Question de M. CHANTREL Yan (Français établis hors de France - SER) publiée le 07/10/2021

Question posée en séance publique le 06/10/2021

M. le président. La parole est à M. Yan Chantrel, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. Je salue sa première prise de parole dans notre hémicycle ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Yan Chantrel. Merci, monsieur le président. C'est un honneur de représenter les Françaises et les Français établis hors de France au sein de notre assemblée.

Mes chers collègues, il y a un an jour pour jour, notre compatriote Emmanuelle Charpentier recevait le prix Nobel de chimie. Établie hors de France depuis vingt-quatre ans, elle déclarait alors : « Je pense que la France aurait du mal à me donner les moyens que j'ai en Allemagne. La recherche scientifique a besoin d'être soutenue par le Gouvernement. »

Un an plus tard, le constat est sans appel. La semaine dernière, le journal Le Monde publiait une enquête accablante sur le déclin de la recherche en France, qui mettait en relief des moyens en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE, des salaires indignes, des équipements vieillissants, ainsi que la dégradation des conditions de travail qui affecte la productivité de la recherche française.

Loin de régler le problème, la loi de programmation de la recherche (LPR) votée en 2020 consacre le manque d'ambition du Gouvernement, en accroissant la précarisation des contrats et les inégalités entre laboratoires.

En tant que conseiller consulaire et désormais sénateur représentant les Français de l'étranger, j'ai rencontré des centaines de compatriotes, doctorantes et doctorants, chercheuses et chercheurs, qui, devant ce manque cruel de moyens, ont fait le choix d'exercer leur métier et de vivre leur passion à Washington, à Cambridge, à Belém ou encore à Sydney.

À l'heure ou la planète est confrontée à des bouleversements climatiques et sanitaires majeurs, comment le Gouvernement compte-t-il donner à la recherche française les moyens de répondre à l'urgence ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 07/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 06/10/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Chantrel, permettez-moi également de vous féliciter de votre élection en tant que sénateur représentant les Français établis hors de France. Je sais que nous aurons l'occasion de nous revoir dans le cadre des travaux menés par la commission de la culture, de l'éducation et de la communication.

Monsieur le sénateur, contrairement à ce que titre le journal Le Monde, ce n'est pas la recherche française qui est en déclin : ce sont les financements accordés à la recherche française ces vingt dernières années qui sont en cause. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.) Ces moyens, ignobles, ne nous ont en effet pas permis de garder nos talents. (M. Martin Lévrier applaudit.)

En réalité, c'est ce gouvernement qui est en train d'inverser la tendance. (Nouvelles exclamations sur les travées du groupe SER.) Ainsi, pour la première fois, nous observons une hausse sensible du nombre de candidatures de doctorants étrangers.

Par ailleurs, nous investissons 25 milliards d'euros dans la recherche au travers de la loi de programmation de la recherche, et la dotons de 500 millions d'euros cette année dans le cadre du projet de loi de finances, soit deux fois plus que lors des précédents quinquennats. Voilà la réalité, monsieur le sénateur !

Je parlerai également des 7 milliards d'euros supplémentaires investis dans le cadre du plan Innovation Santé 2030, afin de soutenir le secteur de la santé, dont nous avons vu à quel point il avait besoin d'être encouragé. Il faut aussi mentionner les 7,8 milliards d'euros consacrés, dans le plan de relance, au périmètre couvert par mon ministère, à savoir l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation.

C'est cet investissement qui nous permettra de préserver plus de 2 000 emplois hautement qualifiés dans la recherche et le développement,…

Mme Laurence Cohen. Chez Sanofi ?

Mme Frédérique Vidal, ministre. … autant d'emplois qui auraient pu manquer à notre pays.

Pour la première fois également, nous nous engageons à proposer à nos jeunes chercheurs une rémunération supérieure à deux SMIC, à augmenter de 30 % les salaires des doctorants, et à créer 650 postes supplémentaires, au-delà des départs à la retraite.

Enfin, pour la première fois cette année, je le répète, des chercheurs internationaux demandent à revenir dans notre pays, qu'ils aient été formés en France ou ailleurs : ainsi, 180 demandes sont parvenues à mon ministère cette année.

Voilà, monsieur le sénateur, ce que c'est de croire en la recherche française ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Yan Chantrel, pour la réplique.

M. Yan Chantrel. Madame la ministre, je constate que votre réponse n'est vraiment pas à la hauteur de l'urgence des défis climatiques et sanitaires auxquels nous devons faire face. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. – Protestations sur les travées du groupe RDPI, ainsi qu'au banc du Gouvernement.)

Concernant le budget 2022, les augmentations annoncées sont très en deçà de ce qui était prévu dans la loi de programmation de la recherche. Quant aux investissements planifiés à l'horizon 2030, ils sont beaucoup trop tardifs pour répondre aux différentes crises climatiques et sanitaires, qui appellent une réaction immédiate. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

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