Question de M. POINTEREAU Rémy (Cher - Les Républicains) publiée le 14/10/2021

Question posée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à M. Rémy Pointereau, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Rémy Pointereau. Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé ; j'y associe ma collègue Marie-Pierre Richer.

Monsieur le ministre, l'heure est grave, et je pèse mes mots. Le week-end dernier, l'hôpital de Bourges s'est retrouvé, pour la énième fois, dans l'incapacité de prendre en charge des patients à cause de l'absence de structure mobile d'urgence et de réanimation (SMUR) primaire et secondaire. Cette situation a obligé les hôpitaux des villes de Vierzon et Saint-Amand-Montrond à suppléer celui du chef-lieu du département. Or ces villes se situent à plus de quarante minutes de Bourges ; de surcroît chacun de ces hôpitaux ne dispose que d'une seule ambulance.

Les maires de ces villes ont porté plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui, en raison de l'absence de SMUR et de la pénurie de médecins urgentistes à temps plein ; je souscris à leur démarche.

Alors, monsieur le ministre, ma question est simple : après avoir été interpellé à plusieurs reprises, par différents acteurs et sur plusieurs années, au sujet de la pénurie chronique d'accès aux soins et aux urgences dans le Cher, quelles solutions immédiates comptez-vous apporter pour répondre à cette situation, qui expose nos populations rurales à une perte de chance de survie en cas d'urgence vitale ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Jean-Pierre Sueur applaudit également.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 14/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Rémy Pointereau, merci pour votre question. Comme vous l'avez souligné, cela fait plusieurs années que les pouvoirs publics divers et variés font l'objet d'interpellations au sujet de la démographie médicale dans votre très beau territoire de Bourges, qui fait face à une pénurie d'urgentistes.

À vrai dire, si l'on interrogeait l'ensemble des sénateurs et des sénatrices, il y aurait fort à parier que l'on trouverait beaucoup d'hôpitaux souffrant d'une pénurie de médecins urgentistes. C'est d'ailleurs notamment pour cette raison que nous avons supprimé le numerus clausus, qui a creusé progressivement, quarante ans durant, ce trou démographique dont nous sommes tous victimes, sur l'ensemble du territoire.

De fait, à Bourges, les chiffres sont les suivants : sur vingt-cinq postes d'urgentistes ouverts, six sont occupés par des praticiens hospitaliers ; six autres, par des praticiens associés. Cela met effectivement en difficulté l'hôpital de Bourges, qui a dû renoncer le 8 octobre à ouvrir dans des conditions normales, comme vous l'avez exposé. C'était la deuxième fois que cela arrivait au cours des trois derniers mois, ce qui n'est absolument pas normal.

Je ne peux que souscrire à ce diagnostic, monsieur le sénateur, mais, une fois celui-ci fait, il faut également proposer des solutions ! Or je ne peux, à l'évidence, fabriquer des urgentistes : il faut pouvoir en identifier là où ils existent.

C'est pourquoi un audit a été réalisé en 2019 pour l'hôpital de Bourges ; il a conduit à réorganiser les soins du service des urgences afin d'en améliorer l'organisation fonctionnelle. Un programme de travaux est également mené pour adapter dans les prochaines années le service aux flux de patients.

Mais la condition principale du rétablissement d'un fonctionnement normal pour ce service d'urgence, c'est sa capacité à recruter des urgentistes. Qu'est-ce qui a été fait à cette fin ? Quatre médecins étrangers ont reçu un accompagnement pour passer l'épreuve de vérification des connaissances, qui leur permettra très prochainement d'exercer une activité normale, à temps complet, en tant que praticien hospitalier. À compter du 1er novembre, un docteur junior et un assistant-spécialiste vont en outre venir renforcer les équipes du centre hospitalier en temps partagé, de manière à pouvoir sortir un peu la tête de l'eau, si je puis dire.

Mais c'est une solution de fond qu'il faut. La question de la filière de la médecine d'urgence se pose plus largement, car on voit que la pénurie est criante dans bien des points du territoire. En général, il faut poser la question de la démographie médicale : vous ne trouverez aucun sénateur dans cet hémicycle pour considérer qu'il y aurait trop d'urgentistes dans l'hôpital de son territoire ! Nous en manquons globalement, car il fallait en former plus ; c'est désormais le cas. Il faut donc encore un peu de patience ; en attendant, on identifie des solutions : les médecins étrangers, les internes, les temps partagés, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), ou encore les liens entre ville et hôpital, partout où de tels problèmes se posent. (M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à M. Rémy Pointereau, pour la réplique.

M. Rémy Pointereau. Monsieur le ministre, vous faites un constat, comme moi, mais vous ne parlez pas du problème des intérimaires aux urgences. Je vous ai pourtant alerté sur ce sujet voilà plus d'un an,…

M. Olivier Véran, ministre. Trouvez une solution ; il faut voter les lois !

M. Rémy Pointereau. … mais peut-être attendez-vous qu'un drame se produise dans le département avant de réagir ? Je n'ai jamais de réponse à mes courriers ! Je les ai là ! (L'orateur brandit les courriers. – M. le ministre des solidarités et de la santé s'exclame.)

Autrefois, les ministres prenaient la peine de répondre aux élus (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC, SER et CRCE. – M. le ministre des solidarités et de la santé proteste en montrant son dossier.), qu'ils appartiennent ou non à la majorité. Par respect pour nos institutions, je pense qu'il serait bien que le nouveau monde s'inspire de l'ancien…

M. le président. Il faut conclure !

M. Rémy Pointereau. … et qu'il prenne la peine de répondre aux élus, surtout lorsqu'il s'agit des populations rurales qui sont en danger. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Jean-Pierre Sueur applaudit également.)

- page 9072

Page mise à jour le