II. UN EFFORT PARTICULIER EN FAVEUR DE L'HUMANITAIRE ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

A. UNE AUGMENTION DES ENVELOPPES HUMANITAIRE ET DE STABILISATION

Reflétant la dégradation de la situation humanitaire dans plusieurs régions en crise et les effets cumulés de la crise de la Covid et de la guerre en Ukraine , le PLF 2023 affiche une forte augmentation des dépenses humanitaire, de gestion des crises et de sécurité alimentaire . Ainsi, l'opération budgétaire « Gestion et sortie de crise » passe à 730 millions d'euros contre 297 millions d'euros en 2022, soit une hausse de 145%. Au sein de cette enveloppe, l'action « Aide budgétaire post-conflit et sortie de crise » est dotée de 25 millions d'euros (9 millions d'euros en 2022).

En outre, le Fonds d'urgence humanitaire et de stabilisation, principal instrument d'action du Centre de crise et de soutien (CDCS) du MEAE, voit ses crédits augmenter de 30,5 millions d'euros, atteignant 200 millions d'euros. La commission s'est félicitée de cette progression conforme aux orientations qu'elle a approuvées au sein de la loi d'orientation et de programmation du 4 août 2021. Ces crédits vont permettre d'accentuer les actions de stabilisation menées par le CDCS essentiellement dans trois zones géographiques :

• La zone Afrique du Nord-Moyen-Orient , avec des actions de stabilisation en Syrie, en Irak pour lutter contre Daech et en Libye pour atténuer les conséquences de la crise qui y perdure, et des actions humanitaires au Yémen et dans les territoires palestiniens ;

• La zone sub-saharienne frappée par un grand nombre de crises politiques et sécuritaires, des déplacements de population massifs (notamment au Burkina Faso) et les conséquences du réchauffement climatique et celles de la guerre en Ukraine ;

• L'Ukraine qui fait l'objet d'une nouvelle enveloppe fléchée en 2023 dans le domaine de l'humanitaire et de la stabilisation ;

• L'Afghanistan , avec une aide humanitaire augmentée en raison des conséquences de la prise de pouvoir par les Talibans.

Enfin, la réserve pour crise majeure , dotée en LFI 2022 de 22,6 millions d'euros, passe en 2023 à 270 millions d'euros afin de faire face à des crises nouvelles.

Au total, la France prend désormais la 7 ème place parmi les 27 pays de l'UE en matière d'aide humanitaire : sans rejoindre encore l'Allemagne ou le Royaume-Uni, elle peut de nouveau espérer peser dans le tour de table des grands bailleurs de l'aide.

B. UNE AIDE ALIMENTAIRE RENFORCÉE FACE À UNE SITUATION MONDIALE CATASTROPHIQUE

Les crédits d'aide alimentaire passent de 118 millions d'euros en 2022 à 160 millions d'euros en 2023. La situation alimentaire mondiale se dégrade depuis plusieurs années. Selon l'ONU, l'insécurité alimentaire chronique concernait, en 2021, 828 millions de personnes, soit 9,8 % de la population mondiale, en hausse de 46 millions de personnes par rapport à 2020 et de 150 millions par rapport à 2019. Cette dégradation a été considérablement accentuée par les conséquences de l'invasion de l'Ukraine par la Russie . Selon le Programme alimentaire mondial, 345 millions de personnes seraient désormais confrontées à une situation de crise alimentaire dans le monde. La situation est particulièrement grave dans la corne de l'Afrique, au Sahel et en Afghanistan.

Cette augmentation des crédits permettra à la France de réduire l'écart par rapport à ses partenaires, qui consacrent en général un effort supérieur à l'aide alimentaire. Au sein de cette aide, les pays prioritaires bénéficieront d'au moins 50% de l'aide programmée , via les organisations internationales 1 ( * ) qui assurent la mise en oeuvre des projets.

La réponse à la crise alimentaire consécutive à la guerre en Ukraine passe également par l'initiative « Food and agriculture resilience Mission » (FARM) lancée le 24 mars 2022 lors du sommet extraordinaire de l'OTAN et qui permettra de débloquer 75 millions d'euros supplémentaires en 2023.


* 1 Le programme alimentaire mondial (PAM), l'UNICEF, l'organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et l'Organisation internationale des migrations (OIM) et les ONG, au premier rang desquelles le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

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