Question de M. HINGRAY Jean (Vosges - UC) publiée le 16/12/2021

Question posée en séance publique le 15/12/2021

M. le président. La parole est à M. Jean Hingray, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP. – Mme Christine Bonfanti-Dossat applaudit également.)

M. Jean Hingray. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Que se passe-t-il, madame la ministre, sur le campus de Sciences Po Poitiers ? (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.) Les étudiants y ont dorénavant la possibilité de suivre un cours sur la sociologie de la race. Au programme : les principes du constructivisme racial, la France face à la race, ou encore la blanchité dans l'hégémonie raciale. Tout un programme !

Tout un programme qui, on l'aura compris, emprunte moins à Gobineau et Chamberlain qu'à l'idéologie woke et à la cancel culture. Madame la ministre, vous dénonciez toutes ces idéologies en février dernier. Vous aviez même demandé une enquête au CNRS. Cette enquête, le CNRS avait refusé de la mener – on peut même se demander qui décide encore dans ce pays… (Bravo ! sur les travées des groupes UC et Les Républicains.)

Après Sciences Po Grenoble, les choix de Sciences Po Poitiers suscitent l'indignation. Et que dire de Sciences Po Paris, qui dispense trois fois plus de cours sur le genre que sur les collectivités territoriales ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains.) On peut se demander si tel est bien le rôle de cette institution. Force est de constater que cette inversion des valeurs est désormais infusée à nos étudiants.

Ma question est donc simple, madame la ministre : dix mois après votre engagement à lutter contre ces idéologies, qu'avez-vous fait de concret ?

M. François Bonhomme. Rien !

M. Jean Hingray. Alors que vous vous félicitez d'avoir ressuscité le débat sur ces sujets, le CNRS et Sciences Po continuent à jouer leur partition. Nous attendons des réponses, madame la ministre. (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains. – M. Stéphane Artano applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 16/12/2021

Réponse apportée en séance publique le 15/12/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Hingray, reprenons une vue d'ensemble sur ces sujets importants.

L'université est au cœur de nos sociétés. Elle n'est pas étanche aux courants qui la traversent. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Elle ne les génère pas, elle les analyse, parfois au prix de débats et de controverses, comme il est normal, car la controverse fait avancer la connaissance et l'évaluation scientifique est faite par les pairs.

Mais depuis trop longtemps, nous voyons dans les établissements des événements perturbés sur le fondement de motifs partisans, idéologiques, ou de toute forme d'extrémisme. Nous voyons aussi des intitulés d'enseignement montés en épingle, au mépris du travail des enseignants-chercheurs. Nous voyons des enseignants-chercheurs et des doctorants empêchés dans leurs travaux, et ce quelle que soit leur discipline ou leur sensibilité.

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Et donc ?

Mme Frédérique Vidal, ministre. Le Sénat ne s'y est pas trompé, puisque, en octobre 2021, la mission d'information sur les influences extraeuropéennes sur la préservation des libertés académiques, présidée par Étienne Blanc, et dont le rapporteur était André Gattolin, a souligné le risque qui pesait sur les libertés académiques à cause des atteintes à l'intégrité scientifique.

De la même façon, à la suite des propositions de l'Opecst (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques) et à l'amendement du sénateur Ouzoulias sur la LPR (loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l'enseignement supérieur), nous avons refondu le cadre réglementaire de l'intégrité scientifique pour garantir la qualité des travaux.

Ma main n'a jamais tremblé, chaque fois qu'il a fallu envoyer une inspection générale, chaque fois qu'il a fallu aider des établissements à se faire évacuer. Cela faisait longtemps, malheureusement, que les mains tremblaient trop.

Enfin, l'inspection générale a mis en place une mission permanente d'appui aux établissements. Chaque fois que les libertés académiques ne sont pas respectées, ou que des événements sont perturbés, cela permet de mettre fin à ces dysfonctionnements. (Mme Nadège Havet et M. François Patriat applaudissent.)

M. le président. La parole est à M. Jean Hingray, pour la réplique.

M. Jean Hingray. D'abord, madame la ministre, je suis heureux que nous partagions le même constat. J'espère que votre main n'a pas tremblé lorsque vous avez signé la proposition de nomination du nouveau directeur de Sciences Po, et que le ménage sera fait dans cette institution !

Ce sont tout de même les impôts des contribuables français qui financent l'enseignement supérieur, et ce sont encore les députés et les sénateurs qui choisissent les orientations budgétaires. Or nous attendons que les valeurs de la France et les Français soient enfin respectés dans ces institutions. (Vifs applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains. – MM. Emmanuel Capus et Daniel Chasseing applaudissent également.)

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