B. LE PAVILLON FRANÇAIS CONTINUE DE PERDRE DES PARTS DE MARCHÉ

1. Les parts de marché du pavillon français continuent de diminuer face à la concurrence des compagnies à bas coût

Les compagnies aériennes françaises profitent de la croissance du trafic aérien ; elles ont vu le nombre de leurs passagers augmenter de 1,8 % en 2017. Cependant, elles profitent moins fortement de cette croissance que les compagnies étrangères, qui ont enregistré pour leur part une hausse de 6,7 % du nombre de passagers transportés. Les compagnies françaises ne parviennent à capter que 10 % de la croissance du trafic français.

Par conséquent, la part de marché du pavillon français continue de s'éroder . Ainsi, sur l'ensemble des flux à l'arrivée et au départ de France métropolitaine, la part du pavillon français, exprimée en pourcentage du nombre de passagers transportés, est passée de 41,8 % en 2016 à 41 % en 2017, soit une baisse de 0,8 point . Sur les dix dernières années, la baisse de la part du pavillon français est de 0,8 point en moyenne par an en nombre de passagers .

Les compagnies aériennes françaises subissent de plein fouet la concurrence des compagnies à bas coût, qui connaissent de très fortes progressions sur les vols depuis ou vers la France (+ 10,6 % pour easyJet, + 9 % pour Ryanair et + 7,2 % pour Vueling).

L'érosion des parts de marché des compagnies françaises est particulièrement significative sur le marché intra-métropolitain (- 2,2 points) où la pression d'easyJet et de Volotea est très forte.

De même, sur le marché domestique métropolitain , les compagnies à bas coût ont transporté 6,1 millions de passagers sur les 25,6 millions de passagers, ce qui représente 24 % de part de marché (contre 21 % en 2016 et 19 % en 2014).

Fort de son modèle économique basé sur des vols court et moyen-courrier en Europe point à point, sans escales , la compagnie easyJet poursuit son développement rapide ; elle représente aujourd'hui 17 % du trafic aérien français . Cette compagnie effectue 250 liaisons en France, et participe à la création de nouvelles lignes en province, comme les lignes Bordeaux-Milan, Toulouse-Berlin ou Lyon-Copenhague. Les compagnies Volotea et Ryanair représentent pour leur part 4 % et 2 % du trafic domestique.


Évolution des parts de marché des compagnies à bas coût sur le trafic domestique métropolitain

2014

2015

2016

2017

Part des compagnies à bas coût

19 %

20 %

21 %

24 %

Part du groupe Air France

73 %

72 %

70 %

68 %

Source : DGAC

Par ailleurs, en raison du développement de la compagnie Norwegian Airlines , le pavillon français a perdu 3,6 points de part de marché en passagers transportés sur l'axe France-Amérique du Nord au 1 er semestre 2018.

2. Le groupe Air France est confronté à des turbulences sociales

Le 31 octobre 2018, le groupe Air France a publié ses résultats du troisième trimestre 2018 , qui montrent une progression du chiffre d'affaires de 4 % du fait de l'augmentation du trafic et de la hausse de la recette unitaire du groupe, mais une baisse du résultat d'exploitation de 66 millions d'euros, pour atteindre 493 millions d'euros, en raison principalement de la hausse du prix du pétrole (122 millions d'euros) et de l'effet de change défavorable (58 millions d'euros).

La compagnie Transavia, qui exploite des vols internationaux moyen-courrier depuis Paris-Orly, poursuit son développement, avec un déploiement prévu à Nantes et à Lyon l'année prochaine, et voit son chiffre d'affaires progresser de 25 %. Cependant, la croissance de cette compagnie se heurtera bientôt à l'obstacle que constitue l'accord signé entre la direction d'Air France et les syndicats de pilotes, qui dispose que sa flotte ne peut dépasser un plafond de 40 avions - cette flotte atteindre l'année prochaine 38 avions.

La nouvelle compagnie « hybride » Joon poursuit également son développement, et vient remplacer Air France sur un certain nombre de vols moyen-courrier et long-courrier pour lesquels la concurrence est très forte.

La filiale HOP ! rencontre quant à elle plusieurs difficultés qui se traduisent par une dégradation de la qualité de service. La diversité de sa flotte, issue de la fusion de trois compagnies, pose des difficultés de gestion car elle implique des qualifications de pilotes et de techniciens différentes. La flotte d'avions ATR, qui est vieillissante, sera progressivement remplacée.

Par ailleurs, la compagnie doit faire face à des difficultés de gestion liées au départ de certains de ses pilotes vers Air France , en raison d'un accord entre les deux compagnies qui prévoit qu'un tiers des pilotes recrutés par Air France peuvent venir de HOP !.

Cette année, le groupe Air France a dû affronter un conflit social important , autour des revendications portées par les organisations syndicales, qui demandaient une augmentation des salaires de 5,1 % en 2018 afin de compenser six années de gel des grilles salariales. La direction d'Air France a soumis à consultation un projet de revalorisation salariale de 7 % sur quatre ans, dont 2 % en 2018. 55,4 % des salariés consultés se sont prononcé contre cet accord - avec un taux de participation de 80,33 % - ce qui s'est traduit par le départ du directeur général du groupe Jean-Marc Janaillac. Au total, les grèves des personnels d'Air France ont coûté 335 millions d'euros à la compagnie.

Le changement de gouvernance, avec l'arrivée de Benjamin Smith a la tête du groupe, a permis de débloquer la situation. Un accord a été conclu 19 octobre 2018, qui prévoit une revalorisation salariale de 2 % en 2018 et de 2 % en 2019. Des négociations catégorielles se poursuivent toutefois avec les syndicats de pilotes, qui réclament une revalorisation supplémentaire.

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