Question de M. BLANC Étienne (Rhône - Les Républicains) publiée le 22/07/2021

Question posée en séance publique le 21/07/2021

Mme le président. La parole est à M. Étienne Blanc, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Étienne Blanc. J'aurais voulu poser ma question à M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Malheureusement,…

M. Laurent Duplomb. Il n'est jamais là !

M. Étienne Blanc. … il est très souvent absent des séances de questions d'actualité au Gouvernement du Sénat, ce que je regrette.

Voilà quelques jours en effet, le ministre de l'économie, des finances et de la relance a annoncé un véritable succès de la diplomatie fiscale française, laquelle aurait obtenu de l'OCDE et du G20 la création d'un impôt sur les sociétés mondiales au taux de 15 %. Il avait d'ailleurs annoncé quelques semaines auparavant que ce taux serait de 21 % ; il annonce aujourd'hui que ce taux pourrait être supérieur à 15 % dans les années à venir.

Pis encore, quelques jours après cette annonce, l'Union européenne révélait qu'elle allait elle-même renoncer à l'impôt sur le numérique, la fameuse taxe GAFA, sous la pression des États-Unis. Or le ministre Bruno Le Maire a annoncé, lui, que la France allait maintenir envers et contre tous cette taxe GAFA, nonobstant les pressions des États-Unis.

Monsieur le ministre, compte tenu de cette grande confusion, sur un sujet aussi essentiel, nous avons besoin de connaître la vérité. C'est cette vérité que je demande aujourd'hui. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Comptes publics publiée le 22/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 21/07/2021

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

M. Olivier Dussopt, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics. Monsieur le sénateur Blanc, vous souhaitez la vérité, elle tient en deux mots : la constance et la persévérance.

La constance, car, depuis le début du quinquennat, nous avons toujours affirmé que le secteur du numérique devait être mis à juste contribution. C'est d'ailleurs ce qui a amené la France à prendre position et à proposer au Parlement, qui l'a accepté, le vote d'une taxe sur les géants du numérique. Nous avons toujours indiqué que cette taxe nationale serait maintenue en vigueur tant qu'il n'y aurait pas une taxe internationale ou, à défaut, communautaire. Nous avons fait en sorte, avec Bruno Le Maire et sous l'autorité du Premier ministre, dans toutes les discussions menées à l'échelon européen, de garder dans le panier de ressources propres de l'Union européenne non seulement les quotas carbone et les mécanismes d'ajustement aux frontières, mais aussi la perspective d'une taxe sur le numérique.

La persévérance, c'est un combat de quatre ans pour faire en sorte que les règles de la fiscalité internationale soient modifiées en tenant compte du fait que la seule présence physique dans un pays ne suffit pas à justifier la possibilité de taxer la valeur créée et pour faire en sorte d'adapter la fiscalité internationale au numérique.

Nous avons remporté des combats, d'abord au G7, au sein de l'OCDE et, désormais, au G20. Ce sont ainsi 132 pays ou juridictions qui ont donné leur accord pour modifier leur droit et faire en sorte que cette taxation internationale soit possible. Elle s'appuie sur deux piliers : d'une part, la révision des règles de répartition du droit à lever l'impôt entre les États parties à l'accord, pour faire en sorte de tenir compte de l'évolution de l'économie, d'autre part, une imposition sur le résultat des plus grands groupes, ceux qui réalisent plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires, à hauteur de 15 % au minimum.

Ce second pilier est un minimum et une victoire.

C'est un minimum, parce que nous sommes convaincus qu'aller plus loin encore en matière de convergence et de lutte contre le dumping fiscal est une obligation. C'est une victoire, parce que de nombreux États ne voulaient pas de ce taux d'imposition.

Aujourd'hui, nous allons pouvoir continuer à avancer à l'échelon international, en nous appuyant sur ce que nous avons accompli à l'échelon national en matière numérique, pour que, rapidement, le dumping fiscal soit limité et que la France, comme les autres États, puisse avoir de justes recettes alimentées par une contribution juste et bien répartie des différentes multinationales. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Mme le président. La parole est à M. Étienne Blanc, pour la réplique.

M. Étienne Blanc. Par votre réponse, monsieur le ministre, vous confirmez ce que nous ressentons tous, à savoir une communication excessive sur ce sujet.

En communiquant sur cet impôt, vous cherchez à masquer l'absence de recettes réelles que vous pourriez faire sur des réformes de fond, notamment la réforme des retraites. (Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE.)

Vous parlez de recettes qui sont hypothétiques, alors qu'en finances publiques, quand on parle de recettes hypothétiques, on est toujours rattrapé le moment venu par les réalités : ce sera l'objet des débats sur le projet de loi de finances pour 2022. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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