Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 21/10/2021

Question posée en séance publique le 20/10/2021

M. le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Dominique Estrosi Sassone. Ma question s'adresse à Mme la ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du logement.

M. Christian Cambon. Ah !

Mme Dominique Estrosi Sassone. « Nous devons désormais l'affirmer de façon claire : le modèle à l'ancienne du pavillon dont on peut faire le tour n'est plus soutenable et nous mène à une impasse. »

Par ces propos déconnectés du réel, madame la ministre, vous avez touché au cœur du rêve français : 75 % de nos compatriotes voudraient posséder une maison. La maison individuelle, c'est celle des Français et spécifiquement celle des classes moyennes et populaires, qui travaillent et veulent se constituer un patrimoine.

Économiquement, la production de 120 000 maisons individuelles par an est une remarquable source d'activité dans nos territoires.

Aussi, faire le procès de l'habitat individuel comme principal responsable de l'artificialisation des sols est totalement faux. La politique malthusienne de limitation de l'artificialisation des sols pour le logement conduit indirectement à une politique antisociale.

Madame la ministre, quand allez-vous cesser de mettre la pression sur les maires, qui ne peuvent plus construire ? Quand allez-vous cesser de prôner par pure idéologie une espèce de politique de décroissance en matière de logement ?

Dans notre pays, nous manquons cruellement de logements, et pas uniquement de logements sociaux ou d'immeubles, mais bien aussi de maisons. Aggravée par vos politiques schizophréniques, la crise du logement n'a jamais été aussi importante ! (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Logement publiée le 21/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 20/10/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée du logement.

Mme Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du logement. Madame la sénatrice Estrosi Sassone, je vous remercie de cette question (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.), qui va me permettre de préciser les termes que j'ai employés.

Non, je ne suis pas contre la maison individuelle ! (Mêmes mouvements.) Non, le Gouvernement n'a pas l'intention d'en finir avec la maison individuelle, qui est le rêve des Français, et ce rêve est légitime. (Mêmes mouvements.)

Le problème posé est une question d'urbanisme : qui peut dire que les lotissements issus de l'urbanisme des années 1960 et 1970, situés dans la périphérie toujours plus éloignée des villes, répondent correctement à ce rêve ?

La construction de ces lotissements a trois conséquences : la première, c'est la désertification des centres-villes, les commerces ayant progressivement fermé dans le centre de nos petites villes et de nos villes moyennes. Le Gouvernement, avec Jacqueline Gourault, porte le programme Action cœur de ville. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Husson. Cela n'a rien à voir !

Mme Emmanuelle Wargon, ministre déléguée. La deuxième conséquence est une forme d'isolement et de perte de lien social. Je rencontre les Français dans tous mes déplacements : ils attendent un meilleur accès aux transports en commun, davantage de services et plus de lieux de convivialité.

La troisième conséquence, c'est bien la perte de terres naturelles et agricoles. Nous perdons toutes les cinq minutes en France l'équivalent d'un terrain de football, et nous avons perdu un quart de nos terres agricoles ces dernières années.

La maison individuelle n'est pas en cause ; elle a sa place dans notre modèle d'urbanisme. Mais où et comment construire ces maisons individuelles ? Pour loger tous les Français, nous avons besoin de toutes les formes d'habitat. Nous avons besoin de rénover les corps de ferme, les centres-villes et les centres-villages, comme de construire sur des friches.

Ce débat est important et mérite mieux que des caricatures. Je sais que vous en êtes convaincus. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et GEST. – Mme Marie-Pierre de La Gontrie applaudit également. – Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Dominique Estrosi Sassone. Madame la ministre, il faut arrêter les caricatures et cesser d'opposer le rural à l'urbain, la croissance à la décroissance, le logement individuel au logement collectif. (Protestations sur les travées du groupe GEST.)

Il faut cesser de régenter la vie des Français. Il faut cesser de rendre les Français coupables de leur mode de vie. Il faut retrouver le respect des Français et de leur liberté, développer une volonté politique et, surtout, en finir avec votre vision d'élite parisienne écologiste, éloignée des territoires, des habitants et de leurs préoccupations ! (Bravo ! et applaudissements prolongés sur les travées des groupes Les Républicains et UC. – Protestations sur les travées du groupe GEST.)

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