Question de M. CAPO-CANELLAS Vincent (Seine-Saint-Denis - UC) publiée le 30/09/2021

Question posée en séance publique le 29/09/2021

M. le président. La parole est à M. Vincent Capo-Canellas, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Vincent Capo-Canellas. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur. Je souhaite à mon tour aborder, à la suite de Thierry Meignen, le sujet de l'installation de consommateurs de crack porte de la Villette à Paris, aux lisières des communes d'Aubervilliers et de Pantin, en Seine-Saint-Denis.

Bien sûr, il s'agit d'un sujet – hélas ! – ancien et difficile. Bien sûr, il s'agit d'un problème humain. Bien sûr, il s'agit d'une addiction.

Il faut une prise en charge globale, nous le mesurons ; il n'en reste pas moins que du strict point de vue de l'ordre public cette décision est incompréhensible. La population a notamment le sentiment que l'on joue au bonneteau et qu'il n'y a eu aucune coordination entre la branche sécuritaire de l'État et la branche chargée de l'accompagnement social, voire psychiatrique, à savoir l'ARS.

Par ailleurs, les élus locaux ont été mis devant le fait accompli. Certes, les toxicomanes sont installés côté parisien, mais cela fait longtemps que le périphérique n'est plus une barrière. Ériger un mur sur quelques mètres ne saurait être l'alibi de toutes nos difficultés et de certains de nos renoncements !

Le Premier ministre est venu il y a huit jours à Bobigny dire, avec force, avec talent et, je le sais, avec honnêteté et confiance, que la Seine-Saint-Denis méritait un effort de la République. Il a donné des gages, les élus l'ont cru – ils croient en la promesse républicaine.

Les habitants de la Seine-Saint-Denis ont peut-être, plus que d'autres, besoin de sérénité, de tranquillité et d'accompagnement social. Et l'État vient à leur porte ériger un symbole qui est vécu comme une provocation !

Il y a cet après-midi, vous le savez, une manifestation à Aubervilliers et à Pantin. J'ai échangé avec les deux maires, qui sont laissés à l'abandon et ne savent comment répondre. L'État local lui-même est désarmé.

J'attends que le Gouvernement veuille bien nous dire que cette situation ne va pas durer, que la solution qu'il a fallu trouver n'est que transitoire et que nous allons revenir au cœur des politiques de l'État, à l'accompagnement social, pour trouver une solution et une nouvelle implantation. Car la situation actuelle ne peut durer ! (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains. – M. Rémi Féraud applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 30/09/2021

Réponse apportée en séance publique le 29/09/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous avez raison : j'ai été maire d'une commune très populaire et je peux comprendre ce que ressentent les maires des villes de Pantin et d'Aubervilliers.

Je le redis, même si vous y êtes sans doute allé – et nous pouvons y aller encore ensemble ces prochaines heures ou cette nuit –, les policiers sont très nombreux square de la Villette, au rond-point qui est juste à côté de ce square, et ils empêchent justement le passage en Seine-Saint-Denis.

Le mur qui a été mis en place dans ce tunnel entre le square de la Villette et le département de la Seine-Saint-Denis a en effet été érigé sur réquisition de l'État. Ce n'est pas une solution pérenne, nous en sommes tout à fait conscients.

J'ai eu l'occasion de répondre précédemment à votre collègue Thierry Meignen qu'il ne s'agissait que d'une solution d'attente, avant de trouver des lieux médicalisés – vous avez raison d'évoquer ce point –, dans lesquels ces personnes extrêmement malades et dépendantes seront aussi socialement accompagnées. Nous les avons déplacées d'un endroit ayant des riverains immédiats, la rue Riquet et ses alentours sur lesquels chacun a vu des reportages ou lu des articles, vers un endroit sans riverains – il y en a peu à Paris.

Cette situation ne peut évidemment durer que quelques jours, voire quelques heures. Il faut désormais que la Ville de Paris et l'État, par l'intermédiaire du préfet de région, trouvent des endroits dans lesquels installer ces personnes qui sont gravement malades. Cela peut aussi venir de la région Île-de-France, puisque Mme Pécresse va nous faire des propositions de lieux dans des locaux de la région, une initiative que nous serons très heureux d'accompagner. Je sais que l'agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France va accorder des moyens en psychiatres, en psychologues, et en accompagnants médicaux et sociaux. Nous pourrons ainsi mettre fin à l'occupation du square de la Villette et rassurer légitimement les élus de Seine-Saint-Denis.

Le préfet de police a pris, à ma demande, contact avec les maires. Je comprends leurs difficultés, leur désarroi, leurs doutes, et je les partage. Nous mettons les moyens policiers nécessaires pour empêcher ces personnes de passer en Seine-Saint-Denis ou de retourner rue Riquet. Je veux redire que ce n'est pas une réponse policière qu'il faut apporter à cette situation dramatique, mais bien une réponse sanitaire. (M. Martin Lévrier applaudit.)

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