Question de Mme BORCHIO FONTIMP Alexandra (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 08/07/2021

Question posée en séance publique le 07/07/2021

M. le président. La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Alexandra Borchio Fontimp. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Sandy, une licence de droit, quatre stages, deux contrats de travail, deux mandats associatifs, vingt candidatures en master… zéro admission !

Laurent, quarante-neuf demandes en master et, à ce jour,… zéro admission, c'est-à-dire zéro chance de réussir à concrétiser ses ambitions.

Ce n'est là, madame la ministre, qu'un aperçu de la détresse dont nous sommes témoins depuis des années, et en particulier ces jours-ci : après les cours à distance et la détresse psychologique, l'échec incompris !

Combien d'étudiants tiraillés entre l'angoisse de ne pouvoir construire un avenir et la colère – la frustration, aussi – de voir que leurs efforts étaient vains ? Beaucoup trop, et toujours plus !

Cela, vous le saviez déjà : en 2017, vous aviez même promis de répondre aux conséquences du baby-boom de 2000 en assurant que « tout le monde trouverait sa place ». Eh bien non, « tout le monde » n'a pas trouvé sa place !

Si le processus de sélection ne fait pas débat, la République ne peut tolérer un système nébuleux qui explique à cette jeunesse qu'elle n'est pas à la hauteur !

Vous n'avez su ni anticiper ni gérer, pour ce qui est du nombre de places en particulier – il est insuffisant.

En droit, à Nice, on compte 15 000 candidatures pour… 1 200 places ! Vous annoncez la création de 34 000 places supplémentaires ; c'est bien. Aucune ne concerne la quatrième année.

Que direz-vous à ces étudiants pleins d'espoir lorsqu'ils se retrouveront face aux portes fermées du master ? Cessons cette hypocrisie ! C'est un gâchis monumental que de stopper net l'élan d'étudiants qui ne demandent qu'à poursuivre leurs études.

Le droit au master ne s'envisage plus sans le dépôt d'un recours – le nombre de saisines a crû de 129 % en un an. Dans le meilleur des cas, les étudiants sont obligés d'accepter l'unique « chance » offerte ; ainsi de Patrick, étudiant en psychologie à Nice, contraint d'accepter un master en audiovisuel à Angers !

Soyez la ministre qu'ils attendent : agissez ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC. – MM. Daniel Chasseing et Franck Menonville applaudissent également.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 08/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 07/07/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le président, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, permettez-moi tout d'abord, au nom de l'ensemble du Gouvernement et en mon nom propre, de m'associer à l'hommage que vous avez rendu au sénateur Laffitte. Vous le savez, je suis particulièrement attachée à la technopole de Sophia Antipolis qu'en véritable visionnaire il avait imaginée.

Vous m'interrogez, madame la sénatrice, sur les conditions d'accès au master. Vous le savez, en 2016, la sélection à l'entrée du master a été consacrée ; le Sénat avait d'ailleurs évidemment voté pour cette proposition. Dans le même temps a été créé, initiative intéressante, un droit à l'accompagnement à la poursuite d'études en master. Autrement dit, la loi prévoit une sélection à l'entrée du master, mais dispose que les étudiants qui le souhaitent doivent être accompagnés afin que leur accès au master soit facilité.

C'est exactement ce que nous faisons, madame la sénatrice. Et, contrairement à ce que vous venez de dire, plus de 4 000 places seront créées en master. Il est très important de rappeler, une fois de plus, que c'est une prise en charge humaine qui prévaudra : ce sont les recteurs qui, en lien avec les établissements et en tenant compte des résultats des étudiants – c'est bien normal, madame la sénatrice –, examinent ce qui peut être proposé. Comme le Gouvernement s'y était engagé, des places seront créées dans les masters les plus sélectifs.

Vous évoquez les masters de droit ; vous n'ignorez sans doute pas que les formations de droit, malgré la réforme du master de 2016, continuaient à accueillir des étudiants en master 1 sans aucune sélection. La sélection n'intervenait qu'entre le M1 et le M2, laissant ainsi les étudiants en plein milieu d'un cursus, d'un cycle. À cette situation aussi c'est ce gouvernement qui aura mis fin ! (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp, pour la réplique.

Mme Alexandra Borchio Fontimp. J'avais pensé, naïvement, qu'en vous donnant à l'avance le sujet de ma question j'obtiendrais des réponses claires susceptibles de rassurer nos étudiants… (Mme Laurence Rossignol applaudit.)

Une seule réponse s'impose : créons des places en master !

J'ai bien écouté vos annonces et resterai bien sûr attentive à leur concrétisation. Vous avez dit que les recteurs étudiaient « ce qui peut être proposé » aux étudiants. Espérons que cette possibilité devienne pour eux quelque chose de vraiment concret : ils sont représentés en tribune aujourd'hui et ont besoin de votre soutien plein et entier. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Daniel Chasseing applaudit également.)

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