Question de M. SAVOLDELLI Pascal (Val-de-Marne - CRCE) publiée le 14/10/2021

Question posée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

M. Pascal Savoldelli. Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion.

Madame la ministre, depuis le début de la crise, nous voyons régulièrement ces images choquantes de centaines de jeunes faisant la queue pour recevoir des paniers alimentaires.

Emmanuel Macron avait annoncé le projet de revenu d'engagement pour les jeunes, le 12 juillet dernier. Ce dispositif devait permettre d'atteindre l'ensemble des jeunes sans travail ou sans formation, mais son ambition a depuis été revue à la baisse, puisque le nombre de jeunes pouvant y aspirer a été réduit de plus de moitié, moins de 500 000 jeunes étant désormais concernés.

Aujourd'hui, il semblerait même que le projet soit enterré. Un article du journal Libération daté d'aujourd'hui cite à ce sujet un élu : « Ce n'est pas au moment où l'on manque de serveurs ou de personnes sur les chantiers qu'il faut laisser penser qu'on va filer 500 euros aux jeunes. » C'est donc cela, l'horizon que l'on propose à une partie de la jeunesse ? La précarité ! Travaille et tais-toi !

Concrètement, madame la ministre, qu'en est-il de ce dispositif ? Qui pourra y prétendre si ce projet voit le jour, et que comptez-vous faire de celles et ceux qui, aujourd'hui, n'ont d'autre choix que d'aller à la soupe populaire ou de s'inscrire sur une plateforme ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion publiée le 14/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion.

Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion. Monsieur le sénateur Pascal Savoldelli, contrairement à ce que vous laissez entendre, aucun Président de la République n'a autant agi en faveur de la jeunesse. (Exclamations sur les travées des groupes CRCE, SER, GEST et Les Républicains.)

Alors que notre pays a traversé l'une de ses crises les plus graves, 3 millions de jeunes ont pu trouver un emploi, un apprentissage, une formation ou un accompagnement grâce au plan « 1 jeune, 1 solution ». (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Nous avons mobilisé 9 milliards d'euros et les résultats sont là : le taux d'emploi des jeunes est revenu à son niveau d'avant-crise. Je rappelle qu'après la crise de 2008-2009 le taux de chômage des jeunes avait explosé, avec une hausse de plus de 30 %. (Protestations sur des travées du groupe Les Républicains. – Mme Patricia Schillinger applaudit.)

Désormais, la reprise économique ouvre de nombreuses perspectives d'emploi ou d'apprentissage, dont les jeunes bénéficient pleinement. Nous devrions égaler, voire dépasser, le record de plus de 525 000 apprentis atteint en 2020. Notre volonté, c'est que cette reprise bénéficie également aux jeunes les plus éloignés de l'emploi. C'est tout le sens des travaux que nous menons, à la demande du Président de la République.

Monsieur le sénateur, il ne faut pas forcément croire tout ce qui est écrit dans les journaux. (Exclamations sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Marc-Philippe Daubresse. C'est vrai !

M. Jérôme Bascher. Il ne faut pas forcément croire le Gouvernement non plus !

Mme Élisabeth Borne, ministre. Il nous faut tout d'abord redoubler d'efforts pour aller vers ceux qui ne viennent pas spontanément dans les missions locales. Pour eux, je souhaite construire, en lien étroit avec le ministre chargé des solidarités, Olivier Véran, et la ministre chargée du logement, Emmanuelle Wagon, des parcours sur mesure, mobilisant les missions locales, mais aussi les associations de terrain et les collectivités.

Nous voulons également améliorer les parcours d'accompagnement en capitalisant sur les solutions qui ont fait leurs preuves dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution » : les immersions en entreprise, les prépas apprentissage, les formations qualifiantes. Les travaux sont en cours de finalisation et j'espère pouvoir compter sur votre soutien dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2022.

Notre volonté, c'est de permettre à chaque jeune d'accéder au plus vite à l'emploi. Je pense que c'est un combat qui devrait pouvoir rassembler largement. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour la réplique.

M. Pascal Savoldelli. Madame la ministre, vous avez demandé des publications : je vais vous en montrer ! (L'orateur brandit un document.) Voici le dernier rapport d'activité de l'Armée du salut : à la une, un livreur qui vient y manger. Ce média vous convient-il ?

Je veux vous dire une deuxième chose, et je tiens à le faire devant mes collègues : ce que vous venez de me répondre, de nous répondre à tous, c'est que la promesse du président Macron est enterrée ! Vous n'en avez pas dit un seul mot dans votre intervention ! (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST.) Vous avez enterré une promesse sociale : voilà ce que vous venez de faire !

Je veux enfin vous dire ceci : la situation est trop grave pour que vous nous fassiez un bilan plein d'une autosatisfaction à valeur morale ! Ce n'est pas possible, madame la ministre ; ce n'est pas acceptable ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées des groupes SER, GEST et Les Républicains.)

Mme Élisabeth Borne, ministre. C'est n'importe quoi !

M. Pascal Savoldelli. Nous n'avons pas tous le même avis dans cet hémicycle, madame la ministre, mais, franchement, s'il était question non pas de ces jeunes qui n'ont rien, mais de banques ou d'entreprises, on les aurait aidées, la promesse aurait été tenue !

Mme Élisabeth Borne, ministre. Pour les jeunes, nous mobilisons 9 milliards d'euros !

M. Pascal Savoldelli. Alors, ne réfléchissez pas à une quelconque morale à la place de ces jeunes, qui tentent de survivre !

M. le président. Il faut conclure !

M. Pascal Savoldelli. Notre société et sa cohésion sont en danger, madame la ministre ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

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