Question de Mme MONIER Marie-Pierre (Drôme - SER) publiée le 16/12/2021

Question posée en séance publique le 15/12/2021

M. le président. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Marie-Pierre Monier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, les alertes concernant les non-remplacements d'enseignants du premier degré, je ne les compte plus ! À Saint-Gervais-sur-Roubion, dans la Drôme, les parents d'élèves me sollicitent, inquiets, après onze jours sans remplacement. Ce n'est là qu'un exemple d'une réalité qui concerne l'ensemble du territoire français. Dans l'Eure ou la Seine-et-Marne, les académies recourent massivement à des enseignantes et des enseignants retraités pour pallier les manques. C'est édifiant !

Quand un enseignant n'est pas remplacé, cela a pour conséquence que les élèves sont en surnombre dans d'autres classes, hors vague de covid, ou que des élèves restent à la maison. Dans tous les cas, ce sont des apprentissages qui ne se feront pas et un retard difficile à rattraper, alors que nos élèves prennent la crise sanitaire de plein fouet depuis déjà deux ans.

Cette dégradation inédite des conditions de remplacement dans le premier degré s'explique facilement. C'est le prix à payer lorsqu'on poursuit des objectifs multiples – dédoublement des classes en REP et REP+, augmentation des volumes horaires de décharge – sans augmentation proportionnelle des moyens humains.

Faute de créations de postes suffisantes, ces politiques, certes louables, conduisent, après avoir vidé le dispositif « Plus de maîtres que de classes », à piocher au sein des brigades de remplacement.

Monsieur le ministre, qu'allez-vous faire pour résoudre ce problème ? En janvier, le travail sur la carte scolaire commencera. Êtes-vous prêt à allouer des dotations suffisantes pour assurer les remplacements ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. Jacques Fernique applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 16/12/2021

Réponse apportée en séance publique le 15/12/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice, merci pour cette question, qui porte sur un sujet très important. Le remplacement correspond en effet au vécu des élèves, des parents d'élèves et des professeurs.

Sur le plan structurel, notre manière de remplacer dans le premier degré en France a fait récemment l'objet d'un rapport de la Cour des comptes.

Sur le plan conjoncturel, nous devons faire face à un absentéisme particulier, lié à la crise sanitaire.

Au niveau structurel, les progrès sont en cours. Il faut d'abord prévenir l'absentéisme. L'une des meilleures façons de le faire, c'est d'éviter que l'institution elle-même n'en crée. Je pense notamment à la formation continue, dont nous avons augmenté l'offre hors temps scolaire.

Il faut aussi disposer d'un vivier de remplaçants, ce qui nous amène au cœur de votre question. Les chiffres pour le premier degré sont importants : nous avons 30 000 remplaçants pour l'école primaire en France, soit à peu près 9 % de nos effectifs. Nous les mobilisons pleinement.

Contrairement à ce que vous avez dit, nous n'avons pas diminué le nombre de remplaçants en France. Au contraire, et il n'y a jamais eu autant de créations de postes dans le premier degré que depuis quatre ans, alors que nous avons moins d'élèves. (Protestations sur les travées du groupe SER.)

C'est un fait, que chacun peut vérifier : nous avons atteint un taux d'encadrement inédit dans le premier degré. Dans chacun de vos départements, mesdames, messieurs les sénateurs, le taux d'encadrement s'est amélioré, rentrée après rentrée, depuis 2017. Vous pouvez tous le vérifier, et c'est inédit dans les annales de la Ve République ! (Nouvelles protestations sur les travées du groupe SER.) Tout cela se fait non pas au détriment du remplacement, mais au contraire pour le renforcer.

Il est tout à fait exact, madame la sénatrice, qu'il y a davantage d'absentéisme en ce moment, à cause de la crise sanitaire. Cela n'aura échappé à personne, et c'est vrai dans tous les métiers.

Nous faisons face. Quand vous dites que nous faisons appel à de jeunes retraités, vous montrez plutôt notre pragmatisme et notre capacité adaptation qu'autre chose. Oui, il faut faire flèche de tout bois face à un absentéisme plus important que d'habitude.

Je ne nie pas les problèmes qui se posent, mais nous allons progresser, à la fois par les facteurs structurels que j'ai mentionnés, mais aussi par des mesures spéciales, comme celles que nous avons prises en recrutant plus de contractuels l'année dernière au cœur de la crise, ou celles que nous prenons à présent. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Véronique Guillotin et M. Bernard Fialaire applaudissent également.)

M. le président. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour la réplique.

Mme Marie-Pierre Monier. Les retraités, monsieur le ministre, ne veulent pas y retourner, et les contractuels ne constituent pas une solution !

Déjà, nous manquons de postes. C'est cela, la réalité : je crois qu'il faut vraiment que vous alliez sur le terrain écouter le ras-le-bol de celles et ceux qui œuvrent au quotidien pour instruire nos enfants.

Depuis le début du quinquennat, le premier degré est affiché comme une priorité, pour justifier des suppressions de poste dans le secondaire. En réalité, les conditions d'enseignement se dégradent dans le premier degré. (M. le ministre le conteste vivement.)

Et ce sera pis à la rentrée, car, pour le premier degré, dans le projet de loi de finances pour 2022, il y a zéro création de postes ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mmes Marie-Noëlle Lienemann et Monique de Marco applaudissent également.)

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