Question de Mme LHERBIER Brigitte (Nord - Les Républicains) publiée le 09/12/2021

Mme Brigitte Lherbier attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur la multiplication des opérations de sauvetage de migrants dans la Manche.

Notre littoral vient de connaître son naufrage de migrants le plus meurtrier. Mercredi 24 novembre 2021, au moins 27 personnes sont mortes noyées au large de Calais. Parmi elles, 7 femmes et 3 jeunes. Leur embarcation serait partie du Dunkerquois, peut-être de Loon-Plage, pour tenter de rejoindre l'Angleterre. Ils ont été secourus par les bénévoles de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Calais. Depuis le phénomène des « smart boats », ces marins sont en première ligne. Ils constatent avec tristesse l'augmentation des interventions auprès d'embarcations de migrants dans la Manche depuis des années.

Sur la zone Gris-Nez, la SNSM dénombre 143 interventions par les stations de Berck-sur-Mer, Boulogne-sur-Mer, Calais, Gravelines et Dunkerque depuis le début de l'année 2021. La très grande majorité concernait des migrants. Ces interventions exigent des pleins de gasoil, des centaines de couvertures et des vivres. Elles mobilisent souvent les bénévoles plusieurs heures, parfois des nuits entières.

L'intensité de ces opérations de sauvetage, et leur multiplication, n'altère en rien l'engagement des sauveteurs bénévoles. Néanmoins, le désarroi de ces exilés les ébranle. Ils ne pensaient pas, un jour, être appelés pour récupérer des cadavres en mer. Lors d'opérations difficiles, ils craignent pour la sécurité de leur équipage. Leur matériel, qu'ils entretiennent eux-même, est mis à rude épreuve.

La SNSM est une association à but non lucratif reconnue d'utilité publique financée à 80 % par des dons. À l'heure où les opérations de sauvetage de migrants se multiplient, elle se demande si le Gouvernement a prévu de soutenir la SNSM dans ses missions auprès des migrants.

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Transmise au Ministère de la mer


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 15/12/2021

Réponse apportée en séance publique le 14/12/2021

M. le président. La parole est à Mme Brigitte Lherbier, auteur de la question n° 1969, transmise à Mme la ministre de la mer.

Mme Brigitte Lherbier. Notre littoral nordiste a connu voilà peu son naufrage de migrants le plus meurtrier.

Le mercredi 24 novembre dernier, au moins 27 personnes sont mortes noyées au large de Calais. Parmi elles, il y avait 7 femmes et 3 jeunes. Leur embarcation serait partie du Dunkerquois, peut-être de Loon-Plage, pour tenter de rejoindre l'Angleterre. Ils ont été secourus par les bénévoles de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Calais.

Depuis qu'a commencé le phénomène des « embarcations de fortune », ces marins sont en première ligne. Ils constatent avec tristesse l'augmentation des interventions auprès d'embarcations de migrants dans la Manche depuis des années.

Sur la zone Gris-Nez, la SNSM dénombre 143 interventions par les stations de Berck-sur-Mer, Boulogne-sur-Mer, Calais, Gravelines et Dunkerque depuis le début de l'année 2021. La très grande majorité concernait des migrants.

Ces interventions exigent des pleins de gasoil, des centaines de couvertures et des vivres. Elles mobilisent souvent les bénévoles plusieurs heures, parfois des nuits entières.

L'intensité de ces opérations de sauvetage et leur multiplication n'altèrent en rien l'engagement des sauveteurs bénévoles. Néanmoins, le désarroi de ces exilés les ébranle. Ils ne pensaient pas être appelés un jour pour récupérer des cadavres en mer. Lors d'opérations difficiles, ils craignent pour la sécurité de leur équipage. Leur matériel, qu'ils entretiennent eux-mêmes, est mis à rude épreuve.

La SNSM est une association à but non lucratif reconnue d'utilité publique, financée à 80 % par des dons.

Je sais que le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, est très investi sur ces questions et a déjà apporté son soutien aux bénévoles de la SNSM. Je souhaite néanmoins, madame la ministre, connaître la position du Gouvernement : à l'heure où les opérations de sauvetage se multiplient, celui-ci compte-t-il soutenir la SNSM dans ses missions auprès des migrants ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice Brigitte Lherbier, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de mon collègue ministre de l'intérieur et celle de ma collègue Annick Girardin, qui se trouve à Bruxelles pour la négociation des quotas de pêche.

Voici la réponse que celle-ci m'a chargée de vous lire :

« La SNSM est un organisme indispensable dans l'organisation du sauvetage en mer – je tiens ici à saluer l'ensemble de ses membres pour le travail extraordinaire qu'ils réalisent. À ce titre, l'État apporte à cette association d'utilité publique un accompagnement tout à fait particulier.

« Tout d'abord, le Centre ressource d'aide psychologique en mer, le Crapem, créé en 2020, se tient à la disposition et à l'écoute des marins des stations SNSM en soutien psychologique.

« Ensuite, sur le plan financier, le ministère de la mer a quintuplé en dix ans la subvention attribuée à l'association. Le soutien financier de l'État s'élève à près de 11 millions d'euros, soit 25 % de son budget total.

« L'État porte également une attention particulière à la condition de bénévole et a permis, entre autres, la reconnaissance et la valorisation de leurs formations, ainsi que l'attribution du statut de pupille de la République aux enfants de sauveteurs décédés en opération de sauvetage – malheureusement, il y en a.

« Le phénomène migratoire que connaît la Manche mobilise particulièrement tous les moyens de l'État, mais aussi, comme vous l'avez souligné, la SNSM. Afin de préserver au mieux la mobilisation des bénévoles, et devant la recrudescence des traversées, le préfet maritime a donné la consigne de ne solliciter la SNSM que pour les cas de sauvetage avérés.

« Si le nombre d'opérations de ce type pour la SNSM n'excède pas 8 % de l'ensemble des moyens mobilisés, cela représente tout de même pour les bénévoles plus de 150 sorties, dans des conditions très difficiles. Les sauveteurs en mer le sont par vocation, mais ils n'en restent pas moins des bénévoles, et il est de notre responsabilité de les préserver devant la grandeur de leur tâche.

« Les stations du Nord-Pas-de-Calais ont vu leur activité croître et leurs frais de fonctionnement augmenter. L'organisation nationale de la SNSM permet à chaque station qui nécessiterait un soutien financier particulier d'être accompagnée par le siège, et je me suis bien assurée du plein soutien de la SNSM à ces stations. »

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