ANNEXE N° 2

LES TRAVAUX DU GROUPE D'EXPERTS " ENVIRONNEMENT URBAIN " AUPRÈS DE LA COMMISSION EUROPÉENNE SUR LA PLANIFICATION SPATIALE DURABLE69( * )

En 1989 , " le Livre vert sur l'environnement ", publié par la Commission européenne, montre clairement combien les préoccupations d'environnement dans la ville sont complexes à traiter. La ville est considérée comme un écosystème qui comprend le paysage urbain, un milieu avec ses caractéristiques propres (favorables et défavorables), et une organisation sociale particulière, avec des problèmes économiques aigus à résoudre.

Le " Livre vert " constate aussi le caractère commun des problèmes auxquels les villes européennes sont confrontées. A la lumière des lignes d'actions de ce texte, une résolution du Conseil européen de janvier 1991 a invité la commission à créer un groupe d'experts (constitué d'experts indépendants et de représentants nationaux) avec la mission de formuler des recommandations sur les moyens de développer la dimension " environnement urbain " dans la politique de l'environnement de la communauté.

La complexité du concept de développement urbain durable va de pair avec la prise en compte de l'incertitude et la nécessité de " précautions " pour préserver le bien être des générations futures. Cette évolution induit, dans les champs professionnels, des pratiques plus souples et plus proches des habitants des villes. C'est aussi une nouvelle expression de la démocratie plus participative qui permet d'élaborer si ce n'est des consensus au moins des compromis acceptables et transparents.

En 1993 , reconnaissant l'extension des concepts d'environnements urbain et de ville écologique vers la dimension de développement urbain durable , le groupe d'experts a mis en place le projet " villes durables européennes " dans la perspective de la deuxième conférence européenne des villes durables en octobre 1996 à Lisbonne. Ce projet visait principalement à :

- encourager une réflexion approfondie sur la durabilité dans les établissements urbains européens et susciter un vaste échange d'expériences ;

- faire connaître les meilleures pratiques en matière de développement urbain durable, notamment sur la mise en oeuvre de l'approche écosystémique à travers des stratégies globales et intégrées ;

- formuler des recommandations destinées à orienter la politique de l'Union européenne, des Etats membres, des régions et des collectivités locales, comme le préconise la résolution du Conseil de 1991.

Le rapport " villes durables européennes " est un des principaux fruits de ce projet. Il a constitué un document de réflexion essentiel pour la conférence de Lisbonne et a pour thème central l'application du concept de durabilité en zone urbaine. Il s'intéresse non seulement aux villes, mais aussi aux agglomérations urbaines de toutes tailles, groupements de villes, villes moyennes, centres urbains, banlieues. Il aborde également la question de la durabilité des régions urbaines et de tout le système urbain. Le groupe d'experts estime que les principes du développement durable et les mécanismes qui mènent à ce développement sont applicables à tous les échelons de la hiérarchie des établissements urbains. Cependant, ses travaux ont essentiellement porté sur la ville. La réalisation du développement urbain durable suppose un regard neuf sur les politiques et les mécanismes actuels, et un ensemble cohérent de principes capables d'étayer des mesures écologiquement rationnelles .

La planification spatiale est un sujet fondamental pour les travaux du groupe d'experts sur l'environnement urbain, dont le mandat officiel consiste notamment à " examiner de quelle manière les stratégies de planification concernant les zones urbaines et l'affectation des sols pourront à l'avenir englober des objectifs environnementaux ". Le projet " villes durables " a permis au groupe d'experts d'aborder également cette question et d'étendre son champ d'activité pour y inclure non seulement des objectifs écologiques, mais aussi des objectifs de durabilité.

Le rapport " villes durables européennes " constate que le développement urbain durable peut se réaliser uniquement dans le cadre d'une planification respectueuse de l'environnement.

La planification écologique de la ville présente des outils intéressants pour progresser sur la voie du développement urbain durable, si les impacts environnementaux sont pris en compte au stade des démarches préalables (du type diagnostics urbains ou éco-audits) ou à travers des politique horizontales des plans et des programmes.

La planification spatiale vise à réguler l'occupation des sols en fonction de l'intérêt public. Des systèmes poursuivant cet objectif ont été mis en place dans tous les pays de l'Union européenne, mais le champ d'action et le mode de fonctionnement de chacun différent. Appelés tantôt systèmes de planification urbaine, spatiale, physique ou territoriale, tantôt systèmes de gestion de l'espace, ils remplissent généralement deux fonctions :

élaboration de plans (mise en place de cadres au moyen de stratégies et de projets d'aménagement définis à des échelles géographiques diverses allant du niveau national au niveau local) ;

contrôle du développement par des procédures législatives ou administratives applicables au niveau local pour contrôler l'implantation et la forme des aménagements.

Une des préoccupations majeures en matière de planification durable est la vitesse à laquelle l'urbanisation " consomme " la ressource limitée qu'est le sol dans les pays de l'Union européenne. Les modifications irréversibles de l'utilisation des sols, et surtout celles qui réduisent la diversité biologique, posent un problème particulier du point de vue de la durabilité. Sur un plan plus général, malgré la tradition de vie urbaine que cultivent beaucoup de pays européens, la plupart des villes ont connu, ces dernières décennies, une déconcentration de la population et de l'emploi qui a conduit à un étalement des banlieues.

A l'extension des villes vers la périphérie est venue s'ajouter l'apparition de nouvelles formes de développement du commerce et des affaires. Les années quatre-vingts ont été marquées par des investissements considérables dans de nouveaux types de parcs industriels et de centres commerciaux périphériques qui ont cherché à s'implanter dans des endroits faciles d'accès en bordure des villes, où ils ont créé leur propre environnement. Ces tendances se sont particulièrement manifestées en France, en Espagne et en Grande-Bretagne, entre autres parce que les systèmes de planification territoriale de ces pays ont été plus sensibles aux pressions du marché. Mais, ces aménagements péri-urbains commencent à menacer la vitalité des centres urbains.

L'étalement des villes et la séparation de plus en plus nette des activités (habitation, travail, commerce) ont renforcé la croissance du trafic automobile qui, à son tour, a accru la consommation d'énergie et les émissions. Elles ont également réduit l'efficacité et donc la fréquentation des transports publics. Les systèmes de zonage rigide et les préférences en matière d'investissements ont trop souvent encouragé des aménagements monovalents, contraires à la diversité que les villes européennes ont hérité de leur histoire et de leur géographie complexes.

Les recommandations formulées par le groupe d'experts au sujet de l'occupation du sol reconnaissent les difficultés et cherchent à renforcer les régimes de planification spatiale existants, en encourageant des méthodes plus globales et intégrées à savoir :

La planification urbaine doit informer très en amont sur la destination future des sols et elle doit obligatoirement être accompagnée d'une étude environnementale.

Les POS doivent assurer la mixité fonctionnelle des espaces. Les systèmes de planification spatiale qui se fondent sur le zonage doivent être assouplis pour s'adapter à cette évolution.

La restructuration de l'industrie et des grands équipements a laissé des friches souvent contaminées dans le tissu urbain tout en augmentant la pression foncière sur les espaces ouverts et ruraux. Il est urgent d'assurer la réutilisation des terrains désaffectés, ou abandonnés qui n'ont jamais été aussi nombreux dans l'histoire industrielle de la ville. La reconversion de sites déjà aménagés et, le cas échéant, de bâtiments existants peut être considérée en soi comme une contribution à l'objectif de durabilité ; elle offre la possibilité de conserver des sites vierges ainsi que de protéger les espaces ouverts et la nature.

La décontamination des sols pollués est une des grandes préoccupations de nombreux projets de régénération urbaine. Les techniques de nettoyage entraînent parfois des opérations coûteuses. La décontamination doit être considérée comme une étape d'un processus intégré qui envisage le site à réhabiliter dans son contexte global.

Le patrimoine culturel, qui est l'expression de l'identité culturelle d'une ville et de ses habitants doit se manifester dans le centre historique, la banlieue et les zones d'influences de manière diversifiée.

Les activités récréatives et touristiques peuvent avoir une incidence considérable sur la qualité du patrimoine culturel d'une localité. Une ville historique ou architecturalement remarquable attire les touristes ; ce phénomène a des effets économiques et sociaux favorables, mais il peut aussi compromettre le développement durable de la cité, surtout du point de vue social et écologique.

Afin de réduire les besoins de déplacements automobiles, la planification spatiale doit être complétée par des mesures fiscales restrictives, telles la tarification routière et la modération du trafic mais aussi par la mise en place de transports en commun performants et confortables.

L'utilisation de la planification pour influencer le métabolisme urbain est un mécanisme à long terme car les réalisations nouvelles représentent une faible proportion de l'urbanisation existante ; elles sont cependant essentielles pour l'élaboration de mesures plus strictes, afin de préserver le cadre de vie des générations à venir.

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