II. L'INTRODUCTION DE LA MIXITÉ DANS LES FORMATIONS DE JUGEMENT

La justice consulaire est fondée sur le principe d'une " justice des marchands rendue par les marchands " dont l'origine remonte aux foires du Moyen-Age. Un édit royal rédigé en 1563 par Michel de l'Hospital a institué en France des juridictions consulaires composées de juges élus par leurs pairs. Consacré par la loi des 16-24 août 1790 puis par le code du commerce de 1807, l'organisation et le fonctionnement des tribunaux de commerce n'ont fait, depuis lors, l'objet d'aucune réforme d'ampleur.

Les formations de jugement des tribunaux de commerce sont exclusivement composées de juges consulaires élus. Ils sont en pratique, soit des commerçants, soit des cadres d'entreprise. Ils participent bénévolement au fonctionnement du service public de la justice.

La réforme proposée se fonde sur le principe de la mixité, c'est-à-dire l'association de juges élus et professionnels dans une même formation de jugement. Une loi relative à la composition et au fonctionnement des tribunaux de commerce devrait être présentée au cours du premier trimestre prochain. Elle a pour objectif d'assurer une justice de qualité puisque se trouveront réunies la connaissance des règles de fond et de procédure des magistrats professionnels et la perception, pour chaque affaire, de sa dimension économique par les juges consulaires.

Votre rapporteur estime que cette réforme ne va pas assez loin et que le système de l'échevinage qui existe en Alsace Moselle et dont l'efficacité est reconnue par tous aurait pu inspirer la réforme des tribunaux de commerce . En effet, la solution préconisée par la Chancellerie ne règle pas tous les problèmes, notamment celui de la présidence de la formation de jugement et celui du statut des greffes.

En revanche, votre rapporteur approuve la décision du Gouvernement de créer un véritable statut du juge consulaire afin de renforcer son impartialité et la qualité de ses jugements.

De nouvelles règles d'incompatibilité devraient être créées et les dispositions visant à empêcher toute interférence entre les fonctions juridictionnelles et l'exercice d'une activité professionnelle ou de mandats judiciaires devraient être renforcées.

Par ailleurs, tous les juges devraient être soumis à l'obligation de souscrire une déclaration de leurs intérêts économiques. Les règles disciplinaires seraient renforcées afin d'assurer l'effectivité des poursuites contre les juges et les anciens juges consulaires.

En outre, une formation renforcée des juges consulaires serait organisée par l'Ecole nationale de la magistrature.

Enfin, le régime électoral des juges consulaires serait modifié en vue d'élargir le corps électoral et de renforcer la transparence du processus d'élection.

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