D. DÉTENTION DES MINEURS : LA COMMISSION D'ENQUÊTE DU SÉNAT ENTENDUE

Au cours des dernières années, l'administration pénitentiaire a dû faire face à une augmentation du nombre de mineurs détenus. 573 mineurs étaient incarcérés au 1 er janvier 1995, 718 au 1 er janvier 2000 et 826 au 1 er janvier 2002.

Dans son rapport publié en juillet 2002, la commission d'enquête du Sénat sur la délinquance des mineurs 4( * ) a constaté que la détention des mineurs demeurait peu éducative, que les activités proposées aux mineurs incarcérés restaient insuffisantes et que l'étanchéité entre les quartiers de mineurs et les autres quartiers des maisons d'arrêt était loin d'être parfaite.

La commission d'enquête a également observé que la sortie de prison était rarement préparée, les jeunes passant brutalement d'une contention totale à une liberté complète.

Face à cette situation, la commission d'enquête, refusant le postulat selon lequel aucun travail éducatif ne serait possible en milieu fermé, s'est prononcée pour la création d'établissements pénitentiaires spécialisés pour les mineurs, conçus spécifiquement pour permettre une prise en charge intensive en vue de la réinsertion de ces mineurs . Elle a souhaité que soit introduite une véritable mixité dans ces établissements entre l'administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse. Elle a enfin estimé que les nouveaux établissements pour mineurs devraient progressivement remplacer les actuels quartiers de mineurs des maisons d'arrêt.

Le Gouvernement a pris en compte les recommandations de la commission d'enquête et vient d'annoncer la construction de huit établissements pénitentiaires exclusivement réservés aux mineurs pour un total de 400 places. Deux établissements devraient être construits en Ile de France, un dans l'agglomération de Lyon, un dans l'agglomération de Toulouse, un dans le Sud-Est, un en Alsace, un dans l'agglomération de Valenciennes et un dans l'agglomération de Nantes.

Ces établissements devraient comporter 40 ou 60 places chacun, ces capacités devant permettre de concilier la dimension éducative et une gestion optimale des établissements. Au cours de son audition par votre commission des lois le 27 novembre 2002, M. Dominique Perben, garde des Sceaux, a indiqué « que ces établissements pourraient être dotés d'équipements de sécurité plus légers que les autres établissements pénitentiaires et que l'objectif était de construire les établissements autour de la salle de classe . Il a fait valoir que les jeunes devraient être occupés de manière continue, grâce à des activités scolaires, sportives et culturelles. Il a précisé que des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse seraient appelés à intervenir dans ces établissements spécialisés, de manière à assurer un véritable suivi des mineurs par les mêmes personnes pendant la détention et après la sortie ».

En revanche, la loi d'orientation et de programmation pour la justice s'écarte des recommandations de la commission d'enquête, en ce qu'elle prévoit une augmentation du nombre de places dans les quartiers de mineurs des maisons d'arrêt, soit par extension des quartiers actuels, soit par création de nouveaux quartiers. Il est vrai que le maintien des liens familiaux implique d'avoir un nombre assez élevé d'établissements susceptibles d'accueillir des mineurs. Votre rapporteur pour avis souhaite néanmoins insister sur la nécessité de séparer très strictement les mineurs des autres détenus.

Il convient enfin de noter que la commission d'enquête du Sénat sur la délinquance des mineurs s'était inquiétée de l'absence d'aménagements de peines pour les mineurs détenus . Le Gouvernement a décidé d'habiliter certains centres de semi-liberté aux mineurs. L'application aux mineurs de la mesure de semi-liberté pourrait s'appliquer prochainement à Haubourdin, Maxéville et Grenoble.

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