C. UNE PRISE DE CONSCIENCE QUI TOUCHE TOUTES LES NATIONS INDUSTRIELLES

1. Des initiatives nationales

Conscientes de la nécessité de ne pas rater ce virage, toutes les nations industrielles ont mis en place des programmes comparables au programme français . Le plus connu est le programme « Industrie 4.0 » en Allemagne, mais il y a aussi un programme « Intelligent Manufacturing » en Chine, « Smart Manufacturing » aux Pays-Bas, « Innovation 25 » au Japon, etc.

L'initiative allemande « Industrie 4.0 » se concentre principalement sur le développement d'une offre de solutions utilisables au sein des usines allemandes. Ce programme comporte deux actions principales. D'une part, il organise et finance la recherche publique et privée dans les domaines de la robotisation industrielle, de l'automatisation, de la mise en réseau ... D'autre part, il cherche à promouvoir ces technologies auprès de tout le tissu industriel allemand, en créant des démonstrateurs, en mettant à disposition des bancs d'essais , etc. Cette politique est fortement portée par tous les acteurs de l'industrie allemande (fédérations professionnelles, syndicats, Länder, milieu universitaire) qui sont rassemblés dans la Plattform Industrie 4.0.

Le Royaume-Uni et les États-Unis s'attachent particulièrement à la promotion de la recherche sur les technologies d'avenir, notamment à l'interface entre les instituts de recherche et le monde économique :

- aux États-Unis, c'est depuis 2013 l' Advanced Manufacturing Partnership qui porte cette volonté. Il ambitionne la création d'une quarantaine d' Institutes for Manufacturing Innovation d'ici à 2025, qui rassemblent chercheurs, conseillers du gouvernement et industriels. Chaque institut développe une spécialité technologique centrale pour l'industrie du futur, en coordination les uns avec les autres. Ils sont aujourd'hui dotés d'un budget d'un milliard de dollars sur huit ans, mais sont supposés devenir à terme financièrement indépendants ;

- au Royaume-Uni, ce même type d'action fait partie du plan High Value Manufacturing Catapult de l' Industrial Strategy . Il soutient sept centres de recherche existants, en mettant à disposition des entreprises un réseau d'infrastructures, d'équipements et de compétences, pour favoriser l'émergence d'un écosystème de l'innovation intégré et participatif, ainsi que des technologies de rupture.

Enfin, l' Italie a initié récemment son programme intitulé « Piano Industria 4.0 ». Il place la priorité sur le développement de l'offre technologique, mais aussi sur la diffusion de ces offres au tissu industriel.

2. Des coopérations internationales

Au niveau européen, on observe une tendance au développement de coopérations . La France et l'Allemagne ont initié lors de la conférence numérique franco-allemande du 27 octobre 2015 une coopération en matière d'Industrie du Futur, sous forme d'un plan d'actions conjoint entre les plateformes françaises Alliance pour l'Industrie du Futur et allemande Industrie 4.0. Lors de la Foire de Hanovre d'avril 2017, cette coopération a été étendue à l'initiative italienne « Piano Industria 4.0 ». Elle est fondée sur 3 axes prioritaires : i) la normalisation et les architectures de référence 18 ( * ) dans le domaine du numérique notamment ; ii) l'inclusion des PME ; iii) la synchronisation des positions sur les aspects règlementaires, notamment sur les données industrielles.

Trois groupes de travail, composés des représentants des initiatives nationales, se réunissent régulièrement pour arrêter des positions communes sur chaque axe.

Au niveau communautaire, la France participe aussi aux initiatives lancées par la Commission en matière de coopération sur l'industrie du futur (notamment l'initiative Digitizing European Industry ). L'Alliance Industrie du futur la représente au sein de la National Platform Initiative, qui regroupe toutes les initiatives nationales existantes au sein de l'UE pour l'industrie du futur, et participe aux événements organisés dans le cadre de la Digitizing European Industry portée par la DG CONNECT et la DG GROW de la Commission Européenne.


* 18 Un des enjeux essentiels de cette coopération, est celui de la normalisation. Celle-ci est à la fois facteur de diffusion des innovations, mais aussi un moyen puissant de créer des barrières cachées à la concurrence. Les offres technologiques qui ne seront pas compatibles avec le système de normes dominant qui émergera sur le marché seront en effet écartées et vouées à l'échec commercial. D'où l'intérêt pour les acteurs industriels français de participer aux travaux internationaux de standardisation, notamment à l'échelle européenne. Quatre domaines ont été identifiés comme stratégiques : les systèmes robotisés à usage collaboratif, la fabrication additive, le numérique et l'assemblage multi-matériaux.

Page mise à jour le

Partager cette page