III. L'ENJEU DE L'ACTRACTIVITÉ EN OUTRE-MER

A. ASSURER LE DYNAMISME ET L'INCLUSIVITÉ EN OUTRE-MER PAR LA FORMATION

L'enjeu de la formation et de l'accompagnement vers un emploi demeure prégnant en outre-mer , où le chômage, malgré des baisses récentes, reste à un niveau très élevé, surtout pour les jeunes.

Dans ce cadre, la rapporteure se réjouit de la nouvelle montée en puissance du Service militaire adapté (SMA) , et l'augmentation des crédits accompagnant ce dispositif militaire d'insertion socioprofessionnelle créé en 2010 et destiné aux jeunes volontaires les plus éloignés de l'emploi au sein des outre-mer. Ses effectifs se montent désormais à 6 000 jeunes et son ambition est d'inclure d'ici à 2025 des mineurs (16 - 18ans) ainsi que des mères isolées. La création d'une compagnie à Mayotte et en Polynésie française ne peut qu'être saluée, au regard des très bons résultats enregistrés par le dispositif en 2021, avec 81,7 % de taux d'insertion des volontaires stagiaires du SMA en fin de contrat. Ce taux est en revanche inférieur pour les femmes, à 73,7 %, ce qui doit constituer un vrai point de vigilance.

Recommandation 6 : Veiller tout particulièrement à augmenter le taux d'insertion des femmes à l'issue du SMA.

La rapporteure note également que la rémunération du SMA s'alignera sur celle du Contrat d'engagement jeune (CEJ) en 2023, ce qui devrait permettre de maintenir son attractivité. De manière plus générale, il convient de veiller à bien articuler les différentes offres à destination de publics similaires, pour que les dispositifs n'en viennent pas à se faire concurrence.

Il est par ailleurs essentiel que ces dispositifs permettant d'accompagner l'insertion des jeunes en difficulté fournissent des formations adaptées aux besoins des territoires , de nombreuses entreprises déclarant, comme en hexagone, éprouver des difficultés pour recruter de la main d'oeuvre qualifiée. Les entreprises ont, elles, la responsabilité d'ouvrir leurs portes à une variété de publics, parfois en difficultés ou aux parcours atypiques.

Enfin, la formation ne se résume pas à l'insertion, et les outre-mer ont également besoin de formations de haut niveau, sur leur sol. À défaut, l'enjeu de mobilité et de prise en charge des frais de déplacement devient crucial, tant pour aider les jeunes talents à partir se former, qu'à revenir ensuite. La rapporteure s'étonne que perdure la quasi absence d'écoles d'ingénieur 12 ( * ) dans les territoires ultramarin, alors même que la demande en compétence est forte, et que certains étudiants sont contraints d'aller étudier dans l'hexagone, quand d'autres en viennent à renoncer aux études supérieures, faute de moyens. Cela doit questionner l'efficacité des aides mises en place pour ces jeunes, mais aussi l'étendue de l'offre de l'enseignement supérieur. En effet, les territoires ultramarins ne disposent pas non plus d'écoles de commerce en dehors des écoles de gestion et de commerce, pas plus qu'ils ne disposent d'instituts d'études politiques, alors que ces écoles sont nombreuses en hexagone.

La rapporteure se félicite toutefois de l'amendement de l'Assemblée nationale 13 ( * ) retenu par le Gouvernement et visant à financer l'ouverture de centres d'examen aux concours de la fonction publique dans les territoires ultramarins. Disposer d'infrastructures sur les territoires, sans avoir constamment le besoin de se déplacer en hexagone, contribue aussi à l'émergence des talents, à la création de la valeur sur place, conformément à l'ambition déclarée du ministre en charge des outre-mer.

Recommandation 7 : Développer l'offre de l'enseignement supérieur en outre-mer, par bassin géographique, et notamment la création d'écoles d'ingénieur.


* 12 A l'exception notable de l'école d'ingénieurs de Saint-Denis. L'université des Antilles dispense par ailleurs quelques formations d'ingénieur.

* 13 Amendement II-768 déposé par le député Jean-Hugues Ratenon et plusieurs de ses collègues.

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