Question de M. MEIGNEN Thierry (Seine-Saint-Denis - Les Républicains) publiée le 30/09/2021

Question posée en séance publique le 29/09/2021

M. le président. La parole est à M. Thierry Meignen, pour le groupe Les Républicains. Je précise qu'il s'agit de sa première intervention dans notre hémicycle. (Applaudissements nourris sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et RDSE.)

M. Thierry Meignen. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, on a rétabli la double peine en Seine-Saint-Denis.

Les habitants de la Seine-Saint-Denis subissent, premièrement, la décision de M. le ministre de l'intérieur de déplacer les toxicomanes des jardins d'Éole vers leur département.

Ils subissent, deuxièmement, la politique menée par la mairie de Paris,…

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Ça faisait longtemps !

M. Thierry Meignen. … qui tend de plus en plus souvent à transférer ses problèmes vers les départements limitrophes, et donc entre autres vers la Seine-Saint-Denis.

J'aborde cette question par le biais de la toxicomanie ; j'aurais pu l'aborder par un autre biais. Qu'il s'agisse des trafics en tous genres, de la prostitution, de l'immigration illégale, de la délinquance, le fond reste le même : Paris déverse vers la banlieue et la Seine-Saint-Denis – Pantin, Aubervilliers – un certain nombre de ses problèmes. Je le dis avec fermeté : la Seine-Saint-Denis ne peut pas devenir un dépotoir !

Nous sommes un certain nombre d'élus de ce département à nous battre avec conviction dans la difficulté.

M. David Assouline. C'était mieux, Dallier !

M. Thierry Meignen. Il est vrai qu'un plan de développement de la Seine-Saint-Denis a été élaboré et présenté par M. le Premier ministre, mais à quoi bon si, parallèlement, on ajoute d'autres difficultés aux problèmes que nous avons déjà ?

Serge Gainsbourg chantait dans les années 1980 : « Je dis, dites-leur et dis-leur. De casser la gueule aux dealers ». On en est bien loin aujourd'hui ! Nous aurions pu créer un centre de désintoxication, ainsi que Valérie Pécresse l'avait proposé avec pragmatisme. Mais la solution qui a été choisie, une fois de plus, a consisté à déplacer le problème au-delà du boulevard périphérique.

La Seine-Saint-Denis souffre probablement, d'une part, d'être un peu éloignée des préoccupations du Gouvernement et, d'autre part, d'être un peu trop proche des frontières de la ville de Paris. (Mme Marie-Pierre de La Gontrie s'impatiente.)

M. le président. Votre question !

M. Thierry Meignen. Monsieur le ministre, que comptez-vous faire pour régler cette question ? Les habitants de la Seine-Saint-Denis ne demandent qu'une chose : pouvoir vivre normalement ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Vincent Capo-Canellas applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 30/09/2021

Réponse apportée en séance publique le 29/09/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, nous parlons de femmes, d'hommes et d'enfants, et non de déchets, d'ordures ou d'immondices ! (Marques d'indignation à droite. – MM. Jean-Pierre Sueur, David Assouline et Martin Lévrier applaudissent.)

Je rappelle que cela fait plus de vingt ans que des toxicomanes consomment du crack à Paris, comme chacun le sait – il est vrai qu'on a longtemps fermé les yeux sur cette question. Devant la situation intenable du jardin d'Éole, où se concentraient les toxicomanes, la mairie de Paris a décidé de sa fermeture. C'est la rue Riquet et ses alentours qui ont pris la suite ; en moins de quinze jours, plus d'une dizaine d'agressions tout à fait inacceptables à caractère sexuel ou physique y ont été commises.

Tous les élus, quel que soit leur bord politique d'ailleurs, ont demandé que l'État prenne ses responsabilités et que la mairie de Paris propose des lieux pour accueillir ces personnes. Je rappelle que la réponse policière n'est pas la bonne s'agissant de toxicomanes qui meurent en moins d'un an de leur consommation de crack et deviennent dépendants à 100 % de cette drogue au moment où ils prennent leur première dose.

J'ai donc pris mes responsabilités. Parce que les désordres que subissaient les riverains de la rue Riquet étaient tout à fait inacceptables pour l'ordre public, j'ai fait installer les toxicomanes sur un site de la mairie de Paris, en deçà du périphérique – on ne peut pas dire n'importe quoi ! –, square de la Villette, où j'ai fait ériger un mur par réquisition de la mairie de Paris – il ne peut s'agir que d'une situation temporaire. Il s'agit d'un lieu sans riverains immédiats, ce qui nous laisse un peu de temps, dans les heures et les jours qui viennent, pour trouver une solution sur proposition de la municipalité parisienne.

J'ajoute que, si la présidente de la région Île-de-France veut nous prêter des locaux pour y installer un centre de désintoxication, c'est bien volontiers que nous accepterons sa proposition !

Demain matin, le préfet de la région Île-de-France et le préfet de police, avec l'autorisation du Premier ministre, discuteront de ces points avec la mairie de Paris et le ministère de la santé, car l'ARS, l'agence régionale de santé, joue un rôle primordial là où il s'agit de pourvoir au besoin de psychiatres, de médecins, d'accompagnement. Les élus intéressés par cette réunion ont été conviés à y participer afin que l'on trouve des sites.

La mairie de Paris a d'ailleurs écrit au Premier ministre pour annoncer qu'elle proposerait un certain nombre de lieux municipaux. Nous souhaitons disposer de tels lieux le plus rapidement possible…

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Vous les avez refusés !

M. David Assouline. L'État aussi peut trouver des lieux !

M. le président. Il faut conclure…

M. Gérald Darmanin, ministre. … afin de mettre un terme aux désordres qui troublent continuellement le domaine public.

Quoi qu'il en soit, je le redis, derrière cette situation certes inacceptable, il y a des êtres humains ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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