B. UN EFFET MÉCANIQUE DES NOUVELLES CONDITIONS DE DIPLÔME EXIGÉES POUR CONCOURIR ?

La crise de recrutement observée dans l'enseignement public pourrait s'expliquer, de manière conjoncturelle, par le tarissement du vivier de candidats imputable à l'entrée en vigueur de nouvelles conditions d'inscription aux concours externes d'accès aux corps enseignants et d'éducation 43 ( * ) , les candidats devant désormais soit être inscrits en deuxième année de master, soit détenir un master, de sorte qu' au moment de leur nomination comme stagiaires dans les corps concernés, les lauréats soient titulaires d'un master 44 ( * ) . Pour les étudiants inscrits en master MEEF, les concours sont décalés d'une année et se passent donc en fin de M2 et non plus en fin de M1.

Il en est résulté, pour cette première année d'application, une baisse du nombre de candidats aux concours externes de 2022 qui, dans le premier comme dans le second degré, a amplifié les difficultés de recrutement observées depuis plusieurs années. Selon le ministère, ce tarissement du vivier de candidats pourrait être une conséquence mécanique des nouvelles règles d'inscription aux concours. Dans cette logique, ses effets devraient être provisoires et un rattrapage est attendu en 2023, lorsque les étudiants qui étaient en M1 en 2021-2022 seront en mesure de concourir.

On peut toutefois craindre que les statistiques de 2022 reflètent une baisse d'attractivité qui va au-delà des conditions d'accès au concours :

- d'une part, la nouvelle exigence de niveau de diplôme rendue effective en 2022 pourrait, dans le contexte économique actuel plus favorable à certains emplois, renforcer la concurrence exercée par des secteurs d'activité susceptibles de proposer à des titulaires de master 2 - a fortiori dans les disciplines scientifiques et techniques qui sont actuellement en tension - des salaires autrement plus attractifs que l'enseignement ;

- d'autre part, les effectifs d'étudiants inscrits en master MEEF et se destinant à l'enseignement ont baissé entre 2017 et 2021 45 ( * ) (pour le premier degré : 28 448 étudiants en 2017 ; 25 184 en 2021 soit -11 % ; pour le second degré : 24 963 étudiants en 2017 ; 23 568 en 2021 soit -5,6 %), ce qui souligne le déclin du vivier potentiel même si de nombreux enseignants ne sont pas issus de ces formations (voir infra ).

Les concours de 2023 seront donc décisifs pour apprécier la portée de la crise observée en 2022. Le rapporteur pour avis y sera attentif .

Or le report de deux semaines de la date limite d'inscription aux divers concours de 2023 (2 décembre 2022 au lieu du 18 novembre) pour « permettre à un maximum de candidats de s'inscrire » 46 ( * ) semble confirmer la persistance de difficultés à attirer suffisamment de candidats .


* 43 « Dans l'enseignement public, l'entrée se fait majoritairement par la voie externe pour les personnels enseignants : 97 % des admis du premier degré ; 79 % du second degré. » (DEPP, Panorama statistique des personnels de l'enseignement scolaire - 2021-2022 , octobre 2022, p. 11).

* 44 Cette réforme ne s'applique pas aux disciplines professionnelles du CAPLP externe.

* 45 Ce constat ne s'applique pas à l'option encadrement éducatif, où le nombre d'étudiants était en 2021 en légère hausse.

* 46 Communiqué du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, 10 novembre 2022.

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