Question de M. BLANC Jean-Baptiste (Vaucluse - Les Républicains) publiée le 22/07/2021

Question posée en séance publique le 21/07/2021

Mme le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Blanc, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-Baptiste Blanc. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Des scènes d'une violence inouïe se sont déroulées samedi soir dans le quartier du Docteur-Ayme à Cavaillon, ville dont je suis l'élu. Nous avons assisté à une véritable guerre urbaine – vous avez sans doute vu les vidéos, virales, monsieur le ministre – dans une petite ville provençale habituellement paisible. Nous avons atteint là un point de non-retour, dans un département toujours traumatisé par la mort d'Éric Masson.

Avec Gérard Daudet, maire de Cavaillon, nous vous demandons que des mesures soient prises rapidement pour faire face au quotidien, marqué par des affrontements liés au trafic de stupéfiants : 600 clients par jour dans ce quartier, 80 000 euros par jour de chiffre d'affaires, et même 100 000 euros quand tout va bien !

La lutte contre ce trafic a enregistré de très bons résultats, puisque 30 kilos ont été saisis à Cavaillon, grâce au travail réalisé dans des conditions difficiles par les équipes de police, nationale comme municipale, sur le terrain – hommage leur soit rendu. Mais, sans moyens ni effectifs suffisants, nos policiers ne peuvent pas agir avec efficacité.

Vous avez annoncé au printemps l'affectation de cinq personnels au commissariat de Cavaillon. En réalité, cela correspond à des remplacements de fonctionnaires détachés ou déjà partis. Vous avez aussi affecté un véhicule, mais tout cela est insuffisant. Je rappelle que ce commissariat n'a plus de BAC de nuit depuis deux ans.

De quoi avons-nous le plus besoin ? Dans l'immédiat, d'une BAC de nuit, autrement dit de la création d'un groupe de sécurité de proximité, ce qui permettrait aux policiers de travailler en soirée et la nuit, et d'un renforcement significatif de l'investigation. Faudra-t-il un jour des véhicules blindés ? Honnêtement, la question se pose, quand on voit de tels tirs.

Dans le département de Vaucluse, à Cavaillon, tout le monde craint que nous ne devenions la base arrière d'Avignon et de Marseille. Nous ne le voulons pas ! C'est pourquoi nous attendons beaucoup de vous : les Cavaillonnais veulent des actes forts et le retour de l'ordre républicain ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 22/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 21/07/2021

Mme le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, comme vous, samedi, j'ai vu ces images. J'ai reçu les rapports de M. le préfet et des services de police, qui font état d'un règlement de comptes sur un point de deal. Trois personnes ont été interpellées par les services de police, arrivés très rapidement sur les lieux. Elles ont été déférées.

Le Gouvernement mène une lutte implacable, avec les forces de police – que je tiens moi aussi à saluer, tout comme les élus qui installent des caméras de vidéoprotection ou qui aident avec leur police municipale –, contre ces points de deal, qui suscitent de tels règlements de comptes, inacceptables. À Cavaillon, des armes ont été saisies.

Vous le savez bien, votre commune de Cavaillon est déjà l'arrière-cour des trafiquants de Marseille depuis un certain temps. Il en va de même à Avignon, où le policier Éric Masson a été assassiné.

Les chiffres de la police nationale montrent l'extraordinaire efficacité de nos services : au cours des six premiers mois de l'année, les gardes à vue ont augmenté de 50 % par rapport à l'année dernière, les constatations, notamment en lien avec le trafic de stupéfiants, de 70 %, et les saisies réalisées correspondent aux deux tiers des saisies réalisées les deux dernières années.

Sachez que quarante policiers nationaux supplémentaires ont été déployés entre Avignon et Cavaillon et que les cinq policiers affectés au commissariat de Cavaillon sont bien des effectifs en plus. Il est normal que vous ne l'ayez pas encore constaté, puisque les mutations ont lieu en septembre. À ce moment-là, il y aura bien cinq policiers supplémentaires, rien que cette année.

J'ai entendu votre demande et celle de M. le préfet de Vaucluse de recréer une BAC de nuit et d'avoir cinq policiers supplémentaires. Je l'examinerai pour l'année 2022. Les départements qui connaissent des augmentations d'effectifs de quarante, cinquante ou soixante policiers sont ceux qui sont particulièrement regardés par l'État.

Aux élus de Cavaillon et à l'ensemble des élus de France, je veux dire que la lutte contre la drogue, contre les points de deal, se fait grâce au courage des policiers – je sais que nous les soutenons unanimement – et qu'elle produit des résultats. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Mme le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Blanc, pour la réplique.

M. Jean-Baptiste Blanc. Je vous remercie, monsieur le ministre, de ces précisions.

La chaîne police-justice fonctionne très bien localement, mais il faut cette BAC de nuit, avec un groupe de sécurité de proximité, dès septembre. Nous attendons donc votre décision rapidement.

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