B. UN MINISTÈRE FORTEMENT IMPLIQUÉ DANS LA MISE EN oeUVRE DE LA LOLF

1. La définition d'une nouvelle architecture budgétaire

Sur la forme, la présentation du budget du ministère de la justice en application de la loi organique relative aux lois de finances ne sera pas très différente de la récapitulation des agrégats proposée par le projet de loi de finances initiale (bleu budgétaire). Le ministère de la justice fait l'objet d'une mission unique correspondant à la totalité de son périmètre d'attribution, intitulée « Rendre et exécuter la justice ». Fort logiquement, cette mission n'aura pas de vocation interministérielle. La mission sera l'unité de vote du Parlement, lequel pourra modifier la répartition des crédits entre les programmes d'une même mission par voie d'amendement .

Les crédits seront déclinés en six programmes et trente-trois actions 36 ( * ) auxquels seront assignés des objectifs précis, définis en fonction de finalités d'intérêt général, ainsi que des résultats attendus et faisant l'objet d'une évaluation. Au sein de chaque programme, les crédits seront fongibles, c'est-à-dire qu'ils pourront être redéployés par le responsable entre les lignes budgétaires qui le composent à l'exception des dépenses de personnels, soumises à un plafond d'autorisations .

Outre les deux programmes consacrés à l'administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse 37 ( * ) , les crédits affectés aux services généraux de la justice seront répartis au sein de quatre programmes, dont trois opérationnels et un support. Leur contenu devrait être largement calqué sur celui des trois agrégats actuels qui font l'objet du présent avis, à l'exception d'une partie des crédits de l'agrégat « administration générale » répartis entre les actions « soutiens » des différents programmes 38 ( * ) .

Le programme « justice administrative » vise à garantir le respect du droit par l'administration dans les relations qu'elle entretient avec ses administrés. Il sera administré par le secrétaire général du Conseil d'Etat lequel délèguera à chaque président ordonnateur secondaire un budget de fonctionnement en contrepartie d'objectifs à atteindre. Ce programme est structuré en 6 actions.

Le programme « justice judiciaire » constitue le support des fonctions juridictionnelles tant civiles que pénales. La polyvalence des personnels et des moyens des juridictions n'a pas permis de distinguer deux programmes distincts pour l'activité pénale et l'activité civile. En revanche, le ministère de la justice envisage de tenir compte de cette distinction au sein des actions. Le directeur des services judiciaires a été désigné responsable de ce programme qui comprend sept actions.

Le programme « accès au droit et à la justice », dont le responsable sera le chef du service de l'accès au droit et à la justice et de la politique de la ville couvre l'ensemble des politiques publiques destinées à faciliter l'accès au droit et à la justice. Il reprend d'ailleurs un des objectifs prioritaires figurant dans la loi d'orientation et de programmation pour la justice du 9 septembre 2002. Il se structure en trois actions.

Le programme « soutien de la politique de la justice et organismes rattachés » comprend deux volets distincts, l'un relatif aux moyens de l'état-major (ministre, secrétaire d'Etat, cabinets...), de l'administration et des services dont les compétences d'intérêt commun sont mutualisées, l'autre regroupant les crédits des autorités et institutions rattachées au budget du ministère. Cette enveloppe sera placée sous l'autorité du directeur de l'administration générale et de l'équipement, sauf en ce qui concerne les institutions ou autorités rattachées, chacune étant responsable de son budget. Huit actions sont déclinées : état-major - communication, activité normative, évaluation (contrôle, étude et recherche), gestion administrative commune, Commission nationale informatique et libertés (CNIL), haut conseil au commissariat aux comptes et Ordres de la légion d'honneur et de la libération.

Votre rapporteur pour avis note que le ministère de la justice avait envisagé de dédoubler ce programme afin de distinguer les autorités administratives sous un autre programme. Le regroupement entre le soutien de la politique de la justice et les organismes rattachés présente l'inconvénient de réunir sous un même programme des institutions aux statuts juridiques différents (établissement public, autorité administrative indépendante, organisme consultatif) et n'ayant pas de point commun. Ainsi, comme l'a relevé fort justement le comité interministériel d'audit des programmes en juin dernier 39 ( * ) , ce choix « prive ce programme de sa cohérence et réduit sa fongibilité globale. » Votre commission des Finances avait par exemple suggéré de regrouper les autorités administratives indépendantes comme la CNIL au sein d'un programme interministériel unique. Des discussions interministérielles ont abouti au seul retrait des crédits affectés à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques appelée à être rattachée à la mission « Administration générale et territoriale de l'Etat ».

La présentation des crédits affectés au ministère de la justice par le projet de loi de finances pour 2005 qui résulterait de la LOLF serait donc la suivante :

Programmes

Ministre

PLF 2005

Evolution par rapport à la loi de finances pour 2004

JUSTICE ADMINISTRATIVE

Justice

193.456.507

+2,9 %

- Fonction juridictionnelle : Conseil d'Etat

 

20.768.441

 

- Fonction juridictionnelle : cours administratives d'appel

 

33.988.513

 

- Fonction juridictionnelle : tribunaux administratifs

 

93.171.715

 

- Fonction consultative

 

8.127.059

 

- Fonction études, expertise et services rendus aux administration de l'Etat et des collectivités

 

9.320.654

 

- Soutien

 

28.080.125

 

JUSTICE JUDICIAIRE

Justice

2.177.788.667

+2,7 %

- Traitement et jugement des contentieux civils

 

743.907.045

 

- Conduite de la politique pénale et jugement des affaires pénales

 

988.148.069

 

- Cassation

 

38.667.700

 

- Conseil supérieur de la magistrature

 

1.823.637

 

- Enregistrement des décisions judiciaires

 

14.034.438

 

- Soutien

 

322.731.016

 

- Formation (ENM, ENG)

 

68.476.762

 

ACCÈS AU DROIT ET À LA JUSTICE

Justice

333.168.856

+3,1 %

- Aide juridictionnelle

 

314.119.872

 

- Développement de l'accès au droit et du réseau judiciaire de proximité

 

10.608.088

 

- Aide aux victimes

 

8.440.896

 

SOUTIEN DE LA POLITIQUE DE LA JUSTICE ET ORGANISMES RATTACHÉS

Justice

203.721.665

+10,5 %

- Etat major : ministres, cabinets, bureau du cabinet, communication

 

7.046.259

 

- Activité normative

 

15.038.940

 

- Evaluation, contrôle, études et recherche

 

8.802.631

 

- Gestion administrative commune

 

147.369.400

 

- Commission nationale informatique et libertés

 

7.675.748

 

- Haut conseil au commissariat aux comptes

 

275.918

 

- Ordre de la Légion d'honneur

 

26.827.340

 

- Ordre de la Libération

 

685.429

 

* 36 Les actions regroupent des crédits dont la finalité est identique.

* 37 Cf. avis budgétaires de nos collègues Philippe Goujon et Nicolas Alfonsi au nom de la commission des Lois.

* 38 Pour le détail des actions, se reporter à l'avant-projet annuel de performance.

* 39 Rapport d'audit sur les projets de programmes « Accès au droit et à la justice » - « soutien de la politique de la justice et organismes rattachés », établi conjointement par MM. Daniel Lejeune, inspecteur général des affaires sociales, et Jean-Marie Travers, inspecteur général de l'agriculture sous la coordination de M. Jean-Pierre Zanoto, inspecteur général des services judiciaires - p. 5.

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