Question de Mme MÉLOT Colette (Seine-et-Marne - Les Indépendants) publiée le 23/09/2021

Question posée en séance publique le 22/09/2021

M. le président. La parole est à Mme Colette Mélot, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

Mme Colette Mélot. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, si la question n'est pas nouvelle, la crise sanitaire a aggravé la pénurie d'infirmiers scolaires dans les établissements.

La profession souffrait déjà avant la crise d'un manque d'attractivité et de mauvaises conditions de travail. En 2018, on dénombrait un infirmier pour 1 300 élèves. Désormais, avec un infirmier pour 1 800 élèves en Seine-Saint-Denis, il est impossible de travailler correctement.

Qui plus est, la charge de travail des infirmiers scolaires s'est considérablement accrue avec la mise en place des mesures sanitaires et l'augmentation importante des besoins d'accompagnement des élèves affectés par la crise.

Autre facteur aggravant, leur rémunération est largement inférieure à celle proposée par les établissements de santé.

La situation est telle que 66 % des infirmiers scolaires envisagent de changer de métier et nous savons que nombre d'entre eux ont déjà franchi le pas, accentuant la charge de ceux qui restent, faute de remplaçants.

Monsieur le ministre, la situation n'est plus tenable. Vous connaissez le rôle fondamental des infirmiers de l'éducation nationale. Outre leur rôle de soignant, ils sont le dernier rempart contre le décrochage scolaire, la dépression, la maltraitance familiale ou le harcèlement. Leurs missions de prévention de ces risques, d'écoute, de détection des situations d'urgence et d'accompagnement sont indispensables au bon fonctionnement de l'enseignement.

Nous ne pouvons faire l'économie d'une juste revalorisation de la profession, au-delà de celle annoncée dans le cadre du Grenelle de l'éducation, qui va dans le bon sens. Cela passe, bien entendu, par une hausse des salaires, mais aussi par une formation adaptée et éventuellement une territorialisation du recrutement dans le cadre d'une réorganisation globale de la santé scolaire.

L'égalité d'accès à la santé des élèves est une composante essentielle de l'égalité des chances.

Pourriez-vous préciser, monsieur le ministre, les actions que le Gouvernement entend mettre en place pour lutter contre la pénurie d'infirmiers de l'éducation nationale ? (Applaudissements sur des travées du groupe INDEP.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 23/09/2021

Réponse apportée en séance publique le 22/09/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice Colette Mélot, je vous remercie pour cette question, qui permet de mettre l'accent sur les infirmiers et les infirmières scolaires, lesquels, comme vous l'avez très bien dit, représentent un corps essentiel pour l'éducation nationale.

Leur rôle est extrêmement important au quotidien et il l'est encore plus dans la période que nous vivons depuis dix-huit mois. Ces infirmières – j'utiliserai le féminin, parce que les femmes sont très majoritaires dans ce corps – pratiquent bien évidemment des actes de santé, mais elles jouent en réalité un rôle beaucoup plus large, que l'on peut qualifier d'éducatif.

Les infirmières scolaires participent pleinement au travail d'équipe de l'ensemble des acteurs de l'école, sous l'autorité du chef d'établissement. Contre le harcèlement et les difficultés de tous ordres que rencontrent les enfants et les adolescents, elles sont là et participent à ce travail d'équipe.

Oui, madame la sénatrice, il faut qu'elles soient revalorisées, mais faisons un tableau juste. Il y a en réalité une stabilité du nombre d'infirmières scolaires en France depuis 2018 – elles sont 8 024 au moment où je vous parle – et le nombre de lauréats au concours est resté à peu près le même. Il serait toutefois préférable qu'elles soient un peu plus nombreuses ; c'est pourquoi nous ouvrons des postes en grand nombre pour le concours de l'année prochaine.

Notre objectif est aussi de les revaloriser – je suis en complet accord avec vous, madame la sénatrice. Dans le cadre du Grenelle de l'éducation – je vous remercie de l'avoir rappel頖, une revalorisation de 400 euros annuels a été décidée ; cette revalorisation a été enclenchée en 2021 et nous continuerons bien entendu à aller de l'avant.

En ce qui concerne l'adéquation avec les mesures prises pour les autres personnels de santé qui exercent ailleurs qu'à l'éducation nationale, vous avez raison : il existe un risque de distorsion. Si le Ségur de la santé se traduit par des revalorisations pour les autres infirmières que celles qui exercent à l'éducation nationale, il y a un risque de fuite. C'est pourquoi Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques, et moi-même avons travaillé à ce que cette revalorisation ait aussi lieu dans le cadre de l'éducation nationale. Et je peux vous dire, en présence d'Amélie de Montchalin, que nous préparons pour 2022 une revalorisation des infirmières scolaires en lien avec le Ségur de la santé. (Mme Amélie de Montchalin, ministre, marque son accord. – Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

- page 8172

Page mise à jour le