B. UNE CANICULE ACCOMPAGNÉE D'UNE POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ÉLEVÉE

1. Un phénomène inquiétant

« Exceptionnel », tel est l'adjectif employé par Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de l'écologie et du développement durable, pour qualifier l'épisode de pollution atmosphérique de l'été 2003, « qui a dépassé, par sa durée et son étendue géographique, tout ce que nous avons connu jusqu'à présent ».

Du 4 au 12 août, la période critique s'est, dans ce domaine, caractérisée par des concentrations en ozone élevées, supérieures dans bien des endroits aux maxima historiques, en particulier dans les grandes villes.

En outre, la durée et l'étendue du territoire concerné par cette pollution ont été particulièrement significatives. Pour Mme Michèle Papallardo, présidente de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), il s'agit de « l'épisode le plus noir en matière de pollution de l'air depuis que nous procédons à des mesures ».

De mai à septembre, on a recensé 84 journées avec des dépassements horaires en ozone de plus de 180 microgrammes par m 3 d'air (ug/m 3 /h), c'est-à-dire au-dessus du seuil d'information.

La première quinzaine d'août, période la plus chaude, a aussi été la plus polluée de l'été en ozone : on a noté 2 700 événements (nombre d'heures cumulées) de dépassement du seuil de 180ug/m 3 /h sur 86 % de l'ensemble des stations de surveillance (426). C'est également durant cette période que des niveaux élevés de particules et d'oxydes d'azote ont été relevés dans les agglomérations.

2. Les interactions et la synergie entre canicule et pollution

a) Une synergie des effets

Les pics de pollution sont dus à l'accumulation des gaz rejetés dans l'atmosphère et non dilués. Les conditions anticycloniques favorisent à la fois la persistance de températures élevées et l'augmentation des taux de polluants dans l'atmosphère (ozone, dioxyde d'azote, particules en suspension, souffre), en s'opposant -en l'absence de vent- à leur dispersion tant verticale qu'horizontale.

Cette pollution, plus forte dans les grandes agglomérations, y a renforcé le phénomène d'« îlot de chaleur urbain », -lié au caractère élevé des températures dans les quartiers d'habitat dense-, ce qui conduit le Professeur Besancenot à affirmer que « la qualité de l'air et la chaleur agissent ainsi de façon synergique sur la mortalité ». Leurs effets ne font pas que s'additionner, ils se potentialisent.

Selon lui, ce phénomène s'est en particulier déroulé en Belgique, notamment à Bruxelles, en 1994, et à Athènes, en 1987. A Athènes, parallèlement à la canicule, la pollution était forte, et pourtant sans commune mesure avec les niveaux record observés en d'autres circonstances. Mais c'est bien la synergie entre ces deux phénomènes qui peut expliquer la surmortalité alors observée. Il semble qu'au contraire, les mesures prises pour lutter contre la pollution en juillet 1988 -alors que la Grèce était confrontée à une vague de chaleur aussi intense que celle de l'année précédente- aient permis de diviser la surmortalité par plus de 70.

S'agissant de l'été 2003 en France, le ministère de la santé a demandé une étude afin de déterminer le taux de surmortalité directement lié à la pollution atmosphérique. En effet, peu de travaux ont été menés pour évaluer réellement les conséquences sanitaires d'une exposition prolongée de la population à des taux importants de polluants. Certains spécialistes évaluent cependant à environ 10 % le nombre de morts directement liées à la pollution atmosphérique (d'après M. Jean-Félix Bernard, président du Conseil national de l'air, organisme sous la tutelle du ministère de l'écologie et du développement durable). Ces évaluations font actuellement l'objet d'une étude plus approfondie par l'Institut de veille sanitaire (InVS).

b) Les réponses du ministère de l'écologie et du développement durable

Dans ces conditions, la mission se doit de souligner la réactivité dont a fait preuve le ministère de l'écologie et du développement durable.

En effet, Mme Bachelot-Narquin a informé les médias de cette situation dès la fin du mois de juillet, mais -on peut le regretter !- ces alertes n'ont pas été suivies d'effet.

Les préfectures ont appliqué les procédures conduisant à informer le public et à prévenir les personnes les plus vulnérables à la pollution des précautions sanitaires à prendre. En outre, souhaitant donner la solennité nécessaire à ce sujet, la ministre a fait procéder à la diffusion de communiqués de presse le lundi 4 et le jeudi 7 août.

Enfin, et bien que le seuil d'alerte européen n'ait pas été dépassé, des mesures tendant à réduire la pollution ont été mises en place dans les régions concernées (diminution de la vitesse automobile autorisée, réduction des émissions industrielles...).

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