Question de Mme GOSSELIN Béatrice (Manche - Les Républicains-A) publiée le 09/12/2021

Question posée en séance publique le 08/12/2021

M. le président. La parole est à Mme Béatrice Gosselin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Béatrice Gosselin. Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, alors que la cinquième vague frappe de plein fouet l'Hexagone, nos hôpitaux sont de nouveau soumis à une très forte pression.

Certains centres hospitaliers, dont celui de Cherbourg, dans la Manche, ont dû réactiver le plan blanc et ont déprogrammé les interventions médicales non urgentes.

La fragilité structurelle de ces établissements hospitaliers préexistait avant cette nouvelle vague épidémique. En effet, dans certains territoires, être admis aux urgences est devenu un parcours du combattant ! Au cours des derniers mois, de nombreux services ont été poussés à la fermeture, faute de personnel soignant et de médecins.

Pour la troisième fois depuis cet été, le service d'urgence de l'hôpital d'Avranches n'a pas pu accueillir des patients : il ne compte désormais que cinq médecins urgentistes titulaires, contre quinze l'an dernier. La direction a dû faire appel à des intérimaires, ce qui ne permet pas un fonctionnement optimal du service, au grand désarroi des médecins titulaires.

Certes, le Ségur de la santé était nécessaire, mais il montre déjà ses limites puisque les personnels manquent, quittent le service public ou refusent d'y travailler.

Vous nous avez annoncé des financements exceptionnels en matière d'investissements. Or c'est le fonctionnement ou l'attractivité de l'hôpital public qui est en cause.

Si le rôle de l'État est de protéger la population contre la covid-19, celui-ci doit également assurer une couverture sanitaire homogène et équitable, notamment dans les territoires ruraux.

Malades, sachez-le : vous n'avez pas la même chance d'être soignés selon que vous habitez dans une ville littorale au sud de la France ou dans une petite commune rurale, aussi charmante soit-elle !

Monsieur le ministre, quel est votre plan pour rendre l'hôpital public plus efficace et attractif, la suppression du numerus clausus ne pouvant plus être la seule solution ? Quelles actions entendez-vous mettre en œuvre pour que l'égalité des chances en santé soit réellement une réalité pour tous ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 09/12/2021

Réponse apportée en séance publique le 08/12/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Je vous remercie de cette question très factuelle, madame la sénatrice Gosselin. Vous l'avez introduite en évoquant plusieurs constats, que je partage.

Effectivement, notre Hôpital – avec un grand « H » – est soumis à une forte pression depuis des années, pour ne pas dire des décennies, cette pression étant exacerbée par la cinquième vague de covid-19.

Vous l'avez souligné, des plans blancs sont déclenchés dans certains territoires. Je vous indique que de tels plans vont être activés dans les prochaines heures à l'échelle régionale, en raison d'un afflux massif de patients atteints du covid-19.

J'ai déjà rappelé les chiffres : un malade atteint de forme grave entre en réanimation à l'hôpital toutes les dix minutes et, pratiquement chaque minute, un nouveau malade est hospitalisé quelque part en France en raison d'une forme symptomatique du covid-19. C'est la raison pour laquelle nous mettons l'accent sur la vaccination.

Dans ce contexte, nos soignants nous rappellent qu'ils étaient là pour la première vague, la deuxième, la troisième, la quatrième. Ils nous disent qu'ils sont fatigués, qu'ils tiennent bon, mais que c'est très compliqué, et qu'il faut déprogrammer des interventions. Nous connaissons cela, hélas ! madame la sénatrice.

Nous faisons face à une crise exceptionnelle, qui vient se surajouter à un état de tension dû, vous l'avez dit vous-même, à une pénurie de soignants, notamment de médecins, liée au numerus clausus. Vous avez aussi rappelé que nous avons supprimé le numerus clausus et vous avez eu raison d'indiquer que cela n'apporterait pas de solutions immédiates.

Mais nous améliorons tout ce qu'il nous est possible d'améliorer s'agissant du lien entre ville et hôpital, entre sanitaire et médico-social. Nous réduisons la charge administrative et tout ce qui n'est pas de portée médicale ou lié aux soins dans le quotidien des soignants. Nous faisons monter en compétences certains personnels non médicaux ; vous avez ainsi pu voter au Sénat un accès direct aux kinésithérapeutes, aux orthophonistes, la possibilité pour les orthoptistes de prescrire des lunettes, etc. Nous multiplions par deux le nombre des maisons et des centres de santé, des centaines de communautés professionnelles territoriales de santé ont vu le jour sur l'ensemble du territoire et l'activité de télémédecine a centuplé en deux ans.

Vous voyez donc, madame la sénatrice Gosselin, que nous mettons en œuvre toutes les solutions possibles.

En revanche, il n'y a pas de fuite de l'hôpital ou de démissions en masse. Nos hôpitaux comptent aujourd'hui plus de soignants qu'il y a deux ans – c'est un fait –, mais en raison de la charge de travail, du mouvement de réorganisation et de l'augmentation pérenne du nombre de lits de réanimation, cet accroissement ne suffit pas pour répondre à la demande.

Chaque fois que des difficultés sont recensées – vous avez cité celles que rencontre le service des urgences de votre hôpital du fait d'une pénurie de médecins urgentistes, pénurie qui est d'ailleurs nationale –, nous identifions localement, avec l'ensemble des acteurs concernés, des solutions en matière d'attractivité. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

- page 11554

Page mise à jour le