel des choses, les présidents de conseil général ne commandent pas, puisqu'ils sont soumis aux décisions des COTOREP, dans lesquelles la représentation des conseils généraux est très minoritaire. Ce système n'est donc pas adapté.
Par ailleurs, les attributions des COTOREP et les critères sur lesquels elles sont amenées à prendre des décisions n'ont rien à voir avec la « clientèle » des personnes âgées dépendantes. Cela a été dit à plusieurs reprises et je ne m'étendrai donc pas sur ce point.
Je voudrais maintenant analyser rapidement le contenu du texte, pour en évoquer les points positifs.
Le premier point positif, c'est l'existence d'une définition de la dépendance. Cette dernière est définie comme « l'état de la personne qui a, outre les soins qu'elle reçoit, besoin d'être aidée dans le cadre de l'accomplissement des actes essentiels de la vie ou requiert une surveillance régulière ». Vous avez le grand mérite, chers collègues cosignataires de cette proposition de loi, d'avoir défini la dépendance. Est-ce, pour autant, la réponse claire et définitive à des évolutions auxquelles nous devons être attentifs ?
En effet, s'agit-il d'une évolution physiologique due à l'âge ou bien s'agit-il d'un état pathologique favorisé par le vieillissement ? La question ne se pose pas seulement sous l'angle médical, car, selon la réponse que l'on apporte, nous risquons d'assister à un désengagement subreptice de la part des caisses de sécurité sociale au détriment de la prestation dépendance.
En effet, si la dépendance est considérée comme une altération de la santé, si vieillir est une maladie, alors la prise en charge doit être assurée par la sécurité sociale. Si, au contraire, on considère qu'il s'agit d'une évolution naturelle, la dimension sociale l'emporte sur la dimension médicale, et alors s'opère ce transfert auquel nous devons être attentifs.
Deuxième élément positif : la PSD est une prestation en nature. Pour les membres du groupe de l'Union centriste, cela constitue un progrès.
On peut certes s'interroger sur les créations d'emplois qui résulteront de ces dispositions. Toutefois, compte tenu de l'environnement actuel, qui oserait faire la fine bouche s'agissant des quelques milliers d'emplois qui seront créés du fait même du versement en nature de cette prestation ? Il s'agit en effet d'un acquis, qu'il ne faut pas exagérer pour les besoins de la cause, mais qui ne doit pas pour autant être négligé.
L'existence d'une grille d'évaluation nationale doit aussi être considérée comme une avancée, qui va dans le sens d'une harmonisation entre départements.
Néanmoins, je ne peux pas ne pas vous faire part de quelques regrets, qui sont aussi, je le pense, partagés par tous les membres de la Haute Assemblée, en ce qui concerne le nombre réduit de bénéficiaires. En effet, alors que selon l'INSERM, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, quelque 700 000 personnes sont susceptibles de bénéficier de cette prestation, les dispositions de la proposition de loi sénatoriale en concerneront 300 000 ou 350 000. Cependant, pouvons-nous faire mieux dès maintenant et à quel prix ? Ne s'agit-il pas, finalement, d'un élément positif, qui va dans le bon sens pour la solution de ce problème ?
Je soulignerai aussi, pour le regretter, le fait que la place du médecin de famille ne soit pas reconnue dans le dispositif. Toutefois, ce regret est tempéré puisque - je remercie à cet égard M. le rapporteur et les membres de la commission des affaires sociales - l'amendement que quelques-uns de nos collègues et moi-même avons déposé vise à permettre au médecin de famille, qui connaît la générosité des uns mais aussi l'égoïsme des autres au sein d'une famille, de jouer pleinement son rôle pour conseiller la personne susceptible de bénéficier de cette prestation.
Je conclurai mon propos par quelques interrogations.
L'une concerne la notion d'évolutivité de la dépendance. Il s'agit en effet d'un état vers lequel nous cheminons depuis le premier jour de notre existence, à petits pas pendant les premières décennies puis, hélas ! a grandes foulées au cours des dernières années ! Cet état de dépendance est évolutif. Or, mes chers collègues - je m'adresse ici aux présidents de conseil général - vous ne pourrez pas vous référer une fois pour toutes à l'avis de l'équipe médico-sociale qui devra instruire les dossiers et donner un avis qui sera généralement suivi par les présidents d'assemblée départementale.
L'évolutivité pose en effet plusieurs problèmes. Quels seront les moyens dont disposeront ces équipes médico-sociales qui ne pourront pas se limiter à formuler une proposition initiale d'acceptation ou de refus mais devront également assurer le suivi afin de s'assurer qu'une décision prise à un moment donné reste valable les mois ou les années suivants ? Se pose alors la question non de la composition des équipes médico-sociales - elle relève du domaine réglementaire, ce qui me paraît sage - mais de leurs moyens et du coût du dispositif pour disposer d'équipes alliant la compétence à la capacité de suivi de l'évolution de la dépendance.
Ma dernière interrogation, sans doute plus préoccupante encore, concerne la situation actuelle mais aussi l'évolution à court terme de la dépendance, qui pose la question du devenir de la décentralisation. En effet, comme M. Collin vient de l'indiquer, des disparités existent d'ores et déjà dans les départements français. J'aimerais vous donner à cet égard quelques chiffres, tirés de l'excellent rapport de notre collègue Jacques Oudin, rapporteur pour avis du projet de loi instituant une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes : en 1990, en France, quatre millions de personnes étaient âgées de soixante-quinze ans et plus. En 2010, elles seront cinq millions, soit, en vingt ans, une progression de 25 %. Cette évolution inéluctable va aggraver les disparités départementales.
En l'état actuel de la situation, en effet, la moyenne des personnes âgées de soixante-quinze ans et plus s'établit à 7,10 % pour la France métropolitaine. D'ores et déjà, dans dix départements, cette moyenne est supérieure à 10 % ; elle s'établit même à 14 % dans la Creuse. Ces tendances vont fatalement s'accentuer dans les toutes prochaines années.
Voilà qui pose un problème, sachant que la compétence en matière de personnes âgées a été dévolue aux départements par les lois de décentralisation adoptées en 1982 : les départements vieillissants, dont l'activité économique faiblit, vont-ils pouvoir assumer seuls la prestation dépendance ou ne sera-t-il pas indispensable - et n'est-il pas d'ores et déjà urgent - que la solidarité nationale puisse se manifester ?
Si l'on reconnaît la nécessité d'une manifestation de la solidarité nationale, comment établir alors l'équilibre entre cette nécessaire solidarité et le respect des principes fondamentaux de la décentralisation qui ont défini les compétences des collectivités ? Cette question méritera sans doute que nous réfléchissions davantage sur ce point.
Mais je ne veux pas conclure mon intervention sur une note pessimiste. J'indiquerai donc simplement en conclusion combien il était utile que la Haute Assemblée prenne l'initiative de cette proposition de loi, qui recevra bien évidemment l'approbation unanime des membres de l'Union centriste. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, à de nombreuses reprises le Gouvernement s'est engagé à déposer devant le Parlement un projet de loi visant à la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
L'impatience des uns se confronte à l'attente de temps meilleurs des autres. L'approche partielle et temporaire d'un problème humain doit-elle être abandonnée ou bénéficier d'une oeuvre ciselée, hypothétique et future ?
La réponse est donnée puisque la proposition de loi visant à créer la prestation spécifique dépendance, en remplacement de l'actuelle allocation compensatrice pour tierce personne, est aujourd'hui en discussion devant le Sénat.
L'objectif est de transformer une allocation en prestation. Il est non pas d'apporter une solution au problème de la grande dépendance mais d'amorcer le processus d'engagement. Peut-on parler d'une thésaurisation des aides alors que celles-ci sont attribuées aux plus modestes ? Nous connaissons néanmoins des situations choquantes. Une évaluation et un suivi actifs et identifiés devraient, à notre avis, limiter les excès.
Le but est aussi de créer des emplois. Le département du Haut-Rhin, associé à l'Etat, s'est engagé dans une formation devant conduire à la création, sur trois ans, de 250 postes d'auxiliaires de vie spécialisés dans l'aide aux personnes âgées. Il s'agit d'un certificat d'aptitude aux fonctions d'aide à domicile spécialisé, qui pourrait être exigé du personnel venant en aide aux personnes dépendantes. Un enseignement de l'alsacien, indispensable pour se faire bien comprendre des personnes âgées, a d'ailleurs été intégré à la formation dispensée.
La nouvelle allocation, baptisée prestation spécifique dépendance, serait fournie en nature, et tout comme l'allocation compensatrice pour tierce personne, elle serait variable selon le niveau de revenus et d'incapacité et serait plafonnée à concurrence de 4 400 francs par mois. Elle serait également réservée aux personnes dépendantes de plus de soixante ans dont les ressources n'excèdent pas 7 600 francs nets mensuels.
Notre volonté d'excellence pour la prise en charge de nos aînés en fin de vie bute sur les dures réalités du financement. Ces dernières s'imposent à nous mais ne doivent pas être le fruit d'une seule volonté politique gestionnaire où l'action sociale devient un mal nécessaire à endiguer.
Une récupération sur succession est à envisager dans la limite de 300 000 francs pour les personnes maintenues à domicile. Les conseils généraux demeurent maîtres du dispositif. Si la prestation spécifique dépendance se résume à une maîtrise comptable de l'ACTP, il serait préférable d'affirmer à court terme que nous n'avons pas les moyens de notre politique.
La majorité sénatoriale a pris cette initiative pour répondre aux attentes d'une partie des 1 500 000 personnes âgées dépendantes que compte notre pays.
Comme vous le savez, dans la perspective du débat au Parlement et de l'adoption d'une loi sur la dépendance des personnes âgées, l'UNASSAD, l'union nationale des associations de soins et services d'aides à domicile, a fait réaliser une étude par l'IFOP pour mieux cerner l'opinion des Français sur ce sujet de société.
Cette étude, réalisée en mars 1994, auprès d'un échantillon de plus de 1 000 personnes représentatives de la population française, nous donne les résultats suivants : si 85 % des Français sont concernés par la dépendance des personnes âgées, une très forte proportion n'utilise néanmoins pas les prestations classiques de l'aide à domicile, vivant encore une solidarité familiale forte avant d'accepter l'hébergement en maison spécialisée.
En outre, 74 % des Français sont favorables à la création d'une nouvelle assurance sociale.
On observe également que 84 % des Français sont favorables au financement du risque dépendance par l'impôt ou par une cotisation sociale. Peut-on pour autant augmenter les prélèvements déjà décriés ?
De plus, 80 % des Français estiment que des aides en nature, sous forme de services, sont les mieux adaptées.
Il est certain que la prestation en nature est moins attractive, d'autant plus qu'il y aurait possibilité d'un recours sur succession qui n'existe pas pour l'ACTP. Il est par ailleurs nécessaire d'être prudent, notamment au regard de l'actuelle aide ménagère, financée par l'assurance vieillesse.
En effet, la CNAV, la caisse nationale d'assurance vieillesse, ne risque-t-elle pas, postérieurement à la création de cette prestation spécifique dépendance, de modifier sa politique en matière d'aide ménagère en réaménageant ses conditions d'attribution ?
Dans cette hypothèse, la prestation spécifique dépendance, financièrement à la charge des départements, couvrirait en partie les frais d'aide ménagère, qui ne seraient plus financés par les fonds sociaux de la CNAV. Le risque est réel et mérite d'être mesuré avec précision.
On note aussi que 80 % des Français refusent d'être un jour à la charge de leurs enfants et que 63 % sont disposés à contribuer sur leurs revenus au risque dépendance. Une volonté généreuse n'est cependant pas toujours suffisante pour répondre à cette attente.
Enfin, 60 % des Français sont favorables à la gestion des services par la sécurité sociale.
Il apparaît donc clairement que les Français vivent ce problème de société très intensément. C'est la raison pour laquelle il a paru urgent de prendre des initiatives.
A un moment où les contraintes financières pèsent lourdement sur tous les partenaires - l'Etat, les départements, les communes, la sécurité sociale - nous devons nous demander si nous pouvons mener un effort accru de solidarité sociale.
Personne ne peut sérieusement mettre en cause le principe d'une allocation dépendance, qui doit marquer concrètement le soutien à accorder aux personnes âgées, même si ce soutien est de moins en moins l'expression de la solidarité familiale et de plus en plus celle de la collectivité.
Si la nécessité transforme cette solidarité familiale en un acte technique, en service compétent résultant d'une formation - sans doute utile - par un proche, cela contribuera certainement au relâchement du lien social, en courant le risque que la famille ne devienne plus qu'une coquille vide avec des rapports régis uniquement par le besoin.
Un nouveau système d'allocation se justifie par les dérives de l'allocation compensatrice pour tierce personne, que la loi de 1975 a voulu réserver aux personnes handicapées et qui s'est ouverte peu à peu aux personnes âgées, les décideurs de cette dérive n'étant pas les payeurs.
Comme vous le savez, monsieur le ministre, cet état de fait pèse très lourdement sur les finances départementales.
Pour toutes ces raisons, nous approuvons le principe de l'allocation dépendance, mais nous estimons indispensable de poser le problème de la clarté de ses modalités de financement, les départements étant au coeur du dispositif. C'est d'autant plus nécessaire que l'on reconnaît généralement que les départements constituent l'échelon le mieux placé pour assurer la mise en oeuvre d'un tel service de proximité.
L'article 7 de la proposition de loi pose le principe de l'équipe médico-sociale, organisée par le président du conseil général. Nous suggérons, comme l'a dit M. Huriet, que l'avis du médecin de famille soit intégré à la démarche et que cette équipe respecte une territorialité qui pourrait s'inspirer d'expériences de pôles gérontologiques.
Mais il convient d'apporter un maximum de garanties pour éviter toute nouvelle dérive financière. Si tel n'était pas le cas, les départements seraient amenés soit à recourir à la fiscalité, soit à réduire leur budget d'investissement au profit du budget d'aide sociale, et ce au moment où l'effort d'investissement, générateur d'emplois, relève de plus en plus des collectivités locales.
La proposition de loi dont nous discutons aujourd'hui vise donc à mieux coordonner les interventions des départements et des caisses pour recentrer l'aide sur les personnes les plus démunies.
Elle vise, à partir des moyens que consacrent actuellement les départements à la dépendance, à mieux prendre en compte la situation des personnes âgées et à aider celles d'entre elles qui en ont vraiment besoin, tout en évitant les dérapages financiers incontrôlés.
Dans trois ans, au vu de l'évaluation de ce que le Sénat considère comme un régime transitoire, le projet devra être revu.
Cette réforme concernera les nouveaux bénéficiaires, à partir du 1er janvier 1997. Les personnes âgées qui perçoivent actuellement l'allocation compensatrice pour tierce personne ne devraient pas être touchées par cette réforme.
Pour les nouveaux bénéficiaires, qu'ils séjournent à domicile ou en établissement, la prestation spécifique dépendance serait désormais fournie en nature, en fonction de l'aide effectivement apportée aux intéressés. Elle serait également fonction du degré de dépendance.
Ne plus adapter idéalement la personne à l'établissement mais adapter la prise en charge en fonction de l'évolution de l'état physique et psychique ainsi que du contexte environnemental me semble un progrès indéniable.
Le degré de dépendance sera évalué selon une grille unique, testée dans douze départements qui ont expérimenté la prestation dépendance.
Plusieurs enseignements ont été tirés de cette expérimentation.
S'agissant tout d'abord du profil des demandeurs, 61 % ont quatre-vingts ans ou plus, 13 % ont moins de soixante-dix ans ; 66 % des personnes âgées sont entourées, mais un quart d'entre elles vit isolé et un quart demeure dans un logement inadapté.
Dans un bon tiers des cas, le plan d'aide à la personne âgée préconise d'ailleurs l'aide de l'entourage, associée à des services extérieurs.
Enfin, les bénéficiaires sont atteints d'une « dépendance moyenne » et rencontrent plus de difficultés pour les actes matériels - le ménage, les achats, la cuisine,... - que pour les fonctions essentielles comme les déplacements intérieurs, l'alimentation, l'habillage et la toilette.
Nous approuvons la proposition de révision dans trois ans des modalités techniques et financières de la mise en oeuvre.
Nous souhaitons également que l'extension de la prestation aux résidents des établissements d'hébergement soit subordonnée à la réforme de la tarification desdits établissements.
A ce propos, le deuxième alinéa de l'article 9 traite des compétences tarifaires. La tarification sera fondée sur une convention tripartite entre l'établissement, le président du conseil général et le préfet. L'aide à la personne âgée sera liée non plus au régime juridique de l'établissement, mais à l'état de la personne. Cette convention devra être conclue avant le 31 décembre 1999.
Le titre IV de la proposition de loi établit ainsi les bases législatives d'une réforme de la tarification, à prévoir par voie réglementaire.
Il convient de garder à l'esprit l'idée que cette réforme devra clarifier les responsabilités de chacun, en délimitant les types de dépenses qui relèvent du champ de compétence de l'autorité qui tarifie.
Il faudrait notamment définir une prise en charge médicale apte à répondre réellement aux besoins en personnel médical, afin de ne pas poursuivre un système qui aboutira à une tarification par solde, au détriment du prix de journée en hébergement.
L'alinéa V de l'article 9 prévoit ainsi le financement, dans un délai de deux ans, de l'ensemble des places de section de cure médicale autorisées mais non encore financées.
L'autorisation des places de cure médicale correspond, en pratique, à des besoins immédiats en personnel médical et, plus précisément, à des besoins de type long séjour souvent requalifiés, par défaut, en cure médicale.
Ce délai de deux ans ne prend que partiellement en compte la réalité d'un besoin de financement immédiat et d'une remise à niveau des moyens.
En conclusion, grâce à l'effort soutenu de la commission des affaires sociales du Sénat et à son président, M. Jean-Pierre Fourcade, la prestation spécifique dépendance doit être le ferment qui permettra de développer la véritable prise en compte de la grande dépendance des personnes âgées, qui est tant attendue. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme Bocandé.
Mme Annick Bocandé. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la proposition de loi présentée par nos excellents collègues vise, en attendant l'institution d'une prestation d'autonomie, à améliorer la prise en charge des personnes âgées les plus dépendantes.
La prestation spécifique dépendance doit constituer un outil de justice sociale axé sur ceux qui en ont le plus besoin ; son fonctionnement doit être simple et la réponse apportée la plus rapide possible.
Certains aspects de cette proposition de loi me paraissent aller dans le bon sens et ils reçoivent, bien entendu, mon adhésion.
Il en est ainsi de la prestation en nature, car c'est la certitude de voir utiliser l'aide pour le besoin tel qu'il aura été déterminé, sans oublier la perspective de création d'emplois que cette prestation personnalisée ouvrira.
Pour ce qui est de la gestion et du financement par le département, la proposition de loi autorise le conventionnement avec d'autres partenaires. Il appartiendra cependant aux départements d'être de bons négociateurs, afin de maintenir les financements réservés aux personnes âgées par les différentes caisses d'assurance maladie et de retraite, notamment en ce qui concerne les prestations facultatives d'aide à domicile, aides ménagères et gardes, par exemple.
Le plan d'aide à la personne constitue un réel progrès, les équipes médico-sociales devant tenir compte de critères essentiels et complémentaires - ceux de la grille AGGIR ou d'autres, mais les mêmes dans tous les départements - tels que l'état de santé de la personne, son degré d'autonomie et son environnement social et familial. J'aurais cependant préféré que la composition de ces équipes soit fixée par voie législative, ce qui aurait pu garantir leur complémentarité, leur similitude et leur professionnalisme.
Mme Michelle Demessine. Tout à fait !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Très bien !
Mme Annick Bocandé. L'avis du médecin généraliste sera sollicité si la personne âgée le souhaite. Cette mesure, qui sera défendue par voie d'amendement, est, je crois, excellente.
Il est proposé que la prestation spécifique dépendance soit accordée à partir de l'âge de soixante ans pour les premières demandes. En revanche, les personnes qui bénéficient déjà de l'allocation compensatrice avant soixante ans pourront en conserver le bénéfice après cet âge : c'est le droit d'option.
Ces personnes choisiront, bien entendu, le dispositif qui leur est le plus favorable. Compte tenu des conditions du contrôle d'effectivité de la PSD, la majorité d'entre elles conservera le bénéfice de l'allocation compensatrice. C'est, en quelque sorte, reconnaître deux prestations distinctes, une allocation compensatrice pour tierce personne pour les personnes handicapées et une prestation spécifique dépendance pour les personnes âgées. Pour la première fois, le handicap et la dépendance se trouvent différenciés.
Il me semble que, dans un souci de clarification, le droit d'option ne devrait pas pouvoir perdurer pour les bénéficiaires actuels de l'ACTP obtenue après l'âge de soixante ans. Leur demande devrait faire l'objet d'un réexamen, lors de son renouvellement, selon les critères de la PSD.
M. Alain Vasselle, rapporteur de la commission des affaires sociales. Ce sera chose faite !
Mme Annick Bocandé. C'est pourquoi je soutiendrai l'amendement déposé par nos collègues MM. Mercier, de Raincourt, Girod et Chérioux.
Pour le département de la Seine-Maritime, dont je suis l'élue, le droit d'option tel qu'il est prévu dans la proposition de loi initiale aurait des conséquences très lourdes. En effet, il faut savoir que, de 1989 à 1996, le montant des sommes consacrées à l'ACTP est passé de 112 millions de francs à 220 millions de francs, concernant, en 1995, 7 000 bénéficiaires, dont 70 % sont âgés de plus de soixante ans.
La prestation spécifique dépendance, dont le montant devrait pouvoir varier de 0 % à 100 % de la majoration pour aide constante d'une tierce personne, comme le suggère notre rapporteur, me paraît, par sa souplesse, une proposition intéressante. Espérons, monsieur le ministre, que les décrets d'application tiendront compte de nos avis.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Nous l'espérons !
Mme Annick Bocandé. Je souhairerais maintenant attirer l'attention du Gouvernement et de mes collègues sur le délicat et incontournable problème de la réforme de la tarification.
Le principe de l'autorisation conjointe par le préfet et le président du conseil général sur la base d'une convention avec l'établissement et les caisses d'assurance maladie, nécessaire aux établissements médico-sociaux et de long séjour pour accueillir les bénéficiaires de la PSD, me semble un bon principe car il constitue une garantie d'accord sur le fonctionnement entre les financeurs.
Ces conventions devront être, à mon avis, conclues au plus tard dans le délai de deux ans, comme le souligne l'association permanente des présidents de conseil général. C'est d'ailleurs l'objet de l'amendement n° 13, qui, je l'espère, sera voté.
Le problème de fond réside dans la définition et les limites opposables à ce qui constitue les dépenses médicales et les dépenses qui relèvent de la prise en charge par la prestation spécifique dépendance.
Un cadre réglementaire précis doit fixer ces limites, que ce soit pour les bénéficiaires résidant chez eux ou en établissement médico-social de long séjour. Dans le cas contraire, les dépenses incombant aux départements risqueraient de progresser considérablement.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. C'est un grand problème !
Mme Annick Bocandé. J'attends avec impatience de lire le rapport conjoint de l'inspection générale des affaires sociales et de l'inspection générale des finances sur la tarification des établissements.
Mme Michelle Demessine. C'est l'Arlésienne !
Mme Annick Bocandé. Enfin, en ce qui concerne la prise en compte des 14 000 lits de section de cure déjà autorisés mais non financés à ce jour - dont 471 rien qu'en Seine-Maritime - je me réjouis de l'engagement du Gouvernement de remédier à la situation dans un délai de deux ans.
Cependant, je dois noter que, dans beaucoup de départements, dont le mien, il convient d'envisager également le financement de lits qui devront être médicalisés et qui ne sont pas encore recensés.
En conclusion, devant l'indéniable volonté de venir en aide aux personnes âgées les plus dépendantes manifestée par les auteurs de la proposition de loi, et dans l'espoir d'obtenir les garanties nécessaires quant à une mise en oeuvre de cette proposition de loi juste, équitable et respectant l'équilibre des budgets départementaux, je voterai, comme mes collègues du groupe de l'Union centriste, le texte qui nous est soumis. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
M. Alain Vasselle, rapporteur de la commission des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, après cette longue et tout à fait intéressante discussion générale, qui a réuni de véritables spécialistes du sujet - le dernier intervenant en a apporté la démonstration - je voudrais réagir aux propos de quelques-uns de nos collègues.
Auparavant, permettez-moi toutefois, monsieur le président, de vous demander de transmettre au président Monory nos remerciements pour la chaleur des propos qu'il a tenus lorsqu'il a présidé le début de notre discussion générale et pour tout l'intérêt qu'il porte à nos travaux.
Je voudrais également vous remercier, monsieur le ministre, d'avoir souligné l'excellence du travail accompli en commun - et ce dans un climat non moins excellent - par le Gouvernement et la Haute Assemblée sur ce texte, fruit d'une concertation et d'une collaboration très étroites. Cela a permis d'élaborer un texte qui, je n'en doute pas, recevra l'assentiment d'une très forte majorité des membres de cette assemblée.
Je voudrais cependant réagir sur deux points de l'intervention que vous avez faite, monsieur le ministre, au début de la discussion générale.
Vous avez souhaité faire preuve d'une grande prudence, notamment en ce qui concerne les lits et les soins infirmiers à domicile. J'espère que cette prudence vous aura abandonné entre hier et aujourd'hui et que vous pourrez nous donner quelques assurances au moment de la discussion des articles, et plus particulièrement lors de celle de l'amendement de notre collègue et ami M. Henri de Raincourt, vice-président du Sénat, qui nous présentera des propositions intéressantes dans ce sens.
De même, nous espérons un avis favorable du Gouvernement en ce qui concerne les incitations fiscales, qui font l'objet d'un amendement de notre collègue M. Jean Chérioux que nous avons approuvé ce matin au sein de la commission des affaires sociales.
J'espère que, sur ces deux points, monsieur le ministre, vous pourrez nous apporter les réponses qui correspondent à notre attente.
Je tiens à remercier l'ensemble de nos collègues qui sont intervenus lors de la discussion générale pour manifester leur reconnaissance vis-à-vis du travail effectué à la fois par le rapporteur et par la commission. Au premier rang d'entre eux, je pense plus particulièrement à M. Jean-Pierre Fourcade, président de notre commission, que je remercie de ses propos chaleureux. Mais je tiens également à citer nos collègues MM. Cabanel, Darniche, de Raincourt, Hoeffel, Oudin, Michel Mercier, Ostermann et Collard, ainsi que les derniers intervenants de cet après-midi, MM. Huriet et Lorrain et Mme Bocandé.
Cela étant, permettez-moi de réagir, madame Dieulangard, sur quelques-uns des points de votre intervention.
Vous avez affirmé que les Français rejetaient ce texte. C'est vraiment une affirmation tout à fait gratuite de votre part ! Je puis vous assurer qu'à l'occasion des auditions auxquelles j'ai procédé je n'ai pas entendu une voix s'élever de manière aussi affirmative que la vôtre pour dénoncer la mauvaise qualité de ce texte !
Beaucoup ont considéré que nous n'étions pas allés aussi loin qu'ils auraient pu le souhaiter, mais tous ont reconnu que ce premier pas que faisait la Haute Assemblée constituait une étape essentielle et permettrait de préserver l'avenir.
Vous avez également considéré que la mise en place d'un dispositif de prévoyance était incompatible avec le maintien d'un dispositif de solidarité. Chacun reconnaîtra que l'un et l'autre sont compatibles et que leur coexistence ne pose pas de problème majeur.
Vous avez par ailleurs affirmé que ce texte était bricolé. Je ne peux pas admettre que l'on parle de « bricolage » à propos d'un texte aussi important, fruit du travail à la fois de notre commission, de nombreux parlementaires et du Gouvernement.
Enfin, vous avez dit que le montant de la prestation spécifique dépendance serait inférieur à celui de l'allocation compensatrice. Ce n'est pas exact non plus puisque les ressources prises en compte pour recevoir l'allocation compensatrice, aujourd'hui, sont celles qui sont en vigueur pour bénéficier du fonds national de solidarité, et nous proposons de retenir cette même référence pour la prestation spécifique dépendance. Aucun recul n'apparaîtra, le montant sera au minimum équivalent, voire supérieur en fonction des dispositions que nous retrouverons dans le décret d'application que M. le ministre voudra bien prendre.
Par ailleurs, dois-je rappeler que la prestation spécifique dépendance - Mme Bocandé le rappelait très justement à l'instant même dans son propos - sort de la logique de l'invalidité pour prendre en compte la véritable situation de dépendance des personnes âgées et que nous sortons du système de la COTOREP, dont chacun a dénoncé ici l'inertie et la lourdeur, au point que, lorsque la décision d'attribution était prise, certaines personnes étaient décédées entre-temps ?
Enfin, nous instaurons une prestation en nature qui sera effectivement créatrice d'emplois, plusieurs de nos collègues l'ont confirmé dans leurs propos.
Madame Demessine, s'agissant du cinquième risque, nous avons fait un autre choix, et ce pour deux raisons essentielles. Nous avons tout d'abord souhaité que cette prestation soit servie au plus près du lieu de résidence de la personne, qu'il s'agisse d'un service de proximité. Par ailleurs, aurait-il été opportun, aujourd'hui, d'imposer à la sécurité sociale la gestion d'un risque supplémentaire alors que nous connaissons la situation difficile dans laquelle elle se trouve, la dérive de ses comptes depuis plusieurs années et son déficit chronique, déficit que nous regrettons tous et auquel le Gouvernement s'attaque avec beaucoup de courage et de détermination ?
S'agissant du droit d'option, Mme Bocandé a eu l'amabilité de rappeler que nous avons adopté un amendement ce matin : les personnes âgées qui, après soixante ans, vont bénéficier de l'ACTP pourront opter, au moment du renouvellement de cette allocation, pour la prestation spécifique dépendance. Il n'y aura donc pas, pour elles, un régime à deux vitesses, mais bien un seul.
Nous avons cependant préservé, et cela me paraissait normal et cohérent avec le texte de 1975, la possibilité, pour les personnes handicapées qui avaient bénéficié de l'ACTP avant l'âge de soixante ans de garder ce dispositif ou d'opter pour le nouveau.
Enfin, je terminerai cette réponse - que certains trouveront peut-être un peu longue, et je les prie de m'en excuser - en vous signalant, monsieur le ministre, deux points sur lesquels nous devrons porter une attention plus particulière.
En premier lieu, je pense au statut d'employeur de la personne âgée qui peut recruter directement, car il est vrai que l'on voit naître, depuis plusieurs mois, un contentieux important devant les prud'hommes. A cet égard, nous devrons trouver avec vous une solution susceptible de répondre à ces situations difficiles.
Le second point a été évoqué par notre collègue M. Huriet et concerne la péréquation de la charge entre les départements. Il est vrai que la proportion de personnes âgées est plus importante dans certains départements. C'est un déséquilibre que nous avions tenté de corriger au moment où nous avons examiné le texte de Mme Codaccioni, mais ce déséquilibre n'est pas traité dans la présente proposition de loi. Une certaine forme de péréquation joue cependant déjà à travers la dotation globale de fonctionnement. Peut-être certains considéreront-ils que ce n'est pas suffisant, mais il sera toujours temps, à la lumière de l'expérience, de réfléchir aux dispositifs qui pourraient être mis en place. Je fais confiance à M. Fourcade, par ailleurs président du comité des finances locales, pour aborder ce problème dans un autre cadre que celui qui est le nôtre aujourd'hui.
Voilà les observations que je voulais formuler après les interventions d'un certain nombre de collègues et les deux ou trois points sur lesquels je voulais attirer l'attention de M. le ministre. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je tiens tout d'abord à remercier M. le président de la commission, M. le rapporteur, ainsi que tous les intervenants - leurs propos témoignaient d'une très bonne connaissance des problèmes - de la grande qualité des débats.
Bien sûr, j'ai senti chez les uns et les autres un peu d'impatience. Mais, si certains estiment que l'on pourrait peut-être avancer plus vite, personne ne conteste qu'il est préférable d'avancer, même à un rythme ralenti, plutôt que de maintenir le statu quo.
J'ai parfois perçu une tonalité offensive dans certaines interventions. Je rappellerai aux auteurs de ces interventions qu'il a fallu attendre de longues années pour arriver à aborder ce problème comme on le fait aujourd'hui. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a eu une période d'inertie au cours de laquelle on a accumulé les rapports sans jamais passer à l'acte. Aujourd'hui, on passe à l'acte. Voilà qui mérite un peu d'indulgence de la part de certains orateurs !
Monsieur le rapporteur, s'agissant des soins à domicile, j'aimerais pouvoir m'engager tout de suite comme je viens de le faire à propos des 14 000 lits médicalisables après l'intervention de M. Huguet, qui avait cru déceler dans mes propos une prudence peut-être excessive. Les 14 000 lits en question seront médicalisés en deux ans. Nous commencerons au début de l'année prochaine. Il n'y a aucun doute à ce sujet.
S'agissant des services de soins à domicile, je suis très sensible à l'appel du Sénat, tant il est vrai que, dans certains cas, l'ouverture de places de soins à domicile est fortement souhaitable, d'autant que l'assurance maladie n'aura plus à rembourser un certain nombre d'actes.
En fait, nous ne pourrons prendre une décision définitive qu'après le vote de la loi de financement de la sécurité sociale.
Cela étant, j'indique tout de suite que les 14 000 lits médicalisables sont provisionnés dans la loi de financement de la sécurité sociale. Contrairement à ce qui se passait les années précédentes, où l'on décidait et où l'on finançait ensuite, maintenant on décide et on finance en même temps. Vous avez donc l'assurance que ce qui sera décidé dans la loi de financement de la sécurité sociale sera mis en application, et j'ose espérer que, après un chiffrage précis des soins à domicile, nous irons au-devant de vos désirs, si ce n'est en une seule étape, du moins peut-être en deux.
M. le rapporteur et d'autres intervenants ont évoqué le problème de la déductibilité de la cotisation aux régimes d'assurance volontaire dépendance.
Il ne m'appartient pas de me substituer - c'est dommage ! - au ministre des finances. Je peux néanmoins dire que, désormais, le dossier de l'épargne retraite est ouvert. Il faudra voir comment un certain nombre d'incitations fiscales peuvent être accordées à ceux qui s'engagent non seulement dans l'épargne retraite - vous aurez l'occasion d'en débattre - mais aussi dans les systèmes qu'un certain nombre d'assureurs, de mutuelles, d'organismes de prévoyance ont mis sur pied. Le débat est ouvert. Voilà ce que je peux dire aujourd'hui.
Le travail réalisé par la commission étant de très grande qualité, je suis convaincu que nous aurons un débat fructueux lors de l'examen des articles. Je me contenterai donc de répondre brièvement aux divers orateurs.
Madame Dieulangard, s'il y a effectivement une différence de degré, je ne peux pas laisser dire que c'est un texte de transition. Ce texte pose des principes durables pour un dispositif dont la mise en oeuvre sera progressive. Et pourquoi, finalement, ne pas reconnaître le bien-fondé de cette méthode.
L'expérience qui a présidé à l'élaboration de ce texte permet déjà de dire que l'ensemble du dispositif est viable et constituera un progrès. Ce progrès il vous appartiendra, d'année en année, de l'amplifier.
Madame Dieulangard, vous avez vous-même salué comme une innovation importante le passage à une prestation en nature. Là encore, le dispositif social que nous mettons en place marque une orientation nouvelle vers une aide personnalisée qui sera beaucoup plus efficace pour la personne secourue et, en outre, génératrice d'emplois.
Madame Demessine, il ne faut pas constamment revenir sur la logique de la décentralisation. Le conseil général a montré, dans bien des cas, son souci d'aller au-devant des détresses avec ce qui fait sa force, à savoir la proximité. Par conséquent, il ne faut pas faire de procès d'intention aux conseils généraux. De plus, vous le savez, on se référera à une grille nationale dans le cadre de conventions passées avec la sécurité sociale.
S'agissant du recours sur succession, madame Demessine, je serais tenté de vous poser la question suivante : faut-il organiser la transmission des patrimoines aux frais de la collectivité ?
M. Henri de Raincourt. Très bien !
M. Guy Fischer. Pour d'autres, c'est bien organisé !
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Peut-être, mais je n'en ai jamais été personnellement partisan.
Monsieur Cabanel, intervenant sur ce dossier que vous connaissez bien, vous avez insisté, vous aussi, sur les places des services de soins à domicile et sur la réforme de la tarification ; je reviendrai sur ce dernier point tout à l'heure en répondant à M. de Raincourt.
Vous avez par ailleurs souligné que l'assurance dépendance était le fait non seulement d'assureurs mais aussi d'organismes de prévoyance et de mutuelles.
Monsieur Darniche, s'agissant des personnels qui géreront la prestation, sachez qu'il y aura pour les caisses comme pour les départements des possibilités de redéploiement. Nous y veillerons dans les conventions qui seront passées, et qui seront établies selon un cahier des charges national.
Soyez par ailleurs assuré que le Gouvernement a la volonté de poursuivre une concertation étroite avec le Sénat pour les décrets d'application d'un texte d'origine sénatoriale.
Monsieur de Raincourt, comme vous, je ne vois pas de raison de ne pas laisser les expérimentations aller à leur terme.
Le rapport sur la tarification ne nous paraît pas tout à fait à la mesure du problème. Cela étant, nous aurons l'occasion d'évoquer avec vous ce problème complexe de la réforme de la tarification.
Peut-on aller dans la voie d'une prise en charge binaire de la dépendance attribuant à la branche maladie les soins de base et les soins relationnels, et à la prestation spécifique dépendance, la dépendance domestique et sociale ou surcoût hôtelier ? Il faut, bien sûr, évaluer l'impact sur la branche maladie.
Nous sommes en train d'étudier le contenu du rapport. De toute façon, nous devrons coopérer avec la commission des affaires sociales pour étudier les enjeux de la nouvelle tarification.
Mme Bocandé a souhaité que l'on raccourcisse le délai de mise en oeuvre de cette réforme. Je comprends parfaitement son désir. Je lui fais toutefois remarquer que c'est une réforme très importante, mais aussi quelque peu complexe. Il faudra apporter un très grand soin au suivi de sa mise en oeuvre, et avec une évaluation systématique.
Cela étant, nous allons nous mettre au travail très vite. Il faut que dès 1997 nous puissions commencer à tester cette tarification à travers un certain nombre d'établissements qui passeront convention.
Monsieur de Raincourt, vous avez évoqué par ailleurs toute une série de problèmes que nous examinerons lors de la discussion des amendements. Je vous remercie vivement, en tout cas, de la part que vous avez prise à l'élaboration de ce texte.
Monsieur Hoeffel, les présidents de conseils généraux ont effectivement un rôle à jouer, qui leur est conféré tout naturellement par la décentralisation. M. Collard m'a posé la question de savoir qui signait la convention. C'est bien le président du conseil général, consacrant ainsi la responsabilité de nos institutions départementales.
Vous avez insisté, monsieur Hoeffel, sur les effets en matière d'emploi. Le président du conseil général de la Haute-Loire que je suis va essayer, dès que ce texte sera en vigueur, de voir comment on peut, grâce à cette nouvelle prestation, créer des emplois, y compris dans des cantons particulièrement fragiles avec une population vieillissante. Ainsi, nous pourrons probablement maintenir dans ces cantons des familles jeunes, notamment lorsque l'épouse a besoin d'un salaire de complément ; là où le mari devra travailler un peu plus loin, elle pourra, elle, rester en plein coeur de la réalité rurale.
Nous participerons ainsi à une politique d'aménagement du territoire qui n'est pas le premier objectif de ce texte, mais qui en sera en quelque sorte une résultante naturelle.
Monsieur Oudin, vous avez décrit la démarche. S'agissant de la récupération sur succession, je suis un peu plus enclin que vous à la souplesse. En effet, il ne faut pas non plus que le seuil soit trop bas. Mais nous en débattrons lors de la discussion des amendements.
Il faut bien comprendre que le recours sur succession n'a pas pour objet de priver des gens modestes du droit élémentaire de transmettre quelques biens à leurs héritiers. Il s'agit simplement d'éviter qu'un certain nombre de personnes ne viennent abuser en quelque sorte du dispositif. Il faudra donc bien calibrer les choses. Mais c'est vrai, monsieur Oudin, tout cela ne peut porter ses fruits que si, en même temps, le redressement des comptes est mené avec toute la détermination voulue. Je sais que vous nous aidez dans cette tâche.
Monsieur Huguet, vous avez bien montré votre excellente connaissance des problèmes. Vous avez d'ailleurs fait apparaître, à travers l'expérience qui est la vôtre, que la perspective de créations d'emplois n'était pas irréaliste.
Vous avez insisté sur un point fondamental : la formation des personnes destinées à intervenir auprès des personnes âgées dépendantes. Je vous rejoins pleinement sur ce point.
Les problèmes d'inégalité de traitement ne pourront pas être totalement éliminés. Tout à l'heure, M. Vasselle a fait remarquer, à juste titre, que c'est en fait le président du comité des finances locales que pourra apporter les solutions de fond à ces problèmes d'inégalité que peut générer la décentralisation.
Néanmoins, la grille AGGIR constitue déjà une première réponse. Et puis le contentieux de l'attribution de la nouvelle prestation permettra de dégager une jurisprudence qui sera un facteur d'unification.
Je remercie maintenant M. Mercier de son intervention, qui est nourrie d'une très bonne connaissance du problème.
Il a tout à fait raison sur un point, sur lequel je voudrais également insister : légiférer en s'appuyant sur une expérimentation et un partenariat est très fructueux. Il faudrait effectivement étendre peu à peu une telle démarche.
M. Mercier a souligné que, désormais, un véritable partenariat s'instaurera entre les départements et la sécurité sociale. Il m'a reproché de ne pas avoir été très précis sur la tarification. Sur ce point, la vérité m'oblige à dire que nous avons encore un travail à réaliser. Il sera mené activement pour aboutir aux premières conventions types que nous passerons avec les établissements.
Il est vrai aussi que l'assurance maladie ne peut pas donner plus qu'elle n'a. Il faut en être très conscient. Gardons présent à l'esprit la juste mesure de ce que peuvent faire tous les acteurs dans le système.
M. Ostermann a bien rappelé la philosophie de la réforme : moduler la prise en charge de l'aide en fonction de l'état de dépendance des personnes âgées et ne plus la faire dépendre de la nature juridique de l'établissement. C'est dans cet esprit que nous allons travailler sur la nouvelle tarification.
M. Peyronnet a insisté sur le problème de la prévention. Il est exact que le dispositif d'aide à domicile, notamment dans le cadre de l'aide ménagère, qui se situe en quelque sorte en amont de la prestation spécifique dépendance, doit être maintenu, car il est un gage de prévention efficace.
M. Collin a proposé de retenir l'appellation « prestation autonomie ». Je lui répondrai que les meilleures réformes sont celles qui affichent au départ des ambitions modestes.
Très souvent, dans l'histoire de la République, ce sont les personnes les plus modestes qui se sont avérées les plus efficaces. Mieux vaut doter cette loi d'une appellation modeste ! Cela lui ouvrira un plus grand avenir. C'est, en tout cas, ce que je lui souhaite !
M. Alain Vasselle, rapporteur. Moi aussi !
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. M. Huriet a dit à juste titre que la dépendance nécessite une approche médico-sociale. Elle n'est en effet pas réductible à un problème de santé qu'il incomberait à la seule branche maladie de prendre en charge.
M. Huriet a fait valoir que le nombre de bénéficiaires restera réduit. Certes, mais le dispositif atteindra peu à peu une vitesse de croisière. Nous espérons d'ailleurs que, pendant ce temps, l'effort d'assainissement du sanitaire permettra d'apporter davantage au médico-social.
C'est d'ailleurs déjà le cas ! Dans la loi de financement de la sécurité sociale, dont nous débattrons bientôt, nous avons retenu un objectif de progression pour le médico-social nettement supérieur à l'objectif retenu pour le sanitaire parce que nous sentons bien qu'il y a là des attentes et des besoins pressants.
Enfin, monsieur Huriet, vous avez évoqué le problème de la péréquation. Je crois, en effet, que nous ne pouvons pas tout régler à l'occasion de la discussion de ce texte. Pour autant, il est vrai qu'il faudra bien que la décentralisation, dans la mesure où elle prend vie et s'enracine, s'accompagne de mécanismes de péréquation plus sûrs.
Monsieur Lorrain, je vous remercie d'avoir rappelé que les départements ont la possibilité de contribuer à la formation et qu'il ne faut pas que nous leur imposions un certain nombre de démarches alors que l'expérience prouve que chacun d'entre eux a su trouver une réponse adaptée aux besoins.
Je crois beaucoup à cette émulation qui permettra de retenir ensuite les expériences les meilleures et je vous confirme, monsieur Lorrain, qu'il n'y aura pas de désengagement de la CNAV.
Grâce aux efforts que nous avons entrepris - et M. Vasselle connaît bien l'action du fonds de solidarité - la branche vieillesse arrivera peu à peu à dégager des ressources qui lui permettront de faire face à ses besoins.
Enfin, Mme Bocandé a rappelé, elle aussi, qu'il ne faut pas contraindre les départements sur la composition de l'équipe médico-sociale. Laissons à chacun le soin d'organiser ses équipes le plus efficacement possible.
Vous avez évoqué, madame le sénateur, le droit d'option pour ceux qui percevront l'ACTP pour la première fois après le vote de la loi. Un amendement répondra à votre demande.
Vous êtes également revenue sur la tarification. J'ai en effet le sentiment que ce problème vous amène à poser quelques questions brûlantes au ministre et que le ministre n'est pas tout à fait encore en mesure d'y répondre. Mieux vaut le dire !
Je confirme cependant ma volonté d'avancer. Il faut dire, à propos de ce problème de la tarification, que cela fait des années que l'on tente sans succès de sortir du dispositif actuel.
Nous allons cette fois-ci progresser, il faut simplement que nous mesurions bien et que nous proportionnions les efforts respectifs de l'assurance maladie, des individus et de l'aide sociale.
Tout cela devrait, à mon avis, faire l'objet, dans les deux ou trois mois qui viennent, de clarifications qui seront de nature à nous permettre d'engager les premières expériences au début de l'année 1997.
Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, les quelques précisions que je souhaitais apporter.
J'ai bien conscience de ne pas avoir répondu à toutes les interventions tant elles furent riches, mais j'espère que nous aurons encore l'occasion d'apporter, au cours de la discussion, d'autres éléments d'information.
Je remercie une fois encore le Sénat de la qualité de son travail. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Nous passons à la discussion des articles.

Division et articles additionnels avant le titre Ier

M. le président. Par amendement n° 3, MM. Michel Mercier, de Raincourt, Paul Girod et Chérioux proposent d'insérer, avant le titre Ier, une division additionnelle ainsi rédigée :

« Titre Ier A. - De la coordination
de la prise en charge de la dépendance »

M. Alain Vasselle, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission demande la réserve de cet amendement jusqu'après l'examen de l'amendement n° 4.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de réserve ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Favorable.
M. le président. La réserve est ordonnée.
Par amendement n° 4, MM. Michel Mercier, de Raincourt, Paul Girod et Chérioux proposent d'insérer, avant le titre Ier, un article additionnel ainsi rédigé :
« Afin de favoriser la coordination des prestations servies aux personnes âgées dépendantes et d'accomplir les tâches d'instruction et de suivi, le département conclut des conventions avec les organismes de sécurité sociale et la Mutualité sociale agricole.
« Ces conventions doivent être conformes à un cahier des charges arrêté par le ministre chargé des personnes âgées après avis des représentants des présidents de conseils généraux, des organismes de sécurité sociale et de la Mutualité sociale agricole.
« Le comité national institué par le second alinéa de l'article 38 de la loi n° 94-637 du 25 juillet 1994 relative à la sécurité sociale est chargé de suivre la mise en oeuvre de ces conventions. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 72, présenté par M. Neuwirth et visant à compléter in fine le texte proposé par l'amendement n° 4 pour insérer un article additionnel avant le titre premier par un alinéa ainsi rédigé :
« La mise en oeuvre de la présente loi fait l'objet d'un bilan annuel par le comité national mentionné à l'alinéa précédent. »
La parole est à M. Michel Mercier, pour défendre l'amendement n° 4.
M. Michel Mercier. Il ne s'agit pas d'un amendement de fond, bien qu'il soit, comme vient de le rappeler M. le ministre, particulièrement important. Nous souhaitons pouvoir mettre en place, autour de la personne âgée dépendante, un véritable partenariat qui regroupe notamment, outre le département, les caisses d'assurance vieillesse et la mutualité sociale agricole. Ce partenariat nous semble tout à fait important, et il constitue l'un des apports majeurs de la proposition de loi dont nous débattons.
Pour bien marquer son importance, nous souhaitons que ce partenariat, prévu à l'article 11, figure dans le premier article de la proposition de loi.
M. le président. La parole est à M. Neuwirth, pour défendre le sous-amendement n° 72.
M. Lucien Neuwirth. Mes chers collègues, vous permettrez à un membre du Sénat « appelé » - selon la formule consacrée - à siéger au sein du comité national créé à l'instigation de M. Fourcade, de souhaiter s'investir pleinement dans le suivi de cette proposition de loi.
Il m'apparaît indispensable, ainsi qu'à un certain nombre de mes collègues, d'observer les conséquences de l'application de cette loi, dont le caractère tout à fait transitoire a été maintes fois souligné, afin de progresser aussi bien et aussi vite que possible et d'aboutir dans les meilleurs délais à la mise en place d'un dispositif permanent de la prise en charge de la dépendance.
Mais, au-delà de cette contribution, je voudrais remercier M. Fourcade de nous avoir associés à l'entreprise qui est conduite aujourd'hui afin de répondre aux besoins d'un grand nombre - et non pas leur totalité, malheureusement ! - de personnes âgées dépendantes ! Je tiens à cette occasion à rappeler un point d'histoire. Alors que nos collègues socialistes étaient encore aux affaires et que M. Claude Evin était ministre des affaires sociales, j'avais été à l'origine d'une proposition de loi adoptée par l'ensemble du Sénat, à l'exclusion des seize membres du groupe communiste, qui en voulaient d'ailleurs à l'époque moins au texte qu'au ministre en question. (Sourires sur les travées du RPR, de l'Union centriste et sur certaines travées des Républicains et Indépendants. - Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Hélas ! le ministre en question s'était opposé à la discussion de ce texte par l'Assemblée nationale.
Or, depuis hier, les orateurs de l'opposition nous disent : « Ce n'est pas assez ». Peut-être ! Mais la proposition de loi dont nous discutons aujourd'hui a au moins le mérite d'exister.
Par ailleurs, j'ai été heureux d'entendre M. Fourcade détailler les cinq points essentiels sur lesquels ce texte constitue une réelle avancée sociale, provisoirement limitée - je le concède - par notre situation budgétaire.
Mes chers collègues, je vous demande de voter ce sous-amendement, qui permettra au Parlement d'assurer le suivi de cette proposition de loi à laquelle j'apporte mon soutien le plus total et d'en apprécier les effets essentiels concernant les créations d'emplois qui résulteront immanquablement de ce nouveau dispositif, en particulier dans le secteur des soins à domicile.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 4 et le sous-amendement n° 72 ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission émet un avis favorable sur le sous-amendement n° 72 dans la mesure où il s'agit d'un bilan annuel concernant les effets de la prestation spécifique dépendance sur l'ensemble du territoire national.
Il nous paraît tout à fait judicieux qu'un premier bilan soit effectué par le comité national d'évaluation, dont notre collègue, M. Neuwirth, est d'ailleurs l'éminent représentant de la Haute Assemblée.
Sur l'amendement n° 4, présenté par M. Mercier et cosigné par MM. de Raincourt et Chérioux, la commission émet également un avis favorable, dans la mesure où il vise à placer au début du texte une disposition essentielle visant la coordination entre les différents partenaires.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 4 et le sous-amendement n° 72 ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Sur le sous-amendement n° 72, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat. La sympathie que je porte à son auteur m'incite à penser, à titre personnel, que ce rapport sera le bienvenu.
Veillons toutefois à ce qu'il soit bref et sobre. Je suis en effet très soucieux de ne pas voir l'administration des affaires sociales occupée à rédiger des rapports entièrement ; il doit lui rester du temps pour élaborer un nouveau système de tarification. Je le dis avec un petit sourire, mais il convient de faire attention.
M. Lucien Neuwirth. C'est vrai !
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Par ailleurs, je ne puis qu'être favorable à l'amendement n° 4, qui tend à considérer la coordination comme un principe de base.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 72.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole contre ce sous-amendement.
Mme Michelle Demessine. Contre le sous-amendement ?
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Oui, je souhaite m'exprimer contre le sous-amendement n° 72, n'en déplaise à mes collègues !
Nous avons mis en place un système d'expérimentation qui a donné lieu à la rédaction de deux bilans qui sont entre nos mains.
J'avoue que je suis sensible aux propos de M. le ministre. Il est vrai que, depuis quelque temps, nous avons tendance à demander, dans les lois que nous votons, des rapports d'évaluation. Non seulement nous ne sommes pas certains d'en avoir connaissance, mais cette manie de demander des rapports me gêne. Notre rôle ne consiste pas à en élaborer constamment ! Mais tel n'est pas l'objet essentiel de mon opposition à ce sous-amendement.
Depuis le début de nos débats, nous tournons autour d'un problème : celui du caractère fondamental de cette proposition de loi. S'agit-il d'un texte transitoire ou définitif ? Au départ, je l'avoue, j'ai cru M. le rapporteur, qui avait insisté sur le caractère provisoire de ce texte. Or, au fur et à mesure du déroulement de nos travaux - les propos de M. le ministre nous le confirment - nous nous rendons compte que ce provisoire va durer !
Je serai profondément hostile à cette proposition de loi si elle doit instituer un provisoire qui dure. Or le principe du rapport annuel ne faisant que conforter cette idée, personnellement, je voterai contre ce sous-amendement.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Le groupe socialiste est tout à fait d'accord avec ce sous-amendement n° 72, relatif au bilan annuel de la mise en place de la prestation spécifique dépendance, notamment en matière de création d'emplois et d'évaluation auprès des personnes âgées.
Je trouve tout à fait incroyable de faire figurer avant l'article 1er, qui met en place une telle prestation et en définit les bénéficiaires, les amendements n°s 3 et 4 et le sous-amendement n° 72, lesquels devraient être, en fait, la conséquence de la mise en place de cette prestation.
La proposition de loi que nous examinons a été très fortement souhaitée par les conseils généraux qui ont à faire face à de réelles difficultés en ce qui concerne l'ACTP. A mon sens, ce n'est pas fini car, si j'ai bien compris les propos de M. le ministre, cette proposition de loi n'est pas transitoire ; elle va durer ! Cela veut dire, je pense, que l'Etat n'envisage pas du tout d'aider les conseils généraux à assumer cette charge.
Vraiment, il me paraît donc incohérent de placer ces amendements et ce sous-amendement avant l'article 1er. Cela ressemble quelque peu à de la cuisine interne au sein de l'organisation et du fonctionnement des conseils généraux.
Si ces amendements étaient placés convenablement dans le texte de loi, ils nous conviendraient parfaitement, mais nous nous abstiendrons s'ils restent placés avant l'article 1er.
M. Lucien Neuwirth. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Neuwirth.
M. Lucien Neuwirth. Je souhaite rectifier un point de détail dans le sous-amendement n° 72.
A tout péché, miséricorde ! Une relecture des textes me permet de noter que la dernière phrase de l'article additionnel présenté dans l'amendement n° 4 se lit comme suit : « est chargé de suivre la mise en oeuvre de ces conventions ». Or, le texte de mon sous-amendement n° 72 débute par ces mêmes mots : « la mise en oeuvre de ».
Si vous en êtes d'accord, monsieur le président, je souhaiterais, pour éviter une répétition malsonnante, supprimer ces mots et commencer le texte de mon sous-amendement par : « La présente loi fait l'objet d'un bilan annuel... ».
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 72 rectifié, présenté par M. Neuwirth et tendant à compléter in fine le texte proposé par l'amendement n° 4 pour insérer un article additionnel avant le titre Ier par un alinéa ainsi rédigé :
« La présente loi fait l'objet d'un bilan annuel par le comité national mentionné à l'alinéa précédent. »
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je ne veux pas que l'on déforme mes propos. Pourquoi ai-je dit qu'il ne fallait pas parler du caractère éphémère de ce texte ? C'est parce qu'il pose des principes durables. Repris dans l'amendement n° 4, la coordination des prestations, le paiement en nature et l'utilisation d'une grille nationale en sont l'illustration. Tous ces éléments me paraissent nourris par l'expérience ; je l'ai constaté en Haute-Loire. Il s'agit donc de principes durables !
Comme vous l'avez dit, monsieur le rapporteur, il faut que nous puissions aller au-delà en ce qui concerne les modalités, revoir les plafonds de ressources ou la prise en charge de l'état de dépendance ; c'est évident. La mise en place sera, certes, progressive ; n'en déduisez pas pour autant que nous nous contenterions d'un dispositif de fortune.
Le dispositif doit reposer sur des principes solides spécifiques à la dépendance ; contrairement aux expériences antérieures, il ne s'appuie pas sur les mécanismes en vigueur pour le handicap.
Voilà ce que j'ai voulu dire. Je n'ai pas dit que le dispositif actuel allait ne variatur demeurer. Il évoluera, mais il est fondé sur des principes qui me paraissent devoir être durables.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. A la suite de ce qu'a dit Mme Dieulangard, je pose la question : l'article 49, alinéa 1, de la Constitution est-il plus important que l'article 49, alinéa 3 ? La place d'un alinéa ou d'un article détermine-t-elle son importance dans une loi ? Ce n'est pas un tract que nous sommes en train de faire !
Même si je suis d'accord sur le fond, je m'étonne qu'on soit si attaché à mettre ces amendements avant la définition même du texte.
Sans aller jusqu'à voter contre, je souhaite que nous arrivions à une rédaction plus cohérente.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Je souhaite apporter une précision pour éclairer la Haute assemblée, si cela était nécessaire, sur la place de cet article additionnel dans le texte.
Il s'agit d'afficher d'entrée de jeu le principe général de coordination de toutes les aides en faveur des personnes âgées, sur lequel a d'ailleurs insisté M. le ministre. Ce n'est qu'à partir de ce principe de base, qui nous paraît essentiel, que nous définirons les dispositions de la nouvelle aide que nous créons.
A partir du moment où, dans un domaine qui touche aux personnes âgées, il y a une compétence partagée entre l'Etat et les collectivités territoriales, il est important de préciser d'entrée de jeu les conditions dans lesquelles seront gérées les actions menées en faveur des personnes âgées. Voilà pourquoi nous avons adhéré à la proposition de notre collègue M. Mercier d'inscrire ce principe de coordination en tête du texte. Il ne faut pas chercher d'autre raison que celle-là. Elle est simple, claire et elle ne semble nécessiter ni débat de sémantique ni procès d'intention à l'égard des auteurs d'un tel amendement. M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 72 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Guy Fischer. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 4.
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Les auteurs de l'amendement n° 4 nous suggèrent d'inscrire les dispositions initialement prévues par la commission à l'article 11 en tête de la proposition de loi.
Or ces dispositions tendent à reconnaître, me semble-t-il, le rôle incontournable de la sécurité sociale et de la Mutualité sociale agricole dans la coordination des prestations servies aux personnes âgées dépendantes et à leur confier l'instruction et le suivi de la nouvelle prestation spécifique dépendance.
Une telle proposition a de quoi surprendre quand on sait qu'elle émane de ceux qui s'évertuent à cantonner la nouvelle prestation dans le cadre nouveau, réducteur à notre sens, de l'action sociale des départements et à en confier la responsabilité à ces départements.
Elle part cependant d'un constat réel : celui de l'incapacité de bon nombre de conseils généraux à assurer la mise en oeuvre de cette prestation a minima que la majorité sénatoriale veut instaurer - nous l'avons dit et je le répète - pour tirer le Président de la République du mauvais pas où il s'est mis en promettant de mettre « rapidement » en oeuvre « une allocation de dépendance », je devrais dire une prestation d'autonomie, destinée à couvrir « un risque nouveau qui doit être assuré par la collectivité nationale ». Vous connaissez notre position de fond sur ce point.
Après la tentative de l'an dernier, qui, je le rappelle, a échoué faute de financement suffisant, le texte actuel ne propose toujours qu'une prestation minimale qui ne s'appliquerait qu'aux personnes cumulant l'extrême pauvreté et la dépendance la plus grande et qui, de plus, serait récupérable sur les successions et les donations effectuées antérieurement par les bénéficiaires.
Ainsi, la plupart des gens qui ont cotisé toute leur vie à la sécurité sociale et qui ont payé toute leur vie leurs impôts locaux se verront privés de la couverture du risque de dépendance dont parlait pourtant si bien M. Chirac, alors que les enfants de ceux qui auront pu en bénéficier se verront privés d'une partie de leur héritage.
Par cet amendement, vous voulez sans doute montrer que vous n'êtes pas insensibles à la pression de tous ceux qui manifestent dans la rue pour réclamer que la perte d'autonomie soit couverte par la sécurité sociale.
La petite opération à laquelle vous vous livrez maintenant n'est, en fait, qu'un petit tour de passe-passe puisque, sur le fond, votre proposition de loi reste la même et vise, précisément, à faire des conseils généraux les pilotes de la nouvelle et très insuffisante prestation.
Cet amendement n° 4 ne change donc rien à un texte qui, même s'il obligera tous les départements à faire quelque chose, ne permettra, tout au plus, qu'un redéploiement des moyens, qui sont très insuffisants.
Enfin - et ce sera ma conclusion -, il y aura, me semble-t-il, des illusions puis, surtout, des désillusions pour bon nombre de familles qui, ne pouvant accéder à cette prestation, compte tenu des critères retenus, s'en verront exclues !
La discussion a bien montré que la solidarité risque de ne pas se manifester.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Si !
M. Guy Fischer. La réponse de M. le ministre sur la tarification nous a grandement inquiétés. Des réponses claires ne semblent pas être apportées dans le cadre de ce débat. A partir de là, on va donc reporter.
Alors qu'on croyait adopter un texte de transition, on voit bien, à travers les principes très forts réaffirmés par M. le ministre et la majorité, qu'il s'agit de toute évidence du socle d'une véritable prestation autonomie pour laquelle les collectivités locales seront de plus en plus impliquées.
Parce que nous sommes en plein brouillard, nous voterons contre cet amendement.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. M. Vasselle, tout à l'heure, s'est interrogé sur le principe de base de ce texte.
Celui qu'il veut mettre en avant, je le comprends bien, c'est la « coordination des prestations servies aux personnes âgées ». Pour moi, le principe de base est que « toute personne remplissant des conditions d'âge, de degré de dépendance a droit, sur sa demande, à une prestation en nature dite " prestation spécifique dépendance " ».
L'emplacement d'un article dans le texte n'a pas seulement un intérêt anecdotique, il a aussi une valeur symbolique.
Je ne suis pas hostile, sur le fond, à l'amendement n° 4, mais j'émets des réserves quant à sa place dans ce texte. Je m'abstiendrai donc.
M. Henri de Raincourt. Dommage !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié l'amendement n° 4, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, avant le titre Ier.
J'en reviens à l'amendement n° 3, précédemment réservé.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, une division additionnelle ainsi rédigée est insérée dans la proposition de loi, avant le titre Ier.

TITRE Ier

DE LA PRESTATION SPÉCIFIQUE DÉPENDANCE

Dispositions générales

M. le président. « Art. 1er. _ Toute personne résidant en France et remplissant les conditions d'âge, de degré de dépendance et de ressources fixées par voie réglementaire, a droit, sur sa demande, à une prestation en nature dite prestation spécifique dépendance.
« Le bénéfice de la prestation spécifique dépendance est ouvert, dans les conditions prévues à l'alinéa précédent, aux personnes de nationalité étrangère qui séjournent régulièrement en France et remplissent également les conditions d'accès à l'aide à domicile mentionnée à l'article 158 du code de la famille et de l'aide sociale.
« La dépendance mentionnée au premier alinéa est définie comme l'état de la personne qui a, outre les soins qu'elle reçoit, besoin d'être aidée dans le cadre de l'accomplissement des actes essentiels de la vie ou requiert une surveillance régulière. »
Sur l'article, la parole est à M. Joly.
M. Bernard Joly. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le vécu de la dépendance par les personnes âgées se pose en termes nouveaux du fait de l'allongement de la vie et de la réduction de la cellule familiale aux composantes élémentaires, père-mère-enfants, quand elle n'est pas monoparentale. De plus en plus rarement se côtoient, sous le même toit, trois générations. En conséquence, le statut de la classe d'âge des aînés a évolué.
Si la mémoire du groupe est conservée, elle est de moins en moins transmise et l'initiation des plus jeunes n'est guère assurée par ceux qui en avaient jusqu'alors la mission.
Au-delà des conditions matérielles que nous traitons aujourd'hui, il faut aussi réfléchir à la redéfinition d'un rôle qui a sa place dans une société où l'exclusion s'accompagne presque toujours de solitude, où beaucoup d'enfants, en âge scolaire, ont la clé du domicile familial autour du cou car il n'y a personne pour les accueillir.
A l'aube du xxie siècle, la France compte près de 10 millions de personnes âgées de plus de soixante-cinq ans et 5 millions de plus de soixante-quinze ans. Dès 2015, ce sont 2 millions de nos concitoyens qui auront dépassé quatre-vingt-cinq ans, soit deux fois plus qu'aujourd'hui. Félicitons-nous que l'espérance de vie augmente d'un trimestre chaque année pour les deux sexes, mais prenons les mesures nécessaires pour faire face au corollaire : la dépendance.
Outre la diminution des capacités, il faut tenir compte de la dégradation consécutive, parfois, aux troubles psychiques, à la maladie d'Alzheimer, par exemple, si invalidante et éprouvante.
Les réponses de l'entourage, quand il existe et se mobilise, ne sont pas suffisantes. Les disponibilités et les résistances ont des limites. L'accompagnement légitime ne peut être dispensé au détriment d'autres tâches familiales.
Au fil du temps, vingt et un ans exactement, une dérive de l'allocation compensatrice créée par la loi de 1975 a eu lieu. Instituée en faveur des seules personnes handicapées, cette aide compte aujourd'hui parmi ses bénéficiaires, plus des deux tiers de personnes âgées de plus de soixante-cinq ans, même s'il est vrai que certaines d'entre elles étaient handicapées avant d'avoir atteint cette échéance.
De nombreux conseils généraux constatent, sans pouvoir intervenir, l'accroissement des allocations compensatrices pour tierce personne servies à des personnes âgées non handicapées au sens des dispositions législatives de 1975.
L'insuffisance des structures d'hébergement constitue la seconde source de dérapage. Malgré l'effort de médicalisation des établissements sociaux, nombre d'entre eux se révèlent inadaptés à l'accueil de personnes âgées très dépendantes. Leur nombre augmente avec l'avancée des possibilités de maintien de la vie.
En attendant l'institution d'une allocation d'autonomie, il convient de saluer l'initiative de nos éminents collègues signataires de la proposition de loi nous invitant à créer une prestation spécifique dépendance pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées : l'adéquation de l'outil à l'objet s'avérait indispensable.
La nécessité d'intervenir d'urgence étant établie, il convient de définir les conditions dans lesquelles la prestation sera servie.
L'expérimentation mise en place dans douze départements a mis en avant la nécessité d'une bonne coopération entre les différents partenaires concernés : exécutif départemental et organismes de sécurité sociale, caisses de retraite, caisses de maladie. Cette approche tient compte des réalités locales afin de répondre au mieux aux besoins cernés.
L'examen du projet de loi traitant de la prestation autonomie a été ajourné en raison des difficultés économiques et financières. Toutefois, cette lecture tronquée aura eu l'effet positif de reconduire ces expériences et de nous permettre de disposer, ce qui fait généralement défaut, de résultats in situ.
Le texte que nous examinons prévoit l'attribution et la gestion par le département de la prestation dont bénéficieront les personnes âgées de plus de soixante ans qui ont besoin de l'aide d'une autre personne afin de pouvoir continuer à vivre chez elle. Des dispositions transitoires permettront également d'améliorer la prise en charge de personnes lourdement dépendantes vivant en établissement.
L'appréciation du niveau de dépendance en fonction d'une grille nationale d'évaluation par une équipe médico-sociale garantit une estimation équitable du handicap. Ce travail orientera la nature et l'importance de l'aide qu'il est nécessaire d'apporter, et la prise en compte de l'environnement se révèle être l'un des paramètres déterminants.
Le fait que la prestation soit servie en nature a suscité certains commentaires quant à sa mise en place et son coût.
Cette forme requiert, j'y ai fait allusion il y a un instant, une bonne organisation des intervenants en termes d'identification, de qualification et de programmation.
Ce type de traitement développera les emplois d'aide à la personne ; il engendrera donc des embauches justifiées par une charge de travail supplémentaire pour les services départementaux. La demande de moyens en personnel, si elle est satisfaite, donnera-t-elle alors lieu à une compensation financière ?
La question se pose, car si l'aide n'est pas soumise à obligation alimentaire, elle peut néanmoins donner lieu à recours sur succession, mais elle viendra alors en concurrence avec d'autres recouvrements. On pourrait envisager une variante au système proposé.
M. le président. Mon cher collègue, je vous prie de conclure.
M. Bernard Joly. Lorsque la personne âgée est aidée par un membre de sa famille qui a dû réorganiser ses activités en fonction des soins à apporter, le versement d'une aide en espèce serait juste en tant que compensation à un renoncement volontaire à une fraction de revenu.
Les Pays-Bas nous ont devancés en matière d'assurance du risque de dépendance et presque tous nos partenaires européens suivent leur exemple.
C'est pour ces raisons que je voterai cet article.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Au moment où la discussion des articles s'engage, nous sentons bien que, si cette proposition de loi comporte des aspects intéressants, elle présente aussi des aspects inquiétants
Certes, de nombreuses personnes âgées dépendantes sont en attente d'une solution, nous le savons bien. Mais nous savons aussi, nous qui travaillons à l'aide sociale dans les départements, à quel point l'ACTP a souvent été détournée de ses objectifs, quelquefois dans des conditions scandaleuses ! Aussi, quelle que soit notre sensibilité politique, nous éprouvons tous des inquiétudes, des insatisfactions, notamment quant au caractère transitoire des dispositions prévues.
Ainsi, la charge des mesures proposées doit porter exclusivement sur les départements. Pouvons-nous, nous, représentants des élus locaux, envisager à la légère un tel dispositif ? Toute la question est de savoir combien va durer le transitoire.
Un peu naïvement, je croyais que ce serait un transitoire court. Mais, au fur et à mesure que le débat avance, je me rends compte que ce transitoire risque d'être long. Je suis donc inquiète et je sais n'être pas la seule.
Cette semaine, dans un hebdomadaire de la presse économique qui énumérait les projets de loi sociaux du Gouvernement, j'ai vu ceux qui avaient été adoptés, ceux qui allaient l'être et ceux qui étaient abandonnés. Or, parmi ces derniers, figurait le projet de loi relatif à la prestation d'autonomie. J'avoue avoir éprouvé quelque inquiétude à cette lecture.
M. Alain Vasselle, rapporteur. C'est un journal mal informé.
Mme Joëlle Dusseau. Hélas ! j'ai peur que ce journal ait été bien informé.
Quand M. le ministre...
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je vous ai répondu sur ce point, madame !
Mme Joëlle Dusseau. Quand M. le ministre a dit qu'il ne reprenait pas le mot « transitoire » - vous avez bien dit cela, excusez-moi, monsieur le ministre - et qu'il ne considérait pas cette loi comme transitoire - je reprends mot à mot ce que vous avez dit - mon inquiétude s'est accrue. Nous sommes donc dans un transitoire qui est en train de s'installer pour durer. Edgar Faure, qui siégea longtemps dans cette assemblée, aurait certainement trouvé une jolie formule pour désigner cette situation, dont nous savons tous à quel point elle peut être inquiétante.
Pour ma part, j'aurais préféré que nous étendions l'expérimentation aux départements qui le souhaitaient plutôt que d'élaborer une loi, présentée comme transitoire, mais qui va perdurer. Quant aux autres questions que je me pose sur le texte, nous allons en débattre au cours de la discussion des articles. Elles concernent notamment la partie de la prestation perçue en espèce et la procédure d'urgence, point qui va être résolu par les amendements que nous avons présentés, les uns et les autres -
J'ai surtout - je tiens à le dire même si mon opinion n'est pas majoritaire dans cette assemblée - des réticences vis-à-vis de l'utilisation de la prestation au profit d'un membre de la famille. Il me semble nécessaire d'opérer une distinction entre ce qui relève de la solidarité familiale et ce qui relève du salariat. Nous savons qu'un nombre non négligeable de personnes âgées souffrent de mauvais traitements dans leur famille. Il me semble important que des professionnels, des personnes extérieures à la famille, voient ce qui se passe.
Par ailleurs, le fait que l'un des membres de la famille qui s'occupe de la personne âgée dépendante soit salariée risque d'entraîner un désintérêt de la part des autres. Tel n'est pas le but que nous visons.
Je suis également très sensible au problème de l'exonération des associations intermédiaires. Un débat aura lieu sur ce point. Malheureusement, il ne résoudra rien, et je le regrette.
Enfin - nous n'aurons pas l'occasion d'en parler, mais je tiens tout de même à attirer l'attention de MM. Vasselle et Fourcade sur la situation particulière des personnes âgées en placement familial. Dans ce cas-là, à qui sera versée la prestation ? A la personne âgée dépendante qui emploiera une personne extérieure ou à la famille accueillante ? Je sais qu'il y a peu de cas de cette nature, mais cette formule doit se développer.
M. le président. Ma chère collègue, je suis obligé de vous faire observer que votre temps de parole est épuisé.
Mme Joëlle Dusseau. En conclusion, je redirai mon inquiétude devant un transitoire qui risque de durer et de faire payer à long terme par les départements une prestation qui aurait dû être financée par l'Etat, la sécurité sociale et les départements.
M. le président. La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Je vous demande tout d'abord de m'excuser, monsieur le président, car j'aurais certainement dû m'exprimer au cours de la discussion générale. Mais je suis un jeune sénateur, et je dois apprendre les règles en usage.
J'avais déposé un amendement, que j'ai finalement retiré, dont l'objet était de poser le principe de la prise en charge, par l'Etat, des dépenses qui résulteront de la gestion nouvelle de la prestation spécifique dépendance.
Le rapporteur m'a d'abord dit que tous les présidents de conseils généraux, y compris ceux qui exercent des fonctions ministérielles, ne pouvaient accueillir qu'avec beaucoup d'intérêt un tel amendement. Le rapporteur m'a toutefois précisé qu'il était contraire à la règle du jeu que nous avons retenue selon laquelle, compte tenu des contraintes financières, l'Etat n'apporte, quant à lui, dans l'immédiat, aucune contribution financière.
Il m'a convaincu un peu plus encore lorsqu'il a fait ressortir qu'une meilleure coordination entre les caisses et les départements permettrait de maîtriser au mieux ces dépenses de gestion nouvelles par rapport à celles qui sont induites par le système actuel.
Toutefois, monsieur le ministre, j'ai recueilli une information bien surprenante. On me dit - le confirmez-vous ? - que, dans le projet de loi de finances pour 1997, les moyens de fonctionnement des COTOREP sont majorés de 50 %.
Majorer de 50 % les moyens de fonctionnement des COTOREP quand on leur retire une bonne partie des dossiers qu'elles traitent actuellement, c'est a priori bien curieux !
Dans mon département, les Yvelines, un dosssier sur deux est aujourd'hui instruit par les COTOREP pour ce qui concerne les personnes âgées.
J'ai donc retiré mon amendement dans l'attente de votre réponse, monsieur le ministre, mais, il sera bientôt remplacé par un amendement au projet de loi de finances visant à transférer la majoration des crédits COTOREP aux départements.
M. le président. A l'article 1er, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Tous quatre sont présentés par Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 27 tend à rédiger comme suit l'article 1er :
« Après l'article L. 111-2 du code de la sécurité sociale, il est inséré un nouvel article ainsi rédigé :
« Art. L. ... - I. - Conformément à l'article L. 111-2, la sécurité sociale couvre également les charges spécifiques occasionnées aux personnes dont l'altération progressive des capacités intellectuelles ou physiques est due à des pathologies liées au vieillissement.
« Les caisses d'assurance maladie et d'assurance vieillesse asurent par leurs organismes communs la gestion et le service d'une prestation d'autonomie destinée à pallier les conséquences de l'état de dépendance ainsi créé.
« Attribuée en fonction du degré de dépendance constaté par les commissions techniques d'orientation et de reclassement professionnel, cette prestation en nature peut être servie en partie en espèces et, dans une certaine mesure, cumulable avec d'autres prestations de sécurité sociale ou d'aide sociale.
« Les modalités d'application du présent article sont définies par décret en Conseil d'Etat.
« II. - Dans l'attente d'une réforme globale du financement de la sécurité sociale qui applique aux entreprises pour la couverture des risques maladie, vieillesse et des prestations familiales, des cotisations calculées en fonction de l'utilisation de la valeur ajoutée, notamment créée en faveur de l'emploi, les dépenses occasionnées par le présent article sont compensées à due concurrence par l'assujettissement de l'ensemble des revenus financiers provenant des titres émis en France à une cotisation sociale dont le taux est réactualisé chaque année par décret.
« Les livrets d'épargne populaire, les livrets "A" et "bleus", les comptes d'épargne logement et, pendant cinq ans, les plans d'épargne populaire ouverts avant promulgation de la présente loi sont exonérés. »
L'amendement n° 28 vise :
I. - A rédiger comme suit le début du premier alinéa de l'article 1er :
« Toute personne affiliée à un régime obligatoire de sécurité sociale et ses ayants droit, ou rattachée au régime de l'assurance personnelle a droit, en fonction du degré de dépendance qui lui est reconnu, à une prestation. »
II. - En conséquence, à supprimer le deuxième alinéa de cet article.
L'amendement n° 29 a pour objet, dans le premier alinéa de l'article 1er, de supprimer les mots : « et de ressources ».
L'amendement n° 30 tend, après le mot : « personne », à rédiger comme suit la fin du troisième alinéa de cet article : « dont l'altération progressive des capacités intellectuelles ou physiques est due à des pathologies liées au vieillissement. »
La parole est à Mme Demessine, pour présenter l'amendement n° 27.
Mme Michelle Demessine. Par cet amendement, nous proposons en fait une solution qui se démarque complètement de la proposition de loi de la majorité sénatoriale ; il s'agit de créer une prestation d'autonomie de qualité, instruite, gérée, contrôlée et servie par la sécurité sociale.
Nous entendons ainsi répondre favorablement aux aspirations et à la demande de l'immense majorité des familles, des retraités et de leurs associations, qui ont décidé de se faire entendre en manifestant le 22 octobre prochain à Paris.
Ils en ont assez d'attendre la réalisation des bonnes promesses électorales, sans cesse remises à plus tard en raison de la volonté du Gouvernement de réduire toujours plus les dépenses sociales afin d'atteindre les critères de convergence économique prévus par le traité de Maastricht en vue de l'institution de la monnaie unique. (Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Alain Gournac. Ça n'a rien à voir !
Mme Michelle Demessine. Malheureusement, c'est la raison !
On nous explique aujourd'hui qu'il n'y a pas d'argent pour prendre en charge le risque de dépendance et, pour donner le change, on met sur pied un dispositif minimal qui ne s'adresse qu'à celles et à ceux qui cumulent le plus fort degré de pauvreté et de dépendance. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées).
M. Guy Fischer. C'est la vérité !
M. Paul Blanc. Mais non !
Mme Michelle Demessine. On nous explique ensuite que ce dispositif est provisoire et que, par le jeu de multiples décrets, les plafonds de ressources pourront progressivement être réévalués, de manière à rendre la prestation de dépendance plus substantielle et plus accessible, comme s'il existait la moindre chance de voir les prestations sociales étendues ou revalorisées au moment de la montée en puissance de l'ultralibéral traité de Maastricht, dont les clauses sociales ne sont même pas obligatoires.
Notre amendement n° 27 a donc pour objet d'ériger le risque de dépendance en un cinquième risque couvert par la sécurité sociale.
Il s'inscrit dans le droit-fil de la philosophie de ceux qui, à la Libération, dans l'esprit des travaux du Conseil national de la Résistance, ont fondé notre système de sécurité sociale, qui consiste à reconnaître des droits pour tous et non à accorder de quoi survivre à ceux qui sont dans la gêne.
S'ils l'ont fait dans un pays ruiné par cinq années de guerre et d'occupation, pourquoi ne serait-il pas possible de l'étendre, aujourd'hui, à moins de quatre ans de l'an 2000, dans un des pays les plus développés du monde ?
Je rappelle que l'article L. 111-2 du code de la sécurité sociale, qui a été rédigé à cette époque, dispose : « Des lois pourront étendre le champ d'application de l'organisation de la sécurité sociale à des catégories nouvelles de bénéficiaires et à des risques ou prestations non prévus ».
Notre amendement, qui contient une définition plus large de la dépendance que ne le fait le texte de la proposition de loi, permettrait justement d'étendre le champ d'application de la sécurité sociale et de faire l'économie du dispositif technique et juridique lourd, inégalitaire et compliqué de la proposition de loi qui nous est soumise.
Les caisses régionales d'assurance maladie, qui assurent la gestion des prestations des différentes caisses nationales ainsi que le service du Fonds national de solidarité, disposent des moyens techniques et juridiques prévus dans le code de la sécurité sociale pour gérer directement la nouvelle prestation.
Nous suggérons, dans un premier temps, de financer les dépenses que créerait notre dispositif par un assujettissement des revenus financiers provenant des titres émis en France à une cotisation sociale dont le taux serait réactualisé chaque année par décret. Seule l'épargne populaire, qui contribue activement au maintien et au développement de l'économie réelle, en serait exonérée.
Nous estimons que la recette annuelle ainsi dégagée pourrait provisoirement couvrir les dépenses occasionnées par le nouveau dispositif, dans l'attente d'une réforme plus globale du mode de financement de la sécurité sociale.
Tel est l'objet de notre amendement n° 27, pour lequel nous demandons un scrutin public.
M. le président. La parole est à M. Fischer, pour défendre l'amendement n° 28.
M. Guy Fischer. Par cet amendement, nous proposons une définition moins sélective des populations pouvant prétendre à la nouvelle prestation spécifique de dépendance.
La prestation prévue par la proposition de loi n'étant pas une prestation classique d'aide sociale, il ne paraît pas inconcevable qu'un public plus large que celui qui est visé dans le texte puisse en bénéficier en cas de survenance du « risque de dépendance » qu'évoquait M. Chirac lorsqu'il n'était encore que candidat à la présidence de la République.
Rien n'empêche donc que cette prestation soit ouverte à tous les assurés sociaux et à leurs ayants droit.
En acceptant cet amendement, le Gouvernement et sa majorité montreraient leur volonté de conférer à la nouvelle prestation un caractère quasi universel.
En revanche, en le repoussant, ils montreraient leur volonté d'éliminer certaines catégories de la population française ou résidant régulièrement sur le territoire national, ce qui n'est pas conforme au principe constitutionnel d'égalité.
M. le président. La parole est à Mme Demessine, pour défendre les amendements n° 29 et 30.
Mme Michelle Demessine. Par l'amendement n° 29, nous entendons lever toute condition de ressources pour l'attribution de la prestation spécifique dépendance, ce qui correspond à une revendication quasi unanime des syndicats et associations de retraités.
En effet, il leur paraît et il nous paraît tout à fait scandaleux que des personnes qui, pendant toute leur vie, auront cotisé à la sécurité sociale et payé leurs impôts locaux se retrouvent privés de la prestation dépendance lorsqu'ils deviendront dépendants à cause de pathologies liées au vieillissement.
Au nom de quoi les ouvriers qualifiés, les employés de banque, les contremaîtres, les infirmières, les enseignants, les ingénieurs, la plupart des commerçants ou des fonctionnaires, n'auraient pas droit à la prestation spécifique de dépendance ?
Ce serait incontestablement une atteinte au principe constitutionnel d'égalité.
On peut même considérer que, une fois à la retraite et atteints de dépendance, en payant leurs impôts locaux, ces ouvriers qualifiés, employés de banque, infirmières, enseignants, ingénieurs, commerçants ou fonctionnaires contribueraient au financement de la prestation dépendance des plus démunis, une prestation à laquelle ils n'auraient personnellement aucun droit.
Ce système relève en tout cas d'une conception très spéciale de la solidarité nationale, en particulier au moment où votre majorité s'apprête à réduire l'imposition de solidarité sur la fortune, qui sert au financement du RMI !
Nous considérons, pour notre part, que la solidarité nationale doit prendre en charge tous les frais liés au risque de dépendance pour l'ensemble de la population, sans distinction ni discrimination.
Accorder une aide aux personnes âgées les plus démunies et les plus dépendantes et couvrir le risque de dépendance, ce n'est assurément pas la même chose ! C'est tout ce qui sépare notre logique et celle des auteurs de la proposition de loi
Par conséquent, nous ne pouvons accepter que cette nouvelle prestation spécifique de dépendance soit soumise à condition de ressources.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 27, 28, 29 et 30 ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Il s'agit, par l'amendement n° 27, d'introduire le « cinquième risque sécurité sociale ». A la fin de la discussion générale, j'ai indiqué les raisons pour lesquelles nous ne pouvions accepter cette proposition. Nous avons fait un autre choix, celui d'une prestation plus proche de l'aide sociale que de la sécurité sociale.
D'ailleurs, madame Demessine, il faudra m'expliquer en quoi pourrait consister une prestation de sécurité sociale en nature...
Quoi qu'il en soit cette proposition ne correspond ni à l'esprit ni à la logique de la démarche que nous avons décidé d'adopter. Nous voulons une prestation de proximité, gérée par le président du conseil général.
De plus, mes chers collègues, est-il bienvenu, au moment où nous essayons de réduire le déficit chronique de la sécurité sociale, de charger immédiatement celle-ci de la nouvelle prestation ?
Dans ce texte, nous faisons un premier pas concernant la prestation dépendance. Il sera temps, le moment venu, de voir s'il faut aller plus loin ou dans une autre direction que celle que nous avons choisie. C'est l'expérience qui nous montrera si nous avons fait erreur ou non.
Par voie de conséquence, l'avis de la commission est également défavorable sur les amendements n°s 28 et 29.
Quant à l'amendement n° 30, il présente une autre définition de l'état de dépendance, qui est à la fois moins précise et plus large que celle qui est contenue dans la proposition. En outre, cette autre définition ne prend pas en compte la surveillance régulière. Par conséquent, la commission émet également un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ces quatre amendements ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Ainsi que l'a indiqué M. le rapporteur, un choix a été effectué, qui permet déjà de progresser. Pour autant, le partenariat permettra de passer des conventions avec les caisses de sécurité sociale. Il n'y a pas lieu de revenir sur ce débat.
La proposition de loi est équilibrée en ce qu'elle tient compte du contexte dans lequel elle s'inscrit. Evidemment, des évolutions sont possibles, car je ne veux pas laisser dire que ce texte n'est pas destiné à évoluer. Pour le moment, il s'agit d'entériner un certain nombre de résultats d'expériences qui me paraissaient devoir être poursuivies.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 27.
Il émet le même avis sur l'amendement n° 28, qui a pour objet d'étendre à tous les assurés sociaux le bénéfice de la prestation spécifique dépendance. Cela ne paraît pas possible aujourd'hui, même s'il conviendra sans doute, à l'avenir, de faire évoluer positivement le dispositif.
L'amendement n° 29 tend à supprimer toute condition de ressources pour l'attribution de cette prestation. C'est encore quelque chose que nous ne sommes pas en mesure de faire aujourd'hui, et le Gouvernement ne peut accepter cet amendement.
Enfin, la définition de la dépendance telle qu'elle est proposée dans l'amendement n° 30 n'apporte pas vraiment d'éléments nouveaux. Le Gouvernement est donc également défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 10:

Nombre de votants 317
Nombre de suffrages exprimés 239
Majorité absolue des suffrages 12016
Contre 223

Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'article 1er.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Nous voterons contre l'article 1er. Nous avons dit dans la discussion générale, ce qui nous dispensera d'y revenir dans le détail, les raisons pour lesquelles cette prestation, dans les conditions où elle était mise en place, ne nous convenait pas. Elle est, en effet, très largement en deçà des besoins et des attentes des personnes âgées et des intervenants, très en deçà même, je le maintiens, monsieur le rapporteur, de l'existant.
Je voudrais de nouveau attirer votre attention sur certaines interprétations restrictives auxquelles peut donner lieu cet article 1er.
Tout d'abord, l'expression « outre les soins qu'elle reçoit » signifie-t-elle que, pour bénéficier de la prestation dépendance, la personne devra absolument faire l'objet d'une autre intervention, sanitaire par exemple, pour les soins à domicile ? Je crains qu'une sélection ne soit opérée, c'est en tout cas ce que l'on comprend si l'on fait une analyse sémantique du texte.
Ensuite, je crains aussi que cet article 1er ne permette un glissement de charges de la sécurité sociale vers les collectivités locales. En effet, si l'on reprend la circulaire d'octobre 1981, qui organise les soins à domicile pour les personnes âgées, et si on la compare terme à terme à cet article, on constate que les définitions sont les mêmes. Je ne sais pas qui arbitrera, puisque les gestes habituels de la vie quotidienne et la dépendance sont définis dans cette proposition de loi, mais aussi dans la circulaire de 1981. Dans le contexte actuel de maîtrise des dépenses de santé, je redoute que l'assurance maladie ne se désengage. En tout cas, il n'est précisé nulle part qui arbitrera.
Il me semble donc que cet article 1er, dans sa rédaction actuelle, est dangereux, en raison notamment de ce risque de désengagement, raison pour laquelle nous voterons contre.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.

(L'article 1er est adopté.)

Article 2

M. le président. « Art. 2. _ La prestation spécifique dépendance est accordée par décision motivée du président du conseil général, après avis du maire de la commune de résidence du demandeur. Si cet avis n'a pas été rendu dans un délai de quinze jours après transmission de la demande par le président du conseil général, il est réputé être favorable. Si la décision du président du conseil général n'est pas intervenue au terme d'un délai de deux mois, la prestation spécifique dépendance est considérée comme accordée.
« La décision mentionnée au premier alinéa fait l'objet d'une révision périodique instruite selon les mêmes modalités.
« La prestation spécifique dépendance est servie et gérée par le département où le bénéficiaire possède son domicile de secours acquis conformément à l'article 193 du code de la famille et de l'aide sociale. En cas d'absence de domicile de secours, la prestation est servie et gérée par le département de résidence. Toutefois, les dispositions figurant au 9 ° de l'article 35 de la loi n° 83-663 du 22 juillet 1983 complétant la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'État sont applicables à la prestation spécifique dépendance. »
Par amendement n° 31, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit la première phrase du premier alinéa de cet article :
« La prestation spécifique dépendance est accordée par décision de la commission technique d'orientation et de reclassement professionnel. »
La parole est à Mme Demessine.
Mme Michelle Demessine. Nous retirons cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 31 est retiré.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 5, MM. Michel Mercier, de Raincourt, Paul Girod et Chérioux proposent d'insérer, après le premier alinéa de l'article 2, un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« En cas d'urgence, le président du conseil général peut attribuer, à titre provisoire, la prestation mentionnée à l'article premier jusqu'à l'expiration du délai de deux mois mentionné à l'alinéa précédent, dans des conditions fixées par le règlement départemental d'aide sociale. »
Par amendement n° 19, Mme Joëlle Dusseau propose :
I. - Après le premier alinéa, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque, attesté par un avis médical ou social, l'état de santé de la personne âgée l'exige, la décision mentionnée au premier alinéa peut faire l'objet d'une procédure d'urgence. Dans ce cas le dispositf est accéléré, en particulier le rôle de l'équipe médico-sociale tel que défini au titre II. Cette procédure d'urgence fait ensuite l'objet d'une régularisation. »
II. - En conséquence, dans le deuxième alinéa de cet article, de remplacer les mots : « au premier alinéa » par les mots : « aux deux premiers alinéas ».
La parole est à M. Michel Mercier, pour défendre l'amendement n° 5.
M. Michel Mercier. Cet amendement a pour objet de permettre, lorsqu'il y a urgence, au président du conseil général d'accorder en quelque sorte immédiatement la prestation spécifique dépendance, ce qui peut, par exemple, éviter le placement en établissement d'une personne âgée.
M. le président. L'amendement n° 19 est-il soutenu ? ...Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 5 ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Tout à fait opportunément, M. Michel Mercier nous propose de régler les cas d'urgence. La rédaction de l'amendement convient tout à fait à la commission des affaires sociale, qui a émis un avis favorable et, en ma qualité de rapporteur, je remercie M. Michel Mercier d'avoir contribué à l'amélioration du texte.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le Gouvernement est favorable à la disposition proposée, qui est raisonnable et permettra en effet de faire face rapidement à des situations un peu difficiles.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 5.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Nous allons voter cet amendement. Nous comprenons bien l'idée et l'intention qui le sous-tendent. En effet, à travers le contingent d'aide sociale, les collectivités locales seront appelées à participer aux dépenses de la PSD. Il est donc tout à fait normal que le maire soit sollicité.
Pourtant, une crainte me vient à l'esprit, c'est que l'on mette en place un mécanisme si lourd que l'on soit contraint de recourir trop fréquemment, voire systématiquement, aux mesures d'urgence, en l'occurrence que l'on autorise souvent le président du conseil général à décider d'une attribution rapide de la PSD.
L'idée est très intéressante, l'intention est tout à fait louable, et nous allons voter l'amendement, mais j'ai peur des dérives qu'il risque d'entraîner.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Après concertation avec ma collègue, Mme Dieulangard, je tiens simplement à nuancer son propos. La disposition introduite par M. Michel Mercier me semble assez opportune, sous réserve, bien sûr, de vérification de la réalité des faits, comme c'est souvent le cas pour l'aide sociale. Je ne crois pas qu'elle alourdisse le dispositif ; elle permet de résoudre certains cas d'urgence, ce qui était indispensable. En revanche, je maintiens ce que j'ai dit dans la discussion générale, je crois que le délai de deux mois est vraiment trop court. Cela risque d'obliger les départements à renforcer très significativement leurs équipes pour l'instruction des dossiers, ce qui constituera une charge supplémentaire.
Donc, s'il était possible d'allonger un peu ce délai sans tomber dans les excès et la lourdeur de la COTOREP, je crois que le texte serait plus satisfaisant.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, accepté par la commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 32, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour et Minetti, les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit le début du deuxième alinéa de l'article 2 :
« Dans l'objectif d'améliorer la couverture des charges liées à la dépendance des personnes âgées, la prestation fait l'objet ... »
La parole est à Mme Demessine.
Mme Michelle Demessine. Le texte de la proposition de loi indique que l'action et le montant de la prestation spécifique dépendance peuvent « faire l'objet d'une révision périodique ».
Avec notre amendement, nous proposons que cette révision périodique soit réalisée dans « l'objectif d'améliorer la couverture des charges liées à la dépendance ».
En effet, compte tenu du caractère non réversible de l'état de dépendance des personnes âgées, nous pensons qu'il faut indiquer que la révision périodique ne peut se traduire par une remise en cause des droits et avantages accordés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission ne peut pas accepter cet amendement. En effet, on nous propose, en définitive, une évolution de la prestation initiale exclusivement à la hausse au motif que la dépendance de la personne âgée ne serait pas réversible.
Vous le savez bien, mes chers collègues, le montant de la prestation sera déterminé, d'une part, en fonction de la situation de dépendance de la personne âgée, qui ira peut-être en s'aggravant dans le temps, mais d'autre part également, en fonction de l'environnement de cette personne et par référence à la grille AGGIR.
Il est bien évident que l'environnement peut varier suivant que la personne se trouve à domicile ou en établissement. Comme c'est un facteur qui peut jouer dans un sens ou dans un autre, l'amendement n'est pas recevable en l'état.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le Gouvernement fait sienne l'argumentation de M. le rapporteur et s'oppose à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 32, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 54 rectifié, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Huguet, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le deuxième alinéa de l'article 2, un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Le financement de la prestation spécifique dépendance est assuré par le conseil général et par un versement du fonds de solidarité vieillesse institué par l'article L. 135-1 du code de la sécurité sociale. Les modalités de versement sont fixées par décret. »
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Cet amendement vise à faire participer le fonds de solidarité vieillesse aux dépenses qui sont assumées aujourd'hui par les conseils généraux et qui ne feront que croître puisqu'une estimation laisse entrevoir une augmentation annuelle d'environ 10%.
La loi de 1975 contraint les départements à payer des sommes considérables. C'est pourquoi nous demandons que la solidarité nationale s'exprime par le biais du fonds de solidarité vieillesse. C'est d'ailleurs pour cela qu'avait été prévue, au départ, la non-déductibilité de la CSG. Depuis, le dispositif a changé, et nous demandons qu'il soit remis en vigueur et que ce fonds participe au financement de la PSD.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Mme Dieulangard n'est pas à une contradiction près. Je lui rappellerai que, lorsque Mme Codaccioni avait prévu de faire financer la prestation autonomie par le fonds de solidarité vieillesse, nous avions tous reconnu, et moi le premier, en ma qualité de président du comité de surveillance de ce fonds, que cela aurait été difficile compte tenu des ressources du fonds et des charges qu'il supportait. Aujourd'hui, connaissant la situation du fonds de solidarité vieillesse, demander qu'il finance la prestation spécifique dépendance, c'est manquer de clairvoyance et de discernement.
Vous saviez très bien, madame Dieulangard, en proposant cet amendement, que nous ne pourrions pas lui donner une suite favorable. Comme Mme Demessine, vous avez dit tout à l'heure que le coût de la prestation spécifique dépendance pour les conseils généraux serait plus lourd que celui qu'ils assument actuellement. Ce n'est pas vrai, puisque les ressources qui seront prises en compte seront au même niveau que celles qui sont prises en compte aujourd'hui avec l'ACTP.
Mme Michelle Demessine. Il y aura plus de personnes dépendantes !
M. Alain Vasselle, rapporteur. Cela ne représente donc pas pour les conseils généraux un coût supplémentaire. Je le dis avec la plus grande honnêteté, pour lever toute ambiguïté et tout quiproquo.
L'avis de la commission est donc défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le président du comité de surveillance du fonds de solidarité vieillesse vient d'exprimer très exactement l'avis du Gouvernement.
Madame Dieulangard, le fonds de solidarité vieillesse n'a pas les moyens actuellement de consacrer des sommes à cette prise en charge, étant entendu qu'il joue pour équilibrer la branche vieillesse et que, ce faisant, il permettra le maintien d'un engagement très soutenu des caisses vieillesse pour l'aide ménagère à domicile. C'est pourquoi je suis amené également à refuser cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 54 rectifié.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Que le Fonds de solidarité vieillesse n'ait pas les moyens, j'en suis d'accord, mais que la prise en charge de la dépendance ne rentre pas dans ses attributions, là je suis en total désaccord. Ce fonds était prévu aussi pour assurer la prise en charge de la dépendance, monsieur le ministre !
M. le rapporteur nous dit que cette proposition de loi n'augmentera pas les charges des départements. C'est vrai aujourd'hui, c'est même l'objet de cette proposition de loi. Cependant, monsieur le rapporteur, je vous rappellerai un des chiffres que vous avez vous-même cités hier sur l'évolution prévisible de la démographie : un enfant sur deux qui naît aujourd'hui mourra centenaire. Il y a tout de même fort à parier que, demain, après-demain ou dans dix ans, les conseils généraux auront des charges supplémentaires à assumer.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Nous en reparlerons dans un siècle !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 54 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, modifié.

(L'article 2 est adopté.)
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, des bruits ont circulé quant à l'éventualité d'une séance de nuit. Or, je constate que nous avons examiné en une heure une douzaine d'amendements. Le « braquet » est donc correct.
Si nous siégeons cet après-midi jusqu'à dix-neuf heures trente ou vingt heures et reprenons nos travaux demain matin à neuf heures trente, nous devrions avoir terminé l'examen de ce texte demain avant le déjeuner.
M. Emmanuel Hamel. Demain matin, on ne pourra pas circuler !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Si, mon cher collègue, en venant tôt !
Monsieur le président, sauf si vous étiez d'avis contraire ou si le Gouvernement souhaitait poursuivre l'examen du présent texte ce soir, il ne semble pas nécessaire de prévoir une séance de nuit.
M. le président. La présidence vous suit tout à fait, monsieur Fourcade.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le Gouvernement est à la disposition du Sénat. Mais M. Gaymard, qui va venir me remplacer bientôt - ce dont d'ailleurs je vous prie de m'excuser - ne pourra pas rester au Sénat au-delà de dix-neuf heures trente. C'est la seule contrainte du Gouvernement, monsieur le président.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Le cas échéant, nous pourrons siéger demain jusqu'à treize heures trente pour terminer l'examen de ce texte avant le déjeuner.
M. le président. Tout à fait !
Le meilleur moyen d'y parvenir est de poursuivre dès maintenant l'examen des articles.

Article 3

M. le président. « Art. 3. _ Pour l'instruction et le suivi de la prestation spécifique dépendance, le département peut conclure des conventions avec des institutions et organismes publics sociaux ou médico-sociaux, notamment les centres communaux ou intercommunaux d'action sociale, ou des associations. Ces conventions doivent être conformes à une convention cadre fixée par arrêté conjoint du ministre chargé des personnes âgées et du ministre chargé des collectivités territoriales, pris après avis des représentants des présidents de conseils généraux et des maires. »
Sur cet article, je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 33, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour et Minetti, les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase de cet article, de remplacer les mots : « le département peut » par les mots : « les organismes de sécurité sociale peuvent ».
Par amendement n° 55, Mme Dieulangard, MM. Huguet et Peyronnet, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase de ce même article, de remplacer les mots : « peut conclure » par le mot : « conclut ».
La parole est à M. Fischer, pour présenter l'amendement n° 33.
M. Guy Fischer. L'article 3 de la proposition de loi vise à confier aux départements l'instruction et le suivi de la prestation spécifique servie aux personnes âgées dépendantes.
Nous voyons pour notre part dans cette solution deux inconvénients majeurs.
Le premier de ces inconvénients est sans conteste celui de l'inégalité de situation qui risque de s'instaurer d'un département à l'autre, ce qui sera préjudiciable aux personnes âgées dépendantes.
Les départements où le nombre de personnes âgées dépendantes est élevé et où, en même temps, le potentiel fiscal est limité risquent d'être conduits à renforcer les critères d'attribution de la prestation spécifique afin de limiter leur engagement financier. La grille AGGIR a, certes, le mérite d'exister et de permettre de corriger les trop grandes distorsions qui pourraient être constatées. Elle est cependant susceptible d'interprétations plus ou moins larges par les départements, ce qui conduira immanquablement à des inégalités entre eux.
Le deuxième inconvénient du système proposé en matière d'instruction et de suivi de la prestation, c'est qu'il risque de se révéler coûteux pour les départements, qui, de surcroît, n'ont pas bien souvent les outils techniques et humains nécessaires.
Pour pallier ces deux inconvénients, les auteurs de la proposition de loi suggèrent que les départements puissent, en quelque sorte, sous-traiter avec les organismes de sécurité sociale. La sécurité sociale deviendrait ainsi l'« instrument » des présidents de conseils généraux, ce qui est tout de même quelque peu incohérent, même si c'est reconnaître ses compétences et la qualité de ses outils techniques.
Nous proposons pour notre part de surmonter les deux obstacles que constituent ces inconvénients en confiant la gestion et le suivi de la prestation à la sécurité sociale, qui est tout à fait capable d'assurer ce rôle.
Cela assurerait une unité nationale dans la reconnaissance du degré de dépendance et des droits ouverts aux personnes âgées. Cela se traduirait en outre par des économies substantielles pour les départements, qui pourraient ainsi limiter le poids des impôts locaux sur la population.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard, pour présenter l'amendement n° 55.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Nous souhaitons une formulation plus impérative. Même si elle est traitée à l'échelle du département, on sait bien que la dépendance réclame avant tout une coordination locale entre l'ensemble des intervenants auprès des personnes âgées, car, les questions financières mises à part, le monde du maintien à domicile est aujourd'hui celui de la dispersion.
Nous avons déjà eu tout à l'heure l'occasion de dire que nous étions en parfait accord sur le principe de la coordination ; nous sommes seulement en désaccord sur la place qui est attribuée à ce principe dans la présente proposition de loi.
Les prestations servies dans le monde du maintien à domicile forment un ensemble quelque peu désuni : soins à domicile, portages de repas, gardes de nuit et aides ménagères. Rassembler les services qui assurent ces prestations se fera non pas de façon arbitraire mais de façon conventionnelle et contractuelle, autour et avec ceux qui sont les plus impliqués dans le maintien à domicile.
Les conventions ne doivent donc pas être facultatives, et c'est pourquoi nous souhaitons remplacer les termes « peut conclure » par le mot « conclut ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 33 et 55 ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. L'amendement n° 33 est un amendement de conséquence, comme les autres amendements relatifs au « cinquième risque » qui ont été déposés par le groupe communiste républicain et citoyen. Je confirme l'avis défavorable de la commission sur ces amendements.
Pour ce qui est de l'amendement n° 55, contrairement à Mme Dieulangard et à ses collègues qui souhaiteraient substituer aux mots « peut conclure » le mot « conclut », la commission désire laisser la faculté aux présidents de conseils généraux de signer ou non des conventions avec les organismes choisis parmi ceux que nous avons cités dans l'exposé des motifs du présent texte.
Par conséquent, la commission a également émis un avis défavorable sur l'amendement n° 55.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 33 et 55 ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Conformément à la position qui a déjà été la sienne lorsque la question a été abordée, le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 33.
S'agissant de l'amendement n° 55, l'argumentaire de M. le rapporteur est exactement celui que j'aurais moi-même développé. je suis donc également défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 55.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je m'étonne d'autant plus des réponses de M. le ministre et de M. le rapporteur que, en réalité, depuis fort longtemps - depuis 1984 au moins - il est fait obligation au département d'instaurer des plans gérontologiques ayant pour objet premier d'instaurer la coordination.
Par conséquent, l'amendement n° 55 n'introduit pas une nouveauté majeure. Son adoption permettrait au contraire aux retardataires de se précipiter dans la brèche ouverte il y a déjà plus de dix ans.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 55, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 56, Mme Dieulangard, MM. Huguet et Peyronnet, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter la première phrase de l'article 3 par les mots : « et les organismes régis par le code de la mutualité ».
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Les mutuelles bénéficiant d'un statut juridique distinct, il nous paraît opportun de les mentionner dans le texte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Favorable !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Favorable aussi.
M. Lucien Neuwirth. C'est très bien !
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Une fois n'est pas coutume !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 56, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 57, Mme Dieulangard, MM. Huguet et Peyronnet, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la deuxième phrase de l'article 3, de remplacer les mots : « ministre chargé des personnes âgées » par les mots : « ministre ayant en charge les personnes âgées ».
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Les personnes âgées ne faisant pas toujours l'objet d'un ministère à part entière, il nous semble opportun d'apporter la modification présentée par cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La précision proposée dans cet amendement ne paraît pas utile à la commission. Par conséquent, elle émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat, parce qu'il ne voit pas la différence.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 57, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3, modifié.
M. Guy Fischer. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.

(L'article 3 est adopté.)

Article additionnel après l'article 3

M. le président. Par amendement n° 58, Mme Dieulangard, MM. Huguet et Peyronnet, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« Un fonds est créé au niveau de chaque département afin de prendre en charge les indemnités des salariés qui apportent leur aide aux bénéficiaires de la prestation spécifique dépendance à domicile lorsque ceux-ci perdent leur emploi pour des raisons d'hospitalisation ou de décès de ces derniers. »
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Nous proposons la création d'un fonds à l'échelon de chaque département afin de gérer les indemnités des salariés apportant leur aide aux bénéficiaires de la prestation spécifique dépendance à domicile perdant leur emploi pour raison d'hospitalisation ou de décès du bénéficiaire.
Nous avons déjà eu l'occasion de souligner à plusieurs reprises les dangers et les carences de la contractualisation de gré à gré lorsque l'aide est apportée à domicile, notamment du fait de l'absence d'un véritable statut et de garanties d'emploi.
Par cet amendement, nous proposons une solution pour remédier à la précarité presque inhérente à cette relation de travail un peu particulière puisqu'elle concerne par nature des publics très fragiles physiquement et psychologiquement. Il convient de donner des garanties minimales aux personnes qui interviennent à domicile et qui peuvent être licenciées, parfois au bout d'une très courte période d'emploi, par exemple à la suite d'une hospitalisation de leur employeur, d'une évolution de sa santé, d'une diminution de sa prestation ou, plus tristement, de son décès.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission estime qu'à travers son amendement Mme Dieulangard soulève un véritable problème. Il est vrai que la situation actuelle mérite réflexion.
Je l'ai dit tout à l'heure, j'ai d'ailleurs appelé l'attention de M. le ministre sur le fait que de plus en plus de contentieux devant les prud'hommes étaient liés à des relations de travail entre personne âgée et intervenant à domicile.
Par ailleurs, l'intervenant qui perd son emploi du fait du décès de son employeur, lorsqu'il s'agit d'un emploi direct, est pénalisé dans la mesure où le décès n'est pas considéré comme un cas de force majeure, ce qui le met dans une situation particulièrement difficile.
Il s'agit donc d'un véritable problème mais la solution que vous préconisez, madame Dieulangard, ne me paraît pas suffisamment élaborée pour être recevable en l'état.
La commission est donc défavorable à cet amendement, bien qu'elle reconnaisse le bien-fondé des inquiétudes des auteurs de cette proposition.
J'espère, monsieur le ministre, que nous parviendrons à trouver une solution à ces problèmes, dus, en fait, aux exonérations de charges accordées aux personnes âgées recrutant directement des personnes pour les aider à domicile.
Cela étant, convenons que la personne âgée lorsqu'elle décide ainsi de recruter une aide à domicile le fait en toute connaissance de cause et peut être éclairée tant par les membres de sa famille que par les associations auxquelles, souvent, elle ne manque pas de faire appel.
Par conséquent, il ne faut pas déresponsabiliser les personnes qui font ce choix.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Absolument !
M. Alain Vasselle, rapporteur. Peut-être faut-il les éclairer dans leur choix afin qu'elles ne rencontrent pas de telles difficultés. Pour autant, faut-il légiférer pour résoudre ce problème ? Je n'ai pas la réponse à cette question. Peut-être convient-il d'examiner la manière de mieux conseiller les personnes âgées.
Cela étant dit, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le Gouvernement émet, lui aussi, un avis défavorable.
Le problème soulevé par Mme Dieulangard me donne l'occasion de préciser que le passage par les associations présente un intérêt certain.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Effectivement !
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je suis de ceux qui pensent - et je parle en tant que président de conseil général - que le partenariat associatif s'impose. Progressivement, grâce aux abattements de charges sur les salaires en bas de la hiérarchie, on aboutit aujourd'hui à une quasi-équivalence entre le coût du travail d'une personne qui est directement employée par la personne âgée et celui d'une personne qui est embauchée par le biais d'une association.
J'estime sincèrement que M. le rapporteur a apporté une première réponse tout à fait pertinente. On ne peut pas demander aux personnes âgées qui souhaitent vraiment recruter directement une aide de ne pas assumer une part du risque que cela représente. Je reste convaincu que, à l'avenir, le secteur associatif devra, sinon avoir le monopole des emplois d'aides aux personnes âgées, du moins couvrir la plupart des cas. Certains restent toujours à régler mais, comme l'a dit M. le rapporteur, il faudra alors que les personnels soient informés de cette situation.
Cela démontre, me semble-t-il, que le passage par le tissu associatif est, en la matière, nettement préférable. De plus, cela permet de garantir que les personnels concernés recevront une formation.
La question que vous avez posée n'en est pas moins réelle, mais c'est dans cet esprit qu'il faut essayer d'avancer. L'expérience dira s'il faut en effet, dans certains cas, remédier à la situation.
Il me paraît prématuré d'adopter un tel amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 58.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je partage tout à fait l'opinion de M. le ministre, selon laquelle les associations sont tout à fait aptes et bien mieux positionnées pour employer ces salariés qui interviendront auprès des personnes âgées.
Aujourd'hui, tous les dispositifs qui sont mis en place pour inciter à la création d'emplois favorisent la contractualisation de gré à gré. En commission, ont été déposés des amendements visant à placer les associations dans les mêmes conditions de concurrence - même si le mot ne me plaît pas trop - que les salariés individuels.
On connaît la fragilité des personnes âgées et leur incapacité souvent à être des employeurs. Certes, les associations sont plus aptes, mais rien n'incite à la contractualisation dans le cadre des associations. C'est une première remarque.
Ma seconde remarque s'adresse à M. le rapporteur. Il faut effectivement ne pas déresponsabiliser les personnes âgées. Mais encore faut-il tenir compte de l'état dans lequel elles sont souvent.
Pour bénéficier de la prestation spécifique dépendance, il ne faudra pas disposer d'un revenu supérieur à 3 474 francs. Les personnes concernées devront constituer une réserve de fonds pour le paiement des indemnités de licenciement. L'effectivité de l'utilisation de la prestation spécifique dépendance sera contrôlée. Donc, ce n'est pas sur le montant de cette prestation qu'elles pourront mettre de l'argent de côté pour assurer le paiement desdites indemnités. Les arguments de M. le rapporteur et de M. le ministre sont tout à fait contestables.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. En matière de charges sociales, nous arrivons à une quasi-neutralité, à quelques francs près, grâce à la ristourne dégressive sur les salaires des emplois moins qualifiés.
Toutefois, force est de reconnaître qu'il reste des distorsions sur le plan fiscal. Personnellement, je pense qu'il faut arriver à une neutralité, même si je ne peux pas parler au nom de Bercy.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 4

M. le président. « Art. 4. _ Le montant de la prestation spécifique dépendance, fixé par décret par référence à la majoration pour aide constante d'une tierce personne visée à l'article L. 355-1 du code de la sécurité sociale, est modulé en fonction du besoin de surveillance et d'aide requis par l'état de dépendance de l'intéressé, tel qu'il est évalué par une grille nationale fixée par voie réglementaire. Cette modulation tient également compte de l'environnement de l'intéressé et, le cas échéant, des aides ayant un caractère régulier qui lui sont apportées. »
Sur cet article, je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 20, Mme Joëlle Dusseau propose de rédiger comme suit le début de cet article :
« Le montant de la prestation spécifique dépendance, fixé par décret, est au minimum égal à la majoration pour aide constante d'une tierce personne visée à l'article L. 355-1 du code de la sécurité sociale. Il est modulé en fonction... »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 59 Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Huguet et Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase de l'article 4, de remplacer les mots : « par référence à la majoration pour aide constante d'une tierce personne visée à l'article L. 355-1 du code de la sécurité sociale » par les mots : « par référence à trois fois le montant du fonds national de solidarité ».
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Nous proposons de définir le montant de la prestation par référence à trois fois le montant du minimum vieillesse, soit à peu près 9 700 francs. En effet, le montant de la prestation, tel qu'il résulte du texte, même si on sait qu'il sera fixé par décret est notoirement insuffisant. Nous pouvons faire le même constat s'agissant des conditions de ressources.
Si les chiffres cités étaient retenus dans les décrets prévus, cette prestation ne permettrait pas de faire face aux besoins réels des personnes et, par voie de conséquence, aurait une très faible incidence en matière de création d'emplois.
Compte tenu des raisons évoquées dans l'exposé des motifs pour justifier le recours à une situation transitoire - difficultés économiques et financières, et nécessité de redresser les comptes publics - nos craintes nous paraissent fondées. C'est pourquoi nous déposons cet amendement visant à calculer le montant par référence à trois fois le montant du minimum vieillesse.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Nous avons émis un avis défavorable, d'autant que nous avons renvoyé à un décret le soin de fixer le montant de la prestation. La précision proposée par Mme Dieulangard et ses collègues n'a pas, selon nous, à figurer dans le texte, même à titre de référence, surtout si le montant correspond à trois fois le montant du fonds national de solidarité. En effet, qu'en serait-il du coût ? Désormais, je comprends mieux la raison pour laquelle vous entendez faire financer la prestation par le fonds de solidarité vieillesse. Mais avec quelles ressources, madame Dieulangard ? Autrement dit, vous voulez que ce fonds soit en déséquilibre chronique, ce qui n'est pas raisonnable. Nous qui sommes des élus responsables, nous ne pouvons pas accepter un tel amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 59, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 34, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour et Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de supprimer la dernière phrase de l'article 4.
La parole est à Mme Demessine.
Mme Michelle Demessine. Notre amendement vise à supprimer la possibilité de moduler la prestation spécifique dépendance en fonction de l'environnement de l'intéressé et, le cas échéant, des aides ayant un caractère régulier.
En effet, je crains que cette disposition de loi ne conduise à réduire le montant de la prestation auquel pourraient prétendre certaines personnes âgées qui ont la chance de bénéficier d'une aide de leurs proches ou de leur famille.
Ainsi, des proches qui, soucieux de l'état de leurs aînés subissant une perte d'autonomie, se sacrifient parfois à leur chevet depuis plusieurs années risqueraient de se voir en quelque sorte pénaliser par rapport à ceux qui ne peuvent ou ne veulent s'occuper de leurs parents dépendants.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Cet amendement vise, en définitive, à supprimer les références à l'environnement et aux aides autres que celle qui serait apportée par une personne venant aider la personne âgée à domicile. Ainsi serait supprimée une grande partie de l'intérêt des dispositions que nous avons adoptées. C'est la raison pour laquelle nous avons émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Il faut maintenir le suivi de la personne âgée dépendante. Celui-ci sera d'autant mieux assuré que l'équipe médico-sociale qui l'assurera pourra tenir compte de tous les éléments, par exemple un isolement accru. Cela peut jouer favorablement dans l'appréciation des besoins. Il faut, là encore, laisser un peu les choses ouvertes. Aussi, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 34.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Mme Demessine se demande si les parents ou les proches des personnes âgées ne sont pas exclus de tout salaire. Je m'interroge aussi sur ce point. Je souhaiterais donc que l'on nous apporte des précisions à cet égard. Les proches des personnes âgées concernées peuvent-ils ou non être salariés, et donc bénéficier d'une partie du versement de la prestation spécifique dépendance ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Je puis rassurer M. Peyronnet sur ce point. En effet, l'amendement n° 11 de M. de Raincourt, que la commission a accepté, permettra de rémunérer des membres de la famille de la personne âgée et ceux-ci auront le statut de salarié.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4.

(L'article 4 est adopté.)

Article 5

M. le président. « Art. 5. _ La prestation spécifique dépendance se cumule avec les ressources de l'intéressé et, le cas échéant, de son conjoint ou de son concubin, dans la limite de plafonds fixés par décret.
« Si les deux membres du couple remplissent les conditions mentionnées à l'article premier, ils peuvent chacun prétendre au bénéfice de la prestation spécifique dépendance.
« Les rentes viagères ne sont pas prises en compte pour le calcul des ressources de l'intéressé, lorsqu'elles ont été constituées en sa faveur par un ou plusieurs de ses enfants ou lorsqu'elles ont été constituées par lui-même ou son conjoint pour le prémunir contre le risque de dépendance.
« Lorsque le bénéficiaire de la prestation spécifique dépendance réside en établissement, il est déduit, le cas échéant, de ses ressources une somme minimale maintenue à la disposition de son conjoint ou de son concubin demeurant à domicile.
« Les conditions d'application de cet article sont fixées par décret. »
Par amendement n° 35, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour et Minetti, et les membres du groupe communistre républicain et citoyen proposent, après les mots : « de son concubin », de supprimer la fin du premier alinéa de cet article.
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Par cet amendement, nous proposons, dans l'article 5, de supprimer la notion de plafonds fixés par décret qui limite les conditions d'attribution de la nouvelle prestation spécifique.
En premier lieu, nous refusons cette notion du fait de la conception que nous avons d'une allocation dépendance. Nous restons donc cohérents avec nous-mêmes.
Comme nous l'avons expliqué dans la discussion générale et lors de la présentation de certains des amendements du groupe communiste républicain et citoyen, il doit s'agir non d'une aide sociale, mais d'un droit. Son octroi ne peut donc être limité. Un droit est un droit, et tout le monde, quel que soit ses revenus, doit pouvoir en bénéficier, comme pour la prise en charge par la sécurité sociale et pour les allocations familiales.
C'est au niveau du financement que chacun doit contribuer à la mutualisation des risques selon ses revenus, et non au niveau des prestations servies.
En outre, notre opposition à la notion de plafond est renforcée par le niveau très bas que le Gouvernement s'apprête à fixer pour celui-ci.
Comme nous l'avons montré au cours de la discussion générale, avec un plafond de revenus fixé à 7 700 francs en cas de forte dépendance, seuls les plus démunis, ceux qui touchent le minimum vieillesse, ou moins encore, seraient concernés.
Bien sûr, les promoteurs de la proposition de loi indiquent qu'il s'agit d'une première étape et qu'en jouant sur les plafonds de ressources on pourra progressivement aller vers la prise en compte des personnes moins lourdement dépendantes.
Mais chacun voit bien qu'aujourd'hui la démarche du Gouvernement consiste, non plus à augmenter les plafonds, mais, comme le montre ce qui se passe s'agissant de l'allocation de rentrée scolaire, des projets relatifs au RMI et des allocations familiales, à économiser à tout prix sur la dépense publique ; il s'agirait plutôt de relever les planchers !
Nous craignons que le Gouvernement ne s'apprête à redéfinir par le bas les critères permettant d'obtenir les minima sociaux. Nous aurons l'occasion d'en discuter à nouveau lors de l'examen du projet de loi d'orientation concernant la cohésion sociale.
Nous devons donc écarter cette notion de plafond qui ne vise qu'à faire des économies sur le dos des personnes âgées subissant une perte d'autonomie.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Cet amendement s'inscrit encore dans la logique du cinquième risque, qui a été développée tout à l'heure. J'ai déjà indiqué la position de la commission sur ce point : elle est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. L'argumentation du Gouvernement est identique. Avis défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 35, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 60, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Huguet, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le troisième alinéa de l'article 5, un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Il est intégré pour le calcul des resssources de l'intéressé un pourcentage, fixé par décret, de son patrimoine mobilier et immobilier. »
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. L'objet de cet amendement est de modifier le profil des bénéficiaires de la PSD. En effet, dans l'état actuel du texte, les personnes qui ont de faibles pensions mais des revenus mobiliers ou immobiliers importants pourront bénéficier de la PSD. En revanche, n'en bénéficieront pas les retraités disposant de pensions à peine plus élevées que l'actuel plafond de ressources mais n'ayant pas par ailleurs de revenus du capital.
Ainsi, nous proposons d'intégrer dans le calcul des ressources une part de la valeur du patrimoine de la personne. En contrepartie, le plafond de ressources serait relevé, et nous avons fait des propositions à cet égard.
Le nombre de bénéficiaires de la PSD resterait le même, mais le profil de ces derniers serait modifié.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La solution proposée dans cet amendement n'est pas celle que nous avons retenue.
Nous développerons tout à l'heure, en examinant l'article 8, notre solution pour la prise en compte de l'actif des persnnes âgées à travers le recours sur succession.
La proposition de Mme Dieulangard n'a donc pas été retenue par la commission, qui m'a chargé de vous faire part de son avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le Gouvernement considère que le dispositif que la commission a retenu est préférable.
Par conséquent, il s'oppose à l'amendement n° 60.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 60, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5.

(L'article 5 est adopté.)

Articles 6 et 7

M. le président. « Art. 6. _ Lorsque le bénéficiaire de la prestation spécifique dépendance est hébergé dans un établissement de santé pour recevoir des soins de courte durée, de suite ou de réadaptation mentionnés au a et au b du 1° de l'article L. 711-2 du code de la santé publique, le président du conseil général en est informé par le bénéficiaire, le cas échéant son tuteur, ou l'équipe médico-sociale mentionnée à l'article 12. En fonction de la nouvelle situation de l'intéressé, le président du conseil général peut réduire le montant de la prestation spécifique dépendance ou en suspendre le versement dans des conditions fixées par voie réglementaire. » - (Adopté.)
« Art. 7. _ La prestation spécifique dépendance n'est cumulable ni avec l'aide à domicile mentionnée à l'article 158 du code de la famille et de l'aide sociale, ni avec l'allocation compensatrice instituée par le paragraphe I de l'article 39 de la loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées ni avec la majoration pour aide constante d'une tierce personne prévue à l'article L. 355-1 du code de la sécurité sociale. » - (Adopté.)

Article 8

M. le président. « Art. 8. _ L'attribution de la prestation spécifique dépendance n'est pas subordonnée à la mise en oeuvre de l'obligation alimentaire définie par les articles 205 à 211 du code civil.
« Des recours en récupération des sommes équivalant au montant de la prestation spécifique dépendance attribuée sont exercés par le département :
« a) Contre le bénéficiaire revenu à meilleure fortune ou contre la succession du bénéficiaire ;
« b) Contre le donataire lorsque la donation est intervenue postérieurement à la demande ou dans les dix ans qui ont précédé celle-ci ;
« c) Contre le légataire.
« Le recouvrement des sommes mentionnées au deuxième alinéa s'exerce sur la partie de l'actif net successoral qui excède un seuil fixé par décret.
« Tous les recouvrements relatifs au service de la prestation spécifique dépendance sont opérés comme en matière de contributions directes.
« Lorsque les recours en récupération sont portés devant le tribunal de grande instance ou la cour d'appel, le ministère d'avoué n'est pas obligatoire.
« Les dispositions de l'article 148 du code de la famille et de l'aide sociale sont applicables pour la garantie des recours en récupération prévus par le présent article lorsque la prestation est versée en établissement. »
Je suis saisi de sept amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 36 est présenté par Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 61 rectifié est déposé par Mme Dieulangard.
Tous deux tendent à supprimer les huit derniers alinéas de l'article 8.
Par amendement n° 37, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter in fine le troisième alinéa a de l'article 8 par les mots : « sauf si celle-ci a lieu au profit du conjoint, des enfants ou de la personne qui de façon effective et constante a assumé la charge du bénéficiaire ; ».
Par amendement n° 38, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de supprimer le quatrième alinéa b de l'article 8.
Par amendement n° 39, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le quatrième alinéa b de l'article 8, de remplacer le mot : « dix » par le mot : « trois ».
Par amendement n° 40, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le sixième alinéa de l'article 8, de remplacer les mots : « fixés par décret » par les mots : « de 800 000 francs réactualisés annuellement, en fonction de l'indice du coût de la construction ».
Enfin, par amendement n° 41 rectifié, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti, et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, après le septième alinéa de l'article 8, d'insérer un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu'une succession est constituée, en tout ou partie, d'une exploitation agricole ayant permis ou permettant l'installation d'un jeune agriculteur, il ne peut y avoir recours sur les biens constituant cette exploitation, aussi bien pour la prestation servie à domicile que pour celle servie en établissement. Un décret fixera les conditions d'application de cette disposition. »
La parole est à Mme Demessine, pour défendre l'amendement n° 36.
Mme Michelle Demessine. Avec cet article 8, les auteurs de la proposition de loi suggèrent de permettre la récupération sur succession d'une partie de ce qui aura été versé aux quelques personnes âgées dépendantes qui auront la chance d'avoir perçu la prestation spécifique.
Ainsi, après avoir limité les conditions d'accès à la nouvelle prestation, il nous est proposé de reprendre d'une main une bonne partie de ce qui aura été versé de l'autre après le décès de la personne bénéficiaire.
Nous ne sommes donc pas face à une entreprise d'amélioration globale du sort des personnes âgées dépendantes, mais plutôt face à une entreprise de rationnement des dépenses publiques.
C'est en tout cas un recul par rapport aux conditions d'attribution de l'actuelle ACTP aux personnes âgées dépendantes qui, je le rappelle, n'était pas récupérable sur les successions au profit de l'époux, des enfants du bénéficiaire de l'allocation ou au profit des personnes qui en ont assumé la charge.
Il convient également de considérer que la récupération sur succession ne pourra qu'avoir un effet dissuasif sur les personnes âgées, qui hésiteront à demander une prestation qui reviendrait à déshériter partiellement leurs enfants ou les personnes qui les ont aidés.
Voir nos collègues, d'habitude si attachés à la propriété, proposer de s'en prendre au droit d'hériter est une chose suffisamment rare pour qu'elle mérite d'être soulignée ! On ne peut que s'en étonner alors qu'à l'occasion de la discussion du projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, en avril dernier, ils se sont battus pour alléger les droits de mutation portant sur la transmission des entreprises, et au moment où tout semble indiquer qu'ils s'apprêtent à alléger encore l'impôt de solidarité sur la fortune.
On nous propose donc, d'un côté, de frapper les petites successions des bénéficiaires peu fortunés de la nouvelle prestation dépendance pendant que, de l'autre, on essaie d'alléger les successions concernant les entreprises et l'impôt spécifique des plus fortunés.
Permettez-moi de vous dire, mesdames, messieurs de la droite, que vous vous montrez aussi durs avec les petits que vous faites preuve de laxisme à l'égard des puissants.
M. Guy Fischer. C'est bien vrai !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. C'est du Zola !
Mme Michelle Demessine. C'est donc cohérents avec nous-mêmes que nous proposons, pour notre part, que la nouvelle prestation ne soit ni soumise à l'obligation alimentaire ni susceptible de recours sur succession.
C'est tout le sens de l'amendement n° 36, que nous vous demandons d'adopter.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard, pour défendre l'amendement n° 61 rectifié.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je partage l'argumentation de Mme Demessine : il est intolérable de différencier les handicapés selon qu'ils ont plus ou moins de soixante ans.
Cette récupération sur succession, dont on sait bien qu'elle aura un effet dissuasif, ne peut être envisagée alors que les handicapés plus jeunes n'en feront pas l'objet et que certaines personnes, aujourd'hui bénéficiaires de l'ACTP, verront leur agrément disparaître demain et seront dès lors soumises à la récupération sur succession. Ce sont là des inégalités intolérables !
M. le président. La parole est à M. Fischer, pour présenter l'amendement n° 37.
M. Guy Fischer. Cet amendement a pour objet de compléter le troisième alinéa de l'article 8 en excluant toute récupération sur succession au détriment des enfants et petits-enfants des personnes âgées dépendantes ainsi que des personnes qui les auraient gracieusement prises en charge.
Il s'agit, vous l'aurez compris, mes chers collègues, d'un amendement que l'on pourrait qualifier d'amendement de repli. En effet, comme nous avons eu l'occasion de le dire en défendant l'amendement n° 36, nous sommes opposés au principe même d'un recours en récupération sur les frais occasionnés par la prise en charge de la perte d'autonomie.
Comme vous l'aurez compris, je pense, notre conception n'est pas celle d'une prestation d'aide sociale, mais nous souhaitons la mise en oeuvre d'un droit qui, pris en charge grâce à la sécurité sociale, n'est pas récupérable.
Néanmoins, puisque cette logique est refusée depuis le début de ce débat par la majorité de notre assemblée, il me semble pour le moins nécessaire d'exclure des possibilités de recours sur les successions les enfants et les petits-enfants ainsi que ceux qui ont pris soin des personnes âgées en perte d'autonomie.
Cette disposition paraît très injuste pour les personnes âgées qui, leur vie durant, par leur travail et souvent en s'imposant des sacrifices, ont accédé à une modeste propriété qu'elles comptaient bien léguer à leurs enfants. Ainsi, si le montant de la propriété excède 250 000 francs, les héritiers directs ne pourraient conserver la maison familiale. Cette situation crée d'ailleurs souvent, chez les personnes âgées, un malaise psychique susceptible d'aggraver leur état de santé.
De peur de perdre leur bien, les petites gens...
M. Michel Mercier. Ce texte ne vise pas les petites gens !
M. Guy Fischer. ... risquent de renoncer au bénéfice de la prestation parce qu'elles sont très attachées au bien qu'elles ont souvent mis toute leur vie à constituer. Nous savons bien qu'aujourd'hui les trois générations sont interdépendantes, et nous restons logiques avec nous-mêmes.
Nous proposons, en outre, qu'une personne ayant à assurer la charge d'une personne en perte d'autonomie puisse être récompensée - si je puis dire, car je n'aime pas ce terme - d'une aide qu'elle a apportée le plus souvent de manière entièrement désintéressée.
M. le président. La parole est à Mme Demessine, pour défendre l'amendement n° 38.
Mme Michelle Demessine. Nous proposons de supprimer l'alinéa b de cet article, qui prévoit qu'un recours en récupération des sommes équivalant à la prestation spécifique dépendance peut être exercé contre les donataires du bénéficiaire lorsque la donation est intervenue postérieurement à la demande ou dans les dix ans qui ont précédé celle-ci.
Si nous avons déposé cet amendement de repli, cela ne signifie nullement que nous approuvions la possibilité du recours sur la succession dans les autres cas prévus par l'article 8 : nous avons proposé de supprimer cette possibilité. Mais nous voulons au moins repousser une disposition excessive, qui pourrait dissuader les personnes âgées et leur famille de solliciter la prestation spécifique dépendance.
Il n'est, en effet, pas raisonnable d'organiser un tel recours en récupération des sommes équivalant au montant des prestations. Une telle situation se traduirait par une considérable insécurité des donations effectuées.
Une personne âgée en parfaite santé ne pourrait ainsi effectuer une donation à ses enfants sans craindre que, si, dans les dix ans qui suivent, elle subit une perte importante d'autonomie - qu'elle ne peut évidemment pas prévoir - tout ou partie de la donation puisse être récupéré.
Remonter dix ans en arrière pour le bénéficiaire de la donation, c'est risquer de voir remettre en cause un projet de vie : achat d'une maison, financement des études de ses enfants ou simplement, compte tenu de la crise actuelle, possibilité d'assurer leur subsistance. Imagine-t-on les drames qui se cachent en perspective derrière cette disposition ? En tout cas, de nombreuses personnes âgées ayant aidé leurs enfants préféreront renoncer au bénéfice de la prestation spécifique dépendance plutôt que de voir leurs enfants spoliés par un recours sur leur succession.
C'est pourquoi je vous demande, mes chers collègues, d'approuver cet amendement.
M. le président. La parole est à M. Bécart, pour défendre l'amendement n° 39.
M. Jean-Luc Bécart. Avec cet amendement, notre groupe propose une alternative supplémentaire de repli au cas où nos amendements précédents seraient repoussés.
Pour nous, le recours sur les donations ne doit être possible que dans les trois ans qui ont précédé la demande.
Nous aurions évidemment préféré qu'aucun recours sur succession ne soit possible. Mais, puisque la majorité du Sénat va certainement en décider autrement, nous proposons que, de dix ans, le délai soit ramené à trois ans, ce qui correspond à un délai plus raisonnable pour la récupération des sommes ayant fait l'objet d'un recours en succession.
Alors que le délai pendant lequel il est possible de récupérer les sommes versées au titre de l'ACTP n'est actuellement que de cinq ans, un délai de dix ans paraît trop long, car il risque de pénaliser des personnes qui ont, par exemple, acheté un logement et qui risqueraient de devoir revendre leur bien pour rembourser les sommes correspondant à la prestation spécifique dépendance versée.
Revenir au délai de cinq ans prévu pour l'ACTP nous paraît encore trop long. Nous préférons, pour notre part, un délai de trois ans, qui évite les fraudes d'une personne qui se sent défaillir et décide de sauvegarder une partie de ses biens en prévision d'une demande de prestation spécifique dépendance qui risquerait d'écorner son patrimoine.
Nous proposons, pensons-nous, un compromis raisonnable.
M. le président. La parole est à Mme Demessine, pour défendre l'amendement n° 40.
Mme Michelle Demessine. Avec cet amendement de repli, nous proposons que la partie de l'actif net successoral sur lequel s'exerce le recouvrement des sommes faisant l'objet d'un recours en récupération au titre de la prestation dépendance ne porte que sur les sommes qui excèdent la somme de 800 000 francs, réactualisée annuellement en fonction de l'indice du coût de la construction.
En effet, un seuil de 300 000 francs paraît largement au-dessous de la valeur d'un grand nombre de logements modestes acquis au prix de nombreux sacrifices.
M. le président. La parole est à M. Bécart, pour défendre l'amendement n° 41 rectifié.
M. Jean-Luc Bécart. Avec cet amendement n° 41 rectifié, nous proposons de ne pas permettre les recours sur succession qui pourraient entraver l'installation de jeunes dans l'agriculture.
Selon toutes les prévisions officielles, un nombre important d'agriculteurs vont cesser leur activité en atteignant l'âge de la retraite dans les cinq ans à venir. De 800 000 agriculteurs encore en activité l'an dernier, nous risquons de descendre à moins de 400 000 d'ici à cinq ans, ce qui peut porter atteinte, notamment, à la sécurité alimentaire de notre pays. Et, quand on sait qu'un emploi direct dans l'agriculture génère en amont et en aval plusieurs emplois, cela a de quoi inquiéter. C'est d'ailleurs si inquiétant que le Gouvernement et les organisations syndicales de jeunes agriculteurs viennent de conclure, il y a quelques mois à peine, une charte nationale de l'installation, qui a fait l'objet d'un débat devant notre assemblée.
Ce débat a montré que les questions des locaux, du matériel et du foncier sont décisives si l'on veut compenser les départs et les cessations prévisibles d'activité de ces prochaines années.
Or, il apparaît à la lecture de cette proposition de loi que, compte tenu de l'extrême faiblesse des retraites agricoles, bon nombre de retraités agricoles seront en mesure de percevoir la nouvelle prestation spécifique de dépendance.
Dans ces conditions, la récupération des sommes versées au titre de la prestation spécifique dépendance aux anciens agriculteurs risque d'enrayer, voire, dans certains cas, de bloquer le processus d'installation que les syndicats agricoles souhaitent ardemment et que le Gouvernement s'est engagé à favoriser.
C'est pourquoi, par cet amendement, nous faisons appel au bon sens du Sénat et du Gouvernement pour qu'ils renonçent aux recours sur succession qui pourraient entraver l'installation des jeunes agriculteurs en les privant d'une partie des moyens de leur installation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 36, 61 rectifié, 37, 38, 39, 40 et 41 rectifié ?
M. Alain Vasselle, rapporteur, De manière générale, je tiens d'abord à préciser que, s'agissant du recours sur succession, nous avons déjà fait une avancée non négligeable par rapport au texte initial de la proposition de loi, puisque nous avons procédé à une harmonisation entre le recours concernant la personne qui était en établissement et le recours concernant celle qui était à domicile.
Je rappelle que, dans le texte initial, on récupérait au premier franc dans le premier cas et au-delà d'un seuil dans le second. Nous avons donc déjà fait un pas dans la direction de ce que souhaitent les auteurs d'amendements, même si le seuil à partir duquel s'appliquera le recours peut paraître trop faible aux yeux de certains. En tout cas, je ne peux pas laisser dire que l'on ne prend pas en compte la situation des familles les plus modestes qui se sont constitué un capital tout au long de leur vie.
L'amendement n° 36 ne se situe pas du tout dans la logique de ce que nous avons proposé et que je viens de rappeler à l'instant même. De plus, nous n'avons pas introduit l'obligation alimentaire. La commission a donc émis un avis défavorable.
Elle a également émis un avis défavorable sur l'amendement n° 61 rectifié, qui va dans le même sens, et a propos duquel je dirai à Mme Dieulangard qu'il ne faut pas confondre handicap et dépendance.
Par cette prestation spécifique dépendance, on a voulu sortir du système de l'invalidité. Si les personnes handicapées bénéficient, à travers l'ACTP, d'un accès à cette allocation dans des conditions tout a fait différentes de celles dont vont bénéficier les personnes âgées, c'est que - M. Bernard Seillier l'a rappelé à juste titre, ce matin, en commission des affaires sociales - elles n'ont pas pu se constituer un capital quand elles étaient jeunes, même celles d'entre elles qui ont pu travailler dans des centres d'aide par le travail ou qui ont exercé une petite activité. C'est l'une des raisons qui ont motivé une disposition de cette nature.
Il ne faut donc pas comparer la situation d'un handicapé et celle d'une personne qui est devenue dépendante avec l'âge, au-delà de soixante ans, voire parfois soixante-dix ans ou quatre-vingts ans, car on sait aujourd'hui que l'émergence de la dépendance se produit de plus en plus tard dans la vie grâce aux progrès de la médecine.
La commission est également défavorable à l'amendement n° 37, qui aboutit au même résultat que l'amendement n° 36.
Il en va de même pour l'amendement n° 38, qui, lui aussi, est un amendement de compromis par rapport à la proposition initiale, et pour les amendements n°s 39 et 40, ce dernier tendant à ce que le seuil fixé par décret s'élève à 800 000 francs.
Enfin, l'amendement n° 41 rectifié a semblé tout à fait sympathique à l'agriculteur que je suis. Mais une disposition de cette nature a-t-elle vraiment sa place dans un tel texte ? En tout état de cause, la commission s'est prononcée contre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les sept amendements ?
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Le Gouvernement a approuvé la proposition de loi sénatoriale, dont le recours sur succession était un élément, l'obligation alimentaire ayant, je l'observe, été écartée. Celle-ci ne me paraissait d'ailleurs ni gérable ni judicieuse.
Le recours sur succession se justifie pour un certain nombre de raisons que M. le rapporteur vient d'exposer excellemment. Je comprends ceux qui souhaitent que ce recours sur succession soit pratiqué avec un grand sens de la mesure et de l'équité. Le Gouvernement est très sensible à ce souhait. Il est certain que le recours sur succession doit être mis en oeuvre avec sagesse et mesure pour que les personnes puissent malgré tout transmettre à leurs héritiers un bien qui ne dépasse pas un certain montant. Je ne peux m'engager, en l'instant, sur des chiffres, mais il est évident que nous tiendrons compte des suggestions du Sénat.
Cela étant dit, le Gouvernement ne peut que s'opposer aux amendements n°s 36, 61 rectifié, 37, 38, 39, 40 et 41 rectifié, qui s'inscrivent dans une logique différente de celle de la proposition de loi telle que l'a voulue la majorité sénatoriale.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Sur cet article important, le groupe socialiste et le groupe communiste républicain et citoyen ont déposé de nombreux amendements pour essayer de modifier le dispositif.
Pour ma part, j'observe, en premier lieu, que le dérapage constaté de l'ACTP était dû essentiellement, d'une part, au fait que c'était une prestation en espèces et, d'autre part, au fait qu'il n'y avait aucune perspective de récupération.
Il est clair que, dans cette affaire, il fallait éviter que nos comptes sociaux ne s'enflamment et que les dépenses d'aide sociale ne croissent dans des proportions insupportables, qui se traduiraient à terme par une réduction de l'ensemble des prestations touchant tous les assujettis. En effet, hélas ! contrairement à ce qu'ont l'air de considérer certains, la ressource n'est pas infinie, et ce genre de démagogie se traduit toujours par une mise en cause des prestations elles-mêmes.
Nous essayons donc de remédier à la première dérive par le passage de l'espèce à la nature et à la deuxième par la récupération.
Malgré la demande de certains de nos collègues, nous avons écarté l'obligation alimentaire, d'abord, en raison du grand âge qu'atteignent les gens qui sont atteints de dépendance et, ensuite, parce que, dans la crise que connaît à l'heure actuelle notre société, les familles ne peuvent pas supporter à la fois le traitement de leurs parents et l'établissement de leurs enfants.
En revanche, nous voulons conserver une récupération sur succession, en équilibrant, comme l'a dit notre excellent rapporteur, la récupération pour l'allocation versée en établissement et celle qui est versée à domicile. A cet égard, nous souhaitons que le Gouvernement fixe un seuil raisonnable.
J'observe, en second lieu, monsieur le ministre - il faudra s'efforcer de résoudre ce problème avant la parution du décret - que les valeurs successorales ne sont pas les mêmes sur tout le territoire. L'amendement n° 41 rectifié, relatif aux jeunes agriculteurs, illustrait d'ailleurs cette disparité.
De fait, compte tenu de la baisse de la valeur d'un certain nombre de terres, une récupération à partir d'un certain seuil pourrait gêner une exploitation agricole, commerciale ou artisanale, mais non une famille propriétaire d'immeubles dans une grande agglomération où les prix sont relativement élevés.
Aussi, ne conviendrait-il pas, monsieur le ministre, de prévoir, dans le décret qui fixera le seuil de récupération, une espèce de modulation, en distinguant les zones fortement urbanisées, les zones normales, dirai-je, et les zones vraiment rurales, afin que la récupération sur succession soit égale ? Nous ne voudrions pas que la récupération soit confiscatoire dans certains cas et inutile dans d'autres.
J'insiste, mes chers collègues, nous ne pouvons pas généraliser les prestations ou les aides individuelles sans aucun système de récupération. Tous les élus locaux ici présents ont eu l'occasion de voir des bénéficiaires de l'aide départementale ou de l'aide sociale faire une donation à leur famille avant d'être placés dans un établissement d'hébergement, espérant ainsi mettre à la charge du département, de la société, la totalité de leurs obligations. Il faut éviter ce genre de choses. Ce mécanisme de récupération - nuancé, je l'espère - que nous mettrons en place permettra un bon fonctionnement du système.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Très bien !
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales. Pour faire écho aux propos de M. Fourcade, je dirai que c'est, bien sûr, dans l'esprit qu'il a évoqué que nous organiserons le dispositif lors de l'élaboration du décret d'application.
Actuellement, le recours sur succession, tel qu'il est pratiqué, comporte une franchise de 250 000 francs, avec doublement pour la propriété agricole. Il serait difficile de descendre en dessous de ce seuil. Il faudra plutôt voir comment on pourrait être au-dessus et voir si certaines situations peuvent être prises en compte.
C'est vrai, s'il n'est nullement question de confisquer les quelques actifs successoraux d'une famille, il ne faut pas non plus persévérer dans des abus dont nous avons tous des exemples.
Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez tous connu le cas d'enfants qui, après s'être désintéressés de leurs parents, viennent récupérer leurs biens à leur décès.
Cette société s'honore, certes, en apportant une aide à tous ceux qui en ont besoin, mais aussi en évitant qu'on aboutisse à un dispositif d'assistance aveugle dont les plus habiles seraient les premiers à profiter.
Ce dispositif sera appliqué de manière équilibrée. Nous avons bien écouté les auteurs des amendements et ceux qui se sont exprimés dans la discussion générale. Cela dit, le dispositif sénatorial a le mérite de moraliser la situation tout en évitant de solliciter de trop gros efforts de la part des familles, car telle n'est pas du tout notre intention.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 36 et 61 rectifié.
M. Bernard Seillier. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Seillier.
M. Bernard Seillier. Sans vouloir allonger ce débat, où tout a été dit, je tiens à affirmer, après avoir entendu les propos tenus par Mme Dieulangard, qu'il est important et juste de maintenir, dans la législation, une différence entre, d'une part, les handicapés de naissance...
M. Jean Chérioux. Exactement !
M. Bernard Seillier. ... ou ceux qui ont été accidentés au cours de leur vie et qui n'ont donc pas pu cotiser pour obtenir des droits propres et, d'autre part, ceux qui deviennent handicapés en raison de leur grand âge.
M. Jean Chérioux. Mme Dieulangard entretient cette confusion à dessein !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Sur ce sujet très délicat, relatif à la prise en charge des personnes handicapées, qu'elles soient handicapées avant soixante ans ou dépendantes après soixante ans, d'autres considérations que les seules considérations d'ordre financier doivent être prises en compte.
Monsieur Fourcade, je pense qu'il n'est pas démagogique de considérer que deux catégories de handicapés, de nature et d'origine différentes, bénéficiaires, puisque tel est le choix que vous avez fait, de prestations à peu près identiques puissent toutes les deux entrer dans le champ de l'aide sociale et soient traitées de façon égale.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. la parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Avec les amendements n°s 36 et 61 rectifié, nous sommes au coeur du sujet.
Si l'on se place dans la logique de la prestation relevant de l'aide sociale, je n'ai aucune objection à la récupération sur succession.
Les membres du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que ceux du groupe socialiste voudraient orienter le processus vers une prestation versée dans le cadre d'une solidarité nationale.
Monsieur Fourcade, vous me dites - et je le comprends - qu'une telle orientation n'est pas possible financièrement. Mais ce n'est pas nous qui, l'an dernier, à la suite de promesses faites pendant une campagne électorale, avons engagé la discussion, déposé un projet de loi et annoncé que 11 milliards de francs étaient disponibles.
Nous étions prêts à accorder nos suffrages à un tel dispositif. Nous souhaiterions donc que l'on revienne vers ce système qui n'alourdirait pas les charges des collectivés locales mais que l'Etat assumerait.
M. René Ballayer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Ballayer.
M. René Ballayer. Monsieur le président, je suis désolé de ne pas être en accord avec la commission à propos de cet article.
La loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées dispose qu'il n'est exercé aucun recours en récupération de l'allocation compensatrice à l'encontre de la succession du bénéficiaire décédé « lorsque les héritiers... sont son conjoint, ses enfants ou la personne qui a assumé, de façon effective et constante, la charge du handicapé ».
Monsieur le ministre, l'annonce de la prestation autonomie ouvrait des perspectives réconfortantes. Mais, si cette prestation est récupérable comme je viens de l'expliciter et contrairement à l'allocation compensatrice, ne risque-t-elle pas de provoquer un pénible sentiment de frustration ? Comment pensez-vous maintenir les personnes à leur domicile, essence même à mon avis de cette prestation de dépendance, et créer des emplois, si cette prestation est récupérable selon les modalités que je viens de décrire ?
Enfin, les conclusions de la commission, qui ne fait pas de différence entre l'hébergement en établissement et le maintien à domicile dans la mesure où les personnes âgées doivent être libres de choisir leur lieu de résidence me laissent vraiment pantois.
Je connais une femme, âgée de cinquante-sept ans, qui est devenue aveugle, atteinte par la maladie d'Alzheimer. Le médecin a décidé de la placer dans un centre spécialisé. Quinze jours plus tard, le mari et la fille la trouvent attachée à une chaise, ils décident de la faire revenir chez eux.
Je ne souhaite à personne de vivre une telle expérience, car s'occuper d'une personne aussi handicapée est un véritable sacerdoce.
Or, on va annoncer à cette famille qui a bénéficié de l'ACTP que l'Etat récupérera désormais ces sommes. Ce n'est pas possible ! C'est contraire à l'esprit d'équité et de générosité qui a toujours carastérisé M. Barrot, ce ministre que je connais bien et pour qui j'ai beaucoup d'estime.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Monsieur Ballayer, je voudrais vous apporter un éclairage supplémentaire pour que vous compreniez mieux les propositions de la commission.
Vous avez fait référence à l'ACTP. Mais, avec la prestation spécifique dépendance, nous sortons complètement du système de l'ACTP, ne réservant le bénéfice de cette aide qu'aux personnes handicapées relevant de la loi de 1975.
La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui crée une nouvelle prestation, la prestation spécifique dépendance, qui est une cousine germaine des prestations d'aide sociale. Elle s'inscrit de ce fait dans la logique de ces prestations. Telle est la raison pour laquelle la commission a prévu le recours en récupération sur succession. Elle ne l'a cependant pas complètement retenu pour les raisons qui ont été expliquées tout à l'heure par M. le président de la commission et par M. le ministre.
En effet, nous avons écarté la référence aux obligations alimentaires pour ne retenir que le recours en récupération sur succession et nous avons opté pour l'application d'un seuil pour ne pas pénaliser les familles modestes qui se sont constitué un capital tout au long de leur vie.
D'ailleurs, M. le ministre a eu l'amabilité de répondre tout à l'heure qu'il examinera les conditions d'application de ce seuil en fonction des diverses situations rencontrées sur l'ensemble du territoire national. Il suit ainsi la suggestion de M. Fourcade.
Compte tenu de la nature de la prestation et des objectifs que nous nous sommes fixés, nous avons adopté une disposition qui s'apparente à celles qui seront retenues pour les prestations d'aide sociale.
Il s'agit vraiment d'une prestation sui generis, comme l'a été le RMI. C'est une nouvelle prestation qui n'a rien à voir avec l'ACTP. Sans être complètement une prestation d'aide sociale, elle s'y apparente néanmoins, à la fois par les conditions d'attribution et la fixation de son montant.
Je voulais vous apporter cet éclairage pour que vous ne vous mépreniez pas sur les motifs qui ont guidé la commission, son rapporteur et son président, qui est le premier signataire de la proposition de loi.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 36 et 61 rectifié, repoussés par la commission et par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 11:

Nombre de votants 315
Nombre de suffrages exprimés 315
Majorité absolue des suffrages 158
Pour l'adoption 93
Contre 222

Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 41 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 8.
M. Guy Fischer. Le groupe communiste vote contre.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Le groupe socialiste également.
M. René Ballayer. Je vote contre !

(L'article 8 est adopté.)

Article 9

M. le président. « Art. 9. _ Les recours contre les décisions du président du conseil général mentionnées à l'article 2 sont formés devant les commissions départementales visées à l'article 128 du code de la famille et de l'aide sociale dans des conditions et selon les modalités prévues par cet article.
« Lorsque le recours est relatif à l'appréciation du degré de dépendance, la commission départementale visée à l'article 128 du code précité recueille l'avis d'un médecin choisi par son président sur une liste établie par le conseil départemental de l'ordre des médecins.
« Les décisions des commissions départementales sont susceptibles d'appel, dans les conditions fixées par l'article 129 du même code, devant la commission centrale d'aide sociale.
« Les recours, tant devant une commission départementale que devant la commission centrale d'aide sociale, peuvent être exercés par le demandeur, ou, le cas échéant, son tuteur, par le maire de la commune de résidence, par le représentant de l'Etat dans le département, ou par le débiteur des avantages de vieillesse de l'intéressé. Afin de pouvoir exercer son droit de recours, le maire concerné est informé des décisions relatives à la prestation spécifique dépendance dans un délai fixé par décret.
« Le ministre chargé des personnes âgées peut contester directement devant la commission centrale d'aide sociale les décisions prises soit par le président du conseil général, soit par les commissions départementales mentionnées au premier alinéa. Le délai de recours est fixé à deux mois à compter du prononcé de la décision. - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 9

M. le président. Par amendement n° 10, MM. de Raincourt, Michel Mercier, Paul Girod et Chérioux proposent d'insérer, après l'article 9, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'action du bénéficiaire pour le versement de la prestation spécifique dépendance se prescrit par deux ans. Ledit bénéficiaire doit apporter la preuve de l'effectivité de l'aide qu'il a reçue ou des frais qu'il a dû acquitter pour que son action soit recevable.
« Cette prescription est également applicable, sauf en cas de fraude ou de fausse déclaration, à l'action intentée par le président du conseil général, pour la mise en recouvrement des sommes indûment versées.
« Un décret précise le montant minimum en-deçà duquel la prestation n'est pas attribuée ou recouvrée.
« La prestation spécifique dépendance, en tant qu'elle est versée directement au bénéficiaire, est incessible et insaisissable. »
La parole est à M. Michel Mercier.
M. Michel Mercier. Cet amendement a pour objet d'organiser la prescription du droit à la prestation spécifique dépendance.
Il s'inspire des règles traditionnelles en la matière, qui relèvent de la réglementation de l'aide sociale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale. L'avis du Gouvernement est également favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 9.
Par amendement n° 26, MM. Paul Girod, Michel Mercier, de Raincourt et Chérioux proposent d'insérer, après l'article 9, un article additionnel ainsi rédigé :
« Sans préjudice des poursuites en restitution, le fait d'avoir frauduleusement perçu la prestation instituée par la présente loi est puni des peines prévues par les articles 313-1 à 313-3 du code pénal. »
La parole est à M. Michel Mercier.
M. Michel Mercier. Cet amendement s'inspire des mêmes motivations que l'amendement précédent. Il s'agit de prévoir que toute personne qui aurait frauduleusement perçu la prestation instituée par la présente proposition de loi sera punie selon les dispositions du code pénal, comme en matière d'aide sociale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Il s'agit là d'une précision que la commission a considérée comme tout à fait utile. Elle a donc donné un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 9.

Article additionnel avant l'article 10

M. le président. Par amendement n° 42, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour et Minetti et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 10, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai de deux ans à compter de la publication de la présente loi, puis tous les deux ans, le président du conseil général établit un plan départemental d'action en faveur des personnes âgées évaluant les besoins, précisant les modalités de coordination entre les différents intervenants, qu'il s'agisse d'organismes de sécurité sociale ou d'autres organismes, y compris les associations, et les objectifs à atteindre dans ce domaine.
« Ce plan qui est soumis pour avis conforme au conseil général est établi et périodiquement révisé après consultation d'une commission départementale de l'action en faveur des personnes âgées dépendantes comportant, à parts égales, des représentants : du président du conseil général, des organismes de sécurité sociale, du comité départemental des retraités et personnes âgées, des associations intervenant en faveur des personnes dépendantes, des associations familiales et de personnalités qualifiées dans le domaine sanitaire et social. Il est également transmis au comité régional de l'organisation sanitaire et sociale mentionnée à l'article L. 712-6 du code de la santé publique. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Notre amendement n° 42 reprend une idée que notre commission avait voulu introduire dans le projet de loi de l'an dernier.
Il s'avère en effet qu'une approche globale de l'ensemble des besoins et de l'action des départements en faveur des personnes âgées soit préférable à des actions par trop ponctuelles et non coordonnées.
Or, aujourd'hui, d'après les renseignements que nous avons pu obtenir, il semble qu'un nombre très limité de plans gérontologiques départementaux soient en vigueur.
C'est là un inconvénient qu'il semble utile de pallier et l'amendement de l'an dernier avait le mérite d'envisager des solutions profitables à toutes les personnes âgées, comme à la politique prévisionnelle qu'il convient d'engager pour que les départements sachent où ils vont.
Notre amendement n° 42 a également un autre mérite : celui d'associer aux élus les organismes de sécurité sociale, les comités départementaux des retraités et des personnes âgées, les associations familiales et d'aide aux personnes dépendantes pour établir cette politique prévisionnelle départementale.
Je crois en effet que tout le monde a intérêt à élaborer dans la concertation la politique départementale en faveur de l'ensemble des personnes âgées. En développant les complémentarités, elle y gagnera en cohérence.
Cette proposition donnerait également l'occasion d'un débat sur la question au sein de l'instance délibérante qu'est le conseil général. Elle aurait donc un effet dynamisant pour la démocratie.
J'espère donc que la Haute Assemblée adoptera cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission n'est pas du tout favorable à la proposition qui vient d'être faite par notre collègue M. Fischer pour la raison qu'il existe déjà, comme il vient de l'évoquer, des plans gérontologiques, des schémas médicaux et médico-sociaux, dont nombre de départements n'ont pas encore arrêté le contenu.
De plus, s'agissant d'un texte qui ne constitue que la première étape de l'ensemble du dispositif, cette proposition ne nous apparaît pas souhaitable et la commission y est défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement y est également défavorable pour les mêmes raisons, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 42, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 10

M. le président. « Art. 10. _ I _ Les dispositions du chapitre 7 du titre VI du Livre premier du code de la sécurité sociale relatives à la tutelle aux prestations sociales sont applicables à la prestation spécifique dépendance.
« II _ Les dispositions des articles 133 et 135 du code de la famille et de l'aide sociale sont applicables pour la prestation spécifique dépendance.
« III _ Les agents mentionnés à l'article 198 du même code ont compétence pour contrôler le respect des dispositions relatives à la prestation spécifique dépendance par les bénéficiaires de celle-ci et les institutions ou organismes intéressés. » - (Adopté.)

Article 11

M. le président. « Art. 11. _ Afin de favoriser la coordination des prestations servies aux personnes âgées dépendantes et d'accomplir les tâches d'instruction et de suivi, le département conclut des conventions avec les organismes de sécurité sociale et la Mutualité sociale agricole.
« Ces conventions doivent être conformes à un cahier des charges arrêté par le ministre chargé des personnes âgées après avis des représentants des présidents de conseils généraux, des organismes de sécurité sociale et de la Mutualité sociale agricole.
« Le comité national institué par le second alinéa de l'article 38 de la loi n° 94-637 du 25 juillet 1994 relative à la sécurité sociale est chargé de suivre la mise en oeuvre de ces conventions. »
Sur cet article, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 6, MM. Michel Mercier, de Raincourt, Paul Girod et Chérioux proposent de supprimer cet article.
Par amendement n° 68 rectifié, MM. Collard, Cabanel et Bimbenet proposent, dans le premier alinéa de l'article 11, de remplacer le mot : « département » par les mots : « président du conseil général ».
Par amendement n° 62, Mme Dieulangard, MM. Huguet, Peyronnet et les membres du groupes socialiste et apparentés proposent, dans le deuxième alinéa de l'article 11, de remplacer les mots : « ministre chargé des personnes âgées » par les mots : « ministre ayant en charge les personnes âgées ».
Par amendement n° 17, M. Neuwirth propose de compléter in fine l'article 11 par un alinéa ainsi rédigé :
« La mise en oeuvre de la présente loi fait l'objet d'un bilan annuel par le comité national mentionné à l'alinéa précédent. »
La parole est à M. Michel Mercier, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Michel Mercier. Il s'agit d'un amendement de conséquence, l'article 11 ayant été placé au début du texte.
M. le président. La parole est à M. Bimbenet, pour défendre l'amendement n° 68 rectifié.
M. Jacques Bimbenet. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 68 rectifié est retiré.
L'amendement n° 62 est-il soutenu ?...
L'amendement n° 17 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 6 ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 6, qui est la conséquence de l'adoption de l'amendement n° 4.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Favorable.
M. le président. Ja vais mettre aux voix l'amendement n° 6.
M. Roland Huguet. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Huguet.
M. Roland Huguet. Nous aurions préféré que les dispositions de l'article 11 figurent à cet endroit du texte et non au début. C'est ce qu'avait expliqué ma collègue tout à l'heure.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, accepté par la commission et par le Gouvernement.
Mme Michelle Demessine. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
M. Roland Huguet. Le groupe socialiste également.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 11 est supprimé.

Article additionnel après l'article 11

M. le président. Par amendement n° 1, M. Gournac propose d'insérer, après l'article 11, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - L'accroissement net de charges pour le département résultant du transfert de l'instruction, du traitement, et du suivi des dossiers relatifs à l'allocation compensatrice tierce personne fera l'objet d'une compensation financière de l'Etat dont les modalités seront précisées dans un décret en Conseil d'Etat.
« B. - La perte de ressources résultant de l'application du A ci-dessus est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Je retire cet amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 1 est retiré.

TITRE II

DE LA PRESTATION SPÉCIFIQUE DÉPENDANCE A DOMICILE

Article 12

M. le président. « Art. 12. - La prestation spécifique dépendance à domicile est attribuée pour répondre au besoin d'aide évalué par une équipe médico-sociale dont l'un des membres au moins se rend auprès de l'intéressé.
« Au cours de cette visite, l'intéressé, le cas échéant, son tuteur ou ses proches reçoivent tous conseils et informations en rapport avec l'état de dépendance de celui-ci. Ils sont, notamment, informés que l'équipe médico-sociale doit avoir connaissance de tout changement de situation de l'intéressé. Dans un délai fixé par décret, l'équipe médico-sociale propose un plan d'aide qui peut être refusé par l'intéressé ou, le cas échéant, son tuteur. »
Sur cet article, je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 63, Mme Dieulangard, MM. Huguet, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, dans le premier alinéa de l'article 12, après les mots : « équipe médico-sociale », les mots : « de proximité comprenant au moins un médecin, un travailleur social et un travailleur de l'aide à domicile ».
Par amendement n° 21, Mme Joëlle Dusseau propose, après les mots : « évalué par », de rédiger comme suit la fin du premier alinéa de l'article 12 : « au moins deux membres d'une équipe médico-sociale, l'un ayant des compétences médicales, l'autre sociales, qui se rendent auprès de l'intéressé. »
Par amendement n° 43, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour, Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, après les mots : « médico-sociale » de rédiger comme suit la fin du premier alinéa de l'article 12 : « dont au moins un médecin et un assistant des services sociaux se rend auprès de l'intéressé ».
La parole est à M. Huguet, pour présenter l'amendement n° 63.
M. Roland Huguet. Il est bien sûr déjà précisé, dans le texte, qu'une équipe médico-sociale effectuera la visite au domicile du demandeur. Elle comptera donc forcément un représentant du secteur médical, c'est-à-dire un médecin, et un représentant du secteur social, c'est-à-dire un travailleur social. Nous avons ajouté à cette énumération un travailleur de l'aide à domicile.
Nous pouvons, bien sûr, faire confiance au président du conseil général pour former cette équipe de la meilleure manière possible ; néanmoins il est préférable de le préciser dans le texte.
M. le président. L'amendement n° 21 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Bécart, pour défendre l'amendement n° 43.
M. Jean-Luc Bécart. Cet article 12 traite effectivement d'un important problème, celui des conditions d'examen des demandes d'attribution de la prestation spécifique dépendance.
Il nous semble à nous aussi souhaitable que la visite au domicile du demandeur soit effectuée par au moins deux personnes représentatives des différentes disciplines qui participent à l'aide aux personnes âgées dépendantes.
Nous estimons donc qu'en prévoyant la visite de deux personnes, l'un médecin, l'autre assistant des services sociaux, la qualité de la décision sera plus grande et, surtout, qu'elle prendra bien en compte tous les aspects du problème posé.
Nous souhaitons donc, avec cet amendement, bien préciser les choses et entourer d'une garantie qui nous paraît importante cette question de la visite à domicile.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendement n°s 63 et 43 ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Les auteurs de ces deux amendements souhaitent, contrairement à la commission des affaires sociales, préciser la composition de l'équipe médico-sociale.
Nous souhaitons, nous, donner le maximum de souplesse au dispositif et laisser au président du conseil général le soin d'apprécier la composition de cette équipe médico-sociale.
L'expérience nous prouve aujourd'hui que, dans les douze départements expérimentaux, les présidents de conseils généraux l'apprécient avec beaucoup de pertinence puisqu'ils font appel, d'une part, à une personne qui a des connaissances sur le plan médical et, d'autre part, à une personne qui a des connaissances suffisantes sur le plan social. Les connaissances qu'il faut recueillir au sein de l'équipe médico-sociale se retrouvent donc dans les équipes telles qu'elles ont été conçues dans les départements expérimentaux.
De plus, nous savons bien que les présidents des conseils généraux sont suffisamment avisés pour que la réponse effective aux besoins des personnes âgées soit la mieux adaptée compte tenu de leur situation.
La commission des affaires sociales n'a donc pas jugé bon de suivre les propositions qui nous sont faites et a émis un avis défavorable sur les amendements n°s 63 et 43.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 63 et 43 ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement pense qu'il faut laisser les départements maîtres de leur organisation en la matière. C'est pourquoi il n'est pas favorable à ces deux amendements.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 63, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43, repousssé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 64, Mme Dieulangard, MM. Huguet, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de supprimer la deuxième phrase du deuxième alinéa de l'article 12.
La parole est à M. Huguet.
M. Roland Huguet. Cet amendement tend à éviter une redondance.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Contrairement à ce que pensent Mme Dieulangard, MM. Huguet et Peyronnet, il n'y a pas redondance. L'article 6 ne concerne en effet que le court séjour alors que l'article 12 concerne l'intégralité des situations. Cette précision est donc utile dans l'article 12, et c'est la raison pour laquelle la commission est défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. Monsieur Huguet, l'amendement est-il maintenu ?
M. Roland Huguet. Il est retiré, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 64 est retiré.
Par amendement n° 18 rectifié, M. Huriet, Mme Bocandé et M. Lorrain proposent de compléter, in fine, l'article 12 par un alinéa ainsi rédigé :
« Au cours de son instruction, l'équipe médico-sociale consulte, lorsque le patient l'a choisi, le médecin généraliste que ce dernier désigne. Elle procède à la même consultation à l'occasion de la révision périodique de la demande de l'intéressé. »
La parole est à M. Huriet.
M. Claude Huriet. Au cours de la discussion générale, j'avais regretté, tout comme quelques collègues, que le rôle du médecin de famille ne soit pas reconnu dans la loi. Ce dernier apparaît pourtant particulièrement bien placé pour connaître les conditions sociale, financière, psychologique et morale dans lesquelles évolue la personne âgée dépendante.
Je souhaite donc que cette disposition puisse être inscrite dans la loi. Ce sera une satisfaction, qui ira au-delà d'une satisfaction morale, pour les médecins de famille qui souhaitent voir leur rôle toujours davantage reconnu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission est favorable à ce que la faculté soit donnée au patient de pouvoir consulter le médecin généraliste. Faut-il d'ailleurs préciser « médecin généraliste » ou écrire simplement « médecin » ? Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une précision utile.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est favorable à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 18 rectifié.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Joëlle Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Je suis tout à fait favorable à cet amendement, qui fait intervenir, avec l'accord de la personne intéressée, l'avis du médecin traitant qui la connaît particulièrement bien.
J'en profite pour vous prier d'excuser mon retard ; je n'ai donc pas pu défendre l'amendement précédent. Je regrette les votes du Sénat. Il me semblait en effet important, concernant la démarche de la commission qui va évaluer l'état de dépendance de la personne âgée, que soient prévus dans la loi un personnel médical et un personnel social ou psychosocial. Je sais que cela se fait dans un certain nombre de cas, mais il est souhaitable que ce soit la règle dans tous les cas.
Le fait de laisser le département libre peut amener quelquefois, me semble-t-il, à ne donner qu'un seul avis. Or, dans le cas complexe de la dépendance des personnes âgées, cet unique avis professionnel risque d'être insuffisant. J'approuve donc l'amendement n° 18 rectifié, mais je regrette que les amendements n°s 63, 21, 43 et 64, qui étaient pourtant tout aussi sages, n'aient pas été retenus par la Haute Assemblée.
M. Roland Huguet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Huguet.
M. Roland Huguet. Cet amendement me satisfait d'autant plus qu'il répond à un souhait que j'avais exprimé au cours de la discussion générale. Je le voterai donc.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je constate un très grand consensus sur cette disposition, et je remercie M. Huriet de cette importante précision.
Compte tenu des problèmes qui agitent aujourd'hui le monde médical, notamment la coexistence de plusieurs syndicats, je me demande, monsieur Huriet, si le remplacement du qualificatif « généraliste » par celui de « traitant » ne permettrait pas d'apaiser certaines tensions, voire certaines susceptibilités.
M. le président. Monsieur Huriet, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans ce sens ?
M. Claude Huriet. Je me rallie à la proposition de M. le président de la commission. Il a parfaitement compris, comme tous ceux qui sont intervenus, l'objet de mon amendement.
Il n'est pas possible d'insérer dans la proposition de loi la référence au médecin de famille, mais l'échange auquel nous avons procédé à l'instant montre que c'est essentiellement à lui que nous pensons.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 18 rectifié bis, présenté par M. Huriet, Mme Bocandé et M. Lorrain, et tendant à compléter in fine l'article 12 par un alinéa ainsi rédigé :
« Au cours de son instruction, l'équipe médico-sociale consulte, lorsque le patient l'a choisi, le médecin traitant que ce dernier désigne. Elle procède à la même consultation à l'occasion de la révision périodique de la demande de l'intéressé. »
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18 rectifié bis, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 12, modifié.

(L'article 12 est adopté.)

Article 13

M. le président. « Art. 13. - La prestation spécifique dépendance à domicile ne peut être utilisée qu'à la rémunération du ou des salariés qui apportent leur aide au bénéficiaire de celle-ci, du service d'aide à domicile qui a fait l'objet d'un agrément dans les conditions fixées par l'article L. 129-1 du code du travail ou des services rendus par la personne qui accueille ledit bénéficiaire tels que définis au 1° de l'article 6 de la loi n° 89-475 du 10 juillet 1989 relative à l'accueil par des particuliers, à titre onéreux, des personnes âgées ou handicapées adultes.
« Toutefois, la prestation spécifique dépendance peut être utilisée par toute personne remplissant les conditions posées à l'article premier et qui doit faire face à des dépenses autres que de personnel dont la nécessité a été constatée dans le cadre de la visite mentionnée à l'article précédent pour acquitter celles-ci dans la limite d'un plafond et selon des modalités d'attribution et de contrôle déterminés par décret. »
Par amendement n° 66 rectifié, Mme Dieulangard, MM. Huguet, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, dans le premier alinéa de cet article, après les mots : « ou des salariés », les mots : « demandeurs d'emploi, inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi, agréés et ayant bénéficié d'une formation appropriée. »
La parole est à M. Huguet.
M. Roland Huguet. Certes, la rédaction de notre amendement peut apparaître quelque peu restrictive par rapport à la possibilité, qui a été évoquée, d'accorder la prestation spécifique dépendance à des membres de la famille qui peut-être ne seraient pas demandeurs d'emplois. Mais, pour nous, l'attribution de cette prestation doit bénéficier à l'emploi. Nous insistons par conséquence pour que les bénéficiaires soient des demandeurs d'emploi.
Quant à la mention : « ayant bénéficié d'une formation appropriée », M. Barrot a bien voulu indiquer qu'il y était favorable.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Je comprends l'objectif qui est visé, eu égard à la situation de l'emploi, par M. Huguet et ses collègues, mais la rédaction qu'ils proposent aurait l'inconvénient majeur d'exclure les membres de la famille qui interviennent déjà à domicile auprès d'une personne âgée dépendante.
Cela dit, les dispositions que nous proposons nous-mêmes auront des retombées en termes de création d'emplois. Vous l'avez d'ailleurs reconnu en commission, monsieur Huguet, et vous avez donné l'exemple tout à fait intéressant de ce qu'il en était dans votre département.
Par conséquent, nous émettons un avis défavorable sur l'amendement n° 66 rectifié.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 66 rectifié.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Joëlle Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Cet amendement apporte, selon moi, des précisions intéressantes quant aux caractéristiques du salarié qui fournira une aide à la personne dépendante : il devra être demandeur d'emploi, agréé - je sais bien que nous avons eu un débat en commission sur l'agrément - et avoir bénéficié d'une formation appropriée.
L'intervention auprès de personnes âgées dépendantes exige une qualification tout à fait spécifique. Or l'amour, aussi indéfectible soit-il, ne donne pas une qualification ; il peut donner une sensibilité, une qualité relationnelle, et c'est déjà capital, mais il ne permet de savoir comment on peut travailler de la manière la plus appropriée auprès de personnes physiquement ou psychologiquement dépendantes.
C'est d'ailleurs pour cette raison que je suis hostile, sauf exception, à l'emploi d'un membre de la famille.
Nous avons donc une position radicalement opposée à celle du rapporteur. Nous considérons, nous, que les notions d'agrément - car l'agrément suppose une qualification - et de formation doivent figurer dans un tel texte.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 66 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 44, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour et Minetti, les membres du groupe communiste, républicain et citoyen proposent, dans le premier alinéa de l'article 13, après les mots : « aide à domicile », d'insérer les mots : « associatif ou dépendant d'organismes publics ».
La parole est à Mme Demessine.
Mme Michelle Demessine. Cet amendement tend à préciser que les services à domicile rémunérés par le biais de la prestation spécifique dépendance ne peuvent être le fait que de services associatifs ou dépendant d'organismes publics.
Les aides à domicile ont pour mission d'accomplir chez les personnes âgées un travail matériel, moral et social. Leur tâche dépasse les attributions d'une femme de ménage. Les aides à domicile doivent assurer une présence active de qualité auprès de la personne âgée et avoir suivi une formation qualifiante.
Ces personnels exercent leurs fonctions auprès des personnes subissant une perte d'autonomie et leur apportent une aide dans l'accomplissement des tâches et activités quotidiennes, leur permettant ainsi de se maintenir dans leur milieu de vie habituel et d'éviter les ruptures de liens sociaux.
Il s'agit d'une mission que l'on pourrait qualifier d'intérêt général et même de service public.
A notre avis, il n'est pas pensable que des entreprises privées, dont le but premier n'est pas de répondre aux besoins sociaux, puissent rechercher un quelconque profit dans ce secteur.
Les personnes âgées dépendantes ne sont pas un produit. Or, dans votre texte, rien ne s'oppose à ce qu'elles en deviennent un.
Nous savons que de grands groupes ont commencé à créer des structures pour intervenir dans ce secteur. Ne risque-t-on pas de voir de tels groupes se battre pour obtenir le « marché de la dépendance » ou faire pression pour que, par exemple, telle ou telle prestation jusque-là du ressort d'organismes publics soit privatisée, à leur bénéfice ?
Verra-t-on, après les scandales de l'eau, des scandales de la dépendance ?
Pour éviter de telles dérives, mieux vaut s'opposer dès maintenant à la possibilité qui est offerte par la proposition de loi d'une intervention à domicile d'entreprises dont le but principal reste tout de même le profit.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Mme Demessine se livre à un véritable procès d'intention à l'égard des entreprises. Il est bien évident que la Haute Assemblée ne peut pas suivre la proposition qui nous est faite et qui serait d'ailleurs contraire à l'article L. 129-1 du code du travail, récemment complété par la loi du 29 janvier 1996.
Notre avis est défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 44, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 22, Mme Joëlle Dusseau propose, dans le second alinéa de l'article 13, après les mots : « dans la limite d'un plafond », d'insérer les mots : « qui ne peut excéder 10 % de la prestation ».
La parole est à Mme Joëlle Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. A mes yeux, l'élément essentiel de ce texte est le fait de prévoir que la prestation sera une prestation en nature, c'est-à-dire qu'elle correspondra nécessairement à un service effectif.
Subsiste néanmoins le problème d'une partie de la prestation qui pourrait être versée directement à l'intéressé.
Le projet de Mme Codaccioni prévoyait un plafond de 10 %. J'ai repris cette idée, la proposition de loi renvoyant sur ce point à un décret. En effet, il me semble nécessaire de fixer dans la loi une limite à l'utilisation directe d'une somme d'argent par la personne âgée.
Selon moi, il faut que l'essentiel de cette prestation soit effectivement utilisée sous forme d'une aide apportée par des professionnels.
S'agissant du portage des repas, que M. le rapporteur avait notamment évoqué en commission, je voudrais qu'on s'assure que le prix du portage n'est pas supérieur au prix de ce qu'il y a dans l'assiette. (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Ce que nous avons voulu, avec le second alinéa de l'article 13, c'est faire en sorte que la personne âgée puisse bénéficier, à son domicile, non seulement du service d'une personne pour l'aider dans des actes essentiels de la vie quotidienne, mais également d'autres prestations en nature que celles qui sont spécifiquement servies aux personnes âgées.
Nous sommes allés jusqu'à imaginer que puissent être pris en charge, dans des limites qui seraient fixées par décret, une partie de travaux d'aménagement du logement de la personne ou le service de repas à domicile, auquel Mme Dusseau a fait allusion. A ce propos, bien entendu, il n'est pas question que la prestation prenne en charge le repas lui-même : il ne s'agit que du service.
Il ne me paraîtrait pas prudent de fixer dès à présent à 10 % la limite de ces prestations servies de manière connexe à la personne âgée.
Il est vrai que, lorsque nous avions étudié le texte déposé par Mme Codaccioni, nous avions envisagé le dépôt d'un amendement fixant une telle limite de 10 %, de manière que la personne puisse bénéficier d'une aide en espèces pour faire face à des besoins tels que l'incontinence. Mais, l'incontinence pourra être prise en considération grâce aux dispositions que nous avons prévues et qui sont beaucoup plus générales.
Madame Dusseau, je souhaite également vous répondre sur deux points de votre intervention précédente, concernant l'agrément et la formation. Vous pourrez constater, lorsque sera examiné un amendement après l'article 14, que nous abordons la question de la formation.
A partir du moment où nous aurons trouvé une solution concernant la formation des personnes qui interviendront à domicile, je pense que, du même coup, nous aurons réglé le problème de l'agrément parce que nous aurons l'assurance que les personnes qui interviendront chez la personne âgée auront une qualification telle qu'elles sauront éviter les erreurs qui ont été signalées notamment par Mme Dieulangard et que l'on peut effectivement redouter.
Peut-être, madame Dusseau, cette réponse sera-t-elle de nature à vous encourager à retirer votre amendement.
M. le président. Madame Dusseau, êtes-vous sensible à l'appel de M. le rapporteur ?
Mme Joëlle Dusseau. J'y suis sensible à condition qu'il soit bien établi que, dans l'esprit de notre assemblée, la plus grande partie de la prestation doit correspondre effectivement à des services spécifiquement destinés à des personnes âgées dépendantes.
Je crains qu'on ne commence à dire que, dans un certain nombre de cas, la prestation doit être versée en espèces, qu'on peut laisser le bénéficiaire en disposer à sa guise, et que, finalement, le décret ne soit pas suffisamment restrictif.
Si j'ai l'assurance que la rémunération des personnes qui apporteront des services constituera l'essentiel de cette prestation, je retirerai mon amendement.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Pour ma part, je ne peux que vous le confirmer, ma chère collègue. Je pense que M. le secrétaire d'Etat pourra également l'indiquer, ce qui évitera toute ambiguïté quant à l'interprétation du texte.
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. L'échange qui vient d'avoir lieu entre Mme Dusseau et M. le rapporteur illustre le point d'équilibre auquel nous devons parvenir.
C'est bien volontiers que je vous confirme, madame Dusseau, que l'état d'esprit du Gouvernement sur cette question très importante est en parfaite harmonie avec celui de la commission.
M. le président. Madame Dusseau, compte tenu des propos que viennent de tenir M. le rapporteur et M. le secrétaire d'Etat, retirez-vous votre amendement ?
Mme Joëlle Dusseau. Oui, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 22 est retiré.
Par amendement n° 45, Mme Demessine, M. Fischer, Mme Fraysse-Cazalis, MM. Leyzour et Minetti, les membres du groupe communiste, républicain et citoyen proposent de compléter l'article 13 par un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Les personnes rémunérées pour mettre en oeuvre la prestation spécifique dépendance doivent avoir reçu une formation suffisamment qualifiante, dispensée notamment à cet effet, définie par décret. Elles doivent également recevoir régulièrement une formation continue leur permettant d'approfondir les connaissances théoriques, pratiques et techniques en gériatrie. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Cet amendement tend à compléter l'article 13 par un alinéa additionnel qui indique que les personnes intervenant auprès des personnes âgées dépendantes doivent avoir reçu une formation spécifique.
Nous pensons, en effet, que l'intervention, du moins si elle est rémunérée - je ne parle évidemment pas de l'accompagnement que les familles ou des proches assurent par amour filial ou par amitié - doit être conditionnée par l'obtention d'une formation suffisamment qualifiante.
Nous voulons, d'abord, que les soins donnés à la personne en état de dépendance soient le fait d'une équipe médicosociale qui organise des soins coordonnés.
Bien sûr, il y a une réalité qui fait que des familiers ou des proches participent à des soins au sens le plus large. Nous ne voulons évidemment pas empêcher que ceux-ci puissent être rémunérés en échange de leur intervention auprès du bénéficiaire de la prestation autonomie.
Néanmoins, nous pensons que, s'il y a intervention, celle-ci doit se faire dans le cadre des soins coordonnés, sous surveillance de l'équipe médico-sociale, et qu'elle ne doit être pratiquée qu'après une formation minimale.
Il faut donc débloquer les moyens nécessaires pour permettre à ces personnes rémunérées de bénéficier d'une formation initiale, puis d'une formation continue en la matière.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Le problème de la qualification des agents ne nous a pas échappé, je viens de m'en faire l'écho auprès de Mme Dusseau.
L'amendement n° 7, qui nous sera proposé par M. Mercier, va apporter un début de réponse à la préoccupation de M. Fischer, qui est également la nôtre. Laissons venir cet amendement et laissons venir son application, en espérant que le problème commencera ainsi d'être réglé.
Par conséquent, l'avis de la commission est défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 45.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Nous voterons cet amendement, car il est à notre sens nécessaire que les personnes qui s'adonneront à de telles tâches soient effectivement formées pour cela.
J'attire l'attention sur le fait qu'une première dérive financière est déjà prévisible. Nous avons en effet l'expérience de ce qui s'est produit pour les assistantes maternelles : nous sommes exactement dans le même cas de figure !
Il faut donc savoir que les départements doivent déjà envisager, parce que c'est nécessaire, d'assurer la formation des personnes qui s'occuperont des personnes âgées. Je suis favorable à cette mesure, mais il est clair qu'elle constitue une charge supplémentaire pour les départements.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 45, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 13.

(L'article 13 est adopté.)

Article 14

M. le président. « Art. 14. _ La prestation spécifique dépendance est versée à son bénéficiaire dans des conditions qui lui permettent de ne pas faire l'avance du montant de celle-ci pour les frais autres que de personnel ou pour rémunérer son ou ses salariés ou le particulier qui l'accueille et accomplit les services mentionnés au 1° de l'article 6 de la loi n° 89-475 du 10 juillet 1989 relative à l'accueil par des particuliers, à titre onéreux, des personnes âgées ou handicapées adultes.
« Le cas échéant, elle est versée directement au service d'aide à domicile.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret. » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 14

M. le président. Par amendement n° 11, MM. de Raincourt, Michel Mercier, Paul Girod et Chérioux proposent d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai d'un mois à compter de la date de notification d'attribution de la prestation ou du changement de l'identité de l'aidant, le bénéficiaire fait déclaration auprès du président du conseil général, du nom de la ou des personnes ou des services d'aide à domicile auxquels il a recours.
« Il peut employer un ou plusieurs membres de sa famille à l'exception de son conjoint ou de son concubin. Il fait mention du lien de parenté avec son salarié dans sa déclaration et précise que ledit salarié n'est ni son conjoint ni son concubin.
« Le bénéficiaire de la prestation spécifique dépendance est informé qu'à défaut de la déclaration mentionnée au premier alinéa dans le délai fixé au même alinéa, la prise en charge de l'aide attribuée n'est pas assurée. »
La parole est à M. Michel Mercier.
M. Michel Mercier. Cet amendement a un double objet.
Tout d'abord, il tend à préciser que la personne qui se voit attribuer la prestation doit faire déclaration, auprès du président du conseil général, du nom de la personne ou des personnes ou bien encore des services d'aide à domicile auxquels elle a recours. Cette procédure est destinée à faciliter la vérification de l'effectivité de l'aide.
D'autre part, l'amendement vise à définir les personnes qui peuvent être rémunérées en tant que salariés des bénéficiaires de la prestation spécifique dépendance. Nous souhaitons que puissent être « aidants » les membres de la famille de la personne bénéficiaire, à l'exclusion du conjoint ou du concubin de celle-ci.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. La commission est favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 11.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Joëlle Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Je ne vais pas reprendre l'ensemble de mon argumentation, mais, vous le savez, j'émets quelques réserves sur l'emploi de membres de la famille.
Il me semble, en effet, que lorsque certains liens existent entre des individus d'une même famille, le fait qu'un parent soit expressément salarié pour s'occuper d'une personne âgée dépendante peut avoir pour conséquence de distendre les liens qu'entretient celle-ci avec les autres membres de la famille.
D'ailleurs, assez souvent, quand il y a plusieurs enfants, l'un d'eux se trouve tout naturellement chargé seul de la grand-mère ou du grand-père. Si, en plus, de l'argent est versé, ce réflexe sera plus général, et cela m'inquiète.
Par ailleurs, puisque l'on a parlé de jeunes au chômage, imaginons qu'il s'agisse d'une petite-fille ou d'une petite-nièce : quels seront alors les rapports entre la personne âgée et cette petite-fille ou cette petite-nièce ? La personne âgée va très bien savoir que cette jeune personne a des problèmes financiers et qu'elle n'a pas d'autre travail. Sera-t-elle aussi exigeante sur la ponctualité et sur la qualité du service qu'elle le serait avec une personne extérieure à la famille ? Je ne le pense pas, et je crains que ce ne soit à son détriment.
Enfin, dans un certain nombre de familles, on constate des cas de maltraitance sur des personnes âgées, raison de plus pour que la personne salariée soit un professionnel extérieur à la famille.
Cela étant, j'ai une remarque à formuler sur l'expression « conjoint et concubin », qui se trouvent ici exclus par l'amendement.
Mes chers collègues, nous avons eu ici même une série de débats où il apparaissait que tantôt le concubin était assimilé au conjoint et tantôt dissocié et renvoyé dans les ténèbres de l'extranéité. Pourtant, s'agit-il de payer des impôts comme tout le monde ? Le conjoint et le concubin ont le même statut. S'agit-il, monsieur Huriet, de la procréation médicalement assistée ? Le concubin est assimilé au conjoint, ce qui, du reste, est tout à fait positif. En revanche, s'agit-il de l'adoption ? Là, le couple concubin n'a en aucun cas le droit d'adopter un enfant. Or je constate que, soudain, la Haute Assemblée se rappelle que, au fond conjoints et concubins, c'est pareil, et elle propose de les assimiler. Je m'en réjouis, mais je souhaiterais qu'elle adopte sur ce point une position plus cohérente dans le temps !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 11.
M. Roland Huguet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Huguet.
M. Roland Huguet. Nous sommes, nous, favorables à cet amendement. Nous considérons en effet que l'exception du conjoint et du concubin suffit, et ce pour une raison bien simple, madame Dusseau : il y aura un suivi et il appartiendra aux personnes chargées du suivi de contrôler l'effectivité du travail et de vérifier si la personne est bien soignée. Nous pouvons donc être rassurés sur ce point.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 23 rectifié, Mme Joëlle Dusseau propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« La prestation spécifique dépendance ne peut être allouée afin de rémunérer une personne qui bénéficie déjà elle-même d'un avantage de vieillesse. »
La parole est à Mme Joëlle Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Cet amendement vise à faire en sorte que la prestation ne puisse être allouée pour rémunérer une personne qui bénéficie déjà elle-même d'un avantage vieillesse.
Il est assez fréquent, et même typique, que l'ACTP soit versée pour que la vieille épouse s'occupe du vieil époux ou l'inverse. La situation est déjà prévue par l'amendement de notre collègue Michel Mercier, qui a exclu du dispositif le conjoint ou le concubin. Cependant, il peut s'agir de personnes très âgées puisque, vous le savez, la moitié des personnes qui sont concernées par l'expérimentation ont plus de quatre-vingt-trois ans. Nous pouvons donc fort bien être confrontés au cas de personnes ayant passé soixante ans, elles-mêmes retraitées, qui pourraient faire de la prestation spécifique dépendance un complément de retraite.
Je propose donc que les personnes qui bénéficient déjà d'un avantage vieillesse ne puissent pas être retenues pour travailler auprès de personnes âgées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 12, MM. de Raincourt, Michel Mercier, Paul Girod et Chérioux proposent d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'un au moins des membres de l'équipe médico-sociale mentionnée à l'article 12 assure à la résidence du bénéficiaire de la prestation spécifique dépendance un suivi de l'aide qui comporte, notamment, un contrôle de l'effectivité de celle-ci, de son adéquation aux besoins de la personne et de la qualité du service rendu.
« Dans des conditions déterminées par décret en Conseil d'Etat, sur rapport de l'équipe médico-sociale mentionnée au premier alinéa, le service de la prestation spécifique dépendance est interrompu par le président du conseil général, lorsqu'il est manifeste que son bénéficiaire ne reçoit pas d'aide effective ou que le service rendu présente un risque pour la santé, la sécurité ou le bien-être physique et moral de celui-ci.
« En ce cas, après avis de l'équipe médico-sociale, le président du conseil général propose au bénéficiaire ou, le cas échéant, à son tuteur, des solutions de substitution. »
La parole est à M. Michel Mercier.
M. Michel Mercier. Cet amendement répond en grande partie aux inquiétudes qui viennent d'être formulées par Mme Dusseau. Il vise en effet à prévoir, à la fois pour contrôler l'effectivité de l'aide et pour vérifier qu'il y a bien aide et non maltraitance, des visites régulières de l'équipe médico-sociale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Tout à fait favorable. Cet amendement complète utilement le texte, notamment en ce qui concerne le suivi et le contrôle de l'effectivité, en donnant la possibilité au président du conseil général d'intervenir en cas de mauvais traitements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 12.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Nous avons déjà dit à quel point nous étions attachés à ce contrôle, à cette vérification, à ce suivi, qui apparaissent tout au long du texte, et c'est bien. En revanche, on ne voit nulle part apparaître la notion de contrôle des conditions minimales dans lesquelles la personne rémunérée travaillera. Je pense ici à un statut qui serait équivalent à celui des employés de maison et régi par leur convention. Certes, nous ne sommes pas ici en train de modifier le code du travail et le texte ne concerne pas les salariés, mais il me semble tout de même que le souci d'un contrôle et d'un encadrement des conditions de travail des salariés aurait pu apparaître, par exemple, dans cet article.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 7, MM. Michel Mercier, de Raincourt, Paul Girod et Chérioux proposent d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai de six mois à compter de l'entrée en application de la présente loi, est remis au Parlement un rapport définissant les modalités selon lesquelles est ou pourrait être assurée la formation des personnes participant à l'aide à domicile aux personnes âgées dépendantes quelle que soit sa nature. »
La parole est à M. Michel Mercier.
M. Michel Mercier. Cet amendement a pour objet d'insérer un article additionnel qui traite de la question de la formation des personnes aidantes. Il prévoit que, dans un délai relativement rapide - six mois - devrait être remis au Parlement un rapport définissant les modalités selon lesquelles est ou pourrait être assurée la formation des personnes aidantes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Cet amendement, qui est important, puisqu'il traite de la formation, devrait, je pense, recueillir un très large consensus, voire l'unanimité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la proposition de loi, après l'article 14.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

4

NOMINATION D'UN MEMBRE
D'UN ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE

M. le président. Je rappelle que la commission des affaires économiques et du Plan a proposé une candidature pour un organisme extraparlementaire.
La présidence n'a reçu aucune opposition dans le délai d'une heure prévu par l'article 9 du règlement.
En conséquence, cette candidature est ratifiée et je proclame Mme Lucette Michaux-Chevry membre du conseil d'administration de l'établissement public de la Cité des sciences et de l'industrie.

5

DÉPÔT D'UN PROJET DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi portant création de l'établissement public « Réseau ferré national ».
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 35, distribué et renvoyé à la commission des affaires économiques et du Plan, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

6

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de MM. Alain Joyandet, Michel Alloncle, Louis Althapé, Jean Bernard, Jean Bizet, Mme Paulette Brisepierre, MM. Gérard César, Désiré Debavelaere, Jean-Paul Delevoye, Michel Doublet, François Gerbaud, Daniel Goulet, Georges Gruillot, Roger Husson, Pierre Jeambrun, Bernard Joly, André Jourdain, Jacques Legendre, Guy Lemaire, Maurice Lombard, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Ollin, MM. Jacques Oudin, Jean Pourchet, Victor Reux, Michel Rufin, Maurice Schumann, Louis Souvet et Alain Vasselle une proposition de loi visant à modifier le code des collectivités territoriales de façon à élargir les compétences des districts.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 34, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

7

DÉPÔT D'UNE RÉSOLUTION

M. le président. J'ai reçu, en application de l'article 73 bis, alinéa 8 du règlement, une résolution, adoptée par la commission des affaires économiques et du Plan, sur la proposition de règlement (CE) du Conseil prévoyant la réduction du taux applicable aux importations réalisées en application du contigent tarifaire OMC pour certains animaux bovins vivants (n° E-676).
Cette résolution sera imprimée sous le numéro 33 et distribuée.

8

DÉPÔT D'UN RAPPORT

M. le président. J'ai reçu de M. Philippe François un rapport fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan sur le projet de loi modifié par l'Assemblée nationale sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (n° 435, 1995-1996).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 32 et distribué.

9

DÉPÔT D'UN AVIS

M. le président. J'ai reçu de M. Philippe Adnot un avis présenté au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur le projet de loi modifié par l'Assemblée nationale sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (n° 435, 1995-1996).
L'avis sera imprimé sous le numéro 36 et distribué.

10

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au jeudi 17 octobre 1996 :
A neuf heures trente :
1. Suite de la discussion, après déclaration d'urgence, des conclusions du rapport (n° 14, 1996-1997) de M. Alain Vasselle, fait au nom de la commission des affaires sociales, sur la proposition de loi (n° 486, 1995-1996) de MM. Jean-Pierre Fourcade, Alain Vasselle, Henri de Raincourt, Maurice Blin, Guy Cabanel, Josselin de Rohan, Jacques Larché, Christian Poncelet, Paul Girod, Jacques Oudin, Jean Puech, Jean-Paul Delevoye, Michel Mercier, Jean Chérioux et Lucien Neuwirth tendant, dans l'attente du vote de la loi instituant une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique dépendance.
Aucun amendement à cette proposition de loi n'est plus recevable.
A quinze heures :
2. Discussion du projet de loi (n° 499, 1995-1996) portant réforme de la réglementation comptable et adaptation du régime de la publicité foncière.
Rapport (n° 30, 1996-1997) de M. Jean-Jacques Hyest, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Avis (n° 22, 1996-1997) de M. Philippe Marini, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 17 octobre 1996, à onze heures.

Délai limite pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements

1° Conclusions de la commission des lois sur la proposition de loi relative au placement sous surveillance électronique pour l'exécution de certaines peines (n° 3, 1996-1997).
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 octobre 1996, à dix-sept heures.
2° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, améliorant la protection des acquéreurs de copropriété (n° 320, 1995-1996).
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 octobre 1996, à dix-sept heures.
3° Déclaration du Gouvernement sur la défense. Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : mardi 22 octobre 1996, à dix-sept heures.
4° Projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (n° 435, 1995-1996).
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 22 octobre 1996, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à dix-neuf heures trente.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON






ORGANISMES EXTRAPARLEMENTAIRES

Lors de sa séance du mercredi 16 octobre 1996, le Sénat a désigné Mme Lucette Michaux-Chevry pour siéger au sein du conseil d'administration de l'Etablissement public de la Cité des sciences et de l'industrie, en remplacement de M. Philippe François, démissionnaire.

NOMINATION DE BUREAUX

Président : M. Jacques Oudin.
Vice-président : M. Joël Bourdin.
Secrétaire-rapporteur : M. Alain Richard.

DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE DÉNOMMÉE OFFICE PARLEMENTAIRE D'ÉVALUATION DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES

Robert Galley, député.
Vice-président : M. Henri Revol, sénateur.
Secrétaires : MM. Pierre Laffitte, sénateur ; Jean-François Mattei, député ; Serge Poignant, député ; Franck Sérusclat, sénateur.
Délégué aux relations avec le réseau européen des offices parlementaires d'évaluation : M. Jean-Yves Le Déaut, député.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Conséquences de l'arrêté accordant l'appellation
de « coquille Saint-Jacques » aux pétoncles

472. - 16 octobre 1996. - M. Henri Weber attire l'attention M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation sur le problème qu'entraîne pour les professionnels de la mer et les associations de consommateurs l'arrêté accordant l'appellation de coquille Saint-Jacques aux pétoncles, sous prétexte qu'il s'agit de coquillages de même famille. Cet arrêté porte un grave préjudice aux pêcheurs hauts-normands qui traitent près de la moitié des coquilles Saint-Jacques produites en France. Le pétoncle, en effet, n'a ni la saveur, ni les qualités nutritives de la coquille Saint-Jacques, et son prix de revient est deux à trois fois inférieur à cette dernière. Mis sur le marché sous l'appellation « Saint-Jacques », il porterait une concurrence d'autant plus meurtrière à la coquille Saint-Jacques authentique qu'il constitue pour nombre de pays, notamment asiatiques, un article abondant d'exportation. En conséquence, il lui demande de lui indiquer ce qu'il compte faire pour protéger nos entreprises de pêche et nos consommateurs de cette confusion et de cette concurrence déloyale ?

Situation des travailleurs handicapés

473. - 16 octobre 1996. - M. Georges Mouly attire l'attention de M. le ministre du travail et des affaires sociales sur trois problèmes relatifs à la situation des travailleurs handicapés : l'allègement des charges sociales dans le cas où le travailleur handicapé est employé dans le secteur public ; la retraite anticipée des personnes handicapées prévue dans le secteur public et non dans le secteur privé ; la nécessité de l'internat en cas de création de places de centres d'aide par le travail (CAT) et par là même le problème des handicapés en maison de retraite après leur sortie de travail.

Responsabilités de l'État et de la société Lormines
face à l'arrêt de pompage des eaux d'exhaures

474. - 16 octobre 1996. - Mme Gisèle Printz rappelle à M. le ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications la gravité de la situation résultant de l'arrêt de pompage des eaux d'exhaures par la société Lormines. Il est, en particulier, à souligner la lourde responsabilité de l'Etat qui a autorisé par arrêté l'abandon des mines de la société Lormines sans imposer un bilan hydrologique. Or, dans une affaire similaire, le tribunal administratif de Lille (25 avril 1996) a tranché contre l'Etat en refusant la procédure d'arrêt définitif des travaux de la concession d'Aniche (Nord). Dans ces conditions, Codelor (Comité de défense des intérêts des collectivités et des populations des bassins sidérurgiques et ferrifère de Lorraine-Nord) a engagé, d'une part, une procédure administrative contre l'Etat pour faire annuler l'arrêté d'abandon et, d'autre part, une procédure civile contre Lormines pour obtenir réparation financière des dommages subis (évalués à 36 millions de francs). Alors qu'un nouveau préfet de région vient d'être nommé en Lorraine, il est demandé à l'Etat de reconsidérer sa position et d'imposer à Lormines le respect des dispositions de la loi sur l'eau n° 92-3 du 3 janvier 1992 ainsi que de contraindre la société Arbed à poursuivre l'exhaure après la cessation de ses activités prévue en 1997. Ainsi, les populations ne seront pas une fois de plus pénalisées, elles qui ont déjà payé un lourd tribut aux restructurations minières et sidérurgiques.



ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance du mercredi 16 octobre 1996


SCRUTIN (n° 10)



sur l'amendement n° 27, présenté par Mme Michelle Demessine et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, à l'article 1er des conclusions du rapport de M. Alain Vasselle, fait au nom de la commission des affaires sociales, sur la proposition de loi de M. Jean-Pierre Fourcade et plusieurs de ses collègues, tendant, dans l'attente du vote de la loi instituant une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique dépendance (urgence déclarée) - (institution d'une prestation autonomie servie et gérée par les organismes de sécurité sociale et financée par les entreprises par une cotisation sur la valeur ajoutée).

Nombre de votants : 316
Nombre de suffrages exprimés : 238
Pour : 16
Contre : 222

Le Sénat n'a pas adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 1. _ M. François Abadie.
Contre : 17.
Abstentions : 4. _ MM. Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Contre : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Abstentions : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Contre : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Contre : 44.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Contre : 8.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ MM. Jean-Pierre Lafond et Paul Vergès.

Ont voté pour


François Abadie
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Nicole Borvo


Michelle Demessine
Guy Fischer
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Félix Leyzour



Paul Loridant
Hélène Luc
Louis Minetti
Robert Pagès
Jack Ralite
Ivan Renar

Ont voté contre


Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

Abstentions


Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Marcel Bony
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Paul Raoult
René Régnault
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 239
Majorité absolue des suffrages exprimés : 120
Pour l'adoption : 16
Contre : 223

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 11)



sur les amendements n° 36, présenté par Mme Michelle Demessine et les membres du groupe communiste républicain et citoyen et n° 61 rectifié présenté par Mme Marie-Madeleine Dieulangard et les membres du groupe socialiste et apparentés à l'article 8 des conclusions du rapport de M. Alain Vasselle, fait au nom de la commission des affaires sociales, sur la proposition de loi de M. Jean-Pierre Fourcade et plusieurs de ses collègues, tendant, dans l'attente du vote de la loi instituant une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique dépendance (urgence déclarée) - (suppression de la récupération sur succession)

Nombre de votants : 316
Nombre de suffrages exprimés : 316
Pour : 94
Contre : 222

Le Sénat n'a pas adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour : 15.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 5. - MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.
Contre : 17.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Contre : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Pour : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Claude Pradille.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :

Contre : 59.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :

Contre : 44.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :

Contre : 8.
N'ont pas pris part au vote : 2. - MM. Jean-Pierre Lafond et Paul Vergès.

Ont voté pour


François Abadie
Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Félix Leyzour
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet


André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

Ont voté contre


Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
François Giacobbi
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

N'ont pas pris part au vote


MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 315
Nombre de suffrages exprimés : 315
Majorité absolue des suffrages exprimés : 158
Pour l'adoption : 93
Contre : 222

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.