III. LA FONCTION PUBLIQUE FACE AU DÉFI DE L'ATTRACTIVITÉ DES EMPLOYEURS PUBLICS ET DE LA FIDÉLISATION DES AGENTS

A. S'INSCRIVANT DANS UN CONTEXTE GÉNÉRAL DE TENSION SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL, LA BAISSE D'ATTRACTIVITÉ DE L'EMPLOI PUBLIC S'EXPLIQUE ÉGALEMENT PAR DES FACTEURS PARTICULIERS

1. Dans un contexte global de tension sur le marché du travail, les employeurs publics des trois versants font face à des difficultés croissantes de recrutement

En 2021, les tensions sur le marché du travail ont atteint leur plus haut niveau depuis 2011 ; elles sont particulièrement fortes dans les métiers du bâtiment, de l'industrie, de l'informatique et des télécommunications 39 ( * ) . Ce contexte affecte aussi bien l'emploi privé que public.

Les trois versants de la fonction publique sont ainsi confrontés à de fortes difficultés de recrutement , tant par la voie du concours que par celle du contrat. 39 % des employeurs territoriaux ont éprouvé des difficultés à recruter en 2021, soit 9 % de plus qu'en 2015 40 ( * ) ; dans la fonction publique hospitalière, ce chiffre s'élève même à 99 % 41 ( * ) . Dans la fonction publique de l'État, le nombre d'inscriptions aux recrutements externes a baissé de 11 % en 2020 par rapport à 2019 ; la sélectivité des concours , qui s'établissait à seize candidats présents pour un admis en 1997, est aujourd'hui descendue à six candidats présents pour un admis 42 ( * ) . Cette baisse du nombre de candidats aux concours de la fonction publique s'observe d'ailleurs dans les trois versants 43 ( * ) .

2. Bien identifiés, les facteurs de la baisse d'attractivité sont, pour certains, communs aux trois versants, et pour d'autres, spécifiques à la FPT et à la FPH

La baisse d'attractivité de l'emploi public n'est pas seulement conjoncturelle, mais s'explique également par des facteurs structurels bien identifiés. L'attractivité des trois versants de la fonction publique pâtit notamment d'une relative méconnaissance des métiers par les candidats, de modalités d'accès à l'emploi complexes voire rebutantes, de niveaux de rémunérations souvent inférieurs à ceux du secteur privé, et de conditions de travail parfois dégradées.

La perte d'attrait de la carrière et de « l'emploi à vie » auprès des jeunes générations, qui à l'inverse attachent une importance croissante à la qualité du management ainsi qu'à la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée, doit également être prise en compte ; enfin, la tendance diffuse au dénigrement de la fonction publique , à l'oeuvre depuis plusieurs années, constitue probablement un facteur aggravant.

À cette situation commune aux trois fonctions publiques s'ajoutent des difficultés propres à chaque versant. Au sein de la fonction publique territoriale, tout d'abord, certains métiers n'attirent plus (tels les métiers de secrétaire de mairie, de policier municipal, d'agent territorial spécialisé des écoles maternelles), tandis que d'autres métiers souffrent d'une forte concurrence avec le secteur privé, où les rémunérations sont plus élevées (métiers d'ingénieurs, de techniciens et d'informaticiens). De plus, la concurrence entre les collectivités territoriales ne doit pas être sous-estimée, qu'elle soit de nature financière (en raison des différences de régime indemnitaire) ou géographique (les régions situées à l'ouest du territoire étant par exemple plus attractives que celles situées à l'est). Par ailleurs, les métiers dans la fonction publique territoriale exposent davantage les agents, et notamment ceux de catégorie C, aux risques professionnels . Enfin, les modalités de recrutement propres à la fonction publique territoriale, selon lesquelles les lauréats d'un concours ne sont pas automatiquement affectés à un poste, mais inscrits sur une liste d'aptitude , peuvent apparaître complexes et aléatoires à certains candidats.

La fonction publique hospitalière est quant à elle confrontée à une pénurie de soignants formés : 5,6 % des postes d'infirmiers (soit environ 15 000 postes) et 2,5 % des postes d'aides-soignants (soit environ 5 000 postes) sont ainsi vacants dans les hôpitaux publics en 2021 44 ( * ) . Si l'accélération de la progression indiciaire qui résulte des accords du Ségur peut favoriser la fidélisation à long terme des agents, elle est en revanche dépourvue d'influence sur le nombre d'inscriptions dans les écoles de soignants. En outre, la question des conditions de travail a été laissée de côté par le Ségur de la santé ; des réformes structurelles visant à partager les contraintes d'exercice liées à la permanence des soins sont pourtant essentielles pour pallier le déficit d'attractivité de la fonction publique hospitalière.


* 39 7 métiers sur 10 sont ainsi en tension forte ou très forte en 2021 (DARES résultats n° 45, septembre 2022).

* 40 Source : rapport sur l'attractivité de la fonction publique territoriale, janvier 2022.

* 41 Source : enquête de la Fédération hospitalière de France sur la situation des ressources humaines, mai 2022.

* 42 Source : rapport sur l'état de la fonction publique et les rémunérations, annexe au PLF pour 2023, p. 45.

* 43 Entre 2014 et 2017, la baisse du nombre de candidats aux concours était de 33 % pour la FPT, 18 % pour la FPH et 16,5 % pour la FPE (source : réponse au questionnaire budgétaire).

* 44 Source : enquête de la Fédération hospitalière de France sur la situation des ressources humaines, mai 2022.

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